Mouvement des Focolari
GeneviĆØve, l’Afrique, et le Conseil Pontifical

GeneviĆØve, l’Afrique, et le Conseil Pontifical


GeneviĆØve SanzĆØ, reprĆ©sentante du continent africain dans la Commission Internationale de l’Economie de Communion (EDC), reƧoit dĆ©but fĆ©vrier un coup de fil de Mgr Joseph Spiteri, Nonce apostolique en CĆ“te d’Ivoire, lui annonƧant sa nomination comme membre du conseil Pontifical des LaĆÆcs. « Je n’avais pas eu vent de cette nominationĀ Ā», Ā raconte GeneviĆØve, aprĆØs la question sur ce que cela comportait pour elle. GeneviĆØve, est originaire de la RĆ©publique Centre Africaine, mais elle habite au Focolare d’Abidjan en CĆ“te d’Ivoire. Unique membre africain parmi les laĆÆcs nommĆ©s par le Pape, son nom est sorti grĆ¢ce au rĆ“le qu’elle joue dans le secteur de l’Economie de Communion.

ā€œJe suis contente de cette nomination particuliĆØrement pour la rĆ©fĆ©rence Ć  l’Economie de Communion, au-delĆ  des autres rĆ“les que j’ai dans le mouvement des Focolari, a-t-elle expliquĆ© tout de suite aprĆØs l’annonce, en partageant une impressionĀ : « C’est une joie pour moi de pouvoir travailler pour l’Eglise, parce que j’ai choisi cela dans ma vie, en servant le mouvement des Focolari et l’EgliseĀ Ā».

Juste aprĆØs avoir reƧu la nouvelle, GeneviĆØve SanzĆØ s’est rendue au Kenya où elle a travaillĆ© Ć  la prĆ©paration de la prochaine AssemblĆ©e EdC Ć  Nairobi pour 2015. A son retour elle a pu rencontrer le nonceĀ : « Ce fut un moment intĆ©ressant et profond.Ā  Mgr Spiteri m’a donnĆ© le document de ma nomination, avec son conseil de vivre ce service pour et dans l’Eglise. Maria Voce aussi, prĆ©sidente du mouvement des Focolari m’a Ć©critĀ : « Je suis trĆØs heureuse de cette nominationĀ Ā», en m’assurant de ses priĆØres et de sa proximitĆ©. Je sens que c’est vraiment ensemble, dans une grande communion, que nous pouvons ĆŖtre au service de nos frĆØres et de l’EgliseĀ Ā».

GeneviĆØve reƧoit de la commission centrale EdC des messages « tous nos vœux les plus chersĀ  pour ce nouveau dĆ©fi trĆØs important qui se prĆ©sente Ć  vousĀ : d’aprĆØs ce que nous savons de vous, vous avez toutes les capacitĆ©s en main pour y arriverĀ !Ā Ā» En rĆ©sumant la joie de tout le monde, Luigino Bruni Ć©critĀ : « VoilĆ  l’Afrique que le monde doit connaĆ®treĀ : une sœur pleine de sagesse, lumineuse, sobrement joyeuse, royale, marialeĀ Ā».

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BrƩsil: fraternitƩ en politique, les faits sont lƠ !

Luiza Erundina et Maria Voce – (C) CSC Caris Mendes

En provenance de tout le BrĆ©sil, ils Ć©taient environ deux cents, tous engagĆ©s dans le Mouvement politique pour l’unitĆ© (MppU). DĆ©putĆ©s fĆ©dĆ©raux, maires, conseillers municipaux et jeunes ont tĆ©moignĆ© de la nouveautĆ© qu’apporte Ć  leur vie et dans leur milieu la fraternitĆ© mise en pratique.

La fraternitĆ© est-elle compatible avec le combat politique? Pour la dĆ©putĆ©e fĆ©dĆ©rale Luiza Erundina, Ć  l’époque de sa jeunesse, lorsqu’elle luttait contre la dictature, la rĆ©ponse Ć©tait non. Elle est devenue positive Ć  la suite de sa rencontre avec Chiara Lubich, quand celle-ci lanƧait le Mouvement politique pour l’UnitĆ©.

Pour le maire de Sorocaba, Antonio Carlos Pannunzio, le facteur le plus important est le rĆ©veilĀ  des consciences et la conviction d’appartenir tous Ć  l’unique famille humaine, parce que tous enfants du mĆŖme PĆØreĀ : « Dans nos assemblĆ©es politiques, affirme-t-il, nous pouvons ne pas ĆŖtre d’accord avec un collĆØgue, mais il ne doit pas pour autant devenir un ennemiĀ Ā».

Lorsque s’élĆØve le mur de l’hostilitĆ©, il n’est pas impossible de l’abattre. « J’étais un terrible adversaire de Luisa Erundina, lorsqu’elle Ć©tait maire de Sao Paolo et moi conseiller – dĆ©clare Walter Feldman, dĆ©putĆ© fĆ©dĆ©ral – et maintenant nous nous entendons presque tous les jours. Le dialogue devient possible lorsque des personnes opposĆ©es se rencontrent pour trouver un accord en vue d’un seul objectifĀ : le bien communĀ Ā».

ā€œIl faut vivre au milieu des gens pour ĆŖtre sur la mĆŖme longueur d’onde qu’eux, pour combler l’écart qui existe entre les politiques et la sociĆ©tĆ©. Le changement commence par soi-mĆŖmeĀ Ā», dĆ©clare le dĆ©putĆ© fĆ©dĆ©ral Luis Carlos Hauly, en rappelant l’exemple de Mandela et de Gandhi.

Pedro Paulo Fiorelli est un jeune qui frĆ©quente ā€œl’Ecole Civitasā€ pour se former Ć  la citoyennetĆ©, condition indispensable pour devenir un bon acteur en politique. Avec en arriĆØre-fond cette conviction: la politique n’est pas l’art de gagner les Ć©lections, mais celui de transformer la sociĆ©tĆ©, en s’intĆ©ressant d’abord aux plus dĆ©munis.

ā€œElle est plus que jamais nĆ©cessaire – affirme Maria Voce – cette action politique Ć©clairĆ©e qui place au Ā centre la valeur de la relation, la proximitĆ©, en commenƧant par les plus dĆ©laissĆ©sĀ : leursĀ  besoins crient leur soif de fraternité ». Giancarlo Faletti dĆ©finit ces politiquesĀ  comme des « experts en humanité », « des prophĆØtes d’un monde nouveauĀ Ā», « des prophĆØtes d’espĆ©ranceĀ Ā».

A la fin de cette rencontre, un geste significatif: la remise de la plaque d’une rue de Porto Alegre portant le nom de Chiara Lubich. Puis la chanson intitulĆ©e « Amour des amoursĀ Ā», une expression utilisĆ©e par la fondatrice des Focolare pour dĆ©finir la politique. DĆ©sormais, au BrĆ©sil, ce chant sera l’hymne du Mouvement Politique pour l’UnitĆ©.

Le prochain rendez-vous est international: un congrĆØs mondial au mois de mars 2015. C’est ce qu’annonce un communiquĆ© de la prĆ©sidence internationale du MppU, en prĆ©cisant « qu’il prĆ©sentera la richesse de la pensĆ©e politique de Chiara Lubich qui, de maniĆØre prophĆ©tique, annonƧait un monde uni par l’amour rĆ©ciproque vĆ©cu non seulement entre personnes, mais aussi entre peuplesĀ Ā».

Pour plus d’informations sur les diverses Ć©tapes du voyage de Maria Voce au BrĆ©silĀ : Area Riservata – Notiziario Mariapoli

Ā  Webster:Ā www.focolares.org.br/sitenacional

GeneviĆØve, l’Afrique, et le Conseil Pontifical

Souhaits de PĆ¢que

Ā«Sur cette si belle terre brĆ©silienne, fĆŖte de fleurs, de fruits, de couleurs et saveurs variĆ©es, tout parle de vie, de rĆ©surrection, il m’est donc spontanĆ© de faire arriver Ć  tout le monde, Ć  partir d’ici, nos vœux de PĆ¢que les plus chers.

Durant la semaine sainte, au sanctuaire national du Brésil, dédié à Notre Dame Aparecida, je lui porterai les désirs, les souffrances et les joies de vous tous et en particulier de ses nombreux enfants brésiliens qui contribuent à faire grandir Sa Famille dans le monde entier ».

Dans la joie du RessuscitƩ,

Maria Voce (Emmaüs)

Il est prĆ©vu que Maria Voce participe Ć  la messe du mercredi 16 avril au sanctuaire d’Aparecida, Ć  9h, heure locale.Ā  Il sera possible de suivre la transmission en directĀ : TV Aparecida sur le site: http://www.a12.com/tv-aparecida/institucional/detalhes/tv-ao-vivo

Rendez-vous planĆ©taire au Caire: les vidĆ©os du Festival “Living Peace”

Participation au projetLiving Peace

Cameroun

http://www.youtube.com/watch?v=j7Ittb5TW30

Thaïlande, Japan, Corée du Sud, Philippines, Maroc, Liban, Jordanie

http://www.youtube.com/watch?v=UEM-sdwEJuE

Espagne;

http://www.youtube.com/watch?v=3dfFLAP67dQ

BrĆ©sil, Argentine, Etats-Unis d’AmĆ©rique

http://www.youtube.com/watch?v=B78gHzHYNoI

France, Luxembourg, Le Portugal, Pologne, Malte

http://www.youtube.com/watch?v=Znqnr0zQgBw

Italie

Ensemble des nations participant au projet

Plus: UmanitĆ  Nuova

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Je suis Rwandais

“Durant ces 20 ans, mon peuple a toujours cĆ©lĆ©brĆ© le deuil pour les victimes de guerre pendant la semaine de PĆ¢ques, mais personnellement, chacun dans sa propre famille, chacun dans son cimetiĆØre privĆ©.” C’est le rĆ©cit de Pina, rwandaise. Il y a 20 ans, 800Ā 000 personnes sont mortes en quelques mois dans son pays, Ć  cause d’une absurde guerre civile. C’était le 6 avril 1994, lorsqu’un missile toucha l’avion du prĆ©sident JuvĆ©nal Habyarimana. Personne n’en rĆ©chappa, et de lĆ  commenƧa la guerre prĆ©parĆ©e depuis longtemps.

Au moment du dĆ©but des massacres, Pina se trouvait aux Philippines, où l’avait amenĆ©e sa vocation de suivre Dieu au service des frĆØres, animĆ©e par la spiritualitĆ© de l’unitĆ© qu’elle avait connu adolescente. “Ma famille aussi a Ć©tĆ© touchĆ©e – raconte-t-elle. Trente-neuf de mes proches ont Ć©tĆ© tuĆ©s. J’étais en proie au dĆ©couragement. Petit Ć  petit, je me suis retrouvĆ©e vide de ces sentiments qui jusqu’alors avaient rempli mon Ć¢me, il me semblait que plus rien n’avait de sens.”

Elle dĆ©mĆ©nage au Kenya pour pouvoir suivre la situation de plus prĆØs, en travaillant Ć  la Croix-Rouge, et ainsi assister les blessĆ©s et les rĆ©fugiĆ©s du Rwanda: “mais je ne rĆ©ussissais pas – explique-t-elle – Ć  regarder en face les personnes de l’autre ethnie qui avaient participĆ© aux massacres”. La douleur est trop vive. Un jour, elle rencontre dans un corridor des personnes de l’autre ethnie et elle ne peut Ć©viter leur regard. La haine grandit. “J’ai pensĆ© Ć  la vengeance, je me suis senti confuse, j’étais Ć  un carrefour: ou je me fermais dans ma douleur avec la colĆØre Ć  l’intĆ©rieur, ou je demandais de l’aide Ć  Dieu.”

Quelques jours aprĆØs, au bureau, elle reconnaĆ®t des personnes de l’ethnie ennemie qui habitaient justement dans sa ville. “Elles me reconnaissent et sont gĆŖnĆ©es, elles commencent Ć  rebrousser chemin. Elles aussi me considĆØrent comme une ennemie.” La force du pardon est l’unique arme de la rĆ©conciliation sociale. Pina le sait. Elle l’a appris de l’Évangile. “Avec force – raconte-t-elle – je vais Ć  leur rencontre en parlant notre langue, sans rien dire de ma famille, mais en m’intĆ©ressant Ć  leurs besoins.” ƀ ce moment-lĆ , quelque chose se dĆ©noue au fond d’elle et, pour Pina, un rayon de lumiĆØre revient.

Un an aprĆØs, elle retourne au Rwanda. Elle reconnaĆ®t difficilement sa sœur, l’unique survivante du massacre. Elle apprend que l’homme qui avait trahit sa famille – une personne trĆØs proche – Ć©tait en prison. “MĆŖme dans la douleur, et contre les personnes qui invoquaient la peine de mort, il Ć©tait clair que je ne pouvais pas faire un pas en arriĆØre sur la route ouverte vers le pardon.” Elle emmĆØne aussi sa sœur, qui avait assistĆ© au massacre. “Nous sommes donc allĆ©es ensemble Ć  la prison pour voir cette personne, lui apportant des cigarettes, du savon, ce que nous pouvions et, surtout, pour lui dire que nous lui avions pardonnĆ©. Et nous l’avons fait.” Domitilla, sa sœur, adoptera ensuite 11 enfants de toutes les ethnies, sans distinction entre les enfants naturels et ceux adoptĆ©s, au point de recevoir une reconnaissance nationale.

Cette annĆ©e, explique Pina, “pour le 20ĆØme anniversaire, la nouveautĆ© est de vouloir rĆ©unir, dans le mĆ©morial national, les dĆ©pouilles des victimes Tutsi et Hutu, en d’autres termes: les Rwandais”. Ils sont les hĆ©ros de la patrie. “Pour moi c’est un pas en avant – commente Pina – comme nous Ć©tions avant la guerre.” L’initiative, en effet, s’intitule “La fleur de la rĆ©conciliation”, afin qu’elle porte encore des fruits de paix dans la sociĆ©tĆ© rwandaise.

Lire aussi (en italien):

Il Rwanda ricorda, venti anni dopo, par Liliane Mugombozi sur CittĆ  Nuova online

Il fiore della riconciliazione, par Aurelio MolƩ sur CittƠ Nuova online

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Evangile: la charitƩ rƩciproque avant tout.

ChƓmeur
Depuis dĆ©jĆ  quelque temps notre usine traversait de grosses difficultĆ©s. Nous nous sommes retrouvĆ©s sur le pavĆ© sans aucune possibilitĆ© d’être couverts par la caisse de compensation ni par d’autres aides. PrivĆ© de mon emploi et contraint de rester Ć  la maison sans rien faire, je commenƧais Ć  ĆŖtre envahi par un profond sentiment de frustration et d’inutilitĆ©. Nous vivions avec le salaire de ma femme. Puis, aidĆ© sans doute par ma foi, je me suis dit que je pouvais me consacrer aux nombreux petits travaux que ma femme me demandait depuis un certain temps. Aussi me suis-je mis Ć  repeindre les portes et les fenĆŖtres, Ć  tapisser les murs…Les autres membres de la famille se sont aussi pris au jeu et m’ont donnĆ© un coup de main. L’important n’était pas seulement d’apporter Ć  la maison un salaire, mais le vrai capital dont ma famille avait besoin Ć©tait l’amour, et, avec ou sans emploi, je pouvais aimer. L.R – Italie

Humaniser la justice
Bien que je me sois prĆ©parĆ© avec les meilleures intentions, ce lundi l’audience est triste et sans attrait. En fin de matinĆ©e me voilĆ  dĆ©couragĆ© Ć  cause de la facilitĆ© avec laquelle on expĆ©die les affaires. Je sens qu’il faut faire quelque chose. Le dernier accusĆ© se prĆ©sente. Il fait plus vieux que son Ć¢ge. Il a dĆ©jĆ  Ć©tĆ© en prison et cette fois-ci il a Ć©tĆ© surpris au volant d’une voiture volĆ©e. Je viens Ć  savoir par lui qu’une fois sorti de prison, il avait retrouvĆ© un emploi dans les rĆØgles et que son employeur Ć©tait satisfait. Je modifie alors le rĆ©quisitoire et je demande au tribunal une peine de dĆ©tention Ć  mettre en application pendant ses congĆ©s annuels. Il pourra ainsi garder son emploi. Le tribunal accepte. Quelques jours aprĆØs, un journaliste de la tĆ©lĆ©vision, surpris par mon attitude, me tĆ©lĆ©phone. Je lui rĆ©ponds que je n’ai rien fait d’autre qu’exercer mon mĆ©tier en ayant recours Ć  toutes les possibilitĆ©s qu’offre la loi. Au cours de son Ć©mission le journaliste a relatĆ© le fait en concluant ainsi : Ā« En appliquant la loi avec cœur et intelligence, on peut rendre justice avec humanitĆ© Ā». A.B. F. – France

Constructeur de paix
Je suis sĆ©minariste. Dans la situation difficile de mon pays traversĆ© par des conflits ethniques, mon village aussi Ć©tait divisĆ©. En l’absence des forces de l’ordre, deux factions se combattaient. Conscient des risques que je courais, j’ai alors demandĆ© Ć  Dieu d’être artisan d’unitĆ© : en franchissant un barrage de troncs d’arbre sur la route, j’ai rĆ©ussi Ć  rejoindre un des deux groupes qui s’était rĆ©fugiĆ© dans les locaux de la paroisse. J’ai demandĆ© la parole et j’ai pu leur dire Ć  cœur ouvert combien les motifs d’une telle haine et d’une telle division Ć©taient inconsistants. AprĆØs m’avoir Ć©coutĆ©, ils m’ont demandĆ© de parler aussi avec l’autre groupe. J’ai dĆ» ĆŖtre convaincant parce qu’à la fin tous sont revenus vivre ensemble. Gilbert – Burundi

Extrait de : Il Vangelo del giorno, CittĆ  Nuova Editrice

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Père Stăniloae et Chiara Lubich, théologies comparées

L’amour misĆ©ricordieux de la Sainte TrinitĆ© dans la vision thĆ©ologique du PĆØre Dumitru Stăniloae et de Chiara Lubich dans le contexte du dialogue œcumĆ©nique contemporain”: un titre qui exprime la profondeur du thĆØme abordĆ© pour comparer la thĆ©ologie de l’un des plus grands thĆ©ologiens orthodoxes du siĆØcle dernier – comme est considĆ©rĆ© le PĆØre Dumitru Stăniloae – avec le charisme de Chiara Lubich. Ce sont les mots du doyen de la FacultĆ©, le professeur Vasile Stanciu. Des thĆ©ologiens de trois Ɖglises sont intervenus: orthodoxe, catholique et luthĆ©rienne. Cinq professeurs orthodoxes roumains des FacultĆ©s de thĆ©ologies de Cluj, Alba Iulia et Sibiu et cinq du Mouvement des Focolari de l’UniversitĆ© Sophia Ć  Loppiano, de l’UniversitĆ© Lucian Blaga de Sibiu, de l’Institut oriental de Ratisbonne et du Centre “Uno”, secrĆ©tariat pour le dialogue œcumĆ©nique des Focolari. Le Symposium a commencĆ© par la priĆØre et les salutations du MĆ©tropolite Andrei, dont la province accueille la rencontre. L’évĆŖque auxiliaire orthodoxe, Vasile Somesanul, qui a participĆ© Ć  plusieurs moments, a dĆ©clarĆ©: “Je suis Ć  nouveau impressionnĆ© par la chaleur de l’amour que vous emmenez avec vous Ć  Cluj, la chaleur que nous rencontrons chaque fois et que nous gardons dans notre ĆŖtre, dans notre vie jour aprĆØs jour. …Bien sĆ»r, nous nous efforƧons de transmettre l’amour en vie, en effet, comme l’ont aussi fait le PĆØre Stăniloae et Chiara Lubich.” Des expĆ©riences sur l’amour rĆ©ciproque d’orthodoxes et catholiques – jeunes, familles, prĆŖtres – ont soulignĆ© que la vie [de la foi] est essentielle pour les chrĆ©tiens, la thĆ©ologie entendue donc en mode vital et le parcours de l’œcumĆ©nisme entendu selon le trinĆ“me “amour-vie-vĆ©ritĆ©”. Le risque existe, en effet, a soulignĆ© Stanciu, que souvent la thĆ©ologie reste au niveau de la thĆ©orie, et il est difficile de la mettre en pratique, il faut vivre. Pour le professeur Sonea, professeur-doyen de Cluj – “thĆ©ologier” n’est pas un discours abstrait sur Dieu, mais sur un Dieu vivant, en Dieu et sur Dieu. Cette maniĆØre de faire est spĆ©cifique pour Chiara Lubich. Un Ć©lĆ©ment sur lequel nous pouvons construire un dialogue qui n’est pas Ć  la recherche de la conversion de l’autre, mais Ć  la dĆ©couverte de l’autre. Nous sommes en unitĆ© dans l’esprit de l’amour. Il est nĆ©cessaire de donner un tĆ©moignage commun au monde.

MƩtropolite Andrei

Comme le soulignait le professeur Stefan Tobler de Sibiu dans la conclusion, “nous sommes vraiment ensemble” dans la radicalitĆ© de l’amour et dans la rigueur thĆ©ologique. La professeure Ruxandra de Bucarest a tĆ©moignĆ© avoir connu Chiara et le PĆØre Stăniloae. “En premier, j’ai connu Chiara Ć  une rencontre de jeunes Ć  Rome, qui a ravivĆ© ma foi en Dieu et m’a rapprochĆ©e de l’Église. Ensuite, au fil des ans, lorsque j’étais Ć©tudiante, j’ai Ć©coutĆ© le PĆØre Stăniloae parler du grand amour de Dieu envers les hommes et de l’amour au sein de la Sainte TrinitĆ©, modĆØle de l’amour suprĆŖme, modĆØle de l’amour dans la famille. Pour moi, en tant qu’orthodoxe, c’était extraordinaire de voir comment les thĆ©ologiens orthodoxes, catholiques, luthĆ©riens et rĆ©formĆ©s ont trouvĆ© une spiritualitĆ© commune entre la pensĆ©e de Chiara Lubich et celle du PĆØre Dumitru Staniloae, tous deux thĆ©ologiens de l’amour. C’était une expĆ©rience merveilleuse.” Avec cette rencontre, un pas en avant supplĆ©mentaire a Ć©tĆ© franchi et de nouvelles perspectives se sont ouvertes sur ce chemin ensemble.

GeneviĆØve, l’Afrique, et le Conseil Pontifical

“C’est Ć  moi que tu l’as fait”

Ā« La petite citĆ© de Fontem, au Cameroun, mĆ©rite d’ĆŖtre mentionnĆ©e aujourd’hui. Son nom pourrait vraiment ĆŖtreĀ : “C’est Ć  moi que tu l’as fait”. Son histoire ressemble Ć  un conte.

Il Ć©tait une fois, dans une forĆŖt du Cameroun, un peuple qui Ć©tait trĆØs nombreux. La plupart de ses membres n’Ć©taient pas chrĆ©tiens, mais trĆØs dignes, moralement sains et riches en valeurs humaines. C’Ć©tait un peuple naturellement chrĆ©tien, dirait-on. Il s’appelle le peuple Bangwa, cependant il Ć©tait dĆ©cimĆ© par les maladies. En effet, 98Ā % des enfants mouraient au cours de leur premiĆØre annĆ©e de vie.

En 1954, ne sachant que faire, ces Africains, et les quelques chrĆ©tiens qui Ć©taient parmi eux, se sont demandé : “Pourquoi Dieu nous a-t-il abandonnĆ©sĀ ?”. Puis ils ont convenuĀ : “Parce que nous ne prions pas”. Alors, d’un commun accord, ils ont dĆ©cidé : “Prions pendant un an, peut-ĆŖtre que Dieu se souviendra de nousĀ !”. Ils ont priĆ©, jour aprĆØs jour, n’ayant qu’une seule pensĆ©e en tĆŖteĀ : “Demandez, on vous donneraĀ ; frappez, on vous ouvrira” (MtĀ 7,7). Ils ont priĆ© toute l’annĆ©e. Cependant Ć  la fin, rien n’avait changĆ©.

Fontem 19 gennaio 1969

Chiara Lubich, Fontem, 19.1.1969

Sans s’alarmer, les quelques chrĆ©tiens dirent au peupleĀ : “Dieu ne nous a pas exaucĆ©s parce que nous n’avons pas suffisamment priĆ©. Prions encore une autre annĆ©e entiĆØreĀ !”. Ils ont donc priĆ© l’annĆ©e suivante, toute l’annĆ©e. La deuxiĆØme annĆ©e passa mais rien ne se produisit encore.

Ils se rĆ©unirent donc et direntĀ : “Pourquoi Dieu nous a-t-il abandonnĆ©sĀ ? Parce que nos priĆØres ne valent pas aux yeux de Dieu. Nous sommes trop mauvais. RĆ©coltons un peu d’argent et envoyons-le Ć  l’Ć©vĆŖque pour qu’il fasse prier une tribu plus digne, afin que Dieu ait pitiĆ© de nousĀ !”.

L’Ć©vĆŖque est touchĆ© et commence Ć  s’intĆ©resser Ć  eux, va les trouver et leur promet un hĆ“pital. Cependant troisĀ ans passent mais l’hĆ“pital n’est toujours pas construit. ƀ un moment donnĆ©, des focolarini mĆ©decins arrivent. Et le peuple Bangwa voit en eux la rĆ©ponse de Dieu. Les focolarini sont appelĆ©s “les hommes de Dieu”.

Dans cette situation, ils comprennent qu’ils ne peuvent pas parler. On ne peut dire dans de telles circonstancesĀ : “Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vousĀ !” (JcĀ 2,16), il faut se retrousser les manches et travailler. Ils ouvrent donc un dispensaire au milieu de difficultĆ©s inĆ©narrables.

Je m’y suis rendue moi aussi trois ans plus tard. Cette grande foule de personnes, rĆ©unies sur une vaste esplanade devant l’habitation de leur roi, le Fon, m’apparaĆ®t tellement unie et tellement dĆ©sireuse de s’Ć©lever spirituellement, que j’ai l’impression que Marie a prĆ©parĆ© depuis longtemps ce peuple Ć  accueillir le christianisme dans sa forme la plus intĆ©grale et la plus authentique. ƀ cette Ć©poque-lĆ , le village Ć©tait dĆ©jĆ  mĆ©connaissable. Non seulement Ć  cause des routes et des maisons qui avaient Ć©tĆ© construites, mais aussi Ć  cause des personnes elles-mĆŖmes.

Le travail rĆ©alisĆ© auparavant par les missionnaires, qui ne pouvaient visiter la rĆ©gion que rarement, avait posĆ© des fondements trĆØs solides. De petits noyaux de chrĆ©tiens Ć©taient dĆ©jĆ  nĆ©s, ici et lĆ , comme une semence attendant de se dĆ©velopper. Cependant, Ć  prĆ©sent, le mouvement vers le christianisme avait pris les proportions d’une avalanche. Chaque mois des centaines d’adultes devaientt ĆŖtre baptisĆ©s, bien que nos prĆŖtres soient rigoureux dans la sĆ©lection. Un inspecteur du gouvernement, qui faisait un tour dans la zone pour inspecter les Ć©coles Ć©lĆ©mentaires, voulut dĆ©clarer Ć  la finĀ : “Tout le peuple est orientĆ© avec force vers le christianisme parce qu’il a vu que les focolarini le vivent concrĆØtement”.

Et il faut dire que l’œuvre d’Ć©vangĆ©lisation, menĆ©e par les focolarini durant ces trois annĆ©es, s’est appuyĆ©e presque exclusivement sur le tĆ©moignage. Ils ont beaucoup travaillĆ©, bien plus, ils n’ont fait pratiquement que travailler, et dans les conditions les plus difficilesĀ : Ć  cause du manque de moyens adaptĆ©s et de l’absence de capacitĆ©s de la main-d’œuvre locale, Ć  cause des routes impraticables et des difficultĆ©s de rĆ©approvisionnement. Ils n’ont donc fait aucune rĆ©union, aucune grande JournĆ©e, aucun discours public, justes quelques entretiens privĆ©s lors de rencontres occasionnelles. Et pourtant, chaque dimanche le hangar-Ɖglise se remplissait toujours plus de personnesĀ ; avec le groupe de ceux qui Ć©taient dĆ©jĆ  chrĆ©tiens, augmentait chaque fois le nombre des animistes dĆ©sireux de connaĆ®tre le christianisme. L’Ɖglise Ć©tait archipleine et la foule Ć  l’extĆ©rieur (…) Ć©tait plus nombreuse que celle qui Ć©tait entassĆ©e Ć  l’intĆ©rieur. Des milliers de personnes participaient Ć  la messe et plusieurs centaines recevaient l’Eucharistie.

L’expĆ©rience de Fontem a Ć©tĆ© unique pour nous. Nous avons eu l’impression de revivre le dĆ©veloppement de l’Ɖglise, les premiers temps, quand le christianisme Ć©tait acceptĆ© de tous, dans son intĆ©gralitĆ©, sans restrictions ni compromis. Et l’expĆ©rience de Fontem commenƧait dĆ©jĆ  Ć  intĆ©resser d’autres communautĆ©s africaines, comme celles de la GuinĆ©e, du Rwanda, de l’Ouganda et de Kinshasa au ZaĆÆre[1],, si bien que Fontem devenait toujours plus un centre pilote pour la diffusion d’une Ć©vangĆ©lisation caractĆ©ristique. ƀ prĆ©sent, Fontem est un village dĆ©jĆ  grand qui a tout ce qui est essentiel Ć  un village. C’est aussi une paroisse.

Le peuple a cru les focolarini parce qu’ils ont fait Ć  JĆ©sus ce qu’ils ont fait aux Bangwa, donnant avant tout le tĆ©moignage de l’amour entre eux et ensuite envers tout le peupleĀ Ā».

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[1] Actuelle RƩpublique dƩmocratique du Congo

GeneviĆØve, l’Afrique, et le Conseil Pontifical

Ā« Bon voyage Ā» au Fon Njifua Lukas, roi de Fontem

Fon Njifua Lukas (Fontem) , Chiara Lubich et Fon Njiendem Joseph (Fonjumetaw)

ā€œLe 2 avril dernier, vers dix heures du matin, le Fon de Fontem, Njifua Lucas, nous a quittĆ©s subitement. DĆØs les premiers signes d’un malaise, il a Ć©tĆ© transportĆ© tout de suite Ć  l’hĆ“pital, mais il est dĆ©cĆ©dĆ© durant le trajetĀ Ā». Winnie Nwafor et Frantisek Slavicek, responsables des focolari au Cameroun, nous donnent des nouvelles depuis Fontem.

Comment ne pas rappeler la rencontre historique entre le Fon Njifua Lukas – qui a succĆ©dĆ© Ć  son pĆØre, le Fon Defang – et Chiara Lubich, en mai 2000, lorsque, sur l’esplanade du Palais Royal d’Azi – en face du vaste amphithéâtre naturel rempli par les dĆ©lĆ©gations du peuple Bangwa – le Fon Njifua Lucas confĆØre Ć  Chiara le titre de Mafua Ndem, « Reine envoyĆ©e du CielĀ Ā» qui l’honore comme membre privilĆ©giĆ© de son peuple. Et Chiara de rĆ©pondre en retraƧant l’histoire qui, depuis 1964, a uni les focolarini et les Bangwas. Elle les invite tous Ć  souscrire un pacte d’amour rĆ©ciproqueĀ  trĆØs fort et engageantĀ : « Avoir entre nous la plĆ©nitude de la paix, dit-elle, et la rĆ©tablir chaque fois qu’elle est compromiseĀ Ā». Un pacte que Chiara va ensuite inviter le Fon Ā Njifua Lucas Ć  faire aussi avec le Fon de Fonjumetaw « afin que ce soit un point de dĆ©part pour entraĆ®ner d’autres peuples Ć  s’unir dans cet espritĀ Ā» C’est de lĆ  qu’est nĆ© le projet de la Nouvelle EvangĆ©lisation, confiĆ© en prioritĆ© Ć  la personne des deux Fon « jumeauxĀ Ā», appelĆ©s ainsi pour l’occasion.

C’est alors le dĆ©but d’une correspondance Ć©troiteĀ  entre Chiara et le Fon qui la tenait au courant des rencontres, des dĆ©veloppements et des effets de ce projet sur tout le peuple.

Le Fon Njifua Lucas se trouvait Ć  YaoundĆ©, la capitale du Cameroun où, depuis quelques mois, il travaillait au service de l’Etat comme SĆ©nateur. ā€œLa nouvelle a surpris tout le monde et a Ć©tĆ© accueillie avec une grande tristesse – nous Ć©crit-on depuis Fontem – Tous les habitants se sont rendus avec les moyens du bord (voitures, motocyclettes, Ć  pied) au Palais Royal d’Azi où le roi a Ć©tĆ© transportĆ© dans la nuit du 3 au 4 avril pour y ĆŖtre enterrĆ© selon le rite traditionnel. Les jours suivants,Ā  de nombreux membres des focolari sont allĆ©s au palais pour soutenir la familleā€œ. La prĆ©sidente Maria Voce a fait parvenir Ć  Fontem un message où elle fait part de sa plus sincĆØre proximitĆ©, de sa priĆØre et de celles de tout le Mouvement des Focolari Ć  l’occasion du dĆ©part subit de Ā “notre cher ami et frĆØre, le Fon Njifua Lucas”

En 2001 il avait reƧu le ā€œPrix Luminosaā€Ā : lors de son discours Ć  la citĆ©-pilote, prĆØs de New-York, il avait dit: ā€œLa Nouvelle EvangĆ©lisation lancĆ©e par Chiara Lubich en 2000 a pris toujours davantage pied Ć  Fontem. Ses fruits sont si nombreux que nous prions Dieu afin que le monde entier puisse partager cette expĆ©rience avec nousā€

Fon Lukas Njifua, Maria Voce et Giancarlo Faletti en 2009

En mars 2008, dĆØs qu’il a appris la nouvelle du dĆ©part de Chiara Lubich, il s’est tout de suite rendu Ć  Rome, en obtenant son visa, ainsi que celui du Fon de Fonjumetaw en un temps record. Il fut l’un des principaux animateurs de la prĆ©paration du « cry dieĀ Ā» de Mafua Ndem,la grande cĆ©lĆ©bration voulue par tout le peuple Bangwa qui a eu lieu en janvier 2009.

ā€œNous lui sommes trĆØs reconnaissants – concluent Winnie et Frantisek – pour avoir accompagnĆ© et soutenu le travail du Mouvement des Focolari Ć  Fontem, pour avoir accueilli, d’où qu’ilsĀ  viennent, tous ceux qui sont venus y habiter sous son rĆØgne, comme des membres de la famille de Chiara. Pour nous les portes de son Palais Ć©taient toujours ouvertes. Nous sommes sĆ»rs qu’il continuera Ć  intercĆ©der auprĆØs de Dieu pour que l’amour rĆØgne au milieu de son peuple et, comme Chiara l’a dit en 2000, « pour qu’à l’avenir la vocation de Fontem soit celle de cette « ville sur la montagneĀ Ā» qui puisse ĆŖtre vue, admirĆ©e et imitĆ©e par tousĀ Ā».

GeneviĆØve, l’Afrique, et le Conseil Pontifical

Une boulangerie originale

Rio Tercero est une belle ville de la province de Córdoba, en Argentine. SituĆ©e dans une zone agricole et d’élevage de bĆ©tail, elle a vu, vers la moitiĆ© du 20ĆØmeĀ siĆØcle, la multiplication d’industries (parmi les plus importantes, la fabrique militaire Rio Tercero, tristement cĆ©lĆØbre en raison de la grave explosion qui s’est produite en 1995) qui a apportĆ© un essor dĆ©mographique important. Les dĆ©fis sociaux ne manquent pas, surtout dans les banlieues où la violence est quotidienne par manque de travail et d’instruction. Il y a six ans, Estela, dentiste de profession, a Ć©tĆ© chargĆ©e, par son prĆŖtre, de s’occuper de Caritas, avec la requĆŖte prĆ©cise de faire connaĆ®tre la spiritualitĆ© de l’unitĆ© dans cette structure de l’Église. Elle a commencĆ© en demandant la collaboration de personnes de bonne volontĆ© Ć  la sortie de l’Église. Si elle le faisait, elle qui avait peu de temps libre, entre travail, enfants et petits-enfants… d’autres femmes pourraient le faire. Avec l’équipe qui a Ć©tĆ© constituĆ©e, elle va rendre visite aux familles des quartiers les plus pauvres: en gĆ©nĆ©ral, des jeunes mamans avec des enfants ou des maris alcooliques ou droguĆ©s. On commence par la “Tienda”, une boutique où l’on trouve des vĆŖtements pour toute la famille. L’hiver venu, toutes cherchaient des couvertures chaudes… mais il n’y en avait pas assez. On dĆ©cide de les confectionner. C’est ainsi qu’a commencĆ© un atelier avec 28 jeunes mamans. Les rapports ont grandi, les femmes se sentaient valorisĆ©es et estimĆ©es. Estela a proposĆ© Ć  toutes de commencer Ć  mĆ©diter et vivre chaque mois une parole de l’Évangile. L’hiver fini, personne ne voulait partir. Que faire? “L’idĆ©e de faire du pain nous est venue, raconte Estela. Nous avons commencĆ© avec un four domestique. Chacune apportait la farine, le levain, et on faisait ensemble le pain pour sa propre famille, avec quelques morceaux Ć  vendre, dont le bĆ©nĆ©fice revenait Ć  chacune d’elle. Mais c’était trop peu. J’ai informĆ© le conseil pastoral de la paroisse de cette activitĆ© et ils m’ont encouragĆ©e, non seulement avec des mots, mais aussi avec une somme d’argent pour acheter un plus grand four. L’initiative a Ć©tĆ© communiquĆ©e Ć  tous les paroissiens et les personnes ont commencĆ© Ć  apporter de la farine. C’est ainsi qu’un pont d’unitĆ© s’est construit entre les paroissiens qui sont au centre ville et les femmes qui viennent des banlieues avec les enfants, parce qu’elles ne savaient pas où les laisser.” Mais aller vendre le pain en compagnie des enfants n’était pas possible. Des activitĆ©s pour les enfants sont ainsi nĆ©es, avec un programme de soutien extrascolaire et des activitĆ©s rĆ©crĆ©atives proposĆ©es par les jeunes de la paroisse. “Avec le temps, la relation entre mamans et enfants a changĆ©. Nous essayions de faire apprĆ©cier aux enfants le travail des mamans et, de l’autre cĆ“tĆ©, les enfants aussi Ć©taient encouragĆ©s Ć  mieux Ć©tudier en voyant l’effort de leur maman pour gagner quelque chose.” Avec le temps, l’activitĆ© est devenue publique: le pain est vendu Ć  diffĆ©rents magasins en ville, et la municipalitĆ© s’y est intĆ©ressĆ©e, voulant participer avec un projet de dĆ©veloppement. RĆ©sultat: une vraie boulangerie, avec quatre grands fours, l’Ć©quipement nĆ©cessaire et une grande quantitĆ© de farine. C’est le dĆ©but d’une micro-entreprise, où les propres employĆ©es deviennent les entrepreneuses. Actuellement, quatre ont la responsabilitĆ© de la boulangerie, qui sert rĆ©guliĆØrement des Ć©coles, pizzerias et d’autres boulangeries. “MĆŖme s’il s’agit d’une petite activitĆ© – commente Estela – c’est quand mĆŖme une source de travail; mais le plus important est la formation intĆ©grale faite avec chacun et avec leur famille.” Un travail qui continue Ć  contaminer d’autres.