Sophia: la proposition culturelle de Chiara Lubich et lāAmĆ©rique latine
Lāoption privilĆ©giĆ©e pour les pauvres, le chemin difficile de la thĆ©ologie de la libĆ©ration, lāactuelle crise religieuse, la foi “autogĆ©rĆ©e” et vide de sens. Mais aussi lāinĆ©galitĆ© sociale et le manque de relations. Ce sont quelques-uns des points abordĆ©s durant les trois jours de rencontre au BrĆ©sil (Mariapolis Ginetta, 31 octobre-2 novembre) par un groupe de professeurs universitaires et jeunes diplĆ“mĆ©s, Ć la recherche dāune nouvelle perspective culturelle pour lāAmĆ©rique latine. Des points en rapport avec la question de tĆ©moins et la soif spirituelle, la valorisation des cultures originelles et des afro-descendants. Des jours durant lesquels a Ć©mergĆ© la vocation typiquement plurielle et sociale du continent.
Parmi les personnes prĆ©sentes, le professeur Piero Coda, thĆ©ologien, doyen de lāInstitut universitaire Sophia (Loppiano, Florence) qui a vu passer parmi ses Ć©tudiants de nombreux latino-amĆ©ricains, dont quelques BrĆ©siliens, prĆ©sents Ć la rencontre. “En ce moment de grand tournant, de changement dāĆ©poque, de vision de lāhomme et du monde, cāest une urgence historique dāoffrir la contribution mĆ»rie durant ces dĆ©cennies par le don dāun charisme, le charisme de lāunitĆ© confiĆ© Ć Chiara Lubich“, a affirmĆ© le professeur Coda.
Et durant les plus de 50Ā ans de prĆ©sence du Mouvement des Focolari au BrĆ©sil et dans les diffĆ©rents pays de lāAmĆ©rique latine, nombreuses ont Ć©tĆ© les initiatives Ć caractĆØre culturel nĆ©es dans les diffĆ©rentes universitĆ©s. La fraternitĆ© a Ć©tĆ© souvent proposĆ©e comme une catĆ©gorie qui peut donner un nouveau souffle aux diffĆ©rentes disciplines, de la politique et Ć©conomie au droit et pĆ©dagogie.
Avec lāintense Ć©change d’expĆ©riences, propositions, rĆ©flexions, qui a caractĆ©risĆ© les trois jours de rencontre, sāest ouvert une nouvelle perspective, une nouvelle Ć©tape Ć franchir: que naisse, en AmĆ©rique latine aussi, un centre universitaire avec la mĆŖme inspiration qui a donnĆ© vie Ć Sophia.
Il sāagit d’un projet embryonnaire, avec des connotations spĆ©cifiquement latino-amĆ©ricaines. Y ont pris part Ć©galement la thĆ©ologienne Maria Clara Bingemer, de lāUniversitĆ© pontificale catholique de Rio de Janeiro, qui a retracĆ© la dĆ©marche conciliaire et post conciliaire de lāĆglise dans le continent, et le politologue argentin Juan Esteban Belderrain, qui a mis le doigt sur certaines des plaies les plus profondes du continent et ses causes, dont le manque de cohĆ©sion sociale.
La proposition culturelle de Sophia se profile ici donc avec une connotation spĆ©cifique, en harmonie avec les orientations de lāĆglise latino-amĆ©ricaine et avec les racines dans lāinspiration et mĆ©thodologie originelles prĆ©sentĆ©es par Chiara Lubich en 2001. Ces derniĆØres annĆ©es, Sophia a Ć©tĆ© un laboratoire dāexpĆ©rimentation, comme les anciens Ć©lĆØves en tĆ©moignent: “ici, Ć©tudiants et professeurs cherchent Ć conjuguer pensĆ©e et vie, privilĆ©giant les rapports Ć tous les niveaux et visant Ć la transdisciplinaritĆ©, en rĆ©ponse au morcellement des savoirs”. “En Chiara, il nāy a jamais eu d’opposition entre vie et pensĆ©e” ā remarque le coprĆ©sident des Focolari, JesĆŗs MorĆ”n, dans une rĆ©cente interview ā “Chiara est la ādĆ©votion Ć lāesprit de JĆ©susā et la fondatrice de lāĆcole Abba et de lāUniversitĆ© Sophia. Comme tous les grands fondateurs, elle Ć©tait pleinement consciente quāun charisme où il nāy a pas de culture nāa pas de futur. La culture est toujours vie.”
Actuellement, les Ć©tudiants de lāInstitut universitaire Sophia proviennent de 30 nations. La cohabitation internationale offre une contribution supplĆ©mentaire Ć former des “hommes-monde”, où la culture typique de chacun sāouvre Ć une dimension universelle. Un projet en harmonie avec les consignes remises rĆ©cemment par le pape FranƧois aux Focolari: contempler, sortir, faire Ć©cole. Et le pape, dans son message vidĆ©o pour le 50ĆØme anniversaire de la citĆ©-pilote de Loppiano, a justement rappelĆ© que Sophia est un lieu où peuvent ĆŖtre formĆ©s des jeunes hommes et femmes “qui, en plus dāĆŖtre opportunĆ©ment prĆ©parĆ©s dans les diffĆ©rentes disciplines, sont en mĆŖme temps imprĆ©gnĆ©s par la sagesse qui naĆ®t de l’amour de Dieu”.
A Udine, la mosquƩe ne doit pas faire peur.
Dans dāautres rĆ©gions dāItalie et du monde ce type de rencontre a dĆ©jĆ eu lieu, mais pour la ville dāUdine (au nord-est de lāItalie) ce fut une nouveautĆ©,Ā largement rĆ©percutĆ©e par la presse localeĀ : le dimanche 19 octobre se sont rencontrĆ©s au Centre Culturel Balducci 150 personnes, membres du mouvement des Focolari et fidĆØles musulmans, pour un aprĆØs-midi de rencontre, dāĆ©changes, de priĆØre et aussi āpourquoi pasā de fĆŖte commune. Au moment de la priĆØre les Ā musulmans se sont rendus dans une autre piĆØce pour prier selon leur habitude. Juste avant, lāImam avait rĆ©citĆ© une priĆØre en arabe et le prĆŖtre catholique un Notre PĆØre, dans le respect le plus absolu et un grand silence observĆ©s par Ā tous.
Deux mondes qui ne sont pas si Ć©loignĆ©s: outre le fait quāils partagent la ārĆØgle dāorā commune Ć toutes les grandes religions, ā Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas quāon te fasseā, āChrĆ©tiens et musulmans croient au Dieu unique ā a soulignĆ© Franco Vasta, lāun des responsables du Mouvement Ć Udine,Ā ā ils sont tous fils dāAbraham, ont un amour dĆ©sintĆ©ressĆ© pour le prochain et un sens aigu de la familleā.
Musulmans et chrĆ©tiens ont beaucoup de choses en commun ā a confirmĆ© le prĆ©sident de lāassociation āMisĆ©ricorde et solidaritĆ©ā du centre musulman dāUdine, Errachidi Abderrazak ā et il est important quāils rĆ©ussissent Ć unir leurs forces. Nous pensons aux jeunes. RĆ©ussir Ć les rejoindre, Ć leur transmettre des valeurs est un engagement commun, pour les empĆŖcher de prendre des mauvais chemins. Les jeunes sont notre principale mission. Cāest aussi une raison pour travailler ensembleĀ Ā».
Une amitiĆ© existe entre les Focolari et la communautĆ© musulmane, elle est nĆ©e Ā Ć TriesteĀ grĆ¢ce Ć lāImam Aziz El Barikhi, qui a aussi mis des racines Ć Udine. Au cours de lāaprĆØs-midi passĆ© ensemble il y a eu la projection du discours de la fondatrice du Mouvement, Chiara Lubich, dans la mosquĆ©e Malcom Shabazz de Harlem, Ć New-York en 1997, considĆ©rĆ© comme le dĆ©but de ce chemin de dialogueĀ ; puis ont suivi des rĆ©cits, des tĆ©moignages, des priĆØres et de la musique qui ont fondu en une seule voix chrĆ©tiens et musulmans, mĆŖme en cet moment dĆ©licat que nous traversonsĀ : « Les mĆ©dias lancent de mauvais signaux en associant les images de Isis avec, par exemple, celles des mosquĆ©es –Ā aĀ dĆ©clarĆ© don Pierluigi du Centre Balducci ā un amalgame trĆØs fallacieux et dangereux parce que Ā les gens risquent dāutiliser la religion pour justifier la violenceĀ Ā»
Mais la volontĆ© de se rencontrer reste forte Ć Udine, au point de porter Abderrazak Ć dĆ©clarer Ć la presse que āsi un italien entrait dans notre mosquĆ©e, il serait le bienvenu. Elle ne doit pas faire peur; cāest un lieu dāĆ©ducation. On y enseigne Ć faire du bien Ć son prochain. On y Ć©duque les jeunes Ć suivre le droit chemin, qui nāest pas celui de la duretĆ© et de lāintransigeanceĀ Ā».
Cette rencontre, qui a concernĆ© un si grand nombre de personnes, ne sera pas la derniĆØreĀ : Ć un journaliste qui lui demandait sāil y en aura dāautres, Abderrazak a rĆ©pondu « Certainement. Ce sont des rencontres qui invitent au dialogue, Ć la connaissance rĆ©ciproque. Le chemin, je lāadmets, nāest pas simple. Mais cela vaut la peine de continuer, parce que lorsquāil y a connaissance et intĆ©gration, la peur disparaĆ®tĀ Ā».
Croatie: congrĆØs ĆdeC europĆ©en
“LāĆconomie de communion nāest pas āun faitā, mais āun processusā“, un concept rĆ©pĆ©tĆ© plusieurs fois durant le 5ĆØme rendez-vous des entrepreneurs et protagonistes de lāĆdeC europĆ©enne en Croatie, dans la citĆ©-pilote des Focolari, Ć Križevci (17-20 octobre 2014). Cette rencontre a aussi Ć©tĆ© un processus, une communion qui sāest crƩƩe jour aprĆØs jour.
Les participants, plus de 150, provenaient de 23 pays: en plus de lāEurope, il y avait des reprĆ©sentants du BrĆ©sil, de lāArgentine, du Congo et de l’Inde. Ć la rencontre ont aussi participĆ© 42 jeunes entre 18 et 30 ans des sept pays qui ont adhĆ©rĆ© au projet “Together we grow: youth towards an inclusive economy”. En pratique, sept associations europĆ©ennes (de Croatie, Roumanie, Hongrie, MacĆ©doine, Bulgarie, Allemagne et Italie) ont pensĆ© organiser en parallĆØle, et faisant partie intĆ©grante de la rencontre des entrepreneurs, “un Ć©change” pour les jeunes intitulĆ© “Grandir ensemble: des jeunes pour une Ć©conomie qui favorise lāintĆ©gration”, avec le soutien de la Commission europĆ©enne qui cofinance le projet.
Quāest-ce que lāĆdeC aujourdāhui, où en sommes-nous et quelles sont ses perspectives?
Le professeur Luigino Bruni a rĆ©pondu Ć ces questions, rappelant les dĆ©buts du Mouvement des Focolari en 1943, lorsque Chiara Lubich et les premiĆØres focolarines accueillaient les pauvres chez elles pour manger. “Cāest la premiĆØre image de lāĆdeC ā a-t-il affirmĆ©. Dans cette image, le pauvre est dans la maison et c’est cela la fraternitĆ©.” Et concernant les dĆ©fis auxquels lāĆconomie de Communion est confrontĆ©e, Bruni les a rĆ©sumĆ©s en trois titres: proposer un grand idĆ©al, les premiers pauvres dāaujourdāhui sont les jeunes parce quāils nāont pas de travail, et faire les choses avec ceux qui dĆ©jĆ partagent les mĆŖmes valeurs de communion et de fraternitĆ©.
Les trois journĆ©es en Croatie ont Ć©tĆ© riches en tĆ©moignages des entrepreneurs prĆ©sents. Nico Daenens (Belgique) a prĆ©sentĆ© son entreprise, qui fournit des services dāaide Ć domicile, avec 3000 collaborateurs. Koen et Chris de la Belgique, avec Atila et Boglarka de la Serbie, ont aussi racontĆ© la collaboration qui est nĆ©e grĆ¢ce au partage des valeurs de lāĆdeC et qui aujourdāhui sāest concrĆ©tisĆ©e dans une entreprise en Serbie.
Les aprĆØs-midis Ć©taient rĆ©servĆ©s aux ateliers sur diffĆ©rents thĆØmes: “Que faut-il pour rĆ©aliser un business plan et une start-up ĆdeC?”, “Les voies dāinclusion des pauvres au niveau local dans la vie de lāentreprise de communion”, “La diffusion du projet ĆdeC et de sa culture”, “Management des associations Ć but non lucratif”, etc.
Une des personnes prĆ©sentes rĆ©sumaient la rencontre ainsi: “Un vrai laboratoire de fraternitĆ©, ouvert Ć des projets futurs qui, espĆ©rons-le, nous guident au-delĆ des vieilles frontiĆØres gĆ©ographiques et mentales, en suivant la voie de la communion”.
Source: ĆdeC online
Mouvement des focolari: nouveau logo
āEn 2000 ā nous expliquent Walter Kostner et Margarida Nobre, en charge de la rĆ©alisation du logo ā Chiara Lubich avait vu dans Ā« La Madonna del popolo (la Vierge du peuple) Ā», qui rassemble tout le monde, lāimage qui pouvait en quelque maniĆØre reprĆ©senter le Mouvement. Le nouveau logo veut exprimer cette idĆ©e : la touche bleue rappelle Marie qui ouvre ses bras Ć lāhumanitĆ©, pour la soutenir, essuyer ses larmes et lāorienter vers le ciel. La touche plus petite, qui a la mĆŖme forme, reprĆ©sente la Mouvement des Focolari qui veut la Ā« revivre Ā» ; mais elle a la couleur dāune flamme qui exprime la prĆ©sence du RessuscitĆ© entre ses membres Ā», effet de la mise en pratique de lāamour rĆ©ciproque demandĆ© par JĆ©sus.
Deux experts en communication, les allemands Andrea Fleming et Ludger Elfgen, ont recueilli les travaux de graphistes de plusieurs continents: la derniĆØre version a Ć©tĆ© conƧue par lāitalien Andrea Re. Vu la prĆ©sence du Mouvement des Focolari dans le monde entier, le logo a Ć©tĆ© dessinĆ© en 44 langues et prĆ©sentĆ© officiellement en streaming au cours de la vidĆ©oconfĆ©rence du 25 octobre dernier.
Le choix de lāimage qui permettra dĆ©sormais dāidentifier les focolari dans les diverses rĆ©alitĆ©s qui le composent et sur des supports variĆ©s (App, rĆ©seaux sociaux, vidĆ©os, tracts, communiquĆ©s, Ć©vĆ©nements, cartes de visite…), ne pouvait pas rester sans effets sur le graphisme du site web officiel.
Sa structure reste la même, mais pour ce qui est du nouveau graphisme, nos remerciements vont à Gabriele De Sanctis qui en a peaufiné le dessin, Marius Teleman qui, en collaboration avec Andrea Baldas, a réalisé sa mise en service et Marija Bonnici qui a coordonné le travail
Notons, parmi les nouveautĆ©s, lāharmonisation des couleurs rappelant les nuances du bleu et celles du jaune-orange du logo, la galerie multimĆ©dia avec un rappel en page dāaccueil, la stylisation des boĆ®tes latĆ©rales. Quant Ć la navigation Ć lāintĆ©rieur du site, elle reste inchangĆ©e : le lecteur pourra continuer Ć se sentir chez lui !
Paul VI et Chiara Lubich
Un Ć©vĆ©nement qui arrive 50 ans aprĆØs la premiĆØre audience accordĆ©e par le pape Paul VI Ć Chiara Lubich (31 octobre 1964) et au lendemain de la bĆ©atification du Ā Souverain pontife. Une occasion dāillustrer, avec des apports significatifs, la pensĆ©e de Paul VI sur les mouvements ecclĆ©siaux et leur signification en relation avec Ā la vision de lāEglise proposĆ©e par le Concile Vatican II. Tel est, en synthĆØse, le sens de ces JournĆ©es dāEtudes (Castelgandolfo, 7-8 novembre) ouvertes par Maria Voce, prĆ©sidente du Mouvement des Focolari et par le Professeur Angelo Maffeis, prĆ©sident de lāInstitut Paul VI, qui ont donnĆ© la parole Ć des spĆ©cialistes de diverses disciplines. Ce grand pape a eu un rĆ“le important dans lāhistoire du mouvement des focolariĀ : « Nous lui sommes redevables pour plusieurs raisons ā affirme la prĆ©sidente Maria Voce ā avant tout pour son magistĆØre lumineux qui a marquĆ© de faƧon claire et forte la formation de tous ceux qui se sont approchĆ©s de notre MouvementĀ Ā», mais aussi parce que, continue-t-elle, « dans lāexercice de son ministĆØre pĆ©trinien, le pape Paul VI a jouĆ© un rĆ“le dĆ©terminant pour la reconnaissance, la promotion et aussi lāindication de mises enĀ forme juridiques adaptĆ©es Ć lāexpression de la physionomie propre Ć cette Åuvre nouvelle dans lāEgliseĀ Ā»
Les exposĆ©s des professeurs AndrĆ©a Riccardi et Alberto Monticone ont prĆ©sentĆ© la trame historique gĆ©nĆ©rale de la naissance des mouvements ecclĆ©siaux, leur nouveautĆ© dans le contexte du XXĆØme siĆØcle et la maturation de la conception et du rĆ“le des laĆÆcs dans lāEglise. On est passĆ© ensuite Ć la prĆ©sentation deĀ recherches trĆØs fouillĆ©es concernant les deux personnalitĆ©s, Ć partir de documents inĆ©dits. Lāintervention de Lucia Abignenete (Centre Chiara Lubich) a commencĆ© par la premiĆØre rencontre de Chiara Lubich avec Mgr Montini, advenue en 1953 grĆ¢ce Ć Ā Giulia Folonari, et Ć©voqué aussi les moments dĆ©licats de lāhistoire, pour arriver jusquāen1964Ā : Ā en sāappuyant sur des journaux et Ā des textes inĆ©dits, elle a soulignĆ© ce quāavait Ć©tĆ© pour Chiara cette premiĆØre audience, Ć une Ć©poque où la laĆÆcitĆ© du Mouvement naissant Ć©tait menacĆ©e. Pour les membres du Mouvement des focolari il est donc important de se rendre compte du rĆ“le de Paul VI. Chiara Lubich parle de lui comme « pĆØre de lāOeuvreĀ Ā» Ā Ā Ā Ā Ā Ce fut ensuite au tour de Paolo Siniscalco de mettre en valeur lāimportance que revĆŖtait le Mouvement des Focolari pour Paul VI en Ā raison de son action dans les Pays de lāEst et de dĆ©montrer que ce pape Ā avait Ā personnellement encouragĆ© les initiatives concrĆØtes visant Ć y maintenir vivant lāesprit chrĆ©tien.
Autre thĆØme central et important, le dialogue oecumĆ©nique, qui a Ć©tĆ© analysĆ© par la professeure Joan Back. Il suffit de rappeler lāhistoire qui lie Paul VI, Chiara Lubich et le Patriarche AthĆ©nagoras. Adriana Cosseddu, juriste, a soulignĆ© la difficultĆ© de faire Ć©mergerĀ du Code de Droit Canonique (datant de 1917) des formes complĆØtement nouvelles rendant compte de la rĆ©alitĆ© des mouvements. Il semblait quāune Åuvre comportant diverses vocations ⦠ne soit pas possibleā¦elle nāĆ©tait pas prĆ©vue par le droit canonĀ ! « Le pape a voulu lui-mĆŖme prendreĀ personnellement en charge la chose et cāest ainsi quāon est arrivĆ© Ć lāapprobationĀ Ā», affirmait Chiara lors dāune interview Ć CittĆ Nuova en 1978.
Le professeur Alberto Lo Presti, directeur du Centre Igino Giordani, a prĆ©sentĆ© une perspective inĆ©dite de la conception de la doctrine sociale de lāEglise chez Giordani ā considĆ©rĆ© comme cofondateur du Mouvement des Focolari- en relation avec la pensĆ©e Ā sociale de Paul VI. Le professeur Piero Coda, recteur de lāInstitut Universitaire Sophia, Ā a admirablement conclu par une rĆ©flexion thĆ©ologique qui, en rĆ©fĆ©rence Ć lāEncyclique Ecclesiam Suam, texte emblĆ©matique du pontificat de Paul VI et Ć lāexpĆ©rience mystique vĆ©cue par Chiara Lubich au cours des annĆ©es 1949-1950, a mis en Ć©vidence la profonde convergence et synergie entre le ministĆØre du pape Montini et le charisme de lāunitĆ© de Chiara Lubich. Ce fut particuliĆØrement enrichissant pour moi de pouvoir voir le Mouvement des Focolari et sa fondatrice, Ć travers les yeux de Paul VI ā Ć©crit Fabio Ciardi, lāun des participants au colloque ā Ce grand homme, qui avait une vision trĆØs large de lāEglise et de la sociĆ©tĆ© de son temps, a portĆ© aussi Ā un regard particulier sur cette Åuvre de Dieu, en Ć©prouvant tout Ć la fois joie et doutes, encouragements et perplexitĆ©s, enthousiasme et espĆ©rances⦠En se plaƧant de son point de vue, on peut recueillir des aspects nouveaux de ce charisme, relatifs aussi Ć la faƧon dont il sāest frayĆ© un chemin dans lāEgliseĀ Ā» En conclusion des travaux le professeur JosĆ©-RomĆ”nĀ FlechaĀ AndresĀ a voulu comparer lāexpĆ©rience mystique de Chiara Ć celle des mystiques espagnols du XVIĆØme siĆØcle, en particulier ThĆ©rĆØse dāAvila. Rappelant la faƧon dont ils avaient eux-mĆŖmes compris la nĆ©cessitĆ© de faire don de la vie intĆ©rieure Ć toute lāEglise, il sāest exprimĆ© ainsiĀ : « Nous avons vu ici comment, grĆ¢ce Ć lāesprit de Dieu, Ć lāEsprit Saint, cela sāest rĆ©alisĆ© dans la vie de Chiara, de ce MouvementĀ Ā».
Nouvelle-ZƩlande: paix, fragile et solide comme le Kowhai
Nous sommes en Nouvelle-ZĆ©lande, au cÅur de Wellington, capitale dāune terre Ć lāapparence lointaine et aux confins du monde, et pourtant une terre qui a ouvert ses bras et ses portes Ć beaucoup de peuples.
Mus par les nouvelles des guerres en Irak, Ć Gaza, en Ukraine et en Centrafrique, tout comme par la crainte grandissante de lāincapacitĆ© Ć faire face Ć lāavancĆ©e dāEbola et mus aussi par les appels Ć la paix du Pape Ć de nombreuses occasions, tout comme par les personnes de la communautĆ© du Mouvement des Focolari, et pas seulement, provenant de ces pays, les jeunes nĆ©o-zĆ©landais ont ressenti lāurgence de se retrouver dans un lieu public pour rĆ©pondre Ć lāenvie de paix quāils portent Ć lāintĆ©rieur.
LāArchevĆŖque de Wellington, John Dew, a offert sa contribution Ć la soirĆ©e, entre chants, priĆØres et tĆ©moignages. Parmi ceux-ci, le tĆ©moignage de deux jeunes filles provenant dāIrak, qui se sont connues en Nouvelle-ZĆ©lande, aprĆØs que leurs deux familles ont dĆ©mĆ©nagĆ© dans ce pays: Sendirella et Ayssar, la premiĆØre chrĆ©tienne, la seconde musulmane. Elles racontent leur pays et ce qui les a unies. Elles se sont rencontrĆ©es pour la premiĆØre fois chez des amis communs et, de lĆ , a commencĆ© une amitiĆ© qui les a amenĆ©es Ć partager rĆŖves, Ć©tudes, passions et voyages. Sendirella dĆ©clare “nous sommes diffĆ©rentes” et immĆ©diatement Aysser ajoute “mais nous sommes pareilles”. Ensuite, elles continuent, en expliquant comment, pour de nombreuses personnes, la religion est une des plus grandes diversitĆ©s, peut-ĆŖtre aussi un obstacle, et comment pour elles, au contraire, cela nāa jamais Ć©tĆ© un problĆØme, cela les a mĆŖme rapprochĆ©es. “Dans la religion de lāune”, raconte Sendrella, “nous avons toujours vu et reconnu des Ć©lĆ©ments de la religion de lāautre.”
Ensuite, elles parlent de leur pays: un Irak associĆ© aujourdāhui Ć la guerre, des minoritĆ©s qui doivent fuir, les tortures, alors que le pays de leurs parents est un Irak où ton voisin peut ĆŖtre chrĆ©tien, musulman, juif ou yazidi; “un Irak, explique Ayssar, où la diffĆ©rence de religion a toujours Ć©tĆ© vĆ©cue comme une rĆ©alitĆ©, pas un problĆØme”. Aujourdāhui, cet Irak semble si lointain. Elle continue, “ils nous ont dit que la paix est impossible“. Sendirella poursuit: “nous savons que āPaixā n’est pas un mot dāune constitution, nāest pas un systĆØme de gouvernement particulier, nāest pas non plus dans des raids aĆ©riens qui veulent contraindre Ć la paix. Nous savons quāil est au contraire dans lāobservation quotidienne de nos principes et valeurs, que cāest quelque chose qui se construit du bas, plutĆ“t que du haut”.
Kathleen, jeune universitaire, raconte comment, suite Ć un malentendu dans lāappartement quāelle partage avec dāautres jeunes universitaires, elle a souhaitĆ© demander pardon et comment ce geste, avant trĆØs difficile et exigeant, a ensuite ouvert la porte Ć un rapport nouveau avec cette jeune.
Le moment de priĆØre sāest conclu par lāinvitation Ć ĆŖtre tous des constructeurs de paix, scellant cet engagement en nouant un ruban blanc Ć un petit arbre au nom maori, Kowhai. Cāest un des arbres originaires de Nouvelle-ZĆ©lande. Sa fleur, jaune intense, est une des images qui reprĆ©sentent la Nouvelle-ZĆ©lande. Elle a beaucoup de caractĆ©ristiques mĆ©dicinales et beaucoup dāespĆØces dāoiseaux trouvent des nutriments dans le nectar quāil produit. Semblant fragile, le Kowhai est un arbre solide, qui peut mesurer jusquāĆ 20Ā mĆØtres de haut. Un beau symbole du humble, mais fort cri de paix que les jeunes ont lancĆ© durant cette soirĆ©e.
Politique: dƩmocratie de tous, pyramide inversƩe
Des jeunes de Cagliari, Pise, TrĆ©vise, Prato, Macerata, Turin, Mantoue, Pescara, Rome et province ont mis en Åuvre temps, distances et Ć©nergies pour construire ce rendez-vous au titre stimulant et engageant: “DĆ©mocratie de tous: inverser la pyramide”. AprĆØs avoir vĆ©cu, le 4 octobre dernier, le programme commun riche et variĆ© de lāĆ©dition 2014 de LoppianoLab, qui abordait ā entre autres – certaines des thĆ©matiques les plus urgentes de lāactualitĆ© italienne, le sĆ©minaire a continuĆ© le 5 octobre, Ć lāAula magna de lāInstitut universitaire Sophia (IUS). La mĆ©thode a Ć©tĆ© celle qui guide chaque activitĆ© des Ćcoles, tant pour les leƧons thĆ©oriques, que pour les activitĆ©s en laboratoire dans les diffĆ©rents domaines: respect, Ć©coute, partage, pour faire avant tout une vraie expĆ©rience de fraternitĆ© et en dĆ©couvrir ensuite la validitĆ© et la dignitĆ© de paradigme politique Ć chaque niveau. Beaucoup de vie, dāengagements, de projets, dāexigences dāune politique vraiment nouvelle, que lāon entrevoit dĆ©jĆ dans les expĆ©riences dāadministrateurs (deux dāentre eux, du Nord et du Centre de lāItalie, ont donnĆ© leur contribution encourageante), de citoyens conscients, de jeunes intĆ©ressĆ©s et acteurs, aussi lĆ où la possibilitĆ© de se prĆ©senter dans les institutions est offerte, dāadultes qui, avec gĆ©nĆ©rositĆ©, sont disponibles pour accompagner les jeunes dans leur recherche.
Ć lāimage des diffĆ©rentes interventions, riches et variĆ©es dans leur fraĆ®cheur, nous proposons une rĆ©flexion que les jeunes de lāĆcole de Turin ont offerte aux personnes prĆ©sentes; des paroles qui rĆ©sument diffĆ©rents aspects de lāĆcole commentĆ©s par eux-mĆŖmes. SouverainetĆ© ā “Participer” signifie exercer collectivement sa part de souverainetĆ©, de faƧon non violente, constructive et consciente. (Chiara Andena) Devoir ā Le devoir de “participer” pour aller plus loin: la crise, le dĆ©faitisme, en plus de lāimmobilisme et, surtout, du renoncement Ć lutter, Ć sāavouer vaincus. (Matteo Dematteis) Croissance et volontĆ© ā La confrontation entre opinions diffĆ©rentes, expĆ©riences de vie, bagages culturels, permet un enrichissement personnel indispensable pour la formation de lāindividu; le tout liĆ© par la volontĆ©: une force qui incite Ć toujours rechercher de nouvelles perspectives. (Katia Follina) DĆ©couverte ā Si je regarde le monde de mon point de vue, jāai trois dimensions, si je regarde avec les yeux des autres, jāen ai des infinies. (Marco Titli)
CompĆ©tence ā “Participer”, pour moi, signifie se mettre Ć lāÅuvre, chacun selon ses aptitudes, ses intĆ©rĆŖts et ses connaissances. Mais “participer ensemble” signifie intĆ©grer les talents de chacun pour rendre les perspectives plus larges et plus inclusives dans lāoptique de la fraternitĆ©. (Federica Mensio) Coappartenance ā Nous rendre compte de faire partie dāun ensemble plus grand nous responsabilise. Cette prise de conscience nous rend collectivement actifs et en mesure de laisser une empreinte positive. (Paolo Cataldi) EspĆ©rance ā DĆ©couvrir quāun jeune engagĆ© en politique avec une orientation complĆØtement diffĆ©rente de la mienne peut vivre et se dĆ©penser pour les mĆŖmes idĆ©aux māa non seulement donnĆ© lāespĆ©rance dāun prĆ©sent et dāun futur meilleur, mais māa aussi rappelĆ© quāil ne faut jamais fermer les portes au dialogue, malgrĆ© les points de vue diffĆ©rents. (Elena Destefanis) Lutte et rĆ©sistance – La “participation” est une forme de lutte non violente, où l’Ć©coute rĆ©ciproque, le partage de ses pensĆ©es et de ses idĆ©es, de faƧon libre, sans prĆ©jugĆ©s, sont les armes de construction massive. (Matteo Bracco)
Prix āChiara Lubich pour la fraternitĆ©ā
Toutes les administrations locales de tous les coins du monde peuvent participer au concours, organisĆ© par lāAssociation Villes pour la FraternitĆ©.
Les projets et les initiatives peuvent concourir sāilsĀ :
–Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā fondent et/ou rĆ©pandent, sur le territoire local principalement, mais aussi national et international, des habitudes de fraternitĆ© universelle, selon les divers aspects qui se rĆ©fĆØrent Ć ce principe de baseĀ ;
–Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā stimulent les citoyens Ć sāengager pour le bien commun et Ć participer Ć la vie de la communautĆ© civile,
–Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā favorisent la croissance dāune culture de la citoyennetĆ© active et inclusive.
Le projet doit ĆŖtre reprĆ©sentatif dāune maniĆØre dāadministrer qui ne soit pas Ć©pisodique mais toujours plus consciente de la valeur du principe de la fraternitĆ© universelle.
Du cĆ“tĆ© des administrations publiques et dāautres entitĆ©s sociales, Ć©conomiques, culturelles, il est possible de se porter candidat soi-mĆŖme ainsi que de signaler des projets dāautres personnes.Ā Toutes les participations possibles doivent ĆŖtre envoyĆ©es dāici et pas plus tard que le 9 janvier 2015 Ć la prĆ©sidence de lāAssociation « Villes pour la Fraternité », s/c Mairie de Castel Gandolfo, Place LibertĆ , 700040Ā Castel Gandolfo (Rm).
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Evangile vƩcu : trouver la force en Dieu
Un fond pour qui se trouve dans le besoin Depuis plus de vingt ans je travaille Ć lāhĆ“pital universitaire. Un jour dans mon service de dermatologie, une patiente est arrivĆ©e, aucun des collĆØgues ne voulait la soigner Ć cause de prĆ©jugĆ©s. Les examens de sang ont de fait montrĆ© quāelle avait le SIDA. Ne pouvant pas lāopĆ©rer, jāai commencĆ© un traitement diffĆ©rent Ć base de radiothĆ©rapie. Trois mois plus tard elle allait mieux. Je ne pouvais cependant pas la garder Ć lāhĆ“pital plus longtemps et sachant que ses enfants nāĆ©taient pas capables de la soigner, je me suis informĆ©e pour savoir si elle avait des parents qui pouvaient sāen occuper. Elle en avait, mais ils habitaient dans un autre Etat. Jāai alors demandĆ© Ć mes collĆØgues sāils voulaient bien lāaider Ć acheter le billet Ć©tant donnĆ© quāil ne lui Ć©tait pas possible de le faire. Nous avons rĆ©coltĆ© lāargent non seulement pour le voyage mais aussi pour aider sa famille. Quand elle est partie, la patiente Ć©tait heureuse. AprĆØs cette expĆ©rience, nous avons dĆ©cidĆ© avec les autres collĆØgues de constituer un fond pour aider les patients dans le besoin. Combien de personnes ont Ć©tĆ© aidĆ©es ces annĆ©es-ci grĆ¢ce Ć ce fondĀ ! (K. L. ā Inde) Lāordonnance Jāai quarante ans et je souffre dāasthme. Quand je me rends compte que jāattends un enfant, la sage-femme me propose dāavorter. Je dis non. Elle māexplique que je dois choisir entre lāenfant et ma vie, qui est beaucoup plus importante pour les autres enfants que jāai. TroublĆ©e, je nāarrive pas Ć comprendre pourquoi je dois tuer cette crĆ©ature innocente. Mon mari, en voyant mon Ć©tat de santĆ©, me dit que cela dĆ©pendait de moi. A ce moment-lĆ on me donne lāordonnance dāun mĆ©dicament « trĆØs important pour ma santé ». Mon mariĀ lāachĆØte. Je ne sais pas suffisamment lire pour tout comprendre, mais dans le cÅur un doute surgit. Je demande plus dāinformationsĀ : cette piqure provoque lāavortement. Je ne la fais pas et je me confie Ć Dieu. Aux premiĆØres douleurs, jāai peur. Jāai prĆ©parĆ© le testament, je confie les enfants aux parents. Je nettoie un peu la maison et je vais Ć lāhĆ“pital. Lāaccouchement est plus facile que les autres fois, sans aucun problĆØme. Mon mari voudrait porter le bĆ©bĆ© Ć la sage-femme pour le lui montrer. Je ne prĆ©fĆØre pasĀ : pour moi ce fut une expĆ©rience personnelle de lāamour de Dieu et je ne peux en tirer de lāorgueil, mais seulement Lui dire merci. (D. A. ā CĆ“te dāIvoire) Re-tomber amoureux Ce jour-lĆ , il y a eu une forte tension entre mon mari et moi. « Quelque chose ne va pasĀ ?Ā Ā» lui ai-je demandĆ©. Et luiĀ : « il nāy a pas besoin dāun magicien pour le comprendreĀ Ā». A son avis je ne comprenais pas ses exigences. CāĆ©tait vrai, mais je disaisĀ : « Comment est-ce possible quāavec toutes ces belles choses que nous avons dans notre vie, lui sāarrĆŖte Ć lāunique qui ne va pasĀ ?Ā Ā». Nous sommes allĆ©s dormir en boudant. Le lendemain je pensaisĀ : « Nous sommes une Ć©quipe, pour le remonter je dois travailler sur moi, adoucir mon cÅur, demander pardonĀ Ā». Je nāy arrivais pas. Pour le rendre heureux, jāai dĆ©placĆ© le rendez-vous fixĆ© pour cette soirĆ©e-lĆ de maniĆØre quāil puisse voir la partie de foot de la coupe dāEurope. Mais pour recommencer vraiment nous devions clarifier les choses entre nous. Alors, malgrĆ© la fatigue et les engagements, nous sommes sortis un soir, et dāabord lāun puis lāautre, nous nous sommes ouverts dans une confiance profonde, comme cela ne nous arrivait pas depuis un bon bout de temps. Nous nous sommes revus diffĆ©rents et nous nous sommes compris. Je dirais de nouveau amoureux. (G. S. ā Italie)