Mouvement des Focolari

Appelés au dialogue

La voie de l’excellence pour surmonter les divergences de toute nature et créer la communion et l’unité est – comme l’enseigne Chiara Lubich – le dialogue. Nous pouvons le vivre même lorsque nous devons nous occuper de nous mêmes. Nous sommes tous appelés à être un reflet de la Sainte Trinité où les trois Personnes divines sont éternellement en dialogue, éternellement un et éternellement distinctes. Concrètement, cela signifie qu’à chaque fois que nous devons traiter avec un ou plusieurs de nos frères et sœurs, de façon directe, par téléphone ou par écrit, ou indirectement, parce que c’est pour eux que nous travaillons ou pour eux que nous prions, nous nous sentons en continuel dialogue, appelés au dialogue. Et comment ? En nous ouvrant à notre sœur, à notre frère, en écoutant de toute notre âme ce qu’il veut, ce qu’il dit, ce qui le préoccupe, ce qu’il désire. Et, cela fait, nous pouvons intervenir en lui donnant ce dont il a besoin, ce qu’il convient de lui donner. Et si par moments je dois m’occuper de moi (pour prendre mes repas, me reposer, m’habiller), je le ferai en fonction de mes frères, en ayant toujours à l’esprit ceux qui m’attendent. Ainsi, et seulement ainsi, en ne cessant de vivre la « spiritualité de l’unité » ou « de communion », je peux collaborer efficacement à l’édification de l’Église comme « la maison et l’école de la communion » ; je peux faire avancer, avec les fidèles des autres Églises et communautés ecclésiales, l’unité de l’Église ; je peux contribuer, avec les personnes d’autres religions ou d’autres cultures, à la réalisation d’espaces toujours plus vastes de fraternité universelle .

Chiara Lubich

Chiara Lubich à Castel Gandolfo ; extrait de la téléréunion du 22 janvier 2004.

Évangile vécu : l’amour est le langage le plus éloquent

Jésus proclame librement son message aux hommes et aux femmes des différents peuples et cultures qui sont venus l’écouter ; c’est un message universel, adressé à tous et que chacun peut accueillir pour se réaliser en tant que personne, créée par Dieu Amour à son image. Un drame partagé Il y a plusieurs années, avec nos quatre filles, nous avons quitté le Liban déchiré par la guerre pour la Tasmanie, où nous avons lutté pour nous intégrer dans un monde très différent du nôtre : ici les gens sont très réservés et la famille “nucléaire” contraste avec la famille “élargie” de notre pays. Au cours  des premiers jours qui ont suivi notre arrivée, un collègue de mon mari a perdu son enfant de deux ans dans un incendie ; depuis lors il refuse, ainsi que sa femme, de recevoir des visites, de rencontrer des gens et il reste presque confiné dans sa maison. Nous n’avons pas compris leur attitude, car chez nous les épreuves sont partagées et nous nous sommes demandés comment les aimer, en prenant cette douleur sur nous aussi. Ainsi, pendant quelques semaines, j’ai cuisiné pour eux tous les jours, en laissant les repas devant la porte, accompagnés d’un petit mot, sans les déranger. Finalement, leur  porte s’est ouverte et depuis lors, une relation amicale est née entre eux et nous. Au fil du temps, nous nous sommes fait d’autres amis qui nous enrichissent de leur culture. Et dans notre maison il y a désormais toujours quelqu’un qui vient nous rendre visite, un peu comme au Liban. (Carole – Australie) Inculturation Pour se mettre dans la peau de l’autre, il est important de parler sa langue. Mais pas nécessairement. Je le vois avec de nombreuses personnes que j’ai soignées (je suis médecin) et avec lesquelles une relation s’est établie, un message est passé. Il m’est arrivé, au Cameroun, de demander conseil à un ancien du village pour mieux me fondre dans  son peuple. Il m’a dit : « Si vous aimez avec votre cœur, les autres comprennent. Il suffit d’aimer. » Cela m’a ramené à l’essentiel de l’Évangile et m’a confirmé que le partage des souffrances et des joies des autres passe avant tout. Si je peux également approfondir ma connaissance de la langue et des coutumes locales, tant mieux… En tout lieu, le langage de l’amour est le plus éloquent pour exprimer la paternité de Dieu. (Ciro – Italie) Le soutien pour ne pas abandonner Après le divorce, j’ai continué à rencontrer les enfants. Mais au fil du temps, le chantage, les prétentions, les accusations de mon ex-femme augmentaient… Je craignais qu’elle ait des conseillers qui ne l’aidaient pas vraiment. L’épreuve la plus douloureuse a été lorsque même les enfants, surtout les plus grands, ont commencé à m’accuser d’avoir gâché leur vie. Je ne savais pas quoi faire. Chaque fois que nous nous sommes rencontrions, c’était l’enfer. Un prêtre ami m’a beaucoup aidé, en me suggérant d’aimer sans rien attendre. Sur sa parole, j’ai voulu essayer pendant quelques mois. Lorsque ma belle-mère est tombée malade et a été alitée, j’ai pris soin non seulement de lui rendre visite souvent, mais aussi de la soulager de toutes les manières possibles. Un jour, j’étais justement en train de lui tenir compagnie quand ma fille est arrivée. Elle a trouvé sa grand-mère sereine et détendue pendant que nous mettions en ordre de vieux albums de photos. Quelque chose a dû changer en elle, car le soir même, elle m’a appelé pour me demander pardon. C’est difficile de grimper, mais chaque fois que j’essaie d’aimer, je trouve le soutien nécessaire pour ne pas décrocher. (V.J. – Suisse) Être de couleur Mon mari Baldwyn et moi sommes de couleur, une race métisse qui souffre souvent d’une grave marginalisation. Ma mère était africaine, mon père, indien, est décédé après ma naissance.  Je suis allée vivre avec ma mère chez ses parents, des noirs africains, où j’ai été éduquée dans leurs traditions. Mais au fil des ans, j’ai réalisé que j’étais différente et j’ai enduré des moqueries. Lorsque Baldwyn et moi avons décidé de nous marier, le fait de découvrir que je n’étais enregistrée nulle part, et que je n’existais donc pas pour l’État, a été un coup dur pour moi : une fois de plus, je me suis sentie rejetée ! Pendant cette période difficile, les circonstances nous ont amenés à rencontrer différentes familles chrétiennes, noires et blanches : elles appartenaient au Mouvement Familles Nouvelles et ne faisaient pas de différences en fonction des origines. Dans ce milieu je me suis sentie à l’aise pour la première fois, accueillie pour ce que j’étais. L’attention de ces personnes envers moi m’a fait découvrir que Dieu m’aimait. J’ai été capable de m’accepter avec mes différences et celles les autres aussi. Je suis devenue libre. (Gloire – Afrique du Sud)

                                                                        propos recueillis par Stefania Tanesini

(tirés de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VI, n°5, septembre-octobre 2020)

De la culture de la confiance à la primauté des relations

Le 19 septembre dernier, s’adressant à un groupe de focolarini, Maria Voce a partagé  tout ce qui lui tient à cœur en ce moment. Nous rapportons des extraits de cette prise de parole spontanée. Elle a parlé d’une “nouvelle étape” et continue de transmettre ce message aux communautés des Focolari dans le monde entier. Ce qui tient le plus à cœurà Maria Voce, Présidente du mouvement des Focolari, pourrait se résumer en un mot : “relations”. Une nouvelle invitation qui semble achever un parcours commencée il y a 12 ans, lorsque, dès les premiers jours de son élection comme Présidente des Focolari, elle avait invité tout le monde à vivre la “culture de la confiance”, afin de construire résolument des relations qui permettent une coexistence sociale pacifique dans le respect des diversités. Aujourd’hui, au terme de son deuxième mandat, à quelques mois de l’assemblée des Focolari et dans un contexte profondément marqué par cette longue pandémie et la crise économique, Maria Voce revient sur l’un des thèmes-clés de sa présidence : le rôle central des relations à la lumière du charisme de Chiara Lubich. Une invitation, encore une fois, à travailler en réseau et en communion avec tous ceux – individus, communautés et organisations – qui visent le même cap, celui de la fraternité. « Une pensée s’est fortement imposée à moi : Chiara en 1943 était confrontée à ce monde dévasté où tout s’écroulait, et Dieu lui a dit : ce n’est pas vrai que tout s’écroule. Il y a une chose qui ne s’écroule pas : c’est Dieu, Dieu seul ! Et qu’a fait Chiara ? Elle s’en est allée dire :  Dieu est là, Dieu nous aime et ce Dieu est au-delà de la guerre. C’était ce dont on avait besoin à ce moment-là. Jésus est venu sur terre et il n’est pas venu seul, parce que là où il y avait Jésus, qui était le Fils de Dieu, il y avait assurément toute la Trinité. Ainsi, le Dieu Trinitaire est venu sur terre pour nous montrer le chemin, pour nous apprendre à vivre à Sa manière. Et dans quel but ? Pour transformer le monde. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie des rapports, des relations,  de l’égalité, de l’écoute réciproque , cela signifie se perdre l’un dans l’autre et  l’un pour l’autre. Ce matin, en y repensant, je me disais : il est venu sur terre et qu’a-t-il fait ? Il a parcouru les rues de Galilée, et qu’a-t-il trouvé ? Un percepteur d’impôts probablement corrompu; un jeune homme attiré par ses propos ; un petit entrepreneur, Pierre, qui possédait une barque. Il les a appelés et Il a eu le courage d’en faire ses apôtres, c’est-à-dire des personnes appelées à diffuser son message jusqu’aux confins de la terre. Et qui d’autre a-t-il encore trouvé ? Des gens de toutes sortes : une pécheresse, un mort, des affamés, et qu’a-t-il fait ? Il a multiplié les pains, il a ressuscité les morts, autrement dit il s’est occupé des besoins des autres en restant au milieu d’eux. Puis Il est même allé jusqu’à  entraîner cette foule  sa suite. Qu’est-ce que cela signifie ? Il a créé la communauté,  une communauté capable d’écouter les autres, de se rendre compte qu’ils parlaient une autre langue, mais de les comprendre malgré tout dans cette même langue. Cela signifie aussi des personnes capables de s’accueillir jusqu’au bout, capables de se comprendre même si on a des langages différents, capables de s’accepter jusqu’au bout. Il a transformé ces personnes grâce à sa fraternité, dans sa communauté, et il leur a enseigné à vivre  la solidarité entre elles, parce que quand elles avaient faim, il a dit : “Donnez-leur vous-mêmes à manger” ; quand il a guéri  une femme malade qui avait de la fièvre, il l’a ensuite envoyée servir les autres ; la petite fille qu’il a réssuscitée, il l’a rendue à sa famille pour qu’elle prenne soin d’elle. Il n’a rien détruit, il a transformé les choses! Et nous, que nous reste-t-il à faire ? Nous devons transformer le monde, en étant nous-mêmes ce Jésus. Nous devons vivre ces rapports trinitaires. Et il n’y a pas d’autre chemin que de choisir Jésus abandonné, ce qui signifie savoir se perdre l’un dans dans l’autre, savoir mettre l’autre en valeur. Alors Dieu le Père continuera à créer de nouvelles choses, et l’Esprit-Saint à nous éclairer. »

propos recueillis par Stefania Tanesini

   

Les jeunes : de nouvelles idées grâce au web

Les jeunes : de nouvelles idées grâce au web

Une école internationale de formation réalisée entièrement en ligne à cause du Covid, avec de nouvelles méthodologies et la participation de 115 Gen 2, les jeunes des Focolari, de 18 pays différents. Un atelier reproduit dans différentes parties du monde. La crise du Covid peut-elle arrêter notre engagement pour un monde plus uni et la possibilité de le faire ensemble ? Une question qui, ces derniers mois, n’a pas laissé beaucoup de Gen 2 en paix, les jeunes du mouvement des Focolari, ainsi que leurs formateurs. Ainsi, si la pandémie les a empêchés de voyager d’ un pays à l’autre, voire de quitter leur propre maison, les nouvelles technologies ont permis aux jeunes de continuer à œuvrer pour la paix et l’unité dans le monde, elles ont même favorisé la naissance d’initiatives nouvelles et originales, toutes rigoureusement via le web. C’est ainsi que, au vu des rendez-vous internationaux établis depuis quelque temps, les jeunes des Focolari ont décidé de ne pas annuler même l’école internationale annuelle de formation pour les responsables de groupes de jeunes prévue pour août 2020 en Italie, mais de la faire en ligne. Bien sûr, il a fallu encore un peu de travail pour transformer les programmes des 10 jours d’école, les adapter à la méthode de formation via le web et chercher des plates-formes et des applications qui permettraient des moments d’écoute et d’approfondissement, mais aussi qui favoriseraient des moments de communion, tous ensemble et en petits groupes. Ainsi est née l’« École internationale 2020 » au format complètement nouveau. 82 jeunes et 33 formateurs d’adultes de 38 pays et 16 langues y ont participé. « Apprendre à travailler en ligne est une chose positive que le Covid nous a laissée – a déclaré un des participants de l’Argentine – aussi parce que cela facilite la participation de ceux qui, pour des raisons économiques ou de temps, n’avaient jamais fait et n’auraient pas pu faire une expérience internationale en se déplaçant physiquement ». L’école intitulée “Sur la terre comme au ciel” était axée sur des thèmes spirituels et d’actualité, tels que la paix, l’engagement social et la citoyenneté active, approfondis à la lumière du charisme de Chiara Lubich. L’un des points forts était : « Dare to care », (Oser prendre soin) le thème central du parcours (Pathways) que les jeunes, avec l’ensemble du mouvement des Focolari, se sont engagés à mettre en pratique. Chaque année, le parcours des Pathways est associé à une couleur : cette année, c’est le noir, que Chiara Lubich avait associé à l’engagement politique, civil et social pour le bien commun. Et tout comme le noir est en toile de fond de toutes les autres couleurs, cet engagement est le fond sur lequel se détachent les différents domaines de la vie quotidienne : la famille, la société, l’école. Nous avons commencé par des écrits de Chiara Lubich, puis des expériences de témoins engagés dans les sphères politiques et sociales ; des experts tels que le théologien le Père Fabio Ciardi, membre de l’École Abbà, le centre d’études du mouvement des Focolari ; Alberto Lo Presti, directeur du Centre Igino Giordani ; Daniela Ropelato et Antonio Maria Baggio, professeurs à l’Institut universitaire Sophia de Loppiano (Italie). « Vous êtes des personnes qui ont décidé de donner leur vie – ont conclu Maria Voce, présidente du mouvement des Focolari et le coprésident Jesús Morán – dans cette école, vous avez fait le test dans votre laboratoire. Maintenant que le laboratoire est terminé, vous allez vivre ce que vous avez appris ». Et maintenant, cette école, avec l’engagement de vie qu’elle entraîne, se répand et se multiplie : les 100 participants se sont faits les promoteurs d’autres éditions de celle-ci en dix points différents du globe. Letizia Spano

Une nouvelle façon de voir les choses

Ne pas avoir de préférences et ne pas s’attendre à une récompense : telle est la recette simple mais révolutionnaire de Chiara Lubich pour un amour qui peut changer le monde – encore aujourd’hui. « Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né » (2 Co 5, 17). (Cette phrase) parle […] de « l’homme nouveau » (cf. Eph 4, 24) qui, par le baptême et l’adhésion à la foi, s’est établi en nous […] avec une nouvelle façon de voir les choses, d’agir, d’aimer. […] À quoi ressemble cet amour ? […] Étant une participation à l’amour lui-même, qui est en Dieu, qui est Dieu, il se distingue de l’amour humain de mille manières, mais il diffère surtout par deux aspects : l’amour humain fait des distinctions, il est partiel, il aime certains frères comme, par exemple, ceux de son propre sang, ou ceux qui sont instruits, riches, beaux, honorés, en bonne santé ou jeunes… ; ceux d’une certaine origine ou catégorie, et il n’aime pas, ou du moins pas de la même manière, les autres. L’amour divin, en revanche, aime tout le monde ; il est universel. La deuxième différence réside dans le fait que, dans l’amour humain, en général, on aime parce qu’on est aimé ; et même quand l’amour est beau, on aime en l’autre quelque chose de soi-même. Il y a toujours quelque chose d’égoïste dans l’amour humain, ou bien on attend d’aimer lorsque l’intérêt nous y porte. L’amour divin surnaturel, en revanche, est gratuit, il aime en premier. Ainsi, si nous voulons laisser vivre en nous l’« homme nouveau », si nous voulons laisser allumée en nous la flamme de l’amour surnaturel, nous devons aimer tout le monde et aimer en premier. Nous devons, en somme, être comme Jésus, être d’autres ’Jésus’. Jésus est mort sur la croix pour tous : son amour était universel. Et par cette mort, il a aimé le premier

Chiara Lubich

(Extrait d’une conférence téléphonique, Rocca di Papa, 8 janvier 1987)

Un langage capable de construire des ponts

Un langage capable de construire des ponts

Trente, la ville natale de Chiara Lubich, accueillera bientôt une conférence consacrée à l’approfondissement de la valeur des textes de la fondatrice des Focolari, tant parlés qu’écrits, du point de vue linguistique et littéraire. L’événement, qui se déroule à l’occasion du centenaire de la naissance de Chiara Lubich, est coordonné par un Groupe international d’étude et de recherche et pourra être suivi sur le web.

© CSC Audiovisivi

Non seulement des mots, mais des pépites capables d’offrir de nouvelles compréhensions du charisme de Chiara Lubich. L’analyse de la langue de la fondatrice du mouvement des Focolari, dans ses textes parlés et écrits, fait depuis quelques années l’objet des travaux d’un Groupe international d’étude et de recherche en Linguistique, Philologie et Littérature, qui fait partie de l’École Abbá (mouvement des Focolari). Le Groupe, ainsi que  le Centre Chiara Lubich, est l’un des promoteurs de la conférence qui se tiendra à Trente du 24 au 27 septembre 2020, intitulée « Chiara Lubich en dialogue avec le monde. Une approche linguistique, philologique et littéraire de ses écrits. » Nous en parlons avec la coordinatrice de l’événement, Anna Maria Rossi, linguiste, enseignante, collaboratrice du Centre Chiara Lubich, membre de l’équipe responsable de l’exposition “Chiara Lubich City World” aux Gallerie de Trente (Italie). Pourquoi avoir choisi pour cette conférence un titre qui souligne le fait que Chiara Lubich est “en dialogue avec le monde” ? C’est un choix né spontanément de l’expérience du dialogue entre les membres du groupe de recherche qui promeut cet événement. Ils sont l’expression de disciplines, d’ âges, de contextes culturels, géographiques et sociaux très différents. En nous appuyant sur le message et le témoignage de Chiara Lubich dans notre vie et notre travail, nous faisons l’expérience de la richesse et de la fécondité du dialogue, de l’ouverture aux autres et de l’appréciation de la diversité. À cet égard, les discours et les écrits de Chiara sont une source très précieuse qui mérite d’être étudiée avec soin. Il nous semble également que dans le contexte où nous vivons aujourd’hui, dans un monde de plus en plus connecté mais qui peine parfois à trouver les mots capables de construire un tissu de relations authentiques, la thématique du dialogue  ouvert à tous est particulièrement d’actualité. Les thématiques qui seront abordées lors de la conférence sont variées, touchent à différents domaines et seront approfondies par des universitaires de diverses régions du monde.  Quelles sont, selon vous, les contributions les plus originales et les plus novatrices que cette conférence apportera à la compréhension de la pensée et du charisme de Chiara Lubich ? Les écrits d’auteurs que l’on peut considérer comme des maîtres spirituels, tels que les mystiques, surtout celles et ceux de notre époque, sont souvent considérés uniquement comme des textes d’édification spirituelle. En réalité, ce sont des œuvres de grande valeur littéraire, des témoignages d’une langue vivante, novatrice et courageuse. Ce sont des écrits qui méritent d’être étudiés et rendus accessibles à un public varié, pas nécessairement religieux, mais qui se laisse toucher par la beauté et les valeurs. La parole de Chiara, parlée ou écrite, ses textes et ses discours sont empreints  d’une forte capacité à se mettre en relation avec l’autre et à lui donner sa pensée et son inspiration d’une manière simple, compréhensible par tous, et en même temps performante sur le plan  littéraire. Les études les plus récentes dans le domaine de la linguistique démontrent  comment non seulement la langue, mais aussi le langage, les mots que nous utilisons, construisent la réalité. Il n’est pas difficile de le constater également dans la vie quotidienne : la haine, l’exclusion, les mots offensants sont capables de créer une société fermée, violente, agressive. Chiara a toujours utilisé un langage capable de construire des ponts, d’ouvrir de nouvelles compréhensions, d’atteindre chaque personne, chaque peuple. Ce n’est pas pour rien que ses écrits sont traduits dans les langues les plus variées, c’est le signe d’une pensée et d’une parole capables d’embrasser le monde entier. Est-ce la première fois qu’une telle conférence a lieu ? Non, cet événement s’inscrit à la suite d’une conférence qui s’est tenue à Castel Gandolfo (Italie) en 2015, dont le titre, inspiré d’une expression de Chiara Lubich, était : “dire c’est donner”. Le mot compris comme “don” et principal bâtisseur de relations a suscité les réflexions de chercheurs et de chercheuses dans les divers domaines des sciences humaines, désormais rassemblées dans une  publication intitulée : « Il dire è dare (dire c’est donner). Le mot comme don et relation dans la pensée de Chiara Lubich. » (aux éditions Città Nuova) Cinq ans plus tard, nous avons décidé de donner suite à cette initiative, de présenter des études complémentaires dans le domaine linguistique et littéraire, à partir de ses textes, de sa pensée et de son charisme. Cette réunion devait se tenir en avril 2020 dans le cadre des événements du centenaire de la naissance de Chiara Lubich, mais elle a été annulée en raison du confinement. Pouvez-vous nous dire comment cela va se passer maintenant ? En raison de la pandémie, nous avons suspendu toutes les activités en présence d’un public, sans perdre l’espoir de réaliser l’événement au cours de l’année du centenaire de Chiara, bien que de manière différente. En fait, grâce aux nouveaux moyens de communication, nous nous trouvons maintenant dans une situation qui, paradoxalement, favorise une participation plus large. En accord avec la Fondation du Musée historique du Trentin, qui accueille l’événement aux Gallerie de Trente, nous pouvons accueillir en toute sécurité une cinquantaine de personnes. Il sera toutefois possible de suivre la conférence grâce à un lien zoom, en le demandant  au Secrétariat organisateur (studi_linguistici@centrochiaralubich.org.) De cette façon, des personnes de différents Pays du monde pourront y participer : nous avons déjà reçu des inscriptions du Mexique, du Brésil, du Venezuela, de Taiwan. Les exposés seront traduits simultanément en portugais et en anglais. Nous espérons que ce sera vraiment une occasion de “dialogue avec le monde”.

                                                                                   Anna Lisa Innocenti

Évangile vécu : « Donnez et on vous donnera »

Jésus révèle la nouveauté de l’Evangile : le Père aime personnellement chacun de ses enfants d’un amour « débordant » et leur donne la capacité d’élargir le cœur à leurs frères et sœurs. Ce sont des paroles interpellantes et exigeantes : donner de soi-même ; donner des biens matériels, mais aussi accueillir, être miséricordieux, pardonner largement, à l’imitation de Dieu. Lait en poudre Dans une ville satellite près de Brasilia, nous apportons depuis des années, dans un quartier très pauvre, une aide matérielle, une promotion humaine, mais nous essayons aussi de répandre la bonne nouvelle de Jésus. Nous sommes toujours étonnés de voir comment ces personnes découvrent l’amour de Dieu et commencent à s’entraider, en partageant le peu qu’elles ont avec celles qui ont moins. Elles offrent même leur propre baraque. Fidèles au principe « donnez et on vous donnera », une dame à qui nous avions livré du lait en poudre pour ses enfants nous a dit qu’elle le partageait avec sa voisine qui n’avait rien à donner à ses enfants. Le même jour, à sa grande surprise et toute joyeuse, elle a reçu d’autres confections de lait en poudre. (H.I. – Brésil) La blessure Lors de certaines fêtes, je donne à mes quatre enfants une somme d’argent pour acheter des cadeaux pour les enfants pauvres. Cette année, mon fils cadet m’a demandé une somme plus importante : il avait appris que son père était au chômage et ne pouvait pas faire de cadeaux aux enfants qu’il avait eus avec une autre femme. Pour moi, c’était une douche froide. Mon mari nous avait abandonnés depuis des années et la blessure était encore vive. Cette nuit-là, j’ai beaucoup pleuré, je me suis sentie trahie par mes propres enfants. Mais c’était peut-être moi qui avais tort et mon cadet me donnait une leçon. Le lendemain matin, je lui ai donné plus d’argent. Quelques temps plus tard, mes enfants m’ont demandé d’aider leur père à trouver un emploi. C’était le comble ! Justement eux, qui n’avaient jamais reçu de cadeau de leur père, me le demandaient maintenant! Malgré les souvenirs douloureux, j’ai compris que je devais mettre en pratique le commandement de Jésus d’aimer les ennemis. Cela m’a coûté, mais je l’ai fait. La joie que je voyais chez mes enfants était indescriptible. J’ai remercié Dieu pour leur générosité mais aussi parce qu’ils m’ont donné l’occasion d’ôter de mon cœur un ressentiment qui me torturait depuis des années. (C.C. – Colombie) Licenciement Il y a quelques mois, lorsque la grande société informatique pour laquelle je travaille a annoncé le licenciement de 40 % des salariés, j’ai ressenti un véritable choc. Grâce à ce travail, nous ne manquions de rien dans notre famille, pas même le superflu. Comment allions-nous payer les échéances de la maison ? Et l’assurance maladie ? Et ainsi de suite… ? Avec Jennifer et les enfants, nous nous sommes sentis plus responsables de notre économie. Prêts à vendre les objets les plus précieux et à faire d’autres sacrifices, nous avons envisagé de travailler à notre compte, compte tenu de nos capacités personnelles… Avant tout, nous nous sommes confiés au Père en continuant à espérer. Le jour des licenciements, 6500 de mes collègues ont perdu leur emploi. J’aurais voulu disparaître pour ne pas voir ; mais je suis resté pour partager ce moment avec ceux qui devaient partir. Je ne sais pas comment cela va se terminer pour moi, mais une chose est sûre : cette épreuve nous a unis davantage en famille, a créé un lien profond avec d’autres couples et nous a ouvert les yeux sur les problèmes des autres. Nous faisons maintenant l’expérience de ce qui compte vraiment dans la vie. (Roger – USA) J’ai pardonné à l’assassin de mon fils. Depuis que mon fils a été tué lors d’un vol, plus rien n’avait de sens dans ma vie. Je recherchais désespérément de l’aide et je suis allé à une rencontre sur l’Évangile. Là, j’ai écouté le commentaire de la phrase de Jésus : « Aimez vos ennemis ». Ces paroles étaient un coup de massue. Comment pouvais-je pardonner à ceux qui ont tué mon fils ? Entre-temps, une graine avait germé en moi. En participant à ce groupe, j’ai ressenti le besoin toujours plus fort de pardonner. Je voulais retrouver la paix du cœur. Et l’Évangile parlait de paix : « Heureux ceux qui font œuvre de paix, ils seront appelés fils de Dieu ». Dans la tragédie de ma famille, la décision de pardonner a finalement prévalu. Maintenant, je peux vraiment me dire « fille de Dieu ». Récemment, j’ai été appelée à une confrontation avec l’assassin de mon fils qui a été capturé. Je le connaissais. Ce fût difficile mais la grâce est intervenue. Je n’avais ni haine ni rancune envers lui. Dans mon cœur de mère, il n’y avait qu’une grande pitié et l’intention de le confier à la miséricorde de Dieu. (M.A. – Venezuela)

Propos recueillis par Stefania Tanesini

(tiré de l’Evangile du jour, Città Nuova, anno VI, n.5, settembre-ottobre 2020)

Chili : un projet éco-éducatif promu par des jeunes

Chili : un projet éco-éducatif promu par des jeunes

L’intérêt pour l’environnement, une proposition inattendue et le début d’un engagement écologique qui a désormais  atteint un grand rayonnement. L’histoire de Javier, un jeune chilien âgé de 17 ans. J’ai toujours aimé la nature et entretenu un lien particulier avec elle. En 2017, j’ai pris conscience des graves dégâts que l’humanité cause à notre planète, « mais – me suis-je dit – que peut faire un simple adolescent pour changer cette réalité ? » Un jour, cependant, ma tante m’a invité à participer à un forum sur le développement durable au siège du Cepal (Commission économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes). J’ai été surpris, mais, encouragé par ma tante qui m’a expliqué comment  les adolescents devraient prendre en charge les décisions importantes et faire entendre leur voix pour notre avenir, j’ai décidé de participer et d’impliquer, avec l’aide de mon école, d’autres camarades intéressés par les questions sociales et environnementales. Au cours du Forum, nous avons pu prendre connaissance des Objectifs de Développement Social (ODS) et les actions qui, pour les atteindre, sont menées dans certains pays d’Amérique Latine et des Caraïbes. Nous avons également pu exprimer notre pensée devant les autorités présentes. Parmi les initiatives, nous avons été impressionnés par “Concausa”, qui fait partie de l’ONG “America Solidale”. Elle travaille en particulier pour mettre fin à la pauvreté des enfants et forme les adolescents à être d’authentiques acteurs du changement. Avec deux camarades de classe, nous avons décidé de proposer dans notre école un projet en lien avec “Concausa”, mais nous n’avons pas réussi. Après un certain temps, au vu de notre intérêt pour ces questions, “Concausa” a voulu mettre en place un atelier dans notre école intitulé “Déclencheurs” pour nous aider à mieux développer un projet. Dans les classes, nous avons vu beaucoup de détritus jetés par terre. Nous avons donc entrepris d’encourager une meilleure gestion et un meilleur recyclage des déchets afin de créer une culture écologique. C’est ainsi qu’est né le projet “Éco-éducation”. Les déchets étant principalement des emballages en carton, nous les avons donc recyclés, nous avons fabriqué des éco-poubelles destinées au tri de ces détritus à partir desquelles nous fabriquons aussi des éco-parpaings. Grâce à notre travail, beaucoup de nos camarades ont appris le recyclage et ont invité leurs parents à faire de même chez eux. Entre-temps, avec le mouvement Juniors pour l’unité (focolari) dont je fais partie, nous avons mis à l’ordre du jour de nos réunions des ateliers et des réflexions thématiques sur  les questions environnementales. Après une année de travail sur notre projet “Eco-éducation”, nous avons été choisis pour  représenter le Chili dans un Camp Continental de “Concausa” qui a lieu chaque année dans notre Pays avec la participation de projets en cours sur tout le continent. J’étais parmi les participants. L’expérience a été inoubliable. J’ai rencontré des jeunes de nombreux Pays, chacun avec une culture différente : grâce aux liens de réciprocité que nous avons vécus, nous nous sommes sentis égaux, nous étions et sommes une famille, une génération qui se bat pour un avenir plus uni et solidaire. Le dernier jour, nous avons été invités à prendre la parole devant les responsables d’ America Solidale, de l’Unicef et du Cepal au sujet des différentes réalités que nous vivons dans nos pays et sur la façon dont nous contribuons à la protection de l’environnement. Aujourd’hui nous continuons à travailler avec ceux qui ont participé au camp grâce à des appels vidéo. C’est ainsi que nous avons conçu le projet “1000 Actions pour un Changement” qui vise à  susciter des actions écologiques pour atténuer la crise climatique. J’ai été choisi comme représentant mon Pays pour le réaliser. Qui la testimonianza di Javier  lors du lancement de la campagne Pathway 2020-2021 “Dare to care”.  

                                                                                   Propos recueillis par Anna Lisa Innocenti

Un amour qui se voit

L’amour chrétien n’est pas seulement une attitude intérieure, mais il se manifeste par des faits concrets, par des actes que l’on peut voir, à commencer par un simple sourire. Telle est l’invitation que lance Chiara Lubich dans le texte qui suit. Et même si le sourire, en cette période de pandémie, se cache peut-être derrière les masques, il y a mille autres façons de montrer notre amour « Aimez-vous les uns les autres. » C’est la vocation de tout chrétien, mais la nôtre en particulier. Ce qui se disait des premiers chrétiens m’a fait tout particulièrement réfléchir ces jours-ci : « Voyez comme ils s’aiment. Chacun est prêt à mourir pour l’autre. » Donc cela se voyait qu’ils étaient prêts à mourir l’un pour l’autre. Peut-être cela venait-il du fait qu’il n’était pas rare, en cette période de persécution, qu’un chrétien offre sa vie pour un autre. Il reste néanmoins que la mesure de cet amour qu’ils avaient entre eux se voyait. A nous, en général, il n’est pas demandé de mourir ; cependant nous devons toujours être prêts. C’est sur cette base que nous devons accomplir chaque acte d’amour réciproque. […] Même un simple sourire, un geste, un acte d’amour, une parole, un conseil, un encouragement ou une correction opportune adressée au frère, révèle notre promptitude à mourir pour lui. Que l’on voie notre amour, certes non par vanité, mais pour nous assurer qu’il y ait toujours l’arme puissante du témoignage. Souvent nous nous trouvons nous aussi comme les premiers chrétiens dans un monde sans Dieu, déchristianisé. Nous devons donc être témoins de Jésus. C’est là que se trouvent les 90% de l’efficacité de notre action pour annoncer la Bonne Nouvelle.

Chiara Lubich

(Extrait d’une téléréunion, Rocca di Papa, 11 mai 1989)

Faire ressortir l’autre

Une nouvelle phase préparatoire à l’Assemblée générale des Focolari qui se tiendra en janvier 2021 a commencé par trois jours de vidéoconférence entre les délégués des Focolari dans les différentes régions du monde et le Conseil général. La rencontre des responsables des Focolari du monde entier s’est tenue cette année par vidéoconférence et s’est terminée le 12 septembre. Cette date, dans des conditions normales, aurait marqué également le dernier jour du mandat de la présidente actuelle, Maria Voce. Mais cette période – qui est tout sauf normale – enregistre par contre une prolongation du mandat de Présidente à cause du Covid car l’Assemblée générale, qui a également pour tâche d’élire tous les organes directeurs des Focolari, a été reportée du début septembre 2020 à 2021 (24 janvier – 7 février). Comment, alors, transformer ce temps d’attente en temps de grâce ? Cette question a ouvert et guidé la rencontre des dirigeants et à laquelle Maria Voce a répondu de manière profonde et concise : « Nous sommes appelés à témoigner de la possibilité de relations trinitaires ! Ce qui signifie simplement : chacun fait tout ce qu’il peut pour que l’autre puisse s’exprimer ». Les sessions consacrées au partage de la vie des communautés des Focolari dans les différentes zones géographiques du monde ont mis en évidence l’engagement global pour faire face au défi et aux nouvelles conséquences « filles » de la pandémie du coronavirus : l’impossibilité de faire des rencontres présentielles a conduit à une augmentation de réunions numériques qui touchent souvent plus de personnes et brisent les schémas territoriaux ou catégoriels qui, dans la situation actuelle, mettent en évidence diverses limites. Les difficultés économiques exigent en outre de nouvelles réflexions à la recherche de solutions pour un mode de vie sobre et durable et en faveur d’ouvrages et de structures adaptés. En outre, le climat d’insécurité personnelle et communautaire croissant conduit à un nouveau choix de vie évangélique en vue d’un monde plus uni. Le troisième jour de la conférence a marqué le début d’un nouveau parcours préparatoire pour le Mouvement vers l’Assemblée générale de 2021. Le temps gagné servira à favoriser une préparation plus participative et capillaire, un voyage synodal. Jusqu’au 24 octobre, les membres du Mouvement auront l’occasion d’approfondir les sujets rassemblés jusqu’à présent afin d’identifier les thèmes préférentiels qui seront inclus dans un document de travail. Avant Noël, les participants à l’Assemblée auront l’occasion de faire connaissance avec les candidates à la Présidence et avec les candidats à la Coprésidence. Dans une série de webinaires, on pourra aborder les principaux thèmes avec l’aide d’experts externes. La préparation sera ensuite conclue dans les premières semaines de janvier par un travail de groupe entre les participants.

Joachim Schwind

 

Agir dans le monde

Emmanuel et Annick du Mouvement des Focolari, donnent de leur temps libre à la Croix-Rouge française. Dès le début de la crise sanitaire provoquée par le coronavirus, des opérations de soutien aux personnes en difficulté ont été lancées partout sur le territoire français. Le couple a prêté main-forte à deux d’entre elles. La première action consistait à organiser la livraison de médicaments ou de courses alimentaires aux personnes empêchées. Ingénieur à l’université de Strasbourg, Emmanuel est passé presque à temps plein comme bénévole afin de coordonner l’opération pour l’entière province du Bas-Rhin (autour de la ville de Strasbourg). « C’était un gros travail de logistique pour mettre en place les équipes et faciliter la circulation de d’information. Même si je ne sortais pas parfois pendant trois jours, je n’ai pas eu le sentiment d’être seul. En revanche, j’ai vécu la frustration de travailler d’arrache-pied sans quasiment voir les bénéficiaires ». Durant cette période, la demande, surtout alimentaire, a explosé. En effet, beaucoup d’associations d’aide sociale ont dû fermer car la majorité de leurs bénévoles s’est retrouvée confinée en raison de leur âge. L’autre opération a été lancée par le Parlement européen à Strasbourg du 29 avril au 31 juillet. Il a décidé de rouvrir ses cuisines pour confectionner 500 repas par jour. La préfecture était chargée de trouver les bénéficiaires localement et la Croix-Rouge française d’assurer l’acheminement des repas. Annick, qui a continué son travail d’infirmière puéricultrice et son engagement en tant que bénévole, raconte : « On sentait les gens heureux de recevoir quelque chose. Même si certains étaient surpris et incrédules – pensant à des contrôles cachés -, ils étaient en attente de ce repas. » « Les institutions se sont énormément investies au cœur de la crise », a remarqué Emmanuel. Quel sens a cet engagement pour chacun d’eux? « Je me ressource avec la spiritualité des Focolari, mais l’expression de notre vie, c’est dans la société, c’est (se) donner concrètement dans le monde ! », répond Annick. Emmanuel complète : « C’est important de ne pas rester dans notre coin, entre membres des Focolari, mais d’agir dans le monde. Par ailleurs, les sept principes de la Croix-Rouge que sont l’humanité, l’unité, l’universalité, la neutralité, l’indépendance, l’impartialité et le volontariat résonnent fortement avec l’art d’aimer et la règle d’or ». La demande a explosé, surtout alimentaire. « Dans le contexte tendu de la crise, la qualité des relations humaines entre bénévoles et bénéficiaires sur le terrain et dans l’organisation était importante. Par exemple, je faisais de la médiation entre les bénévoles en cas de tensions. Le charisme de l’unité des Focolari m’a été d’une grande aide pour comprendre les situations, perdre mon idée et bien vivre le moment présent », partage Emmanuel. « Cette période a fait ressortir le bon et le mauvais en nous », a observé Annick. Son mari se réjouit de constater qu’elle a suscité de nouvelles idées d’action, notamment par rapport à la fracture numérique ou à la pauvreté relationnelle. « La grande leçon de la pandémie pour beaucoup est d’avoir pris conscience que l’on ne peut pas vivre les uns sans les autres. L’interdépendance était la grande bataille de Chiara Lubich à la fin de sa vie … Mon optimisme me pousse à croire que davantage de personnes vont s’engager dans des associations et vont développer leur sens du bénévolat. »

Émilie Tévané

Source: Nouvelle Cité, N°604, juillet-août 2020, p. 41.

Accueillir la douleur du monde

Le congrès annuel des délégués des Focolari du monde entier avec les membres du Conseil général du mouvement se tiendra en vidéoconférence du jeudi 10 septembre au samedi 12 septembre. L’appel de la présidente Maria Voce. “Nous devons nous oublier et être – en tant que Mouvement – plus disposés à accepter la douleur du monde”. C’est avec cet appel fort que la présidente Maria Voce a donné une orientation claire à la rencontre  internationale des responsables des Focolari qui va commencer ce jeudi 10 septembre en vidéoconférence. Dans un discours prononcé lors d’une récente réunion avec le Conseil général des Focolari, Maria Voce a exprimé sa consternation face aux nombreuses souffrances dont les médias font quotidiennement état, surtout en cette période de pandémie. Elle a partagé avec ses plus proches collaborateurs une question : “Qui peut absorber toute cette douleur ? Il me semble que Dieu nous demande d’être plus proches de cette douleur dans le monde, plus disposés à l’accueillir, à l’aimer, à prier… mais aussi à faire quelque chose de plus”. Une réponse qui est à la fois un programme spirituel et un programme d’action. Le programme de la réunion des délégués du Mouvement à travers le monde avec le Conseil général (10-12 septembre) se tiendra en vidéoconférence et sera caractérisé par un large partage sur les défis locaux, spécifiques aux différents contextes géographiques, mais aussi communs, de cette période particulière ; avec ses énormes souffrances et ses nouvelles potentialités. Dans le dialogue et le partage, on tentera d’identifier la contribution spécifique des Focolari aux changements d’époque en cours, présents et futurs. Ce thème ne sera certainement pas épuisé ces jours-ci, mais il restera sur la table également en vue de la prochaine Assemblée générale du Mouvement, initialement prévue pour la première moitié de septembre 2020, mais qui, en raison de l’urgence du Covid-19, a été reportée au début de l’année prochaine : du 24 janvier au 7 février 2021. Lors du prochain congrès, les délégués du Mouvement seront également informés des modalités proposées par la Commission préparatoire de l’Assemblée générale afin d’utiliser le temps “gagné” en vue d’une implication toujours plus croissante de tous les membres du Mouvement dans la préparation de l’Assemblée.

          Joachim Schwind  

États-Unis : la pandémie nous ramène à l’essentiel

États-Unis : la pandémie nous ramène à l’essentiel

Depuis des mois, un prêtre parcourt chaque jour de nombreux kilomètres à vélo ou en camionnette pour être proche de sa communauté. Une expérience, vécue avec une équipe de paroissiens, qui a uni et élargi les horizons, avec également des effets sur la période post-pandémique. Si les périodes de confinement et les règles de distanciation physique nous obligent à peu fréquenter des lieux d’agrégation comme la paroisse, pourquoi le prêtre ne peut-il pas être le pont et le lien entre tous ? C’est ce que le père Clint Ressler, prêtre catholique américain, fait chaque jour depuis le début de la pandémie, traversant de long en large le territoire de sa paroisse de St. Mary of the Miraculous Medal à Texas City (États-Unis), pour rendre visite à ses paroissiens. Père Clint, comment la vie a-t-elle changé dans votre paroisse pendant cette pandémie ? Il est vrai que la pandémie change radicalement la façon dont nous entretenons et développons nos relations. Je sens plus fortement en moi la conscience que Dieu nous appelle à la coresponsabilité. En tant que pasteur, je suis entouré et soulagé par une belle équipe, forte et très motivée. Peut-être aussi parce que nous sommes plus concentrés sur l’essentiel de notre mission, nous éprouvons la joie et la gratitude, en voyant le fruit de nos efforts. Avant la pandémie, mes journées étaient remplies de contacts avec de nombreuses personnes. Peut-être étais-je parfois trop occupé par des projets ou des réunions ou par le fait de devoir être présent et attentif à chacun. Maintenant, je me trouve plus dans « l’être » que dans le « faire », aussi parce que tout le monde a besoin de communion, de relations authentiques. La relation entre les groupes paroissiaux et les autres qui offrent un service dans la paroisse est plus personnelle, par des moments intenses au téléphone, par les réseaux sociaux et même par des courtes visites. Il me semble que ce grand désir de vivre la communion que Dieu a placé dans nos cœurs trouve ses canaux pour surmonter les difficultés. Qu’avez-vous fait pour continuer à être proche de vos paroissiens ? Vu qu’il y a moins de réunions et plus d’attention à la mission essentielle, je ne me sens pas aussi occupé qu’avant la pandémie. Ensuite, il y a la voix de Dieu à l’intérieur qui suggère de ralentir, de Lui faire confiance et d’être patient. Au début de la pandémie, j’essayais de rendre visite à de nombreux paroissiens, à bicyclette ou en camionnette. Au cours des premiers mois, je rendais également visite jusqu’à douze familles par jour. Maintenant, je prends un rythme plus lent ; je fais moins de visites, mais j’essaie de passer plus de temps avec les gens. Pouvez-vous nous raconter le moment le plus beau et le plus difficile de ces visites ? Choisir un épisode n’est pas facile. Un jour, je suis arrivé dans une famille qui avait vu leur maison partir en fumée quelques jours auparavant à cause d’un incendie. Les enfants étaient non seulement sans abri, mais aussi sans jouets. Un voisin avait immédiatement offert l’hospitalité, en accueillant cette famille chez lui. C’était la visite la plus triste mais la plus édifiante. J’ai été frappé par la façon dont cette expérience a soudainement changé l’appel du Pape François à être des « disciples missionnaires », passant de belles paroles à quelque chose qui pouvait et devait être désespérément vécu. – Que pensez-vous que cette expérience apportera de positif à la vie de votre communauté paroissiale même après la fin de la pandémie ? La pandémie a permis à de nombreuses personnes de se familiariser avec la « foi en ligne ». Les paroissiens ont acquis une plus grande expérience dans l’utilisation des moyens technologiques en général, mais aussi dans leur foi. J’ai été personnellement édifié par la façon dont nos paroissiens se sont occupés les uns des autres. Je crois qu’après la pandémie, nous verrons les fruits de cette proximité et de ces expressions concrètes de réciprocité. Avec la pandémie, le sens de la solidarité est devenu encore plus fort ; nous nous sentons appelés à vivre la solidarité non seulement avec nos voisins mais aussi face aux besoins et aux défis du monde entier. Nous comprenons que nous sommes « tous ensemble » dans cette situation. Et j’espère que cela restera dans nos cœurs et dans tout ce que nous faisons, même après la pandémie. – Vous connaissez et vivez la spiritualité des Focolari, quelle influence a-t-elle sur votre vie de prêtre et de curé, en général et surtout en cette période de pandémie ? La responsabilité d’une paroisse peut être lourde et complexe et exige du discernement et des décisions difficiles. Cependant, si j’essaie de me concentrer sur l’amour concret, cela ne semble pas si accablant. Bien sûr, tout commence par l’union avec Dieu.  En tant que prêtre et surtout en tant que pasteur, on m’a confié une tâche qui implique de l’influence et de l’autorité. Parfois, en tant que leader, je peux tomber dans une « mentalité de manager » qui valorise l’efficacité, évite les risques et évalue les résultats. La spiritualité du mouvement des Focolari, le témoignage de Jésus, m’appelle au service, à l’humilité et à la fidélité dans la patience. J’ai compris que pour nous, le point de départ fondamental pour découvrir la volonté de Dieu est de vivre avec Jésus au milieu de nous. En d’autres termes, nous devons être « l’Église », le corps mystique du Christ. Alors que par la grâce de Dieu nous vivons et grandissons dans ces relations réciproques, nous pouvons écouter la voix « subtile » du Saint-Esprit. Je pense que ces années de vie avec le mouvement des Focolari ont enraciné en moi le désir d’apporter ce type de discernement à la paroisse, au personnel de la paroisse, au conseil pastoral et à chaque groupe et commission.

Anna Lisa Innocenti

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S’aider réciproquement

Nous sommes tous reliés comme les membres d’un seul corps. Si l’un est plus faible, l’autre prend le relais. Telle est la logique évangélique simple, mais déroutante que nous présente Chiara Lubich dans l’écrit suivant, aujourd’hui plus actuel que jamais Une salle d’hôpital. Un homme au torse plâtré, le bras droit immobilisé. Il se débrouillait tant bien que mal pour tout faire avec l’autre. Le plâtre était une torture, mais son bras gauche se fortifiait en travaillant pour deux, même si le soir il était plus fatigué. Nous sommes membres les uns des autres, et le service mutuel est un devoir pour nous. Jésus ne l’a pas seulement conseillé, il nous l’a commandé. Quand la charité nous pousse à rendre service à quelqu’un, ne nous prenons pas pour des saints. Si notre prochain est invalide, nous devons l’aider, comme il s’aiderait lui-même s’il le pouvait. Autrement, quels chrétiens sommes-nous ? Et si, à notre tour, nous avons besoin de la charité de notre frère, n’en soyons pas humiliés. À l’heure du jugement, nous entendrons Jésus nous dire : « J’étais malade… et vous m’avez visité… j’étais en prison… nu, j’ai eu faim… » Jésus aime se cacher sous le visage de ceux qui souffrent, de ceux qui sont démunis. Aussi, quand nous sommes dans le besoin, ayons le sens de notre dignité et remercions de grand cœur ceux qui nous aident. Mais réservons notre plus profonde reconnaissance à Dieu, qui a créé le cœur humain charitable, au Christ qui, en proclamant par son sang la Bonne Nouvelle et surtout ”son” commandement, a incité tant de cœurs à s’aider réciproquement.

Chiara Lubich

 Tiré de : Chiara Lubich, J’étais malade, in : Chiara Lubich, Écrits spirituels/1, Ed. Nouvelle Cité 2000, p. 36.

Vietnam : une réponse à la pauvreté provoquée par la pandémie

Vietnam : une réponse à la pauvreté provoquée par la pandémie

Quelques projets de solidarité ont été réalisés par l’association « Goutte à goutte » en collaboration avec des organisations opérant en Asie du Sud-Est. Le nombre de victimes du coronavirus dans le monde augmente sans cesse. Nombreuses sont les personnes qui, bien qu’elles n’aient pas contracté le virus, se trouvent, en raison de la situation économique et sociale créée, dans des conditions d’extrême pauvreté ; elles sont privées, dans certains cas, du nécessaire pour vivre au quotidien . Dans ces situations, les initiatives de solidarité se multiplient, résultat de réseaux qui dépassent parfois les frontières nationales. Au Vietnam, par exemple, la région de Long An, au sud de la ville d’Ho Chi Minh, présente des poches de pauvreté très profondes. Les couches les plus vulnérables de la société sont touchées par les conséquences de la pandémie. Beaucoup de personnes âgées, qui vivaient de la vente de billets de loterie, ont été forcées de rester isolées dans leur maison, souvent réduites à la famine. C’est précisément dans cette région qu’opère l’association suisse « Goutte à goutte », coordonnée par un focolarino italien, Luigi Butori, qui vit en Asie depuis de nombreuses années. Parmi les bénévoles et ses sympathisants, dans divers pays du monde, il y a de nombreux amis du mouvement des Focolari. « Goutte à goutte » travaille depuis plusieurs années à la mise en œuvre de plus de 20 projets de solidarité en Thaïlande, au Myanmar et au Vietnam. À Long An, l’association distribue environ 40 rations de lait et de nourriture chaque mois. Parmi les personnes aidées, outre les personnes âgées, on trouve également des personnes handicapées, des adultes laissés seuls, des enfants abandonnés chez leurs grands-parents ou des personnes souffrant de conséquences d’accidents graves, comme An, 14 ans, qui a été paralysé et forcé de vivre sur son lit. Localement, l’association dispose d’une personne qui intervient chaque fois que cela est nécessaire. Grâce à ces bénévoles locaux, elle tente d’arriver jusqu’au « dernier des derniers » et d’apporter non seulement une aide matérielle mais aussi un soutien qui leur fait sentir qu’ils ne sont pas seuls à affronter une période dramatique de l’histoire de l’humanité. Pour les responsables du « Goutte à goutte », c’est un élément très important de leur activité : faire sentir aux gens qu’ils ne sont pas abandonnés, mais qu’il y a quelqu’un qui prend soin d’eux en commençant par leur sourire. Le projet Long An existe depuis deux ans  environ et est soutenu par des enfants de certaines classes et de diverses familles dans différents pays du monde. Beaucoup de personnes envoient de petites sommes d’argent qui, comme le dit le nom de l’association, permettent d’apporter, avec d’autres petites gouttes, de grandes quantités d’aide. Mais « Goutte à goutte », opère également le long de la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar, avec un projet qui soutient les enfants Karen dans différents villages de Mae Sot, dans le camp de réfugiés de Mae La, à l’orphelinat Heavenly Home. En ce temps de pandémie, les bénévoles de « Goutte à goutte » ont récemment dû faire un long voyage pour leur rendre visite et leur apporter l’aide matérielle. « Ce furent trois belles journées », disent-ils, « pendant lesquelles nous avons reçu beaucoup plus que ce que nous avons donné ». Enfin, pendant la période de diffusion du Covid-19 « Goutte à goutte » a pu collaborer avec Caritas Singapour et Caritas Vietnam, ainsi qu’avec d’autres associations opérant en Asie du Sud-Est, pour un projet visant à distribuer 1.200 colis aux familles de la région de Binh Thanh, à Ho Chi Minh.

Anna Lisa Innocenti

Voici la vidéo de l’action.

Pérou – Autorité et miséricorde

Pérou – Autorité et miséricorde

Conjuguer profession et paternité selon les valeurs de l’Évangile : le témoignage d’un médecin péruvien à la pointe de la lutte contre la COVID -19. Je suis médecin depuis 25 ans et père de famille depuis 17 ans, mais je me rends compte que je n’ai pas encore appris à vivre chacune de ces missions selon les valeurs auxquelles je crois. Cette période de pandémie s’avère être une véritable école pour moi, pour évoluer dans ces deux rôles,  y compris dans des aspects qui ont été jusqu’à présent sous-estimés non seulement par moi mais par la plupart des gens. Depuis le début de cette épidémie mondiale, je travaille dans un hôpital de campagne Covid, le premier de la ville, qui accueille les patients de Piura, située au nord du Pérou.  J’ai vu plus de malades mourir au cours de ces trois derniers mois qu’en 25 ans  de pratique. Je sors de  l’une des meilleures facultés de médecine du Pays, réputée pour son prestige et sa rigueur scientifique. Cette terrible maladie m’a fait découvrir les limites, l’impuissance et les incertitudes de la science médicale  confrontée à ce virus inconnu. Malgré l’administration massive d’oxygène et les thérapies mises à notre disposition, j’ai vu mes patients souffrir beaucoup et mourir d’asphyxie. Dans un pays pauvre comme le nôtre,  nous sommes confrontés chaque jour  au manque de personnel et d’équipement. Combien de fois  me suis-je senti impuissant et démuni devant mes patients lorsque la maladie empirait ! Au milieu de la confusion générale, on pouvait les entendre crier : « J’ai soif ! De l’eau, s’il vous plaît ! Donnez-moi de l’eau ! » Les malades se plaignaient parfois et, c’est seulement lorsqu’on s’approchait d’eux pour leur demander s’ils voulaient boire, qu’ils faisaient un signe de tête affirmatif. C’est ainsi que, en plus de mon travail d’observation et de réflexion, j’ai commencé à donner à boire à tous ceux qui me le demandaient, à remonter leur oreiller, à tenir leurs mains entre les miennes, à caresser leur front, à leur masser le dos quand ils me le demandaient, ou à leur passer le bassin pour uriner. Ou bien je les aidais simplement à marcher, à prier avec eux ou pour eux et, à la fin, j’essayais de les réconforter dans leurs derniers moments. J’ai compris que l’exercice de notre métier comporte une double dimension : celle de l’autorité  conférée par la science médicale qui guérit souvent, mais il y a aussi la dimension humaine, fondée sur la miséricorde et l’amour qui viennent de Dieu et s’expriment dans des actes simples et quotidiens qui guérissent souvent l’âme. Science et compassion, connaissance et miséricorde, corps et âme, homme et Dieu, raison et foi : ce sont les deux faces d’une médaille qui peuvent combler  notre vie d’homme et le service que nous rendons; un équilibre difficile à atteindre. Entre le travail épuisant à l’hôpital, la surcharge d’émotions intenses et mes faiblesses, je rentrais chez moi pour dîner avec la seule envie de me reposer et de me défouler. Mon fils aîné, en pleine adolescence, frustré par le confinement et débordant d’énergie, a commencé à polémiquer avec tout le monde, surtout avec moi. Il me traitait comme un adversaire ou un ennemi et à table, on était comme sur un champ de bataille. Au départ, en proie à mes passions et à mon impulsivité, j’ai vécu avec lui une sorte de lutte acharnée au ton offensif. Pour la énième fois, j’ai vu mon autorité compromise et ma tentative de l’imposer par la force n’a fait qu’empirer les choses. À la maison, j’ai aussi redécouvert d’autres aspects de la paternité, comme la miséricorde et l’humilité, et j’ai donc commencé à me taire et à offrir à Dieu mon pardon face aux offenses, mais aussi à l’exprimer et à le demander si je  me rendais compte que j’étais allé trop loin. J’ai essayé de voir dans l’attitude agressive de mon fils une demande d’aide et d’affection ; de me taire davantage pour calmer la discussion et de continuer à prier seul et en famille même lorsque tout me semblait inutile. Peu à peu la situation s’améliore et nous retrouvons  l’équilibre d’une relation normale entre père et fils. Celle-ci repose sur deux piliers essentiels : l’autorité et la miséricorde. Ne sont-elles pas des expressions de la vie divine ?

                                                            Aux bons soins de  Gustavo E. Clariá

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De nouvelles voies vers l’écologie intégrale

De nouvelles voies vers l’écologie intégrale

Le 1er septembre est la “Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création”. L’engagement des Focolari avec l’adhésion à l’initiative “Le Temps de la Création” et avec une rencontre en octobre 2020. Le 1er septembre, la « Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création » est célébrée. Elle a été instituée par le pape François en 2015, l’année de l’encyclique Laudato Si’. Le Pape y invite chacun à s’engager à prendre soin de la Création. C’est notre maison, notre bien le plus précieux. Et il demande que nous surmontions le système socio-économique actuel. Nous ne pouvons plus exploiter la planète Terre comme s’il y avait des ressources naturelles illimitées. Nous devons agir rapidement et trouver un autre modèle de développement. Que pouvons-nous faire pour être plus concrets ? Le Laudato si’ montre un chemin vers une « conversion écologique » : changer les modes de vie et essayer de mettre en pratique les principes de l’écologie intégrale. Dans ce texte, nous ne parlons donc pas seulement d’environnement, mais aussi de politique, d’économie, de société. Il faut partir de nous, de nos choix quotidiens de consommation, des élections  pour choisir des politiciens plus attentifs au soin de la nature ; pour avoir plus d’influence dans la société afin d’augmenter les énergies renouvelables et diminuer l’utilisation des sources fossiles. Cette année encore, le Mouvement des Focolari adhère à l’initiative « Le temps de la Création », la célébration annuelle de prière et d’action pour notre maison commune qui commence le 1er septembre et se termine le 4 octobre, fête de saint François d’Assise, patron de l’écologie aimé par de nombreuses confessions chrétiennes. Ce réseau mondial encourage tout le monde à organiser des événements et à les inscrire sur le site web. Une initiative à caractère œcuménique aux racines trentenaires : en 1989, c’est le patriarche de l’Église Orthodoxe de Constantinople, Dimitrios, qui a donné l’impulsion décisive aux différentes Églises chrétiennes pour déclarer conjointement le 1er septembre « Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création ». Pour cette année, le thème proposé est « Jubilé pour la Terre : nouveaux rythmes, nouveaux espoirs ». Un événement utile pour considérer la relation intégrale entre le repos de la Terre et les modes de vie écologiques, économiques, sociaux et politiques, notamment en raison des effets de grande portée causés par la pandémie mondiale du Covid-19. Du 23 au 25 octobre, à Castel Gandolfo (Italie), se tiendra également une rencontre organisée par EcoOne – le réseau écologique des Focolari – à laquelle participeront des experts, des hommes politiques, des professeurs d’université, des organisations et des associations, afin d’examiner l’impact de Laudato sì’ sur le monde contemporain et les nouvelles voies explorées vers une écologie intégrale.  L’événement vise à mettre en évidence le rôle que les individus et les entités sociales peuvent jouer dans la prise en charge de notre maison commune. Il s’agit également d’une année spéciale, entre autres, car le 24 mai dernier, à l’occasion du cinquième anniversaire de l’encyclique, le pape François a annoncé une année spéciale – jusqu’au 24 mai 2021 – de Laudato Si’. L’urgence de la situation est telle qu’elle exige des réponses concrètes et immédiates impliquant tous les niveaux, tant locaux que régionaux, nationaux qu’internationaux. Il est notamment nécessaire de créer « un mouvement populaire » à partir de la base, et une alliance entre tous les hommes de bonne volonté. C’est pourquoi il est important de participer à des initiatives telles que « Le temps de la Création » ou la rencontre EcoOne d’octobre prochain. Comme nous le rappelle le pape François, « nous pouvons tous collaborer en tant qu’instruments de Dieu pour le soin de la création, chacun avec sa propre culture et son expérience, ses propres initiatives et capacités ». (LS, 14)

Lorenzo Russo

Un amour au service de tous

Dans de nombreux pays, les restrictions dues à la pandémie de coronavirus ont bloqué également toute forme de rassemblement religieux, de culte et de prière. Le désir des fidèles d’être avec Dieu n’a cependant pas diminué. Que faut-il faire ? Chiara Lubich propose une voie originale. « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 20). […] Jésus adresse cette promesse à ses disciples […] (mais) il pensait aussi à nous tous qui allions devoir vivre au milieu de la vie complexe de tous les jours. Lui, l’Amour incarné, voulait rester toujours parmi les hommes, partager leurs préoccupations, les conseillers, marcher avec eux, entrer dans leurs maisons, les combler de joie par sa présence. Voilà pourquoi il a voulu rester avec nous, nous faire expérimenter sa proximité, nous donner sa force et son amour. […] Si nous vivons ce qu’il nous demande, spécialement son commandement nouveau, nous pouvons donc le rencontrer aussi en dehors des églises, au milieu des personnes, partout où elles vivent, où que ce soit. Ce qui nous est demandé, c’est l’amour réciproque, un amour de service, de compréhension, qui nous fait participer aux souffrances, aux angoisses et aux joies de nos frères ; l’amour caractéristique du christianisme, qui couvre tout, qui pardonne tout. Vivons de cette manière, afin que tout homme ait, déjà sur cette terre, la possibilité de rencontrer Dieu.

Chiara Lubich

  Extrait de la Parole de vie de mai 2002, in: Chiara Lubich, Parole di Vita, p. 657. Città Nuova Ed., 2017.

L’ « experiencia » de la Mariapolis Lia devient un cours universitaire 

L’ « experiencia » de la Mariapolis Lia devient un cours universitaire 

L’école de la cité-pilote argentine qui forme depuis cinquante ans des milliers de jeunes du monde entier se présente aujourd’hui comme un « programme d’extension universitaire et de formation professionnelle ». Jusqu’à il y a un peu plus d’un mois, on pouvait la définir comme une sorte de master en “vie sous le   signe de la culture de l’unité”, mais, l'”experiencia” – l’expérience – définie justement comme étant le cours annuel pour les jeunes à la Mariapolis Lia, en Argentine, a maintenant une certification universitaire. Le nouveau programme d’études est le résultat de l’élaboration conjointe des équipes pédagogiques de la Fondation du Centre latino-américain pour l’Évangélisation sociale (CLAdeES) et de l’École des jeunes « Mariápolis Lía », en accord avec l’Université nationale du Nord-Ouest de la province de Buenos Aires (Unnoba). Le « programme d’extension universitaire et de formation professionnelle » – c’est le titre académique que les étudiants obtiendront à O’Higgins – combine la dimension de formation intégrale selon quatre axes thématiques : anthropologique et philosophique, historique et culturel, communautaire et enfin transcendant. Il dure 11 mois et ceux qui veulent le compléter auront accès à l’extension universitaire et à l’accréditation de la formation professionnelle avec trois orientations possibles : éducation, éco-responsabilité et gestion multiculturelle; leadership de la communauté et développement des processus participatifs ; ou art, communication et production multimédia. La proposition de formation sera élaborée au moyen de séminaires spécialisés, de stages de travail et d’enquêtes sur le terrain, sur base des valeurs de la pensée sociale chrétienne. Il est également prévu de s’intégrer à la section latino-américaine de l’Institut universitaire Sophia. Située près de la ville de O’Higgins, dans la province de Buenos Aires, la « Mariápoli Lía » offre aux jeunes une expérience formatrice qui intègre travail, études, activités culturelles et récréatives, sports et intérêts particuliers. Ces activités sont comprises comme les différents aspects d’une même formation intégrale. En effet, le concept d’étudiant coïncide avec celui de citoyen, on suppose donc que tous sont des bâtisseurs de la ville. Une équipe d’experts et d’enseignants dans les différentes disciplines les suit dans leur apprentissage des points de vue spirituel, anthropologique, social et doctrinal. Les plus de 6 000 jeunes qui ont passé une période à la Mariapolis sont eux-mêmes la preuve de la valeur formatrice de leur vie, mise à profit dans différents milieux (managers, économistes, éducateurs, professionnels, travailleurs, parents, personnes consacrées…). L’ « experiencia » reste un point lumineux tout au long du parcours de vie, en contribuant à surmonter les passages humains et professionnels difficiles.

Stefania Tanesini

Évangile vécu/2 Les uns pour les autres

Combien de fois Dieu se sert-il de quelqu’un pour nous rapprocher de Lui ? Nous ne devrions jamais l’oublier car nous aussi, pourrions un jour être instrument pour quelqu’un. Une nouvelle espérance Aux USA pour les études, j’avais décidé de rentrer au pays cédant ainsi à l’insistance des miens, mais j’étais resté bloqué par la quarantaine, dans un institut proche de la frontière avec environ 500 personnes. Avec la réelle sensation de me retrouver en prison. Fort heureusement, mon GSM me gardait relié au monde extérieur. Quand j’ai eu l’occasion de voir quelqu’un, je lisais en eux les mêmes questions sur ce qui était en train de se passer. Au cours de ces journées, j’ai connu « à distance » un prêtre salésien. Tout en étant lui aussi isolé comme nous l’étions, il y avait une paix qui émanait de lui, paix que je n’avais pas et que les autres ne semblaient pas non plus avoir. C’était comme s’il n’était étonné de rien. Au début, il célébrait seul dans sa petite chambre, puis j’ai commencé à participer à la messe. Pour être bref, j’ai retrouvé les sacrements et la foi d’avant, même si ce n’était pas comme avant. Ma copine a aussi remarqué le changement. Et il m’arrive de penser : « si cette transformation a eu lieu en moi, sera-t-elle aussi advenue en d’autres personnes?Et une nouvelle espérance naît en moi : que ce monde qui semblait avant m’enlever cette transformation puisse maintenant reprendre le chemin sur d’autres voies. V.K. – Slovaquie   Landau pour bébés J’avais connu une jeune tzigane qui attendait un enfant. Elle avait besoin de tout, des vêtements jusqu’à tout le matériel nécessaire pour la naissance de l’enfant. J’avais lu dans l’Évangile : « Tout ce que vous demanderez au Père…il vous le concédera ». Ce jour-là, j’ai demandé avec la foi à Jésus pendant la messe, un landau pour bébés. Plus tard, à l’école, je me suis engagée plus que jamais à aimer mes camarades et mes professeurs. Retournée à la maison le soir, j’ai appris de Maman qu’une voisine, sachant que j’aide les pauvres, avait laissé quelque chose pour moi. Il s’agissait…d’un landau pour bébés ! J’ai été tout émue de cette rapide réponse de la Providence ! M.C. – Espagne Bénédiction Infirmière depuis un mois, justement en cette période du coronavirus, dans l’hôpital où je travaillais, j’ai partagé aux autres infirmières la solitude de différents patients passés à l’autre vie sans le réconfort de leur propre famille. L’expérience la plus forte a été pour moi lorsque j’ai su de ma maman que, selon les paroles du pape, médecins et infirmières étaient habilités à donner une bénédiction aux patients défunts, j’ai pu tracer un signe de croix sur le front et la poitrine de plusieurs d’entre eux avant encore d’accomplir les pratiques de constatation de la mort et de conduire les corps à la morgue. Giuseppe – Italie

                                                                                                                      D’après Stefania Tanesini

Une spiritualité œcuménique

Une spiritualité œcuménique

Le charisme de Chiara Lubich pour l’unité des chrétiens. Entretien avec Lesley Ellison, anglicane, première focolarine non catholique à avoir suivi Chiara. Vivre ensemble l’Évangile, la Parole de Dieu ; aimer son frère comme Jésus l’a fait, au point de mourir pour l’autre ; vivre pour l’unité entre ceux qui croient en Christ, au-delà de toute appartenance et division. C’est autour de ces axes que se déploie le potentiel œcuménique du charisme de l’unité de Chiara Lubich. “Une spiritualité complètement œcuménique”, c’est ainsi que la définit le Card. Kurt Koch, président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, dans la préface du livre “Une spiritualité pour l’unité des chrétiens. Pensées Choisies”, publié par Città Nuova. Cent ans après sa naissance, cet ouvrage rassemble quelques discours et réponses de la fondatrice du mouvement des Focolari au sujet de l’œcuménisme. L’introduction a été rédigée par la présidente des Focolari, Maria Voce, et la postface par le Secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises de l’époque, le pasteur Olav F. Tveit, aujourd’hui Président de la Conférence des évêques luthériens de Norvège. Lesley Ellison, anglicane, est la première focolarine non catholique à avoir suivi Chiara : Ton expérience a ouvert la voie à beaucoup. N’as-tu jamais eu d’hésitations ? « J’ai grandi dans une famille protestante avec des préjugés contre les catholiques, et à cette époque, à Liverpool, les deux communautés étaient séparées. Comme Chiara, je voulais moi aussi donner ma vie à Dieu. Quand je l’ai entendue pour la première fois, en 1967 à Canterbury, je fréquentais les focolarines de Liverpool depuis un an, nous cherchions à vivre l’Évangile, mais je ne savais pas qu’elles étaient catholiques. Tout comme je ne connaissais pas la communauté des personnes autour du focolare. Quand j’ai réalisé qu’elles étaient toutes catholiques, j’ai été bouleversée, mais à Canterbury, en écoutant Chiara, j’ai compris que Dieu aime tout le monde, et que “tout le monde” inclut aussi les catholiques ! Il était nécessaire que je bouge intérieurement  et que je mette de côté mes préjugés. Quand je suis arrivée à Liverpool, un couple catholique m’a proposé de me ramener chez moi. « Mais je suis protestante », leur ai-je dit. Et eux de me répondre : « Très bien ! Nous nous aimons ! » C’était ma première expérience œcuménique ! » Quand as-tu senti que la Spiritualité de l’unité pouvait être la tienne ? « En 1967, je suis allée visiter la Cité pilote de Loppiano. Au cours de cette visite, il y a eu une messe catholique, mais moi, comme anglicane, je n’ai pas pu recevoir l’Eucharistie. Ce clivage entre nos Églises me semblait absurde, si douloureux que j’ai crié à Jésus en moi : « Que puis-je faire ? » Et j’ai cru l’entendre me répondre: « Donne-moi ta vie pour l’unité.» Vivre l’Évangile est le chemin que Chiara a indiqué pour l’unité. Pourquoi, en tant qu’anglicane, cette proposition t’a-t-elle frappée ? « Ma formation de jeune anglicane me demandait d’ écouter, lire, prendre note, apprendre et assimiler intérieurement la parole de Dieu. L’idée de vivre l’Évangile, que j’ai entendue pour la première fois au focolare, était donc une nouveauté absolue et a donné à ma vie chrétienne une nouvelle dimension communautaire. » Jésus nous demande de nous aimer comme il l’a fait, au point de donner notre vie pour les autres. Qu’est-ce que cela signifie pour toi dans tes relations avec les fidèles d’autres Églises ? « Dans le mot  comme je trouve tout le charisme de Chiara, Jésus crucifié et abandonné qui est la Vie. C’est la façon dont Dieu lui-même a voulu dialoguer avec l’humanité, et c’est le modèle qu’il nous offre pour tout dialogue entre nous et avec lui. Pour moi, donner la vie, signifie accueillir l’autre, l’écouter, mettre de côté pensées et jugements. Mais aussi offrir mes pensées avec détachement. C’est ce que Chiara a fait avec moi et avec chaque personne qu’elle a rencontrée.C’est ainsi que nous essayons de vivre les relations au sein du Mouvement. »

                                                                                                                     Claudia Di Lorenzi

 

Chaque idée est une responsabilité

La pandémie du Coronavirus a fait sauter les programmes, les structures et les procédures dans tous les domaines de la vie humaine. Partout, il y a un grand besoin de créativité pour trouver de nouvelles réponses aux défis posés par cette situation. Ce que Chiara Lubich proposait en 1983 est d’une grande actualité. Dieu nous parle de différentes manières et une de celles-ci, ce sont les inspirations de l’Esprit Saint. Nous devons donc, au cours de ce mois, servir Dieu en suivant aussi les indications de la voix si délicate de l’Esprit qui parle en nous. L’Esprit Saint ! la troisième Personne divine qui est Dieu, comme le Père est Dieu, comme le Verbe est Dieu ! [… Il habite le cœur des chrétiens ; Il est donc là aussi en moi ; Il est dans le cœur de nos frères. […] Devenons des élèves attentifs et assidus de ce grand maître. Soyons attentifs à ses impulsions mystérieuses et d’une grande délicatesse. Ne laissons tomber aucune de celles qui peuvent être ses inspirations. Si, les premiers temps, nous avons parcouru un tel chemin en mettant en pratique le slogan : « Chaque idée est une responsabilité », rappelons-nous que les idées qui germent dans l’esprit d’une personne qui a décidé d’aimer sont souvent des inspirations de l’Esprit Saint. Et pourquoi nous les donne-t-il ? Pour nous ‘vivifier’, nous-mêmes et le monde par notre intermédiaire, pour que nous fassions avancer notre révolution d’amour. Alors soyons attentifs : chaque idée, surtout si nous pensons qu’elle peut être une inspiration, prenons-là comme une responsabilité à saisir et mettons-la en pratique. En agissant ainsi, nous aurons trouvé un excellent moyen d’aimer, d’honorer, et de remercier l’Esprit Saint […].

Chiara Lubich

(Extrait d’une conférence téléphonique, Mollens, 1er septembre 1983) Tratto da : “Ogni idea, una responsabilità”, in: Chiara Lubich, Conversazioni in collegamento telefonico, pag. 127. Città Nuova Ed., 2019.

Le tout dans le fragment

Le tout dans le fragment

Récemment, le nouveau livre du coprésident du mouvement des Focolari, Jesús Morán, a été publié sous le titre : “Charisme et prophétie”. En continuité avec le  précédent intitulé  « Fidélité créatrice. Le défi de l’actualisation d’un charisme », Morán propose dans ce texte, à partir de quelques conversations tenues ces trois dernières années, sa réflexion sur le “génie ecclésial” de Chiara Lubich. Nous en parlons avec l’auteur. Comment est née l’idée de ce livre ? J’avais ces textes qui n’avaient pas encore été publiés et je pensais honorer la mémoire de Chiara Lubich pour l’ année du centenaire de sa naissance et, en même temps, rendre un service à tous les membres du mouvement des Focolari. Depuis que j’ai commencé, il y a plusieurs années, à utiliser cette expression, “le génie ecclésial de Chiara”, j’ai vu que beaucoup l’aimaient, c’est-à-dire qu’ils y voyaient une idée simple qui pouvait résumer la merveilleuse unité  et la synergie entre la personne de Chiara et son charisme, à l’image du ” fragment qui contient la totalité”. Je suis convaincu que Chiara, en plus d’avoir été dotée par Dieu d’un “génie ecclésial”, l’a assurément  incarné, à la suite de tous  ceux qu’il y a eu dans l’Église et qui ont ouvert de nouveaux horizons, toujours insérés dans la tradition qui remonte à Jésus lui-même. Il était juste de l’approfondir en ce Centenaire. Comme vous l’avez vous-même expliqué à plusieurs reprises, le mouvement des Focolari, après sa phase charismatique, est entré dans sa phase historique, celle que vous avez définie comme « fidélité créatrice ». Il s’agit donc de la phase où les prophéties de Chiara s’incarnent dans l’histoire. Selon vous, quelle est la principale contribution que le mouvement des Focolari peut apporter aujourd’hui à la réalisation de ces prophéties dans la sphère ecclésiale, dans son  cheminement vers l’ut omnes ? Lorsque je dis que nous sommes entrés dans  la phase de la fondation historique du Mouvement, dans une fidélité créatrice  au regard de  la fondation charismatique,  je n’ai pas l’intention d’opposer dialectiquement ces deux phases. En fait, la fondation charismatique comporte aussi une dimension  historique et, par conséquent,  la fondation historique  a aussi une dimension charismatique. Mais ce sont deux phases différentes, avec des caractéristiques différentes, qui touchent à la fois le fond et la forme des choses. Il ne fait aucun doute que le question de l’incarnation du Charisme de l’unité revêt aujourd’hui une importance et une urgence particulières. La fidélité créatrice s’exerce toujours en gardant à l’esprit deux principes : l’écoute des questions que Dieu pose dans le monde, l’écoute de ce que Dieu continue à dire dans le noyau fondateur du charisme. À mon avis, une des questions que Dieu pose à l’Église qui marche dans l’histoire du monde est ce que, en un mot, on pourrait appeler la “synodalité”, avec tout ce qui l’accompagne: ouverture, communication, proximité, attention  à la dignité de la personne, en particulier des plus vulnérables. Le Mouvement des Focolari contribue à ce cheminement ecclésial avec un accent tout particulier, qui vient du cœur du charisme, c’est-à-dire de l’expérience vitale et incarnée du Dieu trinitaire qui se fait histoire, sans laquelle la synodalité se réduit à une nouvelle organisation privée de la vie de l’Esprit. Et quels sont les aspects de l’incarnation de ces prophéties pour lesquelles il reste encore un long chemin à parcourir ? Je pense que pour être à la hauteur de notre véritable vocation dans l’Église, les membres du Mouvement doivent croître dans ce qu’on appelle le sensus ecclesiae (le sens de l’Église). Celui-ci ne fait pas défaut, mais il doit grandir, ce qui signifie pour nous surmonter définitivement tout comportement autoréférentiel et atteindre la maturité que les derniers papes nous ont souhaitée. Par ailleurs, nous devons dépasser tout dualisme entre engagement civil et engagement ecclésial, en regardant le modèle que nous avons toujours devant nous en tant que chrétiens :  Jésus, Dieu fait homme, vraiment homme et vraiment Dieu. Que souhaitez-vous dire, à cœur ouvert, à la lumière également des réflexions que vous proposez dans votre texte, à l’approche de la fin de ces six années de coprésidence du mouvement des Focolari ? Je prie pour que Dieu nous donne les grâces nécessaires pour actualiser le charisme de Chiara Lubich de manière vitale et radicale. Je pense qu’il faut renaître, à partir du cœur du charisme, de ce que nous appelons l’Idéal, et de là mettre en route les réformes nécessaires pour que le Mouvement, également en tant qu’institution, reflète de mieux en mieux la vie tout à la fois humaine et divine qui l’anime. Et cette renaissance signifie purification, conversion.

                                                                propos recueillis  par Anna Lisa Innocenti

#Daretocare, les jeunes et la politique

#Daretocare, les jeunes et la politique

Nous assistons à une période de grands changements, de transformations et de contradictions qui peuvent ouvrir de nouvelles voies dans la recherche du bien commun. Grâce à la nouvelle campagne #daretocare, les jeunes du mouvement des Focolari veulent placer la question du soin en tête de l’agenda politique local et mondial. La nouvelle campagne des jeunes du mouvement des Focolari a débuté le 20 juin dernier sous le nom de #daretocare – constamment mise à jour sur le site de United World Project -, c’est-à-dire « oser et prendre soin », en prenant en charge nos sociétés et la planète. Quel est le rapport entre #daretocare et la politique ? Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, pensait qu’il existait une véritable vocation à la politique, un appel personnel perçu dans sa propre conscience et né de certaines circonstances, inspiré par l’urgence d’un besoin social non satisfait, par la violation d’un droit humain ou le désir de faire quelque chose d’utile pour sa ville ou son Pays. Mais est-ce toujours d’actualité ? Javier Baquero de Bogotá en Colombie, Cristina Guarda d’Italie et Frantisek Talíř de Zubčice en République Tchèque nous aident à répondre à cette question. Ce sont des jeunes du mouvement des Focolari et ils font partie du réseau du Movimento Politico per l’unità (Mouvement Politique pour l’unité), une expression des Focolari pour une culture de l’unité en politique. « Je suis dans la vie politique depuis l’âge de 13 ans et officiellement au service du gouvernement depuis mes 18 ans, » déclare Javier, qui travaille aujourd’hui avec le maire de Bogotá. « Je suis avec  des personnes intègres et transparentes, capables de faire face à la corruption. Celle-ci existe, mais c’est seulement le fait de quelques uns. À mon avis, le principe le plus important en politique est le service. Parce que l’on met ses connaissances, ses compétences, son savoir-faire  au service d’une société, de l’humanité, de la planète. Et cela ne se fait pas seul, mais en équipe. Le principe qui devrait donc guider chaque engagé politique est le service. Être disponible  intérieurement pour répondre aux besoins d’une société. #Daretocare, « oser et prendre soin », c’est d’abord avoir conscience et être proche des problèmes de ma ville, mais pas seulement : c’est penser et construire des politiques publiques pour résoudre ces problèmes. » Cristina, qui est engagée en politique depuis cinq ans, ajoute : « Oui, je sais, parfois je suis écœurée en voyant la haine suscitée par certains politiciens, la conspiration du silence, la paresse ou la surdité face à certains problèmes complexes. Mais pour cette raison, nous devons, nous et moi, agir et faire de notre mieux. À travers mon action politique, je veux exprimer mon amour profond pour les autres en faisant tout pour les aider à vivre mieux, pour alléger leurs soucis et leur donner tous les outils pour réaliser le rêve de leur vie. » « La politique n’est pas mauvaise en soi. Elle est faite par des hommes plus ou moins efficaces dans ce domaine – dit František, militant politique dans sa région. C’est pourquoi il est nécessaire que les nouvelles générations continuent à s’investir dans le monde de la politique,  en assumant leur charge de la meilleure façon possible. Considérer la politique comme un service, voilà ce que m’a fait comprendre le pape François lorsque nous nous sommes rencontrés il y a un an et demi. Je pense que c’est le secret d’une bonne politique, la clé pour vraiment répondre aux besoins des autres. Une question se pose constamment, celle de savoir si je fais de la politique pour moi-même ou pour être au service des autres. Chaque fois que je dois prendre une décision – petite ou grande – je suis confronté à ce choix:  me mettre en avant ou au contraire mettre les autres en valeur. Si les autres sont à la première place, alors tout ira bien ! » C’est pourquoi il est important de travailler en réseau, de penser et d’agir pour le bien commun, de prendre soin de chacun. Pour suivre les événements de la campagne #daretocare, consulter le site web de United World Project.

                                                        Propos recueillis par les jeunes des Focolari

Université Sophia : enseignement, recherche et unité

Université Sophia : enseignement, recherche et unité

Quelles sont les perspectives d’avenir de l’Institut universitaire Sophia? Comment répondre aux besoins éducatifs des jeunes d’aujourd’hui ? Nous avons posé la question au Recteur, Giuseppe Argiolas, nommé le 20 février dernier par la Congrégation pour l’Éducation Catholique du Saint-Siège. Le professeur Giuseppe Argiolas, Recteur de l’Institut universitaire Sophia nous explique les perspectives d’avenir de l’université. Aujourd’hui, Sophia est une Université. Depuis quelques mois en effet, vous en portez le titre de RECTEUR. Qu’est-ce que cela signifie et quels seront les changements pour les étudiants ? « Nous sommes à la première relève de la garde de Sophia; cela coïncide également avec l’attribution par la Congrégation pour l’Éducation Catholique du titre de « Recteur », auparavant le titre était « Doyen ». Il s’agit en effet d’une reconnaissance du développement que Sophia a connu au cours de ces 12 années et pour lequel nous exprimons notre gratitude. Les défis à relever ont été énormes, Chiara a fondé cette université en un clin d’œil et ainsi, tous les professeurs, le personnel administratif et les étudiants de la première heure et ceux qui l’ont rejoint plus tard, ont fait un travail extraordinaire. Nous venons d’activer 4 masters avec différentes spécialisations : « Économie et gestion » (orientation en « Gestion pour une économie civile et durable »), « Sciences politiques » (orientation  en « Fraternité dans la res publica »). « Bases théoriques et lignes opérationnelles » (et orientation « Gouvernance des biens communs »), « Ontologie trinitaire » (orientation en « Théologie » et en « Philosophie ») et « Culture de l’unité » (orientation en « Pédagogie de la communion pour une culture de la paix » et orientation « Processus de communication et médiation interculturelle et interreligieuse »). L’École doctorale est désormais une réalité consolidée et nous développons l’École post-doctorale au service des jeunes chercheurs. Chiara Lubich voyait Sophia comme une université mondiale, une université unique avec différents sièges. En Amérique latine, nous assistons à la naissance de Sophia ALC (Amérique latine et Caraïbes) et les premières semences sont également visibles en Afrique et en Asie. Notre tâche sera de considérer ces projets dans l’esprit d’une Sophia unifiée qui s’exprime dans la diversité des contextes dans lesquels elle se développe ». L’urgence du Covid-19 a eu un impact considérable sur les leçons : comment l’enseignement se poursuit-il ? « Grâce à l’effort de chacun, il a été possible de poursuivre les cours, les examens et le programme académique, en utilisant les outils que la technologie offre aujourd’hui. Nous avons également activé des séminaires en ligne consacrés à la pandémie pour offrir notre contribution de réflexion et d’action sur une question aussi délicate et urgente, et nous l’avons fait à partir des différentes disciplines scientifiques en activant un dialogue interdisciplinaire, international et intergénérationnel. La nouvelle année universitaire commence normalement sous forme présentielle et en ligne pour les étudiants qui ne pourront pas se rendre à Sophia en raison des restrictions internationales causées par le Covid-19 ». Quelles sont les perspectives d’avenir ? Comment voyez-vous Sophia dans 10 ans ? « Sophia a su maintenir son élan charismatique et à innover en fidélité au charisme,. Je pense que nous devons continuer sur cette voie : maintenir la fidélité au charisme avec la spécificité qu’il contient pour lire les signes des temps. Le pape François nous l’a dit par trois paroles – « Sagesse, Alliance, Sortie » – qu’il nous a adressées lors de la rencontre que nous avons eue avec lui en novembre dernier, nous donnant ainsi une référence sûre pour notre avenir. Je voudrais ainsi développer Sophia sur trois fronts : l’enseignement, en progressant dans la direction entreprise mais avec une attention et une sensibilité pour répondre de manière adéquate aux besoins éducatifs des jeunes ; la recherche, en valorisant le développement des différentes disciplines et en favorisant une interdisciplinarité toujours plus marquée, indispensable dans la recherche scientifique actuelle ; la relation avec les autres organismes du Mouvement des Focolari et avec les autres Institutions universitaires et culturelles, afin que le service que nous offrons en faveur du bien commun soit toujours plus incisif. Nous allons essayer de le faire, ensemble, dans l’unité, avec toute la passion que nous pouvons exprimer. La phase de fondation est terminée à certains égards et la phase de consolidation et de développement commence. Ce qui ne doit pas cesser, c’est l’élan charismatique, qui doit continuer. En effet, il doit toujours nous accompagner en tant qu’étoile polaire sur le chemin que nous venons de commencer et que nous sommes appelés à parcourir avec de nombreux compagnons de route avec “joie, vision et décision” ».

Lorenzo Russo

Une gymnastique utile

La présence de Jésus, le Ressuscité, parmi deux personnes ou plus réunies en son nom est l’un des points fondamentaux de la spiritualité des Focolari. Le Mouvement, en effet, se sent appelé à “engendrer” sa présence dans tous les domaines de l’existence humaine. Mais que faire quand on est seul ? Chiara Lubich propose une gymnastique spirituelle. Aujourd’hui, il nous arrive souvent de côtoyer, dans le monde où nous vivons, des femmes et des hommes justes et bons mais qui n’éprouvent pas le besoin de croire. Certains en auraient peut-être le désir, mais vivant dans un monde qui devrait être chrétien et souvent ne l’est pas, ils n’ont pas le courage de faire le premier pas. Ils attendent et se rangent parmi ceux qui se disent en recherche. […] Ils attendent, sans doute inconsciemment, de rencontrer un jour Jésus. Et c’est là […] que l’on constate l’actualité, l’opportunité et l’urgence extrêmes de notre spiritualité et du point en question : « Jésus au milieu de nous ». […] Il atteste et démontre qu’il n’est pas uniquement une réalité d’une époque révolue. Il est Celui qui, tenant sa promesse : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps[1] » est présent, vivant, plein de lumière et d’amour, aujourd’hui encore, au milieu de ceux qui vivent en frères. Établir sa présence au milieu de nous est notre tâche essentielle. Et nous pouvons y arriver, en mettant en pratique ses commandements, qui se résument à vivre le commandement nouveau, à l’exemple de Jésus abandonné. Cependant vivre ses commandements – a-t-Il dit ‑ est un joug facile à porter et un fardeau léger. […] Mais peut-il en être toujours ainsi ? En général, oui. Il faut néanmoins deux ou plusieurs personnes qui soient unies en son Nom. Et quand nous sommes seuls ? Ou bien lorsque les autres ne comprennent pas notre amour ? Nous savons que, si nous étreignons Jésus abandonné dans ces moments-là, nous pouvons tenir le coup, garder la paix et la joie même. Nous pouvons travailler, prier, étudier et notre cœur peut connaître la plénitude. Toutefois il peut y avoir des moments où définir le joug du Seigneur comme facile à porter et son fardeau léger peut sembler difficile. Il y a des périodes, par exemple, où notre santé chancelle et influe aussi sur tout notre être. Nous sommes portés à nous replier sur nous-mêmes, ce qui nous rend presque incapables d’entrer en relation avec les autres. […] Ou il y a aussi les morts inattendues ou les événements imprévus qui nous coupent la respiration. Et il nous semble difficile que d’autres puissent comprendre. Ou bien c’est l’arrivée d’une maladie qui pourrait être mortelle… Ou…, ou… Dieu permet toutes ces circonstances douloureuses pour nous façonner par ce moyen, dont on ne peut faire abstraction dans le christianisme et que Jésus lui-même a éprouvé : la croix. Comment devons-nous nous comporter dans ces cas ? Essayons de nous réjouir, au moins par la volonté, parce que nous sommes un peu comme Lui, abandonné, et mettons toutes nos préoccupations dans le cœur du Père[2]. Demeurons dans une offrande continuelle, aidés par la grâce du moment, qui ne manquera pas, jusqu’à ce que Dieu fasse retrouver la pleine sérénité à notre âme éprouvée. Rappelons-nous cependant que nous devons toujours aimer nos frères, bien sûr comme et autant que cela nous est possible. Confions-nous à eux, au moins pour l’essentiel, en leur disant par exemple : « Je traverse une épreuve… » Disons-le par amour, pour ne pas nous soustraire à la communion. Communiquer, du reste, est toujours le meilleur tonique, en toutes circonstances. Ainsi, Jésus au milieu de nous […] nous aidera à surnager aussi dans ces moments-là. Il nous montrera que, toujours et quoi qu’il arrive, son joug peut être facile à porter et son fardeau léger.

                                                                                                                      Chiara Lubich

 (Extrait d’une conférence téléphonique, 24 avril 1997, Rocca di Papa) [1] Mt 28, 20. [2](cf. 1 P 5,7)

Inde – La danse pour l’unité de Raul et Mitali

Raul et Mitali sont originaires de Mumbai, Inde. Ils sont mariés et ont deux filles. Ils sont danseurs. Quand la danse devient un puissant instrument de connaissance mutuelle entre différentes traditions religieuses. By Marcello Vaz. https://vimeo.com/430374792

Le premier fils religieux de Chiara Lubich

Le premier fils religieux de Chiara Lubich

Le père Bonaventura Marinelli OFMCap, le premier religieux qui a suivi Chiara Lubich, s’est éteint à l’âge de 100 ans. Le père Fabio Ciardi se souvient de lui. Je me suis souvenu de lui, il y a quelques jours, à l’occasion de la fête de Saint Bonaventure. Père Bonaventura Marinelli est parti au ciel le 1er août 2020, à l’âge de 100 ans, pour célébrer au ciel le centenaire de Chiara Lubich, son inséparable contemporaine. Quelle amitié profonde et fidèle ! Ayant vécu à Trente au couvent des Capucins de 1942 à 1946 en tant qu’étudiant en théologie et jeune religieux, il a été, comme il aimait à le dire, un « témoin oculaire à distance » des débuts du mouvement des Focolari. À distance, car à cette époque, les contacts étroits n’étaient pas autorisés. Pourtant, il était un témoin oculaire parce qu’il voyait comment vivaient ces extraordinaires « tertiaires franciscaines ». « Après le bombardement de 1944, dit-il dans une longue conversation, nous avions sans cesse sous les yeux Chiara et ses compagnes. Elles venaient à la messe, non pas dans notre église qui avait été détruite par les bombardements, mais dans la sacristie, qui était encore plus petite et nous étions aussi plus proches. Je me souviens que pour moi, c’était une impression très profonde à chaque fois. De nature assez timide, j’ai du mal à faire des rencontres mais je me souviens qu’en faisant la quête pendant l’été, à partir de 1943, il m’était de plus en plus facile de rencontrer les familles, les personnes, les enfants, etc. Ce n’était pas dû à ma nature ; cette nouvelle façon de voir me venait de la vie que je voyais en­ Chiara et ses compagnes. En 1946, mes supérieurs m’envoyèrent à l’université en Suisse ; j’étais déjà prêtre depuis un an. Les premiers mois, j’ai reçu des lettres de mes compagnons avec lesquels j’avais fait le pacte d’unité. À un moment donné, ce fut le néant, le silence : l’enquête du Saint-Office avait commencé, mais je ne le savais pas. Pour ma part, ce fut un glissement progressif vers un sentiment de désolation indicible, jusqu’au 23 avril 1948. Ce jour-là, j’étais allé à Trente pour aller voter et ce matin-là, avant de rentrer en Suisse, j’ai rencontré Chiara. Elle m’a replongé dans la fête mais, de façon plus profonde et j’ai compris que ce qui importe, c’est aimer. J’avais l’impression de toucher le ciel du doigt. Lorsque je suis arrivé à Fribourg, je lui ai écrit une lettre, la première lettre ». Ainsi commence une correspondance qui permet à Chiara de communiquer ce qu’elle vit à cette époque. Grâce au Père Bonaventura, nous disposons aujourd’hui d’un patrimoine inestimable d’écrits dont certains sont très connus, comme la lettre du 30 mars 1948, où elle lui confie : « Le livre de lumière que le Seigneur écrit dans mon âme a deux aspects : une page étincelante d’amour mystérieux : Unité. Une page étincelante de douleur mystérieuse : Jésus abandonné ». Ces lettres témoignent de la relation profonde qui s’est vite établie entre les deux. 11 mai 1948 : « Votre lettre m’a confirmé la pensée que je m’étais faite de votre âme, très aimée du Seigneur, et je voudrais en un instant, en un éclair, vous donner tout ce qui m’appartient, tout ce que Dieu a construit en moi en profitant de mon néant, de ma faiblesse, de ma misère. (…) Ce que je veux vous écrire aujourd’hui, c’est que l’unité que Dieu a faite, nous ne devons pas la briser. (…) Saint François n’est pas heureux tant que vous ne l’avez pas revécu et que vous ne l’avez pas fait revivre chez ses frères. – Commencez. Il réussira ». 8 septembre 1948 : « Quelle joie m’avez-vous donnée par votre lettre! Il y a Jésus. Je l’ai senti dans votre soif de « vie »­, dans l’optimisme qu’elle contient et qui déborde ici et là, surtout dans la paix qui génère le désir de L’aimer plus, davantage. Soyez assuré que – jusqu’à ce que je ne quitte Jésus (et quand le sera-t-il ? Je L’aurai encore plus au Paradis) – je continuerai à suivre votre âme avec un soin attentif et fraternel ». ­27 janvier 1951 : « Vous ne pouvez pas imaginer à quel point votre âme « pénètre » (littéralement ! … presque à en ressentir l’effet physique !) dans la mienne ». Je me souviens de la joie qu’ils ont éprouvée lorsqu’ils se sont rencontrés et avec quel naturel ils se parlaient en trentain… Ils étaient du même âge et pourtant il se sentait comme un disciple et elle comme sa mère. Dans l’une des premières lettres, Chiara a simplement signé « s.m. », que Bonaventura a immédiatement interprété comme « sa mère ». Les réponses sont signées « s.f. » (son fils) et Chiara comprenait. Une focolarine se souvient que Chiara, en le saluant en 2000, a dit : « Mon premier fils religieux! » La vie du Père Bonaventura est riche: Il devient professeur d’Écriture Sainte, traducteur de commentaires bibliques à partir de l’allemand, il assume des charges importantes dans son Ordre : il est provincial, formateur, définiteur général. Il est ensuite appelé par Chiara pour diriger le Centre international de spiritualité pour les religieux à Castel Gandolfo (Rome) et à Loppiano, la cité-pilote des Focolari en Italie. Timide et d’une extraordinaire humilité, il a su témoigner sans ostentation et avec sincérité de l’Idéal que Chiara lui avait transmis. « Un vrai enfant évangélique dans la sagesse et la simplicité de la vie », a écrit un confrère. Les souvenirs personnels ne manquent pas, à commencer par le jour où, en 1978, nous sommes partis ensemble au Canada pendant un mois pour animer une école de formation de religieux. J’ai ensuite vécu en communauté avec lui à Castel Gandolfo. Entre autres, dans mon journal, le 10 novembre 1999, alors qu’il nous avait déjà quittés pour une nouvelle tâche, j’ai lu à propos d’une de ses visites : « Bonaventura arrive, et il y a un air de fête comme d’habitude ». J’ai été frappé par ce « comme d’habitude ». Mais le plus beau moment a peut-être été le 18 mars 2008, lorsque nous avons assisté ensemble aux funérailles de Chiara à Rome, dans la basilique Saint-Paul-hors-les-murs. À la fin de la célébration, il m’a demandé de l’accompagner auprès du cercueil, rompant ainsi le strict protocole. Il était désormais âgé et avait du mal à s’abaisser. Arrivé devant le cercueil, il s’agenouilla, l’embrassa et donna un baiser. Moi aussi, je me suis  agenouillé pour déposer un baiser sur le cercueil (mais l’expression ne rend pas car c’était vraiment embrasser Chiara). C’était comme si un barrage se brisait : tout le monde se mit à entourer le cercueil et à l’embrasser… Mais le geste de Bonaventura demeura le geste unique d’un fils envers sa mère. Il m’a aussi toujours aimé. Dans l’une de ses dernières lettres, il m’écrivait : « Je me souviens de toi et je m’en souviendrai toujours avec gratitude et j’espère d’avoir encore la joie de te rencontrer personnellement. Ce matin, je t’ai confié spécialement à saint François. Je t’embrasse ! ».

 Père Fabio Ciardi OMI

Liban – lettre de la communauté des Focolari

Liban – lettre de la communauté des Focolari

Nous sommes reconnaissants pour la solidarité reçue et l’engagement à ressusciter un pays messager de paix, avec les différentes communautés religieuses.  Le Liban, comme nous le savons, est un pays encore sous le choc. Beyrouth, ville méconnaissable, a un visage apocalyptique : destruction, tensions extrêmes, douleur, colère, entraînant des épisodes de violence. Et c’est précisément de cette terre blessée qu’est partie, il y a un jour, une lettre de la communauté du mouvement des Focolari au Liban, adressée à tous les membres du Mouvement dans le monde. « Par ces lignes, – lit-on dans la lettre – nous voudrions adresser à chacun de vous un remerciement personnel, ému, profond, immense pour la proximité immédiate qui nous a été manifestée de toutes les coins du monde, des grands et des petits, des lointains et des proches, par des appels téléphoniques et des messages ». « En nous réveillant chaque jour – continuent les membres de la communauté des Focolari – et en découvrant de plus en plus l’immensité de la catastrophe, les dégâts matériels, les nombreux hôpitaux rendus inutilisables, l’air pollué que nous respirons, nous nous sentons comme des « survivants ». Chacun de nous aurait pu être sur les lieux du drame ou peut-être l’était-il et une main providentielle lui a fait changer de pièce. Cependant, nous nous retrouvons dans les propos d’une jeune femme, tout juste sortie d’un ascenseur éventré par l’explosion : nous réalisons qu’une nouvelle vie nous a été donnée ». Ils parlent ensuite de rues, où tout semble crier au désespoir, « de nombreuses personnes du nord au sud, appartenant aux différentes communautés religieuses, s’affairent à déblayer les décombres, apportant à chacun à sa manière, le témoignage que la “résurrection” vaincra sur la mort de la ville, du pays, des rêves de beaucoup ». Avec vous, – concluent-ils – nous voulons aller de l’avant pour qu’un Liban renaisse comme messager de paix, d’unité, de fraternité entre tous, une ébauche d’un monde uni.

             Recueilli par Anna Lisa Innocenti

________________________________________ La coordination d’urgence du mouvement des Focolari qui interviendra par le biais des organisations de l’UMA et de l’APN a été activée. Pour ceux qui souhaitent aider, les comptes courants suivants ont été activés :

Action pour un Monde Uni ONLUS (AMU) IBAN: IT58 S050 1803 2000 0001 1204 344 Code SWIFT/BIC: CCRTIT2T auprès de la Banca Popolare Etica

Action pour les Familles Nouvelles ONLUS (AFN) IBAN: IT11G0306909606100000001060 Code SWIFT/BIC: BCITITMM auprès de la Banca Intesa San Paolo

MOTIF: Urgence Liban ——————————————————- Les contributions versées sur les deux comptes courants à cette intention seront gérées conjointement par l’AMU et l‘AFN. Pour ce type de dons, des avantages fiscaux sont prévus dans de nombreux pays de l’Union Européenne et dans d’autres pays du monde, suivant les réglementations locales.

Bon anniversaire Danilo!

Bon anniversaire Danilo!

Danilo Zanzucchi a 100 ans. Focolarino marié – l’un des premiers sur les pas d’Igino Giordani – Danilo deviendra vite, avec sa femme Anna Maria, le couple responsable de Familles Nouvelles au niveau mondial. Chiara a toujours eu une prédilection pour ce jeune ingénieur qui, après avoir édifié ses premières constructions importantes dans le nord de l’Italie (« encore toutes debout » assure fièrement Danilo), laisse une carrière prometteuse pour s’installer dans la capitale et collaborer à plein temps en tant que famille aux objectifs du Mouvement. Mais l’estime de Chiara pour Danilo tenait surtout au fait qu’il avait su cueillir dans son intégrité le charisme que l’Esprit lui avait confié. Parmi ses premières tâches, la collaboration aux construction du Centre Mariapoli à Rocca di Papa, qui deviendra le siège international du Mouvement. Focolarino marié – l’un des premiers sur les pas d’Igino Giordani – Danilo deviendra vite, avec sa femme Anna Maria, le couple responsable de Familles Nouvelles au niveau mondial. Au cours des décennies qui suivront, ils vont mettre au point une pastorale familiale novatrice et efficace, appréciée sous toutes les latitudes en raison de la riche spiritualité qui l’inspire et de son ouverture aux exigences du monde actuel. Danilo n’est pas non plus passé inaperçu des sommités ecclésiastiques, touchées par sa présence brillante, ses compétences et son intériorité. Président diocésain des hommes catholiques à Parme (Italie), il deviendra, une fois à Rome, consulteur, puis membre du dicastère du Vatican pour la famille. Ces dernières responsabilités leur ont permis, à Anna Maria et lui, d’être plusieurs fois invités chez le pape Jean-Paul II et de devenir testimonial des reportages sur la famille dans les émissions télévisées, y compris en mondovision. Lors d’une visite (en 1984) au centre international du Mouvement, le pape polonais, accueilli par Danilo, n’a pas hésité à le nommer sympathiquement «ministre des affaires étrangères des Focolari». La collaboration a continué avec Benoît XVI, qui leur a par exemple demandé d’écrire le texte pour un chemin de croix qu’il présidait au Colisée de Rome (en 2012). Danilo fête ses cent ans avec auprès de lui Anna Maria (90 ans), leurs 5 enfants (dont 2 sont focolarini et 2 focolarini mariés), leurs 12 petits-enfants et toute la famille des Focolari, en particulier les innombrables familles de tous les continents pour lesquelles il a été avec Anna Maria un exemple, un confident, un guide, restant pour chacune un point de référence aimable et sûr. Sa condition psychique et physique demeure excellente, alors qu’il y a des années de cela, Chiara elle-même, avec nous tous, avait tremblé pour sa santé. Il arrive à se rendre à la messe presque chaque jour et il n’est pas rare de le voir participer aux rencontres de son focolare et à celles des familles-focolare. En raison peut-être du dessein particulier dont il est investi, le Seigneur l’a préservé lors de deux épisodes importants durant la deuxième guerre mondiale. Danilo raconte volontiers que s’il n’y avait pas eu la bourrade providentielle d’un compagnon d’armes qui l’a propulsé ailleurs, il aurait été tué par la bombe qui a explosé juste à l’endroit où il se trouvait. Plus tard, il a été sauvé du peloton d’exécution déjà aligné par sa connaissance de la langue allemande. Aujourd’hui encore, pour adoucir des moments un peu difficiles, il peut arriver que Danilo décide de faire goûter un de ses fameux discours retentissants dans cette langue, ce qui remet tout le monde de bonne humeur à cause des licences lexicales qu’il s’autorise. La gratitude de tout le Mouvement Familles Nouvelles pour ce siècle de vie de Danilo, toute donnée à Dieu et aux frères, va à sa grande figure d’homme, un homme de foi et d’œuvres. Merci Danilo d’être un géant de droiture et de tendresse, un exemple de simplicité et de sagesse, de la trempe d’un chef et d’un artiste: un saint de la porte d’à côté. Merci aussi, Danilo, de n’avoir jamais cessé, même maintenant que tu as cent ans, d’incarner l’enfant de l’Évangile qui transparaît depuis toujours de ton être, de tes paroles, de ton humour subtil, de tes aquarelles, de tes innombrables dessins, souvent improvisés sur des serviettes en papier, qui captent et expriment magistralement le meilleur de chacun des protagonistes à qui ils sont dédiés. Sur le site Web des Nouvelles Familles

L’amour par excellence

La pandémie du Coronavirus est l’épreuve du feu, non seulement pour les systèmes de santé, mais aussi pour les dirigeants politiques, tant à l’échelon local qu’au niveau international. L’extrait suivant, d’un discours de Chiara Lubich peut à juste titre être qualifié d’« hymne à la politique ». C’est un défi pour tous les responsables politiques, et cela peut remplir de gratitude le cœur des citoyens envers tous ceux qui, jour après jour, doivent faire des choix courageux. […] Si les nouveaux Mouvements s’intéressent en général aux problèmes de la société humaine, le Mouvement des Focolari a également donné naissance à une expression politique : le Mouvement politique pour l’unité, dont le but spécifique est précisément la fraternité dans ce domaine. […] On a compris, avant tout, qu’il existe une véritable vocation à la politique. Le croyant y reconnaît clairement la voix de Dieu qui l’appelle à une tâche précise. On peut aussi, sans être croyant, se sentir appelé à agir en politique pour répondre à un besoin social, pour défendre une catégorie plus faible… Répondre à une vocation politique est d’abord un acte de fraternité. On descend dans l’arène pour le bien public, pour le bien des autres comme si c’était le nôtre. Le rôle de l’amour en politique est de créer et de maintenir les conditions qui favoriseront les autres expressions de l’amour : l’amour des jeunes qui veulent se marier et ont besoin d’un logement et d’un travail ; l’amour des étudiants qui ont besoin d’écoles et de livres ; l’amour des entrepreneurs qui pour développer leur entreprise, ont besoin de routes, de chemins de fer, de normes précises… La politique est donc l’amour par excellence qui permet la collaboration entre les personnes car elle est la plateforme où se rencontrent les besoins et les ressources et elle favorise un climat de confiance entre les uns et les autres. La politique peut être comparée à la tige d’une fleur qui soutient et nourrit en continu l’éclosion continue des pétales de la communauté. Dans le Mouvement politique pour l’unité, nous constatons que si l’on vit l’engagement politique comme une vocation à l’amour, l’on est amené à comprendre que ceux qui ont fait un choix politique différent du nôtre ont dû être poussés à l’origine par une même vocation à l’amour ; qu’ils font partie – d’une certaine façon – du même projet que le nôtre, même s’ils se présentent comme des adversaires politiques. La fraternité permet de reconnaître leur rôle, de le respecter, voire de les aider par une critique constructive à y être fidèles, tout comme nous nous efforçons d’être fidèles au nôtre. Dans le Mouvement politique pour l’unité, on pense que l’esprit de fraternité devrait régner à tel point qu’il devrait être possible de parvenir à aimer le parti de l’autre comme le sien, sachant qu’aucun parti n’est né du hasard mais bien d’une exigence historique qui s’est fait jour dans la communauté nationale. L’esprit de fraternité fait ressortir les valeurs authentiques de chacun et édifie le projet politique d’une nation. Certaines initiatives des membres du Mouvement politique pour l’unité en témoignent ; elles visent à établir des relations fraternelles entre la majorité et l’opposition au niveau parlementaire ou municipal. Ces initiatives ont abouti à des lois de l’État ou à des politiques locales qui ont uni les communes concernées. Celui qui, pour répondre à sa vocation politique, se met à vivre de cette façon la fraternité s’insère dans une dimension universelle qui l’ouvre sur toute l’humanité. Il s’interroge pour savoir si telle décision, qui correspond aux intérêts de sa nation, ne va pas nuire aux autres. Le responsable politique de l’unité aime la patrie d’autrui comme la sienne.

         Chiara Lubich

Extrait du discours de Chiara Lubich au siège du Mouvement Européen, Madrid (Espagne), le 3 décembre 2002 : « L’Europe unie pour un monde uni. »

Évangile vécu/1 – Ancrage

Tout peut arriver dans la vie : des situations heureuses ou difficiles, des deuils, des victoires ou des défaites. Mais nous pouvons faire face à toutes les circonstances sous la bannière d’un seul dénominateur commun : la relation avec Dieu. Les circonstances seront toujours différentes, mais Lui sera toujours présent, toujours avec nous. Quarantaine « Demain », disait le médecin, « nous vous mettrons en quarantaine ». J’avais l’impression d’être une pestiférée ! Je savais que quelqu’un était mort de ce mal. Mourir ! Je n’avais pas eu peur de la douleur de la dernière bataille pour la vie, mais je sentais dans mon cœur le détachement des miens, aiguisé comme une épée. Je ne leur avais pas dit au revoir. Et maintenant… je ne les reverrai peut-être jamais. J’ai pleuré. Et pourtant, mourir signifiait rencontrer le Jésus que j’aimais. Mais il m’a semblé que l’amour donné et reçu ici sur terre par tant de personnes m’attachait ici et l’envol vers le ciel me semblait laborieux. Je connaissais ces derniers, ainsi que celui que je ne connaissais pas encore bien. Pourtant, j’avais toujours essayé d’aimer Jésus dans chaque prochain : parents, amis, connaissances, inconnus ! « C’était toi, Jésus, que j’ai aimé et trouvé en chacun, le même que – si je meurs maintenant – je rencontrerai ». Cette dernière pensée m’a lentement donné la paix. Je suis restée longtemps isolée avec les hauts et les bas de la maladie, mais enveloppée par une présence mystérieuse avec la possibilité de parler à Celui qui m’écoutait et que je pouvais écouter. M. – Italie Grossièreté à l’école Je ne sais pas si j’ai vieilli ou si la génération a définitivement changé. J’en ai parlé avec mes collègues enseignants et nous sommes tous arrivés à la conclusion que, malheureusement, l’éducation de base fait défaut. Il ne s’agit pas seulement d’un manque de respect envers les enseignants, où l’on constate une attitude de jugement effronté envers les enseignants de la part des parents également, mais un manque total d’attention envers les autres. Dans une des classes les plus difficiles, après un malheureux succès, j’ai fait remarquer que dans chaque culture et tradition il y a une règle de base de la coexistence : « Faites aux autres ce que vous voudriez qu’on vous fasse ». Et j’ai demandé aux élèves si une telle règle leur semblait acceptable. Après un grand silence, un élève a commencé à parler, puis une autre… et à la fin un vrai dialogue s’est instauré. Depuis ce jour, quelque chose a changé : presque invisiblement, mais quelque chose a changé. Une fois de plus, il fallait que je croie à nouveau. Les jeunes ont besoin de points d’ancrages réels et solides. C. – Espagne J’étais tenté d’émigrer… Spécialiste des maladies infectieuses, en raison de la carence des structures sanitaires, du manque d’hygiène et des salaires insignifiants, j’étais tenté d’émigrer comme de nombreux collègues. Cependant, après avoir réfléchi avec ma femme, j’ai décidé de continuer à servir mes frères dans notre pays. Avec le soutien d’amis chrétiens à l’étranger, il a été possible de construire une structure sanitaire complète avec un laboratoire d’analyse et de garantir des médicaments spécifiques même pour les plus pauvres. Outre le développement d’activités productives visant à améliorer l’alimentation de base, on a également essayé d’assurer un soutien psychosocial aux malades et à leurs familles. M.- République Démocratique du Congo

Stefania Tanesini

Maria Voce sur « Chiara-après »

Maria Voce sur « Chiara-après »

Aujourd’hui sort en librairie – en italien pour l’instant -, « Luce che avvolge il mondo » (« Une lumière qui recouvre le monde »), le nouveau livre de Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari, publié par Città Nuova Editrice. Une relecture approfondie et courageuse des fondements de la spiritualité de l’unité à la lumière des questions des hommes et des femmes de notre temps et de l’avenir à court terme. « Luce che avvolge il mondo » est, selon toute probabilité, son dernier livre en tant que Présidente, et il faut dire que nous trouvons ici, plus que dans tout autre texte produit par Maria Voce au cours de ses 12 années à la tête des Focolari, toute sa pensée : les fondements de son action, son héritage, mais aussi son vécu durant la période très délicate qui a suivi la mort d’une fondatrice charismatique comme Chiara Lubich. Oui, car dans ce volume, qui mérite d’être lu lentement et médité, et qui requiert le temps d’une réflexion approfondie, nous trouvons toute l’adhésion spirituelle, culturelle et vitale de Maria Voce au charisme de l’unité. Cet ouvrage contient une série de discours, prononcés à différentes occasions, sur les douze points fondamentaux de la spiritualité des Focolari – Dieu Amour, la Volonté de Dieu, la Parole, le frère, l’amour réciproque, l’Eucharistie, l’Unité, Jésus Abandonné, Marie, l’Église, l’Esprit Saint, Jésus au milieu de nous – complétés à un rythme annuel, tout au long de ses deux mandats. « Maria n’a pas voulu répéter, mais relire – explique dans la préface son ami Andrea Riccardi. Elle a relu le message et le charisme de Chiara dans une Église et un monde qui ont changé. Car les mouvements spirituels se développent dans une tension profonde entre la fidélité aux origines et au charisme d’une part et, d’autre part, dans l’exploration de la vie et de l’histoire de demain […], un exemple singulier et remarquable de cette fidélité créative qui est demandée aux disciples – en particulier les responsables – des fondateurs et des fondatrices. » Dans quel esprit ? Se demande Jesùs Moran, le Co-président des Focolari, dans l’introduction. L’esprit de l’actualisation : « Maria Voce, dans ces thèmes, ne répète pas ceux développés par Chiara dans le passé, elle les actualise (…), elle nous donne sa compréhension des points de la spiritualité de l’unité, en puisant directement à la source de l’inspiration de Chiara Lubich. Elle met en même temps l’accent sur d’ultérieures significations et fait résonner des tonalités non exprimées jusque-là, interpellée aussi par les questions que se posent de plus en plus les membres du Mouvement des Focolari, au contact des vicissitudes de l’histoire présente de l’Église et de l’humanité. » Page après page, Maria Voce s’arrête sur plusieurs questions que se pose aujourd’hui, de façon plus ou moins explicite, le peuple des Focolari, telle celle-ci : « Que demande donc Dieu aux membres du Mouvement ? Il demande à chacun de s’investir dans son propre milieu, impliquant dans l’unité ceux qui sont proches de lui, tout en restant ouvert à tous les autres. Cela serait suffisant, disait encore Chiara dans cette circonstance. Et elle soulignait avec force que Dieu veut avant tout de nous que nous nous ‘’fassions un’’ avec le frère qui est près de nous, avec celui qui chemine avec nous dans la vie, avec ceux avec qui nous entrons en contact jour après jour, ceci aussi – dans la mesure du possible – à travers les moyens de communication. Nous sommes donc appelés à vivre l’unité, jour après jour, à chaque instant de notre vie, comme c’était le cas au début. » Elle propose également sa lecture personnelle face aux ombres et aux lumières, dans la progression du Mouvement des Focolari, à un moment comme celui-ci, où la pandémie a remis en cause bien des choses, tant au niveau personnel que communautaire, notamment en vue de la prochaine assemblée de 2021, au cours de laquelle le Mouvement devra élire la nouvelle présidente et les postes de direction : « En cette période, il nous semble que Dieu nous pousse à étendre les semailles dans des domaines nouveaux et plus vastes, sans craindre la diminution des forces ou la perte de positions rejointes, mais en assistant joyeusement à l’ouverture d’horizons toujours nouveaux et à la floraison d’innombrables petites cellules d’Église vivantes, réparties dans le monde entier, partout où deux ou plus sont prêts à s’aimer réciproquement et vont à la rencontre des hommes afin que, comme le souhaite le Pape François, les hommes rencontrent Dieu. » Une lecture à faire avec attention aujourd’hui pour nous enrichir d’une compréhension du présent et regarder l’avenir proche avec l’optimisme typique de Maria Voce, qui n’est certainement pas naïf, car fondé sur la parole évangélique de l’unité et sur la vie qui en a jailli dans le monde entier.

Stefania Tanesini

Liban : se relever des décombres

Liban : se relever des décombres

Après l’explosion dévastatrice survenue à Beyrouth le soir du 4 août, la communauté locale des Focolari et l’association Humanité Nouvelle se sont mises au travail pour répondre aux nécessités les plus urgentes des personnes touchées par la catastrophe. L’énorme explosion du mardi 4 août à 18h10, heure locale, a causé plus de 100 morts et 4.000 blessés dans la zone proche du port de Beyrouth, la capitale libanaise. Des portes et des fenêtres en verre ont volé en éclats jusqu’à une distance de 10 kilomètres de la zone sinistrée. Le gouvernement parle d’environ 300.000 personnes sans abri. Avant cette catastrophe, le pays des cèdres était déjà confronté à une grave crise économique, qui a été encore renforcée par les effets de la pandémie du coronavirus. Selon des sources officielles, plus de 45% de la population vit dans la pauvreté et le chômage est monté à 35%. L’explosion du 4 août a été un autre coup dur non seulement pour l’économie et les infrastructures du Liban, mais aussi pour le moral d’un peuple qui a subi tant de violences au cours des dernières décennies. Comme toutes les associations humanitaires, l’agence « Humanité Nouvelle » des Focolari s’est mise en marche pour aider les personnes les plus touchées. Avec l’aide de la communauté locale du Mouvement, le Centre Mariapolis « La Source » à Ain Aar près de Beyrouth a été mis à la disposition de ceux qui ont perdu leur maison. Des groupes de jeunes et d’adultes se sont rendus disponibles pour aider les familles et les personnes les plus touchées, rassemblant les besoins de différentes sortes : de la nourriture au matériel de nettoyage des maisons et des appartements. ________________________________________ La coordination d’urgence du mouvement des Focolari qui interviendra par le biais des organisations de l’UMA et de l’APN a été activée. Pour ceux qui souhaitent aider, les comptes courants suivants ont été activés :

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MOTIF: Urgence Liban ——————————————————- Les contributions versées sur les deux comptes courants à cette intention seront gérées conjointement par l’AMU et l‘AFN. Pour ce type de dons, des avantages fiscaux sont prévus dans de nombreux pays de l’Union Européenne et dans d’autres pays du monde, suivant les réglementations locales. ——————————————————- Pour rester à jour sur la collecte de fonds pour cette urgence, visitez les sites web de AMU et AFN.

Le pouvoir de la communion et la providence de Dieu

Le pouvoir de la communion et la providence de Dieu

L’histoire d’Armando, un vénézuélien émigré au Pérou avec sa famille : vivre l’Idéal de l’unité dans la communauté des Focolari, partager les propres besoins et expérimenter la force de la  communion qui attire la providence de Dieu. Il y a trois ans, à cause de la situation précaire au Venezuela, nous avons décidé, mon épouse et moi-même d’émigrer au Pérou avec nos deux enfants. La communauté locale des Focolari, que nous fréquentions déjà dans notre pays, nous a trouvé une maison temporaire pour nous souhaiter la bienvenue, dans l’attente de trouver un travail pour payer le loyer d’une maison. Une personne de la communauté des Focolari, sans nous connaître, nous a offert son appartement pour un mois, alors qu’elle partait rendre visite à un de ses fils qui vivait dans une autre ville. A peine étions- nous installés qu’ils nous ont demandé de dresser une liste des choses dont nous avions besoin pour faire un appel à tous. C’est ainsi que sont arrivés des couverts, des vestes, des casseroles, des assiettes, de la nourriture, mais il me manquait une paire de chaussures dont j’avais besoin assez urgemment… A la fin du mois, vu que je n’avais pas encore de travail, nous nous sommes déplacés dans un autre logement temporaire. Nous sommes allés remercier celui qui, sans nous connaître, nous avait prêté cette maison. Après nous avoir connus davantage, il nous dit : « Si je peux vous aider avec quelque chose d’autre, dites-le- moi ». Nous lui avons raconté qu’on avait fait une liste et que l’unique chose qui manquait, c’était la paire de chaussures. « Oui, j’ai vu l’annonce sur le chat WhatsApp », nous a-t-il dit mais personnellement, je chausse du 38… ; essaie-les tout de même (il s’est déchaussé) et si elles te vont bien, elles sont pour toi ». Je les ai essayées et elles m’allaient parfaitement. Il a ajouté : « Mais dans l’annonce, tu as dit que tu avais besoin de chaussures sportives ». Il alla dans sa chambre et ramena une paire de chaussures de sport : « Prends aussi celles-ci ». Voilà comment sont arrivées les chaussures que je continue à mettre tous les jours. Un soir, lors d’une rencontre avec quelques personnes avec lesquelles nous partageons l’Idéal de l’unité de Chiara Lubich, j’ai pu expérimenter une fois de plus, la force de la communion, de partager les réussites, les échecs, les joies, les nécessités, en prenant comme exemple les premières communautés chrétiennes, qui « ont mis tout en commun et nul ne disait que ses biens lui appartenaient en propre et personne n’était dans le besoin » (Actes, 4 : 32-36). Cela a été un moment tout spécial : un des participants a raconté que deux de ses fils, lors d’une dispute, avaient cassé l’ordinateur. Sa première réaction avait été de les punir tous les deux. Personnellement, ça m’a fait mal en pensant que maintenant ces enfants-là n’avaient plus l’ordinateur qui leur servait aussi pour leurs devoirs d’école. Après avoir dépassé la première phase de colère, le père des deux garçons appela le technicien pour réparer le pc. Malheureusement, il était impossible de le réparer. Le père a donc appelé ses deux fils et s’est excusé de sa première réaction de rage et la paix est revenue dans ce ménage. Lorsqu’il a eu fini de raconter ce qu’il avait vécu, un des participant a dit avoir un ordinateur dont il ne faisait plus usage : « Il est à ta disposition, nous allons donc voir comment te le faire parvenir ». Pour moi, cela a été l’énième confirmation de la force de la communion. Je me suis demandé : « Et si le premier n’avait pas partagé sa préoccupation, comment l’autre aurait-il pu offrir une solution ? ». Il arrive que seul, nous ne sachions pas résoudre un problème et nous nous bloquons dans notre souffrance ; mais si nous faisons le pas de le partager en communion avec les autres et sans intérêt, Dieu peut trouver la solution justement par le biais de quelqu’un qui est à côté de nous.

                                                           A.M. Lima, Pérou (propos recueillis par Gustavo E. Clariá)

 

Le « quelque chose en plus »

Le message suivant de Chiara Lubich souligne une dimension constitutive d’une « Spiritualité de communion » : le fait d’être étroitement liés les uns aux autres et, pour cette raison, avoir aussi à se supporter les uns les autres. La pandémie du Corona virus nous fait toucher du doigt et de bien des façons, notre interdépendance, et en outre, elle nous demande, dans notre vie quotidienne, une plus grande capacité à supporter. […] Nous n’allons pas à Dieu seuls, mais avec nos frères. C’est “notre” « plus ». Nous visons à la sainteté avec eux. En pratique, il nous faut les aider à atteindre la sainteté, comme nous-mêmes nous nous efforçons de l’atteindre. Les aider à atteindre la sainteté est très exigeant et nous avons tendance à l’oublier. Pourtant, c’est pour nous la condition sine qua non pour atteindre notre sainteté. Mieux : ce n’est qu’en aimant à ce point nos frères que nous pouvons espérer que Jésus sera présent au milieu de nous. Quel est le meilleur moyen pour vivre cet amour exigeant envers nos frères ? Il en existe plusieurs, mais il y en a un qu’il faut considérer attentivement, comme ma longue expérience le confirme. J’en ai déjà parlé, mais il est si important qu’il est bon de le répéter. Qu’elle soit permanente ou temporaire, notre vie de communauté exige que nous aimions constamment nos frères, que nous nous fassions sans cesse « un » avec eux. C’est ce que nous cherchons à faire. Cependant nous avons beau y mettre toutes nos forces, nous n’y arrivons pas toujours. Nous sommes encore sur cette terre, donc pleins de défauts ou d’imperfections et, de temps en temps, il arrive que nous commettions des erreurs. Comment faire alors ? Si c’est nous qui avons manqué à l’amour fraternel, remettons-nous aussitôt à aimer. Que faire par contre si l’amour fraternel fait défaut à cause de l’un ou l’autre de nos frères ? Croyez-moi : il est sage en ce cas d’écouter saint Paul. Il nous montre avec insistance combien il est important d’endurer [1]. Supporter les autres n’est pas un sous-produit de l’amour. Cela fait partie intégrante de la charité, c’est un de ses aspects, c’est essentiel à la charité. La charité, selon l’apôtre Paul, non seulement « excuse tout, croit tout, espère tout », mais également « endure tout » ajoute-t-il (1 Co 13, 7). Endurer, supporter, c’est aimer, c’est vivre la charité. Autrement, ce n’est pas la charité que nous vivons. Le moment viendra aussi où nous pourrons faire observer à notre frère ses erreurs. L’Évangile exige cela également. […] Et faisons-le alors, uniquement par amour, et non pas – comme cela peut arriver – pour donner libre cours à notre ressentiment, à cause de torts que nos frères ont pu nous faire, mais plutôt avec tout l’amour possible, étant bien conscients que, si notre frère s’améliore, nous en tirerons avantage nous aussi. C’est ici que réside la nouveauté de notre iter spirituel : je dois travailler à la perfection de mes frères, si je veux atteindre la mienne. Nous sommes liés les uns aux autres, il n’y a pas d’échappatoire.

Chiara Lubich

 (Extrait d’une conférence téléphonique, 19 juin 2003, Rocca di Papa) [1]           La TOB traduit « l’amour [¼] endure tout » tandis que la BJ traduit : « la charité [¼] supporte tout ».

Premier téléfilm sur Chiara Lubich

Premier téléfilm sur Chiara Lubich

Le film sur Chiara et les débuts des Focolari sera diffusé en automne sur RAI UNO, la première chaîne de télévision nationale italienne.  « N’importe quelle fille peut-elle changer le monde avec la seule force de son rêve et de son credo ? » – C’est la clé par laquelle le réalisateur italien Giacomo Campiotti racontera l’histoire de Chiara Lubich, une jeune enseignante du Trentin d’un peu plus de vingt ans, qui vit le désespoir et la détresse engendrés par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Elle se sent appelée à construire un monde meilleur, un monde plus uni. A ce moment, elle se fixe pour objectif de jeter des ponts entre les hommes, quelle que soit leur race, leur nation ou leur religion. Ce sera un téléfilm biographique, la toute première transposition télévisuelle de Chiara Lubich. Il se concentrera sur les premières années, entre 1943 et 1950. Il s’agit d’une coproduction entre Rai Fiction et Casanova Multimedia, produite par Luca Barbareschi. Chiara sera interprétée par une actrice italienne reconnue, Cristiana Capotondi ; Sofia Panizzi et Valentina Ghelfi seront également de la partie. Les tournages commencent dans quelques jours dans le Trentin et partiront de ces « temps de guerre où tout s’écroulait » et où seul Dieu restait, comme Chiara le dit elle-même dans l’un des tout premiers récits de la naissance des Focolari. « La force d’une figure comme celle de Chiara aujourd’hui – lit-on dans le communiqué de presse – est de nous faire regarder l’autre comme une possibilité, un don, porteur d’une graine de vérité à valoriser et à aimer, aussi lointain soit-il. La fraternité universelle est une condition préalable au dialogue et à la paix. Le message de Chiara n’appartient pas seulement au monde catholique et sa figure contribue à valoriser les femmes et leur rôle également et surtout en dehors de l’institution ecclésiastique. Ce sera donc l’histoire des toutes premières années, les années fondatrices, au cours desquelles Chiara comprend le chemin que Dieu lui demande de prendre et elle commence à le parcourir. Elle sera suivie par un groupe toujours croissant de personnes originaires d’Italie qui vont parcourir les chemins du monde entier. Mais ce sera aussi un voyage dans le contexte historique, social et ecclésiastique dans lequel évolue Chiara, c’est-à-dire celui de la Seconde Guerre mondiale, des toutes premières années de l’après guerre et des ferments pré-conciliaires qui agitent la catholicité. Le réalisateur et des auteurs ont aussi le désir de montrer « la fille révolutionnaire, qui partage tout avec les personnes qui en ont besoin – peut-on lire dans « notizia ANSA du 27 juillet – parce qu’elle lit l’Évangile sans la présence d’un prêtre ; elle devient si dangereuse pour la société de l’époque qu’elle est contrainte de rendre compte de son travail au Saint-Office et de passer l’épreuve la plus difficile de sa vie lorsqu’on lui demande de laisser la direction des Focolari. Mais la pierre qu’elle a jetée dans l’étang est imparable et crée des cercles de plus en plus larges, de sorte que lorsque, des années plus tard, Paul VI la réhabilite, le mouvement des Focolari est désormais répandu dans le monde entier ».

Stefania Tanesini

Les entrepreneurs à l’ère du coronavirus

Les entrepreneurs à l’ère du coronavirus

Des entreprises en grande détresse, des milliers d’emplois perdus : la phase du confinement a durement frappé l’économie européenne. Malgré cela, de nombreux entrepreneurs n’abandonnent pas. Andrea Cruciani, Italien, s’est interrogé sur comment prendre soin de ses employés. Comment les entrepreneurs ont-ils vécu la phase d’urgence de confinement à cause du Covid-19 ? Nous en parlons avec Andrea Cruciani, PDG de TeamDev et d’Agricolus, des entreprises et des start-ups italiennes liées au projet pour une Economie de communion. Comment avez-vous vécu la phase de confinement ? « Avant le confinement, nous n’avions aucun problème. TeamDev connaît une croissance annuelle de 20% depuis 12 ans et nous employons une cinquantaine de personnes. À la mi-février, nous avions effectué quelques opérations pour anticiper les coûts bancaires mais avec le confinement, nous sommes arrivés fin mars à ne plus avoir de liquidités. C’était la première fois que je me retrouvais sans argent et sans alternatives. Nous avons dû opter pour le fonds de licenciement et j’en étais désolé car nous avons toujours investi en donnant une attention particulière à la protection sociale de l’entreprise. Nous nous sommes donc retrouvés avec quelques employés effrayés qui manquaient de confiance en nous. Perdre la confiance même d’un seul employé était une grande douleur. Lentement, nous avons essayé de trouver une solution aux besoins de chacun et dès que l’argent est entré dans les caisses de l’entreprise, nous avons pu compléter le fonds de licenciement en payant les employés par le biais d’une prime appelée “prime Covid”. Au final, nous avons pu donner le même salaire à tout le monde. Ils ont compris qu’il n’y avait pas de mauvaise foi de notre part ». Que t’a appris cette expérience ? « J’ai connu les fragilités de la construction d’une relation authentique avec les employés et les associés. Il est très important de construire une relation authentique basée sur la confiance. Nous avons été surpris par la réaction de certains d’entre eux qui ont puisé dans leur propre énergie pour contribuer au bien commun. Cette période a fait ressortir la plus véritable humanité dans les relations ». Quels conseils donnerais-tu aux autres entrepreneurs en matière de ressources humaines ? « Laisse-moi te raconter une histoire. Il y a trois ans, j’ai voulu promouvoir un employé en lui confiant une succursale de l’entreprise. Mais cette personne n’a pas tenu le coup au bout d’un certain temps et a changé de travail. J’ai alors réalisé que ce que j’attends de la vie pour moi n’est pas ce que les autres attendent. Il ne se souciait même pas d’obtenir une augmentation de salaire car il ne voulait pas avoir ce fardeau psychologique. Après cette expérience, nous avons commencé à mettre en place des instruments plus efficaces ». Que veux-tu dire ? « Tout d’abord, nous avons demandé à un coach de nous aider à maintenir un esprit commun entre tous. Puis nous avons commencé à améliorer l’environnement de travail par des actions simples comme apporter des fruits frais en collation ou des fruits de saison provenant des jardins caritatifs de Caritas à rapporter chez eux (sans frais), ce dont chacun avait besoin. Ensuite, nous avons activé une aide sociale d’intégration même si depuis plusieurs années nous avions déjà commencé une pension complémentaire et divers autres instruments, tels que des horaires flexibles pour concilier les familles… Il nous semble que c’est la façon de prendre soin des personnes qui travaillent dans nos entreprises. Et puis, il est clair que nous avons à cœur la croissance de chaque personne afin qu’elle puisse donner le meilleur d’elle-même ». Comment vois-tu l’avenir de l’économie en général ? « Je vois un avenir où il faudra de plus en plus lire le moment présent et être capable de donner des clés de lecture pour l’avenir. Chiara Lubich a été une prophétesse pour nous, les entrepreneurs d’EdC, car elle nous a enseigné à prendre soin des employés et des entreprises. Certaines règles sont maintenant prévues par la loi, mais pour beaucoup d’autres, la loi n’est pas nécessaire car c’est une question de conscience et d’amour ».

 Lorenzo Russo

  Si vous voulez apporter votre contribution pour aider ceux qui souffrent des effets de la crise mondiale de Covid, allez à ce lien

Évangile vécu : être une famille

« Soyez une famille – telle était l’invitation de Chiara Lubich aux personnes désireuses de vivre la Parole de Dieu – et là où vous irez pour apporter l’idéal du Christ, (…) vous ne ferez rien de mieux que d’essayer de créer avec discrétion, prudence, mais détermination, l’esprit de famille. C’est un esprit humble, il veut le bien des autres, il ne se gonfle pas… c’est (…) la vraie charité. » Le nouveau directeur Dans son “discours programmatique”, le nouveau directeur avait parlé de l’entreprise comme d’une famille dans laquelle nous étions tous coresponsables. Entre tous l’atmosphère  était détendue et cordiale… mais dès les premières difficultés, peut-être  par manque d’expérience, il s’est entouré de personnes  de confiance, mais il a pratiquement exclu toutes les autres dans les prises de décision. J’ai pris mon courage à deux mains et, par amour pour lui et les employés, un jour je suis allé  dans son bureau pour lui demander quels soucis l’écrasaient. Il m’a semblé très différent de ce qu’il était au début, comme s’il ne se sentait entouré que de personnes hostiles. Peut-être avions-nous fait quelque chose contre lui qui l’avait fait réagir ainsi ? Il n’a pas répondu et  m’a remercié : un engagement urgent l’attendait. Quelques jours plus tard, il m’a appelé et, en s’excusant, m’a confié qu’il se sentait incapable de vivre une solidarité qui risquait de tout  lui retirer des  mains. Il m’a demandé de l’aider. Je l’ai convaincu de s’ouvrir à nous tous, en nous demandant si nous voulions vraiment  adhérer à son projet. Ce fut un grand moment de partage entre tous. Quelque chose a commencé à changer. (H.G. – Hongrie) Au bureau de poste Au début de la pandémie, je suis allée à la poste pour expédier un paquet. Dans la file d’attente du guichet des pensions de retraite une vieille dame portant un masque, malade, s’est effondrée sur le sol. J’ai couru vers elle, mais je n’avais pas la force de la relever. Lorsque j’ai demandé de l’aide, j’ai remarqué une certaine hésitation : seul un garçon bien tatoué a répondu, il avait vu la scène depuis  l’extérieur de la poste. J’ai fait asseoir la vieille dame. Mis à part quelques douleurs dues à la chute, elle allait beaucoup mieux et j’ai demandé à ce jeune de l’aider à faire ce qu’elle  devait, le temps d’envoyer  mon paquet. Non seulement il m’a aidée à la faire monter dans la voiture, mais il a voulu venir avec nous jusque chez elle. Comme elle avait son tensiomètre, j’ai pris sa tension artérielle. Une fois descendus de voiture,  ce garçon  m’a dit : « Je riais avec mes amis en voyant  à quel point les gens sont guidés par la peur. Ce que vous avez fait est remarquable. » Après quelques jours, j’ai voulu rendre visite à cette personne âgée. J’ai été surprise et même émue d’apprendre d’elle que ce jeune lui avait apporté des biscuits faits par sa mère. (U.R. – Italie) Guérir de son passé Dommage ! C’était une collègue compétente dans son travail, mais elle empoisonnait les autres avec son pessimisme. Entre autres, sa jalousie non seulement envers moi, mais aussi envers d’autres collègues, l’amenait  à critiquer sans cesse tout le monde. Aussi, pour un prétexte ou un autre, personne ne voulait travailler avec elle.  Que faire ? Laisser les choses  continuer ainsi et rester tous mal à l’aise? Le jour de son anniversaire, j’ai eu une idée : organiser une collecte entre collègues pour lui offrir un cadeau. Lorsque nous l’avons appelée pour fêter cela avec des gâteaux faits maison, des dessins  réalisés  pour elle par les enfants des collègues, ainsi qu’un beau sac à main en cadeau, elle était émue et  n’en revenait pas. Pendant plusieurs jours elle n’a pas dit un mot. Elle nous regardait comme un oiseau blessé. Puis, lentement, elle a commencé à me parler de son enfance, de ses amours malheureuses, des divisions dans sa famille… Nous sommes devenus amies. Maintenant, elle vient chez nous et aide mes enfants en maths et en anglais. Désormais elle fait partie de la famille. Elle semble aussi guérir des blessures de son passé. (G.R. – Italie)

                                                                                                Propos recueillis par Stefania Tanesini

extraits de Il Vangelo del Giorno  (l’Évangile du jour), Città Nuova, année VI, n° 4, juillet-août 2020

L’appeler par son nom

Nous avons tous souffert à cause du coronavirus et beaucoup en souffrent encore. La souffrance que cette pandémie nous occasionne se présente sous les aspects les plus divers et, si Jésus ne nous soutenait pas, il y aurait vraiment de quoi se décourager. Nous savons, en effet, comment Lui, qui est Dieu, fait homme, a vécu toutes nos souffrances et c’est pour cette raison qu’Il peut être à nos côtés et nous soutenir. […] Nous pouvons considérer la vie comme une course d’obstacles. Mais quels sont ces obstacles ? Comment peut-on les définir ? C’est toujours une grande découverte de constater qu’on peut, d’une certaine façon, donner le nom de Jésus abandonné à chaque souffrance ou épreuve de la vie. Sommes-nous pris par la peur ? Jésus, sur la croix, dans son abandon, ne semble-t-il pas envahi par la crainte que le Père l’ait oublié ? Dans certaines dures épreuves, le manque de réconfort, le découragement peuvent devenir un obstacle. Jésus, dans l’abandon, semble submergé par l’impression qu’à sa passion divine, manque le réconfort de son Père. Il semble qu’il est en train de perdre courage pour conclure sa grande épreuve. Pourtant il ajoute : « Dans tes mains, Père, je. remets mon esprit. »[1] Les circonstances nous portent-elles à être désorientés ? Jésus, dans cette immense souffrance, semble ne plus rien comprendre de ce qui lui arrive, puisqu’il crie : « Pourquoi ? »[2] Sommes-nous contredits ? Dans l’abandon, ne semble-t-il pas que le Père désapprouve l’Œuvre du Fils ? Recevons-nous des reproches ou sommes-nous accusés ? Jésus sur la croix, dans son abandon, a eu sans doute l’impression de recevoir reproches et accusations de la part du Ciel. Dans certaines épreuves de la vie qui peuvent se succéder sans trêve, ne nous arrive-t-il pas de dire, à bout de forces : « C’en est trop, cela dépasse la mesure » Jésus, dans l’abandon, a bu un calice amer non seulement plein mais débordant. Son épreuve a été au-delà de toute mesure. Et quand la déception nous surprend, que nous sommes traumatisés par un événement ou blessés par un malheur imprévu, une maladie ou une situation absurde, nous pouvons toujours nous rappeler la souffrance de Jésus abandonné, qui a personnalisé toutes ces épreuves et bien plus encore. Oui, Il est présent dans tout ce qui a goût de souffrance. Chaque souffrance porte son nom. On sait que, lorsqu’on aime quelqu’un, on l’appelle par son nom. Nous, nous avons décidé d’aimer Jésus abandonné. Donc pour mieux y parvenir, essayons de nous habituer à l’appeler par son nom dans les épreuves de notre vie. Ainsi nous lui dirons : Jésus abandonné-solitude, Jésus abandonné-doute, Jésus abandonné-blessure, Jésus abandonné-épreuve, Jésus abandonné-désolation et ainsi de suite… Appelé par son nom, Il sera découvert et reconnu dans chaque souffrance. Alors, Il nous répondra avec plus d’amour. Si nous l’étreignons, il deviendra pour nous la paix, le réconfort, le courage, l’équilibre, la santé, la victoire. Il sera l’explication de tout et la solution de tout. Cherchons donc, […] à appeler par son nom ce Jésus, que nous rencontrerons dans les obstacles de la vie. Nous les dépasserons plus rapidement et la course de notre existence ne connaîtra plus d’arrêts.

Chiara Lubich

 (Extrait d’une conférence téléphonique, 28 août 1986, Mollens (Suisse).) [1] Lc 23, 46. [2] Cf. Mt 27, 46 ; Mc 15, 34.

Évangile vécu : une grande chance

Si nous aimons, Jésus nous reconnaît comme étant de sa famille : ses frères et sœurs. C’est notre plus grande chance et qui nous surprend ; elle nous libère du passé, de nos peurs, de nos schémas. Dans cette perspective, nos limites et nos fragilités peuvent également être un tremplin vers notre réalisation. Tout fait réellement un saut de qualité. Racisme Je fréquentais le lycée ; les leçons et les devoirs allaient bien, mais pas le rapport avec les copains de classe. Un jour, je terminais des travaux de sciences, lorsqu’un d’entre eux a commencé à m’injurier pour le fait que je suis asiatique. Je n’ai pas su comment réagir à ce défoulement raciste : je suis resté muet avec la seule intention de me venger. Puis une étrange pensée m’a traversé l’esprit : « C’est maintenant ton occasion ». Il m’a fallu un peu de temps pour en comprendre la signification. Mais après quelques temps, cela a été plus clair : « C’est maintenant ton occasion d’aimer les ennemis ». J’aurais voulu faire semblant de rien, en guise de défense de mon identité asiatique. Aussi parce que aimer mon ennemi me semblait une manière d’alimenter le négatif. Après avoir pris un certain temps, très incertain quant à la décision à prendre, j’en ai conclu qu’il valait mieux me taire. J’ai forcé mon cœur furieux au pardon et ai offert ma blessure personnelle à Jésus, qui avait souffert tellement sur la croix. Après cette expérience de pardon de mon ennemi, sincèrement, j’ai expérimenté une joie jamais éprouvée avant. (James – USA) Problèmes de foi Lorsque notre troisième enfant est né avec le syndrome de Down, cette cruauté de la nature m’a semblé être une punition pour mes infidélités conjugales. J’avais honte de le porter partout et dans mon for intérieur j’avais plein de questions sans réponses. Mais au fur et à mesure que F. grandissait, je voyais en lui une bonté primordiale, une paix cosmique. Je ne sais pas quelle relation il pouvait y avoir avec ma foi problématique, mais j’ai peu à peu acquis un autre regard, et je dirais, un autre cœur. Le rapport en famille a aussi changé. La chose étrange est que j’ai commencé à vivre la condition de F. comme un cadeau. Je n’ai plus de problèmes de foi et de dogmes. Tout est grâce. Derrière le voile de l’incompréhension, il y a une vérité innocente et pure. (D.T. – Portugal) Retour J’avais quitté ma famille pour une autre personne de laquelle j’étais tombé amoureux au travail. Aveuglé par la passion, je ne me rendais pas compte de la tragédie que j’étais en train de provoquer. Avec les enfants, je suis toujours resté en contact, surtout avec l’aînée qui le plus avait souffert de mon absence. Lorsqu’à son tour, son mari l’a abandonnée avec trois enfants en bas-âge, et qu’elle est tombée en dépression, j’ai vu se répéter le même mal que j’avais causé. Dieu m’a donné la grâce de le comprendre et de demander pardon. J’ai tout fait pour être proche de cette famille désagrégée, j’ai cherché mon beau-fils et j’ai longuement parlé avec lui. Lui m’a humilié en me disant que je n’avais pas le droit de le juger, car certains traumatismes de ma fille étaient dus à cause de moi : leur mariage s’était mal terminé justement à cause du manque d’équilibre de sa femme. A genoux et en pleurant, je lui ai demandé pardon. Il a répondu qu’il allait y réfléchir. Après quelques mois de suspension, une lueur d’espoir : la nouvelle, de la part de ma fille, que son mari voulait réessayer de vivre en famille. (C.M. – Argentine)

                                                                                                                     D’après Stefania Tanesini

 (extrait de l’Évangile du Jour, Città Nuova, année VI, n.4, juillet-août 2020)

En librairie, la biographie de Pasquale Foresi

En librairie, la biographie de Pasquale Foresi

Réservé, d’une intelligence  lucide, théologien d’avant-garde et premier coprésident des Focolari : le premier volume de la biographie de Pasquale Foresi, écrit par Michele Zanzucchi, vient de paraître – pour l’instant en italien. Il raconte l’histoire d’un homme, les débuts du mouvement des Focolari, un aperçu d’histoire qui a beaucoup à dire au mouvement, à l’Église et à la société d’aujourd’hui. Le 9 juillet dernier, “In fuga per la verità”, la première biographie de Pasquale Foresi, que Chiara Lubich a appelé cofondateur du mouvement des Focolari avec Igino Giordani, a été publiée. Il s’agit d’un récit très bien documenté de la première partie d’une existence intense – de 1929 à 1954 – peu connue même des membres des Focolari, tant pour son caractère réservé que pour le style de cogouvernance – dirions-nous aujourd’hui – qu’incarnait Foresi. Un texte de grand intérêt, publié pour l’instant en italien (mais des versions en anglais, français et espagnol sont en préparation), truffé de faits inédits, qui se lit comme un roman, qui raconte la parabole de vie de Foresi, qui relit de son point de vue les débuts du mouvement des Focolari, la personne de Chiara Lubich, et nous fait réfléchir à l’actualité de ce mouvement mondial, presque 80 ans après sa naissance. Mais qui était Pasquale Foresi et que représentait-il pour la toute jeune fondatrice du mouvement des Focolari ? Nous avons demandé à l’auteur de la biographie, Michele Zanzucchi, journaliste et écrivain, ancien directeur de Città Nuova. Son travail minutieux et approfondi, qui a duré deux ans et demi, avec l’aide de lettres, de textes, de livres, de discours, ainsi que du bagage d’une connaissance directe et proche de Foresi. “Lorsqu’il rencontra Chiara Lubich, autour de la fête de Noël 1949, Foresi était un jeune homme d’une vingtaine d’années qui avait vécu une vie beaucoup plus adulte que celle de son âge, en cela il était “préparé” à collaborer avec la fondatrice. Fils d’une famille de Livorno – son père à l’époque était enseignant et homme de référence du laïcat catholique, puis député, sa mère était femme au foyer, il avait trois frères et sœurs – Pasquale a fait preuve dès son enfance d’une intelligence pratique et théorique peu commune. Le jour de l’armistice, le 8 septembre 1943, à 14 ans seulement, il s’est enfui de chez lui “pour rendre service à l’Italie”. Bientôt, enrôlé dans les Chemises noires puis, par la force, par les nazis eux-mêmes, il combattit à Cassino, entre autres, avant de s’échapper, libérant des déserteurs condamnés à mort. C’est là que commença sa conversion philosophique et religieuse. Il termina la guerre avec les résistants, et entra immédiatement après au séminaire de Pistoia, puis deux ans plus tard à la prestigieuse Capranica (le collège pontifical ou Grand Séminaire) de Rome. Mais il s’en alla car il ne partageait pas l’incohérence de nombreux ecclésiastiques avec l’Évangile. Une cohérence qu’il trouva au contraire chez Chiara Lubich et ses amis. En un mois, l’institutrice de Trente comprit que Dieu lui avait envoyé ce jeune homme pour l’aider à réaliser l’œuvre de Dieu qui était déjà en train de naître. Foresi coopéra avec elle à la réalisation de la cohabitation entre personnes vierges consacrées, à l’approbation du Mouvement de la part de l’Église, à la construction de centres et de citadelles, à l’ouverture de maisons d’éditions  et de revues, à l’inauguration de centres universitaires… À partir de ce jour, Chiara Lubich resta  fidèle au rôle que Dieu avait confié à Foresi, et ne l’ abandonna jamais, même lorsque, terrassé par une grave maladie cérébrale en 1967, il avait à peine 38 ans et disparut de la vie publique. Pour elle, Pasquale restera toujours l’un des deux cofondateurs du Mouvement, celui avec lequel elle s’est confrontée pour chaque décision à prendre”. Quel genre de prêtre était-il ? Quelle était sa vision de l’Église ?  “Sur une formation assez traditionnelle sur les sacrements et la vie sacerdotale, je dirais néo-scolastique, Foresi aida Chiara Lubich à développer une idée originale de l’application du presbytère, l’idée d’un “sacerdoce marial” dépouillé de “pouvoir” et animé seulement par un profond enracinement dans le sacerdoce royal de Jésus. Aujourd’hui encore, cette idée du sacerdoce est en cours d’application et d’expérimentation. Pour Foresi, en particulier, le prêtre devait être un champion en humanité, un homme-Jésus. La vision sous-jacente de l’Église est liée à une perspective prophétique conciliaire : l’Église peuple de Dieu, l’Église-communion, naturellement synodale, avec une valorisation (qui ne signifie nullement une dévalorisation de la présence techniquement “sacramentelle” du Christ dans son Église) de la présence de Jésus dans l’humanité de façons plus “laïques”, en particulier la présence promise par le Jésus de Matthieu : “Là où deux ou trois sont unis en mon nom, je suis au milieu d’eux” (Mt 18, 20)”. Pourquoi Chiara Lubich a-t-elle confié à Foresi, et non à un laïc, la réalisation de certaines œuvres des Focolari, les dites “concrétisations”, comme le centre international de Loppiano, la naissance de la maison d’édition Città Nuova… “Il aurait été bon de poser la question à l’intéressée… Je note cependant que l’autre co-fondateur du Mouvement était Igino Giordani, laïc, marié, député, journaliste, œcuméniste. Il connut Chiara Lubich entre autres, déjà en 1948. En lui, la fondatrice vit la présence « de l’humanité » au cœur de son charisme. Donc le tiburtin (habitant de Tivoli) signifia pour Chiara Lubich, l’ouverture radicale au monde, en suivant la prière sacerdotale de Jésus : « Que tous soient Un » (Jn, 17,10). Mais Chiara Lubich vit en Foresi – entre autres, de nature plus « concrète » que l’ « idéaliste » Giordani – celui qui l’aurait soutenue pratiquement dans la construction de son œuvre. Foresi était selon sa propre caractéristique, pour ainsi dire, extrêmement « laïc », tout en ayant très clair à l’esprit que la mission du Mouvement était avant tout ecclésiale, et qu’on ne pouvait pas faire sans les ecclésiastiques pour la réaliser ». Prenons un risque : si Foresi vivait aujourd’hui, que dirait-il aux Focolari, sur quoi les inviterait-il à miser ? « C’est un vrai risque. Je crois qu’il inviterait le Mouvement à un nécessaire ‘retour aux sources’, en se tournant vers la naissance du Mouvement. Il l’inviterait donc à relire et à appliquer les intuitions mystiques de la fondatrice de 1949-1951, mais aussi à regarder attentivement le processus concret de réalisation, advenu surtout dans la période de 1955-1957, au cours de laquelle d’autres illuminations furent données à Chiara Lubich, dirigées vers la concrétisation des intuitions mystiques précédentes ».

                                                                                                                      Stefania Tanesini

 

« C’est ta face, Seigneur, que je cherche. »

« C’est ta face, Seigneur, que je cherche. »[1]Le message de Chiara Lubich qui suit, peut être de lumière pour vivre de manière évangélique la preuve qu’à un niveau planétaire nous traversons tous. À cause de la pandémie, beaucoup ont perdu un parent, un ami ou une connaissance et nous sommes tous appelés, de bien des manières, à répondre aux cris de douleur que cette pandémie suscite un peu partout, en y reconnaissant des visages de Jésus abandonné à aimer.   […] Ces dernières semaines, certains (des nôtres) nous ont quittés. […] Et nous qui sommes encore sur cette terre, nous nous demandons : qu’ont-ils expérimenté au moment du passage ? Que nous diraient-ils s’ils pouvaient parler ? Nous le savons : ils ont vu le Seigneur. Ils ont rencontré Jésus. Ils ont connu son visage. C’est là une vérité de notre foi, une vérité qui nous apporte une immense consolation. Nous ne pouvons en douter. Saint Paul exprime – ce sont ses mots – son « désir de s’en aller pour être avec le Christ. »[2] Il parle donc d’être avec le Christ immédiatement après la mort, sans attendre la résurrection finale[3]. […] C’est donc là l’expérience des nôtres qui sont arrivés au but auquel le Saint-Voyage conduit : la rencontre avec Celui qui ne pourra que nous aimer, si nous l’avons aimé. Ce sera – espérons-le – aussi notre expérience. Mais, pour en être certains, nous devons nous y préparer dès maintenant, nous devons – en un certain sens – nous y habituer. Rencontrerons-nous le Seigneur ? Verrons-nous son visage ? Nous le contemplerons certainement dans toute sa splendeur si, ici-bas, nous l’avons regardé, aimé et accueilli “abandonné”. Paul ne connaissait rien sur la terre si ce n’est le Christ et le Christ crucifié. C’est ce que nous voulons nous entraîner à faire nous aussi […] : chercher son visage. Le chercher “abandonné”. Nous le trouverons certainement dans nos petites ou grandes souffrances personnelles qui ne manquent jamais ; dans le visage des frères que nous rencontrerons, surtout en ceux qui ont le plus besoin d’aide, de conseil, de réconfort, d’encouragement pour mieux progresser dans la vie spirituelle. Nous le chercherons dans les aspects les plus durs et les plus difficiles que les diverses activités que la volonté de Dieu nous suggère, comportent ; dans toutes les “désunités”, proches et lointaines, petites et grandes […]. Nous chercherons aussi son visage dans l’Eucharistie, au fond de notre cœur et dans ses images sacrées. Nous devons encore le contempler et l’aimer aussi concrètement dans toutes les grandes souffrances du monde. Oui, même si, devant elles, nous nous sentons souvent impuissants. Mais il n’en est peut-être pas ainsi. Combien de fois apprenons-nous […] que certaines catastrophes se sont déjà produites ou risquent de s’abattre sur des peuples ou pays entiers ! […] Si la charité de Dieu habite en nous, ce sont des calamités qui nous tombent dessus comme d’énormes pierres et nous coupent le souffle. Et ce, parce que nous sentons – malgré notre bonne volonté et les opérations que nous faisons – que nous ne pouvons rien faire d’adéquat qui améliore ces situations. Et pourtant, nous devons nous persuader que nous pouvons faire quelque chose. Là aussi, une fois son Visage découvert dans ces immenses calamités, avec la force des enfants de Dieu, qui attendent tout de leur Père tout-puissant, nous pouvons Lui confier les préoccupations qui nous écrasent, nous et de très vastes parties de l’humanité, pour qu’il pense à toucher le cœur des responsables des peuples qui peuvent encore faire quelque chose. Et nous devons être certains qu’il le fera. Et il l’a fait très souvent. Par conséquent, […] essayons de nous rappeler le plus souvent possible le verset du Psaume 26 qui dit : « C’est ta face, Seigneur, que je cherche. » Ton visage souffrant pour essuyer – autant qu’il nous est possible – tes larmes et ton sang et pouvoir le voir resplendissant, le moment venu, quand nous ferons l’expérience des nôtres qui sont déjà arrivés. […]

            Chiara Lubich

(Extrait d’une conférence téléphonique, 25 avril 1991, Rocca di Papa) [1] Psaume 26, 9. [2] Ph 1, 23. [3] Cf. 2 Co 5, 8.