Mouvement des Focolari
C’est le Professeur Giuseppe Argiolas, le nouveau Recteur de l’Institut Universitaire Sophia

C’est le Professeur Giuseppe Argiolas, le nouveau Recteur de l’Institut Universitaire Sophia

Après douze année de présidence, le Professeur Piero Coda, qui a conduit l’Institut Universitaire Sophia depuis sa fondation, passe le relais au Professeur Giuseppe Argiolas, professeur de Management dans le même Institut. C’est la première relève de la garde pour l’Institut Universitaire Sophia (I.U.S.), qui coïncide aussi avec l’attribution de la part de la Congrégation pour l’Éducation Catholique, du titre de « Recteur » à celui qui avant, était le Directeur de l’Institut. Donc, le Professeur Giuseppe Argiolas est le nouveau Recteur de Sophia . Il succède au Professeur Piero Coda qui a conduit l’Institut depuis sa fondation, avec sagesse et esprit de prophétie. L’élection a eu lieu le 9 janvier dernier, de la part du Conseil Académique de l’Institut. Le 20 février 2020, avec une lettre, la Congrégation pour l’Éducation Catholique a nommé le Professeur Giuseppe Argiolas, Recteur de l’Institut Universitaire Sophia, pour un mandat de quatre ans. Ce matin a eu lieu, dans la Grande Salle d’audience de l’Institut Universitaire Sophia, la cérémonie de l’installation du nouveau Recteur. Argiolas est né à Cagliari en 1969 . Il est professeur stable de l’Institut Universitaire Sophia depuis 2016, lorsqu’il a quitté son rôle auprès de l’Université de Cagliari afin de se consacrer au projet de développement du cours de maîtrise en Management et diriger l’École du Doctorat de l’Institut. Son activité de recherche se concentre principalement sur les thèmes de la Responsabilité Sociale des Entreprises et des Organisations et du Management des Entreprises « Mission-Driven » (voir la Biographie). « Avant toute chose, je veux exprimer ma profonde admiration pour le Professeur Piero Coda et un grand remerciement pour ce qu’il a fait jusqu’à aujourd’hui – a commenté le professeur Argiolas – et pour ma part, j’essaierai de faire de mon mieux dans l’exercice de la tâche qui m’est confiée, en interprétant cette responsabilité comme un service d’unité ». Puis il continue : « La phase de fondation se termine et celle de la consolidation et du développement commence avec le passage générationnel. Mais ce qui ne devra pas manquer, ce sera la dimension charismatique. Sophia continuera à accomplir, avec la fidélité créative, la mission pour laquelle elle a été fondée par Chiara Lubich, en parcourant ensemble avec de nombreux compagnons de voyage – comme nous l’a dit le Pape François – avec « joie, vision et décision » toujours nouvelles « le chemin à peine entamé ». Le Professeur Piero Coda ajoute, qu’il quitte après douze années la présidence : « Je suis heureux de la nouvelle étape dans le cheminement de Sophia qui commence sous la responsabilité experte et inspirée de Giuseppe Argiolas, fruit d’une maturation constante et consolidée à tous les niveaux. La nomination, non plus à celle de Directeur mais bien à celle de Recteur de la part de la Congrégation pour l’Éducation Catholique arrive inattendue et bienvenue comme sceau et ultérieure impulsion. L’occasion est propice pour renouveler avec élan et joie avec le Recteur et avec toute la communauté académique, ce pacte d’unité qui qualifie l’esprit qui nous anime et qui est relancé aujourd’hui avec vigueur par le Global Compact on Education du Pape François ». Maria Voce, Vice Grande Chancelière de l’Institut et Présidente du Mouvement des Focolari a souhaité : « Je suis heureuse de renouveler mes félicitations au Professeur Giuseppe Argiolas, nouveau Recteur de l’Institut Universitaire Sophia. Son élection constitue sans nul doute un passage de génération et de dimension académique par rapport à la présidence sortante. Je suis certaine que le Professeur Argiolas vous portera le cadeau de ses caractéristiques personnelles, tout en restant fidèle à l’origine charismatique de la culture de l’unité et en l’actualisant afin de répondre au mieux aux questions de notre temps ». Fonte: Ufficio Stampa Istituto Universitario Sophia

Messager de paix et de réconciliation

Messager de paix et de réconciliation

A Aquisgrana, le Mouvement des Focolari en Allemagne a décerné le Prix Klaus Hemmerle à l’Archevêque Anastasios de Tirana en Albanie. Ce n’est pas un visage connu des premières pages des journaux, celui de l’homme doux à la barbe blanche âgé de quatre-vingt dix ans qui, le 14 février a reçu à Aquisgrana (Allemagne), le « Prix Klaus Hemmerle » décerné par le Mouvement des Focolari en Allemagne. Mais Anastasios Yannoulatos, Archevêque grec-orthodoxe de Tirana (Albanie), est une personnalité bien connue et estimée aussi bien au niveau ecclésial international qu’au niveau politique, surtout en Europe orientale. Dans son discours de remerciement, il a souhaité une « coexistence pacifique dans un monde multi-religieux ». Il a déclaré être fasciné par une phrase d’Albert Einstein sur la force de l’amour : « Chacun porte en soi un générateur d’amour, petit mais efficient, dont l’énergie attend seulement à être libérée, parce que l’amour est la quintessence de la vie ». Et il a rappelé que cela a justement été ce même amour qui a encouragé l’évêque Klaus Hemmerle (1929-1994) à s’engager inlassablement pour la paix et la réconciliation du monde. Un engagement qui caractérise aussi la vie et l’action du Métropolite Anastasios. Mgr. Helmut Dieser, en tant qu’actuel Évêque d’ Aquisgrana et un des successeurs de Klaus Hemmerle, a souhaité la bienvenue aux 300 hôtes rassemblés dans le Dôme Impérial de la cité de Charlemagne, en présentant le lauréat comme un « pionnier de la foi et de l’œcuménisme ». Le Métropolite Augoustinos Lambardakis, président de la conférence épiscopale orthodoxe en Allemagne, l’a confirmé en soulignant l’estime dont jouit le Métropolite Anastasios dans le monde orthodoxe, où sa parole trouve écoute malgré les tensions entre les différentes Églises autocéphales. Maria Voce, Présidente des Focolari, a également souligné dans un message, l’inlassable engagement du Métropolite Anastasios pour le dialogue entre chrétiens et musulmans, en le remerciant pour sa capacité à susciter la communion, la fraternité et le partage. Dans la laudatio, le cardinal Kurt Koch, Président du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, a redessiné le parcours Métropolite Anastasios, qui l’a amené de la Grèce, à travers l’Afrique, jusqu’en Albanie où il a démontré comment « le dialogue interreligieux et l’engagement missionnaire ne doivent pas être opposés ». Il a également souligné le fait que depuis 1992, il s’est engagé, avec prudence, à reconstruire et revigorer l’Église orthodoxe en Albanie en contribuant à la diminution des vives tensions dans les Balkans. Avec le « Prix Klaus Hemmerle », le Mouvement des Focolari en Allemagne veut honorer tous les deux ans, une personnalité méritante dans le domaine du dialogue entre les Églises, les religions et les convictions idéologiques. Parmi les lauréats, l’ex-président de la Fédération Luthérienne Mondiale, l’évêque émérite Christian Krause (2006) ; le Patriarche Œcuménique de Constantinople Bartolomé I (2008) ; la doctoresse musulmane Noorjehan Abdul Majid du Mozambique (2016) et le Rabbin allemand Henry Brandt d’Augsbourg en Allemagne (2018).

Andrea Fleming

Arrive à Jérusalem l’exposition sur Chiara Lubich

Arrive à Jérusalem l’exposition sur Chiara Lubich

Inaugurée dans la Ville Sainte l’exposition « Chiara Lubich Ville Monde », première étape des sections internationales, avec une section consacrée au voyage de Chiara Lubich de 1956. « Je ne croyais pas que Jérusalem et les Lieux Saints auraient eu un telle incidence sur mon esprit (…), chaque pierre disait une parole, beaucoup plus qu’une parole, c’est pourquoi, à la fin, l’âme était toute inondée, toute remplie de la présence de Jésus. » Chiara Lubich exprime dans une intense page de son journal l’expérience de l’unique voyage qu’elle a fait à Jérusalem et en Terre Sainte en 1956. En souvenir de ce voyage, il y a plusieurs photos en noir et blanc, une vidéo-journal, mais le témoignage le plus grand est la présence active de la communauté des Focolari dans cette ville qui, précisément aujourd’hui, 29 février 2020, inaugure dans la Curie de la Custodie de Terre Sainte l’exposition « Chiara Lubich Ville Monde », ouverte jusqu’au 14 mars prochain. L’exposition reproduit celle actuellement ouverte au public dans les Gallerie de Piedicastello à Trente (Italie), préparée par le Centre Chiara Lubich en collaboration avec la Fondation Musée Historique du Trentin. Il s’agit de la première des sections internationales qui, dans l’année dédiée au centenaire de Chiara Lubich, se répéteront aussi à Mexico, Sydney, Mumbai, São Paulo, Alger et Nairobi. Un primat symbolique, celui de Jérusalem, ville-berceau des trois grandes religions monothéistes, maison pour beaucoup de peuples. Ici, la communauté des Focolari est présente depuis 1977 avec le mandat de contribuer à réaliser cette unité que, justement dans cette terre, Jésus avait demandée au Père. À Jérusalem aussi, le parcours de l’exposition, reproposé dans un format réduit et réadapté, raconte les moments significatifs de la vie de la fondatrice des Focolari, sa pensée et son œuvre, à travers des documents, des écrits autographes et du matériel photographique. Mais cette édition a une spécificité, offerte seulement à ceux qui la visitent ici : une section dédiée au rapport entre la fondatrice des Focolari et Jérusalem, comme l’explique Claudio Maina co-responsable des Focolari en Terre Sainte. « Nous avons voulu faire venir à Jérusalem cette exposition pour faire connaître plus profondément la vie, la spiritualité et l’œuvre de Chiara, mais aussi pour montrer le rapport qui l’a liée à cette ville. En réalité, Chiara a été à Jérusalem une seule fois et pour peu de jours. Mais, de ce voyage a commencé une histoire qui continue jusqu’à présent : en effet, aussi en Terre Sainte, il y a aujourd’hui des personnes qui ont accueilli la spiritualité de Chiara et la vivent ». Une partie de l’exposition est consacrée aussi au grand rêve de Chiara pour cette ville, profondément marquée par des divisions et des blessures historiques : que naisse un centre de spiritualité, d’études, de dialogue et de formation à l’unité. « Un rêve, une intuition qui petit à petit s’est précisée – raconte Terese Soudah – dans le projet du Centre pour l’unité et la paix : projet auquel nous travaillons depuis des années et qui, malgré de nombreuses difficultés, va de l’avant et nous espérons que nous pourrons le réaliser bientôt ». Parmi les autorités présentes, le Nonce et Délégué Apostolique à Jérusalem, Mgr Leopoldo Girelli, le représentant du Patriarcat des Latins, Père Stéphane Milovitch, directeur du bureau des Biens Culturels de la Custodie de Terre Sainte, en plus des amis chrétiens, juifs et musulmans qui composent la famille des Focolari en Terre Sainte. À cause de l’urgence Coronavirus, la délégation italienne n’a pas pu y participer, mais elle s’est rendue présente à travers des vidéos. Ainsi, le président de la Province Autonome de Trente, Maurizio Fugatti, qui a souhaité un grand succès à l’exposition pour pouvoir diffuser dans le monde le message que Chiara Lubich a donné au Trentin et à l’Italie. Le Custode de Terre Sainte, père Francesco Patton, a exprimé le souhait qu’à travers cette exposition, la spiritualité de Chiara rappelle à cette terre tellement tourmentée la valeur de l’unité, fruit de la prière de Jésus, encore si actuelle. Dans un message-vidéo, Anna Maria Rossi et Giuliano Ruzzier, qui ont préparé l’exposition à Trente avec Maurizio Gentilini, en ont introduit le parcours : « Nous avons pensé à un projet qui ne se limite pas seulement à la ville de Trente, mais, comme cela s’est vérifié dans la vie de Chiara, s’étende jusqu’aux dernières frontières de la terre, comprenant tous les cinq continents ». Quand il a coupé le ruban, le Nonce, Mgr Girelli, a rappelé l’extrême actualité du message de Chiara : « Ici, à Jérusalem, nous pourrions invertir les mots du titre de l’exposition et l’appeler : Chiara Lubich, monde ville, parce que du monde cette exposition est arrivée dans la ville par excellence, la ville sainte, la ville de l’unité, de la fraternité, du dialogue entre les religions, entre les peuples ».

Stefania Tanesini

Paradis, paradis !

Paradis, paradis !

Le 5 février 2020, Juan Carlos Duque, focolarino colombien, est mort accidentellement au Centre Fiore de Lima (Pérou), tout près de son focolare. Quelques jours auparavant, alors qu’il se préparait au sacerdoce, il avait été ordonné diacre, entouré par la communauté en fête. Nous vous partageons une lettre d’adieu écrite par Gustavo Clariá, un de ses compagnons de focolare. Très cher Juan Carlos, Comme je l’avais fait tant de fois, je t’avais demandé de m’aider, cette fois-ci pour accéder à mon account de courrier électronique afin de répondre à certains messages. J’avais le mot de passe, mais je ne pouvais pas le faire moi-même. Comme toujours, et même si on nous avait appelés à déjeuner, tu as pris en charge mon problème et tu l’as résolu avec ta promptitude habituelle. Le déjeuner s’est déroulé comme à l’accoutumée : des conversations sérieuses mêlées à des plaisanteries, ton rire inimitable, notre joie d’être ensemble. Tu as été le premier à te lever pour aller faire la vaisselle. Et puis tu es parti en vitesse vers “ton” Centre Fiore, pour essayer de réactiver le grand réservoir d’eau, inutilisé depuis longtemps. Moi, en revanche, je suis allé me reposer. Après quelques minutes, mon téléphone portable a sonné. C’était Pacho : « Juan Carlos a eu un grave accident … il a fait un faux pas sur le toit et est tombé … il est mort sur le coup … » Je ne pouvais pas y croire et rejetai en bloc ce que mes oreilles venaient d’entendre. J’ai seulement réussi à dire “Mon Dieu”, “Mon Dieu”, “Mon Dieu”, “Mon Dieu” … Je ne sais pas combien de fois je l’ai répété et continué à le dire, en silence, alors que nous courions avec Mario en direction du Centre Fiore tout proche de chez nous. Incrédules, nous avons vu de nos propres yeux ce qui s’était passé … Ce 5 février, à 15h15, notre vie a changé. Rien n’était plus comme avant et nous devions accepter la réalité. Désorienté, Je suis allé trois fois à la chapelle pour demander des explications : « Comment est-ce possible ? », « Nous avons donné notre vie pour te suivre, et Toi, de quel côté es-tu ? Silence. La troisième fois, tu m’as répondu : « Tu as encore bien des choses à perdre ! » J’en suis sorti presque humilié, car je me suis rendu compte que j’étais loin de l’endroit où tu étais arrivé, cher Juan Carlos. Nous pensions que tu te préparais au sacerdoce… en réalité, tu te préparais à la rencontre la plus importante de la vie. Au fil des heures et à force de demander “d’augmenter notre foi”, cette chute tragique que nous avions constatée de nos pauvres yeux, s’est progressivement transformée, avec les yeux de la foi, en une remarquable “montée” au Ciel. Oui, mon ami, mon frère, ce n’était pas une chute mais un envol. Tu nous l’avais déjà annoncé le 25 janvier, lors de ton ordination diaconale en évoquant Saint Philippe de Néri, ce brillant saint de Toscane qui, lorsqu’il avait été ordonné évêque, avait jeté son chapeau en l’air en s’exclamant : « Paradis, Paradis ! » Il ne s’intéressait pas aux titres, mais à la rencontre avec Dieu … là où tu es maintenant, avec ceux qui t’ ont précédé. A-Dieu, cher Juan Carlos ! Jusqu’à ce que Dieu veuille nous réunir à nouveau, tous ensemble, pour ne plus jamais nous séparer. Ta joie, tes éclats de rires, tes arépas (pains de maïs) et ton poulet au sel nous manqueront … ainsi que ta disponibilté et tes attentions envers chacun d’entre nous, ta capacité à résoudre les problèmes et à “donner du goût à la vie”, ta transparence et ta vie entièrement donnée de simple focolarino, d’ami de Jésus.Tu resteras dans nos vies comme un phare lumineux qui nous accompagne et nous guide.

Gustavo E. Clariá

Unis pour former une église plus belle

Unis pour former une église plus belle

Laboratoire d’espérance entre différents charismes pour favoriser la communion entre les familles religieuses à travers la spiritualité de l’unité de Chiara Lubich à Castel Gandolfo « Une Église qui sort », qui est un « hôpital de campagne ». Le pape François a souligné à plusieurs reprises combien il aimerait voir l’Église d’aujourd’hui capable de réchauffer les cœurs des fidèles, de guérir leurs blessures et d’aller vers les périphéries existentielles. Mais pour répondre aux exigences du monde fragmenté et blessé d’aujourd’hui, l’Église doit unir ses forces et mettre ses talents en commun. Cela est particulièrement vrai pour les charismes, c’est-à-dire les forces de renouvellement qui, tout au long de l’histoire, ont surgi dans l’Église en réponse à des besoins historiques précis et qui ont trouvé une forme durable dans les différentes « familles » religieuses. Mais comment pouvons-nous nous retrouver, rester ensemble et agir ensemble parmi des réalités que l’Esprit Saint a créées distinctes ? La conférence des 8 et 9 février au Centre Mariapolis de Castel Gandolfo (Rome, Italie), intitulée « Charismes en communion : la prophétie de Chiara Lubich » a souligné que la spiritualité de l’unité de Chiara Lubich peut offrir des instruments dans cette direction. 400 participants – religieux, religieuses, hommes et femmes consacrés et laïcs catholiques avec une représentation orthodoxe, 100 familles religieuses de 33 pays, se sont réunis pour se confronter, dialoguer et mettre leurs identités en communion pour former ensemble une Église plus belle, plus riche et plus attrayante. Le titre de la conférence « nous stimule à vivre dans l’écoute et dans le don réciproque », a déclaré Maria Voce, Présidente du mouvement des Focolari dans son discours, « afin qu’en offrant la richesse des charismes spécifiques, une expérience authentique de partage puisse être réalisée (…) pour donner à l’Église un visage crédible face au monde ». “Les personnes consacrées qui entrent en contact avec le mouvement des Focolari – dit Card. João Braz De Aviz, Préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique – ont trouvé une impulsion et une aide pour valoriser l’originalité de leurs charismes spécifiques, pour renouveler les relations fraternelles dans leurs Instituts, pour apprécier et aimer les autres charismes comme s’ils étaient les leurs ». Pendant les deux jours de la rencontre, un atelier vivant a été mis en place pour montrer comment cette richesse de l’Eglise peut devenir belle, féconde dans son ensemble, dans l’annonce de l’Evangile et dans la crédibilité de l’Eglise. La présence importante d’une cinquantaine de laïcs de différentes familles religieuses a grandement contribué à cette perspective. « Les charismes sont une source de joie et une expression de l’esthétique de l’Église – dit le père Fabio Ciardi, Oblat de Marie Immaculée, théologien de la vie consacrée – On ne peut que s’exclamer : « Comme c’est beau ! ». « Quand j’étais novice, j’ai écouté Chiara qui nous encourageait à « aimer la congrégation de l’autre comme la nôtre », j’ai compris que l’unité est vraiment une valeur fondamentale”, dit Sr Tiziana Merletti, franciscaine des pauvres, canoniste. « Il ne s’agit plus de concilier l’apport irremplaçable des réalités charismatiques et la mission de l’Eglise, mais de partager leurs dons à tous et pour tous (…) au discernement des voies les plus appropriées pour le service de l’annonce de l’Evangile », rappelle Piero Coda, Doyen de l’Institut Universitaire Sophia de Loppiano. Il ajoute qu’il faut « arriver à une conversion radicale, au point d’aimer l’autre, son charisme, sa famille religieuse, plus que son propre charisme et sa propre famille religieuse. Ce n’est qu’ainsi qu’on est l’Église charismatique et missionnaire » !

Lorenzo Russo

Pour une alliance entre les générations sur le modèle de la Trinité

Pour une alliance entre les générations sur le modèle de la Trinité

Discours de Maria Voce au Congrès international de la pastorale des personnes âgées « La richesse des années » Reconnaître que l’autre est un cadeau pour moi par sa diversité. Construire des relations fraternelles basées sur l’écoute authentique, qui met de côté les stéréotypes et les préjugés et ouvre de nouvelles voies. Telles sont les conditions préalables pour cultiver le dialogue entre les générations et établir une relation d’amour réciproque entre les jeunes et les adultes. C’est le cœur du message que Maria Voce, Présidente du mouvement des Focolari, a voulu offrir par son discours au premier Congrès international de la pastorale des personnes âgées, du 29 au 31 janvier, promu par le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, à l’Augustinianum, à Rome (Italie). Devant environ 550 experts et agents pastoraux de 60 pays, Maria Voce a proposé une réflexion sur le thème du dialogue entre les générations. Saisissant la situation actuelle, au niveau mondial, « l’atmosphère de nouvelle compréhension entre les générations », Maria Voce prend pour exemple les manifestations pacifiques qui ont récemment vu la mobilisation de jeunes, d’adultes et de personnes âgées, pour souligner que ce qui les a rassemblés était le désir de se rencontrer et de créer des liens directs afin que chacun puisse exprimer sa pensée et demander un engagement renouvelé « pour le bien commun, les droits de l’homme, la solidarité et la paix ». Si, dans ce contexte, les jeunes se sont faits les promoteurs d’un message de renaissance, les plus mûrs, entraînés par leur enthousiasme, ont choisi d’en partager les enjeux et l’engagement. Sur les fruits nés de l’alliance entre les générations, Maria Voce donne la parole à Chiara Lubich, fondatrice des Focolari : « Dès le début, dit Chiara, nous avons ressenti une relation avec les jeunes que je n’hésiterais pas à définir comme trinitaire. Nous avons vu dans notre génération d’adultes tout le poids, la valeur de l’incarnation et de la concrétisation. Dans la génération des jeunes, par contre, nous avons vu l’idéalité, l’authenticité, la puissance révolutionnaire, la certitude de la victoire. Si la première génération nous a paru comme le Père, la deuxième génération en était la beauté, la splendeur et donc comme le Fils, le Verbe du Père. Et entre les deux il y avait une relation d’amour réciproque, presque un courant de l’Esprit Saint qui donne au monde un grand témoignage ». La Présidente du mouvement des Focolari trace alors quelques pistes à parcourir pour reproduire cette alliance entre les générations. Elle souligne d’abord la nécessité d’une écoute profonde, c’est-à-dire de « libérer les esprits et les cœurs de préjugés et de stéréotypes ». Il faut ensuite abandonner la représentation statique de l’autre où l’adulte serait ennuyeux et coincé dans le passé et le jeune serait sous-estimé et jugé négativement. Enfin, la volonté de s’ouvrir à de nouveaux schémas pour surmonter ensemble les difficultés est décisive. Maria Voce conclut en reproposant l’image de l’Église esquissée par un jeune lors du synode qui leur a été consacré : « L’Église est un canoë, dans lequel les personnes âgées aident à maintenir le cap en interprétant la position des étoiles et les jeunes rament avec force en imaginant ce qui les attend au loin ».

Claudia Di Lorenzi

Urgence Coronavirus

Le Mouvement des Focolari recommande d’adopter scrupuleusement les mesures de précaution et de sécurité établies par les autorités sanitaires de votre pays Suite à la détection de cas d’infection par le Coronavirus (COVID-19) également en Italie, le Centre International du Mouvement des Focolari, ayant son siège en Italie et étant organisateur et lieu d’événements auxquels participent des personnes de nombreux pays, invite la grande famille des Focolari dans le monde à vivre cette urgence sanitaire avec l’attention nécessaire et un grand sens de responsabilité en vue de la santé personnelle et du bien commun. En particulier, le Mouvement des Focolari recommande d’adopter scrupuleusement les mesures de précaution et de sécurité établies par les autorités sanitaires de votre pays et de suivre attentivement les communications sur le sujet. En ce qui concerne les événements organisés au Centre International, le Centre lui-même est en contact étroit avec les autorités sanitaires et civiles locales pour suivre l’évolution de la situation et adopter les mesures qui s’avéreront nécessaires. Le Centre International recommande de faire de même en ce qui concerne les grands événements dans d’autres pays. Demeure cependant valable l’invitation de Maria Voce (Emmaüs) du 1 février à avoir – vraiment comme famille mondiale des Focolari – un amour inconditionnel pour tous, un amour « qui ne fait aucune différence, qui n’a pas peur. Parce que même le frère qui peut te contaminer est ton frère, et tu dois t’en occuper. »

#EoF : Side Event, Pérouse 20-22 novembre 2020

#EoF : Side Event, Pérouse 20-22 novembre 2020

Par un communiqué du 01 mars, le Comité Organisateur de “l’Economie de François” reporte l’événement au mois de novembre. L’événement parallèle, prévu à Pérouse fin mars, sera reporté du 20 au 22 novembre. Pourquoi un événement parallèle ? Lorsqu’il s’agit d’ “Rendez-vous avec l’histoire”, la mission doit être soutenue d’une manière ou d’une autre ! Derrière les CV des jeunes qui ont répondu avec enthousiasme à l’invitation du Pape, il y a non seulement des profils brillants, des recherches et des projets innovants, mais aussi l’objectif clair de redéfinir, ensemble, la théorie et la pratique du système économique, en inversant les tendances mondiales. Et cela représente un défi global qui est trop sérieux et trop important pour rester des spectateurs passifs. La réunion parallèle qui aura lieu à Pérouse du 20 au 22 novembre, est donc une possibilité offerte à tous ceux qui ne peuvent pas participer directement à « The Economy of Francesco » (en raison de l’âge et des limites logistiques) mais qui veulent faire partie de ce processus déclenché, en suivant de près et en soutenant le travail des moins de 35 ans réunis à Assise. La même structure sera maintenue pour le mois de mars, en reprogrammant la réunion, en soutien au travail des jeunes, du vendredi 20 novembre au dimanche 22 novembre 2020 (de la nuit du jeudi 19 au déjeuner du dimanche 22) : les inscriptions sont à nouveau ouvertes, pour procéder de la meilleure façon possible à l’organisation du travail et continuer sur notre chemin avec l’énergie et la responsabilité placées jusqu’à présent. Promue par Économie de Communion, le Side Event est un espace ouvert à tous ceux qui croient en la nécessité d’une économie différente : un lieu, inclusif, porte-parole de multiples réalités. Conscients que l’économie actuelle échoue souvent, parce qu’elle peut bien fonctionner pour certains, mais qu’elle ne fonctionne pas du tout pour beaucoup d’autres, menaçant l’écosystème social et environnemental, il y aura un dialogue entre jeunes et séniors, entre différentes cultures et milieux, en vivant trois dimensions créatrices : écouter-concevoir-agir. En alternant sessions plénières et sessions parallèles/en groupe, nous voulons privilégier le développement des réseaux s’épanouir, de tirer les leçons des échecs, de transformer les idées en actions. Sous la direction d’animateurs (sur le modèle de ce qui se passera à Assise) et avec la contribution de quelques intervenants de renom,nous aborderons les 12 thématiques principales sur lesquelles, dans la ville de Saint François, les jeunes travailleront de leur côté, en nous concentrant sur certains concepts clés antinomiques, tels que richesse/pauvreté et autres. Comme pour Assise, les journées à Pérouse veulent elles aussi permettre la rencontre de visions, de désirs, de compétences et d’engagements : personnels et collectifs. En effet, l’économie, avant de viser au profit, répond à une vocation et si l’on croit en une proposition alternative, on doit faire entendre sa propre voix, puis la mettre en relation – en la promouvant – avec celle des autres. Afin qu’elle puisse se transformer en collaboration et se constituer à son tour en communauté. Une communauté capable de générer un impact, d’initier un processus nécessaire : c’est ce que vise l’Économie de François à Assise ; c’est la cause qui est soutenue à Pérouse. Et pour atteindre cet objectif, il ne suffit pas de mettre au goût du jour des mots comme éthique et durabilité, mais il s’agit de faire un pas qui rompt avec la pensée dominante. Economy of Francesco laissera son empreinte de jeunesse, mais autour d’elle il y aura un écho diversifié qui élargira l’ouverture de la brèche et alimentera, avec le concours de tous, le terrain du changement.

par Francesca Giglio

source www.edc-online.org ________________________________________ Télécharger le dépliant (1.06 MB) Pour plus d’informations : edcperugia2020@gmail.com Pour les demandes d’inscriptions : https://www.umbriasi.it/pacchetto/side/

Incendies en Australie : un témoignage

Incendies en Australie : un témoignage

Kevin et Trish Bourke vivent à Myrtleford, une ville rurale de 3.500 habitants dans l’État de Victoria. Kevin est pompier volontaire. Ils nous relatent les dégâts causés par les incendies désastreux mais aussi les nombreux épisodes de courage et de solidarité. Les récents incendies ont été dévastateurs. A cause de l’incendie, notre petit district a perdu 102.000 hectares de parc national, de forêts de pins et de terres agricoles fertiles, ainsi que du bétail et des aliments pour animaux. Mais nous sommes chanceux car il n’y a pas eu de victimes et nous n’avons perdu qu’une maison. Les incendies en Australie ont touché tous les États et territoires. Ils ont commencé en août 2019 et se déchaînent encore aujourd’hui. Les flammes ont atteint à certains endroits 40 mètres de haut, alimentées par des vents allant jusqu’à 100 kilomètres à l’heure. Certains incendies menacent un certain nombre de régions, notamment la frontière sud de Canberra, la capitale. En ce moment, plus de 19 millions d’hectares ont brûlé (deux tiers de la superficie totale de l’Italie) et 35 personnes ont perdu la vie, des milliers de maisons et d’entreprises ont été détruites, des centaines de milliers d’animaux domestiques et sauvages sont morts. Même dans cette situation, les personnes ont démontré leur volonté d’aider les personnes touchées de toutes les manières possibles. Principalement dans les grandes villes, de nombreux habitants se sentent « impuissants » et n’arrivent pas comprendre à distance ce qu’ils peuvent faire car la plupart des incendies sont dans des zones rurales. Mais même dans ces situations, les gens nous ont aidés de nombreuses façons, parfois en nous offrant un simple soutien par le biais des médias sociaux, d’autres fois en faisant des dons en argent. Nous avons vu des personnes consoler d’autres qui avaient peut-être, juste besoin d’être écoutées. Les services d’urgence sont arrivés dans les zones touchées après avoir souvent parcouru des milliers de kilomètres ; ils étaient pour la plupart composés de bénévoles qui nous ont aidés aussi financièrement. Certains pompiers avaient traversé l’océan : ils venaient du Canada, des États-Unis et de la Nouvelle-Zélande. L’armée, la marine et l’aviation ont fourni des troupes et du matériel, certains pour combattre les incendies, d’autres pour fournir l’eau, la nourriture, des installations sanitaires et des logements d’urgence et de meilleure qualité. Des organisations de secours telles que Saint-Vincent de Paul, la Croix-Rouge et l’Armée du Salut ont reçu des dons de musiciens, d’acteurs, de sportifs et de simples citoyens. À ce jour, ce fonds s’élève à un demi-milliard de dollars australiens. Certains agriculteurs des régions qui n’ont pas été touchées ont fourni des aliments pour le bétail à ceux qui avaient perdu leurs stocks. Un groupe d’agriculteurs, par exemple, a parcouru plus de 3 000 kilomètres pour donner 140 camions chargés de foin à d’autres agriculteurs, une somme qui valait plus d’un million de dollars. Les voisins s’entraident pour contrôler les maisons et les terrains. Les personnes âgées et les familles avec enfants ont reçu un soutien supplémentaire pour s’assurer qu’elles étaient en mesure d’évacuer en cas de besoin. Dans certains cas, les personnes âgées ont dû être évacuées uniquement pour échapper aux fumées dangereuses qui leur causaient des difficultés respiratoires et des brûlures aux yeux. Nous pouvons dire, d’après les nombreux épisodes dont nous avons été témoins, que les gens ont fait preuve d’une réelle préoccupation les uns pour les autres. Nous avons prêté notre remorque à un agriculteur qui devait déplacer du bétail. Étant dans une zone bloquée par la circulation et où, par conséquent, la collecte ¬des ordures ne pouvait plus se faire, notre remorque a également été utilisée par des voisins qui ont ramassé nos poubelles et de celles du voisinage pour les amener au centre de collecte et de tri. Certaines familles ont donné de la nourriture et des vêtements à ceux qui ont dû évacuer sans avoir le temps de faire leurs bagages; d’autres ont accueilli ceux qui avaient besoin d’un abri. Les transporteurs de chevaux ont déplacé gratuitement les animaux qui devaient être amenés dans des lieux plus sûrs. Dans les villes, de nombreuses entreprises ont fourni un hébergement d’urgence gratuit. Un jour, alors que nous nous efforcions d’éteindre des incendies, un bénévole est allé acheter de la nourriture pour le repas de midi pour tout le monde. Dans le magasin, un couple qui attendait d’être servi et que nous ne connaissions pas, réalisant que la nourriture était pour les pompiers, a payé la totalité de l’achat. À la demande des enfants, qui voulaient aider les pompiers à éteindre les incendies, certains grands-parents ont apporté l’équivalent en espèces des cadeaux de Noël que leurs petits-enfants auraient reçus. Nous leur avons répondu par des lettres et des photos pour les remercier. Notre pays a connu de nombreuses souffrances à la suite des catastrophes naturelles. Dans la plupart des cas, les incendies ont été causés par la foudre dans des zones arides. Nous ne pouvons blâmer personne, mais les souvenirs de cette catastrophe resteront dans la mémoire de beaucoup d’entre nous jusqu’à la fin de notre vie. On dit souvent qu’à la façon dont nous réagissons à certaines situations, on comprend qui nous sommes. Nous sommes heureux de dire que les personnes ici ont réagi avec amour et compassion et cela aussi restera dans les mémoires pour toujours.

Kevin et Trish Bourke

Une ouverture sur l’avenir

Une ouverture sur l’avenir

Le congrès international intitulé « Un charisme au service de l’Église et de l’humanité » a réuni, à Trente et à Loppiano, 7 cardinaux et 137 Évêques, amis du mouvement des Focolari venus de 50 pays ; ce congrès a dévoilé des perspectives intéressantes pour l’Église. C’était une scène symbolique et solennelle : dans le sanctuaire de la Theotokós de Loppiano, c’est-à-dire dans l’église dédiée à Marie, Mère de Dieu, entourée des habitants de cette cité du mouvement des Focolari qui représentaient le peuple de Dieu, une grande assemblée de cardinaux et d’évêques ont déclaré mutuellement de vivre l’amour fraternel selon le commandement de Jésus, prêts à partager les joies et les souffrances des uns et des autres, à aimer la communauté de l’autre comme la sienne, bref, à s’aimer au point de donner leur vie les uns pour les autres. Ce « pacte » solennel, formulé le mardi 11 février, a été le point culminant d’un congrès international intitulé « Un charisme au service de l’Église et de l’humanité » qui a réuni, d’abord à Trente puis à Loppiano, 7 cardinaux et 137 Évêques, amis du mouvement des Focolari, représentant 50 pays. Jamais auparavant la participation à cette conférence annuelle n’avait été aussi importante. Cela était également dû au fait que la rencontre avait lieu l’année du centenaire de la naissance de Chiara Lubich. Le programme reflétait la devise choisie pour le centenaire : « Célébrer pour se rencontrer ». La première partie de la conférence, qui s’est déroulée à Trente, ville natale de la fondatrice du mouvement des Focolari, a en effet été davantage consacrée à la célébration de cet événement : la visite de l’exposition “Chiara Lubich, Ville Monde” aux Galeries de Trente ; le salut des autorités au siège de la Province autonome de Trente ; la célébration eucharistique dans le Dôme de la ville et l’évocation artistique « Du Concile tridentin à Chiara Tridentine » qui s’est tenue dans l’église de Santa Maria Maggiore, qui fut le siège du Concile et où Chiara reçut le baptême. Ces moments de célébration ne se caractérisaient pas par la simple mémoire nostalgique d’un personnage historique, mais ouvraient les yeux sur l’actualité du charisme de Chiara, comme sa dimension mondiale, ecclésiale et œcuménique. Cette actualité a été fortement soulignée par un long message du pape François, qui a accueilli chaleureusement cette conférence en exprimant « sa gratitude à Dieu pour le don du charisme de l’unité à travers le témoignage et l’enseignement (…) de Chiara Lubich ». L’invitation du Pape aux évêques à « se remettre toujours à l’école de l’Esprit Saint » et à vivre les points centraux de la spiritualité de Chiara Lubich a trouvé une première réalisation dans la deuxième partie du programme qui s’est tenu dans la cité internationale des Focolari à Loppiano près de Florence. Le contexte d’une petite communauté de 800 habitants qui voient dans le commandement de l’amour réciproque de Jésus la loi de leur vie commune, a également incité les prélats à faire de même. Les scènes de communion et de partage étaient émouvantes, à commencer dans les petites choses : un coup de main mutuel, une écoute profonde, l’accueil attentif des questions, des exigences et des idées de chacun. De vrais « ministres » au service les uns des autres. Sur la base d’une analyse profonde et riche du contexte historique dans lequel Chiara Lubich a vécu et agi, présentée par Andrea Riccardi de la Communauté de Sant’Egidio, les dimensions ecclésiales qui découlent du charisme de Chiara ont été approfondies : une Église qui devient dialogue ; la « mystique du nous » qui se réalise dans une Église-communion ; la dimension œcuménique ; les différents parcours de formation offerts par le mouvement des Focolari pour approfondir et diffuser ces dimensions. Les expériences de la vie des évêques du monde entier ont illustré la possibilité de réalisation dans la vie personnelle des évêques et dans leur service à l’Église. « Ce n’était pas une rétrospective », a souligné un évêque africain à la fin du congrès, « mais une ouverture, c’est-à-dire un début et une découverte de l’avenir ». Le « pacte » que les évêques ont conclu à Loppiano, dans l’église de la Mère de Dieu, avait été signé, au même endroit, par le pape François avec les habitants de Loppiano lors de sa visite. C’est un pacte qui, signé avec le soutien du Peuple de Dieu qui le met en œuvre et en tire continuellement des forces, peut aussi être pour les évêques un début, un point de départ, une ouverture qui laisse entrevoir l’allumage de nouvelles notes sur le chemin du dialogue, de nouvelles harmonies sur le chemin de la communion de l’Église du futur.

Joachim Schwind – Anna Lisa Innocenti

Évangile vécu : ne pas abandonner

Tout au long de sa vie, Jésus nous a enseigné la logique du service, le choix de la dernière place. C’est la meilleure position pour transformer la défaite apparente en une victoire qui ne soit pas égoïste et éphémère, mais partagée et durable. Alcoolique Connaissant la tragédie que nos deux familles vivaient à cause de l’alcool, j’avais été claire avec mon conjoint. Il m’avait juré son engagement. Les premières années se sont bien passées. Cependant, j’avais des soupçons de temps en temps : un déficit dans l’économie, un retard injustifié … La véritable tragédie ne fut pas de découvrir qu’il était alcoolique depuis toujours, mais que nous, sa femme et ses enfants, n’avions pas réussi à le sortir de ce milieu. Je me suis sentie humiliée. Lorsque j’en ai parlé au curé de la paroisse, tout en reconnaissant la gravité d’une tromperie qui durait depuis des années, il m’a demandé si, pour le bien des enfants, j’étais prête à recommencer. Non pas seule car la communauté m’aurait soutenue. Avec une force héroïque dans certains moments, je suis restée avec mon mari ; je l’ai persuadé d’accepter de se désintoxiquer, je l’ai soutenu dans les crises évidentes d’abstinence. Deux ans se sont passés. La famille a beaucoup souffert de ce choc mais une nouvelle force s’est développée en moi et en mes enfants. La vie quotidienne est devenue un merveilleux cadeau. (J.K. – Roumanie) Réfugiés La guerre au Rwanda nous a tout pris : la maison et des membres de la famille. De Kigali, nous avions déménagé dans mon village natal, que nous avons dû quitter pour un camp de réfugiés, en n’emportant que quelques affaires, dont des vêtements pour notre bébé qui allait naître. Dans le camp, de nombreuses personnes étaient désespérés et dénuées de tout. Avec l’arrivée de religieuses, je me suis portée volontaire pour aider aux premiers soins. On m’a confié le service social mais il n’y avait pas de moyens, rien à donner aux réfugiés. Parmi un groupe d’orphelins un garçon de sept ans était seul et séparé de sa famille. Sa mère l’a retrouvé après plusieurs jours de marche mais elle était épuisée à son arrivée au camp. Il me restait 300 francs, environ un dollar : une fortune pour moi. J’en avais besoin, mais elle en avait encore plus besoin que moi. Je les lui ai donnés, convaincue que Dieu aurait pensé aussi à moi ; elle a pu ainsi acheter de la nourriture et une petite cabane pour se mettre à l’abri. Peu après, j’ai rencontré ma sœur aînée qui nous cherchait depuis trois jours dans le camp : elle m’apportait 1 000 francs. (C.E. – Rwanda) Cicatrices Il n’était pas facile de savoir comment élever Marta, notre quatrième fille, qui nous a été confiée par le tribunal des mineurs. Il y avait en elle un rejet total de sa souffrance suite à un accident qui avait laissé sur son corps des cicatrices qu’elle dissimulait à tout le monde comme une marque d’infamie. Ce n’est qu’avec un amour patient, par le dialogue et la collaboration des membres de la famille, qu’elle a pu surmonter ce traumatisme, en découvrant et en valorisant les talents qu’elle possédait. Ainsi, peu à peu, la fille difficile s’est réconciliée avec son corps et le milieu qui l’entourait. Avec soulagement, nous avons vu mûrir en elle l’amour pour la vie. Au cours de cette expérience, nous avons pu lui communiquer la valeur de la douleur. Un jour, dès son retour à la maison, Marta nous a parlé d’une compagne qui, ayant remarqué ses cicatrices, avait fait une grimace de mépris; cependant, au lieu d’être blessée, elle avait remonté sa manche pour mieux lui montrer ces signes, en lui expliquant l’origine. Sa compagne s’est alors excusée. Depuis lors, elles sont amies. (O.N. – Italie)

D’après Stefania Tanesini (extrait de Il Vangelo del Giorno, città Nuova, anno VI, n.1, janvier-février 2020)

Chiara Lubich et Rome : un lien d’amour

Chiara Lubich et Rome : un lien d’amour

Dans la capitale italienne, une soirée a été dédiée à la fondatrice des Focolari et à sa relation étroite avec Rome dont elle était devenue citoyenne d’honneur il y a vingt ans. Le livre « Conversations. En liaison téléphonique » a également été présenté. Le 22 janvier est un jour important pour Rome, non seulement parce que c’est l’anniversaire de Chiara Lubich, née en 1920 – et dont le centenaire est célébré cette année – mais aussi parce que le 22 janvier 2000, en plein jubilé, le maire de Rome de l’époque, Francesco Rutelli, a voulu lui accorder la citoyenneté d’honneur. À cette occasion, Chiara a rappelé que le nom de Rome, lu à l’envers, est « amor ». D’où sa vision d’une capitale envahie par l’amour évangélique à travers ce qu’on a appelé plus tard l’opération « Rome-Amor ». A partir de ce 22 janvier 2000, une nouvelle phase a commencé pour la communauté des Focolari à Rome, par un engagement et un témoignage plus importants pour la ville. Vingt ans après cet événement, le 22 janvier 2020, on s’est rappelé de Chiara en lui consacrant une soirée. « Je pense qu’il y a un élément de l’expérience de Chiara à relier à l’expérience de Saint Paul, tous deux devenus citoyens de Rome », a déclaré l’ancien maire Francesco Rutelli. Chiara a mentionné Saint Paul à plusieurs reprises et ce lien entre les deux a une force et un symbolisme extraordinaires. Et c’est à partir de ce 22 janvier 2000 que Chiara a pris l’engagement de se consacrer plus et mieux à Rome, incarnant partout l’amour réciproque. Quoi de plus beau que faire nôtres aujourd’hui ces paroles ». Au cours de la soirée, le livre « Conversations. En liaison téléphonique » de Michel Vandeleene, qui contient 300 pensées spirituelles de Chiara, a également été étudié en profondeur. Des textes qu’elle communiquait, en se connectant périodiquement par conférence téléphonique, d’abord depuis la Suisse (d’où le nom de Liaison CH), avec les centres les plus importants du Mouvement des Focolari disséminés sur les cinq continents, une occasion aussi de faire participer le monde entier aux événements et aux nouvelles de la vie du Mouvement dans le monde. « Nous nous trouvons à la source d’une sorte de journal personnel et communautaire dans lequel l’expérience de Chiara est liée à la vie des membres du Mouvement », a déclaré la professeure Maria Intrieri, professeure d’histoire ancienne à l’Université de Calabre (Italie) ; « il y a une double typologie : la grande histoire de Chiara et de son Œuvre dans l’Église et avec l’Église dans les rues du monde, mais il y a aussi la micro-histoire, les petites expériences, les rencontres qu’elle a faites au Centre international des Focolari, ses voyages, une lettre qui lui venait d’un enfant. Chiara le faisait pour être de plus en plus une seule famille ». « Nous nous rendons compte que les deux termes – conversation et liaison- cachent des racines très profondes : être au même endroit et être liés ensemble », a déclaré la professeure Cristiana Freni, professeure de philosophie du langage à l’université salésienne. C’est ce que Chiara désirait faire dès 1980: se sentir membres d’une même famille et établir des liens profondément ontologiques grâce aux Liaisons CH. De cette manière, une foule peut devenir un peuple ». Michel Vandeleene a souligné l’importance du langage utilisé dans les pensées spirituelles de Chiara : « le vocabulaire d’une personne reflète son âme et en voyant le vocabulaire de Chiara, on voit une personne ouverte, joyeuse, évangélique et tenace. L’utilisation des paroles par une personne permet de comprendre beaucoup de choses à son sujet. Pour elle, le mot douceur renvoie à l’union avec Dieu ou à la présence aimante de Dieu au milieu de nous. En remplissant cet index, j’ai été frappé par la vision du christianisme de Chiara : une religion positive, fascinante, qui ne peut qu’entraîner ». Enfin, le réalisateur Marco Aleotti a expliqué ce qu’est aujourd’hui la Liaison CH. « Depuis la mort de Chiara, nous nous sommes demandé : qu’est-ce-qui se passera avec la liaison CH ? Tous les deux mois, nous continuons à la réaliser et tout le monde peut s’y connecter sur le web. Les réactions qui nous parviennent après la diffusion en direct sont le témoignage de diverses personnes qui continuent à vivre la même expérience d’être une unique famille comme lors des liaisons avec Chiara ».

Lorenzo Russo

Évêques  « A l’école de l’Esprit Saint »

Évêques « A l’école de l’Esprit Saint »

Un message du Pape François, suivi par une salutation de la Présidente des Focolari, Maria Voce, ont ouvert à Trente le congrès « Un Charisme au service de l’Église et de l’humanité » auquel ont participé 7 cardinaux et 137 Évêques, amis des Focolari, venus de 50 pays différents.

© CSC audiovisivi

« Il est bon, pour les évêques aussi, de se remettre toujours à l’école de l’Esprit Saint ». C’est avec cette sollicitation du Pape François que s’est ouvert ce matin à Trente, le congrès international « Un Charisme au service de l’Église et de l’humanité » auquel participent 7 Cardinaux et 137 Évêques, amis du Mouvement des Focolari, en représentation de 50 pays. A l’occasion du centenaire de la naissance de Chiara Lubich, le congrès souhaite approfondir la signification et la contribution du charisme de l’unité des Focolari au service de l’Église et de l’humanité. Une délégation des participants a été reçue le 6 février dernier en audience par le Saint Père qui a affirmé « Vous m’avez apporté la joie, allez de l’avant ! ». Dans son message lu ce matin par l’archevêque de Bangkok, le cardinal Francis X. Kriengsak Kovithavanij, le Pape François a affirmé que les dons charismatiques comme celui de la spiritualité des Focolari sont « co-essentiels, avec les dons hiérarchiques, pour la mission de l’Église ». « Le charisme de l’unité – continue le souverain pontife – est une de ces grâces pour notre temps qui connaît un changement de portée historique et requiert une réforme spirituelle et pastorale simple et radicale, qui reporte l’Église à la source toujours nouvelle et actuelle de l’Évangile de Jésus ». Le Pape encourage les Évêques présents à vivre eux aussi les points cardinaux de la spiritualité de Chiara Lubich : l’engagement pour l’unité ; la prédilection de Jésus crucifié comme unique boussole ; le fait de se faire un « à commencer par les derniers, les exclus, par ceux qui sont rejetés, pour leur apporter la lumière, la joie, la paix » ; l’ouverture « au dialogue de la charité et de la vérité avec chaque homme et chaque femme de toutes cultures, traditions religieuses, convictions idéales afin d’édifier dans la rencontre, la civilisation nouvelle de l’amour » ; à l’écoute de Marie de qui « on apprend que ce qui a de la valeur et demeure, c’est l’amour » et qui enseigne comment porter aussi aujourd’hui au monde, le Christ « qui vit ressuscité au milieu de ceux qui sont un en son nom ». Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari, dans un message vidéo a souligné le fait que cette spiritualité veut être – comme le dit le titre de ce congrès – « au service de l’Église et de l’humanité ». Dans une époque dans laquelle « il y a des défis à relever pour l’Église dans toutes les régions du monde » – a affirmé la Présidente des Focolari – « nous sommes appelés à une nouvelle inculturation de l’Évangile de Jésus, qui sache tirer profit de l’expérience du passé, en la reformulant de façon prophétique pour notre époque. Pour cela, il faut aussi nous ouvrir et découvrir la force de nouveau innovatrice qui existe dans les nombreux nouveaux charismes présents dans l’Église d’aujourd’hui ». « La réalité des Évêques amis du Mouvement des Focolari » – a affirmé la Présidente – veut réellement promouvoir « un style de vie de communion entre Évêques catholiques du monde entier, mais aussi entre Évêques de différentes Églises » et contribuer ainsi « à rendre la collégialité toujours plus effective et affective ». Le programme continuera dans l’après-midi avec la visite des participants à l’exposition « Chiara Lubich – Ville monde » » à la Galerie Bianca à Piedicastello. A 17:15, en l’église Santa Maria Maggiore, ils participeront à l’événement artistique « Du Concile de Trente à Chiara née à Trente ». A 19:15, au Centre Mariapolis de Cadine, aura lieu la messe présidée par Mgr. Lauro Tisi, Archevêque de Trente. Demain, dimanche 9 février, à 10:00 dans le Dôme de Trente, aura lieu la concélébration de la messe. Présidée par le cardinal Francis Xavier Kriengsak Kovithavanij et ouverte par la salutation de l’Archevêque de Trente, elle sera transmise en direct par TV2000 et en streaming sur le site www.centenariolubichtrento.it. Ensuite, ils seront accueillis à la Salle Depero du palais de la Province par les Présidents du Conseil Provincial, Walter Kaswalder et par l’Adjoint Provincial, Maurizio Fugatti, et par le Maire de Trente, Alessandro Andreatta, pour une salutation adressé aux autorités locales. Le congrès continuera ensuite, du 10 au 12 février, à Loppiano (Florence), dans la cité-pilote internationale du Mouvement des Focolari. En collaboration avec le « Centre Evangelii Gaudium », de l’Institut Universitaire Sophia de Loppiano, on y parlera de quelques thèmes d’actualité pour l’Église et la société d’aujourd’hui par le biais de conférences, de tables rondes et de moments de dialogue. Parmi les sujets au programme : « L’Église et les défis actuels » avec la participation d’Andrea Riccardi, historien et fondateur de la Communauté de Saint Égide ; « L’Église se fait dialogue » avec l’approfondissement de quatre dimensions de la vie de l’Église : l’annonce du kérygme, dans la communion, le dialogue et la prophétie. Chaque jour sera enrichi par le témoignage de Cardinaux et d’Évêques de différentes régions du monde. Voici le texte du message du pape François Voici le texte du message vidéo de Maria Voce

Info et contacts : Ufficio comunicazione Focolari : ufficio.comunicazione@focolare.org Anna Lisa Innocenti- +39 338 3944209

L’espérance qui renaît des cendres

L’espérance qui renaît des cendres

Pour des milliers de personnes, la vie revient peu à peu à la normalité après l’éruption du volcan Taal dans les Philippines du 12 janvier 2020 qui a causé de graves dégâts aux régions environnantes, même si l’urgence n’est pas terminée. Selon l’Institut philippin de vulcanologie et sismologie (PHIVOLCS), le niveau 4 des alarmes a été abaissé au niveau 3et la zone de danger a été réduite de 14 kilomètres à 7 du cratère. La communauté des Focolari utilise n’importe quel moyen afin de pourvoir aux besoins des personnes évacuées du désastre : elles ont été plus de 300.000 les personnes contraintes à évacuer. Purisa Plaras, focolarine et codirectrice de la « Mariapolis Pace », la cité-pilote des Focolari à Tagaytay, raconte : « Quelques jours après l’éruption du volcan Taal, nous sommes retournés à Tagaytay afin de voir la situation de notre communauté et tout partager avec les différentes familles qui vivent autour de notre Centre qui se trouve au sein de la zone de danger, dans un rayon de 14 km du volcan. Préoccupés par leurs besoins de base, nous avons distribué de la nourriture et de quoi boire aux familles ». Une de nos jeunes des Focolari nous partage : « Ce n’est vraiment pas facile d’affronter cette situation. C’est déchirant et je n’ai pas pu faire autrement que de pleurer. Je ne peux pas expliquer comment je me sens en ce moment, mais dans mon for intérieur, je sais que Dieu nous aime immensément, embrassant ensemble le visage de Jésus Crucifié et Abandonné dans cette situation. Je serai forte ici, pour servir Jésus présent aussi dans les autres. ». Randy Debarbo, le focolarino responsable de la zone environnante à la Mariapolis Pace, raconte : « Dimanche 12 janvier, alors que nous rentrions à la maison après une rencontre, nous avons remarqué la mauvaise odeur du souffre dans l’air. Il a commencé à pleuvoir, mais c’était quelque chose de bizarre. L’eau pluviale était en train de salir nos parapluies et nos vêtements. Puis nous nous sommes rendu compte qu’il s’agissait de cendre volcanique mélangée à la pluie qui descendait comme de la boue ! Lorsque nous nous sommes réveillés le lendemain matin, nous ne reconnaissions plus ce qui nous entourait. Tout était gris comme si nous avions été daltoniens. Nous avons constaté alors l’énorme dévastation provoquée par l’éruption du volcan Taal. L’école publique proche du centre des Focolari est devenue un refuge temporaire et un centre de transit pour environ 500 personnes qui arrivaient des villages situés au bord du lac proche au volcan. Face à une telle dévastation, une voix en moi parlait à voix haute : « J’avais faim et tu m’as donné à manger… ». Cette préoccupation pour Jésus présent dans les voisins dans le besoin, le pousse à rester avec d’autres focolarini à Tagaytay. Randy continue : « Avec d’autres focolarini, nous sommes allés en camion jusqu’à environ 20 km de Tagaytay pour acheter de l’eau à distribuer à quelques familles qui étaient encore à Tagaytay. Cela a été une très forte sensation que de voir les familles momentanément soulagées de leurs préoccupations, les enfants étaient heureux de recevoir même simplement un seau d’eau. Avec un médecin qui se trouve ici à Tagaytay, nous avons décidé de rendre visite aux familles des alentours afin de satisfaire leurs exigences de caractère médical. En arrivant à un endroit, les gens du quartier étaient tous le long de la route, en attendant et en demandant de la nourriture. Au lieu de rendre visite seulement à une maison, nous avons pu offrir un contrôle médical gratuit à ceux qui attendaient la nourriture. Nous avons mis ensemble les petites sommes d’ argent que nous possédions dans nos poches et avons acheté personnellement des médicaments pour ceux qui avaient un besoin urgent de soins médicaux ». En plus de l’aide généreuse venant des familles du Mouvement dans les Philippines, le Mouvement dans le monde entier soutient de ses prières et de contribution financière, la Mariapolis Pace qui est au service du travail des Focolari en Asie.

Jonas Lardizabal

La danse au service de la paix en Terre Sainte

La danse au service de la paix en Terre Sainte

La collaboration de jeunes artistes entre Montecatini (Florence) et Bethléem continue. Les prochains programmes. Dans les lieux meurtris par les conflits, principalement motivés par des raisons économiques et militaires, les peuples en lutte sont avant tout victimes de leurs préjugés réciproques. Préjugés qui alimentent les hostilités entre la population civile, mais qui peuvent être dissous par le biais de la rencontre dans un « territoire neutre », entendu aussi bien dans le sens physique que culturel et social. Un territoire où l’âme s’ouvre à la rencontre authentique afin de se libérer de la haine et des peurs et de se disposer à la réconciliation. C’est de là qu’est né le projet « Harmonie entre les peuples » organisé par l’Association Culturelle Dancelab Armonia (*), qui a choisi la danse comme lieu de rencontre pour la paix. Expression sociale du Laboratoire Académique Danse, qui a son siège à Montecatini Terme (Fi), l’association fondée par Antonella Lombardo, qui s’occupe de la direction artistique. Nous lui avons demandé comment est née l’idée de l’Association : Après 20 années d’enseignement de la danse, je me suis rendu compte que les jeunes se rapprochaient de cette discipline seulement pour en obtenir un succès personnel. J’ai donc voulu leur faire expérimenter que la danse peut donner sens à la vie indépendamment du fait d’avoir du succès et qu’elle peut contribuer à améliorer la vie des autres et à propager des semences de paix. L’idée est donc née, de campus internationaux, tout d’abord à Montecatini puis en Terre Sainte, à Bethléem. Pouvez-vous nous raconter ce parcours ? Nous avons commencé par inviter, en Italie, des jeunes provenant de différents coins du monde, qui déjà étudiaient la danse, afin de leur proposer une vision de l’art qui cueille la capacité à unir des personnes de différentes origines, sociale, politique, ethnique et religieuse car elle parle un langage universel. En invitant des jeunes palestiniens et israéliens nous avons établi des contacts avec la Garde de la Terre Sainte et avec la Fondation Jean-Paul II, qui, il y a six ans, nous avaient invités à Bethléem et à Jérusalem afin de mettre sur pied campus d’arte pour les enfants des camps de réfugiés des territoires palestiniens. Comment le campus se déroule-t-il ? Dans le campus, les jeunes feront un travail avec un rythme très dense : on commence à 9:00 et on continue jusqu’à 18:00 afin d’expérimenter différents styles de danses. Il y a la possibilité de vivre ensemble dans une maison et donc de préparer le repas du soir ensemble, d’être aussi avec les jeunes italiens et de vivre des moments de fête. On travaille à une chorégraphie intitulée Danzare la Pace qui montre comment – par exemple – des jeunes israéliens et palestiniens, qui, vivent le conflit sur le terrain, réussissent ici, à créer un climat d’harmonie dans les rapports personnels et sur la scène. Et ceci vaut pour les artistes de tous les pays, qui apportent au campus leur culture artistique et leur sensibilité. Comment s’est passée l’expérience avec les jeunes à Bethléem ? « Lorsque nous sommes arrivés, nous nous sommes rendu compte qu’ils n’avaient aucune connaissance de l’art, ils n’avaient même jamais vu des crayons. Les quinze jours du campus que nous faisons là, représentent pour eux – prisonniers à ciel ouvert – un espace de liberté, une manière de surmonter idéalement ce terrible mur qui les sépare des israéliens. Les enseignants sont des jeunes palestiniens et israéliens qui ont fréquenté le campus en Italie. L’expérience de ces six années a été tellement fructueuse que la Garde de Terre Sainte nous a demandé d’ouvrir une école permanente à Bethléem, qui sera effective l ‘année prochaine ». Quand aura lieu le prochain campus italien et comment y participer ? Il se tiendra à Montecatini du 27 août au 5 septembre 2020 et accueillera des jeunes de différents pays dont la Jordanie, l’Égypte, la Palestine et Israël. Il est adressé à des aspirants professionnels qui partagent l’idée que l’art puisse être un instrument universel d’harmonie entre les peuples, pour qu’ils puissent favoriser ce changement de mentalité là où ils iront œuvrer, dans les théâtres, dans les écoles, dans les lieux d’art. Ils peuvent nous contacter en écrivant à info@dancelab.it. Les campus font partie d’un projet plus vaste comme les jalons du Festival de l’Harmonie entre les peuples, organisé par l’Association… Le Festival est arrivé cette année à la XV ème édition, il a lieu en Toscane sous le patronage de toutes les communes de la Vallée de Nievole et de villes comme Florence, Assise, Palerme et s’articule en une série de rendez-vous. L’inauguration aura lieu le 14 mars à Florence, dans le Salon des 500 du Palazzo Vecchio, lors de la commémoration de la disparition de Chiara Lubich, pour la contribution que la fondatrice des Focolari a donnée, en portant l’harmonie dans le monde, à 20 ans de la remise de la citoyenneté honoraire de Florence et dans le cadre des célébrations pour le centenaire de sa naissance. Quels sont les autres rendez-vous ? Pendant l’année, il y aura des interventions dans les écoles afin de développer un travail sur le désarmement. Notre souhait est que la voix des jeunes puisse arriver jusqu’aux chefs d’états des pays impliqués dans la fabrication et dans le commerce des armes afin de pouvoir ébranler ces réalités. Une initiative appréciée par les jeunes et dont la musique sera la protagoniste comme moment de réflexion sur le thème de la rencontre. Il y a au programme des rendez-vous culturels et des dîners interculturels à Montecatini et à Palerme. Le Festival, tout comme les campus, sont offerts à la participation gratuite. Un choix engageant… Dès le début, j’ai voulu distinguer cette expérience des stages habituels de danse que les écoles font et sont source de lucre, parce que les jeunes ne viennent pas seulement pour étudier la danse mais parce qu’ils ont choisi de vivre la paix et d’être constructeurs de ponts de paix.

Claudia Di Lorenzi

(*)https://www.festivalarmonia.org/

L’Évangile vécu : se sentir membre d’une grande famille

Une grande partie de la culture dans laquelle nous sommes immergés exalte l’agressivité sous toutes ses formes comme l’arme gagnante pour atteindre le succès. L’Évangile, en revanche, nous présente un paradoxe : reconnaître notre faiblesse, nos limites, notre fragilité comme point de départ pour entrer en relation avec Dieu et participer avec lui à la plus grande des conquêtes : la fraternité universelle. Récession En raison de la situation de crise dans notre pays, je voyais mon travail diminuer et mes revenus se raréfier. Nos clients ne faisaient plus de commandes. À la maison, nous avons réduit nos dépenses, en essayant de vivre avec moins. J’ai appris à m’endormir malgré les dettes, à passer plus de temps avec les enfants pour que la situation ne pèse pas trop sur eux. J’ai recommencé à prier, à croire fermement en l’Évangile qui dit : « Donne et il te sera donné ». Nous l’avons vécu sans réserve tous les jours. Entre-temps, nous avons fait tout ce que nous pouvions : collecter des journaux, des cartons, des boîtes de conserve et des bouteilles en verre pour les vendre… Les enfants sont allés vendre des sachets de bonbons… De nombreuses personnes venaient nous demander de quoi manger et il nous est arrivé de leur donner la seule chose qui nous restait. Un jour, ma femme leur a donné un kilo de riz et le soir même, nous avons reçu deux kilos de lentilles. Un de nos voisins a laissé une voiture devant notre porte : « Réparez-la, vous la paierez quand vous le pourrez ». Désormais nous pouvons conduire notre troisième fille, née avec le syndrome de Down, au centre de soins qui assure son traitement. (M.T. – Chili) Grandir en tant que parents Nous avions remarqué quelques changements chez notre fils. Un jour, avec une infinie délicatesse, je lui ai demandé s’il y avait un problème. Il m’a confié qu’il s’était drogué. J’en ai parlé à mon mari. Nous n’avons pas fermé l’œil de la nuit. En tant que parents nous nous sommes sentis impuissants et en situation d’échec. Joao a aussi ramené ses amis à la maison. Nous avons souffert à cause de leur façon d’agir. Mon mari et moi étions devant un choix : nous avons décidé d’aimer et de nous mettre au service de ces jeunes. Par amour pour notre fils, nous ne sommes plus partis en vacances pour ne pas le laisser seul. Entre-temps, nous avons eu, mon mari et moi, la certitude toujours plus grande que l’amour serait plus fort. Un jour, Joao nous a dit qu’il ne voulait pas quitter la maison et nous a demandé d’aider aussi ses amis. Une nouvelle vie a commencé. Avec cette expérience, bien que n’ayant pas d’autre formation que la vie de l’Évangile vécu, nous avons fondé dans notre ville le groupe Familles Anonymes, confrontées à ce problème, pour les aider. De nombreux jeunes ont pu s’en sortir. (O.P. – Portugal) Réfugiés Ayant appris qu’un jeune réfugié albanais cherche un logement, nous l’ aidons dans ses recherches et, entre-temps, nous l’ accueillons chez nous. Nos proches ne sont pas d’accord, ils nous posent beaucoup de problèmes et nous disent que nous sommes inconscients. Mais cet isolement momentané, nous incite à trouver dans l’unité entre nous la force de continuer quand même. Après quelques jours, nous trouvons un appartement. Avec B., un artisan qui avait décidé d’embaucher un Albanais, nous nous rendons à la caserne pour concrétiser les choses. Pénétrer dans ce lieu où des centaines de personnes attendent un logement, est un véritable choc. Nous nous sentons impuissants, mais B. décide finalement d’engager non pas un mais trois Albanais, dont un mineur, qu’il hébergera lui-même comme famille d’accueil. Quelques mois suffisent pour que les trois jeunes se mettent au travail et s’intègrent dans la vie du village, où nous avons essayé d’impliquer le plus de personnes possible pour qu’ils se sentent membres d’une grande famille. (S.E. – Italie) Confirmation Ma fiancée, Giorgia, veut se marier à l’église. Il y a besoin d’un certificat de confirmation que je n’ai pas et pour cela il me faut suivre une préparation. Au début, tout semble simple, mais quand je me retrouve au catéchisme avec des garçons beaucoup plus jeunes que moi, cela me semble trop. J’ai envie de tout envoyer balader. Giorgia ne change pas d’avis, elle est convaincue du sacrement de mariage. Notre relation s’enfonce dans un tunnel. Concrètement nous reportons la date de notre mariage. Suivent des mois d’épreuve et de questionnements. Mon éducation m’ a porté à voir l’Église comme une institution rétrograde et maintenant me voilà en train de mendier un certificat ! Ce qui me met en colère, c’est que pour Giorgia, ce n’est pas une formalité, mais une façon de fonder une famille. Notre relation part en fumée. C’est alors qu’à la suite d’un accident ma mère devient paralysée. Giorgia lui rend visite tous les jours et ma mère trouve en elle non seulement de l’amitié, mais aussi une sorte de présence qui l’aide à accueillir son état avec sérénité. Je comprends que Giorgia a de profondes raisons d’agir ainsi. Tous mes doutes disparaissent: quoi qu’il advienne, elle est la femme de ma vie. (M.A. – Italie)

D’après Stefania Tanesini (extrait de Il Vangelo del Giorno, città Nuova, anno VI, n.1, janvier-février 2020)

Florianapolis (Brésil) : Le focolare dans le « Morro » (Bidonville)

Depuis 2014, dans le « Morro de la Croix » vit une communauté de focolarini qui partagent la vie simple et pauvre de ce bidonville populeux de Florianópolis. Vilson Groh, qui vit là depuis plus de 30 ans, affirme : « C’est une expression du désir de Chiara, d’avoir des focolares également dans les banlieues du monde. » https://vimeo.com/378572926

Évangile vécu : ouvrir de nouvelles opportunités

« Nous ne donnons une gloire plus grande à Dieu que lorsque nous nous efforçons d’accepter notre prochain, car alors, nous jetons les bases de la communion fraternelle et rien ne donne autant de joie à Dieu que la réelle unité entre les hommes. L’unité attire la présence de Jésus au milieu de nous et sa présence transforme toute chose ». (Chiara Lubich) Le collège Dans le collège où j’habitais, à Prague, j’avais souvent rencontré la technicienne de surface . Ayant été gentil avec elle, je remarquai qu’elle nettoyait plus souvent la chambre que je partageais avec un bulgare et qu’elle cirait souvent le parquet. Je ne savais pas comment la remercier et, ayant avec moi une machine à café expresso, je pensai un jour lui faire plaisir en lui offrant un bon café. Elle ne me dit rien mais par après, elle me confessa que pour elle, habituée au café « à la manière turque », l’autre était trop fort. C’est ainsi que commença un dialogue sur les habitudes dans les différentes cultures et nous arrivâmes à parler aussi de foi. Elle me raconta que lorsqu’elle était enfant, elle avait fréquenté la paroisse, mais ensuite, pendant le communisme, elle s’en était éloignée. Les jours suivants, une fois terminé le nettoyage, si j’étais au collège, elle s’arrêtait chez moi, toujours avec beaucoup de questions sur la vie chrétienne. Un jour elle me confia : « Ce travail a toujours été humiliant pour moi, mais depuis que j’ai connu cette autre vision de la vie, il me semble avoir retrouvé mon enfance, d’avoir compris le sens de la vie ». (T.M. – Slovaquie) Avec des yeux nouveaux Ma femme et moi étions arrivés à un carrefour : je voyais seulement ses défauts et elle voyait seulement les miens. Les disputes s’étaient intensifiées et il semblait que chaque événement, aussi ceux qui concernaient les enfants, alimentaient cette guerre. Un jour, alors que j’accompagnais la plus jeune à l’école, je me suis entendu dire : « Tu sais Papa, le professeur de religion nous a expliqué que le pardon, c’est comme une paire de lunettes qui fait voir avec des yeux nouveaux ». Cette phrase prononcée par une fillette ne m’a pas laissé tranquille. J’y ai repensé toute la journée. Le soir, en rentrant à la maison, j’ai eu une idée : aller chez le fleuriste et acheter autant de roses que d’années de notre mariage. Au début, ma femme a mal réagi (l’énième gaffe?) puis, vu la joie des enfants, surtout de la plus jeune, elle a changé d’attitude. Ce soir-là, après de longs silences, quelque chose a changé. Cela a été le début d’un nouveau cheminement. Vraiment, il m’a semblé avoir de nouveaux yeux et de voir ma femme et nos enfants comme je ne les avais pas encore vus. (J.B. – Espagne) Tentation Nous étions dans une situation de grande nécessité à cause d’une grosse somme d’argent dont nous avions besoin afin de payer une importante note de frais. Ce matin-là, un client passa chez nous, entra avec l’intention d’acheter six machines. Après avoir conclu l’affaire, il nous fit la proposition d’appliquer un autocollant avec le nom d’une marque réputée. Très surprise, tout en sachant que c’est une pratique habituelle dans notre marché, j’ai vécu un moment de suspension : nous risquions de perdre cette grosse affaire, mais je ne sentais pas que je pouvais accepter cette offre. Après en avoir parlé avec mon mari, nous avons clairement compris que nous ne pouvions pas céder et trahir notre conscience de chrétiens. Le client nous a regardés surpris . A sa question si nous étions chrétiens, nous avons répondu que oui. Son visage s’est détendu. « Aujourd’hui, j’ai constaté ce que signifie être fidèle à sa propre foi. Ne vous préoccupez pas, j’achèterai chez vous. Vous m’avez enseigné quelque chose de très important. J’étais chrétien moi aussi, mais en voyant comme tout le monde fait dans le commerce, je me suis laissé prendre par la tentation. A partir d’aujourd’hui, je ne le ferai plus ». (G.A. – Nigeria) Un travail pour deux Pendant un cours de vendeurs de boissons et baguettes dans les trains, j’avais demandé si on pouvait distribuer les baguettes invendues aux sans domicile fixe. Cela ne rentrait pas dans le cadre de la société où je pouvais travailler, et donc, je n’ai pas été engagé. Déçu mais certain que Dieu viendrait à ma rencontre, j’avais finalement trouvé une place dans la cuisine d’un restaurant. Là, en accord avec les collègues, le soir, je pouvais distribuer de la nourriture à ceux qui en avaient besoin. J’ai ainsi connu des situations dramatiques de faim, de misère, de solitude. Un jour, le chef m’a annoncé qu’il ne fallait plus qu’un travailleur dans la cuisine. Nous étions un homme musulman qui était devenu un ami et moi-même. Lorsque j’ai répondu que je préférais que lui reste, car il avait une famille à sa charge, le chef me répliqua que le choix était tombé sur moi. Malgré la reconnaissance que je lui exprimai, je lui dis aussi ce que je pensais. Et lui de me répondre : « Pour la première fois, je me sens encouragé par un garçon comme toi à revoir ma décision ». Le jour suivant, réexaminant la situation financière de l’entreprise, il avait décidé que nous pouvions continuer à travailler tous les deux ! (D. Angleterre) Pas seulement hôte Nous avions accueilli chez nous durant une année entière une jeune fille brésilienne venue en Italie avec un programme d’échange culturel. Mais Julia ne réussissait pas à s’insérer dans notre famille et nous, la considérant seulement comme hôte, nous ne contribuions pas au but qu’elle se sente bien chez nous. Quand on s’en est rendu compte, et que nous avons commencé à la traiter comme nos deux filles, les choses ont changé : elle s’est sentie aimée et peu à peu, s’est liée à nous comme une de nos filles, avec ses autres sœurs. Julia est devenue un membre à part entière de notre famille à tel point qu’elle a senti le besoin d’approfondir la beauté d’une famille chrétienne, elle nous a demandé de suivre la formation aux sacrement du baptême, de la confirmation et de la communion qu’elle n’avait pas reçue dans son pays même si elle avait 17 ans. Pour l’occasion, ses parents sont venus du Brésil et nous avons fait une grande fête qui a impliqué toute la communauté. Aujourd’hui le lien avec Julia continue. Nous continuons à être pour elle « maman et papa » toutes les fois que nous nous voyons par Skype ou que nous nous écrivons. (A. – Italie)

D’après Stefania Tanesini (extrait de Il Vangelo del Giorno, città Nuova, anno VI, n.1, janvier-février 2020)

Force dans la douceur : Mattarella à Trente évoque le souvenir de Chiara Lubich

Force dans la douceur : Mattarella à Trente évoque le souvenir de Chiara Lubich

«On peut être très forts tout en étant doux et ouverts aux bonnes raisons des autres», et d’ailleurs, «c’est seulement ainsi que l’on est vraiment forts» : c’est l’enseignement de Chiara Lubich selon les mots de Mattarella, qui accueille l’invitation de Maria Voce à «l’extrémisme du dialogue».

© Domenico Salmaso – CSC Audiovisivi

Le chef de l’État, au Centre Mariapolis « Chiara Lubich » de Cadine (Trente), a participé avec une intervention passionnée en souvenir de la fondatrice des Focolari en ce centenaire de sa naissance. Pour l’accueillir, Maria Voce, présidente du Mouvement, et les autorités locales, avec les citoyens : plus de 400 personnes présentes dans la salle, environ 500 autres dans les autres salles reliées à Cadine et à Trente et plus de 20.000 les visualisations du streaming. La dimension artistique, grâce à la régie de Fernando Muraca, a fait office de toile de fond à la narration, en parcourant à nouveau les passages les plus significatifs de la vie de Chiara comme femme en relation. Entre sons et images se sont entrecroisées les voix des autorités civiles et ecclésiales. Le président de la Province Autonome de Trente, Maurizio Fugatti, a souligné combien Chiara représente, avec d’autres figures comme De Gasperi, « l’excellence de cette terre ». Une région, celle de Trente, dont elle a mis trois caractéristiques en évidence : la force de volonté, le Mouvement coopératif, le fait d’être terre de frontière. « Chiara a su interpréter cette appartenance – a-t-il affirmé – qui est en fait un trait distinctif de notre autonomie, de notre spécificité ».

© Domenico Salmaso – CSC Audiovisivi

L’archevêque de Trente, Mgr. Lauro Tisi, tout en remerciant son prédécesseur Carlo De Ferrari qui à l’époque, accueillit le « doigt de Dieu » dans la spiritualité de Chiara Lubich, a rappelé que « si aujourd’hui le charisme embrasse toute l’humanité, nous le devons à cet évêque qui l’a protégé » ; et il a montré dans la provocation du « Christ Abandonné » sa grande actualité. Alessandro Andreatta, maire de Trente, a exprimé sa joie en rappelant « la jeune fille qui, il y a presque quatre-vingts ans, se mit au service des pauvres » et qui « continue encore aujourd’hui à nous inviter à l’ouverture, à l’accueil, à l’engagement pour et avec les autres. Car dès le début, cela ne fut pas pour Chiara une expérience personnelle, isolée, solitaire mais un engagement qui ne se comprend seulement que s’il est vu à la lumière du paradigme de la relation ». Ensuite de nombreux témoignages ont été rapportés qui disent la ténacité dans le quotidien de personnes qui ont été et sont, inspirées par Chiara et par son charisme dans sa manière d’agir : comme Amy Uelman, professeure d’éthique et de droit à l’université de la Georgetown University de Washington, qui forme ses étudiants à affronter des sujets de division en évitant les affrontements ; les entrepreneurs Lawrence Chong et Stanislaw Lencz, qui avec leurs entreprises, contribuent à une économie solidaire et durable ; Arthur Ngoy et Florance Mwanabute, médecins congolais qui se consacrent au soin des plus faibles et à la formation sanitaire ; et l’histoire de Yacine, migrant algérien, accueilli comme un frère par quelques jeunes italiens après le difficile voyage à travers les Balkans. Mais aussi celle de l’ex- maire de Trente, Alberto Pacher, qui avec des enseignants et des étudiants, a accueilli l’invitation – le coup de fil d’un enfant – d’où sont nés les projets Tuttopace et Trento, une ville pour éduquer.

© Domenico Salmaso – CSC Audiovisivi

« La lumière donnée à Chiara dépasse les frontières du Mouvement des Focolari et va encourager et inspirer de nombreuses personnes, femmes et hommes de bonne volonté partout dans le monde, comme cet anniversaire est occupé à manifester », a affirmé la présidente des Focolari Maria Voce. « Comme chacun d’entre vous, je sens Chiara vivante, présente, active, proche chaque jour. Elle nous invite à aller vers un public large avec courage ». Et elle a vivement encouragé tout le monde par ces paroles : « A cette société qui semble ne pas avoir de racines ni de but, il faut répondre avec radicalité, avec l’«extrémisme du dialogue », alimenté par la culture de la confiance ». En guise de conclusion de la soirée, la longue et passionnée intervention du Président de la République ; qui a identifié en particulier dans la fraternité, appliquée par l’agir citoyen et politique, le signe distinctif de la spiritualité de Chiara Lubich – en réservant aussi un chaleureux souvenir à Igino Giordani, que Mattarella connut et qui, de cette spiritualité, fut un interprète de premier ordre. Une fraternité qui est « la pierre angulaire de toute civilisation et moteur du bien-être », à tel point que sans celle-ci, « nous risquons de ne pas avoir la force de surmonter les inégalités et pour assainir les fractures sociales ». Chiara Lubich, en proposant avec vigueur la culture du don et du dialogue, en particulier interreligieux qui « en cette période de l’histoire est décisif pour la paix », avait eu l’intuition « avec un esprit de prophétie » de ce que devait être la route à suivre. Un enseignement qui prouve que « l’on peut être très forts tout en étant doux et ouverts aux bonnes raisons des autres. Par ailleurs, à dire la vérité, comme le démontre la vie de Chiara Lubich, c’est seulement ainsi que l’on est réellement forts ».

Stefania Tanesini

Un téléfilm sur Chiara Lubich pour la RAI, la télévision italienne

La réalisation est confiée à Giacomo Campiotti. Le tournage commencera au printemps prochain et se déroulera entre Rome et Trente, sa ville natale. « La force d’une figure comme celle de Chiara aujourd’hui est de nous faire regarder l’autre comme une possibilité, un don, porteur d’une graine de vérité à valoriser et à aimer, aussi lointaine soit-elle. La fraternité universelle est le fondement du dialogue et de la paix ». Nous lisons dans le communiqué de presse que Luca Barbareschi, producteur d’Eliseo Fiction et de Rai Fiction se disent « fiers » d’annoncer qu’un téléfilm sur Chiara Lubich sera réalisé pour la télévision italienne. La réalisation est confiée à Giacomo Campiotti. Le tournage commencera au printemps prochain et se déroulera entre Rome et Trente, sa ville natale. La note poursuit en expliquant que « Chiara est très jeune quand, dans les années de la Seconde Guerre mondiale, elle se sent appelée à construire un monde meilleur, un monde plus uni. Elle se fixe alors pour objectif de jeter des ponts entre les hommes, quelle que soit leur race, leur nation ou leur religion. La fraternité universelle est le fondement du dialogue et de la paix. Le message de Chiara n’appartient pas seulement au monde catholique et sa figure contribue à la valorisation de la femme et de son rôle aussi et surtout en dehors de l’institution ecclésiastique ».

La rédaction de focolare.org

Chiara Lubich – Ville Monde

L’exposition internationale consacrée à la personne et au charisme de Chiara Lubich débute le 7 décembre 2019. C’est la première exposition multimédia jamais réalisée sur elle. Giuseppe Ferrandi, directeur du Musée historique du Trentin et Anna Maria Rossi, l’une des commissaires de l’exposition, en racontent la genèse, le parcours et l’actualité. https://vimeo.com/378573747

Centenaire de Chiara Lubich : message de Maria Voce

Il y a 100 ans naissait à Trente la fondatrice du Mouvement des Focolari . Le mot de la Présidente Maria Voce. Dans un monde où « émergent continuellement des courants de particularismes et de divisions et où se dressent de nouveaux murs et de nouvelles frontières », le message d’unité de Chiara Lubich est « d’une très grande actualité. » Cette pensée est au cœur du message vidéo par lequel Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari, rappelle aujourd’hui, 22 janvier 2020, le centième anniversaire de la naissance de la fondatrice des Focolari. https://vimeo.com/386026053 texte du message

Notre époque demande de recomposer l’unité

La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est célébrée chaque année du 18 au 25 janvier, dans l’hémisphère nord, entre les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte, dans l’hémisphère sud . Pour 2020, le thème choisi est un verset des Actes des Apôtres proposé par des chrétiens de différentes Églises de l’île de Malte : « Ils nous ont témoigné une humanité peu ordinaire » (Actes 28,2). Nous proposons à cette occasion un extrait d’une intervention de Chiara Lubich, le 27 octobre 2002 dans la Cathédrale protestante Saint-Pierre de Genève (Suisse). L’amour ! Comme le monde a besoin d’amour ! Et nous aussi, chrétiens ! Tous ensemble, de toutes les Églises, nous sommes plus d’un milliard. C’est beaucoup et cela devrait se voir. Mais nous sommes encore divisés et, pour cette raison, beaucoup ne nous voient pas et ne voient pas Jésus qui devrait transparaître de notre vie. Jésus l’a dit : le signe auquel le monde devrait nous reconnaître comme sesdisciples et devrait Le reconnaître à travers nous, c’est l’amour réciproque, l’unité : « Si vous avez de l’amour les uns pour les autres, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jn 13,35). L’amour réciproque, l’unité, voilà ce qui devrait être notre signe distinctif, notre uniforme. Voilà le signe distinctif de l’Église du Christ. Mais nous n’avons pas maintenu entre nous la pleine communion, la communion visible et, aujourd’hui encore, elle n’est pas réalisée. Aussi sommes-nous convaincus que les Églises, en tant qu’Églises, devraient s’aimer de cet amour-là. Nous nous efforçons de travailler en ce sens. Que de fois les Églises semblent avoir oublié le Testament de Jésus et, par leurs divisions, ont scandalisé le monde qu’elles auraient dû conquérir au Christ ! Un rapide tour d’horizon de nos 2000 ans d’histoire, notamment du second millénaire, nous montre qu’elle est faite d’une succession d’incompréhensions, de conflits, de luttes qui ont déchiré la tunique sans couture du Christ, son Église. La responsabilité, certes, peut être attribuée aux circonstances historiques, culturelles, politiques, géographiques, sociales… Mais également à la défaillance de l’élément unificateur qui devait caractériser les chrétiens : l’amour. Aussi, pour tenter de remédier à un si grand mal, pour trouver de nouvelles forces pour recommencer, nous devons placer toute notre confiance en cet amour évangélique. Si nous diffusons l’amour, l’amour réciproque entre nos Églises, cet amour les conduira à être, chacune dans sa diversité, un don pour les autres. Chers frères et sœurs, Oui, nous l’avons compris : notre époque demande de chacun de nous l’amour, elle demande l’unité, la communion, la solidarité. Et elle appelle aussi les Églises à “recoudre” l’unité déchirée depuis des siècles. C’est cela la réforme par excellence que Dieu nous demande. C’est le premier jalon, un jalon incontournable pour susciter la fraternité universelle avec tous les hommes et femmes du monde. Le monde croira si nous sommes unis. Jésus l’a dit : « Que tous soient un [] afin que le monde croie… » (Jn 17,21). C’est cela que Dieu veut ! Croyez-moi ! Il nous le dit, il nous le crie à travers les circonstances actuelles qu’il permet. Qu’il nous donne la grâce, si ce n’est de voir réalisé tout cela, au moins d’en préparer le terrain.

Chiara Lubich

Extrait de : “Il dialogo è vita” (Città Nuova 2007, p. 16-33)

En Albanie, après le tremblement de terre,  priorité  à la prise en charge des victimes.

En Albanie, après le tremblement de terre, priorité à la prise en charge des victimes.

Le mouvement des Focolari présent aux côtés des nombreuses personnes qui ont subi des pertes et des dommages : « La personne avec son vécu et ses besoins est au centre de nos efforts. Pour l’instant il est essentiel d’accueillir, d’écouter et de partager. Mais un grand effort sera nécessaire pour planifier la reconstruction.» Solidarité avec les victimes du tremblement de terre qui a frappé l’Albanie le 26 novembre 2019, faisant 52 morts, plus de 2 000 blessés et des dégâts matériels considérables. Environ deux mois après le séisme, des initiatives de collecte de fonds, des événements commémoratifs et des secours sur le territoire mobilisent institutions, mouvements d’ Église et de solidarité. Une fois l’urgence passée, toutes les énergies sont orientées pour favoriser la coordination des forces sur le terrain afin de planifier et de démarrer la reconstruction. Dans l’incertitude du présent, un grand réconfort vient du fait de se sentir membre d’une famille, d’un large réseau de personnes qui assurent soutien et proximité. C’est là que se trouve le cœur de l’engagement du mouvement des Focolari. Nous avons entendu Fabio Fiorelli, un focolarino qui vit et travaille dans un des centres de Tirana. Depuis la nuit du tremblement de terre, quelles initiatives le Mouvement a-t-il pu mener à bien pour soutenir les personnes touchées ? ” Certains d’entre nous ont établi des liens avec la Caritas nationale et diocésaine en collaborant à la préparation de vêtements et de couvertures pour ceux qui étaient loin de chez eux, et en se rendant dans les abris temporaires pour écouter les gens et faire jouer les enfants. Sur proposition des familles du Mouvement, le 21 décembre nous avons préparé une après-midi de fête de Noël pour les plus petits – mais pas seulement – avec des chants, des jeux, la crèche ” vivante ” et les cadeaux du Père Noël : une pause de sérénité et de communion pour aller de l’avant. De plus, à Durazzo, une psychologue du Mouvement, dont la maison a été endommagée, collabore avec une équipe qui va dans les villages périphériques très touchés par le tremblement de terre, où les gens vivent sous des tentes et manquent des biens de première nécessité. Sur un plan très pratique, les familles du Mouvement qui ont subi de graves dommages dans leurs maisons ont été interrogées, nos ingénieurs ont effectué des inspections et analysé les coûts de réparation. » Quelles sont les autres activités que vous prévoyez ? « Un “projet” a été élaboré avec des objectifs et la mise en œuvre de stratégies en lien avec l’Association Monde Uni (AMU), qui fait partie du Mouvement, et nous attendons qu’il démarre. » Dès les premières heures après le tremblement de terre, en pleine phase d’urgence, Marcella Ioele, responsable d’un des centres des Focolari à Tirana, est arrivée avec d’autres personnes à Durazzo et dans les environs pour lancer les premiers secours en lien avec la Caritas et l’Église locale et pour apporter un soutien aux victimes. Nous lui avons demandé quelles expériences l’ont frappée en parlant avec des personnes déplacées : « Une jeune femme m’a dit qu’au début des secousses, son frère, qui était à la maison avec la famille, s’est instinctivement enfui pour sortir du bâtiment, mais est immédiatement revenu pour s’occuper d’eux. Ce geste l’a aidée à comprendre que dans ces moments-là, elle ne devait pas seulement penser à elle-même mais aussi à ses proches. Une autre fille aurait voulu agir pour aider les personnes en difficulté, mais devant aider sa mère âgée, elle ne pouvait pas s’éloigner. Mais – nous a-t-elle dit – elle pouvait écouter et réconforter les nombreux passants, et elle était heureuse parce qu’elle sentait qu’elle apportait sa contribution de cette façon. » Quels sont les sentiments qui prévalent aujourd’hui au sein de la population ? « D’une part, on sait que ce type de catastrophe met en jeu les responsabilités de ceux qui ont autorisé la construction de bâtiments peu sûrs et fait ressortir le manque de préparation dans la gestion de l’urgence. D’autre part, la solidarité manifestée par les autres Pays dès le début fait naître l’espoir d’ une Albanie meilleure. Voir travailler ensemble des peuples, encore récemment divisés par de vieilles querelles, a été un signe d’espoir. Il y a un grand sentiment de reconnaissance, surtout envers les Kosovars qui se sont manifestés de manière très forte, comme s’ils voulaient restituer l’amour qu’ils avaient reçu lorsqu’ils étaient ici au moment de la crise du Kosovo. Certains d’entre eux sont venus pour emmener des familles chez eux. « Le tremblement de terre, m’a confié un jeune homme, nous a rapprochés plus que jamais. D’autres nous ont dit avoir ressenti la présence de Dieu, même dans cette réalité douloureuse. »

Claudia Di Lorenzi

Évangile vécu : dépasser les jugements et les préjugés

« Jésus nous a démontré qu’aimer signifie accueillir l’autre tel qu’il est, de la manière identique à celle avec laquelle il a accueilli chacun de nous. Accueillir l’autre, avec ses goûts, ses idées, ses défauts, sa diversité. (…) Lui laisser de l’espace en nous, en désencombrant tout préjugé de notre cœur, tout jugement et tout instinct de rejet ». (Chiara Lubich) Le « village de la misère » Les habitants de ce bidonville qui s’étend sur les rives pentues d’ un fleuve, s’arrangent avec des petits jobs et étant obligés de rester hors de la maison toute la journée, ils doivent laisser leurs enfants seuls. Il y a peu de temps, le fleuve en crue à cause d’une pluie torrentielle a emporté d’une baraque, un bébé de quelques mois à peine. Nous habitons dans un quartier résidentiel proche de ce bidonville. Bouleversés par ce qui s’était passé, nous tentons d’affronter cette terrible plaie en impliquant notre famille et des amis. Nous avons loué des locaux et avons commencé une crèche où les parents peuvent laisser leurs enfants en sécurité toute la journée. Dans des locaux adjacents, nous commençons une école maternelle pour que les plus grands ne traînent pas dans les rues. L’initiative porte ses fruits : de nouveaux liens sont créés entre le personnel qui travaille et les familles, et un partage de biens, de temps et de prestations. Peu à peu un autre rêve devient réalité : enlever le plus grand nombre de familles du « village de la misère ». Avec un système d’autogestion, nous avons construit et inauguré cette année les premières nouvelles maisons. (S.J.B. – Argentine) Convictions politiques C’était inévitable, au bureau, de parler politique. Inévitable, expérimenter la distance qui existait entre les points de vue respectifs. Fatiguée de cette tension qui augmentait de jour en jour, surtout lorsque quelqu’un proclamait des « vérités » inacceptables, j’en suis arrivée à la conclusion que plutôt que changer de bureau, je devais me changer mi-même. C’est ainsi que je me suis efforcée de comprendre davantage ce qui pousse l’un ou l’autre de mes collègues à défendre une certaine position. Cette façon de me comporter a suscité une certaine curiosité, surtout chez ceux qui m’avaient toujours attaquée comme catholique-conservatrice-bigote . C’est certainement la prière qui m’a aidée, mais aussi ma communauté paroissiale qui m’encourageait à être plus dans l’amour. Un jour, mon « ennemi » le plus implacable m’a dit : « Je ne sais plus où t’attaquer… et je vois que tu es heureuse. Ta liberté me désoriente ». Sans trop d’explications, s’est établie entre nous une amitié constructive qui aide maintenant aussi les autres à avoir une attitude plus compréhensive les uns pour les autres, tout en restant chacun avec ses propres convictions. (F.H. – Hongrie) Avec les yeux d’une mère Notre fils avait épousé L. sur vague de contestation, en échangeant par amour, une foi politique commune. Personnellement, je l’aimais comme ma fille et j’ appréciais chez elle, des dons de sensibilité et d’attention envers les plus démunis de la société. Lorsque après à peine un an de mariage, tous les deux sont venus nous communiquer leur difficulté de continuer une vie commune, j’étais presque préparée à cette annonce. Ce fut surtout notre fils qui y perdit beaucoup, car il s’était donné entièrement à la construction d’un rapport conjugal vrai. Quant à L., plutôt que de la juger, j’ai essayé de ne pas oublier ce que j’avais auparavant cueilli en elle de beau et de positif, et de considérer la situation avec les yeux d’une mère. Ses parents, constatant que de notre bouche n’était jamais sortie, ni avec eux, ni avec d’autres, une parole de jugement vis-à-vis de leur fille, ont exprimé leur estime pour cette attitude et ont continué à garder avec nous un rapport fraternel. Depuis lors, de nombreuses années se sont écoulées. L. nous considère désormais comme un point fixe de sa vie. (F.B. – France) Des voleurs dans la maison Je leur avais ouvert la porte parce qu’ils avaient l’air de braves garçons. Au contraire, ils m’ont tout de suite demandé où j’avais mis mon argent et ont commencé à ouvrir les tiroirs, les armoires. Un des deux me tenait fort les bras derrière le dos. Je n’avais même pas la force de crier à cause de la peur…Lorsqu’ils sont partis, je me suis retrouvée par terre, un peu étourdie. Peut-être avaient -ils eu pitié de mon âge. Puis je suis sortie sur le balcon et j’ai crié à l’aide, mais les voleurs s’étaient déjà enfuis. Des voisins ont accouru mais ils ne pouvaient rien faire d’autre que de m’aider à mettre un peu d’ordre dans l’appartement tandis que je me rendais compte de ce qu’ils m’avaient volé. Que faire ? Ce jour – là, la tragédie de la solitude et de la vieillesse m’est apparue dans toute sa cruauté. La nuit, je n’ai pas pu m’endormir : la même scène me revenait toujours à l’esprit. Et pourtant on aurait dit de braves garçons, ils auraient pu être mes petits-enfants. Pourquoi agissaient-ils de la sorte ? j’ai trouvé un peu de paix quand j’ai commencé à prier pour eux et pour leurs mamans. J’ai remercié Dieu d’être toujours en vie. (Z.G. Italie) Ne pas nier la vie Cela faisait de nombreuses années que je ne voyais plus ma voisine et plus précisément depuis que j’avais déménagé. Maintenant, je retrouvais une femme plus vieille que son âge réel, elle était une autre personne. On aurait dit qu ‘elle attendait l’occasion d’ouvrir son cœur car sans tarder elle commença à me raconter ses peines : « Tout a commencé le jour où, me décidant pour l’avortement, j’avais espéré résoudre les problèmes entre mon mari et moi… Au contraire, lui, mettant sur moi la faute du fils que je ne lui avais pas donné, partit avec une autre, me laissant avec un tas de problèmes avec nos deux filles adolescentes. Plus tard, une d’elles me confia qu’elle était enceinte ; son amoureux l’avait coincée : ou elle avortait, ou il la quittait. Je lui racontai ce que je n’avais jamais révélé et lui recommandai de ne pas nier la vie, comme je l’avais fait. Ce fut elle qui me consola en me voyant pleurer. Elle ajouta ensuite que, voyant ma souffrance, elle avait décidé de garder l’enfant. Et elle le fit. Son amoureux ne la quitta pas. Maintenant, ils vivent heureux avec ce petit garçon qui est aussi ma consolation ». (S.d.G. – Malte)

D’après Stefania Tanesini (extrait de : Il vangelo del Giorno, Città Nuova, anno VI, n° 1, janvier-février 2020)

Philippines : la Mariapolis Pace évacuée à cause de l’activité du volcan Taal

Philippines : la Mariapolis Pace évacuée à cause de l’activité du volcan Taal

La nouvelle de l’éruption du volcan Taal a fait le tour du monde. Elle a commencé le 12 janvier dernier à quelques kilomètres à peine de la Mariapolis Pace des Focolari à Tagaytay sur l’île philippine de Luzon. Grâce aux réseaux sociaux, les photos des maisons et des routes couvertes de cendres et de boue sont arrivées partout comme également les nouvelles de première main des très nombreuses personnes qui ces jours-ci sont en train de quitter la région touristique de Tagaytay, située à 60 km environ de la capitale Manille. Les autorités philippines ont sollicité l’évacuation totale d’environ 500.000 personnes suite à l’alerte diffusée par l’institut de vulcanologie et sismologie des Philippines (PHILVOLCS). On craint en effet une éruption explosive. « On dirait qu’on marche dans une ville fantôme – commente une fille sur Facebook, en décrivant Tagaytay, sa ville : tout est d’une seule couleur : le gris ; il n’y a plus d’électricité, plus d’eau et les secousses de tremblement de terre sont fréquentes ». A environ 30 km du volcan Taal, il y a aussi la Mariapolis Pace des Focolari ; elle est née en 1982 avec une vocation marquée au dialogue entre personnes de religions différentes et ce matin, nous avons rejoint Ding Dalisay et Chun Boc Tay, responsables des Focolari dans les Philippines afin d’avoir des nouvelles de ses habitants ; ils nous ont assuré que l’évacuation de ses habitants a été quasiment complète. « Presque toutes les focolarines sont parties ; les prêtres et les séminaristes ont été transférés dans le Séminaire de San Carlos et les 7 Gen – les jeunes des Focolari – sont maintenant à Manille. Les focolarini sont en partie dans leurs familles et quelques-uns sont restés dans leurs focolare respectifs, nos familles vont assez bien et quelques-unes se sont transférées. Nous distribuons de la nourriture et de l’eau à ceux qui en ont besoin et nous sommes en train de nous organiser pour accueillir les personnes évacuées si nécessaire. C’est difficile de communiquer car nous ne pouvons pas recharger les batteries des téléphones portables ni utiliser les ordinateurs. Hier, nous avons célébré la messe et mangé ensemble à la lumière des bougies. Nous essayons de mériter la présence de Jésus au milieu de nous ». Ding raconte ensuite l’extraordinaire résilience du peuple philippin, visible dans des gestes normaux qui deviennent héroïques dans des situations extrêmes comme celle-ci : « C’est incroyable, la créativité des personnes les plus pauvres qui, tout en ne possédant rien, invente des ressources impensables au service de celui qui est plus dans le besoin qu’eux. Nous avons vu un homme avec un handicap qui a mis au bord de la route, une petite table pour distribuer gratis des masques contre la suie ; ou bien le propriétaire d’un petit restaurant qui a écrit sur une pancarte : « Celui qui a besoin d’un repas peut entrer sans payer » ; ou un monsieur qui se propose pour nettoyer les voitures pleines de cendres avec une pompe à eau ». La communauté des Focolari de Tagaytay et des environs remercie toutes les personnes dans le monde pour les prières, les messages, les nombreux appels. Nous continuons à suivre la situation et à en donner des nouvelles surtout par le biais des réseaux sociaux du Mouvement des Focolari.

Stefania Tanesini

Stockholm (Suède) : Le focolare, espace de fraternité

Comment, dans son quotidien, se déroule, la vie d’un focolare ? Nous sommes allés à Stockholm, en Suède, où nous avons accompagné les focolarines chez elles, au travail et dans les diverses activités avec la communauté des Focolari. https://vimeo.com/378573247

Rétablir le dialogue entre les États-Unis et l’Iran

Le Mouvement Politique pour l’Unité et New Humanity encouragent la création d’un comité trilatéral de haut niveau entre les représentants spéciaux des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Iran, avec pour mandat de rétablir le dialogue entre les États-Unis et l’Iran. L’appel a été envoyé à Josep Borrell, (Haut Représentant de l’UE), Seyed Mohammad Ali Hosseini (Ambassadeur d’Iran à Rome) et Lewis M. Eisenberg (Ambassadeur des Etats-Unis à Rome). Voici le texte : Le Mouvement politique pour l’unité exprime sa grave préoccupation face à l’escalade du conflit entre l’Iran et les États-Unis. La politique internationale, avec ses institutions, mais aussi avec ses organisations non gouvernementales, a la responsabilité particulière de mettre son action au service de la paix et des droits des peuples. Seul le dialogue international et la diplomatie – celle résiduelle, celle qui suscite l’espérance contre toute espérance – peut encore prendre des initiatives dans la logique de la paix. C’est l’un des plus grands défis du XXIème siècle. Le chemin vers une solution doit exister et il nous est montré par les valeurs humaines et la docilité des cœurs. « Nous ne voyons plus le visage de l’homme : l’homme qui souffre, qui est limité, tourmenté et finalement massacré sur les champs de bataille », affirmait le député Igino Giordani, dans un vibrant discours au Parlement italien. Nous sommes appelés à voir, à redécouvrir le visage de l’homme pour dire non à la guerre, à tout acte de guerre. Mais pour parvenir à la paix, la diplomatie et la négociation sont indispensables, sans se lasser, car la guerre et le terrorisme sont la grande défaite de l’humanité. C’est pourquoi nous proposons et appelons à la création d’un comité trilatéral de haut niveau entre les représentants spéciaux des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Iran, avec pour mandat de rétablir un dialogue significatif et de parvenir, en fin de compte, à une solution pacifique du conflit. Mario Bruno                                                                                       Marco Desalvo Président – Mouvement Politique pour l’Unité                 Président – New Humanity NGO contact: Mario Bruno +39 334 998 0260 Texte pdf

Trente (Italie) : 7 décembre 1943 – 7 décembre 2019

76 ans après ce fameux 7 décembre 1943, Paolo Balduzzi nous emmène à Trente pour visiter certains lieux des premiers temps de Chiara et de la communauté des Focolari. Aujourd’hui, la ville où tout a commencé porte dans son tissu social et civil, des signes et des pratiques d’une mentalité de fraternité qui, de là, a atteint les extrémités du monde. https://vimeo.com/378573918

Un vrai capitaine Dernier adieu à Albert Dreston

Le 30 août 2019, par une journée ensoleillée de cette fin d’été, Albert Dreston nous a quittés après 52 ans passés à Loppiano (Italie), la cité-pilote internationale des Focolari où il il était professeur, théologien, focolarino et, depuis des générations, grand promoteur du football. Dès les premières années de sa vie son histoire est tout, sauf simple. Né en Rhénanie en 1939, il perd son père à l’âge de six ans pendant la Seconde Guerre mondiale. Malgré sa douleur, il fait sa première grande découverte de Dieu au milieu des larmes : « Soudain – dit-il – une force et une voix en moi, comme si Dieu me disait : ” Tu n’es pas orphelin, je suis ton père “. A partir de ce moment, mon père ne m’a plus jamais manqué, je ne me suis plus jamais senti seul. » Quand il était jeune, on avait dû lui enlever un rein et il semblait qu’il ne pourrait pas vivre longtemps. Mais, comme souvent, la disposition intérieure à tout quitter permet aussi le premier pas vers la révélation d’un grand “trésor”. C’est ainsi qu’en 1957, à Münster, lors d’une rencontre avec quelques focolarini, il est profondément touché par la présence de « Jésus au milieu, fruit de l’amour réciproque. » C’est alors qu’il oriente sa vie sur le chemin de l’Idéal de l’unité qui l’aidera à vivre ses épreuves et ses problèmes de santé un esprit nouveau. L’année suivante, Don Foresi et Chiara donnent leur accord pour qu’il entre au focolare et quelques années plus tard, c’est Don Foresi lui-même qui lui dit qu’une fois terminées ses études Bibliques, il ira enseigner à Loppiano, la première Mariapolis permanente. Nous sommes en 1967, Albert a 28 ans, sa santé physique s’améliore et à Loppiano le sport est considéré comme un élément essentiel pour la relation avec les autres, l’accueil et la connaissance mutuelle. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle étape commence pour ce jeune enseignant au milieu de jeunes en provenance du monde entier. Au cours de ses années au service de la cité-pilote, il n’a jamais cessé d’être un point de référence. Il enseignait en classe tout comme sur le terrain de sport, grâce à sa passion pour le football, à la clarté de ses cours et à son amour évangélique. On ne peut pas dire que c’était le champion du jeu raffiné, ni même un grand buteur. Il était plus que cela. Ces dernières années, âgé de plus de 75 ans, il arrivait qu’il n’ait pas envie de jouer, mais il était là, 30 minutes en avance, pour accueillir les joueurs et et les placer sur le terrain qui porte aujourd’hui son nom. Il avait assurément un charisme particulier, il était toujours dans les temps, capable au cours d’un seul match, d’ être le gardien du terrain, l’entraîneur, l’arbitre, le juge de touche, l’avant-centre et surtout le directeur sportif… car il fallait d’abord composer les équipes et il savait toujours trouver parmi les africains, les asiatiques ou les brésiliens deux bons défenseurs. Pour toutes ces raisons, à Loppiano, Albert Dreston incarnait le foot, c’était un vrai capitaine, parce qu’il était le coéquipier de tous, y compris de l’équipe adverse. Une authentique…”légende” à lui tout seul ! Prononcer son nom aujourd’hui, c’est ouvrir tout grand le livre des du Mouvement des Focolari, une histoire peuplée d’êtres chers, de vies précieuses. C’est s’attarder sur le chapitre d’un homme qui, sous les formes les plus diverses, a su offrir son temps pour aider les autres. Ces dernières années, on pouvait se demander s’il pourrait continuer à jouer au foot, si le temps n’était pas venu pour lui d’organiser une dernière partie d’adieu, de mettre ses chaussures au placard et de clore cette aventure en beauté. Certains se sont risqués à le lui suggérer délicatement. Naïves tentatives de notre part! Albert, avec son habituelle détermination d’outre-Rhin, nous a répondu : « Je passerai directement du terrain de sport au terrain sacré (cimetière).» Et, d’une certaine manière, c’est ce qui s’est passé. Il nous a dit adieu un vendredi. Comme d’habitude, tout à fait dans les temps : pour les dernières convocations la veille du match, pour composer les équipes et continuer à renvoyer la balle… au milieu des Champs Élysées. Bons matchs de foot au paradis, capitaine …. et merci !

Andrea Cardinali

Une année révolutionnaire

Chiara Lubich a affirmé à différentes reprises, que travailler pour établir des rapports de paix dans le monde est un fait révolutionnaire. Une nouvelle décennie s’ouvre, elle coïncide aussi avec le centenaire de la naissance de la fondatrice des Focolari. « Sais-tu qui sont les artisans de paix dont parle Jésus ? C’est ainsi que Chiara Lubich commence son commentaire à la Parole de Vie du mois de février 1981. Une question qu’elle adresse aussi à nous aujourd’hui plus que jamais, en cette Journée internationale de la paix. Celui qui œuvre pour la paix crée et établit des liens, aplanit les tensions – explique Chiara. Nous découvrirons ainsi que les occasions pour être de réels artisans de paix sont infinies. https://vimeo.com/333138318

Burkina Faso : En mission au pays des hommes intègres

Burkina Faso : En mission au pays des hommes intègres

Une des plus beaux aspects de notre travail à la rédaction de focolare.org est la relation avec les personnes et les communautés des Focolari dans le monde. A l’occasion de ces fêtes de Noël nous tenons à remercier ceux d’entre vous qui nous envoient des nouvelles, ils permettent ainsi à la vie du charisme de l’unité de devenir une inspiration pour beaucoup. Dans cet esprit, le courriel du Père Domenico De Martino, 36 ans, originaire de Naples (Italie), en mission actuellement au Burkina Faso, a été un vrai cadeau car il ouvre les portes à une portion du monde qui vit un moment difficile, où la paix, la dignité et la liberté religieuse sont sérieusement menacées, région à l’écart des radars des médias internationaux. Au cours des cinq dernières années, le Burkina Faso a été touché par la violence de groupes extrémistes qui ont causé la mort de centaines de personnes, par une vague d’enlèvements et par la fermeture de nombreuses écoles et églises. Cette violence a entraîné un déplacement massif et continu de populations des régions touchées vers la capitale et les grands centres urbains. Selon les dernières informations des Nations Unies, depuis le début d’octobre, 486 360 personnes déplacées à l’intérieur du pays ont été enregistrées, soit plus de deux fois qu’en juillet, et les chiffres n’arrêtent pas d’augmenter. Certains parlent même d’un million de personnes déplacées. Le père Domenico fait partie de la Communauté Missionnaire de Villaregia. Son premier contact avec les Focolari remonte à l’âge de 12 ans lorsqu’il lit pour la première fois la Parole de Vie, le commentaire mensuel aux Écritures dans l’esprit du charisme de l’unité, commencé par Chiara Lubich il y a plus de quarante ans. C’est en rendant aux missionnaires qu’il le trouve. « A 17 ans, j’ai écrit à Chiara Lubich pour lui demander de m’indiquer une parole de l’Évangile qui pourrait être une lumière pour ma vie et parce que je voulais partager avec elle mon parcours de la quête de ma vocation. Je garde précieusement sa réponse dans ma Bible et de temps en temps je la reprends. La parole qu’elle m’a donnée est : “Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure ” (Jn 14, 23). Une Parole exigeante et forte dont j’essaie de comprendre toujours plus le sens pour ma vie. En 2012, je suis ordonné prêtre après une année d’expérience au Pérou, à Lima ». Le père Domenico est en mission à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, depuis deux ans et s’implique dans des projets de promotion humaine. « Burkina Faso signifie littéralement ‘la terre des hommes intègres’. La famille et le sens de la communauté figurent parmi les valeurs du peuple burkinabé. Nous avons créé une école d’alphabétisation qui compte aujourd’hui 160 élèves ; la plupart sont des filles et des jeunes mères qui n’ont pas pu étudier. Nous avons également activé un projet pour les femmes qui ont lancé de petites activités productrices qui leur permettent de joindre les deux bouts : il y a beaucoup de candidatures et la sélection n’est pas toujours facile. L’Evangile et le désir de s’immerger dans ce peuple nous guident dans les choix. Ces derniers mois, les cours ont repris dans les écoles de la capitale ; on ne peut malheureusement pas en dire autant des autres régions du pays. Dans le nord, le nord-est et le nord-ouest du pays, de nombreuses écoles ont été incendiées par des groupes terroristes et, à la fin de l’année scolaire dernière, plusieurs enseignants ont été tués. Le procédé est toujours le même : les bandits ou les terroristes surgissent dans les villages, prennent tout – le bétail et les récoltes – vident les petites boutiques et cherchent ensuite les enseignants en leur disant que s’ils ne partent pas, ils seront les prochaines victimes à moins qu’ils n’enseignent l’arabe ou ce qu’ils appellent ‘la vraie religion’. J’ai eu l’occasion de parler à certains enseignants qui, malgré cette situation de crise, doivent se rendre à leur travail dans ces provinces car l’État ne peut pas leur permettre de cesser leurs activités, mais ils ont la peur au ventre. Même si notre région est calme, nous essayons d’être proches de nos gens, en partageant les peurs et les angoisses. En septembre dernier, lors d’une attaque à une base militaire, 40 soldats ont perdu la vie, dont 3 de nos jeunes paroissiens. Nous étions particulièrement proches de l’un d’eux, le fils aîné d’une famille que nous connaissons bien. Lorsque nous sommes allés les trouver pour leur présenter nos condoléances, face à sa veuve et à ses deux enfants détruits par la douleur, je n’ai pu donner de réponse au pourquoi de tant de haine et d’horreur. En croisant les yeux de Jean, le père du jeune homme tué, ses paroles me reviennent sans cesse : ‘Vous, les prêtres, vous êtes le signe de Dieu pour nous ; nous pouvons tout vous demander parce que vous nous donnez la parole de Dieu, sa consolation et sa volonté’ ; je n’ai pas pu faire autre chose que lui serrer la main, sans rien pouvoir lui dire, seulement lui faire sentir que Dieu leur est proche. Dans cette situation de grave instabilité, un signe d’espérance est la communion croissante entre les différentes Églises chrétiennes et les personnes d’autres religions, en particulier les musulmans, avec lesquels nous nous réunissons dans la prière et invoquons la paix de Dieu ». Un autre signe d’espoir que le père Domenico nous a partagé est le projet de soutien aux frais scolaires des enfants. A ce jour, 96 enfants en ont bénéficié. « Nous avons été choqués de constater que de nombreux enfants n’ont pas d’acte de naissance et qu’ils n’existent donc pas pour l’État et pour le monde. Les situations que nous rencontrons sont complexes et nécessitent un accompagnement sur plusieurs fronts. Il est beau de voir comment un projet réalisé en mettant Dieu au centre conduit à une compréhension et une gestion plus profonde car nous regardons la personne dans sa globalité. Nous nous organisons pour obtenir des certificats de naissance et cela nous permettra de rendre la dignité aux enfants de nos quartiers ». Entre les lignes, nous comprenons que le père Domenico pourrait nous partager encore beaucoup de choses et ses paroles pleines d’amour pour le peuple burkinabé nous rapprochent de cette terre. « La communion nous aide à être Église au vrai sens du terme, les pieds sur terre et les mains dans la pâte, pour tous les enfants de Dieu qui sont dans l’épreuve et dans le besoin », conclut le père Domenico.

Stefania Tanesini

Romaamor : servir les pauvres pour construire la fraternité

Romaamor : servir les pauvres pour construire la fraternité

Romaamor est une organisation à but non lucratif qui opère dans la capitale italienne depuis treize ans, récupérant les surplus ou les invendus de nourriture. Elle prépare 250 repas par jour pour les pauvres et travaille également à promouvoir leur insertion sociale. L’accumulation et le gaspillage sont des fléaux de notre temps et de nombreuses plaies de nos sociétés ; mais nous rencontrons aussi des personnes qui, en silence, recueillent la nourriture destinée à être jetée et la donnent aux plus pauvres. Elles ne le font pas seulement pour offrir de l’aide mais elles le font comme geste concret d’accompagnement vers un chemin de rédemption. C’est l’histoire de Dino Impagliazzo et de Romaamor (Rome-amour), l’organisation à but non lucratif qu’il a fondée dans la capitale en réponse à l’invitation de Chiara Lubich en 2000, lorsqu’elle reçut la citoyenneté d’honneur de Rome, où elle demanda de coopérer pour une « révolution d’amour » dans la ville. Depuis 13 ans, Romaamor offre 250 repas par jour aux sans-abri assis dans les gares de Tuscolana et Ostiense et sur la place Saint-Pierre. Et Dino, aujourd’hui âgé de 90 ans, éprouve chaque jour la même joie à se donner aux autres : « En aidant ces personnes, il y a parfois de grandes difficultés – explique-t-il – il faut se sacrifier, mais on ressent alors une grande joie d’avoir fait le bien. Le Christ nous a enseigné que l’essence du christianisme est aimer Dieu et le prochain ; Chiara Lubich nous invite à vivre pour la fraternité universelle : c’est le fondement de notre service aux pauvres ». Dino a reçu le Prix International de Carthage 2018 pour son engagement, parce que « son travail de sensibilisation et de formation restitue l’éthique à la ville et crée concrètement des alternatives valables qui redonnent une juste valeur aux personnes et aux choses ». Nous l’avons interrogé : Comment a commencé l’expérience Romaamor ? J’ai commencé seul, par hasard, en apportant un sandwich à un pauvre que j’avais rencontré à la gare, et peu à peu j’ai pensé à inclure le plus de gens possible. En commençant par ma femme, les personnes de mon immeuble et ceux du quartier. Nous avons toujours approché les pauvres en sachant que c’est mon frère qui est dans le prochain, qu’il soit riche, pauvre, en bonne santé ou malade, et quand mon frère est en difficulté, nous devons l’aider et le considérer comme tel. A l’occasion de la Journée de l’Alimentation 2019, le Pape a souligné la nécessité d’un retour à la sobriété dans nos modes de vie, pour entretenir une relation saine avec nous-mêmes, nos frères et la Création…. C’est un choix essentiel. Si tu es chrétien et si tu sais que chaque personne est ton frère, car Jésus te l’a dit, si tu vis non seulement pour toi-même mais en relation avec les autres et si tu sais que parmi nous il y a des personnes qui vont bien et d’autres qui sont malades, alors comment peux-tu penser autrement ? Ta disponibilité doit être toujours pleine et offerte avec joie. Face à la prédominance de la “culture du gaspillage”, vous qui choisissez de servir les pauvres, vous allez à contre-courant…. C’est important, mais nous ne nous contentons pas de ramasser les aliments sur le point d’être périmés, de les cuire et de les apporter aux personnes dans le besoin. Nous essayons d’entrer en contact avec eux pour faire quelque chose de plus que simplement les nourrir. Nous essayons d’adapter les repas aux personnes que nous aidons : les enfants, les personnes âgées, les femmes, les malades ont des besoins différents ; pour nos hôtes musulmans nous préparons des repas sans viande de porc. Notre objectif est aussi de promouvoir l’insertion : j’invite les bénévoles à essayer d’établir une relation étroite avec au moins certaines de ces personnes. En offrant le repas, je leur demande d’apporter deux plateaux, un pour le pauvre et un pour qu’ils puissent s’asseoir et manger avec lui. Quelle est la valeur du groupe ? C’est fondamental, nous faisons tout ensemble, en décidant du menu, de la cuisine, du partage des tâches. Un se renseigne s’il y a des malades, un autre s’occupe de ceux qui ont besoin d’être en contact avec les organismes publics, un encourage l’autre. Nous passons de nombreuses heures ensemble : nous commençons à cuisiner l’après-midi, nous finissons à vingt heures, nous sortons et nous restons deux heures dehors. Nous partageons tout, les joies et les difficultés. Y a-t-il des personnes que vous avez aidées qui sont devenues bénévoles ? Bien sûr ! Parmi les volontaires, un tiers sont des étrangers qui, par exemple, se trouvent dans les centres d’accueil et attendent d’être reconnus comme réfugiés politiques. Certains nous sont signalés par les juges pour faire des services sociaux, et enfin des séminaristes envoyés par les diocèses. Nous venons d’horizons différents, mais nous travaillons tous pour le même but. Pourquoi un jeune homme devrait-il venir à Romaamor ? Parmi les volontaires, il y a un flot de jeunes qui ne cesse de croître. Ils font cette expérience avec joie, ils sont heureux et ils essaient d’amener leurs amis.

Claudia Di Lorenzi

Travailler ensemble pour le bien de l’humanité

Travailler ensemble pour le bien de l’humanité

Signature d’un accord de partenariat entre la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) et New Humanity, l’ONG internationale du mouvement des Focolari. Objectif : continuer à travailler ensemble pour vaincre la faim dans le monde d’ici 2030. Un accord qui renforce une collaboration déjà en cours, un document qui confirme notre engagement commun à éradiquer la faim et la pauvreté de notre planète: c’est le sens du partenariat signé le 19 décembre dernier à Rome entre la FAO, la plus grande agence des Nations Unies s’occupant dédiée à l’alimentation et à l’agriculture, et New Humanity, l’ONG internationale du mouvement des Focolari. L’accord vise à promouvoir, en particulier auprès des nouvelles générations, des actions, des activités, des initiatives pour mettre en œuvre le projet Faim Zéro, conformément aux objectifs de l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable. «Merci pour le travail que vous avez déjà accompli avec nous en tant qu’Humanité Nouvelle en collaborant pour les Objectifs de Développement Durable (SDG), pour la Faim Zéro et pour l’avenir de la planète et du monde.» C’est par ces mots que Mme Yasmina Bouziane, Directrice du Bureau de la Communication institutionnelle de la FAO, a accueilli au siège de la FAO à Rome M. Marco Desalvo, Président de l’ONG New Humanity, ainsi qu’une petite délégation de jeunes du mouvement des Focolari. «Nous savons qu’il ne nous reste que 10 ans pour atteindre les objectifs. Ce que vous faites avec les jeunes de tous les horizons est extrêmement important, parce que les jeunes sont porteurs d’innovation, de changement, ce sont eux qui attendent l’ information, sans laquelle nous ne pouvons pas réaliser les actions concrètes que nous voulons faire.» «Ce que nous signons aujourd’hui – a-t-elle ajouté – est une nouvelle confirmation que ce n’est qu’en partenariat que nous pouvons aller de l’avant. Nous apprécions déjà beaucoup ce que le Mouvement des Focolari et Humanité nouvelle ont fait grâce à leurs initiatives, alors, ensemble, je pense que nous pouvons certainement aller de l’avant et soutenir vraiment les pays et la planète entière pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2030.» «Merci. Pour nous aussi, cette signature revêt une grande signification – a dit Marco Desalvo en parlant de l’accord – je pense aux milliers de jeunes qui travaillent déjà pour le projet Faim Zéro. Mais c’est aussi un nouvel engagement pour nous. Hier, j’ai pensé que Chiara Lubich, la fondatrice du mouvement des Focolari, avait commencé par aller voir ceux qui avaient faim, à Trente, avec l’idée de résoudre le problème social de la ville. Maintenant, nous sommes partout dans le monde et nous voulons continuer et atteindre ce but.» La collaboration entre la FAO et New Humanity a commencé depuis déjà quelque temps. En réponse à l’invitation de la FAO faite aux jeunes et aux juniors à s’engager particulièrement en faveur de Faim Zéro, de nombreuses initiatives ont été lancées. Un groupe de jeunes de 11 pays a élaboré la “Charte d’engagement” (http://www.teens4unity.org/cosa-facciamo/famezero/) des Juniors pour un Monde Uni vers Faim Zéro. Chaque année en mai, “La Semaine Monde Uni” et la course mondiale de relais “Run4Unity” sont également consacrées à sensibiliser et à agir en vue de Faim Zéro. La revue bimestrielle Teens offre une rubrique consacrée aux thématiques de Faim Zéro (https://www.cittanuova.it/riviste/9772499790212/).- En juin 2018, 630 jeunes filles (de 9 à 14 ans) du mouvement des Focolari (https://www.focolare.org/news/2018/06/26/prime-cittadine-famezero/) ont été accueillies au siège de la FAO à Rome. Grâce à leur engagement dans ce but, chacune d’elles a reçu un passeport et est devenue “première citoyenne Faim Zéro”. Récemment a été publié un livre (http://new-humanity.org/it/pdf/italiano/diritto-allo-sviluppo/214-new-humanity-e-fao-libro-generazione-fame-zero-ragazzi-in-cammino-verso-un-mondo-senza-fame/file.html) fruit de la collaboration entre la FAO et New Humanity pour les adolescents (12-14 ans), intitulé “Génération #FaimZero. Jeunes sur la route d’un monde sans faim”. Il propose, à partir d’un véritable témoignage, un nouveau mode de vie qui peut contribuer à un monde uni et, par conséquent, à vaincre la faim et la pauvreté. Un exemplaire a également été remis à Mme la Professeure Yasmina Bouziane: «Je vais garder précieusement ce livre, merci !» Elle a poursuivi en disant qu’en tant que jeunes et juniors, ils doivent évaluer ensemble quelles sont les priorités sur lesquelles ils veulent s’engager. Les jeunes présents ont expliqué que ces priorités seront également discutées lors des prochaines rencontres internationales de formation pour les nouvelles générations, à Trente au début de 2020 et lors des Chantiers Juniors pour l’Unité, au Kenya et en Côte d’Ivoire. «Notre engagement – a conclu Mme Bouziane – est de travailler avec vous sur vos priorités afin d’atteindre Faim Zéro, car notre priorité est d’atteindre cet objectif avec vous.»

Stefania Tanesini

Un événement presque scandaleux

Un événement presque scandaleux

Vœux de Noël de Maria Voce, présidente du Mouvement des Focolari Noël est pour nous tous qui le célébrons chaque année un moment très attendu, rempli d’émotions, de joie, d’échanges. Mais au milieu de cette atmosphère de Noël si joyeuse et festive, nous oublions souvent qu’à la base de cette fête il y a un événement mystérieux, je dirais presque scandaleux : le scandale d’un Dieu qui s’abaisse et devient homme, du Tout-Puissant qui devient un petit enfant, de l’Illimité qui entre dans les limites de la chair humaine. Et Dieu ne le fait pas seulement par solidarité, pour être proche de nous et partager notre existence. Il entre dans la condition humaine pour nous démontrer, avec notre langage, avec nos gestes, nos émotions, sa vie même : celle d’un Dieu ; une vie capable de réparer des fractures, de guérir des blessures, de reconstruire des relations. Il l’a fait il y a 2 000 ans et il veut le refaire aujourd’hui. Dans un mois, le 22 janvier, nous célébrerons le centenaire de la naissance de Chiara Lubich, la fondatrice de notre Mouvement des Focolari. Et à cette occasion, je ne peux manquer de rappeler le cœur de son message, de sa spiritualité, qui est la spiritualité de l’unité : la découverte que Jésus peut encore naître aujourd’hui, là où deux ou plusieurs personnes s’aiment « par un amour de service, de compréhension, de participation aux souffrances, aux poids, aux angoisses et aux joies de leurs frères, par un amour qui couvre tout, qui pardonne tout, cet amour typique du christianisme . » D’où la proposition de faire de nos rapports humains la crèche, le berceau, qui accueille Jésus parmi nous ; Jésus qui veut recomposer notre monde, aujourd’hui si fragmenté. Mon souhait, en ce Noël, est qu’il soit pour tous une fête de joie profonde, dans l’engagement à nous entraîner chaque jour afin d’attirer, par notre amour réciproque, la présence de Jésus parmi nous, lui permettant ainsi de transformer le monde.

Disparition du Grand Maître Ajahn Thong

Figure de premier plan du bouddhisme theravada thaïlandais, le Vénérable Phra Phrom Mongkol Vi s’est éteint le 12 décembre dernier à l’âge de 97 ans. A haut niveau, l’expérience de dialogue bouddhiste et chrétien entre lui et Chiara Lubich. Au milieu des années quatre-vingt-dix, grâce à Phramaha Thongratana, un moine qui avait eu l’occasion de rencontrer Jean-Paul II et de connaître le Mouvement des Focolari et Chiara Lubich , le Grand Maître avait passé une période dans la cité-pilote de Loppiano, avec son disciple, connu dans le milieu catholique aussi sous le nom de Luce Ardente. Après les premières rencontres que ceux-ci avaient eues avec la fondatrice des Focolari, était né le désir d’un dialogue entre bouddhisme et christianise en Thaïlande, qui, selon les mots du moine, devait être réalisé « doucement, avec une exquise charité, avec beaucoup d’amour et en s’en occupant avec le cœur ». Il ajoutait à cela une considération fondamentale pour le dialogue : « Ces deux termes – bouddhisme et christianisme – sont seulement deux mots […] le bien, l’amour, est ce qui unit tous les hommes de n’importe quelle ethnie, religion, langue et qui fait en sorte que tous puissent se retrouver et vivre ensemble ». De là, son engagement, décidé, et d’un certain côté, surprenant : « Jusqu’à mon dernier soupir, tant que je serai en vie, j’essaierai de construire des rapports vrais, et beaux avec tous les gens dans le monde ». Chiara Lubich confirmait ces sentiments avec une invitation qui est aussi prophétie : « Continuons à préparer la route en vivant selon la Lumière que nous avons reçue et beaucoup nous suivront ». C’est avec cette préparation que l’âgé et vénérable moine était arrivé dans la cité-pilote de Loppiano où il avait séjourné dans le Centre de spiritualité appelé Claritas, qui accueille régulièrement des religieux de différentes congrégations qui désirent vivre une expérience de communion des charismes. Deux moines theravada avec des franciscains, des salésiens, des jésuites, des dominicains et autres : une vraie prophétie. Le Vénérable Phra Phrom Mongkol avait été profondément touché par l’accueil reçu et, rencontrant Chiara Lubich, il avait commenté : « Le fait que tu aies invité des moines bouddhistes à venir ici, au milieu de ton peuple, est une chose très belle ». Tout cela n’était pas seulement une formalité ou de la gentillesse, même si ce sont des aspects typiques de la culture thaï. Il s’agissait des premiers pas d’une profonde expérience spirituelle dont les deux moines étaient bien conscients. Chiara avait confirmé son attente de cette première rencontre avec une attitude d’écoute visant à apprendre plutôt qu’à enseigner : « je suis contente de cette visite aussi pour apprendre quelque chose de beau . Quel est le cœur de votre enseignement ? » De là avait commencé un parcours imprévisible. Au début de l’année 1997, en effet, la leader catholique avait été invitée en Thaïlande par ces personnalités du monachisme bouddhiste et il ne s’agissait pas seulement d’une visite de courtoisie. Chiara fut invitée à adresser sa parole de témoignage chrétien à différents groupes de moines, moniales et laïcs bouddhistes, aussi bien à Bangkok que surtout, à Chiang Mai. C’est justement là, au Wat Rampoeng Temple que le Grand Maître l’introduisit avec ces surprenantes paroles : « Vous tous qui êtes mes disciples, vous vous demandez pourquoi la maman qui est une femme a été invitée. Je voudrais que vous, moines et séminaristes, vous oubliiez cette question et que vous ne pensiez pas qu’elle est une femme. Celui qui est sage, est en mesure d’indiquer la voie juste pour notre vie, qu’il soit homme ou femme, il mérite le respect. C’est comme lorsque nous sommes dans l’obscurité : si quelqu’un vient nous apporter une lampe pour nous guider, nous lui en sommes reconnaissants, et cela ne nous importe pas que cette personne, qui est venue nous apporter la lumière pour nous faire cheminer sur la juste voie, soit une femme ou un homme, un enfant ou un adulte ». En ces quelques mots, semble se condenser la grande sagesse de cet homme capable, avec d’autres, de cheminer sur la voie du dialogue sans crainte, en entraînant d’autres dans cette expérience prophétique. Chiara Lubich elle-même, touchée par cette ouverture et sensibilité, avait cueilli une présence supérieure dans ce rapport et s’était adressée au Grand Maître avec des paroles qui semblent être une prophétie : « Continuons à préparer la voie en vivant selon la Lumière que nous avons reçue et beaucoup nous suivront ». Et il en fut ainsi. Depuis 25 ans, cette expérience de dialogue continue et se développe. Dans la mort également, quelque chose semble rapprocher ce moine vieillard, issu de la millénaire tradition theravada avec la femme catholique fondatrice d’un mouvement ecclésial récent. Le 7 décembre en effet, à Trente, se sont ouverts les festivités pour le centenaire de la naissance de Chiara Lubich qui se concluront avec un événement interreligieux le 7 juin 2020. Le Vénérable Grand Maître avait exprimé le souhait d’être présent à cette occasion. Une amitié destinée maintenant à continuer dans l’éternité.

Roberto Catalano (Coresponsable pour le Dialogue Interreligieux du Mouvement des Focolari)

En conversation avec le Grand Maître Ajahn Thong, un service du Collegamento CH du 13 février 2016 https://vimeo.com/155689880

En Uruguay, on parie sur la paix

En Uruguay, on parie sur la paix

Depuis 15 ans, le Centre « Nueva Vida » des Focolari mène une action sociale importante de soutien aux plus jeunes et à leurs familles dans un quartier de la périphérie de Montevideo (Uruguay). Nous en parlons avec Luis Mayobre, directeur du centre. « Les jeunes sont le moteur de ‘Nueva Vida’ ; cette action sociale nous interpelle et nous stimule à ne pas perdre de vue ce qui est important, c’est-à-dire l’amour réciproque. Nous voudrions que cet amour soit la seule loi de notre centre ». C’est ainsi qu’a commencé Luis Mayobre, président du centre depuis presque le début, en 2004, lorsque l’archevêque de Montevideo a demandé aux Focolari de continuer à gérer un projet social lancé par une religieuse dans un quartier suburbain de la capitale uruguayenne. C’est ainsi que naît « Nueva Vida », dont les objectifs sont inscrits dans son appellation : donner l’espérance d’un nouveau départ à ceux qui franchissent les portes du centre qui fait partie de l’association CO.DE.SO (Communion pour le développement social créée par les Focolari) et collabore avec l’INAU, l’Institut de l’enfance et de l’adolescence, un organisme public qui gère les politiques liées à l’enfance et à l’adolescence en Uruguay. « L’année 2018 a été marquée par un climat de violence dans le ‘Barrio Borro’ – dit Mayobre – ; ce furent des mois d’angoisse. En raison de l’affrontement entre deux familles de narcotrafiquants rivaux, tout le monde risquait sa vie. Les personnes, ainsi que les éducateurs et le personnel de Nueva Vida, ont affronté avec courage les tirs incessants qui ont éclaté de jour comme de nuit. Nous avons dû doubler notre présence au centre parce que les familles nous le demandaient ; beaucoup d’entre elles avaient été cambriolées et leurs pauvres maisons étaient occupées par des narcotrafiquants ». Comment vous êtes-vous comporté dans un climat aussi hostile ? « Nous nous sommes tournés vers le ministre de l’Intérieur ; comme la réponse tardait à arriver, nous avons dû accueillir et protéger certaines familles que nous avons ensuite orientées vers les services de l’État qui leur ont donné de nouveaux logements. L’une de ces familles – deux de leurs enfants participent aux activités de la maison des jeunes – avait été menacée de mort. Notre coordonnatrice a contacté une autre fille, dont l’aide n’était pas prise pour acquise parce qu’elle avait une relation problématique avec ses parents. Tout s’est dénoué de la meilleure des façons car elle a fourni une partie d’un terrain de sa propriété pour la construction d’une nouvelle maison, plus digne et plus sûre. Je me souviens aussi d’un cas de violence familiale dont notre équipe a eu connaissance et qui a conduit à l’intervention des autorités pour protéger les enfants et la mère. Malgré les menaces et les insultes reçues, nous sommes allés de l’avant, en permettant à la famille de retrouver la paix et la sécurité ». Qui s’adresse au Centre et quels services offrez-vous ? « Nous réalisons trois projets : le CAIF, le Club des enfants et la Maison des jeunes. Dans ce climat de violence, nous nous sommes proposés d’être des bâtisseurs de paix, d’espérance et, surtout, de joie, pour vaincre la haine et la peur. L’environnement favorable qui a été créé a permis à 48 enfants de 2 à 3 ans et à 60 plus jeunes – de 0 à 2 ans – de participer à divers ateliers avec leurs mères. Nous avons également organisé des excursions éducatives pour créer des espaces de beauté et d’harmonie. Une expérience positive à laquelle ont également participé des familles dites “rivales”, dont les relations se sont considérablement améliorées ». Au Club des enfants, nous accueillons également 62 enfants en âge scolaire (de 6 à 11 ans). Nous nous engageons dans la lutte contre le décrochage scolaire et nous nous efforçons de faire en sorte que chaque enfant puisse accéder aux classes supérieures. Aujourd’hui, seulement 5 % des enfants abandonnent l’école, contre 36 % en 2004. Nous avons encouragé la tenue d’ateliers d’art, de musique et de loisirs pour sensibiliser les petits aux valeurs culturelles de la coexistence, à l’attention portée aux autres et à la ‘culture du don’. Nous nous sommes efforcés d’exclure la violence des styles de comportement. De plus, les cours de natation et les sorties favorisent l’apprentissage des soins corporels et de l’hygiène. Dans la Maison des jeunes, nous accueillons 52 jeunes âgés de 12 à 18 ans. Cette année, environ 95 % des jeunes participent à des activités qui se déroulent en dehors des heures de classe, un objectif que nous nous sommes fixé depuis le début. Parmi eux 6 fréquentent le lycée, un grand succès puisque dans le quartier la moyenne ne dépasse pas les premières années d’école. Nous organisons également des ateliers complémentaires à leur formation tels que la couture, la menuiserie et la communication. Toutes ces activités sont menées sur une base volontaire par des membres des Focolari ». Quelle relation le centre entretient-il avec les associations qui travaillent dans la région ? « Au fil des années, un réseau s’est constitué avec toutes les institutions travaillant dans le Borro avec lesquelles nous collaborons et nous nous entraidons. Nous participons aussi à la vie de la paroisse de la région, Notre-Dame de Guadalupe. Le curé et un prêtre nous rendent visite une fois par semaine. Des volontaires d’autres pays viennent aussi, comme cette année, Elisa Ranzi et Matteo Allione, des italiens qui ont laissé une marque profonde. Nous remercions toujours ceux qui nous aident. Leur collaboration est très importante pour soutenir une partie des activités que nous menons. Toute aide, aussi petite soit-elle, est précieuse».

Stefania Tanesini

Chiara Lubich et don Oreste Benzi. Les surprises de l’Esprit

Au cours du mois de novembre 2019, la clôture de la phase diocésaine des causes de béatification de Chiara Lubich et de don Oreste Benzi, fondateurs respectivement d’un Mouvement et d’une nouvelle communauté ecclésiale. C’est dans l’effervescence de ‘68, phénomène révolutionnaire du XXème siècle, qui intéresse des pays sous de nombreuses latitudes, que naissent, suscitées par des charismes, de nombreuses Communautés ecclésiales. Fondées par des laïcs, elles font irruption dans la vie de jeunes femmes et de jeunes hommes, elles mettent immédiatement des racines, elles bouleversent et se diffusent dans la société. Celles-ci aussi portent une révolution, mais évangélique, la prière à l’Esprit Saint, des Pères qui avaient participé au Conseil Œcuménique Vatican II, qui s’est terminé en 1965, se montrait sans se faire attendre. Dès les premiers instants du XXème siècle bourgeonnent déjà de nouvelles réalités charismatiques dans l’Église. Vers la moitié du siècle, donc vingt ans avant le Concile, naît le Mouvement des Focolari et apporte avec lui des nouveautés. : l’inspiration est « consignée » à une jeune fille de Trente, laïque, Chiara Lubich. Née en 1920, elle se caractérise par une foi généreuse et réalise son rêve de se donner à Dieu à l’aube du 7 décembre 1943, avec en toile de fond, la seconde guerre mondiale. La prédilection pour les pauvres, la vie communautaire soutenue par une spiritualité collective, qui s’appuie sur la Parole de Dieu, elle est le lieu où s’incarne le charisme de l’unité qui rapidement s’ouvrira au monde. Don Oreste Benzi naît en 1927 à Saint Clément, un village dans l’arrière-pays de la région de Rimini. Ordonné prêtre à l’âge de 24 ans, il se consacre aux adolescents. Faire « une rencontre sympathique avec le Christ », sera le leitmotiv de sa vie. Avec les adolescents, il passe les périodes estivales dans la Maison Marie des Sommets de Canazei, et là, en 1968, naîtra l’Association Pape Jean XXIII, qui prend vraiment l’engagement d’aimer le plus pauvre parmi les plus pauvres en étroite relation avec le Christ car : « seul celui qui sait rester à genoux peut rester debout à côté des pauvres » . Il accomplit des œuvres retenues irréalisables : du partage quotidien avec les marginaux à la lutte contre la traite des êtres humains. Chiara et don Benzi, deux personnes différentes : une femme et un homme, une laïque et un prêtre, une femme de la montagne et un homme des collines proches de la mer, tous deux fondateurs d’œuvres générées par un charisme, lumière qui s’insère dans l’histoire. Réalités inédites dans l’Église, ils proposent à nouveau l’annonce ancienne et nouvelle de Jésus, en impliquant celui qui y adhère dans un cheminement renouvelé de foi et d’humanité. Le témoignage éclatant de l’Évangile, ne s’arrête pas aux fondateurs, mais s’élargit aux membres. C’est aussi grâce à des Mouvements et des Communautés qu’à la fin du troisième millénaire, et après, la sainteté de peuple avance, en s’insérant dans le quotidien. Chiara trouve le sympathique slogan des six S, pour suivre Jésus : « Je serai saint si je suis saint tout de suite . » Variées, chez les Focolari, les causes de béatification en cours. Don Benzi, lorsqu’ arrive en 2004, le Décret ecclésial de reconnaissance définitive de son Association, affirme : « Un don inestimable » car, « les frères et les sœurs membres de la Communauté ( …) peuvent vivre heureux et sereins dans la certitude absolue que la vocation de la Communauté est voie sûre pour se sanctifier (…). » Dans l’Association Pape Jean XXIII a commencé la cause de béatification de la Servante de Dieu, Sandra Sabattini. C’est depuis le 2 octobre dernier que la nouvelle est arrivée : Sandra sera proclamée bienheureuse en l’an 2020. Parmi les derniers coups de fil de don Oreste, celui du 31 octobre 2007 au Centre international du Mouvement des Focolari, sa voix douce souhaite vivement informer Chiara de l’initiative que l’Association est en train d’organiser et si elle a l’intention de la soutenir. Malheureusement, il n’arrivera pas à temps pour entendre la réponse positive de Chiara : la nuit suivante, entre le premier et le deux novembre, il quittera cette terre. En 2008, le 14 mars, Chiara, elle aussi retournera à la maison du Père. Aujourd’hui, ce mois de novembre semble être le symbole de leurs deux parcours, distincts mais proches.

Lina Ciampi

Évangile vécu : une attente pleine de vie

Chaque petit acte d’amour, chaque gentillesse, chaque sourire transforme notre existence en une continue et féconde attente. Chorale d’enfants En préparation à la fête de Noël, nous sommes allés dans un hôpital avec un beau groupe d’enfants pour égayer Jésus présent dans les enfants hospitalisés avec nos chants. On ne nous a pas permis d’accéder à leur service, mais nous avons reçu l’autorisation de chanter dans le hall d’entrée de l’hôpital. C’était impressionnant de constater la métamorphose des visiteurs : ils entraient peut-être avec un visage sérieux et à peine voyaient-ils les enfants chanter, esquissaient-ils un sourire. Plusieurs sont aussi revenus avec les patients qu’ils étaient venus visiter. D’autres malades qui n’attendaient pas de visite, se sont faits porter dans le grand hall afin d’assister à la performance et beaucoup se sont unis à la chorale. Le personnel de l’hôpital s’est également réjoui de cette inhabituelle atmosphère. La direction de l’hôpital nous a déjà invités pour l’an prochain, en promettant de nous faire entrer aussi dans le service réservé aux enfants. (N.L. – Pays-Bas) En cuisine Chef-coq dans la cuisine d’un jardin d’enfants, je me donnais à fond dans mon travail. Un jour, alors que j’entendais une enseignante raconter que pour elle, chaque enfant est un trésor à protéger, je me suis rendu compte qu’en réalité, je ne pensais pas mettre de l’amour dans tout ce que je faisais. Maintenant, au contraire, considérer que chaque repas est un aliment de personnes qui un jour auront le monde en main, est devenu une véritable incitation à la fantaisie. Dans les repas, j’ai commencé à mettre l’une ou l’autre décoration imprévue, à arranger la nourriture d’une manière toujours nouvelle. La joie et la surprise des enfants m’ont confirmé qu’on ne sait pas ce qui peut naître d’un simple acte d’amour. (K.J. – Corée) L’incident Le travail au centre de désintoxication pour drogués était devenu aliénant. Prise dans le tourbillon des choses à faire, je ressentais toujours plus un sens de vide en moi et Dieu toujours plus loin. Un soir où il pleuvait des cordes, ma voiture s’est déportée, a heurté un mur et j’ai fini ma course sur la voie opposée. Lorsque je suis arrivée aux urgences, la vue d’un crucifix suspendu à un mur m’a donné du courage. Tandis que les médecins s’occupaient de moi, je ressentais une paix subtile, comme je ne sentais plus depuis longtemps. Fort heureusement, à part des blessures et des contusions pas trop importantes, il n’ y avait rien de grave, j’ai donc pu quitter l’hôpital mais j’ai dû rester au lit quelques semaines. Autour de mon lit où j’étais immobile, il y eut des allées et venues de personnes, des coups de téléphones et des cadeaux. Touchantes les visites répétées de mes toxicomanes : « Tu l’as échappé belle parce que tu fais beaucoup de bien ». Mes collègues de travail également me furent très proches : un lien solide s’était construit avec eux d’une façon évidente. Grâce à ce repos forcé, je retrouvai aussi le goût de la prière et je crus comprendre pourquoi Dieu ne m’avait pas prise avec Lui cette fois-ci. (Lucia – Italie) Vaisselle à laver Après une fête en paroisse, organisée pour donner un repas chaud aux SDF, je me suis retrouvé au beau milieu d’un désordre de détritus, de casseroles et de vaisselle à laver. En cuisine, le curé était déjà en train de laver la vaisselle, heureux de la soirée. Touché par une de ses phrases : « Tout est prière », je lui ai demandé : « Aussi faire la vaisselle ? »Et lui : « Le trésor le plus grand est d’arriver à comprendre que tout a une valeur immense car derrière cette casserole, il y a un prochain qui a besoin de moi ». A partir de ce moment- là, mon lourd travail de maçon, les enfants à accompagner au jardin d’enfants, le lampadaire à réparer… tout est devenu une occasion pour moi, de sublimer l’action et faire en sorte qu’elle devienne sacrée. (G.F. – Italie)

Stefania Tanesini (extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année V, n.6, novembre-décembre 2019)

Les migrations de la rive sud de la Région Méditerranéenne/2ème partie

Le phénomène des migrations forcées vers l’Europe reste un des sujets non résolus du débat entre les pays de l’UE. Trop divisés par des intérêts particuliers pour identifier une politique commune, inspirée par des principes de solidarité et de durabilité. Nous en avons parlé avec Pasquale Ferrara, ambassadeur italien à Alger. Selon l’UNHCR*, du premier janvier au 21 octobre 2019, ont débarqué par la mer sur les côtes européennes d’Italie, de Malte, de Chypre, d’Espagne et de Grèce, 75.522 migrants. A ceux-ci, s’ajoutent les 16.322 arrivés par voie terrestre en Grèce et en Espagne, pour un total de 91.844 personnes, dont 9.270 en Italie, 2.738 à Malte, 1.183 à Chypre, 25.191 en Espagne, 53.462 en Grèce, données qui suivent une tendance à la baisse, et classent la phase d’urgence mais ne suffisent pas à l’Europe pour engager un dialogue élargi et constructif sur le thème : la perspective de la création d’un système européen de gestion des flux est assez lointaine et en général, la confrontation au niveau institutionnel ne tient pas compte de la perspective des pays africains. A Alger, nous avons rejoint l’Ambassadeur italien, Pasquale Ferrra : 2ème Partie On dit depuis longtemps qu’il serait nécessaire de structurer une collaboration avec les pays du Nord de l’Afrique, mais aussi avec ceux de transit. Bonnes intentions mais peu de faits concrets… Pour passer aux faits concrets, il faut prendre acte de la réalité, du fait que les pays africains, surtout ceux du Nord, que nous considérons comme des pays de transit, sont eux-mêmes pays de destination de l’immigration. L’Égypte accueille plus de 200 mille réfugiés sur son propre territoire, alors que pour toute l’Europe, en 2018, sont arrivées à peine plus de 120 mille personnes. Les quelques centaines de migrants irréguliers qui arrivent de l’Algérie sont tous algériens, et non des subsahariens qui transitent par l’Algérie, car bien souvent, ces migrants restent ici. De plus, ces pays n’acceptent pas des programmes qui tendent à créer des « hotspot » (centres de récoltes) pour réfugiés subsahariens. Ici, le modèle de la Turquie ne fonctionne pas, à laquelle l’Union Européenne a donné 6 milliards d’euros, pour gérer des camps où accueillir plus de 4 millions de réfugiés syriens et non seulement. Avec la Turquie, l’opération fonctionna parce qu’il y avait la guerre en Syrie et pour les intérêts stratégiques de la Turquie. En Afrique, les phénomènes sont très différents, il faut trouver d’autres façons. Quelles pourraient être les formes de collaboration ? Des collaborations asymétriques ne servent pas mais bien des partenariats entre égaux. Nous devons considérer que nous ne sommes pas nous européens à être seuls à avoir le problème migratoire, il est donc nécessaire de respecter ces pays avec leurs exigences internes, aussi en matière de migration. C’est seulement ensuite que l’on peut rechercher ensemble à gérer le phénomène. Il existe par exemple déjà des accords de coopération entre l’Italie et l’Algérie qui remontent à l’an 2000 et à l’an 2009 et qui fonctionnent bien. Que prévoient-ils ? La gestion conjuguée du phénomène migratoire en termes de lutte contre l’exploitation et contre la traite des êtres humains, contre la criminalité trans-nationale qui utilise le phénomène pour se financer, avec le danger d’infiltrations terroristes. Il y a aussi des dispositions pour le rapatriement convenu, ordonné et digne des migrants irréguliers. On dit que les pays occidentaux doivent soutenir les pays africains afin de créer des conditions de vie meilleure telles que cela pourrait décourager les départs. Quand cette solution sera-t-elle mise en œuvre ? Dans les conditions actuelles de l’économie et de la culture politique internationale, je ne le vois guère possible et tout compte fait, peu efficace. En premier lieu, nous parlons déjà d’un milliard d’Africain : aucun « plan Marshall » européen ou mondial ne pourrait affronter de telles dimensions démographiques. Par ailleurs, l’Afrique est très diversifiée, il y a des pays en conditions de développement avancées : le Ghana a un taux d’innovations technologiques supérieur à plusieurs pays développés ; l’Angola est un pays très riche en ressources qui est en train d’essayer de réorganiser sa structure économique d’une manière plus participative. Nous avons des leaders, comme le néo- prix Nobel de la paix, le Premier Ministre de l’Éthiopie, Abiy Ahmed Ali qui a 42 ans et regarde vers les nouvelles générations. Il a déjà fait planter 350 millions d’arbres dans un programme de reforestation mondiale appelé « Trillion Tree Campaign ». L’Ouganda vit une phase de fort développement. Le problème plutôt, ce sont les disparités économiques, dramatiques et injustes, et là, l’Occident peut intervenir en aidant à améliorer la gouvernance de ces pays, pour qu’elle soit plus inclusive et participative. Mais souvenons-nous que ce sont les mêmes problèmes de polarisation socio-économique que nous avons en Europe : malheureusement, ; nous ne pouvons pas donner beaucoup de leçons dans ce domaine-là. Dans les réflexions sur le phénomène migratoire, au niveau institutionnel en premier lieu, il y a la dimension économique, alors que la dimension humaine est négligée. Que signifie mettre l’homme au centre du problème migratoire ? Derrière chaque migrant, il y a une histoire, une famille, un parcours accidenté, la fatigue de se procurer l’argent et peut-être des dettes avec des organisations criminelles. Certainement, nous ne pouvons accepter l’immigration irrégulière car tout doit se faire dans le respect des lois, mais donner de la valeur à la dimension humaine signifie tenir compte de ce passé et ne pas voir dans ces personnes des numéros qui arrivent à bord d’embarcations ou par voie terrestre. J’ai profondément été touché par l’histoire de ce garçon de 14 ans, originaire du Mali, avec un bulletin cousu à l’intérieur de sa veste, avec d’excellents points. C’est une histoire qui nous laisse sans voix. Et derrière, il y a une tragédie familiale, humaine, un tissu social lacéré. Je conseille le beau livre de Cristina Cattaneo, « Naufrages sans visages. Donner un nom aux victimes de la Méditerranée ». N’oublions pas non plus cependant les histoires de notre Marine militaire – en particulier celle du commandant Catia Pellegrino – qui a sauvé des milliers de naufragés. Personnes, visages, événements réels. *https://data2.unhcr.org/en/situations/mediterranean (Lisez la 1ère partie de l’interview)

D’après Claudia Di Lorenzi

L’histoire d’une décennie de lumière

L’histoire d’une décennie de lumière

Inauguration de l’exposition “Chiara Lubich Ville Monde” à Tonadico di Primiero « On ne peut pas comprendre Chiara sans la situer dans le contexte où elle a vécu. » C’est par ces mots que Jesús Morán, coprésident du Mouvement des Focolari, a conclu, le dimanche 8 décembre, les interventions de  la cérémonie d’inauguration de l’exposition dédiée à Chiara Lubich, au Palais Scopoli,  à Tonadico di Primiero, juste un jour après celle de Trente. « Pendant la guerre Chiara s’est beaucoup donnée à Trente, sa ville natale, mais c’est à Primiero, en 1949, que Dieu lui a donné la clé pour comprendre ce qu’elle était appelée à réaliser. Chiara a trouvé la lumière ici, dans les montagnes, mais il faut aller à Trente et dans chaque ville pour comprendre les conséquences de son charisme. » C’est ce lien profond qui unit les deux expositions : celle de Tonadico n’est pas une annexe de celle de Trente, mais l’histoire d’une décennie de lumière. La vallée du Primiero a exprimé sa reconnaissance  de diverses manières et à travers différentes voix : celle de la conseillère pour la culture, Francesca Franceschi, (« Primiero représente l’origine, la retraite où Chiara a trouvé des réponses à ses questions »), celle du maire adjoint Paolo Secco (« Notre tâche n’est pas seulement de garder vivant son souvenir, mais d’être une communauté qui répond aux inspirations idéales qui ont  animé Chiara »), celle du président de la Communauté du Primiero, Roberto Pradel, (« Chiara s’est consacrée au développement de relations humaines : que la semence qu’elle a jetée porte du fruit »). Giuseppe Ferrandi, directeur de la Fondation Musée Historique  du Trentin, a illustré le sens profond des deux expositions : “Pour la première fois notre Fondation a réalisé une exposition dédiée à une personne : nous l’avons fait parce que Chiara est une figure avec qui la région de Trente, mais pas seulement, doit composer. Le Trentin, qui l’ vue naître, doit découvrir chez Chiara la dimension d’un fort attachement  aux traditions vivantes, fruit de relations, mais sans s’arrêter à elles, pour s’ouvrir au monde afin de ne pas être stérile. Qui mieux que Chiara Lubich peut nous garantir cette capacité de relations dont le monde a besoin aujourd’hui ? Alba Sgariglia, co-responsable du Centre Chiara Lubich, a exprimé la gratitude de tout le Mouvement envers la Fondation : « Nous avons travaillé en tandem pour cette étape historique. D’ici, depuis ces montagnes, Chiara s’est projetée vers toute l’humanité : c’est la mission qu’elle a comprise ici. » Annamaria Rossi et Giuliano Ruzzier,  les commissaires de l’exposition avec Maurizio Gentilini, en ont souligné les caractéristiques : de grandes images, des citations et de brèves légendes défilent sur le Palazzo Scopoli, juste devant la baïta[1] où Chiara et quelques-unes de ses premières compagnes ont séjouné au cours de l’été 1949. Au rez-de-chaussée du palais, où sont conservés les restes des fresques de la chapelle de San Vittore, il y a quelques écrits et des souvenirs essentiels de cet été, ainsi que des vidéos sur les premières Mariapolis , qui, au fil des étés, jusqu’en 1959, se sont enrichies de personnes de différentes professions, cultures et origines. Sans oublier les “cités-pilotes” du Mouvement dans le monde, les Mariapolis permanentes, où aujourd’hui, tout comme alors dans le Primiero, on  témoigne et on expérimente que l’unité est possible.

Paolo Crepaz

[1] grange ou grenier (d’un chalet de montagne)

Schönstatt et les Focolari : une amitié grandissante

Schönstatt et les Focolari : une amitié grandissante

Le mercredi 20 novembre, les responsables de Schönstatt de différents pays européens ont visité le Centre International des Focolari à Rocca di Papa (Rome, Italie). Le mercredi 20 novembre, les responsables du Mouvement Schönstatt d’Autriche, de République Tchèque, d’Allemagne, de Grande-Bretagne, d’Italie, d’Espagne et de Suisse ont visité le Centre international des Focolari à Rocca di Papa. Le groupe était accompagné par le Père Heinrich Walter, ancien président du Présidium Général de Schönstatt. « Rencontrer Chiara » en visitant sa maison et en priant devant sa tombe était l’un des objectifs de cette visite. Un deuxième objectif des responsables de Schönstatt était d’entrer en dialogue avec les Focolari au sujet des changements sociaux et politiques en Europe, le rôle des Mouvements avec leurs charismes et le sens de la communion entre eux – surtout Ensemble pour l’Europe – dans le contexte des transformations ecclésiales, politiques et culturelles. La délégation a été accueillie au Centre des Focolari par le coprésident, Jesús Morán, et par divers conseillers. Pour mettre les charismes au service du continent et du dialogue, est apparue clairement la nécessité de réaliser des projets culturels qui soient le fruit de la spécificité de chacun, mais aussi de la communion entre tous. La rencontre et le dialogue vécus ont été qualifiés de cordiaux, précieux et fructueux par les représentants des deux mouvements. Ce n’était évidemment qu’une étape dans le long chemin de communion et de collaboration entre Schönstatt et les Focolari, qui a commencé en 1998, à la veille de la Pentecôte, sur la place Saint-Pierre à Rome. En outre, depuis 20 ans, c’est-à-dire depuis le début, Schönstatt fait également partie du réseau des mouvements et communautés qui composent l’initiative Ensemble pour l’Europe et le Père Heinrich Walter est membre à part entière de son comité directeur. Ces dernières années, des relations fraternelles se sont développées entre les Focolari et Schönstatt, mais pas seulement, toutes orientées vers l’unité entre les chrétiens, entre les différentes Églises et confessions ; une unité qui présuppose comme principe de base une réconciliation profonde et véritable, considérée comme un accès direct à l’unité, tout en maintenant la diversité nécessaire, source d’enrichissement et de complémentatrité réciproques. Le mouvement Schönstatt, doté d’un charisme pédagogique, a été fondé par le P. Josef Kentenich en 1914 à Schönstatt, près de Coblence, en Allemagne. Il est particulièrement présent en Europe, en Amérique et en Afrique et regroupe une vingtaine d’instituts séculiers, d’associations et de mouvements autonomes.

Severin Schmid

Évangile vécu : « Veillez-donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir ». (Mt 24,42)

Veiller: c’est une invitation à garder les yeux ouverts, à reconnaître les signes de la présence de Dieu dans l’Histoire, dans le quotidien et à aider les autres qui vivent dans les épreuves, à trouver la voie de la vie. Un autre fils Est-ce que j’étais prête à avoir d’autres enfants alors que j’en avais déjà trois ? A cette question d’une amie, j’ai répondu en racontant combien chaque enfant est un don unique et l’expérience de la maternité incomparable à aucune autre, parce que la joie qui accompagne une nouvelle naissance est un bien pour toute la famille, sans parler de l’aspect financier qui semble mystérieusement souligner que chaque fils est voulu par le Ciel. Après ma réponse, mon amie m’a confié être enceinte pour la seconde fois. Avec son mari, ils avaient pensé à l’avortement, car une nouvelle créature aurait compromis la situation financière de la famille. En partant, elle me disait : « Je me sens prête à une nouvelle maternité ». (P.A. – Italie) Faire confiance Nous avions un cousin qui « faisait main basse sur des objets » : lorsqu’il venait chez nous, de petits objets disparaissaient pour réapparaître chez notre oncle et notre tante. Délicatement, Maman signala la chose à cet oncle et à cette tante, mais ceux-ci réagirent comme s’ils étaient offensés et rompirent tout contact avec nous. Comme chrétiens, nous avons essayé de reconstruire le rapport et l’occasion se présenta lorsque le cousin, désormais adolescent, fut exclu de son école car on avait découvert qu’il volait ses camarades de classe. A ce moment-là, mon père fit la suggestion du nom d’un spécialiste à mon oncle et ma tante, spécialiste qui allait pouvoir les aider. Tout en étant honteux et en souffrance, l’oncle et la tante admirent que leur fils était cleptomane. Ma mère leur proposa de passer des vacances ensemble, et à nous, elle nous recommanda d’être généreux avec le cousin, en lui faisant confiance un maximum. Ce furent des journées belles et sereines. Lui aussi était heureux. L’accompagnement psychothérapeutique, aidé par des médicaments , fut utile pour toute la famille. Ma tante se confia un jour à nous : « Nous étions si orgueilleux de notre famille que nous nous sentions supérieurs. Nous étions malades d’orgueil ». (J.G. – Espagne) Justice et compréhension En tant que magistrat dans une localité à haute densité mafieuse, j’interrogeais depuis des heures un détenu qui en avait fait voir de toutes les couleurs. L’heure du dîner étant dépassée, on me demanda si je désirais manger. J’acceptai à condition qu’on apporte aussi quelque chose pour le détenu. Ce petit geste représenta pour lui un petit « choc ». Il n’y croyait presque pas. Une peur qui me tomba dessus de me retrouver tout-à-coup face au détenu en ce moment de pause, me suggérait de m’éloigner de lui. Mais puis une autre pensée : « Non, si je suis ici pour aimer ce prochain, je n’ai rien à craindre ». L’interrogatoire se poursuivit avec la même attitude vis-à-vis de lui : j’essayais de lui faire comprendre la gravité de ce qu’il avait fait, mais sans le juger, en lui parlant sereinement. Peu de temps après, une lettre de sa part me parvint. Une demande de réduction de peine ? Non, seulement une longue libération sur papier avec le récit des propres misères et la demande de compréhension. Étrange qu’il l’écrive à moi qui avais émis un jugement de condamnation en ce qui le concernait. Il avait évidemment cueilli quelque chose d’autre. (Elena – Italie)

Stefania Tanesini (extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année V, n.6, novembre-décembre 2019)

Centenaire : inauguration de l’exposition « Chiara Lubich, ville monde »

Ouverture à Trente des célébrations du 100ème anniversaire de la naissance de la fondatrice des Focolari. La Province autonome de Trente a décerné à Maria Voce le « Sceau de Saint Venceslas ». « Chiara Lubich, ville monde » est le titre de l’exposition qui a été inaugurée aujourd’hui, ce 7 décembre, aux « Galeries » de Trente. Cet événement a ouvert le Centenaire de la naissance de la fondatrice du mouvement des Focolari. L’exposition, placée sous le haut patronage du Président de la République italienne, est promue par la Fondation du Musée historique du Trentin en collaboration avec le Centre Chiara Lubich. Le directeur de la Fondation du Musée historique, Giuseppe Ferrandi, a introduit et coordonné les interventions de la journée d’ouverture qui ont esquissé le portrait de Chiara Lubich, cette personnalité de grande envergure, profondément enracinée dans la terre du Trentin, dans son histoire, sa culture et ses traditions, mais qui, par son charisme, a su parler un langage universel ; elle a traversé les frontières géographiques et culturelles pour apporter un message de paix et de fraternité. L’exposition propose un parcours interpellant et interactif qui accompagne le visiteur dans la découverte de Chiara Lubich, avec l’invitation à s’engager aujourd’hui pour continuer à rendre concrètes les valeurs qui ont marqué sa vie. La province autonome de Trente a voulu remettre à Maria Voce, la Présidente des Focolari, le « Sceau de saint Venceslas » dont la motivation est : « pour avoir su interpréter les valeurs d’unité et de paix par un engagement inlassable ». Maria Voce répond : « Je suis vraiment reconnaissante et émue par cette reconnaissance car elle souligne les valeurs de la personnalité de Chiara Lubich et des Focolari, je la reçois pour l’ensemble du Mouvement ». « Deux mots me viennent à l’esprit quand je pense à Chiara Lubich : charisme et prophétie », a dit Giorgio Postal, le Président de la Fondation du Musée historique du Trentin, lors de l’inauguration de l’exposition. « S’interroger sur Chiara Lubich et la situer dans l’histoire devient une manière de faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés, en tant que société et individus ». « Nous sommes fiers de participer à ce parcours, a déclaré le Président de la Province autonome de Trente, Maurizio Fugatti ; ce parcours nous permet de connaître et d’approfondir le grand message de Chiara Lubich, une figure exceptionnelle, une femme du Trentin, qui a réussi à porter son extraordinaire message de paix et d’unité dans le monde entier ». Monseigneur Lauro Tisi, archevêque de Trente, a invité en cette année chacun, et en particulier le mouvement des Focolari, à « faire connaître le Dieu de Chiara pour renverser le récit de Dieu, ce Dieu de la protection irrévocable de l’autre ». « De cette vision de Dieu amour, conclut-il, naît une vision positive de la création, de la nature, de l’homme et du corps ». Une invitation qui a été immédiatement accueillie par le coprésident du mouvement des Focolari, Jesús Morán, qui a rappelé la devise du centenaire « Célébrer pour rencontrer » Chiara Lubich, une femme qui « a incarné l’unité à 360° et qui nous a donné la carte de navigation pour le troisième millénaire ». « Ce centenaire sera une occasion extraordinaire pour découvrir la grandeur de Chiara », a dit le maire de Trente, Alessandro Andreatta. « Celle de la rencontre, du dialogue, de l’unité. Femme de foi, de service, d’espérance, celle qui est au cœur de l’Église et de l’humanité ». Et Lorenzo Dellai, ancien maire de Trente, qui en 1995 a remis à Chiara Lubich le sceau de la ville, a rappelé comment elle a exhorté les Trentins à être à la hauteur de l’âme de cette ville. « Je pense qu’aujourd’hui il y a un besoin toujours plus grand de ce charisme, de cette prophétie ». Le sénateur Stanislao Di Piazza, sous-secrétaire d’État au ministère du Travail et des Politiques sociales, a apporté le salut du Gouvernement italien : « Chiara était une personne qui aimait particulièrement l’Italie ». Il a rappelé qu’elle avait rencontré des hommes politiques de tous les partis pour mettre en avant la valeur de la fraternité, afin que nous puissions « créer un nouveau modèle politique ». Les représentants des expositions qui s’ouvriront dans le monde au cours de l’année, à Mexico, Sydney, Mumbai, Sao Paulo, Jérusalem, Alger et Nairobi, ont également salué les personnes présentes. Un projet qui a obtenu le patronage du Conseil de l’Europe. Les expositions reproduiront celle du Trentin, mais chacune aura sa propre particularité : de celle de Sao Paulo, où sera central le projet pour une Économie de communion lancé au Brésil par Chiara Lubich, à celle de Sidney, terre multiculturelle ; à celle de Jérusalem, ville qui a peut-être plus que toute autre besoin de paix et de fraternité, à celle de l’Inde représentée par le message de la consule italienne à Mumbai, Stefania Constanza. Etaient également présents à l’inauguration: Veronica Cimino, vice-maire régente de Rocca di Papa (Rome) et Francesca Franceschi, conseillère de la municipalité de Primiero San Martino di Castrozza, Alba Sgariglia et Joao Manoel Motta, co-responsables du Centre Chiara Lubich et les commissaires de l’exposition, Giuliano Ruzzier, Anna Maria Rossi et Maurizio Gentilini, ce dernier auteur de la récente biographie de la fondatrice des Focolari. De nombreux membres de la famille de Chiara Lubich étaient également présents à l’inauguration.

Anna Lisa Innocenti

_________ L’exposition des « Galeries » sera ouverte jusqu’au 7 décembre 2020 (du mardi au dimanche de 9h00 à 18h00) ; elle est traduite dans les principales langues européennes. L’entrée est gratuite. Outre les trois sections de l’exposition installées aux « Galeries » de Trente, une section distincte a été inaugurée le 8 décembre 2019 à 17h00 dans les salles du Palazzo Scopoli, à Tonadico, dans la commune de Primiero San Martino di Castrozza (Tn). Cette section est consacrée en particulier aux années 1949-1959 : de la profonde expérience spirituelle vécue par Chiara Lubich à Primiero en été 1949 à la mariapolis d’été qui s’y est déroulée jusqu’en 1959.

“Dieu”

« Donne-toi toute à moi » – 7 décembre 1943 Aujourd’hui s’ouvre le centenaire de la naissance de Chiara Lubich, qui sera célébré partout où se trouvent des personnes qui ont fait leur son “Idéal” – comme elle avait l’habitude de dire – d’unité et de fraternité universelle. “Célébrer pour rencontrer”, c’est sous cet intitulé que des événements très divers verront le jour tout au long de l’année 2020. “Célébrer” parce qu’on fera mémoire d’elle, mais ce sera pour donner à de nombreuses personnes l’occasion de connaître le message qui était le sien. Aujourd’hui dans les ”Gallerie” (Tunnels) de Trente, sa ville natale, aura lieu l’inauguration de l’exposition “Chiara Lubich Ville-Monde”, une création remarquable réalisée par la Fondation Musée historique du Trentin et le Centre Chiara Lubich (Rocca di Papa). Pourquoi le 7 décembre 2019 et non le 22 janvier 2020, jour de l’anniversaire de Chiara, ou le 14 mars, jour de sa naissance au Ciel (dies natalis) ? Tout simplement parce que le 7 décembre 1943, Silvia Lubich est devenue Chiara, si l’on peut dire ainsi. En effet, quelques jours plus tôt, sa mère avait demandé à ses deux sœurs d’aller chercher du lait dans une ferme voisine : comme elles hésitaient à quitter la maison à cause du froid, Silvia y alla à leur place. Pendant qu’elle accomplissait cet acte d’amour, elle perçut clairement un appel intérieur : « Donne-toi toute à moi. » De retour chez elle, Silvia avait envoyé une lettre enflammée au prêtre qui l’accompagnait et celui-ci, après un entretien approfondi, l’avait autorisée à se donner à Dieu pour toujours. Ainsi, le 7 décembre 1943, avant l’aube, lors d’une messe matinale célébrée pour l’occasion, Silvia avait, dans le plus grand secret – comme elle-même le dira -, “épousé Dieu”. Trente ans plus tard, elle écrit à ce sujet : « Imaginez une jeune fille amoureuse ; amoureuse de cet amour qui est le premier, le plus pur, qui n’est pas encore déclaré, mais qui commence à enflammer son âme. Avec une seule différence : la jeune fille qui est ainsi éprise sur cette terre a dans les yeux le visage de son bien-aimé ; mais elle, elle ne le voit pas, elle ne l’entend pas, ne le touche pas, ne sent pas son parfum avec les sens de ce corps, mais avec ceux de l’âme, par lesquels l’Amour est entré et l’a envahie tout entière. D’où une joie caractéristique, difficile à éprouver à nouveau dans la vie, joie secrète, sereine, exultante. » Silvia Lubich, selon l’état civil, avait été très frappée par la réponse donnée par Claire d’Assise à saint François qui lui avait demandé ce qu’elle voulait : « Dieu ! » Cette jeune fille d’Assise de dix-huit ans, belle et pleine d’espérances, avait su mettre tous les désirs de son cœur en ce seul Être digne de tout l’amour : « Dieu. » Avec cet exemple devant les yeux, Silvia avait transformé son nom en Chiara (Claire), parce qu’elle aussi éprouvait au-dedans d’elle les mêmes sentiments. Changer de nom, c’est comme acquérir une nouvelle identité. Ce changement, désiré d’abord en son cœur, se concrétisait le 7 décembre 1943. Ce matin-là, Silvia épousa Dieu et devint Chiara. Plus tard, le 7 décembre a été choisi comme date symbolique de la naissance du Mouvement des Focolari. Grâce à cet acte de donation totale, en fait, sa première pierre avait été posée. Des années plus tard, l’Église catholique donnera à cet édifice le nom d’ «Oeuvre de Marie ». C’est avec ce nom : « Dieu », que commença la divine aventure de Chiara et avec elle aussi celle du Mouvement des Focolari. « Dieu » résume tout ce que signifie le 7 décembre pour Chiara Lubich. Il n’y a donc assurément pas de meilleure date pour inaugurer l’année du centenaire de sa naissance.

Michel Vandeleene

Réécrire l’histoire de Chiara

De l’intervention d’Andrea Riccardi, fondateur de Saint Égide et ami personnel de Chiara, à la conférence de presse du 18 novembre dernier. A quelques jours de l’ouverture officielle du centenaire de Chiara Lubich, le 7 décembre prochain, nous proposons une grande partie de l’intervention d’Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Saint Égide, à la conférence de presse du 18 novembre dernier. Ami personnel de Chiara, collaborateur dans la construction du cheminement d’unité des mouvements dans l’Église, il offre une réflexion sur l’humanité et l’historicité de sa figure, encore beaucoup à découvrir. Il arrive que le temps réduise les grandes figures à des « images pieuses », les rende poussiéreuses ou les fasse tomber dans l’oubli. Chiara avait un cœur plein de Sainteté, mais elle n’était pas une image pieuse, elle était une femme vraie, une femme « volcanique », une femme de la région de Trente qui s’était ouverte au monde. Elle est partie de Trente pour aller dans le monde entier ; ce fut cela l’histoire de Chiara : de Trente, à Rome, au monde. Et c’est vrai ce qui a été dit : si tu vas dans de nombreuses parties du monde, inconnues, même en Afrique, tu trouves non seulement des filles et des fils de Chiara, mais tu sens le passage de Chiara et de sa pensée. Cent ans sont passés depuis sa naissance. Cent années, c’est beaucoup. Chiara est née en 1920, la même année que Jean Paul II, qui toujours lorsqu’il la voyait l’appelait : « ma contemporaine ». Tous deux ont été touchés par le drame de la Seconde Guerre Mondiale . A Trente, Chiara l’a très fort ressenti et a porté son Charisme à maturation – si je peux m’exprimer ainsi – au cœur de la seconde guerre mondiale, dans un monde profondément divisé et déchiré par la douleur de la guerre. Chiara, selon moi, est une figure importante aussi au-dehors de l’Église car elle n’a pas été seulement une figure interne à l’Église, même si elle était profondément ancrée dans l’Église, en unité avec celle-ci, mais toujours tendue vers le monde. Elle n’a pas été une chrétienne « de sacristie », mais elle a aimé et regardé le monde. Chiara a été un personnage historique. Dans une histoire du christianisme du 20ème siècle, faite en grande partie par les hommes qui ont laissé aux femmes un coin ou l’autre de mystique ou de l’une ou l’autre expérience de charité, Chiara a été une femme qui a fait l’histoire au monde entier : mystique, charité, mais aussi politique, changement de vie, passion. C’est ainsi que je l’ai connue. Elle avait une grande capacité de rapport personnel, d’amitié : elle avait le charisme de l’amitié, personne n’était le même que l’autre. C’était une femme qui rencontrait des milliers de personnes, et pourtant, pour elle, personne n’était égal à un autre. Elle avait ensuite une grande capacité : celle de communiquer une passion. Elle a été une femme passionnée, passionnée par l’unité du monde. L’Unité est ce qui aide à comprendre son existence et sa recherche de la paix, qui est aussi œcuménisme. Elle vécut une profonde sensibilité œcuménique – plus que beaucoup d’experts en œcuménisme – et je voudrais rappeler à ce propos – son rapport avec le Patriarche Athénagoras, dont j’ai parlé aussi dans un de mes livres. Il y a aussi une lettre que j’ai publiée, dans laquelle on affirme ceci : « on dit de la demoiselle Chiara Lubich, par le fait qu’elle est femme et qu’elle n’est pas théologienne, elle se passionne dès lors facilement… », mais aujourd’hui je voudrais dire que, justement parce qu’elle n’était pas théologienne et ayant été une femme, Chiara avait compris plus que les techniciens de l’œcuménisme. Unité, c’est aussi dialogue afin de rejoindre la paix. Chiara écrit « Les enfants de Dieu sont les enfants de l’amour, ils combattent avec une arme qui est la vie elle-même de l’homme ». C’est-à-dire, la vie en tant que don, et, à travers le don de la vie, on lutte pour changer le monde et pour changer les autres et réaliser cet idéal. Chiara a été consumée par la passion pour l’idéal. Et cela me semble, personnellement, un point fondamental sur lequel il faut revenir et réfléchir. Maria Voce a parlé du fait que nous sommes dans une époque de division. J’ajouterais que nous sommes aussi dans une époque de petites passions. Chiara peut aussi être impopulaire aujourd’hui, justement parce que nous pensons en termes de divisions et vivons de petites passions. Mais je crois que cette année que vous dédiez, que nous dédions, à rappeler et à faire revivre et rencontrer Chiara Lubich est aussi une année qui remet en question les modestes passions et la résignation à un monde divisé. Chiara écrit : « Espérons que le Seigneur compose un ordre nouveau dans le monde. Lui est le seul capable de faire de l’humanité, une famille, de cultiver ces distinctions entre les peuples pour que, dans la splendeur de chacun au service de l’autre, reluise l’unique lumière de vie qui, embellissant la patrie terrestre, fait de celle-ci une antichambre de la patrie éternelle ». Je pense que célébrer ce centenaire est un service à l’humanité et aussi à la pensée un peu aride de notre temps. Son contemporain Wojtyla écrivait : « le monde souffre, surtout pour le manque de vision ». Je crois que notre monde peut refleurir grâce à une vision qui est celle de Chiara Lubich. Une seule mise en garde : lorsque nous utilisons la parole célébration, nous devons faire attention. Maria parle à juste titre de rencontre. C’est une rencontre engageante et cette rencontre, chère Maria, doit aussi être histoire. Nous devons avoir le courage de réécrire l’histoire de Chiara Lubich à son époque, afin de mieux comprendre comment son action a changé l’histoire. Je pense par exemple à l’aventure d’envoyer des focolarini dans l’Est européen et combien cela a ainsi contribué aussi à la chute du mur. Chiara n’a pas choisi de se réfugier en Occident, en acceptant le mur. Et donc, je suis certain que cette année, qui s’ouvre aujourd’hui, fera grandir la figure de Chiara dans une nouvelle rencontre avec notre temps et ne la fera pas rapetisser.