Mouvement des Focolari

Chiara Lubich: Les 40 jours

Des mots comme perfection et sainteté peuvent sembler des objectifs inatteignables, mais Chiara Lubich, à partir d’une déclaration de saint Bonaventure, réfléchit à la manière dont il est possible de s’en rapprocher, en partant des gestes les plus simples de la vie quotidienne. J’ai trouvé une phrase sur la sainteté, attribuée à saint Bonaventure, que beaucoup d’entre nous connaissent certainement, mais que nous n’avons peut-être pas encore fait passer dans notre vie. (…) C’est l’affirmation d’un saint qui est aussi expert en chemins pour aller à Dieu. Il affirme avec assurance que l’on progresse davantage spirituellement en quarante jours, si l’on ne s’attarde pas dans la vallée des imperfections et des péchés véniels, qu’en quarante ans, si l’on s’y arrête. Formidable, non ? Bien entendu, je me suis alors posé une question : « En quoi consistent ces imperfections et ces péchés véniels ? » On pourrait en dresser une longue liste. Ils sont le contraire de la perfection. Et en quoi consiste la perfection ? À mettre en pratique la charité : « Revêtez l’amour : c’est le lien parfait », dit Saint Paul[1] ; « Qu’ils soient parfaits dans la charité », prie Jésus dans la dernière Cène, comme le rappelle l’Évangile de Jean. C’est la charité qui, vécue par plusieurs — comme c’est notre cas — devient réciproque : « Je vous donne un commandement nouveau, dit Jésus : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » Voilà donc comment il nous faut vivre pour éviter de nous attarder dans la vallée des imperfections et des péchés véniels. Et si nous l’oublions ou manquons à notre engagement, il nous faut recommencer. Par où convient-il de commencer ? Chez nous […] Oui, à la maison, dès le matin, car de cette manière la journée commence bien. À la maison, car souvent nous faisons l’effort de bien vivre l’amour réciproque avec ceux qui vivent au dehors, pendant les rencontres, les congrès, et puis, rentrés à la maison, peut-être à cause de la fatigue, nous perdons la patience avec les frères, nous ne nous contrôlons pas et… adieu amour réciproque ! Gardons-le à l’esprit. Et, si nous le vivons, dans quarante jours,nous aurons sûrement progressé spirituellement et beaucoup contribué à notre sainteté personnelle et à la « sainteté de peuple ».

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, Conversazioni in Collegamento telefonico, Roma 2019, p. 561-562 [1] Col 3, 14.

Le temps de la Création

Entretien avec Stefania Papa, nouvelle responsable d’EcoOne, l’action culturelle du mouvement des Focolari en faveur de l’environnement : l’engagement de ses membres dans le “Temps de la Création” et ses différentes initiatives pour protéger notre planète. Chaque année, du 1er septembre au 4 octobre, se déroule dans le monde entier le “Temps de la Création”, une initiative de prière et d’actions concrètes pour sauvegarder et protéger notre maison commune. Stefania Papa est la nouvelle responsable d’EcoOne, l’action culturelle du mouvement des Focolari, qui soutient un réseau d’enseignants, d’universitaires, de chercheurs et de professionnels travaillant dans le domaine des sciences environnementales. Nous l’avons interrogée sur l’engagement des Focolari en faveur du “Temps pour la Création” et sur les différentes initiatives environnementales. Qu’est-ce que le “Temps de la Création” ? Il s’agit d’une période spécifique qui va du 1er septembre, journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, au 4 octobre, fête de saint François d’Assise, le saint patron de l’écologie. Un temps au cours duquel les différentes Églises du monde entier se réunissent pour prier et promouvoir des actions concrètes pour sauvegarder et protéger notre maison commune. Cette année, le thème est : « Une maison pour tous ? Renouveler l’Oikos de Dieu » En grec Oikos signifie maison. Pourquoi est-il important qu’elle devienne de plus en plus un événement porté par les différentes Églises ? Pour répondre à cette question, un ancien proverbe africain me vient à l’esprit : « Si tu veux aller vite, cours tout seul. Si vous voulez aller loin, faites-le avec les autres ». Le pape François lui-même, dans son encyclique “Laudato sì”, déclare : « Nous avons besoin d’une confrontation qui nous unisse tous, car le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous. » Nous devons « unir l’ensemble de la famille humaine dans la quête d’un développement durable et intégral. »[1] Nous ne pouvons y parvenir qu’en nous rassemblant, en recherchant une collaboration et une communion toujours plus étroites, y compris entre les différentes Églises chrétiennes du monde. Nous sommes dans la sixième année de la publication de “Laudato si” du pape. Pourtant, il reste encore un long chemin à parcourir… De nombreuses autres initiatives ont été mises en place et réalisées, mais il reste beaucoup à faire. La tâche qui nous attend peut sembler ardue, mais nous pouvons encore inverser certaines tendances négatives, nous adapter pour réduire au minimum les dommages, restaurer des écosystèmes en souffrance et mieux protéger ce que nous avons : il s’agit de repenser les solutions de logement et la mobilité sociale, la collecte différenciée des déchets et de nombreuses autres questions. Mais l’orientation prise est la bonne, l’encyclique du pape François marque le point de non-retour. Il y a également une pétition à signer : en quoi consiste-t-elle ? C’est une occasion importante pour nous d’appeler les dirigeants mondiaux à s’engager de toute urgence dans la lutte contre la crise climatique et la crise de la biodiversité. En effet, deux événements très importants auront lieu prochainement : du 11 au 24 octobre 2021, la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), où les dirigeants du monde entier pourront fixer des objectifs importants pour protéger la création, et du 31 octobre au 12 novembre 2021, la 26e Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26), où les pays annonceront leurs plans pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris. Le mouvement des Focolari est un partenaire du mouvement Laudato si. Comment le mouvement des Focolari s’engage-t-il dans le “temps de la Création” ? Le mouvement des Focolari s’est toujours engagé en faveur de l’environnement. Pour le “Temps de la Création”, en particulier, il a participé et participe aux initiatives de l’Église catholique, comme la Laudato si’ action platform  du Dicastère pour le service du Développement Humain Intégral, à travers le mouvement Famiglie Nuove (Familles Nouvelles) et aux événements promus par le Mouvement Laudato si’, (anciennement Global Catholic Climate Movement) auquel il adhère. Lors de la dernière Assemblée générale des Focolari, conclue en février 2021, la conversion écologique des membres et des structures a été relancée, avec des activités de petite, moyenne et grande envergure (comme les projets internationaux financés, également dans le cadre de la coopération au développement : Azione per Famiglie Nuove, Azione Mondo Unito  etc. ) Dans le même temps, tous les membres des Focolari s’engagent à ne plus faire usage des combustibles fossiles. Par ailleurs, cette année, les jeunes du mouvement se sont engagés dans le parcours intitulé DareToCare. Une campagne qui signifie “oser prendre soin”, c’est-à-dire prendre en charge, s’intéresser activement, donner de l’importance aux plus fragiles, à la planète, aux institutions, à notre ville, à nos voisins, aux problèmes de notre société. En mai dernier, l’ ONG New Humanity a été accréditée en tant qu’observateur auprès du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), l’agence des Nations unies qui traite de toutes les questions environnementales mondiales. New Humanity mène ses activités de protection de l’environnement, notamment par le biais de l’initiative culturelle EcoOne. En outre, je voudrais mentionner le partenariat établi entre le mouvement des Focolari et FaithInvest, une organisation internationale qui travaille pour aider les religions à développer des plans stratégiques à long terme pour l’environnement. Dans le domaine culturel et éducatif, il y a plusieurs conférences prévues et promues par EcoOne, la participation d’EcoOne à ECEN (European Christian Environmental Network) et des projets dans les écoles comme celui reconnu par le Ministère italien de l’éducation “Donner pour sauvegarder l’environnement”.

Lorenzo Russo

 [1] Pape François, Lettre encyclique Laudato si’, p. 13-14.  

Chiara Lubich: La meilleure chose que je puisse faire

La pandémie se poursuit, tandis que les crises économiques et sociales qu’elle engendre s’aggravent ; la situation environnementale de la planète apparaît dramatique et les conflits dans certaines régions du monde ne semblent pas vouloir s’apaiser. Que faire ? Pour Chiara Lubich, il n’y a qu’un seul remède : la fraternité universelle. Faire de l’humanité une seule famille. En partant des petites actions concrètes et quotidiennes de chacun d’entre nous. Face aux innombrables difficultés qui surgissent entre des mentalités si opposées, des peuples si différents, des cultures si éloignées les unes des autres, des religions dont certains extrémistes nous présentent un visage déformé, il n’y a qu’un seul remède, celui de la fraternité universelle : faire de l’humanité une grande famille qui a Dieu pour Père et où les hommes sont frères les uns des autres. Quels moyens allons-nous prendre ? Qui est davantage habilité à cela que nous ? Une chose est sûre : si quelqu’un a su mourir pour son Idéal et, ensuite, ressusciter pour que nous ressuscitions avec lui, c’est Jésus. Notre objectif doit être de le faire revivre sur la terre, en devenant chacun un autre Christ, en étant, comme lui, Amour, Sainteté, Perfection. Le moment est venu de nous engager résolument dans la voie de la perfection. Or en quoi consiste la perfection ? Une étude sur la vie intérieure rapporte, à ce propos, de très intéressantes citations de Pères de l’Église et de grands saints. Peut-être les connaissons-nous. Il n’est pas inutile, cependant, de nous les rappeler en ce moment de notre histoire. D’après ces auteurs éminents dans l’Église, la perfection consiste à ne jamais cesser de grandir, car celui qui n’avance pas recule. Et comme notre chemin est celui de l’amour, la perfection consiste à ne jamais cesser de grandir dans la charité. Il faut donc aimer, et le faire toujours mieux. Toujours mieux. Comment ? En ne cessant de regarder notre modèle : […] Dieu Amour. […] François de Sales affirme : « Qui ne gagne, perd […] ; qui ne monte, descend [… ; qui n’est pas vainqueur, est vaincu en ce combat[1]. » Il est impressionnant de constater à quel point l’amour est exigeant, mais tout en Dieu est exigeant. […] Est-ce difficile, est-ce facile ? Essayons et nous verrons bien. À chaque instant, essayons de nous livrer à la volonté de Dieu, à l’autre, au frère que nous devons aimer, à notre travail, à nos études, à la prière, au moment de relax, à l’activité que nous devons exercer. Et cela toujours mieux, car autrement nous reculons. Une phrase répétée avant chaque action, même la plus banale, pourra nous y aider : « C’est la plus belle chose que je puisse faire en ce moment. » […] C’est ainsi que nous nous entraînons pour l’entreprise que nous voulons mener à bien et qui nous est spécifique : la fraternité universelle.

Chiara Lubich

Téléréunion – Castel Gandolfo, 27 septembre 2001. Extrait de « Conversazioni in collegamento telefonico » Ed. Citta Nuova p. 620. [1] Francesco di Sales, Trattato dell’amor di Dio, III, 1, Città Nuova, Rome 2011, p. 222.  

Vivre l’Évangile : se donner aux autres

Aimer en premier, aimer de manière désintéressée, aimer toujours, tout de suite et avec joie. C’est une opportunité d’incarner l’art d’aimer dans nos vies. C’est de là que naît, comme par attraction, la communion fraternelle. C’est une nouvelle vie, un monde qui change. Physiothérapeute Dans le centre où je travaille, le nombre de demandes a diminué à cause du Covid, de sorte que de nombreuses heures de la journée étaient vides. J’ai donc eu l’autorisation d’aider dans un service infecté. D’autres collègues ont ensuite suivi mon exemple. Un jour, l’un d’entre eux nous a confié que son service n’avait jamais été aussi humain et engageant : « Ce n’est que maintenant que je me suis rendu compte de ce que signifie un geste de solidarité, une caresse, même si vous portez des gants. Il semble que j’ai découvert une dimension plus humaine de mon travail. Je voudrais que mes enfants fassent ce service, car c’est une véritable école de la vie ». (J.H. – République tchèque) Notre proximité Lorsque le pape François parle de ‘proximité’, il semble annuler toutes les règles que nous nous sommes fixées concernant un certain mode de vie. Pour lui, ce qui compte, c’est l’autre et notre capacité d’accueil. J’en parlais un jour au bureau, contré par une collègue qui disait que c’est précisément cette attitude sans règles qui ruine l’Église. Je l’ai écoutée, très surpris et découragé par son assurance à condamner le pape, alors qu’elle est une femme intelligente et, à sa manière, une catholique pratiquante. À partir de ce jour, j’ai évité de revenir sur le sujet et chaque fois qu’elle m’attaquait avec un article sur le pape, j’essayais de détourner la conversation. Avant-hier, elle m’a dit au téléphone qu’elle ne pouvait pas venir travailler à cause de problèmes avec sa fille anorexique. Dès que j’ai pu, je suis allé les voir. En fait, la fille risquait de perdre sa vie. Ma femme est psychologue et, grâce à diverses astuces, nous avons réussi à nous fréquenter. Maintenant que la fille va mieux, elle est souvent chez nous. La collègue m’a écrit un message : « Maintenant je comprends ce que le Pape entend par le mot proximité ». (F.C. – France) Je vais y aller moi. Mon instituteur nous a parlé d’un soldat, peut-être un soldat alpin, qui était un peu spécial : il faisait n’importe quel travail, même le plus ingrat, en disant à ses supérieurs : ‘’Vago mi’’ (je vais y aller moi). Jusqu’à ce que ‘’Vago mi’’ (comme il était maintenant surnommé) ne revienne plus jamais, tué dans une action de guerre. Cette mort, le sceau d’une vie vécue dans l’altruisme, avait touché une corde sensible dans mon imagination d’enfant. Je voulais être comme lui. En bref, ‘’Vago mi’’ était devenu mon modèle de celui qui donne de sa personne pour les autres. Et c’était bien des années avant que je ne rencontre Celui qui a donné sa vie pour nous et un sens à la mienne. (Joseph – Italie)

Lorenzo Russo

(extrait de ‘Il Vangelo del Giorno’ , Città Nuova, année VII, n.4, juillet-août 2021)  

Comme les vagues qui dansent dans l’océan

Le professeur Sureshchandra Upadhyaya, enseignant et érudit indien possédant une connaissance approfondie de la culture hindoue, est récemment décédé. Il avait rencontré Chiara Lubich en 2001. Une barbe blanche descendant jusqu’à la ceinture ornait son visage. C’était un homme de petite taille dont les pensées émanaient de manière claire et essentielle. Le professeur Sureshchandra Upadhyaya était une personne de grande culture et de profonde spiritualité. Il connaissait très bien le sanskrit et la culture hindoue qu’il a contribué à approfondir et à diffuser par ses activités d’enseignement. Sa rencontre avec Chiara Lubich et son charisme en 2001 a marqué le début d’une profonde amitié spirituelle et intellectuelle qui a également impliqué d’autres universitaires indiens. Le professeur Upadhyaya était un membre éminent du « Bharatiya Vidya Bhavan » à Mumbai, l’Institut de Culture Indienne, qui est présent dans toute l’Inde. Il a rejoint l’Institut en 1960, à l’âge de 28 ans, en tant que professeur de sanskrit. Il a été promu directeur académique en 1972 et a poursuivi sa carrière avec beaucoup de passion, guidant de nombreux étudiants dans leurs études de doctorat. Il a également reçu de nombreux prix, dont le « Eminent Vedic Scholar » (prix de l’Éminent Érudit Védique) de l’université de Mumbai (Inde), le « Certificate of Honour » (certificat d’honneur) du président de l’Inde, le « Eminent Sanskrit Scholar » (prix de l’Éminent Érudit Sanskrit) du gouvernement indien et le « Best Teacher Award » (prix du Meilleur Enseignant) du gouvernement de l’État indien du Maharashtra. Le 5 janvier 2001, à Coimbatore (Inde), dans la salle du Nani Kalai Arangam College, a eu lieu la cérémonie de remise du prestigieux “Defender of Peace Award” (Prix du défenseur de la paix) à Chiara Lubich. 500 personnes étaient présentes, principalement des hindous, un public qualifié, dont le professeur Upadhyaya.  « Tant qu’il y aura des personnes comme elle, Dieu est avec nous », a-t-il dit après l’avoir écoutée ; « un jour, la terre deviendra le ciel. Toutes les croyances recherchent la vérité, et la vérité n’est rien d’autre que l’amour et la paix, comme nous le dit Chiara ». Il a poursuivi en expliquant : « Chiara Lubich me révèle de manière tangible que l’on peut faire l’expérience de Dieu à travers un amour profond et inconditionnel.  Dès que tu aimes Dieu, tu t’aimes toi et les autres comme Dieu aime toute la création. Lorsque tu répands ton amour, ton expérience de Dieu s’approfondit en toi et déborde hors de toi. Aimer devient alors ta nature même, comme les fleurs qui émanent leur parfum autour d’elles. Porté par l’amour et la compassion, tu coules sans effort, oublieux de toi-même, comme les vagues dansant dans l’océan divin. Inspirons-nous du message de Chiara pour vivre en chacun et en tout le monde, pour faire l’expérience de la présence de Dieu en nous et en dehors de nous, et pour nous sentir heureux au-delà de toute mesure ». Le 12 août 2021, le professeur Upadhyaya a atteint pour toujours la félicité « Ananda » (l’état pur de la joie et du bonheur), dont il parlait souvent.

A.M.A

https://vimeo.com/155689894 Voici le souvenir du Prof. Upadhyaya écrit par Roberto Catalano, professeur de théologie et de praxis du dialogue interreligieux à l’Institut universitaire Sophia de Loppiano (Italie) http://whydontwedialogue.blogspot.com/2021/08/uppadhyaya-ji.html  

Chiara Lubich: Apôtres du dialogue

Chiara Lubich nous rappelle que nous sommes tous appelés au dialogue. Et si, à certains moments de la journée, nous sommes seuls, nous pouvons faire chaque chose en fonction des frères et des sœurs, comme d’authentiques « apôtres du dialogue ». […] chaque fois que nous devons traiter avec un(e) ou plusieurs frères ou sœurs, directement ou indirectement : par téléphone, par écrit, ou parce que c’est pour eux que nous travaillons ou pour eux que nous prions, nous devons nous considérer en dialogue continuel, appelés au dialogue. Et comment ? En nous ouvrant à notre sœur, à notre frère, en écoutant de toute notre âme ce qu’il désire, ce qu’il dit, ce qu’il aime. Et cela fait, nous pouvons intervenir en lui donnant ce dont il a besoin, ce qu’il convient de lui donner. Et si, par moments, je dois m’occuper de moi (pour prendre mes repas, me reposer, m’habiller) il faut que je le fasse en fonction de mes frères, en ayant à l’esprit mes frères qui m’attendent. Ainsi, et seulement ainsi, en ne cessant de vivre la « spiritualité de l’unité » ou « de communion », je peux collaborer efficacement à l’édification de l’Église comme « la maison et l’école de la communion »[1] ; à contribuer, avec les fidèles des autres Églises et communautés ecclésiales, à l’avancée de l’unité de l’Église ; à collaborer, avec les personnes d’autres religions ou d’autres cultures, à la réalisation d’espaces toujours plus grands de fraternité universelle. […] Considérons-nous tous alors, comme des « apôtres du dialogue » et vivons comme tels. Un dialogue tous azimuts, certes, mais partons du bon pied : en aimant chaque frère que nous rencontrons, prêts à donner notre vie pour lui.

Chiara Lubich

[1]              Cf. Novo Millennio Ineunte, n. 43. Extrait de: “Conversazioni in collegamento telefonico” Citta Nuova ed. pag. 667, – Castel Gandolfo, 22 gennaio 2004

  L’utopie audacieuse de Nedo Pozzi

  L’utopie audacieuse de Nedo Pozzi

Le souvenir d’Anna et Alberto Friso, avec qui Nedo Pozzi, avec créativité et grande compétence, a partagé pendant des décennies son engagement de focolarino marié au service du monde de la famille. « Deux idées maîtresses ont conditionné toute ma jeunesse : la nécessité d’une consécration totale à Dieu et un amour instinctif et créatif pour la beauté et l’art, avec la certitude inébranlable que, dans ma vie, je devrais faire quelque chose de vraiment important ». Nedo Pozzi n’a pas hésité à nous confier cet ambitieux projet, à nous aussi qui, depuis près de quarante ans, avons le privilège de faire partie du Centre International des Focolari. Nous avons d’abord travaillé ensemble dans le domaine de la ‘Famille’, en raison de ses dons marqués de communicateur et de sa vaste culture – épine dorsale d’une rare sensibilité intérieure – Nedo a ensuite été appelé à des tâches plus ardues et complexes : contribuer à la naissance, en 2000, du réseau qui relierait les opérateurs et les experts en communication du Mouvement (NetOne) et, plus tard, avec Vera Araujo, coordonner le dialogue des Focolari avec la culture contemporaine. Auteur d’articles et de publications pour la Maison d’Édition Città Nuova, contributions aux discours publics de la fondatrice Chiara Lubich, orateur lors de conférences internationales, né à Mantoue (Italie) (6 juillet 1937) et élevé sur les rives du lac Majeur, Nedo n’a jamais perdu son audace de rêveur. Au début de la vingtaine, il rencontre Angela : une histoire d’amour bouleversante qui leur fera déclarer candidement aux nombreux cours de fiançailles que c’est eux qui ont inventé l’amour. Ils se marient tôt le matin avec seulement des témoins. Quels que soient leur richesse et leur aisance, leur premier repas de mariage se résume à deux toasts et une bière à la gare de Milan (Italie). Leur aventure commune prend joyeusement forme sous ces arches qui évoquent encore aujourd’hui l’image d’une cathédrale laïque. Mais bientôt, le rêve ne correspond plus à la réalité. Et voici les signes d’une crise qui semble à première vue irrémédiable. C’est à ce moment que Nedo découvre les Focolari auprès d’un couple marié : c’est la découverte du véritable amour, l’amour avec un grand A, fait de gratuité, de pardon, de vie pour les autres, un amour dont la racine est Dieu. Dès lors, l’idéal d’unité devient l’essence de leur amour mutuel. Ils découvrent que le don de soi à Dieu et aux frères et sœurs ouvre également la possibilité pour les personnes mariées de se consacrer à Dieu, et à différents moments Nedo et Angela répondent à l’appel à devenir des focolarini mariés. C’était l’accomplissement du premier des deux grands désirs de Nedo : être tout à Dieu. Il ne voulait pas se préoccuper de la beauté, aussi parce qu’il ne pouvait imaginer comment concilier ces deux appels apparemment opposés. Sa vie est un crescendo d’amour dans son engagement quotidien pour l’humanité. Et c’est dans ce fait de se sentir, selon ses propres termes, « être directement et vitalement impliqué en payant de sa personne à chaque instant », que Nedo étanche sa soif de beauté, découvrant, présente dans chaque personne proche, qu’elle soit célèbre ou en piteux état, la Beauté avec un B majuscule. Tous ceux d’entre nous qui ont eu le cadeau de vivre à ses côtés, de pouvoir pénétrer – grâce à ses intuitions – le mystère de sa vie et de la nôtre, peuvent témoigner qu’à Nedo, la réconciliation des tensions profondes qui ont dominé son adolescence a réellement eu lieu. Avec son départ (12 août 2021) après huit ans d’une maladie qui a progressivement réduit ses capacités intellectuelles et relationnelles, nous avons perdu un géant de sagesse et de charité, un homme de foi profonde et d’ouverture passionnée. Mais nous, comme sa fille Paola a témoigné avec Angela au nom de ses frères et sœurs Pierpaolo et Daniela, nous voulons aussi nous souvenir de lui comme d’un mari et d’un père très tendre, comme d’un ami de confiance, comme d’un intellectuel qui a vécu et travaillé pour ouvrir – selon à nouveau ses propres termes – « une lueur d’Absolu ».

Anna et Alberto Friso Précédents responsables du Mouvement Familles nouvelles

Évangile vécu : Jésus abandonné et la joie

Lorsque nous reconnaissons dans la douleur le visage de Jésus abandonné sur la Croix par son Père et que nous l’acceptons avec toutes nos limites, alors cette douleur se transforme en joie. La vie prend un autre aspect, elle s’améliore parce qu’elle est vécue avec amour. La perte du père J’étais déjà adulte lorsque mon père a quitté la maison pour fonder une autre famille mais la perte d’un père laisse toujours un vide que rien ne peut combler. Des souvenirs et ses paroles me reviennent constamment. Le plus triste, c’est quand tu ne sais pas avec qui partager une joie, un succès. Je suis marié maintenant, nous avons un enfant en route, mais ce sentiment d’orphelin demeure. Ma femme, par contre, éprouve du ressentiment envers son père qui a quitté la famille lorsqu’elle et sa petite sœur étaient petites. C’est pourquoi parler entre nous de la figure paternelle fait ressortir notre grande diversité. Mais précisément parce que nous savons ce que signifie l’amour et le manque d’amour, nous nous sommes engagés à être des sources d’amour véritable pour nos futurs enfants. Le sujet, parmi d’autres, est mis en avant dans la communauté paroissiale dans laquelle nous nous insérons : la nature du véritable amour, celui qui surmonte l’égocentrisme, nous est expliqué par Jésus qui nous en a donné la mesure par sa vie et sa mort. (P.I. – Suisse) L’ami humoriste L’humour, à mon avis, est la nouvelle vision, venant de Dieu, de la vie, par rapport à l’aspect limité, déficient, parfois tragique que l’homme rencontre chez ses semblables ainsi qu’en lui-même. Pendant des années, j’ai travaillé comme caricaturiste avec Nino, un ami très cher, sur certaines de ses publications amusantes. Tout le monde, absolument tout le monde, trébuche en marchant. Quant à Nino, chaque fois qu’il trébuche, il s’arrête un instant, y réfléchit et repart en riant. Puis il nous en parle et tout le monde sourit. Si on y fait attention, c’est un peu le schéma de son humour. Un humour de plus en plus raffiné au fil des ans, sans le grain de la satire, et pourtant pénétrant ; une moquerie affectueuse non pas de l’homme, mais du « vieil homme » qui se cache toujours en chacun. Nino lui-même a écrit à ce sujet il y a quelques années : « À mon avis, l’humour est une dimension imprévue qui, en plus des quatre mesures traditionnelles d’une personne – taille, longueur, largeur et profondeur – parvient également à découvrir ses quatre anti-mesures. La brièveté, la bassesse, l’étroitesse et la superficialité ». (Vittorio – Italie) Irina et l’œcuménisme Je suis orthodoxe, je suis née en Russie et j’ai épousé un prêtre anglican. Il n’y a jamais eu de difficultés théologiques entre mon mari et moi ; il aimait beaucoup l’Église orthodoxe. Plus tard, nous avons découvert combien nous avions aussi d’éléments en commun avec l’Église catholique. A Rome, mon mari a dirigé un centre œcuménique pour lequel il a mis toute son énergie. Après sa mort, j’ai enseigné la langue russe à la Grégorienne pendant cinq ans. Puis de retour en Angleterre, comme présidente d’un centre œcuménique à Oxford. Dans un livre intitulé Le chemin de l’unité, je parle de mon mari, des contacts que nous avons eus avec des personnalités importantes de différentes Églises qui ont apprécié notre travail œcuménique. Bien sûr, il y a encore beaucoup à faire pour parvenir à l’unité, mais les esprits prophétiques qui travaillent dans ce sens ne manquent pas. Ils sont minoritaires, c’est vrai, mais ils sont là et ils sont la grande force de l’Église. Même si cela nous attriste de voir qu’il y a encore beaucoup de préjugés à surmonter, nous devons travailler et espérer, car le commandement du Christ est « que tous soient un ». Pour moi, l’Église est déjà une.

Aux soins de Lorenzo Russo

  (tiré de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, anno VII, n.4, juillet-août 2021)

Chiara Lubich: L’enfant de l’Évangile

Chiara Lubich nous rappelle que le royaume de Dieu appartient à qui ressemble à un enfant. Car l’enfant s’abandonne, confiant, à son père et à sa mère : il croit à leur amour. Ainsi en est-il du chrétien authentique. Il croit à l’amour de Dieu, se jette dans les bras du Père des cieux. Les actes comme les paroles de Jésus déconcertent toujours. Entre autre, à propos des enfants. Son époque les considérait comme socialement insignifiants du point de vue social. Les apôtres n’en voulaient donc pas autour de Jésus, dans le monde des « adultes ». Ils dérangeaient ! Même attitude chez les grands prêtres et les scribes. « Voyant les enfants qui criaient dans le temple : “Hosanna au Fils de David“, ils s’en indignèrent » et demandèrent à Jésus de remettre de l’ordre. Jésus a, lui, une tout autre attitude devant les enfants. Il les appelle, il les attire à lui, étend la main sur eux pour les bénir. Il les présente même comme des modèles à ses disciples : « Le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux. » Dans un autre passage de l’Évangile, Jésus dit que si nous ne changeons pas et si nous ne devenons pas comme des enfants, nous n’entrerons pas dans le royaume des cieux. Pourquoi le royaume de Dieu appartient-il à qui ressemble à un enfant ? Parce que l’enfant s’abandonne avec confiance à son père et à sa mère : il croit à leur amour. Quand il est dans leurs bras, il se sent en sécurité, il n’a peur de rien. Même s’il prend conscience d’un danger autour de lui, il lui suffit de se serrer encore plus fort contre son papa ou sa maman pour se sentir tout de suite protégé. Quelquefois c’est le papa lui-même qui le place dans une situation difficile, pour lui faire faire un saut, par exemple. Même dans ce cas-là l’enfant s’élance avec confiance. C’est ainsi que Jésus voit le disciple du royaume des cieux, le chrétien authentique. Comme l’enfant, il croit à l’amour de Dieu, il se jette dans ses bras en toute confiance. Il ignore la peur car il ne se sent jamais seul. Il croit que tout ce qui lui arrive est pour son bien. A-t-il une préoccupation ? Il la confie au Père, sûr que tout se résoudra. Comme un enfant, il s’abandonne totalement à lui, sans réfléchir. Les enfants dépendent complètement de leurs parents. Ceux-ci leur donnent nourriture, vêtements, soins, éducation. Nous aussi, « enfants de l’Évangile », nous dépendons en tout du Père. Il nous nourrit comme il nourrit les oiseaux du ciel, nous habille comme les lys des champs. Il sait ce dont nous avons besoin, avant même que nous le lui demandions et nous le donne. Le royaume de Dieu même, nous n’avons pas à le conquérir. Nous le recevons comme un don des mains du Père. Tant que l’enfant ne connaît pas le mal, il ne le commet pas. […] L’«enfant de l’Évangile » confie tout à la miséricorde de Dieu. Oubliant le passé, il commence chaque jour une vie nouvelle, ouvert aux suggestions de l’Esprit, toujours créatif. Seul, l’enfant ne peut apprendre à parler. Il a besoin qu’on le lui enseigne. De même, le disciple de Jésus ne suit pas son propre raisonnement. Il apprend tout de la Parole de Dieu, y compris parler et vivre selon l’Évangile. L’enfant a tendance à imiter son propre père. Si on lui demande ce qu’il fera plus tard, il dit souvent qu’il aura le métier de son père. Ainsi l’« enfant de l’Évangile » imite le Père céleste, qui est Amour, et il aime comme Lui : il aime tout le monde, car le Père « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes » ; il est le premier à aimer, car le Christ nous a aimés alors que nous étions encore pécheurs ; il aime gratuitement, de façon désintéressée, comme notre Père du ciel… C’est pour cela que Jésus aime s’entourer de petits enfants et les désigne comme modèles. […]

Chiara Lubich

Parole de vie octobre 2003 In Parole di Vita, préparé par Fabio Ciardi, Opere di Chiara Lubich, Città Nuova, 2017, p. 702.

Évangile vécu: sème l’amour

Saint Augustin dit : « Voilà une fois pour toutes le court précepte qu’on te dicte : Aime et fais ce que tu veux. Si tu te tais, tais-toi par amour ; si tu corriges, corriges par amour. Qu’au-dedans de toi se trouve la racine de l’amour et tout ce que tu fais ne peut être que bon ». Mets l’amour… Je n’avais jamais imaginé que j’avais épousé un étranger. Mon mari révélait un égocentrisme qui l’éloignait des autres. En réalité, il cachait un énorme sentiment d’infériorité. Je m’en étais rendu compte lorsque et pour ne pas le blesser, je ne pouvais même pas me réjouir des succès de nos deux enfants. Et dire qu’à un moment je me sentais soutenue par lui ! Cet appui avait maintenant disparu et j’étais en crise. C’est à ce moment-là que le message d’une ancienne camarade de classe entrée au couvent m’annonce sa décision de quitter la voie prise. Je suis allée la voir et pendant qu’elle me parlait de solitude, d’idéaux effondrés, d’envies et de jalousies dans sa communauté, qui avait des objectifs humanitaires élevés, il m’a semblé me voir reflétée dans un miroir. Nous nous sommes rencontrées à plusieurs reprises. Elle m’a cité une phrase de Jean de la Croix qui est devenue une lumière pour ce que je devais faire pour tenter de sauver ma famille : « Là où il n’y a pas d’amour, mets l’amour et tu trouveras l’amour ». Je me suis efforcée. Ce n’était pas facile, mais aujourd’hui les choses ont changé, tant pour moi que pour elle. (M.d.A. – Albanie) Rester en Syrie Il y a environ dix ans, alors que la vie était devenue difficile pour nous, chrétiens, nous nous sommes demandé si nous devions rester dans notre pays. De nombreuses personnes avaient choisi de partir ; elles semblaient avoir trouvé un environnement serein, sans le bruit des armes et sans peur. Pourtant, même si nous faisons peu ici, nous sentons que notre présence est une véritable mission. Ce n’est pas tant une question de témoignage et de fidélité à la terre et à la foi, mais de proximité, celle dont parle le Pape François. Nous sommes certains qu’aussi pour nos enfants, cette situation, même si elle n’est pas facile, résultera un grand apprentissage de la vie. (V.M. – Syrie) Nous apprenons des petits Kanna est née dans une famille chrétienne et va à l’école maternelle. Ses nombreuses camarades de classe et l’enseignante sont d’autres religions. A la fin de l’année, l’institutrice a salué tous les enfants un par un. En arrivant à Kanna, elle lui a dit : « Je te remercie parce que tu nous as fait connaître Jésus. Quand tu en parlais, nous sentions qu’il était proche de toi. Tu nous as enseigné les prières que tu as apprises à la maison : elles sont belles. Ce matin, je t’ai vu remettre à ta compagne le prix que tu avais reçu : ce geste m’a ému ! Je suis sur le point de me marier mais je veux d’abord recevoir le baptême et je me prépare car, comme toi, je veux croire en Jésus ». (Z.J. – Japon)

Lorenzo Russo

(tiré de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, anno VII, n.4, luglio-agosto 2021)

Sœur Antonia Moioli –  « Heureux ceux qui suivent mes voies ».

Sœur Antonia Moioli –  « Heureux ceux qui suivent mes voies ».

Le 30 juillet 2021, Sœur Antonia Moioli nous a quittés, accompagnée de l’affection et des prières de beaucoup. Elle était sereine et avait un splendide sourire. Née à Alzano Lombardo (Bergame, Italie) le 13 juin 1949 dans une famille profondément chrétienne, Antonia Moioli a rencontré le Mouvement des Focolari à l’âge de 19 ans : la découverte  du Dieu Amour lui a fait aimer tout le monde, de la famille à l’école maternelle. « Je me suis demandée ce que Dieu voulait de moi. Un prêtre m’ a suggéré de ne pas m’ inquiéter, de continuer à vivre l’idéal et de faire confiance à Jésus qui a dit : « A celui qui m’aime, je me manifesterai ». J’ai fait confiance et je me suis abandonnée à cette confiance. Entre-temps, je me suis rendu compte que j’avais pour collègues des femmes religieuses très vivantes et libres. Elles me donnèrent un livre de leur Fondateur, et quand je l’ai lu, j’ai ressenti de la joie pour l’harmonie qu’il y avait avec l’Idéal ». En 1971, elle entre dans l’Institut des Sœurs de l’Enfant-Jésus, prononce ses premiers vœux en 1974 et ses vœux perpétuels en 1980. Elle vit l’expérience éducative avec enthousiasme ; tout le monde se souvient d’elle pour sa vitalité, son amour et sa passion pour les enfants et les jeunes. En 1977, elle se rend à Rome, à l’école de Santa Maria degli Angeli où elle enseigne et devient directrice de l’Institut. Elle est une figure de référence pour de nombreux étudiants. Ses fonctions institutionnelles ne l’ont pas éloignée des jeunes, elles lui ont permis de leur montrer la beauté de suivre Jésus. En 1993, elle est la seule religieuse à travailler au sein du conseil de la pastorale des jeunes pour le Diocèse et la Préfecture. Une ancienne élève témoigne : «  Sœur Antonia était une femme vraie, capable de montrer à l’Église la plus haute vocation de la femme : savoir être une mère, en générant constamment ses enfants à la foi, à la rencontre avec Jésus. … en tant que mère qui connaît le potentiel de ses enfants, elle ne s’est pas arrêtée devant nos larmoiements . …Une femme forte, capable de montrer son humanité. Pendant l’accueil des jeunes pèlerins qui étaient venus à Rome pour la Journée Mondiale de la Jeunesse (en 2000), Sr Antonia …s’est approchée de moi et m’a dit : « tu laveras les toilettes du gymnase ». J’aurais préféré me consacrer à d’autres activités. Avant de commencer, Sœur Antonia m’a dit que pour vraiment servir les gens, il faut se salir les mains. Et là, j’ai remarqué la plus belle chose qui m’a fait reconnaître en elle une véritable éducatrice : elle a commencé à nettoyer les toilettes avec moi. … Je regardais une femme forte, heureuse d’être une religieuse et une éducatrice, une femme entière et réalisée ». Elle souhaitait que chacun puisse faire l’expérience qu’aimer, c’est donner sa vie, instant après instant. Une autre de ses caractéristiques, typique du charisme de sa congrégation, était son amour pour les pauvres et sa sensibilité envers ceux qui luttaient, les personnes les plus simples. Elle avait également un grand amour pour les sœurs plus âgées qu’elle. En 1996, elle est responsable de l’Italie et anime les communautés avec son enthousiasme habituel. À la fin de son mandat, elle s’est consacrée pendant deux ans au service du Centre International pour les religieuses du Mouvement des Focolari et a continué par la suite, tout en occupant d’autres fonctions. Célébrant ses 25 ans de consécration, elle écrit : « Au cours de ces 25 années, j’ai fait l’expérience de Sa fidélité plus forte que mes infidélités. L’immense amour de Dieu guérit, encourage, soutient, c’est le Paradis ». Et encore : « En recommençant, chaque fois que j’ai lutté ou échoué, je me suis toujours sentie enveloppée d’un immense amour, Marie et le charisme de l’Unité ont été essentiels pour faire de moi une vraie fille de mon fondateur, avec un cœur étendu à toutes les expressions ecclésiales et à l’humanité ». Ces dernières années, elle a rencontré la faiblesse et la maladie ; rien ne lui est épargné, on lui demande de tout remettre dans les mains des autres ! En elle, se réalisent les paroles du fondateur Nicola Barré : « Cette nuit est un jour splendide », et comme l’a écrit la présidente du Mouvement des Focolari, Margaret Karram : « Sœur Antonia laisse derrière elle l’exemple d’une vraie disciple de Jésus, fidèle à vivre la Parole et Le suivant constamment, qui a travaillé sans relâche et aux niveaux les plus divers pour la réalisation du : que tous soient un ».

Sœur Tiziana Longhitano

Chiara Lubich: Le Miroir

Chiara Lubich nous invite à regarder Jésus comme à un miroir, tout comme sainte Claire dans ses lettres, l’a proposé à quelques-unes de ses sœurs. Un miroir qui, dans son humanité, reflète la divinité. Aujourd’hui nous pouvons nous demander : sommes-nous de quelque manière, un miroir de Jésus ? Le sommes-nous pour les autres ? Dans les lettres à Agnès de Prague*, qui font partie des différents écrits où elle exprime son exigence de fidélité radicale à l’Évangile, (sainte) Claire invite ses sœurs (les clarisses) à regarder Jésus comme à un miroir : Jésus est, dans son humanité, le miroir qui reflète la divinité. Elle écrit : « Pose ton regard sur le miroir de l’éternité, (Jésus) […] et sois entièrement transformée […] en l’image de Sa divinité. » (FF 2888) […] Sainte Claire presse donc Agnès de fixer son regard sur son Époux, mais aussi de l’imiter en refaisant les mêmes choix que Lui, les mêmes actes, les mêmes gestes. […] Mais aujourd’hui, nous pouvons nous demander : sommes-nous de quelque manière, un miroir de Jésus ? Le sommes-nous pour les autres ? À ce propos je voudrais rappeler un rêve que nous avions les premiers temps. Nous disions : « Si par une hypothèse absurde, tous les Évangiles de la terre étaient détruits, nous voudrions vivre de telle manière que les hommes, en considérant notre conduite, en voyant, d’une certaine façon, en nous Jésus, puissent réécrire l’Évangile : ‘’Aime ton prochain comme toi-même’’ ( Mt 19, 19), ‘’Donnez et on vous donnera’’ (Lc 6, 38), ‘’Ne jugez pas…’’ (Mt 7, 1), ‘’Aimez vos ennemis…’’ (Mt 5, 44), ‘’Aimez-vous les uns les autres’’ (cf. Jn 15, 12), ‘’Là où deux ou trois sont unis en mon nom, je suis au milieu d’eux’’ (Mt 18, 20) ».

Chiara Lubich

Le miroir, Fête de Ste Claire – Berne, 11 août 2002 * Religieuse de l’ordre de Sainte Claire  

L’Évangile vécu : comme l’enfant évangélique

Jésus nous demande de nous faire petits, comme un enfant qui s’abandonne avec confiance à son père et à sa mère et qui croit en leur amour. « Nous aussi, ‘les enfants évangéliques’, nous dépendons du Père en tout – affirme Chiara Lubich – il sait ce dont nous avons besoin, avant même que nous le lui demandions, et il nous le donne ». Adoption à distance En janvier 2017, j’ai adopté une petite fille originaire du Kenya. Pendant environ un an, cependant, ma vie a pris un tournant inattendu et je n’avais pas de revenu fixe, si bien que je me suis demandée à deux ou trois reprises si je serais en mesure de continuer à subvenir aux besoins de l’enfant. « Ce que vous aurez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’aurez fait », voilà ce qui m’a incité à continuer à m’occuper d’elle. En fait, après chaque moment d’hésitation, un nouveau projet de travail se présentait pour confirmer ma décision. Je remercie Dieu qui m’aime immensément et me donne des preuves continuelles. (Anny – Roumanie) Un modèle innovant Dernière année de dentisterie, la plus difficile. Je n’aurais dû penser à rien d’autre pour obtenir rapidement mon diplôme, mais j’ai accepté de donner des cours particuliers à Fabio, qui ne travaille pas bien à l’école, pour aider sa mère, une dame que j’ai rencontrée par hasard. Gratuitement, car ses finances ne sont pas bonnes. Un jour, alors que je donne des cours de sciences à ce garçon, je dois lui expliquer – comme par hasard – ce que sont les dents. Afin de l’aider à mieux comprendre le chef-d’œuvre qu’est notre appareil masticatoire, sans m’en rendre compte, j’ai inventé un modèle avec un dispositif technique simple mais très pratique pour l’enseignement. J’ai communiqué cette découverte à mon professeur de thèse. Il en a été même enthousiaste. Non seulement cela, mais il me propose de l’illustrer lors d’une conférence qu’il donnera à l’université de Caserta, en précisant non seulement l’aspect technique mais aussi la circonstance qui m’a poussé à le réaliser. Dans les mois qui ont suivi, j’ai également eu l’occasion d’en parler à 70 étudiants. La dernière nouvelle que j’ai reçue du professeur est qu’un livre sera également publié sur ma découverte. Et tout ça parce que j’ai écouté la demande d’une mère. (Tonino – Italie) Tentation Marié et père de trois filles, je travaille dans une menuiserie. J’ai un petit compte en banque, mais notre situation économique n’est pas florissante. Un jour, lorsque je suis allé faire un dépôt, j’ai trouvé 235 bolivares enregistrés en ma faveur : juste la somme dont nous avions besoin ! J’ai fait comme si de rien n’était et j’ai décidé, avec ma femme, d’attendre une semaine. Pendant que j’attendais, j’imaginais différents scénarios sur l’argent ; peut-être que quelqu’un souffrait ou pouvait perdre son emploi à cause de moi. Il y a quelques années, l’amour du prochain ne faisait pas partie de mes projets. Mais maintenant… Je suis retourné à la banque et j’ai expliqué à la personne en charge. « Vous êtes la personne la plus honnête que j’aie jamais rencontrée ». Comme j’avais besoin de faire des recherches pour savoir ce qui s’était passé, il m’a donné un rendez-vous trois jours plus tard. Lorsque je suis retourné à la banque, ils avaient déjà trouvé l’erreur. J’ai été soulagé d’apprendre que l’argent appartenait à quelqu’un qui participe aux réunions de la Parole de Vie dans ma propre paroisse. Heureusement, je n’avais pas succombé à ce moment de tentation. (Jose – Venezuela)

Lorenzo Russo

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VII, n.4, juillet-août 2021)

La joie parfaite

Chiara Lubich cite saint François et sa « joie parfaite » et nous invite à faire l’expérience, devant une douleur de renoncement, un détachement, une épreuve ou une maladie, la plénitude de la signification : « C’est toi, Seigneur, mon unique bien. » Saint François aimait passionnément son Seigneur. Un jour, il était en chemin vers Assise. C’était l’hiver et le froid très vif le faisait beaucoup souffrir. En chemin, il expliquait à frère Léon ce qu’était la « joie parfaite, l’allégresse parfaite » : Elle ne consistait pas à faire des miracles ou à ressusciter les morts ; ce n’était pas non plus prophétiser ou parler en langues ; c’était être prêt à recevoir les injures des frères du couvent vers lequel ils se dirigeaient, dans un bon esprit de charité, « car au-dessus de toutes les grâces et les dons de l’Esprit Saint, il y a celui de se vaincre soi-même et de supporter volontiers, pour l’amour du Christ, les peines, les injures et les incommodités ». C’était là, selon lui, « la joie parfaite ». Essayons, nous aussi. Quand nous nous apercevons que la souffrance approche (due à un renoncement, un détachement, une épreuve, une maladie), répétons avec saint François : « Là est la joie parfaite. » Cela revient à dire, en donnant aux mots leur pleine signification : « C’est toi, Seigneur, mon unique bien. » Voilà une réflexion exigeante et sans échappatoire, n’est-ce pas ? Pourtant, c’est en posant de tels actes que l’on peut progresser dans la vie, et même voler ; on peut ainsi laisser derrière soi un sillage de lumière et entraîner un grand nombre de personnes.

Chiara Lubich

  La joie parfaite, Téléréunion – Castel Gandolfo, 17 décembre 1998.

Alain Christnacht nommé superviseur indépendant pour le cas d’abus d’un     ex-membre consacré du Mouvement des Focolari

À propos du cas de violence sur mineurs de la part   de   J.M.M.,   ex-membre consacré, le Mouvement des Focolari a institué le 26 juillet 2021 un organe de surveillance, ayant fonction de superviseur indépendant (FSI) sur les enquêtes en cours menées par la société GCPS Consulting, commission indépendante mandatée par le Mouvement   des Focolari en décembre 2020. La présidente du Mouvement des Focolari, Margaret Karram et le co-président Jesús Morán ont nommé Alain Christnacht à la fonction de superviseur indépendant. Cet organe a été institué tout d’abord pour garantir les victimes ainsi que le déroulement correct des enquêtes de la société GCPS Consulting, à laquelle le Mouvement des Focolari renouvelle sa totale confiance et qui demeure le seul organe autorisé à mener l’enquête. Les personnes qui désireraient prendre contact avec le superviseur indépendant pour ce qui concerne l’enquête, peuvent le faire en écrivant à l’adresse courriel: superviseurac@gmail.com. D’ici décembre 2021, GCPS Consulting rédigera un rapport public qui exposera en détail les conclusions et les recommandations de la commission d’enquête. À cet égard, la surveillance du superviseur indépendant, extérieur au Mouvement des Focolari, représente une garantie supplémentaire pour les victimes et un soutien complémentaire à la recherche de la vérité. Qui est Alain Christnacht ? Alain Christnacht, Français, est un haut fonctionnaire de l’État ; il a rempli des fonctions au niveau national telles que préfet et conseiller d’État. Aujourd’hui, il est président du Samusocial de Paris, un groupement d’intérêt public qui vient en aide aux personnes sans domicile fixe. Il a été président ou administrateur d’organisations de la jeunesse ; depuis 2016 il préside une commission nationale indépendante d’expertise sur la pédophilie, composée de magistrats et de médecins, qui conseille la Conférence des évêques de France.

Stefania Tanesini             

Overshoot day : la Terre demande de l’aide

Overshoot day : la Terre demande de l’aide

Ce 29 juillet 2021 est le dernier jour de l’année en cours pour ce qui est de la disponibilité des ressources de la Terre à disposition des humains. Comment pouvons-nous lutter contre ce gaspillage ? Les jeunes du mouvement des Focolari ont lancé deux projets pour aider à la conversion écologique. Overshoot day (le Jour du Dépassement) est la date symbolique qui indique le moment où l’homme a consommé toutes les ressources que la Terre permet de régénérer en un an. Pour donner un exemple simple, imaginez que 100 nouveaux arbres poussent sur la terre en un an, mais que nous, les humains, abattons plus de 100 arbres chaque année. Le jour du dépassement signifie le jour où l’homme coupe l’arbre numéro 101. Cette année, Overshoot day (le Jour du Dépassement) tombe le 29 juillet. C’est vrai, d’ici la fin de l’année, nous allons consommer plus de ressources que nous pouvons nous le permettre. Et pourtant, je parie qu’aujourd’hui ne semble pas si différent d’hier. En lisant ces lignes, tu n’es pas inquiet, pas plus que les personnes que tu as rencontrées jusqu’à présent aujourd’hui n’ont semblé l’être, ni celles que tu rencontreras avant l’heure du coucher. Je veux que tu saches une seule chose : ce n’est pas de ta faute. Tu n’es pas une personne insensible ni indifférente à l’environnement ou à la planète. Tu n’es pas inquiet, car, comme moi, tu es habitué à ce genre de nouvelles concernant la crise climatique. Et quand on s’habitue à une chose, on cesse de la percevoir comme une urgence. Les informations sur la crise climatique font désormais partie de notre routine, de notre quotidien. Et il y a un risque que l’habitude d’en entendre parler nous fasse perdre la volonté de travailler pour changer les choses. Cela m’arrive aussi, à moi qui t’écris ces lignes. J’en suis navré. Cependant, j’ai de bonnes nouvelles. Tout le monde n’est pas désemparé face à cette actualité décourageante. Certains essaient d’agir pour changer les choses. Je parle, par exemple, des Jeunes du mouvement des Focolari, qui se mobilisent pour apporter leur contribution avec deux projets qui abordent la question de l’utilisation des ressources et de l’écologie. PATHWAYSLes hommes, la planète et notre conversion écologique Le premier projet, PATHWAYS – Les hommes, la planète et notre conversion écologique, est une campagne de sensibilisation et d’action programmée sur 6 ans, qui fait partie du projet Pathways for a United World. Au cours de l’année 2021-2022, les Juniors pour un Monde Uni, les Jeunes pour un Monde Uni et New Humanity, promoteurs de cette initiative, s’engageront dans des actions au niveau local et mondial, articulées autour des trois axes suivants: 1) Learn -Apprendre – étudier et s’informer, afin de fonder leurs actions. 2) Act – agir. 3) Share – partager leurs initiatives sur les réseaux sociaux avec le hashtag #daretocare. FAIM ZÉRO Le deuxième projet concerne les ressources alimentaires de notre planète. Depuis quelques années, les jeunes du mouvement des Focolari aident la FAO dans son engagement pour “Zero Hunger” (“Faim Zéro”), qui vise à réduire la faim dans le monde. Actuellement, une équipe internationale travaille à la coordination des activités au niveau mondial, mais sans oublier l’aspect local du problème, grâce à des activités et à des initiatives dans les divers territoires.

Luigi Muraca – Redazione Teens (Adolescents Editorial Staff)

 

Lima (Pérou) : à la rencontre des migrants

Lima (Pérou) : à la rencontre des migrants

De nombreux migrants vénézuéliens tentent chaque jour de rejoindre le Chili en passant par le Pérou. La solidarité de la communauté des Focolari de Lima : des gestes concrets grâce à la Providence qui ne se fait pas attendre. « Quelques gestes suffisent à sauver le monde », affirme l’écrivain et poète Edith Bruck. Et c’est ce que nous essayons de faire chaque jour, pour aider ceux qui sont dans le besoin, notamment les migrants vénézuéliens qui passent par le centre Juan Carlos Duque, en lien avec la communauté des Focolari de Lima, au Pérou. En route pour le Chili C’est une collaboratrice du Centre Juan Carlos Duque. Il y a quelques jours, elle a pu retrouver sa sœur : elles ne s’étaient pas vues depuis quatre ans ! Elle est en route pour le Chili avec son mari et son enfant, espérant traverser la frontière à travers le désert très froid. Nous avons pu leur donner une valise de vêtements chauds que nous avions reçus. De nombreux Vénézuéliens tentent, non sans risque, d’entrer au Chili pour rejoindre leurs proches. La solidarité entre ces personnes est remarquable, malgré les souffrances qu’elles vivent. C’est ainsi que nous pouvons vêtir Jésus Une autre collaboratrice du Centre Juan Carlos Duque nous a parlé d’un couple vénézuélien qui vit au Pérou depuis quatre ans et qui se trouve à Lima depuis presque trois mois. Ils n’ont qu’un matelas pour dormir, un couvre-lit qui n’est pas suffisant en raison du froid de l’hiver, et une petite cuisine qu’on leur a prêtée mais qu’ils doivent rendre. Ils ont besoin de draps, de vaisselle, de verres, de vêtements et d’une paire de chaussures numéro 44 ! À notre grande surprise, nous avons trouvé – parmi tout ce qui nous était arrivé – une paire de chaussures de pointure 44 ! Nous avons pu leur donner tout ce dont ils avaient besoin. Nous nous sommes dit : « Ainsi, nous pouvons vêtir Jésus pour qu’il ne souffre pas du froid… » Grâce également aux dons de l’UNCHR (agence des Nations unies pour les Réfugiés), nous avons pu aider cette famille. Vous pouvez imaginer sa joie : nous l’avons recontactée à peine 40 minutes après leur demande pour leur donner tout ce dont ils avaient besoin. Décès de Barbara, membre de notre équipe Coup de fil d’Arequipa : « Nous vivons un moment très difficile. Notre locataire et grande amie du Venezuela, Barbara, est décédée subitement. Elle allait bientôt avoir 29 ans. Nous sommes sous le choc. Ma mère, mon frère et moi avons immédiatement dit notre OUI à la volonté de Dieu, en cette circonstance très dure où il n’est pas facile de comprendre les plans de Dieu. Mais il s’agit compatir et de pouvoir transmettre la Miséricorde et l’Amour du Père à son frère et à ses cousins. Barbara était passée à notre bureau d’Arequipa quelques jours auparavant pour récupérer une couverture épaisse et un kit de cuisine, en provenance de l’UNCHR, et nous avions ajouté autre chose. Elle était très heureuse ! Nous sommes sûrs que désormais elle va continuer à nous aider de là-haut et ne pas nous laisser tomber. Et voilà que soudain retentit une fois de plus la cloche du Centre Juan Carlos Duque : c’est le HCR qui nous apporte beaucoup plus que ce que nous avions demandé pour nos migrants : 100 masques en tissu lavable ; 216 savonnettes ; 5 gros colis contenant 72 couvertures… le centuple !

Silvano Roggero

 

La famille, source d’avenir

Dans le contexte de l’actuelle situation sociale internationale, ces quelques réflexions sur la famille et son devoir être peuvent apparaître utopiques et ingénues. La culture de l’Occident, imprégnée d’individualisme, sépare en catégories les hommes et les femmes, et les considère comme des consommateurs dont elle doit stimuler les besoins. […] Dans un contexte culturel marqué par l’individualisme et la recherche du profit, la famille est devenue très fragile. Ce sont surtout les familles socialement marginalisées qui se disloquent. […] Face au grand mystère de la souffrance on est complètement déconcertés. La Bible nous présente une souffrance à son paroxysme, qui s’exprime par une interrogation, “ pourquoi ? ”, lancée vers le ciel. Dans le récit de la passion selon l’évangéliste Matthieu on lit : « Vers trois heures, Jésus cria d’une voix forte : ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ’ » (Mt 27, 46).  […] Dans son abandon, manifestation ultime et maximale de son amour, le Christ s’anéantit complètement et peut ouvrir aux hommes la voie de l’unité avec Dieu et entre eux. Son interrogation : “ Pourquoi ? ”, restée sans réponse, devient pour chaque homme la réponse à ce qui l’angoisse. L’homme angoissé, solitaire, raté, condamné ne lui ressemble-t-il pas ? Chaque division familiale ou entre groupes et peuples ne reproduit-elle pas ce qu’il a lui-même vécu ? Celui qui a perdu le sens de Dieu et de son dessein sur l’homme, celui qui ne croit plus à l’amour et accepte à sa place n’importe quel produit de remplacement, ne lui ressemble-t-il pas ? Il n’y a pas au monde de tragédie, il n’y a pas d’échecs familiaux qui ne trouvent un écho dans la nuit vécue par l’homme-Dieu. […] À travers le vide, le rien qu’est Jésus abandonné, les hommes ont été inondés de la grâce et de la vie de Dieu. Le Christ a refait l’unité entre Dieu et la Création, il a rétabli le projet, il a créé des hommes nouveaux et, en conséquence, des familles nouvelles. […] L’événement de la Passion et de l’abandon de l’Homme-Dieu peut devenir le point de référence et la source cachée qui permettent de transformer la mort en résurrection, les limites en chances pour aimer, les crises familiales en étapes de croissance. De quelle manière ? […] Mais si nous croyons que l’amour de Dieu est présent derrière la trame de nos existences, et si, forts de cette foi, nous savons reconnaître dans nos souffrances quotidiennes ou celles d’autrui, petites ou grandes, un aspect de la souffrance du Christ crucifié et abandonné, une participation à sa douleur qui a racheté le monde, alors il devient possible d’entrevoir le sens des situations même absurdes. […] Nous pouvons, pour prouver que c’est possible, proposer deux exemples emblématiques. Claudette, une jeune femme française, avec un petit garçon d’un an, est abandonnée par son mari. Le milieu fermé de province où elle a grandi l’induit à demander le divorce. Entre-temps, elle a fait la connaissance d’un couple qui lui parle d’un Dieu particulièrement proche de ceux qui souffrent : « Jésus t’aime, lui disent-ils, lui aussi a été trahi et abandonné. Il peut te donner la force d’aimer et de pardonner. » Peu à peu, le ressentiment s’atténue et son attitude change. Son mari en est touché, et lors de la première audience devant le juge, Claudette et Laurent posent l’un sur l’autre un regard nouveau. Ils acceptent un délai de réflexion de six mois. Les contacts entre eux se renouent et quand le juge les convoque pour prononcer le divorce, ils refusent et redescendent les escaliers du tribunal la main dans la main. La naissance de deux autres petites filles va consolider le bonheur de leur couple qui a de profondes racines dans la douleur. La deuxième expérience s’est passée ici en Suisse. Un jour, un fils de bonne famille avoue à ses parents qu’il est toxicomane. Tous leurs efforts pour le soigner sont vains. Désormais il a quitté le foyer familial. Des sentiments de culpabilité, de peur, d’impuissance, de honte envahissent ses pauvres parents. C’est la rencontre avec Jésus abandonné, dans cette plaie si fréquente de notre société. Ils étreignent Jésus abandonné dans leur souffrance et il leur semble comprendre intérieurement que l’amour vrai partage avec l’autre la réalité qui est la sienne. Ces parents s’engagent à soulager ces souffrances. Avec un groupe de familles, ils portent régulièrement des sandwiches aux jeunes du Platzspitz, à l’époque, l’enfer de la drogue de Zurich. Un jour, ils rencontrent leur fils en guenilles et épuisé. Grâce à l’aide d’autres familles et au terme d’un long cheminement, ils parviennent à le libérer de sa toxicomanie. […] Parfois les traumatismes guérissent, les familles se réunissent. Parfois, rien ne change extérieurement, mais la douleur est transcendée, l’angoisse est apaisée, la rupture dépassée ; parfois la souffrance physique ou spirituelle est latente, mais elle acquiert un sens dans l’union à la Passion du Christ qui continue à racheter et à sauver les familles et toute l’humanité. Alors le joug devient léger. La famille peut donc retrouver toute la splendeur du dessein originel du Créateur en puisant à la source de l’amour que le Christ a porté sur la terre.

Chiara Lubich

Extrait de Nuova Umanità, 21 [1999/5], 125, pp. 475-487

Première journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées

Le pape François a proclamé cette journée le 25 juillet pour souligner la vocation du troisième âge. « Préservez les racines, transmettez la foi aux jeunes et prenez soin des petits » dit François dans son message. Pour l’occasion, nous avons recueilli quelques expériences de grands-parents et petits-enfants qui témoignent de l’amour entre les générations. « Quand tout semble sombre, comme en ces mois de pandémie, le Seigneur continue d’envoyer des anges pour consoler notre solitude et nous répéter : ‘’Je suis avec toi tous les jours’’». Dans son message pour la première Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, qui sera célébrée le 25 juillet 2021, le Pape François a voulu donner un message d’espoir et de proximité aux grands-parents et aux personnes âgées du monde entier. Je voudrais que « chaque grand-père,  chaque homme âgé, chaque grand-mère, chaque femme âgée – surtout ceux d’entre nous qui sont les plus seuls – reçoive la visite d’un ange! » par l’intermédiaire d’un petit-enfant, d’un membre de la famille, d’un ami. Pendant cette période de pandémie, nous avons réalisé l’importance des câlins, des visites, des gestes d’amour. Des signes qui sont vécus quotidiennement entre grands-parents et petits-enfants ou avec des voisins âgés. Martin, par exemple, a 8 ans et est un Gen4 – les enfants des Focolari – qui vit en Uruguay. Il vit près d’une grand-mère âgée, qui cultive des fleurs dans son jardin. Certains enfants lancent parfois une balle dans son jardin, ce qui la met en colère, puis ils se moquent d’elle. Martin a pensé que cela ne se faisait pas et a donc décidé d’aider la dame. Il a pris une brouette et a enlevé les mauvaises herbes et les déchets du jardin. La dame l’a remercié et chaque fois qu’il l’aide, elle lui donne un peu d’argent, qu’il distribue aux pauvres. Nicola est le grand-père de huit petits-enfants. Un jour, il a été invité par un Gen4 à parler de la famille au catéchisme. En se rendant à la réunion, il se demande comment intéresser les enfants sur ce sujet. Alors qu’il marchait, son regard a été attiré par un nid tombé d’une branche et qui avait été abandonné. Il le ramasse et l’amène au catéchisme. Quelle bonne idée, maintenant il explique comment naît un nid mais aussi comment naît une famille. Chacun a quelque chose à ajouter et l’heure de catéchisme passe trop vite. Rosaria a 70 ans et est une grand-mère très dévouée à ses petits-enfants ainsi qu’aux Gen4 de sa communauté locale. « J’ai toujours l’impression de faire très peu, dit-elle, mais je remarque que quelque chose se passe, qu’ils vivent des expériences auxquelles je ne m’attends pas. Par exemple, Tommaso a été griffé au visage par une fille à l’école. Lorsque l’enseignante l’a remarqué, elle lui a demandé pourquoi il ne lui avait rien dit. Il a répondu en excusant sa copine, en disant qu’elle ne l’avait pas fait exprès. Lorsque l’enseignante l’a dit aux parents, ils ont été positivement étonnés car un tel comportement de leur fils ne s’était jamais produit auparavant ». Grand-mère Rosaria a un secret : elle prie chaque jour pour tous les Gen4 et pour tous les enfants du monde. « Je pense que c’est la chose la plus importante ». La grand-mère Mary de New York raconte à Living city (la revue Nouvelle Cité en anglais): « Il y a quelques années, avant Noël, notre petite-fille Cecilia, alors âgée de 11 ans, est rentrée de l’école avec un sac rempli de cadeaux avec l’argent que sa mère lui avait donné. Elle était si heureuse lorsqu’elle nous a montré ce qu’elle avait acheté pour quelques amis et quelques membres de sa famille. Je me suis émerveillée de l’amour avec lequel elle avait choisi ces cadeaux ! J’ai commencé à lui raconter comment était mon Noël lorsque j’étais enfant et que je vivais aux Philippines. Nous étions assez pauvres. Après la messe de minuit, nous étions allés chez nos voisins pour dîner ensemble. Nous avions chacun reçu une délicieuse pomme rouge comme cadeau de Noël. C’était quelque chose de très spécial » ! Cecilia en m’entendant s’est exclamée: « Vraiment ? Une délicieuse pomme rouge!? » « Oui », ai-je dit, « une délicieuse pomme rouge » ! Et dès que son père est rentré, elle lui a dit : « Tu sais ce que grand-mère a eu pour Noël ? Une délicieuse pomme rouge ! » Le jour de Noël, nous avons fait la fête dans notre maison à New York avec certains de nos enfants et leurs familles. Ma belle-fille a apporté un panier marqué : « Joyeuses fêtes! » contenant une douzaine de pommes, en disant : « Cecilia m’a appelée et m’a demandé : « Pourrais-tu acheter 12 pommes pour grand-mère, pour qu’elle n’en ait pas qu’une, mais 12 pour Noël ? » Quel cadeau de Noël ! Nous avons découvert à maintes reprises que nous n’avons pas besoin de beaucoup de cadeaux pour aimer Dieu et les autres à Noël. Parfois, une pomme rouge délicieuse suffit.

Lorenzo Russo

Message vidéo du Pape pour la première Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées https://youtu.be/1qhzDGFl-6w  

Vivre l’Évangile : s’ancrer en Dieu

Tout comme l’ancre qui s’accroche au fond de la mer assure la sécurité des marins, c’est l’espérance qui nous maintient fermement en Dieu et renforce notre foi. Cours de français Lycée, cours de français… la professeure ne venait pas. Nous étions deux classes réunies, nous ne nous connaissions pas et cette attente nous mettait mal à l’aise. C’est alors que, surmontant la peur d’être jugé ou de faire l’objet de moqueries, j’ai pris l’initiative de partager avec mes camarades de classe quelques feuilles de poèmes en français, une langue que je maîtrise assez bien. Puis j’ai commencé à écrire le “Notre Père” sur le tableau noir, toujours en français. Pendant ce temps, les autres ont commencé à copier le texte. Je venais juste de finir d’écrire lorsque la professeure est entrée et, voyant les élèves travailler en silence, elle a été surprise et presque émue, ce qui l’a poussée à attribuer un A – la meilleure note – à toute la classe. (Ralf – Roumanie) Suicide d’un fils Luca avait 19 ans et était trop sensible. Le mal qui semble parfois régner dans le monde, il avait du mal à l’accepter. Lorsqu’il s’est suicidé, seuls l’ancrage en Dieu et le soutien d’une communauté ont apporté réconfort et espoir à notre famille. En tant que couple notre relation a franchi un cap. Notre autre fils, Enrico, a également réagi en se rendant utile aux autres et travaille aujourd’hui dans une communauté pour jeunes inadaptés. Bien sûr, avec le temps, nous ressentons l’absence de Luca, mais un fait nous a donné de la force. Un de nos amis nous a parlé d’un jeune homme atteint d’un cancer : fatigué de tout, il refusait la chimiothérapie et préférait se laisser mourir. Il lui a parlé de Luca, qui avait fréquenté le même institut que lui, et de la façon dont sa mort tragique avait “réveillé” de nombreuses personnes pour qu’elles soient plus sensibles aux autres, et ce jeune homme a fini par accepter de reprendre son traitement. Cet épisode nous a fait comprendre que la vie continue et nous a incités à être forts et à semer l’espoir chez ceux que nous rencontrons. (Maurizio – Italie) Mon ambition Comme j’avais travaillé pendant des années dans un groupe de musique à succès et que ma famille s’était agrandie, j’ai trouvé un emploi dans une agence culturelle qui organisait des concerts. Mais avec la pandémie qui fait rage, beaucoup de choses ont changé pour moi aussi : peu de contrats, peu de spectacles. Avec un avenir de plus en plus incertain, je me suis demandé comment je pourrais m’en sortir. Je reçois un coup de téléphone d’une personne que j’avais rencontrée parce qu’elle m’avait aidé à décharger et à charger des instruments : elle voulait savoir comment ça allait pour moi, si j’avais besoin de travail, car dans le supermarché où elle travaillait, il y avait un manque de personnel. J’ai accepté. Je suis donc passé de la gestion des orchestres philharmoniques à l’aide aux personnes âgées qui cherchent le rayon où se trouvent des œufs ou du vinaigre… La grande leçon de la pandémie a été précisément celle-ci : l’amour passe par de petits gestes silencieux, et non par des proclamations assourdissantes. Dans ma jeunesse, ma véritable ambition était de devenir riche… maintenant, je le suis à un autre niveau : j’ai découvert une dimension plus vraie et plus belle de l’humanité. (T. M. – République Tchèque)

Textes choisis par Lorenzo Russo

(Extraits de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VII, n°4, juillet-août 2021)  

Bangui, en Centrafrique : une école pour changer l’avenir

Bangui, en Centrafrique : une école pour changer l’avenir

Une école fondée par des membres des Focolari a vu le jour dans les faubourgs de la capitale de la République Centrafricaine. Elle accueille plus de 500 enfants, dont beaucoup doivent rattraper les années scolaires perdues après les longues périodes de guerre. Nous sommes à Bangui, capitale de la République Centrafricaine, un État enclavé situé à l’intérieur et au centre du continent africain. La capitale est située au sud-ouest, dans une zone frontalière avec la République Démocratique du Congo. Il y a quatre ans, une école maternelle et primaire, appelée Sainte Claire, a vu le jour dans une banlieue de Bangui. Elle compte actuellement 514 élèves. Elle a été fondée à la suite de l’appel lancé par le Pape François et Maria Voce, Présidente des Focolari à l’époque : aller à la rencontre des besoins des gens, notamment dans les périphéries. « Pour nous, le besoin le plus urgent était l’éducation », explique Bernadine, membre des Focolari et directrice de l’école Sainte Claire. « Après de nombreuses années de guerre, beaucoup d’enfants avaient perdu plusieurs années d’école. Nous pouvions donc les aider à rattraper leur retard pour atteindre le niveau de leurs pairs ». Située dans un quartier de banlieue, l’école a immédiatement accueilli de nombreux enfants nés dans des familles qui avaient fui la ville, où la guerre avait détruit leurs maisons. « Ils viennent ici pour renaître, pour commencer une nouvelle vie ». L’école Sainte Claire est catholique ; elle a été fondé par des membres du mouvement des Focolari ; elle cherche à transmettre des enseignements basés sur la culture de l’Unité. La directrice explique : « chaque journée commence par les prières du matin ; puis nous lançons le dé de l’amour sur lequel on peut lire de courtes phrases pour bien vivre la journée. Le lendemain, avant de relancer le dé, nous partageons les expériences de la veille. Certains ont aidé leur mère à faire la vaisselle, d’autres ont fait la paix avec un ami après une dispute, … ». Actuellement, la guerre dans le pays est interrompue et la situation politique est plus calme. Cependant, de nombreuses conséquences ont encore un impact sur la population, notamment le couvre-feu de 20 heures à 5 heures du matin. Il y a aussi de nombreuses complications liées à des facteurs économiques et sociaux. Bernadine explique : « Il y a quelques jours, par exemple, une forte pluie a endommagé les câbles électriques. Depuis, nous n’avons que 2 ou 3 heures par jour d’électricité. Cela change beaucoup la vie des gens : à commencer par la nourriture qui ne peut être conservée. Sans parler de tous ceux qui travaillent avec l’électricité : ils ne peuvent pas exercer leurs activités pendant plusieurs jours ! » Puis s’est surajoutée la pandémie. En 2020, l’institut Sainte Claire a dû terminer l’année en mars au lieu de juin, ce qui a eu un impact majeur sur l’éducation des élèves, qui se sont une fois de plus retrouvés sans école. Mais les conséquences économiques pour l’ensemble du pays ont également été dures : les frontières ont été fermées et la République Centrafricaine, qui n’a pas d’accès à la mer, a eu des difficultés à livrer les marchandises en provenance de l’étranger. Les prix ont fortement augmenté. Cependant, malgré les difficultés du moment, les activités de l’école ont repris et se poursuivent : « pendant la Semaine Monde Uni de cette année (du 1er au 9 mai), les enfants ont participé à l’aménagement d’un terrain de sport, en semant l’herbe, afin qu’ils puissent faire du sport ensemble dans quelques mois ». L’éducation ne s’arrête donc pas, elle continue même au milieu des difficultés : elle permet encore de planter de nouvelles graines d’espoir pour un avenir meilleur.

Di Laura Salerno

Travail à deux

C’est un travail à deux en parfaite communion, qui exige de nous une grande foi dans l’amour de Dieu pour ses enfants. Cette confiance réciproque opère des miracles. Nous verrons que, là où nous ne sommes pas arrivés, est vraiment arrivé un Autre, qui a fait infiniment mieux que nous. Comme il est sage de passer le temps qui nous reste, à vivre à la perfection la volonté de Dieu dans le moment présent ! Parfois, cependant, nous sommes assaillis par de graves préoccupations. Elles peuvent concerner le passé aussi bien que l’avenir, le présent, des lieux, des circonstances ou des personnes et nous ne pouvons nous y consacrer directement. Il nous en coûte alors de garder le cap choisi, de nous maintenir sur le chemin que Dieu désire de nous dans l’instant présent. Aussi, pour vivre à la perfection, il faut de la volonté, de la décision, mais surtout une confiance en Dieu qui peut aller jusqu’à l’héroïsme. « Je ne peux rien faire dans ce cas, pour cette personne chère qui est en danger ou malade, pour dénouer cette situation impossible… Eh bien, je ferai ce que Dieu désire de moi en cet instant : étudier le mieux possible, balayer ma chambre, prier, bien m’occuper de mes enfants… C’est Dieu qui veillera à démêler cette affaire, à réconforter celui qui souffre, à trouver une solution à l’imprévu. » Ce travail à deux, réalisé en parfaite communion, nous demande une grande foi dans l’amour de Dieu pour ses enfants et permet à Dieu d’avoir confiance en nous pour nos actions. Une telle confiance réciproque fait des miracles. Là où nous ne pouvons agir, un Autre agit véritablement, qui fait immensément mieux que nous. L’acte héroïque de confiance sera récompensé. Notre vie, limitée à un seul domaine, acquerra une nouvelle dimension. Nous serons au contact de l’infini, auquel nous aspirons, et la foi renforcera avec vigueur l’amour en nous. Nous ne nous souviendrons plus de ce que signifie la solitude. Avec évidence, nous ferons l’expérience que nous sommes réellement enfants d’un Dieu-Père qui peut tout.

Chiara Lubich

Extrait de : Chiara Lubich, Pensée et Spiritualité, Nouvelle Cité 2003 p. 108-109.  

Manaus, Brésil : la pastorale du peuple de la rue

Manaus, Brésil : la pastorale du peuple de la rue

L’expérience du focolare de Manaus dans l’aide aux sans-abri. Une manière d’être l’Église qui sort et va vers les périphéries existentielles pour chercher les plus nécessiteux. Il y a quelques mois, un focolarino du focolare de Manaus, au Brésil, a ressenti le désir de faire quelque chose pour aider les personnes en difficulté. Il a donc pris contact avec divers prêtres et religieuses pour se rendre disponible. Après environ un mois, la possibilité s’est présentée de donner un coup de main pour la « pastorale des gens de la rue », c’est-à-dire d’aider les sans-abri. Tout le focolare était impliqué :  Renzo, Daniel, Francisco, Valdir et Junior. Tous les dimanches soirs, sur la place de l’église « Nossa Senhora dos Remedios », dans le centre historique de la ville, un de ces endroits très fréquentés le jour et très dangereux la nuit, nous aidons à la courte Célébration de la Parole, puis nous donnons un repas aux sans-abri et nous restons avec eux pour les écouter. Ils prient avec nous et partagent ce qu’ils vivent pendant la semaine. Quelques volontaires leur donnent un repas et partent rapidement. Les sans-abri nous reconnaissent et nous remercient car pour eux, être ensemble, prier, parler, partager leur vie, être écoutés rassasie leur âme autant que les repas rassasient leur ventre. Ils nous l’ont dit plusieurs fois. Notre présence est dictée par l’amour, en étant toujours disponible pour échanger quelques mots et créer des relations avec tout le monde, y compris avec l’équipe pastorale. Mais tout cela n’est pas suffisant. Ainsi, chaque vendredi après-midi, nous proposons d’aider les sans-abri en leur offrant la possibilité de prendre une douche ou de changer de vêtements, donnés par des personnes généreuses. Nous avons également impliqué la Communauté des Focolari pour récolter des vêtements, des chaussures, des pantoufles… et c’est formidable de voir la sensibilité envers cette action et de recevoir des échos très positifs chaque fois que nous communiquons cette expérience : beaucoup nous encouragent à continuer ou en venant nous aider. Avec le lockdown de la covid, malheureusement, les diverses activités d’aide aux plus démunis se sont interrompues. Nous nous sommes donc réunis en ligne pour déterminer ce qu’il fallait faire. L’Archevêque Leonardo Steiner, également présent, a été frappé par la situation et a fait don d’une somme d’argent pour continuer à offrir un repas par jour, pendant 20 jours, à deux cents personnes, réparties sur deux grandes places du centre historique. Certes, travailler pendant deux ou trois heures avec tous les équipements de sécurité nécessaires et la chaleur de Manaus est laborieux, mais c’est aussi une manière concrète d’aller aux périphéries existentielles, de chercher les plus nécessiteux, les plus aimés du Père, en offrant la douleur de pouvoir faire si peu face à ces Jésus abandonnés avec tant de besoins et nous qui ne pouvons pas faire plus pour eux, sinon donner un sourire, une écoute, notre amour. La Providence ne manque donc pas : les autorités du Ministère Public (du travail) nous ont cherchés pour nous donner de l’argent et des ressources afin de garantir trois cents repas pendant 15 jours supplémentaires. Cela signifie plus de travail pour nous, les volontaires, mais on ne peut pas dire non à une telle providence et nous croyons alors que Dieu se manifestera pour nous donner de l’énergie, de la santé ou d’autres volontaires pour nous aider.  

Les focolarini du focolare de Manaus

Grands-parents et petits-enfants : comment transmettre les valeurs de la vie ?

Grands-parents et petits-enfants : comment transmettre les valeurs de la vie ?

La première Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, convoquée par le pape François, aura lieu le 25 juillet 2021. Les grands-parents Sarah et Declan O’Brien nous racontent comment ils vivent leur dialogue avec des petits-enfants qui n’ont jamais connu Dieu. J’ai été profondément influencée dans mon cheminement de foi par mon grand-père. Il venait d’une famille irlandaise traditionnelle qui s’était installée dans le Yorkshire à la fin des années 1800. Par son travail acharné et sa nature honnête, il finit par devenir un homme d’affaires respecté et prospère à Bradford. Il était avant tout un homme de Dieu et aimait l’Église mais il ne parlait pas beaucoup de ces choses. Ce que j’ai remarqué en lui, c’est son amour pour chaque personne et sa tendresse pour moi, sa petite-fille. Son mode de vie a eu un grand effet sur moi et a grandement influencé les décisions que j’ai prises ensuite. Maintenant, mon mari Declan et moi sommes grands-parents ! Les parents de nos quatre petits-enfants ont choisi de ne pas éduquer leurs enfants dans leur foi en Dieu. Nous respectons leurs décisions et nous essayons de découvrir de nouvelles façons de transmettre les valeurs de la foi proposées avec créativité, détente et amour. L’une de ces façons est de passer du temps avec nos petits-enfants là où ils vivent à Paris. Le Pape François dit : « Le temps est plus important que l’espace ». Comme nos quatre petits-enfants vivent à l’étranger, le temps que nous passons avec eux est encore plus important. Dans ce temps passé ensemble, nous essayons d’aimer nos petits-enfants avec patience, tendresse, gentillesse, miséricorde et pardon. Nous faisons également l’expérience de leur amour et de leur miséricorde. Bien sûr, nous sommes loin d’être parfaits et nous commettons de nombreuses erreurs en cours de route et dans la vie familiale, nous ne pouvons pas nous cacher derrière un masque. Nos petits-enfants peuvent voir notre authenticité ou notre manque d’authenticité. Lorsque nous leur rendons visite, nous nous asseyons ensemble autour de la table pour le dîner. Parfois, notre fils, une personne qui nous impressionne par son amour envers chacun, se lance dans des discussions litigieuses avec nous. Nos petits-enfants peuvent voir comment nous réagissons à ces situations, si nous essayons simplement de marquer des points sur l’autre ou si nous essayons d’avoir un vrai dialogue. Souvent, nous n’y parvenons pas, mais lorsque nous essayons de nous mettre à la place de notre fils, en l’écoutant attentivement, en lui pardonnant certaines remarques scandaleuses, en lui versant un verre d’eau, en apportant un éclairage positif à la discussion, lorsque nous y parvenons et que nos actions sont inspirées par l’amour, nous espérons que nos petits-enfants le remarquent. Une deuxième façon de transmettre notre foi est de partager des choses importantes avec nos petits-enfants. Passer du temps avec eux nous permet, le moment venu, de leur parler avec « simplicité et affection des choses importantes ». (Amoris Laetitia 260). Nous essayons d’avoir le courage de dire ce qui est vraiment important pour eux. Et eux aussi peuvent nous dire des choses importantes, si nous sommes là pour les écouter. Nous arrivons ainsi à vivre de courts dialogues avec eux, comme entre amis. « Pas de longs sermons, quelques paroles suffisent », précise Chiara Lubich, fondatrice des Focolari. Une troisième voie est la prière. Nous ne sommes pas en mesure de prier avec nos petits-enfants mais nous pouvons bien sûr prier pour eux. Et lorsque nous nous promenons ensemble, nous pouvons parfois visiter une église. Une fois, nous sommes tombés sur une adoration eucharistique où ils ont reçu la bénédiction. Nous avons savouré avec eux le silence en étant dans l’église. Ils remarquent que nous allons à la messe et ont parfois demandé à venir avec nous. Nos petits-enfants ne lisent pas d’histoires bibliques mais à Noël, nous avons reçu un magnifique livre pop-up pour enfants et je leur ai lu l’histoire de Noël qu’ils n’avaient jamais entendue. Peut-être que la seule Bible qu’ils peuvent lire passe à travers nous. Notre espérance, notre joie, notre amour peuvent être leur bonne nouvelle, « afin qu’elle éclaire le chemin », comme l’a écrit le Pape François dans Amoris Laetitia (290).

Sarah et Declan O’Brien

Publié d’abord dans Living City et partagé lors de la Rencontre Mondiale des Familles en 2018 à Dublin.

L’Évangile vécu : la miséricorde du Père

«  Dans la foi, l’homme montre clairement qu’il ne compte pas sur lui-même mais qu’il se confie à Celui qui est plus fort que lui », écrit Chiara Lubich en méditant un passage de l’Évangile. Les moments d’obscurité, d’apathie, les souvenirs douloureux peuvent devenir des occasions d’approfondir notre relation avec Dieu, de manifester notre confiance en Lui, même dans les difficultés. Le besoin d’un père Avec des parents séparés depuis l’âge de trois ans, j’ai eu une vie marquée par l’absence d’un père. Introverti et rebelle, je m’en prenais à tout le monde ; je ne savais pas vers qui me tourner pour parler de ce qui me préoccupait, j’avais l’impression que même ma mère ne me comprenait plus. J’avais 15 ans lorsque mon enseignante de religion, sans me faire de sermon, m’a mis en contact avec un groupe de jeunes gens engagés. J’ai commencé à participer à certaines de leurs initiatives en faveur des enfants des quartiers pauvres. Je m’entendais si bien avec eux que je ne les ai plus jamais quittés. Une expérience de quelques mois à O’Higgins, la cité pilote des Focolari en Argentine, m’a ouvert de nouveaux horizons, un but pour lequel vivre : contribuer à rendre le monde plus beau. La proposition d’aimer tout le monde a lentement fait naître en moi une pensée : « Et papa ? Que fait-il maintenant ? Lui aurai-je manqué, après tant d’années de silence ? » Je n’étais pas tranquille jusqu’à ce que j’aille le chercher dans notre ancienne maison. Il a failli ne pas me reconnaître. Il était âgé, un homme fatigué. Nous nous sommes regardés dans les yeux, le passé était derrière nous. (Luis – Argentine) Je suis tombée amoureuse Auteure-compositrice-interprète sans succès, j’étais plongée dans une apathie totale. Au cours de cette période noire, j’ai renié tout ce en quoi je croyais. Je considérais Dieu comme un boulet pour moi en tant que musicienne et en tant que femme, alors je m’en suis débarrassée en vivant comme s’il n’existait pas. Jusqu’à ce que je reçoive un appel téléphonique de Carmine, un ami acteur qui avait besoin de ma collaboration pour une pièce de théâtre sur laquelle il travaillait. Alors qu’il partait pour Bologne, il m’a convaincue de prendre le train avec lui pour en parler pendant le voyage. Mais je l’ai inondé de toute mon histoire : je voulais m’ouvrir le cœur, et il m’a si bien écoutée. Et puis… je lui ai dit que j’étais en train de tomber amoureuse de lui. Nous avons travaillé ensemble cette année-là. J’ai écrit la musique et lui s’est occupé de l’enregistrement. Puis, tout d’un coup, Carmine est tombé malade. Avec la peur de le perdre, je me suis retrouvée face à face avec le Dieu que je faisais semblant d’ignorer. Mais maintenant, je ne le sentais plus comme un étranger. L’amour avait adouci mon cœur et cette douleur l’a irrigué, lui a donné toute cette fécondité que je chantais dans mes chansons. (Chiara – Italie) Libérée d’un poids Une offense m’avait été affligée quelques années auparavant, puis oubliée et m’était revenue à l’esprit en rencontrant longtemps après la personne « coupable ». Je ne me souvenais pas tellement de cet homme, mais plutôt de mon mari qui ne m’avait pas défendue. Les sentiments de blessure et d’humiliation étaient encore bien vivants sous les cendres et je n’ai pas pu retenir mon emportement à son égard. Puis une pensée, « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». J’ai eu l’impression que Jésus me disait : « Comment voudrais-tu me donner tout ce que tu as si tu es encore plein de ces souvenirs douloureux ? ». Des mots forts, mais vrais. Finalement, Dieu, par sa grâce, m’a aidée à faire le pas du pardon. La miséricorde du Père m’a libérée de ce poids. (Bernadette – Suisse)

Lorenzo Russo

(extrait de « Il Vangelo del Giorno », Città Nuova, année VII, n.4, juillet-août 2021)

Le harpiste paraguayen

Le harpiste paraguayen

Sa mélodie égayait le salon de l’aéroport dans l’indifférence des voyageurs. Un jeu de regards et de sourires. Mystère des bonnes relations, capables de susciter la réciprocité. Petits gestes qui te permettent de partager quelque chose avec l’autre et de sentir que tu fais partie d’une même humanité. Je revenais au Paraguay après tant d’années passées en Europe. L’avion commençait sa descente pour l’atterrissage et j’apercevais la terre rouge et verte, si typique. L’aéroport international, Silvio Pettirossi, n’avait pas beaucoup changé. En sortant de l’avion, la chaleur suffocante m’a rappelé des souvenirs lointains et affectueux. Au lieu de me sentir asphyxié, je la savourais comme une étreinte chaleureuse de la part des nombreuses personnes chères que j’allais trouver. Alors que j’attendais la sortie de mes bagages dans le grand hall des départs et arrivées, dans la zone de récupération des bagages, où se pressent les boutiques hors taxes et un bar, mes oreilles étaient envahies par les merveilleuses notes d’une harpe paraguayenne. Mes yeux recherchaient l’origine de la mélodie. Le harpiste paraguayen était là, assis devant le bar, enlacé par son grand instrument de musique, un homme au visage serein et aux traits indigènes. Sa musique se répandait dans le hall, l’inondant d’harmonies et des notes joyeuses d’une polka paraguayenne. J’étais frappé par sa discrétion et l’indifférence des gens, comme s’ils étaient habitués à sa musique, comme s’il faisait partie du décor, comme le bar, les magasins ou la zone de retrait des bagages. L’homme semblait résigné à toucher de si belles notes, sans que personne – apparemment – ne remarque sa présence. Je fouillais instinctivement mes poches et je me suis souvenu que j’avais mis de côté cinq dollars pour un pourboire à donner à celui qui se proposerait (généralement des garçons) à porter ma valise jusqu’à la voiture qui venait me chercher. Je me suis approché discrètement du harpiste, je l’ai regardé avec reconnaissance et j’ai laissé les cinq dollars dans le chapeau à ses pieds, craignant de heurter sa sensibilité, sachant que sa musique valait bien plus. C’était un geste simple, mais j’ai mis l’intention de le remercier et de reconnaître son talent, même au nom de ceux qui ne le remarquaient pas. J’ai passé trois semaines inoubliables, pleines de rencontres avec des personnes que j’aime ; je me suis retrouvé dans la même chambre à l’aéroport, en attendant de prendre l’avion qui me ramenait à Montevideo où je vis. Je saluais mes amis à travers la vitre, ils agitaient leurs mains quand mes oreilles ont été surprises par les notes de la cumparsita ! Le tango devenu célèbre grâce à la voix incomparable de Carlos Gardel. Mais que se passait-il ? Nous étions au Paraguay, où l’on joue et on écoute la musique paraguayenne. D’où venaient les notes de ce tango ? Mes yeux cherchaient, mon cœur palpitait. C’était lui, assis devant le bar, avec son inséparable harpe, me regardant avec un sourire complice, comme pour dire : « Ma surprise t’a plu ? ». J’ai répondu par un autre sourire complice: « Que j’en étais ravi » ; mais mon regard interrogateur lui demandait comment il avait réussi à me reconnaître parmi tant de voyageurs circulant dans ce hall et comment il avait deviné que j’étais argentin ! Ce sont les mystères des bonnes relations, capables de provoquer la réciprocité. Ce ne sont que de petits gestes qui te permettent de partager quelque chose avec l’autre et de sentir que tu fais partie d’une même humanité. Depuis lors, chaque fois qu’il me voyait arriver dans le hall des arrivées et des départs, dans la zone des bagages et des boutiques hors taxes …, il arrêtait sa polka et commençait à jouer un tango différent, dédié à son ami argentin.

Gustavo E. Clariá

Ce que tu cherches existe

En juin 1944, Chiara Lubich se retrouve seule à Trente après que sa famille a été évacuée dans les montagnes de Trente, suite au bombardement du 13 mai 1944 qui a dévasté leur maison. Chiara est restée dans la ville pour suivre les jeunes qui ont suivi son idéal. Les lettres de cette période sont le premier lien dans la communauté naissante du Mouvement. Ma petite sœur dans l’immense Amour de Dieu, Écoute, je t’en prie, la voix de mon cœur ! Comme moi, tu as été éblouie par la luminosité incandescente d’un Idéal qui va au-delà de tout et embrasse tout : L’Amour infini de Dieu ! Oh, petite sœur, c’est lui mon Dieu et ton Dieu, c’est lui qui a établi entre nous un lien plus fort que la mort, un lien que rien ne pourra jamais briser : un comme l’esprit, immense, infini, tout douceur, tenace, immortel comme l’Amour de Dieu. C’est l’Amour qui nous rend sœurs ! C’est l’Amour qui nous a appelées à l’Amour ! C’est l’Amour qui a parlé au plus profond de nos cœurs en nous disant : « Regarde autour de toi : tout passe en ce monde. Chaque jour a son soir et le couchant arrive si vite ! Ne désespère pas pourtant. C’est vrai, tout passe, parce que rien de ce que tu vois ou de ce que tu aimes ne t’est destiné pour l’éternité ! Tout passe et ne laisse que regret et nouvel espoir ! » Pourtant ne désespère pas ! Écoute ce que te dit ton Espérance constante, qui va au-delà des frontières de la vie : « Oui, ce que tu cherches existe : il y a dans ton cœur un désir infini et immortel, une Espérance qui ne meurt pas, une foi qui brise les ténèbres de la mort et qui est lumière pour ceux qui croient. Ce n’est pas pour rien que tu espères, que tu crois ! Ce n’est pas pour rien ! » Tu espères, tu crois – pour Aimer. Voilà ton avenir, ton présent, ton passé. Tout se résume en ce mot : l’Amour ! Tu as toujours aimé. La vie est une quête continuelle de désirs amoureux qui naissent au fond du cœur ! Tu as toujours aimé ! Mais tu as aimé bien trop mal ! Tu as aimé ce qui meurt, ce qui est vain et, dans ton cœur, seule la vanité est restée. Aime ce qui ne meurt pas ! Aime celui qui est l’Amour ! Aime celui qui, au soir de ta vie, ne verra que ton cœur. Tu seras seule avec lui à ce moment-là. Terriblement malheureux sera celui dont le cœur est plein de vanité, immensément heureux celui dont le cœur sera plein de l’Amour infini de Dieu ! […]

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, Ce que tu cherches existe, juin 1944, in Lettres des premiers temps, Nouvelle Cité 2010, p. 51-53)  

Évangile vécu : donnez et il vous sera donné

Aider notre prochain sans rien attendre en retour mais le faire avec foi. Cela nous permet aussi d’apporter le salut, en « caressant » avec tendresse ceux qui sont à leur tour dans la souffrance, dans le besoin, dans l’obscurité, dans l’égarement. « Donnez… » Ma grand-mère avait été particulièrement généreuse en me donnant une somme importante pour mes dépenses. J’avais déjà fait mes calculs sur l’utilisation de cet argent, quand un ami m’a parlé des problèmes de sa famille : le père était au chômage, ils en étaient réduits à ne prendre qu’un seul repas par jour. Plus tard, lorsque je l’ai quitté, emportant sa douleur sur le chemin du retour, des expériences me sont revenues à l’esprit que j’avais lues dans un livre qui traînait à la maison. Certaines paroles de l’Évangile auxquelles je n’avais jamais prêté attention, ou plutôt, que je n’avais jamais prises au sérieux : « Donnez et on vous donnera » (Lc 6,38). Quels mots étranges, m’étais-je dit ! La personne qui les a prononcés ne pouvait être qu’un fou… ou un Dieu ! Ce mot « donner » me martelait. Le lendemain soir, je suis allé voir mon ami et je lui ai laissé tout ce que j’avais dans mon portefeuille. Il était surpris et heureux, je ressentais une joie irrépressible. Et cela ne s’est pas arrêté là. Quelques jours plus tard, j’ai reçu un appel téléphonique inattendu d’une importante revue : ils avaient accepté de publier certains de mes écrits pour lesquels ils parlaient d’une juste compensation. (Vincenzo – Italie) À l’hôpital Une patiente très âgée divaguait et tenait des discours absurdes. Compte tenu de son âge et de son état de santé, entre collègues nous avons convenu de lui faire sentir davantage notre présence ; un matin j’ai déposé un bonjour sur sa table de nuit en notre nom. Quand je suis allé la voir pour un contrôle de routine, je l’ai trouvée sereine. Elle m’a dit : « Mon enfant, j’ai senti cette nuit que la mort était proche et j’ai pensé que j’emporterais toute ma méchanceté avec moi » ; elle prend ma main : « je te le demande à toi et à vous tous de me pardonner parce que vous ne m’avez jamais jugée ». C’était une autre personne ! Cette dame âgée nous a aidés à mieux vivre notre service. (K.V. – Hongrie) Projet « Baluchon » Alors que la pandémie faisait rage, des travailleurs saisonniers d’un grand centre agricole perdaient leur emploi. Lorsque nous avons appris cette nouvelle, nous avons lancé, avec quelques amis de Californie du Sud (USA), un projet appelé « Baluchon » qui consistait à collecter des vêtements, des livres, des jeux de société, des petits appareils électroménagers et d’autres objets utiles qui, une fois redistribués aux familles pénalisées, permettraient d’alléger certaines dépenses et d’atténuer les difficultés imposées par les circonstances. Cette initiative de partage vécue avec beaucoup d’enthousiasme a non seulement impliqué notre communauté, mais aussi des collègues de travail et d’autres personnes qui nous connaissent. En trois jours, nous avons pu remplir une camionnette d’objets collectés et les livrer aux communautés de Californie centrale. En retour, nous avons reçu une boîte de cerises que nous avons à nouveau distribuée à nos amis et voisins. L’expérience que nous avons vécue nous a galvanisés et nous a rendus heureux. Nous avons vu se réaliser « donnez et on vous donnera » de l’Évangile. (G.S. – USA)

Recueilli par Lorenzo Russo

  (tiré de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, anno VII, n.4, luglio-agosto 2021)

Délégation de l’Église luthérienne en visite au Centre des Focolari

Délégation de l’Église luthérienne en visite au Centre des Focolari

La rencontre avec la Présidente Margaret Karram et le Coprésident Jesús Morán a été l’occasion de faire connaissance et de partager l’engagement commun en faveur de l’unité. Samedi 26 juin, une délégation de l’Église luthérienne allemande a visité le Centre international des Focolari à Rocca di Papa, en Italie. Accueillis par la Présidente des Focolari, Margaret Karram, et le Coprésident, Jesús Morán, les membres de la délégation ont également rencontré le Centre « Un » pour l’unité des chrétiens et quelques membres du Conseil général du Mouvement. La délégation comprenait l’Évêque Frank-Otfried July, Président de la section allemande de la Fédération Luthérienne Mondiale (DKN/FLM), les Évêques Ralf Meister et Karl-Hinrich Manzke, respectivement Président et responsable des relations avec l’Église catholique de l’Union des Églises luthériennes allemandes (VELKD). C’était une occasion de connaissance mutuelle et de communion profonde. L’écoute réciproque a permis à tous de se sentir frères et sœurs déjà unis dans le Christ. La rencontre avec la Présidente Karram et le coprésident Morán, en particulier, a été un moment d’échange sur la manière de relever les défis du monde actuel. Ce qui est ressorti du dialogue, c’est une harmonie dans la « passion pour l’unité dans le Christ » qui, cependant, doit être étendue à toute l’humanité : l’amour évangélique nous pousse à chercher la sœur et le frère à côté de nous. Le partage d’exemples concrets de la vie évangélique, de la réconciliation même dans les plus petits détails, du choix de Dieu dans la vie quotidienne, a offert aux participants l’espoir dans le chemin de l’unité qui se poursuit également au niveau théologique et institutionnel. « Changer de perspective », a déclaré l’un des évêques, « signifie rendre plus concret ce que signifie suivre le Messie ». Commencer par soi-même, ne pas se demander qu’est-ce que je veux recevoir ?  Mais bien plutôt qu’est-ce que je veux donner, qu’est-ce que je peux donner ? Celui qui vit ainsi est inspiré par l’Esprit, et celui qui est inspiré par l’Esprit est espérance pour le monde ». La délégation était à Rome à l’occasion de la commémoration du 500e anniversaire de l’excommunication de Martin Luther par le Pape Léon X qui a marqué, quatre ans après le début de la Réforme (1517), la rupture définitive au sein de l’Église occidentale. Un anniversaire célébré aujourd’hui, cependant, non pas pour consacrer le clivage, mais bien pour mettre en lumière, approfondir et développer les plus de « cinquante ans de dialogue œcuménique constant et fructueux entre catholiques et luthériens » qui, comme l’indique le document rédigé pour la Commémoration Conjointe catholique-luthérienne de la Réforme de 2016, « nous ont aidés à surmonter de nombreuses différences et ont approfondi la compréhension et la confiance entre nous »1 La veille de la visite aux Focolari, le Pape François, rencontrant des représentants de la Fédération luthérienne mondiale à l’occasion de l’anniversaire de la Confessio augustana (25 juin 1530), avait notamment déclaré : « Chers frères et sœurs, sur le chemin qui mène du conflit à la communion, le jour de la commémoration de la Confessio Augustana, vous êtes venus à Rome pour que l’unité grandisse entre nous. (…) J’ai dit « sur le chemin du conflit à la communion », et ce chemin ne se fait que dans la crise : la crise qui nous aide à mûrir dans ce que nous cherchons. Du conflit que nous avons vécu pendant des siècles et des siècles, à la communion que nous voulons, et pour cela nous nous mettons en crise. Une crise qui est une bénédiction du Seigneur »2. Pendant son séjour à Rome, la délégation de l’Église luthérienne allemande a eu plusieurs rencontres au Vatican, comme celle avec le cardinal Kurt Koch, Président du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, au cours desquelles elle a également abordé des questions brûlantes de nature pastorale comme, par exemple, pour les mariages mixtes, l’admission à l’Eucharistie du partenaire non catholique. Parmi les rencontres prévues, outre celle avec le Mouvement des Focolari, il y a aussi celle avec la Communauté de Saint Égide.

Heike Vesper

  1. Déclaration Commune à l’occasion de la Commémoration Conjointe catholique-luthérienne de la Réforme, Lund (Suède), 31 octobre 2016 sur: https://www.vatican.va/content/francesco/it/events/event.dir.html/content/vaticanevents/it/2016/10/31/dichiarazione-congiunta.html
  2. Discours du Pape François aux représentants de la Fédération luthérienne Mondiale, Rome (Italie), 25 juin 2021 sur: https://www.vatican.va/content/francesco/it/speeches/2021/june/documents/20210625-federazione-luterana.html

 

L’unité entre nous coûte que coûte

Chiara Lubich souligne que si nous voulons être fidèles au charisme de l’unité, nous devons ouvrir grand les portes de notre cœur à Jésus abandonné. Grandir dans l’unité sur tous les fronts. Unité: mot-clé pour nous tous, parole synthèse de toute notre spiritualité, “conditio sine qua non” pour maintenir la vie qui existe et la développer. […] En effet, nous ne pouvons concevoir l’unité sans la souffrance, sans la mort de notre moi. Car l’unité est un don, mais elle est aussi le fruit de notre comportement chrétien authentique et il n’y a pas de véritable expression de vie chrétienne sans la croix. Nous devons nous le rappeler sans cesse. […] Nous devons nous rappeler constamment que nous avons donné notre vie à une seule personne: à Jésus abandonné. Nous ne devons et nous ne pouvons donc jamais troquer notre amour pour lui ni le trahir. Il nous enseigne l’immense valeur de la souffrance justement en vue de l’unité: c’est vraiment par sa croix et par son abandon qu’il a réuni les hommes à Dieu et entre eux. Il nous montre donc que l’unité coûte, même si avec Lui, en faisant comme Lui, nous parvenons à la réaliser. Alors, si nous voulons être fidèles au charisme de l’unité que l’Esprit nous a donné, encore une fois ouvrons grand les portes de notre cœur à Jésus abandonné et donnons-lui la meilleure place. […] Pour souligner un aspect concret de cet amour, aimons-le dans les difficultés que comporte justement l’unité entre nous […] Et cela signifie être toujours prêts à nous voir nouveaux, cela veut dire avoir patience, supporter, savoir passer au-dessus ; cela signifie faire confiance, espérer toujours, croire toujours, surtout ne pas juger. Le jugement simplement humain envers les autres, surtout envers les responsables, est terrible. C’est le passage à travers lequel le démon de la “désunité” pénètre ; avec lui toutes nos richesses spirituelles disparaissent lentement, notre vocation elle-même peut vaciller. Veillons donc à cet amour pour les autres plein de nuances douloureuses: celles-ci sont l’aspect concret de notre résolution d’être prêts à mourir l’un pour l’autre et sont aussi les petits ou grands obstacles à surmonter en aimant Jésus abandonné pour que l’unité soit toujours pleine.

Chiara Lubich

(d’une conférence téléphonique, Rocca di Papa 25 octobre 1990) Extrait de : Chiara Lubich, Conversazioni in collegamento telefonico, Città Nuova Ed., 2019, p. 412.      

La ville de Cortona rend hommage à Spartaco Lucarini

La ville de Cortona rend hommage à Spartaco Lucarini

Homme politique, écrivain et journaliste, Spartaco Lucarini était l’un des premiers focolarini mariés. Le 3 juillet 2021, sa ville natale donnera son nom à un escalator dans le centre de la ville et se souviendra de son engagement civil et politique lors d’une réunion au théâtre de la ville.  Une âme ouverte sur le monde et profondément attachée à sa patrie pour laquelle il s’est engagé à promouvoir constamment et courageusement le développement social et culturel. Spartaco était un journaliste et un écrivain, un homme politique et un homme de culture. Il était l’un des premiers focolarini mariés et a dirigé pendant plusieurs années la revue Città Nuova dei Focolari, collaborant avec le centre international du Mouvement près de Rome. Il a quitté sa ville natale de Cortona, en Toscane, où il est né le 6 mai 1924, pour s’installer à Rome avec sa famille. A Cortona, joyau d’art, de nombreuses personnes se souviennent de lui encore aujourd’hui, notamment pour son engagement dans le domaine social, politique et civil. Spartaco avait fondé, entre autres choses, l’Office du tourisme, faisant connaître sa ville non seulement en Italie – par le biais d’un prix journalistique et de diverses manifestations – mais aussi à l’étranger. Depuis sa jeunesse, il se préoccupait des problèmes du territoire, parmi lesquels principalement le chômage et les conditions de travail précaires. « Malgré ses engagements professionnels, il suivait toujours les événements de Cortona avec beaucoup de participation et d’affection – confirme Walter Checcarelli, président de l’association Cortona Cristiana au journal local “L’Etruria.it” – Au début des années soixante, il ressentait le grand potentiel des antiquités et a fondé l’exposition de meubles anciens qui, au fil du temps, est devenue l’une des plus importantes au niveau national. Il a apporté sa contribution en tant que Conseiller municipal, devenant chef de groupe des démocrates chrétiens avec un style d’ouverture et de dialogue, inhabituel pour ces années de forte opposition idéologique. Personnellement, je me souviens de ses vacances avec sa grande famille pendant la période de Pâques ; sa présence et sa prière le Vendredi saint sont restées indélébiles dans mon esprit et dans mon cœur ». En guise de remerciement pour son engagement politique en tant que Conseiller municipal, mais aussi en reconnaissance de sa contribution en tant que bâtisseur de la culture sociale du territoire, le 2 mars 2021, le Conseil Municipal de Cortona a décidé à l’unanimité de donner son nom à l’escalator qui mène du parking Spirito Santo à la Piazza Garibaldi. La cérémonie de dédicace aura lieu le 3 juillet 2021 pendant le Festival de musique sacrée à 10h30 (heure italienne). Ensuite, une rencontre au Teatro Signorelli de Cortona commémorera cette figure aux multiples facettes et sa contribution au panorama politique et culturel du XXe siècle. L’idée de rendre hommage à Spartaco est née l’année dernière et devait s’insérer dans les manifestations du centenaire de la naissance de Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari (1920-2020). La situation sanitaire mondiale a ensuite contraint à reporter l’événement. C’est précisément Chiara Lubich qui a demandé à Spartaco, à sa femme Iolanda Castellani (connue de tous sous le nom de Lalla) et aux cinq enfants de quitter Cortona pour Rome afin de travailler au siège international des Focolari. Spartaco a également contribué au développement des mouvements « Familles nouvelles » et « Humanité nouvelle » des Focolari. Il est toujours resté attaché à la Toscane ; en plus d’avoir contribué à la naissance de la communauté locale du Mouvement, il a également offert une importante contribution au développement de la petite ville de Loppiano (Incisa et Figline dans le Valdarno-Italie), en particulier pour la naissance de la coopérative agricole et de l’école internationale pour les familles qui sont encore basées aujourd’hui à Loppiano. En avril 1974, une grave maladie l’a entraîné vers la mort à l’âge de 51 ans seulement. Même dans ses derniers jours, Spartaco, bien que malade, est revenu à Cortona. « Il semblait toujours serein – se rappelait Lalla -, mais il n’était plus ce qu’il était avant[1]. ». « Je me suis retrouvé complètement changé », écrivait Spartaco. « Je suis un type très actif, j’ai un tempérament très dynamique et j’ai toujours essayé de me donner à fond ; j’ai compris maintenant que ce n’est pas si important ce que tu fais mais aussi de ne rien faire. J’ai découvert la valeur de « vivre à l’intérieur » plus qu’à l’extérieur, car en vivant à l’intérieur dans une relation étroite avec Dieu, tu peux atteindre les personnes les plus éloignées, tout le monde, alors qu’en vivant projeté à l’extérieur, tu ne peux atteindre que les plus proches, ceux qui t’entourent. Je crois que j’ai vu l’essentiel. En ce siècle, Marie crée une Œuvre pour aider l’Église et elle veut le faire rapidement ; elle veut réaliser l’unité non seulement entre nous, catholiques, non seulement entre les Églises, mais aussi entre tous les hommes. Un programme au-delà de tout programme humain »[2].

Lorenzo Russo

[1]  Alfredo Zirondoli, Coraggio! Inchiesta su Spartaco Lucarini, Citta Nuova, 2000, p. 102. [2]  Alfredo Zirondoli, Coraggio! Inchiesta su Spartaco Lucarini, Citta Nuova, 2000, p. 96-97.  

Et nous, que pouvons-nous faire ?

Les expériences sur le fait de « prendre soin » de la part des enfants des Focolari, les Gen4, sont nombreuses. En plus de s’impliquer pour aider les personnes dans le besoin, ils demandent aux adultes de s’occuper de tous les enfants en difficulté dans le monde. Les expériences concrètes des Gen4, les enfants du Mouvement des Focolari, proviennent du monde entier : sur tous les continents, ils rivalisent pour aimer leur prochain, en prenant soin des plus démunis. Nous présentons ici quelques-uns de leurs témoignages, en commençant par l’Inde. Ici, quelques Gen4 ont décidé de s’occuper des pauvres qui vivent dans les rues, en préparant un plat chaud pour le dîner. L’un d’entre eux raconte : « Ma mère et moi avions l’habitude de mettre dans des bols, des nouilles chaudes, une nouille typique de certains pays asiatiques; mon frère et mon père les distribuaient aux pauvres. Ils sont très nombreux, les enfants pauvres qui vivent dans les rues ! Maintenant, chaque vendredi, nous répétons cette action. » En Grèce, en revanche, les enfants des Focolari ont décidé de tenir compagnie aux personnes âgées qui étaient isolées dans la maison de retraite à cause de la Covid-19. Ils ont également fait participer leurs amis, en collectant des dessins avec lesquels ils ont réalisé une affiche très appréciée de tous. Passons à la Corée, où une Gen4 a décidé de faire don de ses cheveux à des enfants atteints de cancer. Après avoir impliqué une de ses amies, elles ont commencé à faire pousser leurs cheveux pour en faire don, heureuses d’aider ceux qui vivent avec une maladie. Du Burundi, ensuite, vient la nouvelle que de nombreux gen4 ont collecté de la nourriture et l’ont apportée à un orphelinat. Ces enfants, qui ne possèdent pas grand-chose non plus, étaient tous heureux d’apporter des cadeaux à leurs camarades ! En Australie, quelques adultes ont distribué de la nourriture aux sans-abri et aux étudiants en difficulté financière. Les Gen4 ont voulu donner leur contribution en préparant des cartes postales pour accompagner les paquets qui ont été distribués. En Amérique du Sud, au Brésil, depuis environ deux ans, les Gen4 de la Mariapolis Ginetta récoltent des boites de lait et de jus de fruits, en collaboration avec une ONG qui a un projet appelé « Brésil sans fissures ». Grâce à ces contenants, les fissures des murs des maisons sont recouvertes, ce qui les isole et empêche l’entrée des insectes, et des couvertures thermiques sont fabriquées pour les sans-abri. Une autre nouvelle, en provenance d’Irlande : les gen4 filles et garçons ont participé, en impliquant la communauté locale, à une initiative lancée par la Poste irlandaise : ils ont envoyé des cartes postales et des petits paquets comme cadeaux pour des personnes âgées qui sont seules. Enfin, nous allons au Portugal : João, 7 ans, après avoir vu un journal télévisé montrant des images de guerre, s’est demandé : « Nous gen4, que pouvons-nous faire ? ». Il a voulu téléphoner à l’animatrice du groupe Gen4. L’idée de sensibiliser le monde politique n’a pas tardé à germer : João et sa sœur ont rédigé ensemble une déclaration des enfants à l’intention des politiciens, des enseignants et de toutes les autorités civiles et religieuses. On peut lire dans la déclaration : « Nos lois parlent des droits de l’enfant, mais elles devraient être plus explicites en imposant le devoir de prendre soin des autres. (…) Nous savons que ce n’est pas facile (…), mais si vous pouviez changer la vie d’un seul enfant grâce à cette déclaration, cela vaudrait la peine de vous l’envoyer! Si vous prenez soin de nous, nous prendrons soin du monde ! » Une délégation de gen4 a apporté la déclaration près du lieu du Sommet Social de la Commission européenne à Porto. Le soir même, la nouvelle a été diffusée dans un journal télévisé. La déclaration des gen4, traduite en plusieurs langues, se répand dans différents pays du monde.

Laura Salerno

Évangile vécu : tout est un cadeau

La volonté de Dieu est la voix de Dieu qui nous parle et nous invite continuellement ; c’est la manière dont Dieu nous exprime son amour, un amour qui demande une réponse afin qu’il puisse accomplir ses merveilles dans nos vies. La vérité qui ne passe pas Après 4 ans en Inde et 25 ans de vie sans relâche au service des autres, mes « batteries » étaient complètement déchargées et je suis retourné en Italie pour tenter de recouvrer une santé que je craignais irrémédiablement compromise. Au cours des longs mois d’inactivité et de solitude (bien qu’entouré de l’amour de mes compagnons de communauté), en dehors de la vie si dynamique et riche en relations que mon tempérament extraverti a toujours insufflé, quelque chose de très important et difficile à exprimer par des mots s’est produit au niveau intérieur, existentiel : un retour à mon choix originel, la compréhension d’une vérité fondamentale. Je constate que tout est don ; je dois remercier Dieu pour tout, mais je dois être prêt aussi à perdre, parce que ce n’est pas la vérité ; la vérité qui ne passe pas est une autre et c’est la relation avec Lui, le seul idéal de tous les temps : Dieu et rien d’autre. Contrairement à ce que je craignais, j’ai ensuite retrouvé la santé. J’ai ainsi commencé une nouvelle période, dans la joie retrouvée de travailler à Son service. Cependant, j’ai gardé au fond de mon cœur la nouvelle union avec Dieu née de cette épreuve. (Silvio – Italie)

J’avais été infirmière Je suis frappée par le fait que beaucoup de médecins et d’infirmiers risquent et donnent même leur vie ; pendant 30 ans, j’ai été infirmière mais j’ai ensuite changé de métier ; j’ai décidé de m’inscrire dans un hôpital comme infirmière de réserve. Récemment, on m’a demandé d’aider dans l’unité de soins intensifs une fois par semaine. C’était un énorme défi pour moi car beaucoup de choses ont changé depuis 30 ans en matière d’équipement et de soins hospitaliers, mais j’étais heureuse d’être encore utile. Ma plus belle récompense a été lorsque mes enfants, que j’essaie de ne pas négliger, m’ont dit qu’ils étaient fiers de moi.

(Martina – République tchèque)

Nouvelle essentialité Dans l’institution pour personnes âgées où je travaille comme animatrice, ma relation avec les pensionnaires était devenue affective. Savoir deviner comment aider les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies dégénératives avait transformé mon service en un véritable réseau de relations intenses et vivantes. Puis le Covid est arrivé et un par un, ils sont tous tombés malades. C’était déchirant pour moi de sentir que j’étais le lien entre le patient et le parent sans pouvoir faire quoi que ce soit pour combler ce vide. Peut-être qu’en aidant une femme âgée très malade à parler à sa famille à travers son téléphone portable, j’ai moi aussi contracté le virus. Dans ma solitude, j’ai encore mieux compris celle de mes aînés et j’ai redécouvert la valeur de la prière. À chaque nouvelle de la mort de quelqu’un, ma douleur augmentait ainsi que le sentiment d’impuissance, mais j’intensifiais ma prière, souvent avec ceux qui restaient. La pandémie nous a fait accéder à une nouvelle essentialité, au-delà de celle causée par la maladie et la vieillesse. (G.K. – Slovaquie)

Édité par Lorenzo Russo

  (tiré de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, anno VII, n.3, mai-juin 2021)

Renaître grâce à l’amour envers le prochain

Nous sommes tous appelés à cette conversion permanente en recommençant sans cesse, au cas où nous nous serions arrêtés ; nous devons tous expérimenter cette sorte de renaissance, cette plénitude de vie. Nous devons chercher à transformer le plus possible en charité envers le prochain toutes les expressions de notre existence. Et voici, devant mes yeux, cette page superbe qui évoque le jugement dernier : Jésus viendra pour nous juger et nous dira : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire » (Mt 25, 35). Ces paroles m’ont frappée comme si je les lisais pour la première fois. Je redécouvrais qu’à l’examen final, Jésus ne me demanderait pas de comptes sur telle ou telle action que je dois pourtant accomplir, mais centrerait tout sur l’amour du prochain. Comme si j’entamais aujourd’hui mon ascension vers Dieu, je me suis mise alors à aimer tous ceux que je rencontrais durant la journée. Et vraiment, je me suis sentie renaître. J’ai compris que mon âme avait surtout soif d’amour, soif d’aimer ; et qu’elle trouvait sa respiration, sa nourriture et sa vie dans l’amour envers tous. Il est vrai qu’auparavant aussi j’essayais d’accomplir de nombreux actes d’amour. Mais, je m’en rends compte aujourd’hui, ils n’étaient parfois que l’expression d’une spiritualité trop individuelle, entretenue par des pénitences plus ou moins grandes ; et pour nous, qui sommes appelés à l’amour, ce peut être, malgré notre bonne volonté, l’occasion d’un certain repliement sur nous-mêmes. Dans ce nouvel effort pour aimer tout le monde, je peux faire encore de nombreux actes d’amour, mais ils sont tous dirigés vers le frère, en qui je peux voir et aimer Jésus. C’est là que se trouve la plénitude de la joie. Nous sommes tous appelés à cette conversion permanente ; nous devons tous expérimenter cette sorte de renaissance, cette plénitude de vie. Nous devons chercher à transformer le plus possible en charité envers le prochain toutes les expressions de notre existence. Si nous avons à vaquer aux soins de la maison, ne le faisons pas seulement pour des raisons humaines, mais parce que Jésus nous demande de l’aimer, de le vêtir, de le nourrir, de le servir dans nos frères. Avons-nous quelque travail à faire ? C’est un moyen d’apporter notre contribution à Jésus, dans les personnes et dans la communauté. Avons-nous à prier ? Faisons-le toujours pour nous et pour les autres, en utilisant ce « nous » que Jésus a enseigné dans le « Notre Père ». Sommes-nous appelés à souffrir ? Offrons notre souffrance pour nos frères. Avons-nous quelqu’un à rencontrer ? Que ce soit toujours avec l’intention d’écouter Dieu en lui, de le conseiller, de l’instruire, de le consoler… en un mot, de l’aimer. Devons-nous nous reposer, manger, nous détendre ? Faisons-le avec l’intention de reprendre des forces pour mieux servir le frère. Faisons tout, en somme, en vue du prochain. […] C’est pourquoi, pour que se produise une telle reconversion en nous, gardons à l’esprit dans les jours qui viennent […] l’engagement  à « Renaître par l’amour ».

Chiara Lubich

  (d’une liaison téléphonique, Rocca di Papa, 20 mars 1986) Extrait de : Chiara Lubich, Sur les pas du Ressuscité, Ed. Nouvelle Cité, 1992, p.73-74.    

L’Évangile vécu: accueillir tout le monde

Jésus connaît bien les besoins fondamentaux des personnes: être comprises au plus profond d’elles-mêmes et avoir, en plus du soutien à leurs efforts, des indications claires sur le chemin à suivre. Ne manquons pas l’occasion de nous comporter envers ceux que nous rencontrons avec l’amour qu’ il suggère dans l’Évangile.

Avec patience et ténacité Mon oncle, qui était considéré comme « un homme d’honneur », avait vécu pendant des années dans le Supramonte, une région montagneuse de Sardaigne. Il descendait au village de temps en temps, et quand les carabiniers venaient pour l’arrêter, il était déjà loin. Mon père avait essayé de nous tenir à l’écart des problèmes avec la justice et avec la famille de mon oncle, dont nous étions séparés pour des questions d’ héritage. En tant que chrétienne, cependant, j’attendais la bonne occasion pour faire la paix avec eux. La première est venue avec l’arrivée d’une cousine au village. Sans tenir compte des gens qui nous regardaient, je suis allée la saluer. Lorsqu’elle et son mari ont répondu à mes salutations, j’ai poussé un soupir de soulagement : le premier pas avait été fait. Plus tard, quand j’ai appris que mon oncle était à l’hôpital, j’ai voulu aller le voir. Ma mère me l’a déconseillé, en disant que je n’avais pas d’oncles. Mais il était comme un frère pour moi. J’y suis allée et il m’a accueillie avec émotion. Avec le temps, je me suis rapprochée de tous les autres membres de la famille. La dernière était ma tante, celle qui nous avait fait le plus souffrir : j’étais loin d’elle depuis 18 ans, et il avait fallu tant d’années pour que la paix revienne dans nos familles avec un amour patient et tenace.

(Gavina – Italie)

Les besoins des autres Alors que je sors en voiture, je remarque que mon voisin essaie de nettoyer le pare-brise et de dégeler les autres vitres de sa voiture. Je vais l’aider, en mettant de côté ma hâte. Avec un sourire, il demande : « Qui vous fait faire ça ? » Je n’ai pas de réponse immédiate, mais à l’intérieur, je remercie Dieu d’avoir fait passer les besoins de l’autre avant mes propres besoins. Quelques heures plus tard, le même voisin me téléphone : « J’étais tellement heureux de ton geste que je me suis dit : moi aussi je dois vivre en remarquant les besoins des autres. Et cela n’a pas pris longtemps : au travail, en effet, j’ai trouvé une situation difficile, qui s’est ensuite résolue assez facilement en me mettant à la place de l’autre. Merci ! ».

(F.A. – Slovénie)

 

Adopter un petit frère Nous sommes étudiants dans un Institut technique. Depuis que notre enseignante nous a apporté Città Nuova (Nouvelle Cité) à lire en classe, au début , certaines choses nous semblaient un peu pleines d’illusions… Mais l’idée de contribuer à construire ensemble un monde plus solidaire nous semblait au fond, une bonne idée. Aussi parce que, au fur et à mesure de la lecture, nous avons réalisé que ce n’était pas des mots. Le journal rapportait des informations que nous ne pouvions pas trouver dans d’autres revues, une manière différente de regarder les événements. En fin de compte, qu’ aurions-nous manqué en essayant nous aussi ? Et nous avons essayé. Chaque matin, avec l’enseignante, nous nous donnions une petite « maxime » à suivre. Par exemple : « Aimez tout le monde » … qui avait déjà pensé à cela ? Puis nous avons lu par hasard un article sur les adoptions à distance. Et puis l’idée nous est venue d’en faire une, tous ensemble. Ce petit geste qui consiste à verser une petite somme chaque mois nous fait grandir en tant que personnes. A présent, Nader, même s’il vit loin (c’est un petit Libanais), est devenu très important : nous parlons de lui, de ses besoins, comme de notre petit frère.

(Les garçons de IIIB – Italie)

édité par Lorenzo Russo

                                                                                                                                                                                                     

(extrait de ‘’Il Vangelo del Giorno’’, Città Nuova, année VII, n.3, mai-juin 2021)

Évangile vécu: demeurer dans l’amour

Jésus nous invite à reconnaître la présence aimante de Dieu et nous indique comment agir en conséquence : découvrir dans la volonté du Père le moyen d’atteindre la pleine communion avec Lui. Ouragan Les images à la télévision montraient les endroits frappés par l’ouragan et laissés isolés ; comme nos familles vivaient là, on peut imaginer notre anxiété, nous les séminaristes. Nous venions de recevoir la Parole de Vie du mois qui nous exhortait à avoir la foi. Unis, nous avons prié pour nos proches et obtenu de nos formateurs la permission de les rejoindre dès le lendemain. Mais cette même nuit, la capitale a également été durement touchée : routes inondées, ponts effondrés, électricité coupée …. Cependant, notre séminaire était toujours debout. Nous nous sommes quand même mis en route : au cours de ce voyage à pied ou par des moyens de fortune, sur des radeaux ou attachés à des cordes pour vaincre la résistance des torrents, nous avons été contraints de dévier d’innombrables fois. Finalement, nous sommes arrivés dans notre village méconnaissable ! Là où avant il y avait la campagne, il y avait maintenant un lac. Après avoir embrassé nos proches (ils avaient tout perdu mais ils étaient saufs !), nous nous sommes mis à la disposition du curé pour les premiers soins. La nouvelle Parole proposée pour ce mois semblait s’adresser précisément à nous, pour nous donner du courage et en insuffler aux autres : « Heureux les affligés… ».

(Melvin – Honduras)

 

Le parapluie Sachant que derrière les pauvres et les marginaux, le Christ demande à être aimé, j’essaie de ne pas manquer les occasions de le faire. Par exemple, dans le bar près de chez moi, j’ai remarqué un pauvre, surnommé Penna ; il était trempé parce qu’il pleuvait ce jour-là. Sachant qu’il avait eu la tuberculose et surmontant une certaine résistance à être vu en sa compagnie, je l’ai invité chez moi pour prendre quelque chose de sec. Mes parents étaient stupéfaits et incrédules. « Papa, on aurait besoin de vêtements… ». Mon père n’était pas très enthousiaste au début mais il lui a donné un pantalon et moi une veste. La pluie ne semblait pas vouloir s’arrêter… Et je suis revenu à la charge : « Papa, si on lui donnait aussi un parapluie ? ». On le lui a donné. Le pauvre homme était heureux, mais j’étais encore plus heureux car nous avions agi ensemble pour l’aider. Mais l’expérience ne s’est pas arrêtée là. Quelques jours plus tard, Penna est revenu pour rendre le parapluie. En fait, ce n’était pas celui qu’on lui avait donné, il était encore plus joli. Ce qui s’était passé, c’est que le nôtre avait été volé et quelqu’un lui en avait donné un autre. Il voulait ainsi donner en retour.

(Francesco – Italie)

  L’amour ne s’explique pas en paroles Une lésion cérébrale a été diagnostiquée chez Mariana, peu après sa naissance. Elle n’aurait pas pu parler ni marcher. Mais Dieu nous demandait de l’aimer ainsi et nous nous sommes jetés dans les bras du Père. Mariana n’a vécu avec nous que quatre ans ; nous n’avons jamais entendu les mots « papa et maman » de sa bouche mais ses yeux parlaient dans son silence, d’une lumière brillante. Nous n’avons pas pu lui enseigner à faire ses premiers pas mais elle nous a appris à faire les premiers pas dans l’amour, dans le renoncement de nous-mêmes pour aimer. Mariana a été pour toute la famille un cadeau de Dieu que nous pourrions résumer en une phrase : l’amour ne s’explique pas en paroles.

(Alba – Brésil)

 Aux soins de Lorenzo Russo

  (Extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VII, n.3, mai-juin 2021)

En Inde, aux côtés de femmes seules et de leurs enfants

Le programme Balashanti est un projet créé pour aider les femmes célibataires, pour les aider à garantir à leurs enfants les soins nécessaires, la scolarité et une condition de bien-être, de santé et de dignité. Nous sommes à Coimbatore, une région située dans le sud de l’Inde. Le Programme Balashanti a vu le jour en 1991, un projet qui aide et accueille les enfants les plus vulnérables et nécessiteux, âgés de 3 à 5 ans, et leurs mères, souvent seules. Le programme fait partie de Shanti Ashram, un centre international de développement culturel, social et sanitaire répondant aux besoins de la communauté de la région, inspiré par les idéaux et les enseignements du Mahatma Gandhi. « Ma grand-mère devait vivre tout le temps seule, ce qui a obligé ma mère à arrêter ses études quand elle était au collège et à se marier à l’âge de 16 ans. Cela s’est passé en 1978, mais aujourd’hui, après plus de 40 ans, j’entends encore des histoires semblables ou identiques à celle-ci. » Ce sont les mots de Deepa, responsable du programme Balashanti. Elle explique en effet qu’aujourd’hui encore, les enfants de mères célibataires connaissent trois types de très grande difficulté : la pauvreté, l’abandon de l’école et le mariage précoce. Le programme Balashanti vise donc à aider ces femmes à élever leurs enfants dans des conditions de bien-être, de santé et de dignité. Selon les rapports 2019-2020 des Nations Unies, environ 4,5 % des familles en Inde sont à la charge de mères célibataires et on estime que, parmi elles, 38 % vivent dans la pauvreté. « En Inde, une femme en situation de vulnérabilité n’espère guère vivre seule : ce n’est pas un choix personnel – explique Deepa – beaucoup d’entre elles sont délaissées, exploitées et vivent dans l’insécurité. » L’objectif final du programme Balashanti est donc de lutter contre la pauvreté, la malnutrition et les maladies qui se développent dans ces contextes de grande précarité, en construisant une société de paix. Pour ce faire, en plus de l’aide économique, les enfants et leurs mères sont formés sur des sujets tels que l’éducation, la paix, une alimentation équilibrée, les normes d’hygiène et le leadership. Il existe aujourd’hui 9 centres Balashanti Kendra destinés au développement de la petite enfance – qui accueillent plus de 200 enfants par an. Depuis 1991 jusqu’à nos jours, plus de 10 000 enfants ont terminé leurs études et pendant l’année de la pandémie de Covid-19,  15 000 personnes ont bénéficié d’une aide, dont des enfants et des familles. Depuis 1998, le projet collabore avec AFN Onlus, l’organisation à but non lucratif liée au mouvement des Focolari qui, par le biais d’un soutien à distance, contribue à fournir aux enfants des bourses d’études pour suivre le Programme Balashanti. De nombreuses personnes peuvent témoigner de l’importance du Programme Balashanti dans leur propre vie, comme Fathima, 45 ans. Il y a quelques années encore, c’ était une mère célibataire en difficulté financière et elle ne savait pas comment élever et éduquer son fils, le petit Aarish. Depuis que le programme Balashanti a commencé à l’aider, sa vie a changé. Son fils Aarish a suivi des cours de formation, bénéficiant d’une bourse d’apprentissage à distance. « On m’a aussi aidée en me fournissant de la nourriture, explique-t-elle, on m’a mise en contact avec des médecins compétents et on m’a invitée à des spectacles et à des danses grâce auxquels je pouvais me distraire et penser à quelque chose de beau. C’était très important pour moi. » Maintenant, Aarish a grandi, il a 15 ans et il est bénévole à Shanti Ashram depuis trois ans. Grâce à son aide, le programme Balashanti offrira également de plus en plus de soutien aux femmes célibataires et à leurs enfants. Ainsi  on peut espérer que ce réseau de soutien devienne de plus en plus solide et contagieux.

                                                                                                                               Laura Salerno

 

Des œuvres parfaites par amour pour Jésus abandonné

Chaque jour, face chaque action, nous pouvons découvrir quel visage de Jésus abandonné aimer à travers elle. C’est la proposition de Chiara Lubich pour accomplir bien, parfaitement, tout ce que nous devons faire. Aimer Jésus abandonné. Ce nom touche de nombreux aspects de notre vie, personnelle et communautaire, dont j’aimerais parler aujourd’hui. Mais je voudrais surtout m’arrêter sur une façon particulière d’aimer Jésus abandonné, qui est la porte, le chemin menant à la sainteté. […] Où que nous nous trouvions, nous avons la merveilleuse possibilité de l’aimer, de le soulager, de le consoler, en portant remède à des maux concrets, où nous le reconnaissons. C’est pour nous une grâce importante ; en travaillant ainsi nous sommes toujours en contact avec Jésus abandonné, et en l’aimant nous pouvons édifier notre sainteté. Mais il y a façon et façon de l’aimer. On peut l’aimer beaucoup, on peut l’aimer un peu, c’est-à-dire que l’on peut, par cet amour, construire en nous une sainteté plus ou moins grande. […] Les saints ont cherché, et cherchent encore, pour la gloire de Dieu, l’amour qui porte le plus de fruits. Si nous sommes amenés à écrire notre histoire ou à raconter notre expérience, faisons-le du mieux possible, en étant attentifs à la voix de Dieu qui parle en nous et projette sa lumière sur notre passé et notre présent ; c’est cette lumière qui attirera ceux qui nous écouteront. Prêtons attention aux suggestions et aux corrections que nous indique cette voix. Prenons chaque chose à cœur, et n’arrêtons de perfectionner notre travail que lorsque cette voix n’aura plus rien à nous dire. Ne négligeons jamais l’Œuvre de Dieu, n’accomplissons pas d’actions imparfaites. Faisons tout bien, du mieux possible. […] Face à chaque action que nous entreprenons, cherchons toujours à découvrir quel visage de Jésus abandonné nous pouvons aimer à travers cette dernière et mettons-nous à la faire à la perfection. Des œuvres parfaites donc, par amour pour Jésus abandonné et, ainsi, construire notre sainteté, une grande sainteté.

Chiara Lubich

(d’une liaison téléphonique, Loppiano 20 février 1986) Extrait de : Chiara Lubich, Sur les pas du Ressuscité, Ed. Nouvelle Cité, 1992, p. 72-73.      

Bolivie : dans les rues de notre ville

Bolivie : dans les rues de notre ville

Le témoignage des volontaires de la « Casa de los Niños » à Cochabamba (Bolivie), une œuvre inspirée par la spiritualité de l’unité, engagée à prendre soin sans relâche des personnes infectées par la COVID-19 et à apporter de la consolation aux mourants.

Nous sommes retournés dans les rues de notre ville avec un peu d’insouciance et beaucoup de naïveté. Ce virus effraie tout le monde. Il nous encourage à nous isoler les uns des autres. Mais nous sommes conscients de l’importance et de la nécessité de ce qui nous est demandé avec grande urgence. C’est pourquoi nous ne reculons jamais. Même si nous prenons les précautions nécessaires. Les tests que nous effectuons ponctuellement chaque semaine continuent à nous donner des résultats négatifs. Peut-être que quelqu’un tend une main miséricordieuse à notre naïveté. Ici, la saison froide a commencé et la contamination à la Covid-19 a augmenté de façon exponentielle. Nous en sommes à des chiffres sans précédent. Les hôpitaux publics se sont complètement saturés. Des gens meurent dans leur voiture, en attendant que des lits se libèrent… Même dans les cliniques privées coûteuses, les admissions ont été suspendues. L’oxygène n’est plus disponible, et il y a de longues files d’attente pour les recharges dans les deux seuls endroits qui offrent ce service payant. Une bonbonne de 6 m3 dure moins de 5 heures ! Les médicaments spécialisés ne sont disponibles qu’au marché noir : chaque flacon coûte environ 1300 euros ! Cette année, les personnes touchées par le virus sont beaucoup plus jeunes. Nous allons apporter de l’oxygène et des médicaments partout où nous sommes appelés. Nous avons des autorisations pour pouvoir circuler tous les jours et à toutes les heures. Notre minibus très spacieux a été transformé gratuitement en ambulance et, souvent et malheureusement, en corbillard. Le temps passe vite pour ceux qui sont dans le besoin et qui ont du mal à respirer, alors nous aussi nous sommes pressés et n’avons plus le temps de penser à nous-mêmes. Nous apportons de l’oxygène et des médicaments, mais, à vrai dire, nous nous efforçons surtout d’apporter des semences d’espérance. Il arrive que, pour la première fois nous fassions connaissance avec ceux que nous visitons, mais aussitôt s’établit une sorte de complicité mutuelle qui donne de l’espoir. Et, petit à petit, la peur s’estompe et nous voyons les gens sourire sereinement. Nous prenons aussi le chapelet avec nous. Ce n’est pas une amulette magique. Non. C’est la couronne composée par nous tous qui voulons confier les grandes afflictions et douleurs de ce temps, de tant de frères et sœurs, au cœur de notre Mère du ciel. Il fait partie de la thérapie par l’oxygène : il donne de l’air au cœur de ceux qui souffrent ! Nous nous retrouvons, chaque soir, pour la prière communautaire de notre centre, sur la pelouse ouverte, devant la belle chapelle, qui accueille les histoires de tant de nos enfants qui se sont déjà envolés vers le ciel. Nous prions devant la statue de la « Virgen de Urcupiña », patronne de Cochabamba, qui porte son Fils dans ses bras. La nôtre est une prière qui va directement au ciel et qui veut fixer les noms de tant de personnes que nous avons visitées pendant la journée. Nous demandons pour chacun une lumière du ciel, nécessaire pour éclairer la nuit de leur douleur.

Les volontaires de la “Casa de los Niños” – Cochabamba (Bolivie)

Margaret Karram: alternance et style synodal

Interview de la Présidente des Focolari, publiée par la revue italienne Città Nuova, à propos du Décret du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie sur le renouvellement à la tête des associations laïques. Favoriser l’alternance. Approuvé par le Pape François le 3 juin dernier, un Décret régissant la durée des mandats de gouvernance des associations internationales a été promulgué par le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie. Durée maximum de cinq ans pour un mandat simple, avec une période maximale de dix années consécutives : c’est la norme qui est indiquée (avec les relatifs approfondissements spécifiques, parmi lesquels de possibles dispenses pour les fondateurs), tandis qu’une note explicative détaillée aide à comprendre l’esprit de cette mesure : favoriser une plus grande communion ecclésiale, une plus ample synodalité, un esprit de service authentique, éviter personnalisation et abus de pouvoir, développer l’élan missionnaire et un véritable style évangélique. Nous en avons parlé avec la Présidente des Focolari, Margaret Karram.  Avez-vous été surprise par le Décret du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie relatif au renouvellement à la tête des associations ecclésiales ? Nous n’attendions pas un décret de cette nature à ce moment de l’année, mais le contenu ne nous a pas surpris. Depuis des années, nous avons amorcé dans le Mouvement des Focolari un processus qui tient compte de l’alternance dans les organes de gouvernement, au centre international et dans les pays où nous sommes présents, en établissant des limites pour les mandats. Le Décret nous a montré une fois de plus que l’Église est une mère. En prenant soin des associations comme la nôtre, elle accompagne et aide chaque réalité à trouver des formes d’organisation qui lui permettent de rester fidèle à son charisme et à sa mission, en cohérence avec le cheminement de l’Église dans le monde d’aujourd’hui. C’est pourquoi nous accueillons pleinement l’esprit et les décisions du Décret, qui rejoint en outre la réflexion ouverte dans le Mouvement, déjà partagée avec le Dicastère, sur la représentativité dans les organes de gouvernement. En ouverture, le Décret stipule que « les associations internationales de fidèles et l’exercice du gouvernement en leur sein sont l’objet d’une réflexion particulière et d’un discernement conséquent de la part du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, du fait de ses compétences spécifiques ». Éprouvez-vous quelques préoccupations pour les Mouvements en général ? Et pour le Mouvement des Focolari ? Je dirais que le dicastère porte sans aucun doute une attention particulière aux Mouvements, et nous en sommes témoins, en tenant compte du fait que cela s’inscrit dans ses compétences particulières. Ensuite, s’agissant d’une réalité si variée, le dicastère a certainement aussi quelques préoccupations. Le Décret souligne aussi le « grand essor » de ces associations et reconnaît le fait qu’elles ont apporté « à l’Église et au monde de notre temps beaucoup de grâces et des fruits apostoliques ». L’Église n’a pas l’intention de freiner l’élan charismatique des Mouvements, leur force d’innovation et leur impact missionnaire. Elle veut les aider à réaliser leurs propres finalités qui sont toujours orientées vers le bien de la personne, de l’Église et de la société. Le décret offre des éléments structurels qui peuvent aider à diminuer quelques-uns de ces risques, en limitant le temps pendant lequel une personne peut occuper des fonctions de gouvernement. Je ne vois cependant pas dans ces interventions une particulière focalisation sur le Mouvement des Focolari, d’autant plus que l’alternance dans les charges de gouvernement est déjà une pratique inscrite dans nos Statuts. Le Pape François, dans son discours aux participants au IIIe Congrès mondial des Mouvements ecclésiaux et des communautés nouvelles, en novembre 2014, indiquait une méthode pour atteindre la maturité ecclésiale souhaitée également par ses deux prédécesseurs : « N’oubliez pas que, pour atteindre cet objectif, la conversion doit être missionnaire : la force de surmonter les tentations et les carences vient de la joie profonde de l’annonce de l’Évangile, qui est à la base de tous vos charismes. » Qu’est-ce que vous en pensez ? Je suis tout à fait d’accord ! Le souhait du Pape nous appelle à un double engagement : il est nécessaire de toujours revenir à l’Évangile, à la Parole de Dieu et être conscients que le charisme de son fondateur n’est qu’une lecture nouvelle et actuelle des paroles de Jésus, éclairées par un don de l’Esprit Saint qui les fait vivre sous un angle particulier. Nous devons donc tenir compte du fait que la spiritualité, qui naît d’un charisme, est une manière d’annoncer l’Évangile et donc d’œuvrer pour le bien de l’Église et de l’humanité. Suffit-il d’un sain renouvellement des générations, d’une alternance des personnes dans les postes de direction, pour assurer un gouvernement synodal, exercé dans un esprit de service et capable de ne pas répéter les erreurs du passé, de la personnalisation d’une charge jusqu’aux abus de pouvoir ?  Je dirais que cela ne peut suffire si l’on veut réaliser un véritable changement culturel, durable et fructueux. Je crois que nous devrions nous demander avant tout quel est le but du gouvernement d’une association comme la nôtre. Ce n’est pas, même si c’est important, le passage de génération, ni même éviter les erreurs passées. Le but principal de notre gouvernement – comme, à mon avis, celui de tout Mouvement ecclésial – est de garantir que le Mouvement aille de l’avant et se développe dans l’esprit authentique de son charisme, en suivant le dessein qui en découle et en réalisant les buts pour lesquelles l’Esprit Saint l’a fait naître. Le même décret souligne que le gouvernement « doit être exercé en cohérence avec la mission ecclésiale de ces mêmes associations, en tant que service ordonné à la réalisation des finalités qui leur sont propres et pour le bien de leurs membres ». C’est un travail d’actualisation continue, d’amélioration et de renouvellement, qui demande surtout une conversion des cœurs à l’Évangile et à leurs propres charismes. Le changement générationnel dans les organes de direction, à travers une rotation fréquente dans les charges de gouvernement, peut favoriser l’actualisation d’une association, peut aider à éviter – comme le dit une note explicative du Dicastère – « des formes d’appropriation du charisme, de personnalisation, de centralisation des fonctions ainsi que des expressions d’autoréférentialité, qui provoquent facilement de graves violations de la dignité et de la liberté de la personne et, même, de véritables abus ». Mais l’alternance dans les charges ne garantit pas à elle seule une juste gestion du pouvoir. Il faut d’autres éléments, que nous mettons en œuvre depuis plusieurs années et que nous améliorons continuellement, comme par exemple un parcours de formation spirituelle et humaine à un leadership cohérent avec un style évangélique et avec son charisme, donc un style de gouvernement qui met en lumière le discernement communautaire, avec de nouvelles formes d’accompagnement et des modalités synodales pour le choix des candidats aux postes de gouvernement. Concrètement, d’ici trois ans, plusieurs des personnes élues lors de l’Assemblée générale de février dernier devront être remplacées. Avez-vous déjà une idée de la manière de procéder pour modifier les Statuts actuels qui prévoient six ans pour la durée des charges et la possibilité d’un second mandat ? Sur certains points, nous sommes déjà en ligne avec le nouveau Décret, surtout en ce qui concerne la limite maximale de deux mandats consécutifs pour les charges de gouvernement, ce qu’il faut changer maintenant c’est la durée : de 6 à 5 ans. Nous avions déjà mis en route la constitution d’une commission pour la nécessaire révision de nos Statuts sur plusieurs points, auxquels s’ajoute à présent le travail prioritaire pour l’adaptation au Décret. C’est un travail que nous voulons faire avec calme et avec soin, parce que nous ne voudrions pas seulement accueillir cette nouvelle réglementation « au pied de la lettre », mais aussi et surtout son esprit et bien étudier comment le réaliser, non seulement pour les organes centraux et internationaux, mais à grande échelle, y compris dans le gouvernement local des centres territoriaux. Quoi qu’il en soit, nous voudrions tout faire en dialogue avec le Dicastère, en approfondissant quelques aspects ponctuels et quelques doutes. Ils nous ont dit expressément qu’ils étaient prêts à nous écouter sur d’éventuelles questions. Le Pape François, en rencontrant les participants à l’Assemblée générale, avait mis en évidence certains thèmes auxquels accorder une attention particulière : l’autoréférentialité, l’importance des crises et de savoir bien les gérer, la cohérence et le réalisme pour vivre la spiritualité, la synodalité. Qu’est-ce qui a été fait ou que comptez-vous faire pour donner suite à ces indications ? Nous considérons le discours du Pape François aux participants de l’Assemblée générale comme un document programmatique, de même que le document final de l’Assemblée elle-même. C’est avec une grande joie que nous voyons que l’approfondissement et la recherche de voies d’application de ces deux documents portent du fruit dans les différentes zones géographiques où notre Mouvement est présent. Deux points centraux sont en train d’émerger : l’écoute attentive du cri de souffrance de l’humanité qui nous entoure, dans lequel nous redécouvrons le visage de Jésus crucifié et abandonné, et un nouvel esprit de famille dans notre Mouvement, au-delà de toute subdivision. En cela s’exprime le noyau de notre spiritualité : offrir au monde un modèle de vie sur le style de celui d’une famille ; c’est-à-dire des frères et des sœurs au niveau universel, liés entre eux par l’amour fraternel pour chaque homme et chaque femme, et l’amour préférentiel pour ceux qui souffrent le plus, pour les plus démunis. Dans quel style et sous quelles modalités le nouveau gouvernement du Mouvement des Focolari a-t-il commencé ? Margaret Karram a-t-elle des nouveautés à ce sujet ? J’ai particulièrement à cœur de vivre dans le gouvernement du Mouvement une expérience de “synodalité“, ce qui signifie mener tout dans un esprit d’écoute et vivre dans les relations interpersonnelles cet amour fraternel évangélique, de vérité et de charité, qui éclaire aussi la place qui revient à chacun, c’est-à-dire la place centrale. En tant que Conseil général, par exemple, nous venons de faire la très belle expérience de nous mettre à l’écoute des responsables territoriaux du monde entier. Ce sont eux qui ont les « mains dans la pâte », qui connaissent les potentialités, les besoins et les caractéristiques culturelles et anthropologiques de nos communautés. En les écoutant, on a pu voir toute la vivacité et la créativité du « peuple de Chiara », qui veut porter remède aux diverses formes de manque d’unité et soigner les blessures de l’humanité qui l’entoure. Peut-être n’est-il pas non plus nécessaire que ce soit toujours le Centre international qui donne des directives ou oriente le parcours du Mouvement. Ce qui est important, c’est que le Centre garantisse toujours l’unité de toute l’Œuvre et qu’il puisse mettre en lumière ce que l’Esprit Saint nous indique au fur et à mesure pour tous.

Aurora Nicosia

Fonte: Città Nuova

L’avenir de l’Economie de Communion : connaître pour renforcer l’action

L’avenir de l’Economie de Communion : connaître pour renforcer l’action

Stefano Zamagni, économiste, Président de l’Athénée Pontifical des Sciences Sociales, est récemment intervenu à Loppiano (Italie) lors de la manifestation pour le «30e anniversaire de l’Economie de Communion». Nous rapportons un extrait de son exposé dans lequel il a souligné la contribution de l’Économie de communion à l’évolution de la pensée économique. Je dois avouer que lorsque j’ai écouté, il y a exactement 30 ans, le discours de Chiara Lubich au Brésil, lorsqu’elle a lancé le projet Économie de communion, j’ai été très impressionné, presque choqué. Parce que l’économie en tant que science possède de nombreuses paroles: richesse, revenu, efficacité, productivité, équité, mais elle n’a pas le mot communion. Et je me suis demandé: «Comment est-il possible qu’une personne comme Chiara, dont la matrice culturelle ne comprenait pas de formation en économie, ait pu lancer un défi intellectuel de ce genre ?». Il devait y avoir un charisme spécial et nous savons aujourd’hui qu’il en est ainsi. Cela m’a positivement perturbé. J’ai commencé à réfléchir et je me suis demandé: «Mais comment est-il possible que dans la longue histoire de la pensée économique, jamais, au cours des siècles passés, un concept comme celui-ci n’ait été abordé ?». Quelques années plus tard, je suis tombé sur les travaux d’Antonio Genovesi, le fondateur de l’économie civile, et j’ai compris toute une série de connexions entre l’économie de communion et l’économie civile. Évidemment, au début, il y avait beaucoup de difficultés pour l’Économie de communion. Je me souviens qu’en 1994, à Ostuni (Pouilles-Italie), le Meic (Mouvement Ecclésial d’engagement culturel) organisait des séminaires culturels pendant l’été. Dans une présentation présidée par un célèbre économiste italien, deux focolarines fraîchement diplômées ont eu l’audace de présenter le projet de l’Économie de communion. Ce professeur a commencé par dire: «C’est une absurdité car cela ne répond pas au critère de rationalité ». J’étais présent et je lui ai demandé: «Mais selon toi, le geste du bon Samaritain satisfaisait-il au critère de rationalité ?». C’était un homme intelligent et il a compris. Tu vois, continuai-je, tu es esclave d’un paradigme, d’une façon de penser qui découle de tes études et tu ne te poses pas le problème, car la rationalité à laquelle tu penses est une rationalité instrumentale, mais il y a aussi une rationalité expressive. Qui a dit que la rationalité instrumentale était supérieure à la rationalité expressive? Ne sais-tu pas que l’Économie de communion s’inscrit dans le modèle de la rationalité expressive? Où expressif signifie qu’un charisme s’exprime, car les charismes doivent être exprimés et traduits dans la réalité historique». L’Économie de communion a permis de récupérer cette tradition de pensée de l’économie civile qui est née à Naples en 1753. Nous pensons aujourd’hui à l’économie et à l’école d’économie civile qui est précédée par Luigino Bruni. Mais pensons au dernier grand événement, «l’Économie de François», qui n’est rien d’autre qu’un mélange entre l’économie civile – qui est un paradigme, c’est-à-dire un regard sur la réalité qui s’incarne ensuite dans des modèles, dans des projets, dans différentes théories – et l’économie de communion. Évidemment, l’événement est encore récent mais je suis certain qu’il connaîtra bientôt une nouvelle saison. Pour terminer, je voudrais utiliser un mot qui a malheureusement disparu de l’usage depuis au moins un siècle: la conation. C’est un mot inventé par Aristote il y a 2400 ans. Elle découle de la crase entre la connaissance et l’action et signifie que la connaissance doit être mise au service de l’action, et que l’action ne peut s’exercer et porter des fruits que si elle est fondée sur la connaissance. Je dis cela parce que le défi des 30 prochaines années et même plus de l’Économie de communion est de renforcer la composante cognitive. Jusqu’à présent, la priorité a été donnée, à juste titre, à l’action, aux réalisations. Mais nous devons être conscients que si l’action n’est pas continuellement nourrie par la connaissance, elle risque d’imploser. Chiara Lubich avait une capacité d’intuition, de compréhension et donc de prévoyance, même dans des domaines dont elle n’était pas spécialiste. En effet, la contribution de l’économie de communion à l’évolution de la pensée économique en tant que science a été notable. Et aujourd’hui, nous pouvons en parler dans nos universités: le professeur Luigino Bruni dirige un programme de doctorat à Lumsa (Libera Università Maria Assunta) à Rome (Italie) sur l’économie civile et l’économie de communion; ici à Loppiano, il y a l’Institut Universitaire Sophia et dans d’autres sites universitaires, il n’est plus interdit de parler d’économie de communion. De mon point de vue, c’est un grand, un très grand résultat. (…) »   Pour revoir la retransmission en direct de Loppiano pour le 30e anniversaire de l’Économie de communion, cliquer ici

Lorenzo Russo

 

Ciseler la figure du Christ en nous

Vivre la charité, source de toute vertu, fait ressortir en nous la figure du Christ, car en aimant on devient un autre Lui. Malgré notre amour pour nos frères, nous traînons avec nous quelques défauts qui enlèvent quelque chose à la beauté du Christ en nous. […] Vous savez que pour acquérir les vertus et lutter contre les vices qui leur sont opposés, nous, qui sommes appelés par Dieu à voir dans le frère notre « chance », c’est justement dans l’amour pour Lui que nous trouvons le renoncement à nous-mêmes. Plutôt que de nous attaquer à nos défauts les uns après les autres pour nous améliorer, notre manière de vivre nous incite à contourner les obstacles, à « changer de pièce » comme nous disons, « en vivant l’autre » et en nous plongeant ainsi dans la charité, source de toute vertu. […] D’ailleurs Jésus abandonné, à qui nous avons donné notre vie, est pour nous le modèle de toutes les vertus. C’est pourquoi nous lui répétons sans cesse que nous voulons l’aimer non seulement lorsque la souffrance se présente, mais aussi en vivant les vertus. La charité, en effet, modèle en nous la figure du Christ car, en aimant, on devient un autre lui. Et lorsqu’on aime Jésus abandonné en mettant en pratique les vertus, on a l’impression de ciseler en nous cette figure du Christ, de la parfaire. Nous voyons bien que notre amour pour nos frères ne nous empêche pas de traîner avec nous depuis des années de petits ou plus gros défauts qui, sans être graves, enlèvent quelque chose à la beauté du Christ en nous. […] Quels sont ces défauts ? Chacun a les siens. Nous gâchons quelquefois ce que nous faisons parce que nous sommes trop pressés ; nous accomplissons de façon imparfaite la volonté de Dieu ; nous sommes distraits dans les prières ; nous perdons notre temps à des bagatelles qui plaisent au monde ; nous ne savons pas mettre de frein à notre gourmandise ; nous nous laissons souvent dominer par la curiosité ou la vanité ; nous parlons à tort et à travers, ou sans raison ; nous nous attachons à des objets futiles, nous sommes esclaves de la télévision ; nous nous faisons servir par nos frères, nous manquons de constance, etc. Que faire ? Jésus nous invite à agir avec décision, lui qui a affirmé : « Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le » (cf. Mt 5, 29). Par amour pour Jésus abandonné nous devons donc, nous aussi, ne pas hésiter et, tout en persévérant sur la voie de l’amour et en restant ce que nous sommes, arracher nos défauts un par un. […] Je suis convaincue que, sur la voie que nous avons prise, nous pouvons y parvenir, car l’amour, qui est renoncement à soi, nous vient en aide et brûle toute imperfection. Toutefois, il ne sera pas mal de viser quelques défaut et de prendre l’habitude contraire. […] Alors, courage et à l’œuvre !

Chiara Lubich

  (d’une liaison téléphonique, Rocca di Papa, Rocca di Papa 21 juin 1984) Extrait de : Chiara Lubich, Sur les pas du Ressuscité, Ed. Nouvelle Cité, 1992, p. 15-16.

Albanie : une expérience sous le signe de la réciprocité

Albanie : une expérience sous le signe de la réciprocité

Près de deux ans après le violent séisme, la communauté des Focolari remercie tous les donateurs qui ont soutenu leur pays dans un moment de grande difficulté. Mais cette communion des biens ne s’arrête pas là : le surplus des aides a été envoyé à ceux qui ont dû faire face à de nouvelles urgences. Le 26 novembre 2019, à 3h54, un violent séisme a frappé la République d’Albanie, au centre de la région septentrionale. 52 victimes et plus de 2 000 blessés, avec de nombreux effondrements et dommages. Plus de 4 000 personnes doivent quitter leur domicile. L’équipe de Coordination des urgences du mouvement des Focolari s’est immédiatement mobilisée pour répondre aux besoins du Pays. Au cours des travaux préliminaires, six familles dans le besoin ont été identifiées, dont les maisons avaient subi suffisamment de dégâts pour être incluses dans le projet de reconstruction. En raison de la pandémie, le travail a été considérablement ralenti, mais toutes les familles ont pu affronter l’hiver dans une structure adaptée. À ce jour,  cinq maisons ont été rebâties. Seule une famille attend encore les autorisations nécessaires de la mairie pour engager les travaux. Après la nouvelle du tremblement de terre, dans le monde entier de nombreux membres des Focolari se sont mobilisés pour répondre aux besoins de la communauté albanaise. Une grande communion de biens a été organisée avec l’AMU (Action pour un Monde Uni) et AFN (Action pour les  Familles Nouvelles), recueillant des dons en provenance de nombreux pays dont l’Italie, l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche et l’Australie. Francesco Tortorella, de l’AMU, précise : « Les effets sont multipliés lorsque nous agissons ensemble : non pas en tant qu’organisations individuelles ou expressions individuelles du mouvement des Focolari, mais comme une seule réalité. » Au total, 53 000 euros ont été collectés, dont 14 000 ont été utilisés – et le seront – pour des projets de reconstruction en Albanie, notamment les travaux de la dernière maison, qui seront réalisés dès l’obtention des autorisations. Le surplus a été donné aux populations indigènes du Honduras, après la destruction des champs et des maisons sur pilotis des agriculteurs, provoquée en 2020 par deux typhons. « La dynamique de réciprocité a donc impliqué l’ensemble du projet – explique encore Francesco Tortorella – ils ont tous accepté d’utiliser l’argent supplémentaire pour cette nouvelle urgence. » Une partie des fonds a été investie dans la création d’un cours sur la gestion des émotions destiné aux jeunes : après le tremblement de terre et la pandémie, il y avait un besoin, chez les jeunes, de bénéficier une aide pour gérer le stress et l’anxiété. Vingt-cinq d’entre eux, âgés de 14 à 24 ans, y participent actuellement. Elsa Cara, membre des Focolari et comptable à Tirana, la capitale albanaise, nous confie : « J’ai perdu sept cousins à cause du tremblement de terre. Grâce aux dons des Focolari, je me suis rendue à Thumane, l’un des endroits les plus touchés. Comme c’est une région majoritairement musulmane, la communauté catholique est très petite : j’ai décidé d’y aller chaque semaine, pour être près des enfants, en donnant un cours de catéchèse. Au début, tout le monde était sous le choc. Maintenant, c’est un groupe uni et heureux de vivre cette expérience et beaucoup d’entre eux ont déjà été baptisés. Tout cela grâce à la collaboration entre les Focolari, l’Église locale et Caritas. » Alfred Matoshi, avocat à Tirana et engagé dans le projet de reconstruction, remercie les donateurs au nom de toute la communauté des Focolari en Albanie: « Merci parce que ce sont eux qui nous ont permis d’aider des familles en difficulté, des enfants dans la rue et privés d’un toit, des personnes qui pleuraient de peur. Merci, ne cessez pas de donner partout où il y a des besoins. »

                                                                                                                  Laura Salerno

   

Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés 

Une conférence internationale en ligne, avec des traductions en 20 langues, organisée par les Focolari a mis en évidence la contribution de la spiritualité de Chiara Lubich pour accroître l’unité entre les chrétiens. « La volonté de Dieu est l’amour réciproque, donc pour guérir cette rupture il faut s’aimer les uns les autres ». C’est avec ces mots que Chiara Lubich a lancé, le 26 mai 1961, le Centre « Uno » pour l’unité des chrétiens, comme une contribution dans le domaine œcuménique pour « guérir » la « rupture » de la division entre les chrétiens des différentes Églises. Ceux qui, venus du monde entier, soit plus de 13 000 personnes, ont participé à la rencontre internationale pour l’unité des chrétiens organisée par les Focolari et qui s’est déroulée en ligne les 28 et 29 mai, intitulée « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12), ont pu constater que la ligne indiquée à l’époque par la fondatrice continue d’être la ligne du Mouvement dans le domaine œcuménique.  Deux lignes directrices, en particulier, sont apparues sur le chemin de l’unité des chrétiens : « le dialogue de la vie » et « le partage des dons spirituels ». À la base de celles-ci, pour les membres des Focolari, deux points de la spiritualité de l’unité : la présence de Jésus au milieu des chrétiens unis dans Son amour (cf. Mt 18,20) et l’amour porté à l’extrême dans le cri de Jésus sur la croix (cf. Mc 15,34). « Le cri de l’humanité d’aujourd’hui, a déclaré Margaret Karram, Présidente des Focolari, lors de  son intervention, semble être un écho de son cri : ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?’. (Mc 15,34). Mais Jésus, par un acte suprême d’abandon, s’est complètement remis au Père, comblant tout écart, toute désunion possible ».  « En Lui, a-t-elle poursuivi, nous trouvons la mesure de l’amour. Quand nous le reconnaissons dans tout ce qui nous blesse, dans nos propres limites et dans celles des autres, quand il est difficile de ‘se rencontrer’ sans se blesser, c’est encore Lui qui nous appelle à aimer l’Église de l’autre comme la nôtre ». Les « deux pôles du charisme de l’unité », l’unité et Jésus abandonné, ont également été évoqués par le Card. Kurt Koch, Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, qui y voit la contribution de la spiritualité œcuménique de Chiara Lubich au renforcement de l’unité entre les chrétiens. Il a également déclaré qu’il avait « reçu d’elle une grande inspiration pour ma tâche actuelle ». Il a transmis les salutations du Pape François qui « souhaite que la réflexion sur le dialogue et l’échange de dons spirituels, ainsi que le partage de l’expérience de communion vécue au cours de ces années, soient un encouragement à réaliser quotidiennement la prière de Jésus au Père ’Que tous soient un’ ». Le Révérend Père Ioan Sauca, Secrétaire par intérim du Conseil œcuménique des Églises, a déclaré que l’amour est « le cœur de la spiritualité de l’unité dont Chiara a toujours parlé ; nous sommes tous embrassés par l’amour de Dieu en Christ dans la puissance de l’Esprit Saint ». Le théologien catholique Piero Coda, évoquant la présence de Jésus au milieu des siens, a déclaré : « Et alors, ce sera Lui, dans la lumière et la force de l’Esprit, qui nous guidera sur le chemin de l’unité ». « Jésus au milieu » est une expression ‘inventée’ par Chiara Lubich qui, comme l’a rappelé le professeur Mervat Kelly de l’Église syrienne orthodoxe, « n’a jamais été entendue auparavant », même si plusieurs Pères de l’Église en ont parlé. Alors que le théologien luthérien évangélique Stefan Tobler a observé que « le Mouvement, en voulant soutenir le cheminement des Églises, peut ramener à une expérience qui est le fondement, la nourriture de tout parcours  œcuménique ». La conférence a été suivie dans de nombreux pays du monde : avec 20 langues en traduction simultanée, le premier jour, la retransmission en direct sur le web a été vue par plus de 13 000 personnes et le deuxième jour par 8500. Les expériences vécues à Cuba, au Mexique, au Pérou, au Venezuela, à Hong Kong, aux Philippines, au Congo, aux États-Unis, au Liban, en Roumanie, en Grande-Bretagne, en Irlande, en Italie et le projet « Ensemble pour l’Europe » ont confirmé combien  le « dialogue de la vie » est une voie viable sur le chemin de l’unité. Une autre dimension qui est apparue au cours de la conférence est l’« œcuménisme réceptif », c’est-à-dire l’échange de dons spirituels, la découverte des dons que chaque Église peut offrir et partager. Mgr. Juan Usma Gómez du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, expert en dialogue avec la réalité charismatique et pentecôtiste, a exposé les tensions qui existent au sein du christianisme. « Je voudrais que nous essayions ensemble, a-t-il dit, de rêver d’un chemin possible entre les membres du Mouvement des Focolari et ceux qui appartiennent au Mouvement Pentecôtiste/Charismatique, en identifiant quelques éléments indispensables pour le mettre en œuvre ». Cette session a été enrichie par les interventions du Pasteur Giovanni Traettino, fondateur de l’Église évangélique de la Réconciliation en Italie, et du Pasteur Joe Tosini, fondateur du Mouvement John 17 aux États-Unis, tandis que les témoignages d’Italie de pentecôtistes et de catholiques membres des Focolari travaillant ensemble dans des projets de solidarité pour leurs villes, ont validé la fécondité du « dialogue de la vie ». À l’issue de la rencontre, Jesús Morán, Coprésident du Mouvement des Focolari, a observé que « l’amour mutuel entre nous, chrétiens, est le témoignage le plus fort et le plus crédible pour le monde qui nous entoure » et que « dans le moment actuel que vit l’humanité, l’unité des chrétiens est un impératif éthique qui ne peut être remis à plus tard ».  Affirmant que « nous ne voulons pas nous soustraire à cet « effort d’unité » auquel le card. K. Koch se référait dans son intervention, il a  conclu : « Nous voulons seulement donner la priorité à ce qui est prioritaire, et c’est l’expérience de Dieu qui fonde toute logique, tout discours de prédication sur Dieu. Il me semble que ces jours-ci,  nous avons fait cette expérience, une fois de plus, comme un immense cadeau de Dieu ».

Joan Patricia Back

Voici les liens pour revoir les retransmissions en direct des 28 et 29 mai dans différentes langues : https://www.youtube.com/playlist?list=PLKhiBjTNojHo9Zx4JZmSokKOePyBL4Prp

Prix Chiara « Luce » Badano 2021

Le concours veut valoriser les jeunes de 10 à 35 ans qui exprimeront de manière artistique ce que la rencontre avec Chiara Badano leur aura inspiré. La date limite est le 30 juin 2021.

Encore cette année, vous pourrez participer au Prix Chiara « Luce » Badano, né en 2018 et qui en est à sa quatrième édition, promu par la Fondation Chiara Badano. Il est dédié à Chiara Badano, une jeune fille du mouvement des Focolari de la communauté de Sassello (Italie,) béatifiée le 25 septembre 2010. L’objectif du concours est de promouvoir des œuvres artistiques inspirées de la vie et du témoignage de Chiara Badano, dans le but de soutenir et d’encourager sa connaissance et son histoire, en la proposant comme modèle de vie pour de nombreux jeunes. À l’âge de 17 ans, Chiara découvre qu’elle a une tumeur osseuse. Elle se rend compte de la gravité de la maladie mais son amour infini pour Dieu est plus fort. Son don est décisif : « Pour toi Jésus, si tu le veux, je le veux aussi ! » Elle entretient une relation étroite et profonde avec Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, qui lui écrit : « Dieu t’aime immensément et veut pénétrer l’intimité de ton âme pour te faire vivre des gouttes de ciel. « Chiara Luce » est le nom que j’ai pensé pour toi ; il te plaît ? C’est la lumière de l’Idéal qui vainc le monde… » Chiara Badano part au Ciel le 7 octobre 1990, à l’âge de 19 ans. Aujourd’hui, sa vie, certes brève, mais intense dans sa relation avec Dieu-Amour, est un exemple pour des milliers de jeunes dans le monde. Le prix Chiara « Luce » Badano est ouvert à tous les jeunes âgés de 10 à 35 ans et vise à valoriser ceux qui exprimeront de manière artistique ce que la rencontre avec Chiara Badano leur a inspiré. Il y a deux catégories de participants : les adolescents qui s’inscrivent seuls ou en groupes de 10 à 16 ans et les jeunes de 17 à 35 ans. Ils peuvent participer du monde entier par une seule œuvre pour chaque édition. L’âge sera considéré selon la date d’inscription au prix. Les artistes peuvent participer à travers leur expression créative préférée : dessins, poèmes, histoires, chansons, danses ou mimes, bandes dessinées, vidéoclips ou autres. Les œuvres doivent parvenir au jury au plus tard le 30 juin 2021 selon les règles et procédures indiquées dans le règlement sur le site www.chiarabadano.org. Un jury qualifié, présidé par la mère de Chiara, Maria Teresa Badano, votera pour les œuvres divisées en deux catégories : très jeunes et jeunes. Le 29 octobre à Sassello, le jour de la fête liturgique annuelle, aura lieu la cérémonie de remise des prix par une plaque de verre à l’effigie de Chiara Badano et l’exposition et/ou la représentation de l’œuvre gagnante.

Lorenzo Russo

Écouter la voix de l’Esprit 

Nous ne pouvons pas improviser la charité, qui est une participation à la vie divine ; nous devons la puiser en Dieu et dans son Esprit. Alors, en écoutant et en obéissant à Sa voix, le plan de Dieu se dévoile magnifique et majestueux. […] Être parfaits dans l’amour. Et pour atteindre ce but – vous le savez -, être chaque jour plus parfaits, parce que « celui qui n’avance pas recule ». Alors, avoir pour le prochain qui passe à côté de nous une charité toujours plus raffinée, toujours plus exquise. Mais quel est le meilleur moyen d’atteindre un tel objectif ? Je n’en vois pas d’autre que celui d’avoir le cœur, l’esprit et les forces tournés vers Jésus abandonné, dans un désir toujours renouvelé de l’aimer ; de l’aimer dans les souffrances inévitables de chaque journée. […] C’est avec cet amour, et – comme nous le disons – en allant toujours « au-delà de la plaie », à chaque instant, que le Ressuscité peut vivre de façon lumineuse en nous, que Son Esprit peut rompre toutes les chaînes de notre « moi ». Et si l’Esprit est libre en nous, Il peut mieux faire grandir la charité qui est répandue dans notre cœur, justement par Lui. Je suis en train de faire l’expérience ces jours-ci qu’en m’efforçant de vivre avec le Ressuscité dans le cœur, la voix de Dieu retentit en moi et c’est cette voix qui me guide dans les relations que je dois établir avec toute personne, qu’elle appartienne ou non à l’Église ou au Mouvement. […] Oui, la charité, qui est une participation à la vie divine, nous ne pouvons pas l’improviser ; nous devons la puiser en Dieu, dans son Esprit. Alors, en écoutant et en obéissant à Sa voix, le plan de Dieu se dévoile, magnifique et majestueux. Et, tandis que cela se réalise, l’unité s’approfondit entre nous, elle grandit […]. Très chers tous, nous avons un Idéal extraordinaire, divin. […] Vraiment, nous ne nous rendons pas compte de ce que nous avons. Ou mieux, nous le savons : nous avons Jésus, le Fils de Dieu en nous et au milieu de nous, qui vit et domine parce que la charité est reine. Alors, afin d’être toujours plus ainsi, […] remettons-nous à aimer Jésus abandonné, afin que le Ressuscité resplendisse dans notre cœur. La Parole de Son Esprit se fera puissante en chacun de nous et nous pourrons être toujours plus parfaits dans l’amour, faisant toujours plus plaisir à Dieu, à Marie ; et nous serons toujours plus aptes à servir l’Église. Rappelons-nous ce trinôme : Jésus abandonné, le Ressuscité et écouter la voix de l’Esprit. Ainsi, nous serons pour tous l’expression de la charité de Dieu.

Chiara Lubich

 (d’une liaison téléphonique, Rocca di Papa 21 novembre 1985) Extrait de : Chiara Lubich, Sur les pas du Ressuscité, Nouvelle Cité Ed., 1992, p. 63-64.  

Volcan Nyiragongo : la solidarité (héroïque) des habitants de Goma

Volcan Nyiragongo : la solidarité (héroïque) des habitants de Goma

Nous avons rejoint la communauté des Focolari de Goma (République Démocratique du Congo) qui, comme toute la population, vit une situation dangereuse suite à l’éruption du volcan Nyiragongo et aux secousses sismiques qui ont suivi. Il y a un peu plus d’une semaine, le volcan Nyiragongo, situé en République démocratique du Congo et décrit comme l’un des plus actifs au monde, a explosé. Selon le National Geographics, « le Mont Nyiragongo est rarement calme et est l’un des rares endroits au monde à avoir un véritable lac de lave dans son sous-sol qui bouillonne jusqu’au sommet du cratère ». Tard dans la soirée du samedi 22 mai, les événements se sont brusquement accélérés : de larges fractures se sont ouvertes sur les flancs rocheux, projetant la lave en coulées rapides vers Goma, la métropole de plus de 1,5 million d’habitants située à une dizaine de kilomètres du volcan. « La peur et le désespoir sont devenus des compagnons quotidiens », confie Asu-Oma Tabe Takang, une focolarine camerounaise qui vit à Goma et que nous avons jointe, « un cauchemar que, malheureusement, les habitants de cette ville ne connaissent que trop bien ». En raison du risque d’une nouvelle éruption, le gouvernement provincial a demandé aux habitants de 10 quartiers de la ville de quitter leur maison. L’UNICEF a prévenu que deux cent quatre-vingt mille enfants font partie des quatre cent mille personnes qui devraient être déplacées et qui ont besoin de protection ou de soutien.  « La situation n’est pas encore stable », dit Asu-Oma, « et l’on craint une nouvelle éruption. Nous vivons dans un quartier défini comme ‘non à risque’, nous sommes donc plus tranquilles. Des personnes y sont venues chercher refuge ». Comment faites-vous face à la situation ? Dès les premiers instants de cette tragédie, nous nous sommes lancés un défi : faire un effort pour vivre « ici et maintenant ». C’est-à-dire être conscientes et attentives à ce qui se passe autour de nous, ne pas nous laisser distraire par l’inquiétude et la peur afin d’aider ceux qui en ont le plus besoin. Comment avez-vous vécu cette tragédie ? Nous ne pouvons toujours pas sortir de chez nous comme auparavant, la peur est encore très présente même si la vie reprend lentement son cours. Mais à travers les médias, nous sommes en contact avec les amis, la famille et tous les membres des Focolari de la région. Les premiers moments de cette tragédie ont été difficiles pour tout le monde, nous étions dans la tourmente, dans l’incertitude. À un moment donné, quelqu’un a envoyé un message sur l’un de nos forums, rappelant l’expérience de Chiara Lubich et de ses premières compagnes pendant la guerre. « Pour Chiara aussi, c’était des temps de guerre mais la découverte qu’elles avaient faite a changé leur vie : Dieu est amour ». Ces messages sont arrivés comme des étincelles et ont insufflé du courage aux personnes, transformant aussi notre attitude envers nos souffrances, nos inconforts, mais aussi envers les personnes qui nous entourent, surtout les plus souffrants. Nos téléphones portables étaient remplis de messages et d’expériences : une véritable chaîne de solidarité. Dans quel sens ? C’est une chaîne de solidarité constituée de petits actes d’attention, de gentillesse, de tendresse, de charité pratiqués partout et par n’importe qui : ceux qui ont dû quitter leur maison, mais aussi ceux qui ont pu y rester.  C’est grâce à ce soutien que nos cœurs, mais aussi nos maisons, sont devenus des lieux d’accueil. Un matin, nous avons reçu des messages de quelques amis et connaissances qui s’inquiétaient pour nous, nous conseillant de quitter la ville. Nous avons reçu un appel téléphonique d’une personne qui a dû évacuer parce que son quartier était à haut risque. Elle se préparait à partir mais ne savait pas où aller. Je me suis dit à ce moment-là : « Moi, je suis en sécurité et pourtant je pense partir, alors que cette personne doit quitter sa maison et n’a nulle part où aller ? » J’ai partagé à l’autre focolarine cette réflexion et nous avons décidé de rester dans la ville pour tous ceux qui auraient besoin de nous. Nous l’avons donc appelée, lui offrant l’hospitalité dans le focolare, à elle et à ses enfants. Ces simples gestes d’attention génèrent des relations de réciprocité entre les gens, même entre étrangers, et nous font approfondir la paix et la sérénité. À un certain moment, il n’y avait plus de courant ni d’eau dans la ville et notre portier, qui nous avait confié à quel point il était impressionné que nous avions décidé de rester, a fait tout ce qu’il pouvait pour que nous puissions avoir de l’eau.  Il est donc allé chez le voisin et lui a dit : « …elles ne peuvent pas rester sans eau » et ils ont tout fait pour que nous ayons de l’eau en abondance ! La catastrophe a également touché 17 villages… … avec la perte de centaines de maisons, d’écoles, de centres de santé et même d’un aqueduc. On compte 37 victimes, un nombre qui pourrait augmenter dans les jours à venir ; certaines personnes sont mortes dans l’incendie, d’autres dans des accidents de la route pendant l’évacuation chaotique. Tout au long de ces journées, nous avons essayé de rester proches et de prier avec et pour toutes les familles qui ont perdu leurs biens ou leurs proches, comme ce fut le cas pour trois familles de notre communauté des Focolari qui ont tout perdu sous la lave. Nous nous sommes demandé ce que nous pouvions faire pour atténuer au moins une partie de cette douleur. Une personne de la communauté a offert un terrain où nous pourrions construire temporairement une maison pour chacune de ces familles, afin que chacune d’elles puissent rester unie et assurer leur intimité. Nous assistons également à des moments de grande générosité.

Aux soins de Lily Mugombozi et de Ghislane Kahambu

Une minute pour la paix

Une minute pour la paix

Le mardi 8 juin 2021 à 13 heures, heure locale, faisons une pause dans chaque fuseau horaire pour prier pour la paix en Terre Sainte, au Myanmar et dans le monde entier, chacun selon sa propre tradition. « Avec UNE MINUTE POUR LA PAIX 2021, le 8 juin à 13 heures (heure locale), nous invitons tout le monde : catholiques, chrétiens de différentes confessions, croyants de nombreuses religions, hommes et femmes de bonne volonté à s’unir pour prier et travailler ensemble pour la paix dans le monde entier, en particulier à Jérusalem, entre Israéliens et Palestiniens et au Myanmar ». C’est l’appel lancé par le Forum International d’Action Catholique (FIAC) en collaboration avec les AC d’Italie et d’Argentine, l’Union Mondiale des Organisations Féminines Catholiques (UMOFC) et d’autres associations. Le Mouvement des Focolari adhère à cette initiative et invite tout le monde à se joindre spirituellement à ce moment particulier. La date a une haute signification symbolique : le 8 juin 2014 a eu lieu dans les jardins du Vatican la rencontre «  Invocation pour la paix » promue par le pape François avec le président d’Israël Simon Peres, le président de l’Autorité palestinienne Maḥmūd ʿAbbās – Abu Mazen, avec le Patriarche de Constantinople Bartholomée Ier. Était également présente à cette rencontre Margaret Karram, actuelle présidente du Mouvement des Focolari, qui a récité à cette occasion la prière pour la paix de saint François d’Assise. « Je crois au pouvoir de la prière parce que je l’ai vu en action de nombreuses fois, comme le 8 juin 2014, lorsque le  a voulu ce moment extraordinaire qu’a été « l’invocation pour la paix » en Terre Sainte – rappelle Karram dans une interview au journal italien Avvenire – (…) j’ai eu le privilège de lire devant eux la prière pour la paix de Saint François d’Assise. C’était une expérience très forte. On pourrait se demander : «  Mais à quoi a-t-elle servi, cette prière ? Cela a été un point lumineux vers lequel regarder, parce que la prière – comme l’avait dit le Gardien de la Terre Sainte de l’époque – n’est pas une chose qui produit quelque chose, la prière génère. Nous devons dès lors continuer à générer la paix dans notre propre cœur avant tout et avec tous les autres ». Depuis cette date historique, chaque année, en ce jour du 8 juin, le Forum International d’Action Catholique invite à « Une minute pour la paix » afin d’ implorer ensemble, à travers la planète, la fin de tous les conflits. C’est à nous de le faire ! Impliquons-nous et diffusons cette initiative afin de compter un nombre croissant de MINUTES POUR LA PAIX dans le monde entier. Lorenzo Russo Info : Forum International d’Action Catholique