Mouvement des Focolari
#DARETOCARE : Semaine Monde Uni 2022

#DARETOCARE : Semaine Monde Uni 2022

 “Oser prendre soin” sera à nouveau le thème central de la prochaine Semaine Monde Uni, du 1er au 8 mai 2022. Une occasion à ne pas manquer pour les grandes régions et les territoires. Nous y sommes presque ! Dans quelques jours ce sera la Semaine Monde Uni 2022, qui, cette année encore, impliquera des milliers de personnes de tous âges, toutes origines, races et croyances à travers le monde. Souvent, à propos de cet événement, nous viennent immédiatement à l’esprit les jeunes, les grands rassemblements et les “manifestations”. Mais la Semaine Monde Uni est bien plus que cela, car elle ne concerne pas seulement les jeunes. Tout au long de l’année, il y a une richesse de vie, qui voit les différentes générations du mouvement des Focolari, associées à d’autres groupes, agir tous ensemble pour la fraternité universelle. Les Jeunes pour un Monde Uni ont proposé, il y a près de 27 ans, de consacrer une semaine par an pour impliquer plus activement l’opinion publique dans le cheminement vers un Monde Uni. Je me souviens qu’en mai 1995, au cours du Genfest, on essayait de comprendre le sens de cette proposition et comment agir à l’avenir. La réponse est venue quelques semaines après et, comme toujours, elle s’est clarifiée en l’incarnant. L’invitation était et reste très précise car depuis la première SMU en 1996 jusqu’à la dernière en 2021, 25 ans d’histoire l’ont confirmée : il s’agit avant tout d’approfondir et de donner une continuité à toutes les activités que les communautés des Focolari réalisent avec courage et parfois même sans bruit, pour soutenir le chemin vers l’unité dans les contextes les plus divers (dans les quartiers, dans les écoles, sur les lieux de travail, dans les situations de fragilité et de détresse) en faisant une proposition aux villes, aux institutions, aux médias, pour promouvoir l’unité et la paix à tous les niveaux, et avec toutes les personnes animées par les mêmes principes et objectifs. Les jeunes n’agissent pas seuls, mais avec le concours de tous, y compris des adultes, avec l’implication des familles, des professionnels, des acteurs sociaux, des politiques… tous unis par les valeurs de la fraternité universelle. Ensemble et de manière inclusive, grâce à des actions de grande envergure qui modifient le tissu social et l’améliorent, nous pouvons avoir un plus grand impact sur l’opinion publique mondiale. David Sassoli (1956-2022), l’ancien président du Parlement européen récemment décédé, s’était adressé ainsi aux Jeunes pour un Monde Uni à l’occasion de la Semaine Monde Uni 2021 : « Je crois que c’est un travail de pédagogie citoyenne qui d’une certaine manière doit nous concerner, il nous concerne nous les politiques, nous les institutions mais aussi bien sûr tout le tissu associatif européen qui est très important. Je crois que vous êtes tout particulièrement dans une position privilégiée, car vous avez déjà compris qu’il est non seulement important de prendre soin des autres, mais aussi de prendre soin d’améliorer les conditions de vie des autres. » Tel est le “soin” dont le monde a besoin et, en cette année très spéciale, n’a pas manqué d’être vécu sur tous les continents. « Oser prendre soin des autres est un acte de courage », affirme Jomery Nery, un jeune avocat fiscaliste brésilien qui est aussi le directeur des projets de l’Anpecom (Association nationale pour une économie de communion.) L’ Anpecom est à l’origine d’une initiative appelée Supera (Programme for Overcoming Economic Vulnerability). Jomery le décrit comme suit : « Tout au long de l’année, nous recevons des messages, des courriels, des communications de personnes qui ont besoin d’aide pour manger, pour construire une maison parce qu’elles vivent dans un logement très précaire, pour payer un loyer, pour étudier ou pour créer une entreprise. Supera est une campagne visant à collecter de l’argent, qui est ensuite utilisé pour aider les personnes dans le besoin. » Une façon de prendre soin de contextes et de situations fragiles. Mais Belfast, la capitale de l’Irlande du Nord, ne ménage pas moins ses forces car depuis quatre ans, la ville accueille une initiative que nous pourrions définir comme à la fois écologique et sociale et qui se déroule de la même manière dans d’autres parties du monde : il s’agit du Repair Café, où des bénévoles se mettent à la disposition des personnes qui apportent leurs objets cassés pour les faire réparer et passent entre-temps une agréable matinée ensemble. Le Repair Café est une véritable expérience, tant pour les bénévoles qui réparent que pour les personnes qui décident de prendre de leur temps pour leur apporter un objet abîmé plutôt que de le jeter. Les motivations de ce choix sont les plus diverses, ce peut être aussi bien le souci du changement climatique que le désir de voir à nouveau un objet familier en usage. Avec ce prétexte des relations et des liens se tissent, et on trouve plus de force pour faire face aux défis quotidiens. À Lecce, en Italie, une communauté composée de familles, de jeunes, de professionnels et d’artistes, ainsi que des associations et de la paroisse, travaille au réaménagement d’un quartier de banlieue, difficile et triste à bien des égards. « La première idée était de rendre le mur de l’oratoire plus joyeux et coloré – explique Don Gerardo – d’où l’idée de la première peinture murale, qui a également été appréciée par la population» Peu à peu, grâce au bouche-à-oreille et aux jeunes écrivains de la région, des artistes du monde entier sont arrivés pour embellir les bâtiments du quartier du Stadio, et avec eux des photographes, des touristes et des administrateurs locaux, attirés par les véritables œuvres d’art que représentent ces peintures murales. Voilà qui résulte d’une fraternité créée entre les artistes et les habitants du quartier et qui a déclenché un changement vertueux dont chacun se sent partie prenante : un véritable projet d’aide aux plus faibles, qui a aussi comporté des actions en faveur de l’emploi et du réaménagement environnemental et social. Ce sont des histoires comme celles-ci qui donnent une âme à la Semaine Monde Uni : ces communautés de personnes actives se mobilisent et, du 1er au 7 mai 2022, trouveront, à travers  # Dare to Care (Oser prendre soin) une vitrine dans de nombreux rendez-vous, virtuels et présentiels, dispersés dans le monde, une façon de recueillir et mettre en valeur la vie qui existe un peu partout: « Oser prendre soin », voilà un titre de grande actualité qui fait écho aux paroles que Chiara Lubich a adressées en 2002 à la Semaine Monde Uni: « C’est toujours une occasion un peu spéciale. C’est l’une des initiatives les plus conformes au charisme. »

Paolo Balduzzi

Ensemble pour une nouvelle Afrique : le courage d’être des leaders

Together for a New Africa (T4NA) est une formation conçue et mise en œuvre par des jeunes de différents pays africains pour une gouvernance responsable et participative. Elle leur permet de relever les principaux défis de leur continent en promouvant et en développant une culture de l’unité. Adélard Kananira nous conduit au cœur de cette formation, de cet accompagnement, de ce travail en réseau et nous en montre les fruits à ce jour. Participer activement à la société et faire des choix qui contribuent au bien commun de tous, là où chacun vit. C’est le rêve qui anime Ensemble pour une Nouvelle Afrique qui, en impliquant de nombreux jeunes, propose de repenser un nouveau leadership africain capable de faire face aux nombreux défis de chaque pays. Adélard Kananira, un jeune Burundais qui vit en Italie depuis cinq ans et qui est l’un des organisateurs des différentes sessions d’été T4NA, nous en parle. Après avoir été diplômé de l’Institut Universitaire Sophia, il travaille pour le secrétariat du Mouvement Politique pour l’Unité. Adélard, comment est né T4NA ? Together for a new Africa – Ensemble pour une Nouvelle Afrique – est un projet lancé par des étudiants africains de l’Institut Universitaire Sophia, qui ont réfléchi à la manière dont ils pourraient faire profiter leur continent de l’expérience qu’ils vivaient à la lumière de la culture de l’unité. Ils se sont réunis, ont réfléchi, ont échangé des idées et ont donné naissance à ce projet. La première École d’été a eu lieu en 2018 à Nairobi (Kenya) dans l’une des cités pilotes du Mouvement des Focolari, la Mariapolis Piero, où se sont aussi déroulées les rencontres qui ont suivi. Qu’y-a-t-il au cœur de ce projet ? Le cœur de ce projet est de donner aux jeunes Africains les moyens de relever les défis de chaque jour dans leurs communautés, dans leurs pays, sur l’ensemble du continent. Au départ, nous n’avions pas beaucoup de moyens, et comme l’Afrique est vraiment grande et multiforme, nous avons commencé par impliquer les pays de la région orientale, en rêvant de toucher tout le monde. Je me souviens que lors des premières universités d’été, certains participants ne voulaient même pas se parler. Il y a eu des difficultés qui ont conduit à dire : « Nous ne nous connaissons pas, comment pouvons-nous avancer ? » Mais à notre grande surprise, après avoir passé du temps ensemble, nous avons remarqué comment, petit à petit, toutes les barrières entre les cultures, entre les tribus, tombaient. Nous avons en fait été témoins de cette croissance au niveau des personnes, des groupes et de notre grand continent. Quels fruits récoltés au cours de ces années ? Après trois ans d’universités d’été et de cours de formation, les fruits sont nombreux et nous pouvons vraiment en témoigner. Nous avons vu certains participants se lancer dans la politique, devenir des militants et des leaders, faire beaucoup de choses pour leurs communautés. Ils ont acquis une forte audience, se sont associés à d’autres organisations dans différents pays et ont répondu à de nombreuses urgences. Cela nous donne non seulement de l’espoir, mais cela montre que le projet se développe. Et nous en sommes fiers. Quelles sont les prochaines étapes ? Nous avons maintenant conclu notre premier cycle de cours de trois ans en Afrique australe et ça a été incroyable. Nous entamons à présent le deuxième cycle, qui débutera à la fin de cette année. Et nous passerons de sept à quatorze pays. C’est un défi. Nous le reconnaissons… mais notre rêve était et demeure l’ensemble du continent africain et ce pas en avant nous montre que nous pouvons y arriver, parce que les jeunes eux-mêmes l’ont pris comme ‘’leur projet’’ et ensemble nous avançons.

Maria Grazia Berretta

https://www.youtube.com/watch?v=80-csnByI64

Chiara Lubich : être témoins de Jésus

« Allez par le monde entier, proclamez l’Évangile à toutes les créatures » (Marc 16,15), est la Parole de vie que nous essayons de mettre en pratique durant ce mois d’avril 2022. Être des témoins de l’Évangile, c’est aussi l’encouragement qui nous vient des paroles de Chiara Lubich. Comment être témoins de Jésus ? En vivant la vie nouvelle qu’il a apportée sur la terre, l’amour, et en en montrant les fruits. Je dois suivre l’Esprit Saint qui, chaque fois que je rencontre un frère ou une sœur, me rend prêt à me « faire un » avec lui ou avec elle, à les servir à la perfection ; qui me donne la force de les aimer lorsque je les considère comme mes ennemis ; qui emplit mon cœur de miséricorde pour savoir pardonner et me préoccuper de leurs besoins ; qui me pousse à communiquer au moment opportun ce que j’ai de plus beau dans le cœur… À travers mon amour, c’est celui de Jésus qui se révèle et se transmet. Pensons à la loupe qui concentre les rayons du soleil. Elle peut enflammer ainsi une touffe d’herbe, alors que, mise directement face au soleil, celle-ci ne prend pas feu. Il se produit parfois la même chose pour ceux que la religion semble laisser indifférents, mais parfois, ils peuvent s’enflammer en rencontrant quelqu’un qui participe à l’amour de Dieu. Une telle personne joue alors le rôle de la loupe qui éclaire et enflamme. Avec cet amour de Dieu dans le cœur, et grâce à lui, on peut aller loin, et faire partager notre découverte à beaucoup d’autres :

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 691-692)

Le temps pascal : une attente commune du Ressuscité

Un tombeau vide, une lumière qui illumine le monde et dans son sillage il est possible de construire des ponts de véritable unité. Heike Vesper, Enno Dijkema et Mervat Kelli, focolarini de différentes églises chrétiennes, nous parlent de Pâques. « Pâques est le centre de la foi chrétienne, c’est le mystère du Salut. Sans Pâques, il n’y a pas de christianisme. Jésus s’est incarné pour nous sauver. Tous les chrétiens croient en un seul et même Jésus-Christ, mort et ressuscité ». Par ces mots, Mervat Kelli, focolarine orthodoxe de Syrie, nous montre le terrain fertile où rien ne finit mais où tout commence ; l’espace tangible où il est possible de se rencontrer, de partager et de se laisser envelopper par la lumière de la Résurrection. C’est le sens œcuménique de Pâques, l’héritage que le Christ nous laisse, « un temps pour L’adorer », dit Enno Dijkema, focolarino catholique des Pays-Bas. Jésus, poursuit-il, nous aime jusqu’à l’abandon du Père, jusqu’à la mort. Il donne tout ! Je peux lui confier en toute sécurité toutes mes misères, mes limites et les douleurs de tout un chacun. Il n’y a aucune mesure de ténèbres qui ne soit vaincue par la lumière de son amour ». Pour Heike Vesper, focolarine allemande de l’Église luthérienne, à Pâques, Jésus abandonné « a guéri notre relation avec le Père ». Dans son cri, dans son « pourquoi ? » – dit-elle – je trouve tous mes « pourquoi » et mes angoisses. Ensuite, pour chaque résurrection, il y a l’attente, le temps, la présence de Marie sous la croix sans savoir quoi faire, le silence et l’obscurité du Samedi saint avant que n’arrive l’aube du Dimanche avec le feu, la liturgie de la lumière et le renouvellement du baptême». Un moment de grande communion avec les frères et sœurs, né du pardon, comme le dit Mervat : Dans l’Église Syro-Orthodoxe à laquelle j’appartiens, Pâques est appelée « la grande Fête ». La préparation commence au début du Carême avec la consécration de l’huile de la Réconciliation. A la fin de la liturgie, chaque fidèle trempe un morceau d’ouate dans l’huile consacrée et va vers les autres pour demander leur pardon un par un, apporter le sien et recevoir le leur à son tour. Dessiner une petite croix sur son front et dire : « Je te pardonne de tout mon cœur, que cette huile soit le signe de mon pardon. Je vous demande de me pardonner ». Les diverses traditions et les différentes formes de liturgie représentent une richesse, et le fait de pouvoir les vivre ensemble, comme cela arrive souvent dans le mouvement des Focolari, met en évidence, comme le dit Heike, « la grandeur de l’Amour de Dieu ». « Depuis quelque temps déjà, poursuit-elle, je vis dans une communauté avec des catholiques, et ce sont précisément ces liturgies que nous essayons de vivre ensemble si l’horaire des célébrations le permettent. Ainsi, presque chaque année, le Vendredi saint, nous nous rendons ensemble d’abord à l’église luthérienne, puis à l’église catholique. La même chose à Pâques ». « Pour moi, c’est la première Pâques en Italie, dit Enno, mais aux Pays-Bas, j’ai pu célébrer le Vendredi saint avec mon compagnon de focolare protestant à quelques reprises. C’était très beau ». Selon le calendrier julien, Mervat s’apprête à célébrer la Pâque orthodoxe le 24 avril ; elle se trouve en Italie depuis quelques années et est heureuse de participer avec les focolarines à tous les offices de l’Église catholique, estimant qu’il s’agit d’une merveilleuse opportunité : « Nous avons encore des dates différentes, mais nous avons la même foi, la même espérance, le même amour de Dieu Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Nous avons tous le même commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. C’est la clé qui ouvre la porte vers l’unité ».

Maria Grazia Berretta

Évangile vécu : les fruits de la semence

L’Évangile parle de l’amour de Dieu. Semer les graines, transmettre cette annonce et choisir de la vivre est une expression de la belle et fructueuse liberté qui nous est accordée. Réunion de copropriété Lorsque la convocation à la réunion de copropriété est arrivée, ma première pensée a été de trouver une excuse pour un autre engagement incontournable. Le plus jeune de mes fils, m’entendant me plaindre de ces réunions que je jugeais inutiles, m’a objecté : « Mais papa, c’est l’occasion de faire de tout le quartier une famille ! » Je n’avais vraiment pas pensé à cela. Mais comment transformer cette rencontre en quelque chose d’agréable et de nouveau ? Avec l’aide de tous les membres de la maison, nous avons imaginé un jeu de devinettes sur les noms des locataires, le nombre d’enfants, le type de travail… Puis un programme pour combiner les visites et les dîners, puis une liste des anniversaires et autres occasions. Plus les idées fusaient, plus j’avais hâte d’être à la réunion. Et ce fut  une vraie fête. Ma femme avait préparé des gâteaux, les enfants avaient fait des cartes pour les visites combinées, et notre fille, qui était douée en dessin, avait fait des certificats de récompense pour les gagnants. Bref, jamais la réunion de la copropriété n’avait semblé aussi courte que ce soir-là. Il y avait une atmosphère différente dans l’immeuble. R.M. – Italie Poupées Après la mort de papa, en pensant à maman, qui ne pouvait plus vivre seule, la question a circulé parmi nous, les enfants : « Serons-nous dans l’obligation de mettre maman dans une maison de retraite ? » Ma famille occupe un appartement qui est trop petit pour l’accueillir. Ma femme et moi avons donc décidé de faire confiance à la providence de Dieu et, dans cette optique, nous avons loué pour notre mère l’appartement voisin du nôtre, qui était devenu vacant entre-temps. Cela semblait être un pari, mais l’arrivée de la grand-mère a enrichi la vie de nos enfants et la nôtre. Elle était très douée pour fabriquer des poupées en tissu et a commencé à en offrir à des personnes ayant des enfants. Puis quelqu’un de la paroisse est venu et les a appréciées, mettant en place un marché où elles étaient vendues avec d’autres articles de couture. Aujourd’hui, la maison de maman est devenue un petit centre d’artisanat et une école pour ceux qui ont du temps libre. Nous sommes heureux de la voir joyeuse et presque rajeunie en se sentant utile. J.H. – France Le portefeuille Je suis allée rendre visite à ma mère dans le petit village où elle vit. Je ne sais pas pourquoi, mais avant de passer, j’ai eu envie de prendre un cappuccino au bar. En entrant j’ai repéré un portefeuille sur le sol devant la caisse et j’ai informé à la caissière. Celle-ci a demandé aux clients qui étaient là s’il leur appartenait, mais aucun d’entre eux n’était concerné. Après avoir examiné les documents, le nom du propriétaire était une connaissance de ma mère, je pouvais donc le lui remettre à travers elle. La caissière qui connaissait ma mère m’a confié le portefeuille. Et voilà que, non loin du bar, je vois le propriétaire. Je l’ai salué, nous avons échangé quelques mots, puis je lui ai demandé s’il avait son portefeuille sur lui. Quand il a réalisé qu’il ne l’avait plus, je lui ai montré. Il m’a quitté en ne cessant de me remercier ! Plus tard, en repensant à cette envie soudaine de passer par le bar, j’ai réalisé que parfois, sans le savoir, nous devenons des instruments pour faire le bien.  J.M. – Slovaquie

                                                                                            Aux bons soins de Maria Grazia Berretta

(Extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VIII, n°2, mars-avril 2022)

Pérou : célébrer de petites actions de paix

Pérou : célébrer de petites actions de paix

La maison pour personnes âgées « Chiara Lubich » en Amazonie péruvienne fête sa première année. Le Centre prend en charge une cinquantaine de personnes âgées abandonnées. “C’est notre contribution à la paix”, disent-ils. Le 8 mars 2021, au plus fort de l’urgence sanitaire provoquée par le Covid-19, les portes du “Centre Chiara Lubich pour personnes âgées” ont été ouvertes dans la jungle amazonienne péruvienne, un grand rêve qui, après de nombreuses années, est enfin devenu réalité. « Dès le début, tout a été offert avec simplicité, explique Jenny López Arévalo, Présidente du centre, de la maison à la vaisselle, en passant par les ingrédients pour préparer le déjeuner de près de 50 personnes âgées, les chaises, les tables, les matelas, les draps…. À notre grande surprise, tout est arrivé et a pris sa place ». Le Centre est situé à Lámud, une ville amazonienne du nord-ouest du Pérou à 2 330 mètres au-dessus du niveau de la mer. À quelques kilomètres de là se trouve la citadelle de Kuelap, un important site archéologique pré-inca de la culture Chachapoyas. « Le travail d’équipe était très important. Les bénévoles ont fait le maximum, déclare Jenny López Arévalo. Il y a eu des difficultés, mais nous avons réussi à les surmonter, en nous concentrant sur le fait de bien vivre le moment présent. Les mois ont filé et nous voilà réunis pour fêter notre premier anniversaire. Quelle émotion pour nous tous !  Nous avons décidé d’organiser un événement de deux jours avec un programme ouvert à tous, en impliquant les institutions locales, la presse et les réseaux sociaux. Une façon simple de remercier Dieu et tout le monde. Le premier jour, nous avons prévu une promenade dans la nature, en dehors de la ville, suivie de jeux et de danses. Nous avons partagé un délicieux café avec des ‘tamales’ (nourriture à base de maïs) et des sandwichs. Nous avons été surpris et réjouis de voir combien de personnes se sont jointes à nous, sans compter les bénévoles – adultes et enfants – pour nous aider à prendre soin des grands-parents. C’était agréable de voir flotter notre logo avec le visage de Chiara Lubich. Le lendemain, nous avons commencé par l’Eucharistie et continué par une fête de la populaire, pleine de couleurs, de musique et de danses typiques, précédée par le lever du drapeau national au nom des anciens, en l’honneur de notre pays. Enfin, le toast d’honneur avec les autorités locales présentes et, encore une fois, des danses typiques ! » « De nombreux amis de différentes parties du monde se sont joints à nous dans la prière, ajoute Javier Varela, administrateur du Centre, et une grande partie de la nourriture que nous avons offerte est venue en cadeau. Les personnes âgées, comblées, ont apprécié cette journée et nous, bien qu’un peu fatigué, avons partagé la même joie. Nous nous sentons encouragés et renforcés pour continuer à travailler afin d’apporter notre contribution à la paix en prenant soin des personnes âgées abandonnées, qui font déjà partie de nos vies ». Un an après, le « Centre Chiara Lubich pour personnes âgées », plus qu’un « Centre », est une véritable « famille » qui accomplit son travail délicat et important au profit des plus démunis. Une manière simple de semer de petites actions de paix là, dans les lieux où nous vivons chaque jour.

Gustavo E. Clariá

Chiara Lubich : le Ressuscité en nous et parmi nous

Jésus nous a assuré qu’il serait présent là ou deux ou plus seront unis en son nom. Donc, laisser le Ressuscité vivre en nous et parmi nous : voilà le secret, voilà la manière concrète de réaliser le Royaume de Dieu, voilà le Royaume de Dieu en action. […] Jésus a laissé une consigne non seulement à ses apôtres, mais à toute l’Église et à chacun de nous. Le but de l’Église, c’est de témoigner du Ressuscité, et pas seulement par l’annonce que doivent en faire ses ministres, mais aussi et surtout par la vie de chacun de nous, qui en sommes les membres. Témoigner du Ressuscité signifie faire voir au monde que Jésus est le Vivant, et ce sera possible si le monde peut voir que Jésus vit en nous. Si nous vivons sa Parole, si nous savons renoncer aux tendances du « vieil homme », surtout en ayant à cœur l’amour du prochain, si nous nous efforçons tout spécialement de garder toujours, entre nous, l’amour réciproque, alors le Ressuscité vivra en nous, il vivra au milieu de nous. Sa lumière et sa grâce rayonneront et transformeront nos milieux de vie, avec des fruits incalculables. C’est lui, par son Esprit, qui guidera nos pas et nos activités. C’est lui qui orientera les circonstances et nous fournira les occasions de porter sa vie aux personnes qui ont besoin de lui. […] Sans sous-estimer les projets que nous devons établir ni les moyens que le progrès technique nous offre pour annoncer l’Évangile, nous devons nous attacher surtout à être ses témoins, en laissant vivre le Ressuscité en nous.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 345/8)

Une famille en action : solidarité pour l’Ukraine

Depuis le début du conflit en Ukraine, la coordination d’urgence du mouvement des Focolari a promu une campagne de collecte de fonds pour soutenir la population locale. Dans cette vidéo, Mira, une focolarine slovène qui vit en Ukraine et travaille pour Caritas-Spes, nous parle de la vie, les actions et l’aide que nous mettons en œuvre grâce à votre contribution. https://youtu.be/bUmqhCza6kg Pour contribuer à la collecte de fonds de l’équipe de coordination d’urgence du mouvement des Focolari, vous pouvez faire un don à l’adresse suivante :

Azione per un Mondo Unito ONLUS (AMU) IBAN: IT 58 S 05018 03200 000011204344 presso Banca Popolare Etica Codice SWIFT/BIC: ETICIT22XXX

Azione per Famiglie Nuove ONLUS (AFN) IBAN: IT 92 J 05018 03200 000016978561 presso Banca Popolare Etica Codice SWIFT/BIC: ETICIT22XXX

Causale: Emergenza Ucraina

En dialogue avec le Pr Vincenzo Buonomo

Le recteur de l’Université Pontificale du Latran (Rome) et Professeur de droit international, affirme qu’il n’y a pas et ne peut pas y avoir de guerre “juste”. Rien ne peut justifier un conflit armé. La paix est quelque chose que nous devons construire personnellement et ensemble. Nous devons garder notre cœur grand ouvert sur le monde entier ; n’oublier aucun conflit et agir pour apporter notre contribution à la paix à tous les niveaux. https://www.youtube.com/watch?v=g6urrAmR7Fc

Chiara Lubich: l’essence de l’amour chrétien

Au cœur de la Semaine Sainte que nous commençons, le Jeudi Saint, nous revivrons le lavement des pieds que Jésus fait aux disciples, dans lequel il accomplit cet acte d’amour en se mettant à la dernière place. Dans le texte suivant, Chiara Lubich nous introduit dans l’essence de l’amour chrétien, à traduire en comportements concrets, capables de générer réciprocité et paix. Le don du Christ, l’unité, doit sans cesse être ravivé et traduit en comportements sociaux concrets, entièrement inspirés par l’amour réciproque. D’où ses indications sur la manière de vivre ensemble : […] Bienveillance, c’est vouloir le bien de l’autre. C’est se « faire un » avec lui, l’approcher complètement vides de nous-mêmes, de nos intérêts, de nos idées, des préjugés qui faussent notre regard. C’est partager ses soucis, ses besoins, ses souffrances mais aussi ses joies. C’est entrer dans le cœur de celui que nous approchons pour comprendre sa mentalité, sa culture, ses traditions et, en quelque sorte, les faire nôtres. C’est aussi se rendre compte de ses besoins et savoir reconnaître les valeurs que Dieu a semées dans le cœur de tout être humain. En un mot, c’est vivre pour quiconque est à nos côtés. Miséricorde, c’est accueillir l’autre tel qu’il est et non comme nous aimerions qu’il soit, sans vouloir qu’il change de caractère ni qu’il partage nos idées politiques ou nos convictions religieuses. Sans chercher à lui enlever tel défaut ou telle manière de faire qui nous dérange tant. Il nous faut dilater notre cœur et le rendre capable d’accueillir tous les hommes dans leur diversité, leurs limites et leurs misères. Pardonner, c’est voir l’autre avec un regard toujours neuf. Même dans les lieux où la vie ensemble est harmonieuse et sereine, en famille, à l’école, au travail, il ne manque jamais de moments de frictions, de désaccords, d’affrontements. Cela peut aller jusqu’à ne plus se parler, éviter de se rencontrer, voire à laisser grandir en nous des sentiments de haine envers ceux qui ne partagent pas nos idées. Il faut un dur effort pour regarder chaque jour nos frères et nos sœurs comme s’ils étaient complètement neufs, sans nous souvenir des offenses reçues, en couvrant tout avec amour et par une amnistie complète, à l’image de Dieu qui pardonne et oublie. La véritable paix et l’unité s’obtiennent quand bienveillance, miséricorde et pardon sont vécus, non par une seule personne, mais à plusieurs, dans la réciprocité. Pensons au feu dans la cheminée. Il faut périodiquement remuer la braise pour que les cendres ne l’étouffent pas. De même entre nous, il est aussi nécessaire de raviver de temps en temps l’amour réciproque, pour que nos rapports ne soient pas recouverts par la cendre de l’indifférence, de l’apathie et de l’égoïsme. Cette attitude intérieure demande à être traduite en faits concrets, en actions. Jésus lui-même a montré ce qu’est l’amour quand il a guéri les malades, quand il a nourri les foules, quand il a ressuscité les morts, quand il a lavé les pieds des disciples. Des faits, des faits : c’est cela aimer. […] Nous pouvons, nous aussi, remplir notre journée de services concrets, humbles et ingénieux, expression de notre amour. Nous verrons grandir autour de nous la fraternité et la paix.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 786-788)

Évangile vécu : « Allez dans le monde entier et proclamez l’Évangile à toute créature » (Mc 16,15)

Évangile vécu : « Allez dans le monde entier et proclamez l’Évangile à toute créature » (Mc 16,15) Annoncer la Parole n’est pas simplement parler, c’est plutôt une action concrète, qui se manifeste dans la vie, dans la relation avec les autres, avec la création. C’est une mission : être des frères et sœurs, l’image du Royaume de Dieu dans notre temps. Artisans de la paix Le Burundi est un très beau pays, mais après la guerre civile, des milliers de personnes de différents groupes ethniques ont émigré et maintenant nous sommes dispersés dans le monde entier. Les Tutsis ont fui les Hutus et vice-versa, sans parler du régionalisme qui oppose les gens du Sud à ceux du Nord et qui est très fort, notamment en ce qui concerne le partage du pouvoir. Et nous, chrétiens, que faisons-nous ? Ici, au Canada, mon mari et moi avons pensé créer un petit monde nouveau au sein de la communauté burundaise : à travers diverses activités culturelles et sportives, nous donnons l’occasion à nos compatriotes, mais aussi à d’autres Africains et à nos amis et voisins québécois de se rencontrer autour d’un repas traditionnel, d’un verre et de bonne musique. Notre objectif principal est de contribuer à la réalisation de la volonté de notre Seigneur : « Que tous soient un ». Nous sommes convaincus que chaque chrétien doit contribuer, à sa manière, à la réalisation de ce projet. Aujourd’hui, plusieurs Burundais sont en contact permanent et se serrent la main, ce qu’ils ne faisaient pas auparavant. (Florida K. – Canada) Une décision commune Un jour, remarquant que quelque chose dérangeait une collègue, je l’ai approchée et lui ai demandé gentiment de ses nouvelles. Elle m’a confié qu’elle avait décidé d’accueillir chez elle une sœur atteinte d’un cancer en phase terminale. Comme elle m’a dit qu’elle avait besoin d’une alimentation spéciale, notamment d’un type de lait très coûteux, j’ai eu envie d’apporter ma contribution. Je pouvais puiser dans mon compte, sûre que mon mari serait d’accord, mais cette fois, je voulais décider avec lui. Je n’avais pas toujours procédé ainsi dans le passé, surtout pour les petites dépenses. Mais depuis que nous nous étions engagés à vivre les Paroles de l’Évangile avec plus de conviction, nous étions devenus plus sensibles au fait que « c’est mieux de voir les choses ensemble ». Donc, après être rentrés tous les deux du travail, je lui ai parlé de ma collègue et de l’aide que je voulais lui apporter. Il m’a immédiatement soutenu. En plus de cela, il a suggéré de donner le double du montant que j’avais prévu. Son visage exprimait une grande joie. Cette attention portée à notre prochain souffrant nous a fait nous sentir plus unis. (Thanh – Vietnam) Optimiser les relations Je suis souvent tenté d’« optimiser mon temps » en fonction de mon propre programme, pour être finalement mal à l’aise lorsque l’ordre des choses à faire est bouleversé par des imprévus : ces imprévus qui, si souvent, traduisent la volonté de Dieu et donnent une autre saveur à la journée. Cependant, je me rends de plus en plus compte que, dans la trame de la vie quotidienne, la meilleure attitude consiste à « optimiser les relations » avec chaque prochain que je rencontre. Et ici, la hâte est le grand ennemi ! J’essaie donc de m’arrêter, par exemple, avec les retraités en bas de l’immeuble, avec la voisine sur le palier, récemment sortie de l’hôpital. Je m’arrête pour dire ‘’bonjour’’à l’habitant assigné à résidence, que beaucoup marginalisent par peur, et pour le prévenir qu’aujourd’hui l’eau sera coupée à tout le quartier pour cause de travaux de maintenance. (Ciro – Italie)

Maria Grazia Berretta

(extrait de ‘’Il Vangelo del Giorno’’, Città Nuova, année VIII, n.2, mars-avril 2022)

Être et faire communauté

Les Focolari dans le monde À l‘image des premières communautés chrétiennes, des communautés locales animées par l’esprit des Focolari sont nées dans toutes les points du monde où il y avait un groupe, même petit, de personnes vivant la spiritualité de l’unité. Emmanuel Mounier, philosophe français et fondateur du personnalisme, qui a vécu dans la première moitié du siècle dernier, dit : « La première expérience de la personne est l’expérience de la deuxième personne : le Tu, et donc le nous, précède le Je, ou du moins l’accompagne. » Ce qui, en deux mots, signifie : être une communauté. Et parce que nous sommes communauté, nous devons faire la communauté. Cet effort, qui n’est pas facile à notre époque, consiste à dépasser l’individualisme, à regarder autour de nous et à renforcer les liens avec ceux qui partagent avec nous l’espace géographique d’une ville ou d’un quartier, un lieu de travail, un établissement scolaire … C’est le défi que les groupes des Focolari tentent de relever en différents points du monde, que ce soit dans des grandes villes ou de petites localités situées dans les montagnes ou bien encore au milieu des grandes plaines de la planète. C’est une sensation très agréable que j’ai éprouvée il y a quelque temps lorsque je suis arrivé dans une petite ville au milieu de la campagne argentine pour visiter un centre pour enfants handicapés. Au fur et à mesure que je le découvrais, je me suis rendu compte qu’il y avait là une communauté vivante, unie par de forts liens de fraternité. Une communauté active et présente dans les différents visages de la ville elle-même : le club de sport, la paroisse, la mairie, l’école. Adultes, jeunes et enfants œuvraient tous ensemble, sans distinction. Mais ce n’était pas une expérience isolée, j’ai pu la retrouver en d’autres occasions en visitant différentes régions du monde. Dans la province de Namibe, en Angola, les communautés locales se sont réunies pour mener à bien diverses activités, encouragées par les défis apparus lors de l’Assemblée générale du mouvement des Focolari en 2021, afin de répondre à la détresse de l’humanité qui reflète le cri d’abandon de Jésus en croix. Ainsi, les adultes préparent et distribuent chaque mois une soupe “solidaire” aux plus défavorisés : les tâches sont bien réparties entre les différents membres de la communauté. Il s’agit d’une activité menée en collaboration avec l’église locale, à laquelle s’est ajoutée une collecte de vêtements et d’ustensiles ménagers pour subvenir aux besoins des personnes dans le besoin. Entre temps, les jeunes sont devenus les promoteurs d’un centre pour les enfants de la rue, plus de 30, âgés de 5 à 17 ans. Ils recueillent chaque mois de la nourriture et des articles ménagers, tandis que d’autres adolescents, répondant au Cri de la Planète, collectent des bouteilles en plastique d’eau minérale (aujourd’hui largement consommées et jetées dans les rues de la ville) pour ensuite les remettre à des personnes sans emploi qui en ont fait un véritable travail. Ces jeunes sont aidés par des adultes qui mobilisent familles, voisins et collègues de travail pour livrer gratuitement des bouteilles vides. La communauté de Tombwa, également en Angola, se concentre en priorité sur l’organisation du nettoyage et de la collecte des déchets dans la ville, en sauvegardant et en prenant soin de la vie des arbres. De passage aux Pays-Bas, dans la région du Limbourg, au sud du pays, Peter Gerrickens (volontaire de Dieu) raconte : « Fin novembre 2019, nous avons rendu visite à une personne d’une ville voisine engagée dans la distribution de repas offerts aux personnes dans le besoin et nous voulions lancer la même action dans notre paroisse. » Malheureusement, alors que l’initiative était sur le point d’être lancée, la Covid est arrivée et il ne n’était plus possible d’utiliser une salle de restauration. Du coup s’est mise en place une distribution de repas en sachets. Maria Juhasz (membre des Focolari), qui aide à leur préparation, ajoute : « Il ne s’agit pas seulement de distribuer de la nourriture, mais nous voulons donner quelque chose de plus. C’est bien plus qu’une action sociale. » Après un an, ils ont atteint le chiffre de 400 repas par jour et le nombre a tellement augmenté qu’ils ne pouvaient plus assumer seuls cette activité. Après avoir fait un tour d’horizon, cependant, des renforts sont arrivés : l’Armée du Salut, la communauté de Sant’Egidio, avec leurs bénévoles et leur expérience pratique extrêmement précieuse ont apporté leur contribution. L’aide de la providence ne cesse également d’arriver : des entrepreneurs qui donnent ce qu’il leur reste, un magasin qui apporte chaque semaine de nombreux fruits et légumes… « Tous les quinze jours – précisent-ils – nous avons aussi un moment de prière ensemble le soir. Tout le monde est invité : les amis qui reçoivent les repas, les bénévoles de la cuisine et ceux qui distribuent la nourriture. Ce sont des chrétiens de toutes les églises, des personnes d’autres religions ou sans référence religieuse particulière. » Ils ont même aménagé un espace sur la place de l’église où chaque semaine ils offrent du café. Le curé de la paroisse est toujours disponible. « Nos amis sont reconnaissants pour la nourriture, mais aussi pour la prière : pour un ami décédé, pour un nouveau-né. En plus de cette aide alimentaire, il est important de construire de véritables amitiés, de voir Jésus en chaque personne. C’est notre point de départ pour créer un véritable contact, pour engager un dialogue de personne à personne et découvrir les besoins de chacun. Beaucoup de gens viennent juste pour parler un peu. Un homme, par exemple, après avoir pris son repas, nous a remerciés de l’avoir écouté, chose qui n’arrive plus dans sa famille. » Actuellement, environ 2000 personnes prennent un repas chaque semaine, mais la communauté ne s’arrête pas là. Un nouveau projet démarre. La municipalité de Heerlen a apporté une première contribution financière. Ce projet permettra de créer une école professionnelle pour les jeunes des quartiers défavorisés. Ils recevront une formation culinaire et participeront eux-mêmes à la préparation des repas. « Dans tout cela, la Parole de Vie est un grand soutien – concluent-ils – nous pouvons vraiment nourrir Jésus en ceux qui ont faim. » On pourrait ainsi faire le tour du monde, partout où se trouvent les communautés locales des Focolari, là où deux ou trois personnes vivent la spiritualité de l’unité, et où, s’inspirant des premières communautés chrétiennes, elles veulent témoigner de l’amour réciproque : « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13, 35) De cette façon elles contribuent ensemble à transformer leur propre réalité, avec une attention particulière envers leurs frères et sœurs les plus défavorisés.

Carlos Mana

Session de formation communautés locales Afin de réfléchir au potentiel des communautés dans l’amour préférentiel pour ceux qui souffrent le plus, et ainsi témoigner et annoncer l’Évangile dans les diverses réalités de l’Église et du monde d’aujourd’hui, les responsables des communautés locales du mouvement des Focolari se réuniront lors d’une session du 7 au 10 avril. Réunis au même moment dans des centaines d’endroits dans le monde, ils se connecteront électroniquement les uns aux autres pendant quelques heures chaque jour. De cette manière, ils vivront une expérience “glocale”, c’est-à-dire qu’ils seront profondément enracinés dans leur propre région tout en faisant partie d’une famille mondiale élargie.

Burundi : “C’est possible !”

Burundi : “C’est possible !”

L’histoire de Rose, une Burundaise qui, grâce à un projet de microcrédit communautaire, a monté un restaurant. Rose vit au Burundi et a six enfants. Il y a quelques années, elle a ouvert son propre restaurant, où elle prépare des repas qu’elle livre à des clients éloignés de son village. Grâce à cette entreprise, elle a réussi à envoyer ses enfants à l’école et à verser un salaire à certains de ses employés. Mais il y a 13 ans sa situation était très différente. Rose ne savait pas ce que signifiait l’épargne et avait de grandes difficultés à gérer les finances de sa famille. Ses conditions de vie ont changé lorsqu’elle a fait connaissance avec le projet “C’est possible !” mené par AMU, Azione per un Mondo Unito (Action for a United World) et Casobu, une ONG burundaise et partenaire local. Grâce à ce projet, explique Rose, nous avons appris à économiser de l’argent. Je suis entrée en contact avec un groupe de personnes qui, comme moi, avaient besoin d’argent pour améliorer leur situation. Avec le premier crédit que j’ai reçu, j’ai immédiatement acheté des vêtements : je ne savais pas comment faire un véritable investissement. Puis je me suis dit : comment puis-je prendre l’argent, sans avoir un projet concret ? J’ai donc décidé d’acheter des casseroles, des assiettes et des poêles. Alors j’ai ouvert mon propre restaurant. “C’est possible !” est un projet basé sur le microcrédit communautaire, une méthodologie par laquelle des groupes de personnes se réunissent et se financent en plaçant leurs propres économies dans un fonds commun. Ainsi, le groupe peut accorder de petits crédits à ses membres pour les aider à faire face à certaines dépenses et à démarrer ou à gérer de petites activités génératrices de revenus. Emanuela Castellano, responsable de projet pour l’AMU, explique : « Les projets de microcrédit communautaire sont basés sur une approche participative, qui vise à responsabiliser les membres du groupe afin que le projet puisse se poursuivre et s’étendre. Les fonds collectés et notre soutien sont utilisés pour sensibiliser les communautés, former et accompagner les membres du groupe, mais l’argent partagé leur appartient. C’est la principale caractéristique du projet : l’appel à la réciprocité, qui permet à chacun d’apporter sa propre contribution au développement de la communauté. Le projet “C’est possible !” veut donc aussi accompagner les activités qui se développent et qui souhaitent accéder à un financement plus important pour soutenir leur expansion. » Depuis que Rose a eu connaissance du projet, elle a pu réaliser son rêve d’ouvrir un commerce qui lui permettrait de subvenir aux besoins de ses enfants et de les envoyer à l’école. Au fil du temps, le nombre de clients a augmenté et elle est désormais en mesure de supporter les dépenses des cinq employés qui l’aident. Ils ont également des projets pour l’avenir : l’un d’entre eux aimerait acheter une chèvre, un autre un terrain. Tout rêve semble difficile à réaliser au début, surtout dans un pays comme le Burundi. C’est le deuxième pays d’Afrique le plus densément peuplé et l’un des cinq pays ayant le taux de pauvreté le plus élevé au monde. Près d’une famille sur deux, soit quelque 4,6 millions de personnes, souffre d’insécurité alimentaire et 56 % des enfants de moins de cinq ans de malnutrition. Dans ce contexte complexe, le restaurant de Rose est véritablement la réalisation d’un rêve, et peut aussi devenir l’espoir de réaliser ceux de ses enfants et de ses employés. C’est exactement ce que fait le projet “C’est possible !” : il permet d’espérer que beaucoup d’autres personnes, comme Rose, réaliseront leur rêve et envisageront un avenir meilleur.

Laura Salerno

https://www.youtube.com/watch?v=t0W6a2khA3Q

Chiara Lubich : “Aimez vos ennemis”

La paix regarde les personnes, chacun d’entre nous. C’est quelque chose que nous devons tous construire, toujours et en toute situation. Un engagement qui n’est pas du tout facile ou évident, surtout aujourd’hui. Dans cette intervention de1978, Chiara nous lance un grand défi. « Aimez vos ennemis » Voilà bien quelque chose de puissant ! Quelque chose qui bouleverse notre façon de penser et nous fait tous redresser la barre de notre vie ! En effet, ne nous cachons pas la réalité : un ennemi… petit ou grand, nous en avons tous un. Il est là, derrière la porte de l’appartement voisin, dans la personne de cette femme si antipathique et indiscrète que je fais tout ce que je peux pour l’éviter chaque fois qu’elle risque d’entrer avec moi dans l’ascenseur. Il est dans cette personne de ma famille qui a porté tort à mon père il y a trente ans. Depuis, je ne la salue plus… Il est assis derrière toi à l’école et tu ne l’as plus jamais regardé en face depuis le jour où il t’a dénoncé au professeur… C’est cette fille qui était ton amie et qui t’a planté là pour aller avec un autre… C’est ce commerçant qui t’a dupé… Ce sont ces gens qui n’ont pas les mêmes idées politiques que nous et que nous considérons comme nos ennemis. Il y en a aussi actuellement qui voient l’État comme un ennemi et pratiquent facilement la violence contre ceux qui le représentent. On en trouve également, et il y en a toujours eu, qui considèrent les prêtres comme leurs ennemis et haïssent l’Église. Oui, tous ces gens-là et bien d’autres encore que nous appelons ennemis, sont à aimer. À aimer ? Oui ? À aimer ! Et n’allons pas croire que nous pouvons nous en tirer simplement en remplaçant notre sentiment de haine par une vague bienveillance. Il faut aller plus loin. Écoute ce que dit Jésus : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient » (Lc 6, 27-28). Tu vois ? Jésus veut que nous triomphions du mal par le bien. Il veut un amour qui se traduise en gestes concrets. On peut se demander : comment se fait-il que Jésus édicte un tel commandement ? Simplement parce qu’il veut modeler notre comportement sur celui de Dieu, son Père, qui « fait lever le soleil sur les méchants comme sur les bons et tomber la pluie sur les justes, comme sur les injustes ». Voilà la vérité. Nous ne sommes pas seuls au monde : nous avons un Père et nous devons lui ressembler. Dieu a droit à cette attitude de notre part. En effet, lorsque nous étions ses ennemis, que nous demeurions dans le mal, c’est lui, le premier, qui nous a aimés, en nous envoyant son Fils, qui est mort de façon terrible pour chacun de nous. […] Peut-être serait-il bon que nous aussi nous rétablissions l’une ou l’autre situation, d’autant que nous serons jugés de la même façon que nous jugeons les autres. C’est nous-mêmes qui remettons entre les mains de Dieu la mesure avec laquelle il doit nous juger. Ne lui demandons-nous pas : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » ? Aimons donc nos ennemis ! C’est l’unique moyen pour recomposer l’unité, abattre les barrières, construire la communauté. C’est dur ? C’est pénible ? La seule idée de devoir le faire nous ôte le sommeil ? Non, ce n’est pas la fin du monde : un petit effort de notre part, et Dieu s’occupe des 99% qui restent. Alors dans notre cœur jaillit un fleuve de joie

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 105-108) https://www.youtube.com/watch?v=VLsugwXngL4

Guatemala : technologie au service de la culture d’origine

Educa est un projet qui a permis à 25 jeunes du Guatemala de suivre une formation informatique en programmation et en conception de sites web. Quelques-uns des boursiers sont issus d’ethnies indigènes et souhaitent mettre leurs compétences techniques au service, avant tout, des femmes de leurs communautés. L’objectif est de valoriser leur culture et d’aider les femmes à exceller, afin de garantir l’égalité des chances pour tous. https://www.youtube.com/watch?v=ysltALLYiOA

Le Mouvement des Focolari publie les résultats d’une enquête indépendante sur des abus commis par un ancien membre consacré en France

Margaret Karram : « Je m’engage au nom du Mouvement des Focolari à répondre par des actions, des mesures d’écoute, d’accueil et de prévention, aux recommandations finales formulées par l’enquête indépendante. » Le Mouvement des Focolari publie les conclusions de l’enquête menée par un organisme externe et indépendant sur les cas d’abus sexuels concernant JMM, ancien membre consacré du Mouvement des Focolari en France. L’enquête a été confiée le 23 décembre 2020 par les Focolari à la société britannique GCPS Consulting, un organisme indépendant dont la mission est d’aider les institutions à améliorer leurs systèmes de prévention et de signalement des abus. Afin de garantir l’intégrité, la qualité et la fiabilité du processus d’enquête et de ses résultats, le Mouvement des Focolari a également nommé Alain Christnacht, ancien haut fonctionnaire français, en tant que superviseur indépendant, sans aucun lien avec le Mouvement. Le Mouvement des Focolari a confié l’enquête à une Commission indépendante à la demande des victimes, dans le même esprit que la Conférence des évêques de France qui, en février 2019, avait chargé la CIASE de mener une enquête sur l’ensemble de l’Église catholique en France, avec l’objectif de placer les victimes au cœur des priorités et des travaux de l’enquête. L’organisme indépendant a reçu des témoignages couvrant la période allant de 1958 à 2020, qui montrent clairement que JMM a commis des agressions sexuelles sur au moins 26 victimes. GCPS Consulting résume comme suit le travail effectué pour l’enquête: « Écouter les victimes était l’une des principales tâches de l’Enquête. Ce fut une part ardue du processus, pour les victimes comme pour l’équipe d’enquête, mais c’est l’élément le plus important de l’enquête. Le rapport décrit les événements survenus pendant cinq décennies au cours desquelles JMM a abusé ou tenté d’abuser sexuellement de ses victimes, principalement de jeunes garçons. Il décrit son modus operandi ainsi que le contexte dans lequel les abus ont été commis. L’enquête a permis d’entendre un nombre significatif de victimes et de témoins d’autres abus, sexuels ou d’autre nature. Le fait que les abus aient été répandus et n’aient pas été traités, même lorsqu’ils ont été signalés à des personnes en charge et en position de responsabilité, est également un sujet du rapport. Il a été demandé à l’équipe d’enquête d’examiner le degré de connaissance de ces événements par les personnes responsables, à l’époque des faits et par la suite, et d’évaluer la façon dont elles ont géré cela. Le rapport décrit en détails comment des signalements n’ont pas reçu de réponse adéquate, des victimes n’ont pas été entendues et n’ont pas été traitées de manière appropriée, et comment des occasions ont été manquées de réagir aux abus commis par JMM et de prévenir des incidents ultérieurs. Enfin, le rapport détaille la manière dont le Mouvement des Focolari a plus récemment développé des mesures de protection. Il formule un certain nombre de recommandations visant à renforcer la sécurité de l’environnement, ainsi que des recommandations au niveau de la culture et du leadership » Après avoir examiné le rapport, Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari, a déclaré : « Il n’y a pas de mots adéquats pour exprimer le choc et la douleur que je ressens face au mal qui a été infligé à des enfants et à des adolescents par JMM et – je dois le dire avec une immense souffrance – non seulement par lui, ainsi qu’il résulte des conclusions de l’enquête. » S’adressant aux victimes, elle a ajouté : « En ce moment, chacune de mes pensées et de mes paroles va vers vous qui avez subi un crime gravissime qui, dans de nombreux cas, a détruit votre vie ». « À CHACUNE ET CHACUN D’ENTRE VOUS PERSONNELLEMENT, AVEC LE COPRÉSIDENT JESÚS MORÁN, ET AU NOM DU MOUVEMENT DES FOCOLARI, JE DEMANDE HUMBLEMENT PARDON. Nous devons reconnaître que, malgré le bien que le Mouvement a accompli au long de son histoire, dans ce domaine nous avons échoué dans la vigilance, dans l’écoute et dans l’accueil de l’appel à l’aide de beaucoup. Cela ne peut plus se produire, c’est en totale contradiction avec les valeurs que le Mouvement des Focolari, avec sa spiritualité chrétienne, est appelé à vivre. Je m’engage au nom du Mouvement des Focolari à répondre par des actions, des mesures d’écoute, d’accueil et de prévention, aux recommandations finales formulées par l’enquête indépendante ». Le Mouvement des Focolari est plus que jamais déterminé à faire en sorte que ses communautés dans le monde soient des lieux sûrs qui permettent l’enrichissement mutuel. Comme le souligne l’enquête de GCPS, le Mouvement a entamé en 2011 une évaluation approfondie des mesures visant à prévenir les abus et à protéger les personnes. Mesures qui ont été revues en 2014 et en 2020 et qui seront ultérieurement mises à jour après l’étude approfondie des résultats de cette enquête. Le Mouvement des Focolari a informé la Conférence des Evêques de France et le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie de la publication de ce rapport. La principale préoccupation du Mouvement est de contribuer autant que possible au processus de reconstruction des victimes, y compris par une compensation financière, si nécessaire et demandé. C’est pourquoi, selon la recommandation de l’Eglise en France, le Mouvement des Focolari a demandé à la “Commission indépendante de reconnaissance et de réparation” (CRR) – organe pluridisciplinaire composé d’experts de la société civile et institué par la CORREF (Conférence des Religieux et Religieuses de France) – d’accompagner les victimes qui le souhaitent dans leur processus de réparation. Dès à présent, les victimes peuvent contacter cet organisme. Email : victimes@crr.contactTél : 09 73 88 25 71  Site Internet : https://www.reconnaissancereparation.org   Afin de respecter son engagement envers les victimes de JMM, le Mouvement avait précédemment mis en place une procédure de soutien psychologique coordonnée par le Dr Alexis Vancappel. Cette procédure sera maintenue pour les victimes qui ont déjà eu recours à ce service. Le Mouvement des Focolari informe qu’il fera connaître dans les prochaines semaines les actions et les mesures qu’il entend mettre en œuvre pour répondre aux recommandations exprimées dans le rapport. Les résultats de l’enquête sont publiés dans leur intégralité et accessibles à tous sur le site de GCPS Consulting et sur les pages française et internationale du Mouvement des Focolari. Le rapport d’enquête est actuellement disponible en anglais, français et italien. L’allemand, l’espagnol et le portugais seront ajoutés prochainement. Stefania Tanesini

Enquête indépendante (texte intégral) Sommaire rapport d’enquête Rapport du Superviseur Alain Christnacht Lettre del la Présidente e du Coprésident à tous les membres du Mouvement des Focolari en France

Chiara Lubich : le chemin vers la fraternité universelle

Comment faire de nos efforts quotidiens, de notre travail, de nos relations un vecteur pour construire un monde uni ? Voir avec un regard nouveau, chaque matin, ceux que nous rencontrons, prêts à ne pas juger, à donner notre confiance, à espérer toujours, à croire toujours. Nous devons acquérir un regard de miséricorde, une vertu que les temps que nous vivons nous demandent de mettre en pratique avec les frères proches ou loin de nous. […] La fraternité universelle, voilà le grand projet de Dieu sur l’humanité. Une fraternité universelle, plus forte que les divisions, les tensions et les rancœurs qui s’insinuent si facilement à cause des incompréhensions et des fautes. Pourquoi les familles se défont-elles ? Parce que nous ne savons pas nous pardonner. De vieilles haines entretiennent les divisions entre les membres d’une même famille, les groupes sociaux et les peuples. Certains même enseignent à ne pas oublier les torts subis, à nourrir des sentiments de vengeance… Une rancœur sourde empoisonne l’âme et corrompt le cœur. Certains pensent que le pardon serait un signe de faiblesse. Bien au contraire. C’est l’expression d’un grand courage, d’un amour vrai, d’autant plus authentique qu’il est plus désintéressé. « En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment – dit Jésus -, quelle récompense allez-vous en avoir ? » Tout le monde en fait autant. « Vous, aimez vos ennemis[1]. » À nous aussi, il nous est demandé – prenant exemple sur Lui – d’avoir un amour de père, de mère, un amour de miséricorde envers ceux que nous rencontrons pendant la journée, surtout envers ceux qui sont dans l’erreur. Et à ceux qui sont appelés à vivre une spiritualité de communion, comme l’est la spiritualité chrétienne, l’Évangile demande encore plus : « Pardonnez-vous mutuellement[2] » L’amour réciproque exige presque un pacte entre nous : celui d’être toujours prêts à nous pardonner réciproquement. C’est la seule manière de contribuer à créer la fraternité universelle. Ces paroles, non seulement nous invitent à pardonner mais elles nous rappellent que, pour être nous-mêmes pardonnés, il nous faut pardonner. Dieu nous écoute et nous pardonne dans la mesure où nous savons pardonner. […] En effet, un cœur endurci par la haine n’est même plus capable de reconnaître et d’accueillir l’amour miséricordieux de Dieu. […] Il nous faut faire preuve de prévention. Chaque matin regarder les autres d’un œil nouveau, en famille, à l’école, au travail, prêts à ne pas juger, à faire confiance, à espérer, à croire sans cesse. Approcher chaque personne avec cette amnistie complète dans le cœur, avec ce pardon universel. Ne pas se souvenir de leurs défauts, tout couvrir avec l’amour. Au cours de la journée, essayer de réparer les impolitesses et les mouvements d’humeur en présentant des excuses ou en faisant un geste d’amitié. […] Alors quand nous prierons le Père et, surtout, lorsque nous lui demanderons son pardon pour nos fautes, nous verrons notre demande exaucée. Nous pourrons dire avec confiance : « Pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mêmes nous avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous[3]. »

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 667) [1] Cf. Mt 5, 42-47 [2] Cf. Col 3, 13. [3] Mt 6, 12.

Le Pape et l’acte de consécration au Cœur Immaculé de Marie

Le 25 mars, le Pape François consacrera la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie. Cette supplique s’insère dans la prière chorale qui s’élève dans le monde pour la paix et accompagne le grand réseau de solidarité auquel adhèrent également les membres du mouvement des Focolari. Le 25 mars, en la solennité de l’Annonciation du Seigneur, vers 18h30 (heure de Rome), depuis la basilique Saint-Pierre au Vatican, le Pape François consacrera toute l’humanité, et en particulier la Russie et l’Ukraine, au Cœur Immaculé de Marie. Selon la tradition catholique, par cet acte il confie à la Mère, et par son intercession à Dieu, toute personne sur terre, en particulier aujourd’hui ceux qui souffrent à cause de la guerre. Le Pape écrit aux évêques du monde entier, les invitant à participer : « L’Église, en cette heure sombre, est fortement appelée à intercéder auprès du Prince de la paix et à se faire proche de ceux qui paient dans leur chair les conséquences du conflit ». Parce que la guerre est une défaite pour tout le monde. Avec la guerre, tout est perdu. C’est pourquoi, poursuit le Pape, « Accueillant aussi de nombreuses demandes du Peuple de Dieu, je désire confier, de manière spéciale, les nations en conflit à la Vierge ». Cet acte « se veut être un geste de l’Église universelle qui, en ce moment dramatique, porte à Dieu, par sa Mère et notre Mère, le cri de douleur de tous ceux qui souffrent et implorent la fin de la violence, et qui confie l’avenir de l’humanité à la Reine de la paix ». Le mouvement des Focolari, présent dans plus de 180 pays, et donc aussi dans de nombreux endroits où il y a encore des conflits et des guerres, adhère à l’appel du pape. Il y a quelques jours, Margaret Karram, la présidente du mouvement des Focolari, ainsi que le Conseil Général du Mouvement, réunis dans la « ville de la paix » à Assise pour quelques jours de retraite, a invoqué la prière pour la paix universelle : « Nous te demandons, avec la foi qui déplace les montagnes, que le feu de la guerre cesse et que le dialogue ’en cherchant les voies de la paix’ entre la Russie et l’Ukraine soit victorieux. Nous demandons la grâce de mettre fin à tous les conflits en cours, en particulier les plus oubliés ». Depuis 1991 – les années de la guerre du Golfe – les communautés des Focolari sont unies dans une prière commune pour la paix par le Temps mort quotidien à midi dans tous les fuseaux horaires. Des chrétiens de différentes Églises, des croyants de différentes religions, s’arrêtent pour une minute de silence ou de prière pour demander la paix et recentrer leur engagement personnel pour la construire là où ils sont. Le vendredi 25 mars, en même temps que le Pape fera l’Acte de Consécration, le Cardinal Konrad Krajewski, l’envoyé du Pape à Fatima au Portugal, fera le même geste pour implorer ensemble la Paix.

Lorenzo Russo

Voici le lien vers la prière en direct à partir de 17h00 (heure de Rome) Voici l’acte de consécration au Cœur Immaculé de Marie en plusieurs langues

Compositeurs de valeurs : un atelier entre notes et paroles

Compositeurs de valeurs : un atelier entre notes et paroles

Le 26 février 2022, la collaboration entre les Gen4, les enfants du Mouvement des Focolari, et l’association Forme Sonore, a donné vie à un atelier de composition de musique pour enfants avec une centaine de participants de tous les continents. De nombreuses réflexions ont été recueillies auprès des participants et les impressions des professeurs de musique, Sabrina Simoni et Siro Merlo. La très belle collaboration née au cours de l’été 2021 entre ‘Forme Sonore’, une association qui s’occupe de productions et d’expérimentations pour favoriser l’essor de la pensée musicale, et les Gen4, a donné vie à un morceau de musique enregistré par un petit chœur d’enfants du Burundi. L’occasion d’unir leurs forces et de créer à nouveau quelque chose de beau ensemble s’est présentée le 26 février 2022, jour où les fondateurs de Forme Sonore, la professeure de musique Sabrina Simoni (directrice du ‘’Piccolo Coro  Mariele Ventre de l’Antoniano de Bologne-Italie’’, protagoniste de l’événement annuel italien de chants pour enfants ‘’Zecchino d’oro’’) et le professeur de musique Siro Merlo (expert en écriture et direction artistique de chansons pour enfants) ont tenu un magnifique atelier organisé par les GEN4, destiné en particulier à ceux qui comprennent la musique et qui travaillent en contact étroit avec les enfants. L’atelier, qui a été suivi en ligne par une centaine de personnes de tous les continents, s’est concentré sur la composition de musique pour enfants, non seulement d’un point de vue technique, mais aussi comme un moyen de transmettre des valeurs telles que le partage, l’unité, la fraternité, l’attention aux autres et à la nature. « Lorsque Valeria Bodnar, l’assistante GEN4 du Burundi, nous a contactés en août dernier , racontent les professeurs de musique, nous avons été sincèrement impressionnés par son enthousiasme. Nous avons vécu la même émotion le samedi 26 février. Le mot qui parvient le mieux à décrire ce moment est ‘’choralité’’, ce sentiment intense que l’on ressent lorsque, animés d’une joie sincère, on interprète une chanson avec d’autres. Les personnes qui ont participé, en plus d’être géographiquement très éloignées, appartenaient à des milieux sociaux et culturels très différents, et pourtant les messages que nous avons reçus à la fin de l’atelier exprimaient des opinions consonantes et parfaitement harmonieuses ». Filippo de Monopoli (Italie) dit : « Ce cours a surtout ravivé mon désir de composer quelque chose pour nos Gen4. J’ai appris que les chansons pour nos enfants doivent être simples, ludiques et qu’ils doivent se sentir libres et heureux de les chanter ». De nombreux remerciements ont été reçus. Ramia, de Côte d’Ivoire, écrit : « J’ai compris que la composition de la chanson doit être faite en tenant compte de la psychologie des enfants, du public cible qui va l’interpréter, en trouvant la meilleure façon de transmettre une émotion et le bon rythme pour permettre à l’enfant de chanter sans soucis ». Un véritable voyage à travers les notes, la technique et la passion, qui a révélé aux participants combien il est important de considérer la musique comme « un moyen et non une fin », ont expliqué les professeurs de musique Sabrina Simoni et Siro Merlo, « un moyen qui peut non seulement ‘’transporter’’ des contenus de différentes natures (éducatifs, pédagogiques, émotionnels ou ludiques), mais aussi le faire en moins de temps, de manière plus directe et plus approfondie ». Un moment de grand partage qui s’est transformé en un cadeau réciproque et qui a laissé un mandat important pour ceux qui s’occupent de l’enfance et de la musique : grandir et se former de plus en plus, en accompagnant les enfants sur ce chemin de découverte dans lequel « la musique – concluent les professeurs de musique – possède une énergie socialisante particulièrement puissante qui doit être correctement guidée et canalisée par des enseignants compétents, animés d’une grande passion et riches d’empathie et de sensibilité ».

 Maria Grazia Berretta

Je fuyais et vous m’avez accueilli

Je fuyais et vous m’avez accueilli

Nous suivons le conflit en Ukraine en temps réel, à travers le travail des journalistes dépêchés sur place et par les informations diffusées sur le web et les réseaux sociaux. Chaque jour, nous assistons au drame humain de foules obligées de fuir les bombes, principalement des enfants et des femmes. Dans le même temps, les gestes d’accueil se multiplient silencieusement dans de nombreux pays européens. Voici quelques témoignages. Il y a un mois, aucun d’entre nous n’aurait pu imaginer que nous aurions aujourd’hui plus de trois millions de réfugiés en provenance d’Ukraine. Mais c’est la réalité que nous vivons non seulement dans les pays proches des zones du conflit mais aussi dans les pays d’Europe et au-delà. Pratiquement du jour au lendemain, nous avons dû nous organiser pour accueillir nos frères et sœurs ukrainiens, principalement des enfants et des femmes, qui fuient l’horreur. Manuela, de Berlin (Allemagne), nous raconte : «Quand le conflit a commencé et que les premières personnes sont arrivées d’Ukraine, c’était pour moi une réponse à l’annulation forcée de la rencontre annuelle des Focolari que nous appelons la Mariapolis européenne pour accueillir les gens du mieux que nous pouvons, c’est maintenant ma, notre Mariapolis. C’est ce que Dieu veut de moi, de nous». Et de Munich, également en Allemagne, Dora raconte : « La maison des prêtres où je travaille a accueilli deux femmes et un enfant de 12 ans. Ils ne parlent ni allemand ni anglais, mais nous nous comprenons grâce à la traduction en ligne sur nos téléphones portables. Il y a quelques soirs, après le dîner, je leur ai demandé s’ils avaient besoin de quelque chose. La mère a répondu : ‘Oui, j’aurais besoin de chaussures pointure 42 pour mon fils’. À ce moment-là, j’ai senti Chiara Lubich très proche de moi et j’ai compris que nous étions sur la bonne voie ». Dora fait référence à un épisode qui est arrivé à Chiara Lubich pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’un pauvre lui a demandé une paire de chaussures pointure 42 et qu’au même moment une amie lui a donné une paire de cette pointure qui était en trop dans sa famille. Aujourd’hui, certaines des structures d’hébergement des Focolari sont également mises à disposition pour accueillir des réfugiés d’Ukraine. Le 3 mars 2022 déjà, les cinq premiers réfugiés (deux jeunes mères et leurs enfants) ont pu trouver un logement, reconnaissants de la douche chaude et de la nourriture qu’ils ont reçues au centre Mariapolis dialog.hotel.wien, près de Vienne, en Autriche. Le lendemain, ils ont poursuivi leur voyage en train. Dix jours plus tard, 34 réfugiés sont arrivés, dont 15 enfants, et ont été hébergés pour une à cinq nuits. La même chose s’est produite dans les centres Mariapolis en Allemagne : Zwochau/Leipzig, Solingen/Cologne, Ottmaring/Augsbourg. Vingt-cinq jeunes du nord-ouest de l’Allemagne ont participé à une course de solidarité pour les orphelins ukrainiens le samedi 12 mars 2022. Un grand groupe a couru à Solingen et de Cologne, Munich et aussi de Graz, d’autres participants se sont joints à eux et ont couru avec eux. Au total, les jeunes ont couru plus de 250 kilomètres et récolté plus de 10 000 euros ! Ils se sont ensuite mis en relation par vidéoconférence avec la focolarine qui se trouve en Ukraine pour un temps de partage d’expériences. Non seulement nous accueillons des réfugiés ou collectons de l’argent, des vêtements ou de la nourriture, mais nous sensibilisons les gens à l’idée de la paix. Margarete D. est enseignante et a lancé une campagne spéciale avec sa classe à Krefeld (Allemagne). Elle a constaté un grand enthousiasme chez les enfants de faire quelque chose de concret. Ils ont donc lancé l’action « Cartes postales pour la paix ». Certaines phrases ont été traduites en russe et méticuleusement écrites par les enfants en lettres cyrilliques à côté de la version dans leur langue maternelle, pour être envoyées à ceux qui ont la possibilité d’arrêtez les affrontements. Il y a encore beaucoup à faire. Entre-temps, des efforts sont déployés pour organiser au mieux les aspects logistiques de l’accueil des réfugiés, dans l’espoir qu’un terme soit rapidement mis à ce conflit, comme l’a également déclaré le pape François lors de l’Angélus du dimanche 20 mars 2022, en suppliant « tous les acteurs de la communauté internationale de s’engager réellement à mettre fin à cette guerre répugnante ».

Carlos Mana

Évangile vécu : “Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés” (Mt 6,12)

Est-il possible d’imiter le Père en pratiquant un amour qui va jusqu’au pardon ? C’est en effet compliqué, mais la véritable condition qui nous permet de faire un si grand geste est d’avoir reçu dans la vie “la grâce de la honte”, comme le dit le pape François, et la joie conséquente d’avoir été pardonné. Un chemin mystérieux sur lequel le Carême nous demande de marcher, pour qu’à la fin nous puissions profiter de paysages merveilleux. Blessures guéries Un jour, une personne m’a lancé un reproche que, selon mon orgueil, je ne méritais pas. Pendant un certain temps, ce manque de respect a brûlé en moi. J’ai été tentée de limiter la relation, je ne voulais plus rien avoir à faire avec cette personne indésirable, mais cela n’aurait pas été cohérent avec mon choix de vivre l’Évangile. Comment pourrais-je guérir cette blessure ? Je me suis tournée vers Jésus et j’ai immédiatement pensé : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ». Pendant des jours, j’ai mis en pratique ce conseil avec les personnes que je côtoyais, y compris celles qui m’avaient fait du tort, et à la place des pensées négatives, j’ai senti quelque chose guérir en moi : un sentiment de soulagement que seul le pardon peut procurer. (R. – Italie) L’amour inconditionnel Depuis quelque temps, les querelles entre ma femme et moi s’étaient intensifiées. Allez savoir pourquoi, il a suffi d’un petit désaccord, d’un mot déplacé, d’un rien pour que nous commencions à élever la voix, à ressasser de vieilles histoires. Un soir, alors que l’atmosphère était devenue électrique, notre fille de neuf ans s’amusait à lancer des avions en papier depuis l’escalier de l’étage. Elle souriait et son petit frère semblait s’amuser comme un petit fou. Intrigué, j’en ai pris quelques-uns et les ai montrés à ma femme. En regardant de plus près, chacun des avions était décoré de cœurs et de messages tels que : “Nous vous aimons tellement”, “Vous êtes les plus beaux parents du monde” et “Nous voulons vous entendre chanter”. Lorsque ma femme les a lues, des larmes ont coulé sur son visage. Nous nous sommes regardés avec honte, puis nous nous sommes embrassés, promettant de trouver notre unité dans ce “oui” d’amour que nous nous étions promis depuis des années. (M. – Portugal) La première étape Depuis mon adolescence, mon père et moi ne pouvions pas nous supporter. Ma mère en souffrait, mais ne voyait aucune solution pour notre famille. Lors d’un voyage à l’étranger, je me suis confiée à un ami engagé dans un mouvement catholique qui, dans les cas difficiles, avait l’habitude de se poser la question suivante : « Si je n’aime pas cette personne, qui l’aimera à ma place ? » Je suis rentrée de ce voyage en gardant précieusement ces mots forts et, étrangement, je me suis souvenue de tant d’occasions manquées où j’aurais pu faire un geste d’amour envers mes parents. Pour me racheter, j’ai commencé par de petites choses, de simples services liés à ma compétence, que j’avais l’habitude d’éviter… Bref, quelque chose a changé en moi. Des décennies ont passé depuis, et maintenant que j’ai une famille et des enfants, je comprends l’importance de faire le premier pas, comme si la joie de l’autre ne dépendait que de moi. (R.T. – Hongrie)

                                         Propos recueillis par Maria Grazia Berretta

  (extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VIII, n°2, mars-avril 2022)

Chiara Lubich: miséricorde sans limites

Dans le Notre Père, Jésus nous invite à demander à Dieu de pardonner nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. C’est la Parole de vie que nous essayons de mettre en pratique en ce mois de mars 2022. Notre amour pour nos frères et sœurs doit être empreint de miséricorde, allant jusqu’au pardon. Jésus affirme que c’est toujours nous qui devons prendre l’initiative pour que la bonne entente soit constante, pour maintenir la communion fraternelle. Jésus pousse ainsi le commandement de l’amour du prochain jusqu’à sa racine la plus profonde. En effet, il ne dit pas : « si tu te souviens que tu as offensé ton frère », mais : « si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi ». Pour lui, le fait même de rester indifférents face au désaccord, même lorsque nous n’en sommes pas responsables, est déjà un motif pour que Dieu ne nous accepte pas bien et nous rejette. Jésus veut donc nous mettre en garde, non seulement contre les plus graves explosions de haine, mais aussi contre toute expression ou attitude qui, d’une manière ou d’une autre, dénote un manque d’attention, d’amour envers les frères. (…) Nous devrons chercher à ne pas être superficiels dans nos relations, mais à fouiller dans les recoins les plus secrets de notre cœur. Nous tâcherons aussi d’éliminer la simple indifférence ou tout autre manque de bienveillance, toute attitude de supériorité, de négligence envers quiconque. Évidemment, nous chercherons à réparer toute impolitesse, toute manifestation d’impatience, par une excuse ou un geste d’amitié. Et si parfois cela ne semble pas possible, c’est alors le changement radical de notre attitude intérieure qui comptera. Une attitude de rejet instinctif de l’autre sera remplacée par une attitude d’accueil total, d’acceptation complète de l’autre, de miséricorde sans limites, de pardon, de compréhension, d’attention à ses besoins. En agissant ainsi, nous pourrons offrir à Dieu tous les dons que nous voudrons. Il les acceptera et en tiendra compte. Nous approfondirons notre rapport avec lui et nous arriverons à cette union avec Dieu qui est notre bonheur présent et futur.

Chiara Lubich

 (Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 283 – Parole de vie de février 1984)

Margaret Karram : que cesse le feu de la guerre et que triomphe le dialogue «dans la recherche de voies de paix»

Margaret Karram : que cesse le feu de la guerre et que triomphe le dialogue «dans la recherche de voies de paix»

La  prière pour la paix universelle» prononcée aujourd’hui par la Présidente des Focolari à Assise, sur la tombe de saint François, fait écho aux propos du pape François. En annexe, la version intégrale. «Nous te demandons, avec la foi qui déplace les montagnes, que “cesse le feu” de la guerre et que triomphe le dialogue dans “la recherche de voies de paix” entre la Russie et l’Ukraine. Nous demandons la grâce que cessent tous les conflits en cours, en particulier les plus oubliés». Cette invocation poignante est au cœur de la «prière pour la paix universelle”», prononcée ce matin à Assise par Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari. Dans la crypte de Saint François, à la basilique inférieure, était présent avec elle le Conseil Général du Mouvement, réuni dans la « ville de la paix » pour quelques jours de retraite. «Nous sommes ici au nom de tous les membres du Mouvement : chrétiens de différentes Églises, fidèles de diverses religions, personnes qui se reconnaissent frères et sœurs de l’unique famille humaine. Nous faisons nôtres le cri et le désespoir des peuples qui, en ce moment, souffrent à cause de la violence, des conflits et des guerres», a poursuivi Margaret Karram. “Donne-nous la grâce de nous accueillir les uns les autres, de nous pardonner, de vivre comme une unique famille humaine. Donne-nous d’aimer la patrie de l’autre comme la nôtre ! Dieu de miséricorde, de concorde, fais de nous ‘’des instruments de Ta paix’’» A une semaine (le 25 mars 2022) de la consécration par le pape François de la Russie et de l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie, cette supplique s’insère dans le chœur de prières pour la paix qui s’élève dans le monde et accompagne le grand réseau de solidarité auquel s’associent également les membres du Mouvement. Les communautés des Focolari sont présentes dans plus de 180 pays, y compris dans de nombreux endroits où sont encore en cours des conflits et des guerres.

Stefania Tanesini

Le texte intégral de la «prière universelle pour la paix».

République Dominicaine: Bras et cœur grand ouverts

Un projet d’échange culturel fait tomber les barrières entre les migrants haïtiens et la communauté de La Romana en République Dominicaine. La République Dominicaine est un pays situé au milieu de la mer des Caraïbes. Elle partage le territoire de l’île d’Hispaniola avec Haïti. Historiquement, elle a un intérêt culturel pour tout le continent américain puisque c’est là que Christophe Colomb a débarqué lors de son premier voyage. Les deux pays partagent des racines culturelles et historiques mais présentent également des contrastes qui les séparent depuis des siècles. Haïti est le pays le plus pauvre des Amériques. L’instabilité politique et la violence interne ont poussé des milliers de personnes à émigrer vers d’autres pays. Chaque année, des milliers de migrants traversent la frontière entre Haïti et la République dominicaine en quête d’un avenir meilleur, ce qui crée des tensions entre les deux nations. « On estime à 2 millions le nombre d’Haïtiens en République dominicaine. Ils viennent principalement pour travailler dans la culture de la canne à sucre car il y a plusieurs usines sucrières ici », explique Modesto Herrera, un médecin qui fait partie de la communauté des Focolari en République Dominicaine. Bien qu’il existe un échange mutuel entre ces peuples voisins, il subsiste également des tensions latentes et des discriminations à l’encontre des Haïtiens vivant en République Dominicaine. L’un des principaux obstacles est la langue car en République Dominicaine, la langue est l’espagnol tandis on qu’on parle le créole à Haïti. Il y a quelques années, la communauté des Focolari de La Romana a lancé un projet visant à créer des liens de fraternité avec les migrants haïtiens vivant dans les villes proches. « Nous travaillons dans la paroisse où se trouve un Batey, c’est une petite communauté peuplée principalement d’Haïtiens », explique Sandra Benítez, une femme d’affaires. Bien que la plupart n’aient jamais visité le Batey parce qu’il s’agit d’une zone éloignée de la ville où vivent principalement des migrants haïtiens, ils ont décidé, avec des jeunes et d’autres membres de la communauté, de briser la barrière qui les avait divisés pendant des années et ont commencé à se rendre visite pour apprendre à se connaître. Peu à peu, ils ont découvert que la communauté haïtienne avait besoin d’être intégrée dans la société. La Romana est connue pour son industrie textile. « Nous avons vu le potentiel des jeunes et nous avons décidé de travailler dans l’industrie textile » explique Cristian Salvador Roa qui enseigne la couture à la communauté haïtienne. Il ajoute : « J’éprouve une grande satisfaction à voir qu’un jeune ne gaspille plus sa jeunesse mais qu’il tire le meilleur parti de sa vie en faisant quelque chose de productif ». « Le meilleur témoignage que nous puissions donner est que, face à la barrière de la langue et des prédispositions sociales, nous découvrons, lorsque nous brisons cette barrière, la grande richesse que nous trouvons dans une culture et dans la coexistence humaine avec une autre personne », conclut Concepción Serrano, ingénieur industriel.

Clara Ramirez

https://www.youtube.com/watch?v=1pjphk3Q_IY&list=PL9YsVtizqrYv2ebAtB_j8KTB-hL0ZRid7&index=2

Chiara Lubich : Seulement l’Évangile

Tout passe, même la vie. Seul l’Évangile restera pour toujours car il ne subit pas l’usure du temps. Aujourd’hui, 14 mars 2022, à 14 ans de la disparition de Chiara Lubich, nous publions ce passage dans lequel elle confie l’Évangile à ceux qui la suivent sur la voie de l’unité. Une invitation à vivre la Parole dans toutes nos actions quotidiennes. Une pensée revient constamment dans mon âme : « À ceux qui te suivent ne laisse que l’Évangile. Si tu agis ainsi, l’Idéal de l’unité restera. Il est évident qu’à l’époque où tu vis et où les autres vivent, les idées, les phrases, les slogans qui mettaient l’Évangile en prise avec l’époque moderne ont été utiles. Mais ces pensées, ces maximes, presque des « paroles de vie », passeront. Lorsque l’unité entre les chrétiens sera sur le point d’être réalisée, on ne parlera plus d’œcuménisme. Lorsqu’une certaine unité sera rejointe dans le monde, on ne parlera plus d’homme-monde[1] comme un idéal à suivre. Lorsque le monde en majorité athée aura été pénétré par la réalité de Dieu, l’athéisme ne viendra plus autant en évidence. La spiritualité de l’unité elle-même, qui est aujourd’hui un remède pour notre époque, lorsqu’elle aura atteint son but, sera mise aux côtés de toutes les autres qui sont les différents charismes que Dieu a donnés à son Église tout au long des siècles. Ce qui reste et restera toujours, c’est l’Évangile qui ne subit pas l’usure du temps : « Les cieux et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Mt 24,35). Ici, il s’agit de toutes les paroles de Jésus. Je comprends que nous devons sans aucun doute adhérer de toutes nos forces au temps, à l’époque dans laquelle nous vivons et suivre les inspirations particulières que Dieu nous donne, pour porter le Royaume de Dieu et le former en nous et en ceux qui nous ont été confiés. Mais nous devons le faire avec ce sens du transitoire avec lequel nous vivons la vie, en sachant qu’existe la Vie éternelle d’où est venu l’Évangile annoncé par Jésus. Dans notre cœur, nous devons mettre au deuxième rang toutes les idées, les façons de faire utiles, mais non évangéliques et renouveler constamment notre foi dans l’Évangile qui ne passe pas.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in La Parola di Dio, Città Nuova 2011, p. 112-113) [1] L’expression – créée par Chiara Lubich dans ses conversations avec les jeunes – se réfère à l’impératif d’élargir notre cœur et notre esprit à la mesure donnée par Jésus Abandonné, afin de devenir des personnes capables de contribuer efficacement à l’unité du monde (cf. C. Lubich, Lettre ouverte aux jeunes, entretiens avec les Gen2, tome 1p.48).

Le Concile Vatican II et le charisme au service de l’unité

Après une première journée à la Faculté de théologie d’Italie Centrale, la conférence « Le concile Vatican II et le charisme de l’unité de Chiara Lubich » s’est achevée à Florence, dans le cadre splendide du ‘Palazzo Vecchio’.  Un événement qui, de la synodalité à l’engagement pour la paix et le dialogue entre les hommes et les peuples, s’inscrit dans un débat d’une extraordinaire actualité.  La grande saison des nouveaux mouvements ecclésiaux, qui a connu son apogée sous le pontificat de Jean-Paul II, trouve certainement son origine dans la période préconciliaire. Elle a ensuite trouvé sa raison d’être dans le Concile du Vatican, notamment dans la valorisation du laïcat catholique et la redéfinition de la présence de l’Église dans le monde (Lumen Gentium), ainsi que dans la centralité de la Parole partagée en communion (Dei Verbum). La période post-conciliaire a ensuite permis l’explosion numérique et qualitative de ces mouvements, valorisés dans leur naissance et développés par Paul VI, puis applaudis et soutenus avec son magistère par le pape polonais. Une histoire d’unité et de distinction, en particulier dans l’Église de la seconde moitié du XXe siècle, qui a trouvé son expression la plus mûre dans le charisme de Chiara Lubich, un charisme au service de l’unité de l’Église et de l’humanité. Comme témoignage de la pertinence du charisme au service de l’unité, dans la situation actuelle complexe et parfois convulsive, la conférence s’est inscrite dans le grand mouvement de solidarité avec les victimes de la guerre en Ukraine et avec tous les hommes et femmes de paix qui travaillent en Ukraine et en Russie, en Europe et en Asie, partout. Le conseiller Alessandro Martini nous l’a rappelé le jour où la ville de Florence a accueilli une manifestation internationale pour la paix. Pour ces raisons, étant donné que le Mouvement des Focolari apparaît comme le premier et le plus répandu des mouvements ecclésiaux de la période conciliaire, à l’occasion du centenaire de la naissance de sa fondatrice – reporté ensuite deux fois à cause de la pandémie – une conférence internationale a été organisée par l’Institut universitaire Sophia et le Centre Chiara Lubich avec le titre explicatif : « Le Concile Vatican II et le charisme de l’unité de Chiara Lubich : Dei Verbum et Lumen Gentium ». Lieu : Florence. Date : 11 mars 2022 à la Faculté de théologie d’Italie centrale et 12 mars au ‘Palazzo Vecchio’, dans le ‘Salone dei Cinquecento’. La conférence était parrainée par la ville de Florence, avec la participation de l’Association théologique italienne, de la Faculté de théologie d’Italie centrale, de l’Institut Paul VI, du Centre international d’étudiants Giorgio La Pira, de Città Nuova, de l’École Abbà et évidemment du Mouvement des Focolari. Le comité scientifique était composé d’Alessandro Clemenzia (FTIC), Piero Coda (IUS), et, pour le Centre Chiara Lubich, de Florence Gillet, João Manoel Motta et Alba Sgariglia. Lors de la clôture de l’assemblée vaticane, en novembre 1965, Chiara Lubich résume dans une prière pleine de sens ce qui est peut-être le résumé le plus évident du Concile, l’Église qui naît de la présence de Jésus parmi les siens : « Ô Esprit Saint, fais-nous devenir, par ce que tu as déjà suggéré dans le Concile, une Église vivante : c’est notre seul désir et tout le reste converge à cela ». C’est dans cet esprit que la conférence s’est fixé pour objectif de lancer une enquête approfondie visant à saisir, d’une part, si et comment le message du Concile a trouvé un lieu d’interprétation et de développement fécond dans l’expérience suscitée par le charisme au service de l’unité ; et, d’autre part, si et comment la floraison de la vie ecclésiale promue par le charisme de l’unité a été rendue possible et propice par l’horizon ouvert par Vatican II. Dans cette première étape, l’attention s’est concentrée sur Dei Verbum et Lumen Gentium, afin de mettre en évidence les profils de convergence et les apports de la doctrine conciliaire et de l’inspiration du charisme de l’unité autour du lien crucial par lequel l’Église naît et grandit en tant qu’incarnation historique, dans le souffle de l’Esprit, du Verbe qui « s’est fait chair »(Jn 1,14). Le programme de la conférence était particulièrement dense, comme cela arrive souvent lorsqu’il est le résultat d’un sérieux travail de conception et de préparation. Un flot de paroles qui, peu à peu, a pris tout son sens, grâce à l’apport pluriel des universitaires. Le premier jour, Piero Coda, ancien doyen de l’Institut universitaire Sophia (« Une coïncidence chronologique et kairologique : un conseil et un charisme. Pour un discernement théologique de la corrélation entre Vatican II et le charisme de l’unité »), Paolo Siniscalco de l’Université ‘La Sapienza’de Rome (« Chiara Lubich au temps de Vatican II ») et le théologien istrien-pisan Severino Dianich (« L’événement du Concile Vatican II : sacrement… de l’unité de tout le genre humain »). Coda a souligné comment le charisme au service de l’unité a apporté une contribution très décisive à l’histoire de l’Église sur le chemin de la communion fondée sur le Christ crucifié, abandonné et ressuscité. Siniscalco, pour sa part, a sagement et historiquement retracé les différents passages de l’aventure existentielle de Chiara  Lubich avant, pendant et après le Concile Vatican II. Dianich, en revanche, a donné, avec la clarté et la franchise qu’on lui connaît, une interprétation de Vatican II comme berceau d’une réinterprétation plus séculaire et communautaire de l’Évangile. Le samedi 12, la conférence s’est déplacée dans un cadre civil, après la première session qui s’est déroulée dans un cadre ecclésial, comme pour réaffirmer la double valeur opérationnelle du charisme au service de l’unité. Dans le cadre prestigieux du ‘Palazzo Vecchio’, dans la ‘Sala dei Cinquecento’, où se sont tenus plusieurs congrès des Focolari depuis 1964, et où Chiara Lubich elle-même a reçu la citoyenneté d’honneur de Florence en 2000, l’actuelle Présidente des Focolari, Margaret Karram, a ouvert la réunion en soulignant l’importance du lieu florentin, en mémoire de Giorgio La Pira, le saint maire, homme de paix et de ‘’l’Église vivante’’. En son nom, déjà en 1974, avec le cardinal Benelli, Chiara Lubich avait fondé le Centre international d’étudiants Giorgio La Pira, reliant ainsi de manière indissociable son nom à la ville sur l’Arno. Florence, donc, comme ville de paix, avec des liens privilégiés avec le Moyen-Orient dont est originaire Margaret Karram, une palestinienne avec un passeport israélien. « Nous travaillons pour tisser partout des relations de paix, le bien le plus précieux que l’humanité puisse avoir », a déclaré la Présidente des Focolari. Le cardinal Giuseppe Betori, absent pour raisons de santé, a fait écho aux dires de Margaret Karram, dans son message : « L’expérience du dialogue, à tous les niveaux, qui a caractérisé la vie de Chiara Lubich, s’est appuyée sur une intuition évangélique du rapport entre intériorité et extériorité, où la relation avec l’autre est le prolongement causal et conséquent de l’union intime avec Dieu ». Alors que la conférence se poursuivait au Palazzo Vecchio, Vincenzo Di Pilato (FTP), parlant de la Dei Verbum, a abordé le thème avec un timbre éminemment théologique : «  L’alphabet pour connaître le Christ . La Parole de Dieu, un événement permanent du salut dans la Dei Verbum ». Florence Gillet, du Centre Chiara Lubich, a quant à elle traité un thème à la frontière entre l’histoire et l’ecclésiologie : « La Parole de Dieu en Chiara Lubich : la présence vivante du Christ qui engendre l’Église ». Elle a été suivie d’une table ronde avec Giovanna Porrino (IUS) sur « La Parole dans la vie de l’Église », Declan O’Byrne (IUS), « La Parole et l’Esprit », Angelo Maffeis (FTIS) sur « La Parole de Dieu comme principe d’unité » et avec le théologien évangélique Stefan Tobler (USBL) sur « Une mystique de la Parole comme chemin vers l’œcuménisme ». Cette session a été suivie par la troisième et dernière session de la conférence, consacrée à Lumen Gentium, avec une intervention très attendue de Mgr Brendan Leahy (évêque de Limerick, Irlande) sur « L’Église et le principe marial ». La table ronde suivante a vu les interventions d’Alessandro Clemenzia (FTIC / IUS), « L’Église à partir de la Trinité », d’Assunta Steccanella (FTT/TV), « Le peuple messianique », d’Erio Castellucci, évêque de Modena-Nonantola et vice-président de la CEI, « Collégialité épiscopale et synodalité de l’Église » et de Cristiana Dobner (Carmélite déchaussée), « Les charismes dans la mission de l’Église ». Enfin, la théologienne Yvonne Dohna Schlobitten, de l’Université Grégorienne, est intervenue sur le thème « Une icône de l’ecclésiologie de Vatican II ». Les 11 et 12 mars, la ‘Sala dei Cinquecento’, pleine de symboles guerriers dans les grandes peintures murales, a entendu les paroles de paix de La Pira, Bargellini et de la Lubich, et a ainsi accueilli un événement qui a montré comment l’Église et la société civile peuvent témoigner de la communion et du dialogue, en stimulant la politique à prendre pour horizon la paix et sa construction.

Michele Zanzucchi

Sur les lieux où vécut Chiara “Luce” Badano

Sur les lieux où vécut Chiara “Luce” Badano

Les 6 et 7 mars 2022, la Présidente et le Coprésident des Focolari se sont rendus à Sassello (Italie), lieu de naissance de la bienheureuse. Une rencontre intime et personnelle avec Chiara Luce et avec la Fondation qui protège et promeut sa mémoire. Il y a un avant et un après la visite de Sassello, le lieu de naissance de Chiara “Luce” Badano dans la province de Savone (Italie). La jeune bienheureuse a beau être connue à travers des livres, des documentaires ou sa forte présence sur les réseaux sociaux, mais si vous avez la chance de pouvoir vous rendre à Sassello, tout change : au cimetière, ou au contact de sa maman Maria Teresa, des témoins et amis qui l’ont connue, le rapport avec elle prend immédiatement une autre dimension : celle d’une rencontre personnelle. C’est ce qui est arrivé à Margaret Karram et Jesús Morán les 6 et 7 mars derniers, au cours de l’un des premiers voyages effectués par la présidente et le coprésident du mouvement des Focolari, un an après l’assemblée qui les a élus. Il s’agissait d’une visite privée, née du désir de rencontrer Chiara Luce, mais pas seulement. « Au cours de ces journées, j’ai saisi le côté extraordinaire de Chiara Luce, les racines de sa sainteté », a commenté la présidente, qui a pu embrasser Maria Teresa Badano, connaître l’évêque d’Acqui, Mgr Luigi Testore, ainsi que les membres de la Fondation Chiara Badano. Ce furent des journées importantes, vécues dans une atmosphère très chaleureuse de dialogue et de partage pour reconstruire des relations de confiance, de collaboration, avec un regard commun sur de nombreux défis et projets à venir. Une visite brève, certes, marquée par les précieux souvenirs de Maria Teresa, qui a rappelé des épisodes de la vie quotidienne de Chiara Luce, comme son ouverture constante et totale à l’accueil de tous ceux qui venaient lui rendre visite, et cela jusqu’aux derniers jours de sa vie. Au cimetière, lors d’un tête-à-tête avec Chiara, « nous lui avons confié, tout d’abord, la paix en Ukraine et dans les nombreux endroits où les conflits ne sont pas sous les feux de la rampe médiatique – a déclaré Jesús Morán – et ensuite tous les jeunes pour lesquels elle est un modèle extraordinaire et extrêmement nécessaire, aujourd’hui plus que jamais. »

Stefania Tanesini

Le fil conducteur : un Concile et un Charisme

Le fil conducteur : un Concile et un Charisme

Les 11 et 12 mars 2022, au cœur de Florence (Italie), se tiendra le Congrès intitulé « Le Concile Vatican II et le charisme de l’Unité de Chiara Lubich », un événement né de la collaboration entre le Centre Chiara Lubich et l’Institut universitaire Sophia; il pourra être suivi en live streaming en italien et en anglais. Les 11 et 12 mars 2022, Florence, berceau de la Renaissance, sera le cadre du colloque intitulé Le Concile Vatican II et le charisme de l’Unité de Chiara Lubich. A partir d’une analyse attentive de l’événement conciliaire, le Congrès se propose d’aller au cœur de ce parcours itinérant, un moment qui, après avoir été fixé dans l’histoire, se réalise dans le temps. Deux journées intenses ouvriront, grâce à la présence de nombreuses personnalités et autorités, un chemin d’investigation et d’approfondissement, mettant en évidence le lien vital entre le charisme de la fondatrice des Focolari et Vatican II. Trois sessions avec des titres significatifs : Une coïncidence chronologique et kairologique : un Concile et un charisme ; la Parole devient Église ; l’Église devient Parole. Vincenzo Di Pilato, professeur de théologie fondamentale à la Faculté de théologie des Pouilles, et Florence Gillet du Centre Chiara Lubich, théologienne et spécialiste de la fondatrice des Focolari, parmi les voix de cette conférence, répondent à quelques questions sur l’événement. Prof. Di Pilato, sur quoi, en particulier, ce moment d’échange peut-il faire la lumière ? Selon l’intention initiale, la conférence devait avoir lieu dans le cadre du centenaire de la naissance de Chiara Lubich (1920-2020). Cependant, en raison de l’urgence sanitaire mondiale, elle a été reportée à aujourd’hui. L’objectif était et reste d’explorer la réciprocité féconde entre le charisme de l’unité et les deux Constitutions promulguées par le Concile Vatican II sur la Révélation de Dieu et de l’Église : Dei Verbum et Lumen Gentium. Dans quelle mesure les deux documents ont-ils trouvé dans l’expérience ecclésiale suscitée par le charisme de l’unité leur lieu fécond d’interprétation et de développement ? Et vice versa : dans quelle mesure la floraison de la vie ecclésiale promue par le charisme de l’unité a-t-elle été rendue possible par l’horizon ouvert par l’événement extraordinaire du Concile ? Ce sont les questions de base qui accompagneront le dialogue dans la salle entre les participants. Cependant, il faut se rappeler que Vatican II a réaffirmé cette unité essentielle entre les dons hiérarchiques et charismatiques (cf. Lumen Gentium, n° 4). Jean-Paul II et Benoît XVI sont allés jusqu’à parler de la « co-essentialité » de ces dons, tandis que récemment le Pape François a souligné combien l’action de l’Esprit Saint produit une « harmonie » entre les différents dons, appelant les agrégations charismatiques à l’ouverture missionnaire et à la synodalité. Dr Gillet, à partir de quelles questions êtes-vous partie pour organiser cette conférence ? On peut se demander s’il n’est pas trop audacieux de mettre en parallèle deux événements aussi différents. Quel rapport peut-il y avoir entre un Concile œcuménique réunissant 3000 évêques et de grands théologiens aux visions prophétiques pour l’Église et un charisme donné par une jeune femme vingt ans plus tôt, qui a donné naissance à une Œuvre répandue dans le monde entier ? Pour répondre à cette question, notons d’abord l’harmonie d’origine : l’Esprit Saint qui veut parler au monde au seuil du troisième millénaire. Il s’agit ensuite de deux événements en cours, qui devront se rendre l’un l’autre de plus en plus fructueux : le Concile Vatican II n’a pas encore été pleinement concrétisé, même si sa mise en œuvre est désormais significativement engagée dans le processus synodal voulu par le Pape François. Il nous réserve encore des surprises. Même le charisme de l’unité n’a pas encore révélé tout son potentiel, il doit être traduit en vie dans le peuple de Dieu, bref, il n’en est qu’à ses débuts comme l’a dit le Pape lors de sa visite à Loppiano en 2018. Prof. Di Pilato, comment pouvons-nous relire le charisme de l’Unité de Chiara Lubich à la lumière de ce qui se passe dans le monde aujourd’hui ? Si la pandémie semblait être le contexte sinistre dans lequel la conférence aurait dû initialement se tenir, la décision de la reporter nous a soudainement catapultés dans un autre scénario qui n’est pas moins dramatique. En ce sens, l’expérience paradigmatique de Chiara Lubich et de ses premières compagnes à Trente pendant la Seconde Guerre mondiale nous offre une clé de lecture de la conférence. Chacun sait le rôle que la Parole de Dieu a joué pour ces jeunes femmes à une époque marquée par l’effondrement d’idéaux dans lesquels elles avaient grandi. La lumière qui a émergé des pages du petit Évangile qu’elles emportaient avec elles pendant les bombardements les a guidées à guérir leurs blessures physiques et existentielles pour inspirer des millions de personnes dans le monde et pour les impliquer dans la réalisation du rêve de Dieu : la fraternité universelle, « que tous soient un ». Et c’est la Parole de Dieu traduite en engagement social en faveur des pauvres et des plus démunis qui a généré une Église vivante, comme leur évêque d’alors a pu le confirmer avec étonnement et grande joie. Aujourd’hui encore, alors que tout semble s’écrouler à nouveau sous les coups de boutoir d’une politique myope et de courte mémoire, il ne nous reste que la Parole de Vie, seule capable de régénérer l’Église. Et c’est sur ce témoignage de vie que l’Église pourra devenir pour le monde entier une Parole de paix et d’unité qui fait autorité. Pour suivre l’événement en direct en streaming : https://live.focolare.org/firenze202

Maria Grazia Berretta

COMMUNIQUÉ DE PRESSE Dépliant du programme en anglais

Chiara Lubich : la beauté du christianisme

La Parole de Vie du mois de mars 2022 nous invite à mettre en pratique la phrase que nous répétons chaque jour dans le Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». Mais comment peut-on pardonner ? Pardonner, toujours pardonner. Cela n’a rien à voir avec l’oubli qui signifie souvent le refus de regarder la réalité en face. Le pardon n’a aucun point commun avec la faiblesse qui consiste à ne tenir aucun compte du tort causé par crainte du plus fort que soi. Pardonner ce n’est pas affirmer qu’une chose est sans importance alors qu’elle est grave, ni dire qu’elle est bonne alors qu’elle est mauvaise. Le pardon n’est pas indifférence. C’est un acte de volonté et de lucidité, et donc de liberté. Il est accueil du frère tel qu’il est, malgré le mal qu’il nous a fait, à l’image de Dieu qui nous accueille pécheurs, au-delà de nos défauts. Pardonner signifie ne pas répondre à l’offense par l’offense, à la suite de Paul qui dit : « Ne vous laissez pas vaincre par le mal, mais rendez-vous vainqueurs du mal par le bien » (Rm 12, 21). Le pardon est l’acte par lequel nous pouvons ouvrir à celui qui nous fait du tort, la porte d’une relation toute nouvelle. C’est la possibilité pour soi et pour l’autre de recommencer à vivre, de posséder un avenir où le mal n’a pas le dernier mot. (…) C’est pourquoi il t’appartient de te comporter de cette manière en priorité avec tes frères dans la foi et ceci en famille, au travail, à l’école, dans la communauté dont tu fais éventuellement partie. Tu n’ignores pas qu’il faut souvent compenser l’offense reçue, par un acte ou une parole qui puisse rétablir l’équilibre. Tu sais que des personnes qui vivent ensemble se trouvent souvent en butte aux manquements à l’amour, par nervosité, à cause des différences de caractère ou pour d’autres raisons. Eh bien, souviens-toi que seule une attitude de pardon sans cesse renouvelée est apte à maintenir l’unité et la paix entre les frères. Tu auras toujours tendance à penser aux défauts de ceux qui t’entourent, à trop te souvenir de leur passé, à les vouloir différents de ce qu’ils sont. Il convient alors que tu prennes l’habitude de les voir avec des yeux neufs, de les considérer comme entièrement nouveaux, en les acceptant tout de suite, toujours et totalement, même s’ils ne manifestent aucun repentir. Tu vas dire : « Mais c’est difficile. » Bien entendu. Mais c’est là justement la beauté du christianisme. Tu ne viens pas par hasard à la suite d’un Dieu qui, en mourant sur la croix, a demandé pardon au Père pour ceux qui le mettaient à mort. Courage. Commence à vivre comme cela et je puis t’assurer une paix unique et une joie que tu n’as encore jamais connue.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 218-219 – Parole de Vie d’octobre 1981)

La porte d’à côté

On peut vivre dans le même immeuble et être des étrangers. C’est ce qui se passe bien souvent. Il suffit d’un peu de courage et d’un simple geste pour se rencontrer réellement, un peu comme l’a fait la famille Scariolo. « La rencontre avec l’autre est un enrichissement mutuel, au-delà des cultures, des religions et des idéologies. Chaque fois, nous faisons la découverte que l’autre a été créé comme un don d’amour pour moi et moi pour lui ». C’est par ces mots qu’Adriana et Francesco Scariolo, focolarini suisses, mariés depuis 42 ans, racontent une expérience qui les a particulièrement enrichis il y a quelques mois. « Nous vivons dans le canton du Tessin, dans la Suisse italienne, et depuis un an et demi, nous vivons dans un immeuble de 13 appartements. Dans les jours précédant Noël 2021, nous avons pensé faire une tournée de vœux de Noël de porte à porte. La surprise et la gratitude des voisins étaient grandes: ‘J’étais le premier locataire de cet immeuble et il n’était jamais arrivé que quelqu’un vienne nous souhaiter un joyeux Noël’, a déclaré l’un d’eux. ‘Nous sommes musulmans, mais nous voulons aussi vous souhaiter un joyeux Noël’, a ajouté un autre. Nous avons également distribué à tous une invitation à venir célébrer la fin de l’année chez nous et leur souhaiter une excellente 2022. Le 29 décembre, nous avons donc organisé un apéritif-dînatoire avec trois familles, une musulmane et deux chrétiennes, une évangélique et une catholique, en respectant les règles de sécurité et en portant le masque. Ce fut un moment agréable où chacun a fait connaissance de manière spontanée. Le mari de la femme musulmane a dit : ‘C’est rassurant de savoir qu’il y a des voisins à qui on peut serrer la main et leur dire bonjour car cela nous fait sentir moins seuls’ ». L’aviez-vous déjà fait auparavant ? « Oui, ce n’est pas la première fois que nous essayons de créer des relations avec d’autres résidents. Tout a commencé il y a plusieurs années, lorsque nous avons entendu parler de la ‘fête des voisins’, une initiative visant à donner aux gens l’occasion de se rencontrer. Nous nous rendions compte qu’il fallait un peu de courage et d’imagination pour prendre l’initiative mais nous avons essayé. Dans un premier temps, nous avons profité de la nouvelle année pour mettre une carte de vœux dans les boîtes aux lettres, puis, en fonction de la réaction des gens, nous avons créé des liens d’amitié, organisé un déjeuner au jardin tous ensemble avant l’été. Puis nous avons dû quitter cet immeuble pour un travail bénévole à l’étranger durant 7 ans ; mais quand nous sommes revenus, nous avons voulu garder la tradition dans ce nouvel immeuble où nous sommes maintenant. Qu’est-ce qui vous a surpris dans leurs réactions ? « Voir leurs visages souriants. Ils ne s’y attendaient pas, surtout dans une période aussi délicate en raison de la pandémie. Cela nous semblait en outre un cadeau de pouvoir terminer les derniers jours de 2021 par un moment convivial après tant d’isolement, leur donner un signe d’espoir qui n’atténue pas le désir d’aimer les autres et de construire des relations fraternelles. Le 2 janvier 2022, nous attendions d’autres familles qui avaient réservé pour venir et que, en raison de l’éloignement, nous ne pouvions pas loger avec les autres. Certains ont été touchés par le covid et n’ont donc pas pu venir, mais nous avons reporté le dîner avec eux à des temps meilleurs ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’aller à la rencontre du frère? « Cela signifie : tendre la main à l’humanité d’aujourd’hui par des gestes d’amour simples et quotidiens. Par exemple, aider le voisin de palier qui a parfois des problèmes avec sa télévision, écouter le couple qui vient d’avoir un bébé, dissoudre les murs d’indifférence, d’anonymat dont sont faites les relations et que la pandémie a amplifiés. La phrase de Jésus ‘chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous vous l’avez fait !’ nous interpelle. Ainsi, chaque voisin est en réalité la personne que Jésus met à nos côtés pour qu’elle soit accueillie et aimée. Et qui est plus proche que notre voisin ? »

Maria Grazia Berretta

Hombre Mundo : artisans de paix et d’unité

Hombre Mundo : artisans de paix et d’unité

Du 25 au 27 février 2022, plus de 3000 jeunes ont témoigné de la fraternité universelle à travers des actions locales et globales, développant ainsi une citoyenneté active. Engagement face aux grands défis de la planète, de la paix à l’environnement, en passant par la lutte contre la faim et la pauvreté. Une volonté d’être ensemble, de se rencontrer pour construire la paix, vivre la fraternité universelle, d’agir pour l’environnement et les populations les plus faibles. Trois jours, du 25 au 27 février, pendant lesquels les Gen3, les adolescents du mouvement des Focolari, ont vécu l’atelier planétaire Hombre Mundo. Plus de 3.000 jeunes de 600 endroits dans le monde ont participé à des actions concrètes et ont été connectés par vidéoconférence en ligne pour témoigner d’un monde uni. Ils ont également pu partager des vidéos et des photos de leurs expériences sur les réseaux sociaux teens4unity. De nombreux messages de paix et de solidarité sont arrivés. Dont celui des Gen3 de Sibérie, de la ville de Krasnojarsk en Russie ; lors de leur Hombre Mundo, ils ont envoyé un message : « nous vivons pour la Paix » ; un message plein d’espoir, surtout en ces jours de conflit entre la Russie et l’Ukraine. Le programme de l’atelier planétaire était divisé en trois étapes. Le 25 février : Notre mode de vie est l’art d’aimer : comment l’avons-nous vécu et comment pouvons-nous le vivre pendant la pandémie ? Comment pouvons-nous continuer à aimer dans le monde virtuel des médias sociaux ? « Nous avons compris, dit Samira du Congo, que nous devons nous accepter mutuellement malgré nos différences qui sont d’une énorme richesse. C’est une façon de promouvoir les valeurs et en même temps de bannir les antivaleurs ». Et Élise de France : « lors d’une réunion, nous avons été très touchés par certains chiffres concernant la mortalité infantile dans le monde, principalement due au manque d’eau potable. Nous avons donc organisé un concert afin de récolter des fonds pour le forage d’un puits au Myanmar qui fournira à vie de l’eau potable à une douzaine de familles ». Le 26 février, les jeunes ont approfondi leur engagement en faveur de l’écologie intégrale et de l’objectif « Faim zéro ». Améliorer efficacement la protection de la planète et réduire drastiquement la faim et la pauvreté jusqu’à leur disparition. L’une des expériences relatées est celle d’une Gen3 d’Autriche pour un projet de reforestation. L’argent investi dans le projet d’arbres a été collecté lors du tournoi Fair Play qui s’est tenu à Vienne, sur le thème « Fair Play contre le changement climatique ». Environ 120 joueurs et 100 collaborateurs ont participé à cette journée. Avec l’argent collecté, nous avons pu acheter environ 1 500 arbres. Le 27 février a été consacré à la beauté de la rencontre entre les peuples et à l’engagement commun de construire un monde de paix et d’unité. Une connexion mondiale par vidéoconférence en direct a permis à plus de 3.000 jeunes connectés en 600 points de se rencontrer et de prier pour la paix. Ensuite, le récit de nombreuses expériences de paix et d’unité malgré les nombreuses difficultés. Comme celle d’une jeune fille au Myanmar, pays qui vit une situation politique très difficile : de nombreuses familles doivent quitter leur foyer et se réfugier dans des centres d’accueil. Elle voulait vraiment pouvoir faire quelque chose pour elles. « Je me suis donc rendue disponible pour aider les réfugiés qui avaient été accueillis dans l’église. Même si j’étais fatiguée, je croyais que Dieu était avec moi, qu’il me regardait et qu’il me donnait la force de continuer et d’aider les autres. Maintenant, je peux dire que c’était un moment merveilleux et magnifique pour moi, j’en garde un souvenir inoubliable ». Au Liban, Maria Sfeir, ambassadrice de la paix du Moyen-Orient, et Fouad Sfeir ont raconté comment ils avaient « intégré la culture de la paix, en éduquant nos enfants et en les élevant avec les bonnes valeurs de l’amour et du don pour construire une société meilleure, dans un environnement de non-violence et de justice ». Parmi les nombreux intervenants, citons également le Gen Rosso relié depuis l’île de Lampedusa en Italie, connue pour son accueil des migrants : « Nous sommes à Lampedusa pour soutenir ces gens merveilleux qui accueillent ceux qui sont contraints de quitter leur terre à cause de la guerre, de la faim et de la violence. Lampedusa est une île de fraternité, un port ouvert, des gens qui regardent l’horizon et se jettent à la mer pour atteindre et sauver ceux qui sont à la merci des vagues. Lampedusa : lampe, balise lumineuse qui dit terre. Un terrain qui dit maison. D’ici, nous voulons dire : gardons toujours les portes de nos cœurs grandes ouvertes ». Margaret Karram, présidente du mouvement des Focolari, a ensuite donné un message : « Vous avez construit le chantier avec votre témoignage de vie ». (…) « Ne vous sentez pas seuls, sachez que le Mouvement dans le monde entier est avec vous et vous soutient. (…) Je me sens trop souvent impuissante face au mal dans le monde : les guerres, l’injustice, la destruction de la nature. Dans ces moments-là, cela m’aide de parler avec Dieu. Cela me donne de la force et du courage de savoir qu’il est avec nous. La certitude de son amour réchauffe mon cœur, me rend capable d’aimer, de pardonner, de tendre la main pour construire l’unité avec ceux que je rencontre chaque jour. Je sens que c’est seulement de cette manière que je peux être avant tout une petite artisane de la paix ».

Lorenzo Russo

Ukraine : accord avec Caritas-Spes pour l’assistance à la population

Ukraine : accord avec Caritas-Spes pour l’assistance à la population

Les contributions collectées par la Coordination d’Urgence du Mouvement des Focolari par l’intermédiaire des ONG Action pour un Monde Uni (AMU) et Action Familles Nouvelles (AFN) servent à soutenir les activités d’aide à la population menées par Caritas-Spes Ukraine. La guerre en Ukraine ne s’arrête pas et parmi la population, il y a des milliers de personnes déplacées qui fuient et beaucoup tentent de survivre parmi les refuges et les abris d’urgence, où ils peuvent recevoir un premier soutien. Avec les contributions recueillies dans le cadre de l’appel lancé par la Coordination des Urgences du Mouvement des Focolari, l’AMU et AFN soutiennent en premier lieu les actions de Caritas-Spes Ukraine, qui apporte les premiers secours à des milliers de personnes contraintes d’abandonner leurs maisons pour fuir vers la frontière ou se réfugier dans des abris souterrains aménagés dans la mesure du possible. Caritas-Spes s’est engagée à fournir un abri sûr, de la nourriture, des médicaments et des produits d’hygiène, ainsi qu’un soutien psychologique à quelque 500 mères déplacées avec enfants hébergés dans ses centres. Plus de 2 500 personnes reçoivent également de l’aide par l’intermédiaire des Caritas paroissiales et des 14 cantines des soupes populaires qui restent actives dans les régions de Kiev, Lutsk, Berdiansk, Kamenets-Podolsky, Zhytomyr, Kharkiv, Lviv, Odessa, Vinnitsa et diverses villes de la région de Transcarpathie. Les images de la guerre en Ukraine qui nous parviennent quotidiennement des médias internationaux et les témoignages de nos contacts sur le terrain, comme Mira Milavec, focolarina slovène qui vit en Ukraine et collabore avec Caritas-Spes, décrivent l’état d’urgence d’une population assiégée, sans défense face aux bombardements, entassée le long des routes pour atteindre les frontières ou dans les caves et les abris où des lits de fortune ont été installés dans l’attente d’un repas chaud, d’eau potable et d’électricité. À la frontière avec la Pologne, la file de personnes désespérées qui tentent de passer la frontière atteint des dizaines de kilomètres. Caritas-Spes à Lviv a organisé une assistance spécifique pour les mères qui tentent de s’échapper avec des enfants, même très jeunes, dans leurs bras. Ils ont besoin de tout, notamment d’eau chaude pour préparer les repas ou changer les couches. A Odessa, attaquée, des abris sont mis en place, même sous la cathédrale, le tout rythmé par le son des sirènes annonçant l’arrivée du danger ou son arrêt temporaire. À Vinnitsa, un psychologue organise des sessions de formation en ligne pour les volontaires et les opérateurs sur l’aide psychologique qui peut être apportée dans des situations stressantes comme celle-ci : plus de 120 personnes ont déjà participé à la première. Actuellement, la collecte de fonds pour l’urgence liée à la guerre en Ukraine, réalisée par la  Coordination des Urgences du Mouvement des Focolari (AMU et APN), a déjà atteint 100 000 euros et un premier envoi de fonds a déjà été envoyé sur place, qui servira à soutenir les actions de Caritas-Spes pour les premières aides aux familles ukrainiennes. Nous évaluons également la possibilité de soutenir les frais d’accueil des nombreux réfugiés ukrainiens qui arrivent dans les pays voisins, comme la Slovaquie et la Pologne, accueillis par la générosité des familles locales qui leur ouvrent leurs maisons. Malheureusement, les actions militaires ne s’arrêtent pas et, comme le confirment les contacts locaux, les besoins vont augmenter. Des mises à jour régulières sur l’aide que nous apportons sur le terrain sont disponibles sur les canaux web et sociaux de l’AMU et d’AFN. Pour soutenir l’action en Ukraine et l’aide aux familles dévastées par la guerre, vous pouvez faire un don en ligne sur les sites web : AMU : www.amu-it.eu/dona-online-3/ AFN : www.afnonlus.org/dona/ ou par virement bancaire sur les comptes bancaires suivants Action Monde Uni ONLUS (AMU) IBAN : IT 58 S 05018 03200 000011204344 à la Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC: ETICIT22XXX Action Familles Nouvelles ONLUS (AFN) IBAN : IT 92 J 05018 03200 000016978561 avec la Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC: ETICIT22XXX Communication : Urgence Ukraine

Nouvelles du focolare en Ukraine

Donatella Rafanelli raconte à Maria Chiara Biagioni de l’agence de presse SIR la vie de la communauté des Focolari en Ukraine ces derniers jours. Un voyage de 29 heures depuis Kiev. « Maintenant, notre rêve est d’y retourner ». Un voyage de 29 heures depuis Kiev vers une ville de l’ouest du pays, Mukachevo. La circulation sur les routes, les longues files d’attente aux guichets automatiques des banques et aux stations-service, les chars et les gens le long de la route qui demandent une place dans les voitures qui passent. Donatella Rafanelli, une focolarine italienne de Pistoia, qui vit à Kiev depuis 2019 dans la communauté du Mouvement fondé par Chiara Lubich, a raconté à l’agence SIR ce qui se passe pendant ces heures le long de cette route des personnes déplacées d’Ukraine. « Nous étions à Kiev lorsqu’ils nous ont appelés très tôt le jeudi matin pour nous dire de faire rapidement nos valises car ils étaient en train de tirer à 70 kilomètres de la capitale », raconte Donatella. « Nous ne savions pas quoi faire car c’était la première fois que nous nous retrouvions dans une telle situation. Nous sommes donc partis à la recherche de l’abri le plus proche de notre maison et on nous a indiqué un parking souterrain. Après, nous sommes rentrés chez nous et avons appelé l’ambassade d’Italie sur un numéro d’urgence gratuit. Ils nous ont dit de rester chez nous et de ne nous rendre au refuge que si l’alerte était donnée. Tout semblait normal. Les gens parlaient depuis des jours de la possibilité d’une attaque sur Kiev, mais quand c’est arrivé, la première chose que nous avons faite a été de nous regarder dans les yeux. Nous avons dit : ça y est, nous sommes en guerre. Et nous avons prié. Nous avons demandé à Jésus de nous donner la force et de nous donner la paix. A partir de là, cela a été une course contre la montre. Nous avons mis trois choses ensemble dans une valise. Nous avons pris très peu de choses avec nous, juste le nécessaire et nos documents personnels. Nous avons immédiatement cherché un billet de train afin de pouvoir voyager vers l’ouest, mais ils étaient tous vendus. L’aéroport était fermé. Nous avons donc dû décider de voyager en voiture. Les routes sortant de Kiev étaient bloquées. Il y avait de longues files d’attente devant la banque pour obtenir de l’argent et dans les supermarchés. Il a fallu beaucoup de temps, surtout pour sortir de la ville. Nous nous sommes arrêtés deux fois pour prendre de l’essence. À la première station-service, nous avons fait la queue pendant une heure. Et juste là, pendant qu’on attendait, on a entendu les coups de feu, les tirs. C’était fort. Nous sommes restés immobiles, en silence. Une fois de nouveau sur la route, nous avons pu voir des chars et des personnes faisant de l’auto-stop pour se faire conduire. Sur le chemin, les téléphones envoyaient et recevaient constamment des messages et des appels : ceux qui étaient partis, ceux qui avaient décidé de rester. Donner des nouvelles et mettre les personnes en fuite en contact avec les communautés des Focolari de Slovaquie et de Pologne qui avaient proposé de les accueillir. Ce n’est que pendant le voyage, confie Donatella, que nous avons réalisé ce qui nous était arrivé. Nous n’étions pas dans la voiture pour aller à un rendez-vous ou pour faire un voyage. Nous quittions une ville, notre maison. Nous n’avons jamais voulu partir. Mais nous avons réalisé que c’était impossible de rester ». À Mukachevo, Donatella et ses compagnons de voyage ont été accueillis par un prêtre dans une paroisse et par la communauté des Focolari de cette ville. « Nous sommes ici en Ukraine. Et c’est très important pour nous. Nous ne nous sommes pas enfuis. Nous voulons vivre et rester dans ce pays. Ils nous ont proposé un millier d’endroits où aller. Si nous nous sommes éloignés de Kiev, c’est uniquement parce que c’est dangereux en ce moment. Il n’y avait aucune raison de rester sous les bombardements. Mais maintenant, notre rêve est d’y retourner. La guerre ? C’est de la pure folie », répond Donatella sans hésiter. « Parce que personne n’a le droit de prendre la vie d’une autre personne ainsi que la possibilité de vivre une vie normale. Ici, les gens ont fait tellement de sacrifices pour acheter une maison, pour économiser de l’argent. Et maintenant, avec la guerre, les plans d’avenir sont réduits à néant, les rêves sont brisés. Nous prions pour que cette folie prenne fin le plus rapidement possible. Nous suivons l’actualité des discussions entre les délégations et les efforts déployés au niveau de la diplomatie internationale. Je pense que la seule chose qui puisse  nous aider est un miracle. Et toutes les nouvelles provenant des personnes qui prient pour nous et manifestent dans les rues pour la paix nous font beaucoup de bien. Nous avons besoin d’un miracle ».

Maria Chiara Biagioni (SIR)

Marcher ensemble : le chemin synodal en Terre Sainte

Le synode 2021-2023 convoqué par le pape François est une occasion d’écouter et de dialoguer avec les autres, une occasion de redécouvrir la véritable identité de l’Église, “universelle” depuis le début. Ce parcours concerne tous les diocèses du monde, y compris la Terre Sainte. « Alors que nous nous préparons à faire route ensemble, nous sommes plus que jamais conscients qu’ en tant que disciples du Christ sur cette Terre qui est sa maison, nous sommes appelés à être ses témoins. Rappelons-nous que son plus grand désir est que nous soyons un (cf. Jn 17) » C’est ce que nous lisons dans la lettre du 26 janvier 2022 envoyée par les Ordinaires catholiques aux responsables des Églises chrétiennes de Terre Sainte concernant le Synode 2021-2023 convoqué par le Pape François et intitulé « Pour une Église synodale. Communion, participation, mission. » Désirant explicitement informer et impliquer les frères des autres communautés ecclésiales locales sur le parcours synodal articulé, commencé également en Terre Sainte, le Patriarche Latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, qui a signé le texte, souligne l’importance de s’écouter mutuellement pour grandir ensemble sur ce chemin de communion. Un regard sur la nature missionnaire d’une Église “universelle”, en particulier celle de Jérusalem, dont le patriarche avait parlé le 9 novembre 2021, lors d’une rencontre avec les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés présentes en Terre Sainte après l’ouverture du chemin synodal : « Notre Église, l’Église de Jérusalem est née au Cénacle, à la Pentecôte, et elle est née, même alors, comme une Église tout à la fois universelle et locale. (…) Elle s’est enrichie, surtout ces dernières années, de beaucoup plus de charismes. Pour cette raison, votre présence ici n’est pas seulement un cadeau, un signe de la Providence (…), mais elle fait partie du désir de Dieu (…) » Les représentants des différentes instances présentes ont pu à cette occasion s’écouter, témoigner de leur propre expérience et, avec l’aide précieuse du Patriarche, mieux comprendre comment aborder le Synode au niveau local. Mgr Pizzaballa, répondant à diverses questions, a partagé ses réflexions sur la synodalité, qui « est un style – a-t-il dit – une manière d’être dans la vie, dans l’Église, mais aussi en dehors de l’Église. C’est une attitude. Et l’écoute et le dialogue en sont des expressions (…). » Il est donc nécessaire que les différents mouvements et les différents groupes travaillent en “cross-platform” (multi-plateforme) en allant au cœur de l’expérience de “communion” de l’Église universelle, une expérience qui, plus que d’autres, semble vraiment difficile à vivre en Terre Sainte. « Par communion, j’entends la conscience d’avoir reçu – poursuit-il – un don gratuit, une vie greffée dans l’autre (…) Tout cela jaillit de l’expérience de la rencontre avec Jésus. (…) après avoir rencontré le Seigneur et fait l’expérience du salut, vous comprenez que cette expérience devient complète, profonde, lorsqu’elle est partagée dans une communauté (…) » Un désir profond qui se renouvelle dans les mots de cette lettre envoyée par les Ordinaires catholiques aux responsables des différentes Églises chrétiennes de Terre Sainte et qui ouvre des horizons, soulignant aussi le désir de grandir dans la fraternité et de s’enrichir de la sagesse des autres. La possibilité « d’être ensemble » : telle est l’aspiration du chemin synodal, un moment qui a la saveur d’un repas partagé, d’une souffrance mise en commun, d’une joie que l’on est impatient de communiquer; c’est la marche des disciples d’Emmaüs qui, bien que déçus et tristes, cheminent ensemble et, en communion, se soutiennent mutuellement, jusqu’à ce que le Seigneur ressuscité vienne à eux. Une occasion à ne pas manquer, pour le reconnaître parmi nous.

Maria Grazia Berretta

Chiara Lubich : l’actualité de l’Évangile

Approcher l’Évangile aujourd’hui signifie trouver la Parole de Dieu vivante. Chiara Lubich, à travers son expérience avec la première communauté du Mouvement à Trente, nous fait goûter les effets de sa mise en pratique. […] Si Dieu nous parle, pouvons-nous ne pas accueillir sa Parole ? La Bible nous invite à nous mettre à son écoute à plus de 1150 reprises. « Écoutez-le[1] » : le Père lui-même y invite les disciples, quand son Fils, la Parole, vient habiter au milieu des hommes. Mais l’écoute dont parle la Bible s’adresse plus au cœur qu’à l’oreille. Il s’agit d’adhérer entièrement à ce que Dieu dit, de lui obéir, avec la confiance d’un enfant qui s’abandonne entre les bras de sa mère et se laisse porter par elle. […] Cette parole fait écho à l’enseignement de Jésus. Ne déclare-t-il pas bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui l’observent[2] ? Ne considère-t-il pas comme sa mère et ses frères ceux qui écoutent la Parole et la mettent en pratique[3]. […] Au terme du « discours sur la montagne » Jésus affirme encore que celui qui sait écouter la Parole est celui qui la met en pratique, construisant ainsi sa vie aussi solidement qu’une maison bâtie sur le roc[4]. Chacune des Paroles de Jésus exprime tout son amour pour nous. Devenons nous-mêmes paroles vivantes et nous constaterons, en nous et autour de nous, la puissance de vie qu’elles contiennent. Aimons l’Évangile au point de nous laisser transformer en lui et de la faire déborder sur les autres. Ainsi nous pourrons rendre à Jésus son amour. Ce ne sera plus nous qui vivrons, mais le Christ qui prendra forme en nous. Nous nous sentirons libérés de nous-mêmes, de nos limites, de nos dépendances, et surtout nous verrons se répandre la révolution d’amour que Jésus, vivant en nous, provoquera dans le tissu social dans lequel nous sommes immergés. Cela, nous en avons fait l’expérience dès le début du Mouvement, à Trente, durant la seconde guerre mondiale, lorsque nous devions nous réfugier dans les abris, n’emportant avec nous que le petit livre de l’Évangile. Nous l’ouvrions, nous le lisions et, sans doute par une grâce particulière de Dieu, ces paroles, pourtant si souvent entendues, s’éclairaient d’une lumière nouvelle. Paroles de vie, elles étaient pour nous devenues Paroles à vivre. […] Nous avons vu naître autour de nous, après seulement quelques mois, une communauté vivante composée de 500 personnes. Tel était le fruit de notre communion constante à la Parole, qui rendait notre vie dynamique à chaque instant. Nous étions ivres de la Parole, nous pourrions dire que la Parole en quelque sorte « vivait à notre place ». Il nous suffisait de nous demander : « Vis-tu la Parole ? », « Es-tu la Parole vivante ? » pour augmenter notre engagement à la vivre. Revenons à la vie de cette époque. L’Évangile est-toujours actuel. C’est à nous d’y croire et de l’expérimenter.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 789-791) [1] Mt 17, 5. [2] Cf. Lc 11, 28. [3] Cf. Lc 8, 20-21. [4] Mt 7, 24.

Ukraine : soutien à la population

Ukraine : soutien à la population

Les dons, recueillis par l’intermédiaire des ONG Action pour un Monde Uni (AMU) et Action Familles Nouvelles (AFN), seront utilisés pour fournir à la population ukrainienne des produits de première nécessité, également en collaboration avec les Églises locales.

La coordination Urgences du Mouvement des Focolari a lancé une campagne extraordinaire de collecte de fonds en faveur de la population ukrainienne, par l’intermédiaire des ONG Action pour un Monde Uni (AMU) et Action Familles Nouvelles (AFN).

“Kiev” par le peintre Michel Pochet

Les dons versés seront gérés conjointement par l’AMU et  AFN afin de fournir à la population ukrainienne les produits de première nécessité en matière de nourriture, de soins médicaux, de logement, de chauffage et d’hébergement dans différentes villes du pays, également en collaboration avec les Églises locales. Il est possible de faire un don en ligne à l’adresse suivante :

AMU : www.amu-it.eu/dona-online-3/ AFN : www.afnonlus.org/dona/ ou par virement bancaire sur les comptes suivants : Action pour un monde uni ONLUS (AMU) IBAN : IT 58 S 05018 03200 000011204344 à Banca Popolare Etica Code  SWIFT/BIC: ETICIT22XXX

Action Familles Nouvelles ONLUS (AFN) IBAN : IT 92 J 05018 03200 000016978561 avec Banca Popolare Etica Code  SWIFT/BIC: ETICIT22XXX

Communication : Urgence Ukraine

Des avantages fiscaux sont disponibles pour ces dons dans de nombreux pays de l’UE et dans d’autres pays du monde, selon les différentes réglementations locales. Les contribuables italiens pourront obtenir des déductions de leurs revenus, conformément à la réglementation relative aux organisations Onlus.

Arrêter la guerre en Ukraine : reconstruire l’espace de dialogue et de négociation politique

Face aux événements qui bouleversent le monde entier depuis plusieurs jours, le Mouvement politique pour l’unité, qui s’inspire de l’expérience et des idéaux du mouvement des Focolari, affirme son engagement commun en faveur de la paix, qui ne peut être atteinte que par un “faire” concret.

« Si tu veux la paix, prépare la paix », disait Igino Giordani, homme politique pacifiste du début du 20e siècle. Seul un effort de paix quotidien et multiforme peut mettre fin à une guerre que l’histoire a déjà déclarée trop souvent comme un choix insensé.

Les voies d’opposition sont dépassées et ouvrent la voie à une plus grande insécurité, tant au niveau local que mondial.

Nous en sommes convaincus et nous, hommes et femmes politiques, fonctionnaires, citoyens, diplomates du Mouvement Politique Pour l’Unité (MPPU), depuis le monde entier, exprimons notre proximité avec les peuples qui subissent cette guerre tragique, tandis que nous soutenons fermement ceux qui, à divers titres, continuent de négocier pour la paix, la seule vraie solution.

Il n’est jamais trop tard pour rouvrir les négociations et le dialogue, à court et à long terme.

Que l’obligation de la paix nous guide.

Nous identifions trois grandes directions d’engagement :

1 – Souvent, la création des États-nations n’a pas été un libre choix des peuples, mais le résultat des tables de négociations d’après-guerre, héritages des impérialismes. Les anciennes et les nouvelles divisions exigent un effort politique courageux qui redonne un sens aux identités nationales, qui interpelle les unions continentales, en premier lieu l’Union Européenne, au-delà des intérêts immédiats.

2 – L’histoire nous enseigne que les sanctions économiques laissent les gouvernements indemnes et appauvrissent la société civile, les femmes et les hommes, et en particulier les enfants. La Syrie en est le dernier exemple, très grave.

Le choix des sanctions doit être fait avec prudence, afin qu’il ne s’inscrive pas dans la logique de la guerre et des rapports de force. La politique doit être capable de contrôler les circuits des armes et de l’industrie du carbone; ce n’est qu’ainsi qu’elle pourra construire une paix véritable.

3 – Face à la recrudescence des armes nucléaires avec leur accroissement stratégique, nous appelons très vivement aujourd’hui nos gouvernements à signer et à mettre en œuvre le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires, adopté par seulement 122 États le 7 juillet 2017. La force politique de l’ONU doit être réactivée et la voix des gouvernements se joindre à la voix des villes de la planète, réunies dans une assemblée mondiale spéciale, pour donner plus de poids à nos peuples.

En ces heures où semble prévaloir le pouvoir cru de la force, nous affirmons sans hésiter que nous croyons encore et toujours à la construction de la paix, aux processus du dialogue, aux instruments de la politique.

Ce sont les articulations de la société civile, avec la force spirituelle et culturelle de leurs credo, avec de nombreuses bonnes pratiques qui mettront en lumière les grands idéaux qui soutiennent l’histoire. Que nos représentants fassent taire au plus vite les armes et se mettent à l’écoute des femmes et ses hommes de paix.

Mario Bruno, Président MPPU

Ukraine : nous continuons à implorer le don de la paix

Un témoignage des communautés des Focolari présentes dans différentes villes du pays et une invitation à les rejoindre dans la prière planétaire pour la paix, chaque jeudi à 19h30 (heure italienne). « En ce moment dramatique, nous sommes soutenus par la foi et l’amour que nous recevons du monde entier par des messages, des appels téléphoniques et des prières. Nous tenons à remercier chacun et chacune. Ils nous donnent de la force et augmentent notre espoir que Dieu nous fasse le cadeau, le miracle de la paix ». C’est par ces mots que Donatella Rafanelli, une focolarine italienne, enseignante, qui vit au focolare de Kiev, nous raconte comment les communautés des Focolari en Ukraine vivent ces heures dramatiques. « La tension augmentait ces dernières semaines et nous avions l’impression de vivre un moment très spécial de notre vie, même si la vie quotidienne continuait comme d’habitude » poursuit-elle. « En parlant aux personnes qui nous entourent, nous nous rendons compte de la peur, de l’inquiétude, de la tristesse et de la déception qui règnent depuis des mois. C’est d’autant plus dramatique que la situation s’aggrave ces dernières heures. Nous aussi, en tant que communauté du Mouvement, nous ne sommes certainement pas à l’abri de tout cela, nous nous sommes demandés et continuons à nous demander ce qu’il faut faire dans cette situation. Nous vivons ce moment douloureux ensemble. Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas faire des choses extraordinaires ou spéciales, mais nous pouvons écouter ceux qui nous entourent, partager leurs craintes et leurs préoccupations et essayer de comprendre, moment après moment, ce qu’il est préférable de faire ». Hier, le pape François a invité tout le monde, croyants et non-croyants, à se joindre à une supplique chorale pour la paix en vivant, en particulier le 2 mars, le début du Carême, une journée de prière et de jeûne pour la paix.  Avec lui, d’autres responsables de diverses Églises chrétiennes invitent les personnes à prier pour implorer le don de la paix. Dans le mouvement des Focolari du monde entier, nous faisons chaque jour (à midi dans tous les fuseaux horaires) le « time-out » pour la paix, un moment de silence et de prière pour la paix dans toutes les parties du monde. « Ici, en Ukraine, tous les jeudis depuis un an, dit Rafanelli, à 19h30 (heure italienne), nous organisons un moment de prière pour la paix en italien et en ukrainien, à ce lien . Nous invitons tout le monde à se joindre à nous pour ce moment, auquel se joignent, ces derniers temps, de nombreuses personnes de différents pays du monde qui ont la paix à cœur ». Le focolare d’Ukraine a été ouvert à Kiev en mai 2019 mais certaines communautés de focolare étaient déjà présentes dans le pays. Le charisme de l’unité était en effet connu dans le pays grâce à de nombreux membres du Mouvement des pays voisins qui, par des voyages et des contacts, avaient fait connaître cette spiritualité dans diverses villes. Aujourd’hui, les membres des Focolari, d’âges et de vocations différents, sont présents à Mukachevo, Uzhgorod, Storozhniza, Lviv, Kiev et dans les environs.

Anna Lisa Innocenti

La force des religions pour l’environnement

La force des religions pour l’environnement

Le rôle des communautés de foi dans la lutte contre le changement climatique et la construction de l’avenir. Potentiel et humilité. Le programme Faith Plans. Le rôle des Focolari. Entretien avec Martin Palmer La Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 26), qui s’est tenue à Glasgow, a pris fin en novembre 2021. Martin Palmer, ancien secrétaire général de l’Alliance des Religions et de la Conservation (ARC) et actuel Président de FaithInvest, nous aide à révéler le potentiel des communautés de foi dans la lutte contre le changement climatique et le rôle que les Focolari peuvent jouer dans ce contexte. Martin Palmer est un expert international des principales traditions et cultures religieuses et l’auteur de plus de 20 livres sur les questions religieuses et environnementales. Il contribue régulièrement à la BBC et est un prédicateur laïc pour l’Église d’Angleterre. Quel est le rôle spécifique des communautés de foi face à une crise écologique sans précédent ? « Les grandes fois ne sont pas seulement des sources de sagesse spirituelle ancienne. Elles sont également parmi les acteurs les plus importants de la planète. Sans l’action éducative, médicale, sociale et caritative des communautés de foi dans les écoles, les hôpitaux, l’aide à la jeunesse, les organismes d’aide sociale, etc., la société civile s’effondrerait en quelques semaines. Ainsi, si l’aspect spirituel est vital parce qu’il nous donne une perspective plus large du temps, de l’espace et du sens, si nous ignorons notre rôle de parties prenantes dans la construction de notre avenir, nous finissons par rester sur la touche en criant et en espérant que quelqu’un nous écoutera ». Il est important que les communautés de foi jouent un rôle actif dans la conduite du changement. Avez-vous remarqué un changement d’attitude ces dernières années ? « Je vois un énorme changement. Pour la première fois, tous les principaux groupes environnementaux religieux, tels que GreenFaith, Eco-Sikh, Daoist Ecological Temple Network, Hazon – le plus grand groupe environnemental juif – et bien sûr maintenant le Vatican à travers le Mouvement Laudato Si’ et les Focolari, qui travaillent ensemble, côte à côte, réunissant le merveilleux pluralisme des différentes croyances, valeurs et réseaux, notamment à travers le programme Faith Plans ». En octobre 2021, lors de la fête de saint François d’Assise, le pape François et d’autres chefs religieux, dont l’archevêque de Canterbury Justin Welby et le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée, ont lancé un appel sur le changement climatique et un engagement public à créer des plans pour l’environnement. Pourquoi est-il important de faire un plan ? « Pour que les fois soient vraiment efficaces, nous avons besoin non seulement des merveilleuses paroles et de la sagesse tirées des grands courants spirituels, mais nous avons également besoin de  savoir où elles peuvent être des agents de changement. Cela signifie qu’il faut savoir quelle est l’ampleur de leur rôle en matière d’éducation dans chaque lieu ou pays, combien de cliniques et d’hôpitaux ils possèdent, où sont leurs investissements, combien de terres ils possèdent, quel est l’éventail des compétences professionnelles au sein de la communauté de foi, etc. ». A votre avis, quelle est la contribution spécifique des Focolari à cette conversion écologique ? « Le rôle des Focolari est unique. Non seulement vous êtes une grande organisation laïque dans l’une des confessions les plus hiérarchisées du monde, mais vous êtes une source d’inspiration bien au-delà de vos membres. Pendant des décennies, vous avez travaillé à travers l’Économie de communion sur les réalités de la vie et du travail de la foi dans la pratique du marché. La création de nouveaux modèles et de nouvelles initiatives semble être un phénomène naturel pour vous. Votre façon de partager ce que vous faites est une source d’inspiration. Vous avez des décennies de travail interreligieux et une profondeur et une intégrité que l’on ne trouve pas facilement dans le monde interconfessionnel souvent superficiel. Vos liens avec d’autres confessions témoignent d’une joie pour le pluralisme que l’on ne trouve pas souvent dans des organisations religieuses de l’envergure et de l’impact des Focolari. Et finalement, il semble que vous ayez déjà impliqué certaines des personnes les plus charismatiques, les plus motivées, les plus compétentes et les plus attentionnées pour le monde, qui sont déjà en action ».

Nino Puglisi pour cittanuova.it

Chantier planétaire Hombre Mundo

Chantier planétaire Hombre Mundo

Du 25 au 27 février 2022, un projet mondial conçu et mis en œuvre par des jeunes qui visent la fraternité universelle. Des actions locales et mondiales pour promouvoir la connaissance entre les différentes cultures et religions, développer une citoyenneté active et concrétiser l’engagement des jeunes face aux grands défis de la planète, de l’environnement à l’élimination de la faim et de la pauvreté. « Nous avons compris qu’il fallait s’accepter mutuellement malgré nos différences qui sont une énorme richesse. C’est un moyen de promouvoir les valeurs et de bannir les antivaleurs ». Claire Mulimbi est une Gen3 – les jeunes de 10 à 17 ans du mouvement des Focolari – et vit en République Démocratique du Congo. C’est par ces mots qu’elle raconte son expérience après avoir organisé deux jours de « Hombre Mundo » en septembre 2021. « Ce fut une très belle expérience d’échange de cultures à travers des chants, des danses, des poèmes et des devinettes. Avec des écologistes, nous avons appris des notions d’écologie et nous avons planté des arbres ». Hombre Mundo est un projet auquel participent des milliers de garçons et de filles du mouvement des Focolari dans le monde entier. L’objectif est de se former à la fraternité universelle en favorisant la connaissance de camarades d’autres cultures et religions, en découvrant et en partageant les richesses de chaque peuple, en s’engageant ensemble dans les grands défis de la planète. Hombre Mundo n’est pas seulement une occasion de se rencontrer et d’apprendre à se connaître, mais il repose également sur des actions concrètes visant à développer une citoyenneté active pour le bien commun de la communauté où les jeunes sont insérés ou en jumelage avec d’autres. Hombre Mundo envisage donc des actions au niveau local et mondial en marge des événements planétaires, comme celui qui se tiendra du 25 au 27 février 2022. Le premier chantier Hombre Mundo a eu lieu en 2014 en Argentine, puis en 2017, trois ont été organisés en Europe de l’Est (en Croatie, en Serbie et en Pologne) : il s’agit d’ateliers internationaux pour apprendre à connaître, aimer et respecter la patrie de l’autre comme de la sienne. Le programme a été conçu et mis en œuvre directement par les jeunes, du choix des thèmes à aborder aux témoignages, des textes aux chansons. Cette édition devait comporter deux événements centraux au Kenya et en Côte d’Ivoire et de nombreux événements locaux dans de nombreux pays du monde. Pour la première fois, cependant, en raison de la pandémie, elle sera entièrement en ligne. Le web a également été d’une grande aide dans la préparation. Gašper Jošt, Gen3 de Slovénie, raconte : « Nous nous sommes divisés en petits groupes en fonction du fuseau horaire et de la langue. Nous, Slovènes, nous serons avec des jeunes de Malte et d’Irlande. Nous avons écrit une chanson. Miha a écrit les paroles et Anja la mélodie. Par cette chanson, nous voulons encourager les personnes à continuer à construire un monde plus beau et dire que tant qu’il y aura ne serait-ce qu’une seule personne qui essaiera de le faire, cela encouragera les autres et leur donnera de l’espoir ». Les Gen3 du monde entier ont également lancé diverses actions concrètes pour vivre et diffuser une culture du don et du partage. Par exemple, des jeunes dans des pays d’Afrique centrale et orientale, au Vietnam, en Indonésie et au Myanmar ont reçu du matériel utile à leur formation. En Inde, en revanche, des fonds ont été affectés à la prévention du travail des enfants afin de construire des lieux sûrs où les enfants peuvent participer à des activités visant à restaurer leur estime de soi, à se socialiser avec les autres et à développer leurs talents. L’objectif de ces trois jours est de devenir toujours plus des « personnes-monde », c’est-à-dire des personnes au cœur ouvert à l’ensemble de l’humanité avec ses richesses et ses défis à relever et à surmonter. Chaque jour, un thème sera examiné en profondeur. En partant de la vie personnelle, l’accent sera mis sur les communautés dans lesquelles les jeunes vivent et sur la planète. Le 25 février sera consacré au style de vie qui caractérise ces jeunes ; l’art d’aimer proposé par Chiara Lubich sera au centre de leurs réflexions et témoignages, avec une référence particulière à la période que nous vivons : comment le vivre pendant la pandémie ? Comment pouvons-nous continuer à aimer dans le monde virtuel et des médias sociaux ? La deuxième journée sera consacrée à leur engagement en faveur de l’écologie intégrale, qui mène à l’objectif « Faim zéro », le deuxième des 17 objectifs de développement durable des Nations unies pour 2030. Le troisième jour, le titre sera « Que tous soient un » et l’accent sera mis sur la beauté de la rencontre entre les peuples et l’engagement commun à construire un monde de paix et d’unité. Participeront également au Chantier 2022 l’ensemble international Gen Verde, avec un atelier de percussion impliquant 60 jeunes d’Amérique Centrale et Gen Rosso avec un concert pour la paix le 26 février à 12h30 (heure italienne), en direct de l’île italienne de Lampedusa, connue pour son accueil des migrants. Avant le concert, il y aura une connexion mondiale à 12h00 (heure de Greenwich) pour prier ensemble pour la paix. « Chaque homme sur la planète Terre est doté de qualités, de facultés, de compétences et de capacités qui font de lui une œuvre d’art inimitable », déclare Granville de Bangalore (Inde). « C’est pourquoi, chaque fois que nous sommes côte à côte, soutenus par un esprit d’unité, nous construisons une impressionnante galerie d’art ». « Que signifie Hombre Mundo pour moi ? Un mot, je pense, répond parfaitement à cette question : unité. Il ne peut y avoir d’unité sans amour. L’amour est le pont au-dessus de l’abîme de la division. L’amour abat les murs qui nous fragmentent et nous unit. Ce n’est que par l’amour de mon prochain que je peux apporter ma contribution à la création d’un monde où chacun de nous, œuvres d’art, se rassemble pour créer une galerie d’art synergique ». Pour plus d’informations, consultez le site teen4unity.org

Lorenzo Russo

Chiara Lubich : construire la civilisation de l’amour

Les paroles de Chiara Lubich, sur lesquelles nous nous proposons de méditer aujourd’hui, sont d’une grande actualité et ne nous laissent pas indifférents et, sans aucun doute, nous poussent à regarder autour de nous pour agir en faveur de chaque frère. (…) Jésus : au cours de sa vie terrestre Jésus a toujours accueilli tout le monde, en particulier les plus marginaux, les plus pauvres, les plus différents. Par son amour, Jésus a offert à chacun sa confiance et son amitié, abattant l’une après l’autre les barrières que l’orgueil et l’égoïsme humain avaient érigées dans la société de son temps. Jésus a été la manifestation de l’amour pleinement accueillant du Père céleste envers chacun de nous et de l’amour que, par conséquent, nous devrions avoir les uns pour les autres. C’est la première volonté du Père sur nous. Nous ne pourrons pas rendre au Père une gloire plus grande qu’en cherchant à nous accueillir les uns les autres comme Jésus nous a accueillis. (…) Il attire notre attention sur un des aspects les plus fréquents de notre égoïsme et – disons-le – l’un des plus difficiles à dépasser : la tendance à nous isoler, à établir des discriminations, à marginaliser, à exclure l’autre parce qu’il est différent de nous et qu’il pourrait troubler notre tranquillité. Nous chercherons donc à vivre (…) avant tout  à l’intérieur de nos familles, associations, communautés, groupes de travail, en éliminant en nous les jugements, les discriminations, les préjugés, les ressentiments, les manques de tolérance envers un tel ou un tel, si faciles et si fréquents. Tout cela refroidit et compromet énormément les rapports humains, faisant obstacle à l’amour réciproque comme la rouille qui bloque des rouages. Puis dans la vie sociale en général, proposons-nous de témoigner de l’amour accueillant de Jésus envers tout prochain que le Seigneur place à nos côtés, surtout ceux que l’égoïsme social tend le plus facilement à exclure ou à marginaliser. L’accueil de l’autre, de celui qui est différent de nous, est à la base de l’amour chrétien. C’est le point de départ, le premier niveau pour construire cette civilisation de l’amour, cette culture de communion, à laquelle Jésus nous appelle, surtout aujourd’hui.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 512-514)

Évangile vécu : Le pouvoir créateur de la miséricorde

Dans une de ses méditations, Chiara Lubich écrit que « la miséricorde est l’expression ultime de la charité, celle qui l’accomplit [1] ». Il ne s’agit donc pas d’un sentiment, mais d’une action concrète qui, associée à une intention intérieure, nous pousse à nous éloigner de nous-mêmes et à tourner notre regard vers l’autre. Un mouvement révolutionnaire qui guérit et génère la vie. Ne pas rater l’occasion À la gare, j’avais acheté un billet de retour pour une certaine ville. J’arrive en toute hâte sur le quai, mais à ma grande déception le train vient de partir. Je retourne au guichet pour essayer d’obtenir un dédommagement et de plus amples informations, mais la dame responsable me fait remarquer qu’avec autant de personnes, elle ne peut pas perdre de temps avec moi. Mécontent, je suis sur le point de partir en colère quand, en notant les billets dans mon agenda, je lis une phrase que j’avais notée le matin : « Ne pas rater l’occasion ». Je m’immobilise et je réfléchis. Je décide : « Je ne dois pas rater la chance d’aimer ! ». Je retourne voir la dame au guichet ; quand c’est mon tour, je lui dis que je suis désolé si j’ai été trop exigeant envers elle et que je comprends sa réaction. Elle change de visage et de ton et, sans qu’il soit besoin d’insister, elle s’occupe de ma situation. Mais en plus, elle cherche une solution de trajet pour me permettre d’atteindre ma destination. Après tout, il suffit de peu de choses pour rétablir l’harmonie dans les relations. (R.J. – Roumanie) La liste des ennemis Jésus veut que nous, ses disciples, aimions nos ennemis, il veut que nous pardonnions. Pendant longtemps, j’ai pensé que cela ne me concernait pas. J’ai une vie tranquille, une bonne position sociale, une famille paisible. Nous ne faisons de mal à personne et nous essayons de nous protéger des aspects négatifs de la société. Pourtant, cette phrase ne m’a pas laissé en paix. Des ennemis ? En y réfléchissant, j’en avais eu et j’en ai encore, mais je les ai relégués dans une partie de mon cerveau où ils ne pouvaient pas me déranger. Une à une, des situations me sont venues à l’esprit dans lesquelles, plutôt que d’affronter la confrontation due à « ennemi », j’ai fui. Fuir était devenu une véritable habitude. Mais Jésus exige autre chose. J’ai donc dressé une liste des « ennemis » pour lesquels je devais faire quelque chose : un coup de téléphone, un message, une rencontre, pour dire que chacun d’eux existait dans ma vie. Ce n’était pas facile, les obstacles et les raisonnements me freinaient constamment. Maintenant que je me suis vaincu, je peux dire que le commandement de Jésus a atteint son but, celui de prendre conscience que je suis un homme vivant. (G.R. – Portugal)

Publié sous la direction de Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VIII, n.1, janvier-février 2022)   [1] C. Lubich, « Quand on a connu la souffrance » dans Pensée et Spiritualité, Nouvelle Cité 2003, page 102

Une vie de fidélité

Une vie de fidélité

Darci Rodrigues est l’exemple d’une personne qui a consacré, de façon mariale, sa vie à la cause de l’unité. Le 10 février dernier, dès l’annonce du décès de Darci Rodrigues, focolarine brésilienne, et dans les heures qui ont suivi ses funérailles, les réseaux sociaux ont été inondés de témoignages de gratitude. Darci était une figure connue tant au Brésil qu’à l’étranger pour les nombreuses fonctions qu’elle a occupées au sein du mouvement des Focolari, ce qui lui a permis de cultiver un nombre infini de relations. Une vie aussi intense et exigeante que la sienne ne l’a cependant jamais empêchée de conserver une saine normalité et – selon beaucoup – une grande profondeur spirituelle. « C’est justement pour cela qu’elle était aimée de tous » comme l’a écrit Saad Zogheib Sobrinho, un focolarino brésilien. Ce commentaire semble résumer la pensée de nombreuses personnes qui ont vécu avec elle. Darci a connu le charisme de Chiara Lubich alors qu’elle était encore très jeune, en 1963, lors d’une Mariapolis, une rencontre de plusieurs jours organisée dans la ville de Garanhuns, dans l’État de Pernambuco. « C’était une expérience très forte, j’étais fascinée, surtout parce que je les voyais vivre l’Évangile », déclarait-elle, décrivant son premier contact avec les Focolari. À l’époque, elle était étudiante en histoire à l’université de Recife, « un environnement imprégné d’idées marxistes et de fortes critiques à l’égard de l’Église ». C’est pourquoi sa rencontre avec Dieu et son adhésion au charisme de l’Unité ont été si bouleversantes qu’elle a décidé de s’y consacrer et de devenir focolarine. Suite à cette décision, Darci laisse son fiancé, sa famille et ses études pour suivre l’école de formation des focolarines en Italie de 1964 à 1966. À son retour au Brésil, elle commence à travailler intensivement au service des Focolari. De Belo Horizonte, elle s’installe dans la banlieue de ce qui est aujourd’hui Vargem Grande Paulista, près de São Paulo, pour fonder la Mariapolis Araceli (aujourd’hui Mariapolis Ginetta), l’un des trois centres du mouvement des Focolari au Brésil. De là, elle se rend à São Paulo, où elle travaille pendant 20 ans à la tête du Mouvement dans la région qui comprenait à l’époque plusieurs États brésiliens du sud-est et du centre-ouest du pays. En 2002, elle est élue conseillère du Mouvement pour le Brésil, puis, après la mort de la fondatrice, Chiara Lubich en 2008, elle est réélue conseillère et nommée par la Présidente des Focolari de l’époque, Maria Voce, déléguée centrale, avec un rôle important dans la gouvernance du Mouvement au niveau international. « J’ai parfois dû faire face à des questions difficiles, mais j’ai toujours ressenti de la sérénité dans ces moments-là et une aide spéciale de l’Esprit Saint. Souvent, j’avais une idée déjà prête mais Jésus me faisait comprendre à travers quelqu’un qu’il voulait autre chose, peut-être le contraire de ce que je pensais. Il était important pour moi de faire confiance à la présence de Jésus parmi nous et pas seulement à mon propre bon sens ». En mai 2012, les médecins lui annoncent qu’elle est atteinte d’une grave maladie pulmonaire. « Après quelques examens, le diagnostic est sérieux : le médecin me dit que je dois m’armer d’un grand courage pour me battre et persévérer. J’ai en moi la ferme conviction que rien n’arrive par hasard et que Dieu a un plan d’amour pour chacun de nous ». Le traitement donne un résultat surprenant, au grand étonnement des médecins. De cette période de soins, sa secrétaire de l’époque, Gloria Campagnaro, raconte : « La vie se poursuit avec la solennité et la paix de toujours entre les thérapies, les promenades recommandées par le médecin et le travail pour le Mouvement, avec des horaires réduits ; une vie qui apporte fécondité et unité ». En mai 2020, elle fait face à une rechute de la maladie. De nouvelles hospitalisations se succèdent, jusqu’à ce que, dans un état de santé irréversible, Darci vit ses derniers instants, entourée de l’affection et des prières de toute la communauté des Focolari. Dans une vidéo enregistrée à cette époque, avant Noël, elle réaffirme la conviction qui l’a guidée tout au long de sa vie : « Nous avons Jésus au milieu de nous ». « Elle laisse derrière elle une leçon exemplaire en vivant pleinement l’idéal d’unité et de fraternité dont l’humanité a tant besoin », déclare Luiza Erundina, deputada Fédéral, en apprenant la nouvelle de son décès. Dans les nombreuses expressions de gratitude pour le don de sa vie, on retrouve des références communes à la sérénité et à la joie accueillante qu’elle a transmises à toutes les personnes au cours de sa vie, où qu’elle soit. En un seul mot, une présence mariale.

Luís Henrique Marques

Rédacteur en chef de la revue Cidade Nova

Italie/Liban | Un pont entre l’Italie et le Liban

D’une petite idée de partage naît une grande chaîne de solidarité, un pont aérien vers Beyrouth, transportant des médicaments pour les malades chroniques et du lait en poudre pour les nouveaux nés. En réponse à l’appel du Vicariat Apostolique des Latins de Beyrouth et de la Nonciature Apostolique Vaticane au Liban, l’action voit la mobilisation du Mouvement des Focolari, de la Fondation Jean Paul II et de nombreuses personnes qui, entre l’Italie et le Liban, se sont alliées pour soutenir ce projet. https://www.youtube.com/watch?v=aO2sjlO571g

Chiara Lubich : Jésus parle dans notre cœur

Au cours du voyage de la vie, nous avons parfois besoin de ralentir le pas pendant quelques instants et d’écouter la voix qui parle dans notre cœur. Nous découvrirons de nouveaux défis, comme le suggère Chiara Lubich dans ce texte. Écouter la voix de Jésus (…) ne signifie pas seulement écouter sa doctrine et la faire sienne, mais aussi établir un rapport personnel avec Lui, qui appelle chacun par son nom. Sa voix se fait entendre au plus intime de la personne, sa vérité (qui est la vérité) agit dans le cœur, même si la réponse à son invitation demeure libre pour chaque individu. En citant l’exemple du bon berger, Jésus affirme qu’il y a opposition entre le berger légitime qui entre par la porte, et le voleur ou le brigand qui passe par-dessus l’enclos. Il y a eu, au cours des siècles – et il y a encore aujourd’hui – de faux messies qui, au moyen de leurs idéologies, cherchent à attirer les hommes. Mais ceux qui appartiennent à Jésus et qui connaissent sa voix, ne se laissent pas tromper par les diverses promesses. Ils ne font pas confiance à d’autres voix. (…) Essaie d’écouter la voix de Jésus qui parle dans ton cœur. Tu verras que cette voix te conduira hors de ton égoïsme, de ton ‘’non-amour’’, de ta volonté d’occuper la première place, de ton orgueil, du désir de violence… de tout ce qui te rend esclave. Si tu fondes ta vie sur Jésus et qu’il est ton guide, tu échapperas certainement à la tentation d’un christianisme facile et commode, à la médiocrité d’une vie privée de sens. En le suivant, lui qui parle en toi, qui t’appelle, toi justement – car il appelle chacun par son nom -, tu ne connaîtras pas les sentiers battus mais tu t’achemineras vers une aventure divine inimaginable. Tout sera nouveau et beau, même si cela te coûte. Tu constateras à quel point l’imagination divine est créatrice et tu comprendras comment, en suivant un tel berger, la vie est pleine, abonde en fruits et irradie le bien de partout. Finalement tu comprendras quelle révolution puissante et merveilleuse constitue l’Évangile vécu.

Chiara Lubich

 (Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 204-208 – Parole de vie de mai 1981)

République dominicaine : quand le cœur parle

Laisser Dieu guider nos pas et découvrir que son amour, même dans le silence, n’oublie pas nos efforts. Ángel Canó, un focolarino marié de la République dominicaine, raconte son expérience. En 2001, des examens médicaux de routine avaient révélé un léger problème au niveau de la valve mitrale de mon cœur, mais de manière inattendue, fin 2020, la situation s’est aggravée et le cardiologue a confirmé la présence d’une véritable “bombe à retardement” dans ma poitrine. Avec ma femme Margarita, également focolarine mariée, nous avons accueilli le diagnostic avec une grande paix, nous remettant entre les mains de Dieu. Nous avons décidé d’en discuter immédiatement avec notre fils Angel Leonel et notre fille Zoila, qui est médecin aux États-Unis. Elle a elle-même parlé au cardiologue et consulté un collègue du centre où elle travaille, qui a confirmé la nécessité d’une intervention chirurgicale. Avec Margarita, j’ai passé la nuit précédant l’opération de manière très paisible, me préparant physiquement, mentalement et spirituellement à ce qui m’attendait. Nous étions confiants et le lendemain, lorsque nous sommes arrivés à la porte du bloc opératoire, nous nous sommes déclarés notre amour et nous nous sommes dit au revoir, certains de nous revoir bientôt. À mon réveil, j’ai eu l’impression d’être revenu à la vie même si je souffrais d’une forte arythmie : mon cœur battait la chamade et j’avais du mal à articuler les mots. Les médecins se sont empressés de tout analyser pendant que je faisais face à la douleur post-opératoire. Puis ils ont laissé entrer Margarita : ses mots d’encouragement, inspirés par sa foi, m’ont donné beaucoup de paix. S’ensuivent dix très longs jours aux soins intensifs, dans la douleur, l’impuissance, l’immobilité, le sentiment de solitude, l’insomnie et la peur de mourir. De longues nuits où, devant mon cri, Dieu semblait se taire. Je pensais que je ne m’en sortirais pas. Un matin, plongé dans une bulle de sédatifs et d’analgésiques, j’ai entendu une voix qui répétait “frère”. Quand j’ai ouvert les yeux, il y avait le visage d’un prêtre que nous aimons beaucoup. Ce moment m’a redonné confiance : le Ciel avait toujours été avec moi et ce sentiment m’a accompagné au cours de ces jours. Un jour, lorsque je suis sorti des soins intensifs, Margarita, posant délicatement sa tête sur ma poitrine meurtrie, m’a dit : « Quelle joie de t’embrasser à nouveau ! »  Des mots qui soulignaient non seulement le bonheur, mais aussi le sens de la vie. C’était comme redécouvrir l’amour qu’elle avait pour moi. J’étais en vie, non seulement grâce aux compétences médicales, mais aussi à la volonté d’un Dieu qui a manifesté son amour en me donnant une nouvelle chance de vivre. Aujourd’hui, je vois tout comme un grand cadeau et je ressens un fort engagement à découvrir ce que Dieu veut de moi maintenant, comment je peux lui rendre la pareille. Chaque soir, dans mes prières, je remercie le Ciel et lorsque le nouveau jour arrive, il n’y a pas de mots pour exprimer ma gratitude, pour la possibilité de revoir la lumière du soleil, de regarder le visage de ma femme et de mes enfants avec des yeux neufs.

Ángel Canó

Évangile vécu : « Celui qui vient à moi, je ne le refuserai pas ». (Jn 6, 37)

Rencontrer Jésus dans son prochain, c’est découvrir la tendresse et la beauté de Son amour. S’ouvrir à l’autre nous permet d’être un cadeau pour quiconque se trouve sur notre route et de recevoir un centuple inattendu. Un cœur plein de joie Dans notre village vit une famille très pauvre avec cinq enfants. Le père est alcoolique. Trois d’entre eux sont dans la même classe que mes enfants. Un après-midi, alors que nous sortions de l’école, il pleuvait à verse. J’ai pris mes enfants dans la voiture et, voyant  les trois enfants de cette famille dans la rue, je les ai fait monter dans l’auto et les ai conduits chez eux. La plus petite m’a dit : « Tu viens dire bonjour à ma maman ? » Nous sommes entrés dans la maison très sobre et la femme m’a remerciée ; puis, tout en parlant, elle me dit qu’elle cherche un lit d’occasion pour le dernier né et me montre les chambres où les tapisseries se décollent des murs à cause de l’humidité. Les quatre autres enfants dorment tous dans la même chambre. La petite fille de deux ans, presque nue, porte un tablier trop long pour elle. Je promets que le lendemain, je lui apporterai le lit pliant que nous utilisons rarement. Le lendemain, lorsque nous arrivons chez cette famille avec le lit, quelques jouets et quelques vêtements, les enfants sautent de joie, y compris les miens. Nous partons en nous promettant de revenir, et sur le chemin du retour, ma petite fille s’exclame : « Maman, mon cœur est plein de joie ». (M.O.D. – France) L’ancien directeur Un jour, dans la rue, je suis tombé sur le directeur de l’école où j’enseignais : c’était celui-là même qui m’avait licencié quelques années auparavant sous un prétexte injuste. À l’époque, il était encore prêtre, mais il avait quitté le ministère et s’était marié. Quand il m’a reconnu, il a essayé de m’éviter, mais je suis allé vers lui. Pour briser la glace, je lui ai demandé de ses nouvelles. Il m’a dit qu’il vivait dans une autre ville, qu’il était marié à une veuve mère de deux enfants et qu’il était venu en quête de travail. Avec difficulté, j’ai obtenu son adresse, nous nous sommes dit au revoir. Le lendemain, j’ai fait savoir à mes amis que je cherchais un emploi pour une personne dans le besoin. La réponse n’a pas tardé à arriver et j’ai été averti de quelque chose qui allait peut-être pouvoir  répondre à cette demande. Lorsque je l’ai contacté pour le lui dire, il avait du mal à le croire ! Il l’a accepté avec une profonde gratitude. Il était touché que je m’intéresse à lui. ( J. – Argentine ) Grand-père Depuis que le grand-père souffre de graves problèmes de marche, il a renoncé à ses promenades habituelles et est toujours chez lui à lire dans un fauteuil et à faire la sieste, même si le gériatre l’a encouragé à faire de l’exercice et à sortir. Comment ranimer en lui l’envie de se relever, de se battre pour la vie ? Nos filles ont alors imaginé avec amour la meilleure façon d’aider leur grand-père fatigué et déprimé. De temps en temps, elles sortent leurs cartes à jouer et lui proposent une partie de cartes. Il essaye de se défiler, en disant qu’il n’est plus capable de jouer, mais elles n’abandonnent pas. Et dans le jeu, mené avec l’enthousiasme et la vivacité des enfants, il a ainsi redécouvert la joie et l’envie d’être ensemble. En outre, les filles lui rappellent toujours les exercices qu’il doit faire, comme le jeu du « pas cadencé » : pour aider leur grand-père à lever les genoux et à ne pas traîner les pieds, elles s’asseyent sur le sol, les jambes tendues, et il doit les enjamber. (F.G. – Italie)

Maria Grazia Berretta

(extrait de ‘’Il Vangelo del Giorno’’, Città Nuova, année VIII, n.1, janvier-février 2022)

 

Synode des évêques 2021 – 2023: Appelés à apporter une contribution

Synode des évêques 2021 – 2023: Appelés à apporter une contribution

Le parcours du Synode 2021-2023 intitulé « Pour une Église synodale : communion, participation, mission » est ouvert. Dans cette première phase, outre l’implication de chacun dans sa communauté paroissiale ou diocésaine, nous sommes également invités à apporter notre contribution en tant que mouvement des Focolari. La raison de notre participation « Considérant que les Associations de fidèles sont un ‘gymnase de la synodalité’ (…), je suis un partenaire privilégié dans cette phase de consultation au début de cette aventure ecclésiale ; je souhaite me placer près de vous tous pour vous encourager et vous soutenir dans ce chemin avec le peuple de Dieu », a déclaré le Cardinal Mario Grech, Secrétaire général du Synode des évêques, dans sa lettre à Margaret Karram en mai 2021, appelant le mouvement des Focolari à vivre avec toute l’Église sur le chemin du Synode des évêques 2023. En réponse à l’invitation du secrétariat du Synode des évêques, la Présidente des Focolari a désigné une équipe internationale pour préparer la première étape, le temps de l’écoute. En tant que Mouvement, nous sommes donc invités à rechercher des occasions de confrontation sur le thème de la synodalité dans la perspective du charisme de l’unité. Une Église synodale À l’occasion de la commémoration du 50e anniversaire de l’institution du Synode des évêques (2015), le pape François a rappelé que « le chemin de la synodalité est le chemin que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire. (…) Une Église synodale est une Église d’écoute, dans la conscience qu’écouter est plus qu’entendre ». Dans son discours aux fidèles du diocèse de Rome (Italie) le 18 septembre 2021, le Pape les a fortement encouragés à suivre la voix de l’Esprit Saint qui ne connaît pas de frontières, à écouter chaque membre de l’unique peuple de Dieu et aussi ceux qui vivent en marge de la communauté. « Les pauvres, les mendiants, les jeunes drogués, tous ceux que la société met au rebut, font-ils partie du Synode ? Oui, très cher, oui, ma chère. (…) La synodalité exprime la nature de l’Église, sa forme, son style, sa mission ». Trois phases Cette riche vision nous offre une clé de lecture importante pour « entrer » dans la réalité du processus synodal en cours qui s’est ouvert le 10 octobre 2021 au Vatican, puis dans les Églises locales le dimanche 17 octobre 2021. Il s’agit d’un processus de trois ans, divisé en trois phases, marqué par l’écoute, le discernement et la consultation. Il s’agit d’une nouveauté absolue, tant dans la manière dont il est réalisé que dans les étapes de son développement. Il ne se déroule pas seulement au Vatican, mais dans chaque Église particulière des cinq continents. C’est la première fois dans l’histoire de cette institution qu’un Synode se tient de manière décentralisée. La première étape (octobre 2021-avril 2022) se déroulera dans les différentes Églises diocésaines où le parcours synodal entend répondre à diverses questions sur la vie et la mission de l’Église. Et en particulier, comme nous le rappelle le Vademecum publié par la Secrétariat général du Synode, à une question fondamentale : « Comment cette ‘marche ensemble’ qui permet à l’Église d’annoncer l’Évangile, conformément à la mission qui lui a été confiée, se réalise-t-elle aujourd’hui à différents niveaux (du local à l’universel) ; et quels pas l’Esprit nous invite-t-il à faire pour grandir en tant qu’Église synodale ? ». Après la consultation des diocèses, les Conférences épiscopales finaliseront la synthèse qui sera envoyée au Secrétariat général du Synode avec les contributions diocésaines. Ensuite, le Secrétariat général rédigera le premier Instrumentum laboris d’ici septembre 2022. L’objectif de la phase suivante, la phase continentale (septembre 2022 – mars 2023), est de dialoguer sur le texte du premier Instrumentum laboris lors de sept réunions continentales : Afrique, Océanie, Asie, Moyen-Orient, Amérique latine, Europe et Amérique du Nord. Ces sept rencontres internationales produiront à leur tour sept Documents finaux qui serviront de base au deuxième Instrumentum laboris, qui sera utilisé lors de l’Assemblée du Synode des évêques en octobre 2023. La dernière étape du parcours synodal est celle de l’Église universelle (octobre 2023). Une étape fondamentale de ce parcours est la célébration de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques en octobre 2023, qui sera suivie de la phase de mise en œuvre, qui impliquera à nouveau les Églises particulières.   Le charisme de l’unité pour une spiritualité synodale Comment devons-nous aborder le processus synodal actuel ? Lors de l’assemblée générale du mouvement des Focolari, le pape François a invité les participants à privilégier la synodalité : « En ce qui concerne l’engagement au sein du Mouvement, je vous invite à promouvoir toujours plus la synodalité afin que tous les membres, dépositaires du même charisme, soient coresponsables et participent à la vie de l’Œuvre de Marie et à ses finalités spécifiques ». En réfléchissant à l’expérience vécue au sein du Mouvement, la présidente Margaret Karram a rappelé les points de référence de la spiritualité des Focolari qui peuvent aider à la mise en œuvre d’un processus synodal. Le Pacte de l’amour réciproque renouvelé et placé à la base de tout processus de discernement représente l’engagement d’être prêt à nous aimer les uns les autres. La charité mutuelle et continue exige d’apprendre l’Art d’aimer évangélique: écouter, se mettre en position d’apprendre. S’exprimer avec respect, sincérité et clarté. Tout peut être partagé avec parrhésie, en se plaçant devant Dieu et en gardant vivante la réalité du commandement nouveau.

Liliane Mugombozi (Yaoundé, Cameroun), de l’équipe internationale pour le parcours synodal du mouvement des Focolari.

Afin de faciliter le cheminement de la réflexion, du partage et de l’écoute, l’équipe a commencé le « parcours synodal » en juillet 2021. En plus d’une vidéo d’interviews publiée sur la chaîne YouTube du mouvement des Focolari, un complément de réflexions a été élaboré pour aider les membres du Mouvement à vivre le processus synodal et à collecter et préparer des contributions à offrir au secrétariat du Synode.    Lien vers le vade-mecum en français https://www.youtube.com/watch?v=gTHRP-qOEXU&list=PLKhiBjTNojHpVNzhRRVCRJ-2BDdMzArXH&index=5

La force du soin porté à l’autre : unis contre la traite des êtres humains

La force du soin porté à l’autre : unis contre la traite des êtres humains

Le 8 février est la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains. Cette année, en 2022, un marathon de prière en ligne débutera en Océanie et fera le tour du monde pour se terminer en Amérique du Nord. L’engagement des Focolari pour lutter contre ce phénomène. « Il y a beaucoup de prostitution dans notre quartier, mais l’invitation du Pape à aller dans les périphéries existentielles à la recherche des plus vulnérables, des nécessiteux, des oubliés, nous a encouragés à approcher les personnes en situation de prostitution dans le but de les accompagner, d’être proches d’elles, de leur faire sentir que nous les aimons en tant que personnes ». Laura Diaz, volontaire du Mouvement des Focolari, est l’une des huit femmes du groupe « Juntas en camino » né en 2013 dans la paroisse de la Sainte Eucharistie, dans le quartier ‘Palermo’ à Buenos Aires, en Argentine, qui s’engagent chaque jour à prendre soin des personnes en situation de prostitution afin de lutter contre le phénomène. « Avec ce service, poursuit-elle, nous recevons plus que nous donnons. Quelque chose a changé en nous : notre mentalité, notre approche sans préjugés. Ce changement s’est également produit dans plusieurs de nos familles : nous considérons ceux que nous approchons comme des personnes dont la dignité a été violée et dont la dignité peut être restaurée ». Ce témoignage et d’autres provenant de plus de 30 pays seront relatés le 8 février 2022, lors du marathon de prière en ligne – intitulé « La force du soin porté à l’autre » – organisé à l’occasion de la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains. Suivant les différents fuseaux horaires – de 9 heures à 17 heures (CET) -, le marathon débutera en Océanie, en Asie et au Moyen-Orient, puis se poursuivra en Afrique, en Europe, en Amérique du Sud et se terminera par l’Amérique du Nord. Il  sera diffusé en direct en cinq langues (français, anglais, italien, portugais et espagnol) sur le site Internet de la journée www.preghieracontrotratta.org.

Marcela Villares remet le livret d’activités au Pape

Marcela Villares, une focolarine vivant en Argentine, s’engage elle aussi chaque jour à lutter contre le phénomène de la traite des êtres humains. Elle travaille avec les évêques de la Commission épiscopale pour les migrants et les personnes itinérantes, de la Conférence épiscopale d’Argentine, où elle coordonne le domaine de la traite des êtres humains. « Nous avons découvert l’importance de travailler à la formation des enfants et des adolescents sur ces questions », dit-elle. « Depuis plusieurs années, nous proposons des formations sur les questions liées à la traite des êtres humains à différents diocèses du pays, en travaillant principalement dans les écoles. Les résultats ont été énormes, surtout chez les enfants et les jeunes, où l’on peut déjà constater le fruit de la graine qui a été semée, et chez les enseignants et les directeurs qui l’ont pris comme un axe pédagogique à suivre au fil des ans ». Le résultat de ces expériences a été un livret d’activités didactiques et de jeux éducatifs pour les enfants de 6 à 17 ans. « Cette année, dans le diocèse d’Oran, au nord de notre pays, à la frontière avec Salta, et donc très sensible à ce crime », poursuit Marcela, « grâce à un groupe d’amis de l’Association Monde Uni (AMU) au Luxembourg, nous avons pu former et financer du matériel dans quatre écoles. Le vicaire de l’éducation nous a demandé d’étendre la formation à d’autres écoles catholiques et a invité d’autres directeurs d’écoles publiques ». Après cette expérience à Oran, Marcela et son équipe ont été contactés par différents médias argentins et le président du Cercle des journalistes a demandé s’ils pouvaient commencer à former des journalistes, des médecins et des infirmières des hôpitaux locaux, des personnes impliquées dans le transport et même une université a demandé à organiser une conférence.

La statue de St Bakhita par l’artiste Timothy Schmaltz

« La pandémie a accru le commerce de la traite des êtres humains, les conditions de vulnérabilité des personnes les plus exposées et les inégalités entre hommes et femmes », déclare Sœur Gabriella Bottani, coordinatrice de la Journée mondiale contre la traite des êtres humains. Tout cela doit être abordé avec courage. Nous, les femmes, devons donc jouer un rôle de premier plan dans la promotion d’un nouveau système économique fondé sur la force du soin porté à l’autre. La violence causée par l’exploitation peut être transformée par des gestes de soin et de solidarité ». Le marathon de prière du 8 février 2022 est coordonné par Talitha Kum, le réseau international de lutte contre la traite des êtres humains, qui regroupe plus de 3 000 sœurs, amis et partenaires dans le monde entier. Il est promu par l’Union internationale des Supérieures et Supérieurs Généraux, en partenariat avec la section Migrants et réfugiés du Dicastère pour le service du développement humain intégral, Caritas Internationalis, l’Union mondiale des organisations féminines catholiques, le mouvement des Focolari, le Service jésuite des réfugiés et de nombreuses autres organisations dans le monde.

Lorenzo Russo