Mouvement des Focolari
Ils ont délogé Jésus

Ils ont délogé Jésus

Cette année encore, les Gen4, les enfants du mouvement des Focolari, mènent une action pour rappeler aux personnes le vrai sens de Noël. Dans la situation actuelle où la pandémie nous oblige à éviter tout contact personnel, les Gen4, les enfants du mouvement des Focolari se sont posé de nombreuses questions sur la façon de se préparer à Noël. « Comment allons-nous réaliser cette année l’action ‘ils ont délogé Jésus’? Sera-t-il possible de nous réunir pour préparer les figurines de l’Enfant? Pourrons-nous sortir dans les rues pour donner Jésus aux gens » ? Née en 1997, l’action ‘ils ont délogé Jésus’ a une signification précise : il s’agit de ne pas se laisser influencer par le consumérisme mais de ramener les vraies valeurs au centre de Noël. L’idée est venue d’une réflexion de Chiara Lubich qui était alors en Suisse en ce temps de l’Avent. En marchant dans les rues illuminées d’une grande ville, Chiara est frappée par les lumières, les décorations raffinées, la richesse, mais surtout par l’absence de référence à la signification première de Noël. Elle l’écrit ainsi : « ce monde riche ‘s’est accaparé’ Noël et tout ce qui l’entoure et a chassé Jésus ! (…) Il a misé sur Noël pour le meilleur profit de l’année et ne pense pas à Jésus ». Ainsi, depuis 1997, des milliers de Gen4 dans le monde entier acceptent l’invitation de Chiara à ramener Jésus au centre de Noël. Lors des années précédentes, quand il n’y avait pas encore le Covid, les Gen4 offraient aux personnes des figurines en plâtre de l’Enfant Jésus ou des crèches de toutes sortes qu’ils avaient modelés, dans les rues, les places, les marchés, les institutions locales et dans les écoles, ainsi que le texte de Chiara Lubich intitulé “Ils ont délogé Jésus“. Cette action a en soi la dimension du ‘don’, de la prise de conscience de l’autre : les Gen4 pensent chaque année à des initiatives en faveur de leurs pairs qui, dans certaines parties du monde, manquent du nécessaire, comme l’Enfant Jésus ; les personnes qui reçoivent “l’Enfant” donnent souvent spontanément pour les buts proposés. A la Noël 2019, les centres mondiaux Gen4 ont pu aider avec l’argent collecté le Centro Social Unidad de Bogota (Colombie), qui accueille des enfants émigrés du Venezuela et l’Institut pour  enfants sourds, l’Institut de Rééducation Audio Phonétique ( IRAP) du Liban. Cette année, tout sera un peu différent : la pandémie permet peu de libertés mais les idées et la créativité n’ont pas manqué pour tenter de vivre cette opération et remettre Jésus au centre de Noël. Comment fabriquer et offrir les figurines en plâtre ? Ce sera en famille, en petits groupes, dans les quartiers, dans les paroisses, en respectant les précautions et les règles prescrites pour cette pandémie. Cette année, nous avons décidé d’aider le Collegio Fiore au Guatemala. Avec la pandémie, la situation économique s’est aggravée et les activités scolaires ont été suspendues temporairement. Nous voulons les soutenir par l’action ‘Ils ont délogé Jésus’, afin que, dès que possible, beaucoup d’enfants puissent retourner à l’école dans de meilleures conditions. Pour plus d’informations, visitez le site : https://gen4.focolare.org/fr/

Lorenzo Russo

Quatre cadeaux pour Noël

Quatre cadeaux pour Noël

Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité et nous surprend par sa providence. Le témoignage d’Urs (Suisse) : un geste fait par amour peut avoir de nombreux effets positifs. J’ai été invité à fêter la veillée de Noël avec mes deux frères et leurs épouses. Je voulais faire un cadeau à chacun d’eux, mais je n’avais pas de quoi en acheter. J’ai donc remis mon souhait entre les mains de Dieu. Il y a quelques jours, notre ami Peter, un pasteur réformé, nous a invités dans sa communauté paroissiale pour faire des bougies avec de la cire d’abeille. Ici, c’est une tradition répandue dans de nombreuses localités, mais je n’y avais jamais prêté attention.  Je m’y suis rendu avec les autres pour  confectionner ma bougie et, à ma grande surprise, j’ai vu qu’elle était belle. Je me suis souvenu que la femme de mon jeune frère collectionne les bougies. Le premier cadeau était prêt ! De temps en temps, je vais aider une petite entreprise tenue par des amis, surtout lorsqu’ils ils doivent faire de nombreuses expéditions et qu’ils sont sous pression. La dernière fois, il y a quelques semaines, dans un moment de pause, j’ai regardé dans l’entrepôt les articles en vente et j’ai trouvé une belle boîte pleine de blocs-notes : un pour les adresses, un autre pour organiser l’agenda, etc … Ils étaient très beaux. J’ai demandé le prix, mais c’était hors de mes possibilités. J’ai donc continué à préparer mon colis. Ce fut une journée de travail intense. A la fin, j’étais fatigué, mais heureux d’avoir pu leur donner un coup de main. Au moment de partir, le responsable m’a donné un paquet cadeau pour me remercier de l’aide que j’avais apportée pendant l’année. Je l’ai ouvert et j’ai dû retenir mes larmes: c’était la boîte avec ces blocs-notes. Le cadeau pour mon frère aîné était prêt ! Il y a quelques jours, un ami m’a donné une enveloppe avec de l’argent : « C’est pour toi – m’a-t-il dit – pour tes besoins personnels. » Comme c’était le jour du marché de Noël dans notre village, j’y suis allé, mais les prix me semblaient exagérés. Avant de partir, j’ai découvert le stand d’un agriculteur qui produisait du vinaigre biologique enrichi de gingembre, exactement ce que la femme de mon frère aîné aime. Il était emballé dans une jolie petite bouteille et la somme reçue était juste suffisante pour l’acheter. Un autre petit cadeau tout prêt ! Sur le chemin du retour, un ami me dit qu’il a reçu un porte-documents en cuir, dont il n’a pas besoin car il en a déjà un et me demande si par hasard il pourrait me servir. J’ai alors pensé à mon frère cadet, il pourrait lui être utile puisqu’il est chargé de consultations et de devis. J’ai appris par la suite que, quelques jours auparavant, le sien s’était détérioré et que  le mien était arrivé juste au bon moment ! A la fin, les cadeaux étaient prêts. J’ai ajouté une lettre personnelle pour chacun d’entre eux, où je disais à chacun ce qu’il est pour moi. Ce fut un beau moment, rempli de bonheur ! Je pensais que je serais allé à cette fête de Noël les mains vides, mais Quelqu’un a pensé à me faire trouver un cadeau pour chacun.

Propos recueillis par Gustavo E. Clariá

 

Renouveler notre donation à Dieu

Par sa consécration à Dieu, le 7 décembre 1943, Chiara Lubich, alors âgée de 23 ans, donne naissance au Mouvement des Focolari. 60 ans plus tard, elle a rappelé ce moment, lors d’une liaison téléphonique, invitant tous les membres du Mouvement à renouveler leur donation à Dieu. […] Et maintenant, avec le recul de plusieurs décennies, nous pouvons comprendre la signification du 7 décembre 1943 pour notre Mouvement ; cette date signifie la venue sur la terre d’un charisme de l’Esprit Saint, d’une lumière nouvelle. Cette lumière devait, dans le plan de Dieu, étancher la soif de ce monde avec l’eau de la sagesse, le réchauffer au feu de l’amour divin et faire naître ainsi un peuple nouveau, nourri de l’Évangile. […] Il décide alors de m’appeler, une jeune fille parmi d’autres. D’où ma consécration à Dieu. C’était mon « oui » à Dieu, bien vite suivi par beaucoup d’autres « oui » de jeunes femmes et de jeunes hommes. Cette journée nous parle donc de lumière et de donation à Dieu afin de devenir des instruments entre ses mains pour la réalisation de ses plans. Lumière et don de soi à Dieu : deux notions particulièrement utiles alors, en ce temps de désarroi complet, de haine réciproque et de guerre que nous traversions. C’était une époque sombre où Dieu semblait absent du monde, de même que son amour, sa paix, sa joie et sa présence comme guide. Personne ne paraissait s’intéresser à lui. Lumière et don de soi à Dieu : deux paroles que le Ciel veut nous répéter aujourd’hui, alors que notre planète est meurtrie par de nombreuses guerres et, de manière encore plus terrifiante, par le terrorisme. Lumière signifie Verbe, Parole, Évangile, cet Évangile encore trop peu connu et surtout trop peu vécu. Le don de soi à Dieu est plus que jamais nécessaire aujourd’hui, alors que des hommes et des femmes s’enrôlent, prêts à donner leur vie pour les causes que le terrorisme soutient. Que doit-il alors en être de nous, chrétiens, disciples d’un Dieu qui s’est laissé crucifier et a été abandonné afin que naisse un monde nouveau, pour notre Salut et pour la Vie qui n’aura pas de fin ? […] […] Repartons vers le monde qui nous attend, tels des Évangiles vivants, afin de pouvoir l’inonder de sa lumière. Nous pouvons être des Évangiles vivants, en continuant à vivre la volonté de Dieu dans l’instant présent[…]. N’oublions pas non plus d’assimiler la « Parole de vie », extraite de l’Écriture, qui nous est proposée chaque mois. […] Et comme si nous naissions à nouveau, donnons-nous encore une fois complètement à Dieu, de la façon qu’il a choisie pour chacun de nous. Ainsi, même le présent et l’avenir que Dieu nous donnera lui seront agréables.

Chiara Lubich

(Extraits d’une conférence téléphonique, du 11 décembre 2003). Extrait de: “7 Dicembre 1943 – 7 dicembre 2003”, in: Chiara Lubich, Conversazioni in collegamento telefonico, p. 664. Città Nuova Ed., 2019.

Migrants en Amérique du sud : une histoire que nous vivons aujourd’hui

Migrants en Amérique du sud : une histoire que nous vivons aujourd’hui

Les aides des communautés des Focolari dans les pays d’Amérique latine sont des gestes concrets pour être « tous frères », comme l’invoque le pape François dans sa dernière encyclique. Au Pérou et dans d’autres pays d’Amérique latine, nous assistons à l’arrivée incessante de migrants, surtout des Vénézuéliens, mais aussi des Cubains, des habitants d’Amérique Centrale, des Haïtiens, des Arabes. Les communautés du mouvement des Focolari s’engagent chaque jour à aider ces personnes. « Notre aventure au Pérou commence quelques jours avant Noël 2017 », dit Silvano Roggero, focolarino au Pérou. Nous avions invité à déjeuner chez nous des Vénézuéliens que nous avions rencontrés. Au début, ils étaient cinq, puis nous nous sommes déplacés au Centre Juan Carlos Duque parce que les invitations dépassaient les 120 personnes ! Je me souviens de la rencontre de Geno avec Karlin et ses trois jeunes enfants. Accroupie sur le trottoir, elle vendait des bonbons. Geno a entendu en lui une voix forte: “C’est Jésus ! ”. Sur le chemin du retour, il lui achète des bonbons et l’invite à déjeuner. Ce dimanche-là, elle est venue avec ses 3 enfants et a également amené sa sœur avec ses 2 enfants ». En Colombie, près de Bogotá, Alba, arrivée en tant que migrante du Venezuela en 2014, est devenue une référence pour les « Caminantes » (migrants) qui passent tous les jours. Un jour, alors qu’elle n’avait pas encore déjeuné, une femme enceinte avec son partenaire est passée, ayant besoin d’une visite. Au dispensaire, une infirmière très attentive et aimable pouvait les aider. Malgré le froid, la faim, le souci de laisser ses collègues bénévoles seuls et même ses enfants à la maison sans déjeuner, Alba est restée à les attendre. À la fin de la visite, elle a raccompagné les deux jeunes parents. Que s’est-il passé ? Les Caminantes, sachant ce qu’Alba avait fait pour eux, ont réuni deux sous pour acheter deux cartons d’œufs pour elle, ses enfants et ses collègues ! Le centuple, vraiment! De qui ? De ceux qui en ont le plus besoin ! Fin 2018, la communauté des Focolari de Mexico s’est jointe à « l’accueil humanitaire » des caravanes de migrants. Cette association civile, inspirée par le charisme des Focolari, a apporté sa contribution technique et sa coordination avec les autorités. Un canal a été activé pour faciliter l’arrivée de nourriture, de vêtements, de produits d’hygiène personnelle et de dizaines de couvertures. On peut imaginer la gratitude des migrants. Le Brésil a également accueilli de nombreux migrants. « La multiplication des dons nous surprend », raconte la communauté locale. « Nous faisons une demande pour un poêle et soudain nous en obtenons plusieurs. Quelqu’un nous demande un évier et le lendemain, une personne que nous ne connaissons pas se rend disponible et en donne cinq. Un jour, un ami va acheter quelque chose à nous donner. Il explique au vendeur les raisons de l’achat et est surpris par la remise et la livraison gratuite. Une autre fois, une personne que nous ne connaissons pas nous dit : « Je vais organiser un événement et commander de la nourriture que vous enverrez à ceux qui en ont besoin ».

Lorenzo Russo

Mozambique : la reconstruction de la Fazenda da Esperança est terminée

Mozambique : la reconstruction de la Fazenda da Esperança est terminée

Détruite par l’inondation de 2019, elle a été reconstruite grâce à la contribution de la Coordination Urgences, de l’Association Familles Nouvelles et de l’ Association Monde Uni du Mouvement des Focolari. « L’expérience qui a suivi la tragédie a été dure, mais elle nous a accompagnés avec la certitude que tout s’est passé pour donner une nouvelle vie à ces lieux et à cette communauté.» Ildo Foppa, volontaire du mouvement des Focolari, responsable de la mission de la Fazenda da Esperança à Dombe, au Mozambique, parle des inondations qui ont frappé le pays en mars 2019 et des précieux fruits de l’engagement commun pour la reconstruction. « La relation avec l’Église locale est devenue de plus en plus forte, de l’évêque aux prêtres, ainsi qu’avec les organisations qui sont venues apporter des secours et avec toute la communauté de la région. Nous avons rencontré beaucoup de personnes et reçu de nombreuses promesses d’aide. » La dévastation et la nécessité de reconstruire, ont été l’occasion de créer de nombreux emplois: « Nous avons donné vie à des coopératives composées chacune de dix familles : il a été possible pour beaucoup de sortir de la précarité en vivant de leur travail et de pouvoir ainsi commencer à construire leur avenir.» Près de deux ans après l’inondation, les travaux de reconstruction – auxquels ont aussi participé avec la Fazenda la  Coordination Urgences, l’Association Familles Nouvelles et  l’ Association Monde Uni du Mouvement des Focolari – ont permis de réparer l’école maternelle, l’hôpital, les quatre maisons d’accueil, le lycée et l’église. Les hébergements et les installations sanitaires ont été reconstruits, un hangar a été aménagé pour la construction de blocs de ciment qui serviront à construire les logements définitifs des familles. Dans la première phase de l’urgence, des rations alimentaires ont été distribuées aux personnes qui avaient perdu leur maison et 550 baraques (avec des latrines temporaires) ont été construites pour les familles déplacées. Par la suite, un programme de soutien a été mis en œuvre pour créer des sources de revenus et des moyens de subsistance pour la population. À noter que150 familles ont reçu une aide directe pour la réparation des maisons et l’achat de semences, d’engrais et de carburant pour les tracteurs, afin de reprendre et d’améliorer la production agricole. Un atelier de menuiserie a ensuite été construit pour former et faire travailler plus de 60 jeunes accueillis par la Fazenda, ainsi qu’un moulin desservant environ 330 familles. Les interventions ont été menées à bien même si, ces derniers mois, le Mozambique a également beaucoup souffert de la propagation de la Covid 19. Sur Amu et Afn  vous pouvez suivre la situation dans la région.

Claudia Di Lorenzi

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Harmonie pour la paix : la marche (virtuelle) qui ne s’arrête pas

Harmonie pour la paix : la marche (virtuelle) qui ne s’arrête pas

La marche, qui en est à sa huitième édition et qui s’inscrit dans le cadre du festival « Harmonie entre les peuples », ne s’arrête pas, même avec le Covid. Nous en parlons avec Antonella Lombardo, directrice artistique de l’école de danse Laboratorio Accademico Danza (LAD) à Montecatini (Italie) et promotrice de l’événement. Nous les avons vus dans les endroits les plus disparates pendant ces mois de pandémie : des pianistes, des violonistes, des rockers, des chanteurs de pop et d’opéra sur les toits, sur les places, dans les parcs, en gardant toujours la bonne distance. Cela prouve que rien ni personne ne peut arrêter l’expression artistique, pas même un virus mondial. Antonella Lombardo, directrice artistique de l’école Laboratorio Accademico Danza à Montecatini, près de Florence (Italie) et créatrice du festival « Harmonie entre les Peuples » qui promeut l’idée de la recherche d’une harmonie possible à travers l’art depuis 15 ans, comme instrument transversal et universel. Le Covid n’a pas réussi à empêcher l’édition 2020 d’avoir lieu. Sous quelle forme le festival a-t-il eu lieu cette année ? La marche « Harmonie pour la paix » est l’un des principaux événements du festival « Harmonie entre les peuples ». Nous savions que cette année nous n’aurions pas pu le faire de manière traditionnelle. Le format virtuel était la seule possibilité de ne pas nous arrêter et nous l’avons donc lancé le 12 novembre. Aux écoles de la région dans laquelle nous nous trouvons, mais aussi au-delà, en dehors de l’Italie, nous avons invité à réaliser des vidéos exprimant le sens de la paix. La réaction a été incroyable : bien que de nombreuses écoles en Italie utilisent désormais l’enseignement à distance, à partir d’un certain degré, les enseignants ont soutenu le projet, les élèves ont réagi avec enthousiasme et tout a pris une valeur plus élevée, également du point de vue de l’établissement de relations. Les professeurs ont collaboré entre eux, de nombreuses classes ont réalisé des vidéos que nous avons publiées sur la page Facebook de l’association culturelle DanceLab Armonia et nous avons reçu des vidéos non seulement d’Italie, mais aussi d’autres pays comme la France et la Jordanie. Ainsi a pris forme un marathon numérique extrêmement varié qui dit « paix » dans les formes artistiques et chorégraphiques les plus diverses. Parmi les documents que vous avez reçus, y a-t-il quelque chose qui t’a frappé d’une manière particulière et pourquoi ? Tout d’abord, nous avons été frappés par les interactions nées entre les jeunes : nous ne savons pas où tout cela arrivera et le fait qu’ils se sont réunis pour travailler sur ce que signifie construire la paix, aujourd’hui, est peut-être la chose la plus importante. Avec leurs professeurs, ils ont dû trouver des idées pour réaliser ces vidéos ; ils ont approfondi le sens de la paix, le fait que ce n’est pas un slogan et cela les a poussés à creuser dans le cœur de chacun. Même les fonctionnaires des municipalités de notre territoire qui ont vu la naissance et la croissance du festival « Harmonie entre les peuples » étaient enthousiastes et nous ont dit que c’était l’une des plus belles activités qui ont marqué leur vie. En bref, ces relations sont les plus beaux fruits : de vraies relations, basées sur des relations construites sur le bien mutuel. Quels projets avez-vous maintenant ? En collaboration avec la Custodie de Terre Sainte et en particulier avec le soutien du Père Ibrahim Faltas et de la Fondation Jean-Paul II, nous travaillons à la création d’une école de danse à Bethléem. Ce projet se veut une lueur d’espoir pour donner de la dignité à tant d’enfants qui, dans ces territoires, sont des prisonniers à ciel ouvert. Un autre projet est le Campus international de formation à la danse qui sera basé en Italie mais qui sera international. Ce sera un lieu de formation où l’art deviendra un outil pour briser toute sorte de barrière ; ce sera un lieu de formation pour tous les jeunes qui veulent laisser une trace et utiliser ce langage pour apporter la beauté partout, même là où cela semble impossible.

Stefania Tanesini

Homélie de Patriarche Œcuménique Bartholomée Ier de Constantinople

Le 20 octobre 2020, Bartholomée Ier, le Patriarche Œcuménique de Constantinople, a visité le Centre international des Focolari. Après s’être recueilli sur la tombe de Chiara Lubich, il a rencontré un représentant du Conseil général du Mouvement. Voici le discours qu’il a prononcé.  

Homélie de Sa Sainteté Bartholomée ier, Archevêque de Constantinople – Nouvelle Rome

et Patriarche Œcuménique pour les cent ans de la naissance de Chiara Lubich

Rocca di Papa-Rome, 20 octobre 2020

  Chère Maria Voce – Emmaüs, Présidente du Mouvement des Focolari, Éminences, Excellences, Frères et Sœurs bien-aimés dans le Seigneur, C’est avec une grande joie que nous avons accueilli l’invitation à venir, au terme de notre voyage dans la Ville Éternelle, l’Antique Rome, ici à Rocca di Papa, où repose dans l’attente de la Résurrection notre sœur bien-aimée Chiara. Il est particulièrement significatif que nous y venions lors du centenaire de sa naissance – Chiara est née en effet en 1920 – afin de lui rendre hommage et d’exprimer notre merci au Seigneur de la vie, pour lui avoir accordé une longue vie, mais surtout pour l’avoir inondée de sa grâce particulièrement lumineuse, exprimée dans la phrase qui la rappelle : « Et nous nous avons cru à l’Amour. » L’Amour auquel elle a cru et dans lequel elle a greffé toute sa vie n’appartient pas à ce monde, mais il s’est incarné dans le monde pour que nous puissions en faire l’expérience, que nous puissions le connaître, que nous puissions le rencontrer dans nos frères et sœurs, partout dans le monde ; que nous puissions le goûter, en devenant un avec Lui, dans la Sainte et Divine Eucharistie. Combien d’autres choses auraient fait notre Chiara si elle était encore parmi nous ! Mais ce ne sont pas les années qui confèrent signification à la vie, ce n’est pas la quantité, la longueur, mais comment nous mettons en œuvre les talents qu’Il nous a offerts, c’est la qualité de la vie, dépensée pour témoigner de Lui qui est la Vie. Si par exemple nous pensons à saint Basile, ce grand Père de l’Église, le premier des Pères Cappadociens, celui-ci a eu une vie relativement brève, de mêmes pas cinquante ans, mais une vie brève entièrement offerte au Seigneur, il a produit des œuvres théologiques, liturgiques, dogmatiques, ascétiques, qui « portent de manière unique la trace de sa plume, de son esprit et de son cœur ». Il a été un précurseur dans le soin des pauvres et des souffrants, faisant construire une petite cité de la charité, avec hébergements, hospices et léproserie, appelée Basiliade : ce fut le premier hôpital de l’histoire. Il s’est aussi occupé de la nature et des animaux, au sujet desquels apparaissent des thématiques modernes, dans sa célèbre prière dédiée aux animaux. Si en aussi peu d’années saint Basile a accompli de telles œuvres, c’est parce qu’il avait imprégné toute sa vie de l’Amour pour le Christ, lui donnant chaque moment de sa respiration jusqu’à donner son âme à Dieu, éprouvé par l’ascèse, par les maladies et épuisé par les préoccupations. Notre Chiara a vécu une vie plus longue mais, de la même façon, elle nous a laissé un héritage sur lequel nous devons encore beaucoup méditer. Elle nous a laissé le charisme de l’unité à tous les niveaux, elle l’a vécu, expérimenté, elle s’est dépensée pour lui de toutes ses forces et elle a enseigné à chacun à vivre de la meilleure des façons son rôle dans la société. Nous pouvons tranquillement affirmer que Chiara a assumé cet engagement pour la fraternité, l’unité et la paix dans tous les domaines de la vie de l’homme, nous confiant à travers sa vie et ses écrits un message que nous ne pouvons pas ignorer. Le Mouvement et toutes les œuvres qui existent aujourd’hui, grâce à son charisme, sont le témoignage d’une vie dépensée pour le Seigneur, passée aussi au crible de la Croix, mais toujours orientée vers la Résurrection. Le timon de Chiara est passé ensuite à notre sœur bien-aimée, dont l’amitié avec nous et avec notre Patriarcat Œcuménique est longue et solide, depuis les années où elle a résidé à Constantinople, où elle a vraiment laissé une empreinte indélébile du ministère de la fraternité, de l’unité et de l’amour envers tous : Maria Voce – Emmaüs. En accueillant le témoignage de Chiara, Maria Voce a su être en ces années le bon serviteur de la Parabole des talents. Elle n’a pas caché son talent sous terre, mais elle l’a fait fructifier encore et encore, et son Seigneur saura certainement lui en être reconnaissant. Alors qu’elle arrive au terme de son mandat de Présidente, nous voulons la remercier nous aussi pour sa grande contribution à l’Œuvre ; le souvenir que, comme vous tous, nous gardons d’elle demeure dans notre cœur et, sans aucun doute, elle continuera le charisme là où le Seigneur l’appellera. Que Dieu veuille, dans son immense miséricorde, concéder à cette Œuvre qui Lui est agréable, un digne successeur, capable encore de s’émerveiller et de s’étonner avec vous tous, pour éclairer chaque peuple du monde avec la force de l’Amour qui vainc toute chose, car « pour aimer, le chrétien doit faire comme Dieu : ne pas attendre d’être aimé, mais aimer en premier ». (Cit. Chiara Lubich). Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu Père et la communion de l’Esprit Saint soit avec vous tous.   Lire également l’article de la visite du Patriarche au Centre international des Focolari

Pour que nous ayons la lumière

Quand elle a parlé de souffrance et de douleur, Chiara Lubich ne s’est pas limitée à un concept philosophique, psychologique ou spirituel, mais elle a toujours tourné son regard vers celui qu’elle aimait appeler « l’époux de son âme » : Jésus, au moment où il a expérimenté sur la croix, l’abandon du Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46). Dans sa relation intime et mystérieuse avec Lui, elle a trouvé la force d’accueillir chaque souffrance et de la transformer en amour. Il y aurait parfois de quoi mourir si nous ne regardions vers toi, qui transformes, comme par enchantement, toute amertume en douceur. Vers toi, cloué sur la croix, dans ton cri, solitude extrême, inactivité totale, mort vivante. Dans ce froid de la mort, tu as embrasé la terre de ton feu. Dans cette immobilité infinie, tu nous as ouverts à ta vie infinie, que nous vivons maintenant jusqu’à l’ébriété. Que désirer de plus sinon de nous voir semblables à toi, au moins un peu, et unir notre souffrance à la tienne pour l’offrir au Père ? Pour que nous ayons la lumière, tes yeux se sont éteints, Pour que nous goûtions l’union, tu as éprouvé la séparation du Père, Pour que nous possédions la sagesse, tu t’es fait « ignorance », Pour que nous nous revêtions d’innocence, tu t’es fait « péché », Pour que Dieu vienne en nous, tu l’as éprouvé loin de toi.

Chiara Lubich

  Pensée et spiritualité, Nouvelle Cité 2003, p. 141-142

Syrie : servir et partager pour être une famille

Syrie : servir et partager pour être une famille

                      Dans deux villes de la côte syrienne, un groupe de volontaires du Mouvement des Focolari organise un projet visant à assurer des repas de qualité aux familles pauvres et aux personnes âgées ou défavorisées. « En travaillant en équipe, j’ai senti la présence de Dieu, et cet engagement collectif a fait de nous une seule famille. » C’est ainsi que Hazem raconte son expérience dans le cadre du projet ‘’Lokmat Mahab’’, qui signifie en langue arabe ‘’une bouffée d’amour’’. L’initiative, promue par le Mouvement des Focolari et également soutenue par des fonds du programme ‘’Urgence Syrie’’ de l’AMU (Action pour un Monde Uni), est née pour apporter un soutien à certaines familles nécessiteuses des villes d’al-Kafroun et de Mashta al-Helou, dans le nord-ouest de la Syrie, et implique des chrétiens de différentes confessions. Dans une réalité marquée par la crise économique, par un niveau de conflit très élevé, par les mesures restrictives imposées par l’UE et les États-Unis, avec la dépréciation de la lire syrienne,  avec le coût de la vie, et exacerbée par la crise de la santé et de l’emploi due à la propagation du Coronavirus, le petit groupe de volontaires se propose d’aider une vingtaine de familles – dont des personnes déplacées et des résidents – qui vivent dans de mauvaises conditions économiques et sanitaires. Ils offrent leur temps et leur énergie. Certains offrent même les fruits de leur terre. D’autres une contribution économique faible mais significative. Grâce aussi au soutien des habitants des villages voisins, de Syriens vivant dans d’autres villages, de quelques intellectuels et de petits dons, ils préparent et distribuent ensemble un repas par semaine à chaque famille, qu’ils livrent personnellement à l’entrée de chaque maison, juste avant le repas de midi. « Ces quelques minutes pendant lesquelles nous sommes avec chaque famille pendant la distribution du repas – dit Micheline, une des volontaires – nous aident à construire une relation avec eux. Les prières que nous écoutons et partageons et la relation qui nous lie sont le véritable trésor du projet ». Et quelle joie de participer à l’enthousiasme des enfants, et de ceux qui ne sont plus des enfants depuis longtemps, qui attendent avec impatience cette ‘’bouffée d’amour’’ : « Partager les soucis de la vie quotidienne et être avec eux comme un seul homme », c’est ce qui anime profondément l’engagement de chacun. La force de poursuivre ce travail – disent-ils – vient de Jésus Eucharistie et du partage des moments de prière. Un an après le début du projet, en septembre 2019, le groupe de volontaires et de collaborateurs s’est élargi et pour la réalisation des repas, le père Gandhi Muhanna, pasteur de l’Église maronite, a mis à la disposition, la cuisine de sa maison.  La difficulté – expliquent-ils – est de préparer des repas sains et nutritifs, faits d’ingrédients de qualité, souvent difficiles à trouver, alors que les prix des denrées alimentaires continuent d’augmenter. Un défi cependant que tous veulent relever : l’objectif est de développer le projet, d’élargir le réseau de collaborateurs, d’augmenter la qualité et la fréquence des repas, mais surtout de toucher un nombre croissant de familles et de personnes dans le besoin, afin de « partager avec tous les moyens possibles les dons que chacun a reçus de Dieu ».

Claudia Di Lorenzi

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Prix international décerné aux Focolari pour l’engagement en faveur de l’environnement

Prix international décerné aux Focolari pour l’engagement en faveur de l’environnement

Le Mouvement des Focolari a reçu aujourd’hui le prix international ‘’Je fais ma part’’ de l’ Université Kronos pour son engagement en faveur de la planète à travers EcoOne, l’initiative environnementale des Focolari. Parmi les lauréats de cette édition 2020 figurent le pape François et, à titre posthume, l’explorateur et anthropologue norvégien, Thor Heyerdahl. Une ancienne fable africaine raconte que lors d’un incendie de forêt, un colibri, le plus petit des oiseaux, s’est envolé vers le feu tandis que tous les animaux s’enfuyaient. À la demande du lion sur ce qu’il faisait, le colibri, montrant une goutte d’eau dans son bec, répondit : ‘’Je fais ma part ‘’! C’est de cette histoire que découle le prix international, qui en est à sa quatrième édition et que l’ Université Kronos décerne chaque année aux personnes, entités et nations qui ont montré qu’elles ‘’ont fait leur part’’ pour protéger l’environnement et le climat de la Terre. Parmi les huit lauréats de cette année figure également EcoOne, l’initiative internationale du Mouvement des Focolari, promue par un réseau de professeurs, d’ universitaires, de chercheurs et de professionnels qui travaillent dans les sciences de l’environnement et s’efforcent d’enrichir leurs connaissances scientifiques par une lecture humaniste approfondie des problèmes écologiques contemporains (www.ecoone.org). En raison de la pandémie, il n’a pas été possible de remettre les prix, comme prévu, dans la salle du Capitole à Rome (Italie). La remise du prix au Mouvement des Focolari a eu lieu aujourd’hui, jeudi 26 novembre 2020, au siège international du Mouvement des Focolari à Rocca di Papa (Rome-Italie) par Vincenzo Avalle, membre du Conseil national de l’ Université Kronos, accompagné d’Armando Bruni, coordinateur de l’Italie centrale de l’ Université et de trois gardes de l’environnement. Au nom du Mouvement des Focolari, le professeur Luca Fiorani, président d’EcoOne, a recueilli la sculpture d’un colibri, réalisée avec des matériaux métalliques recyclés par l’artiste Renato Mancini, ainsi que le diplôme qui lui a été remis. « Ce prix veut donner une impulsion, une motivation à tous ceux qui s’engagent pour la protection de l’environnement – a expliqué Vincenzo Avalle – J’ai été frappé par l’activité complexe du Mouvement des Focolari pour l’environnement telle qu’elle s’exprime dans EcoOne, soutenue par la science et l’interaction avec la politique ». « Je vois une grande synergie entre nous, l’ Université Kronos  et le mouvement des Focolari/EcoOne – a expliqué Fiorani en recevant le prix – parce que nous sommes complémentaires : Kronos naît de l’action, EcoOne naît de la réflexion. Nous avons besoin les uns des autres. En tant que Mouvement des Focolari, nous pouvons contribuer à différents domaines d’approfondissement culturel. L’économie et la politique, qui sont décisives pour l’environnement, doivent être mises en avant. Et nous pouvons également offrir notre dimension internationale ». « Je vois – a-t-il ajouté – une possibilité de collaboration, de très forte synergie. Il existe une galaxie d’entités qui travaillent pour l’environnement. Je pense que le temps est venu pour toutes ces organisations de travailler ensemble ». L’ Université Kronos (www.accademiakronos.it) est la continuation et l’héritier spirituel de l’une des premières organisations environnementales, la ‘’Kronos 1991’’. Avec environ 10 000 membres en Italie et des bureaux et références internationaux, elle s’engage en faveur de la protection de l’environnement et de la qualité de vie. En collaboration avec des instituts scientifiques et des universités, Kronos propose un cursus universitaire en ‘’Éducateur et Diffuseur environnemental’’et deux masters universitaires en ‘’Santé et Environnement’’ et soutient un organe de supervision pour la prévention et l’information en matière d’environnement. Mais surtout, elle invite les gens du monde entier à ‘’faire leur part’’ pour protéger l’environnement.

                                                                                                                      Joachim Schwind

L’évangile vécu : le choix de la gentillesse

À l’école de Jésus, nous pouvons apprendre à être l’un pour l’autre des témoins et des instruments de l’amour tendre et créatif du Père. La naissance d’un monde nouveau guérit la coexistence humaine à la racine et attire la présence de Dieu parmi les hommes, une source inépuisable de consolation pour sécher chaque larme. Une idée originale Nous roulions sur l’autoroute, mon mari et moi. Un couple était dans la voiture derrière nous. L’homme au volant semblait très agité et il pouvait être un danger par sa conduite. En arrivant au péage, j’ai eu une idée : pourquoi ne pas payer leur péage? Pendant que mon mari payait le nôtre, j’ai donné à l’employé le montant pour le couple derrière nous avec le message suivant : « Bonne journée et bonnes vacances de la part du couple dans la voiture du Massachusetts ». Mon mari ne comprenait pas et je lui ai expliqué que ce petit geste rappellerait peut-être à l’homme que quelqu’un l’aimait : qui sait si cela apporterait peut-être une note différente dans leur voyage ! En regardant en arrière, j’ai vu que l’employé du péage leur parlait en pointant dans notre direction. Au bout d’un moment, une voiture s’est approchée de la nôtre : c’était eux. L’homme souriait et sa femme montrait un papier où il était écrit en majuscules : « Votre gentillesse a fonctionné ! Merci, Massachusetts ! ». (D.A. – USA) La paix dans la famille Depuis des années, la relation avec notre fille et notre gendre nous faisait souffrir. Il était si jaloux que Grazia ne pouvait plus nous rendre visite. Moi aussi, je n’arrivais pas à lui pardonner une telle passivité. Mon gendre a téléphoné et ce fut une heure et demie d’accusations mutuelles. Je n’ai pas pu dormir cette nuit-là. J’ai alors décidé de leur écrire une lettre dans laquelle je leur demandais de m’excuser et je leur assurais qu’ils avaient toujours une place dans notre cœur. Je n’attendais rien de cette lettre mais il m’a appelé, ému, en m’annonçant l’arrivée de Grace le lendemain. Peu de temps après, nous avons reçu un coup de fil des parents de notre gendre dont nous n’avions plus eu de nouvelles depuis des années ; ils nous confirmaient que la situation avait complètement changé. Ils nous ont en effet invités à passer quelques jours avec eux. Jamais on ne nous avait témoigné une telle affection ; nous n’oublierons pas les journées paisibles passées ensemble. En rentrant à la maison, mon mari et moi avons remercié Dieu car il nous avait fait l’immense cadeau de la paix en famille par une simple lettre. (R.D. – Italie) La somme Ma femme et moi avons pensé que le moment était venu d’acheter la maison. Après avoir fait nos comptes et rassemblé nos économies et l’avance sur les indemnités, nous n’avions pas encore assez pour faire une hypothèque sur dix ans. Dernièrement, nous avions fait un gros achat au travail. Le fournisseur m’avait pris à part et m’avait dit que lorsque je voulais passer chez lui, je trouverais « le mien ». Je comprenais « le mien » était une somme que j’aurais pu empocher. En d’autres termes, c’était une forme, sinon de corruption, du moins de malversation très courante dans l’achat et la vente. D’un côté, cette somme nous aurait bien servi et la tentation de l’accepter n’était pas négligeable. Mais la liberté d’être « pur de cœur », comme le dit l’Evangile que je veux vivre, n’a pas de prix. La certitude que Dieu pourvoira, comme il l’a abondamment fait jusqu’à présent, nous a fait rejeter l’offre et, en outre, a donné l’impulsion de faire don de notre deuxième voiture à une personne qui en a sûrement plus besoin que nous. (D.A. – Italie)

Stefania Tanesini

 (tiré de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, anno VI, n.6, novembre-dicembre 2020)

Témoins et artisans de paix depuis 50 ans

Témoins et artisans de paix depuis 50 ans

A l’occasion du 50ème anniversaire de Religions pour la Paix, nous faisons le point sur les progrès réalisés et les perspectives d’avenir avec Azza Karram, élue Secrétaire Générale. Azza Karram a été élue secrétaire générale de Religions pour la Paix en août 2019. Égyptienne d’origine, de nationalité néerlandaise, professeure d’études religieuses et de diplomatie, ancienne fonctionnaire des Nations unies, âme à dimension universelle, elle est aujourd’hui à la tête d’un mouvement auquel adhèrent plus de 900 responsables religieux de 90 pays, engagés avec elle pour faire de la paix un lieu de rencontre et un chemin à suivre en communauté. Religions pour la Paix a ouvert sa première assemblée du 16 au 21 août 1970. Elle était alors dirigée par Nikkyo Niwano, un esprit de grande vision, japonais et fondateur de la Rissho Kosei-kai. Dans les années 1990, il a invité Chiara Lubich à cette assemblée mondiale : il a trouvé en elle une consonance spirituelle et pragmatique unique. Cette année, Religions pour la Paix célèbre son 50ème anniversaire. Nous avons rejoint Azza Karram à New York pour lui demander une analyse du chemin effectué et les perspectives d’avenir. 50 ans après la fondation de Religions pour la Paix, quelle mission et quel message le mouvement continue-t-il à donner ? Notre témoignage après 50 ans de vie est qu’il est inévitable que les religions travaillent ensemble au-delà des différences institutionnelles, géographiques ou doctrinales. C’est le message que nous donnons, même si nous ne le réalisons pas encore parfaitement car nous savons qu’il y a un processus d’apprentissage constant et qu’il y a aussi la fatigue de travailler ensemble. Ensuite, le Covid a mis encore plus en évidence la nécessité d’un travail commun. Les communautés religieuses ou les ONG inspirées par des valeurs religieuses le font parce qu’elles ont été les premières à répondre à cette crise humanitaire, et non d’autres. Il est vrai que les institutions de santé sont également intervenues, mais elles n’auraient pas pu le faire de manière aussi capillaire sans les institutions religieuses qui ont non seulement apporté une réponse sanitaire, financière et psychologique à cette crise, mais qui ont su se pencher sur les besoins spirituels d’une communauté et y répondent à 100% sur tous les fronts. Cependant, combien de ces institutions religieuses, tout en répondant aux besoins d’une même communauté, travaillent ensemble ? Très peu et non par manque de besoins, d’efficacité ou de connaissances. Je soupçonne parfois que nous essayons en fait de sauver nos institutions et que collaborer en cette période complexe exige encore plus d’efforts et d’engagement parce qu’il est plus facile de se soucier du caractère sacré et de la cohésion de nos groupes que de nous ouvrir à un engagement universel et pourtant le Covid nous force plutôt à faire autre chose. Nous avons voulu lancer un fonds humanitaire multi-religieux précisément pour montrer que répondre ensemble à un besoin, c’est construire l’avenir commun avec intention et volonté ; les résultats sont et seront copieux : nous le savons par notre histoire et nous voulons continuer à montrer combien la collaboration interreligieuse est fructueuse. A quels défis est confronté Religions pour la Paix ? Les défis de Religions pour la Paix sont à mon avis les mêmes que ceux de toutes les institutions, non seulement religieuses, mais aussi politiques, institutionnelles, judiciaires et financières en termes de confiance, d’efficacité, de légitimité et de compétence. À mon avis, les institutions religieuses souffrent de ces crises depuis longtemps et en souffriront plus longtemps encore que les institutions civiles. Je reviens à la pandémie. Les blocus et les fermetures ont créé une rupture institutionnelle dans nos communautés. Vous pouvez bien comprendre ce que c’est que de ne plus pouvoir nous réunir, ce qui est l’une des fonctions fondamentales et essentielles de notre expérience, et que ces fonctions soient au contraire menacées par les églises, les temples, les mosquées et les synagogues qui abritaient autrefois des milliers ou des centaines de personnes et qui doivent maintenant être limitées à 50 ou quelques dizaines d’entre elles. L’absence de réunion exige donc que nous restructurions également notre service religieux et, en fait, nous nous y sommes installés, mais dans quelle mesure cela affecte-t-il la pratique religieuse ? Même ceux qui dirigent ces communautés, et pas seulement les membres, doivent reconfigurer leur rôle et la façon dont ils l’exercent dans le monde. Donc, si je lutte déjà pour survivre en tant qu’institution, comment puis-je travailler avec d’autres personnes qui ont les mêmes problèmes dans d’autres parties du monde ? Nous sommes tous interpellés par cette remise en question, les Nations unies, les gouvernements et les religions le sont aussi. Et puis il y a les menaces qui pèsent sur l’existence même des religions dans les pays et les sociétés où l’autoritarisme n’autorise pas les pratiques religieuses et où les régimes se sentent menacés dans leur fragilité intrinsèque par ces voix qui vibrent pour les droits de l’homme, la justice, le pluralisme. Pour répondre à ces défis, nous avons besoin de plus de collaboration, nous avons besoin de ressources financières, et j’ose dire que nous avons également besoin d’une plus grande conscience politique du rôle social des collaborations multi-religieuses, qui devraient également être soutenues économiquement parce qu’elles sont des espaces de service, de rencontre, de ressources uniques pour la croissance d’une société. Au lieu de cela, je constate que les religions sont souvent en marge et que si elles travaillent ensuite ensemble, elles sont généralement les dernières dans les perspectives des gouvernements. Vous avez cité la collaboration comme un pilier fondamental de l’expérience interreligieuse. Nous savons qu’il existe une collaboration de longue date entre Religions pour la Paix et le mouvement des Focolari. Comment se poursuit-il et comment mettre en œuvre ce travail commun ? C’est une longue collaboration qui est née en 1982 et qui a vu Chiara Lubich être l’une des présidentes d’honneur de Religions pour la Paix depuis 1994. Maintenant, Maria Voce continue à être l’une de nos co-présidentes depuis 2013. J’ai promis, au début de mon mandat, d’honorer tous ceux qui m’ont précédé et qui ont permis à Religions pour la Paix d’être ce qu’elle est et donc aussi à Chiara. J’ai vraiment besoin de trouver un espace, également dans notre site web, pour raconter cette amitié. Ce qui me frappe le plus dans notre lien, dans le passé et aujourd’hui, c’est que notre lien a toujours été une collaboration vitale et vivante, faite de personnes. C’est le fruit de cet héritage si, aujourd’hui encore, la communication de Religions pour la Paix est assurée par une personne des Focolari et si, au fil des ans, des membres des Focolari ont servi notre mouvement de la manière la plus variée.  Tout comme le Rissho Kosei-kai. Ces collaborations interreligieuses capables de partager des ressources humaines, images du divin vivant qui honorent de leur présence l’espace sacré du dialogue sont pour moi un signe de réciprocité envers Dieu car à travers ce travail commun dans le dialogue interreligieux nous le servons, en montrant à tous la beauté de nous avoir créés de tant de religions. Comment imaginez-vous l’avenir de Religions pour la Paix ? Je l’imagine sous la bannière du multilatéralisme. Tout comme les Nations unies sont le multilatéralisme des gouvernements, je considère notre mouvement comme le multilatéralisme des religions. Après tout, en tant qu’êtres humains, nous nous engageons, au niveau micro et macro, à préserver la diversité voulue par le Créateur et à la sauvegarder pour tous, y compris les institutions. J’imagine le bénéfice que les institutions pourraient tirer de cette vision et de notre travail, et si nous travaillons ensemble, nous nous épanouirons tous les deux. Si les institutions politiques s’attachent à se sauver, si les entités religieuses s’intéressent à se sauver, cela conduira à la destruction non seulement de nos groupes mais de la planète entière. Et au lieu de cela, le pape lui-même, d’abord avec la Laudato sì et maintenant avec son encyclique, née de ce document commun avec le plus haut dirigeant sunnite qui nous appelle, est un appel commun à la sauvegarde de la terre mais surtout à la fraternité humaine inclusive de toutes les religions. Nous soutenons cette encyclique et cet appel à la fraternité ne laisse personne exclu, même pas ceux qui n’ont pas une foi, et nous nous battrons pour en faire un véritable patrimoine de toutes les religions.

Aux soins de Maddalena Maltese

C’est la nuit que l’on voit les étoiles

La souffrance maître de sagesse. C’est la conviction que Chiara Lubich exprime dans la réflexion qui suit. Nous devons approcher ceux qui souffrent non seulement avec compassion mais dans une attitude de déférence et d’écoute. Pourquoi un homme ignorant les sciences, même religieuses, est-il devenu saint avec seulement le livre du Crucifié ? Parce qu’il ne s’est pas arrêté pour le contempler ou pour le vénérer, et en embrasser les plaies, mais qu’il a voulu le revivre en lui-même. Celui qui souffre et qui est dans l’obscurité voit plus loin que celui qui ne souffre pas, tout comme le soleil doit se coucher pour qu’on voie les étoiles. La souffrance enseigne ce que l’on ne peut apprendre d’aucune autre manière. Elle siège sur la plus haute chaire. C’est un maître de sagesse, et celui qui a la sagesse est bienheureux (cf. Pr 3, 13). « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés » (Mt 5, 4), non seulement par la récompense de l’au-delà, mais également par la contemplation des choses célestes ici-bas. Il est nécessaire d’approcher ceux qui souffrent avec le respect, et plus encore, avec lequel on approchait un temps les aînés, quand on attendait d’eux la sagesse.

Chiara Lubich

Chiara Lubich, Vede più lontano. Scritti Spirituali/2, Città Nuova Editrice – Rome, 1997, p. 78.    

Évangile vécu : être des instruments de consolation

Jésus n’est pas indifférent à nos tribulations et s’engage à guérir nos cœurs de la dureté de l’égoïsme, à remplir notre solitude, à donner de la force à notre action. Un couple sauvé L’une de nos filles traversait un moment extrêmement délicat dans sa vie de couple. La dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle m’a confié qu’elle avait désormais perdu tout espoir de sauver son mariage ; la seule chose à faire, m’a-t-elle dit en pleurant, était de divorcer. Mon mari et moi avions toujours été frappés par la promesse que Jésus avait faite aux disciples : « Si deux d’entre vous sur la terre s’accordent pour demander quelque chose, mon Père qui est aux cieux vous l’accordera. » Avec cette confiance, j’ai promis à notre fille qu’avec ses cinq autres frères, nous prierions pour la réconciliation. Peu de temps après, elle m’a appelé, presque incrédule : après mûre réflexion, son mari avait accepté de s’entretenir avec ceux qui pourraient les aider à résoudre leurs problèmes. En fait, ils se sont réconciliés. Et ce n’est pas tout : après quelques années, notre gendre lui a manifesté son désir de faire partie de l’Église catholique. C’est pourquoi il lui a demandé de l’accompagner chez un prêtre pour commencer la préparation nécessaire. (G. B. – Usa) Un nouveau départ J’avais hâte de commencer à enseigner dans un lycée de l’Église d’Angleterre, dans un quartier à l’ouest de Londres. Mais mon enthousiasme s’est vite dissipé : déçu par l’accueil des élèves et en conflit avec eux, j’ai commencé à utiliser mes pouvoirs. Mais en me confiant à des amis, je me suis rendu compte qu’il me fallait  suivre une autre voie, même si je me sentais du bon côté. Jésus ne ferait pas cela. Le lendemain, en classe, je me suis excusé en disant que j’avais probablement fait beaucoup d’erreurs qu’un professeur plus expérimenté aurait évitées. Dans un grand silence et en écoutant les élèves, j’ai dit que j’essaierai de les voir tous avec des yeux nouveaux, en espérant qu’ils feraient de même avec moi. L’un des principaux fauteurs de troubles a accepté publiquement mes excuses, s’excusant à son tour pour son propre comportement et celui du reste de la classe. À ces mots,plusieurs élèves ont aquiescé. J’ai vu certains d’entre eux sourire. Quelque chose d’imprévisible s’était produit : un professeur s’était excusé devant toute la classe. C’était un nouveau départ pour tout le monde. (G.P. – Angleterre) Le gars du carrefour Chaque matin, avant de me rendre sur mon lieu de travail en tant qu’agent de la circulation, je vais généralement à la messe et je demande à Jésus de m’aider à aimer tous ceux que je rencontre pendant la journée. Un jour, à un carrefour très fréquenté, je vois un jeune en moto filer à toute allure. Au bout d’un certain temps, il revient, toujours à très grande vitesse, et cela se répète plusieurs fois. Je lui dis en vain d’arrêter, en espérant dans mon cœur qu’il ne causera pas de problèmes. Finalement, il s’arrête, juste pour me dire : “J’ai beaucoup de difficultés, je veux en finir”. Je l’écoute un bon moment, tout en continuant mon travail. Je lui propose mon aide, et je ne lui donne pas d’amende. Je le vois s’en aller plus paisiblement. Quelques années passent. Alors que je suis en service dans un autre lieu, un jeune homme souriant s’approche de moi et m’embrasse, ému. Je lui dis : “Écoutez, vous devez vous être tropmé de gendarme.” Et il dit : « Non, je suis le gars du carrefour ; maintenant, je suis heureux en mariage et dans la vie. J’ai fait tout le trajet depuis la ville où j’habite maintenant, parce que je voulais vous remercier. » Dans mon cœur, je ne peux que remercier Dieu. (S.A. – Italie)

Stefania Tanesini

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VI, n°6, novembre-décembre 2020)  

Brésil : une exposition sur Chiara Lubich à travers les réseaux sociaux

Brésil : une exposition sur Chiara Lubich à travers les réseaux sociaux

Conçue comme l’un des événements du Centenaire de Chiara Lubich, elle avait été suspendue en raison de la pandémie et les fonds collectés avaient été reversés à des œuvres de charité. Elle arrive maintenant sur les sites sociaux des Focolari au Brésil avec le même contenu et de nouveaux langages. Une exposition prévue pour août 2020, puis reportée à novembre et enfin aboutie sur le web. Un itinéraire laborieux pour cet événement dédié à Chiara Lubich à l’occasion du Centenaire de sa naissance et désormais accessible à travers les profils sociaux de @focolaresbrasil (Facebook, Instagram et Youtube) : photos, vidéos et contenus textuels seront publiés quotidiennement tout au long du mois de novembre 2020. Une exposition différente de celle qui avait été prévue, avec un public plus large grâce au web, enrichie par la contribution d’une équipe intergénérationnelle. Nous en parlons avec Josè Portella, un des responsables de l’exposition. Comment est née l’idée de remplacer l’exposition en présence par une exposition virtuelle ? Qui a fait partie de l’équipe de réalisation et comment avez-vous travaillé ? Nous sommes une équipe de seize personnes du Mouvement des Focolari, d’âges et de vocations différents : jeunes et adultes, volontaires et focolarini. Dès le début de 2019, nous avons travaillé ensemble pour présenter au Brésil une version réduite de l’exposition organisée aux Galeries de Trente en Italie. Puis, la pandémie est arrivée.  En mai 2020, réalisant la gravité de la situation, nous avons compris que nous pouvions « célébrer » le Centenaire en aidant les personnes dans le besoin touchées par la pandémie. En accord avec les personnes qui avaient déjà fait des dons pour l’exposition, nous avons fait don de ce que nous avions reçu à ceux qui en avaient le plus besoin. C’est alors que nous avons appris qu’un parcours en ligne était en préparation pour l’exposition à Trente. Mais la simple traduction n’a pas suffi pour atteindre la réalité brésilienne. Pourquoi ne pas faire quelque chose de virtuellement spécifique pour notre pays ? Avec quelques experts des nouvelles générations qui ont rejoint l’équipe, nous nous sommes divisés en trois groupes pour adapter le matériel d’exposition de Trente, préparer des vidéos et évaluer les besoins financiers. Une expérience d’unité entre les générations. La principale difficulté a été de maintenir le récit de l’exposition de Trente, mais avec une approche brésilienne et un langage adapté aux réseaux sociaux. Quelles sont les caractéristiques du parcours que vous avez réservé aux visiteurs virtuels ? Il y a quatre vidéos promotionnelles et une vidéo pour le lancement de l’Exposition. Ensuite, Chiara Lubich et son charisme sont présentés selon trois thèmes : être avec l’histoire de Lubich ; influer  avec le témoignage des personnes qui ont connu et qui vivent la spiritualité de l’unité ; agir avec toutes les réalités qui sont nées de son charisme. Que pensez-vous que Chiara Lubich ait à dire au Brésil d’aujourd’hui, même en cette période particulière de pandémie que nous vivons au niveau planétaire ? Chiara Lubich, lors d’un voyage au Brésil en 1991, face à l’inégalité qu’elle a constatée, a eu l’intuition de l’Économie de communion et a affirmé que le Mouvement au Brésil est appelé à agir sur la communion des biens au niveau mondial. Aujourd’hui, dans le contexte de la pandémie, incarner ce charisme signifie prendre soin des autres, partager non seulement les biens matériels, mais aussi consacrer sa vie au service des autres, ne pas se demander qui est mon prochain, mais de qui suis-je moi, le prochain. Conformément à l’encyclique du pape François « Tous frères », nous sommes appelés en tant que peuple à agir en fraternité, à l’instar du bon samaritain. Ce n’est qu’alors que des hommes nouveaux  émergeront pour construire une société plus inclusive et plus fraternelle.

D’après Anna Lisa Innocenti

Construire un « château extérieur »

Dans la spiritualité de l’unité, la personne ne cherche pas seulement Dieu au fond de son âme, mais elle découvre sa présence dans l’espace qu’elle ouvre lorsque deux ou plusieurs personnes s’aiment comme l’Évangile l’enseigne. Chiara Lubich, pour décrire cette réalité, utilise une image, celle d’un château : non pas intérieur, mais extérieur. Pour ceux qui empruntent la voie de l’unité, la présence de Jésus au milieu des frères est essentielle. Si on ne veut pas connaître un échec personnel, il faut que sa présence soit toujours vivante. Et cette présence caractérise le charisme de l’unité. De même que la lumière électrique ne s’allume pas tant que ses deux pôles ne sont pas en contact, mais s’allume dès qu’ils le sont, de même deux personnes ne peuvent faire l’expérience de la lumière spécifique de ce charisme tant qu’elles ne s’unissent pas en Christ à travers la charité. Dans cette voie de l’unité, tout – travail, études, prière et recherche de la sainteté, rayonnement de la vie chrétienne – acquiert un sens et une valeur s’il y a la présence de Jésus au milieu des frères, qui est le principe par excellence de cette vie. Dans cette spiritualité, on parvient à la sainteté si on marche vers Dieu en unité. […] Sainte Thérèse d’Avila, docteur de l’Église, parle de la réalité de l’âme habitée par la majesté de Dieu comme d’un « château intérieur », qu’il faut découvrir et éclairer petit à petit au cours de la vie, en surmontant diverses épreuves. C’est là un sommet de sainteté dans une voie avant tout individuelle, même si Thérèse entraînait dans cette expérience beaucoup de jeunes filles. Le moment nous semble venu de découvrir, d’éclairer et de construire non seulement ce « château intérieur », mais aussi un « château extérieur ». […] En réfléchissant au fait que cette nouvelle spiritualité parvient jusqu’aux responsables de la société et de l’Église, on se rend compte que ce charisme[…] tend à le faire (ce château extérieur également) de tout le corps social et ecclésial. Récemment, Jean-Paul II, s’adressant à près de soixante-dix évêques, amis du Mouvement, disait : « Le Seigneur Jésus […] n’a pas appelé les disciples à le suivre de manière individuelle, mais d’une manière indissociablement personnelle et communautaire. Et si cela est vrai pour tous les baptisés – continue le Pape – cela vaut de façon particulière […] pour les apôtres et leurs successeurs, les évêques[1]. » Ainsi cette spiritualité, comme tous les charismes, est faite pour tout le peuple de Dieu, dont la vocation est d’être toujours plus un et plus saint.

Chiara Lubich

Extrait de : Une spiritualité de communion. In : Chiara Lubich, Pensée et spiritualité, Nouvelle Cité 2003, p. 70. [1] Insegnamenti di Giovanni Paolo II, XVIII (1995)1, Città del Vaticano 1997, p. 382.

L’Église latino-américaine et la pandémie

L’Église latino-américaine et la pandémie

Un webinaire promu par la commission pontificale pour l’Amérique latine ouvert à tous pour réfléchir et analyser l’impact et les conséquences de COVID-19. Les implications sociales, économiques et politiques et la pensée du pape François. Le séminaire virtuel intitulé  Amérique latine : l’Église, le pape François et le tableau de la pandémie (site en espagnol) aura lieu les 19 et 20 novembre et sera ouvert à tous ceux qui s’intéressent à cette partie du monde, également fortement touchée par le virus ; un tableau déjà compliqué dans de nombreux territoires pauvres et marginalisés. Organisée par la Commission pontificale pour l’Amérique latine, l’Académie pontificale des Sciences Sociales et la Conférence Épiscopale Latino-Américaine (CELAM), cette rencontre a pour but de réfléchir et d’analyser la situation de la pandémie sur le continent latino-américain, ses conséquences et, surtout, les lignes d’action et l’aide des gouvernements et de l’Église. Le Pape se rendra présent par un message vidéo et une carte. Plusieurs intervenants sont prévus :  le cardinal Marc Ouellet, Président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, Mgr Miguel Cabrejos Vidarte, Président du CELAM, Carlos Afonso Nobre, prix Nobel de la paix en 2007, l’économiste Jeffrey D. Sachs, Directeur du Centre pour le développement durable de l’Université de Columbia et Gustavo Beliz, Secrétaire aux Affaires Stratégiques de la Présidence Argentine. La note introductive au séminaire explique qu’à ce jour, sur le continent latino-américain comme dans le reste du monde, il est impossible d’évaluer les dommages causés par la pandémie : « Dans de nombreux cas, les effets négatifs de la fermeture des frontières et les répercussions sociales et économiques qui en découlent n’ont été que le début d’une spirale de dommages non encore quantifiés, on est encore loin de pouvoir énoncer des recommandations pour une solution à moyen terme. » C’est pourquoi le séminaire sera l’occasion d’une rencontre et d’un dialogue entre l’action missionnaire et pastorale de l’Église catholique et la contribution de divers spécialistes du monde économique et politique, afin de renforcer un réseau culturel et opérationnel et de garantir ainsi un meilleur avenir pour le continent. Le pape François sera également présent avec la présentation de la Task Force contre Covid-19, créée par lui et représentée au séminaire par son responsable qui en exposera les travaux. En ces temps d’incertitude et de manque d’avenir, l’Église se tourne vers le “continent de l’espoir” et cherche à partager des outils  communs qui puissent tirer parti de la crise ou du moins trouver des moyens d’en sortir. Programme + inscription à l’événement (site en espagnol)

Stefania Tanesini

     

L’Éducation, une question d’amour

L’Éducation, une question d’amour

Le Global Compact on Education, voulu par le pape François, invite toutes les personnes à adhérer à un pacte. Nous en parlons avec Silvia Cataldi, sociologue et professeur à l’université La Sapienza de Rome. Les protagonistes, ce sont eux, les dépositaires de l’espérance d’un monde plus juste, solidaire, en paix. Le Global Compact on Education, voulu par le pape François, considère les jeunes comme les destinataires des parcours éducatifs et en même temps les agents de ceux-ci. Impliqués avec leurs « familles, les communautés, les écoles et les universités, les institutions, les religions et les dirigeants » dans une « alliance éducative » pour une humanité plus fraternelle et pacifique. On en a  parlé lors de la rencontre « Ensemble pour regarder au-delà » qui s’est tenue à l’Université pontificale du Latran (Rome, Italie) le 15 octobre, au cours de laquelle le Saint-Père, dans un message vidéo, a exhorté toutes les personnes de bonne volonté à adhérer au Pacte. Silvia Cataldi, sociologue et professeur à l’université La Sapienza de Rome, a commenté les propos du pape. Ces dernières années, nous avons constaté un fort protagonisme des jeunes sur les grands thèmes de l’actualité. Le modèle éducatif qui les considère comme des sujets passifs semble obsolète... « Souvent, la limite des modèles éducatifs est de confondre la culture avec le notionisme. Le pédagogue Paulo Freire parle d’ « éducation dépositaire », dans laquelle le savoir peut être versé ou déposé comme dans un récipient. Cependant, cette connaissance comporte deux risques : celui de rester abstrait et détaché de la vie, et celui de supposer une vision hiérarchique de la connaissance. A cet égard, le Pacte m’interpelle en tant qu’éducateur, car il nous invite à écouter le cri des jeunes générations, à nous laisser interpeller par leurs questions. Nous devons réaliser que l’éducation est une voie participative, et non unidirectionnelle » . Que signifie donc éduquer ? « Le terme culture vient de colere et signifie cultiver. C’est donc un verbe sédentaire, nous devons être là, nous devons consacrer du temps et de l’espace, en partant des questions et non du fait de fournir des réponses. Mais il a aussi le sens de l’attention, de l’amour. C’est pourquoi je suis très touché par le Pacte, car il dit avec force que « l’éducation est avant tout une question d’amour ». Quand on parle d’amour, on pense au cœur, au sentiment. Mais l’amour a une dimension éminemment pratique, il nécessite des mains. Alors nous, les éducateurs, ne faisons notre travail que si nous savons que l’éducation est un soin. Les soins quotidiens sont un geste révolutionnaire car ils sont un élément de critique et de transformation du monde. Hannah Arendt l’explique bien quand elle dit que « l’éducation est le moment qui décide si nous aimons suffisamment le monde parce qu’elle conduit à la transformation ». Comment faire en sorte que le pacte ne reste pas un simple appel ? L’invitation à la fraternité universelle – le cœur du Pacte – a des implications importantes, mais pour qu’elle ait véritablement un pouvoir de transformation, elle doit promouvoir un changement de perspective qui conduise à accueillir la diversité et à guérir les inégalités. Le sociologue français Alain Caillé dit que « la fraternité est plurielle », ce qui signifie que si dans le passé la fraternité n’existait qu’entre semblables, consanguins, dans une classe ou un groupe, aujourd’hui elle exige la reconnaissance de « la spécificité, la beauté et l’unicité » de chacun. De plus, si nous sommes tous frères, alors notre façon de concevoir la réalité change parce que nous l’envisageons dans une perspective spécifique, qui est celle du dernier, et nous sommes poussés à agir, par exemple, pour protéger les droits fondamentaux des enfants, des femmes, des personnes âgées, des handicapés et des opprimés ».

Claudia Di Lorenzi

#daretocare au Vietnam : travailler ensemble pour la fraternité universelle

#daretocare au Vietnam : travailler ensemble pour la fraternité universelle

Les jeunes des Focolari d’Ho Chi Minh au Vietnam s’engagent pour les personnes en difficulté en prenant sur eux leurs nécessités par la distribution de 300 colis de denrées aux familles et 370 petits cadeaux aux enfants. En juillet 2020, quelques Gen2, des jeunes des Focolari d’Ho Chi Minh au Vietnam, ont voulu faire quelque chose de concret pour l’opération #daretocare – la campagne des jeunes des Focolari pour s’engager pour nos sociétés et la planète – afin d’aider les personnes de la communauté en difficulté. Ils avaient choisi d’aller partager leur amour dans le district de Cu M’gar, dans la province de Dak Lak. On y trouve la plus grande surface de culture du café et les gens viennent d’un autre groupe ethnique. Cet endroit est situé à 8 heures de voiture d’Ho Chi Minh. « Nous avons commencé par emballer et vendre des fruits, des yaourts et des patates douces en ligne. Nous avons collecté des vêtements usagés pour adultes et enfants, nous avons reçu des dons. A un moment donné, les restrictions du COVID19 ont pris fin ; c’est ce qui nous a permis de vendre ces denrées comme “collecte de fonds” à la paroisse. Voir les choses ensemble durant la préparation était un grand défi car les malentendus et les désaccords ne manquaient pas. Mais sachant que 300 familles nous attendaient, nous continuions à avancer avec amour, patience et abnégation. Les 17 et 18 octobre, avec 30 jeunes gens énergiques et enthousiastes, nous avons fait un voyage important. Nous avons pu distribuer 300 colis de denrées aux familles et 370 petits cadeaux pour les enfants. Pendant le voyage, nous avons réalisé la chance et le bonheur que nous avions par rapport aux situations de ces familles. Nous leur avons partagé ce que nous avions apporté pour démontrer notre amour, mais à la fin nous avons reçu plus d’AMOUR à travers leurs sourires… En fait, chaque fois que nous nous approchions d’eux, il nous semblait que nous nous connaissions depuis longtemps. Certains jeunes avaient emmené leurs amis dans ce voyage. Nous nous sommes retrouvés ensemble, venant de différentes régions du Vietnam. C’était une joie de nous connaître, de rire et de travailler ensemble comme des frères et sœurs sans distinction. Merci pour ce projet #daretocare, c’était une bonne excuse pour travailler ensemble et construire cette fraternité entre nous ».

Les Gen et les jeunes des Focolari du Vietnam

 

Notre pénitence

Une spiritualité communautaire connaît également une “purification” communautaire, comme l’explique Chiara Lubich dans le texte suivant. De même que l’amour du frère, comme l’Évangile l’enseigne, nous fait expérimenter une joie immense, l’absence de relations et d’unité avec les autres peut provoquer souffrance et tristesse. Du fait que ce chemin ne peut être uniquement communautaire et qu’il est aussi pleinement personnel, quand on est seul, après avoir aimé les frères, on trouve en soi l’union à Dieu. […] C’est pourquoi nous pouvons dire que celui qui va vers son frère […] et aime comme l’Évangile l’enseigne, se retrouve davantage Christ et davantage homme. Et comme on s’efforce d’être uni aux frères, on aime de façon spéciale non seulement le silence, mais aussi la parole, qui est moyen de communication. On parle pour « se faire un » avec les frères. Dans le Mouvement, on parle pour se raconter les uns aux autres les expériences de la Parole de vie ou de la vie spirituelle, conscients que si le feu ne se communique pas, il s’éteint et que cette communion d’âme est d’une grande valeur spirituelle. Laurent Giustiniani disait : « (…) En effet, rien au monde ne rend davantage gloire à Dieu et ne le révèle davantage digne de louange, que l’humble et fraternel échange de dons spirituels[1]… » […] Et quand on ne parle pas, on écrit : lettres, articles, livres, circulaires, pour que le Royaume de Dieu progresse dans les cœurs. Tous les moyens modernes de communication sont utilisés. […] Dans le Mouvement, on pratique aussi les mortifications indispensables à la vie chrétienne, les pénitences, surtout celles que l’Église conseille, mais on estime de façon particulière celles qu’offre la vie d’unité avec les frères. Cette vie n’est pas facile pour « l’homme d’avant », comme l’appelle l’apôtre Paul[2], cet homme d’avant toujours prêt à se manifester en nous. En outre, l’unité fraternelle ne se réalise pas une fois pour toutes ; il faut toujours la reconstruire. Lorsque l’unité existe et que, grâce à elle, Jésus est présent au milieu de ceux qui sont unis en son nom, on expérimente une joie immense, celle qu’Il a promise dans sa prière pour l’unité. Par contre, quand l’unité vient à manquer, l’obscurité et le désarroi prennent le dessus et on vit dans une sorte de purgatoire. C’est une pénitence qu’il faut être prêt à affronter. C’est là que doit intervenir l’amour pour Jésus crucifié et abandonné, clé de l’unité. Par amour pour lui, en acceptant d’abord en soi-même chaque souffrance, on fait tout pour recomposer l’unité.

Chiara Lubich

  Extrait de : Une spiritualité de communion. In : Chiara Lubich, Pensée et spiritualité, Nouvelle Cité 2003, p. 68. [1] Saint Laurent Giustiniani, Disciplina e perfezione della vita monastica, Rome 1967, p. 4. [2] L’homme d’avant : dans le sens paulinien de l’homme prisonnier de son égoïsme, cf. Eph 4, 22.

Covid, un mal commun pour redécouvrir le bien commun

Covid, un mal commun pour redécouvrir le bien commun

L’économiste Luigino Bruni, l’un des experts appelés par le pape François à faire partie de la Commission Covid-19 du Vatican, est convaincu que la leçon de la pandémie aidera à redécouvrir la vérité profonde liée à l’expression « bien commun ». La santé, l’école, la sécurité sont le linteau de toute nation et pour cette raison elles ne peuvent pas se soumettre au jeu des profits. L’économiste Luigino Bruni, l’un des experts appelés par le pape François à faire partie de la Commission du Vatican Covid-19 (projet « Covid 19 Construire un avenir meilleur »,  créé en collaboration avec le Département pour la communication et le développement humain intégral), est convaincu que la leçon de la pandémie aidera à redécouvrir la vérité profonde liée à l’expression « bien commun » . Parce que, selon lui, tout est fondamentalement bien commun : la politique dans son sens le plus élevé, l’économie qui se tourne vers l’homme avant de se tourner vers le profit. Et dans ce nouveau paradigme mondial qui peut naître de l’après-Covid, l’Église, dit-il, doit devenir le « garant » de ce patrimoine collectif, car elle est étrangère à la logique du marché. L’espoir, pour Bruni, est que cette expérience conditionnée par un virus sans frontières ne nous fera pas oublier « l’importance de la coopération humaine et de la solidarité mondiale ». Vous êtes membre de la Commission du Vatican COVID 19, le mécanisme de réponse mis en place par le pape François pour faire face à une pandémie sans précédent. Qu’espérez-vous personnellement apprendre de cette expérience ? Comment la société dans son ensemble peut-elle s’inspirer des travaux de la Commission ? R. – La chose la plus importante que j’ai apprise de cette expérience est l’importance du principe de précaution et du bien commun. Le principe de précaution, pilier de la doctrine de l’Église, grand absent dans la phase initiale de l’épidémie, nous dit quelque chose d’extrêmement important : le principe de précaution est vécu de manière obsessionnelle au niveau individuel (il suffit de penser aux assurances et de la place qu’elles prennent dans le monde) mais il est totalement absent au niveau collectif, ce qui rend les sociétés du 21e siècle extrêmement vulnérables. C’est pourquoi les pays qui avaient sauvé un peu de « welfare state » se sont révélés beaucoup plus forts que ceux qui étaient entièrement gérés par le marché. Et puis les biens communs : comme un mal commun nous a révélé ce qu’est le bien commun, la pandémie nous a montré qu’avec les biens communs, il y a un besoin de communauté et pas seulement de marché. La santé, la sécurité, l’éducation ne peuvent être laissées au jeu des profits. Le pape François a demandé à la Commission COVID 19 de préparer le futur au lieu de se  préparer pour le futur. Dans cette entreprise, quel devrait être le rôle de l’Église catholique en tant qu’institution ? R. – L’Église catholique est l’une des rares (sinon la seule) institution qui garantit et protège le bien commun mondial. N’ayant pas d’intérêts privés, elle peut poursuivre les intérêts de tous. C’est pourquoi elle est très écoutée aujourd’hui, pour cette même raison elle a une responsabilité à exercer à l’échelle mondiale. Quelles leçons personnelles (si vous en avez) avez-vous tirées de l’expérience de cette pandémie ? Quels changements concrets espérez-vous voir après cette crise, tant d’un point de vue personnel que global ? R. – La première leçon est la valeur du bien relationnel : comme nous n’avons pas pu nous embrasser au cours de ces mois, j’ai redécouvert la valeur d’une étreinte et d’une rencontre. La deuxième : nous pouvons et devons faire de nombreuses réunions en ligne et beaucoup de « smart working »,  mais pour les décisions importantes et les réunions décisives, le net ne suffit pas, le corps est nécessaire. Le boom virtuel nous fait donc découvrir l’importance des rencontres en chair et en os et l’intelligence des corps. J’espère que nous n’oublierons pas les leçons de ces mois (car l’homme oublie très vite), en particulier l’importance de la politique telle que nous l’avons redécouverte au cours de ces mois (comme l’art du bien commun contre les maux communs), et que nous n’oublierons pas l’importance de la coopération humaine et de la solidarité globale. Préparer le monde de l’ après-covid, c’est aussi préparer les générations futures, celles qui demain seront appelées à décider, à tracer de nouvelles voies. L’éducation, dans ce sens, n’est  pas seulement une « dépense » à limiter, même en temps de crise ? R. – L’éducation, en particulier celle des enfants et des jeunes, est bien plus qu’une « dépense »… c’est l’investissement collectif ayant le taux de rendement social le plus élevé. J’espère que lorsque, dans les pays où l’école est encore fermée, quand elle sera ré-ouverte , ce sera un jour férié. La démocratie commence sur les bancs de l’école et y renaît à chaque génération. Le premier héritage (patres munus) que nous transmettons entre les générations est celui de l’éducation. Des dizaines de millions de garçons et de filles dans le monde n’ont pas accès à l’éducation. Peut-on ignorer l’article 26 de la Déclaration des droits de l’homme qui stipule le droit à l’éducation pour tous, une éducation gratuite et obligatoire, au moins pour l’enseignement fondamental ? R. – Il ne faut évidemment pas l’ignorer, mais nous ne pouvons pas demander que le coût de l’école soit entièrement pris en charge par les pays qui ne disposent pas de ressources suffisantes. Nous devrions bientôt lancer une nouvelle coopération internationale sous le slogan : « l’école pour les enfants et les adolescents est un bien commun mondial »,  où les pays disposant de plus de ressources aident ceux qui en ont moins à rendre effectif le droit à la gratuité des études. Cette pandémie nous montre que le monde est une grande communauté, nous devons transformer ce mal commun en de nouveaux biens communs mondiaux. Même dans les pays riches, les parties du budget consacrées à l’éducation ont subi des réductions, parfois énormes. Peut-on avoir intérêt à ne pas investir dans les générations futures ? R. – Si la logique économique prend le dessus, il y aura davantage de raisonnements du type « pourquoi dois-je faire quelque chose pour les générations futures, qu’ont-elles fait pour moi » ?  Si le ‘do ut des’, le registre du commerce, devient la nouvelle logique des nations, on investira de moins en moins pour l’école, on fera de plus en plus de dettes que paieront les enfants d’aujourd’hui. Nous devons redevenir généreux, cultiver des vertus non économiques telles que la compassion, la douceur, la magnanimité. L’Église catholique est en première ligne pour offrir une éducation aux plus pauvres. Même dans des conditions de grande difficulté économique, car comme nous le constatons en cette période de pandémie, les lockdowns ont eu un impact considérable sur les écoles catholiques. Mais l’Église est là et accueille tout le monde, sans distinction de foi, en faisant place à la rencontre et au dialogue. Dans quelle mesure ce dernier aspect est-il important ? R. – L’Église a toujours été une institution du bien commun. La parabole de Luc ne nous dit pas quelle foi avait l’homme à moitié mort sauvé par le Samaritain. C’est précisément pendant les grandes crises que l’Église retrouve sa vocation de « Mater et magistra », que l’estime des non-chrétiens à son égard grandit, que cet océan qui accueille tout pour redonner tout à tous, surtout aux plus pauvres, car l’Église a toujours su que l’indicateur de tout bien commun est la condition des plus pauvres. L’enseignement de la religion, des religions, dans un monde de plus en plus tenté par les divisions et qui favorise le spectacle de la peur et de la tension ; quels résultats peut-il apporter ? R. – Cela dépend de la façon dont vous l’enseignez. La dimension éthique qui existe dans chaque religion n’est pas suffisante. Le grand enseignement que les religions peuvent donner aujourd’hui concerne la vie intérieure et la spiritualité car notre génération a, en l’espace de quelques décennies, dilapidé un héritage millénaire de sagesse ancienne et de piété populaire. Les religions doivent aider les jeunes et tous les autres à réécrire une nouvelle grammaire de la vie intérieure, et si elles ne le font pas, la dépression deviendra le fléau du 21e siècle.

Source : Vatican News

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Le grand témoignage que cette pandémie nous appelle à offrir à l’humanité

Le grand témoignage que cette pandémie nous appelle à offrir à l’humanité

Au cours de ces mois, la communion des biens s’est encore plus développée entre les communautés des Focolari dans le monde, répondant à de nombreuses demandes d’aide. L’ importante communion des biens pour l’urgence de la Covid-19 nous fait vivre une fois de plus la réalité de « toujours être famille » qui ne connaît ni frontières ni différences, mais fait ressortir la fraternité universelle, comme le soutient le pape François à travers la dernière encyclique «Tous  Frères » . Cette communion se développe à travers de véritables Fioretti ou actes d’amour et rappelle l’expérience des premiers chrétiens : ceux-ci, conscients qu’ils ne formaient qu’un seul cœur et qu’une seule âme, mettaient tous leurs biens en commun, témoignant de l’amour surabondant de Dieu et apportant l’espérance. En ces mois de pandémie, la communion des biens s’est encore plus développée entre les différentes communautés du Mouvement des Focolari dans le monde, répondant donc à de nombreuses  demandes d’aide. En Asie, à Taïwan et au Japon, les Gen, jeunes des Focolari, ont lancé une collecte de fonds pour aider la communauté de la ville de Torreòn, au Mexique. Ròisìn, une Gen de Taïwan, ayant appris l’expérience des Gen mexicains à propos de l’aide aux familles pauvres touchées par le virus, a immédiatement ressenti le besoin d’agir. Avec les autres Gen de sa ville, elle a lancé un appel à toute la communauté des Focolari de Taïwan, qui s’est immédiatement jointe à l’initiative en collectant des fonds pour des amis au Mexique. Par la suite, les Gen garçons et filles du Japon se sont également joints à l’initiative. En Tanzanie, cependant, une des familles de la communauté était sans lumière parce que la batterie du petit système solaire était plate. « Quelque temps auparavant – écrivent-ils de la communauté locale – l’un d’entre nous avait reçu une providence de 50 euros, environ 120 000 shillings  tanzaniens, pour une famille en difficulté. Nous en avons discuté ensemble et sommes arrivés à la conclusion de donner cette somme qui couvrait environ 60% du coût. La famille a pu acheter la nouvelle batterie et remettre la lumière dans la maison. Après quelques jours, un don de 1.000.000 de shillings tanzaniens est arrivé pour les besoins du focolare : presque 10 fois plus…le centuple » !!!. La communauté portugaise, après avoir entendu une mise au courant du Centre international des Focolari sur la situation mondiale, a décidé d’élargir l’horizon au-delà de ses frontières. « La somme que nous avons perçue jusqu’à présent – nous écrivent-ils – est le résultat de petits renoncements ainsi que de sommes imprévues que nous ne nous attendions pas à recevoir. Nous constatons que la conscience de la communion grandit dans la vie quotidienne de chacun d’entre nous : ensemble, nous pouvons essayer de surmonter non seulement les obstacles causés par la pandémie, mais que cela devienne un mode de vie ». En Équateur, par contre, J.V. a réussi à impliquer de nombreuses personnes dans la culture du don. Tout est venu d’un « appel téléphonique à un collègue pour avoir de ses nouvelles », dit-il, « et pour partager ses préoccupations concernant sa famille et les habitants de son village qui sont sans nourriture ». Il a ouvert une page facebook et a envoyé des courriels pour faire connaître la situation précaire de ce village. Cela a déclenché une grande générosité non seulement de la part des habitants de son quartier mais aussi d’ailleurs. Les amis et la famille de ce collègue peuvent désormais acheter de la nourriture et aider même les plus pauvres. En Égypte, tout est fermé à cause du lockdown, et donc également le travail de la fondation « United World »  qui, à travers des projets de développement en faveur des personnes vivant des situations de fragilité sociale, transmet la culture de la « fraternité universelle ». « Que pouvons-nous faire et où pouvons-nous aider » ? se sont-ils demandé. Et ainsi, malgré la fermeture et « grâce aux communautés de diverses églises, mosquées et autres organisations sociales, nous avons pu élargir le groupe de personnes à aider : familles des quartiers les plus pauvres du Caire, veuves, orphelins, personnes seules et âgées, réfugiés d’Éthiopie, d’Érythrée, du Nord et du Sud du Soudan. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de préparer 700 paquets de denrées alimentaires de base. Notre objectif est d’atteindre 1 000 paquets ». En République démocratique du Congo, les Gen de Kinshasa ont lancé une communion de biens en créant un fonds pour aider les plus démunis et neuf familles ont reçu du savon, du sucre, du riz et des masques. Ces témoignages vont bien au-delà de l’aide financière : comme le dit Ròisìn de Taiwan, « même les temps les plus sombres peuvent être éclairés par l’amour et la solidarité, et même si nous sommes isolés les uns des autres, nous sommes plus proches de la réalisation d’un monde uni ».

Lorenzo Russo

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Se faire proches au quotidien

Prendre soin des autres reconstruit la communauté : c’est l’expérience de Teresa Osswald, qui, dans la ville d’OPorto au Portugal, est l’animatrice d’un petit groupe d’enfants. Faire attention  à ce qui se passe autour de nous. Consacrer du temps et de l’énergie à ceux qui sont dans le besoin. Se mettre à la place de l’autre et partager ses joies et ses peines. Souvent, aimer ceux qui nous entourent signifie entrer dans les mailles du quotidien et devenir proche d’eux. C’est l’expérience de Teresa Osswald, qui, dans la ville d’OPorto au Portugal, est l’animatrice d’un petit groupe d’enfants. Comme chaque année, lorsque l’école ferme pour les vacances d’été, les enfants profitent d’un repos en plein air : certains au bord de la mer, d’autres à la montagne, d’autres encore en ville. Certains, cependant, n’ont pas cette possibilité parce que leur famille connaît des difficultés financières ou n’ont  pas de proches ni d’amis qui peuvent s’occuper d’eux pendant que leurs parents sont au travail. Ils connaissent donc une condition d’isolement social, également parce qu’ils viennent de pays lointains, avec des cultures, des traditions et des religions différentes. C’est l’histoire de trois enfants portugais, dont les parents sont originaires des îles de S. Tomé, sur la côte ouest de l’Afrique. Ils passent généralement leurs vacances à la maison, seuls et sans rien faire. Cette année aurait été la même si Térésa n’avait pas pris sur elle leur malaise. Comme pour d’autres enfants et d’autres familles dans les mêmes conditions. « J’avais un grand désir d’avoir une réponse à toutes ces situations – dit-elle – , cela a été possible au moins pour une famille: fin juillet, j’avais parlé à une amie de ces trois enfants qui allaient passer le mois d’août seuls à la maison. Le lendemain, elle m’a donné des informations sur les camps d’été de notre ville”. Mais les places sont peu nombreuses, la demande arrive en retard et il n’est pas certain que les enfants puissent participer. Térésa a tout confié à Dieu : « Que ta volonté soit faite. » Les places sont donc trouvées et le coût du camp est également pris en charge par la communauté des Focolari présente dans la ville. Ceux qui donnent une somme connaissent ensuite un certain “retour” ailleurs. C’est l’Évangile qui s’accomplit, pense Térésa : « Donne et il te sera donné» (Lc 6, 38). Ensuite, il faut accompagner les enfants au camp le matin et les ramener à la maison le soir. Il n’est pas facile de trouver du temps entre les engagements quotidiens, mais Teresa s’offre la même chose : « Je vois trois enfants heureux qui courent vers ma voiture. Il ne reste plus qu’à resserrer les lacets des petites chaussures de la petite fille et tout va bien. » Au bout d’une semaine, un coup de téléphone arrive : c’est une amie qui vient l’aider et lui propose de prendre les enfants chez elle. « Et c’est ainsi qu’avec la petite contribution de nombreuses personnes – explique-t-elle – ces enfants ont eu l’occasion de nager, de danser, de se socialiser, au lieu d’être enfermés dans la maison. Ils ont surtout eu l’occasion de transmettre aux enseignants et aux autres enfants leur joie et leur grande générosité. »  Et comme il est agréable de ressentir la joie de leur mère, émue et reconnaissante. « Des mots forts qui m’ont touchée en profondeur – nous  confie Térésa – s’intéresser à tout ce qui se passe à côté de nous et prendre soin des autres nous a permis de construire un petit bout de monde uni dans notre communauté.

Claudia Di Lorenzi

Le cheminement œcuménique des Églises chrétiennes vécu dans sa dimension « quotidienne »

Le cheminement œcuménique des Églises chrétiennes vécu dans sa dimension « quotidienne »

L’expérience de Sherin, une focolarine copte-orthodoxe qui expérimente chaque jour que l’unité entre les chrétiens de différentes Églises est un rêve possible. L’Église de demain « suivra l’exemple de la Très Sainte Trinité, où il y aura unité dans une vérité unique et dans la variété de toutes les traditions ; celles-ci seront les différents aspects de cette unique vérité. » C’est ainsi que Chiara Lubich a parlé du cheminement œcuménique vers l’unité des Églises chrétiennes dans un passage du livre Une spiritualité pour l’unité des chrétiens (Pensées choisies), publié par Città Nuova. Sherin Helmi, focolarine copte-orthodoxe, expérimente chaque jour que l’unité entre les chrétiens de différentes Églises est un rêve possible. Qu’est-ce qui t’a frappée dans la spiritualité de l’unité lorsque tu as rencontré Chiara et le mouvement des Focolari ? « J’ai découvert que l’Évangile, vécu par un peuple qui a un nouveau style de vie, une nouvelle langue et une nouvelle culture, est le levain d’une humanité nouvelle. Que cette fraternité universelle et notre vie ne sont pas des tiroirs séparés. Qu’il est possible de vivre la foi 24 heures sur 24 et de se laisser transformer par Jésus pour être un autre Christ, afin qu’Il puisse vivre Lui-même parmi Son peuple, selon la promesse de l’Évangile. » Tu appartiens à l’Église copte-orthodoxe. En faisant partie d’un Mouvement fondé par une femme catholique et majoritairement catholique as-tu été amenée à t’ éloigner de ton Église ? « Bien sûr que non ! Mais peut-être que Dieu nous prépare. J’ai grandi dans une école de religieuses catholiques, où il y avait du respect et de l’amour et où je ne ressentais pas de conflit d’appartenance à différentes Églises. En faisant partie du Mouvement, cette expérience s’est approfondie, et mon cœur s’est ouvert à toute l’Église. J’ai également voulu approfondir ma connaissance de l’Église copte afin de rechercher les points communs avec la vie des Focolari et j’ai découvert, par exemple, que saint Antoine le Grand invite tous les chrétiens, en tant que frères et sœurs, à “devenir une seule âme avec une seule volonté et une seule foi”. Ainsi, avec le temps, est né en moi le désir de m’engager à vivre pour l’unité de la famille humaine. J’ai éprouvé  une grande gratitude envers Chiara”. Tu vis au quotidien avec d’autres focolarines catholiques. Que signifie construire l’unité avec elles ? « Cela signifie ne pas avoir peur d’affronter les différences, qui sont une occasion d’aimer, en croyant que cela construit l’unité et nous fait expérimenter la présence de Jésus parmi nous. Et cela est également vrai pour les personnes d’ethnies, de conditions sociales et de convictions politiques différentes : si nous pensons que nous sommes tous enfants de Dieu le Père, alors l’autre est un frère à aimer. » Pour le pape copte-orthodoxe, Sa Sainteté Tawadros II, le chemin de la communion entre les Églises a son point d’appui dans le Christ. Et les “voies” qui mènent à Lui sont le dialogue, l’étude, la prière, la relation. Que signifie concrètement la recherche de l’unité dans ces domaines ? « Dans le Mouvement, le dialogue œcuménique est d’abord compris comme le “dialogue de la vie” : nous essayons de nous aimer les uns les autres au quotidien comme Jésus l’a fait. Ensuite, par le dialogue, nous échangeons sur des questions qui concernent la foi, en cherchant ce qui nous unit. L’Église orthodoxe copte accorde une grande importance à la prière et au jeûne, aussi prions-nous ensemble parce que l’unité est un don que seul Dieu donne, et nous pratiquons le jeûne pour que notre âme ne s’enferme pas dans les réalités matérielles et qu’elle se rapproche de Dieu. Dans le Mouvement, il y a aussi un groupe de chercheurs qui approfondissent ensemble de nombreux sujets, chacun selon la perspective de sa propre Église. Ils vivent ces échanges dans un climat d’amour et de bienveillance réciproques, en privilégiant l’écoute, l’accueil et le respect mutuels. Et ils prient pour comprendre quel est le regard de Dieu sur les choses.                                                                             

Claudia Di Lorenzi

On va à Dieu en passant par l’homme

Les insécurités nées des défis mondiaux tels que la mondialisation, le changement climatique et la pandémie du coronavirus semblent réveiller en beaucoup de personnes un nouveau besoin de vie spirituelle. Mais une spiritualité pour aujourd’hui – affirme Chiara Lubich dans le texte qui suit -, se caractérise par une forte dimension communautaire Une des caractéristiques les plus originales de cette spiritualité de l’unité se trouve dans sa dimension communautaire. Depuis la venue de Jésus, en deux mille ans d’histoire, l’Église a vu naître en son sein, l’une après l’autre ou parfois simultanément, les spiritualités les plus belles et les plus riches. L’Épouse du Christ a été ainsi ornée des perles les plus précieuses, des diamants les plus rares, qui ont formé et formeront encore de nombreux saints. Dans toute cette splendeur, il y a une constante : c’est surtout la personne individuelle qui va à Dieu. […] Néanmoins les temps ont changé. Aujourd’hui l’Esprit Saint appelle avec force les hommes à marcher les uns à côté des autres, à être, avec tous ceux qui le désirent, un seul cœur et une seule âme. Et l’Esprit Saint a poussé notre Mouvement, dès le début, à se tourner de façon décisive vers les hommes. Dans la spiritualité de l’unité, on va à Dieu à travers le frère : « Moi-même – le frère – Dieu », avons-nous coutume de dire. Nous allons à Dieu avec les autres, avec nos frères. Bien plus, nous allons à Dieu à travers eux. […] Nous vivons donc à une époque où la réalité de la communion vient pleinement en lumière, où l’on cherche non seulement le royaume de Dieu en soi-même, mais aussi au milieu des hommes. En outre, les spiritualités les plus individuelles exigent en général de ceux qui s’y sont engagés la solitude et la fuite des créatures pour parvenir à l’union mystique avec la Trinité en soi. Pour maintenir la solitude, le silence est exigé. Pour se tenir loin des hommes, on utilise le voile et la clôture ainsi qu’un vêtement particulier. Pour imiter la Passion du Christ, on pratique les pénitences les plus variées, parfois très dures, des jeûnes et des veilles. Dans la voie de l’unité, on connaît aussi la solitude et le silence, pour répondre par exemple à l’invitation de Jésus à s’enfermer dans sa chambre pour prier (cf. Mt 6,6). Ou encore on fuit les autres, s’ils entraînent au péché. En général, cependant, on accueille les frères, on aime le Christ en eux, en chaque frère, le Christ qui vit en lui ou peut renaître en lui grâce à l’aide ainsi offerte. Nous voulons nous unir à nos frères au nom de Jésus, pour que sa présence soit assurée au milieu de nous (cf. Mt 18, 20). Dans les spiritualités individuelles, on se trouve donc comme dans un magnifique jardin – l’Église –, où l’on observe et admire une fleur surtout : Dieu présent en soi. Dans une spiritualité collective, on aime et admire toutes les fleurs du jardin, la présence du Christ en chacun, que l’on aime comme la sienne. […]

Chiara Lubich

 Extrait de : Une spiritualité de communion. In:Chiara Lubich, Pensée et spiritualité, Nouvelle Cité 2003, pag. 64.

Gennadios Zervos : pour l’unité des deux Églises sœurs

Une longue et profonde amitié a uni le Métropolite récemment décédé au mouvement des Focolari. Gabriella Fallacara, focolarine, experte en œcuménisme, responsable pendant de nombreuses années du Centre “Uno” pour l’unité des chrétiens du mouvement des Focolari, se souvient de lui : « Lorsque je suis entrée pour la première fois dans la toute simple maison de Gennadios Zervos[1], – j’ai été accueillie avec une cordialité particulière : sa mère, qui parlait peu l’italien mais un beau grec, m’a offert un étrange dessert : un petit nœud blanc crémeux attaché à une longue cuillère immergée dans un verre d’eau claire. Son goût subtil semblait contenir toutes les nuances orientales. C’est ainsi qu’a commencé mon article-interview avec Gennadios Zervos pour la revue Città Nuova. Cette première rencontre remonte à novembre 1970. Je ne savais pas qu’il serait élu par le Patriarche Athénagoras de Constantinople et son Synode avec le titre d’évêque de Cratea quelques mois après. Ainsi, après 275 ans et pour la première fois dans l’histoire, un Évêque orthodoxe a été de nouveau ordonné en Italie. Cette atmosphère de « maison » a accompagné l’amitié dont l’évêque Gennadios nous a honorés depuis cet instant durant de longues années. Zervos est arrivé très jeune parmi les Napolitains : il avait alors vingt-quatre ans en 1961. Déjà à l’époque, il était professeur dans son lycée, professeur de patrologie grecque à Bari à l’Institut Supérieur de théologie, rédacteur du plus important journal du monde gréco-orthodoxe, le magazine Stakis. Il était diplômé en théologie orthodoxe à Constantinople et en théologie catholique à la Faculté pontificale de théologie à Naples. Sa carrière était prestigieuse ; mais comment avait-elle mûri ? En vérité, il pensait accomplir sa mission en Grèce mais le patriarche Athénagoras lui change l’objectif : c’est l’Italie – lui dit-il – parce que c’est “le centre du catholicisme. Nous devons y avoir de jeunes théologiens […] pour l’unité des deux Églises sœurs”. Une prophétie qui s’est réalisée. Lors d’un dernier échange, il y a quelques mois, il a exprimé ainsi notre joie commune : « Je n’oublierai jamais nos rencontres à Rocca di Papa, elles m’ont donné la vraie joie de connaître Chiara Lubich que j’ai admirée durant toutes ces années lors de nos rencontres[2] avec les Orthodoxes ainsi que lors de nos rencontres avec les Évêques Amis du Mouvement. Je l’ai vue pour la dernière fois à l’hôpital Gemelli. Sa splendide figure, sa splendide personnalité, vit dans mon âme. Elle est pour nous un pilier d’amour et d’unité qui nous a fait connaître le testament suprême de notre Sauveur, la Volonté de Dieu : “que tous soient un” ». Gennadios a été un protagoniste humble et tenace des “temps nouveaux” ouverts par le Concile Vatican II et traduits dans l’histoire également par le charisme d’unité de Chiara Lubich qu’il a partagé et vécu. Il a apporté la richesse de son Église d’Orient avec simplicité et intégrité, créant ainsi de nouveaux ponts de respect, de collaboration et de compréhension. Il a écrit un morceau de l’histoire de l’Eglise qui nous remplit de gratitude ».

Gabri Fallacara

[1] G. Fallacara, “Atenagoras l’ha scelto per i nuovi tempi”, Città Nuova, février 1971, pp.32-34. [2] Il s’agit de rencontres œcuméniques promues par le Centre “Uno”, le secrétariat pour l’unité des chrétiens du mouvement des Focolari. Foto: Le Métropolite Gennadios Zervos et Gabriella Fallacara lors de la 59ème Semaine Oecuménique promue par le Centre “Uno”, à Castel Gandolfo (Italie), le 13 mai 2017.

Gennadios Zervos : apôtre mystique de l’unité

Gennadios Zervos : apôtre mystique de l’unité

Quelques jours après la mort du Métropolite, nous publions le souvenir qu’a esquissé Piero Coda, professeur d’Ontologie Trinitaire à l’Institut universitaire Sophia de Loppiano (Italie) dont il a été le directeur de 2008 à 2020. « J’ai eu une vision : une porte était ouverte dans le ciel… ». Avec ces mots, tirés du livre de l’Apocalypse, le métropolite Gennadios Zervos, archevêque orthodoxe d’Italie et de Malte, aimait décrire la rencontre entre le patriarche Athénagoras et Chiara Lubich avec un regard de sagesse. Car – disait déjà Athénagoras – si la porte est désormais ouverte, nous sommes appelés à la franchir ensemble : à partager l’émerveillement et la joie du don divin de l’Unité. Je ne trouve pas de mots plus appropriés pour décrire la flamme qui a allumé le cœur et illuminé l’action du métropolite Gennadios. Faisant de lui l’extraordinaire et infatigable apôtre de l’Unité entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident que nous avons connue depuis le Concile Vatican II jusqu’à aujourd’hui. Depuis la lointaine année 1960, il avait débarqué en Italie en provenance de sa Grèce natale, envoyé par   patriarche Athénagoras. Un disciple humble et ardent de la tradition bimillénaire de l’Église d’Orient, incarnée par la figure prophétique du patriarche Athénagoras et dans laquelle il avait été formé depuis ses études à l’école théologique historique de Chalki, dont il avait partagé l’expérience avec le futur patriarche Bartholomée ; et du charisme de l’unité donné par l’Esprit Saint à Chiara Lubich pour toute l’Église de notre temps, au-delà des distinctions confessionnelles. Il a ainsi vécu, comme un protagoniste actif et discret, la saison passionnante inaugurée par la réconciliation entre Rome et Constantinople à la fin de Vatican II, scellée dans l’étreinte historique entre le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras à Jérusalem. Continuer ensuite avec ténacité et sans hésitation sur cette voie, en contribuant de manière unique, en Italie, à la connaissance mutuelle des deux Églises sœurs. Se nourrissant toujours à pleines mains et avec une joie intime de la lumière du charisme de l’unité. C’est dans cet esprit que le métropolite Gennadios a animé son ministère dans le diocèse orthodoxe d’Italie et de Malte, le conduisant avec clairvoyance en tant qu’archevêque – le premier après presque trois siècles – à un magnifique épanouissement dans la recherche constante de la communion avec l’Église catholique et dans un dialogue sincère avec tous. Enfin, comme s’il s’agissait du précieux héritage qu’il voulait nous laisser, il souhaitait vivement que la chaire œcuménique Patriarche Athénagoras – Chiara Lubich à l’Institut universitaire de Sophia soit en synergie avec le Patriarcat œcuménique de Constantinople : « un signe – a-t-il souligné le jour de l’inauguration – de notre amour infini pour ces deux extraordinaires protagonistes du dialogue de l’amour ». Je suis témoin, encore et toujours étonné et reconnaissant, de ce que cette dernière créature a porté dans son cœur. Il y voyait l’instrument indispensable pour que le « miracle » tombé  du ciel – c’est ainsi qu’il en parlait – avec la rencontre entre Athénagoras et Chiara – où Chiara était devenue un pont vivant entre le patriarche de Constantinople et le pape de Rome, Paul VI – pouvait apporter une nouvelle contribution, qu’il pensait même indispensable, au voyage œcuménique vers la pleine unité visible : « L’amour entre Athénagoras, Chiara et Paul VI – a-t-il répété – est une réalité si puissante que personne ne peut plus l’effacer, car c’est la présence de Jésus au milieu d’eux ». C’est avec une immense gratitude que nous recueillons de ses mains le témoignage qu’il nous transmet. En nous souvenant de lui, émus par les paroles du Patriarche Bartholomée qui a voulu célébrer les nombreux et lumineux charismes dont nous nous sommes réjouis, et que nous contemplons maintenant dans une lumière plus complète : « parmi eux, les plus grands sont l’humilité et la douceur, la paix et la sagesse, et le plus grand de tous l’amour et la foi envers la Mère Église ».

Piero Coda

Évangile vécu : les compagnons de voyage

Comme Jésus, nous pouvons nous aussi nous approcher de notre prochain sans crainte, nous mettre à ses côtés pour marcher ensemble dans les moments difficiles et joyeux, valoriser ses qualités, partager les biens matériels et spirituels, encourager, donner de l’espoir, pardonner. L’art d’enseigner Pendant la pandémie, j’ai, comme d’autres collègues, donné mes cours par le biais des médias numériques. Au début, il y avait la nouveauté et donc une certaine participation des jeunes, mais avec le temps, l’un ou l’autre plus rusé a trouvé un moyen de faire autre chose, se désintéressant peu à peu aux cours. Dans cette variété de réponses à mon engagement vis-à-vis d’eux, j’ai essayé de ne pas montrer de préférences ou d’approbations, mais de toujours mettre l’accent sur la responsabilité personnelle, ce qui était certainement plus difficile en ces temps de crise. Le véritable dilemme, cependant, s’est posé au moment de porter une évaluation, aussi parce que je pouvais clairement voir à quel point les tâches écrites qu’ils m’envoyaient manquaient d’originalité, pour ne pas dire qu’elles étaient copiées. Un jour, j’ai demandé aux élèves eux-mêmes ce qu’ils auraient fait à ma place et de quelle manière. Ce fut l’occasion d’un examen sincère de leur participation ou non-participation. Et – cela m’a ému – ils se sont donné eux-mêmes leur évaluation. Je n’avais peut-être jamais vécu une telle leçon de vie. (G.P. – Slovénie) Surmonter la crise ensemble Nous n’avons pas réussi à avoir d’enfants et cet « échec » a fait que nous avons tous les deux tout misé sur notre carrière. Après 24 ans, notre mariage était en crise. Il semblait m’échapper. Ayant compris que nous passions d’un amour de jeunes à un amour d’adultes, j’ai décidé que c’était à moi de faire le premier pas et j’ai demandé à mon mari de m’emmener chez un spécialiste. Une fois rentrés à la maison, lui, visiblement bouleversé, a avoué qu’il n’avait aucune idée de ce que je souffrais autant et s’est excusé. J’ai demandé l’aide de Dieu, j’ai prié. Il m’a semblé bon de quitter ce travail qui m’a amené à exceller et j’ai essayé d’être plus présente à la maison, plus affectueuse et compréhensive. Il a fallu beaucoup de douceur et de patience, mais maintenant notre relation a mûri, elle n’est plus liée à des expressions qui nous semblaient essentielles en tant que jeunes. Aujourd’hui, je m’entends dire des phrases impensables il y a quelques années, telles que : « Je ne pourrais pas vivre sans toi ». Nous sommes comme deux compagnons de voyage qui s’efforcent consciemment de réaliser le plan de Dieu pour nous deux réunis. (S.T – Italie) Un neveu adolescent Pendant la période où les écoles ont été fermées à cause de la pandémie, mon neveu adolescent est devenu plus agressif que jamais. Nous vivons dans la même maison et je peux dire que, en tant que grand-mère, je l’ai élevé, souvent en remplaçant ses parents ; je l’ai aussi accompagné dans les moments difficiles avec ses camarades de classe et ses professeurs. Un jour, sa réaction à la nourriture qu’il n’aimait pas est devenue encore plus choquante. Les premières pensées que j’ai eues ont été un jugement sévère, mais immédiatement après, l’instinct de l’aimer m’a d’abord fait aller à la cuisine pour préparer rapidement un dessert qu’il aime. Quand il a senti l’odeur du four, il est venu me voir, m’a pris dans ses bras et m’a demandé pardon. Je ne lui ai rien dit, comme si rien ne s’était passé. Puis il a commencé à s’ouvrir et un dialogue s’est engagé, comme cela ne s’était pas produit depuis longtemps. Lorsque ses parents sont revenus, à ma grande surprise, il a dit que, par rapport à ses camarades de classe, il se sentait privilégié d’avoir sa grand-mère dans la même maison. (P.B. – Slovaquie) Plus de plaintes Souvent, au lieu de remercier Dieu pour ce que nous avons et de le partager avec ceux qui n’ont pas, nous nous plaignons de la nourriture que nous n’aimons pas, de l’étroitesse de nos maisons, du manque de certains vêtements, etc. Nous oublions que Jésus retient que tout ce que nous faisons pour notre frère est fait pour Lui-même. C’est l’ouragan Maria qui nous a fait changer d’attitude, à moi et à d’autres amis, nous donnant une forte impulsion pour regarder les besoins des autres. C’est cet ouragan Maria qui a causé des victimes et des destructions dans notre pays. Parmi les nombreux sans-abri, il y avait aussi la famille d’un de mes camarades de classe: des parents et six enfants qui vivaient dans un sous-sol et qui se retrouvaient privés de tout. Avec les autres camarades de classe, j’ai fait une liste des choses dont ils avaient besoin et nous avons organisé une collecte avec l’aide précieuse des enfants de chœur de ma paroisse. Lorsque nous sommes allés livrer la « providence » collectée, il était touchant de voir avec quelle joie et quelle émotion notre compagnon et sa famille  ont tout accueilli. (Némésis – Porto Rico)

D’après Stefania Tanesini

(extrait de l’Évangile du jour, New Town, année VI, n.5, septembre-octobre 2020) _______ 1 C. Lubich, Parole de Vie d’ octobre 1995, éditée par F. Ciardi (Opere di Chiara Lubich 5), Città Nuova, Rome 2017, pp. 564-565.

The economy of Francesco

The economy of Francesco

La réunion se tiendra en ligne du 19 au 21 novembre. Maria Gaglione, de l’équipe d’organisation, a recueilli les parcours des participants : économistes, chercheurs, spécialistes et professeurs d’université, entrepreneurs et startups, étudiants, militants et acteurs du changement de 115 pays du monde entier. « Il est essentiel de former et de soutenir les nouvelles générations d’économistes et d’entrepreneurs » pour adopter un nouveau modèle de développement qui « n’exclut pas mais inclut » et ne génère pas des inégalités. S’adressant aux économistes et aux banquiers, le Pape a souligné l’urgence d’une “reconversion écologique” de l’économie et a insisté sur le rôle décisif des jeunes. Il les a invités à échanger sur ces questions à Assise (Italie), où saint François « s’est dépouillé de tout pour choisir Dieu comme étoile polaire de sa vie, il s’est fait pauvre avec les pauvres (…). Son choix de la pauvreté a donné naissance à une vision très actuelle de l’économie. » La rencontre, intitulée Economy of Francesco, se tiendra en ligne du 19 au 21 novembre. Maria Gaglione, de l’équipe d’organisation, a recueilli les histoires des participants : « Les jeunes qui ont répondu à l’appel du Pape sont des économistes, des chercheurs, des universitaires et des professeurs d’université, des entrepreneurs et des startups, des étudiants, des militants et des acteurs du changement de 115 pays dans le monde. Ils sont eux-mêmes les “bâtisseurs” d’une économie plus juste et plus fraternelle qui vise à l’inclusion. Les universités, les entreprises et les communautés où ils opèrent sont des “chantiers d’espoir”, comme le définit le Pape. Leur devise est « No one left behind » (= personne n’est laissé pour compte), car ils veulent une économie qui ne laisse personne à la traîne. En cela, ils ressemblent à saint François qui choisit une nouvelle vie pour se consacrer aux plus pauvres. » À la logique du profit, saint François a préféré celle du don. Que signifie faire de son travail et de ses propres recherches un don pour les autres ? “Ces jeunes choisissent de dédier leur vie, leurs capacités, leurs talents, pour donner un sens plus profond à toute chose. Un bon nombre d’entre eux, lorsqu’ils entreprennent des études ou un travail, , choisissent à un moment donné de changer de voie. Joël Thompson est ingénieur en électronique. Inspiré par l’encyclique Laudato Si ‘ du pape François, il a décidé de s’engager en faveur de la justice environnementale et sociale. Il vit et travaille maintenant dans un village indigène en Guyane amazonienne où il anime la formation dans 16 villages. Diego Wawrzeniak est un entrepreneur social brésilien et membre de la communauté Inkiri. Il a travaillé dans le secteur financier et, après avoir créé une start-up, il a décidé de rejoindre sa communauté pour développer une banque et une monnaie locales. Il suit maintenant des projets qui associent innovation, esprit d’entreprise et économie locale. Maria Carvalho est d’origine indienne, elle a grandi entre l’Arabie Saoudite et le Canada et à Londres, elle est impliquée dans les politiques énergétiques et climatiques. Elle dit que le message de fraternité de Saint François inspire sa vie et qu’elle a choisi de devenir une spécialiste des sciences sociales pour lutter contre la pauvreté et l’inégalité. » En raison de la pandémie, l’événement, prévu en mars, sera mis en ligne en novembre. Comment  va-t-il se dérouler ? On a gardé l’orientation première de l’événement, conçu comme une occasion de mettre en valeur la voix, la pensée, les perspectives des jeunes économistes et entrepreneurs. Depuis des mois, environ 1200 jeunes de tous les continents travaillent sur les grands thèmes de l’économie actuelle, en essayant de concilier des dimensions apparemment très éloignées : finance et humanité ; agriculture et justice ; énergie et pauvreté, etc. Le rendez-vous de novembre sera l’étape fondamentale d’un processus déjà engagé dans le partage de l’expérience et du travail de ces mois. Les propositions et les réflexions trouveront leur place dans les différentes sessions du programme en ligne, où les jeunes dialogueront avec des économistes et des experts de renommée internationale. Il  y aura des connexions à partir des lieux symboliques d’Assise et des moments où les jeunes raconteront leurs histoires. Et des espaces pour l’art, la poésie, la méditation, les réalités territoriales. Une grande partie du programme sera disponible en streaming en se connectant au site www.francescoeconomy.org. Le Pape nous a annoncé sa présence.

                                                                                                                              Claudia Di Lorenzi

L’écologie intégrale exige une profonde conversion intérieure

L’écologie intégrale exige une profonde conversion intérieure

Le Pape François a envoyé un message aux participants du congrès d’EcoOne, l’initiative écologique du mouvement des Focolari. Le pape François a envoyé un message aux participants du congrès d’EcoOne, l’initiative écologique du mouvement des Focolari, qui s’est déroulée du 23 au 25 octobre en live streaming au Centre Mariapolis de Castel Gandolfo (Italie). « Je salue cordialement tous les participants à ce Congrès international qui se déroule dans le cadre de l’année spéciale consacrée au cinquième anniversaire de l’Encyclique Laudato sì. J’exprime ma gratitude à EcoOne, l’initiative écologique du mouvement des Focolari, ainsi qu’aux représentants du Dicastère pour le développement humain intégral et du Mouvement Catholique Mondial pour le Climat, qui ont collaboré pour rendre cet événement possible. Votre rencontre, qui a pour thème “Nouvelles voies vers l’écologie intégrale : une vision relationnelle de l’humanité et de la prise en charge de notre monde sous différents points de vue : éthique, scientifique, social et théologique, s’impose à cinq ans de la Laudato Si’ ». En rappelant la conviction de Chiara Lubich que le monde porte en lui un charisme d’unité, je suis convaincu que cette perspective peut guider votre travail dans la reconnaissance que “tout est lié” et que “le souci de l’environnement uni à un amour sincère pour les êtres humains et un engagement constant pour les problèmes de la société sont nécessaires” (Laudato si’(91). Parmi ces problèmes, figure l’urgence d’un nouveau paradigme socio-économique plus inclusif qui puisse refléter la vérité selon laquelle nous sommes “une seule humanité, en tant que voyageurs faits de la même chair humaine, en tant qu’enfants de cette même terre qui nous accueille tous”. (Enc. Fratelli tutti, 8). Cette solidarité entre nous et avec le monde qui nous entoure exige une ferme volonté de développer et de mettre en œuvre des mesures concrètes qui favorisent la dignité de toutes les personnes dans leurs relations humaines, familiales et professionnelles, tout en luttant contre les causes structurelles de la pauvreté et en œuvrant à la protection de l’environnement naturel. Pour parvenir à une écologie intégrale, il faut une profonde conversion intérieure, tant au niveau personnel que communautaire. Tout en examinant les grands défis auxquels nous sommes confrontés à l’heure actuelle, notamment le changement climatique, la nécessité d’un développement durable et la contribution que la religion peut apporter à la crise environnementale, il est essentiel de rompre avec la logique de l’exploitation et de l’égoïsme et de promouvoir la pratique d’un mode de vie sobre, simple et humble (cfr Laudato si’, 222-224). J’espère que votre travail contribuera à cultiver dans le cœur de nos frères et sœurs une responsabilité partagée les uns envers les autres, en tant qu’enfants de Dieu, et un engagement renouvelé à être de bons intendants de la création, son don (cf. Gn 2, 15). Chers amis, je vous remercie une fois de plus pour vos recherches et vos efforts de collaboration pour trouver de nouvelles voies qui mènent à une écologie intégrale, pour le bien commun de la famille humaine et du monde. En exprimant mes meilleurs vœux et ma prière pour vos délibérations au cours de cette réunion, j’invoque cordialement sur vous, vos familles et vos collaborateurs la bénédiction de Dieu, source de sagesse, de force et de paix. Et je vous demande, s’il vous plaît, de vous souvenir de moi dans vos prières ».

Bureau de Communication des Focolari

Le courage de pardonner

Les restrictions causées par la pandémie, en particulier les périodes de confinement, ont souvent provoqué ou augmenté des tensions dans les relations interpersonnelles. Le pardon est nécessaire. Mais il demande force, courage et entraînement. Souvent les familles se brisent parce que nous ne savons pas nous pardonner. De vieilles haines entretiennent des divisions entre les membres d’une même famille, entre groupes sociaux et entre peuples. Certains enseignent même à ne pas oublier les torts subis, à nourrir des sentiments de vengeance… Une rancœur sourde empoisonne alors l’âme et ronge le cœur. Le pardon serait-il un signe de faiblesse comme certains le pensent ? Bien au contraire. Il est l’expression d’un grand courage, d’un amour vrai, authentique car désintéressé. « Si vous aimez ceux qui vous aiment », dit Jésus, « quelle récompense en aurez-vous ? » Tout le monde en fait autant. « Vous, aimez vos ennemis[1]. » A nous aussi il est demandé d’avoir – en l’apprenant de lui – un amour de père, un amour de mère, un amour de miséricorde envers ceux que nous rencontrons au cours de la journée, surtout envers ceux qui sont dans l’erreur. Et à ceux qui sont appelés à vivre une spiritualité de communion, c’est-à-dire la spiritualité chrétienne, le Nouveau Testament demande encore plus : « Pardonnez-vous mutuellement[2]. » L’amour réciproque nécessite presque un pacte entre nous : celui d’être toujours prêts à nous pardonner l’un l’autre. Seulement ainsi, nous pourrons contribuer à créer la fraternité universelle.

Chiara Lubich

Extrait de la Parole de vie d’Août 2014. [1]  Cf. Matthieu 5, 46,  44. [2] Cf. Colossiens 3,  13.

Émirats arabes unis : quand le travail devient développement humain

Émirats arabes unis : quand le travail devient développement humain

En cette année spéciale visant à approfondir les principes de l’encyclique Laudato Si’, nous rencontrons Abdullah Al Atrash, un jeune entrepreneur italo-syrien aux Émirats Arabes Unis. En tant que non-croyant, il adhère à l’Économie de communion des Focolari. Dans l’entreprise qu’il dirige, il emploie principalement des migrants asiatiques et africains, en garantissant un salaire et des mesures de soutien social, ainsi qu’une sécurité maximale pour les employés et l’environnement, même en cette période de pandémie. Ils sont pakistanais, indiens, népalais, philippins et même nigérians, camerounais, sénégalais. Ils ont en commun un passé de grande pauvreté, qui les a contraints à quitter leur patrie et leur famille et à émigrer, et un présent qui tente de les tenir à l’écart de l’exploitation et des nouvelles difficultés. Ils sont nombreux parmi les 212 employés de Mas Paints, une usine de bois et de peinture murale fondée en 1989 en Italie et présente depuis l’an 2000 à Dubaï, dans les Émirats Arabes Unis, un pays où – par rapport à environ 10 millions d’habitants – 9 personnes sur 10 sont d’origine étrangère. C’est Abdullah Al Atrash, le directeur général de la société fondée par son père et son oncle, qui parle de ces “collègues et amis de la société” à Vatican News. L’écoute de ce jeune entrepreneur italo-syrien de 42 ans, diplômé en économie et commerce de l’Université d’ Ancône et titulaire d’une maîtrise de l’Institut Adriano Olivetti de la capitale de la région des Marches, rappelle la réflexion sur l’œuvre contenue dans l’encyclique Laudato si’ du Pape François, qui conduit le Souverain Pontife à souligner combien elle est « une nécessité », « une partie du sens de la vie sur cette terre, un chemin de maturation, de développement humain et d’épanouissement personnel ». L’autre différent de lui « Toute forme de travail – souligne encore le Pape – suppose une idée de la relation que l’être humain peut ou doit établir avec l’autre différent de lui ». Arrivé à Dubaï en 2005, Abdullah a observé, étudié et, dans un certain sens, fait sien le monde des travailleurs migrants. « C’était un traumatisme pour moi de voir comment ces gens vivent. Tous ceux qui quittent les pays pauvres pour aller travailler dans d’autres États, quels qu’ils soient, doivent ensuite envoyer beaucoup d’argent chez eux pour faire vivre un très grand nombre de membres de la famille, car ils ont tous un système de famille élargie, en ce sens qu’ils aident aussi leurs parents, frères, cousins. J’ai ensuite fait un calcul selon lequel – explique-t-il – en moyenne chacun d’eux doit subvenir aux besoins de 10 personnes et ce, non seulement du point de vue de l’argent nécessaire pour faire les courses, mais aussi du point de vue de l’argent qui fait vraiment la différence entre la vie et la mort, car dans beaucoup de ces pays, il n’y a pas d’État social, pour différentes raisons : grande pauvreté, guerre, instabilité politique, tensions ethniques ou religieuses. Ces personnes travaillent généralement de longues heures, avec beaucoup de travail, avec des salaires très bas. J’ai vu des cas de personnes qui travaillent dans la construction et gagnent jusqu’à 130-150 euros par mois, se privant de tout pour envoyer de l’argent chez eux ». Une culture de la réciprocité Dans sa Lettre encyclique de 2015, le Souverain Pontife souligne comment « aider les pauvres avec de l’argent » peut être un « remède temporaire aux urgences »: le « véritable objectif » – précise-t-il – devrait toujours être de leur permettre « une vie digne par le travail ». Athée, marié à une femme catholique et père de deux enfants, Abdullah partage avec sa femme Manuela l’expérience du Mouvement des Focolari et les initiatives de l’Économie de communion, lancée en 1991 par Chiara Lubich pour promouvoir une culture économique basée sur la réciprocité, en proposant et en vivant un style de vie alternatif à celui qui domine dans le système capitaliste. Un parcours de vie, celui de l’entrepreneur italo-syrien, qui l’a conduit à « garder à l’esprit le coût de la vie et le monde dans lequel vivent ces migrants », en adoptant des mesures concrètes pour les travailleurs de son entreprise. Ce n’était pas facile, avoue-t-il, mais « j’ai multiplié par 5 un salaire de base pour qu’ils puissent avoir une vie absolument digne. Et j’ai décidé de leur payer, non seulement à l’employé mais aussi à toute la famille « élargie », les frais médicaux de toute nature et ceux liés à l’éducation de leurs enfants – car sans éducation, ils ne trouveraient que difficilement du travail – en les soutenant dans leurs études jusqu’à l’université ». Un bien commun La valeur prédominante semble donc être ce capital social qui est l’ensemble des relations de confiance, de fiabilité, de respect des règles indispensables à toute coexistence civile, comme le souligne François dans son encyclique, en citant la Caritas in veritate de Benoît XVI. Abdullah raconte avoir « créé un fonds, qui est prélevé sur les bénéfices », pour aller plus loin dans l’aide aux travailleurs. « Le bénéfice de l’entreprise – veut-il souligner – doit à mon avis être utilisé à la fois pour investir dans l’entreprise afin qu’elle puisse se développer, et évidemment pour les besoins des propriétaires, mais il doit aussi être utilisé dans la même mesure pour les employés de l’entreprise.  Il s’agit en effet d’ un bien commun : une entreprise appartient à tout le monde, car chacun y travaille et elle doit servir tout le monde ». « A un certain moment, poursuit-il, je me suis rendu compte que parmi les employés, en plus de ces besoins, il y avait aussi le problème de la maison dans leur pays. J’ai compris cela en parlant aux gens, je voulais établir une relation humaine avec eux et pas seulement une relation de travail, en parlant de moi et d’eux, de nos vies. C’est cela la communauté. Et cela m’a fait comprendre que, pour construire une maison dans leur pays d’origine, ils avaient deux possibilités : essayer d’emprunter de l’argent aux banques, mais les banques ne prêtent pas d’argent aux pauvres, ou – et pour moi c’était douloureux de le savoir – se tourner vers les usuriers, parce que l’usure est très répandue dans ces pays, en faisant ensuite d’énormes sacrifices pour rendre l’argent pendant de longues années. J’ai donc essayé de comprendre de combien de personnes était composée la famille, où ces personnes voulaient construire la maison et, en calculant le montant nécessaire, nous avons accordé un prêt, à restituer librement dans le temps et selon les possibilités. La somme prêtée est à taux zéro, même si le taux zéro n’existe pas car il y a toujours de l’inflation, surtout dans certains pays ». Une production qui respecte l’environnement Au cours de l’année spéciale proposée par le pape François jusqu’au 24 mai 2021 pour réfléchir à l’encyclique Laudato si’, nous demandons à Abdullah comment sa société peut répondre au défi urgent de la protection de la « maison commune ». « Nous produisons certaines peintures qui sont absolument non toxiques, donc non nocives et non polluantes. Ensuite, il y a d’autres gammes de produits qui sont toxiques par nécessité, par exemple les solvants, qui sont également largement utilisés dans le domaine pharmaceutique. L’important est qu’ils ne nuisent pas à l’environnement, car l’environnement, c’est nous : le Pape nous le rappelle sans cesse. En tant qu’athée, je comprends que l’environnement est tout ce qui vit ». « Donc, dans l’entreprise – poursuit-il – nous visons à protéger les travailleurs, afin que leur santé soit protégée à 100%, en investissant beaucoup dans la sécurité, dans des masques, des systèmes de ventilation et des machines qui ne libèrent pas de substances telles que les solvants. En ce qui concerne les déchets, nous avons beaucoup investi dans des machines qui séparent les déchets solides, liquides et gazeux. Par la suite, des entreprises publiques, du gouvernement, viennent les prendre et les transférer dans des lieux d’élimination appropriés et adéquats, afin d’éviter qu’ils ne polluent l’environnement. Parce que en-dessous de  nous, il y a la mer : quand on creuse un peu sous l’usine, on trouve la mer ! » La pandémie Dans l’urgence mondiale du coronavirus, les inquiétudes concernant les conditions des travailleurs se sont accrues. « La vague qui est arrivée ici – se souvient Abdullah – a été très forte, elle a frappé l’Iran, le Koweït, l’Arabie Saoudite, tous les pays qui nous entourent. La période la plus difficile, avec une fermeture totale, se situe entre mars et avril. Lorsque les premières nouvelles du virus sont  apparues, nous avons préparé des mesures, telles que l’adoption de barrières de verre pour les employés, dans un espace similaire à un comptoir de banque, l’utilisation de masques chirurgicaux, la mesure de la température corporelle, le respect de la distance de sécurité de deux mètres, des prélèvements pour tous les employés, une coordination quotidienne avec le ministère de la santé au niveau local. En outre, j’ai loué une trentaine de studios pour observer la quarantaine en toute sécurité ». Une rencontre de coexistence Ce qui est frappant, c’est le mot « coexistence » qui revient plusieurs fois dans la conversation avec Abdullah, même lorsqu’il se souvient d’avoir participé, début 2019, à la messe du Pape à Abu Dhabi, à l’occasion du voyage de François aux Émirats Arabes Unis, déjà sous la bannière de cette fraternité et de cette amitié sociale dont le Souverain Pontife parle aujourd’hui dans Fratelli tutti (Lettre encyclique Tous Frères) « Une expérience magnifique, j’y suis allé avec certains de mes collègues et amis du Mouvement des Focolari. Il y avait beaucoup de monde, à tel point que je me trouvais à l’extérieur du stade, sur la pelouse, d’où l’on pouvait suivre l’événement à travers des écrans géants. J’ai remarqué que la grande majorité des personnes présentes étaient catholiques, mais qu’il y avait aussi 5 000 musulmans, ainsi que quelques groupes de bouddhistes, d’hindous et de sikhs. Ils diffusaient des images de l’étreinte sincère avec le Grand Imam d’Al-Azhar Ahamad al-Tayyib. Ce fut un moment libérateur, de rencontre entre le monde islamique et le monde occidental, avec le Pape qui est venu ici avec une grande humilité : il a remercié le pays, les autorités, le peuple, dans un esprit de coexistence, de paix, de tolérance. Il voulait nous dire qu’être tous ensemble est possible”.

Giada Aquilino pour les Nouvelles du Vatican

La profonde douleur des Focolari pour un cas d’abus sexuels en France

Maria Voce : « Profonde douleur et collaboration pleine et inconditionnelle du Mouvement afin que toute la lumière soit faite ; institution d’une commission d’enquête indépendante après la rencontre avec quelques victimes d’un ex-membre consacré des Focolari. » « Face à cette immense souffrance, nous sommes convaincus que l’unique voie à parcourir est d’offrir aux victimes une écoute totale et la pleine reconnaissance des dommages subis. C’est pourquoi je veux réaffirmer la collaboration pleine et inconditionnelle du Mouvement, afin que toute la lumière soit apportée sur les faits et que justice soit rendue aux victimes. » Ce sont les mots de Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari, dans un communiqué de presse du 22 octobre 2020, concernant le cas de violences sur mineur de la part de J.M.M., ex-membre consacré des Focolari, résidant en France. Une victime a rendu public son cas datant des années 1981 et 1982, lorsque – alors âgé de  15 et 16 ans – il fut agressé sexuellement. Après la rencontre avec quelques victimes, le 18 septembre 2020, le Mouvement des Focolari a décidé d’ouvrir une enquête extraordinaire, qui sera confiée à un organe indépendant en voie de constitution. À cette occasion, Jesùs Moran, coprésident du Mouvement des Focolari, a exprimé sa douleur et sa honte pour les abus commis par J.M.M., « de même que pour le silence ou le manque d’initiatives maintenus pendant des années de la part de divers responsables ». La composition de cet organe indépendant sera rendue publique prochainement. Il aura la tâche d’écouter les victimes présumées, de recueillir des témoignages et d’enquêter sur d’éventuels silences, omissions ou couvertures de la part de responsables du Mouvement. Au terme de l’enquête, cet organe rendra public son rapport final. Dans le but de permettre le déroulement complet de l’enquête et d’en garantir la transparence totale, les deux coresponsables des Focolari en France et le coresponsable du Mouvement pour l’Europe Occidentale ont présenté, le 21 octobre 2020, leur démission de leurs mandats respectifs. Démissions acceptées par la Présidente des Focolari.

Joachim Schwind

Communiqué de presse

Courage ! Les 100 ans de Danilo Zanzucchi

Le 11 août dernier, nous avons fêté les 100 ans de Danilo Zanzucchi. Avec son épouse Anna Maria, ils ont été pendant plus de 40 ans responsables du Mouvement Familles Nouvelles. Ils ont une histoire très riche, une histoire d’amour donné, reçu, engendré. Nous sommes allés leur rendre visite chez eux, à Grottaferrata… https://vimeo.com/465839669

Bartholomée Ier, Patriarche Œcuménique de Constantinople, visite le Centre international des Focolari

Bartholomée Ier, Patriarche Œcuménique de Constantinople, visite le Centre international des Focolari

Ce matin, Sa Sainteté Bartholomée Ier, Patriarche Œcuménique de Constantinople, a visité le Centre international des Focolari à Rocca di Papa.  La Présidente Maria Voce l’a accueilli et ils ont visité la maison où vivait Chiara Lubich. Il s’est recueilli en prière sur sa tombe. À l’échange de saluts et de cadeaux se trouvait également le Coprésident Jesús Morán et une petite délégation du Mouvement. Le Patriarche est à Rome pour la Rencontre internationale de Prière pour la paix promue aujourd’hui au Campidoglio par la Communauté Sant Egidio. Il recevra demain le doctorat honoris causa en philosophie à l’Université Antonianum. Le Patriarche aura également une rencontre avec le Pape François.

©J. García – CSC Audiovisivi

« Chiara a pris l’engagement pour la fraternité, l’unité et la paix dans tous les domaines de la vie humaine, délivrant un message, à travers sa vie et ses écrits, que nous ne pouvons pas ignorer ». C’est par ces paroles que le Patriarche Bartholomée ce matin s’est rappelé de Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, en visitant leur Centre international à Rocca di Papa. La délégation comprenait également Son Eminence Emmanuel, le Métropolite de France, Son Excellence Cassianos, Higoumène du Monastère de Chalki (Grèce), le Révérend Iakovos, Diacre Patriarcal. L’archevêque Andrea Palmieri, Sous-secrétaire du Conseil pontifical pour l’Unité des Chrétiens (CPPUC), les accompagnait. « Le Mouvement et toutes les œuvres qui existent aujourd’hui grâce à son charisme – a-t-il dit – sont le témoignage d’une vie vécue pour le Seigneur, passée aussi par la Croix, mais toujours orientée vers la Résurrection ». La visite du Patriarche s’inscrit dans le cadre du Centenaire de la naissance de Chiara Lubich : « Combien d’autres choses aurait fait Chiara si elle était encore parmi nous » ! – a dit S.S. Bartholomée Ier, en se rappelant d’elle: « Mais ce ne sont pas les années qui donnent sens à la vie, ce n’est pas la quantité, la longueur, mais la façon dont nous développons les talents qu’Il nous a offert, c’est la qualité de la vie, dépensée pour témoigner de Celui qui est la Vie ».

©J. García – CSC Audiovisivi

Le Patriarche est arrivé en fin de matinée à Rocca di Papa, accueilli par la Présidente du Mouvement, Maria Voce, et le Coprésident, Jesús Morán. Il a visité avec eux la maison où vivait Chiara Lubich et la chapelle du Centre international où se trouve la tombe de la fondatrice des Focolari. Il a écrit une longue dédicace en grec dans le livre des visiteurs. À l’Auditorium, conformément aux règles d’hygiène et de sécurité, une brève rencontre a eu lieu entre le Patriarche et des membres du Conseil général des Focolari, des membres du Mouvement appartenant à l’Église orthodoxe et une petite délégation de jeunes. Le Patriarche a adressé des paroles d’affection et d’estime à Maria Voce, qu’il a appelée « sa très chère sœur », « dont l’amitié avec nous et avec notre Patriarcat Œcuménique est longue et solide, depuis les années de son séjour à Constantinople où elle a vraiment laissé une marque indélébile de ministère de la fraternité, de l’unité et de l’amour pour tous ». « Arrivée au terme de son mandat de Présidente – a-t-il dit en s’adressant à Maria Voce – nous voulons la remercier nous aussi pour sa grande contribution à l’Œuvre; le souvenir que nous avons d’elle, comme vous tous, est dans nos cœurs, et elle continuera certainement le charisme là où le Seigneur l’appellera ».

©J. García – CSC Audiovisivi

Quelques événements organisés à l’occasion du centenaire de Chiara Lubich ont été présentés au Patriarche  et quelques jeunes des Focolari lui ont parlé du projet « United World Project », qui, sous le slogan « oser prendre soin », se concentre cette année sur la protection de l’environnement et sur les secteurs les plus fragiles des sociétés dans le monde entier. Le Patriarche a commenté : « Idées et action, théorie et pratique.  J’espère que des jeunes orthodoxes seront inclus dans ce projet afin de travailler avec vous pour le bien de l’humanité ». A la conclusion de la rencontre, Maria Voce lui a fait don d’une sculpture représentant la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus, qui se trouvait dans la maison de Chiara Lubich en Suisse, et le Patriarche a fait don à Maria Voce d’une magnifique icône.

Stefania Tanesini

Pour lire l’homélie de Sa Sainteté Bartholomée, archevêque de Constantinople, cliquez ici   https://vimeo.com/470583650

Rome devient “capitale de la paix”

Ce mardi 20 octobre se tient à Rome la Rencontre Internationale de Prière pour la Paix entre quelques leaders de différentes religions, promue par la Communauté de Sant’Egidio. Avec la présence de la Présidente du mouvement des Focolari. Il sera possible de suivre l’événement en streaming. « Nous sommes très heureux que cette réunion puisse avoir lieu, car nous avons besoin de paroles de paix,  d’espoir  qui indiquent un avenir pour l’humanité si accablée par cette pandémie. » C’est par ces mots que Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant’Egidio, a présenté l’édition 2020 de la Rencontre Internationale de Prière pour la Paix entre les grandes religions du monde, dans l’esprit d’Assise, promue par Sant’Egidio. L’événement intitulé « Personne ne se sauve tout seul – Paix et Fraternité » se tient aujourd’hui, 20 octobre, à Rome (Italie) sur la Place du Capitole et réunit des dirigeants de différentes religions et des représentants d’institutions dans une “Prière pour la Paix”, un moment de réflexion solennel qui veut offrir un message d’espoir pour l’avenir. Pendant cet événement, il y aura un espace pour la prière, chacun selon sa propre tradition. Ensuite, les interventions des dirigeants mettront en évidence la contribution des religions à la construction d’un avenir meilleur de paix et de fraternité, surtout en ce moment où la pandémie provoque une grande crise économique et sociale qui a rendu tout le monde plus pauvre. La présidente du mouvement des Focolari, Maria Voce, participera également à l’événement. Cette manifestation devrait commencer à 16h30. (utc+2) quand les représentants religieux se réuniront pour prier dans différents lieux. La prière œcuménique des chrétiens aura lieu à la Basilique de Sainte Marie de l’Aracoeli (clicca qui per il programma). Ensuite, vers 17h20 (utc+2) rassemblement sur la place du Capitole. Au cours de la cérémonie prendront la parole le Président de la République italienne, Sergio Mattarella, le fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, Andrea Riccardi et, par message vidéo, la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Suivront les discours du Patriarche de Constantinople, de Bartholomée Ier, du Grand Rabbin de France, Rav Haim Korsia, du Secrétaire Général du Comité Supérieur de la Fraternité humaine, Dr. Shoten Minegishi (Bouddhisme Zen Soto), du Dr. Karmaljit Singh Dillon (Comité national Sikh Gurdwara Parbandhak), de Mme Divya Punchayil Prashoban (Hindouisme) et, pour finir, du Pape François. La cérémonie se poursuivra  par une minute de silence à la mémoire des victimes de la pandémie et de toutes les guerres, la lecture de l’Appel pour la paix 2020, qui sera remis par un groupe d’enfants aux ambassadeurs et aux représentants de la politique nationale et internationale. Le pape François allumera le chandelier de la Paix.. La rencontre entre religions “Prière pour la Paix” sera diffusée en direct sur sito dell’evento et sur les réseaux sociaux de la Communauté de Sant’Egidio.

Lorenzo Russo

L’invention des jeunes, le chef-d’œuvre de Chiara

L’invention des jeunes, le chef-d’œuvre de Chiara

Un Webinar pour retracer l’histoire du Mouvement Gen, l’un des rassemblements de jeunes les plus révolutionnaires du siècle dernier, qui poursuit son cours au XXIe siècle.

© CSC Audiovisivi – Archivio

En cette année du centenaire de Chiara Lubich, il était impossible de ne pas reprendre l’histoire du Mouvement Gen, qui a vu le jour en 1967 et qui a impliqué des centaines de milliers de jeunes du monde entier dans son idéalité d’un monde uni. Un webinar, le 18 octobre dernier, animé par le journaliste de la RAI Gianni Bianco, a voulu retracer l’histoire d’un rassemblement de jeunes qui, bien qu’entre des hauts et des bas, a su former des hommes et des femmes qui ont fait de l’espace dans la vie non pas par des actes de force ou une ambition débridée, mais par l’idéal évangélique de se faire tout à tous. Des personnes qui – que ce soit en restant au sein du Mouvement ou en s’en éloignant – ont continué à « vivre » les intuitions charismatiques de Chiara Lubich, chacune dans sa propre dimension spirituelle et professionnelle. Parmi les personnes présentes se trouvait Franz Coriasco, auteur du livre Generazione nuova. L’histoire du Mouvement Gen racontée par un témoin, pour Città Nuova. Une vision personnelle, la sienne, et en même temps collective, non seulement pour la recherche passionnée et approfondie qu’il a menée, mais aussi pour l’ensemble des centaines d’interventions qui soutiennent sa narration. Luigino De Zottis, qui avait été choisi en 1966 par Chiara Lubich elle-même, avec Virgo Folonari, pour commencer le Mouvement Gen, était également présent. Dans son discours, il a rappelé ceux qui avaient permis la naissance du nouveau rassemblement de jeunes lié au focolare : « L’inspiration de Chiara était inattendue, a-t-il dit, mais elle nous a impliqués de manière plus que radicale. Ma vie et celle d’une infinité d’autres jeunes a connu un développement inattendu. Je me souviens qu’à nous, les adultes qui avons dû donner naissance au mouvement Gen, Chiara, avait dit: « Vous, les adultes, vous n’avez rien à faire pour donner naissance au mouvement des jeunes. Vous devez être pour eux comme des anges gardiens » ». Une « règle », celle de la relation intergénérationnelle, qui a fait l’histoire et continue à être innovante. Le Cardinal Joao Braz de Aviz, préfet de la congrégation pour la vie consacrée, a également participé, ayant été l’ un des premiers « Gen’s », c’est-à-dire les séminaristes Gen. Il a concentré son attention sur l’élément central du charisme de Chiara : « Jésus abandonné n’est pas une petite chose, c’est la reconnaissance d’une vérité, ce qui permet d’avancer quand les difficultés semblent insurmontables. Et avec des mots forts, il a invité le Mouvement à redécouvrir son propre esprit de communion des débuts. Parmi toutes les interventions de personnes qui sont restées actives au sein du Mouvement, les paroles de Margherita Karram, qui vient de Terre Sainte, sont significatives. Elle résume ainsi son aventure avec Chiara : « La révolution, celle de l’amour évangélique qui aime même les ennemis. Identité, ma terre m’a laissé la conviction que ma véritable identité est celle de Jésus de Nazareth. Enfin, le cœur, parce que l’Évangile doit être vécu avec radicalité, avec un cœur de chair, et non de pierre, sans ériger de murs ». « Sommes-nous au début de la fin ou à la fin du commencement ? » s’est demandé Franz Coriasco dans son discours. Jesús Morán, actuel coprésident du mouvement des Focolari, a répondu : « Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans la phase de l’utopie de l’unité, la conscience de l’unité dans l’humanité est tragique. Soit nous devenons Un, soit nous nous détruisons. Les possibilités pour les Gen d’aujourd’hui sont énormes, parce qu’ il y a une conscience plus claire de ce qu’est l’unité. Je suis convaincu que nous sommes au début de nouveaux développements, qui montrent un charisme incarné ».

Laura Salerno

Conlet Burns

La conclusion du webinar a été confiée aux Gen d’aujourd’hui – représentés par Laura Salerno, Conlet Burns et Anna Aleotti – et il ne pouvait en être autrement, car l’aventure continue. Le Mouvement Gen est né dans la période d’exubérance de la jeunesse de 1967-1968, et les Gen de l’époque avait une attitude révolutionnaire. Mais ils le sont encore aujourd’hui, comme en témoignent les jeunes Gen Libanais qui sont descendus dans la rue il y a tout juste un an, à partir du 17 octobre 2019, pour prôner une société moins corrompue, plus fraternelle, plus juste et plus inclusive. Makran, Salim, Mia et leurs amis montrent que l’élan révolutionnaire de 1967 est toujours valable en 2020.

Michele Zanzucchi

La voie la plus directe

Les chrétiens savent quel est l’examen ils devront passer à la fin de leur vie. Jésus, en effet, a révélé les questions qu’il nous posera lorsque nous nous présenterons devant lui. Elles sont plus actuelles que jamais – comme l’explique Chiara Lubich. Il est urgent de transformer toutes nos relations, avec nos frères, nos parents, nos proches, nos collègues, nos connaissances, avec les hommes du monde entier, en relations chrétiennes. Et, poussés et éclairés par l’amour, [il est urgent] de donner naissance à des œuvres individuelles et sociales, en nous souvenant que si un verre d’eau aura sa récompense, un hôpital, une école, un orphelinat, une structure de rééducation et ainsi de suite, réalisés comme des moyens pour exprimer notre charité, nous prépareront à un brillant examen final. Dieu nous demandera en effet : « J’avais faim, dans ton mari, dans tes enfants, comme dans les populations de l’Inde et toi, me reconnaissant en eux, tu m’as donné à manger. » « J’avais soif, j’étais nu dans tes petits, chaque matin, comme dans tes frères de nombreux pays, où les conditions de vie étaient inhumaines, et toi, me reconnaissant toujours en chacun, tu m’as vêtu avec ce que tu avais. » « J’étais orphelin, affamé, malade dans l’enfant de ton quartier comme dans les populations du Pakistan, submergé par les cataclysmes, et tu as fait tout ton possible pour m’aider. » « Tu as supporté ta belle-mère ou ta femme nerveuse, comme tes ouvriers menaçants ou ton employeur encore peu compréhensif, parce que tu es convaincu qu’une justice sociale parfaite ne s’épanouira qu’à partir de la charité sociale ; et cela, tu l’as fait parce que tu m’as reconnu en chacun. » « Tu as rendu visite au parent emprisonné, tu as prié et tu as cherché à apporter ton aide à ceux qui sont opprimés et violentés au plus profond de leur être… » Alors, tout étonnés, nous laisserons un seul mot s’échapper de nos lèvres : merci. Merci, mon Dieu, de nous avoir ouvert sur terre une voie, la voie la plus directe, la plus courte pour rejoindre vite et sans détour notre destination céleste.

Chiara Lubich

 Extrait de : “Per un nuovo umanesimo”, in : Chiara Lubich, L’essenziale di oggi. Scritti spirituali /2, ed. Città nuova, Roma 21997, p. 139.

#daretocare au Nigeria

Voyage dans différentes régions du Nigeria, où des membres de la communauté des Focolari nous présentent leurs initiatives et leurs projets de soin, de développement, d’éducation et d’entreprenariat là où ils se trouvent.   https://vimeo.com/465821382

Le Métropolite Gennadios Zervos : l’homme du dialogue et de l’unité

Le Métropolite Gennadios Zervos : l’homme du dialogue et de l’unité

Voici un bref portrait, au nom du mouvement, du métropolite qui était un grand ami des Focolari et l’expression de la prière et de la proximité de Maria Voce. Aujourd’hui, 16 octobre, l’Archevêché Orthodoxe d’Italie et de Malte a annoncé que le métropolite Gennadios a « transité au ciel »[1]. Il a vécu 57 ans en Italie, d’abord comme Curé à Naples, en 1970 comme Évêque de Kratea, puis depuis 1996 comme Archevêque du diocèse d’Italie et de Malte et Exarque d’Europe du Sud ayant son siège à Venise. Pour les fidèles de son Archidiocèse, il avait un grand amour qui ressort d’une lettre du 3 octobre dernier dans laquelle il écrivait : « Vous êtes dans mon cœur. Vous êtes ma vie ! » [2]. En 2007, le patriarche Bartholomée disait de lui : « avec un immense amour […] vous avez travaillé pendant de nombreuses années de manière missionnaire pour votre troupeau, vous distinguant par de nombreux et divers charismes, qui expriment la personnalité de Votre Éminence, parmi lesquels les plus grands sont l’humilité et la douceur, la tranquillité et la sagesse de votre caractère, mais le plus grand de tous est votre amour et votre foi envers la Mère Église”[3]. C’était un homme de dialogue qui participait activement à l’activité œcuménique en Italie et au-delà, comme on peut l’entendre dans cette interview à Radio Vatican en 2015 : « Prier signifie marcher ensemble et, comme le pape François me l’a dit un jour, “marcher signifie union”. Lorsque nous marchons ensemble, l’unité est plus proche de nous ». Parlant de la division des chrétiens, il disait : « Nous devons maintenant être crucifiés, nous les hommes, nous devons monter sur la croix pour faire disparaître nos passions, nos défauts, nos erreurs. Jésus Christ ne vient plus pour être crucifié mais nous devons être sur la croix pour effacer le fanatisme, la haine et l’égoïsme[4]. Grand ami du mouvement des Focolari, le Métropolite rappelait souvent une conversation qu’il avait eue avec le Patriarche Athénagoras en 1970. « Il m’a reçu pendant 48 minutes ! De nombreux Évêques, prêtres, théologiens et autres étaient dans le couloir, attendant la bénédiction du Patriarche. Tout le monde était étonné que je sois resté si longtemps en audience […] Que s’était-il passé ? Le Patriarche avait parlé de moi pendant 2 minutes, du Pape Paul VI pendant 5 minutes et de Chiara pendant 40 minutes [5] ». Il a participé à de nombreux événements des Focolari : des rencontres des Évêques amis du mouvement, aux écoles d’œcuménisme et aux semaines œcuméniques organisées par le Centre “Uno”[6]. Lors de la dernière édition, en 2017, il a remis à Maria Voce une médaille en reconnaissance pour le travail œcuménique des Focolari. C’est lui qui a eu l’idée de lancer la « Chaire Œcuménique Internationale Patriarche Athénagoras – Chiara Lubich », dont il était co-titulaire, à l’Université de Sophia et en 2017 il a tenu le discours inaugural du début des activités sur le thème « Patriarche Athénagoras et Chiara Lubich, protagonistes de l’unité[7] ». Le métropolite Gennadios a pu rencontrer Chiara quelques jours avant sa mort lorsqu’il lui a rendu visite avec le Patriarche Bartholomée à la polyclinique « Gemelli ».  De cette dernière rencontre, il se rappelait : « Elle était pleine de joie, souriante comme toujours, douce, sereine et son “charisme” était bien vivant. En fait, ses derniers mots avant de dire au revoir ont été : “Toujours unis” » ! [8] Il semble que le métropolite Gennadios ait accompli ce que le patriarche Athénagoras lui avait prophétiquement dit en 1960 : « Tu iras en Italie, nous avons besoin de nouveaux prêtres pour les temps à venir, des temps de réconciliation et de dialogue avec l’Église catholique[9] ».

Joan Patricia Back

[1] Site ortodossia.it [2] Site ortodossia.it [3] Site ortodossia.it [4] Interview à la Radio Vaticane le 23 janvier 2015 sur le site ortodossia.it [5] 50° anniveraire du Centre “Uno”, Trento 12 marzo 2011 [6] Le Centre “Uno”, pour l’unité des chrétiens, s’occupe du dialogue oecuménique du Mouvement des Focolari [7]  www.sophiauniversity.org/it [8]  50° del Centro “Uno” Trento, 12 marzo 2011 [9] Sito ortodossia.it

Évangile vécu : l’humilité

Chiara Lubich écrit : « Etre humble ne signifie pas seulement ne pas être ambitieux, mais être conscient de son propre néant, se sentir petit devant Dieu et se mettre ainsi entre ses mains, comme un enfant ». Une école de la vie Pendant la pandémie, j’ai été moi aussi contraint à l’isolement chez moi. Bien que la relation avec certains de mes clients s’est poursuivie par Internet, le véritable travail a été sur moi-même. Je ne pouvais plus me dispenser d’aider les enfants à faire leurs devoirs, de deviner comment occuper leur temps, de subvenir aux besoins de nos parents âgés, d’aider mon épouse à la cuisine, d’inventer de nouveaux menus… J’avais sous-estimé la valeur que les petits gestes quotidiens peuvent avoir pour la connaissance de soi ; j’avais maintenant l’occasion de découvrir des dimensions fondamentales de l’existence. Mais la découverte la plus importante de cette période a peut-être été la prière, la relation personnelle avec Dieu. Je l’avais négligée, mise de côté avec d’autres choses, engagé que j’étais dans mes recherches et dans mon travail. En gérant ce temps sans limites, j’ai réfléchi à la vie, à la mort, à l’espérance… Je ne sais pas comment c’était pour les autres, mais pour moi, cet exil forcé est devenu une véritable école, bien plus efficace que des livres et des cours de spécialisation. (M.V. – Suisse) Vieillir ensemble Après des décennies de vie conjugale amoureuse, je me suis rendu compte d’être devenu irritable envers ma femme. Elle n’est pas d’accord avec beaucoup de choses que je fais et elle me répète toujours la même leçon. Un jour, après l’avoir entendue une première et une seconde fois, j’ai répondu rageusement que je savais ce que je devais faire : elle me l’avait déjà dit. Naturellement, elle est restée mal et moi aussi. Je lui ai demandé pardon, mais à l’intérieur de moi, je me suis retrouvé avec la douleur de ne pas avoir respecté et accepté son âge respectable. Si cela se produit avec elle, me suis-je dit, qui sait combien de fois je blesse mon épouse. Nous racontions ce fait à notre petite-fille qui était venue nous rendre visite avec son compagnon, lorsque, sans raison apparente, elle s’est mise à pleurer pendant qu’il lui prenait la main en la caressant. Après un moment de silence, ils nous ont confié qu’ils avaient décidé de ne pas rester ensemble en raison des différences de caractère rencontrées entre eux. Mais en écoutant notre histoire, ils étaient émus par la beauté de vieillir ensemble et de toujours essayer de reconstruire l’amour. (P.T. – Hongrie) Écouter, comprendre Quand je repense à ces 25 années passées à m’occuper de la santé de mes patients, j’ai l’impression de n’avoir rien fait d’autre que de les écouter. Je me souviens, dans mes premiers jours comme médecin de famille, de cette femme qui avait consulté je ne sais combien d’hôpitaux de la Suisse et de l’Italie. Elle me décrivait un détail de son histoire personnelle qui pouvait être la clé des maux dont elle souffrait depuis plus de 15 ans. À ma question : « Mais, madame, avez-vous déjà parlé de cela aux médecins » ?, elle m’a répondu : « Docteur, c’est la première fois que cela me vient à l’esprit. Oui, parce que vous m’écoutez maintenant et je m’en suis souvenu ». Cette expérience de visite m’a servi plus qu’une mise à jour professionnelle. Oui, parce qu’écouter, surtout aujourd’hui où tout est fait rapidement, devrait toujours correspondre à « comprendre ». Toutes ces années ont été pour moi une école à cet égard… et je n’ai pas fini d’apprendre ! L’écoute n’est qu’une expression de l’amour dont le Christ nous a donné l’exemple : se vider pour pouvoir accueillir l’autre en soi. (Ugo – Italie) Savourer Quand, après les derniers examens, le médecin m’a dit que le cancer était réapparu, la première pensée a été pour ma famille, nos enfants et petits-enfants. Mon mari et moi en avons parlé sereinement et nous avons décidé de vivre le temps qu’il me reste comme le plus beau moment pour leur donner l’héritage d’un amour fidèle jusqu’au bout. Les journées se sont écoulées, pesantes à cause des douleurs mais elles avaient une couleur et une chaleur nouvelles. Non seulement l’amour a augmenté entre tous, mais je dirais que nous apprenons à vivre le temps « en le savourant ». Chaque geste est unique car il pourrait être le dernier, tout comme chaque appel téléphonique, chaque mot prononcé. L’attention portée à l’autre, au ton de la voix, à créer l’harmonie entre nous… ; tout a pris de la valeur. Mon mari est surpris de voir à quel point ces journées sont remplies de joie et il me répète souvent : « C’est le seul bien que nous pouvons laisser à nos enfants » ! Dans les moments consacrés à la prière, nous sentons le ciel s’ouvrir, car elle n’est devenue qu’un acte de remerciement. (G.C. – Italie)

Aux soins de Stefania Tanesini

(Extrait de l’Evangile du jour, Città Nuova, anno VI, n.5, settembre-ottobre 2020)

Italie – Le Pôle Accueil et Solidarité (PAS) d’Ascoli Piceno

À Ascoli Piceno, en Italie centrale, quelques associations ont décidé de s’unir pour répondre au malaise économique et social de la ville. Ainsi est né, il y a quelques années, le PAS, Pôle Accueil et Solidarité, une expérience de “réseau” qui a trouvé une habitation il y a quelques mois. https://vimeo.com/465829716

Le Pacte mondial pour l’éducation

Le Pacte mondial pour l’éducation

Le 15 octobre prochain aura lieu l’événement voulu par le Pape François : des organismes de formation, des acteurs sociaux, des institutions et des organisations internationales se confronteront pour construire des alliances pour une humanité plus fraternelle. Nous en parlons avec Carina Rossa, focolarine, membre de l’équipe organisatrice. « Jamais comme maintenant il n’a été aussi nécessaire d’unir les efforts dans une large alliance éducative pour former des personnes mûres, capables de surmonter les fragmentations et les oppositions et de reconstruire le tissu des relations pour une humanité plus fraternelle ». Ainsi le pape François dans son Message pour le lancement du Pacte mondial pour l’éducation invite à promouvoir « une éducation plus ouverte et inclusive, capable d’écoute patiente, de dialogue constructif et de compréhension mutuelle. Le Pacte inspire un événement mondial, reporté en raison de la pandémie. Une réunion virtuelle aura lieu le 15 octobre à 14h30 (utc+2) en direct sur les chaînes Youtube de Vatican News avec traduction simultanée en français, italien, anglais, espagnol et portugais. Nous en parlons avec Carina Rossa, une focolarine argentine, membre de l’équipe organisatrice de l’événement : Le Pape nous invite à une alliance pour l’éducation qui produira un changement de mentalité. Comment se décline cette nouvelle façon de penser ? « Le Pape souligne que l’éducation est à la base de tous les changements sociaux et culturels et il nous appelle à nous engager dans ce domaine. Le premier changement consiste donc à donner de la dignité à l’éducation. Il attribue ensuite à l’éducation un but, celui de « changer le monde » ; il nous invite à penser l’étude comme un outil pour faire face aux défis de notre temps : paix et citoyenneté, solidarité et développement, dignité et droits de l’homme, soin de la maison commune. En outre, François dénonce la rupture du Pacte dans la famille, l’école, la société et la culture et il doit être reconstruit :  le changement de mentalité implique les organismes éducatifs, les acteurs sociaux, les institutions et les organisations internationales afin qu’ils puissent construire des alliances pour atteindre des objectifs communs et susciter une humanité plus fraternelle. A cette fin, le Saint-Père suggère une méthodologie en trois étapes: mettre la personne au centre, investir les meilleures énergies et former des personnes capables de se mettre au service ». Éduquer les jeunes dans quelle direction? Cultiver quelles valeurs ? « Les nouvelles générations sont au centre de la proposition éducative, car ce sont les enfants, les jeunes, qui changeront le monde. “Des femmes et des hommes nouveaux” – c’est le souhait – qui seront “unis dans la diversité”, dans un dialogue constant, au service des valeurs de paix, de solidarité et de fraternité universelle, dans le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine ». L’événement mondial consacré au Pacte devait avoir lieu le 14 mai mais en raison de la pandémie il a été reporté au 15 octobre et se déroulera sous forme virtuelle. Où en sommes-nous dans la préparation de l’événement ? « La pandémie nous a obligés à repenser toute la proposition ; le rendez-vous d’octobre sera une première étape vers l’événement mondial que nous espérons célébrer plus tard avec le Pape. La Congrégation pour l’Éducation Catholique – chargée par le Saint-Père de promouvoir l’événement – a confié la coordination scientifique de l’initiative à l’École d’Enseignement Supérieur EIS de l’université LUMSA. Dans cette phase, nous travaillons à établir des relations et à lancer des processus : par exemple, un bureau a été constitué avec les organisations représentant le monde de l’éducation au niveau mondial. En outre, nous rassemblons les expériences éducatives internationales qui seront publiées sur le site web de l’événement, comme un Observatoire du Pacte éducatif, et les interventions faites lors des réunions préparatoires aboutiront à une publication.

Claudia Di Lorenzi

Les exigences de l’amour authentique

La pandémie non seulement comporte de graves conséquences immédiates, mais elle fait souvent ressortir aussi des problèmes préexistants de caractère personnel, social et politique. Dans le texte qui suit, Chiara Lubich souligne le premier pas indispensable pour ceux qui veulent vraiment changer le monde. Un grand psychologue de notre époque, disait : « Notre civilisation cherche très rarement à apprendre l’art d’aimer et, malgré une recherche d’amour désespérée, on considère que tout le reste est plus important : le succès, le prestige, l’argent, le pouvoir. Nous dépensons presque toutes nos énergies pour atteindre ces objectifs et pratiquement aucune pour connaître l’art d’aimer[1] Le véritable art d’aimer jaillit de l’Évangile du Christ. Sa mise en pratique est le premier pas indispensable pour déclencher une révolution pacifique certes, mais si efficace et radicale qu’elle change tout. Cet art a une incidence non seulement dans la sphère spirituelle, mais aussi dans la sphère humaine, dont il renouvelle chaque expression : culturelle, philosophique, politique, économique, éducative, scientifique, etc. Il est le secret de la révolution qui a permis aux premiers chrétiens d’envahir le monde connu à cette époque. […] Un tel amour n’est pas fait seulement de paroles ou de sentiments, il est concret. Il exige que nous nous « fassions un » avec les autres, que « nous vivions » d’une certaine façon l’autre, dans ses souffrances, ses joies et ses besoins, afin de pouvoir le comprendre et l’aider de manière efficace.

Chiara Lubich

De : Chiara Lubich, Un Nouvel Art d’aimer, Paris, Nouvelle Cité Ed. 2006, p. 6-7. [1] E. Fromm, L’arte di amare, Milan 1971, p.18.

Changement climatique: dernier appel ?

Changement climatique: dernier appel ?

EcoOne, une initiative écologique du mouvement des Focolari, organise la Rencontre internationale « Nouvelles voies vers l’écologie intégrale : cinq ans après le Laudate Si’ » qui se tiendra à Castel Gandolfo (Rome) du 23 au 25 octobre 2020. L’histoire de notre planète est une histoire de relations entre ses différentes composantes. Concentrons-nous sur trois d’entre elles: l’atmosphère, les organismes vivants et l’humanité. Il y a 2,5 milliards d’années, l’oxygène n’était pas présent dans l’atmosphère et la vie humaine n’aurait pas été possible. Ensuite, grâce à la petite contribution d’innombrables organismes unicellulaires simples et (apparemment) insignifiants – les cyanobactéries – l’air s’est enrichi en oxygène pour atteindre sa composition actuelle. C’est un exemple d’effet positif des organismes vivants sur l’atmosphère, du moins de notre point de vue. Plus récemment, le charbon a commencé à se former à partir de forêts mortes (il y a environ 350 millions d’années) et le pétrole à partir de micro-organismes morts (il y a environ 100 millions d’années). Grâce à ces processus, les organismes vivants ont saisi le dioxyde de carbone de l’atmosphère. Depuis le XIXe siècle, l’humanité a massivement brûlé du carbone et du pétrole, restituant du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ce qui a finalement provoqué le réchauffement climatique. Dans ce cas, l’effet de l’homme sur l’atmosphère est négatif, toujours de notre point de vue. Le 11 septembre 2020, le graphique suivant a été publié dans Sciences, une revue scientifique très importante, montrant que – si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites – les calottes glaciaires continentales disparaîtront d’ici 2100 et les calottes glaciaires polaires d’ici 2300 : le climat remontera à environ 50 millions d’années. La Terre survivra, mais les conséquences pour l’humanité peuvent être graves en termes de phénomènes météorologiques extrêmes, d’inondations, de sécheresses et d’élévation du niveau des mers : nous n’avons pas beaucoup de temps pour relever le défi du rétablissement de relations harmonieuses entre l’humanité et les autres parties de notre planète. Mais pourquoi continuons-nous à brûler des combustibles fossiles ? La raison a été expliquée par le pape François dans son encyclique Laudato Si’ de 2015 et résumée le 3 mai 2019 dans son discours à certains représentants de l’industrie minière : « La précarité de notre maison commune est en grande partie le résultat d’un modèle économique fallacieux qui a été suivi pendant trop longtemps. Il s’agit d’un modèle vorace, axé sur le profit et à courte vue, basé sur l’idée fausse d’une croissance économique illimitée. Même si nous constatons souvent ses effets désastreux sur le monde naturel et la vie des gens, nous sommes toujours résistants aux changements ». EcoOne, une initiative écologique du mouvement des Focolari, organise la rencontre internationale « Nouvelles voies vers l’écologie intégrale » : cinq ans après le Laudato Si’ » qui se tiendra à Castel Gandolfo (Rome) du 23 au 25 octobre 2020 et sera diffusée dans les principales langues du monde. D’illustres orateurs illustreront les défis environnementaux contemporains auxquels sont confrontés la science, la technologie, l’économie et la société, dans le but de contribuer au changement espéré par le pape François, en ouvrant un dialogue transdisciplinaire, interreligieux et multiculturel sur le soin de notre maison commune. (De plus amples informations sur la manière de se connecter à la réunion seront fréquemment mises à jour sur le site www.ecoone.org).

                                                                                                                     Luca Fiorani

Chiara Luce Badano : plus vivante que jamais

Qu’est-ce que cette jeune fille béatifiée a à dire aujourd’hui aux jeunes et à nous tous qui vivons dans des sables mouvants en ces temps incertains de pandémie ? Nous l’avons demandé à Chicca Coriasco, sa meilleure amie de toujours , 10 ans après sa béatification et 30 ans après sa mort. Le 25 septembre, il y a dix ans, nous étions vingt-cinq mille à l’intérieur et surtout à l’extérieur du  sanctuaire du Divino Amore (Amour Divin), tout près de Rome, pour célébrer la béatification de Chiara Badano. Ce jour-là, la sainteté est devenue quelque chose de plus proche et de plus accessible pour de nombreux jeunes (mais pas seulement) du monde entier, qui ont vu en cette jeune Italienne de dix-neuf ans, joyeuse et profonde, capable de vivre et de mourir pour Dieu, un modèle accessible et imitable. Aujourd’hui, trente ans après sa mort, le 7 octobre 1990, il est impossible de calculer combien de personnes ont “rencontré” Chiara Luce, il suffit de penser qu’il y a exactement un an – et avant que la pandémie et le confinement nous obligent à des formes alternatives de rencontre et de communication – Maria Teresa Badano, la mère de Chiara et Chicca Coriasco sa meilleure amie, étaient en Argentine. En 13 jours, elles ont parcouru plus de deux mille kilomètres, traversé quatre régions et fait rencontrer Chiara Luce Badano à plus de 8 000 personnes.  Nous avons posé quelques questions à Chicca. Trente ans après sa mort, Chiara Luce continue d’être présente et aimée… Comment expliques-tu l’intérêt qu’elle suscite auprès de  tant de jeunes dont le nombre, loin de diminuer, grandit avec le temps ? Chiara a su mettre en valeur le meilleur de ceux qui l’entouraient. Avec moi, elle y est toujours parvenue, tout comme avec ses parents. Je pense que ce prodige continue avec tous ceux qui entrent en contact avec elle, même aujourd’hui. Elle n’a jamais fait beaucoup de discours ni de choses extraordinaires, mais ce qui est extraordinaire, c’est ce OUI  dit à Dieu  moment après moment, un pas après l’autre, en toute simplicité : c’est ce qui, à son époque tout comme aujourd’hui, continue d’attirer et d’entraîner beaucoup de gens à sa suite, surtout les jeunes. Peux-tu nous dire quel a été le moment le plus important que tu as vécu avec elle ? Le pacte que nous avons conclu entre nous le 22 août 1990. Nous nous sommes dit que la première qui partirait au ciel aiderait l’autre à y arriver, tandis que celle qui resterait tenterait de combler le vide laissé par l’autre. Trente ans plus tard, je peux dire qu’il y a probablement eu un dessein de Dieu qui s’est révélé à travers une suite d’événements alors impensables, qui ont acquis un sens et continuent à se réaliser encore aujourd’hui. Qu’est-ce que  Chiara Luce a à dire aux jeunes d’aujourd’hui ? De temps en temps, j’ai essayé d’imaginer Chiara à notre époque… elle aurait probablement vécu de la même manière qu’au cours de sa vie, c’est-à-dire sans jamais se replier sur elle-même, en regardant devant elle avec courage et détermination, en se concentrant sur la beauté qui existe encore aujourd’hui, à travers les épisodes que ce scénario inattendu nous fait découvrir. Chiara Lubich nous a dit qu’en plus de la souffrance de Jésus sur la croix, la nôtre était aussi nécessaire pour coopérer à la construction d’un monde plus uni : « Vivre de demi-mesures, nous disait-elle, c’est trop peu : Dieu vous propose quelque chose de grand, à vous de l’accepter. » C’est l’expérience que Chiara Luce et nous, ses amis, avons vécue avec elle. Plus que jamais, ces paroles de Chiara Lubich sont d’une grande actualité et réalisables aujourd’hui. AUJOURD’HUI qui est Chiara Luce  pour toi? Elle est toujours présente dans tous les aspects de ma vie. Je ne sais pas si elle est contente de moi, mais je me sens proche d’elle, et j’espère qu’elle continuera à m’aider à être fidèle à mes idéaux, qui étaient les siens. Dans le nouveau livre publié il y a un an et édité par la Fondation, “Nel mio stare il vostro andare”, où de nombreux témoins directs ont raconté leur amitié avec Chiara Luce, je me suis directement adressée à elle : « Chère Chiara – lui ai-je écrit – j’aimerais te prendre à nouveau dans mes bras et partager avec toi tant de défis, d’attentes et de profondes découvertes. Mais à vrai dire, ce fut déjà un peu le cas durant toutes ces années (….) Continue à nous accompagner, comme tu sais le faire, avec « tact » et par ta présence silencieuse, qui ne manque et n’a jamais manqué, j’y compte bien ! TVB Chicca. » Quels sont les rendez-vous que la Fondation Chiara Badano a prévus dans un avenir proche ? Cette année, en raison des restrictions sanitaires imposées par la pandémie, il n’est pas possible de visiter la chambre de Chiara.  Pour les 10 ans de sa béatification, nous avons mis en ligne sur son site officiel (www.chiarabadano.org) une vidéo qui retrace ces moments inoubliables. Pour les 30 ans qui se sont écoulés depuis son “départ”, nous avons réalisé une autre vidéo qui nous permet de revivre, par la voix de témoins, quelque chose des derniers jours de Chiara. La vidéo est disponible sur le site à partir du 7 octobre 2020 à 4h10 (l’heure à laquelle elle nous a quittés). Enfin, le 25 octobre, fête liturgique de Chiara Luce, nous partagerons avec l’évêque du diocèse d’Acqui, Acteur de la Cause en canonisation de Chiara, la célébration d’une Messe solennelle, le Time Out au cimetière à 12 heures et la cérémonie de remise des prix aux lauréats du Prix Chiara Luce Badano. Tout peut être suivi en streaming sur le site. Plusieurs événements sont également organisés dans le monde entier : la Fondation veut être le porte-parole et canal de cette lumière qui brillera en de nombreux endroits de la planète.

                                                                                                                                  Stefania Tanesini

Maria Voce : Un appel à la fraternité

Le 3 octobre dernier, au cours de la téléréunion – la vidéo conférence bimestrielle qui relie les communautés des Focolari dans le monde – Maria Voce a lancé un appel à tous, demandant un engagement non négligeable : vivre des relations sur le modèle des relations “trinitaires”, où chacun met l’autre en valeur, trouvant “son identité la plus profonde” et posant ainsi les fondements d’une société fraternelle. La vidéo conférence a eu lieu à quelques heures de la signature à Assise de “Fratelli tutti”, la dernière encyclique du Pape François. On ne pouvait donc que se sentir interpellés en première personne. Voici un résumé de l’intervention de la présidente des Focolari. Question : Le Pape a signé aujourd’hui à Assise l’encyclique avec ce très beau titre : « Fratelli tutti. » Il a écrit dans un tweet : « L’effort pour construire une société plus juste implique une capacité à (vivre) la fraternité et un esprit de communion humaine. » Tu as été surprise du choix de ce thème, de la part du Pape ? Maria Voce : Pas du tout ! Parce que c’est le plus grand besoin de l’humanité aujourd’hui. Le Pape a su s’en faire l’écho et, avec cette encyclique, il a voulu nous mettre tous ensemble pour chercher la réponse, à ce besoin de l’humanité Et face à cela, on se demande : « Que pouvons-nous faire ? » À ce stade, je voudrais vraiment m’adresser à tous ceux qui se sentent appelés par Dieu à faire quelque chose pour répondre et à le faire en se donnant complètement, sans mesure, sans peur. Tous ceux qui ont trouvé dans le charisme de l’unité, dans le charisme de Chiara, une aide, qui leur a permis de voir que c’est possible, qui leur a fait faire l’expérience concrète, vraie, profonde de l’unité sur cette terre, à tous ceux-ci, j’aimerais dire : « faisons-le ensemble, faisons-le ensemble ! » Oui, nous avons reçu un don qui nous a permis d’en faire l’expérience. Mais cet appel à la fraternité, qui est pour nous l’appel à ce « que tous soient un » (Jn 17, 21), à l’unité, cet appel voudrait que l’on vive sur la terre comme au ciel, comme — laissez-moi vous le dire – dans La Trinité, où l’unité et la distinction coexistent, où chacun respecte l’autre, où chacun fait place à l’autre, cherche à mettre en valeur l’autre, cherche d’une certaine manière à se perdre complètement afin que l’autre puisse s’exprimer pleinement. Et en cela, il ne s’annule pas, au contraire, il manifeste sa véritable, sa plus profonde identité. Une unité aussi grande n’a qu’un seul exemple, Jésus, qui a su perdre complètement son ‘’être Dieu’’, pour se faire homme et pour partager sur la croix – au moment de l’abandon -, tous les abandons, toutes les détresses, toutes les angoisses, toutes les souffrances, tous les extrémismes, toutes les persécutions, les déchirures, que les hommes de tous les temps, de toutes conditions vivent et ont vécu, et il les a faits siens, avec un amour si grand qu’il a réussi à refaire, à reconstruire l’unité qui s’était brisée entre Dieu et l’homme, entre tous les hommes et aussi avec toute la Création. Si nous parvenons à avoir un amour aussi grand, nous pouvons témoigner pour le monde que cette unité existe, que cette unité est possible, que cette unité est déjà commencée. Je voudrais qu’avec tous ceux qui m’écoutent en ce moment, nous puissions tous ensemble, être pour le Pape, une première réponse déjà amorcée et que nous lui donnions une consolation, de l’espoir, parce que quelque chose a déjà commencé. Que nous soyons tous ensemble, nous, petit groupe inspiré par le charisme reçu de Chiara Lubich, un principe, une petite particule, mais efficace, de ce levain qui pénètre dans l’humanité, qui peut la transformer en un monde nouveau. J’aimerais prendre cet engagement avec vous tous. Je suis prête, je veux faire tout mon possible, et je vous invite tous à faire de même, tous ceux qui le veulent !

Stefania Tanesini

Ici l’édition intégrale de la Téléréunion.  

Chiara Lubich la Fraternité universelle

Le 8 mai 2004 à Stuttgart, en Allemagne, lors du premier rendez-vous de “Ensemble pour l’Europe”, Chiara avait environ 9000 personnes devant elle. Un moment historique au cours duquel elle a offert la clé pour construire la paix du continent-mosaïque qu’est l’Europe et dans le monde entier : construire des parcelles de fraternité universelle. L’idée de la fraternité universelle est et a été une profonde aspiration de la nature humaine, que nous trouvons exprimée chez de grands hommes. Martin Luther King déclarait : « J’ai fait un rêve : un jour les hommes […] se rendront compte qu’ils ont été créés pour vivre en frères […] et la fraternité sera à l’ordre du jour d’hommes d’affaires et le mot d’ordre de gouvernants.»[2] Le Mahatma Gandhi affirmait à propos de lui-même : « Ma mission ne concerne pas seulement la fraternité en Inde. [¼] J’espère pouvoir, à travers l’établissement de la liberté en Inde, réaliser et faire grandir la fraternité entre tous les hommes »[3]. La fraternité universelle a été également promue par des personnes qui ne puisaient pas à des principes religieux. Le projet même de la Révolution Française avait pour devise : « Liberté, Égalité, Fraternité. » Mais si de nombreux pays ont réussi à réaliser, au moins en partie, la liberté et l’égalité en se dotant d’institutions démocratiques, la fraternité en est restée davantage au niveau des mots que des faits. En revanche, celui qui a proclamé la fraternité universelle et nous a donné le moyen de la réaliser, est Jésus. En nous révélant la paternité de Dieu, il a détruit les murs érigés entre ceux qui sont « égaux » et ceux qui sont « différents », entre amis et ennemis. Il a libéré l’homme des multiples formes de dépendance, d’esclavage, d’injustice. Il a accompli ainsi une véritable révolution existentielle, culturelle et politique. De nombreux courants spirituels ont, au cours des siècles, cherché à réaliser cette révolution. Citons l’audacieux projet, le programme acharné de François d’Assise et de ses premiers compagnons[4] pour construire la fraternité. Sa vie a été en effet un exemple admirable de fraternité qui embrasse les hommes et les femmes mais aussi l’univers, le cosmos avec frère soleil, la lune et les étoiles. Or l’instrument que nous a offert Jésus pour réaliser cette fraternité universelle est l’amour, un amour fort, un amour nouveau, un amour différent de celui que nous connaissons généralement. Il a répandu sur la terre la façon d’aimer du Ciel. Cet amour exige que nous aimions tous les êtres humains, et pas seulement nos parents et nos amis. Il exige que nous aimions ceux que nous trouvons sympathiques et ceux qui nous sont antipathiques, nos compatriotes et les étrangers, les Européens et les immigrés, ceux de notre Église et ceux d’une autre Église, ceux qui ont la même religion et ceux qui en ont une différente. […] Cet amour demande que nous aimions aussi nos ennemis et que nous pardonnions lorsqu’on nous a fait du mal. L’amour dont je parle ne fait pas de distinctions et s’adresse à ceux que nous rencontrons, ceux qui nous sont proches physiquement et ceux dont nous parlons ou dont il est question ; ceux pour qui nous accomplissons notre travail quotidien, ceux dont parlent les journaux ou la télévision… C’est ainsi en effet que Dieu Père nous aime, lui qui fait briller le soleil et tomber la pluie sur tous ses enfants, bons et méchants, justes et injustes (cf. Mt 5,45). Cet amour demande aussi que nous soyons les premiers à aimer. L’amour que Jésus nous a apporté est désintéressé ; il n’attend pas que les autres se mettent à aimer, mais prend plutôt l’initiative comme l’a fait Jésus lui-même qui a donné sa vie pour nous alors que nous étions pécheurs, c’est-à-dire que nous n’aimions pas. […] L’amour apporté par Jésus n’est pas non plus un amour platonique, sentimental, fait de mots. C’est un amour concret. Il demande que nous nous « retroussions les manches ». Cela n’est possible que si nous nous faisons tout à tous, malades avec ceux qui sont malades ; joyeux avec ceux qui sont dans la joie ; soucieux, dépourvus de sécurité, affamés, pauvres avec ceux qui le sont. Et une fois que nous ressentirons en nous ce qu’ils éprouvent, il nous faudra agir en conséquence. […] Lorsque cet amour est vécu par plusieurs personnes il devient réciproque. C’est ce que Jésus souligne davantage : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34). Ce commandement, il le dit « sien » et « nouveau ». Un tel amour réciproque n’est pas demandé seulement aux personnes individuellement, mais aussi aux groupes, aux Mouvements, aux villes, aux régions, aux États… Notre temps exige en effet que les disciples de Jésus acquièrent une conscience « sociale » du christianisme. Plus que jamais il est urgent et nécessaire que nous aimions le pays d’autrui comme le nôtre. […] Cet amour, qui atteint sa perfection dans la réciprocité, exprime la puissance du christianisme parce qu’il attire sur la terre la présence même de Jésus parmi les hommes et les femmes. N’a-t-il pas affirmé : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20) ? Cette promesse n’est-elle pas une garantie de fraternité ? Si Jésus, le frère par excellence, est avec nous, comment pourrions-nous ne pas nous sentir frères et sœurs les uns des autres ? […] Que l’Esprit Saint nous aide tous à former dans le monde, là où nous sommes, des espaces toujours plus vastes de fraternité universelle , en vivant l’amour que Jésus nous a apporté sur terre.

Chiara Lubich

[2] Cf MARTIN LUTHER KING, Discours prononcé la veille de Noël, 1967,  Atlanta, cit. in Il fronte della coscienza, Torino 1968 [3] M.K. GANDHI, Antichi come le montagne, Milano 1970, p.162. [4] Cf. Cardinal R. Etchegaray, Homélie à l’occasion du jubilé de la famille franciscaine, en italien dans « L’Osservatore Romano », édition   quotidienne, 12 avril 2000, p. 8 https://vimeo.com/465672862  

Syrie : le danger du travail des enfants

Après dix ans de guerre, les restrictions imposées par l’embargo et la pandémie du Coronavirus, ont soumis la population syrienne à des conditions de vie à la limite de la pauvreté, en favorisant la réémergence du phénomène de l’exploitation du travail des enfants. « Après presque une semaine de quarantaine, j’ai été surprise de voir l’un de nos étudiants vendre des légumes en voiture ». L’attention portée au phénomène croissant de l’exploitation du travail des enfants est issue de l’expérience d’un des enseignants du programme extrascolaire de Homs « Génération d’espérance » et du programme « Urgence syrienne ». Selon le constat de nos opérateurs, il n’était pas rare autrefois de voir des adolescents employés à des travaux manuels, mais aujourd’hui, ils sont encore plus jeunes ceux qui sont employés dans la vente de légumes sur les marchés ou comme ouvriers, coiffeurs, serveurs dans les fast-foods ou dans les usines. Lorsque les parents sont interpellés, les réponses soulignent combien cette pratique est presque inévitable compte tenu des conditions économiques et de la grande incertitude quant à l’avenir. Certains pensent qu’il est aujourd’hui plus important d’apprendre un métier plutôt que rester à la maison (en raison de la pandémie) ou ils expliquent combien ces activités sont nécessaires pour aider le budget familial qui n’est plus viable avec le seul travail, souvent occasionnel, des parents. Pendant la quarantaine imposée pour faire face au Covid19, les opérateurs et les enseignants de l’extra-scolaire de Homs se sont engagés à suivre les enfants même à distance, bien que cela ne soit pas toujours facile : beaucoup vivent dans des maisons surpeuplées et la disponibilité des ordinateurs et d’internet n’est pas à la portée de tous. Ce détachement a alimenté la fragilité des enfants et le choix des parents de les orienter vers ces emplois. C’est pourquoi, dans la courte période de reprise, en juillet, le Homs after-school a organisé plusieurs réunions pour étudier le phénomène et faire comprendre que l’éducation est plus importante que le travail des enfants, même dans des conditions de graves difficultés économiques. Il est ressorti de ces réunions que les enfants, même s’ils ne veulent pas travailler, ressentent la responsabilité de contribuer aux dépenses familiales et craignent que les employeurs, face à leur refus, nuisent à leurs parents. Le centre a été à nouveau fermé en raison de l’expansion du Coronavirus, mais dès que possible, les opérateurs et les enseignants reprendront leur travail en sachant que cela peut contribuer à lutter contre la pratique du travail des enfants et à garantir aux enfants de Homs de recevoir le soutien pour recevoir l’éducation appropriée pour construire leur avenir.

Du site de l’Amu – Action pour un monde uni