Mouvement des Focolari
Bangui: dƩpasser la peur

Bangui: dƩpasser la peur

Deux heures du matin, le 5 dĆ©cembre 2013. Les habitants de Bangui, capitale de la RĆ©publique centrafricaine, sont rĆ©veillĆ©s par des dĆ©tonations d’armes lourdes. Dans les rues, une immĆ©diate dĆ©bandade collective vers une espĆ©rance de salut pour soi-mĆŖme et pour ses proches.

Ejovie et Amandine sont deux Gen3 (filles du Mouvement des Focolari qui s’engagent Ć  vivre l’idĆ©al de l’unitĆ©). Elles racontent le dĆ©sarroi de ces heures et des jours suivants, mais aussi la dĆ©cision de ne pas cĆ©der Ć  la peur, malgrĆ© leur jeune Ć¢ge:

“Avec ma famille, nous avons commencĆ© Ć  courir vers le grand SĆ©minaire – Ć©crit Ejovie – avec tous ceux qui fuyaient dans la mĆŖme direction. Dans la foule, j’ai vu une maman, son bĆ©bĆ© sur le dos, son bagage sur la tĆŖte, et d’autres petits enfants; l’un d’eux ne rĆ©ussissait pas Ć  courir et pleurait, et la maman allait lentement parce qu’elle Ć©tait malade. Personne ne s’arrĆŖtait pour l’aider. Une voix m’a empĆŖchĆ© de poursuivre. J’ai pris le petit garƧon par la main, mĆŖme si j’étais un peu prĆ©occupĆ©e parce que j’avais perdu ma famille de vue.”

Le geste d’Ejovie n’est pas passĆ© inaperƧu: en effet, deux autres jeunes se sont arrĆŖtĆ©s pour aider la femme et ses enfants Ć  atteindre un institut religieux, où ils ont trouvĆ© refuge. Les sachant en sĆ©curitĆ©, Ejovie s’est finalement dirigĆ©e vers le SĆ©minaire, où elle a pu retrouver les siens.

Amandine aussi trouve refuge au SĆ©minaire, avec sa famille. “Nous nous sommes installĆ©s dans une salle avec d’autres familles – raconte la jeune fille. Il fallait dormir par terre, sur un linge, mais j’ai pensĆ© que, dans cette situation aussi, je pouvais continuer Ć  aider les personnes proches de moi. Nous sommes beaucoup, mais nous partageons tout: la nourriture et les autres biens. Un jour, je suis sortie pour laver les vĆŖtements de ma famille. J’avais terminĆ©, lorsqu’une femme Ć¢gĆ©e est arrivĆ©e et m’a demandĆ© de laver son habit. Je voulais refuser, je me sentais fatiguĆ©e. Ensuite, j’ai Ć©coutĆ© la rĆ©ponse dans mon cœur: “Cette femme pourrait ĆŖtre ma mĆØre. Si je refuse de laver son vĆŖtement, qui le lavera?” L’amour, pour ĆŖtre vrai, doit ĆŖtre concret. J’ai lavĆ© le vĆŖtement et l’ai mis Ć  sĆ©cher au soleil avec les autres. Elle m’a remerciĆ©e: “Que Dieu ajoute une annĆ©e Ć  ta vie, ma fille!Ā» Difficile d’exprimer mon bonheur!”

Ejovie et Amandine sont engagĆ©es dans une campagne de sensibilisation Ć  l’hygiĆØne, promue par l’UNICEF et par d’autres ONG dans le contexte de la guerre. “Nous avons saisi cette occasion pour aider les personnes qui ont tout perdu. Nous avons aussi expliquĆ© l’art d’aimer, l’amour envers le prochain. Nous voyons que tous souffrent Ć©normĆ©ment Ć  cause de la guerre: il y a beaucoup de haine, on cherche la vengeance. Nous sentons, cependant, qu’il faut aider et aimer tout le monde, nos ennemis aussi, et que, seulement en pardonnant, nous pouvons commencer Ć  reconstruire la paix.”

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Ukraine: Journal de Kiev

Ā«La situation paraĆ®t relativement calme Ć  Kiev, les violences se sont dĆ©placĆ©es en CrimĆ©e, où la Russie a d’énormes intĆ©rĆŖts Ć©conomico-militaires… il existe une grande incertitude Ć  Kiev et dans toute l’Ukraine. On sent l’émotion fracassante d’un moment historique pour l’Europe, mĆŖme si l’on ne sait pas bien ce qui pourra arriver durant les prochains mois… les gens ont de la difficultĆ© Ć  mettre de cĆ“tĆ© ce qui sert pour survivre.

… Les factions prĆ©sentes dans le pays ne sont pas si uniformes qu’on pourrait le penser – russes, cosaques, tatares, slaves ukrainiens, polonais… – et en plus divisĆ©s en cultes multiples et souvent en conflit entre eux. Il ne faut pas s’étonner alors des rĆ©cents embrasements nationalistes et de filon russe qui trouvent leur origine dans des rĆ©pressions brutales et de violentes reprĆ©sailles qui se succĆØdent tous les dix ou vingt ans.

Une nuit place Maidan. MalgrĆ© le froid, les milliers de jeunes rĆ©volutionnaires n’ont pas abandonnĆ© leur tente. Un mausolĆ©e Ć  ciel ouvert, dĆ©sormais.

J’arrive sur la place lorsque le soir est dĆ©jĆ  tombĆ©. Dans les rues on vit dans une atmosphĆØre surrĆ©elle de silence, les voitures sont presque absentes, on ne voyait mĆŖme pas l’ombre d’un policier…

VoilĆ  l’endroit où ont Ć©tĆ© tuĆ©s les premiers jeunes, frappĆ©s par des tireurs cachĆ©s sur les toits des bĆ¢timents du gouvernement plus que par les forces de l’ordre. Partout des bougies allumĆ©es et des fleurs dĆ©posĆ©es là…

De lĆ  les jeunes, avec leur dĆ©termination, ontĀ  provoquĆ© la chute du prĆ©sident. Le pays est en tout cas divisĆ© en deux, cependant cette foule – fertilisĆ©e par le sang des martyrs – ne semble pas dĆ©cidĆ©e Ć  reculer d’un centimĆØtre.

Il fait froid, on se serre autour du feu, on boit quelque chose de chaud offert par les chevaliers de Malte, la Croix Rouge, des volontaires de toute sorte…

Maidan vibre pour la CrimĆ©e. Le calme du centre de Kiev est Ć©branlĆ© par les nouvelles inquiĆ©tantes venant de la CrimĆ©e. Les opinions sont diverses mais l’espoir d’une Ukraine libre et indĆ©pendante ne meurt pas… aprĆØs un appel lancĆ© sur le rĆ©seau social network, la population s’est mise Ć  nettoyer le grand parc devant le parlement, comme la place Maidan et ses alentours. Hommes, femmes, personnes Ć¢gĆ©es et enfants se sont engagĆ©s Ć  effacer les traces de la longue bataille de Kiev. Une journĆ©e passĆ©e Ć  suivre les nouvelles provenant de la CrimĆ©e…

Actuellement la diplomatie est Ć  l’œuvreĀ : on met son espoir dans la mĆ©diation de l’Union europĆ©enne et de l’ONU. « Est-ce possible qu’on ne puisse pas imaginer une Ukraine qui ne soit ni russe ni amĆ©ricaine, mais uniquement elle-mĆŖmeĀ ?Ā Ā» me dit une des doctoresses qui depuis une semaine prodigue des soins aux blessĆ©s et malades de la place Maidan, Ć  l’hĆ“pital de campagne improvisĆ© dans l’hĆ“tel Ukraine.

Evidemment la situation est grave, et on a conscience, peut-ĆŖtre plus encore qu’hier, que sur cette place symbolique est en train de se jouer d’une certaine maniĆØre le futur de l’Europe…

Mais les gens de Maidan restent dans le cœur, avec ses limites et ses fleurs. Les gens normaux, ceux qui aujourd’hui, par centaines de milliers, ont voulu voir l’endroit du martyr d’une centaine de ses fils. C’est pour ces gens-lĆ  que l’Europe doit intervenir. Avec la diplomatie. Les armes ont fait leur temps dans la solution des conflitsĀ».

Michele Zanzucchi

SourceĀ : CittĆ  Nuova

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Instruments de Son amour

Nouvelle musique entre nous “Lorsque j’ai connu l’Évangile, j’ai compris que je devais aimer. Par qui commencer? Par ma professeure de musique, que je ne supportais pas. En classe, j’avais dit Ć  plusieurs reprises ce que je pensais d’elle et, pour cette raison, elle avait convoquĆ© ma mĆØre plusieurs fois et s’était plainte de moi. Un jour, aprĆØs le cours, j’ai demandĆ© Ć  lui parler. Croyant que je voulais contester la note qu’elle m’avait donnĆ©e, elle ne voulait pas me recevoir. Je lui ai rĆ©pondu que je souhaitais seulement lui demander pardon et que j’avais compris que, dans la vie, nous pouvons essayer d’aimer tout le monde. MĆŖme si au dĆ©but elle m’a mal comprise, j’ai continuĆ© Ć  lui parler de moi, de mon nouveau rapport avec Dieu, mĆŖme en sachant qu’elle n’est pas croyante. Notre entretien s’est poursuivi et j’étais vraiment heureuse. Depuis, nous avons Ć©tabli un bon rapport, et je dĆ©couvre en elle beaucoup de choses positives que je n’imaginais pas auparavant.” (Veronica, RĆ©publique TchĆØque) La beautĆ© d’aller Ć  contre-courant “Je travaille dans un salon de beautĆ©, avec d’autres coiffeuses et esthĆ©ticiennes. Le salon est toujours plein de clientes. Il y a beaucoup de bavardages, parfois il arrive mĆŖme d’entendre des plaintes ou des disputes. J’essaye de vivre ici aussi ce que j’ai appris de l’Évangile. J’aide une collĆØgue qui fait seule un travail difficile, je tends le sĆØche-cheveux Ć  une autre. Lorsqu’il fait trop chaud, je prĆ©pare quelque chose Ć  boire pour tout le personnel. Il arrive parfois que des femmes riches entrent, accompagnĆ©es d’une domestique, et la laissent dehors, malgrĆ© la chaleur. Alors je les fais entrer au frais et leur offre Ć  boire. Quelques fois, certaines me regardent avec curiositĆ©, dans le salon il n’est pas habituel de faire cela. Mais l’Évangile me donne le courage d’aller Ć  contre-courant. Et puis je vois que personne ne m’a fait de remarques. L’amour silencieux ne dĆ©range pas.” (Razia, Pakistan) Social Ice Cream “Une glace pour se connaĆ®tre: l’annĆ©e derniĆØre, la formule avait plu! Les habitants de notre rue s’étaient rĆ©unis autour d’une glace. Cette annĆ©e, nous avons dit: pourquoi ne pas Ć©largir l’initiative Ć  toutes les familles du quartier? Des familles provenant de diffĆ©rents pays y vivent. Nous sommes tous trĆØs occupĆ©s et toujours pressĆ©s. Pourtant, il suffit de peu pour se connaĆ®tre, Ć©changer quelques mots, instaurer de nouveaux rapports de voisinage. Alors que nous invitions personnellement chaque famille en faisant du porte Ć  porte, on ressentait la curiositĆ© et l’envie de se connaĆ®tre. Plus de soixante personnes de tous Ć¢ges sont venues Ć  la soirĆ©e, qui s’est tenue dehors dans notre rue. En plus de la glace, chacun a voulu apporter quelque chose Ć  partager, dans un climat d’amitiĆ©, soulignĆ© par une musique de fond, un choix de mĆ©lodies des diffĆ©rentes ethnies des participants. Depuis lors, dans la rue ou dans les magasins, nous nous saluons chaleureusement et avec complicitĆ©. Nous avons quelque chose en commun. Nous nous connaissons mieux, nous partageons les nouvelles, bonnes ou mauvaises. Un de nos voisins, lorsqu’il a appris que quelques familles avaient besoin de meubles, a offert sa salle Ć  manger, encore en excellent Ć©tat. Il a suffi d’une glace pour crĆ©er une petite communautĆ©.” (Vince et Maria, Canada) De ā€œUna Buona Notizia,ā€, CittĆ  Nuova Editrice, Roma 2012,

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Chiara Lubich et les religions: Indouisme

Natalia Dallapiccola, tĆ©moin des dĆ©buts du mouvement des focolari Ć  Trente et le dr. Aram, reprĆ©sentant hindou, un des prĆ©sidents d’alors de la WCRP (ConfĆ©rence Mondiale des Religions pour la Paix, Ć  laquelle participent aussi les Focolari) se trouvent parmi les protagonistes de ce dialogue. Depuis le dĆ©cĆØs du dr. Aram, la Shanti Ashram, de concert avec diffĆ©rents reprĆ©sentants du gandhisme dans l’État du Tamil Nadu, a invitĆ© Chiara Lubich en Inde en janvier 2001, lui attribuant le prix Defender of Peace 2000. La motivation de ce prix mentionne ce qui suitĀ : « c’est infatigablement que Chiara Lubich a tenu le rĆ“le de semeuse de paix et d’amour entre tous les hommes, renforƧant continuellement de cette maniĆØre le cadre fragile de paix qui permet le dĆ©veloppement de la prospĆ©ritĆ©, du bien-ĆŖtre, de la culture et de la spiritualitĆ© dans le monde. Ā» Lors de la cĆ©rĆ©monie, Ć  laquelle participaient quelque 500 personnes, hindoues ou d’autres religions, Chiara a parlĆ© de son expĆ©rience spirituelle, relevant des Ć©lĆ©ments communs Ć  l’Évangile et Ć  l’écriture hindoue. « Je suis venue ici pour connaĆ®tre, gardant le plus possible le silence – Ć©crit-elle dans son journal Ć  propos de ces journĆ©es – J’ai trouvĆ©, au dessus de toutes les rĆØgles, la tolĆ©rance, l’amourĀ : il yĀ  a sans doute place pour notre dialogueĀ !Ā Ā» Par la mĆŖme occasion, la professeur. Kala Acharya, de l’institut culturelĀ Somaiya Sanskriti Peetham, profondĆ©ment touchĆ©e par Chiara, a dĆ©cidĆ© d’organiser, en peu de jours, une rencontre au Somaiya College de Bombay, Ć  laquelle quelque 600 personnes participeront. Ces Ć©vĆ©nements ont marquĆ© le commencement du dialogue avec des groupes hindous de Mumbai et deĀ Coimbatore. Mumbai a vu la naissance d’un dialogue profond avec des professeurs d’universitĆ©. Pour continuer dans cette voie, il a Ć©tĆ© dĆ©cidĆ© de tenir des symposiums au niveau acadĆ©mique.Ā Le premier s’est tenu en 2002 Ć  Rome sur le thĆØme ā€œLe Bhakti et l’AgapĆ© comme voie de l’amour vers Dieu et vers les frĆØresā€. La professeur Kala Acharya, a dĆ©fini la rencontre comme « Une profonde expĆ©rience spirituelleĀ Ā». Chiara Lubich s’est Ć  nouveau rendueĀ en Inde enĀ 2003.Ā  Dans le centre de la culture Bharatiya Vidya Bhavan Indien Natalia Dallapiccola se concentre sur un aspect de l’art de l’amour trouvĆ© dans l’Evangile, «être unĀ» avec l’autre, comme un dialogue clĆ©, citation Chiara. Elle se concentre sur l’un des aspects de l’art d’aimer dĆ©couvert dans l’Évangile, « se faire unĀ Ā» avec l’autre, comme clĆ© du dialogue: « Au moment où nous rencontrons l’autre – explique Chiara – Ā il convient que nous nous placions sur le mĆŖme plan, quel qu’il soit. Et cela exige de se dĆ©tacher de tout, y compris des richesses qui sont propres Ć  notre religion. Dans le mĆŖme temps, il convient de faire le vide en nous, pour laisser au frĆØre la libertĆ© d’exprimer sa pensĆ©e et pour pouvoir le comprendre. Cette attitude est Ā indispensable, et elle comporte deux effetsĀ : elle nous aide pour notre inculturation dans le monde du frĆØre, pour en connaĆ®tre le langage, la culture, la foi etc. et ensuite elle permet de prĆ©disposer le frĆØre Ć  l’écoute. On passe ainsi Ć  l’ « annonce respectueuseĀ Ā» dans laquelle, par loyautĆ© devant Dieu et sincĆ©ritĆ© vis-Ć -vis du prochain, en respectant toujours la pensĆ©e de l’autre – nous disons ce que nous pensons et ce que nous croyons sur la question posĆ©e, sans rien imposer, sans vouloir conquĆ©rir qui que ce soit Ć  nos idĆ©esĀ Ā». Ā ā€œC’est le dĆ©but d’un parcours qui nous mĆØnera loinā€ – a commentĆ© le professeur Dave, prĆ©sident honoraire de l’institution.. Cette expĆ©rience de dialogue corrobore ce que Jean-Paul II avait dit, justement en Inde: ā€œĆ€ travers le dialogue, nous faisons en sorte que Dieu soit prĆ©sent au milieu de nous pour que, tandis que nous nous ouvrons l’un l’autre dans le dialogue, nous nous ouvrions aussi Ć  Dieu. Et le fruit en est l’union entre les hommes et l’union des hommes avec Dieuā€ (Jean-Paul II, Discours aux reprĆ©sentants des diffĆ©rentes religions de l’Inde, Madras, 5 fĆ©vrier 1986)Ā». Le dialogue avec les mouvements du gandhisme qui, depuis le dĆ©but, caractĆ©rise cette expĆ©rience, continue Ć  Coimbatore où, chaque annĆ©e, depuis aoĆ»t 2001, se succĆØdent des tables rondes qui abordent et approfondissent des aspects spirituels et humains dans les deux perspectives : celle du gandhisme et celle de la spiritualitĆ© de l’unitĆ©. La collaboration concerne aussi des projets sociaux et en particulier la formation Ć  la paix des nouvelles gĆ©nĆ©rations. On croĆ®t surtout dans la connaissance rĆ©ciproque et un rapport de vraie fraternitĆ© se crĆ©e entre tous. Le 20 mars 2014, auprĆØs de l’UniversitĆ© Urbaine de Rome, se dĆ©roulera un Ć©vĆ©nement dĆ©diĆ© Ć  « Chiara et les religionsĀ : ensemble vers l’unitĆ© de la famille humaineĀ Ā». Il voudrait mettre en Ć©vidence, aprĆØs six ans de sa disparition, son engagement pour le dialogue interreligieux. La manifestation coĆÆncide avec le 50° anniversaire de la dĆ©claration conciliaire « Nostra AetateĀ Ā» sur l’Eglise et les religions non chrĆ©tiennes. On prĆ©voit la participation de personnalitĆ©s religieuses des Hindou. Pour approfondir: Video: Minoti Aram http://vimeo.com/88062756 ā€œLe voyage vers l’unitĆ© de l’humanitĆ©ā€ ā€œMumbai, hindous et chrĆ©tiens en dialogueā€ Minoti Aram, pionniĆØre du dialogue interreligieuxā€

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Sicile: d’un ā€œQuartier Xā€ Ć  un ā€œQuartier Nouveauā€

Ā«Nous sommes mariĆ©s depuis plusieurs annĆ©es et nous avons trois enfants. Il y a quelques annĆ©es, nous devions dĆ©mĆ©nager, et pour ĆŖtre cohĆ©rents avec notre choix de vieĀ Ā» – marquĆ© par la fraternitĆ© – « nous avons choisi d’aller habiter dans un quartier pauvre, dĆ©muni de tout. Nous voulions partager, spĆ©cialement avec les derniers, les problĆØmes et les besoins qui se prĆ©sentaient Ć  eux chaque jourĀ Ā».

Gela, depuis 1987, est connue pour sa forte prĆ©sence de criminalitĆ© organisĆ©e, accompagnĆ©e de violence et d’homicides. Peur et prĆ©occupations engendrent l’indiffĆ©rence et la fermeture, et chacun est amenĆ© Ć  vivre isolĆ© entre les quatre murs de chez lui. Le Quartier Fondo Iozza est le nouveau domicile de la famille. Rues Ć©troites, pleines de boue, sans Ć©clairage public… Un changement est nĆ©cessaire. Rosa et Rocco comprennent qu’il doit partir d’eux-mĆŖmes.

Une nuit, au cours d’un orage, le tĆ©lĆ©phone sonne. Quelques garages Ć©taient sous les eaux et une menuiserie risquait d’être noyĆ©e dans l’eau et les ordures. Le propriĆ©taire, un voisin, Ć©tait dĆ©sespĆ©rĆ©. « Je me suis aventurĆ© dans la boue avec la voitureĀ Ā» explique Rocco. « Cette nuit-lĆ  nous avons travaillĆ© jusqu’à cinq heures du matin, en faisant tout notre possible pour Ć©vacuer l’eau des locaux et encourager le propriĆ©taire de la menuiserieĀ ; d’autres sont venus donner un coup de main, la solidaritĆ© a commencĆ© Ć  se frayer un chemin et petit Ć  petit nous avons eu la sensation que la situation s’était dĆ©bloquĆ©eĀ : si nous n’étions pas intervenus, les dommages auraient Ć©tĆ© plus grandsĀ Ā».

Avec les familles du quartier on commence Ć  discuter sur des problĆØmes variĆ©s: les conduites des eaux usĆ©es qui n’existent pas ce qui occasionne les maladies graves, la condition des routes et du rĆ©seau d’eau. « Nous avons rĆ©ussi Ć  dialoguer parce qu’avant nous avons cherchĆ© le rapport entre les diffĆ©rentes familles – dĆ©clare Rose – et cette expĆ©rience nous a menĆ©s Ć  voir de maniĆØre diffĆ©rente ces mĆŖmes problĆØmes avec les administrations.Ā  Nous avons rĆ©ussi avec le temps Ć  passer de la logique de la protestationĀ  Ć  celle du dialogue avec les diffĆ©rents maires qui Ć  partir de ce moment-lĆ  Ć©taient plus disponibles Ć  collaborerĀ Ā».

Un comitĆ© naĆ®t et Rocco est nommĆ© prĆ©sident, grĆ¢ce Ć  la confiance conquise « sur placeĀ Ā». Premier objectifĀ : redonner espoir aux personnes dĆ©couragĆ©es par les promesses qui n’ont pas abouti. Lentement chacun s’est dĆ©couvert « un sujet politiqueĀ Ā», justement grĆ¢ce Ć  la participation active Ć  la solution des problĆØmes. Cela n’est pas restĆ© inaperƧu et le groupe obtient le dĆ©blocage de fonds pour l’assainissement du quartier.

A Fondo Iozza, avant appelĆ© « Quartier XĀ Ā», beaucoup de choses ont changé : le rĆ©seau d’eau potable et d’eaux usĆ©es est fait, comme la connexion au gaz et l’éclairage public. On arrive mĆŖme Ć  la rĆ©alisation d’infrastructures secondaires (l’église paroissiale, le secteur sportif, un centre social pour « vivreĀ Ā» la communautĆ© qui est en train de se former). Rebaptisé   « Nouveau QuartierĀ Ā», il est reconnu comme un quartier « piloteĀ Ā», où chaque jour un pas en avant se fait pour humaniser le territoire qu’on habite.

Passages d’une conversassions, d’il y a quelques annĆ©es, de Rocco Goldini, diacre et inspecteur-chef de la police municipale de Gela, en Sicile, connu pour son engagement pour une citoyennetĆ© « activeĀ Ā». Un engagement qui mĆŖme aujourd’hui, aprĆØs sa disparition, continue Ć  donner des rĆ©sultats.

Source : Humanité Nouvelle online.

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Le dĆ©fi de l’Eglise est la communion

La sociĆ©tĆ© d’aujourd’hui a grand besoin du tĆ©moignage d’un style de vie d’où transparaisse la nouveautĆ© que le Seigneur JĆ©sus nous a donnĆ©eĀ : des frĆØres qui s’aiment mĆŖme dans la diffĆ©rence… ce tĆ©moignage fait naĆ®tre le dĆ©sir d’être entrainĆ©s dans la grande parabole de communion qu’est l’EgliseĀ Ā». Le pape FranƧois a saluĆ© de cette maniĆØre le 27 fĆ©vrier le groupe des Ć©vĆŖques amis du mouvement des Focolari reƧu en audience dans la salle ClĆ©mentine, au cours de leur congrĆØs annuel. Le pape Bergoglio a dĆ©fini « une bonne choseĀ Ā» la possibilitĆ© d’une « vie fraternelle ensemble, où partager les expĆ©riences spirituelles et pastorales dans la perspective du charisme de l’unité ». « En tant qu’évĆŖques – leur a-t-il dit – vous ĆŖtes appelĆ©s Ć  porter Ć  ces rencontres la respiration large de l’Eglise, et faire en sorte que ce que vous recevez ici s’étende au bĆ©nĆ©fice de toute l’EgliseĀ Ā». Citant la lettre apostolique Novo millennio ineunte de Jean Paul II, il a rappelĆ© le devoir de « faire de l’Eglise la maison et l’école de la communionĀ Ā» pour assurer « l’efficacitĆ© de tout engagement dans l’évangĆ©lisationĀ Ā». Il a ensuite soulignĆ© qu’il « faut promouvoir une spiritualitĆ© de la communionĀ Ā», la faire Ć©merger comme principe Ć©ducatif partout où se forme l’homme et le chrĆ©tienĀ Ā» et que « cultiver la spiritualitĆ© de communion contribue, en plus, Ć  nous rendre plus capables de vivre le chemin œcumĆ©nique et le dialogue interreligieuxĀ Ā». La salutation initiale a Ć©tĆ© adressĆ©e au nom de tous par Francis-Xavier Kovithavanij, archevĆŖque de Bangkok et modĆ©rateur du congrĆØs. Il a ensuite fait rĆ©fĆ©rence Ć  la constatation personnelle que « avec Chiara Lubich, en dĆ©couvrant JĆ©sus crucifiĆ© et abandonnĆ© comme le ā€˜super-amour’, nous avons un accĆØs toujours disponible Ć  la joie, Ć  la source de l’irradiation chrĆ©tienne dans le monde d’aujourd’huiĀ Ā». Comme tout un chacun, « dans la vie quotidienne nous rencontrons les souffrances, les problĆØmes, les Ć©checs, les contrastesĀ Ā», mais nous essayons de les assumer « comme unique occasion de ressembler au Christ… en faveur de son corps qu’est l’EgliseĀ Ā». Une longue file de poignĆ©es de main, de brefs Ć©changes personnels, suivis de la photo de groupe en fĆŖte, a conclu l’audience avec le pape FranƧois, laissant dans le cœur des participants un parfum de la collĆ©gialitĆ© vĆ©cue. Ces quelques jours, du 24 au 28 fĆ©vrier, passĆ©s au Centre mariapolis de Castel Gandolfo entre une soixantaine d’évĆŖques des quatre continents, se sont dĆ©roulĆ©s sous le titre de « la rĆ©ciprocitĆ© de l’amour parmi les disciples du ChristĀ Ā». Maria Voce, prĆ©sidente des Focolari, a offert une rĆ©flexion sur ce thĆØme central de la spiritualitĆ© des Focolari, qui a Ć©tĆ© suivie d’un dialogue intense avec commentaires et tĆ©moignages. TrĆØs apprĆ©ciĆ©es aussi les voix des laĆÆcs et en particulier celles d’une famille et d’un groupe vivace de jeunes. Deux tables rondes ont facilitĆ© une rĆ©flexion Ć  plusieurs voix sur deux thĆØmes cruciauxĀ : « Lignes ecclĆ©siologiques qui ressortent de la premiĆØre annĆ©e du pontificat du pape FranƧoisĀ Ā», avec le card. JoĆ£o Braz de Aviz, PrĆ©fet de la congrĆ©gation pour la vie consacrĆ©e et Mgr. Vincenzo Zani, secrĆ©taire de la congrĆ©gation pour l’éducation catholiqueĀ ; et « SynodalitĆ© et Primat, Ć  la lumiĆØre de l’enseignement et de la praxis du pape FranƧoisĀ Ā», avec le card. Kurt Koch, prĆ©sident du conseil pontifical pour la promotion de l’unitĆ© des chrĆ©tiens, Mgr. Brendan Leahy, Ć©vĆŖque de Limerick, Irlande, et Mgr. Christoph Hegge, Ć©vĆŖque auxiliaire de Münster, Allemagne. Les quatre journĆ©es romaines, immergĆ©es dans la spiritualitĆ© de l’unitĆ©, furent aussi une occasion privilĆ©giĆ©e pour Ć©couter la voix et l’engagement des chrĆ©tiens des Ć©glises rĆ©pandues dans le monde avec leur problĆ©matique. Dimension qui a suscitĆ© l’intĆ©rĆŖt de nombreux mĆ©dias qui en ont amplifiĆ© la voix en recueillant les tĆ©moignages des Ć©vĆŖques prĆ©sents – spĆ©cialement de ceux qui venaient de pays marquĆ©s par la guerre, l’instabilitĆ© politique, Ć©conomique et sociale – et l’expĆ©rience faite de la « collĆ©gialitĆ© affective et effectiveĀ Ā». Victoria Gomez Voir vidĆ©o audience et articles sur le sujet

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Suisse: musulmans, chrƩtiens et famille

Des mĆ©lodies orientales, les versets du Coran et le Notre PĆØre chantĆ©s, une traduction en turc…Tout contribuait, au cours de la rencontre qui s’est dĆ©roulĆ©e le 9 fĆ©vrier au Centre Eckstein (Baar, Suisse), Ć  crĆ©er une atmosphĆØre chaleureuse et accueillante. Les 90 participants, chrĆ©tiens et musulmans, ont rĆ©pondu Ć  l’invitation du Mouvement des Focolari pour approfondir ensemble les valeurs de la Ā famille, en tant que cellule sur laquelle repose la sociĆ©tĆ©.

Même si elles habitent en Suisse,  plusieurs, parmi les personnes présentes, ont leurs racines ailleurs: Tunisie, Maroc, Algérie, Madagascar, Albanie, Kosovo, Iran, Syrie, Somalie, Turquie, Egypte, Sénégal et Sri Lanka.

La projection de quelques extraits d’une confĆ©rence de Chiara Lubich introduit le sujetĀ : elle y raconte les origines du Mouvement durant la Seconde Guerre mondiale et prĆ©cise le lien qui existe, dans la langue italienne, entre les mots ā€œfocolareā€ et ā€œfamilleĀ Ā». En s’ouvrant aux diffĆ©rentes religions et cultures, la « familleĀ Ā» des Focolari a crƩƩ un espace d’unitĆ© et de dialogue entre personnes de diverses confessions chrĆ©tiennes et fidĆØles d’autres religions.

Les tĆ©moignages, parfois douloureux, des personnes prĆ©sentes, ont exprimĆ© des difficultĆ©sĀ : celle de l’intĆ©gration dans un pays Ć©tranger, comme cette jeune algĆ©rienne abandonnĆ©e par son mari aprĆØs deux ans de mariage; ou bien, dans un autre domaine, celle de ce couple suisse dont l’un des trois fils est tombĆ© dans les filets de la drogue, ou celle de ces jeunes parents qui perdent leur premier enfant… ou encore celle de ce jeune Ć©gyptien qui a dĆ» quitter son pays d’origine et sa famille. Tous Ā ont soulignĆ© la force que procurent la Foi en Dieu et le soutien de la communautĆ©, deux points essentiels pour surmonter les Ć©preuves.

ā€œ La famille ne se limite pas aux liens de parentĆ©: mĆŖme le prochain peut devenir notre frĆØre ou notre sœurĀ Ā», c’est ce que soulignait Chiara lors de son intervention au CongrĆØs International sur la famille Ć  Lucerne (1999), retransmise par vidĆ©o. Et elle ajoutait que tout ce qui arrive en son sein peut ĆŖtre vĆ©cu comme attente et grĆ¢ce de DieuĀ : de mĆŖme qu’un Ć©difice a besoin de fondations pour s’élever, la famille se consolide Ć  travers les Ć©preuves mais aussi grĆ¢ce au partage des joies. Elle est en fait une Ć©cole d’amour qui comporte de nombreux aspects qui vont du pardon rĆ©ciproque Ć  l’invitation Ć  toujours recommencer. Il faut en somme considĆ©rer la famille comme uneĀ  source de sollicitations positives et de vitalitĆ©, en vue du bien de chacun mais aussi de la communautĆ©.

TrĆØs intense la liaison internet avec un couple musulman du Mouvement en AlgĆ©rie, qui s’est prĆ©sentĆ© avec une expĆ©rience personnelle sur le pardon: ā€œ Un soir je n’étais pas d’accord avec ma femme au sujet d’une dĆ©cision Ć  prendre le lendemain. Mais, le matin, la voix de Dieu dans ma conscience me dit: « Pourquoi es-tu en colĆØre contre elleĀ ? Moi je ne suis pas en colĆØre contre toi et pourtant cela fait une semaine que tu ne rĆ©cites pas la priĆØreĀ Ā» Alors, plutĆ“t que de m’en prendre Ć  ma femme, je me suis mis Ć  l’aiderĀ Ā»

Ils ont aussi parlĆ© des Ā nombreuses autres familles musulmanes qui s’engagent avec eux Ć  vivre la spiritualitĆ© de l’UnitĆ©.

Dans son message de salutation, l’Imam Mustapha Baztami de Teramo (Italie) s’est dit convaincu que les chrĆ©tiens et les musulmans peuvent rendre un immense service Ć  l’humanitĆ© s’ils s’engagent ensemble pour promouvoir les valeurs de la familleĀ Ā»

A la fin, une des participantes s’est exprimĆ©e ainsi: ā€œEn raison de mon Ć©ducation, il Ć©tait clair pour moi que nous possĆ©dions la vĆ©ritĆ© et que les autres Ć©taient dans l’erreur. Aujourd’hui, ici, j’ai appris Ć  m’ouvrirĀ ; j’ai dĆ©couvert qu’il faut faire tomber les murs et les prĆ©jugĆ©sĀ Ā»

Bangui: dƩpasser la peur

Venezuela. Entre l’affrontement et la rĆ©conciliation

Ā«Ce matin nous avons priĆ© le Notre PĆØre pour la paix au Venezuela et dans le monde – Ć©crit C., enseignant dans une maternelle. Lorsque nous avons fini, une enfant s’approche de moi et me raconteĀ : « MaĆ®tresse, j’étais Ć  la maison avec ma maman qui, dans le jardin, tapait sur une casserole (la fameuse « cacerolazoĀ Ā», qu’on utilise comme instrument de protestation), quand des personnes sur de grosses motos sont arrivĆ©esĀ ; nous avons fui Ć  toute vitesse parce qu’elles nous tiraient dessusĀ Ā». Mes yeux se sont remplis de larmesĀ : ceci n’est pas le pays où je suis nĆ©e, où j’ai grandi et me suis formĆ©eĀ !Ā Ā»

De fait, le Venezuela est traditionnellement un peuple de frĆØres. Sur cette terre sud-amĆ©ricaine, ils ont trouvĆ© une maison avec de nombreux immigrants de toutes les latitudes, formant un peuple multiethnique, ouvert, accueillant et fraternel. « Au-delĆ  de tout – essaie d’expliquer C. Ć  ses propres Ć©lĆØves – notre pays est trĆØs beau, c’est une maison gigantesque où nous sommes tous frĆØresĀ Ā».

C’est pour cela que ces scĆØnes d’affrontement et de violence qu’on voit depuis quelques annĆ©es, est ā€œantinaturelā€.Ā  Le malaise populaire a augmentĆ© ainsi que la dĆ©tĆ©rioration socio-Ć©conomique grandissante du pays qui, ces derniers mois, est arrivĆ© Ć  des niveaux jamais vus.

Ils Ć©crivent de CaracasĀ : « le 12 fĆ©vrier, Ć  l’occasion de la journĆ©e nationale de la jeunesse, dans tout le pays des manifestations d’étudiants pour protester pacifiquement ont eu lieu, Ć  cause des graves problĆØmes sociaux et Ć©conomiquesĀ : insĆ©curitĆ©, manque de denrĆ©es alimentaires et mĆ©dicaments, rĆ©pression. Malheureusement ils n’ont pas Ć©tĆ© entendus et la situation a dĆ©gĆ©nĆ©rĆ© en violence avec quelques morts, beaucoup de blessĆ©s, mĆŖme graves Ć  cause des coups reƧusĀ Ā».

Dans ce contexte la communautĆ© des Focolari est consciente de pouvoir s’offrir comme espoir de pacification. Ils Ć©criventĀ : « Notre regard se tourne idĆ©alement vers les dĆ©buts du mouvement, vers Chiara Lubich et le premier groupe durant la seconde guerre mondiale, quand tout s’écroulait et seul Dieu restait. (…) La situation dans laquelle nous vivons ne peut pas ĆŖtre un obstacle au tĆ©moignage de notre idĆ©al Ć©vangĆ©lique, nous avons un cœur qui peut encore aimer, pardonner, recommencer. C’est avec cette certitude que nous avons commĆ©morĆ© les 10 ans de « L’Association La PerleĀ Ā», une initiative d’éducation alternative qui veut donner une rĆ©ponse concrĆØte au besoin de former les enfants selon les principes d’une « pĆ©dagogie de la rĆ©ciprocité ». Nous nous sommes demandĆ© s’il est juste de faire des cĆ©lĆ©brations en ces moments si dĆ©licats mais la communautĆ© a rĆ©pondu par l’affirmative. Nous avons rĆ©alisĆ© des activitĆ©s sportives et rĆ©crĆ©atives dans les rues, avec les familles, dans un climat de joie et d’espoir. « Ce fut comme un rayon de soleil au milieu de la tempĆŖteĀ Ā», a dit un des participantsĀ Ā».

N., depuis de nombreuses annĆ©es limitĆ©e physiquement par une grave maladie, raconte comment elle vit cette pĆ©riodeĀ : « Je prie pour tous les manifestants, sans distinction de tranchĆ©e, en particulier pour ceux qui meurent. Je disais Ć  JĆ©susĀ : « Je n’ai pas de forces physiques, ni d’armes, mais je possĆØde la priĆØre et j’offre ma vie pour qu’ils puissent Te rencontrer avant de mourirĀ Ā». Il y a deux soirs, devant chez moi, il y a eu une grande manifestation, avec les « cacerolasĀ Ā», cries, slogansĀ ; ils ont allumĆ© le feu dans la rue et la fumĆ©e a pĆ©nĆ©trĆ© chez nous. Alors ma sœur a transportĆ© notre neveu – lui aussi malade – dans ma chambre. J’ai inventĆ© quelque chose pour le faire rire, et il s’est un peu dĆ©tenduĀ Ā».

Nous vivons des moments trĆØs dĆ©licats. Le Pape FranƧois a invitĆ© tous les fidĆØles Ć  « prier et œuvrer en faveur de la rĆ©conciliation et la paixĀ Ā».

Mars 2014

“Si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme, en observant les commandements de mon PĆØre, je demeure dans son amour”

Demeurer dans son amour donc. Que veut dire JƩsus par cette expression ?

Il veut dire, sans aucun doute, que la mise en pratique de ses commandements est le signe, la preuve que nous sommes ses vrais amis ; c’est Ć  cette condition que JĆ©sus nous donne ‘en Ć©change et nous assure son amitiĆ©.

Cependant, cette expression peut aussi s’interprĆ©ter ainsi : vivre ses commandements construit en nous un amour qui est celui de JĆ©sus lui-mĆŖme. Il nous communique sa faƧon d’aimer, celle que nous constatons dans toute sa vie terrestre : un amour qui faisait de JĆ©sus un seul ĆŖtre avec le PĆØre et le poussait, en mĆŖme temps, Ć  s’identifier Ć  tous ses frĆØres, Ć  n’ĆŖtre qu’un avec eux, surtout les plus petits, les plus faibles, les plus marginaux.

C’Ć©tait un amour qui guĆ©rissait toute blessure de l’Ć¢me et du corps, donnait la paix et la joie Ć  tous les cœurs, surmontait toute division en reconstruisant la fraternitĆ© et l’unitĆ© entre tous. Si nous mettons en pratique sa parole, JĆ©sus vivra en nous et nous fera devenir, nous aussi, instruments de son amour.

“Si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme, en observant les commandements de mon PĆØre, je demeure dans son amour”

Comment vivre la Parole de vie de ce mois ? En vivant rĆ©solument l’objectif proposĆ© : une vie chrĆ©tienne qui ne se contente pas d’observer au minimum ses commandements et de faƧon froide et extĆ©rieure, mais qui soit empreinte de gĆ©nĆ©rositĆ©. Les saints ont agi ainsi, eux qui sont Parole de Dieu vivante.

Ce mois-ci, prenons une des Paroles de JƩsus, un de ses commandements et cherchons Ơ le traduire dans notre vie.

Et puisque le commandement nouveau de JĆ©sus : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimĆ©s” est un peu le cœur, la synthĆØse de toutes les paroles de JĆ©sus, vivons-le de la faƧon la plus radicale possible.

Chiara Lubich

*Parole de Vie publiƩe en mai 1994

Bangui: dƩpasser la peur

NigƩria: une goutte de fraternitƩ

Alors que la crise en Ukraine tient le monde en haleine et que les projecteurs des mĆ©dias sont rivĆ©s sur de nombreux autres points de la planĆØte comme la Syrie ou le Venezuela, nous avons la possibilitĆ© de dialoguer avec quelques amis des Focolari qui se trouvent au milieu des tensions que vit le NigĆ©ria, pays le plus peuplĆ© d’Afrique avec plus de 160Ā millions d’habitants.

Le NigƩria est la cohabitation islamo-chrƩtienne la plus importante du monde. Selon vous, est-ce la cause des graves actes de violence qui secouent le pays?

“Malheureusement, ces derniĆØres annĆ©es, le NigĆ©ria est sur le devant de l’actualitĆ© spĆ©cialement en raison des frĆ©quents attentats terroristes perpĆ©trĆ©s tant par les musulmans que les chrĆ©tiens, comme le prouvent les douloureux Ć©vĆ©nements des derniĆØres semaines survenues dans les Ɖtats de Borno et d’Adamawa, dans le nord-est du pays. Vu du dehors, on pourrait croire que ce qui se passe est l’expression d’un conflit de religion, mais les habitants peuvent tĆ©moigner que tout n’est pas vrai. Le fait est que, dans une grande partie du NigĆ©ria, la cohabitation est pacifique et respectueuse.”

Y a-t-il beaucoup de violence?

“Dans quelques rĆ©gions, en particulier au nord, il y a des tensions continuelles qui ont causĆ© des milliers de victimes. Les raisons sont nombreuses: le manque de ressources Ć©conomiques, les blessures subies dans le passĆ© entre les diffĆ©rentes ethnies, mais, surtout, les activitĆ©s destructrices de groupes terroristes.”

Comment essayez-vous de rƩagir face Ơ cette situation?

“Nous, les membres du Mouvement des Focolari, avec beaucoup d’hommes et de femmes de bonne volontĆ©, essayons d’être des constructeurs de paix dans la vie quotidienne: de reconnaĆ®tre en chaque personne que l’on rencontre un frĆØre ou une sœur Ć  respecter, Ć  soutenir, Ć  aider avant tout. Et nous nous engageons Ć  avoir cette attitude partout où nous sommes: en famille ou au travail, dans la rue, au marchĆ© ou Ć  l’école; Ć  commencer par les petits gestes, comme un bonjour, ou s’intĆ©resser Ć  ce que l’autre apprĆ©cie, etc.”

Face Ć  des situations dangereuses, lors desquelles il faut protĆ©ger sa propre vie ou celle d’un autre…?

“Nous essayons de ne pas nous arrĆŖter aux diffĆ©rentes appartenances ethniques ou religieuses, pour ĆŖtre prĆŖts Ć  aider toute personne se trouvant dans le besoin. Nous voyons que ces actes, petits ou moins petits, peuvent aider Ć  ralentir et, parfois aussi, Ć  arrĆŖter la spirale de violence. Ils peuvent petit Ć  petit promouvoir une nouvelle mentalitĆ©, c’est-Ć -dire aider Ć  changer le climat de haine et de vengeance avec une attitude de respect et de fraternitĆ©.”

Depuis peu, vous avez ouvert un nouveau centre Ć  Abuja, la capitale du NigĆ©ria…

“Oui, il y a un mois. C’était une dĆ©cision prise avec l’Église locale pour pouvoir ĆŖtre proches des communautĆ©s du nord du pays, plus exposĆ©es aux tensions. Ainsi, nous pourrons soutenir et encourager ceux qui vivent pour la paix et la fraternitĆ©, malgrĆ© tout.”