Mouvement des Focolari

FƩvrier 2014

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu.Ā Ā»

Selon JĆ©sus, un moyen de purification l’emporte sur tous les autresĀ : « DĆ©jĆ  vous ĆŖtes Ć©mondĆ©s par la Parole que je vous ai diteĀ Ā». Ce ne sont pas les exercices rituels qui purifient l’âme, mais la Parole. La Parole de JĆ©sus n’est pas comme les autres. Le Christ y est prĆ©sent, comme il l’est — quoique d’une autre maniĆØre — dans l’Eucharistie. Par sa Parole, le Christ pĆ©nĆØtre en nous et, si nous la laissons agir, elle nous libĆØre du pĆ©chĆ© et purifie notre cœur.

La puretĆ© est donc l’effet de la Parole vĆ©cue. Vivre la parole, toutes les Paroles de JĆ©sus, nous libĆØre de nos “attachements” qui prennent le dessus si notre cœur n’est pas en Dieu et centrĆ© sur ses enseignements. Ces attachements peuvent concerner des choses, des crĆ©atures, ou bien nous-mĆŖmes. Alors que si notre cœur est centrĆ© sur Dieu seul, tout le reste disparaĆ®t.

Pour parvenir à ce détachement, il peut être utile de dire souvent à Dieu, à Jésus, au cours de la journée, cette invocation du psaume : « Tu es, Seigneur, mon unique bien ! ».

RĆ©pĆ©tons-la souvent, surtout lorsque nos “attachements” nous attirent vers certaines images, sentiments ou passions pouvant troubler en nous la conscience du bien et nous priver de notre libertĆ©.

Sommes-nous tentĆ©s de regarder certaines publicitĆ©s, certains programmes tĆ©lĆ©visĆ©sĀ ? ƀ ce moment-lĆ , disons-luiĀ : « Tu es, Seigneur, mon unique bienĀ Ā». Ce sera le premier pas pour sortir de nous-mĆŖmes, pour dĆ©clarer Ć  Dieu notre amour. Nous aurons ainsi grandi dans la puretĆ©.

Une personne, ou une activitĆ©, s’interposent-elles entre Dieu et nous, faisant obstacle et mĆŖme gĆ¢tant notre rapport avec LuiĀ ? C’est le moment de lui redireĀ : « Tu es, Seigneur, mon unique bienĀ Ā». Cela nous aidera Ć  purifier nos intentions et Ć  retrouver la libertĆ© intĆ©rieure.

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu.Ā Ā»

Vivre la Parole nous rend libres et purs parce qu’elle est amour. Le feu divin de l’amour purifie nos intentions et notre ĆŖtre profond, car le « cœurĀ Ā» est, d’aprĆØs la Bible, le siĆØge de l’intelligence et de la volontĆ©.

Cependant, une certaine forme d’amour, objet d’un commandement de JĆ©sus, nous aide spĆ©cialement Ć  vivre cette bĆ©atitude. C’est l’amour rĆ©ciproque, l’amour de celui qui est dans la disposition de donner sa vie pour les autres, Ć  l’exemple de JĆ©sus. Ce style d’amour suscite un courant, un Ć©change, une atmosphĆØre dont la note dominante est justement la transparence, la puretĆ©. En effet, dans cet amour-lĆ , Dieu est prĆ©sent et Lui seul peut crĆ©er en nous un cœur pur. Quand rĆØgne l’amour rĆ©ciproque la Parole peut rĆ©aliser ses effets de purification et de sanctification.

Une personne isolĆ©e est incapable de rĆ©sister de maniĆØre durable aux sollicitations du monde. Dans l’amour rĆ©ciproque elle trouve un excellent terrain où chacun peut rester pur et vivre sa vie chrĆ©tienne de faƧon authentique.

« Heureux les cœurs purs, Ils verront Dieu.Ā Ā»

L’effet de cette puretĆ©, toujours Ć  reconquĆ©rir, est de nous permettre de « voirĀ Ā» Dieu, ce qui signifie comprendre son action dans notre vie et dans l’histoire, entendre sa voix dans notre cœur, savoir saisir sa prĆ©sence lĆ  où elle se trouveĀ : dans les pauvres, dans l’Eucharistie, dans sa Parole, dans la communion fraternelle, dans l’Ég

C’est un avant-goĆ»t de la prĆ©sence de Dieu qui nous est donnĆ© dĆØs ici-bas, dans cette vie où nous « cheminons dans la foi, sans voirĀ Ā» (2 Cor 5,7), en attendant de pouvoir le voir « face Ć  faceĀ Ā»(1 Cor 13,12)Ā  Ć©ternellement.

Chiara Lubich

Amérique Latine sans frontières

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Ils sont arrivĆ©s avec de grands rĆŖves, Ć  la Mariapolis Lia (Argentine), ces 71 Ć©tudiants venant du Mexique, de l’Honduras, Guatemala, El Salvador, Costa Rica, Cuba, Colombie, Equateur, Venezuela, PĆ©rou, Bolivie, Paraguay, Chili, Italie et Argentine. Du 6 au 14 janvierĀ : des jours pour approfondir et trouver des rĆ©ponses Ć  leurs inquiĆ©tudes.

Le parcours acadĆ©mique de la Summer School 2014 (en espagnol « Escuela de VeranoĀ Ā»), organisĆ©e par l’Institut Universitaire Sophia avec un groupe de professeurs latino-amĆ©ricains, a abordĆ© diverses disciplines avec un regard nouveau.

ThĆ©ologie biblique. La recherche de l’authenticitĆ© du texte Ć©vangĆ©lique a mis en relief le message rĆ©volutionnaire et transformant des paroles de JĆ©sus.

Sciences Ʃconomiques. Confiance, rƩciprocitƩ et gratuitƩ dans les rapports interpersonnels ont dƩmontrƩ leur importance efficace dans la performance Ʃconomique.

Sociologie. Personne et sociĆ©tĆ©, dans la perspective historique, sociologique et dans les documents du magistĆØre de l’Eglise latino-amĆ©ricaine, ont ouvert de nouveaux horizons Ć  partir de la catĆ©gorie du don et de l’inter culturalitĆ©.

L’AmĆ©rique Latine rĆ©clame des changements profondsĀ : le retour aux propres racines, la reconnaissance de ses richesses et des cultures des peuples aborigĆØnes, le dĆ©fi des inĆ©galitĆ©s sociales, rĆ©ussir Ć  transformer en don sa diversitĆ© pleine de contrastes.

L’art,Ā  qui prend sa valeur dans l’inter culturalitĆ©, a Ć©tĆ© prĆ©sentĆ© au cours d’une exposition d’œuvres de divers pays et le concert « Musique de l’EspĆ©rance » : premiĆØre mondiale de l’œuvre « Hablata Oblata Opus 265Ā Ā» du compositeur Mario Alfagüel (Costa Rica). Ā Un morceau de musique contemporaine avec textes de grands penseurs d’AmĆ©rique Latine, sur scĆØne deux directeurs, qui a fait les dĆ©lices du public. Les Ć©tudiants de la premiĆØre Ć©dition (2013) ont prĆ©sentĆ© 29 essais littĆ©raires dans sept disciplines et 12 projets, en mettant en Ć©vidence, par des mĆ©thodes diffĆ©rentes en chantant Ā leur science, qu’il est possible de penser en partant d’un nouveau paradigmeĀ : la culture de la fraternitĆ©.

Daniela du Chili a prĆ©sentĆ© le projetĀ : « Un nouveau regard du savoir dans le domaine de la santé : qu’est-ce qui ressemble et diffĆØre dans la mĆ©decine mapuche (peuple originaire du sud du Chili-Argentine) et la mĆ©decine traditionnelleĀ ? Comparaison de la mĆ©decine traditionnelle et les peuples aborigĆØnesĀ Ā».

Christopher du MexiqueĀ : un travail au titreĀ : « FraternitĆ© entre les lignesĀ : une approche, mode d’emploi dans le discours politique mexicainĀ Ā» « Ce projet – explique-t-il – a comme but de dĆ©velopper une analyse du concept de fraternitĆ© comme Ć©lĆ©ment du discours dans le systĆØme politique actuel mexicain.Ā Ā»

« Nous sommes nombreux mais nous sommes un. Aujourd’hui je sens l’AmĆ©rique Latine comme une route sans frontiĆØres qui unit le nord et le sud en un rĆŖve uniqueĀ : la fraternité », affirme Carlos de l’Argentine.

On repart avec un grand défi : développer des projets de transformation sociale dans chaque région du continent, qui seront présentés à la prochaine édition 2015.

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Pasquale Foresi: aux cƓtƩs de Chiara

Chiara Lubich a toujours discernĆ© en Pasquale Foresi un dessein particulier dans le dĆ©veloppement du Mouvement des Focolari : celui de l’incarnation du charisme de l’unitĆ© dans les rĆ©alitĆ©s concrĆØtes, c’est pourquoi elle l’a considĆ©rĆ©, avec Igino Giordani, co-fondateur du Mouvement. En 1949, l’annĆ©e de sa rencontre avec Chiara et le Mouvement, Pasquale Foresi Ć©tait un jeune en recherche. AprĆØs avoir ressenti l’appel au sacerdoce, il frĆ©quentait le sĆ©minaire de Pistoia et le collĆØge Capranica Ć  Rome. Il raconteĀ : « J’étais content, satisfait de mon choix. A un certain moment cependant, j’ai eu non pas une crise de la foi, mais simplement un revirement. Je me suis mis Ć  douter de pouvoir me diriger vers le sacerdoce avec cette difficultĆ© dans le cœur, et j’ai suspendu momentanĆ©ment mes Ć©tudes. C’est Ć  ce moment-lĆ  que j’ai connu le Mouvement des Focolari […]. Je remarquais, chez les personnes qui Ā en faisaient partie, une foi absolue dans l’Église catholique et en mĆŖme temps une vie Ć©vangĆ©lique authentique. J’ai compris que ma place Ć©tait lĆ  et bien vite l’idĆ©e du sacerdoce est revenueĀ Ā». Il sera le premier focolarino prĆŖtre. AprĆØs lui, d’autres focolarini entendront cet appel particulier au service du Mouvement. Pasquale reconnaĆ®t dans les premiers pas que font Chiara Lubich et ses compagnes « une source Ć©vangĆ©lique jaillie dans l’EgliseĀ Ā», et commence alors une amitiĆ© qui le conduira, revĆŖtu du ministĆØre sacerdotal, Ć  donner une contribution fondamentale au dĆ©veloppement du mouvement en tant que collaborateur Ć©troit de la fondatrice. Concernant les principales responsabilitĆ©s qui lui sont confiĆ©es, Pasquale Foresi Ć©critĀ : « Etant prĆŖtre, j’ai Ć©tĆ© chargĆ© des premiers rapports entre le Mouvement des Focolari et le Saint SiĆØge. Une autre de mes tĆ¢ches particuliĆØres, avec le temps, a Ć©tĆ© de suivre le dĆ©veloppement du Mouvement dans le monde et de collaborer, directement avec Chiara, Ć  la rĆ©daction des diffĆ©rents Statuts. J’ai encore pu faire naĆ®tre et suivre des œuvres concrĆØtes au service du Mouvement, telles que le ā€˜Centre Mariapolis’ pour la formation des membres Ć  Rocca di Papa, la citĆ© pilote de tĆ©moignage de Loppiano, la maison d’édition CittĆ  Nuova et d’autres rĆ©alitĆ©s qui se sont ensuite multipliĆ©es dans le mondeĀ Ā». Il est encore un aspect de la vie de Pasquale Foresi aux cĆ“tĆ©s de Chiara qui reprĆ©sente peut-ĆŖtre mieux sa contribution particuliĆØre au dĆ©veloppement du Mouvement. Il expliqueĀ : « C’est dans la logique des choses que chaque nouveau courant de spiritualitĆ©, chaque grand charisme, ait des implications culturelles Ć  tous les niveaux. Si l’on regarde l’histoire, on constate que cela s’est toujours vĆ©rifiĆ©, avec des influences en architecture, dans l’art, dans les structures ecclĆ©siales et sociales, dans les diffĆ©rents secteurs de la pensĆ©e humaine et spĆ©cialement en thĆ©ologie… » . De fait, il est intervenu bon nombre de fois de vive voix ou par Ć©crit pour prĆ©senter la thĆ©ologie du charisme de Chiara sous sa dimension sociale, spirituelle pour en souligner la nouveautĆ© avec autoritĆ©, autant en ce qui concerne Ā la vie que la pensĆ©e. De ses pages jaillissent « une finesse d’analyse, une largeur de vue et un optimisme pour le futur, que la sagesse a rendu possible, sagesse qui vient d’une expĆ©rience charismatique forte et originale, en plus d’une lumiĆØre et d’un amour immenses, ainsi que son humilitĆ© et sa fidĆ©litĆ©, que seul Dieu peut implanter dans la vie d’une personneĀ Ā». (de la PrĆ©face de « ColloquiĀ Ā», questions et rĆ©ponses sur la spiritualitĆ© de l’unitĆ©).

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RƩpublique Centrafricaine: une enseignante Ơ contrecourant

«  Je suis enseignante dans une Ć©cole primaire catholiqueĀ Ā», Ć©crit Eliane de la RĆ©publique Centrafricaine, « et, depuis que je connais la spiritualitĆ© de l’unitĆ©, je sens que je dois mettre en pratique l’évangile, mĆŖme lorsque cela veut dire aller Ć  contre courant par rapport aux maniĆØres de faire communes et rĆ©pandues partoutĀ Ā». «  Quand sur notre pays on a vu l’ombre de la menace de la guĆ©rilla – continue-t-elle – j’ai proposĆ© Ć  mes Ć©lĆØves de faire ensemble le « Time OutĀ Ā», un moment de priĆØre où, unis Ć  tant d’autres dans le monde, nous demandons le don de la paix, lĆ  où il y a des combats et dans le cœur de chaque homme. Ainsi chaque jour, nous aussi nous faisons une pause et nous prionsĀ Ā». Les enfants de son Ć©cole ont l’habitude d’acheter pĆ¢te et craie auprĆØs de l’enseignant pour leurs travaux. Eliane donne Ć  chacun ce qu’il doit recevoir, alors qu’un autre enseignant au lieu de donner un bĆ¢ton de craie par personne au prix de 25 francs, il le partage en deux pour gagner de quoi s’acheter son dĆ©jeuner. En remarquant le comportement d’Eliane, le collĆØgue lui en demande la raisonĀ : « Je lui ai fait comprendre que cette maniĆØre de faire n’est pas correcte parce que les enfants mĆ©ritent justice et mĆŖme JĆ©sus a ditĀ : « Tout ce que vous aurez fait Ć  l’un de ces petits qui sont mes frĆØres, c’est Ć  moi que vous l’avez faitĀ Ā» (Mt. 25,40)Ā Ā». MĆŖme le prĆ©fet des Ć©tudes a Ć©tĆ© mis au courant du style de vie d’Eliane et c’est pour elle une nouvelle occasion d’exprimer ses convictions. « AprĆØs un certain temps – raconte-t-elle – lui et sa femme m’ont demandĆ© d’être la marraine de leur plus petite fille.Ā  J’ai acceptĆ© avec joie et je sens maintenant que je fais partie de leur familleĀ Ā». Par la suite, les collĆØgues suggĆØrent le nom d’Eliane comme candidate aux Ć©lections de la dĆ©lĆ©guĆ©e du personnel, sous la surveillance de l’inspecteur du travail. Aujourd’hui elle a ce rĆ“le qui consiste Ć  faire d’intermĆ©diaire, Ć  veiller au bon fonctionnement de l’école et Ć  maintenir le respect des droits et des devoirs de la part de tout le monde. On a aussi confiĆ© Ć  Eliane le secrĆ©tariat d’une association de solidaritĆ© qui regroupe les femmes qui gravitent autour de l’école, dans le but de former les jeunes dans le domaine de la prĆ©vention des maladies et de l’hygiĆØne personnel. Ce groupe de solidaritĆ© des femmes aussi dĆ©cide d’adhĆ©rer au « Time OutĀ Ā». «  Aujourd’hui – conclut Eliane – beaucoup de voix se lĆØvent pour demander la paix non seulement pour l’Afrique Centrale mais pour le monde entierĀ Ā».

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L’IdĆ©al: JĆ©sus abandonnĆ©

Ā«Le pĆØre spirituel de Chiara lui a demandĆ©, un jourĀ : ā€œQuel a Ć©tĆ© le moment où JĆ©sus a souffert le plus?ā€.

ā€œDans le jardin des Oliviers, je supposeā€.

ā€œNon. A mon avis, il a souffert le plus, sur la croix, lorsqu’il a poussĆ© le cri: ā€œMon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonnĆ©?ā€ (Mt 27,46; Mc 15,34)ā€.

Il est sorti, et Chiara, s’entretenant avec Dori (une de ses Ć©lĆØves, parmi les premiĆØres Ć  la suivre, ndlr) puis avec d’autres, a commencĆ© Ć  polariser son amour – et son Ć©tude – sur ce cri: sur ce moment d’angoisse, où Christ s’était senti abandonnĆ© mĆŖme du PĆØre par lequel il s’était fait homme.

ā€œJe suis convaincue que JĆ©sus abandonnĆ© sera l’idĆ©al qui rĆ©soudra tous les problĆØmes du monde: cet idĆ©al se diffusera jusqu’aux extrĆ©mitĆ©s de la terreā€.

Cette conviction devait se renforcer, d’annĆ©e en annĆ©e, dans les Ć©preuves de toute sorte, grĆ¢ce auxquelles son idĆ©al s’établissait parmi les hommes.

JĆ©sus abandonnĆ© est ainsi devenu l’amour de Chiara. Il est devenu l’amour – l’idĆ©al, le but, la norme – de l’Œuvre de Marie (ou Mouvement des Focolari, ndlr).

Un jour, Chiara nous a expliquĆ©: ā€œSi, lorsque je serai une vieille femme dĆ©crĆ©pite, des jeunes viennent me demander de leur dĆ©finir succinctement notre idĆ©al, avec un fil de voix je rĆ©pondrai: c’est JĆ©sus abandonnĆ©!ā€Ā».

Source: ā€œErano i tempi di guerraā€¦ā€, Chiara Lubich – Igino Giordani, CittĆ  Nuova Ed., Roma, 2007, pp. 122-123.

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Chiara Lubich : Ć  la fin, pouvoir dire : “j’ai toujours aimĆ©”

Ā« J’ai 46 ans aujourd’hui, le double de celui que j’avais quand j’ai commencĆ© Ć  vivre l’IdĆ©al [la spiritualitĆ© qui Ć©mane du charisme de l’unitĆ©, ndr]. Je suis contente car dorĆ©navant, le temps vĆ©cu avec l’IdĆ©al sera plus long que celui vĆ©cu sans l’IdĆ©al.

Mais j’ai besoin, Ć“ mon Dieu, de renvoyer toute ma vie dans ton cœur. J’ai besoin de rĆ©duire mon ĆŖtre en cendres dans les flammes ardentes de l’Esprit Saint que nous devons remercier, pendant toute l’Ć©ternitĆ© et dĆØs maintenant, de nous avoir indiquĆ© cette voie de l’amour : aimer, aimer toujours, aimer tout le monde. Pouvoir dire Ć  la fin de chaque journĆ©e : j’ai toujours aimĆ© Ā». (Journal intime du 22 janvier 1966)

« Saint Paul, parlant de Jésus, écrit : « Il a donné sa vie pour moi » (Gal 2, 20).

Avec l’apĆ“tre, chacun de nous peut redire Ā« pour moi Ā».

JĆ©sus, si tu es mort pour moi, pour moi, comment puis-je douter de ta misĆ©ricorde ? Et si j’y crois, avec cette foi qui m’apprend qu’un Dieu est mort pour moi, comment ne pas tout risquer en Ć©change de cet amour ?

Pour moi. VoilĆ  l’expression qui efface la solitude des plus seuls, qui divinise l’homme le plus pauvre et le plus mĆ©prisĆ© par le monde, qui remplit le cœur de chacun, jusqu’à la faire dĆ©border sur celui qui ne connaĆ®t pas ou ne se souvient pas de la bonne Nouvelle.

Pour moi. Pour moi, JƩsus, toutes ces souffrances ? Pour moi, ce cri ?

Oh ! Tu ne laisseras pas se perdre mon Ć¢me ni celle de mes compagnons les hommes, mais tu feras de tout sinon plus… parce que nous t’avons trop coĆ»tĆ©.

Tu m’as introduit dans la vie du ciel comme ma mĆØre l’avait fait pour la vie sur cette terre. Tu ne penses qu’à moi et Ć  chacun de nous, toujours.

Tu me donnes le courage pour ma vie de chrĆ©tien : Tu m’aides Ć  marcher, plus que si j’avais derriĆØre moi l’univers tout entier pour me pousser.

Pour moi. Oui, pour moi.

Alors, laisse-moi te dire pour les annĆ©es qui me restent : Ā« pour Toi Ā». ( Chiara Lubich, L’essenziale di oggi. Scritti spirituali/2, CittĆ  Nuova, Roma 1997, p. 11). (Traduit de l’italien in Aimer, parce que Dieu est amour, Nouvelle CitĆ©, Paris 1974, p. 118-119)

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Lesley Ellison, mon appel

Ā«J’ai grandi dans les environs de Liverpool au nord ouest de l’Angleterre. Je me souviens quand j’étais petite des processions du dimanche, aussi bien des catholiques que des protestants, et j’allais avec d’autres enfants jeter des cailloux au catholiques. A 18 ans j’ai commencĆ© Ć  travailler dans le monde naissant de l’œcumĆ©nisme qui en Angleterre dĆ©marrait entre les diffĆ©rentes Eglises. Ce n’était pas facile parce que beaucoup d’adultes craignaient l’ouverture vers les catholiques, et pour cette raison ils nous mettaient des bĆ¢tons dans les roues.

A un moment de dĆ©couragement, j’ai lancĆ© un dĆ©fi Ć  DieuĀ : « Fais-moi connaĆ®tre des personnes enthousiastes de l’unité ».

Le jour suivant je vais Ć  l’église Ć  une cĆ©lĆ©bration pour les jeunes. Le prĆ©dicateur nous raconte une histoireĀ : « C’était la guerre et tout s’écroulait… ». L’histoire de Chiara Lubich et la naissance du mouvement des Focolari. PendantĀ  qu’il parle j’ai le cœur qui brĆ»le. J’interromps son discoursĀ : « Où sont maintenant ces jeunes fillesĀ ? Elles sont peut-ĆŖtre mortesĀ ?Ā Ā». « Non – rĆ©pond-il – Tu ne le sais pasĀ ? Elles sont ici Ć  LiverpoolĀ Ā».

Je suis allĆ©e Ć  toute vitesse les chercher. Plus que trois jeunes Ć©trangĆØres j’ai trouvĆ© l’évangile vivant. Il me semblait renaĆ®tre et recommencer ma vie depuis le dĆ©but. Je voulais moi aussi reprendre Ć  vivre l’évangile, mettre Dieu Ć  la premiĆØre place. Mais il y avait tellement de prĆ©jugĆ©s Ć  dĆ©passerĀ ! En attendant, je commenƧais Ć  expĆ©rimenter que l’amour dĆ©passait les barriĆØres. Dans ce lointain 1965, catholiques et personnes de diverses Eglises, qui voulaient vivre la spiritualitĆ© de l’unitĆ©, se sont regroupĆ©es pour former une famille.

Londres, 11 novembre 1996 : Chiara Lubich avec les focolarines anglicanes, l’Ć©vĆŖque anglican Robin Smith et l’archevĆŖque George Carey, qui Ć©tait alors primat de l’Ɖglise d’Angleterre.

Il est maintenant normal pour nous de trouver des personnes de diverses Eglises dans toutes les vocations du mouvement. Mais Ć  cette Ć©poque l’idĆ©e qu’une protestante se trouve dans une communautĆ© de catholiques Ć©tait insolite. Les temps n’étaient pas encore murs pour aller habiter ensemble au focolare, comme je l’avais rĆŖvĆ©. Il m’a semblĆ©, alors, que le monde dans lequel j’étais, s’écroulait. J’avais choisi Dieu et lui me refusait. J’avais choisi le focolare et sa porte se refermait sur moi. Ma vie devenait absurde, grise, sans motif. Mais durant ce moment sombre, j’ai averti comme une voix qui me parlait au cœurĀ : « Ce n’est pas toi qui m’as choisi, c’est moi quiĀ  t’ai choisie. Mais je te veux tout entiĆØre, comme moi je me donne Ć  toi, tout entier. Ne donne pas ton cœur au focolare, Ć  ta vocation. Donne-le Ć  moi. Je suis ton unique BienĀ Ā».

En un Ć©clair j’ai entrevu la fascination de la vie de toute personne qui veut rĆ©pandre l’unitĆ©. Une vie d’adhĆ©sion totale Ć  JĆ©sus. Je me suis rendu compte, mĆŖme Ć  travers les larmes, que je voulais Le choisir Lui, plus que tout, surtout dans le moment de son abandon.

Cette ombre alors s’est dissoute dans une grande lumiĆØre. « Oui – je me suis dit – je rentre chez moi, mais je vais avec ToiĀ Ā».

Le matin suivant, cependant, j’ai entendu dire qu’à Londres une des premiĆØres compagnes de Chiara m’attendait, elle me proposait d’habiter avec elle dans le focolareĀ ! Et c’est ce qui s’est passĆ©.

Les annĆ©es suivantes sont un chapitre Ć  part. La naissance du focolare anglican où j’habite avec d’autres focolarines anglicanes, un autre encore.

A la base de ma vie, cependant, il reste le choix chaque jour de Dieu comme mon uniqueĀ  BienĀ Ā».

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Gen Verde : Music made to be played

« Music Made To Be Played – raconte Nancy, des USA – a commencĆ© Ć  prendre forme durant les soirĆ©es passĆ©es avec les milliers de personnes, surtout des jeunes qui, ces deux derniĆØres annĆ©es, ont participĆ© Ć  des rĆ©pĆ©titions dans notre salle au centre international de Loppiano (Italie), où nous habitons.Ā Ā»

« Chaque titre – ajoute Alessandra, Italienne – parle de nous, de l’envie de se relever et de soulever le monde, des questions et de la force de l’amour qu’il y a en chacun, capable de changer l’aujourd’hui de notre vie comme celui des peuples et de l’histoire.Ā Ā»

« Le nouvel album – explique Colomba, de CorĆ©e – s’inspire de l’expĆ©rience du concert que nous donnons en tournĆ©e, avec la richesse des rencontres et des visages qui sont la matiĆØre premiĆØre des nouveaux titres qu’il prĆ©sente, comme des succĆØs dĆ©jĆ  connus, mais entiĆØrement rĆ©arrangĆ©s.Ā Ā»

« Le monde contemporain et ses grands dĆ©fis, dĆ©crits et recueillis avec un regard lucide et positif, voilĆ  le thĆØme principal de l’album – explique Adriana, BrĆ©silienne –. Au centreĀ : relations humaines, intĆ©gration, douleur et peur de la diffĆ©rence, espĆ©rance en un avenir de dignitĆ© et de paix. En deux motsĀ : notre quotidien.Ā Ā»

Le groupe Gen VerdeĀ : 21 artistes et professionnelles provenant de 13 pays, chacune porteuse d’une diversitĆ© culturelle qui est essentielle et rend unique le message du groupe.

En 47 ans d’activitĆ©, elles ont Ć  leur actif plus de 1Ā 400 spectacles, entre concerts, manifestations artistiques et ateliers didactiques, rĆ©alisĆ©s durant des centaines de tournĆ©es en Europe, Asie, AmĆ©rique du Nord et du Sud.

Quel est votre butĀ ? Raiveth, du Panama, le rĆ©sume en une phraseĀ : « Contribuer Ć  la diffusion d’une culture mondiale de paix, dialogue et unitĆ©, Ć  travers l’art.Ā Ā»

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L’aventure de l’unitĆ©/En construisant l’Œuvre de Marie

On considĆØre le 7 dĆ©cembre 1943 la date de naissance du mouvement des Focolari parce que ce jour, par un vœu perpĆ©tuel de chastetĆ©, Chiara Lubich a « épousĆ© DieuĀ Ā».

Mais la Fondatrice des Focolari a de mĆŖme affirmĆ© qu’une date de son dĆ©but pourrait ĆŖtre son voyage, en octobre 1939, Ć  Lorette, où selon la tradition, la maison de Nazareth est conservĆ©e. L’atmosphĆØre de famille qu’elle ressentait dans cette maisonnette fut, pour Chiara, un « appel » : revivre en silence, comme la famille de Nazareth, le plus grand mystĆØre de l’histoire, la vie de Dieu parmi les hommes.

Depuis ce moment-lĆ  tout devint une surprenante dĆ©couverte. Mais elle n’a pas Ć©tĆ© la seule Ć  s’étonnerĀ : avec elle Natalia Dallapiccola, Giosi Guella, Marilen Holzhauser,Ā  Graziella De Luca, Vale e Angelella Ronchetti, Dori Zamboni, Gis e Ginetta Calliari, Silvana Veronesi, Lia Brunet, Palmira Frizzera, Bruna Tomasi… et, quelques annĆ©es plus tard, Marco Tecilla, Aldo Stedile, Antonio Petrilli, Enzo M. Fondi, Pasquale Foresi, Giulio Marchesi, Piero Pasolini, Oreste Basso, Vittorio Sabbione… premiers d’un grand nombre qui composĆØrent la lignĆ©eĀ  dans laquelle, Ć  Lorette, par une vision prophĆ©tique, Chiara savait qu’elle aurait Ć©tĆ© suivie. Les voies qui ont conduit les premiĆØres et les premiers Ć  emboiter la route ouverte par Chiara, aujourd’hui que le mouvement est dĆ©fini dans toutes ses structures, manifestent que chacun d’entre eux Ć©tait nĆ©cessaire au projet de Dieu, au charisme qui Ć©tait en train de prendre « chairĀ Ā». Ce ne pouvait ĆŖtre que de cette maniĆØre pour un charisme dont la caractĆ©ristique est l’unitĆ©, expression de la vie trinitaire. Personnes des mĆ©tiers les plus divers guidĆ©es par une mĆŖme voix qui, dans la charitĆ©, mettaient au service des autres leurs talents rĆ©veillĆ©s par cette mĆŖme charitĆ©.

AprĆØs soixante-dix ans, le dĆ©veloppement du mouvement des Focolari semble expliquer l’affirmation de GrĆ©goire le Grand que l’Ecriture ā€œgrandit avec celui qui la litā€ et ā€œComme le monde, l’Ecriture n’a pas Ć©tĆ© crƩƩe une fois pour toute: l’Esprit la ā€˜crĆ©e’ encore, peut-on dire, chaque jour, au fur et Ć  mesure qu’il ā€˜l’ouvre’. Par une merveilleuse correspondance Il la « dilateĀ Ā» dans la mesure où il dilate l’intelligence de celui qui l’accueilleĀ Ā» (*). Et dans le cas du mouvement c’était en communiquant ce que chacun vivait Ć  partir de l’évangile qui a nourri la comprĆ©hension des mĆŖmes paroles de JĆ©sus.

Parole vƩcue et communion, une pratique qui tracera une ligne ascƩtique collective.

La vie accomplie de Chiara et de nombreuses personnes qui avec elles ont accueilli et accueillent la Parole, en ce temps-ci de transformation culturelle caractĆ©ristique,Ā  montrent leur tĆ¢cheĀ : « … rendus participants des desseins de Dieu sur l’humanitĆ©, tracer sur la foule des dentelles de lumiĆØre et, en mĆŖme temps, partager avec le prochain la honte, la faim, les coups, les joies brĆØvesĀ Ā». Parce qu’aujourd’hui, plus que jamais, la vĆ©ritable attraction est de vivre « la plus haute contemplation tout en restant mĆŖlĆ©s Ć  la foule, homme Ć  cĆ“tĆ© de l’hommeĀ Ā».

Les premiers compagnons de Chiara ont fait l’expĆ©rience de ce que le Concile Vatican II exprimera Ć  propos de l’EgliseĀ : « [l’Esprit] avec la force de l’évangile la fait rajeunir, continuellement il la renouvelle et la conduit Ć  la parfaite union avec son EpouxĀ Ā» (LG,4).

*Guido I. Gargano, le livre, la parole et la vie, l’exĆ©gĆØse biblique de GrĆ©goire le Grand, Saint Paul Ć©ditions, 2013

Amérique Latine sans frontières

Canada: laboratoire d’UnitĆ©

Vancouver, Ɖglise anglicane

A Vancouver, dans un contexte riche en communautĆ©s chrĆ©tiennes d’appartenances diverses, la Semaine de PriĆØre pour l’UnitĆ© des chrĆ©tiens se construit ensemble.

Engager des relations favorisant la connaissance rĆ©ciproque, mener ensemble des actions concrĆØtes, en voyant dans chaque membre d’une autre Ć©glise un frĆØre ou une sœur Ć  aimerĀ : telle est l’orientation que s’estĀ  donnĆ©eĀ  Marjeta Bobnar, chargĆ©e depuis 2012 de coordonner les relations œcumĆ©niques et interreligieuses de l’ArchidiocĆØse de Vancouver (Canada) Le territoire qui lui a Ć©tĆ© confiĆ© est constellĆ© de communautĆ©s chrĆ©tiennes appartenant Ć  de nombreuses EglisesĀ : anglicans, pentecĆ“tistes, luthĆ©riens, mennonites etc.…

« Nos premiers pas, raconte-t-elle, ont consistĆ© Ć  tisser des liens nouveaux avec les diverses communautĆ©s, mais aussi Ć  sensibiliser les catholiques Ć  l’œcumĆ©nismeĀ Ā» Le soutien constant de l’ArchevĆŖque, J. MichaĆ«l Miller, et de la communautĆ© des focolari, dont Marjeta fait partie, a Ć©tĆ© dĆ©terminant.

L’an dernier dĆ©jĆ , au cours de la prĆ©paration de la Semaine ŒcumĆ©nique, on avait pu recueillir les fruits de cette nouvelle impulsionĀ : «  La majeure partie des paroisses catholiquesĀ  – poursuit-elle – n’avait pas de contacts avec les autres Ć©glises mais elles ont manifestĆ© le dĆ©sir de rejoindre et d’inviter des membres d’autres communautĆ©s chrĆ©tiennes prĆ©sentes dans leur quartier. C’est ainsi, par exemple,Ā  qu’une relation s’est Ć©tablie avec un pasteur luthĆ©rien trĆØs ouvert au dialogue œcumĆ©niqueĀ Ā»

Vancouver, Ɖglise catholique

Durant les moments de priĆØreproposĆ©s beaucoup tĆ©moignaient de la joie d’être ensemble, du dĆ©sir de dialoguer et de se connaĆ®tre davantage. Nombreux sont ceux qui ont Ā voulu garder des contacts pour approfondir les relations et impliquer davantage de personnes pour les rencontres Ć  venir.

ā€œPour cette Semaine de PriĆØre, dĆ©sormais toute proche, nous avons programmĆ©, avec le diocĆØse anglican, quelques rencontres qui donneront la possibilitĆ© de rĆ©unir des catholiques et des anglicans pour partager des expĆ©riences mais aussi pour se poser des questions. DĆ©but 2013Ā  une Ć©quipe mixte de prĆ©paration s’est constituĆ©e, composĆ©e de trois anglicans et de trois catholiquesĀ : ce fut l’occasion d’une Ć©coute mutuelle trĆØs profonde au sein du groupe et de vivre ainsi une trĆØs belle expĆ©rience.

Nous sommes aussi constamment en contact avec les responsables des Eglises et communautĆ©s ecclĆ©siales: luthĆ©riens, mennonites, pentecĆ“tistes, United Church of CanadaĀ  et Eglise apostolique armĆ©nienne. En bĆ¢tissant ensemble les diffĆ©rents temps de priĆØre ou d’approfondissement, nous recevons des rĆ©ponses trĆØs enthousiastes et aussi des remerciements pour l’unitĆ© expĆ©rimentĆ©eĀ Ā»