Mouvement des Focolari
Quel avenir pour la Syrie ?

Quel avenir pour la Syrie ?

Depuis de nombreuses semaines notre correspondance avec la Syrie s’est interrompue. Giò a dĆ» quitter sa maison de Damas et s’installer sur la cĆ“te Ć  la recherche d’un logement plus sĆ»r. Dans tout le pays, l’électricitĆ© fonctionne par intermittenceĀ : trois heures le matin et puis l’obscuritĆ©, ou bien quelques heures l’aprĆØs-midi et il faut attendre le lendemain.

En tĆ©lĆ©phonant Ć  l’appartement de Damas, par hasard nous trouvons une amie de notre correspondante qui y Ć©tait allĆ©e pour vĆ©rifier l’état des lieux. « Tu sais, mĆŖme dans la capitale beaucoup de bombes tombent, mais ici on est bienĀ Ā». Elle essaie de me rassurer et de se rassurer parce qu’elle poursuitĀ : « Nous vivons instant par instant, nous ne savons rien du lendemain, il n’y a qu’aujourd’hui qui compteĀ Ā». Elle ne travaille plus depuis deux mois parce que son chef lui avait demandĆ© de faire des versements malhonnĆŖtes qu’elle a refusĆ© de faire. Elle n’a pas voulu me dire quel genre de travailĀ : elle reste discrĆØte, pour elle et pour son employeur. En attendant, il y a deux jours elle a prĆ©sentĆ© un CV, avec un nouvel espoir.

Elle me parle de ses parentsĀ : ils vivent Ć  Talfita, prĆØs de Maaloula, le village où ont Ć©tĆ© enlevĆ©es les religieuses orthodoxes le 3 dĆ©cembre. Grande est l’angoisse sur leur sort. « Une de mes amiesĀ  les appelait tous les jours, mais ce mardi-lĆ  le tĆ©lĆ©phone a sonnĆ©, sonnĆ© et personne n’a rĆ©ponduĀ Ā». Entre temps, dans un message vidĆ©o sur une chaine de tĆ©lĆ©vision des rebelles, les religieuses ont dĆ©clarĆ© qu’elles n’avaient pas Ć©tĆ© enlevĆ©es, mais protĆ©gĆ©es contre les attaques de la zone, mais personne n’y croit tout Ć  fait.

La vie est trĆØs difficile dans le Nord du pays où les rebelles font autant d’atrocitĆ©s que l’armĆ©e. Il fait froid et le manque d’électricitĆ© ne permet pas une vie normale. Un gĆ©nĆ©rateur diĆ©sel supplĆ©e, mais le combustible sert plus Ć  rĆ©chauffer qu’à Ć©clairer. « Notre village a Ć©tĆ© presqu’entiĆØrement brĆ»lĆ©. Les gens ne sortent plus de chez eux, pas mĆŖme pour acheter des biens de premiĆØre nĆ©cessitĆ©. Dieu cependant continue Ć  intervenir et Ć  sauver notre vie, mais nous ne voyons pas d’ouverture vers la paix. Il nous semble que plus rien n’a de sens. Quand pourrons-nous dire ā€stopā€ Ć  toute cette violenceĀ ?Ā Ā».

Propos recueillis par Maddalena Maltese

SourceĀ :Ā CittĆ  Nuova

Quel avenir pour la Syrie ?

Maria Voce, femmes, Eglise et paritƩ de dignitƩ

Quand on lui demande si elle regrette de ne pas ĆŖtre prĆŖtre, elle qui l’une des femmes les plus influentes de l’Église, elle retient son rireĀ : “Ɖcoutez, je connais des femmes pasteurs Ć©vangĆ©liques, liĆ©es au Mouvement, des amies et des femmes exceptionnelles avec qui tout se passe trĆØs bien dans leurs ƉglisesĀ ; cependant, je n’ai jamais pensĆ© que la possibilitĆ© de devenir prĆŖtre puisse accroĆ®tre la dignitĆ© de la femme. Ce ne serait qu’un service en plus. En effet, le problĆØme est ailleursĀ : comme femmes, ce Ć  quoi nous devons tendre – me semble-t-il – est la reconnaissance de la part de l’Église catholique de la mĆŖme dignitĆ©, de l’Ć©galitĆ© des chances. Service et non servitude comme le dit lui-mĆŖme le Pape FranƧois… “. Maria Voce dirige depuis 2008, les Focolari – deux millions et demi d’adhĆ©rents en 182 pays – seul mouvement dirigĆ©, par statut, par une femme. Elle a succĆ©dĆ© Ć  la fondatrice, Chiara Lubich qui l’appelait “Emmaüs”. La tombe de Chiara est toute proche, dans la petite chapelle du centre mondial de Rocca di Papa lĆ  où les baies vitrĆ©es s’ouvrent sur les pins de sa maison et où, face Ć  la pierre tombale, se trouve une mosaĆÆque reprĆ©sentant Marie, MĆØre de l’Église. Le 7Ā dĆ©cembre, 70 ans ont passĆ© depuis la “consĆ©cration Ć  Dieu” de Chiara. Une femme laĆÆque qui dĆ©veloppa, en avance sur son temps, plusieurs thĆØmes du ConcileĀ : “L’Église comme ouverture, communion, amour rĆ©ciproque…”.

Quel est aujourd’hui le rĆ“le des femmes dans l’Église et dans quelle mesure sont-elles Ć©coutĆ©esĀ ?

“Leur rĆ“le est celui de tout ĆŖtre humain, homme ou femme, qui appartient Ć  l’Église, corps mystique du Christ. Comment ce rĆ“le est au contraire considĆ©rĆ© par d’autres, est une autre chose. Il me semble que les femmes n’ont pas encore vraiment voix au chapitre. On leur reconnaĆ®t trĆØs souvent les valeurs d’humilitĆ©, de docilitĆ©, de souplesse mais on en profite un peu. Du reste, le Saint PĆØre a dit qu’il est peinĆ© de voir la femme cantonnĆ©e Ć  la servitude et non pas la femme au serviceĀ : le service est un mot-clĆ© de son pontificat mais en tant que service d’amourĀ ; et non pas dans le sens de service parce que tu es considĆ©rĆ©e infĆ©rieure et donc soumise. Il me semble qu’il reste beaucoup Ć  faire en cela”.

Le Pape a dit qu’il faut penser Ć  une “thĆ©ologie de la femme”. Pour vous, qu’est-ce que cela signifieĀ ?

“Je ne suis pas thĆ©ologienne. Cependant, le Pape a donnĆ© ce titreĀ : “Marie est plus grande que les apĆ“tres”. C’est beau qu’il le diseĀ ; c’est trĆØs fort. Toutefois, la complĆ©mentaritĆ© doit ressortir de lĆ Ā ; et Ć©galement, en un certain sens, la participation au magistĆØre…”

En quel sensĀ ?

“Chiara voyait Marie comme le ciel bleu qui contient le soleil, la lune et les Ć©toiles. Dans cette vision, si le soleil est Dieu, et les Ć©toiles, les saints, Marie est le ciel qui les contient, qui contient mĆŖme DieuĀ : par la volontĆ© de Dieu lui-mĆŖme qui s’est incarnĆ© en son sein. La femme dans l’Église est lĆ Ā : elle doit avoir cette fonction qui ne peut exister que dans la complĆ©mentaritĆ© avec le charisme pĆ©trinien. Pour guider l’Église, il ne peut pas y avoir seulement Pierre mais il doit y avoir Pierre avec les apĆ“tres, soutenus et entourĆ©s par l’Ć©treinte de cette femme-mĆØre qu’est Marie”.

Pour FranƧois, il nous faut rĆ©flĆ©chir sur la place de la femme “Ć©galement lĆ  où s’exerce l’autoritĆ©”. Comment cela pourrait-il se faireĀ ?

“Les femmes pourraient diriger des dicastĆØres de la Curie, par exempleĀ ; je ne vois de difficultĆ©s en cela. Je ne comprends pas, par exemple, pourquoi Ć  la tĆŖte d’un dicastĆØre sur la famille, il doit nĆ©cessairement y avoir un cardinal. Ce pourrait trĆØs bien ĆŖtre un couple de laĆÆcs qui vivent chrĆ©tiennement leur mariage et – avec tout le respect dĆ» aux cardinaux -, ces laĆÆcs sont sĆ»rement plus au courant qu’un cardinal, des problĆØmes de la famille. Ce pourrait ĆŖtre la mĆŖme chose pour d’autres dicastĆØres. Cela me paraĆ®t normal”.

Quel autre encoreĀ ?

“Je pense aux CongrĆ©gations gĆ©nĆ©rales avant le conclave. Les mĆØres gĆ©nĆ©rales des grandes congrĆ©gations pourraient y participerĀ ; de mĆŖme que des reprĆ©sentants Ć©lus, des diocĆØses. Si l’assise Ć©tait plus large, elle aiderait aussi le futur Pape. Du reste, pourquoi ne doit-il prendre conseil que des autres cardinauxĀ ? C’est une limitation”.

Cela peut-il être valable pour le groupe de cardinaux du Conseil voulu par François ?

“Bien sĆ»r. Je ne vois pas seulement un groupe de femmes en plus. Un organisme mixte serait plus utile, avec les femmes et d’autres laĆÆcs. Avec les cardinaux, ils peuvent apporter les informations nĆ©cessaires et des perspectives. Cela m’enthousiasmerait”.

Et les femmes cardinalesĀ ? On avait parlĆ© de MĆØre TeresaĀ : qu’en pensez-vousĀ ?

“J’aimerais savoir ce qu’elle en aurait pensĆ©, elleĀ ! Une femme cardinale pourrait ĆŖtre un signe pour l’humanitĆ© mais je ne crois pas qu’il en soit un pour moi ni pour les femmes en gĆ©nĆ©ral. Cela ne m’intĆ©resse pas. Ce serait une personne exceptionnelle devenue cardinal. D’accord. Et aprĆØsĀ ? De grandes figures, saintes et docteurs de l’Église, ont Ć©tĆ© mises en valeur. Mais c’est la femme, en tant que telle, qui ne trouve pas sa place. Ce qui doit ĆŖtre reconnu, c’est le gĆ©nie fĆ©minin au quotidien”.

La fameuse complĆ©mentarité…

“Oui. Je parlais de charisme pĆ©trinien et de charisme marial. Mais en gĆ©nĆ©ral, je dirais que, entre homme et femme, la complĆ©mentaritĆ© est inscrite dans le dessein de Dieu. L’homme Ć  l’image de Dieu ne se rĆ©alise pas autrementĀ : “homme et femme, Il les crĆ©a”. C’est valable aussi pour les consacrĆ©sĀ : mĆŖme si une personne renonce au rapport sexuel, elle ne peut renoncer Ć  la relation, Ć  la relation avec l’autre”.

Gian Guido Vecchi

SourceĀ : Corriere della Sera, 30.11.2013

Lire aussiĀ : Femmes et Eglise, questions Ć  aborder (interview Ć  CittĆ  Nuova)

Quel avenir pour la Syrie ?

Aventure de l’unitĆ© / Ć©tĆ© 1949

Au cours de l’étĆ© 1949, le dĆ©putĆ© Igino Giordani, qui avait rencontrĆ© la spiritualitĆ© de l’unitĆ© quelques mois auparavant, alla rejoindre Chiara Lubich, partie se reposer dans la vallĆ©e de Primiero, Ć  Tonadico, sur les montagnes du Trentin Italie du Nord). Chiara et la petite communautĆ© de Trente, dĆ©sormais dispersĆ©e dans diffĆ©rentes villes d’Italie, avaient vĆ©cu intensĆ©ment, au cours des semaines prĆ©cĆ©dentes, le passage de l’Évangile de Matthieu sur l’abandon de JĆ©sus sur la croix. Le 16 juillet, commenƧa une pĆ©riode d’une intensitĆ© extraordinaire, connue aujourd’hui sous le nom de Paradis 49. Chiara Ć©crira plus tard, Ć  propos de cette pĆ©riodeĀ : Ā« Si 1943 avait Ć©tĆ© l’annĆ©e des origines du Mouvement, 1949 marquait un bond en avant. Des circonstances anodines, mais sĆ»rement prĆ©vues par l’amour de Dieu, amenaient le premier groupe des membres du Mouvement Ć  se retirer du monde, pour prendre un peu de repos en montagne. Nous devions nous sĆ©parer des hommes, mais nous ne pouvions pas nous Ć©loigner de ce style de vie qui constituait dĆ©sormais la raison de notre existence. Un chalet exigu et rustique nous accueillait dans la pauvretĆ©. Nous Ć©tions seules. Seules avec notre grand IdĆ©al, vĆ©cu moment par moment. Seules avec JĆ©sus Eucharistie, lien d’unitĆ©, qui nous alimentait chaque jour. Seules dans le repos, dans la priĆØre, et la mĆ©ditation. Une pĆ©riode de grĆ¢ces toutes particuliĆØres dĆ©butait. Nous avions l’impression que le Seigneur ouvrait devant nos yeux le Royaume de Dieu qui Ć©tait parmi nous. La TrinitĆ© qui habitait dans une cellule du Corps Mystique. ā€œPĆØre saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnĆ©, pour qu’ils soient un comme nous sommes un.ā€(cf. Jn 17,11). Et nous avions l’intuition que le Mouvement naissant ne serait rien d’autre qu’une prĆ©sence mystique de Marie dans l’Église. Naturellement, nous ne serions plus redescendues de cette montagne, si la volontĆ© de Dieu ne nous y avait contraintesĀ ! Seul notre amour pour JĆ©sus crucifiĆ© vivant dans l’humanitĆ© privĆ©e de Dieu nous en donnait le courage.Ā Ā» (Chiara LubichĀ : C’était la guerre, Nouvelle CitĆ© 1972, pp. 47-48) ƀ une autre occasion, Chiara affirme encoreĀ : « Une pĆ©riode lumineuse particuliĆØre a commencĆ©, au cours de laquelle, entre autres, il nous a semblĆ© que Dieu voulait nous faire entrevoir quelque chose de son projet sur notre MouvementĀ Ā». Au cours des annĆ©es qui ont suivi, Chiara n’a fait que rĆ©aliser ce qu’elle avait reƧu durant cet Ć©tĆ© de lumiĆØre.

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Chiara Lubich: se faire saints ensemble

Lucia Abignente fait partie du Centre Chiara Lubich: Centre de documentation, d’études, de recherche scientifique et de promotion de la figure historique de la fondatrice des Focolari.

Les saints sont tĆ©moins de la foi, l’Eglise catholique les montrent comme exempleĀ : quel est l’exemple que donne Chiara LubichĀ ?

AbignenteĀ : (…) Sa vieĀ  s’est toujours distinguĆ©e par la transmission aux autres de la joie toute pure de la foi. Aux dĆ©buts des annĆ©es 40, un prĆŖtre lui avait dit: ā€œDieu t’aime immensĆ©mentā€. Cette certitude, qui a Ć©tĆ© un fondement de sa vie, Chiara a tout de suite voulu la partagerĀ : non seulement Dieu « m »’aime, mais il « nousĀ Ā» aime tous immensĆ©ment. Son chemin n’a jamais Ć©tĆ© celui d’une personne isolĆ©e mais il a toujours eu l’aspect de l’universalitĆ©. La mĆŖme chose s’est passĆ©e pour son cheminement vers la saintetĆ©. « Se faire un ensembleĀ Ā» nous rĆ©pĆ©tait-elle. VoilĆ  pourquoi elle nous a toujours fait participer Ć  ce que Dieu lui donnait de comprendre, pour cheminer ensemble vers Lui. « Que tous soient un » : a Ć©tĆ© le dĆ©sir et le but de la vie de Chiara jusqu’au dernier moment (…)

La prĆ©sidente Maria Voce a expliquĆ© que de divers endroits – mĆŖme de la part de personnes d’autres Eglises et religions – le souhait que le procĆØs commence a Ć©tĆ© exprimé…

AbignenteĀ : Les dialogues œcumĆ©nique, interreligieux et avec les personnes d’autres convictions sont toujours nĆ©s de maniĆØre naturelle, dĆ©terminĆ©s par les circonstances plus que par une intention thĆ©orique, dans le mouvement des Focolari. Les premiers Ć  entrer en dialogue ont Ć©tĆ©, en 1961, les Ć©vangĆ©liques allemands frappĆ©s par l’expĆ©rience de Chiara, par sa maniĆØreĀ  de vivre l’évangile, dĆ©jĆ  depuis qu’en 1944, pendant la guerre, dans les abris, elle lisait l’évangile avec ses compagnes et qu’ensemble elles essayaient de le mettre en pratique. Chiara Ć©tait particuliĆØrement proche du patriarche de Constantinople AthĆ«nagoras (…)Ā  Les personnes d’autres confessions ou religions et mĆŖme celles qui n’ont pas de credo religieux ont senti que l’humanitĆ© de Chiara qui les a attirĆ©esĀ  est enracinĆ©e dans sa vie dela Parole. Pourcela nous aussi nous voyons l’ouverture de ce parcours comme quelque chose qui ne divise pas, mĆŖme dans les signes extĆ©rieurs, par rapport aux frĆØres des autres confessions ou expĆ©riences parce que la saintetĆ© fondĆ©e surla Bibledoit inviter Ć  une adhĆ©sion plus profonde Ć  ce chemin vers Dieu ou vers les valeurs morales non religieuses que nous partageons avec des personnes d’autres convictions.

Comment suivrez-vous le parcours qui s’ouvre aujourd’hui?

AbignenteĀ : PrĆ©cĆ©demment un grand travail a Ć©tĆ© accompli pour rĆ©colter tous les Ć©crits publiĆ©s par Chiara et ils seront soumis Ć  un examen dans le cadre de l’étude sur la bĆ©atification. Il s’agit de milliers de pages. Il faudra ajouter la recherche de documents, mĆŖme inĆ©dits, venant de sources diffĆ©rentes des archives du mouvement. Ces annĆ©es-ci aprĆØs sa disparition, le souvenir de Chiara est toujours restĆ© trĆØs vivant et l’anniversaire de sa mort, le 14 mars, beaucoup d’Eucharisties sont cĆ©lĆ©brĆ©es souvent prĆ©sidĆ©es par des Ć©vĆŖques, ainsi que des rencontres et initiatives de diffĆ©rents genres. Une « rĆ©putation de sainteté » entoure sa figureĀ  dans le monde entier accompagnĆ©e de signes de grĆ¢ces reƧues. Nous ne savons pas comment cela se passera, mais ce qui nous semble clair c’est que ce parcours (…) peut aider chaque personne Ć  approfondir son rapport avec Dieu.

Source : Chiara Santomiero, Aleteia, 9 décembre 2013

Quel avenir pour la Syrie ?

En direct des Philippines…

 « Jusqu’à prĆ©sent nous avons rĆ©ussiĀ  Ć  secourir environ 500 familles qui, Ć  leur tour, en soutiennent d’autres, grĆ¢ce aux aides venues du monde entier Ć  travers les Focolari et beaucoup d’autres.Ā  En ce moment nous recueillons des fonds pour reconstruire les maisons dĆ©truites. Aussi nous comptons encore sur l’aide de tousĀ Ā» C’est le message que Carlo Gentile et Ding Dalisay ont fait passer en direct aux 6343 points d’écoute rĆ©partis dans les cinq continents, lors d’une liaison internet mondiale. Ding Dalisay est elle-mĆŖme directement impliquĆ©e dans les opĆ©rations de secours des secteurs les plus durement touchĆ©s. Ils continuent en relatant des faits qui tĆ©moignent d’une forte solidaritĆ© malgrĆ© des conditionsĀ  de vie trĆØs prĆ©cairesĀ : « Le lendemain du typhon quelques uns d’entre nous ont rejoint les populations les plus sinistrĆ©es pour leur venir en aide. Il y a ceux qui ont choisi de quitter leur ville, et d’autres, au contraire, d’y resterĀ : « Nous ne pouvons pas nous en aller et fuir nos responsabilitĆ©s. Nous devons verser les salaires, aider la ville Ć  se relever… » explique Bimboy, PrĆ©sident de l’UniversitĆ© locale et membre des Focolari. Chaque jour il fait 10 kms Ć  pied pour se rendre Ć  son travail et assurer unĀ  minimum de normalitĆ©. Ā Ā  Responsables de la communautĆ© locale des Focolari Ć  Tacloban, Pepe et Marina cherchent Ć  se mettre au service de chacunĀ : un voisin a besoin d’essence, ils lui donnent le peu qui reste Ā dans le rĆ©servoir de Ā leur voiture. Mais comment vont-ils faireĀ ? Et voilĆ  que le lendemain arrive, de faƧon inattendue, un de leur cousin qui a dĆ©cidĆ© de quitter la villeĀ  et de leur confier son fourgon jusqu’à son retourĀ ! A Cebu les aides provenant des Focolari du monde entier affluent.Ā  On peut lire dans la revue New City des PhilippinesĀ : « Le soutien de la communautĆ© internationale est tout simplement bouleversant. La prophĆ©tie de l’EvangileĀ : « Quand je serai Ć©levĆ© de terre, j’attirerai tous Ć  moiĀ Ā» semble vraiment se rĆ©aliser ici Ć  Tacloban. MĆŖme de jeunes enfants envoient, des diffĆ©rentes parties du globe, l’argent de leur tirelireĀ Ā» On assiste Ć  une rĆ©action en chaĆ®ne trĆØs positive. Un couple italo-philippin rĆ©sidant en Italie raconte que les membres du mouvement ont envoyĆ© 23 colis Ć  Abuyog, le village où habite leur famille. « Pas seulement des aides alimentaires, prĆ©cisent-ils, mais aussi des tentes, des moustiquaires, des petits matelas et bien d’autres choses. Ces colis ont pas mal bourlinguĆ© et se sont trouvĆ©s bloquĆ©s Ć  quelques heures de la ville…mais ils ont fini par les rĆ©cupĆ©rerĀ Ā» Cela a permis la mise en place d’un rĆ©seau solidaire en faveur des plus Ć©prouvĆ©sĀ : « Les bĆ©nĆ©voles arpentent les rĆ©gions les plus touchĆ©es, distribuent les colis reƧus et le riz qu’ils ont rĆ©ussi Ć  acheter; ils laissent aux familles en difficultĆ© des petits mots les invitant Ć  rejoindre leur maison en vue d’obtenir d’autres aidesĀ Ā» Celles-ci continuent d’arriver, Ć  travers AFN (Action pour Familles Nouvelles) et l’AMU (Action pour un Monde Uni), les deux ONG du mouvement des Focolari prĆ©sentes dans la rĆ©gion depuis des annĆ©es et trĆØs proches de la population. Ā  Angel, une jeune Philippine du mouvement des Focolari, a encouragĆ© ses professeurs et ses camarades de classe Ć  se priver de quelque chose pour les victimes du typhonĀ : « Si une partie de nous se sacrifie, leur a-t-elle dit, c’est pour qu’une autre viveĀ !Ā Ā» En un seul jour elle a recueilli toutes sortes d’affaires et 20.000 pesos (400 euros). Ā MichaĆ«l, un autre jeune du mouvement, a pu remplir 7 sacs de bons vĆŖtements auprĆØs des habitants de son village qui sont pourtant pauvres. Il faut d’ailleurs prĆ©ciser que toutes ces aides ontĀ  mobilisĆ© autant des pays pauvres que des pays riches. Mais laissons le dernier mot Ć  AmielĀ : « Il faudra beaucoup de temps pour revenir Ć  une vie normale. Mais, ayant vĆ©cu une expĆ©rience semblable Ć  celle de Chiara Lubich pendant la guerre, nous irons de l’avant. C’est notre faƧon de tĆ©moigner que Dieu est AmourĀ !Ā Ā» Associazione Azione per un Mondo Unito – Onlus presso Banca Popolare Etica, filiale di Roma Codice IBAN: IT16G0501803200000000120434 Codice SWIFT/BIC CCRTIT2184D Causale: emergenza tifone Haiyan Filippin AZIONE per FAMIGLIE NUOVE Onlus c/c bancario n° 1000/1060 BANCA PROSSIMA Cod. IBAN: IT 55 K 03359 01600 100000001060 Cod. Bic – Swift: BCITITMX

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Córdoba, au cœur de la rĆ©volte, un signal de paix.

Córdoba, un million et demi d’habitants, est au cœur de l’Argentine. LaĀ  police rĆ©gionale proteste, demande une augmentation de salaire et va jusqu’à se mettre en grĆØveĀ : elle se retire dans ses casernes et laisse les rues sans surveillance. Dans la nuit du 3 au 4 dĆ©cembre, deux personnes sont mortes, des bandes de dĆ©linquants prennent d’assaut mille magasins, mais aussi des habitations privĆ©es et le magasin de dĆ©pĆ“t de la Caritas (Secours Catholique)Ā Les transports publics sont paralysĆ©s, le couvre-feu imposĆ© aux habitants qui restent enfermĆ©s dans leurs maisons, dans les bureaux, les Ć©coles et les universitĆ©s.

Pour rĆ©tablir le calme, la mĆ©diation du Comipaz (comitĆ© interreligieux pour la paix) a Ć©tĆ© dĆ©terminante grĆ¢ce aux interventions de l’évĆŖque auxiliaire, Pedro Javier Torres, du rabbin Marcelo Polakoff et Ć  celles des autoritĆ©s et reprĆ©sentants des diverses confessions religieusesĀ : le 4 dĆ©cembre Ć  midi un accord est conclu entre les parties et la police reprend petit Ć  petit le contrĆ“le de la ville.

Ā Ā  DĆØs que cet accord a Ć©tĆ© rendu public, les Jeunes pour Un Monde Uni sont entrĆ©s en action. Voici ce que raconte Maria MartinezĀ : « EnfermĆ©s dans nos maisons, nous Ć©tions en train d’assister avec angoisse Ć  tous ces pillages. Mais nous ne pouvions pas rester passifs Ć  la vue de ce qui se passait dans notre chĆØre ville de Córdoba. Nous avions un grand dĆ©sirĀ : dĆ©montrer Ć  la sociĆ©tĆ© qu’il peut aussi sortir quelque chose de bon de cette exaspĆ©ration, de ce dĆ©chaĆ®nement et de cette corruption gĆ©nĆ©ralisĆ©eĀ Ā».

Ā Ā  « GrĆ¢ce aux rĆ©seaux sociaux, nous nous sommes donnĆ© rendez-vous sur une place de la ville. DĆØs 16h les premiers jeunes arrivaient et nous avons Ć©tĆ© trĆØs rapidement une trentaine. Quelques journalistes et une chaĆ®ne de tĆ©lĆ©vision Ć©taient prĆ©sents. Au bout de quelques heures se sont ajoutĆ©s d’autres groupes de jeunes contactĆ©s par tous les moyens. A la fin nous Ć©tions plus d’une centaine, sans compter les nombreuses personnes qui s’étaient jointes Ć  nous pour entreprendre le nettoyage de leur immeuble ou des rues du quartierĀ Ā».

Ā  La nuit prĆ©cĆ©dente avait Ć©tĆ© terrible: coups de feu, pillages, sirĆØnes, alarmes des maisons voisines. De nombreux commerƧants Ć©taient restĆ©s pour dĆ©fendre leur boutique. Le travail Ć  faire ne manquait pasĀ : balayer les cendres des incendies, dĆ©gager ce qui restait des barricades… « Mais au-delĆ  de ces actions concrĆØtes, notre intention Ć©tait d’entrer en contact avec les gens, de leur parler et de les Ć©couter. Leur rĆ©ponse ne s’est pas fait attendreĀ : les uns se sont mis Ć  renflouer le stock alimentaire de la Caritas(Secours Catholique), d’autres Ć  fournir auxĀ  bĆ©nĆ©voles de l’eau, des gants, des balais et des pelles. Beaucoup nous ont rejoints pourĀ  nous aider, trĆØs touchĆ©s par le fait que des personnes d’autresĀ  quartiers Ć©taient venues nettoyer le leurĀ Ā».

Ā Ā  A la grande surprise de tous, les mĆ©dias (journaux, radios, tv…)Ā Ā  ont relatĆ© cette initiative des jeunesĀ : « Nous croyons avoir rĆ©ussi Ć  faire bouger quelque chose, poursuit Ana, au-delĆ  du nettoyage des rues, nous avons compris que l’on peut commencer Ć  agir diffĆ©remment, cela dĆ©pend de chacunĀ : la veille on avait vu se dĆ©chaĆ®ner une violence contagieuse et opportuniste, le lendemain nous avons Ć©tĆ© tĆ©moins d’une gĆ©nĆ©rositĆ© et d’une rĆ©elle volontĆ© de travailler ensemble pour amorcer un changementĀ .

Ā En Argentine la situationĀ  reste prĆ©occupanteĀ : Ć©meutes et protestations s’étendent Ć  d’autres provinces mais leĀ  dĆ©sir reste fort de ne pas se laisser vaincre par la violenceĀ : mieux vaut trouver de nouveaux chemins de paix.

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Quel avenir pour la Syrie ?

Lucia Degasperi, nous laissait il y a 10 ans

Depuis qu’elle est petite, Lucia est une enfant dont la joie est constante et contagieuse. DerniĆØre de huit enfants, elle grandit dans une famille trĆØs pauvre Ć  Terlano (Bolzano-Italie).Ā  MalgrĆ© les difficultĆ©s Ć©conomiques, le couple Degasperi garde toujours une grande foi. Au fur et Ć  mesure des annĆ©es, cependant, Lucia se rend Ć  l’évidence que l’amour sur la terre n’existe pas et penser aimer sans ĆŖtre aimĆ©e en retour lui fait peur. Lorsque Lucia a vingt ans, son frĆØre Carlo change d’attitude Ć  l’improviste Ć  la maisonĀ : il se met Ć  refaire les lits, nettoyer les chaussures. Curieuse, Lucia lui demande des explications, alors elle est invitĆ©e Ć  la mariapoli, rencontre de plusieurs jours des Focolari. Lucia est profondĆ©ment frappĆ©e par les nombreuses expĆ©riences concrĆØtes basĆ©es sur la certitude que Dieu est amour et aime tout le monde personnellement, au point que, prise de peur, elle laisse la rencontre avant la fin. Cependant une phrase lui reste gravĆ©eĀ : « Tout ce que vous aurez fait au plus petit, c’est Ć  moi que vous l’avez faitĀ Ā» (Mt 25,40). Elle commence Ć  la vivre avec engagement. Par la suite elle sent que Dieu l’appelle Ć  le suivre au focolare. A partir de 1964 quand la spiritualitĆ© de l’unitĆ© commence Ć  se rĆ©pandre en Allemagne, Lucia est Ć  Berlin Ouest et aprĆØs les premiĆØres annĆ©es 80 en DDR, terre où la situation du rĆ©gime oblige les nombreux adhĆ©rents de la spiritualitĆ© des Focolari Ć  se rencontrer en semi-clandestinitĆ©, et avec mille difficultĆ©s. MĆŖme Lucia doit passer un mois dans un lager, avant de dĆ©mĆ©nager Ć  Lipsia. Les autres prisonniers sont rapidement touchĆ©s par son amourĀ : elle remet la chambrĆ©e en ordre et offre le cafĆ© qu’elle pensait emporter avec elle Ć  Lipsia. Petit Ć  petit beaucoup suivent son exemple et le dernier jour une des gardes confesse Ć  LuciaĀ : « un groupe aussi beau, nous ne l’avons jamais eu… ». Le tĆ©lĆ©phone sous contrĆ“le et les micro-espions en voiture, Lucia fait travailler sa fantaisie, elle invente des milliers de stratagĆØmes pour rencontrer les personnes qui lui sont confiĆ©esĀ : elle invite les enfants Ć  dĆ©jeuner, organise des fĆŖtes pour les jeunes, rend visite Ć  beaucoup de familles. En 1999 les focolarines et les gen (les jeunes des focolari) de la DDR fĆŖtent la chute du mur Ā de Berlin en faisant un long voyage Ć  Trente et Ć  Rome, où beaucoup d’entre elles, pour la premiĆØre fois rencontrent Chiara Lubich. Des annĆ©es de grande expansion s’ensuivent, mais Ć  l’improviste en 1994 le diagnostic tombe sur LuciaĀ : une tumeur. C’est une trĆØs grande souffrance, et comme elle le racontera des annĆ©es aprĆØsĀ : « ce fut comme une condamnation Ć  mortĀ Ā». Il faut comprendre un peu avant que « le moment est arrivĆ© de re-confier Ć  Dieu ma vieĀ Ā». Vivre le moment prĆ©sent lui est d’une grande aide et devient une source de lumiĆØre pour beaucoup. Les annĆ©es suivantes, les forces physiques diminuent, mais grandit la force spirituelle. « Je ne te souhaite pas ā€˜courage Lucia’ – lui Ć©crit Chiara Lubich le 3 dĆ©cembre 2003 – tu as toutes les grĆ¢ces qu’il te faut et plus. Sois heureuseĀ Ā».Dans une sĆ©rĆ©nitĆ©, le 10 dĆ©cembre Lucia part pour le Ciel. « Merci pour ta forceĀ Ā», sont quelques uns des nombreux messages qui pleuvaient de partout les jours suivants.

Quel avenir pour la Syrie ?

Bolivie: la Casa de los NiƱos

Cochabamba, Bolivie: lĆ  où la population est constituĆ©e Ć  50% d’enfants et d’adolescents, pour la plupart abandonnĆ©s par leurs parents, l’Association de bĆ©nĆ©voles ā€œCasa de los NiƱosā€ (Maison des Enfants) est active depuis quelques annĆ©es.

“Nous sommes le fruit de la rencontre avec le visage de JĆ©sus, qui s’est fait concret dans les personnes qui ont croisĆ© notre chemin – nous Ć©crivent les responsables du projet –, poussĆ©s par les rĆŖves d’espĆ©rance et de bien pour les personnes qui vivent des situations de graves douleurs ou de marginalisation, spĆ©cialement les enfants.”

Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, a exprimĆ© un jour le dĆ©sir que l’on puisse fermer les orphelinats, espĆ©rant que chacun des petits pensionnaires puisse jouir de la chaleur et de l’amour d’une famille. “Suivant ce rĆŖve de Chiara Lubich – racontent-ils – nous mettons tout en œuvre, où cela est possible, pour recomposer, hĆ©berger temporairement et soutenir les familles ou les proches d’enfants en dĆ©tresse. Avec l’aide de beaucoup, nous avons rĆ©ussi, ces six derniĆØres annĆ©es, Ć  rĆ©unir presque une centaine de familles, leur offrant un logement digne.”

L’histoire de M.R., Ć  qui avait Ć©tĆ© diagnostiquĆ© le virus du VIH huit ans auparavant, en est un exemple. Lorsque les employĆ©s de l’Association l’ont rencontrĆ©e, elle ne parlait pas et ne marchait pas. RenvoyĆ©e du service de thĆ©rapie intensive où elle avait Ć©tĆ© hospitalisĆ©e pour une infection, elle a Ć©tĆ© accueillie Ć  la Casa de los NiƱos. “M.R. aura 10 ans dans quelques mois – racontent-ils avec joie. Entretemps, sa maman, expulsĆ©e de sa maison parce qu’elle Ć©tait tenue pour responsable de la situation, a Ć©tĆ© Ć  son tour hĆ©bergĆ©e par la structure, et un petit noyau familial s’est ainsi recomposĆ©.”

“Notre Centre – poursuivent-ils – est maintenant un point de repĆØre de toutes les institutions publiques de la ville pour les personnes qui vivent avec le virus du VIH. 20% des familles de Cochabamba atteintes vivent ici avec nous. Aussi 30% des enfants sĆ©ropositifs de la ville sont hĆ©bergĆ©s dans notre “Petite ville Arc-en-ciel”, où ils vivent avec 200 autres enfants ayant des histoires diffĆ©rentes derriĆØre eux.

L’action concrĆØte, mais fondamentale et nĆ©cessaire, ne peut toutefois pas ĆŖtre sĆ©parĆ©e de ce qui donne sens et valeur Ć  chaque geste: “L’art de la rencontre a marquĆ© notre vie – racontent les employĆ©s – et ce que nous voyons fleurir autour de nous est le fruit du rapport avec des personnes extraordinaires, avec lesquelles nous partageons la vie et les dĆ©sirs les plus profonds. Cela nous permet d’embrasser la douleur innocente, celle des enfants qui souffrent de la plus absurde des injustices, d’une vie qu’ils n’ont pas choisie et qui les oblige Ć  lutter Ć  contre-courant dĆØs les premiers instants. Nous sommes ici avec eux, avec la tĆ©nacitĆ© des misĆ©reux et la foi des faibles. Nous croyons ingĆ©nument que, malgrĆ© les tracas quotidiens, le bien triomphe toujours.”

Quel avenir pour la Syrie ?

L’aventure de l’unitĆ© : les dĆ©buts/3

Suite de L’aventure de l’unité : les dĆ©buts/2

Les jeunes filles qui y habitent, mais Ć©galement les personnes qui gravitent autour, constatent durant ces mois un bond de qualitĆ© dans leur vie. Elles ont l’impression que JĆ©sus rĆ©alise entre elles sa promesseĀ : « LĆ  où deux ou trois se trouvent rĆ©unis en mon nom, je suis au milieu d’euxĀ Ā» (Mt 18,20). Elles ne veulent plus le perdre et mettent tout en acte pour Ć©viter que sa prĆ©sence ne disparaisse par leur faute. « Plus tard, beaucoup plus tard, on comprendra – prĆ©cisera Chiara – VoilĆ  une reproduction, en germe et sui generis, de la maison de NazarethĀ : une vie en commun de vierges (et bien vite aussi de mariĆ©s) avec JĆ©sus au milieu d’ellesĀ Ā». VoilĆ  le « focolareĀ Ā» (le foyer, l’âtre), ce lieu où le feu de l’amour rĆ©chauffe les cœurs et comble les esprits. « Mais pour l’avoir avec nous – explique Chiara Ć  ses compagnes – il faut ĆŖtre prĆŖtes Ć  donner notre vie l’une pour l’autre. JĆ©sus est spirituellement et pleinement prĆ©sent parmi nous si nous sommes unies de cette maniĆØre. Lui qui a ditĀ : ā€œQu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croieā€ (Jn 17,21)Ā Ā».

En effet,Ā autour de Chiara et des jeunes filles du focolare arrive une sĆ©rie impressionnante d’adhĆ©sions au projet d’unitĆ©, qui apparaĆ®t nouveau, bien qu’à peine Ć©bauchĆ©. On assiste aux conversions les plus variĆ©es. Des vocations en pĆ©ril sont sauvĆ©es et de nouvelles apparaissent. Bien vite en effet, on pourrait dire presque immĆ©diatement, ce sont aussi des garƧons et des adultes qui commencent Ć  suivre les filles du focolare. De cette pĆ©riode on se souvient en particulier des rĆ©unions intenses du samedi aprĆØs-midi, Ć  15 heures, dans la salle Massaia bondĆ©e. Chiara y raconte des expĆ©riences de l’Évangile vĆ©cu et annonce les premiĆØres dĆ©couvertes de ce qui deviendra par la suite la « spiritualitĆ© de l’unité ». La ferveur croĆ®t sans mesure Ć  tel point que, dĆØs 1945, environ 500 personnes, de tous Ć¢ges, hommes et femmes, de toutes vocations, tous milieux sociaux, dĆ©sirent partager l’idĆ©al des jeunes filles du focolare. Tout entre eux est mis en commun, comme dans les premiĆØres communautĆ©s chrĆ©tiennes.

Dans l’Évangile, on lit cette phraseĀ : « Donnez et on vous donneraĀ Ā» (Lc 6,38). Des paroles qui se transforment en expĆ©rience quotidienne. Ils donnent, ils donnent toujours, les jeunes filles et leurs amis, ils donnent encore et reƧoivent, reƧoivent toujours, reƧoivent encore. Il ne reste Ć  la maison qu’un seul œuf pour elles toutesĀ ? Elles l’offrent Ć  un pauvre qui a frappĆ© Ć  la porte. Dans la mĆŖme matinĆ©e, quelqu’un laisse sur le seuil de la porte un sachet… rempli d’œufsĀ ! Il est aussi Ć©critĀ : « Demandez, on vous donneraĀ Ā» (Lc 11,9). Elles demandent ainsi toute chose pour les nombreuses nĆ©cessitĆ©s, moins les leurs que celles de leur prochain dans le besoin. Et en pleine guerre arrivent des sacs de farine, des boites de lait, des pots de confiture, des fagots de bois, des vĆŖtements. Au focolare, il n’est pas rare qu’avec une belle nappe et les Ć©gards que l’on doit aux hĆ“tes de marque, soient assis Ć  table une focolarine et un pauvre, une focolarine et un pauvre…

En 1945, le jour de la fĆŖte du Christ Roi de l’univers, Chiara et ses compagnes se retrouvent autour de l’autel aprĆØs la messe. Elles s’adressent Ć  JĆ©sus avec la simplicitĆ© de ceux qui ont compris ce que veut dire ĆŖtre fils. Et elles le prientĀ : « Toi, tu sais comment peut se rĆ©aliser l’unitĆ©, l’ut omnes unum sint (que tous soient un). Nous voici. Si tu le veux, sers-toi de nousĀ Ā». La liturgie du jour les fascineĀ : « Demande-moi, dit le psaume 2, et je te donne les nations comme patrimoine, en propriĆ©tĆ© les extrĆ©mitĆ©s de la terreĀ Ā» (Ps 2,8). Ainsi, dans leur simplicitĆ© toute Ć©vangĆ©lique, elles ne demandent rien moins que « les extrĆ©mitĆ©s de la terre » : pour elles Dieu est tout puissant. Le comportement des jeunes filles de la « maisonnetteĀ Ā» est stupĆ©fiant pour ceux qui les rencontrent.

Tout cela ne pouvait laisser indiffĆ©rente ni la population de la ville, qui comptait alors quelques dizaines de milliers d’habitants, ni l’Église du lieu. Mgr De Ferrari comprit Chiara et son aventure nouvelle et la bĆ©nit. Jusqu’à sa mort, son approbation et sa bĆ©nĆ©diction accompagneront le Mouvement. A partir de ce moment, presque imperceptiblement, le Mouvement franchit les frontiĆØres de la rĆ©gion, invitĆ© Ć  Milan, Ć  Rome, en Sicile. Et partout fleurissent des communautĆ©s chrĆ©tiennes du mĆŖme type que celle de Trente.