Mouvement des Focolari
Faisons le point sur la fraternité

Faisons le point sur la fraternité

Roberto Catalano, du Centre pour le dialogue interreligieux des Focolari, nous offre une lecture du contexte, du parcours historique et géopolitique qui a accompagné la rédaction du document historique sur la Fraternité humaine pour la paix et la vie commune, co-signé par le Pape François et l’Imam d’al-Azhar, Ahamad al-Tayyib à Abu Dhabi, le 4 février dernier. La fraternité universelle est-elle encore un objectif prioritaire pour l’humanité ? Quelle valeur a-t-elle à une époque dominée par les empreintes digitales, les frontières personnelles et collectives toujours plus tranchées, les nouveaux protectionnismes économiques et ainsi de suite ? La déclaration d’Abu Dhabi signée par le pape François et l’imam d’al-Azhar remet la fraternité au centre de l’échiquier géopolitique et médiatique : le ton clair et concret du document-déclaration propose la fraternité comme un objectif pour toute la famille humaine et pas seulement pour les deux religions chrétienne et musulmane. Roberto Catalano nous explique le contexte et le parcours de cette étape fondatrice du dialogue pour la paix mondiale. Quelle est la valeur de la déclaration signée par le pape François et l’imam al-Tayyib à Abou Dhabi le 4 février dernier ? Le document sur la fraternité représente un jalon et propose un texte qui restera un paradigme de référence. Il est impossible de ne pas reconnaître sa valeur profondément novatrice. Une fois de plus, nous sommes confrontés à une « première absolue » de la part du Pape Bergoglio. Jamais auparavant dans l’histoire de l’Église un pape avait signé un document commun avec un dirigeant d’une autre religion. La signature s’est déroulée dans un contexte précis, caractérisé par des accolades, des discours, des déplacements, main dans la main, des dirigeants de l’Eglise catholique et d’al-Azhar. Le texte commun interpelle non seulement les chefs religieux et les experts, mais aussi tous les croyants et les habitants du monde. Roberto CatalanoLes Emirats Arabes sont représentatifs de ce monde globalisé : la péninsule arabique est le cœur de l’Islam mais elle compte aussi une présence croissante de travailleurs d’autres pays et cultures…. Abu Dhabi, capitale des Emirats Arabes Unis et lieu de la signature du document, est la dernier prolongement de la péninsule arabique. Tous ces Etats ont une signification importante tant sur l’échiquier de l’économie que sur celui de la géopolitique. En quelques décennies, la possession de pétrole a permis un progrès vertigineux grâce à une main d’œuvre provenant de pays comme les Philippines, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh. La péninsule arabique est le cœur de l’Islam mais elle est une véritable mosaïque musulmane. Le Royaume saoudien est dominant, l’image de l’Islam sunnite qui s’identifie au wahhabisme, qui soutient également le salafisme au niveau international. Face à tout cela, on assiste à un nouveau phénomène de communauté chrétienne. Alors que les Églises chrétiennes traditionnelles et apostoliques du Moyen-Orient vivent des moments dramatiques qui forcent souvent les chrétiens à fuir, la région des Émirats est peuplée par un nouveau christianisme, un véritable échantillon du christianisme d’aujourd’hui. La majorité des catholiques sont philippins et indiens mais proviennent aussi du Moyen-Orient. Nous sommes dans la période de la mondialisation et l’Église dans les Émirats est l’une des expressions les plus caractéristiques. Le 800ème anniversaire de la rencontre entre François d’Assise et le sultan Malik al-Kamil a été évoqué lors du récent voyage du pape François au Maroc. Ce pape semble avoir entrepris une sorte de « pèlerinage de paix »…. C’est vrai. Abu Dhabi s’insère dans cet anniversaire, comme le signe du souhait d’être « un frère qui cherche la paix avec ses frères  » pour « être des instruments de paix ». La déclaration du Concile Nostra Aetate déclare « qu’au cours des siècles, de nombreux désaccords et inimitiés sont apparus entre chrétiens et musulmans » et, par conséquent, le Concile les a exhorté « à oublier le passé et à exercer sincèrement la compréhension mutuelle ainsi qu’à défendre et promouvoir ensemble pour tous les hommes la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ». En 2006, à Ratisbonne, une citation de Benoît XVI avait provoqué un contentieux douloureux et complexe avec le monde musulman. Beaucoup avaient perçu la phrase citée par Ratzinger comme une offense au Coran même si elle faisait référence à la relation entre foi et raison et entre religion et violence. Une saison plutôt orageuse s’était ouverte durant laquelle l’Université d’al-Azhar avait interrompu ses contacts avec le Vatican. Dans les années qui suivirent, avec une grande patience diplomatique, les relations se sont rétablies, inspirées à la Evangelii Gaudium qui, après avoir défini le dialogue interreligieux comme un « devoir pour les chrétiens comme pour les autres communautés religieuses » (EG 250), avait affirmé la pertinence des relations entre chrétiens et musulmans. Enfin, en mai 2016, l’Imam al-Tayiib était au Vatican. Son commentaire à chaud était significatif : « Nous reprenons le chemin du dialogue et nous espérons qu’il sera meilleur de ce qu’il l’était auparavant ». La réponse au geste d’accueil de François n’a pas tardé à venir. En 2017, l’Imam a accueilli le Pape François au Caire, l’invitant à une Conférence internationale pour la paix. A cette occasion, le Pape, après avoir affirmé avec force que « seule la paix est sainte et qu’aucune violence ne peut être perpétrée au nom de Dieu car elle profanerait son Nom », a proposé trois orientations qui « peuvent aider au dialogue : le devoir d’identité, le courage de l’altérité et la sincérité des intentions ». Une profonde compréhension spirituelle entre les deux chefs religieux s’est progressivement développée.

Stefania Tanesini

Une oasis de paix pour les enfants-soldats

Une oasis de paix pour les enfants-soldats

En Colombie, une Fondation pour les enfants contraints à combattre ou à travailler dans les plantations de coca. ‘’Créer un lieu où les enfants pauvres puissent trouver de la dignité, puissent penser et réaliser leurs rêves et parcourir un chemin sur lequel ils puissent être formés à une mentalité de justice et de paix’’. C’est avec ces objectifs que Don Rito Julio Alvarez, prêtre du diocèse de Ventimiglia-Sanremo, a donné naissance en 2006, au cœur de la région du Catatumbo, au nord est de la Colombie, à la Fondation Oasis d’Amour et de Paix. logo ONG 2017Issue d’un des quartiers les plus pauvres de la région, où Don Rito est né et a vécu pendant vingt ans, l’ONG veut offrir une opportunité de réparer les dégâts causés à tant d’enfants qui dans le pays, ont été enrôlés parmi les milices de guerre et contraints à travailler dans les plantations de coca. Un but mûri par l’expérience personnelle de Don Rito, qui – lit-on sur le site de la Fondation http://www.oasisdeamorypaz.org/ – ‘’depuis tout petit, il a connu la guérilla, les groupes révolutionnaires illégaux qui passaient souvent par le village et essayaient de convaincre les plus petits à s’enrôler. Quelques-uns de ses copains, âgés aussi de 11 ou 12 ans, ont cédé aux chantages des révolutionnaires et sont morts tués dans les heurts avec l’armée régulière. Son ami d’enfance aussi est parti avec les groupes armés et a été tué à 14 ans. On n’a même pas retrouvé la trace de son corps, abandonné’’. Dans les années ‘90 – raconte-t-il – les paysans de la zone ont été dupés par le fait qu’en cultivant la Coca, ils auraient eu la vie changée, mais bien au contraire, cela a aggravé la situation. En ‘99 les paramilitaires entrèrent et il y eu de grands massacres’’. Devenu prêtre en 2000, de l’Italie, don Rito observe la souffrance de son peuple blessé par la guerre éclatée à cause du contrôle des plantations de coca, qui voyait s’opposer, les forces paramilitaires, les groupes armés pro-gouvernementaux et les guérilleros. Sur un territoire de 250.000 habitants, 13.000 environ furent tués en quelques années. Sa famille fut également obligée à évacuer et nombreux de ses amis furent tués. Bambini Sfruttati Coca Foap OngLe besoin d’aider ces gens était fort. Avec les membres de sa famille à Catatumbo, il décida de mettre sur pied une maison pour les enfants-soldats et pour ceux qui viennent des plantations de coca. ‘’Nous avons commencé en 2007 – se souvient-il – dans une petite cabane dans laquelle nous avons accueilli les premiers 10 adolescents. Nous n’avions pas un sou mais beaucoup de bonne volonté. Nous avons arrangé les lits, ma sœur jouait le rôle de maman et s’occupait de faire à manger. Ma maman m’a prêté les couverts, les assiettes, les casseroles et les couvertures. L’aventure a ainsi commencé’’. Aujourd’hui, la Fondation a deux centres, des projets qui concernent l’élevage de poissons et de bétail et des plantations de bananes et de café. Les jeunes qui sont accueillis sont des centaines : quelques-uns sont devenus eux-mêmes des formateurs et responsables de l’ONG. Un d’entre eux, qui avait parmi les membres de sa famille un narcotrafiquant, est engagé en politique. ‘’J’aime beaucoup voir à la Fondation, ces enfants que j’ai vu cueillir les feuilles de coca avec les mains blessées – c’est la pensée émue de don Rito – ici, ils grandissent et vivent dans un environnement de paix, se sentent en sécurité et peuvent penser à un futur différent. Tout cela me pousse à aller de l’avant sans craintes. La confiance dans le Seigneur me donne la certitude que cette œuvre pourra aller de l’avant’’.

Claudia Di Lorenzi

Éduquer, c’est rendre le monde meilleur

Éduquer, c’est rendre le monde meilleur

Amine Mohammed Sahnouni, jeune sociologue algérien, voit l’éducation comme un processus : « Nous devons donner plus de responsabilités aux enfants, leur faire confiance et les guider afin que leurs compétences de leadership se développent dès le plus jeune âge « .

« Les enfants sont le pilier de notre travail ; depuis toujours, nous nous consacrons à eux dans le but de les rendre forts parce qu’ils sont l’avenir ». A l’occasion de la conférence promue le 2 mars dernier en Italie par le Mouvement des Focolari sur le thème de l’éducation, Amine Mohammed Sahnouni, jeune sociologue algérien, parle de son engagement éducatif en faveur des jeunes : il faut partir d’eux pour construire un monde meilleur.

Amine AlgeriaAmine, tu as dit que pour obtenir des résultats, il est important d’avoir une vision, des objectifs à long terme, et de les partager si possible avec d’autres. Quelle est ta vision dans le domaine de l’éducation ?

Je crois que nous, les sociologues, nous sommes les médecins de la société et qu’en tant que tels, nous devrions aller sur le terrain et affronter les phénomènes sociaux de toutes sortes. Dans cette perspective, ma vision est de « rendre le monde meilleur », non seulement pour nous mais aussi pour les générations futures. Nous pouvons tous le faire, mais seulement si nous commençons à nous changer nous-mêmes, à partir aussi des petites choses.

Si nous voulons construire une société plus juste, il est essentiel de nous consacrer à la formation des jeunes. Quels sont les contenus, les compétences et les méthodes à proposer ?

Mes parents m’encouragent, me soutiennent et me guident constamment. Depuis mon enfance, ils m’ont donné le sens des responsabilités. Je me souviens encore des paroles de mon père : « Amine, rends-nous fiers de toi ». Il disait toujours de mettre « Allah », « Dieu » à la première place dans tout ce que je faisais : c’est alors seulement que je réussirais. Le premier pilier de l’éducation, à mon avis, est donc la famille. Il faut ensuite travailler les compétences : donner plus de responsabilités aux enfants, leur faire confiance et les guider pour qu’ils acquièrent des compétences en leadership dès leur plus jeune âge ; leur faire confiance, les soutenir et utiliser des paroles positives afin qu’ils puissent développer leur estime de soi, leurs désirs et leurs objectifs ; encourager les enfants à penser de manière critique et leur apprendre à partager leurs opinions avec les autres. Toutes ces compétences ne peuvent être acquises qu’en travaillant sur le terrain, notamment par le biais de programmes d’échanges où des jeunes de différents pays se rencontrent, et aussi en changeant la méthode d’enseignement traditionnelle pour rendre l’apprentissage facile et amusant.

Les chefs religieux, les institutions et les ONG demandent une attention particulière pour l’environnement mais leurs initiatives sont insuffisantes. On parle d’une nomination pour le prix Nobel de la Paix de la jeune Suédoise Greta Thunberg, promotrice des marches des jeunes pour le climat à travers l’Europe. Cela signifie-t-il que nous avons besoin de jeunes pour réveiller les adultes ?

J’admire beaucoup le courage et la détermination de cette jeune fille qui, bien que très jeune, est pleinement consciente des problèmes environnementaux, ce qui est très rare aujourd’hui, même chez les adultes. Cette grande « battante » envoie un message fort au monde. J’ai beaucoup de respect pour elle, nous devrions être inspirés par son exemple. Je crois que les grandes réalisations commencent par de petites choses.

Traverser l’Algérie en vélo, de sa frontière avec le Maroc jusqu’à celle avec la Tunisie, peut être un moyen pour encourager l’engagement pour l’environnement. Peux-tu nous dire comment cela s’est passé ?

Nous sommes un groupe d’amis ; nous débordons de passion et de motivation et notre désir est d’inspirer les jeunes. Depuis 2012, notre philosophie est la suivante : si t veux un changement durable, commence à te changer toi-même. Au fil du temps, nos objectifs ont grandi et nous avons décidé de relever le défi d’un nouveau projet : traverser l’Algérie d’est en ouest en 15 jours. Un projet né pour sensibiliser à la protection de l’environnement, promouvoir les valeurs de la citoyenneté, éduquer par le sport. Mes deux amis, Elhadi et Naim et moi, avons fait une vidéo sur notre projet et en seulement une semaine, la vidéo s’est répandue si vite que les gens ont commencé à nous contacter et à nous offrir leur aide. Même pendant le voyage – en août 2017 – nous avons reçu beaucoup de soutien et les résultats ont été incroyables : 2 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux et à la télévision ; nous avons collaboré avec plus de 15 associations, structures pour enfants et clubs pour cyclistes. Nous sentions qu’Allah, Dieu, était avec nous tous les jours et nous lui avons demandé courage, soutien et force pour accomplir la mission. Ce fut aussi une expérience spirituelle, nous avons reçu les prières des Algériens et le soutien de nos familles. En seulement deux semaines, nous avons lancé d’autres campagnes de sensibilisation et, après le projet, de nombreuses personnes ont suivi notre chemin.

Claudia Di Lorenzi

Mozambique : « Nous restons ici, décidés à aider ces personnes»

Fin mars, la Coordination État d’Urgence du Mouvement des Focolari a été activée pour venir en aide aux communautés touchées par les inondations dans le Sud-est africain, en particulier dans une mission à Dombe. Ildo Foppa, le responsable, nous a envoyé un message. « Ici, nous avons quatre maisons d’accueil, une école agricole et un centre de jour, qui ont été complètement submergés par l’eau. Nous avons tout perdu : meubles, papiers, animaux, tracteurs. Maintenant, nous sommes dans notre petit hôpital, qui a été épargné ainsi que l’église, la maison des moniales et le pensionnat. Nous nous occupons de 1 300 personnes hébergées dans deux écoles. Les nécessités sont nombreuses. Nous avons surtout besoin de tentes, de nourriture, de couvertures, de simples barques pour traverser la rivière. Autour de notre mission, beaucoup de gens sont morts, surtout des enfants. Ils sont beaucoup plus nombreux que ce qui a été communiqué. Lorsque le niveau de l’eau a baissé, on a retrouvé des corps suspendus aux arbres. Hier, j’ai rencontré dans la rue un jeune homme désespéré qui ne savait pas où aller, à la recherche de qui sait qui. Quand il m’a raconté son histoire, je n’ai pas pu me retenir, je l’ai pris avec moi et je l’ai emmené vivre avec nous  à la mission : « Il y a eu soudain la montée des eaux », – m’a-t-il dit- « J’ai pris mon fils de huit mois, ma femme et mes deux frères et nous nous sommes retrouvés sur un arbre. Tout à coup l’arbre est tombé et je les ai vus un à un entraînés par le courant. Je suis le seul rescapé, parce que je me suis accroché à un tronc d’arbre. Je suis resté 30 heures dans l’eau, à 5 km de chez moi. » Il s’appelle Silvestre et il a 22 ans. Des histoires comme celle-ci, nous en apprenons continuellement. Nous restons ici, décidés à aider ces gens qui ont déjà beaucoup souffert auparavant. Mais quelque chose me dit qu’un grand bien nous attend. Nous vous demandons de prier pour que nous ayons la santé et la force suffisantes pour avancer dans cette mission que Dieu nous a confiée. Je vous embrasse!                                                                                                                                                                                                                 Ildo Foppa                                                                                                                                                            Si vous le souhaitez, vous pouvez nous aider de la manière suivante : Action pour un Monde Uni ONLUS (AMU) IBAN : IT58 S050 1803 2000 0001 1204 344 Banca Popolare Etica BIC : CCRTIT2T Urgence Mozambique   Ou : Action pour Familles Nouvelles ONLUS (APN) IBAN : IT55 K033 5901 6001 0000 0001 060 presso Banca Prossima Code SWIFT/BIC: BCITITMX Urgence Mozambique  

Dans chaque pays, je me sentais chez moi

Silvio Daneo, décédé récemment, avait une connaissance approfondie du continent asiatique où il avait vécu pendant près de 30 ans et dont il parlait plusieurs langues, et il a apporté une contribution importante dans le domaine du dialogue interreligieux, pas seulement dans le mouvement des Focolari. Ces dernières années, il s’est engagé en faveur des personnes seules et marginalisées. Maintenant il repose au cimetière de Loppiano. « Il n’est pas facile de résumer en quelques lignes une vie intense et aventureuse comme la sienne. Dans son dernier livre, il affirme qu’il a vécu sept vies, découvrant continuellement la richesse de Dieu en chaque personne rencontrée». C’est avec ces mots que Maria Voce, présidente des Focolari, a rappelé le souvenir de Silvio Daneo qui, tout au long de sa vie, pour faire connaître la spiritualité de l’unité, a vécu dans de nombreux pays, de l’Amérique du Nord à l’Asie : USA, Philippines, Chine, Hong Kong, Macao, Taiwan, Inde, Thaïlande, Pakistan puis Singapour, Malaisie, Indonésie, Vietnam. En 1962, âgé de 21 ans, il effectue son premier voyage à destination des États-Unis et ouvre, avec deux autres focolarini, le premier centre masculin du Mouvement en Amérique du Nord. Quatre ans plus tard, il s’envole vers l’autre bout du monde et rejoint les Philippines en compagnie de Guido Mirti, connu dans le Mouvement sous le nom de Cengia. En Asie, au fil des ans, il contribuera à la naissance des communautés des Focolari dans de nombreux pays. Il avait un amour inconditionnel pour le peuple, sans idées arrêtées, soucieux des personnes et de leur bien : il aidait chacune avec un cœur généreux pour qu’elle puisse percevoir l’amour de Dieu à travers ses gestes quotidiens. Peu de discours et beaucoup de services concrets. Un jour, il accompagne un jeune homme du Mouvement dans un temple bouddhiste pour son ordination et dort par terre pendant des jours entiers, mangeant ce que les moines lui donnent, par des températures tropicales incroyables, piqué par les moustiques. Un épisode qui a marqué le début du dialogue interreligieux en Thaïlande. Silvio a apporté une contribution fondamentale à la connaissance des moines bouddhistes thaïlandais. En 1995, il organise la première rencontre entre le moine bouddhiste Phra Mahathongrattanathavorn et Chiara Lubich et il continuera à en suivre les développements tant que sa santé le lui permettra. Silvio connaissait des musulmans, des hindous, des parsis, des gourous et cherchait le bien des personnes en présence desquelles il se trouvait. Silvio m’a beaucoup apporté : je lui dois l’ouverture que je ressens envers les grandes religions et le fait de ne pas me sentir gêné en présence de personnes ayant des croyances différentes des miennes. « J’ai évoqué à plusieurs reprises – dit-il dans l’un de ses livres – que, dans chaque pays d’Asie où j’ai vécu et dont j’ai essayé d’assimiler la culture et les traditions, j’ai été enrichi par la connaissance des différentes traditions religieuses. J’ai eu de nombreuses occasions concrètes de rencontrer des personnes pratiquant les religions les plus diverses, et c’est à partir de leur témoignage de vie, de prière, de méditation, de cohérence, de dévouement aux autres, d’honnêteté dans leur travail quotidien, qu’est né en moi le besoin de connaître le contenu des doctrines enseignées par leurs religions respectives ». Ensemble, en 1990, nous avons travaillé avec succès à l’ouverture d’une ligne commerciale au Vietnam. Un jour, il nous a surpris quand, à Bangkok, nous l’avons vu en train de soigner les blessures de quelques ouvriers qui construisaient la route passant devant sa maison : à genoux, il désinfectait et pansait leurs plaies. Un geste impensable à cette époque et qui avait frappé ces simples travailleurs. Quelques jours plus tard, ceux-ci, de leur propre initiative, ont construit la rampe d’accès entre sa maison et la route sans accepter d’argent, à la grande surprise de tous. Silvio a rencontré des évêques, des prêtres, des imams, des rabbins et des moines, les saluant souvent dans la langue de leur pays, au grand étonnement de tous. « S’il venait à l’esprit de quelqu’un de faire mes éloges – écrivait Silvio Daneo dans l’introduction de son dernier livre – il commettrait involontairement une erreur. Je suis convaincu, du moins je l’espère, de n’avoir été qu’un instrument, souvent très peu docile. (…) Tout le mérite et la reconnaissance vont à Lui, Dieu, le seul capable d’accomplir de si grandes œuvres ». Au cours de ces dernières années passées à Rome, marqué par la maladie, il a suivi sa trajectoire en se dépensant pour les prisonniers, pour les gens seuls, abandonnés, en collectant des vivres et tout ce qui pouvait leur être utile. Il y a environ un an, lorsque je l’ai rencontré avec un groupe de moines bouddhistes thaïlandais, j’ai réalisé à quel point la maladie l’avait purifié. Il avait gardé son incomparable sourire et son visage lumineux, même si empreint de douleur. Parce que la vie, c’est aussi – pensai-je – savoir comment avancer jusqu’au bout en préservant ce qui compte, savoir comment transformer en amour, toujours plus intensément, toute la douleur qui vient à notre rencontre.

Luigi Butori

Le Pape François au Maroc

Le Pape François au Maroc

‘’A Dieu, il importe que nous soyons hommes et que nous vivions l’amour réciproque’’. Interview à Claude Gamble, pionnier des Focolari au Maroc. Après le voyage apostolique dans les Émirats Arabes, le voyage du Pape au Maroc a été une autre importante occasion, comme lui-même l’avait dit, ‘’afin de développer ultérieurement le dialogue interreligieux et la connaissance réciproque entre les fidèles des deux religions’’. Claude Gamble, qui a suivi dès la naissance, les premières communautés des Focolari dans le pays, nous offre quelques brefs flaches tirés de son expérience : Quels sont les défis à relever pour les chrétiens au Maroc ? Le défi à relever est celui de construire des ponts. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase d’extrémismes qui implique tout le monde, chrétiens et musulmans. Dans les quartiers pauvres, c’est très dangereux parce que les gens sont pris par des idéalismes qui les radicalisent. En allant à la messe à Tanger, avec un groupe de personnes qui partagent l’esprit des Focolari, il nous est arrivé plusieurs fois de voir des pierres lancées pour intimider, mais nous croyons dans la fraternité universelle et c’est cela que nous sommes appelés à témoigner. Peu à peu quelqu’un accepte cette amitié. En Algérie, où j’ai vécu, les exemples de fraternité sont nombreux : chaque fois que j’allais rendre visite à une famille, je me sentais à la maison. Ils étaient tous musulmans mais nous étions des frères. L’amitié est l’antidote à l’extrémisme. A Dieu, il importe que nous soyons hommes et que nous vivions l’amour réciproque. DSC 0113Que pouvons-nous nous attendre de ce voyage à la pointe du cheminement pour le dialogue ? Le dialogue n’est pas la recherche pour savoir qui a la vérité, parce que la vérité, Dieu seul la possède. Moi je pense que le Pape, en tant que représentant de l’Église catholique, peut montrer comment il vit sa manière d’être chrétien. Il s’agit donc d’un témoignage et cela, on ne peut le refuser. Surtout parce que lui vient dans la paix. La beauté de la mentalité arabe est l’accueil, ils accueilleront donc le Pape comme un frère qui leur est cher. La rencontre entre le Pape et le Roi est une invitation à vivre ensemble pour le bien de l’homme. Dans le Mouvement, nous parlons de dialogue mais aussi de ‘’communion’’. Vivre en communion signifie que je peux parler en tant que chrétien et toi en tant que musulman, et nous pouvons vivre ensemble en partageant nos expériences. Ceci peut se faire au niveau des relations personnelles ; non de peuples, car le dialogue est de l’ordre du ‘’toi à moi et de moi à toi’’. De quelle manière des personnes de fois et de convictions différentes peuvent-elles se sentir frères? Au niveau humain, il est nécessaire de valoriser ce qui est commun. Dans le Coran, toutes les sourates, mise à part une, commencent avec la phrase ‘’Au nom de Dieu, le Miséricordieux’’, et avec la parole miséricorde, un musulman se rapproche fort de ce que nous signifions par la parole amour. Donc avec les musulmans, nous pouvons partager la parole miséricorde, qui vient du terme rahma qui signifie le sein maternel, où il y a le berceau de la vie. Et Dieu, qui est miséricordieux, rappelle l’amour de la maman qui protège son enfant. La même chose vaut pour l’ hébreu rehem, qui a la même racine sémantique de rahma, et traduit les ‘’entrailles’’, ici aussi, de nouveau, le sein maternel. Et donc aussi pour le juif, la miséricorde de Dieu signifie que nous devons avoir un amour de maman pour les autres. Pour les athées, c’est la même chose : un athée qui croit dans l’homme, croit dans l’amour maternel pour l’autre. Il y a 800 ans , Saint François rencontrait le sultan al-Kãmil en signe de paix. Il envoya les premiers frères au Maroc. Depuis lors, la présence des franciscains dans le pays a toujours rencontré un grand respect. Au Maroc, les Frères Mineurs se laissaient mettre en prison pour donner du courage aux détenus dans les prisons. Deux d’entre eux ont été martyrisés. Récemment, le vicaire général de Tanger a retrouvé dans les bibliothèques espagnoles et marocaines, plus de 160 lettres écrites entre les franciscains et les sultans du Maroc, dans lesquelles les sultans expriment leur reconnaissance pour leur travail. Cela montre qu’il y a un profond respect pour l’Église Catholique. Le Roi a demandé le livre qui recueille les lettres afin de connaître cet antique rapport. En conclusion, quel terrain commun peut-il y avoir entre chrétiens et musulmans ? En commun, il y a Dieu. A celui qui me dit que nous n’avons pas le même Dieu, je réponds que ce n’est pas vrai. C’est comme une famille où il y a plusieurs enfants. Avec l’aîné, le père a peut-être été plus sévère afin de le corriger. Le dernier est peut-être le préféré. Si tu demandes aux deux comment est le père, le premier te dira qu’il en a peur, le dernier que c’est un amour de père. Et pourtant, c’est le même père vu sous des angles différents.

Claudia Di Lorenzi

Protection des mineurs : formation, prévention et tolérance zéro

A l’issue de la première rencontre internationale des responsables des Focolari pour la protection des mineurs, la Présidente Maria Voce et le Co-président Jesús Morán ont écrit une lettre à tous les membres du Mouvement concernant l’engagement des Focolari dans ce domaine. “Nous vous invitons tous à vous engager avec une grande responsabilité pour cet objectif si important qu’est la promotion du bien-être et la protection des mineurs”. Ce sont les paroles de la Présidente Maria Voce et du Co-président Jesús Morán, dans une lettre envoyée, le 27 mars dernier, à tous les membres des Focolari du monde entier, à la conclusion de la première rencontre internationale des responsables des Focolari pour la protection des mineurs (voir lettre jointe). Avec 162 participants de 38 pays de tous les continents, cette rencontre, qui s’est tenue du 14 au 17 mars à Castel Gandolfo (RM), a été l’occasion de faire le point sur l’engagement des Focolari pour le bien-être et la protection de chaque personne, engagement qui a toujours été présent dans le Mouvement comme en témoignent les nombreuses activités de formation, les initiatives et les projets réalisés à travers le monde pour la promotion de l’enfance et l’adolescence. Lignes directrices et commissions pour la protection des mineurs Depuis avril 2014, le Mouvement a également adopté des “Directives pour la promotion du bien-être et la protection des mineurs”  et, en 2015, une Commission centrale pour la promotion du bien-être et la protection des mineurs (CO.BE.TU.) a été créée. Dans le monde, des Commissions locales, composées de représentants qualifiés, ont été mises en place. Leur tâche est “de protéger, mais aussi de promouvoir les activités de formation des membres du Mouvement, en particulier ceux qui mènent des activités avec les enfants”. Les Commissions sont également chargées de recevoir les signalements d’abus présumés et de procéder à des vérifications internes. Maria Voce et Jesús Morán expliquent dans la lettre qu’il y a eu, ces dernières années, une vingtaine de signalements et ils déclarent : ˮNous devons avouer, avec une grande tristesse, que même dans notre grande famille des Focolari, il y a eu des cas d’abus sur des mineurs causés par des membres du Mouvement ou par des personnes qui ont participé à des manifestations que nous organisons. Il s’agit, pour la plupart, d’épisodes qui se sont produits il y a longtemps (parfois plus de 20 ans) mais, malheureusement, certains d’entre eux sont récents. Des membres consacrés ont aussi été impliqués”. La mise en place de la Commission centrale et des Commissions locales – affirment avec gratitude la Présidente et le Co-président- a permis non seulement de faciliter le signalement des cas d’abus présumés, mais aussi “de comprendre comment rendre justice aux victimes, comment les accompagner ainsi que leurs familles, et quelles mesures internes appliquer à l’égard des auteurs de ces abus, indépendamment, bien sûr, des procédures judiciaires prévues par les lois de leurs pays respectifs”. Tolérance zéro Maria Voce et Jesús Morán réaffirment la ligne de “tolérance zéro” du Mouvement des Focolari pour toute forme de violence, d’abus, de mauvais traitements ou de harcèlement, commis directement ou via Internet, envers toute personne, avec une attention particulière aux mineurs et aux adultes vulnérables. ˮCela signifie – expliquent-ils – signaler aux commissions locales ou à la Commission centrale tout soupçon d’abus ou de violence”. Ils considèrent que « penser ne pas signaler des cas pour le bien de notre Mouvement, pour éviter un scandale ou pour protéger la bonne réputation de quelqu’un, est une réelle tentation”. Ils ajoutent que ˮchaque cas signifie une profonde purification pour le Mouvement. Acceptons-la avec humilité et avec une grande compassion pour ceux qui – peut-être aussi à cause de notre manque d’attention – ont subi des traumatismes indescriptibles”. Un engagement global donc, qui ne se limite pas aux seuls membres des Focolari et qui, comme observent Maria Voce et Jesus Morán en conclusion de leur lettre, devrait s’ouvrir toujours plus à toute l’humanité. ˮNous ne pouvons pas ignorer le cri de douleur de tous les enfants et les adolescents du monde. (…) Cela fait partie de notre vocation d’aller à leur rencontre. Aussi, nous devrions être à l’avant-garde de la défense des personnes les plus faibles, partout où elles sont victimes de violence ou d’abus quels qu’ils soient”. Lettre Maria Voce et Jesús Morán -protection des mineurs.FR  

Europe : l’heure du dialogue

Europe : l’heure du dialogue

“Europe time to dialogue” est une initiative du Mouvement des Focolari, destinée à contribuer au débat dans la perspective des prochaines élections du Parlement européen. Le rendez-vous est sur Facebook. Le choix d’un réseau social comme Facebook est décisif : les derniers grands rendez-vous électoraux – nous disent les experts – ont été influencés par les incursions dans les réseaux sociaux de groupes intéressés par les résultats, souvent poussés par des visions incompatibles avec les principes de la démocratie. Les réseaux sociaux sont donc un territoire où il faut être présent, si l’on faire faire avancer le bien commun, la participation et la solidarité. WhatsApp Image 2019 02 05 at 19.27.13Avec la campagne Europe time to dialogue on exposera le bien-fondéd’une Europe plus fraternelle et plus soudée à une époque où, dans de nombreuses régions,semblent au contraire apparaître les nuages de nouveaux égoïsmes sociaux, de néo-souverainismes, de nationalismes. La culture de l’unité qui naît du charisme vécu par les membres du Mouvement des Focolari est au service d’une politique qui encourage la collaboration, le partage et les synergies. Par ailleurs, parmi les grands témoins d’une Europe unie, il y a aussi Chiara Lubich et Igino Giordani, qui ont toujours dit clairement qu’une Europe unie devrait promouvoir la paix mondiale et le partage à l’échelle planétaire. « Les États-Unis d’Europe pour les États-Unis du Monde » : ainsi, Giordani dès les années 1920 et Chiara Lubich, au cours des nombreuses occasions où elle s’est adressée aux hommes politiques du monde entier, ont clairement entrevu la vocation du Vieux Continent. C’est pourquoi la communication de Europe time to dialogue présente deux volets : un message qui nous vient de l’histoire et qui s’appuie sur certains textes concernant l’Europe unie et sa mission universelle, à travers des figures telles que Chiara Lubich, Igino Giordani, Pasquale Foresi, Alcide De Gasperi, Konrad Adenauer, Robert Schuman, Paul-Henri Spaak, Jean Monnet… et un commentaire actuel, sur la vision qui naît du message de ces grands témoins à la lecture des événements de notre temps. Pour nous suivre, il vous suffit de se connecter à Europe time to dialogue sur Facebook, d’apporter une contribution avec un commentaire, une réflexion, et partager des messages avec tous ses amis.

Alberto Lo Presti

Terre Sainte : Histoires de dialogue

Anna Maria, Jessica et Talat : un témoignage d’amitié entre fidèles des trois religions monothéistes. Quand les murs de la méfiance et des préjugés s’effondrent, on peut commencer à regarder l’avenir avec courage et à espérer. https://vimeo.com/319725857

Mgr. Vincenzo Zani : De nouvelles alliances pour de nouveaux défis éducatifs

Mgr. Vincenzo Zani : De nouvelles alliances pour de nouveaux défis éducatifs

Interview réalisée au secrétaire pour la Congrégation pour l’Éducation Catholique présent au congrès EduxEdu : ‘’Il faut reconstruire le pacte entre éducateur et éduqué’’. Il y a des questions qui ne trouvent pas de solutions définitives dans un monde en continuelle évolution. Il faut toujours garder le rythme, corriger, réinterpréter et surtout trouver le moyen de sortir des si nombreuses solitudes qui rongent celui qui s’occupe aujourd’hui d’éducation. Depuis toujours, mais particulièrement ces dernières années, l’Église a donné une grande importance à l’attention apportée à l’urgence éducative vue comme un des défis anthropologiques les plus courageux à relever de notre époque. Et à propos de ce défi, le Pape François continue à insister parce que c’est vraiment là qu’est le vulnus, le point le plus fragile, la cause des inégalités sociales croissantes, c’est un défi qui est trop souvent sous-évalué par la politique et donc écarté et isolé dans la totale indifférence. Mgr. Vincenzo Zani, Secrétaire de la Congrégation pour l’Éducation Catholique, en a parlé lors de la table ronde intitulée ‘’La vitalité des rêves : donner une âme à l’éducation’’, au congrès international qui s’est terminé depuis peu à Castel Gandolfo, ‘’Edu x Edu’’, ‘’S’éduquer pour éduquer – grandir ensemble dans la relation éducative’’. Le projet est né en 2016, et a vu la participation d’environ 400 éducateurs, jeunes, enseignants des Focolari, issus de différents pays. Un cartel de promoteurs, en plus du Mouvement des Focolari, a soutenu cette année l’initiative, comme l’université LUMSA, l’Institut Universitaire Sophia, l’AMU (Actions pour un Monde Uni asbl), EdC (Éducation et Unité) et AFN Actions Familles Nouvelles asbl). 53695255 2094043104010432 1517733862065569792 nL’intervention de Mgr. Zani a visé à analyser surtout la fracture entre les générations, une fracture entre les cultures, les valeurs, les idéaux, provoquée également par la révolution digitale, un potentiel extraordinaire mais qui bien souvent désoriente. L’avènement de l’ère de l’infosphère, les développements dans le domaine des technologies de l’information et de la communication sont en train de modifier les réponses à des questions fondamentales. Face à un tel scénario, quelle est la proposition du Pape François ? Si nous retournons un moment vers le passé, nous découvrons que l’éducation était une mission communautaire, un partage relationnel. Tisser un réseau, ouvrir un dialogue à 365 degrés entre tous les agents éducatifs est la clé qui peut relever ce défi. Éduquer ne signifie en effet pas rester accrochés aux propres sécurités, ni même s’abandonner uniquement aux défis, mais garder ensemble les valeurs, les propres visions et se mettre en rapport avec les autres réalités et une de ces dimensions est celle de la transcendance, du rapport avec Dieu, a souligné Mgr. Zani. L’invitation est celle de se mettre en rapport et en service avec les autres, proposer un savoir non du type sélectif, mais relationnel, qui tende à inclure, rétablir à part entière, les bases pour un ‘’pacte éducatif’’ qui laisse l’espace à la responsabilité éducative sociale afin de reconstruire harmoniquement la relation entre la famille, l’ école, les institutions éducatives et civiles ainsi que la culture. Il est donc nécessaire de refonder cette alliance pour être à la hauteur des défis que le Pape nous a lancés. 53164950 2094043034010439 1956683256338317312 nEt c’est justement afin de relancer l’engagement à reconstruire le pacte éducatif, que le Pape a chargé la Congrégation pour l’Éducation Catholique de promouvoir un événement mondial qui aura lieu le 4 octobre prochain à Rome. ‘’Il faut en effet, – a affirmé Mgr. Zani , accompagner les femmes et les hommes du troisième millénaire, mais surtout les jeunes, à découvrir le principe de fraternité qui est en toile de fond de l’entière réalité : principe rendu toujours plus évident par l’interdépendance planétaire et par le destin commun à toutes les créatures. Le Pape proposera une ‘’Magna carta’’ de principes et d’objectifs qui sera souscrite par lui-même et par un représentation de personnes influentes, expressions des différents mondes vitaux et institutionnels du monde, afin qu’elle devienne un engagement à assumer à tous les niveaux à travers des projets concrets dans le milieu éducatif. Reconstruire le pacte éducatif au niveau global, en éduquant à la fraternité universelle, signifie recomposer la trame des relations sociales souffrantes, abîmées par les égoïsmes individuels et par les avidités collectives, en misant au contraire sur le respect et sur l’amour envers l’autre pour transformer et améliorer la vie personnelle et sociale. Si nous voulons changer le monde – répète le Pape François – il faut changer l’éducation’’.

Patrizia Mazzola

Pathways: donner pour partager

Dans la famille ou au travail, partager ce que nous avons et ce que nous sommes peut aider à créer de nouvelles relations. Changement de cadeau Notre anniversaire de mariage approchait et, à notre insu, nos enfants s’affairaient à nous préparer une surprise. Je suis mariée depuis 46 ans et j’ai cinq enfants. Deux jours avant de célébrer notre anniversaire avec mon mari, nous avons reçu des billets pour un voyage : nos enfants nous avaient offert un séjour à l’hôtel. Nous étions radieux. Quelques minutes plus tard, le téléphone sonnait chez nous : c’était une dame que je connais qui, attristée, nous informait qu’une personne gravement malade avait besoin d’une opération urgente mais elle n’avait pas les moyens financiers pour la payer. Le montant nécessaire pour l’intervention correspondait précisément à celui des billets du voyage. Nous n’y avons pas réfléchi à deux fois : nous avons abandonné les vacances pour aider cette personne. L’opération a eu lieu le jour de notre anniversaire. L’opération s’est bien passée et cette personne va mieux maintenant. (A. – Angola) Sauver la clinique Je travaille dans l’administration d’une clinique et le bilan a été clôturé à perte durant ces dernières années. De grandes difficultés de dialogue existaient entre les directeurs jusqu’il y a peu, et malgré mes signaux d’alarme, personne n’envisageait la possibilité de revoir la gestion des comptes de la clinique. Un jour, j’ai compris que je ne pouvais plus me taire devant la mauvaise gestion et les honoraires exorbitants des différents professionnels qui travaillent pour nous. Je me suis d’accord avec une des associées avec qui j’ai une bonne relation de confiance et nous avons demandé une analyse des coûts et des entrées par un expert sérieux. Cette action a conduit à de petites améliorations ; après la précédente décision de fermer la clinique, mon chef a accordé une autre année d’essai. Le premier examen des comptes a révélé un excédent de personnel et il a été décidé de licencier une personne et d’en réduire une autre à temps partiel. J’ai proposé de réduire le nombre d’heures pour tout le monde plutôt que de perdre une personne. La proposition a été acceptée. Les problèmes sont encore nombreux mais j’essaie d’être disponible même chez moi pour écouter tout le monde, accepter les incertitudes et les craintes des collègues, surtout la peur de perdre leur emploi. (R. G. – Italie) J’ai commencé par mon immeuble « Un samedi après-midi, je suis descendu dans le hall de mon immeuble et j’ai soigneusement déposé sur une petite table tout ce que j’avais ramassé dans ma chambre à coucher », raconte G., 7 ans. Les jours précédents, en effet, G. avait soigneusement choisi des bandes dessinées, des revues et sa collection de coquillages pour installer un petit marché pour ses voisins. « J’ai aussi écrit une annonce – poursuit-il – en invitant les familles qui vivent dans mon immeuble à visiter mon stand et à faire des achats, m’offrant quelques minutes de leur temps précieux. Pendant environ deux heures, j’ai accueilli les gens et je leur ai expliqué que le produit de la vente servirait à aider certains enfants pauvres ». Plusieurs personnes ont acheté divers articles et la somme récoltée a été importante et est devenue une contribution à un projet de solidarité. (G.-Italie)

Mozambique : se préparer à la reconstruction

Certaines communautés des Focolari ont également été touchées par les inondations en Afrique du Sud-Est Ces derniers jours, de violentes inondations ont frappé le sud-est de l’Afrique, en particulier la partie centrale du Mozambique. Nous sommes en contact avec les membres du Mouvement des Focolari dans les régions de Beira et Chimoio. Certains d’entre eux gèrent une mission d’environ 500 personnes qui abrite un centre de récupération (Fazenda da Esperança), une école, deux collèges et un hôpital. En ce moment, toute la mission est submergée par l’eau et se retrouve isolée, sans eau potable, sans électricité et sans nourriture. Heureusement, il n’y a pas de morts, mais il y a plusieurs victimes dans la région. La Caritas et les autorités s’efforcent d’atteindre les zones reculées pour y apporter de la nourriture et des produits de première nécessité. Mais le plus grand défi viendra quand l’eau se retirera et, comme le dit Monseigneur Dalla Zuanna, évêque de Beira, « on devra commencer la reconstruction alors que les phares de l’urgence seront éteints ». C’est pourquoi la Coordination d’urgence du Mouvement des Focolari s’est employée à recueillir des contributions et à les utiliser pour aider la population sur place. Ceux qui souhaitent contribuer peuvent le faire de la manière suivante : Azione per un Mondo Unito ONLUS (AMU) IBAN: IT58 S050 1803 2000 0001 1204 344 Banca Popolare Etica BIC: CCRTIT2T Emergenza Mozambico Ou bien: Azione per Famiglie Nuove ONLUS (AFN) IBAN: IT55 K033 5901 6001 0000 0001 060 presso Banca Prossima Codice SWIFT/BIC: BCITITMX Emergenza Mozambico

Grandir avec ses enfants

Grandir avec ses enfants

Découvrir que son enfant souffre d’un trouble mental peut être un choc qui peut paralyser l’esprit et l’action des parents. Mais l’effort d’écouter, d’accompagner, de persévérer, de se donner, peut l’emporter. Vivre le handicap en grandissant ensemble. C’est la voie choisie par Natalija et Damijan Obadic, Slovènes, mariés depuis 14 ans, parents de quatre enfants. Le plus jeune, Lovro, a maintenant six ans et on lui a diagnostiqué il y a trois ans un déficit d’attention. Il ne semblait pas y avoir d’alternative aux médicaments et aux traitements standardisés. Au lieu de cela, le couple a fait l’expérience que la relation fait partie de la thérapie et renforce le traitement. Elle trouve même parfois des solutions originales. Mais aucun résultat n’est définitivement atteint, le parcours est un défi quotidien. L’union de la famille et l’union avec Dieu soutiennent le chemin. Natalija, comment avez-vous réagi à la nouvelle que votre fils souffre d’un déficit d’attention ? Les enfants porteurs de ce handicap que j’avais rencontrés dans mon travail d’éducatrice et leurs énormes problèmes ont défilé dans mon esprit. Ce jour-là, Damijan et moi avons réalisé que le plus grand acte d’amour que nous pouvions faire pour Lovro et pour nous tous était que l’un des deux laisse son travail. Nous avions une hypothèque et des salaires modestes, mais nous savions que pour aider correctement Lovro, nous devions lui consacrer beaucoup d’amour, de temps et d’énergie. C’était très douloureux, nous avions une grande incertitude mais nous étions certains que Dieu nous aimait et nous aurait soutenu. 738de167 4239 49ae 8658 dc83e81017ecQue vous apprend l’expérience avec Lovro ? Nous avons appris à l’écouter complètement. Quand tu lui donnes des instructions, tu dois vérifier qu’il les a comprises, tu dois le suivre dans chaque action et le faire revenir à ce qu’il doit faire, sinon il commence à jouer. Pour lui, accomplir une action est comme gravir le sommet d’une montagne inaccessible et il se rebelle pour ne pas le faire. Parfois, il entre en crise en criant de tous ses poumons. Il jette tout ce qu’il voit, il donne des coups de pied et des coups de poing. Ensuite, avec calme et gentillesse, tu dois trouver un moyen de le réorienter pour qu’il fasse ce qu’il devait faire. Nous avons appris qu’avec notre amour mutuel il est possible de l’aider et que l’amour pour lui nous guide pour comprendre ce qu’il faut faire pour Lovro. Comment faites-vous face aux difficultés quotidiennes ? Chaque jour, nous prions avec lui pour qu’il puisse faire face à ses difficultés. Il est conscient qu’il a un trouble et cela l’aide à y faire face. Avec seulement notre amour mutuel, nous réussissons à suivre les instructions des spécialistes. Nous avons compris que Lovro doit toujours ressentir notre amour inconditionnel. En lui parlant, nous essayons de trouver le moyen de nous améliorer chaque jour. Vos autres enfants sont également impliqués dans cette « attention spéciale » pour Lovro ? Quelle est la relation entre eux ? Avec les autres enfants, nous avons parlé de ce que nous devions faire pour lui, ce que nous pouvions prétendre et comment nous pouvions persévérer pour l’aider. Comme il s’agit d’une question très exigeante, nous avons décidé de diviser les jours de la semaine. Nous avons expliqué aux enfants qu’ils ne devaient pas s’apitoyer lorsqu’ils demandent à Lovro d’accomplir une tâche, parce que de cette façon ils l’aident à apprendre qu’il a des devoirs et qu’il doit les accomplir. Ils nous ont beaucoup aidés et après trois mois, nous avons vu les premiers résultats. Un soir, nous avons dit à Lovro de mettre son pyjama et de venir à table. Pour la première fois, il l’a fait seul, sans se distraire. Nous l’avons fêté !

Claudia Di Lorenzi

Évangile vécu: « Soyez miséricordieux comme votre Père »

Nous sommes enfants de Dieu et nous pouvons lui ressembler dans ce qui le caractérise : l’amour, l’acceptation, savoir attendre les temps de l’autre. A la  banque Je travaille dans une banque, et j’ai toujours essayé d’être un facteur d’union entre collègues, alors ça m’a fait beaucoup de peine de découvrir, un jour, que l’un d’eux m’a utilisé pour dévaloriser son responsable. Ce soir-là, à l’église, je me suis promis d’enlever de moi toute pensée négative à l’égard de ce collègue et de l’accueillir comme toujours. Plus tard, après avoir trouvé un autre emploi, il a annoncé sa démission et m’a salué en me remerciant d’avoir toujours  été un ami pour lui. Je ne m’y attendais pas, mais j’étais heureux de savoir que mes efforts n’avaient pas été vains. (F.S. – Suisse) Une foi plus mûre Jour après jour, mon mari perd sa mémoire et ses capacités, et je ne peux plus me baisser pour prendre quelque chose… mais c’est cela la vie ? En écoutant le Pape François parler aux jeunes des personnes âgées, j’ai retrouvé l’espoir et une nouvelle force pour affronter les difficultés de la vieillesse et de la maladie. J’avais toujours refusé la foi comme remède à tous les maux, il m’a fallu toute une vie pour parvenir à une foi plus mûre. (F.Z. – Pologne) Deux précieuses heures Aujourd’hui, c’était mon tour de bénévolat à l’hôpital, mais il pleuvait et j’étais fatiguée : après tout, j’ai 62 ans et je souffre d’arthrose. Mais en pensant à ces malades, j’y suis allée quand même. Arrivée à l’hôpital, j’ai trouvé un patient déprimé, nu, paralysé et personne pour s’occuper de lui. J’ai passé deux heures avec lui, essayant de lui donner tout ce dont j’étais capable. Et dire qu’hier soir, en faisant le point sur la journée, je m’étais sentie inutile ! (M. – Italie) Toute seule Quand mon mari est mort, après seulement quatre ans de mariage, je me suis demandé : comment pourrai-je élever mes filles toute seule ? J’ai trouvé la réponse dans la Parole de Dieu, qui est le Père de tous. Il me suffisait de réussir à la mettre en pratique. J’en ai fait l’expérience à maintes reprises, surtout lorsque les problèmes sont devenus plus complexes au fur et à mesure qu’elles grandissaient : choix du type d’école,  amitiés, loisirs… Parfois je ressens la même tristesse que beaucoup de personnes, seules comme moi pour élever leurs enfants : c’est alors qu’en croyant toujours plus à l’amour de Dieu, je trouve l’équilibre, la possibilité de reprendre le dialogue avec mes filles, même sur les questions les plus délicates. (I.C. – Italie)  

Éducateur, métier et vocation

Histoire de Marco Bertolini, éducateur en santé publique dans la périphérie de Rome (Italie) :’’Les éducateurs aussi ont à apprendre des personnes éduquées et il est possible de transformer les difficultés en opportunités’’. Diagnostiquée lorsqu’il était très jeune, la poliomyélite n’a pas été pour Marco, une prison de laquelle crier sa rage au monde, mais une occasion pour cueillir la richesse de sa vie et la potentialité que sa ‘’condition’’ cachait. Pour ensuite aider en tant qu’adulte, beaucoup de jeunes ‘’difficiles’’ , à découvrir la propre beauté et la dignité d’ être avant tout une personne. Décisive fut pour lui, la rencontre avec les jeunes du Mouvement des Focolari. A 59 ans, aujourd’hui Marco Bertolini – marié et père de deux enfants – travaille comme éducateur en santé publique dans un village à la périphérie de Rome. Nous l’avons rejoint lors du récent congrès sur l’éducation ‘’EduxEdu’’, qui s’est tenu au Centre Mariapolis de Castel Gandolfo (Italie) : Marco, ton histoire parle d’une difficulté initiale transformée en opportunité. Qu’est-ce qui l’a menée à cette maturation ? Déjà enfant, j’ai eu la claire perception de ma différence physique. Alors que mes sœurs et mes amis vivaient en famille, moi, j’étais dans un collège. Cela a fait grandir en moi une rage vis-à-vis de ceux que j’estimais être plus chanceux que moi. C’est ainsi que je cherchais la confrontation, je mettais les miens à l’épreuve pour voir s’ils m’aimaient. Puis à l’âge de vingt ans, le tournant dans ma vie. J’étais à la recherche d’un sens à donner à ma vie lorsque je rencontrai les jeunes des Focolari qui vivaient l’Évangile, ils étaient unis et se respectaient. Moi dans mon village, à la périphérie de Rome, j’en combinais des vertes et des pas mûres et ma réputation n’était pas fameuse, mais eux, m’acceptaient comme j’étais. Ils me faisaient sentir que j’étais une personne et ne regardaient pas mes défauts. Ils m’expliquaient qu’ils essayaient d’aimer le prochain, comme c’est écrit dans l’Évangile. Moi j’étais incrédule, je pensais que l’Évangile est une belle chose mais que dans la vie, il faut jouer des coudes. Et au contraire, petit à petit, ils m’ont montré que vivre l’Évangile est possible et peut changer la vie. Comment es-tu devenu éducateur ? Au départ, j’ai étudié la théologie. J’ai découvert le rapport avec Dieu et me suis demandé si ma vocation n’était pas le sacerdoce. C’est ainsi que je suis entré au séminaire en m’engageant dans différents services. A Rome, je collaborais avec Caritas et au centre d’écoute, je m’occupais surtout des clochards : là je compris que ma vocation était l ‘engagement social. Les personnes que j’avais le plus à cœur étaient les jeunes. Je voulais partager avec eux le cadeau que j’avais reçu en rencontrant les jeunes du Mouvement, pour qu’eux aussi puissent découvrir la valeur profonde de la vie. Je suis donc sorti du séminaire et j’ai commencé à étudier comme assistant social et éducateur. Lorsqu’on approche les ‘’jeunes difficiles’’, on pense tout au moins les ‘’maîtriser’’. Mais cueillir la ‘’blessure’’ qu’ils portent à l’intérieur d’eux-mêmes représente un défi difficile : comment les affronter ? Les jeunes n’ont pas à être ‘’maîtrisés’’ mais écoutés et compris. L’approche que j’utilise est celle que Dieu a eue avec moi : il m’a accepté comme j’étais. Et donc avant tout, je les accueille ainsi, tels qu’ils sont, avec leur langage, sans rien vouloir changer en eux, mais en leur faisant comprendre qu’il y a quelqu’un qui les aime. Je pars de mon expérience avec Dieu et de leurs émotions. Les jeunes sont aidés en leur faisant des propositions de vie différentes. En quelque sorte, c’est un peu comme instaurer avec eux un ‘’pacte éducatif’’. Veux-tu nous raconter une expérience à ce propos ? Cela fait plusieurs années que je fais partie d’une équipe qui organise un camp de travail, appelé ‘’stop’n’go’’, où aux adolescents est donnée une opportunité formative, à la lumière de l’idéal de l’unité. Je me souviens d’une maman célibataire de 19 ans, avec une histoire douloureuse, qui alternait des attitudes adultes et infantiles. Nous nous demandions si son insertion allait être profitable pour elle et pour les autres. Nous décidâmes de faire un pacte avec elle : elle pouvait sortir du camp de travail à tour de rôle avec un de nous, adultes, et en échange, nous lui demandions le respect des règles du camp et la participation aux activités. Elle accepta et ce fut une course dans l’équipe pour qu’elle se sente aimée, acceptée et jamais jugée. J’expérimentai là que les éducateurs ont aussi à apprendre des personnes éduquées et qu’il est possible de transformer une difficulté en opportunité.

Claudia Di Lorenzi

Pathways : parcours pour un monde uni

Pathways : parcours pour un monde uni

Six thématiques pour six ans, un cheminement d’approfondissement qui part du milieu de l’économie, de la communion du travail. Le monde uni, un objectif engageant mais non utopique, que l’on peut rejoindre si on agit sur de nombreux et différents fronts. Les nouvelles générations des Focolari le savent bien, celles auxquelles Chiara Lubich avait suggéré de s’acheminer sur les nombreuses ‘’voies’’ qui mènent à un monde uni, de les connaître et de les approfondir afin de rejoindre cet objectif. C’est justement à ce propos-là qu’est partie des jeunes, l’idée d’un parcours mondial en six années qu’ils ont appelé ‘’Pathways for a united world’’, parcours pour un monde uni. Un cheminement avec des actions et des approfondissements sur six grandes thématiques. Ces prochains mois, nous vous proposerons des témoignages et des expériences de vie vécue sur la première de celles-ci : l’ économie, la communion et le travail. FOTO pathwaysrossoundercatDonner ce que nous avons de trop – Depuis que nous sommes mariés, chaque année nous sentons que nous devons partager notre superflu avec les autres. L’expérience a commencé pendant les préparatifs au mariage, lorsque nous avons reçu énormément aussi bien en affection qu’en aide financière. Nous avions décidé alors de faire une donation à une association du Timor Oriental qui aide concrètement les enfants en difficulté, gérée par le prêtre qui nous a mariés. Cela a été incroyable de recevoir, peu après la donation, exactement dix fois autant. Chaque année, ensuite, nous nous sommes fixés l’objectif de donner une partie de nos rentrées pour alimenter la communion des biens qui se vit au niveau du Mouvement des Focolari. Justement ce matin, j’avais à peine fait le versement pour cela, lorsque j’ai reçu une veste, belle, à la mode, juste à ma taille. (S. et C. – Italie) L’épargne dans la tirelire – J’ai cinq ans et je vis à Alep (Syrie). Il y a quelque temps, j’avais su que les jeunes du Mouvement des Focolari avaient décidé de passer une soirée dans un monastère de religieuses qui s’occupent de personnes âgées et qui leur apportent le repas du soir. Moi aussi, je voulais participer. Le jour avant le rendez-vous, j’ai cependant été malade et j’ai dû aller chez la pédiatre. Alors qu’elle m’auscultait, j’en ai profité pour lui parler de cette initiative. ‘’Docteur, demain, avec ma famille, nous voulions aller rendre visite à quelques personnes âgées. Pour contribuer, j’ai vidé ma tirelire. Mais moi demain, je peux y aller ? ‘’. Et elle de me répondre :’’Oui, tu peux y aller, car maintenant, tu es en bonne santé. Mais je te restitue aussi les sous avec lesquels tu as payé la visite, parce que j’aimerais aussi participer à votre initiative’’. (G. – Syrie) Impliquer la ville – Je connais beaucoup de personnes qui n’ont même pas ce qui est indispensable pour vivre. Que faire ? En en parlant avec les collègues, un partage spontané est né. Je recevais beaucoup de choses que je distribuais ensuite à des familles en difficulté. L’idée s’est répandue et les choses reçues augmentaient, j’avais dès lors besoin de plus d’espace et d’aide. Un couple d’amis a mis à la disposition un magasin et un collègue, avec lequel nous sommes très différents aussi bien au niveau des idées que de la culture, ainsi que deux jeunes travailleurs, ont donné de leur temps à la disposition pour cette initiative. Après un mois, nous avons inauguré notre ‘’Bazar communautaire’’. Étaient présents, l’Échevin des Services Sociaux et quelques Conseillers Communaux. En travaillant, nous avons commencé à ‘’faire réseau’’ avec les institutions sociales de la ville et nous avons élaboré une liste de mails pour mettre en contact celui qui a quelque chose à donner et celui qui est dans le besoin. Nous recevons des collaborations et tous types d’objets, de personnes seules ou d’entreprises. Le Bazar est devenu un point de référence pour les personnes seules qui ont ainsi la possibilité de se rendre utiles. Un jour, pour aider une blanchisserie sociale à acheter une machine adéquate, j’ai demandé à un collègue de m’accompagner : ‘’C’est la première fois que je termine une année en ayant fait quelque chose pour les autres – m’a t-il dit au retour – je suis heureux. Merci de m’avoir parlé de cette initiative !’’. (M.D.A.R. – Portugal)

Grève pour le climat

Grève pour le climat

Les Juniors pour un Monde Uni du Mouvement des Focolari et Prophetic Economy adhèrent à « FridaysForFuture », l’initiative mondiale pour la protection de l’environnement lancée par Greta Thunberg. IMG 0086Ce matin, dans le jardin du Centre International du Mouvement des Focolari à Rocca di Papa (Italie), la présidente des Focolari, Maria Voce et le coprésident Jesús Morán ont planté un arbre (direct facebook de l’événement) pour soutenir l’initiative internationale #FridaysForFuture promue par Greta Thunberg, la suédoise de seize ans qui est devenue en peu de temps leader en matière d’écologie. Le monde a commencé à la remarquer quand, au début de l’année scolaire, à l’automne dernier, Greta a décidé de faire la grève de l’école tous les vendredis matin pour organiser un sit-in devant le Parlement de Stockholm. Son but était de protester contre l’incapacité des dirigeants politiques à adopter une position claire au sujet de toutes les questions relatives à l’environnement. Fin janvier, à Davos, en Suisse, elle s’est retrouvée dans le collimateur des médias mondiaux lorsqu’elle a pris la parole devant les grands noms de la planète au World Economic Forum (Forum Économique Mondial ): « Vous détruisez mon avenir, je ne veux pas que vous espériez, je veux vous voir en train de paniquer.» Les Juniors pour un Monde Uni (Mouvement des Focolari) et Prophetic Economy ont également décidé de se joindre à l’initiative internationale prévue aujourd’hui, vendredi 15 mars, pour demander avec force que les conventions internationales en matière de protection de la planète soient respectées, que l’on cesse de parler et qu’on agisse avec détermination. « Les prises de position de nombreux politiciens montrent que l’approche top-down (descendante) ne suffit pas , explique Luca Fiorani, coordinateur d‘EcoOne, le réseau international des opérateurs des Focolari dans le domaine de l’écologie et du développement durable. Les grandes conférences internationales sur le climat à l’ONU montrent qu’il est difficile de prendre des décisions communes pour lutter contre le réchauffement climatique. C’est ainsi que des approches bottom-up (ascendantes) entrent en jeu, c’est-à-dire celles par lesquelles la population pousse les puissants à prendre des décisions efficaces pour éviter le changement climatique. L’initiative de ces jeunes est donc très importante, car ce sont eux qui en feront le plus les frais à l’avenir. Il est donc important que les enfants se mobilisent au niveau mondial et qu’ils fassent bouger les consciences . Si nous n’agissons pas maintenant, il sera peut-être trop tard dans 20 ou 30 ans. Même le pape François le rappelle souvent. Il suffit de lire sa lettre sur le Carême, centrée sur la conversion écologique : prier, jeûner, faire l’aumône, mais avec, en toile de fond, le souci de protéger la création ». Sans oublier que l’engagement des Juniors des Focolari en vue d’atteindre l’objectif « Faim Zéro », va précisément dans le sens de l’initiative de Greta Thunberg.

Lorenzo Russo

Cardinal Ryłko : Chiara Lubich et la dimension prophétique de son charisme

Cardinal Ryłko : Chiara Lubich et la dimension prophétique de son charisme

Onze ans après la mort de la fondatrice des Focolari, beaucoup d’événements honorent sa mémoire dans le monde. A Rome, le Carinal Ryłko a célébré une messe en présence de Maria Voce et de Jesús Morán. En plus de la foule, du « peuple » de Chiara, de nombreuses autorités civiles et religieuses et des amis des Focolari y ont participé. Elle a été l’initiatrice de nouvelles formes de vie chrétienne, une femme totalement donnée à Dieu et avec une identité « mariale » profonde. C’est précisément pour cette raison que Dieu a déposé en elle un don pour l’Église et le monde : le charisme de l’unité. Telles sont, en résumé, les pierres angulaires de la vie de Chiara et du Mouvement des Focolari rappelées par le cardinal  Stanisław Ryłko, ancien Secrétaire, puis Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs, lors de la Sainte Messe célébrée le 14 mars à Rome dans le plus ancien sanctuaire marial, la Basilique Sainte Marie Majeure, à l’occasion du onzième anniversaire de la mort de Chiara Lubich. EmmausEn plus de la présidente des Focolari, Maria Voce, du coprésident Jesús Morán et de la foule du « peuple de Chiara », il y avait aussi des représentants des autorités civiles et religieuses, du monde diplomatique et de divers mouvements chrétiens : une assemblée variée, qui semblait rendre à Chiara le grand amour qu’elle avait pour l’humanité. « Combien de fois avez-vous entendu Chiara dire ces mots – se souvient le Cardinal Ryłko : « C’est l’amour qui compte. C’est l’amour qui fait avancer le monde, car si l’on a aussi une mission à accomplir, elle est d’autant plus féconde qu’elle est empreinte d’amour ». « Aujourd’hui, les défis que nous vivons personnellement et en tant que peuples ne sont pas moins importants que ceux auxquels Chiara a dû faire face quand elle a commencé – dit une jeune fille qui vient de rencontrer les Focolari. Rien n’est plus pertinent que son message d’unité aujourd’hui, sa vision d’un monde qui, dans sa diversité et ses contradictions, peut avancer uni même au milieu des polarisations qui semblent déchirer nos relations ». On pouvait saisir, à travers les propos du Cardinal Ryłko, son amitié fraternelle de plusieurs IMG 8750années avec la fondatrice des Focolari – « Nous avons parcouru ensemble un long chemin »- et une profonde connaissance du don que Dieu lui a fait. Dans la vie d’un Mouvement, la mémoire de ses origines est très importante, a-t-il souligné, car l’eau est toujours plus claire à la source, de sorte qu’au début un charisme se présente dans toute sa beauté fascinante et sa nouveauté. Et le Mouvement découvre mieux son identité. Votre identité la plus profonde est contenue dans le nom même de votre Mouvement : Œuvre de Marie. Une présence spéciale de Marie l’accompagne depuis ses débuts. Cette dimension mariale caractérise tout votre engagement missionnaire dans le monde. Le Pape François parle souvent d’un « style d’évangélisation mariale » comme étant celui qui convient le mieux à notre époque». Il a ensuite défini les Focolari comme une « nouvelle génération » d’hommes et de femmes, de jeunes, de nouvelles familles, tous amoureux de l’amour de Dieu et de l’idéal d’unité. print 2A la fin de la célébration, en remerciant toutes les personnes présentes, Maria Voce a annoncé l’ouverture le 7 décembre de l’année consacrée au centenaire de la naissance de Chiara Lubich. En effet, 2020 sera parsemée de nombreuses initiatives et manifestations de toutes sortes visant à « célébrer pour rencontrer » Chiara, comme l’affirme la devise du centenaire lui-même. « Nous voulons célébrer ce courant de vie nouvelle et universelle que le charisme de l’unité a introduit dans nos histoires personnelles et celles de nombreux peuples et cultures » – a annoncé la Présidente des Focolari. « Nous voulons le faire en donnant à des personnes du monde entier l’occasion de rencontrer Chiara aujourd’hui : la connaître en tant que personne et redécouvrir la pertinence de son charisme et de sa vision d’un monde vu comme une famille de peuples frères. Une vision à contre-courant en ce temps qui voit ressurgir particularismes et souverainismes. Je suis sûre que la rencontre personnelle et collective avec Chiara continuera à inspirer des personnes, des idées et des projets animés par l’esprit d’unité. Les célébrations commenceront à Trente, sa ville natale, le 7 décembre prochain, avec l’inauguration d’une grande exposition multimédia consacrée à Chiara, qui sera également proposée dans différentes capitales du monde. Tout au long de l’année, des groupes de pèlerins se rendront à Trente pour mieux connaître sa personne et son héritage spirituel. Toujours à Rome et dans ses environs, se tiendront au cours de l’année divers événements qui vous permettront de découvrir de l’intérieur la vie et l’œuvre de Chiara au quotidien, de la maison où elle a vécu à la chapelle où elle repose maintenant, au Centre du Mouvement.

Stefania Tanesini

Chiara, l’épouse de “Jésus abandonné”

Chiara, l’épouse de “Jésus abandonné”

Nous devons l’admettre : onze ans après sa mort et à la veille du centenairede sa naissance, en 2020, nous avons encore tout à découvrir sur Chiara Lubich. La meilleure façon de s’approcher au plus intime de son âme et de comprendre la surabondance de lumière, de joie et des fruits qui caractérise sa vie est de la considérer telle qu’elle voulait qu’on se souvienne d’elle, c’est-à-dire comme « l’épouse de Jésus abandonné », à savoir de Jésus qui sur la croix se sent abandonné même de Dieu. Elle l’a dit elle-même au cours d’une téléconférence téléphonique où, tous les mois, elle réunissait, en une seule famille mondiale, les nombreuses communautés des Focolari : « Je voudrais qu’on se souvienne de moi uniquement comme l’épouse de Jésus abandonné » [1] . Elle commentait : « Cette définition possible de ma vie (avec l’aide de Dieu) m’est apparue splendide, bien que très élevée et encore du domaine du “devoir être”. Pourtant je l’ai ressentie comme ma vocation ». L’histoire et l’Église diront si elle avait vu juste et si elle a atteint ce but ; mais beaucoup d’indices nous laissent à penser que ces « noces avec Jésus abandonné » sont le fil d’or qui passe dans la trame de sa vie et en explique la raison.

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Annemarie Baumgarten, aquarelle

Encore toute jeune, elle confiait à sa mère la prière qu’elle redisait à Jésus en son cœur : « Donne-moi d’éprouver un peu de ta souffrance, surtout celle de ton terrible abandon, afin que je sois plus proche de toi et plus semblable à toi qui, dans ton Amour infini, m’as choisie et m’as prise avec toi. » [2]. Lorsque, au cours de l’été 1949, Igino Giordani lui demande de pouvoir lui faire vœu d’obéissance, Chiara transforme son désir en une requête à Jésus eucharistie : établir en eux le rapport que Jésus veut. Il dit à Giordani : « Tu connais ma vie : je ne suis rien. Je veux vivre, en effet, comme Jésus abandonné, qui s’est totalement anéanti »[3] . Ce pacte, scellé en Jésus eucharistie, marque le début d’une période comblée d’une telle abondance de lumière que Chiara lui donnera le nom de Paradis 49. Lorsqu’à la fin de cette période, Giordani la convainc de quitter ce Ciel pour retourner dans la ville où l’humanité l’attendait, de son cœur jaillit la plus ardente déclaration d’amour : « J’ai un seul époux sur la terre : Jésus abandonné… ». En 1980, quand la pensée de la mort la préoccupait, elle a demandé à Jésus de lui donner un élan décisif pour bien terminer sa vie et Jésus lui a rappelé comme elle l’avait commencé : en ne voyant et en n’aimant que Lui, abandonné. Elle a eu l’impression que Jésus lui disait :« Sache qu’en tous ces siècles, en vingt siècles, c’est à toi que je me suis révélé Abandonné. ;si toi, tu ne m’aimes pas, qui m’aimera ? »[4]. Et lorsqu’en l’an 2000 elle a écrit un livre synthèse de toute sa vie, elle a mis en épigraphe : « Comme une lettre d’amourà Jésus abandonné ». Et elle a expliqué : « Je ne parviendrai certainement pas à exprimer tout ce que je ressens, ou devrais ressentir, envers celui pour l’amour duquel j’ai affirmé plusieurs fois que ma vie avait un second nom : gratitude. »[5] . Pendant des dizaines d’années, elle a reconnu le visage de son Époux dans ses souffrances personnelles et dans les pans de l’humanité les plus frappés par le mal, et elle s’est efforcée de le consoler. Enfin, au cours des trois dernières années de sa vie, elle a été tout entière unie à Jésus abandonné, dans une nuit obscure si profonde qu’elle l’a nommée « nuit de Dieu » : « Dieu était parti très loin. Lui aussi s’en est allé vers ‘l’horizon de la mer’. Nous l’avions suivi jusque-là, mais au-delà de la mer, derrière l’horizon, il tombe et on ne le voit plus.Voilà ce que l’on éprouve.Alors que l’on croyait que les nuits de l’esprit se terminaient avec l’étreinte de Jésus abandonné, dans cette nuit-là on se rend compte que l’on entre en Jésus abandonné »[6].

Michel Vandeleene

  [1] Âme-épouse. Pensée du 11.11.1999, in C. Lubich, Costruendo il “castello esteriore”(en construisant le château extérieur), CittàNuova, Roma 2002, p. 88. [2] C. Lubich, Lettre de décembre 1944, in Lettre des premiers temps, Paris 2010, p. 34. [3] C. Lubich, Paradiso ’49,in AA.VV., Il Patto del ’49 nell’esperienza di Chiara Lubich, (Le Pacte de 49 dans l’expérience de Chiara Lubich) Città Nuova, Roma 2012, p. 17. [4] C. Lubich, Conversation avec les focolarini dela Suisse, Baar, 13.11.1980, p. 3. [5] C. Lubich, Il Grido, Città Nuova, Roma 2000, p. 11.Traduit en français sous le titre : Le cri, Nouvelle Cité 2000, p. 1 et 14 [6] C. Lubich, Gesù Abbandonato (a cura di H. Blaumeiser), Città Nuova, Roma 2016, p. 152-153.

Adoptés par la ville

Une mère a été assassinée par son mari ; le maire et la communauté citoyenne répondent à cette souffrance en se mobilisant pour prendre soin des enfants et en créant une « adoption citoyenne ». Un geste qui a valu à cette ville italienne le Prix Chiara Lubich pour la Fraternité 2019. Alghero est une petite commune de Sardaigne (Italie) avec des racines catalanes. Ici, la tragique nouvelle de l’assassinat de Michela Fiori, 40 ans, mère de deux enfants, par son mari a déclenché la générosité et la solidarité de la communauté et de son maire, Mario Bruno. Le téléphone du premier citoyen n’arrêtait pas de sonner durant les jours qui ont suivi la disparition. Tout le monde voulait faire quelque chose pour les enfants de Michela : du chauffeur du bus scolaire qui s’engageait à les accompagner à l’école au gérant d’un local qui s’offrait d’organiser leurs anniversaires. « J’ai vu la ville se blottir autour des enfants – a expliqué le maire – ; le jour de Noël, quatre mille personnes ont défilé en cortège jusqu’à la maison de Michela. Là, j’ai senti que je devais lui faire une promesse : ‘Je prendrai soin de tes enfants’ ; promesse qui est devenue ensuite : ‘nous prendrons soin de tes enfants’ ». Et de la générosité de plusieurs personnes est née une idée que le Maire a concrétisée en créant une « adoption citoyenne », un acte administratif qui, en plus d’exprimer une solidarité concrète, met en lumière le tragique phénomène du féminicide. « L’adoption citoyenne » signifie que les 44.000 habitants de la ville s’occuperont des deux enfants grâce à un fonds de soutien. Les dons seront disponibles jusqu’à ce que les enfants auront vingt ans et, s’ils décident d’aller à l’université, jusqu’à leurs vingt-six ans. Le premier don a été fait par la municipalité, suivi de dons de plus de 300 habitants. Les enfants qui, par décision du Tribunal des Mineurs, vivent désormais dans une autre ville, Gênes, avec leur grand-mère, ont apprécié ce beau geste. Et ils ont remercié le maire avec la douceur et la simplicité que seuls les enfants peuvent avoir : ils ont pris une feuille de papier et ont dessiné un cœur avec le nom du maire et une inscription qui a touché la communauté : « Merci pour tout ». Une telle histoire ne pouvait pas passer inaperçue par le Jury du Prix Chiara Lubich pour la Fraternité, qui offre une reconnaissance aux Municipalités où des projets ou initiatives communautaires de fraternité efficace et concrète ont été développés. C’est pour cette raison qu’Alghero a remporté la dixième édition. Mais… l’histoire continue. Le 7 avril 2019, le maire d’Alghero sera à Turin, au nord de l’Italie, pour tenir un engagement. « Maman m’avait promis pour mon anniversaire, le 7 avril, que nous aurions été au stade – l’aîné des enfants l’avait dit au maire quelques jours après la tragédie – et maintenant qu’elle est partie, qui m’emmènera ? « Moi » avait été la réponse immédiate de Mario Bruno. Et il en sera ainsi. Giovanni Malagò, président du Comité National Olympique Italien, a en effet appelé le Maire en assurant qu’il fournirait les billets pour assister au match de football Juventus-Milan. Les enfants pourront également voir leur footballeur favori, Ronaldo, qui s’est déclaré prêt à les rencontrer. Dans tout cela, pour eux, le maire est seulement leur ami Mario. Et quand une caissière pour un paiement leur demande les documents, étonnés, ils s’exclament : « Mais elle ne sait pas que vous êtes le Maire » ?

Paolo De Maina

Évangile vécu : une vraie liberté

La miséricorde est un amour qui remplit le cœur et puis se répercute sur les autres, sur les voisins comme sur les étrangers, sur la société tout autour. Le compagnon de voyage J’ai été en prison pendant 19 mois, coupable d’avoir frelaté les vins que je commercialisais. A l’intérieur de la prison cependant, avec l’aide d’un prêtre et de quelques personnes qui venaient faire du volontariat, j’ai eu la possibilité de réfléchir et de découvrir un Dieu différent de celui qui m’a été enseigné. J’ai affronté cette épreuve avec une âme renouvelée, en commençant à expérimenter la vraie liberté, qui est celle qui est intérieure et qui vient en aimant notre prochain. Le rapport avec ma femme a changé et je me suis aussi réconcilié avec mes beaux-parents. Mais encore, j’ai senti de vouloir pardonner à mon associé, responsable avec moi de la fraude. Maintenant que j’ai purgé ma peine, même si le futur se profile à l’horizon plein d’incertitudes, je sais que Dieu Père est mon compagnon de voyage. (Javier – Argentine) Paroles de lumière Entre mon épouse et moi, s’alternaient des moments de disputes et de silences interminables, avec pour conséquence, une grande souffrance pour nous deux et pour nos enfants. Malgré l’aide de quelques amis, chacun restait sur sa position, cela semblait être la fin de notre mariage. Aveuglé par la colère, j’étais arrivé au point de me dire qu’il valait mieux quitter la maison ou en finir. Heureusement, dans cet enfer, d’autres paroles entendues dans le passé qui avaient été alors, paroles de lumière, m’étaient revenues à l’esprit : paroles de pardon, d’amour. Comme chrétien, j’étais réellement sur la mauvaise voie! Au beau milieu d’une nuit d’insomnies, passée à tenter de chasser mon orgueil, j’ai réveillé ma femme pour lui demander de m’aider à me souvenir avec humilité les moments heureux vécus ensemble. Nous nous sommes embrassés et nous sommes demandés réciproquement pardon. (un mari africain) Pluie Un soir, je me sentais fort fatiguée et j’aurais voulu demander aux enfants d’aller dans leur chambre et de dire seuls les prières parce que je voulais aller tout de suite au lit. Mais John, notre fils aîné m’a proposé de dire le chapelet afin de demander la pluie : il ne pleuvait pas depuis longtemps et notre plantation de maïs et de patates douces risquait d’aller mal. Ainsi avons-nous prié ensemble. A ma grande surprise, il a commencé à pleuvoir la nuit-même et elle a continué jusqu’à l’après-midi du jour suivant. (B.M. – Ouganda) A l’hôpital Une femme très pauvre, mère de famille, hospitalisée depuis de nombreux mois, avait besoin d’aide pour manger mais le personnel ne pouvait pas faire ce travail en plus. Nous avons averti tous les amis de la paroisse, et un après l’autre nous sommes allés l’aider. Malgré le fait que la situation était sans issue, elle s’est un peu améliorée, elle répondait aux soins et souriait. Lorsque sa voisine de chambre est morte, dans son testament, elle a laissé une petite somme pour aider la famille de cette femme. L’amour est contagieux… (C.C – Espagne)

Le ‘’Centre pour l’unité et la paix’’ est né !

Il se situe entre la partie juive et la partie arabe de Jérusalem. Ce sera un lieu de spiritualité, d’étude, de dialogue et de formation pour la Ville Sainte et pour le monde entier. Un historien français écrit que Jérusalem n’est pas de Jérusalem, mais qu’elle est une ville-monde, une ville dans laquelle le monde entier se donne rendez-vous, périodiquement, pour s’affronter, se confronter, se mesurer. C’est un laboratoire de la cohabitation ou de la guerre, de l’appartenance commune ou de la haine de l’autre. Il est facile, en effet, de céder à la tentation de voir seulement ce que la chronique nous donne presque quotidiennement sur la ville sainte : les violences entre juifs et palestiniens, la laborieuse résistance des chrétiens dans les lieux saints, mais c’est seulement cela, Jérusalem ? Y a t-il encore l’espace pour l’espérance et la prophétie que cette ville représente pour le monde entier ? Chiara Lubich en a toujours été convaincue. Elle a été en Terre Sainte pour la première fois en 1956 et parmi les lieux saints visités, un en particulier l’a touchée : l’ ‘’Escalier’’, c’est-à-dire l’antique escalier romain en pierre blanche, situé juste en-dehors des murs de l’ancienne ville, à côté de l’église de Saint Pierre en Gallicante. Une tradition dit que Jésus serait passé par là, le soir après la dernière cène, en allant vers le Jardin de Gethsémani et que justement là, sur ces pierres, il aurait prononcé la prière pour l’unité : ‘’Père que tous soient une seule chose’’. Voici comment Chiara décrit dans une page de son journal, la forte impression qu’elle a eue en ce lieu : « C’est là que le Maître, le cœur plein de tendresse envers ses disciples, choisis par le ciel certes, mais oh ! combien fragiles encore et incapables de comprendre, éleva sa prière vers le Père en son nom et au nom de tous ceux pour lesquels il était venu et allait mourir : « Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un (Jn 17,11). » C’est là que Jésus avait invoqué le Père pour qu’il fasse de nous ses enfants, même si nous en étions loin, par notre faute, pour qu’il nous rende frères les uns des autres, dans l’unité la plus forte, celle de Dieu ». (1) Déjà à ce moment-là, Chiara désira que, juste sur ce petit lopin de terre, naisse un jour un centre pour le dialogue et l’unité. Un tournant décisif fut celui donné à partir des années ‘80 : on a pu acheter un terrain adjacent à l’escalier romain et mettre au point le projet, qui a été approuvé en 2016. Dernièrement ont été effectuées les premières excavations préparatoires aux travaux. Le futur ‘’Centre pour l’Unité et la Paix’’ avait reçu une mission précise de la part de Chiara : il devra être un lieu de spiritualité, d’étude, de dialogue et de formation’’. Un lieu ouvert à des personnes de différents âges, cultures, croyances et provenances ; orienté à stimuler la rencontre, la connaissance de l’autre, à favoriser les relations authentiques. Une autre étape décisive a été celle de février dernier lorsque Maria Voce, présidente des Focolari, a accompli un geste important, en posant dans le terrain, une petite médaille de Marie, comme signe de lancement de la construction de ce centre. Le projet présente une structure polyfonctionnelle, adaptée à accueillir des événements et des initiatives de différentes natures au niveau international et local. Il est possible de contribuer de différentes manières pour soutenir la construction du centre ; ici toutes les informations utiles.

Stefania Tanesini

1) Chiara Lubich, Écrits spirituels/1 : L’attraction des temps modernes, Città Nuova Editrice, p. 172-179

Il s’est donné jusqu’à la fin

La mort de Pierre-André Blanc a été définie « un mystère » et « un choc ». Une forte dépression a emporté ce focolarino suisse. La conviction demeure chez ceux qui l’ont connu qu’il a trouvé la paix en ce Dieu-Amour dont il a été un témoin convaincant pour de nombreuses personnes. « Ton départ, Pierre-André, a été trop brutal pour nous. Ta Parole de Vie, tirée du livre d’Esaïe (43,1), « Je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi », nous donne une idée du regard d’amour par lequel Dieu t’a certainement accueilli au Paradis ». C’est la dernière phrase que Denise Roth et Markus Näf, responsables de la cité-pilote des Focolari à Montet (Suisse), ont prononcée lors des funérailles. Elle résument bien les sentiments contradictoires des personnes présentes : d’une part, une perplexité ineffable face à ce décès et, d’autre part, la confiance, voire la certitude qu’il a trouvé la vraie Vie. Cinquième de six enfants, Pierre-André naît le 2 avril 1962 à Sion (Suisse) ; il grandit dans un chaleureux climat familial dans le village valaisan d’Ayent. Il suit une formation d’éducateur spécialisé et termine ensuite des études de théologie. En 1980, à l’occasion du Genfest à Rome, un événement international des jeunes du Mouvement des Focolari, il entre en contact avec la spiritualité des Focolari. Il est impressionné « par la qualité des relations entre les personnes et par la joie qui se lit sur leurs visages », comme il l’écrira plus tard. De retour chez lui, il s’engage à vivre lui aussi ce style de vie évangélique. Habitué à « rencontrer » Dieu sur les skis lors de retraites en montagne, il découvre maintenant dans l’amour concret pour ceux qui l’entourent, une nouvelle façon d’entrer en relation avec Lui. Au cours d’un atelier sur les problèmes sociaux, il se retrouve soudainement confronté à une personne qui parle de son don complet à Dieu. Une question surgit en Pierre-André: « et si Dieu m’appelait à vivre comme cette personne ? Mes craintes de suivre Dieu de manière radicale n’ont pas résisté à Son intervention », écrira-t-il de cette période. « J’avais simplement essayé de vivre l’Evangile d’une manière cohérente et Dieu avait fait le reste. J’ai compris combien Il voulait mon bonheur et, surtout, que j’avais une valeur énorme à ses yeux. Il m’a semblé évident de dire oui à Jésus, de Le suivre là où je me sentais appelé : au focolare. En 1989, il commence sa formation et la préparation à la vie donnée à Dieu dans le focolare. Ceux qui l’ont connu à cette époque le décrivent comme sensible à tout ce qui « parle » de Dieu, une personne qui a su saisir l’essentiel dans les circonstances et dans le prochain. Il termine l’école de formation pour focolarini et entre au focolare à Genève (Suisse). Dès 2006 il est à la Cité-pilote de Montet. Pendant de nombreuses années, il apporte une contribution précieuse et judicieuse à la vie de la communauté des Focolari, se mettant à la disposition des autres avec générosité, réalisme et discrétion. Dans le domaine professionnel, il travaille en tant qu’éducateur auprès d’enfants infirmes moteurs cérébraux et ensuite auprès de jeunes en difficulté d’apprentissage. Il témoigne d’une profonde capacité à être proche de la souffrance des autres. Il aime plaisanter et possède un humour subtil. Pierre-André se donne sans réserve. A la fin mai 2018, il présente les premiers symptômes de dépression. Il est immédiatement suivi par un médecin. L’hospitalisation devient inéluctable à la fin juin. En août, il peut retourner à Montet les week-ends. En octobre, il peut quitter la clinique et retourner au focolare, suivi par un médecin spécialiste. Pendant cette période, il est accompagné avec beaucoup d’attention et de dévouement par les autres focolarini qui le voient en continuelle donation aux autres. Il semble que son état commence à s’améliorer mais la maladie est plus forte et le 28 novembre, elle l’emporte brusquement. Les funérailles de Pierre-André ont été, malgré la consternation, un moment de grande reconnaissance pour sa vie et pour l’amour délicat dont il a fait preuve jusqu’à la fin.

Joachim Schwind

Montet (Suisse) : témoignages des jeunes

Montet (Suisse) : témoignages des jeunes

La Cité pilote suisse abrite deux écoles de jeunes : celle des focolarini en formation et celle de ceux qui veulent approfondir la spiritualité de l’unité. Pour eux, le dialogue, l’échange et l’enrichissement mutuel entre générations et cultures sont les traits distinctifs de Montet. « Une communauté qui se donne corps et âme pour montrer à l’humanité que la diversité n’est pas une fatalité, mais une grâce de Dieu sur l’homme afin d’unir le monde ». C’est ainsi que Michael, un jeune du Mali, décrit la Cité pilote des Focolari à Montet, en Suisse. Avec 30 autres jeunes de 13 pays différents, il a passé ici une année de formation humaine, spirituelle et professionnelle. Un temps d’étude, de travail et de vie communautaire, vécu à la lumière des enseignements de l’Évangile et du charisme d’unité de Chiara Lubich, pour expérimenter qu’il est possible de construire des relations fraternelles entre des personnes de cultures, de sensibilités, traditions et âges différents. En effet, entourée par les trois lacs de Bienne, Morat et Neuchâtel, entre collines verdoyantes et paysages qui inspirent la paix et le silence, la Cité pilote internationale des Focolari, créée en 1981, se caractérise par la présence d’une centaine d’habitants de 35 nations différentes : pour une moitié ce sont des jeunes qui y vivent un an, pour l’autre des adultes qui assurent sa continuité. A Montet se croisent les chemins de personnes des cinq continents, de cultures et de religions différentes, de chrétiens de diverses dénominations et de toutes générations. C’est en Suisse, au cours des années 60, que Chiara Lubich a eu sa première intuition concernant les Cités pilotes du Mouvement des Focolari – on en compte aujourd’hui 25 dans le monde – conçues comme des lieux-témoins de la fraternité universelle : « C’est à Einsiedeln que j’ai compris, en voyant du sommet d’une colline la basilique et ses environs, que devait naître dans notre mouvement une ville qui ne serait pas composée d’une l’abbaye ni d’hôtels, mais de maisons, d’ateliers et d’ écoles comme dans une ville ordinaire. » La Cité pilote de Montet abrite deux écoles de formation pour les jeunes. L’une pour ceux qui se préparent à la vie consacrée, les focolarini. Et une autre pour ceux qui souhaitent vivre une année de vie communautaire et qui sont à la recherche de leur vocation. « Le fait d’avoir fréquenté l’école de Montet – dit Alejandro de Cuba – avec des personnes de nombreux pays, m’a confirmé que le monde uni est possible même quand il y a des différences, à condition qu’il y ait aussi la volonté de le construire. C’est une réalité quotidienne à apprendre les uns des autres. Il s’agit de construire l’unité dans la diversité grâce à l’amour. C’est une merveilleuse aventure ». « Ici – explique André du Brésil – les jeunes ont la possibilité d’étudier l’éthique, la sociologie, la théologie, le dialogue interculturel et d’approfondir la spiritualité de l’unité. Ils peuvent mettre en pratique ces enseignements dans leur travail, en consolidant ainsi les bases d’un avenir professionnel plus responsable et plus cohérent dans tous les domaines sociaux ». « De plus, ajoute-t-il, en vivant le respect entre générations, on comprend que personne n’est plus grand que l’autre, mais plutôt que chacun est responsable de l’autre, ce qui permet aux aînés de renouveler leur mode de vie et aux jeunes de prendre des responsabilités ». Pour Gloria, d’Argentine, l’interculturalité, c’est-à-dire le dialogue, l’échange et l’enrichissement mutuel entre les cultures, est le signe distinctif de la Cité pilote. « Nous avons dû apprendre à faire de notre diversité une grande chose. C’était difficile parce qu’il semblait que nous ne nous comprenions pas, mais, en nous aimant concrètement, nous avons résolu des questions pratiques tout en nous retrouvant au plan des valeurs spirituelles. En vivant ensemble, j’ai découvert ce qu’il y avait de plus beau chez les autres, mais aussi dans ma culture. J’ai compris à quel point les autres sont précieux dans ma vie et je pense que nous ne devons pas avoir peur de nous ouvrir pour connaître le « monde des autres ». À Montet, « il y a des réponses aux questions que nous nous posons tous les jours », nous dit Ivona de Serbie. Pour Larissa, la Cité pilote « est un don de Dieu », c’est l’expérience qu’elle emporte avec elle au Brésil, celle d’une famille où vivent ensemble plusieurs cultures et des générations différentes ».

Claudia Di Lorenzi

Chili, favoriser l’intégration sociale

Chili, favoriser l’intégration sociale

Des chercheurs et des conférenciers de neuf pays d’Amérique et d’Europe ont offert à l’université d’été offre leur contribution du monde académique. L’égalité est reconnue comme le fondement des sociétés démocratiques. Pourtant, les discriminations persistent dans de nombreux pays. Nous en parlons avec Paula Luengo Kanacri, psychologue et chargée de cours à l’Université catholique du Chili, chercheuse au Centre de Recherche sur les conflits et la Cohésion sociale. Depuis des années vous travaillez sur l’exclusion sociale. Qu’est-ce qui vous a poussé à l’étude de ces questions ? Je dirais que c’est l’histoire de mon peuple et mon histoire personnelle. Le Chili est un pays très contrasté : une forte croissance économique et des inégalités considérables. De plus, ma mère venait d’une famille riche et mon père d’une famille pauvre. J’ai enduré la souffrance de l’injustice. J’ai étudié la psychologie et, au contact des jeunes des Focolari, j’ai embrassé l’idée d’un autre monde possible. Après l’obtention du diplôme, j’ai commencé à m’intéresser au comportement pro-social (en faveur de l’autre) et à l’empathie qui peuvent favoriser l’intégration sociale. J’ai été marquée par l’expérience que j’ai vécue à Rome avec les sans-abri. J’ai touché du doigt « la souffrance » de tous ceux qui restent en marge de la société, non seulement les invisibles mais ceux voulus invisibles. Pour comprendre les mécanismes qui peuvent favoriser ou refuser l’intégration, il est nécessaire de l’envisager sous différents angles, disciplines et connaissances. C’est ce que nous avons essayé de proposer à travers l’Université d’été « Développement humain pour tous et pour toutes : les sciences sociales en dialogue pour une société d’intégration », récemment organisée au Chili. Comment est née l’idée de l’Université d’été ? Les mouvements étudiants chiliens, actifs depuis 2011, ont obtenu une réforme historique qui offre désormais un enseignement universitaire gratuit aux plus défavorisés. Mais nous avons besoin cependant de la force créatrice du monde académique. L’Université d’été est née au sein de ma participation à des réseaux internationaux de chercheurs et d’universitaires dans le domaine de la psychologie et de la sociologie, inspirés par Chiara Lubich : « Psychologie & Communion » et « Social-One ». Nous avons reçu le soutien du Centre de Recherche sur les Conflits et la Cohésion Sociale (COES) et de l’Université catholique du Chili. Qui a participé ? Comment s’est-elle déroulée ? L’ Université d’été a réuni 67 jeunes et 21 professeurs de 8 disciplines sociales de 9 pays d’Amérique et d’Europe. Quatre organisations de la société civile chilienne y ont également participé. Nous avions quatre axes de recherche : intégration et équité entre les sexes ; intégration et migration ; intégration et inégalités ; intégration et violation des droits. Nous avons proposé 8 ateliers sur les techniques d’investigation pour l’étude de l’intégration dans une perspective d’unité. Un espace important était consacré au dialogue avec la société civile. Plus de la moitié des jeunes ont présenté des projets de recherche. L’Université d’été, elle-même, a été perçue comme expérience d’intégration sociale, capable de favoriser un dialogue de qualité scientifique et d’aller au-delà des polarisations. Des personnes ayant des idées et des orientations différentes y ont participé, y compris politiques. Nous avons essayé de faire en sorte que les différents sujets ne soient pas traités de manière polémique ou polarisée, mais dans un parcours commun vers l’intégration sociale et, par conséquent, dans la perspective d’une lutte contre les discriminations et les ségrégations de sexe, de race, d’ethnie et de classes. Pour une société inclusive, il faut des réponses qui intègrent le niveau individuel au niveau micro, moyen et macro social. Nous aimerions organiser la prochaine Université d’été en tenant compte de la question de l’environnement dans la réflexion sur l’intégration.

Claudia Di Lorenzi

Dialogue et relations

« Une vie pour l’unité » : c’est par ces mots que le Mouvement Schönstatt annonce le départ du Père Michael Johannes Marmann, ancien Président Général, décédé le 26 février 2019 au soir. Ce mouvement apostolique né en 1914 en Allemagne vient de perdre une figure de premier plan . Né en 1937 à Berlin, le Père Marmann était l’aîné de trois frères. Après des études de philosophie et de théologie, il est ordonné prêtre en 1963 à Cologne et poursuit ses études à Tübingen et Ratisbonne. En 1973, il a obtient son doctorat sous la direction du professeur Josef Ratzinger. Le Pape Benoît XVI a gardé toute sa vie un lien avec ses anciens étudiants, y compris avec le Père Marmann. Il les conviait en effet chaque année – dernièrement souvent au Centre Mariapolis de Castelgandolfo – pour approfondir des questions théologiques d’actualité. C’est à l’occasion de son ordination sacerdotale que le père Marmann fit la connaissance du mouvement Schönstatt et de son fondateur, le père Josef Kentenich, qui était alors encore en exil à Milwaukee (USA) sur ordre des autorités ecclésiastiques. Après une rencontre personnelle avec lui, le père Marmann décide d’entrer à l’institut séculier des Pères Schönstatt et devient le père spirituel de la branche des jeunes filles. Par la suite, il s’engage dans la pastorale des prêtres, des familles et des mères et, de 1983 à 1991, il devient responsable du Mouvement en Allemagne. En 1990, les Pères de Schönstatt l’élisent comme Supérieur général, une mission à laquelle est également liée la présidence du Présidium général. Le Père Marmann rend ces services en faisant preuve d’un grand sens du dialogue, très attentif aux relations, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Mouvement. Son engagement pour l’unité au sein de l’œuvre du Père Kentenich, un mouvement vaste et diversifié, s’est ensuite naturellement étendu à la communion avec d’autres Mouvements : d’abord dans l’Église en Allemagne, puis tout particulièrement dans le réseau « Ensemble pour l’Europe ».  Il tisse alors des relations d’amitié profonde et d’unité spirituelle avec des représentants d’autres mouvements, comme Helmut Niklas du YMCA de Munich, Andrea Riccardi de la Communauté Sant’Egidio et Chiara Lubich. Dans son message de condoléances, Maria Voce, présidente du Mouvement des Focolari, rappelle les nombreuses « étapes marquantes de ce cheminement » comme, en 1999, l’Alliance d’amour scellée par Chiara Lubich, Andrea Riccardi et le Père Marmann au Sanctuaire de Schönstatt, sur la tombe du Père Kentenich; et elle exprime la certitude que « Marie, mère trois fois Admirable, l’aura accompagné à la rencontre joyeuse du Christ, dans son Royaume de paix ».

Joachim Schwind

 

Évangile vécu : pardonner et se réconcilier

Dans notre vie personnelle et sociale, nous respirons une atmosphère d’hostilité et de compétition croissantes. En tant que chrétiens, nous pouvons témoigner à contre-courant en recousant des liens déchirés ou rompus. Séparation Après deux ans de mariage, notre fille et son mari ont décidé de se séparer. Nous l’avons accueillie chez nous et dans les moments de tension, nous avons essayé de rester calmes, en gardant le pardon et la compréhension dans nos cœurs, en maintenant une relation d’ouverture envers elle et son mari et en essayant surtout de ne pas porter sur eux de jugements. Après trois mois d’écoute continue, d’aide discrète et de nombreuses prières, ils sont de nouveau ensemble dans une nouvelle responsabilité, confiance et espérance. (M.L. – Malte) En signe de pardon Je pensais avoir toujours fait mon devoir de chrétien en tant que père et maire de ma ville. Mais quand mon fils aîné, de 33 ans, marié et père de deux jeunes enfants, a été tué lors d’un cambriolage, je me suis rebellé contre Dieu : pourquoi tout cela est-il arrivé ? J’ai commencé un parcours d’une vraie conversion, au cours duquel j’ai compris que Dieu Lui-même avait donné Son Fils par amour pour nous. Le procès s’est ouvert cinq ans plus tard. Dans la salle d’audience, j’évitais de regarder les accusés mais lorsque j’ai croisé les yeux du plus jeune des meurtriers, je me suis approché de lui et lui ai tendu la main pour la lui serrer, en signe de pardon. (C.S. – Italie) Nouvelle ambiance dans le département Je suis responsable d’un département d’une entreprise. A la fin de l’année, je dois rédiger les évaluations sur mes employés. Une employée ne m’avait pas proposé beaucoup d’éléments pour être évaluée et je lui ai demandé une entrevue durant laquelle j’ai découvert que je ne savais pas grand-chose d’elle. Cette rencontre m’a ouvert les yeux et m’a poussé à modifier les choses, à promouvoir diverses initiatives pour valoriser les employés, à célébrer leurs anniversaires, à organiser des fêtes avec leurs familles. Non seulement l’atmosphère s’est améliorée, mais aussi le rendement. (M.T. – Hongrie) Le ballon Nous avons deux enfants hyperactifs. Un matin, j’ai vu Nathan pleurer et Claire tenir son ballon. Je le l’ai immédiatement pris et rendu à Nathan qui a cessé de pleurer. Mais Claire s’est mise à pleurer et je l’ai prise à part pour lui expliquer que Jésus nous a enseigné à aimer et à partager. Même si elle n’est encore qu’une enfant, elle a compris et a donné le ballon à son petit frère. Je me suis trouvée face à de nombreuses situations où j’étais sur le point de la punir, mais j’ai réussi à trouver en moi l’amour et la patience. Claire est maintenant toujours prête à m’aider. (J.N.J. – Philippines)

Le Brésil au-delà de la polarisation politico-idéologique/2

Le Brésil au-delà de la polarisation politico-idéologique/2

L’image d’un pays imprégné de conflits politiques et idéologiques, largement diffusée par les médias brésiliens en général, tend à masquer la réalité de ceux qui agissent pour le bien commun, en abordant les divergences d’opinion par le dialogue et des actions concrètes de solidarité. Bien que le Brésil soit marqué par une forte polarisation politico-idéologique, il cultive, le plus souvent en silence, les germes d’une société renouvelée ouverte au dialogue, à la solidarité, visant à construire des relations fraternelles, dans l’espace politique et socioculturel au sens large. Après avoir rappelé les initiatives mises en place par divers organismes, ecclésiaux et autres, pour promouvoir une réflexion politique fondée sur le dialogue – comprise comme une réponse à la demande croissante d’une nouvelle culture démocratique et participative – nous voulons maintenant souligner l’engagement de beaucoup de personnes dans le domaine de la solidarité et du volontariat. Souvent, en fait, l’action politique est guidée par un geste de solidarité envers ceux qui souffrent. Depuis 2016, lorsque le gouvernement de l’État de Rio de Janeiro a commencé à retarder le paiement des salaires des fonctionnaires, outre la lutte devant les tribunaux et les nombreux actes politiques de protestation contre cette mesure, un réseau de solidarité s’est développé en faveur des travailleurs et de leurs familles qui souffraient le plus de cette situation. Les gestes se sont multipliés dans tout l’État, tant par les individus que par les communautés. Pour aider les familles dans le besoin, un certain nombre d’organisations se sont mobilisées pour collecter des ressources et mettre en place des paniers de nourriture de base, acheter des médicaments et satisfaire d’autres besoins fondamentaux. L’archidiocèse et d’autres diocèses catholiques de Rio de Janeiro, ainsi que d’autres Eglises et Unions chrétiennes, ont travaillé en collaboration avec le Mouvement Unifié des fonctionnaires d’État (Muspe). Une situation similaire a vu une quarantaine d’entités brésiliennes, religieuses et civiles, travailler ensemble pour accueillir des réfugiés, principalement en provenance du Venezuela. Certaines de ces entités mènent des actions d’urgence (fourniture de nourriture et de médicaments, soins médicaux et psychologiques), tandis que d’autres aident à obtenir une résidence au Brésil en ayant accès aux documents nécessaires, aux cours de portugais, au logement et au travail. Ces entités ont été particulièrement actives dans la région frontalière entre les deux pays, mais aussi dans d’autres régions où des familles de réfugiés ont été envoyées afin de leur offrir de meilleures possibilités d’emploi et de logement. De telles initiatives reflètent le désir de nombreux Brésiliens de « tendre la main » en permanence à ceux qui ont le plus besoin d’aide. C’est peut-être cette dynamique qui justifie les données de l’enquête « Autres formes de travail », menée en 2017 et récemment publiée par l’Institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE). Selon cette étude, 7,4 millions de personnes ont fait du bénévolat cette année-là, soit l’équivalent de 4,4 % de la population âgée de 14 ans ou plus. Par travail bénévole, on entend un travail non obligatoire, effectué au moins une heure par semaine, sans rémunération ni avantages en retour, par des personnes qui ne vivent pas dans la même famille que le volontaire et qui ne sont pas sa famille. Selon l’étude, le profil des volontaires au Brésil décrit principalement des femmes qui, avec les activités de volontariat, s’occupent du travail professionnel et domestique. Un autre exemple, qui vient du mouvement des Focolari, est celui de Milonga, un programme qui met en relation des organisations non gouvernementales à caractère social de sept pays avec des jeunes qui veulent intégrer leur formation humaine au volontariat en donnant de leur temps et de leur travail. En octobre 2018, 75 volontaires du projet ont travaillé dans 19 organisations au Brésil, en Argentine, en Bolivie, au Mexique, au Mexique, au Paraguay, au Venezuela, en Uruguay, au Kenya et en Jordanie. « J’ai appris que l’essence de la vie n’est pas d’avoir, mais d’être. Parfois, nous sommes remplis de beaucoup de choses, mais ce qui compte vraiment, ce sont celles qui restent dans l’éternité du moment présent », a déclaré Rarison Gomes, 30 ans, originaire de Manaus.  L’expérience du volontariat coïncide avec une participation croissante des jeunes brésiliens qui souhaitent passer de la réflexion politique à l’action. Un exemple significatif est l’expérience de la Coletivo Juventude Campo Cidade, née il y a plus de dix ans d’une conversation entre amis dans la ville de Poço Redondo, dans l’État de Sergipe, au nord-est du Brésil. Certains de ces jeunes étaient déjà actifs dans les mouvements sociaux de l’Alto Sertão Sergipano, comme on appelle la région. Motivés par le processus électoral de 2008, ces jeunes ont décidé de mettre en place un programme de formation politique pour les jeunes de la région. Bien que sans ressources et avec peu de soutien, le groupe a organisé un cours en 11 étapes d’une durée d’un an et demi. A l’origine du projet, il y avait une prise de conscience claire : il fallait être formé, connaître la réalité, assumer le leadership social dans la région. « Il y avait le sentiment de vouloir transformer la société et cela a mûri à chaque phase du cours », dit Damião Rodrigues Souza, l’un des créateurs de l’initiative. A la fin du premier cours, les jeunes ont conclu que l’expérience commencée là-bas devait être poursuivie sur la base de trois piliers : formation, organisation et lutte. Le dernier de ces piliers s’est concrétisé dans une série d’initiatives qui ont produit des résultats efficaces : l’installation d’un campus d’une université publique fédérale dans la région ; la construction d’un théâtre populaire d’une capacité de 200 personnes dans la ville de Poço Redondo (construit par les mêmes jeunes) ; l’octroi par le gouvernement fédéral d’un terrain, jusque-là inutilisable, destiné à la culture des produits biologiques par des jeunes. Bien qu’isolés et dispersés le long des plus de huit millions de kilomètres carrés du Brésil, ces exemples, et bien d’autres encore, de dialogue et de participation politiques, ainsi que d’actions concrètes pour construire une société juste et fraternelle, témoignent d’une image beaucoup plus saine que celle de la simple polarisation politique dans laquelle s’inscrit une grande partie de la société brésilienne. Pour les acteurs de ces actions, l’espoir réside dans la conviction que les exemples et les fruits concrets sont capables de capter les « disciples » et de renforcer ce rôle, fondamental pour unir les peuples pour le bien commun et au-delà des différences politiques et idéologiques.

Luís Henrique Marques

Brésil, au-delà de la polarisation politico-idéologique/1

Brésil, au-delà de la polarisation politico-idéologique/1

Un Brésil imprégné de conflits politiques et idéologiques est l’image qui risque de prévaloir dans le monde d’aujourd’hui, grâce aussi à la lecture des médias. Luís Henrique Marques, rédacteur en chef de la revue Cidade Nova, nous entraîne dans un voyage à travers la société brésilienne, à la découverte de la réalité, souvent inconnue, des nombreux acteurs du bien commun. A en juger par ce que les médias commerciaux révèlent quotidiennement, le Brésil semble plongé dans la polarisation politico-idéologique, comme c’est le cas dans d’autres régions du monde. Mais ce que les médias grand public ne montrent pas, c’est que la réalité brésilienne n’est pas seulement faite de différends politiques et idéologiques. La performance silencieuse de nombreux « pionniers » de cette démocratie encore jeune et inexpérimentée révèle qu’il existe un potentiel pour faire des relations politiques un espace de dialogue et un lieu de construction de la citoyenneté. La revue Cidade Nova est l’un des véhicules engagés pour révéler cette autre facette de la réalité brésilienne, encore assez timide, limitée à des faits isolés, mais qui, globalement, montre un Brésil dépassant la polarisation politico-idéologique. Espaces de dialogue Tout d’abord, nous devons reconnaître qu’en dépit de la crise créée par la polarisation des positions dans le débat politico-idéologique, de nombreux analystes ont tendance à regarder avec optimisme et espoir le scénario brésilien actuel. La raison principale en est que de nombreux citoyens brésiliens sont intéressés par la compréhension et la discussion des questions politiques et de l’administration publique, convaincus de la nécessité d’assumer leur rôle de citoyens, conscients et participatifs dans la « chose publique ». Les groupes dits de dialogue se sont multipliés et intensifiés, promus par les paroisses ou les groupes pastoraux de l’Église catholique, les groupes d’autres Églises chrétiennes et d’autres religions (y compris les initiatives œcuméniques et interreligieuses), les ONG, les collectifs et autres entités de la société civile. L’objectif est de promouvoir la réflexion politique par le dialogue et l’échange d’expériences, qui s’est intensifié en particulier au second semestre de 2018 après la période électorale. Ce sont de petites « îles », mais elles reflètent le potentiel de participation démocratique des citoyens brésiliens. C’est le cas des groupes du Mouvement des Focolari dispersés dans différentes régions du Brésil. Motivés par un thème spécifique, des jeunes et des adultes de convictions religieuses et politiques et de conditions sociales différentes ont entamé un processus de confrontation sur le scénario politique actuel, ses obstacles et ses possibilités. Nombre de ces rencontres ont dépassé le cadre de la discussion sur le processus électoral et se sont ouvertes à des actions concrètes pour la promotion de politiques publiques qui favorisent la communauté locale. « L’Ecole de la citoyenneté », également promue par les Focolari, est un cours en ligne dont les thèmes répondent à la demande généralisée d’une nouvelle culture démocratique et participative. Le premier bloc de leçons portait sur le thème du dialogue. (www.focolares.org.br/escoladecidadania). Une autre initiative est le résultat de l’action conjointe de plusieurs organisations de la société civile brésilienne, dont le Mouvement politique pour l’unité (MPpU) : le « Pacte pour la démocratie ». L’initiative est née avec l’objectif d’affirmer le pluralisme, la tolérance et la coexistence avec la diversité dans l’espace public, et opère dans trois directions : réaffirmer le dialogue pour une confrontation vertueuse des idées ; défendre des élections propres qui peuvent représenter efficacement la citoyenneté et rétablir les bases de la confiance et de la légitimité du contexte politique ; réaliser une réforme politique globale au terme du processus électoral. Enfin, la traditionnelle Campagne de Fraternité, promue chaque année par la Conférence épiscopale du Brésil (CNBBB) pendant le Carême, est aussi un espace de dialogue et de promotion d’actions concrètes dans les communautés paroissiales sur les questions religieuses, culturelles, sociales, économiques et politiques de la société brésilienne. Pour cette année, la Campagne propose aux fidèles de réfléchir sur le thème « Politiques publiques et fraternité ». (voir suite)

Luís Henrique Marques

Adolescents unis pour dire non au harcèlement

Adolescents unis pour dire non au harcèlement

Le projet ‘’Pourquoi joues-tu au harceleur?’’ forme les adolescents pour qu’ils aident les jeunes de leur âge à affronter ce phénomène avec des actions et de la prévention en partant des causes qui le génèrent. Une systématique prévarication, avec des insultes et des intimidations, mise en place par des adolescents vis-à-vis de jeunes de leur âge . Voilà ce qu’est le harcèlement, un phénomène croissant parmi les adolescents, aussi bien au niveau personnel qu’à travers le web. Celui-ci entraîne les ados- harceleurs, celui qui en est victime et des groupes d’amis qui souvent assistent, effrayés ou complices. Que faire ? Un projet de l’association bNET, chef de file du ‘’Réseau Projet Paix’’, un réseau international d’écoles, d’établissements et d’organisations qui collaborent pour promouvoir une culture de paix, qui mise sur la responsabilisation des adolescents : que ce soit eux-mêmes, formés d’une manière opportune, à aider les jeunes de leur âge à sortir du harcèlement. Nous en parlons avec le Président de l’ association, Marco Provenzale. En quoi consiste-t-il, le projet ‘’Why fai il bullo’’ (Pourquoi joues-tu au harceleur) ? Chaque épisode d’ harcèlement naît d’un conflit. Nous croyons que faire comprendre aux ados l’origine des conflits, et leur donner les instruments pour les comprendre et les résoudre en s’aidant entre jeunes du même âge, soit la voie la meilleure pour résoudre le phénomène. Le cœur du projet est la création dans chaque école, d’un groupe d’étudiants, le ‘’Groupe de Médiation entre Pairs’’, dans lequel les adolescents acquièrent les compétences pour la gestion et le résolution des conflits. Les ados, formés à travers des leçons et des jeux de rôle, deviennent capables, non seulement de résoudre, mais aussi de prévenir les conflits en reconnaissant, dans la vie quotidienne de la classe, se vérifier de potentielles situations de danger avant même que celles-ci ne dégénèrent en tensions plus graves. Le Groupe offre alors un service de médiation à travers un ‘’ guichet’’convenu avec chaque école. Les adolescents avec lesquels nous travaillons ont de 11 à 15 ans. Il s’agit d’un projet européen, né en 2015 après la participation de quelques associations à l’avis ‘’Joining Forces to Combat Cyber Bullying in School’’, mais qui pourrait aussi être réalisé dans d’autres pays. Le projet prévoit-il aussi des activités parallèles ? Par le biais de rencontres formatives mensuelles et d ‘événements annuels parmi lesquels un voyage interculturel et humanitaire. Des moments de formation sont également prévus pour les parents et les professeurs. Cette participation commune entre associations, écoles et familles est, pensons-nous, une des valeurs ajoutées de l’initiative. – Le projet est organisé par l’association bNET, chef de file du ‘’Réseau Projet Paix’’, quels sont les objectifs de celle-ci ? Le ‘’Réseau Projet Paix’’ porte de l’avant depuis presque trente ans, un formation intégrale pour adolescents. Il favorise la collaboration entre instituts scolaires et associations, au niveau local et international ; il développe la réflexion des jeunes sur des thématiques d’actualité ; il organise des expériences de volontariat ; il valorise les talents artistiques et d’expression, les capacités de leadership et les habilités technologiques aussi dans l’utilisation des médias. Pour de plus amples informations : visiter le site www.reteprogettopace.it ou écrire à direttivo@reteprogettopace.it

Anna Lisa Innocenti

Un maître de l’écoute

C’était un homme très équilibré et de bon sens. Ḗtant presque aveugle, Klaus Purkott s’est donné à Dieu en offrant son écoute à de nombreuses personnes. Doté d’une grande capacité d’écoute, d’écoute profonde, cet homme presque aveugle parlait peu. C’est ainsi que Klaus Purkott a créé des relations, a aidé et accompagné les gens, bref, il vivait sa donation à Dieu comme focolarino. Il l’a fait d’une manière particulière à travers sa profession qu’il a exercée à Berlin pendant plus de 20 ans en tant qu’avocat dans un bureau d’État au tribunal civil. Il accueillait des personnes, souvent pauvres, qui n’avaient pas les moyens de se payer une assistance juridique et il avait l’estime de ses clients et de ses collègues, car il était capable de résoudre, même des cas difficiles, de manière inattendue et non conventionnelle. Il avait en effet une attention particulière pour ceux qui se trouvaient dans des situations apparemment sans issue. De son passé communiste, Klaus avait hérité cet amour préférentiel pour les personnes en difficulté. Il est né le 31 décembre 1936 en Haute-Silésie, un pays majoritairement allemand qui, après la guerre, a été rattaché à la Pologne. Malgré sa cécité congénitale (il avait une capacité visuelle d’environ 5 %), il a réussi à passer son diplôme d’études secondaires et a poursuivi ses études universitaires en suivant des cours de philosophie marxiste. Comme son père, vannier professionnel et l’un des fondateurs du Parti communiste polonais, Klaus espérait aussi trouver la vraie vie dans le communisme. « Mais Dieu – comme il nous l’a dit un jour – à travers ma cécité, m’a fait comprendre rapidement l’inutilité de tous mes efforts et m’a préparé à la rencontre avec Lui ». Même dans l’obsurité de sa vie, Klaus a trouvé la lumière dans sa rencontre avec la figure de Jésus sur la croix, qui, au plus profond des ténèbres, se confie au Père. Cette découverte, faite à travers la rencontre avec la spiritualité du Mouvement des Focolari, a changé sa vie et l’a conduit à un autre choix radical : celui de vivre comme focolarino consacré au service des autres. En plus de son travail, il vit aussi ce choix dans d’autres domaines : en accompagnant les personnes qui se confiaient facilement à lui, en offrant sa connaissance profonde et éclairée de la Bible à travers des exposés et des articles, ou en racontant des expériences simples de sa vie. Il était estimé pour sa vaste culture, son langage extrêmement simple, mais aussi pour son humour typique qui lui permettait de dénouer facilement les tensions. En 1999, Klaus a pris sa retraite et a été appelé à Ottmaring dans la Cité pilote œcuménique des Focolari en Allemagne. Là aussi, il jouissait d’une autorité morale. C’était un frère aîné, comme disaient les focolarini, il construisait souvent des relations de façon discrète. On retiendra aussi de lui son équilibre, son bon sens, sa sincérité et sa relation profonde avec Dieu. En 2008, Klaus rentre à Berlin. Il y a un peu plus de deux ans, il est blessé dans un grave accident et doit se transférer dans une maison de retraite. Là aussi, il continue à témoigner d’une vie ancrée dans la Parole de Dieu. Un groupe « Parole de Vie » ne tarde pas à se former autour de lui et il vivait manifestement bien le moment présent ; un style de vie qui lui a ouvert la voie pour arriver dignement à la rencontre avec le Père le 18 janvier 2019, de manière inattendue et sans bruit, pendant sa sieste habituelle après le déjeuner.

Joachim Schwind

Évangile vécu : petits pas vers la paix

De petits gestes peuvent transformer la société dans laquelle nous vivons Dans mon immeuble Dans mon immeuble en copropriété, il y avait eu beaucoup de tension car un de mes voisins, absent lors de la dernière réunion, avait envoyé à tous un avertissement pour contester des travaux effectués dans l’immeuble, qu’il considérait comme illégaux. Pour clarifier la situation, j’ai essayé de convaincre l’administrateur de convoquer à nouveau l’assemblée. Finalement, après quelques difficultés, l’assemblée s’est réunie et, à cette occasion, la question a été résolue. Depuis, la situation a changé, le voisin salue tout le monde et une nouvelle entente s’est créée dans l’immeuble. (Alessandra – Italie) Notre grand-père Nous avons accueilli chez nous notre grand-père, qui a un problème aux yeux et qui a besoin dune visite de contôle tous les mois. Un jour, alors que nous sommes chez le médecin, j’ouvre mon sac à main et je réalise que j’ai oublié mon portefeuille à la maison. Ne sachant comment faire pour payer ma visite, je me confie à Dieu. En partant, le médecin me prend à part et me dit : « Cette fois-ci, vous n’avez pas à payer », et il m’offre aussi des échantillons de médicaments. Je réalise que si j’agis par amour, Dieu ne m’abandonne pas. (Arze – Liban) Le colis Dans la résidence étudiante où j’habite, j’avais reçu un paquet contenant des confitures, des conserves et divers vêtements. Mes parents ne m’avaient pas parlé d’un envoi de ce genre. D’accord avec d’autres étudiants, avec lesquels nous partageons le désir de vivre l’Évangile, nous avons décidé de distribuer le tout à ceux qui semblaient le plus dans le besoin. Quelques jours plus tard, à la conciergerie, j’ai entendu par hasard un étudiant demander un colis qui lui était destiné. J’ai réalisé l’erreur, due au fait que nous avons le même nom de famille. Je lui ai tout raconté et ensemble on en a bien ri. Quand j’ai mis au courant ma famille, elle m’a envoyé un paquet encore plus grand pour lui. Ce jour-là, une véritable amitié est née entre nous. (C.d.F. – République Tchèque) Les chariots Après avoir fait mes courses au supermarché, alors que je me préparais à ranger le chariot, je me suis rendu compte qu’à l’intérieur des autres chariots, il y avait encore des gants et des sachets de légumes inutilisés. J’ai pensé que j’aurais pu les ramasser et les jeter à la poubelle. Un petit geste d’amour pour le prochain client. (Annalisa – Suisse)

propos recueillis par Chiara Favotti

Éradiquer la pauvreté : une semaine de sensibilisation

Avec l’action « End Poverty Week », les Jeunes pour un Monde Uni encouragent les actions concrètes et une campagne sociale pour un monde plus juste. « La tendance actuelle est au ralentissement de la réduction de l’extrême pauvreté et à l’augmentation de la concentration de la richesse entre les mains de quelques personnes ; elles sont quelques-unes à avoir trop et nombreuses sont celles qui ont trop peu. Beaucoup n’ont pas de nourriture et partent à la dérive tandis qu’un petit nombre se noie dans le superflu. Ce courant pervers d’inégalité est désastreux pour l’avenir de l’humanité ». Ce sont les paroles que le Pape François a adressées la semaine dernière au Fonds international pour le développement agricole ; elles décrivent bien la situation mondiale dans la lutte contre la pauvreté. En effet, les chiffres dictés par le rapport 2018 de l’ONU sur le fléau de la pauvreté sont impitoyables : 821 millions de personnes dans le monde ont été victimes de la faim en 2017, 6 millions de plus qu’en 2016 et une personne sur dix vit dans l’extrême pauvreté, soit avec moins de 1,25 dollar par jour. Mais la pauvreté peut être vaincue si des mesures sont prises rapidement. Quelles en sont les causes ? Les conflits, les maladies, la sécheresse et le chômage. Du 17 au 23 février 2019, dans le cadre des « Chemins de l’économie, du travail et de la communion », les Jeunes pour un monde uni ont appelé la semaine de sensibilisation pour l’élimination de la pauvreté : « End Poverty Week ». Cette dernière est incluse dans le projet United World Project, qui prévoit la promotion d’actions visant à surmonter les inégalités en faveur des pauvres d’un territoire, des moments de sensibilisation à une plus grande prise de conscience dans la consommation et la promotion d’une finance éthique. « Nous rêvons d’un monde où plus personne ne sera dans le besoin et où chacun aura la possibilité de développer pleinement son potentiel humain, spirituel, économique et professionnel » – explique Andres Piccinini, argentin, membre des Jeunes pour un Monde Uni. Une formation est également prévue pour les personnes qui veulent s’engager dans le projet. Au Pôle Lionello Bonfanti (à Loppiano/Italie), il y aura une série de rencontres intitulées Économie, travail et communion. La proposition vise à promouvoir, personnellement ou collectivement, de petits gestes quotidiens et des actions déjà en place qui peuvent influencer localement l’opinion publique. Les jeunes pour un Monde Uni écrivent sur leur page Facebook et Instagram : la méthode c’est agir et ensuite partager les actions sur les réseaux sociaux, en utilisant les hashtags #Pathways4unitedworld, #pathway2018, #endpoverty, #unitedworldproject.

Patrizia Mazzola

Bourgeons d’espérance

Bourgeons d’espérance

Deux journées de visites pour le Conseil Général des Focolari sur les lieux saints : de la grotte de la nativité de Bethléem au Cénacle, du jardin des oliviers au Calvaire. Des rencontres avec des personnalités afin d’approfondir les questions de grande actualité concernant la Terre Sainte.

le rabbin Ron Kronish et l’évêque émérite luthérien Munib Younan

Les 14 et 15 février ont été l’occasion d’une full immersion dans la situation politique et religieuse de la Terre Sainte. Le Conseil Général s’est mis en marche avec les milliers de pèlerins qui peuplent quotidiennement Jérusalem, pour visiter quelques lieux saints. Non seulement, car ces journées ont été consacrées aussi à l’approfondissement de la situation politique et religieuse de cette terre. Pour les accompagner dans ce parcours, deux personnalités d’exception : le rabbin Ron Kronish et l’évêque émérite luthérien Munib Younan. ‘’La guerre entre les juifs et les chrétiens est désormais terminée’’ a observé le rabbin Kronish en parlant du dialogue judéo-chrétien. Aussi bien lui que l’évêque Younan ont mis l’accent, lors de leur intervention, sur les conditions politiques nécessaires à une cohabitation pacifique, non seulement entre Israël et la Palestine, mais pour tout le Moyen Orient : ‘’Deux peuples – deux états’’ est le slogan qui exprime, selon le consensus de ces deux hommes de dialogue – amis de longue date – la base indispensable sur laquelle construire une paix réelle. ‘’C’est seulement avec deux états – dit Kronish – que nous réussirons à mettre fin à la violence’’. Et une fois la guerre terminée – c’est la conviction exprimée par le rabbin Kronish, fondateur de nombreuses initiatives de dialogue – il y aura aussi les ressources économiques nécessaires pour une politique d’éducation et de formation à la cohabitation pacifique. Munib Younan, né d’une famille de réfugiés palestiniens, ajoute d’autres éléments nécessaires à son avis, pour une paix durable : une Jérusalem qui appartienne d’une façon égale aux trois grandes religions (juive, musulmane et chrétienne) et aux deux peuples (juif et palestinien) est une solution pour les réfugiés palestiniens. Lui aussi est d’accord qu’après les choix politiques, il faille une stratégie de formation surtout pour les jeunes. ‘’Commencez un Mouvement laïc comme le vôtre parmi les chrétiens palestiniens’’ – c’est l ‘invitation adressée aux Focolari – c’est un besoin pressant’’. Pierbattista Pizzaballa, Administrateur apostolique en Terre Sainte, a reçu le Conseil Général jeudi passé au siège du Patriarcat Latin. Lors de sa salutation, il a mis l’accent sur la force de ce qui est petit. ‘’Nous chrétiens en Terre Sainte, nous sommes peu, faibles et fragiles – a-t-il expliqué -. C’est justement pour cela que nous pouvons faire la proposition provocatrice d’une Jérusalem non seulement céleste – mais aussi terrestre, qui a – comme le dit l’Apocalypse, toutes les portes ouvertes ». La tâche des chrétiens serait celle de semer, sans prétendre d’en voir les effets. Jeter les semences – mêmes petites – et laisser la Divine Providence les faire grandir et fructifier. Cette invitation de l’Archevêque a semblé se réaliser quelques heures après : à côté de l’église Saint Pierre en Gallicante adjacente à l’escalier sur lequel Jésus, selon la tradition, aurait exprimé sa prière pour l’unité, Maria Voce, présidente des Focolari, a déposé une petite médaille en terre. C’est la première semence d’un ‘’Centre international pour l’Unité et la Paix’’ à Jérusalem, qui est en train de naître justement ici, réalisation d’un rêve que Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, avait déjà exprimé lors d’une de ses visites en Terre Sainte en 1956. ‘’Chiara – a affirmé Maria Voce – bénira du Ciel ce projet et le portera de l’avant’’. Un moment de grande profondeur pendant lequel étaient aussi présents 170 membres des communautés des Focolari en Terre Sainte. Ceux-ci étant les témoins, que la petite semence jetée en cette terre au cours des années, montre déjà les premiers bougeons.

Joachim Schwind

Porter le Ressuscité dans le monde

Porter le Ressuscité dans le monde

Lors de la retraite du Conseil général en Terre Sainte, se sont conclus les trois jours de travail sur la communion des biens, les nouvelles générations et l’Assemblée générale de 2020. « Ce Jésus qui était enseveli ici et qui est ressuscité veut à présent vivre parmi nous et que nous le portions dans le monde entier. » Le co-président du mouvement des Focolari Jesús Morán a exprimé ainsi son émotion devant le Saint Sépulcre où il a célébré l’Eucharistie avec le Conseil Général. Le mercredi 13 février a été une journée intense et riche : elle a commencé par un réveil à l’aube pour pouvoir entrer dans ce lieu extraordinaire qui semble avoir beaucoup de points communs avec la semaine de retraite que le Conseil Général est en train de vivre en Terre Sainte. Au Saint Sépulcre, en effet, nous nous sommes retrouvés devant le tombeau laissé vide par Jésus ressuscité. Et de la même manière que ce tombeau vide avait provoqué une multitude de questions sur l’avenir chez disciples de Jésus, le Conseil général s’est laissé lui aussi interroger ces jours-ci, faisant place à des questions sur l’avenir : où le Ressuscité – aussi à travers le mouvement des Focolari – voudra-t-il arriver aujourd’hui ? De ce fait, où devrions-nous concentrer nos forces, nos énergies et nos ressources ? Ces questions ont sous-tendu les trois grands thèmes abordés ces jours-ci à Jérusalem. En ce qui concerne l’aspect « communion des biens, économie et travail », le Conseil Général a noté dans toutes les articulations du Mouvement un grand désir de revenir à la radicalité des premiers temps et de vivre avec un nouvel engagement et une nouvelle cohérence la communion des biens. Nous nous sommes interrogés sur la manière de concrétiser ce désir. La réflexion sur les nouvelles générations des Focolari, deuxième thème traité, a été enrichie par la rétrospective sur le Genfest de Manille et sur les récentes JMJ au Panama, deux étapes qui ont mis en lumière tout le potentiel présent chez les enfants et les jeunes. C’est ce qu’illustrent plusieurs initiatives largement diffusées, comme le projet « Parcours pour un Monde Uni » ou l’engagement pris avec « Zero Hunger » (« Faim Zéro ») qui prévoit de venir à bout de la faim d’ici 2030. Parmi les thèmes de réflexion : comment donner une continuité aux initiatives individuelles en cours pour arriver à tenir ces engagements ? Enfin, le troisième thème : la préparation de la prochaine Assemblée Générale de 2020. Le Conseil a accordé une attention particulière, d’une part, à la manière de faire en sorte que l’Assemblée reflète la diversité géographique, culturelle et vocationnelle présente dans le Mouvement ; d’autre part, nous nous sommes demandé comment arriver à concilier les exigences de continuité avec celles de nouveauté qui caractérisent le moment que vit actuellement le Mouvement. Une commission préparatoire sera mise en place prochainement pour commencer les travaux à partir de ces deux pistes. Présenté ainsi, cela pourrait sembler une retraite traversée de nombreuses questions sans réponses. Mais cela n’a pas été le cas. L’intention n’était pas de structurer ce qui s’était dégagé dans un document ou des lignes programmatiques. Un parcours déjà engagé est apparu, fruit de la vie du Mouvement présent dans le monde entier. Se poser des questions sur ce chemin, se laisser interroger par les grandes questions de l’humanité aujourd’hui, chercher de nouvelles réponses, tirer parti du chemin parcouru et regarder vers l’avenir, peut produire des effets imprévus. Cela peut amener à rencontrer le Ressuscité sur des chemins inattendus, précisément comme cela s’est produit pour les deux disciples qui, ayant laissé la tombe vide, s’étaient mis en chemin vers Emmaüs.

Joachim Schwind

Nouvelle-Zélande : quand les cultures se rencontrent

Nouvelle-Zélande : quand les cultures se rencontrent

Esther est Maori et Tom d’origine irlandaise et écossaise. Leur histoire bouleverse le principe de l’incommunicabilité entre des cultures très différentes. Fils d’une mère irlandaise et d’un père écossais, Tom a 26 ans lorsqu’il arrive en Nouvelle-Zélande, un archipel où le peuple Maori a débarqué en premier, suivi de nombreuses migrations qui en font un pays multiculturel. Il s’y est rendu grâce à un vol low-cost que les gouvernements britannique et néo-zélandais offraient aux jeunes désireux de rester au moins deux ans dans des pays d’outre-mer. Esther, quant à elle, est Maori et est l’aînée de 13 frères. Ils se sont rencontrés à la discothèque et ce fut le coup de foudre. « Je n’ai jamais remarqué que nous venions de deux cultures différentes, commence par dire Tom, « et je n’ai pas vraiment remarqué qu’il était blanc », poursuit Esther. « Dès que je l’ai vue, je suis tombé amoureux d’elle », conclut-il. Les complications sont arrivées plus tard, lorsqu’ils ont annoncé à leurs familles respectives qu’ils voulaient se marier. Sa mère rappelle à Tom qu’il ne pourra pas l’emmener en Angleterre parce qu’elle n’est pas blanche, quant à la grand-mère d’Esther elle n’est pas du tout convaincue. Elle avait déjà choisi un homme pour sa petite-fille, comme elle l’avait déjà fait pour sa fille, la mère d’Esther: les traditions de la communauté maorie sont fortes et difficiles à briser. Cependant, après le choc initial, les parents de Tom apprennent à aimer leur belle-fille Maori et lui aussi est accueilli par la grande famille d’Esther. D’un commun accord, les enfants sont baptisés et éduqués dans l’Église catholique dont Esther fait partie et dans laquelle Tom désire s’insérer. Le premier contact avec les Focolari a eu lieu en 1982 par l’intermédiaire du père Durning, catéchiste de Tom, prêtre écossais et missionnaire de la communauté maorie. Invités à passer un week-end avec les focolarines, Esther et Tom partent avec leurs enfants non sans émotion. « J’ai essayé de lire la Bible – se souvient Tom – mais je n’en ai pas profité. J’ai plutôt été frappé par une phrase que l’une d’elles a dite : « Essayez de saisir la présence de Jésus en ceux qui passent près de vous ». Je lui ai dit que si elle connaissait mon travail, les chemins de fer, elle serait d’accord avec moi pour dire que ce n’est pas possible. C’était un milieu difficile, mais elle a insisté. J’ai essayé, ma foi s’est renforcée et j’ai trouvé ce que je cherchais : la possibilité de la faire devenir vie ». Lors de leur première Mariapolis , Esther et Tom se retrouvent à l’écoute de personnes qui partagent des expériences et des événements personnels « lus » à la lumière de l’Évangile et en sont frappés. « Mais notre histoire n’a pas été facile à raconter – explique Esther – parce que Tom avait commencé à boire, une habitude prise au travail ». « Un soir, alors que j’allais prendre une bière – poursuit Tom – Esther m’a demandé ce que j’allais faire. J’ai réalisé que je ne pouvais pas continuer à vivre ainsi ; j’avais une femme et quatre enfants. L’alcoolisme détruisait notre famille, alors j’ai décidé d’arrêter ». Mais la vie d’une famille comme la leur n’est jamais monotone et il arrivait qu’après avoir surmonté une diffculté, il s’en présentait tout de suite une autre. C’est ainsi qu’à la suite d’un accident, Tom a été contraint de quitter son emploi et qu’ils ont décidé d’inverser les rôles : « Esther est partie travailler et je suis resté à la maison pour m’occuper des enfants », raconte Tom. « J’ai dû apprendre à faire beaucoup de choses ainsi que le difficile art d’aimer à la maison. Pour nos amis, notre choix était totalement à contre-courant et nous ne pouvons pas dire que tout s’est toujours bien passé, mais malgré les hauts et les bas, nous nous sommes toujours retrouvés unis. Quand nous avons des points de vue différents, ou quand je ne démords pas d’une idée, je me souviens que Chiara Lubich nous a appris à toujours aimer en premier, à nous excuser et à ne pas perdre le courage d’aimer ». « Depuis 46 ans, la spiritualité de l’unité est devenue notre mode de vie quotidien », conclut Esther. « J’ai compris que Dieu nous avait fait cadeau d’une belle vie, qu’Il nous avait proposé un objectif élevé et accordé la fidélité pour l’atteindre ; maintenant, c’est à nous d’aller de l’avant ».

Gustavo E. Clariá

Je ne pouvais pas reculer.

Les relations les plus proches sont parfois les plus difficiles. C’est l’expérience de Miso Kuleif avec son père. « J’ai toujours eu une relation difficile avec mon père. Ni moi ni le reste de la famille n’avons jamais réussi à nous entendre avec lui et nous en avons beaucoup souffert. Et pourtant, à un moment précis de ma vie, j’ai fait une découverte : il m’aimait vraiment et moi aussi je l’aimais ». C’est ainsi que commence Miso Kuleif, née en Jordanie il y a 24 ans. Elle vit en Italie avec sa famille depuis plus de vingt ans. Pendant longtemps, le père de Miso eut de graves problèmes de santé,  mais le tournant s’amorça il y a environ trois ans quand il apprit qu’il devait subir en urgence une greffe de foie. Contrairement à l’Italie, il est possible en Jordanie de faire ce type d’opération avec un donneur en vie et son père choisit de se faire opérer dans son pays d’origine. « Le problème était de trouver un donneur et donc des gens prêts à subir des contrôles de compatibilité. Quand je l’ai su, je n’ai pas beaucoup réfléchi. Je suis parti avec lui pour passer ces examens. Où ai-je puisé la force ? Le fait de vivre depuis quelques années la spiritualité de l’unité m’y a aidé. J’ai connu les Focolari dans ma ville par le biais du Mouvement diocésain qui apporte cette spiritualité à de nombreux diocèses et paroisses, dont la mienne. Dans les réunions, souvent, nous nous proposions d’aimer comme l’Evangile nous l’enseigne, prêts aussi à donner notre vie les uns pour les autres. Maintenant, je ne pouvais plus reculer. Si nous avons la possibilité de sauver une vie, nous ne pouvons pas refuser ». Miso quitte donc l’Italie et interrompt l’université sans savoir quand elle aurait pu revenir. Quand elle arrive en Jordanie, l’expérience est difficile. « J’étais là, seule, entourée d’une famille à laquelle il ne me semblait pas appartenir. Si j’avais subi l’opération, toutes les personnes que j’aurais désiré avoir auprès de moi n’auraient pas été là. Le temps passe… Les examens montrent cependant que le foie de Miso n’est pas compatible. Peu de temps après, on trouve un donneur, le frère de son père, le seul qui, après Miso, a accepté de faire les contrôles. « Il m’a fallu du temps pour métaboliser cette expérience. Grâce aussi aux nombreuses personnes du Mouvement qui m’ont été proches, j’ai réussi à développer la conscience de l’amour que j’ai pour mon père, même s’il m’est difficile de l’admettre. Détester quelqu’un est beaucoup plus facile, mais beaucoup plus toxique. Le vrai problème n’était pas la situation en soi, mais la façon dont je l’affrontais. J’ai appris que cela dépend de nous de pouvoir être toujours heureux. Dans l’Évangile nous lisons : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ». Maintenant, je me rends compte de l’importance de ces paroles. Si ma vie avait été différente, elle aurait peut-être été plus simple, mais je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui ».

Calabre (Italie) : on peut changer

Calabre (Italie) : on peut changer

« Nous devons travailler ensemble et avoir le courage de faire en sorte que les choses fonctionnent bien. » C’est la conviction de Loris Rossetto qui a parlé, lors de la récente conférence « Co-Gouvernance, coresponsabilité dans les villes aujourd’hui », de l’auberge « Bella Calabria », réalisée à partir d’un édifice confisqué à Ndrangheta (mafia). « De toute façon rien ne changera  » ou « mieux vaut ne pas risquer « : ce sont là des pensées qui portent préjudice à notre terre. Mais lorsqu’au contraire on se retrousse les manches et qu’on travaille en équipe, les résultats arrivent. C’est l’expérience de Loris Rossetto et de son épouse, des Calabrais qui, dans les années 90, ont émigré en Vénétie, puis dans le Trentin. Une fois rentrés dans leur pays natal en 2005, ils ont engagé des activités dans des structures confisquées à l’ndrangheta (c’est ainsi qu’on désigne la mafia dans cette région). Conquis par l’efficacité de l’Europe du Nord, ils ont pensé l’associer à la chaleur et aux ressources naturelles et culturelles du Sud, en développant un « tourisme très spécial, celui de l’amitié et de l’hospitalité calabraises”. Leur objectif est de promouvoir la croissance économique de la région, mais surtout de créer des liens d’amitié avec des personnes d’autres Pays et d’encourager la population locale à travailler pour le bien commun, dans la légalité, en croyant à la possible renaissance du territoire. Selon les dernières statistiques, la Calabre compte actuellement 35 conseils municipaux dissous pour connivence avec la mafia, y compris celui de la capitale régionale. La moitié de la drogue qui arrive en Italie transite par cette région. Mais la plaie de la mafia – l’expérience des Rossetto le démontre – n’a pas le dernier mot si l’on a le courage de proposer un autre modèle de relations. « Nous avons commencé par fonder l’association ‘Amis de la langue allemande’ – dit Loris – avec l’idée de promouvoir des échanges entre notre ville et les pays germanophones. La première expérience est la création d’un centre de regroupement. Puis nous décidons d’ouvrir à Cutro (province de Crotone), l’auberge ‘Bella Calabria’ dans un bâtiment confisqué. La structure est inaugurée le 11 avril 2015. Nous nous fixons un programme pour les cours – poursuit Loris –  » 48 heures à l’auberge” ayant pour devise : “Celui qui respecte les règles est heureux  » et comme sous-titre : « Fais pour les autres ce que tu voudrais qu’ils fassent pour toi! ”. Les élèves s’approprient l’idée que le travail d’équipe est bon. Ils apprennent les langues étrangères à travers des jeux de rôle et des dialogues dans la langue”. Mais les premiers pas de cette aventure sont rudes. Non seulement parce que les Rossetto n’ont pas l’habitude des affaires ni du tourisme, mais voilà qu’en été l’eau vient à manquer dans la région. On a recours à une citerne, mais ce n’est pas suffisant. L’année suivante il se trouve que le Maire nouvellement élu se met à les aider. « C’est un signe du ciel », pense le couple, un encouragement à aller de l’avant. Et le projet va bon train. Des classes arrivent du nord de l’Italie ainsi que des touristes de l’ Europe: l’équipe de Hockey de Hamm, une classe de Dresde, la Croix-Rouge allemande. Tous font l’expérience de la chaleur de l’hospitalité calabraise, et les gens du pays, au début réservés, sont partie prenante. « Les habitants de Cutro répondent d’une manière merveilleuse – observe Loris – Il arrive souvent qu’un touriste, surpris, nous dise: ‘Je suis allé au bar et ils m’ont offert un café’, ou qu’en été un voisin partage des fruits frais. Les clients sont tellement impressionnés qu’ils tombent amoureux du village et de l’auberge et il n’est pas rare de les voir revenir. Nous comprenons que nous sommes sur la bonne voie. » Par la suite une deuxième auberge est créée à Crotone, ainsi qu’un projet qui concerne trois parcs : « A Cropani Marina, nous proposons un circuit balisé en mini-voiture pour éduquer à la sécurité routière, à Isola un itinéraire VTT, à Cirò un sentier botanique. Là aussi, des difficultés ne manquent pas, mais au bout du compte, ça marche ». Le dénominateur commun à toutes ces initiatives c’est une forte motivation et une invitation : « Ne jamais cesser de rêver, tout en gardant les pieds sur terre, les yeux tournés vers le ciel, pour aimer et améliorer sa propre terre ».

Claudia Di Lorenzi

Kenya: une école de leadership

Kenya: une école de leadership

Ils étaient une centaine de 12 pays à la première école de leadership pour jeunes leaders sur le continent africain, « Together for a new Africa » (Ensemble pour une nouvelle Afrique). « Trouve ta passion, quelle qu’elle soit, assimile-la, fais la tienne et tu verras de grandes choses se réaliser pour toi et à travers toi ». Cette citation d’Allan T. Armstrong résume bien le sens de l’école de leadership à laquelle ont participé 100 jeunes leaders de 12 pays d’Afrique de l’Est et de la République Démocratique du Congo au début janvier à la Mariapolis Piero, la cité-pilote des Focolari au Kenya. Il s’agit d’une première série d’écoles d’été au nom prometteur ; elle est la première d’une série d’universités d’été prometteuses intitulées « Together for a new Africa », ensemble pour une nouvelle Afrique. Melchior Nsavyimana, jeune politologue burundais et actuellement chargé de cours et coordinateur à l’Institut pour l’intégration régionale / Université catholique d’Afrique de l’Est, est l’un des pionniers du cours. Il explique que le but de cette première session est « d’approfondir et d’expérimenter une idée de leadership qui, enracinée dans les valeurs du continent africain, répond aux défis d’aujourd’hui. Un leadership qui s’exprime de manière communautaire et construit la communauté avec les outils et les langages de la fraternité universelle : si c’est la question qui interroge notre avenir, il doit devenir notre engagement actuel en s’appuyant sur les fondements de la culture de l’unité ». Ce premier événement a été organisé par un véritable réseau composé de l‘Institut Universitaire Sophia, avec le soutien du Mouvement politique pour l’unité, de l’ONG New Humanity et avec la coopération de l’UNESCO et le soutien de Caritas et de Missio. Tout a commencé il y a quelques années à l’initiative d’un groupe d’étudiants africains de l’Institut Universitaire Sophia qui ont décidé de s’engager pour une nouvelle Afrique, à commencer par la transformation et le renouvellement culturel de son leadership. Vingt enseignants d’Afrique de l’Est, de la République démocratique du Congo et de Sophia ont commencé le premier cycle d’une formation interdisciplinaire et interculturelle de trois ans sur les thèmes de la citoyenneté responsable, du leadership et d’une culture de la fraternité, pour affronter avec lucidité les blessures du continent. « Le voyage ne fait que commencer » dit le site web de l’école où les jeunes promoteurs expliquent l’intention du projet : « L’Afrique (surtout l’Afrique de l’Est) vit une série de changements démographiques, politiques, sociaux et culturels très complexes. L’un des effets est la pression du climat d’incertitude. Les jeunes manquent souvent d’outils nécessaires pour comprendre les changements en cours et ils restent passifs face aux demandes confuses des hommes politiques, des groupes armés, des multinationales, etc. C’est pourquoi nous, jeunes Africains, diplômés de l’Institut Universitaire Sophia, avons compris qu’il est de notre responsabilité de décider avec les jeunes Africains quelle Afrique nous voulons pour l’avenir, comme le propose l’Agenda de l’Union africaine pour 2063. Nous voulons donner aux jeunes d’Afrique une formation intégrale sur le leadership responsable et créer un réseau entre eux pour agir ensemble pour l’Afrique qu’ils veulent ».

Stefania Tanesini

Récupérer la radicalité d’un style de vie évangélique

Récupérer la radicalité d’un style de vie évangélique

Cette année, le Conseil Général des Focolari a choisi pour sa retraite annuelle, un lieu de valeur hautement symbolique : Jérusalem et la Terre Sainte. L’institut œcuménique Tantur, situé à la frontière de la Ville Sainte avec Bethléem, se veut être une oasis d’hospitalité et de communion pour celui qui désire s’immerger dans la réalité assez complexe de Jérusalem, avec son enchevêtrement de cultures, de peuples, de religions et de confessions. C’est pour cela qu’il se présente comme adapté pour la retraite du Conseil Général du Mouvement en cours, du 10 au 17 février. ‘’Le programme de ces jours-ci comprend, dans un certain sens, le passé, le présent et le futur’’, expliquent Friederike Koller et Ángel Bartól, les délégués centraux du Mouvement et coordinateurs de cette retraite. ‘’Un voyage en Terre Sainte est toujours un pèlerinage qui invite à regarder le passé, et donc les lieux historiques de la foi chrétienne et ses racines dans la religion juive. Le présent se touchera dans les moments de travail sur un des thèmes principaux de l’année 2019 : l’aspect ‘communion communion des biens, économie et travail’. L’intention est de récupérer dans le Mouvement, une radicalité de vie évangélique en ce qui concerne la communion des biens, également matérielle, et à partir d’un style de vie alternatif, imprégné par le charisme de l’unité, trouver des réponses aux défis économiques d’aujourd’hui. Nous tournerons ensuite le regard vers le futur, en traitant deux arguments importants : le travail pour et avec les nouvelles générations et la préparation de la prochaine Assemblée Générale de 2020’’. Ángel Bartól souligne combien sera exigeant le fait d’appliquer la méthode de travail choisie, en considérant le nombre de participants (62 personnes) : ‘’Que nous travaillions en réunion plénière ou en petits groupes, nous sommes en pèlerinage ; nous nous sentons toujours en chemin avec Jésus qui veut être présent, vivant, et actif au milieu de nous. Cela est possible quand chacun de nous est prêt à offrir son point de vue sans y être attaché’’. Et Friederike Koller d’ajouter : ‘’De cette façon, nous pouvons nous aussi donner une petite contribution à la paix, à laquelle la Parole de Vie de ce mois nous invite et dont le monde, et surtout cette ville, a tant besoin’’.

Joachim Schwind

Ceci est la salutation de Maria Voce, présidente des Focolari, en partance pour Jérusalem.

Dieu les aime d’une manière spéciale

À l’occasion de la « Journée Mondiale du Malade », nous proposons une brève réflexion de Chiara Lubich sur la maladie et sur les communautés du Mouvement dans lesquelles vivent des personnes malades. Vous savez que toute notre vie est une révolution, du fait qu’elle est chrétienne : révolution de notre façon de penser, révolution qui signifie aller à contre-courant. Si nous réfléchissons à la manière dont on considère les malades dans le monde, nous nous rendons compte qu’on les perçoit en quelque sorte comme différents des bien portants, comme une catégorie à part, surtout si leur maladie se prolonge ou devient incurable. La société d’aujourd’hui marginalise en effet les malades, car elle ne comprend pas la valeur de la souffrance et veut l’oublier, comme elle veut le faire aussi pour la mort. C’est très grave et antichrétien, parce que le premier marginal devrait alors être Jésus Christ. Par conséquent, si ces communautés particulières où vivent des personnes malades sont sans aucun doute comme les autres, elles ont aussi un caractère spécial, car elles ont la possibilité de témoigner au monde ce qu’est la souffrance pour le chrétien. La souffrance est un don que Dieu fait. Or ce n’est pas seulement une façon de parler pour se consoler ou réconforter les malades. Tous ceux qui ont des problèmes de santé sont vraiment aimés de Dieu de manière spéciale, parce qu’ils sont plus semblables à son Fils. (Chiara Lubich, Perchè mi hai abbandonato?, 1997, pp.108-109, traduit en français sous le titre : la Souffrance, 1998, p. 100)

Un homme évangélique

Doux mais déterminé, avec la conviction que l’Évangile est une des pages les plus révolutionnaires de l’histoire, capable de changer le monde. C’est pour cela que Marco Aquini a vécu. Il nous a quittés il y a un mois, le 4 janvier dernier. La rencontre avec Marco laissait des traces : il était une de ces personnes d’une rare sincérité, qui avec le regard profond s’adressait directement à ton cœur, et en quelques mots, sans divaguer, répondait à l’aide de gestes concrets à tes besoins, te donnait un conseil mais sans rien t’imposer, au contraire, en suscitant la réponse en toi, dans ton for intérieur. Né en 1958, il a été un des premiers jeunes de sa région, le Frioul, à adhérer aux Focolari ; une terre où les gens sont entiers : sérieux, travailleurs, disciplinés. Il connaît la dureté de la vie lorsqu’il perd son papa à la suite d’un grave accident. Mais la rencontre avec la spiritualité des Focolari représente un tournant dans son histoire. Durant un campus avec les Gen (les jeunes des Focolari) en 1978, il ressent l’appel à se donner à Dieu comme focolarino et adhère à l’invitation de Chiara Lubich à souscrire un engagement de fidélité à Dieu jusqu’à la mort. Il s’agit du ‘’Pacte jusqu’au bout’’, considéré historique et écrit à Chiara à cette occasion :’’Avant de connaître l’Idéal*, j’étais renfermé dans mon monde doré. En le vivant, je suis en train de sortir de moi-même. Je retourne conscient d’avoir la force potentielle de changer le monde dans lequel je vis’’. Il offre sa contribution, avec passion, tout d’abord en Allemagne, puis de nouveau en Italie, au Centre du Mouvement des Focolari, spécialement dans la fondation de deux organismes au service des plus humbles, et de la paix : l’AMU, ‘’Association Monde Uni’’, et ‘’New Humanity’’, l’ONG du Mouvement agréée par l’ONU. Pendant des années, il travaille aussi en qualité de conseiller central pour l’aspect de la ‘’Communion des biens, Économie et Travail’’ ; il devient coresponsable du mouvement des Jeunes pour un Monde Uni. A partir de l’an 2000, il est aux côtés de Chiara et d’Eli Folonari, pour le déroulement du Collegamento CH , la vidéo-conférence qui, depuis 1980, rassemble périodiquement la famille des Focolari de par le monde. Mais la vie lui réserve une autre expérience inattendue, l’inexplicable disparition de sa sœur Chiara, déjà fragile de santé. Il en souffre beaucoup avec sa maman, alors que les recherches se poursuivent jusqu’au jour où l’on retrouve son corps. Dans cette tragédie, Marco réussit à cueillir l’amour de Dieu qui lui donne la force de soutenir sa famille. Avec sa maman Franca, Marco collabore ensuite à la fondation d’une maison d’accueil dont le nom est dédié à sa sœur, pour l’insertion sociale des handicapés physiques et psychiques et, même s’il le fait à distance, il garde toujours les rapports avec l’association. Il se consacre aussi à l’enseignement académique à l’Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin de Rome, et toujours dans le milieu de l’économie, au sein des Focolari, il assume la responsabilité de membre de l’actuel Conseil d’Administration de la revue Città Nuova. Son amour envers les plus démunis l’engage aussi à offrir une aide compétente à un groupe d’écoute de Caritas. En novembre 2018, il découvre, entouré de plusieurs amis, une grave maladie et affronte cette nouvelle étape avec un choix renouvelé de Dieu, qui lui donne une profonde joie, malgré les lourdes souffrances physiques. Maria Voce, dans le télégramme qu’elle envoie à la communauté des Focolari dans le monde, met en relief sa vocation de focolarino, son style sobre, clair et direct, qui se reflète dans la parole de l’Évangile que Chiara lui avait proposé de vivre :’’ Que votre langage soit : « Oui, oui », « Non, non »’’ (Mt 5,37), et de la manière avec laquelle il a vécu de façon extraordinaire la maladie. La dernière étape de vie de Marco a laissé tout le monde sans voix, dans l’apparente impossibilité de suivre le rythme de la rapide détérioration de la santé qui en seulement deux mois, l’a amené, le matin du 4 janvier, à rejoindre le Ciel. A ses funérailles, il y avait des personnes venues de tous les horizons, toutes liées à lui, d’une certaine façon, ‘’en cordée’’ avec lui, à ne gravir plus seul ses chères montagnes, mais les cimes de la vie, accompagnées par son exemple authentique et lumineux.

Patrizia Mazzola

*La spiritualité des Focolari

Trois villes, un seul objectif: le bien commun

Trois villes, un seul objectif: le bien commun

Qu’ont-elles en commun, Medellín, Katowice et Kingersheim ? Malgré la distance culturelle, ce qu’elles ont en commun, c’est le projet social et civil. Elles se situent géographiquement sur deux continents différents et en trois régions culturelles éloignées. Il s’agit de Medellín (Colombie), Katowice (Pologne) et Kingersheim (France). Ce sont des villes qui ont accueilli le défi de mettre au centre, le bien commun, dans le sens le plus authentique et non comme la somme d’intérêts privés. Administrations et population ont travaillé afin de trouver une voie pour casser les égoïsmes, la pauvreté, les solitudes et se reconnaître frères. Les protagonistes sur le terrain sont respectivement Frederico Restrepo, Danuta Kaminska et Jo Spiegel qui, au Congrès ‘’Co-Gouvernance, co-responsabilité dans les villes aujourd’hui’’ ont raconté leurs trois histoires, différentes mais avec un seul slogan. La première histoire est racontée par Frederico Restrepo, ingénieur et ex-directeur de l’EPM – Entreprises Publiques de Medellín (Colombie) qui, avec quelques amis, ne s’est pas rendu face à l’inéluctabilité de la situation qui semblait plus grande que ses forces. Medellín – ville qui compte presque trois millions d’habitants -, comme tant d’autres villes sud-américaines, montre une forte tendance d’augmentation des zones urbaines au détriment de la population rurale. ‘’Dans quelques quartiers de Medellín se trouvent des populations qui essaient de construire leur propre ville à la périphérie de la ville’’ raconte Restrepo. Depuis quelques années a commencé une expérience-pilote dans les quartiers nés des migrations forcées afin de réaliser des projets urbains intégraux. L’immigration, en augmentation en Colombie aussi à cause de la crise au Venezuela, ne se résout pas en construisant des murs : ‘’Nous avons la responsabilité – continue-t-il – de construire des relations entre les villes afin de pouvoir résoudre ce problème social que notre société est en train de traverser’’. Mais il ne s’agit pas seulement d’une question urbanistique, d’autres défis se présentent pour redécouvrir le cœur de la ville et le faire battre. L’expérience que raconte Danuta Kaminska fait le lien entre le continent américain et l’Europe. Administratrice publique dans le Conseil de la Silésie Supérieure, en Pologne, elle présente des histoires quotidiennes, mais en même temps extraordinaires, d’accueil de la part des citoyens de Katowice afin de favoriser l’insertion des migrants, en grande partie des ukrainiens. Pour la seule année passée, ils sont arrivés au nombre de 700.000. ‘’Pour réaliser la co-gouvernance dans notre ville, nous avons compris qu’il faut soutenir les citoyens. On collabore avec les communautés religieuses, et les organisations non gouvernementales pour l’intégration, comme par exemple le soutien aux communautés juive et musulmane’’. Katowice, deux millions d’habitants, a subi une profonde mutation ces dernières années, en se transformant, d’une ville industrielle à un site UNESCO, et elle a été le siège de la Conférence des Parties sur le Climat de 2018 (COP24). Si la ville est un espace de transformation, si la démocratie doit être fraternelle, il faut alors cultiver la participation et la spiritualité. Nous parlons ici d’administrateurs qui deviennent facilitateurs de processus décisionnaires et Jo Spiegel, maire de Kingersheim, petite ville française d’environ 13.000 habitants, continue à se dépenser de toutes ses forces afin de restituer à sa ville, un visage multiforme où peuvent coexister des cultures et des générations différentes. ‘’Il y a vingt ans – raconte le maire – nous avons fondé un écosystème démocratique participatif, en donnant naissance à la ‘’Maison de la Citoyenneté’’, un lieu privilégié où on apprend à vivre ensemble, citoyens et politiciens’’. Plus de quarante ont été les projets menés à terme comme la révision du plan urbanistique local, la planification du temps de l’enfant, la création d’un lieu de culte musulman. ‘’La fraternité ne se délègue pas, ne se décrète pas. Elle est en nous, entre nous. Elle se construit’’.

Patrizia Mazzola

Le Gen Verde en tournée au Panama et en Amérique Centrale

Le Gen Verde en tournée au Panama et en Amérique Centrale

Les focolarines du Gen Verde racontent leur vécu en Grande-Bretagne et au Luxembourg, au Panama pour la JMJ. Leur voyage se poursuit à Cuba, au Guatemala et au Salvador. Dans votre dernier album « From the inside outside », vous portez un regard positif sur les personnes: chacun a la possibilité de découvrir en lui cette lumière qu’il peut apporter aux autres. C’est le cas ? Adriana: Aujourd’hui, on entend souvent dire que la société traverse une nuit culturelle tapissée « d’obscurités » et de divisions de plus en plus visibles. Le message de cet album veut être une invitation à faire ressortir et ranimer cette espérance qui est peut être cachée sous les cendres. L’album naît de l’expérience faite avec des milliers de jeunes lors de nos tournées. Grâce au projet « Start Now », un programme composé d’ateliers artistiques et d’un concert final, nous avons la possibilité de vivre en contact étroit avec les nouvelles générations. Nous sommes conscientes des défis que ces jeunes doivent relever, mais aussi de leurs beautés. Souvent nous leur offrons notre expérience, mais jamais d’en haut comme quelqu’un qui a déjà tout résolu. Au contraire, nous regardons avec eux les défis en face, nous cherchons de les relever et d’apporter une réponse. Plusieurs nous ont dit : « Quand je rentrerai chez moi, les circonstances extérieures n’auront pas changé, mais ma façon de les gérer sera différente ». Pensez-vous que la musique, le chant et la danse fonctionnent pour entrer en contact avec les jeunes ? Sally: Les disciplines artistiques ont précisément ces caractéristiques : elles facilitent le dialogue, l’ouverture et nous sommes souvent surprises par les résultats. Un jour, dans une école, une élève souffrant de mutisme sélectif avait décidé d’arrêter de parler. Quand elle s’est inscrite au groupe de chant, nous nous sommes demandées : que fera-t-elle ? Le premier jour, elle n’a pas dit un mot. Le deuxième, elle a remercié, le troisième elle a propsé de chanter une deuxième voix. De retour chez elle en larmes, elle a confié à sa mère : « J’ai retrouvé ma voix ». Les professeurs étaient émus : « C’est incroyable, elle, qui était toujours seule, commence maintenant à s’adresser aux autres et à parler d’elle… ». Ceci n’est qu’un exemple et il y en aurait beaucoup à raconter. Dans la chanson « Not in my name », vous abordez les relations entre chrétiens et musulmans. Comment est-elle née? Adriana: Nous avons voulu exprimer notre solidarité avec nos amis musulmans et souligner les valeurs que nous partageons, sachant que beaucoup d’entre eux souffrent parce qu’une fausse représentation des musulmans se répand et que le cœur de leur religion n’est pas ce qui est diffusé par les médias. L’expérience même de créer la chanson est née de l’esprit du dialogue, Nous avons rencontré à Loppiano Mohammad Ali Shomali, Directeur de l’Institut international d’études islamiques à Qum (Iran). Il disait que nous sommes tous des gouttes d’eau qui reflètent le visage de Dieu et qu’ensemble nous pouvons être un océan d’amour. Quand il a lu les paroles de la chanson, il a dit qu’il se sentait exprimé. Pour l’arrangement de la chanson, nous avons fait appel à Rassim Bouabdallah, membre des Focolari de religion musulmane, qui a joué le violon dans l’enregistrement. Vous vous trouvez actuellement en Amérique Centrale où vous avez participé à la JMG notamment. Comme se déroule votre voyage? Alessandra: Au Panama, dans les villes de Chitré et de Colón, nous avons réalisé le concert avec des jeunes pour des milliers de pèlerins à l’occasion des JMJ : être sur scène avec eux, c’était écouter et dire à beaucoup de personnes que nous pouvons espérer ensemble. Nous avons vécu une forte expérience à l’Institut criminel féminin de la ville de Panama. Les femmes y vivent une vie vraiment difficile, mais leur écoute était incroyablement profonde : combien d’applaudissements spontanés, combien de larmes pendant les chansons… A la fin, plusieurs d’entre elles nous ont dit qu’il semblait que nous avions vécu les mêmes expériences qu’elles et qu’ensemble nous pouvions nous relever et regarder vers l’avenir, dans un lieu où cela pouvait sembler impossible. Nous avons expérimenté la miséricorde de Dieu qui travaille dans nos vies au-delà de toutes circonstances.

Anna Lisa Innocenti

Evangile vécu: expérimenter la paix véritable

Agir en première personne et redonner vie aux relations blessées dans le tissu urbain. Passage à tabac Depuis qu’a commencé au Mexique la lutte au trafic de drogues, on dénombre de nombreuses victimes et ce ne sont pas toujours des voyons. Il y a quelque temps, alors que je rentrais de l’école, un garçon m’a approché pour me demander une cigarette. Des policiers ont surgi et nous ont fouillés. Ils ont commencé à frapper ce jeune et à l’insulter, le laissant au milieu de la route ensanglanté et blessé. J’ai assisté impuissant. Je l’ai aidé à se relever et je lui ai donné la petite monnaie que j’avais en poche. Il m’a pris dans ses bras et m’a dit : « Avec cet argent, ma famille va pouvoir manger aujourd’hui ». (Abraham – Mexique) Échange de lettres Avec les enfants du catéchisme, nous avons approfondi les œuvres de miséricorde. Pour les mettre en pratique, nous avons pensé écrire à des femmes en prison. J’ai présenté le projet au directeur de la prison qui a immédiatement refusé. Après s’être consulté auprès d’autres personnes, il a été convaincu de la qualité du projet qui aurait pu avoir des effets positifs sur ces femmes. L’échange a donc été approuvé et depuis lors, les enfants se sont mis au travail, préparant des dessins et des lettres à remettre aux détenues. (Prisca – Suisse) Bazar Je connaissais des familles pauvres et je voulais les aider. Au bureau, une collègue me demande si j’étais intéressée par des vêtements usés en très bon état et par les jouets de ses enfants qui avaient déjà grandi. Je lui parle de mon souhait, et elle-même implique d’autres personnes. Bref, nous avons recueilli beaucoup d’affaires dans un garage, que nous avons données ou vendues dans un bazar. Grâce aux recettes, nous avons aidé de nombreuses familles en difficulté. Un autre collègue, qui est habituellement très grincheux, a dit qu’ après cette expérience nous ne pouvions pas nous arrêter. Nous continuons à chercher autour de nous pour voir qui nous pouvons aider. (R.A.R. – Brésil)

propos recueillis par Chiara Favotti

Syrie, une génération d’espérance

Syrie, une génération d’espérance

Beaucoup de projets humanitaires tentent de soulager les difficultés de la population. Depuis 2012, le Mouvement des Focolari offre également son soutien et de l’assistance par le biais des asbl AMU et AFN. Forte dévaluation de l’argent, augmentation inexorable du coût de la vie en rapport avec une constante baisse des services publics. Ce sont juste quelques échos qui composent le bilan social et civil de sept années de guerre en Syrie. Parmi la population, les effets sont toujours plus lourds. Il y a ceux qui ont perdu leur travail et qui sont obligés de dépenser toute leur épargne pour survivre et se soigner, dans un pays où les médecins, les enseignants et beaucoup d’autres professionnels dans tous les domaines, ont dû émigrer à l’étranger. Dans cette situation d’extrême difficulté, comme l’écrivent les personnes référentes des projets portés de l’avant en Syrie par la communauté des Focolari, par le biais des asbl AMU et AFN , fleurissent des ‘’valeurs merveilleuses comme la solidarité, l’accueil, la générosité, la fraternité. Dieu est à l’œuvre en apportant à chacun, soutien et courage’’. Grâce au projet ‘’Urgence Syrie’’, plus de 200 familles évacuées de Damas, Homs, Alep, Kafarbo et du littoral, ont été visitées avec régularité par des ‘’équipes’’ de volontaires qui lors des différents moments, des naissances aux anniversaires et aux diverses phases de la vie scolaire, ils ont fait arriver leur soutien, toujours dans le respect de leur sensibilité et dignité. Avec l’aide du projet, ils ont pu payer les frais scolaires, acquérir des appareils électro-ménagers nécessaires, des couvertures, de la nourriture. Mais surtout, les familles se sont senties accompagnées dans cette difficile phase de leur vie. Aux programmes dans les domaines des soins de santé, de l’instruction et du soutien au revenu familial, déjà actifs de puis six ans, d’autres se sont ajoutés plus récemment, particulièrement dans le secteur de la formation professionnelle et de l’instruction. ‘’Cet engagement naît, en plus du fait d’aller à la rencontre des nécessités matérielles urgentes des personnes assistées, également pour offrir des occasions de travail à beaucoup d’autres, spécialement les jeunes qui, autrement, dans l’actuelle situation du pays, seraient sans travail’’. A Dueilaa, au cours de l’année passée, plus de 90 enfants ont fréquenté l’école des devoirs en recevant comme fruits, d’excellents résultats. Au cours des mois d’été, le centre est resté ouvert afin d’accueillir jusqu’à 115 enfants. ‘’Quelques mamans nous disent que leurs enfants, même s’ils sont malades ou ont un autre programme dans la famille, préfèrent venir ici’’. A Homs, un autre centre pour enfants et juniors a pris le nom de ‘’ Génération de l’espérance’’. Les étudiants qui la fréquentent ont passé brillamment les examens dans leurs écoles respectives. Ici est également offerte la possibilité d’un accompagnement psychologique adressé aussi bien aux enfants qu’à leurs parents. ‘’Nous travaillons en particulier sur les traumatismes subis à cause de la guerre. Ces moments aident à faire renaître la confiance et à trouver des solutions à énormément de problèmes.’’. Toujours à Homs, mais aussi à Kafarbo, depuis plus de deux ans, un projet de soins de santé a permis d’approcher jusqu’à présent, une centaine de personnes ayant des besoins de soins médicaux spécialisés. ‘’Nous essayons de collaborer avec d’autres organismes, afin de pouvoir aider les patients même si le coût des soins ou des interventions chirurgicales dépasse nos possibilités’’.

Chiara Favotti

Une Mariapolis Européenne

Une Mariapolis Européenne

70 ans après sa première édition, une Mariapolis aura lieu à nouveau dans les Dolomites (Italie), pour tout le continent européen. Entretien avec Peter Forst, délégué du Mouvement des Focolari pour l’Europe centrale et membre de l’équipe organisatrice de l’événement. L’Europe d’aujourd’hui apparaît très divisée (il y a d’un côté le Brexit et de l’autre des murs pour empêcher d’accueillir ). Quel est l’intérêt de proposer une Mariapolis européenne ? C’est précisément en constatant l’ampleur de ces désaccords qu’est née l’idée d’une Mariapolis européenne. Nous nous sommes rendu compte que nous avons des opinions très différentes, et en partie opposées, sur les perspectives de développement en Europe, sur les flux migratoires, sur les valeurs, …. et le premier objectif de la Mariapolis vise à consolider les relations, créer des espaces de communion et de partage, encourager l’humanité à avancer résolument sur le chemin de la fraternité universelle et de l’unité entre les hommes et les peuples. Nous espérons ainsi pouvoir témoigner qu’il est possible de rester unis malgré nos nombreuses différences. Depuis 1949 jusqu’à nos jours , comment les Mariapolis ont-elles évolué ? Les premières Mariapolis étaient très spontanées. Aujourd’hui, nous avons peut-être besoin d’un peu plus d’organisation logistique et de préparation du programme. Mais l’esprit de la Mariapolis européenne veut être le même qu’il y a 60 ou 70 ans : faire l’expérience et témoigner que l’humanité est une famille. Quel chemin pour y parvenir ? Un amour inconditionnel. Pourquoi précisément dans les Dolomites ? L’idée de vivre une Mariapolis sur les lieux de son origine a immédiatement convaincu tout le monde. C’est là que Chiara Lubich, il y a 70 ans, allait en vacances avec les premières focolarines et focolarini et c’est là qu’ avec eux et avec le Député italien Igino Giordani, ils ont vécu, au cours de l’été 1949, une expérience de lumière, d’ union particulière avec Dieu et de profonde unité entre eux qui a marqué la fondation du Mouvement naissant. Ce n’est pas la nostalgie qui nous a poussés à choisir les Dolomites, mais la conviction qu’il est important, précisément en ce temps de “l’après Chiara”, de puiser à nos racines pour ouvrir des voies et répondre aux questions d’aujoud’hui. Qui est invité ? Quel est le programme ? « Viser haut »: qu’entendez-vous par ce titre ? La Mariapolis est ouverte à tous. Il y a 600 places chaque semaine. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 31 janvier (www.mariapolieuropea.org). Au programme : voyages, sports, jeux, musique, spiritualité, prières, ateliers créatifs et forums thématiques, tout est prévu pour permettre une véritable occasion de rencontre. « Viser haut » nous a semblé être une image appropriée pour vivre des relations de haute qualité spirituelle et humaine. Sans oublier qu’en montagne notre regard se dirige naturellement vers les hauteurs.

Lorenzo Russo

DATES  

Évangile vécu : « Recherche la paix et poursuis-la ! ».

La Parole de vie de ce mois-ci est une invitation à l’accueil et à la générosité envers tous. Écouter Dernièrement, en raison d’une maladie, j’éprouve des difficultés à parler et pour moi, communiquer est vital! Je ne peux pas faire grand-chose mais je peux accueillir et écouter profondément ceux qui viennent me rendre visite. Parfois, les gens me partagent leurs douleurs et quand ils partent, ils semblent soulagés. Alors je remercie Dieu pour ma condition. (Marisa – Italie) Pullover Mon mari se préparait à partir pour un congrès et avait besoin d’une paire de chaussures et d’un pull. Nous avons réussi à acheter les chaussures, mais nous n’avons plus le temps pour le pull car il nous semblait plus important d’aller à une rencontre d’un groupe de familles où nous partageons nos expériences de l’Evangile vécu. Là, dans le groupe, une dame avait apporté deux pulls pour ceux qui en auraient besoin. À notre grande surprise, en les essayant, ils allaient parfaitement à mon mari. (D.M. – Serbie) Prière Mon mari et moi cherchions un logement pour mon frère qui devait se marier. Les prix et les conditions nous rendaient le choix difficile. Le temps passait et je commençais à m’inquiéter. Comme j’aurais voulu l’aider ! Un jour, notre plus jeune enfant nous a suggéré quelque chose à laquelle nous n’avions pas pensé : demander à Dieu ce qui nous tenait tant à cœur. C’est ce que nous avons fait. Quelques heures plus tard, mon frère m’appelait, tout heureux : il avait trouvé le bon appartement ! (M. N. – Liban)

Au Népal pour créer des liens

Au Népal pour créer des liens

Ce qui les pousse à partir pour donner vie à un focolare temporaire, c’est le désir de partager la découverte qui a donné sens et joie à leur vie. Pour que d’autres puissent expérimenter que de vivre la fraternité universelle est la plus belle des aventures. Ce sont des jeunes, adultes et familles, qui en petits groupes partent vers les pays lointains, où les attendent des communautés et des villages pour parcourir ensemble un bout de chemin, et faire l’expérience de l’accueil et de l’échange entre cultures différentes, de se donner à l’autre, et se ‘’faire un ‘’ dans les joies et les souffrances. Car – ils en sont convaincus – l’homme se réalise pleinement en aimant son prochain. Et la fraternité est possible aussi entre des personnes ayant des fois et des convictions différentes :’’Fais à l’autre ce que tu voudrais qu’il te soit fait’’ est la Règle d’or que tous les hommes peuvent faire leur. Ces petits groupes sont ce qu’on appelle les ‘’focolare temporaires’’, traduction itinérante des traditionnels focolare, centres nodaux du Mouvement sur le territoire et cœur battant de la vie dans son intimité. Ces dernières années, ils sont nés par dizaines. Dans le sillage des ‘’pionniers’’ du Mouvement des Focolari, qui à partir des années cinquante furent envoyés par Chiara Lubich sur les différents continents afin de porter le charisme de l’unité. Comme des apôtres modernes. Au Népal, lieu de rencontre entre les populations mongoles de l’Asie, et celles caucasiennes des plaines indiennes, avec une profonde spiritualité qui, en partant du bouddhisme, se trouvent côte à côte, le christianisme et l’hindouisme, un groupe de focolarini a accompli son voyage. Du 20 octobre au 7 novembre, de la capitale Katmandou à Dharan, au sud, et puis plus au nord jusqu’à Pokhara. Surtout en créant des liens. Issus de l’Inde, de l’Italie, de la Grande Bretagne, dès le début, les membres du focolare se sont immergés dans la culture népalaise. A leur arrivée était en cours, le Dashain Hindu festival, le plus grand festival hindou, qui implique le pays tout entier, et ils ont participé au rite de la Tika, recevant la traditionnelle bénédiction. A Daharan, le groupe a été accueilli dans quelques paroisses, ils ont raconté l’histoire du Mouvement et l’engagement pour la fraternité universelle. Grand fut l’enthousiasme des personnes rencontrées et des prêtres. Dans la capitale, deux jeunes népalais qui ont participé au Genfest 2018 de Manille, ont rejoint le groupe et ont partagé leur expérience avec des étudiants d’une école animée par des pères jésuites. A Pokhara, la rencontre avec quelques familles hindoues, pauvres et sans moyens financiers : harmonie et dignité emplissaient ces maisons. Les focolarini ont parlé de l’idéal de l’unité, avant d’être invités à manger ensemble, en écoutant des musiques traditionnelles. Le groupe a ensuite rendu visite à l’Évêque Paul Simick, Vicaire apostolique du Népal, qui a exprimé sa joie de voir leur présence dans le pays et les a invités à rencontrer les prêtres. Un voyage d’enrichissement réciproque, celui-là du Népal, où l’idéal de l’unité a rencontré la culture locale. Un proverbe bouddhiste le décrit d’une manière efficace : Ceux qui ont des pensées ‘’élevées’’, ne sont pas heureux de rester à la même place, mais comme les cygnes, ils quittent leur maison et volent vers une maison plus haute.

Claudia Di Lorenzi