Mouvement des Focolari
En vol, histoire d’une famille

En vol, histoire d’une famille

 

Salvatore n’avait pas encore 14Ā ans, mais il se souvient parfaitement “comme si c’était hier, de ma rencontre avec JĆ©sus. J’avais rencontrĆ© le focolare, où habitaient des hommes rĆ©alisĆ©s, capables de fasciner un jeune. J’étais attirĆ© et, avec mon frĆØre, toute excuse Ć©tait bonne pour aller chez eux. C’était la prĆ©sence de JĆ©sus au milieu d’eux qui m’attirait. Un fruit de cette pĆ©riode? Le dĆ©sir de rencontrer JĆ©sus Eucharistie tous les jours.”

ƀ 20Ā ans, il tombe amoureux d’Adriana. “Je dĆ©cide de me dĆ©clarer, sĆ»r que c’était rĆ©ciproque.

En fait… non. C’était un coup dur. Je ne pouvais imaginer mon futur si je ne partageais pas ma vie avec elle. La tentation Ć©tait de me replier sur moi-mĆŖme. Mais j’avais appris Ć  ne pas m’arrĆŖter, Ć  avoir un regard et un cœur toujours ouvert. Et j’ai continuĆ© Ć  vivre ainsi. AprĆØs quelques annĆ©es, Adriana Ć©tait Ć  mes cĆ“tĆ©s et j’ai commencĆ© avec elle l’aventure de notre vie.”

DĆ©sormais mariĆ©s depuis quelques annĆ©es, avec trois enfants dĆ©jĆ  adolescents, Adriana et Salvatore ont une vie trĆØs remplie, entre famille, travail et bĆ©nĆ©volat. Et, surtout pour Adriana, commence une pĆ©riode de malaise. “Lentement et silencieusement, grandit en moi un genre d’ariditĆ©, caractĆ©risĆ©e par un profond mĆ©pris de moi-mĆŖme. Je suis allĆ©e jusqu’à Ć©prouver la sensation amĆØre de la perte d’affection, au point de souhaiter, Ć  certains moments, de ne plus vivre. Tout, cependant, me demandait de continuer: le travail, des heures derriĆØre un guichet bondĆ© Ć  essayer malgrĆ© tout d’aimer chacun, et ensuite Ć  la maison, cuisiner, faire le mĆ©nage, accueillir et suivre les enfants. Le rapport avec Dieu s’est rĆ©duit Ć  un point lumineux toujours plus lointain. Un jour, j’ai pris conscience de cette absence de Dieu en moi et j’ai Ć©prouvĆ© une grande peur, qui m’a profondĆ©ment Ć©branlĆ©e. Je l’ai implorĆ© de se manifester! Je lui ai presque lancĆ© un dĆ©fi. Je l’ai retrouvĆ©, Amour fidĆØle, dans un rapport plus intime cultivĆ© durant les promenades de bon matin, commencĆ©es Ć  cette pĆ©riode, et qui m’ont aidĆ©e Ć  retrouver un Ć©quilibre intĆ©rieur.”

Et avec les enfants? On expĆ©rimente le dĆ©tachement. Salvatore raconte une expĆ©rience vĆ©cue avec l’aĆ®nĆ©. “Depuis petit, il voulait ĆŖtre musicien. Il a appris Ć  jouer de la guitare et, mĆŖme en ne voulant jamais frĆ©quenter le conservatoire, il s’est donnĆ© de la peine, en frĆ©quentant dans notre ville – Naples – le milieu de la musique. ƀ 20Ā ans, il accompagnait des musiciens d’un certain calibre. Les perspectives, cependant, Ć©taient faibles. ƀ 24Ā ans, il dĆ©cide de donner un tournant Ć  sa vie en partant vivre Ć  Londres. C’est une douche froide! Lui qui ne sait pas un mot d’anglais va dans une ville Ć©norme et inconnue, sans savoir où loger ni comment gagner sa vie. Le jour du dĆ©part, je l’accompagne Ć  l’aĆ©roport, je le quitte Ć  l’embarquement et je le vois disparaĆ®tre. Mon cœur est meurtri, et un tumulte de sensations m’envahit: crainte pour sa vie, douleur de la sĆ©paration, conscience de devoir respecter ses choix. Regardant l’avion dĆ©coller, il me semble que je contemple ce que Dieu me demande de vivre: laisse maintenant la chair de ta chair se sĆ©parer de toi et prendre son envol. Depuis toujours, avant d’être ton fils, il est Mon fils. Tu crois que je ne pense pas Ć  son bien?”

Maintenant, le jeune homme est bien Ć©tabli Ć  Londres et travaille comme musicien. “Il y a deux ans, nous sommes allĆ©s le voir. Nous avons eu l’occasion d’assister, dans le théâtre considĆ©rĆ© comme le temple de la danse moderne et avec plus de 2000Ā personnes, Ć  un spectacle de la compagnie dont il faisait partie et avec laquelle il a fait une tournĆ©e mondiale.”

Et maintenant, que vivons-nous?, se demandent-ils. “Une libertĆ© retrouvĆ©e, aussi dans le choix de quitter notre ville et dĆ©mĆ©nager dans une autre, au service du Mouvement des Focolari dans le monde.”

(A. et S.L. – Italie)

En vol, histoire d’une famille

Enzo Fondi, un rƩcit

Ā« Lorsque j’eus entre les mains, au cours de mes derniĆØres annĆ©es de lycĆ©e, ā€˜l’homme, cet inconnu’ d’AlexisEnzoFondi_a Carrel, j’ai trouvĆ© une forte inspiration pour mon avenir. Je me suis passionnĆ© pour les sciences mĆ©dico-biologiques, avec leur intuition sur la relation psychosomatique, c’est-Ć -dire sur l’interaction entre corps et Ć¢me dans la santĆ© et la maladie. Mais la guerre faisait rage et le dĆ©barquement eut lieu Ć  Anzio (Italie), Ć  quelques kilomĆØtres de chez ma famille qui m’a catapultĆ© dans une expĆ©rience traumatisante des bombardements par vagues, de la destruction de la maison. Rome fut alors un port assez sĆ»r où nous avons accostĆ© avec la famille avec les peu de biens que nous avions pu sauver. La vie reprit et je pus m’inscrire Ć  la facultĆ© de mĆ©decine. En plus de mes Ć©tudes qui me procuraient de bons rĆ©sultats, je participais Ć  l’action des catholiques dans le domaine universitaire. J’étais de plus en plus convaincu que les valeurs plus franchement Ć©vangĆ©liques, comme la charitĆ©, la justice, la foi qui s’exprime en actions, devaient s’enraciner au fin fond de la conscience pour Ć©viter cette dichotomie mortelle entre le rapport avec Dieu et le rapport avec les hommes qui finit par rendre invisible et sans influence la prĆ©sence des chrĆ©tiens dans le monde. Sans le savoir, j’étais Ć  la recherche, dans un climat intĆ©rieur d’attente, de vague satisfaction qui me prĆ©disposait Ć  la nouveautĆ©. Je me trouvais dans cet Ć©tat d’âme en 5° annĆ©e de mĆ©decine, en fĆ©vrier 1949, lorsque je fus invitĆ© Ć  une rĆ©union. EnzoFondi con ChiaraLubichLĆ  j’ai connu Chiara Lubich et ce fut elle qui, prĆ©sentĆ©e par un religieux, raconta son expĆ©rience spirituelle et celle du premier groupe nĆ© autour d’elle. Je ne saurais dire par quelle magie, cette histoire que j’écoutais de la bouche de Chiara, devenait aussi mon histoire. Il ne s’agissait pas d’idĆ©es qui avaient besoin d’explications. C’était un rĆ©cit tout simple de faits rĆ©els, extraordinaires, et pourtant ā€˜normaux’, comme chacun souhaite toujours que cela arrive lorsque Dieu intervient dans l’histoire des hommes. Il s’agissait d’accepter ou non ce qu’elle racontait. Mais si on l’acceptait, il n’y avait pas d’autre route pour en savoir plus que de suivre cette jeune fille qui – c’était Ć©vident – Ć©tait cette mĆŖme expĆ©rience vivante, personnifiait de maniĆØre tout Ć  fait naturelle ce message qu’elle annonƧait. Alors, Ć  la fin de la rencontre, je voulus rester encore quelques instants avec Chiara, en l’accompagnant un bout de chemin. Depuis ce jour je n’ai plus perdu le contact avec les premiĆØres focolarines, qui venaient de s’installer Ć  Rome depuis quelques mois. (…) Mon rĆ©cit ne serait pas complet si je ne disais pas ce qu’était, ces annĆ©es-lĆ , l’arme secrĆØte qui fait gagner toute bataille contre soi-mĆŖme, et fait dĆ©passer cette incapacitĆ© radicale d’aimer, dont nous sommes tous affligĆ©s. C’était la dĆ©couverte de la plus grande douleur de JĆ©sus dans les petites et les grandes souffrances de l’humanitĆ©. Chiara nous en parlait souvent parce c’était l’aide indispensable, surtout pour ceux qui faisaient les premiers pas dans la construction de l’unitĆ©. Nous connaissons tous cette zone d’ombre qui se forme derriĆØre la nature, avec tous ses replis sur soi et ses Ć©goĆÆsmes. Mais, une fois que JĆ©sus l’a prise sur lui pour toujours, tout a pris forme Ć  travers Son visage et Sa voix, pour nous dire que Ā« la nuit n’a pas d’obscuritĆ© Ā» et toute plaie peut guĆ©rir, parce que Lui l’a aimĆ©e et l’a guĆ©rie. Ces annĆ©es-ci, j’ai souvent Ć©prouvĆ© le poids de situations douloureuses. Cependant, en croyant Ć  l’Amour, je me suis jetĆ© dans Ses bras, et au-delĆ  de la souffrance j’ai trouvĆ© une paix, une joie plus pure et plus profonde Ā».

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A Trieste Ʃgalement, le parterre de la paix

Dado_della_Pace_Trieste_03Ā«Que ce dĆ© soit le signe qui nous rappelle que la paix est un bien prĆ©cieux, Ć  toujours cultiver, avec l’engagement de tousĀ». Ce sont les paroles du maire adjoint de Trieste ( Nord de l’Italie), Fabiana Martini, lors de l’inauguration du parterre et du Ā«DĆ© de la paixĀ», le 21 novembre dernier.

La structure en acier et polycarbonate de 60 cm de cĆ“tĆ©, situĆ©e dans le jardin public Ā«Muzio de TommasiniĀ» de la ville, porte sur les six faces les devises singuliĆØres: Ā«Nous nous aidons l’un l’autre, je pardonne l’autre, j’aime en premier, j’Ć©coute l’autre, je partage avec les autres et j’accueille chacunĀ».

ReƧue de la Commune de Trieste et rĆ©alisĆ©e par l’Association Action pour un Monde Uni (AMU), expression sociale du Mouvement des Focolari, lors du centenaire du dĆ©but de la premiĆØre guerre mondiale, l’initiative est le fruit d’un projet dĆ©jĆ  commencĆ© dans d’autres villes italiennes comme Trente et Rovigo, mais aussi dans des pays plus lointains comme la Hongrie et le Pakistan.

Avec quel objectif? Celui de favoriser des parcours d’Ć©ducation Ć  la paix, en impliquant en particulier les enfants et les adolescents des Ć©coles mais aussi les enseignants, les Ć©ducateurs, les familles et tous les adultes de tout Ć¢ge qui dĆ©sirent s’engager sur ce front important et toujours actuel.

Dado_della_Pace_Trieste_02Les classes d’Ć©coles de tout ordre et de tout grade ont participĆ© nombreuses Ć  la cĆ©rĆ©monie bondĆ©e, conduite par Roberto Mosca, d’Action pour le Monde Uni et rĆ©jouie par les musiques et les chants de nombreux enfants, adolescents et jeunes. Sont Ć©galement intervenus, en plus du maire adjoint Fabiana Martini, les adjoints communaux aux Travaux publics, Andrea Dapretto, Ć  l’Education, Antonella Grim qui ont soulignĆ© la validitĆ© du projet, ainsi que l’importance et la valeur de construire des relations vraies et de paix.

Celui qui passera devant le nouveau Ā«parterre de la paixĀ», avec Ć  son centre le ”dĆ© de la paix”, pourra le faire basculer pour commencer, presque comme un jeu, Ć  construire un chemin de paix personnel mais toujours important.

InspirĆ© par l’art d’aimer proposĆ© par Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, ce ”jeu pĆ©dagogique” vise ainsi Ć  faire mettre en pratique chaque jour, la phrase qui sort du lancer de dĆ©. L’initiative se dĆ©veloppe dans le cadre d’un projet didactique plus ample, qui a vu et voit engagĆ©s diffĆ©rents enseignants, de nombreuses classes, surtout maternelles et primaires, qui ont dĆ©jĆ  commencĆ© avec les enfants, un parcours quotidien de sensibilisation Ć  la paix et Ć  la solidaritĆ©.

Source: Bureau de Presse de la Commune de Trieste

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Ɖvangile vĆ©cu: il y a toujours quelque chose Ć  donner

20141215-01Quelque chose Ć  faire

Lorsque nous, les jeunes, avons appris que, hors de la ville, dans le dĆ©sert, il y avait une colonie de 1000Ā personnes touchĆ©es par la lĆØpre, nous sommes allĆ©s voir la situation et avons dĆ©couvert que tout manquait, mĆŖme l’assistance mĆ©dicale. AprĆØs avoir contactĆ© Caritas, nous avons formĆ© un groupe de chrĆ©tiens et de musulmans qui s’y rendent les jours où ils ne travaillent pas. Pour ĆŖtre d’une aide concrĆØte, deux Ć©tudiants en mĆ©decine se sont renseignĆ©s sur les mĆ©thodes de traitement de la lĆØpre. Quelques-uns se sont occupĆ©s d’autres services, comme peindre les habitations. Un autre, journaliste, a Ć©crit des articles dans diffĆ©rents journaux et revues de maniĆØre Ć  informer et sensibiliser le plus de personnes possible au problĆØme. Surtout, nous avons remarquĆ© que ces malades ont besoin de quelqu’un qui les Ć©coute: c’est encore plus important pour eux que les mĆ©dicaments. L’expĆ©rience nous fait comprendre que chacun peut toujours faire et donner quelque chose dans l’intĆ©rĆŖt des autres.

S.H. – Ɖgypte

Le chariot

20141215-02Ce pauvre avait dĆ©jĆ  toquĆ© plusieurs fois Ć  notre porte pour demander de l’argent. J’ai toujours pensĆ© qu’il est mieux d’enseigner Ć  pĆŖcher plutĆ“t que d’offrir le poisson. C’est pourquoi je me suis mis Ć  lui construire un petit charriot pour vendre des gĆ¢teaux et du cafĆ©. Avec une petite table mĆ©tallique que nous avions Ć  la maison, j’ai fait la vitrine, et avec le produit de la vente de papier, j’ai achetĆ© les roulettes. Il en est rĆ©sultĆ© un beau chariot. Ensuite, nous sommes allĆ©s Ć  Bogota, dans la zone frĆ©quentĆ©e par ce pauvre, pour le lui livrer. Il Ć©tait Ć©merveillĆ©, si heureux qu’il a demandĆ© de se faire prendre en photo avec nous. Il s’est immĆ©diatement mis Ć  travailler et, maintenant, il a une vie plus digne.

O.M. – Colombie

20141215-03J’ai trouvĆ© un ami!

J’allais en voiture chez le mĆ©decin. Il pleuvait et j’étais pressĆ©. Je venais de dĆ©passer un homme qui marchait difficilement sur le trottoir lorsque j’y ai repensĆ©. J’ai alors reculĆ© et je l’ai invitĆ© Ć  monter. Il se rendait aussi chez le mĆ©decin… le mĆŖme que moi! DĆØs qu’il l’a su, il s’est exclamĆ©: “Aujourd’hui, j’ai trouvĆ© un ange!” En effet, je m’appelle justement Angelo (ange en italien) et lorsqu’il a su, il a bien rigolĆ©. AprĆØs le mĆ©decin, j’ai accompagnĆ© Antonio (c’est son nom), d’abord pour faire quelques courses, ensuite chez lui, où il m’a prĆ©sentĆ© sa femme Antonietta. En me racontant une partie de leur histoire, ils m’ont offert un petit verre de liqueur et des biscuits faits maison. Au moment de partir, nous nous sommes Ć©changĆ©s les numĆ©ros de tĆ©lĆ©phone et promis de nous rencontrer encore. Antonio: “Aujourd’hui, j’ai trouvĆ© un ami”. Et Antonietta arrive avec 12 œufs frais: “Ils sont encore chauds, je viens de les ramasser”. Il semblait que le temps s’était arrĆŖtĆ©. Vraiment, il y a plus de joie Ć  donner qu’à recevoir!

Angelo D.N. – Italie

 

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Celui qu’on attend (Igino Giordani)

20130812-01La merveille de la Rédemption débute avec la naissance du Rédempteur: le roi de la création ne trouve pas une pièce pour venir au monde, tout comme il ne trouvera pas, par la suite, une pierre où faire reposer sa tête.

Il futĀ  l’homme par excellence. Il se prĆ©sente Ć  l’humanitĆ© pour laquelle il Ć©tait venu, sous le visage d’un bĆ©bĆ©, couchĆ© dans une mangeoire.

MĆŖme les Romains attendaient le Sauveur du monde sous les traits d’un jeune homme qui aurait inaugurĆ© un nouveau cycle, une nouvelle ƈre. De mĆŖme les grecs, et aussi les Perses.

Quant aux Juifs ils l’attendaient Ć  la LumiĆØre des prophĆ©ties, projetant sur Celui qui viendrait les espĆ©rances messianiques d’une renaissance du passĆ© avec un renversement des choses.

Un renversement déjà signifié par cette humble naissance : elle mettait le Fils de Dieu au rang des victimes des guerres et des inondations, au milieu des sans-abris, des pauvres, au niveau le plus bas de la misère universelle, tout comme serait sa mort sur le gibet de la plus grande ignominie.

Quelle prĆ©sentation insolite du divin: une nuĆ©e d’anges au-dessus et au-dessous des bergers en petits groupes. Mais plus stupĆ©fiantes encore furent les cĆ©lestes mĆ©lodies entonnĆ©es par les anges entourant cette singuliĆØre naissance: Gloire Ć  Dieu dans le Ciel! Paix sur la terre aux hommes!

La gloire pour Dieu va de pair avec la paix pour les hommes, c’est en substance l’Ć©cho de ce message. La paix de Dieu c’est sa gloire. La gloire des hommes c’est leur paix.

C’est un lien vital qui intĆØgre en lui-mĆŖme le rapport des valeurs divines et humaines induites par l’Incarnation: grĆ¢ce Ć  elle la nature divine et la nature humaine s’unissent en une seule personne qui relie alors l’infini Ć  ce qui est fini, l’Ć©ternel Ć  ce qui est transitoire, la gloire Ć  la paix.

C’est un lien si fort qu’on ne peut sĆ©parer la gloire de Dieu de la paix des hommes. Si l’une existe, l’autre aussi, et inversement.

Mais qu’elle est grande et riche de consĆ©quences cette premiĆØre annonce Ć©vangĆ©lique, elle qui prĆ©cise par avance l’effet de l’amour sur les personnes et sur la sociĆ©tĆ© : ce fils de prolĆ©taire est porteur d’une loi d’amour qui instaure un monde nouveau. Cet effet c’est la paix. Et s’il y a la paix, cela veut dire que dans l’esprit de chacun et dans les relations avec tous, agit cette lumiĆØre divine qui est la charitĆ© ; cela signifie que les hommes se sentent frĆØres parce qu’ils respirent la prĆ©sence d’un unique et mĆŖme PĆØre.

La plus grande gloire que les hommes peuvent rendre Ć  Dieu au plus haut des cieux c’est d’assurer, avec bonne volontĆ©, la paix entre les ĆŖtres raisonnables de notre planĆØte, l’une des plus basses, dĆ©bordante de la mĆ©chancetĆ© des uns envers les autres.

GrĆ¢ce Ć  la paix, notre vie terrestre se divinise. Si au lieu de perdre notre temps Ć  nous haĆÆr on se met Ć  le gagner en nous aimant, on abrite en nous le TrĆØs-Haut qui demeure ainsi dans son essence, dans son milieu : l’amour. Dieu – nous enseignent les mystiques – ne demeure que dans la paix.

Voilà comment, en raison de la présence du Christ, une étable se transforme en paradis; une simple cabane peut devenir une église ; un bureau aussi, et même un Parlement !

(Igino Giordani, Parole di vita, SEI, Torino, 1954, pp. 21-23)

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India. Udisha est beaucoup plus que cela.

20141212-01Ā«Il ne s’agit pas d’une simple Ć©cole des devoirs ou d’une pure opportunitĆ© de travail. Udisha est beaucoup plus que cela, un rĆ©el point de rĆ©fĆ©rence pour les enfants, les familles et la communautĆ© toute entiĆØreĀ». C’est Susanna qui l’Ć©crit, jeune volontaire italienne, la premiĆØre de l’Italie Ć  prester un service pour ce projet du Mouvement des Focolari Ć  Goregaon, un des slum de Mumbai, 400 mille habitants, Ć  40 minutes en train du centre ville.

Udisha, dans l’urdu Ā«Le rayon de soleil qui apporte une aube nouvelleĀ» concerne chaque annĆ©e plus de 100 enfants, adolescents et jeunes (de 4 Ć  22 ans) et beaucoup de mĆØres: elles sont au nombre de 60 celles qui sont insĆ©rĆ©es dans les projets de microcrĆ©dit. Il s’agit d’un projet nĆ© sur la base de la spiritualitĆ© de l’unitĆ©, selon la conviction de Chiara Lubich que dans l’Evangile vĆ©cu se trouve la plus grande force de transformation sociale.

ConcrĆØtement, il s’agit d’une activitĆ© d’Ć©cole des devoirs, counseling, thĆ©rapie occupationnelle pour les enfants et les adolescents; on contribue au paiement des taxes scolaires; production et vente de bourses pour l’activitĆ© de microcredit; journĆ©es de convivialitĆ© et rencontres organisĆ©es par des parents et soutien Ć©conomique pour les familles.

Ā«Ce qui m’a le plus touchĆ© – continue Susanna, Ć©tudiante, – c’est la prise de conscience, surtout de la part des adolescents, de l’opportunitĆ© que leur offre le projet en tant qu’Ć©tudiants et comme personnes et par consĆ©quent, leur engagement et leur participation active au projet lui-mĆŖme. Les jeunes trouvent dans Udisha une rĆ©elle deuxiĆØme maison, des personnes en qui ils peuvent se confier et sur qui ils peuvent compter. TrĆØs importante, sous cet aspect, c’est la prĆ©sence d’un counselor qui fournit un support psycho-Ć©ducatif aux ados et aux parentsĀ».

20141212-02Les volontaires vivent leur quotidien Ć  Udisha, et l’impression est que le projet recouvre Ā«un rĆ“le central pour ceux qui en font partie. On le comprend par la maniĆØre avec laquelle les enfants travaillent en groupe entre eux et par la maniĆØre avec laquelle les plus grands sont responsables vis-Ć -vis des plus petits, les mĆØres qui viennent Ć  Udisha au moins trois fois par jour pour accompagner leurs enfants, leur apporter leur repas et les reprendre, pour retourner Ć  nouveau travailler au projet des bourses qui les implique directement.

Significatif Ć©galement le fait que parmi les enseignants de l’Ć©cole des devoirs, il y ait aussi des filles qui, dans le passĆ© Ć©taient les destinataires du projet et qui continuent Ć  en faire partie en tant que volontairesĀ».

Ā«Une expĆ©rience pour laquelle chacun peut mettre ce qu’il sait faire de mieux, au service des autres, dans le cas de Susanna par exemple, la danse: Ā«J’ai pu enseigner la danse aussi bien aux adolescents qu’aux mamans, en prĆ©parant avec eux un spectacle Ć  l’occasion de la fĆŖte de l’indĆ©pendance. Je me suis sentie particuliĆØrement impliquĆ©e dans ce projet car cela m’a permis de me confronter avec les femmes qui ont adhĆ©rĆ© avec enthousiasme Ć  l’activitĆ©, me faisant ainsi comprendre l’importance de crĆ©er des espaces de dĆ©tente qui leur permettent de consacrer du temps et de s’Ć©vader un peu de la routine quotidienneĀ».

Une impression avant de quitter le sous-continent indien? Ā«Je crois que l’expĆ©rience Ć  Udisha reprĆ©sente une trĆØs belle opportunitĆ© parce qu’elle permet de vivre pleinement la rĆ©alitĆ© indienne: l’hospitalitĆ©, la dignitĆ©, la nourriture, l’aspect religieux et le respect rĆ©ciproque pour les diffĆ©rentes religions et cultures, les rituels, les week-ends passĆ©s avec une famille hindoue et en gĆ©nĆ©ral avec les familles de Udisha… par rapport aux craintes que j’avais eues avant de partir, tous ces aspects ont fait en sorte que ces craintes se sont Ć©vanouiesĀ».

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Juniors pour un monde uni, passion pour le futur

20141211-a

Observer, impliquer, penser. .Mais aussiĀ : agir, Ć©valuer, cĆ©lĆ©brer. Ce sont 6 actions qui rĆ©sument les Ć©tapes pour Ć©laborer un projet sur le territoire qui devrait impliquer une communautĆ© tout entiĆØre, partant des jeunes. CommentĀ ? En stimulant un regard diffĆ©rent sur le parcours quotidien personnel, par exemple de chez soi Ć  l’école, en racontant des situations, des faits qui mettent en Ć©vidence un problĆØme spĆ©cifique. De lĆ , la planification d’une intervention qui respecte les indicateurs « pros sociauxĀ Ā» et de fraternitĆ©, par « pros sociaux on entend ces comportements qui, sans rien attendre en retour, favorisent les autres selon leurs besoins, en augmentant la possibilitĆ© de provoquer une rĆ©ciprocitĆ© positive.

20141211-01Ce n’est qu’un des projets et des actions mis en route dans le vaste panorama des Juniors pour un monde uniĀ : il existe aussi Run4Unity, Super Soccer, le Chantier Homme Monde, Colorons la Ville, les Projets-donner de Schoolmates et d’autres encore en Ć©laboration, rendus possibles grĆ¢ce aussi Ć  un rĆ©seau d’animateurs, de jeunes et d’adultes. Ces jours-ci, Ć  Castelgandolfo (27-30 novembre) une centaine de personnes s’est rĆ©unie, en majoritĆ© de l’Italie, avec des reprĆ©sentants de la France, Belgique, Luxembourg, Espagne, Portugal, SlovĆ©nie, Hongrie et Ć  quelques kilomĆØtres plus loin du Guatemala, Paraguay et Inde.

Ce qui les unissait c’était la passion de former les nouvelles gĆ©nĆ©rations en travaillant ensemble. Peu importe le temps et l’énergie nĆ©cessaire, ils avaient la conviction que « sans travail de formation adĆ©quate, il est illusoire de penser pouvoir rĆ©aliser un projet sĆ©rieux et durable au service d’une nouvelle humanité ». Le pape FranƧois l’avait dit, lors de l’audience gĆ©nĆ©rale avec le mouvement des Focolari, en donnant comme consigne la parole « faire Ć©coleĀ Ā». « Chiara Lubich avait en son temps forgĆ© une expression qui reste de grande actualité : aujourd’hui – disait-elle – nous devons former des « hommes-mondeĀ Ā», hommes et femmes avec l’âme, le cœur, l’esprit de JĆ©sus et pour ce faire capables de reconnaĆ®tre et d’interprĆ©ter les nĆ©cessitĆ©s, les prĆ©occupations et les espĆ©rances qui habitent dans le cœur de tout hommeĀ Ā».

Mais pour former, il faut se former : voilĆ  pourquoi un grand espace s’est fait autour de l’approfondissement de la pensĆ©e de Chiara Lubich sur l’éducation, et une approche psychopĆ©dagogique visant Ć  dĆ©velopper les « Life SkillsĀ Ā» (compĆ©tences pour la vie) dans le groupe des adolescents. En plus de l’éducation « entre semblablesĀ Ā», dont un adolescent a vraiment besoin, le rĆ“le de l’animateur reste fondamental, un adulte qui donne confiance, qui laisse la place Ć  la crĆ©ativitĆ©, Ć  la libre initiative, Ć  la possibilitĆ© de faire l’expĆ©rience, de faire la preuve sur soi-mĆŖme.

20141211-02C’est avec ce regard que prennent vie les nouvelles initiatives, comme Up2Me-Project, un projet d’éducation Ć  l’affectivitĆ© et la sexualitĆ© au cours de cet Ć¢ge en Ć©volution, dĆ©veloppĆ©e en synergie avec l’équipe des Juniors pour un monde uni et Familles Nouvelles, qui s’adresse aux prĆ©adolescents et aux adolescents. Le paradigme de rĆ©fĆ©rence est la personne-relation, dans la vision anthropologique qui naĆ®t du charisme de l’unitĆ©, c’est-Ć -dire la personne dans son ĆŖtre en relation avec l’autre, dans sa capacitĆ© d’aimer et d’être aimĆ©e, de donner et d’accueillir.

L’invitation Ć  reconnaĆ®tre les ā€œsignes des tempsā€ dans la rĆ©volution digitale, et Ć  s’immerger dans cette culture sans ingĆ©nuitĆ©, vient de JesĆŗs MorĆ”n lors d’un moment de dialogue avec les animateurs. Et Maria Voce, Ć  30 ans de la naissance du vaste mouvement de jeunes des Focolari, a relancĆ© le parcours des Juniors pour un monde uni en les invitant Ć  « une plus grande attention Ć  la pauvretĆ© et Ć  la sobriĆ©tĆ© de vieĀ Ā» en cheminant avec les jeunes pour sortir du risque constant de la sociĆ©tĆ© de consommation qui, Ć  cause du dernier smartphone, peut te faire perdre de vue les grandes pauvretĆ©s matĆ©rielles.

 

En vol, histoire d’une famille

Pour une AmƩrique latine plus humaine et fraternelle

20141210-02Ā«A 64 ans de l’institution de la JournĆ©e Internationale des Droits Humains [10 dĆ©cembre] et de l’appel lancĆ© par l’AssemblĆ©e gĆ©nĆ©rale des Nations Unies, ”A tous les peuples du monde”, nous, membres de UNIRedes, nous voulons rendre publique notre constitution en ligne, dĆ©cidĆ©e Ć  activer des liens authentiques de collaboration, finalisĆ©s Ć  la construction d’un monde plus juste, solidaire, Ć  la recherche du respect entier des droits humainsĀ». C’est ainsi que commence le ”Manifeste” signĆ© Ć  l’occasion de la JournĆ©e Internationale des Droits Humains, par les 50 et plus organisations sociales, initiatives et mouvements de 12 Pays d’AmĆ©rique Latine et des CaraĆÆbes impliquĆ©s dans UNIRedes.

Quels sont leurs points communs? L’engagement dans le changement social Ć  travers une culture basĆ©e sur la fraternitĆ©, comme expression sociale du charisme de l’unitĆ© de Chiara Lubich. Ils œuvrent sur diffĆ©rents fronts: incidence politique, sociale, Ć©conomique, environnementale, intergĆ©nĆ©rationnelle et culturelle. Principale caractĆ©ristique: la promotion du protagonisme et de la participation des divers acteurs intĆ©ressĆ©s.

Le ”Manifeste” exprime, en plus de Ā«L’engagement Ć  cultiver et diffuser dans notre milieu, une culture qui respecte et protĆØge la dignitĆ©, la libertĆ© et les droits de chaque ĆŖtre humain; Ć  oeuvrer sans cesse dans le but de rĆ©veiller, sur notre territoire, une conscience ferme et convaincue de la valeur de chaque ĆŖtre et Ć  diffuser cette vision parmi le plus grand nombre de personnes, en partageant des expĆ©riences, de bonnes pratiques, du matĆ©riel pour la formation et les certificats d’aptitude de nos membres, nĆ©cessitĆ©s et carences, pour un soutien rĆ©ciproque sans barriĆØres gĆ©ographiques ou d’idiome et grandir dans la conscience que nous faisons tous partie d’une familleĀ».

En dĆ©finitive, UNIRedes dĆ©sire rendre publique la disponibilitĆ© Ć  collaborer et «à soutenir tous ceux qui dĆ©sirent travailler ensemble, en rendant ainsi plus visibles et concrĆØtes la justice et la fraternitĆ©, qui sont des forces capables de combler le manque de dignitĆ© auquel beaucoup d’ĆŖtres humains sont soumisĀ». Pour cela, ils lancent Ā«un appel public aux institutions gouvernementales, aux organismes de la sociĆ©tĆ© civile, aux personnes qui soutiennent des initiatives et actions sociales, Ć  s’unir et Ć  partager les efforts, pour que nous puissions construire un monde dans lequel les droits de chaque homme ne soient pas violĆ©s, mais protĆ©gĆ©s et garantisĀ». Unir, donc, les efforts des personnes engagĆ©es depuis des annĆ©es dans les pĆ©riphĆ©ries latino-amĆ©ricaines, pour la construction d’un monde plus fraternel.

Pour en savoir plus: www.sumafraternidad.org (http://www.sumafraternidad.org/web/)

Contacts: info@sumafraternidad.org (AR) / uniredes@focolares.org.br (BR)

Organisations qui font partie de UNIRedes:
mapa-UNIRedes2014Apadis (Asociación de Padres de Ayuda al Discapacitado) – AR
Asociación Civil Nuevo Sol – AR
Associação de Apoio Ć  CrianƧa e ao Adolescente (AACA) – BR
Associação de Apoio Ć  FamĆ­lia, ao Grupo e Ć  Comunidade do Distrito Federal (Afago-DF) – BR
Associação de Apoio Ć  FamĆ­lia, ao Grupo e Ć  Comunidade de SĆ£o Paulo (Afago-SP) – BR
Associação FamĆ­lias em Solidariedade (Afaso) – BR
Associação FamĆ­lias em Solidariedade de Cascavel (Afasovel) – BR
Associação Nacional por uma Economia de ComunhĆ£o (Anpecom) – BR
Associação Civitas – BR
Associação Pró-AdoƧƵes a DistĆ¢ncia (Apadi) – BR
Associação Nossa Senhora Rainha da Paz (Anspaz) – BR
Casa de los NiƱos – Bolivia
Casa do Menor SĆ£o Miguel Arcanjo – BR
Centro de Atención Integral Las Ɓguilas – MEX
Centro Social Roger Cunha – BR
Codeso (Comunión para el Desarrollo Social) – UY
ColĆ©gio Santa Maria – MEX
Dispensario Medico Igino Giordani – MEX
Editora Cidade Nova – BR
Fazenda da EsperanƧa – BR
Fundación Unisol – BO
Fundación Mundo Mejor – CO
Grupo Pensar – BR
Hacienda de la Esperanza de Guadalajara – MEX
Instituto Mundo Unido – BR
NĆŗcleo de Ação ComunitĆ”ria (NAC)/NĆŗcleo Educacional Fiore – BR
NĆŗcleo de Ação VoluntĆ”ria (NAV) – BR
Promoción Integral de la Persona para una Sociedad Fraterna – MEX
RefĆŗgio Urbano – MEX
SaĆŗde, DiĆ”logo e ComunhĆ£o – BR
Sociedade Movimento dos Focolari Nordeste/Escola Santa Maria – BR
Sociedade Movimento dos Focolari – BR
Unipar (Unidad y Participación) – PY

UNIRedes est prƩsent Ơ travers des initiatives sociales et des mouvements Ʃgalement au Chili, Cuba, El Salvador, Guatemala et VƩnƩzuela.

En vol, histoire d’une famille

Justice, un exercice continu

20141210-01ā€œJe travaille dans la justice pĆ©nale (province de Santa Fe) depuis vingt ans. Ma profession n’est pas une bonne carte de visite dans l’Argentine d’aujourd’hui où les relations se sont dĆ©gradĆ©es: avec ou sans raison, institutions et fonctionnaires font l’objet de soupƧons permanents.

Depuis ma premiĆØre expĆ©rience avec les Gen (jeunes du mouvement des Focolari), la spiritualitĆ© de l’unitĆ© Ć©claire ma vie et donne sens Ć  ma prĆ©sence dans ce milieu où le dĆ©lit, la violence, le non-amour sont plus prĆ©sents que Ā« l’amour, qui est la plĆ©nitude de la loi Ā», comme le dit Saint Paul. Au cours de ces annĆ©es de dĆ©fis permanents, j’ai cherchĆ© Ć  orienter la formation professionnelle, l’éthique, les plans de carriĆØre, les relations sociales au service des personnes et certaines avancĆ©es laborieuses dans cette direction ont jalonnĆ© mon parcours de faƧon dĆ©terminante.

Lorsque, mon Ć©pouse et moi, avons dĆ©cidĆ© d’adopter un enfant, nous n’avons pas voulu recourir Ć  des connaissances qui auraient pu accĆ©lĆ©rer nos dĆ©marches d’adoption, alors que d’autres couples, renvoyĆ©s Ć  leur solitude, souffraient de voir les leurs suspendues. Nous avons Ć©tĆ© enfin convoquĆ©s : la fonctionnaire de service, qui me connaissait, resta trĆØs surprise de notre attitude durant toutes ces annĆ©es d’attente. Avec l’arrivĆ©e de notre fille adoptĆ©e, nous avons eu la confirmation que les plans de Dieu sont parfaits et ne se rĆ©alisent que si nous faisons Sa volontĆ©.

J’ai dĆ» une fois m’occuper d’un procĆØs où l’accusĆ© Ć©tait prĆŖt Ć  se faire justice lui-mĆŖme en cas de verdict dĆ©favorable. Par ailleurs je continuais Ć  recevoir des lettres anonymes inquiĆ©tantes Ć©voquant le caractĆØre dangereux de ce prĆ©venu et ses liens Ć©troits avec le pouvoir local. MalgrĆ© tout, je suis restĆ© fidĆØle aux exigences juridiques du procĆØs et Ć  plusieurs reprises j’ai dĆ» lui rappeler fermement les obligations que la procĆ©dure exigeait. Le verdict final ne lui a pas Ć©tĆ© favorable, mais j’avais construit avec son avocat une relation de confiance qui dure encore aujourd’hui. Le procĆØs une fois terminĆ©, cette personne est venue me saluer : elle tenait Ć  me dire qu’elle reconnaissait avoir eu des attitudes violentes et que, dans certaines situations où elle sentait monter la violence en elle, elle confiait Ć  son fils la solution de problĆØmes qu’elle ne pouvait pas rĆ©soudre elle-mĆŖme.

Comme les procĆØs font l’objet d’une instruction Ć©crite, il en rĆ©sulte une montagne de papiers dont la consultation s’avĆØre difficile. Aussi arrive-t-il souvent de voir que les accusĆ©s et leurs proches en souffrent, sans pouvoir rien faire. C’est dans ces moment-lĆ  que la mise en place d’espaces de partage permet de mettre en valeur la dignitĆ© de chacun, premier pas vers l’espĆ©rance d’une vie meilleure.

Parfois le seul fait d’écouter une personne de tout son esprit et de tout son cœur, peut nous apporter un Ć©clairage qui dĆ©passe le cadre formel de la procĆ©dure et de l’interrogatoire d’un dĆ©tenu : il peut alors arriver que l’accusĆ© confie le drame qu’il vit et que, grĆ¢ce Ć  une juste connaissance des faits, le juge puisse prendre une dĆ©cision vraiment humaine. Cela m’est arrivĆ© trĆØs souvent, par exemple lorsque j’ai ordonnĆ© un examen psychiatrique pour un dĆ©tenu que j’avais Ć©coutĆ© en profondeur. Il courait en fait le risque d’une tentative de suicide et ce choix fut dĆ©terminant pour qu’il retrouve son Ć©quilibre.

Vous le savez mieux que moi: ce qui fait la diffĆ©rence, toujours et partout, c’est l’amour, y compris dans l’exercice de la justiceā€

(M.M. – Argentine)