Mouvement des Focolari
Jeunes  en Argentine: ā€œOn brise les schĆ©mas!ā€

Jeunes en Argentine: ā€œOn brise les schĆ©mas!ā€

Ā La grande salle de la ville pilote argentine de O’Higgins transformĆ©e en milieu qui faisait penser Ć  un cirque: les personnages, par leur numĆ©ros, la chorĆ©graphie et les projections visuelles accompagnĆ©es de thĆØmes musicaux, ont montrĆ© la rĆ©alitĆ© complexe que la sociĆ©tĆ© d’aujourd’hui affronte.Ā  Un programme sans pose, qui Ć  travers l’art voulait transmettre un message profond et incisif.

Lequel? Viser haut, comme cela a Ć©tĆ© proposĆ© dans la chanson qui reflĆ©tait le thĆØme de la fĆŖte, Ć  avoir confiance dans la force du travail fait ensemble avec l’apport de chacun, Ć  croire que l’on peut rompre les barriĆØres de l’individualisme pour rĆ©ussir Ć  transformer la sociĆ©tĆ©, dans les divers milieux dans lesquels se dĆ©roule jour aprĆØs jour la vie des jeunes, Ć  lutter pour une ā€œculture du donā€ basĆ©e sur le service dĆ©sintĆ©ressĆ©, pour une culture de la fraternitĆ© et du pardon qui brise les schĆ©mas d’une humanitĆ© fossilisĆ©e et frivole qui souffre, Ć  croire que les grands idĆ©aux ne sont pas une utopie, mais une rĆ©alitĆ© que l’on peut rĆ©aliser en faisant, dans les gestes quotidiens, une vĆ©ritable rĆ©volution d’amour.

Au cœur de la prĆ©paration de l’évĆ©nement: les 80 jeunes prĆ©sents cette annĆ©e Ć  la mariapoli Lia. Le point de dĆ©part pour eux Ć©tait de se demander quel message donner aux nombreux jeunes qui arrivent chaque annĆ©e justement pour cette fĆŖte. La proposition a Ć©tĆ© celle de ā€œmontrer Ć  tout le monde comment pourrait ĆŖtre la sociĆ©tĆ© si l’amour rĆ©ciproque Ć©tait la loi fondamentale de notre agirā€. ƀ la fin d’une rĆ©flexion critique sur la sociĆ©tĆ© contemporaine ils ont dĆ©masquĆ© un de ses maux les plus rĆ©pandus: l’individualisme.

De lĆ  le choix d’un slogan qui les aide Ć  dĆ©velopper l’initiative proposĆ©e, avec l’idĆ©e de risquer la vie pour de grands idĆ©aux: ā€œTu es capable de grandes choses… brisons les schĆ©mas!ā€. Un slogan qui fait Ć©cho Ć  l’invitation du Pape FranƧois Ć  Rio de Janeiro justement aux jeunes argentins: ā€œHagan lioā€, faites du bruit.

Ainsi, avec une centaine de jeunes venant non seulement d’Argentine et de ses provinces plus lointaines, mais aussi de l’Uruguay et du Paraguay, le riche programme des deux journĆ©es a ouvert l’espace Ć  la participation par diffĆ©rents workshops, visite de la ville pilote, un rĆ©cital pour la paix avec divers groupes musicaux invitĆ©s et l’orchestre deĀ  la mariapoli Lia. Le travail ensemble a menĆ© Ć  chercher des solutions aux problĆ©matiques posĆ©es dans le dĆ©fi initial.

Et puis on repart, mais avec le dĆ©sir de mettre en pratique dans la vie quotidienne le fait de sortir de l’individualisme, une rĆ©ponse aux paroles de FranƧois: ā€œJe veux que vous vous fassiez entendre…, je veux qu’on sorte dehors, je veux que l’Eglise sorte dans les rues, je veux que nous nous dĆ©fendions de tout ce qui est mondanitĆ©, immobilisme, de ce qui nous est commode, de ce qui est clĆ©ricalisme, de tout ce qui est ĆŖtre renfermĆ© sur nous-mĆŖmes. Les paroisses, les Ć©coles, les institutions sont faites pour sortir dehors…ā€.

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A Padoue, crĆØche ā€œChiara Lubichā€

Samedi 12 octobre la crĆØche ā€œChiara Lubichā€ a Ć©tĆ© inaugurĆ©e Ć  Padoue (Italie). Une grande fĆŖte qui a mis Ć  contribution la communautĆ© du quartier Altichiero toute entiĆØre, elle se trouve Ć  quelques minutes du centre historique de Padoue. Plus de trois centsĀ  personnes on voulu ĆŖtre prĆ©sentes Ć  la cĆ©rĆ©monie de la coupure du ruban pour connaĆ®tre cette nouvelle rĆ©alitĆ© Ć©ducative.

ā€œNous voulons continuer Ć  former et faire grandir les jeunes gĆ©nĆ©rations – a soulignĆ© le maire adjoint de Padoue, Ivo Rossi -. Aujourd’hui il y a grand besoin d’être prĆ©sents dans chaque quartier de la ville par des responsables de la communication et de la relation. Nous vivons un moment Ć©conomique difficile que nous touchons du doigt en tant qu’administrateurs, mais Ć  l’intĆ©rieur de ces difficultĆ©s il est de notre devoir de continuer Ć  crĆ©er les conditions qui rendent nos enfants libresā€.

Une ville unie dans le souvenir de Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari qui a dĆ©jĆ  reƧu le prix Unesco pour l’éducation Ć  laĀ  paix et aux droits de l’homme. ā€œDes jeunes honnĆŖtes, crĆ©dibles et authentiques peuvent et doivent ĆŖtre en mesure de changer le mondeā€ a prĆ©cisĆ© l’adjoint dĆ©lĆ©guĆ© aux politiques scolaires et des jeunes de la commune de Padoue, Claudio Piron, dĆ©fenseur de l’initiative. Parmi les hĆ“tes se trouvait aussi Omar Ettahiri, secrĆ©taire de l’association marocaine de la ville de Padoue qui a voulu mettre au centre de sa pensĆ©e le charisme de la Lubich en tant que maĆ®tresse du dialogue interreligieux et femme de paix qui ā€œau ciel sera surement en train de sourireā€, a-t-il affirmĆ©.

Une occasion de rappeler aussi le profile Ć©ducatif et scolastique de la fondatrice des Focolari qui, au dĆ©but des annĆ©es quarante, Ć  un peu plus de vingt ans, enseignait au milieu desĀ  bancs de l’école Ć©lĆ©mentaire de la province de Trente utilisant un modĆØle didactique ā€œcapable de comprendre, d’inclure et de motiver ses Ć©lĆØvesā€. ā€œUne vie, celle de Chiara Lubich – a soulignĆ© le professeur Milan, titulaire de pĆ©dagogie Ć  l’universitĆ© de Padoue – (…) capable de donner un exempleā€.

En conclusion de la cĆ©rĆ©monie, c’est encore le directeur adjoint Piron, qui a repris pour son compte les paroles de l’écrivain franƧais Marguerite Yourcenar, et soulignĆ© l’importance et la valeur du projet pour toute la communautĆ© parce que ā€œFonder des bibliothĆØques et des crĆØches c’est comme construire encore des greniers publics, entasser des rĆ©serves contre l’hiver de l’espritā€.

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BrƩsil:Une Rencontre des Organisations Sociales des Focolari

35 organisations se rĆ©unissent, du 21 au 24 octobre 2013 dans la ville pilote Ginetta de SĆ£o Paulo (BrĆ©sil), venues au jour en Argentine, Bolivie, BrĆ©sil, Chili, Colombie, Cuba, El Salvador, Ɖquateur, Guatemala, Mexique, Paraguay et Uruguay.

PremiĆØre rencontre latino-amĆ©ricaine des responsables d’organisations sociales qui s’inspirent du charismeĀ  de l’unitĆ© de Chiara Lubich. ā€œFraternitĆ© en actes: fondement de la cohĆ©sion sociale au XXI° siĆØcleā€: ThĆØme de la rencontre.

ā€œLe but  – dĆ©clare un des organisateurs de l’initiative, Gilvan David de Sousa – est d’identifier les principaux Ć©lĆ©ments de l’apport du charisme de l’unitĆ© pour une transformation sociale, afin d’offrir des rĆ©ponses aux grandes interrogations de notre continentā€.

A un moment où la crise mondiale actuelle impose la recherche de nouvelles voies pour un dĆ©veloppement humain intĆ©gral, pour Sousa ā€œla rencontre devrait marquer une nouvelle Ć©tape dans le processus en cours vers la crĆ©ation d’une toile entre les diverses organisations, dans le but de favoriser un enrichissement rĆ©ciproque avec Ć©change d’idĆ©es, d’expĆ©riences, difficultĆ©s et provoquer un plus grand impact socialā€.

Le thĆØme de la fraternitĆ© sera approfondi, accompagnĆ© d’échanges d’expĆ©riences et de rapports, dans les travaux de groupe et au cours de quatre sĆ©ances plĆ©niĆØres: ā€œLa question sociale Ć  la lumiĆØre de la Doctrine sociale de l’Egliseā€; ā€œLe charisme de l’unitĆ© et la question sociale en AmĆ©rique Latine et CaraĆÆbesā€; ā€œLe charisme de l’unitĆ© et son actuation dans les organisations en AmĆ©rique Latine et CaraĆÆbesā€; ā€œComment les projets sociaux qui s’inspirent du charisme de l’unitĆ© peuvent cheminer ensemble dans le continent latino amĆ©ricainā€.

Parmi les rapporteurs don Vilson Groh, depuis 30 ans engagé dans la périphérie de Florianópolis, Brésil, où il travaille au profit des personnes destituées de leurs droits (reconnu au Brésil par le Prix parlementaire Darcy Ribeiro 2013); la sociologue Vera Araújo,  coresponsable du mouvement des Focolari au niveau international pour le Dialogue avec la Culture; Susane Nuin, Secrétaire exécutive du Département des Communications du CELAM et conseillée au décastère du Vatican pour la communication sociale.

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RĆ©ouverture du Centre de SpiritualitĆ© “Vinea Mea”

SituĆ© dans la citĆ©-pilote internationale de Loppiano (prĆØs de Florence), le Centre de SpiritualitĆ© Vinea Mea est une Ć©cole de communion et de dialogue qui, en plus de 30 ans d’activitĆ©, a formĆ© plus de 4000 prĆŖtres, diacres et sĆ©minaristes, catholiques et d’Églises diffĆ©rentes, d’une soixantaine de pays.

Vinea Mea – explique don Imre Kiss, responsable du Centre – offre une formation permanente Ć  la lumiĆØre de la spiritualitĆ© de communion du Mouvement des Focolari. L’école, d’une durĆ©e d’un an, prĆ©voit des cours de spiritualitĆ©, thĆ©ologie, anthropologie, ecclĆ©siologie, en plus de laboratoires sur des thĆ©matiques d’actualitĆ© (jeunes, famille, communication, dialogue avec cultures et religions). ƀ travers le partage de la vie en petites communautĆ©s, elle vise Ć  rĆ©pondre Ć  l’exigence exprimĆ©e par de nombreux prĆŖtres d’expĆ©rimenter concrĆØtement une spiritualitĆ© fondĆ©e sur la communion, pour ensuite la transmettre aux hommes et aux femmes de notre Ć©poque.”

Le Centre œuvre en synergie avec des structures similaires dans d’autres citĆ©-pilotes des Focolari: en Pologne, au Kenya, au BrĆ©sil, aux Philippines, en Argentine. Depuis cinq ans, elle dispense, en outre, des cours et des ateliers annuels qui s’adressent Ć  des Ć©ducateurs dans les sĆ©minaires pour soutenir et diffuser un style de vie sacerdotal fondĆ© sur la communion.

L’école est centrĆ©e sur la formation Ć  la spiritualitĆ© de communion, mise en Ć©vidence par le Concile VaticanĀ II, pour ĆŖtre “des ministres capables de rĆ©chauffer le cœur des gens, de marcher dans la nuit avec eux, de dialoguer avec leurs illusions et leurs dĆ©sillusions, de recomposer ce qui a Ć©tĆ© dĆ©truit en eux” (le pape FranƧois aux Ć©vĆŖques du BrĆ©sil, 27 juillet 2013). Cette formation unifiĆ©e pour prĆŖtres et sĆ©minaristes met au centre la fraternitĆ© vĆ©cue dans l’Église et entre les personnes.

Ce sont quelques-unes des thĆ©matiques du congrĆØs du 22 octobre, qui inaugure le cours 2013-2014 du Centre, dans l’ancien couvent franciscain du XVIĆØme siĆØcle qui l’hĆ©berge, rĆ©cemment restaurĆ© et restructurĆ© par le Centre Ave Arte, pour mieux accueillir l’expĆ©rience de vie communautaire.

Au congrès interviendront, entre autres, Maria Voce, présidente des Focolari, Mgr Mario Meini, évêque de Fiesole, et don Imre Kiss, responsable du Centre.

Un direct streaming est prƩvu de 16h Ơ 19h (heure italienne).

Pour plus d’informations: accoglienza.vineamea@gmail.com

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L’euthanasie en question, une expĆ©rience de l’Australie

“Durant les 25 derniĆØres annĆ©es, j’ai eu l’occasion de rendre visite Ć  de nombreux malades, spĆ©cialement les malades en phase terminale, dans ma communautĆ© paroissiale. Je peux dire que j’ai vĆ©cu de nombreuses expĆ©riences fortes en Ć©tant prĆØs d’eux. Un aprĆØs-midi, tard, je reƧois un email d’une ex-collĆØgue. C’était comme un coup de tonnerre. Elle disait: “J’imagine que personne ne t’a jamais demandĆ© une telle chose. Je n’ai pas le droit de te le demander, mais j’interroge ma conscience et j’ai besoin d’aide pour trouver la rĆ©ponse. Une personne m’a demandĆ© de l’accompagner en Suisse pour l’aider Ć  mourir. Tu le sais peut-ĆŖtre, l’euthanasie est lĆ©gale dans ce pays. Sa vie est devenue insupportable en raison de la maladie. Elle n’a pas de convictions religieuses et il n’y a pas d’espoir pour elle de revivre une vie normale. Personnellement, je n’ai pas non plus de foi religieuse, mais j’apprĆ©cierais beaucoup une rĆ©ponse sincĆØre de ta part. Il s’agit d’un membre de ma famille”. J’ai lu et relu ce message quatre ou cinq fois, avant de commencer Ć  penser Ć  la rĆ©ponse Ć  donner. Comment rĆ©pondre Ć  cet appel Ć  l’aide plein de douleur? La pensĆ©e du jour, que je vivais avec mes amis du Focolare, m’est venue Ć  l’esprit: “Être libre de tout pour ĆŖtre la volontĆ© de Dieu vivant”. Mais comment la rĆ©aliser? J’ai essayĆ© de vivre le moment prĆ©sent, en mettant de cĆ“tĆ© tout le reste et en prenant sur moi les poids de qui m’avait demandĆ© de l’aide. J’ai priĆ© Dieu en demandant le courage de dire avec sincĆ©ritĆ© ce que je ressentais dans mon cœur, sans peur. Je lui ai rĆ©pondu en partageant certaines de mes rĆ©flexions, ainsi que les expĆ©riences vĆ©cues au fil des ans en assistant les malades en phase terminale, ce que j’avais expĆ©rimentĆ© en Ć©tant prĆØs d’eux et de leur famille: souffrances, joies, triomphes. J’ai dit que, personnellement, je n’aurais pas choisi la route que son parent voulait suivre, en donnant les raisons les plus profondes dans mon cœur. Ensuite, je lui ai expliquĆ© qu’il existe d’excellents centres de soins palliatifs, en indiquant les coordonnĆ©es des centres les plus proches. Mon amie, toujours trĆØs reconnaissante de l’aide reƧue, me raconte que son parent avait consultĆ© les contacts que j’avais fournis et avait dĆ©cidĆ© de ne pas aller en Suisse, choisissant l’option des soins palliatifs. Depuis lors, il a vĆ©cu encore deux ans, durant lesquels il a pu reconstruire de nombreuses relations dans sa famille.” R.L. (Australie)

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Cameroun: risquer pour le bien commun

Patience MollĆØ LobĆØ (Cameroun), 56 ans, veuve, ingĆ©nieure, est la premiĆØre femme Ć  assumer la charge de vice-directrice au MinistĆØre des Travaux publics dans son pays. Une histoire caractĆ©risĆ©e par l’engagement pour son peuple Ć  partir d’une profonde vie Ć©vangĆ©lique. Ce choix l’a poussĆ©e Ć  crĆ©er une fondation pour aider les jeunes filles en difficultĆ©, Ć  promouvoir des initiatives dans le cadre de l’Économie de Communion et Ć  aider ses concitoyens Ć  avoir une conscience civique active en faveur du progrĆØs de son pays. Un choix de vie qui lui a aussi apportĆ© des ennuis. Plusieurs fois menacĆ©e de mort, elle n’abandonne toutefois pas.

“J’ai connu l’idĆ©al de l’unitĆ© en 1977 – raconte-t-elle – alors que j’Ć©tais au lycĆ©e. J’étais habituĆ©e aux catĆ©chistes religieux, mais une femme simple s’est prĆ©sentĆ©e, dont le comportement m’a immĆ©diatement attirĆ©e: c’Ć©tait une focolarine. J’ai voulu plus connaĆ®tre sa vie et j’ai ainsi Ć©tĆ© accueillie dans leur maison, le focolare. Je suis sortie de cette rencontre avec une idĆ©e en tĆŖte: l’importance d’aimer, de servir les autres. Mon premier geste a Ć©tĆ© de prĆ©parer le repas pour ma tante, mĆŖme si je n’aime pas cuisiner.”

AprĆØs son adolescence vĆ©cue intensĆ©ment avec les gen filles de sa ville, elle dĆ©cide de passer une annĆ©e et demie dans la citĆ©-pilote des Focolari Ć  Fontem (Cameroun), “parce que je ressentais – explique-t-elle – qu’avant l’UniversitĆ© je devais vivre une expĆ©rience spirituelle profonde qui m’aide Ć  poser des bases solides Ć  ma vie”.

Elle est l’unique femme Ć  l’école d’ingĆ©nieurs. “Durant ma derniĆØre annĆ©e d’étude – continue Patience – je me suis fiancĆ©e avec un jeune de ma rĆ©gion et nous nous sommes mariĆ©s l’annĆ©e suivante. Dieu ne nous a pas donnĆ© d’enfants, mais nous ne l’avons pas vĆ©cu comme un manque, parce que nous nous sommes engagĆ©s sur de nombreux fronts au service de la communautĆ©: comme une activitĆ© dans le cadre de l’ÉdeC et une fondation pour les jeunes filles en difficultĆ©. Subitement, mon mari, sportif et bien portant, prĆ©sente des problĆØmes Ć  l’estomac et, aprĆØs quelques mois, il meurt Ć  seulement 55 ans.”

DĆ©sormais veuve, elle exĆ©cute son rĆ“le de chef de service pour le compte du MinistĆØre des Travaux publics, alors que le Gouverneur la veut au SecrĆ©tariat de la Commission pour les affaires publiques. “Cependant, j’ai vu qu’aprĆØs quelques annĆ©es la corruption s’était infiltrĆ©e – raconte-t-elle – c’est pourquoi j’ai prĆ©sentĆ© ma dĆ©mission. Mais, contre toute attente, je suis promue sous-directrice. J’essaye d’effectuer ce nouveau service fidĆØle Ć  mes principes chrĆ©tiens – continue Patience – mĆŖme si ce n’est pas facile.”

“Une annĆ©e aprĆØs, en 2007, je suis promue vice-directrice du MinistĆØre des Travaux publics dans la rĆ©gion la plus riche. C’est la premiĆØre fois qu’une femme assume une telle fonction. Cependant, les menaces commencent bientĆ“t. Quelques collĆØgues ont les mains liĆ©es, ils ne peuvent plus faire comme avant… Ils essayent de me faire Ć©chouer, me prĆ©sentent des travaux avec des bilans erronĆ©s. Je suis contrainte de revoir Ć  fond chaque adjudication avant de signer la concession. Je reƧois quelques appels anonymes. Un jour, cinq personnes essayent mĆŖme d’entrer chez moi, Ć  15Ā km de Douala, alors que je suis en ville. Le gardien rĆ©ussit Ć  les arrĆŖter. Je vois des personnes qui rĆ“dent prĆØs de chez moi, je porte plainte Ć  la police. Ils me disent de les avertir de chacun de mes dĆ©placements. La vie devient impossible.”

Entretemps, le ministre, voyant comment Patience rĆ©ussit Ć  travailler en rassemblant tout le monde, veut l’amener au MinistĆØre. Elle est fatiguĆ©e de lutter, mais “j’ai compris que je devais encore ā€˜donner la vie pour mon peuple’ – confesse-t-elle. J’ai acceptĆ© le rĆ“le de directrice pour apporter l’esprit Ć©vangĆ©lique dans ce domaine si difficile, me maintenant ferme contre l’illĆ©galitĆ©. Je suis allĆ©e de l’avant, parce que je n’avais aucun intĆ©rĆŖt personnel, c’était ma contribution au bien du pays. Maintenant, mĆŖme en Ć©tant officiellement Ć  la retraite, je prĆ©side une commission des affaires publiques. J’ai Ć©valuĆ© des centaines de cas, Ć©vitant que de l’argent soit pris de faƧon illĆ©gale”.

“RĆ©cemment – continue-t-elle – on m’a demandĆ© de poser ma candidature comme dĆ©putĆ©e.” Cependant, les menaces deviennent plus prĆ©sentes. “Le jour suivant les nominations des listes de mon parti, durant la nuit, je me rĆ©veille une arme pointĆ©e sur moi…” Bien que sa liste soit retenue comme la meilleure, une autre a Ć©tĆ© choisie sans explication. “Je me suis quand mĆŖme dĆ©placĆ©e pour convaincre tout le monde qu’il est important d’aller voter, maison aprĆØs maison, crĆ©ant un beau climat de famille dans ma maison qui, entretemps, Ć©tait devenue le quartier gĆ©nĆ©ral de la campagne. Le jour du vote, une autre menace: cinq militaires armĆ©s arrivent chez moi, me cherchent… mais ne me trouvent pas. En fait, j’avais Ć©tĆ© prĆ©venue par les autoritĆ©s.”

Les rĆ©sultats des Ć©lections arriveront d’ici quelques jours. Il est probable que son parti gagne, mais Patience affirme qu’elle a dĆ©jĆ  atteint son objectif: travailler pour le bien du pays, au-delĆ  des rĆ©sultats, en surmontant les craintes et les menaces avec la force de l’Évangile.

Propos recueillis le 12 octobre 2013, au Centre international des Volontaires – Mouvement des Focolari, Ć  Grottaferrata (Rome).

Jeunes  en Argentine: ā€œOn brise les schĆ©mas!ā€

Le monde de l’édition rĆ©compense New City Philippines et Living City

On se rappellera Ā 2013 comme une annĆ©e positive pour les maisons d’édition en langue anglaise des Focolari. A New City Philippines, de fait,Ā  la mention spĆ©ciale ā€œpour le dialogue interreligieuxā€ a Ć©tĆ© confĆ©rĆ©e par l’Organisation Internationale ChrĆ©tienne des MĆ©dias (ICOM), dont le siĆØge est Ć  GenĆØve, en Suisse.Ā  A Living City, revue de l’AmĆ©rique du Nord, sousĀ  laĀ  griffe de Sarah Mundell, une mention d’honneur a Ć©tĆ© discernĆ©e dans la catĆ©gorie ā€œmeilleure couverture sur les Vocations au sacerdoce, Ć  la vie consacrĆ©e et au Diaconatā€. C’est l’Association de la presse catholique (CPA) du Canada et d’AmĆ©rique du Nord qui a confĆ©rĆ© ce prix.

Depuis les vocations de l’Eglise catholique, donc, jusqu’à la grande frontiĆØre du dialogue interreligieux. En particulier un article et deux numĆ©ros de la revue ont eu un succĆØs majeur. Pour l’édition amĆ©ricaine il s’agit de celui de Sarah Mundell au titre ā€œUn sĆ©minariste aux chaussures tip tapā€ (voir l’article original en anglais): Une grande expressivitĆ© et une histoire inhabituelle et fascinante soutiennent la narrationā€, a dĆ©clarĆ© la CPA en prĆ©sentant le prix.

Pour l’édition philippine on touche le thĆØme du parcours fragile de la paix dans le sud des Philippines Ć  Mindanao (N°  1/2013) et de l’éducation vers une culture du dialogue (N° 6/2012). Le prix – confĆ©rĆ© Ć  l’occasion du congrĆØs mondial de l’ICOM Ć  Panama City du 28 septembre au 5 octobre – reconnaĆ®t de fait Ć  New City philippines, l’engagement Ć  amortir les tensions dues aux conflits culturels et religieux, en racontant des faits de vie où l’on respire rĆ©ciprocitĆ©, respect, solidaritĆ©.

L’évĆ©nement panamĆ©en a rassemblĆ© des journalistes et des opĆ©rateurs de diverses parties du monde, qui ont eu la possibilitĆ© de s’immerger dans les problĆ©matiques du continent amĆ©ricain. Dans ce contexteĀ  s’est dĆ©roulĆ©e la remise du prixĀ  des International Journalism Awards, le 4 octobreĀ  auprĆØs du siĆØge de l’UniversitĆ©.

Jose Aranas, rĆ©dacteur en chef Ā du journal philippin liĆ© au mouvement des Focolari, en recevant la rĆ©compense, a mis en Ć©vidence le contexte religieux et culturel de son pays, unique nation en Asie Ć  majoritĆ© chrĆ©tienne. Il a soulignĆ© que les articles qui ont permis l’attribution de ce prix sont surtout des expĆ©riences vĆ©cues par les membres des Focolari, appartenant Ć  diffĆ©rentes religions, dans lesquels est mis en relief l’effort de vivre la rĆØgle d’or de l’évangile, comme on dit, prĆ©sente aussi dans d’autres textes sacrĆ©s: ā€œTout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le leur vous aussiā€ (Mt 7,12).

Les infinies nuances de l’amour

La Parole de Vie d’octobre nous encourage Ć  “ĆŖtre les premiers Ć  aimer chaque personne que nous rencontrons, Ć  laquelle nous tĆ©lĆ©phonons ou Ć©crivons, ou avec laquelle nous vivons. Que notre amour soit concret, qu’il sache comprendre et prĆ©venir, qu’il soit patient, confiant, persĆ©vĆ©rant, gĆ©nĆ©reux”. Les expĆ©riences de vie vĆ©cue qui suivent mettent en Ć©vidence la rĆ©ciprocitĆ© qui peut en jaillir.

Se rĆ©veiller la nuit – “Je travaille dans une Ć©cole, alors que ma femme Betty reste Ć  la maison tout le temps avec les enfants. La nuit, ils se rĆ©veillent souvent et commencent Ć  pleurer. C’est un poids pour moi. J’essaye de me rĆ©fugier sous les couvertures, je me couvre aussi la tĆŖte pour ne pas entendre le bruit, en me rĆ©pĆ©tant que ma femme peut se dĆ©brouiller toute seule. En considĆ©rant que Betty continuait Ć  se lever et Ć  prendre soin des petits, et rĆ©flĆ©chissant Ć  l’amour du prochain, je me suis cependant rendu compte, une nuit, que mon prochain immĆ©diat est ma femme et mes enfants. Jusqu’à ce moment-lĆ , mon amour avait Ć©tĆ© partiel: j’aimais seulement lorsqu’il n’y avait pas de difficultĆ©s. Alors j’ai dĆ©cidĆ© de commencer immĆ©diatement. Et cette mĆŖme nuit, lorsque les enfants se sont Ć  nouveau rĆ©veillĆ©s, je suis allĆ© les aider Ć  se rendormir. C’était difficile, mais j’ai rĆ©ussi. Je l’ai fait pendant quelque temps, jusqu’à ce que les petits arrĆŖtent de pleurer la nuit.” B. – Ouganda

RĆ©fugiĆ©s – “Je suis une musulmane qui a fui la Bosnie, où j’ai laissĆ© mon mari, catholique. Deux cousines, dont une qui Ć©tait enceinte, avaient dĆ©jĆ  fui Ć  Split et elles m’ont demandĆ© de les aider. C’est pour cela que je suis en Dalmatie. J’ai essayĆ© de tout faire pour rĆ©soudre cette situation. Un jour, une autre femme, Ć¢gĆ©e et malade, est arrivĆ©e dans ce petit appartement. Les forces m’ont manquĆ©; je pensais Ć  mon mari, Ć  ma famille Ć  Tuzla… Lorsque je ne voyais plus de porte de sortie, la femme qui nous avait accueillies dans sa maison m’a invitĆ©e Ć  une rencontre durant laquelle j’ai entendu parler de l’Évangile pour la premiĆØre fois. J’ai compris qu’en aimant les autres, je peux changer moi-mĆŖme et les situations autour de moi. J’ai ainsi commencĆ© Ć  chercher aussi les autres rĆ©fugiĆ©s dans la ville. Un groupe qui grandissait toujours plus est nĆ©. Ensemble, nous nous aidions pour trouver des mĆ©dicaments, envoyer des lettres Ć  la famille, garder les enfants. Maintenant, nous sommes 87. Nous nous sentons comme une unique vraie famille, mĆŖme si nous sommes de nationalitĆ©s, ethnies et religions diffĆ©rentes.” T. – Bosnie

Une semence d’unitĆ© – “ƀ l’hĆ“pital pour une petite intervention, j’ai lu un livre que ma fiancĆ©e m’avait donnĆ©. C’étaient des faits d’Évangile vĆ©cu, magnifiques, mais je me disais: “Il est impossible de vivre vraiment ainsi”. Ensuite, elle m’a fait connaĆ®tre certaines de ces personnes et, en parlant avec eux, j’ai compris et j’ai vu qu’au contraire c’était possible. ƀ partir de lĆ , une nouvelle voie s’est ouverte pour nous. Nous nous sommes mariĆ©s pour former une famille ouverte aux autres. Avant je n’étais pas religieux, mĆŖme si j’appartiens Ć  l’Église Ć©vangĆ©lique, alors qu’Anna est catholique. CommenƧant Ć  rĆ©flĆ©chir, j’ai compris que, pour aimer mon Ɖglise, je devais essayer d’amener lĆ  mon tĆ©moignage. C’est ce que j’ai fait. J’ai nouĆ© des relations et, maintenant, je fais partie du conseil paroissial. Nous aimerions montrer Ć  nos enfants et Ć  tous, avec notre vie, la beautĆ© du christianisme, Ć©tant une semence d’unitĆ© comme famille.” D.J.K. – Allemagne

Source: L’Évangile du jour, octobre 2013, CittĆ  Nuova Editrice.

Jeunes  en Argentine: ā€œOn brise les schĆ©mas!ā€

J’étais en prison et vous ĆŖtes venus …

J’ai besoin de Dieu. Tu as besoin de Dieu. Tout le monde a besoin de Dieu. Cette pensĆ©e m’a poussĆ© Ć  me poser une question: comment faire pour rencontrer Dieu? Comment faire pour avoir un rapport personnel avec Lui?

En lisant l’évangile et en Ć©coutant certaines personnes qui se sont posĆ© les mĆŖmes questions, j’ai compris qu’il est important de prier et d’aimer le prochain.Ā  Deux choses qui ont rĆ©volutionnĆ© ma vie. Sans la priĆØre et l’amour envers le prochain le ā€œProjet Toujours Personneā€ ne serait de fait pas nĆ©. De quoi s’agit-il? Il y a environ 18 ans un ami m’a demandĆ© un service: ā€œJ’ai reƧu 6 adresses de dĆ©tenus, nous pourrions nous partager: 3 pour toi et 3 pour moi, ainsi on pourrait leur donner un peu de ā€œrĆ©confortā€. J’ai tout de suite acceptĆ© cette proposition parce que je me suis souvenu de la phrase de JĆ©sus: ā€œj’étais en prison et vous ĆŖtes venus me rencontrerā€ (Mt 25,36)

J’ai Ć©crit les lettres et aprĆØs quelques jours l’un d’entre eux, Giorgio, m’a rĆ©pondu: ā€œJe suis vraiment content de faire amitiĆ© avec toi, c’est Dieu qui t’envoie…ā€. Il me demandait entre autre un service: ā€œPourrais-tu te rendre chez ma mĆØre? Elle est malade, fais-lui un gros bisou de ma partā€.

J’y suis allĆ©. On m’avait dit qu’elle habitait au quatriĆØme Ć©tage. Dans l’ascenseur, je me demandais: ā€œqu’est-ce que je vais lui dire? Comment m’accueillera-t-elle?ā€. Mais je m’étais jetĆ© dans cette aventure et je voulais la porter Ć  terme coùte que coĆ»te.

ā€œMadame, je suis un ami de votre fils – lui ai-je dit – nous nous Ć©crivons. Il m’a demandĆ© de vous rendre visite et de vous embrasser de sa partā€. Elle s’est Ć©mue et en pleurant: ā€œMon fils est bon, mon fils est bon; il est un peu vivace – m’a-t-elle dit. Il a aussi fait beaucoup d’erreurs. Les compagnies l’ont amenĆ© Ć  faire des erreurs, mais il n’est pas mĆ©chant! J’ai une tumeur et il ne me reste que peu de temps Ć  vivre. Je vois que vous aimez bien mon fils, soyez proche de lui. Aidez-le, je vous en prie!ā€.

Une semaine avant sa mort, je suis allĆ© lui rendre visite Ć  l’hĆ“pital: il y avait beaucoup de monde Ć  son chevet. ā€œRestez proche de Giorgio, Giorgio, Giorgio!ā€ me dit-elle. Ce sont ses derniĆØres paroles dont je me souvienne.

En allantĀ  voir Giorgio, quelques uns de ses amis m’ont demandĆ© de parler ensemble. Ainsi j’en ai connu beaucoup d’autres dans tous les secteurs de la prison. Beaucoup m’ont parlĆ© de leur famille dispersĆ©es dans les quartiers de Rome et dans les villages autour. Je me suis senti poussĆ© Ć  aller les trouver. J’apportais des vivres aux plus pauvres; des couches et des pots lĆ  où se trouvaient des enfants. Les dĆ©tenus se sont sentis plus sereins, sachant que quelqu’un aidait leur famille, et de leur cĆ“tĆ© les parents se sentaient soulevĆ©s parce que quelqu’un allait rendre visite Ć  leur fils ou leur mari.

Par la suite, Ć  ma grande joie, j’ai reƧu la demande de certains ex dĆ©tenus de vouloir collaborer avec moi. Maintenant nous sommes une trentaine (volontaires et ex dĆ©tenus), qui nous engageons Ć  porter des biens de premiĆØre nĆ©cessitĆ© Ć  170 familles environ, qui habitent dans les quartiers Ć  risque de Rome et des villages alentour.

Nous ne recevons de subvention de personne; tout ce que nous distribuons nous arrive de quelques paroisses de Rome et des alentours, comme fruit des témoignages de vie que nous partageons. Les fond que nous récoltons, nous les transformons en vivres et en biens utiles. Nous constatons continuellement  que Dieu est généreux et nous envoie toujours ce dont nous avons besoin.

Merci de votre écoute! Je suis sûr que si nous prions et servons le prochain, nous rendrons heureux beaucoup de gens, nous serons heureux nous-mêmes et nous changerons le monde qui nous entoure (Alfonso Di Nicola).

Jeunes  en Argentine: ā€œOn brise les schĆ©mas!ā€

Sur les traces de Marie

Ā«Aujourd’hui l’Eglise plus que jamais insiste en nous proposant l’imitation de Marie par l’écoute de la parole de Dieu et en la mettant en pratique en toute situation. L’imitation de Marie se rĆ©sume en cette attitude caractĆ©ristique face Ć  la volontĆ© de Dieu et aux paroles de JĆ©sus: ā€œelle conservait avec soin toutes ces choses, en les mĆ©ditant en son cœurā€ (Lc 2, 19).

Elle faisait du cœur un paradis des choses divines: une chambre du Verbe incarnĆ© et parlĆ©. C’était celle qui, comme elle gardait JĆ©sus en son sein, gardait la sagesse dans le cœur. Elle se fit capable d’accueillir en elle Dieu parce qu’elle s’était habituĆ©e Ć  se vider d’elle-mĆŖme pour se remplir l’esprit de Lui. Marie œuvra dans le monde en menant ā€œune vie communeā€, celle de la plupart, accablĆ©e des ā€œsollicitudes familiales et du travailā€, comme il arrive Ć  la plupart. Pour se faire toute Ć  tous elle a traduit en matiĆØre premiĆØre de la saintetĆ© les vicissitudes de la vie de tous les jours, en montrant qu’on peut s’élever Ć  Dieu sans sortir du milieu d’une existence commune. De cette maniĆØre elle est modĆØle pour tous les vivants, et tous les vivants en condition de reproduire – prolonger – sa mission Ć  elle dans l’humanitĆ©, et la reproduire Ć  partir de n’importe quelle condition humaine.

Toute Ć¢me peut copier Marie. Elle doit uniquement se comporter de telle maniĆØre que quiconque voit ses expressions reconnaisse Marie, ou dĆ©couvre Marie: c’est Ć  dire celle qui donne au monde le RĆ©dempteur. En Marie tous se retrouvent: les pauvres, les ouvriers, les malades, les personnes Ć¢gĆ©es; en Elle se retrouvent avec la mĆŖme facilitĆ© aussi les doctes, les scientifiques, les hommes d’état: pensons Ć  Bernard, Ć  Thomas d’Aquin, Ć  Dante, Ć  Milton, Ć  Manzoni… nombreux sont ceux qui ne savent pas dĆ©finir le christianisme, ils en ignorent mĆŖme les formulations secondaires. Mais Ć  partir de la maman, de l’école ils ont extrait et conservent une image de Marie. En Elle ils comprennent que le christianisme est un ensemble de bonnes choses: amour, pitiĆ©, solidaritĆ©, force, innocence, joie, beautĆ©… C’est l’ensemble des vertus les plus dĆ©sirĆ©es avec en plus ceci: qu’elles sont vĆ©cues dans une simplicitĆ© qui les rend accessibles Ć  tous: il suffit comme pour elle de s’appuyer sur Dieu, de s’en remettre entre ses mains (…).

Si tu regardes avec tes yeux le prochain Ā et si tu considĆØres la politique, l’économie, toutes les formes de la vie ensemble, tu en ressortiras sans doute avec de l’amertume. Mais si tu regardes les personnes et les choses avec les yeux de Marie, ils se rempliront sans doute de pitiĆ©. Leurs larmes s’imprĆØgnent d’amour, et dans la lumiĆØre divine ce qui paraĆ®t grandiose ou terrible ou mortel se rapetisse, et les gestes retournentĀ  dans la mesure de leur petitesse.Ā  (…) Si tu regardes le monde avec ses yeux Ć  elle, des visages mĆŖme les plus sombres, des Ć©vĆ©nements les plus obscures, jaillissent des Ć©tincelles d’humanitĆ©, de sympathie, de poĆ©sie. Le divin sort, celui que l’incarnation a insĆ©rĆ© dans l’humain.

Marie est la crĆ©ature simple, l’imiter comporte un dĆ©membrement de paroles difficiles, de gestes Ć©tudiĆ©s, de rapports tissĆ©s en clĆ© de diplomatie (…) en somme le lavage de tous les trucs collĆ©s Ć  l’âme, au point de redĆ©couvrir son soi propre, celui que Dieu a fait. On objectera que de cette maniĆØre on s’expose aux embuches des gens malins ou sophistiquĆ©s. Mais face Ć  de telles gens peut-ĆŖtre que laĀ  dĆ©fense – presque la meilleure astuce – se trouve dans la simplicitĆ©, qui la dĆ©monte. La vĆ©ritĆ© est la plus subtile diplomatie. Marie va tout droit sur sa route, elle dit ce qu’elle pense, fait ce qu’elle doit. En Marie on retrouve toutes les Ć¢mes qui utilisent les armes du bien de la priĆØre, du repentir, du pardon. En imitant Marie, ou mieux en s’unissant Ć  Marie, la marche de l’existence devient une montĆ©e au Ciel. Les Ć¢pretĆ©s de la vie se font douceur si l’on se laisse prendre par sa main Ć  elle,Ā  sa main pure de mĆØre qui ne connaĆ®t pas la fatigueā€.

Igino Giordani dans: Maria modello perfetto, CittĆ  Nuova, 2001 (1967).