Inde – Le Shanti Ashram et les Focolari : une longue amitié
En dialogue avec Vinu Aram, Directrice du Centre international Shanti Ashram. By Marco Aleotti, Roberto Catalano, Giulio Mainenti. https://vimeo.com/430298481
En dialogue avec Vinu Aram, Directrice du Centre international Shanti Ashram. By Marco Aleotti, Roberto Catalano, Giulio Mainenti. https://vimeo.com/430298481
La vie du Gen Verde pendant la pandémie « Nous étions au beau milieu d’une tournée en Espagne et des nouvelles inquiétantes nous sont parvenues d’Italie concernant le Covid-19 et le nombre croissant de contaminations. Nous devions décider de suspendre ou non la tournée et de la manière de rentrer en Italie. Quelques heures (ou plutôt quelques minutes) pour décider de ce qu’il fallait faire, le communiquer aux organisateurs, et en un jour nous embarquer sur ce qui était la dernière embarcation quittant Barcelone ». Un souvenir bien marqué et toujours vivant que partage Mileni du Gen Verde quelques mois plus tard et alors qu’en Italie il semble que la pandémie de Covid-19 refasse des apparitions. Au cours de ces 4 mois, le Gen Verde a transformé une situation douloureuse en une grande opportunité : « nous nous sommes immédiatement demandé – raconte Annalisa – comment aider les gens ; certains amis, qui avaient contracté le virus, nous ont demandé de rester proches d’eux… mais comment ? Comment ne pas les laisser seuls dans ces moments terribles tout en respectant la distanciation sociale ? Nous avons immédiatement eu l’idée de nous connecter depuis chez nous ». Ainsi commence l’aventure du premier streaming en direct : peu d’outils, un réseau internet médiocre pour supporter une connexion que nous ne savions pas si elle arriverait aux gens ni combien de personnes auraient pu la voir. Des mois plus tard, nous pouvons dire que le Gen Verde a réalisé de nombreux streamings en direct, ainsi que des dizaines et des dizaines de rendez-vous via le zoom, l’instagram, le skype… des occasions de rencontrer des jeunes et des moins jeunes du monde entier : des Philippines à l’Argentine, des États-Unis à la Roumanie, de l’Italie à l’Australie. Et puis ces mois ont aussi été le berceau propice à la création de nouvelles compositions : du monologue Il silenzio au morceau musical Tears and light, sans oublier les vidéos réalisées pour partager, même si à distance, le triduum de Pâques… et tout a été immédiatement partagé à travers les réseaux sociaux, la chaîne YouTube et le web. Peut-être plus de travail qu’en tournée, et le Gen Verde n’a jamais dit non à quiconque voulait vivre un moment de partage avec elles. « Nous sommes ravies – dit Marita – parce que ces derniers mois, nous avons rencontré des centaines de milliers de personnes ; je ne peux pas dire que c’était la même chose qu’en présence des personnes : il n’ y a pas de contact physique, on ne peut regarder personne dans les yeux… mais j’avoue qu’en 4 mois seulement, nous n’aurions jamais pu rencontrer autant de gens. Pour nous du Gen Verde, ce fut une expérience au-delà de toute attente ». Et maintenant, avec l’annonce de la dernière réunion de ce premier cycle de rendez-vous, le Gen Verde se consacre à de nouveaux projets et de nouvelles propositions à partager dès que possible. Bref, le Gen Verde regarde toujours loin et ne s’arrête jamais. Mais quel en est le secret ? « Nous vivons sans regarder à nous-mêmes – explique Sally – ce qui nous intéresse, c’est de construire des relations qui visent à la fraternité universelle. En ces mois de pandémie, nous avons reçu beaucoup d’échos après nos streamings en direct et ce sont ces impressions qui nous ont toujours poussées à aller de l’avant en essayant de donner le meilleur de nous-mêmes. Nous ne nous faisons pas d’illusions et ne voulons faire d’illusions à personne : la pandémie n’était pas une blague et dans de nombreux pays, la situation est encore très critique, mais nous sommes certaines que ce que nous avons fait a été pour beaucoup, vivre au moins un moment de soulagement qui a permis de reprendre des forces ».
Tiziana Nicastro
Chiara Lubich raconte le pacte spécial d’unité conclu avec Igino Giordani (qu’elle appelle “Foco”) le 16 juillet 1949, prélude à son expérience mystique de cet été-là. D’après une interview donnée à la journaliste Sandra Hoggett en 2002 https://vimeo.com/438648806
Les jeunes des Focolari ont lancé la nouvelle campagne #daretocare pour prendre soin de nos sociétés et de la planète Terre et être des citoyens actifs pour essayer de construire un morceau de monde uni. Ils ont interrogé Elena Pulcini, professeur de philosophie sociale à l’université de Florence en Italie. Elena Pulcini, professeure de philosophie sociale à l’université de Florence, se consacre depuis de nombreuses années, en tant que chercheuse, au thème des soins. Elle s’est exprimée lors de la première diffusion en direct #daretocare des jeunes du mouvement des Focolari le 20 juin dernier. Quel impact a eu l’expérience de la pandémie, que nous traversons, sur votre vision des soins? « Il me semble qu’une image de soins en tant qu’assistance a émergé. Pensons à tout le personnel médical et sanitaire. Cela a réveillé des éléments positifs, des passions qui ont en quelque sorte été oubliées, telles que la gratitude, la compassion, la perception de notre vulnérabilité. Et cela est très positif car nous en avons vraiment besoin et c’est nécessaire de réveiller ce que j’appelle les passions empathiques. En même temps, cependant, le soin est resté un peu enfermé dans une signification essentiellement humanitaire, ce qu’on appelle en anglais “cure, le remède” et non “care, le soin”. Prendre soin doit devenir un mode de vie ». Nous aimons rêver d’une société dans laquelle prendre soin est l’épine dorsale des systèmes politiques locaux et mondiaux. Est-ce une utopie ou est-ce réalisable ? « Se soucier signifie certainement réagir à quelque chose. Dans ce cas, il s’agit de prendre conscience de l’existence de l’autre. À partir du moment où je m’en rends compte et que je ne suis pas fermé dans mon individualisme, nous stimulons une capacité qui réside en nous qui est l’empathie, c’est-à-dire que nous nous pouvons nous mettre dans la peau de l’autre. Mais qui est l’autre aujourd’hui ? Eh bien, nous voyons apparaître de nouveaux visages de ce que nous considérons comme l’autre. L’autre aujourd’hui est donc ce qui est différent, ce sont aussi les générations futures, c’est aussi la nature, l’environnement, la Terre qui nous accueille. La sollicitude devient donc vraiment la réponse globale aux grands défis de notre temps si nous savons la retrouver grâce à la capacité empathique de nous mettre en relation avec l’autre. Je ne sais donc pas si c’est vraiment faisable, mais je pense que nous ne pouvons pas perdre la perspective utopique. La responsabilité ne suffit pas, nous devons aussi cultiver l’espérance ». Quelles suggestions nous feriez-vous pour agir dans ce sens et orienter nos sociétés vers la prise en charge à partir des institutions ? « Je crois que nous devons agir en tous lieux où nous opérons pour sortir la prise en charge du milieu étroit de la sphère privée. (…) Je dois me considérer comme un sujet attentionné dans ma famille, dans ma profession d’enseignant, quand je rencontre un pauvre rejeté dans la rue ou quand je vais nager et m’étendre sur la plage, je dois m’occuper de toutes les dimensions. Nous devons adopter la prise en charge comme un mode de vie capable de briser notre individualisme illimité qui conduit non seulement à l’autodestruction de l’humanité, mais aussi à la destruction du monde vivant. Nous devons donc essayer de répondre par un traitement aux pathologies de notre société, ce qui signifie éduquer à la démocratie. J’aime beaucoup un philosophe du XIXe siècle, Alexis de Tocqueville, qui disait que « nous devons éduquer à la démocratie ». C’est une leçon que nous devons encore apprendre et je crois que cela signifie qu’il faut cultiver ses propres émotions empathiques afin d’être stimulé à prendre soin avec plaisir et satisfaction, et non par contrainte”.
Par les jeunes des Focolari
Cinq ans après la publication de l’Encyclique du Pape François, le paradigme de l’écologie intégrale guide la lecture de cette période de pandémie. Nous en parlons avec Luca Fiorani, responsable d’EcoOne. Cinq ans se sont écoulés depuis la publication de Laudato Si, l’encyclique du Pape François sur la préservation de la planète. Nous en parlons avec Luca Fiorani, professeur aux universités de Lumsa, Marconi et Sophia, chercheur à l’ENEA et responsable d’EcoOne, le réseau écologique du mouvement des Focolari. En ce temps de pandémie, quelles leçons pouvons-nous tirer de Laudato Si et de son paradigme d’écologie intégrale ? Je pense au « tout est connecté ». Le Pape, avant la pandémie, nous a fait savourer le côté positif, la merveilleuse relation qui existe entre les éléments naturels, y compris la personne. La pandémie, en revanche, a souligné le côté sombre de ce « tout est connecté », car l’activité humaine, qui a conduit à la destruction des habitats naturels, et le saut d’espèces du virus de l’animal à l’homme sont liés. Quel est le fondement évangélique de l’engagement à prendre soin de la création ? C’est « Aime ton prochain comme toi-même ». L’un des concepts clés de Laudato Si est « écouter à la fois le cri de la terre et le cri des pauvres ». Il est vrai que pour l’Évangile, la nature a une valeur en soi, mais il est également vrai que prendre soin de la nature signifie assurer une planète saine pour les plus défavorisés et pour nos enfants. Il s’agit de nous rappeler le « milliard inférieur », ce milliard de personnes qui sont victimes de « pandémie chronique » due aux 17 maladies tropicales négligées. Le concept d’écologie intégrale peut-il guider les voies d’avenir ? C’est le concept fondamental de tout l’enseignement du Pape François qui nous invite à dépasser le système socio-économique actuel. Nous vivons aujourd’hui dans le paradigme de la révolution industrielle, qui considère que les ressources naturelles sont illimitées. Ces ressources sont au contraire limitées et nous devons donc trouver un modèle de développement différent qui tienne également compte des besoins des peuples oubliés par les sociétés dites « évoluées ». Laudato Si appelle à une « conversion écologique ». Que signifie vivre les principes de l’écologie intégrale ? L’écologie intégrale concerne non seulement l’environnement mais aussi tous les aspects de la vie humaine, de la société, de l’économie et de la politique. Par conséquent, chacun d’entre nous doit essayer de changer sa vie en commençant, par exemple, par les choix de consommation. Nous pourrons alors choisir les gouvernants sensibles à la protection de la nature et faire campagne pour influencer en faveur d’un désinvestissement des combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables. En cette année spéciale de célébrations de Laudato Si, avec quelles initiatives le mouvement des Focolari sera-t-il présent ? Le Mouvement participe aux initiatives de l’Église Catholique et aux événements promus par le Mouvement catholique mondial pour le climat, auquel il adhère. En outre, il organise la conférence “New ways towards integral ecology” qui se tiendra à Castel Gandolfo (RM) du 23 au 25 octobre, dont les détails sont disponibles sur www.ecoone.org. Ton dernier livre est intitulé « Il sogno (folle) di Francesco » (le rêve [fou]de François). Un petit manuel (scientifique) d’écologie intégrale ». Pourquoi parler d’un rêve fou ? Parce qu’il semble vraiment impossible de changer le cours de cette planète, vers un monde où nous nous sentons tous frères et sœurs et où nous construisons plus de ponts que de murs, mais – comme le disait la fondatrice du mouvement des Focolari, Chiara Lubich – « seuls ceux qui ont de grands idéaux font l’histoire » !
Claudia Di Lorenzi
Être confinés a souvent mis notre charité à l’épreuve. En effet, il n’est pas facile de vivre enfermé dans une maison et de se retrouver au coude à coude. Lorsqu’on est proche, physiquement, on se heurte aux limites les uns des autres et cela nous demande un “surplus d’amour”, qui est : « tout supporter ». Il est consolant de savoir que Chiara Lubich, elle-même, dans sa vie de communauté, a rencontré ce type de difficultés. […] L’autre jour j’ai pris en main un livre […] qui a pour titre : Il segreto di Madre Teresa (Le secret de Mère Teresa), de Calcutta. Je l’ai ouvert un peu au hasard, au chapitre intitulé : « Une mystique de la charité », que j’ai lu ainsi que d’autres. Je me suis plongée dans cette lecture qui m’a beaucoup intéressée. Tout ce qui concerne cette personne me touche personnellement : elle dont l’amitié m’a été, des années durant, très précieuse et qui sera prochainement béatifiée. L’aspect extrêmement radical de sa vie, de sa vocation me saute aux yeux. J’en suis impressionnée, j’en éprouve presque de la crainte, mais surtout cela me pousse à vouloir l’imiter selon l’engagement caractéristique, radical, que Dieu me demande. […] Animée de cette certitude, j’ai repris en main nos Statuts, certaine que c’est là que je pourrai trouver la mesure et le genre de vie radicale que le Seigneur me demande. Dès la première page, je reçois comme un choc spirituel, car voilà que je découvre à ce moment-là quelque chose que je connais pourtant depuis 60 ans ! Il s’agit de la « norme des normes », du « préambule à toute règle » de ma vie, de notre vie : d’abord et avant tout engendrer – l’expression est de Paul VI –, puis garder, Jésus au milieu de nous au moyen de l’amour mutuel. […] Aussitôt j’ai pris la résolution de vivre cette « norme des normes » dans mon focolare pour commencer, et avec mon entourage le plus proche. Nous le savons : « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre »[1]. Chez nous tout n’est pas toujours parfait : certaines paroles sont inutiles, de ma part ou de la part des autres, certains silences sont inopportuns, il y a des jugements irréfléchis, des petits attachements, des souffrances mal vécues, qui empêchent que Jésus au milieu de nous soit à son aise, quand cela ne va pas jusqu’à en empêcher la présence. Alors je comprends que c’est moi qui, la première, dois lui donner toute sa place, en aplanissant la voie, en comblant les vides. Bref, en faisant en sorte que l’ingrédient de la charité ne manque jamais ; en supportant tout, en moi et chez les autres. Car l’apôtre Paul conseille vivement de « tout supporter », un mot qui n’est pas beaucoup en usage entre nous. Supporter ne relève pas de n’importe quelle charité, mais d’une charité spéciale, de la quintessence de la charité. Je m’y mets. Cela ne va pas mal, au contraire ça marche. En d’autres circonstances, j’aurais invité sans attendre mes compagnes à faire de même. Cette fois-ci, je préfère m’en abstenir. Je sens le devoir de faire d’abord toute ma part et cela fonctionne. J’ai le cœur plein de bonheur sans doute parce que, de cette façon, Jésus revient parmi nous et il y demeure. Plus tard j’en parlerai, mais en continuant à ressentir le devoir d’avancer ainsi comme si j’étais seule. Ma joie est à son comble lorsque les paroles de Jésus me reviennent à l’esprit : « C’est la miséricorde que je veux et non le sacrifice »[2]. « La miséricorde ! », c’est bien cela la charité raffinée qui nous est demandée et qui vaut plus que tous les sacrifices car le plus beau sacrifice que je puisse faire, c’est cet amour qui sait supporter, qui sait, le cas échéant, pardonner et oublier. […] C’est cela l’aspect radical qu’il nous est demandé de vivre.
Chiara Lubich
(Extrait d’une conférence téléphonique du 20 février 2003, à Rocca di Papa.) [1] Cf. (Jn 8, 7) [2] (Mt 9, 13)
« Le dialogue interreligieux de Chiara Lubich – dit Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari – a été une véritable prophétie qui, à présent, est en train de se réaliser progressivement comme une réponse concrète aux besoins de l’humanité. » Le Coprésident, Jesús Morán, explique comment l’éthique de l’attention à l’autre est à la base du nouveau Parcours (Pathway) qui sera lancé le 20 juin 2020 par les jeunes du Mouvement des Focolari. https://vimeo.com/429997104
Les deux crises qui secouent le pays – la pandémie et le racisme – pourraient conduire à un avenir meilleur. Une contribution de Susanne Janssen, la rédactrice du magazine Living City. Le racisme est un virus qui n’a jamais été éradiqué aux États-Unis. Après la guerre civile (1861-1865), l’esclavage a été déclaré vaincu sur le papier, mais aujourd’hui encore, les personnes de couleur et les Blancs ne sont pas traités de la même manière. La mort de George Floyd a mis le problème en lumière. Puisque que les huit atroces minutes pendant lesquelles Floyd a supplié pour sa vie ont été filmées, on ne pouvait plus affirmer que c’était seulement la faute de la victime ; cette vidéo, ainsi que les nombreuses personnes (pas seulement afro-américaines) qui se sont jointes aux manifestations contre le racisme, est le signe que c’est différent cette fois. Espérons que ce qui s’est passé ne se terminera pas simplement par une vague de protestations, mais que cette mort apportera un réel changement. Rôle de l’Église Après quelques jours de silence, l’Église est descendue aux côtés de ceux qui défient le racisme. Le cardinal de Boston, Sean O’Malley, a écrit que le meurtre de George Floyd « est la douloureuse preuve de ce qui est et a été pour les Afro-Américains : l’échec d’une société incapable de protéger leur vie et celle de leurs enfants. Les manifestations et les protestations de ces jours sont des appels à la justice et des expressions atroces d’une profonde douleur émotionnelle dont nous ne pouvons pas nous distancer ». Même la Conférence épiscopale des États-Unis a déclaré que le racisme est comme le péché originel des États-Unis, qui accompagne la croissance de la nation et l’imprègne jusqu’à ce jour. Des espaces de réflexion s’intensifient dans l’Église et dans la société. Premiers pas Avec le slogan « supprimer les subventions », on veut aller au-delà d’une simple opération de restructuration des forces de police. Il s’agit plutôt à repartir de zéro et à créer une police davantage contrôlée par les citoyens. Ces dernières années, on a beaucoup parlé de sa militarisation progressive ; mais pour être honnête, il faut aussi dire qu’une grande partie des tâches qu’elle accomplit incomberait en fait aux travailleurs sociaux. Contrairement aux cas de violence relevés contre les Afro-Américains dans le passé, aujourd’hui, beaucoup de gens essaient d’apprendre, d’écouter et de faire face au passé, en concentrant la réflexion sur les problèmes structurels restés après l’abolition de l’esclavage et ceux liés à la ségrégation, comme les dites « lois de Jim Crow” et la loi sur les droits civils de 1964. Oui, parce que regarder en face les préjugés qui existent en chacun et les privilèges sociaux dont jouissent les Blancs est déjà un premier pas. Deux auteurs, Ibram X. Kendi et Robin DiAngelo, affirment qu’il faut aller au-delà du simple fait « d’être une bonne personne ». Nous devons plutôt combattre les structures de l’oppression. Même aujourd’hui, dans une situation quotidienne comme un contrôle de police, seule la couleur de la peau peut faire la différence entre la vie et la mort. Contribution des Focolari Tout d’abord, les communautés du mouvement des Focolari cherchent à examiner s’il y a de la discrimination et du racisme en leur sein. La réflexion des Focolari sur la justice raciale est un point de départ pour un dialogue sincère entre nous et avec les personnes qui nous entourent. Faisons de la place pour écouter des témoignages douloureux de racisme, mais aussi les expériences de ceux qui ont grandi dans un contexte de blancs et qui essaient d’entamer un processus de reconnaissance de leurs propres limites. Ces conversations ne sont pas faciles, mais elles sont nécessaires pour reconstruire des relations plus vraies. « Si nous ne faisons pas attention, nous finirons par souscrire aux principes de la rhétorique commune sur la diversité qui, souvent, soutient les privilèges et accentue les différences », déclare une professeure latine de couleur. Un académicien de plus de 80 ans raconte comment il a dû apprendre à être plus ouvert dans sa vie, surtout quand l’une de ses filles a épousé un Jamaïcain. « Je pensais que leurs fils seraient victimes de discrimination. Mais je vois maintenant à quel point ils sont un exemple lumineux pour beaucoup ». Rôle des jeunes Les jeunes sont aux premières loges et demandent un changement de mentalité. Une jeune métisse dit : « Je veux aider mes frères et sœurs à se faire entendre davantage, sinon je le regretterai toute ma vie… » Même le slogan « Black Lives Matter » qui a uni tant de personnes et rempli les rues est sujet à la polarisation. Il n’est pas rare de rencontrer des messages qui tentent de discréditer ceux qui se battent pour plus de justice, mais peu à peu, l’opinion publique change. Beaucoup de gens condamnent la façon dont le président Donald Trump a géré ces récentes crises : la pandémie et le racisme structurel. Pour l’instant, le candidat du Parti démocrate, Joe Biden, a une avance de 13 % dans les sondages, mais il est encore trop tôt pour dire quelle sera la situation en novembre, lorsque les Américains seront appelés aux urnes.
Susanne Janssen, rédactrice du Living City magazine
Les organisations sociales des Focolari sont au service de plus de 3 500 familles et créent des réseaux de solidarité pendant la pandémie. Répandues dans tout le pays, les vingt-et-une organisations sociales inspirées par le charisme du mouvement des Focolari donnent un important témoignage de solidarité et de fraternité en cette période de pandémie.
Foto: Obra Lumen
Foto: Instituto Mundo Unido
Si, d’une part, le gouvernement montre son incapacité à conduire les Brésiliens vers la sortie de crise, d’autre part, un impressionnant réseau humanitaire se tisse. Une étude approfondie par le rédacteur en chef de Cidade Nova. Lorsque j’ai commencé à écrire cet article, plus de 51 000 personnes étaient déjà mortes au Brésil, victimes de la Covid-19, depuis le mois de mars, date à laquelle la maladie est arrivée dans le pays. En outre, on estime que plus d’un million de personnes ont déjà été infectées, sans tenir compte des cas non signalés officiellement. Dans les villes où une certaine ouverture à la circulation a récemment été autorisée, le nombre de nouveaux cas a considérablement augmenté. Même si la plupart de ces personnes ont heureusement survécu au nouveau coronavirus, le nombre de décès est considérable. D’une manière générale, pour les spécialistes cette situation désastreuse résulte du cumul de deux facteurs : la position du gouvernement fédéral dans la lutte contre la maladie et, de la part de nombreux citoyens brésiliens, une conscience insuffisante du caractère dangereux de ce virus.
Foto: Magnificat
Foto: Centro Social Roger Cunha Rodrigues
Foto: Instituto Mundo Unido
Foto: Associação de Atendimento a Criança e ao Adolescente
Luís Henrique Marques
Rédacteur en chef du magazine Cidade Nova
Si vous voulez apporter votre contribution pour aider ceux qui souffrent des effets de la crise mondiale de Covid, allez à ce lien
« Discovering Gen Rosso », pour aller aux racines de l’histoire du groupe artistique international. L’arrivée du coronavirus et le lockdown qui s’en est suivi, ont mis en crise les habitudes de tout le monde. Le groupe artistique international Gen Rosso a également dû réinventer ses propres journées en restant cloîtrés dans son lieu d’habitation. « Ce lockdown a donné à chacun de nous la possibilité d’aller encore plus en profondeur quant aux messages que nous chantons depuis plus de 50 ans – affirme Massimiliano Zanoni, responsable des productions –. Habitués à parcourir le monde, à rencontrer les gens et à apporter la musique sur les scènes des 5 continents, nous nous sommes retrouvés enfermés entre les quatre murs de notre maison. En lieu et place des villes, des mers et des montagnes, maintenant nous avions un computer et quelques fenêtres pour regarder dehors. A la place des milliers de personnes que nous rencontrions dans nos concerts, maintenant nous en avions trois ou quatre qui vivent avec nous. Nous ne pouvions nous retrouver tous les 25, pour travailler, créer, et répéter ensemble comme nous l’avions fait pendant 53 ans ». Et donc, après une première série de live streaming intitulée «Le Gen Rosso chez toi », avec lesquels ils sont entrés chez les gens, ils ont pensé revenir aux racines avec quelques live historiques. C’est ainsi qu’est né le projet « Discovering Gen Rosso » pour amener les gens dans la maison du groupe.
« Beaucoup ne savent pas que nous ne faisons pas seulement des concerts – continue Massimiliano Zanoni – , mais aussi des projets avec des écoles ou le Village, qui sont des semaines de cohabitation avec des jeunes artistes afin de leur faire vivre l’expérience d’unité dans la création artistique. Et donc, tout comme lorsqu’on invite quelqu’un à la maison, pour la première fois, et, en signe d’accueil, on lui fait faire le tour de la maison, avec Discovering Gen Rosso nous avons voulu montrer quelques pages de notre album de souvenirs, comme le musical une histoire qui change ou Streetligth, en les rendant participants de nos projets actuels, comme le Village et les projets Forts sans violence, en révélant l’une ou l’autre petite idée pour le futur ». Discovering Gen Rosso est un nouveau pas vers cette évolution qui a permis au groupe international d’être constructeurs d’unité en plusieurs points du globe, pendant de nombreuses années d’histoire. Voici les prochains rendez-vous sur la page Youtube du groupe : le 16 juillet, un streaming consacré au Village (cours artistiques que le Gen Rosso donne) ; le 28 juillet, le lancement du nouveau single « Shock of the World ». En réalité, parler de « single » est un peu réducteur, parce qu’il y a, en chantier, tout un album qui sera dévoilé prochainement. Et pour terminer, le 2 août, se concluront les live streamings avec le concert LIFE, dernière production du Gen Rosso en direct de Loppiano .
Lorenzo Russo
Les statistiques qui nous informent quotidiennement de la propagation de la pandémie dans le monde et les images qui nous parviennent des pays les plus touchés, suscitent en nous des sentiments similaires à ceux exprimés dans la prière de Chiara Lubich (ci-dessous). Notre planète aussi, qui souffre de plus en plus, appelle et attend notre amour concret et déterminé. Seigneur, donne-moi ceux qui sont seuls… J’ai éprouvé dans mon cœur la passion qui envahit le tien pour l’abandon qui submerge le monde entier. J’aime chaque être malade et solitaire. Même les plantes qui souffrent me font de la peine… même les animaux seuls. Qui console leur peine ? Qui pleure leur mort lente ? Et qui presse sur son propre cœur leur cœur désespéré ? Donne-moi, mon Dieu, d’être dans le monde le sacrement tangible de ton Amour, de ton être qui est Amour : être tes bras, qui étreignent et consument en amour toute la solitude du monde 56.
Chiara Lubich
Écrit du 1er septembre 1949, in Chiara Lubich, Pensée et spiritualité, Nouvelle Cité, Paris 2003, p. 124.
« Pour atteindre les objectifs des pères et des mères qui ont fondé un véritable pacte dans lequel la confiance mutuelle devient une force commune, nous devons faire ce qui est juste, ensemble et avec un grand cœur, et non pas avec 27 petits cœurs. C’est ainsi que s’est exprimée Madame Ursula Von der Leyen, Présidente de la Commission Européenne, dans la lettre adressée à l’ONG internationale Humanité Nouvelle et au Mouvement Politique Pour l’Unité (MPPU). Les responsables de l’ONG New Humanity et de sa section politique MPPU, composantes civiles et politiques du mouvement des Focolari, avaient en effet écrit à la Présidente de la Commission Européenne pour encourager le travail commun afin de faire face à l’impact de la pandémie COVID-19 et pour assurer le soutien d’idées et de planification également pendant la phase de construction de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. La présidente, Madame Von der Leyen, a souligné dans sa réponse que l’UE a assuré la plus grande réponse jamais donnée à une crise et à une situation d’urgence dans l’Union avec la mobilisation d’environ 3,4 milliards d’euros. La présidente a également déclaré que « l’évolution actuelle du contexte géopolitique offre à l’Europe l’opportunité de renforcer son rôle unique de leader mondial responsable » dont le succès « dépendra de l’adaptation, en cette ère de désintégration rapide et de défis croissants, à l’évolution de la situation tout en restant fidèle aux valeurs et aux intérêts de l’Europe ». La Présidente souligne dans sa lettre que « l’Europe est le principal fournisseur d’aide publique au développement, avec 75,2 milliards d’euros en 2019. Dans sa réponse globale à la lutte contre la pandémie, l’UE a également promis un soutien financier aux pays partenaires de plus de 15,6 milliards d’euros, disponibles pour l’action extérieure. Ce montant comprend 3,25 milliards d’euros pour l’Afrique. L’UE soutiendra également l’Asie et le Pacifique avec 1,22 milliard d’euros, 918 millions d’euros pour l’Amérique latine et les Caraïbes et 111 millions d’euros pour les pays d’outre-mer ». En outre, poursuit la présidente de la Commission Européenne, « l’Union européenne et ses partenaires ont lancé la Réponse globale au Coronavirus, qui a jusqu’à présent bénéficié d’engagements de 9,8 milliards d’euros de la part de donateurs du monde entier, dans le but d’augmenter encore le financement du développement de la recherche, du diagnostic, du traitement et des vaccins contre le Coronavirus ». La lettre de la Présidente à New Humanity et au MPPU se termine par une invitation à la confiance mutuelle entre les pays de l’Union Européenne et à être un seul grand cœur.
Stefania Tanesini
L’histoire d’Ofelia, émigrée du Venezuela au Pérou avec sa famille, est maintenant engagée avec la communauté des Focolari afin d’aider ses compatriotes en difficulté, celle-ci étant aggravée par la pandémie. Dans le contexte de la campagne de solidarité qu’en tant que Mouvement des Focolari nous portons de l’avant avec les migrants vénézuéliens au Pérou, en ce moment, nous devons trouver de nouvelles stratégies pour réussir à les rejoindre dans leurs habitations. Nous constatons que plus que toute autre chose, ils ont besoin d’être écoutés. Ce n’est pas toujours facile car il ne s’agit pas d’une ou deux familles, mais bien de nombreuses familles dont le nombre augmente chaque jour. La Parole de Vie du mois m’aide parce qu’elle me pousse à aller vers le frère en me rappelant qu’en chacun, je trouve Jésus lui-même. Un matin, une femme vénézuélienne m’appelle et en pleurant, me parle de sa fille. Elle devra accoucher prochainement mais ils sont en train de l’expulser de chez elle. Je l’écoute pendant une heure, jusqu’à ce qu’elle se calme. J’aurais eu envie de lui dire quelque chose mais je pense : « Je dois seulement l’aimer, elle a besoin de dire tout ce qu’elle a sur le cœur ». A la fin elle me dit : « Bon, je me suis défoulée ». A ce moment-là, je peux l’orienter à trouver l’aide dont elle a besoin.
Je croyais que pendant la quarantaine, notre engagement pour les migrants allait s’arrêter, mais cela a été juste le contraire. Par exemple, le travail que nous portons de l’avant avec CIREMI (Commission interreligieuse pour les Migrants et les Réfugiés) nous demande pas mal d’énergie et cela a été l’occasion de se connaître davantage. Dans cette commission, il y a quelques religieux scalabriniens, des chrétiens de différentes dénominations, la Communauté juive, quelques musulmans, une sœur catholique et nous, des Focolari. Alors qu’on se demandait comment arriver aux plus vulnérables, des demandes de couvertures et de vêtements nous sont arrivées. Ne pouvant pas sortir, nous avons envoyé en taxi les vêtements donnés par la communauté des Focolari de Lima, jusqu’à un lieu dans la ville où ils pouvaient être récoltés. Et juste au bon moment, des habits pour nouveaux-nés sont arrivés pour deux familles avec deux bébés à peine nés. Avec des couvertures arrivées par ACNUR (Agence des Nations Unies pour les Réfugiés) entité avec laquelle il existe une étroite collaboration, nous avons pu répondre à d’autres nécessités. C’est surprenant de voir comment arrive ce que les gens demandent : rien n’échappe à Dieu ! Un jour, Carolina me téléphone, elle est responsable de la Communauté juive et me communique que quelques familles juives partent pour Israël et qu’elles leur laissent des habits et d’autres objets. Quand elle a su que notre Centre recueille ces objets pour les vénézuéliens, elle en a été heureuse car elle ne savait pas à qui donner ce qu’elle avait reçu en dépôt. Et elle a aussi voulu elle-même payer le taxi pour tout nous envoyer. Pendant le coup de fil, je sentais que je devais m’intéresser à elle, lui demander comment allaient ses filles jumelles, et une belle conversation est née qui m’a fait venir à l’esprit un paragraphe de la Parole de Vie : « C’est une amitié qui devient un réseau de relations positives et qui tendent à faire devenir réalité le commandement de l’amour réciproque qui construit la fraternité ». Par l’échange avec cette sœur juive, je sentais que cela se réalisait entre nous. C’est beau de voir que la fraternité est contagieuse, parce qu’ensuite, les personnes à qui l’on envoie les vêtements et les couvertures, nous envoient des photos et écrivent : « Ma voisine avait besoin d’habits et j’ai partagé avec elle une partie de ce que vous m’avez envoyé ». Une chaîne se crée ainsi dans la manière de penser aux besoins de l’autre et de cette façon-là, la fraternité va de l’avant aussi pendant la quarantaine.
D’ Ofelia M., propos recueillis par Gustavo Clarià
Un diagnostic qui ne laisse aucun espoir et une mère qui choisit courageusement de dire non à l’euthanasie. Mais comment expliquer cette décision à sa fille qui n’a que deux ans et demi ? Lors des derniers jours de sa vie, elle écrit une lettre que sa fille lira quand elle sera grande. Maintenant que cette maman n’est plus parmi nous, la famille, qui, à l’occasion de cette expérience, a également trouvé une aide dans la spiritualité du mouvement des Focolari, a autorisé la publication de cette lettre, en l’ offrant comme un témoignage et une nourriture pour réfléchir sur une question complexe, douloureuse et très actuelle. « Ma très douce, Je n’ai pas écrit depuis un certain temps. Beaucoup de choses se sont passées pendant cette période et malheureusement beaucoup sont mauvaises. Ma santé s’est détériorée en un mois seulement. J’attendais des résultats, mais le mal progresse rapidement. J’ai été hospitalisée pendant trois semaines et j’ai perdu l’usage complet de mes jambes. C’est une lettre très engageante où j’aborde une question difficile, celle de l’euthanasie. Je te la laisserai quand tu seras grande, lorsque tu te poseras des questions sur la mort et sur la façon de mourir. La semaine prochaine, je vais subir un dernier traitement de chimio qui ne semble pas m’aider et peut-être une intervention pour me permettre de manger, puisque je n’y arrive plus. Si cette opération ne réussit pas, il n’y a plus grand-chose à faire. Il s’agira pour moi d’envisager comment et où mourir. Je tiens à te dire simplement que j’ai choisi de mourir à la maison. Je n’entrerai pas dans des détails douloureux, mais c’est ainsi que je me sens le plus à l’aise. Tout le reste, papa te l’expliquera quand tu seras plus grande. Je reviendrai sur cette question seulement pour te dire pourquoi je n’ai pas choisi de mourir en recourant à l’euthanasie. J’ai beaucoup réfléchi à cette possibilité, mais j’ai finalement décidé que je serai accompagnée par Dieu dans ce voyage et que si l’on doit passer par la mort, c’est le chemin, sans raccourcis, sans lâcheté. Je suis convaincue que Dieu nous enseigne quelque chose au moment de ce passage et que nous devons l’affronter tout comme on affronte la naissance. Je t’ écris ces lignes parce que je me demande si de telles pensées te viendront un jour à l’esprit lorsque tu réfléchiras à ces réalités de la vie, et puisque j’ai passé beaucoup de temps à analyser l’ensemble de ce problème sous divers angles, peut-être qu’une de mes idées pourrait t’aider. Tout est donc parti de l’idée que si la mort est proche, pourquoi devoir l’attendre si longuement ? Si tout espoir de guérison est perdu, pourquoi laisser un être humain souffrir dans un état privé de toute empathie? Parce que j’ai appris qu’il s’agit d’un processus, d’un cheminement préparatoire, sans lequel nous ne serions pas en mesure de franchir l’étape suivante ni d’aller là où elle nous conduira. Laissons-nous guider par Dieu qui sait tout. Ces derniers temps, je pense à ces personnes qui n’ont pas pu accomplir correctement ce passage. Elles se sont, me semble-t-il, égarées dans les limbes, entre notre chemin terrestre et l’au-delà, incapables de faire un pas vers le ciel ni de revenir sur terre, parmi leurs proches. J’ai donc finalement compris que la voie de l’euthanasie n’est pas pour moi. J’ai peur de mourir en souffrant et je prie Dieu d’être miséricordieux et indulgent au moment venu. Espérons qu’Il vienne me prendre en soulageant mes souffrances et mon corps. Telle est la part qui me revient, celle que je devrai affronter toute seule. Voilà où je me trouve aujourd’hui mon amour, c’est un chemin difficile. Et pourtant, je bénéficie du soutien de très nombreuses personnes qui m’aident, moi et ma famille. Le soutien spirituel que je reçois d’un ami prêtre est très réconfortant. Mais des moments de peur et de désarroi se présentent, même si je dois dire qu’ils ne sont pas aussi nombreux que je l’aurais cru. Je me sens soutenue par une force sans savoir d’où elle vient. Je vois clairement la fin de mes jours et malgré cela, je ne me sens pas abattue. Bien sûr, ce n’est pas facile à vivre, mais la peur ne fait pas partie de mon quotidien. »
aux bons soins d’Anna Lisa Innocenti
Combien de personnes, même influentes, ont souligné ces derniers mois que l’un des effets de la pandémie est de nous avoir tous mis face à l’essentiel, à ce qui compte et qui demeure. Combien d’entre nous ont perdu des parents ou des amis et ont touché du doigt la proximité de la mort. Dans ce texte, Chiara Lubich aborde ces deux points, si proches de ce que nous sommes en train de vivre dans le monde. […] Le début de l’aventure divine de notre Mouvement […], se situe […] dans une circonstance particulière : la guerre ; la guerre avec ses bombes, ses ruines et ses morts. […] Je pense qu’il est impossible que nous vivions parfaitement et intensément notre Idéal si nous ne nous rappelons pas constamment cette atmosphère, ce contexte, ces circonstances. Aujourd’hui encore, après plus de 40 ans, le Seigneur ne nous fait jamais manquer une occasion : les fréquents ‘’départs’’ des nôtres […] nous rappellent continuellement que « Tout passe », que « Tout s’écroule », toile de fond nécessaire pour comprendre ce qui compte réellement. Ce que nous font dire avec insistance ces frères « prêts à partir » nous impressionne […] Dans les situations où ils se sont trouvés, ils ont vu plus loin, comme, lorsqu’il fait nuit, on peut voir les étoiles. Ils saisissent, grâce à une lumière particulière, la valeur absolue de Dieu et ils le déclarent amour. Nous aussi, pendant que nous sommes ici-bas, si nous voulons faire de notre vie un véritable Saint Voyage, nous devons avoir comme eux les idées claires et considérer tout ce qui n’est pas Dieu comme transitoire et passager. Cependant, notre foi et notre Idéal ne s’arrêtent pas à la mort. La grande annonce du christianisme est : « Christ est ressuscité ! » Et notre Idéal même nous appelle toujours à aller au-delà de la plaie pour vivre le Ressuscité. Nous sommes donc appelés à penser surtout à l’”après”. Et c’est sur cet « après », ce mystérieux mais fascinant « après », que je voudrais m’arrêter cette fois. Il m’arrive assez souvent, et peut-être à vous aussi, de me demander : où sont les nôtres ? […] Ces pensées me traversent l’esprit parce qu’ici, sur terre, il y a quelque temps encore, je savais où ils étaient, ce qu’ils faisaient. À présent, tout m’est inconnu. Certes, la foi apporte des réponses à ces questions et nous les connaissons. Cependant une parole de Jésus m’a apporté dernièrement, lumière et réconfort, un grand réconfort. Jésus l’a dite au bon larron : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis[1]. » Aujourd’hui, donc immédiatement, tout de suite après la mort. […] Que devons-nous donc déduire de ces pensées ? Efforçons-nous de vivre pour que nous soit dit aussi cet « aujourd’hui » : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. » Mais nous savons qu’il sera donné à celui qui a : « À qui a, il sera donné[2]. » Si ici, sur terre, nous sommes, par amour pour Dieu, Paradis pour nos frères ; si nous sommes joie, réconfort, consolation, soutien, pour les personnes, pour notre Œuvre, pour l’Église, pour le monde, le Seigneur nous accordera le Paradis. […]
Chiara Lubich
(Extrait d’une téléconférence, Rocca di Papa, le 10 mai 1990.) [1] Lc 23, 43 [2] Mt 13, 12
Comme les disciples, tous les chrétiens ont une mission : témoigner avec douceur, d’abord par la vie et ensuite aussi par la parole, de l’amour de Dieu qu’ils ont eux-mêmes rencontré, afin qu’il devienne une réalité joyeuse pour beaucoup, pour tous. Dans une société souvent marquée par la recherche de la réussite et de l’autonomie égoïste, les chrétiens sont appelés à montrer la beauté de la fraternité, qui reconnaît le besoin de chacun et met en marche la réciprocité. Un projet de loi Je travaille comme géomètre à la préfecture de ma ville et en même temps je me rends dans un quartier pauvre pour une activité de promotion humaine. Vu les conditions précaires des personnes qui y vivent, je me suis rendu compte que lorsqu’il s’agissait d’élargir une rue ou de démolir certains bâtiments, les matériaux récupérés étaient souvent simplement utilisés pour niveler le sol. Pourquoi ne pas les utiliser pour améliorer les logements des plus pauvres ? Mais pour cela il était nécessaire de voter une loi municipale spécifique. Mon directeur a aimé l’idée et, après s’en être rendu sur place, il a pris les contacts nécessaires ; et une fois que le préfet de la ville a accepté notre proposition, un projet de loi a été présenté et immédiatement approuvé. Le maire est aujourd’hui autorisé à donner aux organismes d’aide sociale les matériaux inutilisés pour des raisons techniques, des matériaux précieux pour ceux qui vivent dans des baraques sans aucune possibilité de les améliorer. (G. A. – Brésil) Savoir pardonner Dans mon pays la guerre civile avait causé du chagrin et de la souffrance, y compris dans ma famille. Mon père et mon frère ont été parmi les victimes de la guérilla ; mon mari subissait encore les conséquences d’un passage à tabac. En tant que chrétienne, j’aurais dû pardonner, mais en moi la douleur et le ressentiment grandissaient. Ce n’est que grâce au témoignage que j’ai reçu de certains chrétiens authentiques que j’ai pu prier pour ceux qui nous avaient tant fait souffrir. Dieu a mis ma cohérence à l’épreuve lorsque, une fois la paix revenue dans le pays, de la capitale où nous avions déménagé, nous nous sommes rendus dans ma ville natale, qui était restée entre les mains du pouvoir de la guérilla pendant douze ans. Pour les enfants, qui avaient plus souffert que d’autres, nous avons organisé une fête à laquelle de nombreuses personnes ont assisté. C’est alors seulement que j’ai réalisé que, parmi les autorités présentes, certaines avaient été impliquées dans la guérilla. Peut-être que parmi elles se trouvaient les responsables de la mort de mes parents. Une fois dépassé ce premier mouvement de rébellion, j’ai senti une grande paix dans mon cœur et je suis allée leur offrir un verre à eux aussi. (M. – San Salvador) Les nuances de la douleur De retour en Italie après une expérience comme médecin dans une vallée du Cameroun, mon attention s’est portée vers les personnes souffrant de maladies incurables et d’affections chroniques débilitantes. Des convictions profondes sont nées en moi au fil des ans. Une première concerne les nuances infinies de la douleur, qui n’est jamais égale. Chaque douleur, comme chaque homme, est unique. Autre impression forte : celle des petites attentes quotidiennes insérées dans la grande attente du rendez-vous final. Mais j’ai découvert une réalité encore plus importante: ces patients, mis à nu par la souffrance, m’apparaissent comme des pierres vivantes dans la construction de l’humanité et de ses valeurs. Ils sont revêtus d’une dimension infinie, mais aussi transparente ; ils sont porteurs d’une lumière particulière, celle de Dieu. Il semble s’incarner dans ces existences disloquées. Souvent, les paroles des mourants semblent être dictées par Lui. Je suis de plus en plus convaincu que – comme le dit Simone Weil – l’humanité, si elle était privée de ces personnes, n’aurait aucune idée de Dieu. (C. – Italie)
Témoignages choisis par Stefania Tanesini
(extraits de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VI, n°3, mai-juin 2020)
Elle aura lieu du 24 janvier au 7 février 2021. En raison de l’urgence sanitaire provoquée par le Covid-19, avec l’approbation du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, l’Assemblée Générale de l’Œuvre de Marie (Mouvement des Focolari) – qui était prévue pour le mois de septembre 2020 – a été reportée du 24 janvier au 7 février 2021. Il convient de rappeler que l’Assemblée générale est convoquée ordinairement tous les six ans ou de manière extraordinaire lorsque des raisons nécessitent ses délibérations (Statuts Généraux, art. 73, 75). Ce qui se passe à l’Assemblée générale : Quatre tâches principales (SG, art. 74) sont confiées à l’Assemblée Générale :
Le préambule de Chiara Chiara Lubich a voulu écrire un préambule aux Statuts Généraux, pour donner un sens aux contenus des Statuts, et donc aussi à l’Assemblée Générale : « Le préambule de toute autre règle – la charité mutuelle et constante, qui rend possible l’unité et apporte la présence de Jésus dans la collectivité, fonde dans tous ses aspects la vie des personnes qui font partie de l’Œuvre de Marie. Norme des normes, elle est le préambule de toute règle. » (SG, p.7).
Bureau de Communication des Focolari
Anna Moznich de l’AMU – Action pour un Monde Uni – explique le projet éducatif de paix : Living Peace International. https://vimeo.com/417558910
Jully et Ricardo, un couple péruvien, et leur aide ménagère : des sacrifices et des difficultés qui se sont vite transformés en amour à la lumière de celui de Dieu. Après une expérience vécue en Italie, à la “Scuola Loreto“, l’école internationale pour les familles située à Loppiano, la Cité pilote des Focolari en Italie, nous sommes rentrés au Pérou avec le désir de vivre l’idéal évangélique que nous y avions connu. Nous nous sommes installés à Lambayeque, une petite ville tranquille au nord-ouest du Pays. Nous avons engagé une aide ménagère, Sarah, qui, au bout d’un certain temps, nous a informés qu’elle était enceinte. Elle a expliqué qu’elle avait dissimulé la nouvelle parce qu’elle avait été licenciée de ses précédents emplois pour cette même raison. En l’écoutant, il nous est venu à l’esprit une chose que nous avions apprise à l’école familles : que Jésus assumait et rachetait chaque situation douloureuse dans son Abandon sur la Croix, transformant la douleur en amour. Nous avons pu voir dans cette situation un visage de cet abandon et notre réponse a été de la consoler et de l’assurer que nous l’aiderions pour la naissance de son enfant. En plus de la grossesse, elle a eu d’autres difficultés car le père de son enfant était un soldat de l’armée qui l’avait abandonnée et elle aussi avait fui la maison de ses parents par peur. Nous avons découvert la caserne de ce soldat et on nous a dit qu’il avait été déplacé dans une caserne éloignée, dans la jungle amazonienne. Il n’y avait aucun moyen de le contacter. Afin de lui permettre d’accoucher à l’hôpital, nous avons demandé l’aide des services sociaux pour qu’ une sage-femme la suive en vue de la naissance. Mais elle était désespérée et pensait qu’elle allait abandonner son bébé car elle se sentait seule et incapable de l’élever. Nous l’avons aidée à comprendre que son enfant était un don de Dieu et que Sa providence l’aiderait toujours. Avec nos enfants, nous l’aidons également à se réconcilier avec son père et à retrouver sa famille, en attendant l’arrivée de son enfant avec espoir et en se préparant à l’accouchement à la suite des contrôles médicaux. Sarah est restée avec nous jusqu’à la naissance de son fils, après quoi elle a pu rentrer chez elle. Dans cette expérience, l’amour de Dieu nous a accompagnés pour aider cette maman à ne pas se séparer de son enfant, à se réconcilier et à bénéficier du soutien de sa famille. Lorsque nous vivions à Lambayeque, elle nous rendait toujours visite avec son enfant et nous l’avons vu grandir. Nous continuons à lui envoyer des vêtements et des fournitures. Elle et son père nous ont toujours exprimé leur gratitude et, chose encore plus belle, nous l’avons vue à quel point cette maternité l’avait rendue heureuse. Nous gardons dans le coeur l’immense joie d’avoir aimé cette jeune femme comme l’Évangile nous y invite et de voir comment cette situation douloureuse s’est transformée en un amour authentique.
Ricardo et July Rodríguez (Trujillo, Pérou)
Le texte de Chiara Lubich, ci-dessous, nous aide à voir notre réalité telle qu’elle se présente, aux yeux de Dieu, indépendamment des circonstances extérieures dans lesquelles nous nous trouvons et qui peuvent parfois être très douloureuses. Jésus aussi, à l’heure de sa Passion, a continué à se tourner vers le Père et à se conformer à sa volonté. Et grâce à cette attitude, il est devenu le Ressuscité, le Sauveur. […] Nous avons compris que chacun de nous, de toute éternité, est une Parole de Dieu. En effet, comme l’affirme saint Paul : « Le Père nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde[1]. » Et, à un autre endroit, toujours en parlant de nous, il ajoute : « Ceux que, d’avance, [Dieu] connaissait[2]… » Alors, nous avons compris que, puisque nous sommes Parole de Dieu, il nous faut avoir un seul comportement, le plus intelligent : être sans cesse, comme le Verbe – Parole par excellence –, « tournés » vers le Père, ce qui signifie vers Sa volonté. C’est ainsi, d’ailleurs, que nous pouvons nous réaliser pleinement et acquérir notre pleine liberté car, de cette manière, nous laissons vivre notre véritable moi. Or, pour bien le vivre, quand nous faut-il être dans cette attitude ? Vous connaissez la réponse : dès maintenant, dans l’instant présent. C’est dans le présent que se vit la volonté de Dieu. C’est dans le présent qu’il nous faut vivre tournés vers le Père. Dans l’instant présent, qui est un aspect essentiel de notre spiritualité, de notre « ascèse ». Impossible, en effet, de nous passer de cet instant présent ! Cette manière de vivre est typiquement évangélique. L’évangéliste Matthieu rapporte les paroles suivantes de Jésus : « Ne vous inquiétez donc pas pour le lendemain : le lendemain s’inquiétera de lui-même. À chaque jour suffit sa peine[3]. » […] Remettons-nous, alors, à vivre le plus possible la volonté de Dieu, dans l’instant présent. […] Rappelons-nous enfin que […] la volonté de Dieu qu’il nous faut réaliser avant tout et à chaque instant de notre journée, est l’amour réciproque : nous aimer, comme Jésus nous a aimés. C’est cela qui nous renouvelle constamment.
Chiara Lubich
(Extrait d’une conférence téléphonique, Rocca di Papa, 21 décembre 1996.) [1] Ep 1, 4-5. [2] Rm 8, 29. [3] Mt 6, 34.
Chiara Lubich écrivait : « Jésus a été la manifestation de l’amour pleinement accueillant du Père du ciel pour chacun d’entre nous ; nous devons avoir, par conséquent, cet amour les uns pour les autres. (…) L’accueil de l’autre, de celui qui est différent de nous, est à la base de l’amour chrétien. C’est le point de départ, le premier pas dans la construction de cette civilisation de l’amour, de cette culture de la communion à laquelle Jésus nous appelle tout particulièrement aujourd’hui[1]». Travail de recherche Je travaillais sur une recherche et j’avais une date limite pour la remettre quand la voisine frappe à la porte ; elle me demande de tenir compagnie à son mari malade pendant qu’elle fait les courses. Je connais la situation et je ne peux pas lui refuser. Il commence à me parler de son passé, de ses années d’enseignement… Pendant que je l’écoute, me vient spontanément à l’esprit mon travail interrompu. Le conseil d’un ami fait irruption: savoir écouter son prochain par amour est un art qui requiert le vide intérieur. J’essaye de l’appliquer en étant entièrement présent. À un moment donné, il s’intéresse à moi et m’interroge sur mon travail. Entrant dans le vif du sujet, il me conseille d’aller dans sa bibliothèque chercher un carnet de notes qu’il avait prises lors d’une conférence sur la matière dont je m’occupe. Je le trouve et nous commençons à en parler. J’ai ainsi acquis de nouveaux éléments pour comprendre plus clairement comment conclure ma recherche. Et dire que j’avais eu peur de perdre mon temps ! (Z. I. – France) Préparez-vous à … vivre ! Lorsque le médecin m’a annoncé qu’il n’y avait plus rien à faire, c’était comme si toutes les lumières s’éteignaient et que je me retrouvais dans la nuit. En rentrant chez moi, j’ai pris la direction de l’église. J’y suis resté en silence tandis que les pensées tourbillonnaient dans ma tête. Puis, comme une voix, une pensée s’est formée dans ma tête : « Ce n’est pas à la mort que tu dois te préparer mais à la vie! » À partir de cet instant, j’ai essayé de bien faire chaque chose, d’être gentil avec tout le monde, sans me laisser distraire par ma douleur et en étant prêt à accueillir les autres. J’ai commencé à vivre des journées pleines. Je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre mais l’annonce de la mort m’a réveillé d’un sommeil. Et je vis maintenant dans une sérénité inattendue. (J.P. – Slovaquie) Transfusion directe Je suis infirmière. J’apprends qu’une patiente se trouve dans un état désespéré. Pour tenter de la sauver, il faudrait du sang d’un groupe qu’on ne trouve pas depuis plusieurs jours. Je cherche parmi mes différents amis et connaissances, je continue mes recherches à travers mes collègues de travail. Rien à faire. Je suis sur le point d’abandonner. Je pense alors à Jésus et je lui demande : « Tu sais que j’ai essayé de faire toute ma part et je sais que tu peux tout si tu veux ». C’est l’heure de fermer le service et le médecin que j’assiste est à peine parti qu’une jeune femme arrive pour une visite médicale. Je ne peux pas la renvoyer, qui sait d’où elle vient. Je me précipite pour appeler le médecin qui, contrairement à d’autres fois, est disposé à revenir à la clinique. Je commence à remplir l’ordonnance, je lui demande une pièce d’identité et la dame me remet sa carte de l’Association des donneurs de sang. J’en ai le souffle coupé, j’ai ma question en tête : et si elle avait ce groupe sanguin ? Et si elle acceptait ? C’est exactement ainsi que cela se passe! Quelques heures plus tard, la dame se trouve au chevet de la malade pour une transfusion directe. (A. – Italie)
par Stefania Tanesini
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VI, n.3, mai-juin 2020) [1] Cf. C. Lubich, Parola di Vita dicembre 1992, in eadem, Parole di Vita, a cura di Fabio Ciardi (Opere di Chiara Lubich 5; Città Nuova, Roma 2017) pp. 513-514.
Nous continuons à partager les récits de solidarité de nombre d’entre nous, des communautés des Focolari dans les pays qui sont encore en train d’affronter la bataille contre le Covid-19. Si dans quelques pays, on est retournés à la « quasi » normalité, dans d’autres au contraire, le niveau de la pandémie est encore élevé. Malgré celui-ci, des récits de fraternité continuent à nous parvenir de la communauté des Focolari d’un peu partout dans le monde. Le Brésil est actuellement le pays le plus touché par le covid-19. La communauté des Focolari elle aussi n’a jamais arrêté de penser à ceux qui sont le plus en difficulté et des actions, des collaborations sont nées aussi en réseau avec d’autres organisations, afin d’aider les personnes les plus touchées. Les différentes communautés de Focolari présentes en différents points du pays ont avant tout posé le regard au sein même des communautés, à ceux qui, parmi eux sont le plus en train de souffrir de la crise. Un rapide recensement a été fait des besoins les plus urgents, et, par le biais de la communion et par le soutien financier ou matériel, on prévoit de réussir à aider pour les nécessités de deux ou trois mois. De plus, les entrepreneurs pour une Économie de Communion ont lancé une récolte de fonds pour les communautés les plus pauvres. Des États-Unis, Matteo raconte : « Lorsque le Covid-19 commença sa terrible et rapide propagation, en tant que staff de la revue Living City Press, nous nous sommes demandés : que pouvons-nous faire, en plus de suivre toutes les recommandations des autorités civiles ? Comment pouvons-nous aider les gens et surmonter la crise ? Il fut tout de suite évident que la distanciation sociale n’allait pas empêcher d’aimer. Ainsi avons-nous créé une série de vidéos, webinar et interviews avec l’hashtag #Daretocare, pour inspirer et encourager tout le monde à se mettre en contact pendant ces semaines difficiles. Nous avons demandé aux gens de partager en 1 ou 2 minutes, comment « ils osent s’en préoccuper ». C’est ainsi qu’une femme a raconté que lorsqu’elle faisait du shopping, elle a vu les gens pris de panique. Et donc, au lieu d’acheter deux gros paquets de poulets à peine arrivés au supermarché, , elle n’en a pris qu’un pour laisser les autres paquets aux autres. Un pharmacien a quant à lui décidé de rester ouvert pour servir ses clients, mais il n’avait pas les dispositifs de sécurité : « Lorsque la crise a commencé, nous n’avions pratiquement aucun masque et aucun gant » a-t-il dit. Il a donc partagé ses préoccupations avec ses clients, qui ont eux-mêmes apporté des masques qu’ils pouvaient épargner. Une famille de cinq personnes a aussi enregistré sa nouvelle routine quotidienne : en travaillant et suivant des cours online de la maison, la fille s’entraîne pour maintenir la forme pour l’athlétisme léger de l’année prochaine, alors que tous essaient de nouvelles recettes pour aimer les voisins les plus proches de la maison. Et les vidéos continuent à arriver ! » Ulrike, une psychiatre raconte : «Je suis employée au Bureau des soins de santé d’Augsbourg en Allemagne. Je suis actuellement au téléphone pour répondre aux questions des citoyens. Un jour, j’ai été particulièrement à l’écoute lors de la conversation avec une dame. J’ai insisté pour aller à la rencontre de la préoccupation de cette dame jusqu’à ce que j’aie pu lui procurer une information importante. Dans l’après-midi arrive un mail : « Chère Doctoresse, mon mari et moi-même désirons vous remercier encore une fois de tout cœur pour votre extraordinaire écoute. Si tout le monde se comportait bien et était aussi disponible comme vous l’avez été avec nous en cette période difficile, il y aurait moins de problèmes ». De Buenos Aires en Argentine, Carlos raconte que « Depuis juillet 2019 la communauté juive Bet El, après la mort à cause du froid d’un sans abri, a lancé une campagne d’aide aux pauvres intitulée « ne pas avoir froid face au froid ». Nos amis chrétiens, en particulier nos frères focolari sont venus nous aider à partager la nourriture aux sans abris. Il ne s’agit pas de dialogue, mais de vie partagée ». Avec le coronavirus, nous ne pouvions plus sortir en rue. Que faire ? « Ainsi est né le projet ‘Un plat en plus pour les affamés en quarantaine’. Une fois de plus ensemble, juifs et chrétiens, la Bet El Community et les Focolari se sont embarqués dans la tâche sacrée d’aimer notre prochain et de ne pas le négliger » conclut Carlos. A Montevideo en Uruguay, une directrice d’école fondamentale raconte : « A travers un partenariat avec l’État, nous aidons les enfants de 48 familles pour leur donner un repas de midi. Avec la suspension des cours à cause du Covid , a surgi le problème de l’alimentation pour ces enfants. J’ai commencé à prier et à avoir davantage confiance en Dieu. Et c’est ainsi que grâce à une fondation, et à quelques amis de l’Inde, (L’Institut National pour l’alimentation), des ressources sont arrivées pour distribuer des paniers alimentaires pour au moins un mois ».
Lorenzo Russo
Si vous voulez apporter votre contribution pour aider ceux qui souffrent des effets de la crise mondiale de Covid, allez à ce lien
Une nouvelle vidéo du Gen Verde dédiée à Chiara Lubich Ce n’est ni évident ni superficiel. Dire merci à quelqu’un est à la fois simple et profond. C’est dans ce but que le Gen Verde a publié sur YouTube la nouvelle vidéo de la chanson « Che siano uno » (Qu’ils soient un). Une chanson dédiée à Chiara Lubich et à son idéal, la fraternité universelle. Une vidéo qui veut la rappeler en cette année où nous célébrons le centenaire de sa naissance. Adriana du Mexique dit: « Avec cette vidéo, nous ne voulons pas célébrer ou nous souvenir de Chiara Lubich comme on le fait en famille en feuilletant les albums qui racontent les événements et les récits importants ; aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel pour nous que beaucoup de personnes puissent la rencontrer dans l’actualité de la société, dans cet idéal qui est le sien et le nôtre, idéal qui s’est incarné dans les différentes sphères de la vie civile, religieuse et politique. Nous la rappelons parce que c’est elle qui a donné naissance au Gen Verde, c’est elle qui l’a guidé dans ses premiers pas, c’est elle qui a donné les premiers instruments d’où tout a commencé ! Un bon nombre d’entre nous ont été fascinées par ses gestes, ses paroles et sa vie ; nous estimons aujourd’hui que nous devons être les témoins authentiques et crédibles de son message ». Cet idéal fort, né sous les bombes de la Seconde Guerre mondiale, est encore plus actuel aujourd’hui, où la télévision et les réseaux sociaux nous relatent des vagues de racisme et de discrimination. Si l’urgence du covid-19 est discrètement affrontée sur certains continents, il est également vrai que dans d’autres, le fossé s’est creusé entre les riches et les pauvres, les noirs et les blancs, entre les personnes qui peuvent bénéficier des soins médicaux indispensables pour survivre et ceux qui tombent comme des quilles au milieu de la rue. « Nous sommes pleinement convaincues que la fraternité universelle – explique Béatrice de Corée – est possible et n’est pas une utopie ; c’est ce que nous vivons tous les jours et nous essayons de transformer nos expériences en musique. Il s’agit souvent de poser des gestes simples, qui ne vont pas de soi mais qui font tomber les préjugés ou les barrières culturelles ». C’est ce qu’a fait Chiara Lubich depuis 1943, année de la fondation du mouvement des Focolari. Pas à pas, avec constance et ténacité, avec ses amis, elle a construit des relations nouvelles, profondes et même révolutionnaires, en commençant dans sa ville d’origine (Trente, Italie) puis dans le monde entier. Le Gen Verde a capturé dans la vidéo d’importantes photos : Chiara avec des juifs, des sikhs, des hindous, des musulmans et aussi des hautes personnalités de deux tribus du Cameroun. Des images qui relatent des moments historiques qui resteront à jamais dans l’histoire de l’humanité. « Certes, le plus grand merci que nous puissions exprimer à Chiara – explique Nancy des États-Unis – est de vivre pour son idéal ; par cette vidéo, nous voulons vraiment lui dire un immense merci ; c’est elle qui nous a fait naître, sans elle le Gen Verde n’existerait pas. Pour visionner la vidéo, cliquez ici : https://youtu.be/A3xuaqtkOj8
Tiziana Nicastro
Maria Voce fait aussi partie des signataires de l’appel lancé par la Communauté de Saint Égide pour ré-humaniser nos sociétés. L’invitation à le diffuser et à le signer pour requérir l’attention de tous sur les graves conditions des personnes âgées suite au désastre provoqué par la pandémie. Non à des soins de santé sélectifs, non à la « culture du rejet », non à toute expropriation des droits de l’individu ; oui au contraire, à la parité du traitement et au droit universel des soins de santé. «Que la valeur de la vie soit égale pour tous. Celui qui déprécie cette faible et fragile personne âgée, se prépare à les dévaloriser toutes ». C’est une culture de la vie sans ristournes que l’appel international « Sans les personnes âgées, il n’y a pas de futur, pour ré-humaniser nos sociétés – Contre un système de santé sélectif » soutient et a relancé il y a quelques jours, le 15 juin dernier, à l’occasion de la Journée mondiale contre les abus sur les personnes âgées, que Saint Égide a célébré dans tous les pays où il est présent. Parmi les nombreuses excellentes adhésions, il y a celles de l’économiste des États-Unis, Jeffrey Sachs, l’écrivaine italo-britannique Simonetta Agnello Hornby, le philosophe allemand Jurgen Habermas, le sociologue espagnol Manuel Castells et puis Stefania Giannini, directrice générale adjointe de l’UNESCO, en plus du fondateur de la Communauté de Saint Égide, Andrea Riccardi, qui est aussi le premier signataire. La présidente des Focolari a également adhéré et signé, tout en invitant les communautés du mouvement dans le monde à faire de même afin de requérir l’attention, surtout de l’Europe, sur les conditions des personnes âgées. « Je partage ce qui est dénoncé dans l’appel et c’est-à-dire, l’émergence, face aux dramatiques conditions sanitaires que le Covid-19 a révélé, d’un dangereux modèle que promeut un système de santé sélectif qui en fait justifierait le choix de soigner les plus jeunes, en sacrifiant les personnes âgées. Une société sans les personnes âgées ne peut s’appeler d’une telle façon ; une société qui ne peut bénéficier de l’indispensable rapport intergénérationnel est une société pauvre, tronquée, incapable de se projeter et de réaliser un futur meilleur pour tous, inclusif, car fruit de diversités qui se rencontrent ». « L’appel – lit-on dans une note diffusée par la Communauté de Saint Égide – naît de l’amère constatation du nombre très élevé de victimes du Covid-19 parmi la population des personnes âgées, en particulier parmi les personnes présentes dans les instituts et dans les maisons de repos, et propose un changement radical de mentalité qui mène à de nouvelles initiatives sociales et sanitaires ». Un rapport de l’OMS révèle, déjà en 2018, que justement « dans les institutions les taux d’abus sont beaucoup plus élevés par rapport aux milieux communautaires » et incluent différentes maltraitances parmi lesquelles « des restrictions physiques, des privations de la dignité, des obligations d’exécutions de tâches quotidiennes, un approvisionnement pour l’assistance insuffisant, de la négligence et un abus émotionnel ». La situation s’est aggravée pendant la pandémie du Civid-19 en déterminant, comme on le sait, un taux très élevé de victimes au sein des institutions, environ le double, par rapport aux personnes âgées vivant à la maison, selon les données que possède l’Institut supérieur des soins de santé. A cet effet, lors de la Journée mondiale contre les abus commis aux personnes âgées, le Mouvement des Focolari s’est uni à la Communauté de Saint Égide, pour le soutien à l’appel international et à la promotion d’une « révolte morale afin que l’on change de direction quant aux soins prodigués aux personnes âgées », en reproposant aussi aux administrations publiques et locales, la mise en œuvre d’un système qui privilégie les soins de santé à domicile et l’assistance pour la population âgée.
Stefania Tanesini
Signez l’appel ici
Elle débutera le 20 juin prochain, en direct au niveau mondial sur You Tube, #daretocare, la campagne des jeunes des Focolari pour « prendre en charge », assumer nos sociétés et la planète. Jesús Morán, coprésident des Focolari : « On a besoin d’un nouvel agenda éthique ; l’attention portée à la société et à la planète a une vocation politique prononcée et une forte dimension planétaire ». « #daretocare », à savoir « oser prendre soin ». Les jeunes du Mouvement des Focolari ont pris au sérieux les paroles du Pape François et de nombreux autres leaders civils et religieux de collaborer concrètement au soin à apporter à la Maison Commune. Par le biais de ce nouveau parcours, ils veulent donc être des citoyens actifs et intéressés par tout ce qui se passe dans le monde afin d’essayer de construire une partie de monde uni. « En ce temps de profonde crise humanitaire, à cause du coronavirus, est en train d’émerger une nouvelle vision – affirme Jesús Morán, coprésident du Mouvement des Focolari – c’est-à-dire la nécessité d’une nouvelle façon de se comporter, de vivre, une sorte de nouvel agenda éthique, comme le disent certains experts. Et dans ce contexte, une catégorie est en train de devenir centrale, et c’est celle du soin à apporter, du fait de prendre en charge, d’assumer, de s’occuper des autres, de la société, de la planète ». Oser porter son attention signifie donc être protagonistes dans la vie de tous les jours afin de résoudre des problèmes, entamer des dialogues pour une société meilleure, être attentifs à l’environnement, et aux personnes quelle que soit la couleur, la religion, la culture. Surtout aujourd’hui où le racisme ressurgit, où la liberté des hommes est mise à mal à cause des régimes totalitaires, où les armes et la guerre veulent imposer leur domination sur la paix et entre les peuples. Le fait de « prendre soin » fait partie d’une catégorie très ample, belle, aux multiples facettes – continue Morán -. L’éthique du fait de prendre soin a à voir avec la dignité de la personne, cela est fondamental , c’est vraiment le cœur de cette attention ; il ne s’agit pas d’une chose intimiste, privée. Au contraire, cette attention a une vocation politique prononcée et une forte dimension planétaire même si elle n’oublie pas la dimension locale parce qu’après, c’est localement que nous prenons soin des autres, c’est justement dans les rapports personnels, dans le local. Mais cette dimension planétaire est importante ». Le Pape François en a parlé le 24 mai dernier lors du cinquième anniversaire de Laudato sii, en organisant une année spéciale de réflexion, – jusqu’au 24 mai 2021 – afin d’attirer l’attention de tous sur le thème du soin à apporter à la création. Et par création, on comprend non seulement l’environnement qui nous entoure, mais aussi les personnes, la politique, l’aspect social… Chiara Lubich, la fondatrice des Focolari définissait la politique comme étant : « l’amour des amours ». Le politicien est celui qui est au service de sa population et, conclut Morán, « aujourd’hui il y a plus que jamais besoin de ce type d’amour et la catégorie du soin à apporter l’exprime bien, c’est vraiment un concentré de cet amour dont nous sommes en train de parler. Alors la proposition des jeunes des Focolari est celle-ci : mettre l’attention au centre de la politique et de notre vie de citoyens ». Et donc, après un an consacré à des actions et des projets sur la paix, sur les droits de l’homme et sur la légalité, le 20 juin prochain, avec la campagne #daretocare, les jeunes des Focolari ajoutent une autre pièce au puzzle, celle du « soin à apporter », développé et approfondi autour de cinq thématiques principales : l’écoute, le dialogue et la communication, l’égalité, la fraternité et le bien commun, la participation et le soin apporté à la planète. Et comment le faire ? En suivant la méthodologie typique des « pathways » (parcours pour un monde uni), les parcours qu’ils sont en train de parcourir pour la troisième année : apprendre, agir et partager. Alors : courage et oser. Rendez-vous le 20 juin prochain à 14 heures (Cest+2) avec un événement online mondial sur Youtube pour lancer cette grande idée #daretocare. Pour de plus amples informations, visitez le site de United World Project
Lorenzo Russo
L’une des choses sur lesquelles cette période de pandémie a attiré notre attention est l’importance des liens qui composent le tissu social dans lequel chacun de nous est inséré, la qualité des relations qui nous unissent les uns aux autres. Ils sont l’antidote à la solitude, l’indigence et le découragement. L’écrit qui suit, de Chiara Lubich, est une invitation à les renforcer. (…) Il y a une page d’Evangile qui trouve en nous un écho tout particulier et nous indique comment faire. Jésus dit : « Si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour […]. » « Ceci est mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres […] » (Jn 15,10-12). Tout se résume dans l’amour réciproque. (…) Comme dans une cheminée allumée il est nécessaire de remuer de temps à autre les braises à l’aide du tisonnier pour que la cendre ne les étouffe pas, de même, dans le grand brasier de notre Mouvement, il est nécessaire de raviver de temps à autre l’engagement de l’amour réciproque entre nous. Raviver nos relations pour qu’elles ne soient pas étouffées par les cendres de l’indifférence, de l’apathie, de l’égoïsme. (…) C’est ainsi que nous aimerons vraiment Dieu, que nous serons l’Idéal vivant ; que nous pourrons espérer que la charité ainsi vécue engendrera en nous des vertus solides qui, presque sans que nous nous en rendions compte, atteindront, avec la grâce de Dieu, la mesure de l’héroïsme. C’est ainsi que nous deviendrons saints. (…)
Chiara Lubich
(Conférence téléphonique, Rocca di Papa, 26 mai 1988) Extrait de : “Ravvivare i rapporti”, in: Chiara Lubich, Conversazioni in collegamento telefonico, p. 327. Città Nuova Ed. 2019.
Un producteur cinématographique indépendant, un citoyen du monde, un passionné de cinéma, de télévision et…de fraternité universelle. Au cœur de la nuit italienne, à 11 heures du matin à Melbourne, l’ultime salut via streaming, à Mark Ruse, producteur de cinéma australien, mort après une très courte maladie à l’âge de 64 ans. Mark n’était pas seulement un producteur indépendant très estimé et aimé de tous dans le circus cinématographique et de la télévision australienne, mais il était un citoyen du monde, qui par le biais de son travail, mais surtout avec son humanité et sa simplicité, avait construit des liens authentiques et profonds avec de nombreuses personnes également hors du milieu cinématographique. Mark Ruse avait débuté la carrière en tant que producteur indépendant et les vingt dernières années, avec son associé, Stephen Luby, ils avaient fondé la Ruby Entertainment, qui a produit une quantité incroyable de films et de séries télévisées, surtout des comédies avec des prix, des reconnaissances, et des indices d’écoute parmi les plus hauts en Australie. Il avait aussi produit des films et des documentaires d’engagement social, liés à l’histoire parfois tragique de leurs terres comme Hoddle Street sur le massacre de 1987 à Melbourne qui lui a valu un important prix international. Mark, était cependant surtout une personne simple et gentille, passionnée par son travail, qui affrontait les difficultés – qui ne manquent pas pour un producteur indépendant – avec légèreté et une bonne dose d’humour. Nous nous étions connus il y a plus de 40 ans en Italie. On se retrouvait nombreux et de différents pays de l’Europe et du monde, sur les collines proches de Rome, et nous partagions ce que dans les années ‘70, Chiara Lubich nous proposait en particulier à nous, Gen, les jeunes des Focolari. Un idéal qui était pour différents motifs, révolutionnaire, qui avait en son centre une dimension spirituelle et personnelle très forte, mais en même temps, également communautaire et globale. La passion juvénile de tous les deux, (cinéma et télévision) allait devenir avec le temps, notre travail, le mien en tant que réalisateur de télévision, le sien en tant que producteur mais également le lieu de vie au sein duquel essayer de porter les idées et les convictions profondes que nous partagions. Au début des années deux mille, nous allions partager la naissance de NetOne, un grand réseau mondial de professionnels des différents milieux de la communication, des régisseurs, des producteurs, des scénaristes, des journalistes qui aujourd’hui comme alors, veut contribuer avec d’autres à une communication différente, que ce soit au niveau des rapports de production que dans le respect du public, le destinataire final de notre travail. Mark a été un infatigable constructeur de ce réseau. Chaque fois que nous nous voyions à Rome, ou à Melbourne, ou dans l’une ou l’autre partie du monde, le discours reprenait exactement là où nous l’avions laissé même s’il s’agissait de mois ou d’années avant. Jusqu’au message d’il y a à peine quelques mois, où il me confiait sa maladie : « Ce sera un voyage, je le sais, mais je veux le partager avec toi et avec tous ceux de NetOne. J’ai embrassé cette nouvelle étape de la vie avec amour ». Il s’en est allé en quelques mois et malgré une dernière conversation via Zoom, peu de jours avant sa mort, où il paraissait joyeux et toujours plein de projets pour le futur. « A la base de ma foi, il y a l’idée de vouloir aimer le prochain – disait-il. – Ce que nous faisons est quelque chose qui doit améliorer la société, enrichir réellement les personnes qui regarderont notre film, et cela est une autre manière de mettre de l’amour dans la société ». Le cinéma australien a perdu un brave producteur, nous du réseau de NetOne, un ami, un compagnon de voyage qui nous a quittés avec la légèreté de son sourire… « We’re crazy, we’re crazy people, but we need to feel part of a family ». C’est vraiment comme ça, Mark, vraiment ainsi.
Marco Aleotti
Avec autorisation de Cittanuova.it
Maria Voce, Présidente des Focolari, à “L’Institut Interconfessionnel Elijah” de Jérusalem « Tout ce qui se passe dans la vie est conduit par l’Auteur de l’histoire qui est Dieu, et Dieu veut le bien des hommes […] Donc même s’il arrive parfois que la liberté des créatures ait des effets négatifs, Dieu est capable […] de faire qu’il en ressorte un bien. » Selon Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari, c’est le plus grand enseignement que la crise du coronavirus puisse offrir aux hommes. Dans un entretien avec le rabbin Alon Goshen-Gottstein, Directeur de “l’Elijah Interfaith Institute” de Jérusalem, la Présidente du Mouvement des Focolari parle également des avancées possibles que la pandémie peut apporter au monde. L’entretien fait partie du projet Coronaspection, une série d’entretiens vidéo avec des chefs religieux du monde entier, partageant sagesse et conseils spirituels alors que nous faisons face à une crise mondiale (vous pouvez voir ici la bande-annonce du projet, qui résume l’esprit du projet). «Il y a des valeurs qui viennent davantage en évidence en ce moment – dit Maria Voce -, comme la solidarité, l’égalité entre les hommes, le souci de l’environnement. Le monde sortira grandi de cette crise si nous savons surmonter les divisions liées aux préjugés, à la culture, pour voir en chacun un frère et une sœur appartenant à l’unique famille des enfants de Dieu. » Cette certitude naît d’une profonde confiance en l’homme : « En chaque personne il y a toujours une étincelle de bien sur laquelle on peut bâtir; l’homme répond « parce que l’empreinte du bien est en lui. » C’est la conviction intime que « Dieu est Amour et aime toutes ses créatures » qui suscite l’espoir. « En effet – poursuit-elle – il suffit de regarder autour de soi pour voir des exemples de solidarité. Les efforts des médecins et des infirmières qui essaient de redonner la confiance, le sourire, leur compassion envers les personnes qu’ils n’ont pas réussi à sauver, ont profondément touché les patients qui ont guéri. De plus, « dans notre Mouvement, de nombreuses personnes ont pu se mettre au service de leurs voisins pour leur apporter ce dont ils avaient besoin ; beaucoup d’enfants ont mis à disposition leurs jouets, pour le réconfort de beaucoup d’autres enfants. » Au niveau des relations internationales – fait observer Maria Voce – « nous voyons des exemples de solidarité dans la participation de médecins et d’infirmières venus d’autres pays en Italie. […] Même au niveau de la réflexion économique, on est en train de tout faire pour que les pays ne pensent pas seulement à défendre leurs propres biens mais à intégrer dans leur propre vision celle des autres pays. » Des témoignages qui ne cachent pourtant pas les défis que la crise nous impose. « À côté des problèmes personnels – dit-elle – Il y a ceux qui sont liés à la conduite d’un mouvement international : prendre des décisions qui impliquent des difficultés sur le plan économique mais aussi humain. À ce point, j’ai compris qu’il me fallait faire appel à mes collaborateurs directs, pour que les décisions soient partagées, pour que l’intérêt des personnes l’emporte sur tous les autres intérêts. » « Même la peur – observe-t-elle – ne doit pas être niée, mais acceptée, en vue d’être surmontée : je dirais que nous devons apprendre à vivre avec la peur et en même temps ne pas nous laisser paralyser par elle », en restant – à l’exemple de Chiara Lubich – « ancrés dans le présent.» « Seul l’amour – a-t-elle conclu, en citant la fondatrice du Mouvement des Focolari – chasse la peur, et il n’y a pas de peur là où il y a un amour authentique. Ainsi, augmenter l’amour diminue la peur, parce que l’amour nous aide à accomplir des actions que la peur chercherait, au contraire, à conditionner. » Pour voir l’interview complète, cliquez ici
Claudia Di Lorenzi
« La nécessité aiguise l’appétit ». C’est dans le prolongement de ce dicton que la communauté des Focolari de la région métropolitaine de Manille (Philippines) a organisé la première Mariapolis en ligne les 14 et 15 mai. « Nous étions sur le précipice de la séparation. Nous étions bloqués, nous deux, seuls, nous avons compris que nous devions affronter nos problèmes, mettre de côté nos divergences et repartir de zéro. Merci pour tout votre amour ». Ce n’est là qu’un des nombreux commentaires que nous avons reçus des personnes qui se sont inscrites et qui ont participé via Zoom à la première Mariapolis en ligne, les 14 et 15 mai 2020 aux Philippines. La quarantaine inattendue communautaire à cause du Covid-19 nous a incités à chercher le moyen pour que notre peuple puisse se connecter et se nourrir de la spiritualité de l’unité. L’idée nous est venue à la suite de la diffusion en ligne de la messe pour un petit groupe de membres des Focolari qui s’est vite révélée être un rendez-vous quotidien pour environ deux mille personnes. Nous comprenions que si, d’une part, nous n’avions plus la possibilité de faire nos projets pour « fêter et rencontrer » Chiara à l’occasion de son centenaire, d’autre part, Dieu nous ouvrait cette voie pour le réaliser, même si ce n’est qu’en petits extraits ! L’enthousiasme des participants à la messe, exprimé par leurs messages sur le forum de Facebook, a montré clairement qu’il était possible de faire une expérience de Dieu en 30 minutes en ligne!
Entre-temps, nous avons fait nos premières expériences avec Zoom, par exemple pendant la Semaine du Monde Uni et Run4Unity. Nous sentions que nous devions « aller » à la Mariapolis pour être avec et à côté de notre peuple en cette période si difficile. Cela n’aurait pas été simple : les « Mariapolites » étaient à la maison, avec les distractions et probablement en train de se débattre à gérer beaucoup de choses en même temps : surveiller les enfants, préparer les repas, accomplir les tâches ménagères, etc. La disparité des réseaux, dans un pays en développement comme le nôtre, constituent également un grand défi. C’est pourquoi le temps de connexion de notre Mariapolis ne pouvait durer que deux heures durant les deux jours. Nous avons également pensé à l’appeler autrement pour gérer les attentes des personnes. Mais à la fin, à l’unanimité, nous avons gardé le terme « Mariapolis », comme toutes les Mariapolis que nous avons vécues. Nous voulions aussi qu’elle ne soit pas un séminaire en ligne mais une vraie Mariapolis, une ville de Marie, car nous voulions avoir Marie parmi nous, être Elle, comme Chiara nous l’a enseigné, pour porter Jésus au milieu de notre peuple afin que cette expérience puisse éclairer leur expérience de la pandémie. Plus de 950 personnes ont été enregistrées, non seulement des diverses îles des Philippines, mais aussi de pays d’Asie, d’Amérique latine, du Canada, des États-Unis et de certains pays européens. Le programme en ligne, disponible en direct pour un nombre infini de participants, comprenait des chansons, des expériences liées à la situation actuelle de la pandémie, des apports spirituels et une heure de communion profonde en groupes. Un participant a a bien exprimé ce qu’a été cette Mariapolis : « C’était vraiment un signe concret de l’amour de Marie pour nous tous ! Elle est notre mère, elle connaît vraiment nos besoins personnels et ceux partagés. Par le thème choisi, les discours, les expériences et les chansons, Marie nous a nourri par une nourriture appropriée et de justes vitamines pour le corps et pour l’âme ».
Romeo Vital
Le pays des cèdres s’interroge sur les voies d’issues possibles de la grave crise politique, économique et sanitaire qui a explosé récemment. L’espérance ne meurt jamais dans une terre qui, des vicissitudes, en a eues à n’en plus finir Avec la récente Semaine pour un Monde Uni, la communauté des Focolari libanaise a voulu s’interroger, jeunes et adultes, sur les perspectives difficiles d’une profonde perturbation qui tenaille le pays. Elles sont en effet nombreuses les crises qui s’additionnent : celle politique et sociale, commencée le 17 octobre dernier, avec la thaoura, la révolution du peuple, qui s’est déchaînée contre une classe dirigeante du pays, accusée de corruption et d’incapacité dans la gestion publique ; celle économique, qui a montré sa profondeur en mars dernier, lorsque le gouvernement a déclaré ne pas pouvoir rembourser sa dette d’1,2 milliards de dollars avec l’Union Européenne et ces dernières semaines, avec la chute de la lire libanaise qui, échangée il y a encore quelques mois à 1500 lire pour un dollar, aujourd’hui, voyage sur les 4000 et plus; et enfin, la crise sanitaire due au coronavirus, qui n’a pas eu une diffusion excessive (moins de mille contaminés pour moins de 30 morts) mais qui a tout de même amené le pays à une longue ségrégation, non encore terminée. A cause de cette situation, les jeunes surtout semblent vouloir répondre à une vieille tradition du pays, c’est-à-dire s’expatrier par manque de perspectives. Il faut rappeler que pour 4 libanais qui habitent le territoire méridional, il y en a environ 12 dispersés dans le monde entier, tout comme ce qui arrive à tant de peuples proches en particulier les juifs, les palestiniens et les arméniens. L’émigration est particulièrement douloureuse pour les libanais qui disent (à juste titre) avoir un pays magnifique, riche en histoire et en beautés naturelles, carrefour méridional de tout type de trafics et de commerces, la patrie de Prix Nobel et de grands marchés, de cinéastes et d’écrivains, de saints et de scientifiques. Il faut également souligner combien la diaspora est une affaire douloureuse, étant donné l’incroyable attachement à la famille que les libanais manifestent à chaque occasion. Dans ce contexte, les Focolari locaux ont organisé un Webinar, auquel ont participé environ 300 personnes de différents pays, du Canada à l’Australie, de l’Espagne à l’Italie, portant comme titre explicite : « Construire un futur en vivant pour la fraternité ». Deux avocates, Mona Farah et Myriam Mehanna ont voulu présenter une des plus graves menaces qui se supportent au Liban, c’est-à-dire la dangereuse absence de certitude du droit. Le Liban, contemporainement, a de sérieuses capacités à trouver les solutions les plus adaptées à la complexité du panorama et possède une tradition très ancienne de capacités juridiques. On comprend dès lors le désir des jeunes de s’expatrier même si on rencontre aussi la volonté de beaucoup de rester afin de construire un Liban plus uni et plus fraternel, dans un contexte dans lequel existent 18 communautés confessionnelles, réunies par un système politique de « démocratie confessionnelle » unique au monde. Ont suivi d’une façon naturelle, les témoignages de deux couples encore jeunes qui, il y a une douzaine d’années, avaient décidé de rentrer au Liban, après quelques années d’expérience de travail à l’étranger, afin de contribuer à la reconstruction du pays après la guerre dite civile. C’est ainsi qu’Imad et Clara Moukarzel (qui travaillent dans le social et l’humanitaire) et Fady et Cinthia Tohme (tous deux médecins) ont témoigné que oui, il est possible de rester ou de retourner afin de ne pas céder un pays riche comme le Liban à des forces réactionnaires. Tony Ward, entrepreneur dans le domaine de la mode de haut niveau, a ensuite raconté sa décision de rentrer dans sa patrie il y a vingt ans, tout en travaillant dans un environnement naturellement mondialisé. Il a raconté comment, dans la crise du coronavirus, il a reconverti sa production pour quelques semaines, en préparation de draps de lit, de masques, et de combinaisons pour les hôpitaux libanais qui traitent des cas du coronavirus. De son côté, Tony Haroun, dentiste depuis plus de trente ans en France, a voulu raconter les difficultés des expatriés surtout culturels, mais a également souligné combien la disponibilité à écouter la voix de Dieu permette de surmonter toute sorte d’obstacles. Michele Zanzucchi également, journaliste et écrivain installé au Liban, a voulu mettre en évidence trois qualités du peuple libanais qui pourront être de grande aide dans la crise sanitaire actuelle : la résilience, c’est-à-dire la capacité à résister aux chocs sans que ceux-ci n’éclatent ; la subsidiarité, c’est-à-dire la capacité à substituer l’État lorsque celui -ci ne réussit pas à assurer les services essentiels ; et enfin la créativité , dont les libanais sont de grands estimateurs, en créant une infinité de projets humanitaires, économiques, commerciaux, politiques et ainsi de suite. Youmna Bouzamel, jeune modératrice du Webinar, a voulu souligner en conclusion combien le Liban semble vraiment fait pour accueillir le message de la fraternité, seule vraie possibilité qu’il a entre les mains. Si Jean-Paul II avait défini le Liban pas tellement comme une « expression géographique » mais bien plutôt comme un « message », aujourd’hui ce message est avant tout une annonce de fraternité. De grands idéaux et du réalisme conjugués ensemble.
Pietro Parmense
L’Évangile est la Parole de Dieu en paroles humaines et c’est pour cette raison qu’il est une source de vie toujours nouvelle, même en ces temps de pandémie. Mais pour qu’elles soient libérées, les paroles de Jésus doivent être mises en pratique, traduites en actes concrets de foi, d’amour et d’espérance. (…) « Sur ta Parole, je jetterai les filets. » (Lc 5,5) Afin que Pierre puisse expérimenter la puissance de Dieu, Jésus lui a demandé la foi : de croire en lui et même de croire sur-le-champ à quelque chose d’humainement impossible, quelque chose d’absurde : pêcher le jour alors que la nuit avait été aussi infructueuse… Nous aussi, si nous désirons que la vie revienne, si nous désirons une pêche miraculeuse de bonheur, nous devons croire et affronter, au besoin, le risque de l’absurde que sa Parole comporte parfois. Nous le savons, la Parole de Dieu est Vie, mais cette vie on l’obtient en passant par la mort. Elle est gain, mais on l’obtient en perdant tout. Elle est croissance que l’on atteint en diminuant. Alors, comment dépasser cet état de fatigue spirituelle dans lequel nous pouvons nous trouver ? En affrontant le risque de sa Parole. Souvent influencés par la mentalité de ce monde dans lequel nous vivons, nous croyons que le bonheur consiste à posséder, à se faire valoir, à se plonger dans les distractions, à dominer les autres ou à satisfaire nos appétits en mangeant, buvant… Mais il n’en est pas ainsi. Essayons d’affronter le risque de rompre avec tout cela. Laissons notre moi courir le risque de la mort complète. Risquons, une fois, deux fois, dix fois par jour… Et le soir nous sentirons renaître avec douceur l’amour dans nos cœurs. Nous retrouverons cette union à Dieu que nous n’espérions plus, la lumière de ses inspirations que l’on ne peut confondre avec rien d’autre resplendira ; sa consolation, sa paix nous envahiront. Nous nous sentirons sous son regard de Père. Placés ainsi sous sa protection, la force, l’espérance et la confiance renaîtront en nous, avec la certitude que le « Saint Voyage » est possible ; (…) nous expérimenterons l’assurance que le monde peut vraiment être sien. Mais il faut risquer la mort, le néant, le détachement. C’est le prix à payer ! (…)
Chiara Lubich
(D’une conférence téléphonique, Rocca di Papa, 17 février 1983) Extrait de : “Rischiare sulla sua parola”, in Chiara Lubich, Conversazioni in collegamento telefonico, p. 108. Città Nuova Ed. 2019.
Après les événements de Minneapolis et les manifestations dans le monde, nous nous sentons impuissants et indignés mais nous continuons à croire et à travailler dans un esprit d’ouverture et de participation pour répondre aux attentes les plus profondes de notre époque.
Foto: Josh Hild (Pexels)
Stefania Tanesini
[1] Statement of U.S. Focolare Movement: our commitment to racial justice – https://www.focolare.org/usa/files/2020/06/Focolare-Statement-on-Racial-Justice.pdf [2] Ibid.
Témoignage du Congo après les mois difficiles de lutte contre le virus Ebola. https://vimeo.com/402935659
La vocation universelle du mouvement des Focolari consiste à construire la fraternité universelle sans distinction de race, de religion, de conditions économiques et sociales. Nous vous proposons la deuxième partie de l’interview de Luciana Scalacci, membre non-croyante de la Commission internationale et italienne du Centre pour le Dialogue avec les personnes de convictions non religieuses des Focolari. Comment as-tu abordé les Focolari en tant que non-croyante et comment ont-t-il changé ta vie ? Un jour, notre fille nous a écrit qu’elle avait trouvé un endroit pour mettre en pratique les valeurs que nous lui avions transmises : elle avait rencontré la communauté des Focolari à Arezzo. Nous ne connaissions pas le Mouvement, nous étions inquiets, nous voulions voir de quoi il s’agissait. Nous avons tout de suite eu l’impression d’être dans un endroit où l’on respecte les idées des autres, nous avons trouvé une ouverture que nous n’avions jamais rencontrée auparavant. La rencontre avec le Mouvement a été comme une lumière qui m’a redonné espoir dans la possibilité de construire un monde meilleur. Tu as rencontré Chiara Lubich à plusieurs reprises : quelle valeur a eu cette relation personnelle ? En 2000, lors d’une rencontre publique, elle a répondu à la question que je lui avais posée : « …pour nous aussi, l’homme est un remède pour l’homme, mais quel homme ? Pour nous, c’est Jésus, un homme. Prenez-le-vous aussi car il est l’un des vôtres, c’est un homme ». C’est alors que j’ai compris que le Mouvement était le lieu où je pouvais m’engager et j’ai compris pourquoi, même en tant que non-croyante, j’avais toujours été fascinée par la figure de Jésus de Nazareth. C’est alors que Chiara m’a invitée à la rejoindre pour une rencontre personnelle, moi qui ne suis personne. Cette rencontre m’a pénétrée toute entière, je sentais à quel point elle m’aimait. Dans une lettre qu’elle m’écrivait, je percevais des paroles prophétiques : « Très chère Luciana… nous avons fait de nombreux pas ensemble et nous nous sommes enrichies mutuellement. Maintenant, comme tu le dis, nous devons rendre ce chemin plus visible afin que beaucoup d’autres personnes puissent le trouver. Nous connaissons le secret : Continuons à aimer ». En ces années de dialogue, comment sommes-nous passés de la confrontation entre « nous » et « vous » à être « unis en un Nous » ? Le scepticisme initial a été la première chose à surmonter. D’un côté, les non-croyants craignaient qu’il s’agissait d’un geste de prosélytisme ; de l’autre, les croyants craignaient, je crois, que les non-croyants tentent de remettre en question leurs certitudes, leur foi. Chiara est la seule personne qui n’a jamais eu de tels soucis. Nous avons constaté que le dialogue est la grande ressource pour marcher vers l’objectif de la fraternité universelle. Peu à peu, la confiance entre les « deux parties » s’est accrue et nous nous sommes sentis non plus « nous-vous » mais « unis en nous ». Un défi décisif consiste à enthousiasmer les jeunes. Quelles sensibilités rencontrez-vous ? Les jeunes ne sont pas tous informés de l’ouverture aux personnes qui ne se reconnaissent dans une foi religieuse ; ceux que j’ai eu l’occasion de connaître ont montré un intérêt pour cette réalité. Une fille, après nous avoir rencontrés, a écrit : « J’ai ressenti ce dialogue comme une facette de ce précieux diamant que Chiara nous a donné… ne l’encrassons pas ». Cliquez ici pour lire la 1ère partie de l’interview
Claudia Di Lorenzi
Construire un monde uni sans distinction de race, de religion, de conditions économiques et sociales. « En tant que Mouvement, en tant que nouvelle Œuvre née dans l’Eglise, nous avons une vocation universelle, puisque notre devise est : « Que tous soient un ». Nous ne pouvons pas nous passer de vous, parce que vous êtes dans le monde entier, sinon nous enlèverions la moitié ou au moins un tiers de l’humanité et nous l’exclurions, alors que nous disons « que tous soient un ». C’est ainsi que la fondatrice du mouvement des Focolari, Chiara Lubich, explique en mai 1995 les raisons qui ont conduit le Mouvement à rechercher et à développer un dialogue avec les personnes qui ne se reconnaissent pas dans une croyance religieuse. Nous en parlons avec Luciana Scalacci, 73 ans, de Abbadia San Salvatore (Italie). Non croyante, elle est membre de la Commission internationale et italienne du Centre pour le Dialogue avec les personnes de convictions non religieuses des Focolari. Dans le Mouvement, la recherche du dialogue avec les personnes de convictions non religieuses est profondément enracinée. Quelles sont les étapes les plus importantes ? Le « Centre pour le dialogue avec les non-croyants » naît en 1978 et en 1979, pour la première fois, des personnes de convictions non religieuses participent à des rencontres promues par les Focolari. Chiara invite l’ensemble du Mouvement à s’ouvrir aux non-croyants, estimant que nous sommes tous des « pécheurs » et que nous pouvons donc faire un chemin commun de libération et construire ensemble la fraternité universelle. En 1992, le Centre promeut la première conférence internationale intitulée « Construire ensemble un monde uni ». « Votre participation à notre Œuvre est essentielle pour nous », déclare Chiara. « Sans vous (comme sans ses autres composantes), elle perdrait son identité ». En 1994 a lieu la deuxième conférence. Dans son message, Chiara déclare : « Notre but est de contribuer à l’unité de tous, en partant de l’Amour pour chaque personne. Nous verrons donc combien l’aspiration à la fraternité universelle et à l’unité ” est grande dans l’Humanité, à tous les niveaux. Après la mort de Chiara en 2008, la présidente, Maria Voce, confirme à plusieurs reprises que les personnes de convictions non religieuses sont un groupe essentiel du Mouvement. Dans les années 1970, il n’est pas courant qu’un Mouvement d’inspiration chrétienne ouvre ses portes aux non-croyants… quels étaient ses objectifs ? L’unité du genre humain, concrétiser « Que tous soient un », car le monde uni se construit avec les autres et non contre les autres. Sur quelle base repose la possibilité de construire un dialogue entre croyants et non-croyants ? Sur l’existence de valeurs communes, telles que la fraternité, la solidarité, la justice, l’aide aux pauvres. Le point commun est aussi le fait que nous avons tous une conscience personnelle qui nous permet de réfléchir individuellement à ces valeurs mais aussi de manière collective, pour qu’il devienne le patrimoine de tous. Avez-vous rencontré des difficultés sur ce chemin ? Dialoguer à partir de différentes positions n’est pas toujours facile. Il est plus facile de se référer à un contenu concret et de réaliser quelque chose de pratique car la pratique ne fait aucune distinction de couleur, de religion, d’idées. Les difficultés surviennent lorsque nous passons de la pratique aux valeurs, aux idéologies, aux superstructures. Le dialogue peut échouer. Mais ce n’est pas le cas. Chiara a demandé aux croyants et à nous “amis” d’être aussi ouverts d’esprit que possible, non pas pour faire un acte de charité, mais pour s’enrichir mutuellement et faire le voyage ensemble vers un monde meilleur.
Claudia Di Lorenzi
Gambriela- Bambrick-Santoyo travaille comme médecin en médecine interne. Elle est née et a grandi au Mexique à Mexico et est membre active et engagée de la communauté des Focolari depuis 1987. Actuellement elle travaille en tant que Directrice du Programme Associé du service de Médecine interne dans un hôpital dans le Nord du New Jersey, aujourd’hui dans un pic de l’actuelle pandémie du coronavirus COVID-19. Voici un extrait de l’interview réalisée par cruxnow.com Gabriela, peux-tu nous dire dans quelle mesure ta foi catholique et la spiritualité des Focolari inspirent ta vocation à être médecin ? Ma vocation de catholique et faisant partie du mouvement des Focolari, et ma vocation de médecin sont inséparables. Je suis née catholique et j’ai connu le Mouvement des Focolari lorsque j’avais environ dix-huit ans. Cette rencontre a changé ma vie parce cela a été la première fois que je me suis sentie poussée à vivre concrètement l’Évangile de l’ « aime ton prochain comme toi-même ». Cela m’a profondément changée et a été ce qui a guidé mes actions, que ce soit en tant que personne qu’en tant que médecin. Comment cela s’est-il passé pour toi le fait d’être en première ligne dans la pandémie COVID-19 lors du pic du New Jersey ? Cela a mis ma foi à rude épreuve. Surtout la peur de la mort. Cela devient une possibilité très réelle lorsque tu vois tant de morts autour de toi. Une fois que tu dis oui à l’appel de donner notre vie pour les autres, que nous tous, comme chrétiens nous avons, les grâces pleuvent en toi et autour de toi ! Elles le font vraiment ! J’ai dû aussi me demander ce que pouvait signifier « aimer les autres comme soi-même » lors de cette pandémie du COVID. Lorsque j’ai commencé à voir les patients, j’ai eu très peur. Je voulais entrer rapidement… et quitter la chambre le plus vite possible. Puis, coup de théâtre : ma fille, une jeune fille saine de 18 ans, a été hospitalisée avec le COVID. Le soir, elle m’appelait en pleurant de sa chambre d’hôpital en disant : « Maman, j’ai perdu toute ma dignité. Je dois aller aux toilettes et ils ne me laissent pas sortir. Ils ne veulent pas entrer et continuent à me repousser dans ma chambre et à un certain moment j’ai pensé que je devais me soulager par terre sur le carrelage ». Entendre cela de ma propre fille m’a détruite, Charlie, et je me suis demandé si j’étais en train de faire quelque chose de semblable avec mes patients. A ce moment-là, j’ai décidé de changer la manière de donner pleinement ma vie à mes patients, d’avoir plus de compréhension et de ne plus jamais leur faire sentir que je les abandonnais. Cela a dû être difficile d’être ainsi confrontée à la mort au rythme avec lequel tu l’as vue de près ces dernières semaines. Pour nous tous, c’est tellement difficile seulement à l’imaginer. C’est vrai, mais il arrive aussi des grâces. Une de mes patientes de plus de quatre-vingt-dix ans, très malade, savait pratiquement qu’elle allait mourir à cause du COVID-19 et était dans la paix. Mon acte de miséricorde a constitué dans le fait d’être là dans les derniers moments de sa vie. En passant du temps non seulement avec ma patiente mais également avec sa famille au téléphone. Je n’oublierai jamais lorsque je lui ai dit que sa famille l’aimait beaucoup et qu’elle était dans la paix, et qu’elle savait qu’elle était prête et elle m’a serré la main. C’est cela la miséricorde. J’avais un autre patient avec lequel j’ai eu ce que j’appelle une « situation à coup double ». En plus d’être un patient COVID, il était très agressif, pas très stable et il disait qu’il allait me donner un coup de poing si je ne faisais pas X ou Y . Je n’ai pas tout de suite réalisé que cette personne était aussi un fils de Dieu et que je devais le regarder avec patience, amour et miséricorde. Une fois qu’il a vu cela dans mes yeux, sa rage a commencé à s’évanouir. En voie de guérison dans un autre service, il s’est tourné vers moi, m’a souri et m’a dit : « Toi et [l’infirmière X] vous avez été les seules à consacrer du temps à m’expliquer les choses ». Que vous apportent votre robuste vie de prière et vos engagements théologiques par rapport à la manière avec laquelle vous pratiquez la médecine en ces circonstances ? La prière a toujours été un pilier central de ma vie et m’a permis de surmonter cette crise. C’est dans la prière que je trouve paix et réconfort. C’est dans la prière que je me trouve en Dieu. Et puis, je participe aux rencontres hebdomadaires (rencontres zoom) avec ma communauté des Focolari. Toutes ces choses mises ensemble sont pour moi comme l’armature qui me permet d’affronter cette crise. Ici vous pouvez lire l’interview complète : https://cruxnow.com/interviews/2020/04/doctor-balances-faith-work-in-coronavirus-hotspot/
Une des nombreuses conséquences du Coronavirus dans tous les pays, mais plus particulièrement dans les pays les plus pauvres, est d’avoir enlevé à de nombreuses personnes ayant des emplois précaires ou occasionnels, leurs moyens de subsistance. En cette période, il devient donc encore plus important de regarder autour de soi et de prendre les initiatives les plus variées en faveur de ceux qui sont dans le besoin. C’est l’Évangile : c’est là, dans les “petits”, que Jésus nous attend. […] Jésus a une préférence pour les pauvres, pour les “petits”. Après le triple reniement de Pierre[1], quand il lui pose cette triple question : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? », à la première réponse affirmative de Pierre, il conclut : « Sois le berger de mes agneaux. » Après les deux autres, il affirme au contraire : « Sois le pasteur de mes brebis. » Par “agneaux”, il entendrait – selon les exégètes – les “petits“, les pauvres, ceux qui sont dans le besoin et par “brebis”, tous les autres[2]. Jésus démontrait ainsi avoir choisi l’option pour les pauvres bien avant que de nombreux évêques des pays en voie de développement surtout, ne la formulent et la proposent. Du reste, nous le savons : il est venu pour évangéliser les pauvres[3] et il a dit clairement : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait[4]. » Mais si Jésus a déjà montré cette préférence à travers ses paroles et ses actes quand il était en vie, au cours des siècles, son Esprit l’a très fréquemment gravée en ceux qui devaient devenir ses instruments pour de nombreuses personnes : comme, par exemple, saint François, saint Philippe Neri, saint Ignace de Loyola, saint Camille de Lellis, etc. Il en a été de mêmes aussi pour nous. Au début du Mouvement, notre charisme nous a fait prêter avant tout attention – quand nous habitions encore avec nos familles – aux “petits” qui étaient autour de nous : les pauvres, les malades, les blessés, les prisonniers, les sans-logis, les personnes âgées, les enfants… et, plus tard, place des Capucins, dans le premier focolare, aux “petits” qui étaient parmi nous. Nous nous sommes efforcés de résoudre le premier problème en posant des gestes de charité, germes des actions sociales et des nombreuses œuvres qui allaient naître par la suite ; et (de résoudre) le deuxième, en réalisant la communion des biens entre nous tous. Plus tard, nous avons été habituellement poussés à considérer toutes les personnes, à aimer chaque prochain, petit ou pas, comme nous-mêmes et à nous aimer les uns les autres. Et notre manière de vivre a tellement pénétré en tous, qu’elle est devenue la trame du Mouvement tout entier. Mais en cette dernière période […] nous nous sommes à nouveau sentis appelés à mettre à la première place les “petits“. Comment pourrons-nous donc le faire ? Avant tout en considérant de préférence ceux parmi nous qui peuvent se dire “petits” et en pourvoyant à toutes leurs nécessités grâce à une communion des biens libre mais intense, étendue à tout le Mouvement dans le monde. […] Puis, en regardant autour de nous. […] Un mot d’ordre ? Une question à nous poser : « Aujourd’hui, ai-je préféré parmi tous mes prochains ceux qui sont le plus dans le besoin ? »
Chiara Lubich
(Extrait du message de la téléréunion du 27 juin 1991 à Rocca di Papa) [1] Cf. Jn 18, 15-27 [2] Cf. Jn 21, 15-17 [3] Cf. Mt 11, 5 [4] Mt 25, 40
Des actions de soutien, d’entraide, de prière et de partage nées dans le monde entier des communautés des Focolari. https://vimeo.com/402935484
Le témoignage de Rolando, directeur d’une entreprise à San Salvador : préoccupations et attentes pour son Pays en temps de pandémie et le choix, en tant que famille, de vivre pour les autres. Au San Salvador, nous sommes en quarantaine comme sur le reste de la planète. La peur, compréhensible mais, à mon avis, démesurée, a gagné du terrain et pour prévenir la contagion, des mesures allant à l’encontre des droits de l’homme ont été encouragées. Profiter de l’urgence sape la démocratie et, toujours par peur, une grande partie de la population réclame une main ferme. Ainsi, la pandémie a engendré, comme mesure de lutte contre le virus, un retour à l’autoritarisme. Un retour à l’intolérance, à l’absence de dialogue avec des sentiments de colère et de vengeance. À cela s’ajoutent les conséquences négatives sur l’économie avec la fermeture des activités non essentielles, le pourcentage élevé de l’économie informelle, la réduction des remises et le niveau élevé d’endettement motivé dû à l’état d’urgence. Pour moi, cette situation est une détresse collective. Dans ma jeunesse, j’ai vécu la guerre civile et, avec beaucoup d’illusions, l’arrivée du dialogue et la signature de la paix. J’ai suivi le lent processus vers la démocratie, jamais satisfait, mais toujours avec espoir. Je n’aurais jamais imaginé que je verrais à nouveau les forces armées dominer la scène politique et briser l’ordre constitutionnel. C’est une douleur personnelle et sociale qui, parfois, m’a fait perdre mon optimisme. Je pense que dans un avenir proche il y aura une crise économique et sociale qui affectera la démocratie et, en particulier, les personnes les plus vulnérables. La spiritualité de l’unité que nous essayons de vivre dans ma famille, nous pousse tous à prendre des mesures concrètes en faveur de nos proches. Personnellement, plongé dans le télétravail, j’essaie avant tout d’aimer Irène, ma femme, en valorisant l’effort qu’elle fait pour faire face à cette situation difficile, en l’aidant et en comblant les vides, car en raison de la pandémie il n’y a plus les personnes qui venaient nous aider à la maison. Je prépare avec joie les plats que Roxana, notre cadette, aime et j’encourage Irene-Maria, notre aînée, qui étudie à l’étranger. Chaque jour, j’ai des nouvelles de mes parents et je m’occupe de leurs besoins. Nous essayons de soutenir et d’encourager les personnes qui aident depuis chez elles, en assurant leurs salaires, tant que nous le pouvons… Avec les employés de l’entreprise où je travaille, nous mettons en œuvre, avec d’autres responsables, des politiques de soutien économique, qui permettent aux employés de travailler plus facilement à distance pour conserver leur emploi. Je m’engage à soigner au mieux les relations avec les personnes de mon équipe et à faire preuve de compréhension au vu de leur moindre efficacité. Avec quelques experts en différents domaines, nous échangeons nos expériences, étudions la crise, les modèles économiques, le développement du marché, la politique, conscients de l’occasion qui se présente pour apprendre de nouvelles choses et trouver des idées novatrices pour faire face à l’avenir. Sans que je m’en rende compte, les jours passent vite, et un sentiment de paix remplit souvent mon âme. Je continue à m’inquiéter de la situation sanitaire du pays, de la démocratie menacée, de l’économie, mais je sens, de plus en plus la force de continuer à me battre pour le maintien des valeurs auxquelles je crois, bien qu’à l’extérieur la tempête se déchaîne..
Rolando, El Salvador ( textes recueillis par Gustavo E. Clariá)
Une façon de rester uni à Jésus est d’accueillir sa Parole. Elle permet à Dieu d’entrer dans nos cœurs pour les rendre “purs”, c’est-à-dire débarrassés de l’égoïsme, aptes à porter des fruits abondants et de qualité. Faire confiance C’était un homme d’une quarantaine d’années, au visage triste, qui avait l’air mal en point : vêtements sales et en lambeaux, odeur d’alcool et de nicotine… Il ne m’a pas demandé d’argent, mais du travail, n’importe quel travail. Il avait clairement besoin d’aide. Qu’aurait fait Jésus à ma place ? J’ai décidé de l’inviter chez moi où j’avais besoin de faire des réparations. Avant cela, il m’avait dit qu’il venait de sortir de prison et qu’il devait payer sa libération conditionnelle, mais qu’il n’avait pas d’argent. De plus sa femme l’avait quitté. Il a donc fait le travail que je lui ai demandé et je l’ai payé. Avant de le conduire là où il passait la nuit, il m’a demandé si j’avais un autre travail à lui proposer. Après avoir parlé à quelques amis, nous lui avons trouvé d’autres choses à faire. Il est revenu plusieurs fois. Entre-temps, la confiance et le respect mutuels ont grandi. Au bout d’un mois environ, il ne s’est plus présenté. J’avais peur qu’il ne soit retourné en prison. Puis, un jour, il m’a appelé sur mon téléphone portable : “Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi, pour la confiance que vous m’avez accordée. J’ai pu payer ma libération conditionnelle et acheter un téléphone portable. Maintenant, j’ai un emploi stable. Je suis très heureux !” (A. L. – Usa) Ce que je crois Je suis coiffeuse et je fais du service à domicile. Un jour, une jeune femme récemment mariée qui attendait un bébé m’a appelée. Malheureusement, elle m’a confié qu’elle envisageait de divorcer parce que sa belle-mère lui rendait la vie impossible. Je l’ai écoutée pendant longtemps, puis je lui ai conseillé d’attendre. Au bout de quelques jours, sa belle-mère m’a appelée pour se faire couper les cheveux. Et immédiatement, elle a parlé en mal de sa belle-fille. “Comme c’est étrange – lui ai-je répondu – il y a deux jours à peine, j’étais chez elle et je ne l’ai entendue que dire des choses gentilles à votre sujet…”. Quand j’ai revu sa belle-fille, je lui ai dit : “Votre belle-mère a parlé de vous en bien, elle vous aime beaucoup…”. Quelques jours plus tard, la famille s’est réunie pour une fête… La belle-mère et la belle-fille se sont retrouvées après des mois et ce fut un très beau moment, comme elles me l’ont ensuite raconté. En me remerciant elles m’ont dit : « Qui t’a appris les belles choses que tu nous dis ? » J’ai donc pu leur expliquer que je crois à l’ Évangile qui nous enseigne à être des artisans de paix. (F. – Pakistan) Presque par plaisir Mon mari et moi avions remarqué chez nos enfants un manque de connaissance des bases de la foi chrétienne. Nous nous sommes donc demandé : pourquoi ne pas commencer une sorte de cours de catéchisme en famille ? J’ai commencé avec Mary, Jutta et Ruben, en m’assurant que les contenus étaient simples et en lien avec la vie quotidienne. Ensuite, Jeroen et Rogier, Rose et Michel les ont rejoints… Il en est ressorti une expérience originale, amusante et aussi engageante : il s’agissait en fait de préparer chaque semaine une sorte de leçon que certains enfants écrivaient sur leur ordinateur puis photocopiaient, tandis que d’autres préparaient de jolis dossiers où conserver ces documents. Nos enfants étaient si enthousiastes qu’ils ont souvent invité spontanément leurs amis à participer, du coup d’autres se sont joints à eux. Lorsque nous avons abordé le thème des sacrements, nous avons eu la confirmation qu’ils les avaient peu compris, alors que maintenant ils sont devenus la richesse de notre vie de foi. Et ce cours de catéchisme, né presque par plaisir, continue… (P.W. – Pays-Bas)
Propos recueillis par Stefania Tanesini
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VI, n.3, avril-mai 2020)
Expérience de la communauté de Bangalore, en Inde, pendant le confinement du coronavirus « Quand soudain tu découvres que tout se ferme pendant 21 jours et tu ne sais pas ce que sera l’avenir proche… Lorsque le travail qui t’a maintenu jusqu’à présent est arrêté et tu ne sais pas comment continuera la situation, que faire ? Je pense que c’est l’expérience que nous vivons actuellement non seulement en Inde mais dans de nombreux pays. L’Italie a été parmi les premières nations, malheureusement, à faire cette expérience de désarroi. Ici aussi, nous avons connu la même situation. Seulement qu’ici, comme vous l’avez peut-être vu aux nouvelles, il y a 450 millions de personnes qui vivent avec un emploi journalier, sans aucune sécurité. La plupart d’entre elles n’ont aucune épargne. Ne pas pouvoir aller travailler signifie donc manger moins chaque jour et essayer de survivre. Cette question se posait dans la communauté du Focolare di Bangalore. Comment aider les personnes dans le besoin ? Comment faire participer les personnes confinées chez elles ? Tout est parti d’un message sur WhatsApp que l’un d’entre nous a envoyé à Kiran, un séminariste vivant dans un village que nous avons visité il y a quelque temps. “Y a-t-il des familles dans le besoin dans ton village ?” Le village, situé dans l’État indien de l’Andhra Pradesh, compte environ 4560 familles et une paroisse de 450 familles catholiques. Kiran (qui signifie « rayon » dans la langue locale), se promenait et s’était arrêté justement ce soir-là chez différentes familles qui lui ont confié leur peur de l’avenir. Ils mangeaient déjà du kanji (du riz bouilli dans beaucoup d’eau que l’on boit avec du piment vert pour lui donner du goût) depuis plusieurs jours et ils ne savaient pas comment ils feraient pendant ces 21 jours de confinement. Il n’est pas normal que des adultes parlent à un jeune de leurs problèmes et Kiran était rentré inquiet. En ouvrant son téléphone portable, il a vu le message et a compris que Dieu lui donnait une réponse à la question de l’aide à ces familles. Nous nous sommes donc mis au travail. Kiran a repéré les familles qui étaient le plus en difficulté et nous avons préparé le message à envoyer à toutes nos connaissances, avec des détails et des comptes-courants où envoyer l’aide. Nous nous sommes fixé comme objectif d’aider au moins 25 familles par un sac de 25 kg de riz et un sac de légumes, soit assez de nourriture pour une quinzaine de jours pour une famille, pour un coût de 1500 roupies, soit environ 20 euros.
La réponse a été immédiate. De nombreuses personnes ont participé ; des familles et aussi de nombreux jeunes. Certains ont donné mille, d’autres trois mille, cinq mille roupies. En quelques jours, nous avons atteint l’objectif fixé. Mais les contributions ont continué d’affluer et nous sommes venus en aide à plus de 30 familles. Avec une moyenne de quatre personnes par maison, cela signifie que cette aide a atteint au moins 120 personnes. Mais nous connaissons aussi des personnes qui ont d’énormes besoins dans de nombreux autres villages. Nous avons alors commencé à les aider également. Aujourd’hui, nous aidons trois villages avec des personnes du lieu qui connaissent bien la situation et savent comment aider de la manière la plus appropriée. Chiara Lubich nous avait enseigné à aimer les personnes, une à la fois ; il nous semble que c’est le cas ici aussi: aimer un village à la fois, mais sans s’arrêter ! C’est peu, ce ne sont que quelques gouttes mais beaucoup de personnes se sont mobilisées. Ici, dans le diocèse de Bangalore, où nous avons également apporté notre contribution, l’effort de l’archevêque à travers le centre social pour aider de nombreux travailleurs bloqués ici à cause du confinement a été et est très important. De Bangalore, nous passons maintenant l’initiative à Mumbai, New Delhi et Goa, afin que ce que nous avons puisse circuler autant que possible. Finalement, comme nous le vivons tous, tout passe et ces quelques gouttes d’amour que nous parvenons à donner restent et remplissent notre cœur et celui des autres ».
La communauté du focolare de Bangalore – Inde
Si vous voulez apporter votre contribution pour aider ceux qui souffrent des effets de la crise mondiale de Covid, allez à ce lien
Pour faire face à la pandémie, les personnes et les associations, le personnel sanitaire et la communauté scientifique, les gouvernements et les organisations internationales agissent de mille manières. L’ingéniosité et la générosité – souvent héroïque -, ne manquent pas. À tous ces efforts, il convient d’ajouter la contribution décisive qui vient de la prière capable de déplacer des montagnes. (…) Comme chaque enfant de cette terre a confiance en son père, croit en lui, s’abandonne complètement à lui, lui laisse toute préoccupation, se sent en sécurité avec lui en toutes circonstances, même difficiles, même douloureuses, même invraisemblables, ainsi “l’enfant” de l’Évangile fait et doit faire de même à l’égard du Père céleste. C’est là un comportement, le sien, toujours très important, car nous sommes souvent dépassés par des circonstances, des événements, des épreuves que nous ne pouvons surmonter avec nos seules forces et qui nécessitent donc des interventions supérieures. De plus, nous sentons ces jours-ci le besoin particulier d’une grande foi en l’amour du Père et dans sa Providence. (…) Nous avons été et sommes préoccupés, et nous avons pensé (…) à ce que nous pouvions faire. La première réponse qui est née dans notre cœur a été : prier, nous unir tous dans la prière pour conjurer le fléau. Et certainement chacun a plus ou moins commencé à le faire. (…) Prier. Mais il faut prier de façon à obtenir. Et comment ? Saint Jean, dans sa première lettre, a cette très belle et encourageante expression : « … Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et en nous, son amour est parfait. »[1] « En nous, son amour est parfait. » Mais, si en nous son amour est parfait, et tant qu’en nous son amour est parfait, nous sommes parfaits. La perfection de l’amour s’acquiert donc en mettant en pratique l’amour réciproque. Ces jours-ci, (…) nous avons introduit [dans le Règlement des focolarini], une norme qui est fondamentale et essentielle pour eux : le devoir (…) de formuler avec les autres focolarini un Pacte (…), celui d’être prêts à mourir les uns pour les autres, comme le commandement de Jésus l’exige. Mais cette décision, ce Pacte n’est certainement pas le monopole des seuls focolarini qui vivent en communauté. Il est la règle de tous les membres de notre Œuvre. Celle-ci, appliquée, fait en sorte que l’amour en nous soit parfait et que nous soyons parfaits dans l’amour, et ainsi agréables à Dieu. Nous avons donc toutes les conditions pour obtenir les grâces que nous désirons, même celles qui sont nécessaires pour déplacer les montagnes. Je pense qu’il sera utile ces jours-ci, si nous voulons travailler avec efficacité au monde uni, de renouveler entre nous et avec tous ceux que nous rencontrons et qui connaissent notre Mouvement, cette disposition de notre âme. Nous devons, bien sûr, créer d’abord les bases nécessaires, susciter l’atmosphère appropriée pour ensuite, avec courage, pouvoir dire à l’autre : « Avec la grâce de Dieu, je veux être prêt à mourir pour toi », et pouvoir s’entendre répéter : « Et moi pour toi. » Puis, nous devons agir en conséquence, attisant le feu de l’amour envers chaque prochain. (…) Sur cette base nous pouvons prier avec la certitude d’obtenir.
Chiara Lubich
(Extrait d’une liaison téléphonique, Mollens, 13 septembre 1990) [1] 1 Jn 4, 12.
Une campagne globale qui a impliqué des milliers de fidèles à travers des séminaires interactifs et formatifs à propos du soin apporté à la maison commune. Établie par le Pape, elle a été organisée par le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral avec le soutien d’un groupe de partenaires catholiques. Du 16 au 24 mai s’est déroulée la Semaine Laudato Si’ intitulée « Tout est relié », une campagne globale à l’occasion du 5ème anniversaire de l’encyclique du Pape François à propos du soin apporté à la maison commune. L’événement a impliqué des communautés catholiques du monde entier en impliquant des diocèses, des paroisses, des mouvements et associations, des écoles et des institutions afin d’approfondir le propre engagement pour la sauvegarde de la Création et la promotion d’une écologie intégrale. Vivement voulue par le Pape, elle a été organisée par le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral avec le soutien de différents partenaires catholiques parmi lesquels le Global Catholic Climate Movement (Mouvement Catholique Global pour le Climat) qui englobe plus de 900 organisations catholiques mondiales dont le Mouvement des Focolari. Au cours de la Semaine, diverses initiatives ont eu lieu online en suivant les lignes conductrices de Laudato Si’. A cause de l’émergence Coronavirus en effet, l’événement s’est entièrement déroulé online par le biais de séminaires interactifs et formatifs. Dans la journée du dimanche 24 mai , l’événement s’est conclu avec une journée mondiale de prières : à midi (heure locale de chaque fuseau horaire), chacun a pu prier pour la Terre avec cette prière. Le Pape a envoyé au cours du mois de mars, un message vidéo dans lequel il encourage les fidèles à participer à protéger notre maison commune. Ensemble, par le biais de l’action et de la foi, nous pouvons résoudre la crise écologique. « Quel type de monde voulons-nous laisser à ceux qui viendront après nous, aux enfants qui sont en train de grandir ? – affirme le Pape – Je renouvelle mon appel urgent à répondre à la crise écologique. Le cri de la terre et le cri des pauvres ne peuvent plus attendre. Prenons soin de la création, don de notre bon Dieu Créateur ». Au cours de ces cinq ans, l’encyclique du Pape a fait bouger les consciences de nombreux citoyens. De nombreuses communautés de personnes sont nées avec l’objectif de faire quelque chose pour l’environnement, poussées par les paroles du Pape sur une vision écologique plus attentive à la Maison Commune. Et pourtant, après cinq ans, ces paroles résonnent très actuelles dans ce monde gangrené par la pandémie du Covid-19. Le Dicastère Vatican pour le Service du Développement Humain Intégral souligne également combien les enseignements de l’Encyclique sont particulièrement pertinents dans le contexte actuel du coronavirus qui a mis à l’arrêt beaucoup de parties du monde. « La pandémie a touché partout et nous enseigne combien, avec l’engagement de tous, nous pouvons nous relever et vaincre aussi le virus de l’égoïsme social avec les anticorps de la justice, de la charité et de de la solidarité. – souligne don Francesco Soddu, directeur de Caritas Italienne – Afin d’être constructeurs d’un monde plus juste et plus durable, d’un développement humain intégral qui n’abandonne personne ». Pendant cette semaine, il n’a pas seulement été question d’écologie. Les organisateurs se sont posés la question : dans quelle mesure l’économie pèse t-elle en matière de sauvegarde de la Création? Le jeudi 21 mai il y a eu en effet un rendez-vous online avec l’économiste Kate Raworth, de l’Université d’Oxford et de l’Université de Cambridge, une des économistes les plus influentes au niveau international. Cette rencontre rentre également dans le parcours de préparation et de formation à « The Economy of Francesco », l’événement voulu par le Pape qui se tiendra en novembre à Assise où se sont déjà inscrits 3000 jeunes entrepreneurs du monde entier. A propos du thème de la sauvegarde de la Création, « l’économie pèse pour au moins 50 % si nous considérons l’économie individuelle, l’économie des entreprises et l’économie des États ainsi que les effets que tout cela produit sur la pollution de la Planète – soutient l’économiste Luigino Bruni -. Ensuite, il y a la politique, nos modes de vie, etc…(…). Si nous considérons aussi de quoi dépendent les échecs de ces décennies, le réchauffement global, par exemple, nous nous rendons compte qu’en fait, l’économie capitaliste a réellement une grosse part de responsabilité. Et donc, si nous voulons changer, il faut changer l’économie ». Vivre Laudato Si’ signifie donc témoigner de notre sensibilité pour le thème de la sauvegarde de la Création mais également dans le domaine économique avec nos choix de vie. Nous pouvons contribuer à réaliser une profonde conversion économique et écologique par le biais d’expériences concrètes. Nous devons également comprendre quel changement politique promouvoir afin d’écouter vraiment le cri de la terre et des pauvres.
Lorenzo Russo
Les témoignages du Cardinal Désiré Tsarahazana, Président de la Conférence épiscopale Malgache et de Monseigneur Christoph Hegge, Évêque auxiliaire de Münster (Allemagne) ont été enregistrés lors de la rencontre internationale qui a réuni, en février dernier, 7 cardinaux et 137 Évêques, amis du mouvement des Focolari, à Trente et à la cité-pilote internationale de Loppiano. https://vimeo.com/415941015
La Parole vécue nous aide à sortir de nous-mêmes afin de rencontrer les frères avec amour, en commençant par les plus proches : dans nos villes, en famille, dans chaque milieu de vie. C’est une amitié qui crée un réseau de rapports positifs, en misant sur la réalisation du commandement de l’amour réciproque qui construit la fraternité. Chercher les mots justes Mes enfants de sept et cinq ans jouaient insouciants des dangers. Je n’eus pas le temps de les rejoindre, après l’explosion d’une grenade, qu’ils étaient déjà tous deux étendus par terre, ensanglantés. Nous les prîmes et nous ruâmes vers l’hôpital. En moi, une succession de sentiments : désarroi, peur, douleur…mais je devais m’occuper des enfants et leur transmettre la paix. Notre fils avait des éclats d’obus dans la tête et fut opéré d’urgence, notre fille était moins gravement atteinte. Pendant la nuit, je veillais à leur chevet. De temps à autre, ils pleuraient, assaillis par des cauchemars : « Pourquoi nous ont-ils fait cela ? ». Je cherchais les mots justes pour leur faire comprendre que celui qui avait lancé la grenade était certainement quelqu’un qui avait beaucoup souffert,qui n’avait peut-être plus ses parents, et que peut-être ne voulait -il que détruire les canons qui étaient de notre côté…Lorsque les enfants enfin s’assoupirent, je commençai à prier, à les confier à Dieu et à demander que la haine ne reste pas en eux. Aujourd’hui, après des décennies, à propos de cet épisode douloureux, mon fils le considère comme une incitation à donner sa propre contribution pour la paix dans le monde. (R.S. – Liban) Changement d’appartement Lorsqu’à la propriétaire de l’appartement dans lequel nous étions logés, nous avions demandé le permis de faire, à nos frais, des restructurations dans l’appartement, elle ne nous a pas dit qu’elle avait l’intention de le vendre. : ce fut donc logique qu’après avoir effectué ces travaux, en apprenant sa décision, nous nous sommes sentis très mal et trahis. De plus, le nouveau propriétaire, augmenta fortement le loyer au cas où nous aurions voulu rester. C’est ainsi que d’un jour à l’autre, nous nous sommes retrouvés à la rue. Nous nous sommes cependant fiés à la providence, certains que Dieu ne nous aurait pas abandonnés. En effet, peu de temps après, une possibilité s’est présentée qui répondait encore mieux aux exigences de notre famille. Mais la chose la plus importante fut celle de garder avec notre ex-propriétaire, des rapports cordiaux et non imprégnés de volonté de vengeance. Même si elle ne l’a pas déclaré explicitement, elle nous a fait ressentir son sentiment de repentance. L’amitié retrouvée a comblé toute fracture de la relation. (E.V. – Turquie) Désordre Je suis inscrit à la Faculté de Psychologie et je loge avec d’autres collègues dans une maison pour étudiants où nous pouvons bénéficier d’une cuisine commune, lorsque nous ne nous rendons pas au restaurant universitaire. L’un d’entre nous, en plus d’être désordonné en ce qui le concerne, a l’habitude de laisser les choses sales derrière lui . Ce matin, j’étais justement passé en cuisine pour me préparer un café et j’ai tout trouvé sens dessus dessous parce qu’il avait reçu des amis la veille et laissé tout le désordre tel quel. Je n’ai pas été le seul à trouvé ce chaos ; quelqu’un, indigné, a suggéré de ne toucher à rien jusqu’à ce que le coupable s’en rende compte. Peu de temps après cependant, une fois dans ma chambre, en m’apprêtant à étudier, je n’avais pas la paix ; ma pensée allait toujours vers cette cuisine en désordre… Que faire ? Donner une leçon à l’autre ou lui faire un acte de charité ? Sans hésiter, je suis retourné dans la cuisine, je me suis mis à faire la vaisselle, à mettre les poubelles dehors…Mon étude une fois reprise, il m’a semblé comprendre mieux ce que je lisais. La vie avec les autres est une forme d’éducation qui complète les leçons que j’écoute à l’université. (G.T. – France)
D’après Stefania Tanesini
(extrait de L’Évangile du jour, Città Nuova, année VI, n.3, avril-mai 2020)
Le message de Chiara Lubich qui suit, bouleverse notre façon habituelle de lire les événements joyeux ou douloureux qui tissent la trame de notre vie. Il nous invite à faire un changement radical, une volte-face à 360° à tout regarder avec d’autres yeux, ceux de la foi en Dieu, de l’amour auquel rien n’échappe. Cette conviction intime nous remplit d’espérance et nous fait agir en conséquence, avec courage. […] Si nous aimons Dieu, la vie, notre vie, avec toutes ses circonstances, devient une aventure divine dans laquelle pas un instant ne se passe sans qu’il ait à s’étonner de quelque chose de nouveau. Une aventure divine pleine de trésors à découvrir qui nous enrichissent instant après instant comme autant de petits émaux s’ajoutant continuellement à la mosaïque de notre sainteté. [L’Écriture] (…) dit en effet : « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu[1].» Tout concourt… pour ceux qui aiment Dieu. Tout. Car rien – nous le croyons – n’est dû au hasard. Aucun événement joyeux, indifférent ou douloureux, aucune rencontre, aucune situation en famille, au travail, à l’école, aucun état de santé physique ou morale, rien n’est dépourvu de signification. Au contraire, personnes, situations ou événements, tout est porteur d’un message qui vient de Dieu et que nous devons savoir lire et accueillir de tout notre cœur. « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. » Dieu a un dessein d’amour sur chacun de nous. Il nous aime d’un amour personnel et, si nous croyons à cet amour et si nous y répondons par notre amour (voilà la condition !), il mène toute chose à son plein accomplissement. Il suffit de regarder Jésus. Nous savons à quel point il a aimé le Père. Si nous pensons à lui, ne serait-ce qu’un instant, nous pouvons observer combien et de quelle manière il a, pendant toute sa vie, réalisé [cette] cette Parole. Rien, pour lui, n’est arrivé par hasard. Tout a eu un sens. Il a incarné cette Parole, spécialement dans la dernière partie de sa vie. Rien ne s’est passé au hasard dans sa Passion ni dans sa mort. Même l’abandon de la part du Père, épreuve suprême, a contribué au bien car, en la dépassant, il a accompli son Œuvre. Les causes étaient peut-être obscures. Ceux qui l’ont soumis aux souffrances, puis à la mort, ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Non seulement ils ne connaissaient pas celui qu’ils flagellaient et crucifiaient, mais ils ne savaient pas non plus qu’ils étaient complices d’un sacrifice, du Sacrifice par excellence qui allait produire le Salut de l’humanité. Mais parce qu’il aimait le Père, Jésus a transformé toutes ses souffrances en moyens de rédemption ; bien plus, dans ces moments terribles, il a vécu l’heure qu’il attendait depuis toujours, l’accomplissement de sa divine aventure sur la terre. L’exemple de Jésus doit être lumière pour notre vie. Tout ce qui nous arrive, ce qui se passe, ce qui nous entoure et aussi tout ce qui nous fait souffrir, nous devons savoir le lire comme volonté de Dieu qui nous aime, ou comme permission de Dieu qui nous aime là encore. Tout deviendra alors plus qu’intéressant dans la vie. Tout aura un sens. Tout sera d’une extrême utilité. Nous sommes toujours en voyage, toujours en vie. Gardons courage, la vie peut encore devenir une aventure divine. Le dessein de Dieu sur nous peut encore s’accomplir. Il suffit d’aimer, de garder les yeux ouverts sur sa volonté toujours splendide.
Chiara Lubich
(Extraits d’une conférence téléphonique, Rocca di Papa, 2 août 1984) [1] Rm 8, 28.
Témoignages de ceux qui relèvent des défis sociaux en redécouvrant le potentiel d’Internet. Quelques initiatives visant à soutenir les personnes seules ou en situation de pauvreté. https://vimeo.com/402935226
À l’occasion de la journée de prière, de jeûne et d’invocation pour l’humanité du 14 mai, nous reportons ici la prière de Maria Voce, présidente du Mouvement des Focolari. En ce temps d’épreuve, de solitude, d’angoisse et de désarroi, nous ressentons le besoin de retrouver le sens de la vie et de la mort, de ce qui ne passe pas et demeure à jamais. Nos cœurs, purifiés par la souffrance et désarmés, s’unissent pour t’implorer, Toi, le Tout-Puissant, le Clément, le Miséricordieux, notre Père à tous. Renforce en nous la foi que tout ce que tu permets est pour un plus grand bien, et que rien de ce qui se produit n’est en dehors de Ton infinie bonté. Aide-nous à poursuivre le voyage de la vie avec une confiance renouvelée et dans l’espérance, enracinés dans Ta divine volonté de chaque instant présent. Réconforte ceux qui souffrent pour la perte de parents et amis ; donne leur la force de continuer à avancer et la patience dans l’adversité. Fais que, devant l’angoisse pour l’avenir, la perte d’un emploi, les conséquences économiques et sociales que la pandémie entraîne, nous puissions découvrir, dans ces circonstances, des occasions de vivre la solidarité et de promouvoir la justice. Forge toujours plus en nous, une âme capable d’aimer concrètement, de partager la souffrance de ceux qui pleurent et de se réjouir avec ceux qui sont dans la joie. Donne-nous de considérer l’autre comme nous-mêmes et de désirer pour lui ce que nous désirons pour nous-mêmes. Fais-nous expérimenter, Dieu Très Haut et Tout-Puissant, que plus nous aimons notre frère, nous oubliant nous-mêmes, plus le chagrin s’estompe et, dans notre cœur, ne demeure que la douceur ineffable et tangible de Ta présence. Donne vigueur, santé, protection et sagesse aux médecins, aux infirmières, au personnel de santé et à tous ceux qui se prodiguent en faveur des frères et sœurs malades et dans le besoin, afin qu’ils soient Tes instruments pour accompagner ceux qui leur sont confiés. Ô Dieu, Lumière du monde, fais que les scientifiques soient éclairés par Ta Sagesse, et qu’ils mettent à disposition leurs connaissances pour le bien de toute l’humanité. Soutiens les responsables des nations et tous ceux qui décident du sort des peuples, afin qu’ils sachent prendre des décisions clairvoyantes et trouver des solutions économiques et sociales en faveur des plus faibles. Touche leur conscience, afin qu’ils trouvent tous les moyens possibles pour prévenir les conflits et promouvoir la paix. Fais en sorte que chacun se sente responsable, non seulement de son peuple, mais de l’humanité tout entière. Que Marie, aimée et vénérée par un grand nombre, nous aide à demeurer fermes dans la foi et à porter à tous consolation et espérance. Amen. Télécharger la prière
L’exposition consacrée à Chiara Lubich dans sa ville natale en Italie s’enrichit d’un parcours virtuel multilingue qui, à travers des photos et des documents, permet aux visiteurs du monde entier de visiter l’exposition. L’ouverture sur le web le 13 mai est une date importante pour Trente et pour Chiara. « Chiara Lubich Ville Monde », l’exposition installée aux Galeries de Trente, lieu de naissance de la fondatrice des Focolari, se transforme et s’enrichit aujourd’hui d’un parcours virtuel. L’exposition, fermée en raison de la pandémie et prolongée jusqu’au début de 2021, peut également être visitée via le web. (http://mostre.legallerietrento.it/chiaralubich). L’exposition à Trente s’inscrit dans le cadre des événements liés au centenaire de la naissance de Chiara. Elle se poursuit ainsi par l’extension sur le web pour actualiser la devise du centenaire : « Fêter pour se rencontrer ». Le chemin qui serpente à travers l’histoire, la vie, les photos et les couleurs, offre une opportunité de « rencontre » avec Chiara, qui s’étend maintenant au-delà de l’espace d’exposition des Galeries pour offrir un accès aux visiteurs du monde entier. La date choisie pour cette expansion sur le web n’est pas un hasard : l’histoire de Chiara s’est considérablement mêlée à celle de sa ville le 13 mai 1944. Ce jour-là, Trente subit le deuxième grand bombardement qui marqua également un tournant pour le mouvement naissant des Focolari. Parmi les personnes contraintes à quitter la ville vers le bois de Gocciadoro, après avoir eu leur maison endommagée, se trouvait également Chiara. Je me souviens de cette nuit passée à la belle étoile, écrivait-elle des années plus tard, couchée avec les autres à même le sol, de deux mots : étoiles et larmes. Étoiles, parce que, au fil des heures, je les ai toutes vues passer au-dessus de ma tête ; larmes, parce que je pleurais, comprenant que je ne pouvais pas quitter Trente avec ma famille que j’aimais tant. Je voyais alors dans mes compagnes le mouvement naissant : je ne pouvais pas les abandonner. Et il m’a semblé que le Saint-Esprit, pour me faire comprendre sa volonté, m’a suggéré cette maxime que j’avais étudiée à l’école : « Omnia vincit amor », l’amour vainc tout l’amour [1]. Le lendemain matin, Chiara informe ses parents de sa décision de rester à Trente, et peu après, avec ses premières compagnes, elles donnent naissance au premier focolare. La maisonnette qui a abrité le premier focolare est l’une des étapes du voyage virtuel « Chiara Lubich Ville Monde » ; il accompagne le visiteur de la naissance de la fondatrice du mouvement des Focolari en 1920 à l’expansion mondiale actuelle du mouvement. Chiara, elle-même, raconte dans le support virtuel, à travers les photos et les documents sa vie de jeune institutrice, sa consécration à Dieu le 7 décembre 1943, le développement de la première communauté des Focolari ; l’été 1949, le début d’une période de lumière pour Chiara d’où découlera la nouveauté charismatique qui donnera vie à une nouvelle Œuvre dans l’Église. La lumière et les couleurs sont les protagonistes de la dernière partie du parcours qui, à travers des mots et des photos, nous permet de connaître des expériences d’unité, des fragments de fraternité nés du charisme de Chiara qui continue à croître et à se développer dans le présent de l’histoire afin de contribuer à la réalisation de ce qu’elle considérait comme le « testament » de Jésus : « Que tous soient un… » (Jn 17, 21). C’est pour cette page de l’Évangile que nous sommes nées, écrivait Chiara, pour apporter l’unité dans le monde, l’unité avec Dieu et l’unité entre tous nos frères et sœurs. Même si nous étions conscientes – explique-t-elle – de l’audace divine du programme que seul Dieu pouvait réaliser, agenouillées autour d’un autel, nous avons demandé à Jésus de réaliser son rêve en nous utilisant si c’était dans ses plans” [2]. Un rêve qui s’est construit dans cette nuit du 13 mai 1944 où, face à l’effondrement général, à la confusion, à l’angoisse de ce jour d’une tragédie inattendue, au milieu des étoiles et des larmes, elle avait choisi de croire « Omnia vincit amor, l’amour vainc tout ».
Anna Lisa Innocenti
[1] Chiara Lubich, Nascita di una spiritualità, in Michele Zanzucchi, Enzo Maria Fondi, Un popolo nato dal Vangelo, San Paolo, 2003, pp. 9-10. [2] Ibid., p. 17.