Mouvement des Focolari
Semaine Monde Uni 2023: #DARETOCARE – Osez prendre soin des personnes et de la planĆØte

Semaine Monde Uni 2023: #DARETOCARE – Osez prendre soin des personnes et de la planĆØte

La « Semaine Monde UniĀ Ā» revient dans sa 28e Ć©dition, du 1er au 7 mai 2023. Elle est le laboratoire et l’expo mondiale d’actions et d’initiatives pour la fraternitĆ©, l’unitĆ© et la paix entre les personnes et les peuplesĀ ; elle est promue par les communautĆ©s du mouvement des Focolari dans le monde entier. Le 1er mai, l’inauguration aura lieu Ć  la Mariapolis internationale des Focolari Ć  Loppiano (Italie), en direct sur Youtube, Le 7 mai, la conclusion se fera par la course relais mondiale « Run4UnityĀ Ā», soutenue et promue par la Plate-forme « Laudato SiĀ Ā» du DicastĆØre pour le Service du DĆ©veloppement Humain IntĆ©gral du Saint-SiĆØge.   Une communautĆ© de Pont-Ć -Mousson, en France, convertira le sport et les kilomĆØtres parcourus en arbres qui seront plantĆ©s dans sa paroisse jumelĆ©e au Burkina-Faso. C’est lĆ , Ć  Bobo Dioulasso, que les Jeunes pour un monde uni du Sahel marcheront dans les rues de la ville en les dĆ©barrassant des dĆ©chets en plastique avec lesquel ils construiront une « montagne de la paixĀ Ā» symbolique. A S. Mauro Pascoli, en Italie, des jeunes et des adultes promeuvent ensemble des sports Ć©cologiques afin de sensibiliser Ć  la protection de l’environnement et collecteront des fonds pour offrir des activitĆ©s sportives Ć  de jeunes cyclistes en Ukraine. ƀ Palawan, aux Philippines, des centaines de personnes nettoieront les plages publiques afin de protĆ©ger la nature et la santĆ© des habitants. Ils expliquent : « Nous pensons qu’aujourd’hui plus que jamais l’unitĆ© et la fraternitĆ© ne peuvent ĆŖtre rĆ©alisĆ©es que si nous prenons soin, que si nous prenons la responsabilitĆ© de prendre soin de la planĆØte ensemble, par des actions concrĆØtes, en commenƧant lĆ  où nous sommesĀ Ā». Du Paraguay Ć  l’Inde, en passant par le Togo, le BĆ©nin, le Liban et l’Australie, il existe des centaines d’initiatives comme celles-ci, petites et grandes, qui ont Ć©tĆ© mises en place avec les mĆŖmes motivations idĆ©ales. C’est ce qui se passe chaque annĆ©e, partout dans le monde, pour cĆ©lĆ©brer la Semaine Monde Uni. Sept jours d’ateliers et d’expositions, promus par les communautĆ©s du mouvement des Focolari dans le monde entier, en synergie avec d’autres mouvements, associations, institutions locales qui partagent leurs valeurs, afin de sensibiliser l’opinion publique Ć  la paix, Ć  la protection de l’environnement, Ć  la conversion Ć©cologique, Ć  la prise en charge intĆ©grale de la personne qui part d’une fraternitĆ© concrĆØte. Le thĆØme principal de la 28e Ć©dition est le soin de l’humanitĆ© et de la planĆØte. Elle s’intitule en effet : « Dare to Care : les personnes, la PlanĆØte et notre conversion Ć©cologiqueĀ Ā». Des thĆØmes rendus d’autant plus urgents par le prĆ©sent que nous vivons, avec les effets catastrophiques de la crise climatique et la prolifĆ©ration de foyers de guerre et de conflits inhumains un peu partout sur la planĆØte. Les initiatives qui sont activĆ©es tout au long de l’annĆ©e dans le monde sur ces thĆØmes, trouvent une vitrine dans cette semaine dans de nombreux rendez-vous, virtuels et en prĆ©sence, diffĆ©rents selon les lieux et les communautĆ©s qui les promeuvent : expo, revue d’Ć©vĆ©nements culturels, ateliers de dialogue et d’idĆ©es, actions solidaires ou Ć©cologiques, Ć©vĆ©nements sportifs. Si localement l’objectif est d’influencer l’opinion publique dans les pays respectifs, l’objectif international est d’illuminer d’espĆ©rance la Maison Commune Ć  partir de l’action persĆ©vĆ©rante et infatigable des personnes qui s’engagent Ć  construire la fraternitĆ©. Le principal partenaire de la Semaine du Monde Uni 2023 est le Mouvement Laudato sƬ. LaĀ Semaine Mondiale Uni est cofinancĆ©e par l’Union europĆ©enne par le projet AFR.E.SHā€.

Les ƩvƩnements internationaux de la Semaine Monde Uni

Le soir du 30 avril, Ć  21 heures (heure italienne), la Semaine du Monde Uni dĆ©butera par le concert « The reason we careĀ Ā» (la raison pour laquelle nous prenons soin) du groupe international Gen Rosso, qui sera diffusĆ© sur leur chaĆ®ne YouTube (https://youtube.com/@GenRossoOfficial). Le concert est le rĆ©sultat des derniĆØres annĆ©es de travail du groupe, qui, par le biais de la musique, a rĆ©alisĆ© des activitĆ©s d’accueil et de formation avec des jeunes rĆ©fugiĆ©s et des migrants en Bosnie-HerzĆ©govine et au Liban. Le 1er mai Ć  midi, un grand spectacle, intitulĆ© « Common Ground, me you and usĀ Ā» retransmis en direct dans le monde entier depuis la scĆØne de l’auditorium de Loppiano (Italie), inaugurera la 28e Ć©dition de la Semaine Monde Uni. La proposition ? RedĆ©couvrir la valeur de l’attention, de l’attention Ć  soi et Ć  l’autre, des relations qui nous lient et de la relation avec la Terre MĆØre. Dans le programme, les tĆ©moignages de jeunes changemakers, italiens et originaires de diffĆ©rents pays du monde engagĆ©s en rĆ©seau et, souvent, courageusement, Ć  contre-courant, dans l’attention aux personnes et Ć  l’environnement pour le bien commun de leurs peuples. Comme Mimmy du Burundi qui, dans le cadre de la lutte contre la pollution plastique, a Ć©tĆ© Ć©lue ambassadrice « zĆ©ro plastiqueĀ Ā» car, avec son association, elle transforme le plastique en feuilles Ć©cologiques et plante des arbres dans le parc national de Rusizi. Ou encore Ivan, qui Ć  Damaguete aux Philippines, avec sa communautĆ©, prend soin de son peuple en s’engageant en faveur de l’environnement marin et en plantant des mangroves, car dit-ilĀ : « Etant un des pays les plus pauvres d’Asie, la pĆŖche est un moyen de subsistance pour beaucoup. Notre peuple a besoin de la mer pour survivre, pour la vie quotidienne. La retransmission en direct sera visible sur www.unitedworldproject.org. Le samedi 6 mai aura lieu Peace Got Talent, un Ć©vĆ©nement artistique promu par le rĆ©seau « Living Peace InternationalĀ Ā» qui, s’inspirant du cĆ©lĆØbre format tĆ©lĆ©visĆ©, donnera la parole Ć  de jeunes talents engagĆ©s dans la promotion de la paix Ć  travers la musique, le chant et la danse. Chaque morceau en compĆ©tition est le fruit et l’expression de projets informels d’Ć©ducation Ć  la paix. Parmi les Ć©coles et les groupes participants figurent Ć©galement ceux d’Ukraine, de Syrie, de Russie, du Myanmar, du Congo : des pays touchĆ©s par la guerre et les conflits armĆ©s, qui n’ont pas voulu renoncer Ć  apporter leurs chants et leurs voix porteuses d’espoir. L’Ć©vĆ©nement sera retransmis en direct sur www.unitedworldproject.org. Le dimanche 7 mai, plus de 200 000 adolescents, jeunes et familles dans de nombreux pays et dans centaines de villes participeront Ć  « Run4UnityĀ Ā», une course de relais mondiale qui unira de faƧon transversale les ethnies, les cultures et les religions pour construire la paix et pour planter des arbres. Soutenue et promue par la Plateforme d’Initiatives Laudato Si’ du DicastĆØre pour le Service du DĆ©veloppement Humain IntĆ©gral du Saint-SiĆØge, Run4Unity 2023 est dirigĆ©e par des jeunes du mouvement des Focolari. Les participants de tous Ć¢ges prendront soin de leur corps en faisant de l’exercice physique et prendront soin de la Terre en Ć©changeant les kilomĆØtres qu’ils auront courus ou les minutes qu’ils auront passĆ©es Ć  faire de l’exercice contre des arbres qui seront plantĆ©s dans le monde entier. Run4Unity partira des Ć®les Fidji, c’est-Ć -dire du premier fuseau horaire en commenƧant une nouvelle journĆ©e par un pays Ć©cologiquement symbolique car dĆ©jĆ  fortement touchĆ© par le changement climatique. De lĆ , les jeunes passeront le « tĆ©moinĀ Ā» virtuel d’un fuseau horaire Ć  l’autre par le biais d’une sĆ©rie de vidĆ©oconfĆ©rences au cours des 24 heures suivantes pour conclure avec les communautĆ©s de Californie. Les participants courront, feront du jogging, marcheront ou participeront Ć  des Ć©vĆ©nements sportifs locaux, dont certains se dĆ©rouleront dans des lieux symboliques de la paix, aux frontiĆØres de pays ou de communautĆ©s en conflit ou dans des sites Ć©cologiques importants, afin de tĆ©moigner de l’unitĆ© et de la paix. Parmi les participants se trouveront quelques-unes des 1 000 Ć©coles Laudato Si’ dans le monde, engagĆ©es dans l’Ć©ducation Ć  l’Ć©cologie Ć  travers la Plate-forme d’initiatives de Laudato Si’, ainsi que des groupes et des Ć©coles qui font partie du Projet Living Peace International. Tous les Ć©vĆ©nements locaux de la Semaine du monde uni 2023 peuvent ĆŖtre consultĆ©s Ć  l’adresse suivante : https://www.unitedworldproject.org/uww2023/.

Tamara Pastorelli (Foto: Pixabay)

Ɖvangile vĆ©cu : l’amitiĆ© vraie

Un lien profond dans lequel se joue non seulement notre propre destin mais aussi le destin de l’autre, son histoire. C’est cela la vĆ©ritable amitiĆ© : un bien gratuit, Ć  fonds perdu ; une relation authentique où chacun, tout en soutenant l’autre, se retrouve Ć  la fin, toujours lui-mĆŖme. L’ami en difficultĆ© Je me rendais au travail en voiture lorsque j’ai aperƧu sur la route un ancien collĆØgue d’universitĆ©. Je l’ai raccompagnĆ© et, en chemin, il m’a racontĆ© ses problĆØmes : Ć  cause de la Covid, il avait perdu son emploi de serveur dans un restaurant ; de plus, le logement où il vivait Ć©tait privĆ© d’eau chaude et d’Ć©lectricitĆ© parce qu’il n’avait pas payĆ© ses factures. SpontanĆ©ment, je l’ai invitĆ© Ć  prendre une douche et Ć  laver ses vĆŖtements chez moi quand il en avait besoin. Il a acceptĆ© avec plaisir. Un jour, il est venu comme d’habitude, il n’allait pas bien, mais il n’a pas eu le courage de me le dire. Au bout de deux jours, j’ai dĆ©couvert que j’avais la Covid. Lorsque son ami l’a appris, il a rĆ©alisĆ© que c’Ć©tait lui qui m’avait infectĆ©, et il n’a donc pas eu envie de retourner se laver avec moi. Mais je l’ai rassurĆ© en lui disant que je n’avais rien contre lui et nous avons recommencĆ© Ć  nous voir. Si j’ai trouvĆ© la force d’aller Ć  la rencontre de ce frĆØre, c’est parce qu’en tant que chrĆ©tien, je me sens appelĆ© Ć  m’arrĆŖter pour voir les besoins et les dĆ©sirs de mon prochain, Ć  l’aider et Ć  l’aimer comme JĆ©sus nous le dit dans l’Ɖvangile. (Steve – Burundi) Mariage en crise Du BrĆ©sil, pays de son ā€˜ā€™grand amour’’, Brigitte m’avait Ć©crit que son mari, devenu alcoolique, l’avait abandonnĆ©e avec ses trois enfants. Avec l’accord de mon mari, j’ai dĆ©cidĆ© de lui rendre visite. Bien que le voyage ait reprĆ©sentĆ© une lourde dĆ©pense pour notre Ć©conomie, le dĆ©sir d’ĆŖtre proche de cette amie de longue date l’a emportĆ©. J’ai retrouvĆ© Brigitte dĆ©vastĆ©e, dƩƧue, dĆ©sorientĆ©e ; elle se demandait pourquoi ce destin : loin de sa patrie et de ses proches, seule, un Ć©chec dans tous les sens du terme. Nous avons Ć©voquĆ© la possibilitĆ© d’un retour en France. Cependant, elle ne voyait pas l’Ć©loignement aussi radical de leur pĆØre comme un Ć©lĆ©ment positif pour les enfants. Je pouvais la comprendre. Pendant mon sĆ©jour, j’ai contactĆ© la maison d’Ć©dition où je travaille, qui lui a confiĆ© des traductions en franƧais. Mais le vrai cadeau pour Brigitte, et aussi pour moi, c’est que, se souvenant de notre jeunesse, repensant aux questions sur la foi et le dĆ©sir de construire un monde plus humain,Ā  on aurait dit que ce rĆŖve reprenait vie. Enfin, elle identifiait elle-mĆŖme la maniĆØre la plus concrĆØte de s’engager pour les autres, une maniĆØre de se reconstruire. Je suis repartie rassurĆ©e. (J.P. – France)

Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, CittĆ  Nuova, annĆ©e IX – n.1 – mars-avril 2023)

CorƩe : le dialogue est la culture de la famille humaine

CorƩe : le dialogue est la culture de la famille humaine

Margaret Karram et JesĆŗs MorĆ”n, PrĆ©sidente et CoprĆ©sident du Mouvement des Focolari, viennent de terminer l’Ć©tape corĆ©enne de leur premier voyage officiel en Asie et en OcĆ©anie, qui se poursuivra par des visites au Japon, aux Ć®les Fidji, en Australie et en IndonĆ©sie, jusqu’au 25 mai. Voici une brĆØve mise Ć  jour de ce qui s’est passĆ© en CorĆ©e.

« Apprends-nous, Seigneur, Ć  marcher ensemble le regard tournĆ© dans la mĆŖme direction, unis par le mĆŖme objectif, Ć  la recherche des mĆŖmes valeurs vers Celui qui nous aime et nous attend c’est le fondement de toute nouvelle amitiĆ©.Ā Ā»

Cette priĆØre, qui a ouvert la rencontre de 160 focolarini et focolarines de la zone de l’Asie de l’Est (avec plusieurs personnes en ligne) le 22Ā avril, exprime bien le sens du premier voyage officiel de Margaret Karram et JesĆŗs MorĆ”n en Asie et en OcĆ©anie. PremiĆØre Ć©tapeĀ : la CorĆ©e, puis ils visiteront le Japon, les Ć®les Fidji, l’Australie et enfin l’IndonĆ©sie. Ils sont accompagnĆ©s par Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, conseillers de la zone et coresponsables du dialogue interreligieux des Focolari. En Asie de l’Est (qui comprend la CorĆ©e, le Japon et l’aire gĆ©ographique de langue chinoise), le Mouvement est prĆ©sent depuis la fin des annĆ©es 1960 – en CorĆ©e, le PĆØre Francis Shim a introduit la spiritualitĆ© de l’unitĆ© en 1967 et, Ć  Hong Kong, le premier focolare a Ć©tĆ© ouvert en 1970. Entre membres internes et adhĆ©rents, environ 10Ā 000 personnes vivent la spiritualitĆ© de l’unitĆ© dans cette partie de l’Asie.

Margaret KarramĀ : repartir du dialogue

« Pourquoi avez-vous choisi l’Asie pour votre premier voyageĀ ?Ā Ā» a demandĆ© Ć  Margaret, un journaliste de “Catholic Chinmoon“, le principal hebdomadaire catholique de CorĆ©e. « Je suis ici pour Ć©couter, pour connaĆ®tre, apprendre, mais surtout pour aimer le “continent de l’espĆ©rance”Ā Ā», a-t-elle rĆ©pondu. « La richesse spirituelle de ces peuples sera un don pour tous. Je pense qu’il est trĆØs important de raviver dans le Mouvement la voie du dialogue, l’instrument par excellence pour construire la paix, le bien dont le monde a tant besoin aujourd’hui.Ā Ā»

Corée : entre contradictions et espoir de paix

Avec quasiment 10 millions d’habitants, la capitale SĆ©oul montre le visage d’un pays qui, depuis 50Ā ans, avance Ć  plein rĆ©gime et qui est devenu l’un des Ɖtats les plus avancĆ©s et technologiques de la planĆØte. RapiditĆ©, efficacitĆ© et compĆ©titivitĆ© sont les caractĆ©ristiques de la sociĆ©tĆ© corĆ©enne moderne –Ā  explique Matthew Choi, journaliste et focolarino corĆ©enĀ -, tant du point de vue Ć©conomique que culturel, mais cela s’accompagne de nombreuses contradictions. « Ici, l’accent est mis sur le rĆ©sultat – ajoute Kil Jeong Woo, dĆ©lĆ©guĆ© du Mouvement politique pour l’UnitĆ© en CorĆ©e -, avec un systĆØme universitaire hautement compĆ©titif et une forte Ć©thique du travail. Nous avons des problĆØmes d’inĆ©galitĆ© sociale et nous nous efforƧons d’y remĆ©dier par des rĆ©formes sociales et politiques, mais les progrĆØs sont lents Ć  venir.Ā Ā»

L’Église corĆ©enne, pont dans une sociĆ©tĆ© divisĆ©e

L’archevĆŖque de SĆ©oul, MgrĀ Peter Chung Soon-taek, souligne Ć©galement parmi les dĆ©fis sociaux, les conflits intergĆ©nĆ©rationnels et le vieillissement de la population. « Dans l’Ɖglise, explique-t-il, le risque est de nous enfermer dans nos communautĆ©s. Il est nĆ©cessaire de s’ouvrir et c’est la contribution que les Focolari peuvent apporter.Ā Ā» Margaret Karram et JesĆŗs MorĆ”n ont rencontrĆ© ensuite MgrĀ Thaddeo Cho, archevĆŖque de Daegu, MgrĀ Augustino Kim, Ć©vĆŖque de Daejeon et MgrĀ Simon Kim, Ć©vĆŖque de Cheng-ju. Dans le climat social et politique de fortes polarisations entre progressistes et conservateurs, l’Ɖglise cherche Ć  ĆŖtre un pont et un antidote Ć  la sĆ©cularisation qui touche particuliĆØrement les jeunes

Dialogues et inondations : le processus est lancé

Le Mouvement des Focolari en CorĆ©e apporte sa contribution au dialogue œcumĆ©nique et interreligieux, et dans les diffĆ©rents milieux culturels. Un exemple en a Ć©tĆ© l’évĆ©nement du 14Ā avril Ć  SĆ©oul, intitulé : « Le dialogue devient la culture de la famille humaine.Ā Ā» Sont intervenus des reprĆ©sentants de diffĆ©rentes Ɖglises chrĆ©tiennes, de diffĆ©rentes Religions, des reprĆ©sentants des milieux sociaux, animĆ©s par un esprit constructif de collaboration pour la rĆ©conciliation sociale et la paix. « Il est trĆØs important que chacun puisse crĆ©er des espaces qui ouvrent les portes au ‘’dialogue de la vie’’ – a dit Margaret Karram dans son intervention – en mettant en pratique les enseignements de sa propre confession religieuse.Ā Ā» JesĆŗs MorĆ”n les a encouragĆ©s Ć  poursuivre ce chemin ensembleĀ : « Peu importe que les choses que vous faites soient grandes ou petites. L’important est qu’elles portent la semence de la nouveautĆ©. Les tĆ©moignages que vous avez prĆ©sentĆ©s sont porteurs de cette empreinte.Ā Ā» Sa Young-in, directrice du Bureau des Nations unies pour le bouddhisme Won, a dĆ©clarĆ© que lorsqu’elle Ć©tait jeune, elle rĆŖvait d’un “village religieux” où les croyants de diffĆ©rentes religions pourraient partager l’amour, la grĆ¢ce et la misĆ©ricorde. « Ce que j’imaginais, a-t-elle dit, j’ai l’impression de le voir se rĆ©aliser ici aujourd’hui.Ā Ā»

Gen 2Ā : « Courage, allez de l’avantĀ !Ā Ā»

Le 15Ā avril, 80 Gen Ć©taient prĆ©sents au CentreĀ MariapolisĀ : 70Ā Gen de CorĆ©e, 9 de Hong Kong et d’autres reliĆ©s depuis le Japon et les rĆ©gions de langue chinoise. Ils ont apportĆ© Ć  Margaret Karram et JesĆŗs MorĆ”n le rĆ©sultat de leur travail effectuĆ© dans quatre ateliersĀ : la maniĆØre d’incarner la spiritualitĆ© de l’unitĆ© dans la vie de tous les joursĀ ; les relations Ć  l’intĆ©rieur et Ć  l’extĆ©rieur du Mouvement, les difficultĆ©s Ć  trouver leur identitĆ© humaine et spirituelle et la maniĆØre dont ils “rĆŖvent” le Mouvement. « Nous avons une seule identité », leur a dit Margaret. Nous ne sommes pas d’abord Gen, puis nous devenons quelqu’un d’autre lorsque nous allons, par exemple, Ć  l’universitĆ©. Le don de la spiritualitĆ© que nous avons reƧu fait de nous des personnes libresĀ ; il nous donne le courage et la force de proclamer ce que nous sommes et ce en quoi nous croyons, et je voudrais aussi vous dire ce que le Pape m’a dit lorsque j’ai Ć©tĆ© Ć©lue PrĆ©sidenteĀ : « Courage, allez de l’avant.Ā Ā» « AprĆØs le dĆ©part de Chiara, a racontĆ© un Gen, j’ai eu des moments de nostalgie et d’obscuritĆ©. Aujourd’hui, la proximitĆ©, la confiance et l’Ć©coute de Margaret et de JesĆŗs m’encouragent beaucoup. Ils me font comprendre une fois de plus que l’hĆ©ritage de Chiara est un don de Dieu adaptĆ© Ć  chaque Ć©poque.Ā Ā»

CitƩ-pilote Armonia (Harmonie)

Le 16Ā avril dernier, Margaret Karram et JesĆŗs MorĆ”n se sont rendus sur le terrain que le Mouvement a reƧu en don Ć  une soixantaine de kilomĆØtres au sud de SĆ©oul, pour rĆ©aliser un rĆŖve dĆ©jĆ  exprimĆ© par Chiara lors de sa visite en CorĆ©e en 1982Ā : la naissance d’une citĆ©-pilote de formation et de tĆ©moignage de la vie de l’Évangile et de la spiritualitĆ© de l’unitĆ© pour cette partie de l’Asie. En prĆ©sence d’environ 200 personnes – membres des Focolari, bienfaiteurs et amis qui ont apportĆ© leur contribution de diffĆ©rentes maniĆØres – le terrain a Ć©tĆ© bĆ©ni et une mĆ©daille de la Vierge y a Ć©tĆ© dĆ©posĆ©e en guise de sceau. « Confions-Lui cette Œuvre – a conclu Margaret Karram – et demandons-Lui de nous aider Ć  adhĆ©rer aux plans de Dieu que nous ne connaissons peut-ĆŖtre pas, mais Il est plus grand que nous et si nous Lui donnons notre disponibilitĆ© et gĆ©nĆ©rositĆ©, Il pourra agir.Ā Ā»

En visite Ć  Sungsimdang

Tout a commencĆ© en 1956, avec deux sacs de farine pour faire du pain Ć  la vapeur et le vendre devant la gare de Daejeon. Aujourd’hui, Sungsimdang est devenue l’entreprise de restauration la plus fameuse de la ville et, avec ses 848 employĆ©s, elle vit pleinement l’esprit de l’Économie de Communion (ƉdeC) depuis 1999. Margaret Karram et JesĆŗs MorĆ”n l’ont visitĆ©e, une rencontre joyeuse avec Fedes Im et son Ć©pouse Amata Kim, propriĆ©taires et Volontaires du Mouvement. « Je n’ai pas Ć©tudiĆ© l’administration ou la gestion – raconte Fedes – mais j’ai suivi ChiaraĀ Ā». « Cherchez Ć  faire ce qui est bien devant tous les hommesĀ Ā», est la devise que Chiara a donnĆ©e Ć  l’entreprise qui sert 10.000 clients par jour et vit depuis toujours le partage, apportant quotidiennement du pain Ć  80 centres d’assistance sociale. Mais ce qui frappe, c’est le style des relations et du travailĀ : « Pour nous – raconte sa fille Sole, responsable du secteur restauration – toutes les personnes ont la mĆŖme valeurĀ : hommes et femmes, riches et pauvres, dirigeants et employĆ©s, fournisseurs et clients. Nous essayons de mettre la personne au centre de chacune de nos dĆ©cisions.Ā» JesĆŗs a soulignĆ© l’importance de l’impact de l’entreprise sur le territoire, prĆ©rogative des entreprises qui opĆØrent selon le style de l’ÉdeC, et Margaret a comparĆ© le tĆ©moignage de cette entreprise Ć  celui d’une citĆ©-pilote dont on peut dire « venez et voyezĀ Ā». « Et cela – a-t-elle ajoutĆ© – est le plus grand remĆØde que le monde attendĀ Ā».

Ɖcouter, connaĆ®tre, partager

Les journĆ©es corĆ©ennes de Margaret Karram et JesĆŗs MorĆ”n ont Ć©tĆ© intenses et variĆ©esĀ : ils ont Ć©galement trouvĆ© leĀ  temps de faire une halte touristique sur l’ancien site de Bulguksa, pour connaĆ®tre les racines de la culture bouddhiste nationale. Avec ses temples millĆ©naires, immergĆ©s dans une nature fraĆ®che, une journĆ©e vraiment rĆ©gĆ©nĆ©ranteĀ ! Puis il y a eu les nombreuses rencontres avec les membres du Mouvement de cette vaste zone, comme le joyeux aprĆØs-midi avec les focolarini et quelques membres des territoires de langue chinoise. Le moment avec 80 prĆŖtres, consacrĆ©es et religieux a Ć©tĆ© une expĆ©rience de ‘CĆ©nacle’, avec des tĆ©moignages de fidĆ©litĆ© et de vie Ć©vangĆ©lique authentique, dans un Ć©change intime avec Margaret Karram et JesĆŗs MorĆ”n. Puis, le 23Ā avril, ce fut le tour de la rencontre trĆØs attendue de tous les membres du MouvementĀ ; 1Ā 200 personnes Ć©taient prĆ©sentes, avec 200 personnes reliĆ©es depuis diffĆ©rents pays. Une fĆŖte extraordinaire, qui a rassemblĆ© des peuples et des cultures que l’on verrait difficilement danser et chanter sur la mĆŖme scĆØne, et se rĆ©jouir rĆ©ciproquement de la beautĆ© et de la richesse des autres. C’est peut-ĆŖtre la raison pour laquelle quelqu’un a qualifiĆ© l’évĆ©nement de “miracle” et de semence d’une sociĆ©tĆ© renouvelĆ©e par l’unitĆ©. Au cours du dialogue, Margaret Karram et JesĆŗs MorĆ”n, avec les conseillers Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, ont rĆ©pondu sur diffĆ©rents arguments : le “dessein” du continent asiatique, l’actualitĆ© du dialogue entre les religions. ƀ la question de savoir comment approfondir la relation avec JĆ©sus Eucharistie, JesĆŗs a expliquĆ© qu’il ne s’agit pas de “sentir” la relation avec Lui, mais de “la vivre”, car l’Eucharistie alimente toute notre personne et nous fait vivre comme un corps, dans l’amour pour les autres. Quant Ć  la baisse des vocations dans le Mouvement, Margaret a affirmĆ© que les relations personnelles et le tĆ©moignage authentique des adultes sont importants pour les jeunes. « Si notre vie est le fruit de l’union Ć  Dieu, si elle est cohĆ©rente avec l’Évangile, ils seront attirĆ©s, parce qu’ils s’inspirent de ceux qui “osent” vivre pour Dieu et ils comprendront ainsi où Il les appelle.Ā Ā» ƀ la derniĆØre question sur ce que doivent ĆŖtre nos relations pour pouvoir dialoguer avec tous, Margaret rĆ©pond par une expĆ©rienceĀ : « Cette annĆ©e, nous avons approfondi notre vie de priĆØre et l’amour envers Dieu, un amour “vertical” pourrions-nous dire, comme ces pins dont les branches s’élancent vers le haut. L’autre jour, en me promenant, j’ai vu un arbre qui m’a beaucoup pluĀ : ses branches Ć©taient ouvertes, elles s’étendaient vers l’extĆ©rieurĀ ; elles s’entrelaƧaient avec d’autres arbres. C’est ainsi que devraient ĆŖtre nos relationsĀ : nos bras devraient toujours ĆŖtre ouverts, aller vers les autresĀ ; nous devrions avoir le cœur grand ouvert aux joies, aux peines et Ć  la vie de toutes les personnes qui nous croisent.Ā Ā»

« C’est l’heure de l’AsieĀ Ā» avait dĆ©jĆ  Ć©critĀ Chiara Lubich en 1986, lors de son premier voyage sur ces terresĀ ; des paroles qui manifestent aujourd’hui toute leur actualitĆ© et leur valeur prophĆ©tique.

Stefania Tanesini

Burundi : Jean-Paul – la certitude de l’amour de Dieu

Jean-Paul est un jeune burundais qui, en 2015, alors que le pays est en proie Ć  des conflits internes rĆ©pĆ©tĆ©s, subit une embuscade qui met sa vie en pĆ©ril. Une expĆ©rience où, grĆ¢ce Ć  la foi, la souffrance est transformĆ©e et portĆ©e par l’amour de nombreuses personnes dans le monde, devenant ainsi un terrain fertile où tĆ©moigner concrĆØtement de l’amour de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=M97MXRfcHnI&list=PL9YsVtizqrYsVxFh7-IlFMNEbjw4OL9J7 Copyright 2023 Ā© CSC Audiovisuel

DIALOP : Dialogue entre des chrĆ©tiens et la gauche europĆ©enne Ć  la recherche d’un vĆ©ritable changement

DIALOP : Dialogue entre des chrĆ©tiens et la gauche europĆ©enne Ć  la recherche d’un vĆ©ritable changement

Depuis prĆØs de dix ans, un projet de dialogue entre socialistes/marxistes et chrĆ©tiens europĆ©ens a vu le jour sous le nom de DIALOP. Nous avons rencontrĆ© certains des protagonistes de ce dialogue il y a quelques jours, lors d’une visite au Centre international des Focolari Ć  Rocca di Papa (Italie). « Je pense qu’avec l’Ć©lection du Pape FranƧois, la situation a complĆØtement changĆ©, de maniĆØre substantielle. Non seulement pour l’Ɖglise catholique, mais aussi pour toutes les forces philosophiques et culturelles qui s’opposent au nĆ©olibĆ©ralisme. Car ce que le Pape enseigne est – je dirais – une maniĆØre de s’unir, qui s’oppose au consumĆ©risme individuel. Cela place le pape et les milieux de l’Ɖglise qui le suivent dans une position proche de celle de la gauche, qui cherche Ć  mettre l’accent sur des valeurs collectives communesĀ Ā». C’est ce que dit Walter Baier, l’un des reprĆ©sentants de DIALOP, un projet de dialogue entre socialistes/marxistes et chrĆ©tiens, impliquant des intellectuels, des universitaires, des politiciens, des activistes et des Ć©tudiants de diffĆ©rents pays europĆ©ens. « Nous croyons que le dialogue est le meilleur moyen d’apporter un rĆ©el changement et nous travaillons pour transformer le monde en un endroit où il fait bon vivreĀ Ā», disent-ils. L’expĆ©rience de DIALOP a dĆ©butĆ© lors de l’audience privĆ©e que le Pape FranƧois a accordĆ©e Ć  deux hommes politiques de gauche, Alexis Tsipras de GrĆØce et Walter Baier d’Autriche, ainsi qu’Ć  Franz Kronreif du mouvement des Focolari, le 18 septembre 2014. ƀ cette occasion, la conversation a portĆ© sur la crise environnementale et la crise sociale mondiale. ƀ la fin de l’audience, le Pape FranƧois les a invitĆ©s Ć  entamer un dialogue transversal, capable d’impliquer les couches les plus larges de la sociĆ©tĆ© et en particulier les jeunes. « Je reprĆ©sente le Parti de la Gauche europĆ©enne depuis trois moisĀ Ā», a dĆ©clarĆ© M. Baier, « je suis un dĆ©butant. Le Parti de la gauche europĆ©enne regroupe aujourd’hui 35 partis issus de 27 pays europĆ©ens. Ces pays appartiennent Ć  l’Union europĆ©enne et je dirais que notre comprĆ©hension de l’Europe doit ĆŖtre beaucoup plus large que regarder uniquement la partie privilĆ©giĆ©e de l’Europe, si nous le voulons. Nous prenons le pan europĆ©anisme au sĆ©rieux, et nous devons comprendre que l’Europe n’est pas seulement diverse, mais qu’elle est aussi dĆ©chirĆ©e par de profondes divisions sociales et Ć©conomiques. L’une des exigences fondamentales de la gauche devrait ĆŖtre d’en prendre conscience. Il s’agit d’atteindre un niveau de vie dĆ©cent pour notre famille dans toutes les rĆ©gions d’Europe. Nous avons Ć©galement appris, en dialoguant avec nos amis chrĆ©tiens, que le consensus diffĆ©renciĆ© et le dĆ©saccord nuancĆ© constituent en effet une mĆ©thode trĆØs, trĆØs utileĀ Ā». Cornelia Hildebrandt fait partie de Trasform! Europe. Face aux guerres en cours, elle ne doute pas : « La dĆ©claration du Pape FranƧois selon laquelle chaque guerre est un Ć©chec de la politique est partagĆ©e par nous, de la Gauche. En ces temps de conflit, nous pensons que le dialogue n’est pas seulement une nĆ©cessitĆ© urgente, mais un impĆ©ratif catĆ©gorique. Il faut toutes nos forces pour imposer une paix durable contre la destruction de l’environnement, les conditions de vie des populations contre la « barbarisationĀ Ā». Dialoguer, c’est accueillir l’autre chez soi. C’est devenir l’invitĆ© de son hĆ“te. Ce n’est pas seulement un outil, mais une rencontre constante, un chemin d’expĆ©riences intellectuelles et spirituelles partagĆ©es, dans lequel la spĆ©cificitĆ© des partenaires respectifs ne disparaĆ®t pas, mais se dĆ©ploie et se dĆ©veloppe plus clairement. GrĆ¢ce Ć  ces rencontres, les opposĆ©s deviennent complĆ©mentaires. Et c’est Cornelia Hildebrandt elle-mĆŖme qui explique le concept de consensus diffĆ©renciĆ© et de dissidence qualifiĆ©e : « Nous adoptons et adaptons une mĆ©thode qui est utilisĆ©e dans l’œcumĆ©nisme entre les Ɖglises chrĆ©tiennes. Les affirmations fondamentales de la sociĆ©tĆ© humaine et du monde, formulĆ©es de maniĆØre incohĆ©rente, doivent constituer une base solide. Pour que les partenaires puissent parler et agir ensemble, les dĆ©clarations de base communes doivent se rĆ©fĆ©rer explicitement aux textes originaux afin d’ĆŖtre compatibles avec les traditions respectives de l’Ɖglise catholique et de la Gauche de Transform ! Europe et au-delĆ . Il s’agit ensuite de formuler les questions avec prĆ©cision. Et c’est lĆ  que peut commencer la recherche de dĆ©clarations communes claires, reflĆ©tant leur propre tradition et s’enrichissant elles-mĆŖmesĀ Ā». Angelina Giannopoulou, une jeune femme grecque de Transform ! Europe, raconte avec passion sa propre expĆ©rience de cheminement Ć  Dialop et souligne l’importance de la prĆ©sence des jeunes pour le prĆ©sent et l’avenir de cette rĆ©alitĆ©. Elle mentionne Ć©galement le « Projet DialogUEĀ Ā», en collaboration avec la CommunautĆ© europĆ©enne et un consortium de 14 organisations de la sociĆ©tĆ© civile, qui occupera une place importante lors des JournĆ©es Mondiales de la Jeunesse Ć  Lisbonne (Portugal) avec une journĆ©e consacrĆ©e Ć  la communication avec la participation de politiciens, d’experts et de jeunes. D’autres symposiums sur l’Ć©cologie et les politiques sociales suivront Ć  d’autres moments. « Nous ne pouvons pas nous adapter Ć  la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui en Europe et dans le monde, je pense que c’est la vocation la plus forte de DialopĀ Ā», conclut Walter Baier.

Carlos Mana

Pour plus d’informations et pour accĆ©der Ć  la « Prise de position de DIALOPĀ Ā», consulter le site web de Dialop (https://dialop.eu/).

La règle de la vraie fraternité

ƀ l’occasion de la JournĆ©e dĆ©diĆ©e aux bonnes actions, nous partageons le message de paix et d’espoir contenu dans la “RĆØgle d’or”, lancĆ©e par Chiara Lubich aux nombreux jeunes rĆ©unis au ColisĆ©e (Rome) Ć  l’occasion du SupercongrĆØs des jeunes pour l’unitĆ©, le 26 mai 2002. https://youtu.be/S108AMu2Qv4

Ɖvangile vĆ©cu : « Portez vos regards vers les choses d’en haut et non vers celles de la terreĀ Ā» (Col 3,2)

Pour un chrĆ©tien, la rĆ©surrection est un fait concret, quelque chose qui se produit, une rencontre qui change toute perspective humaine ; c’est l’Ć©vĆ©nement qui nous rappelle que notre citoyennetĆ© est au ciel et que c’est lĆ  que notre vie doit tendre, vers le haut, en tĆ©moignant lĆ  où nous sommes des valeurs que JĆ©sus a apportĆ©es pour la premiĆØre fois sur la terre. L’autre comme quelqu’un Ć  aimer J’Ć©tudie la mĆ©decine et je suis en quatriĆØme annĆ©e. Dans le milieu hospitalier, le malade est presque toujours utilisĆ© comme objet d’Ć©tude. Tout le monde est un “cas”, reprĆ©sente une maladie. En gĆ©nĆ©ral, pendant les cours pratiques, chaque patient est examinĆ© par une trentaine d’Ć©tudiants. Quant Ć  moi, j’ai vite compris que pour le patient, une telle faƧon de procĆ©der pouvait ĆŖtre inconfortable et souvent douloureuse, alors quand c’Ć©tait mon tour de participer Ć  ce cours pratique, je rĆ©pondais : « Non, je n’irai pas, la personne malade a dĆ©jĆ  beaucoup souffert. Je n’aimerais pas ĆŖtre traitĆ© de la sorte. Lorsque le prochain patient arrivera, je serai le premier Ć  l’examiner.Ā Ā» Mes camarades ont rĆ©torquĆ© qu’en faisant cela, je n’apprendrais jamais et que je ne deviendrais jamais un bon mĆ©decin, mais plus tard, sans que je le sache, ils ont proposĆ© eux-mĆŖmes au professeur que chaque patient ne soit examinĆ© que par cinq Ć©tudiants au maximum. Toute la classe a voulu signer la demande et le professeur a acceptĆ©. La conclusion est qu’avec cette mĆ©thode, ils apprennent mieux et les patients se sentent respectĆ©s. (Regina – BrĆ©sil) Ouvrir une fenĆŖtre Parfois, une chute avec fracture de l’Ć©paule change brutalement la vie : les vacances, la garde des petits-enfants, les courses… Tout repose maintenant sur ma femme qui n’utilise plus la voiture depuis qu’elle est Ć  la retraite. Un jour, ma petite-fille, avec qui nous avons souvent jouĆ© Ć  chercher le positif dans le nĆ©gatif, me demande où est le positif dans cette immobilitĆ© non dĆ©sirĆ©e. Je lui rĆ©ponds que ma nouvelle condition me fait dĆ©couvrir que j’avais l’habitude de faire beaucoup de choses … comme traĆ®nĆ© comme une planche de bois dans une riviĆØre. Il y a toujours une autre possibilitĆ© que celle prĆ©vue, comme une nouvelle fenĆŖtre qui s’ouvre dans votre chambre et vous montre un paysage que vous ne voyiez pas auparavant. La petite-fille reste silencieuse et pensive. Puis, comme rĆ©veillĆ©e par une dĆ©couverte, elle reprend : « Grand-pĆØre, j’ai une camarade de classe qui a mauvais caractĆØre. Non seulement elle dit des gros mots, mais elle est toujours en colĆØre contre tout le monde. Nous Ć©vitons tous de lui parler et il s’est crƩƩ avec elle une sorte de mur qui l’isole. Peut-ĆŖtre que je dois aussi lui ouvrir une fenĆŖtre.Ā Ā» Je n’aurais pas pu entendre de plus belles paroles. Ā» (H.N. – Slovaquie)

Propos recueillis par Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, CittĆ  Nuova, annĆ©e IX – n .1 – mars-avril 2023)

Le mouvement des Focolari et les abus, un engagement ferme pour la protection de la personne

Nous vous proposons l’entretien rĆ©alisĆ© par Adriana Masotti de Vatican News avec Joachim Schwind, focolarino et membre du Conseil gĆ©nĆ©ral du Centre international des Focolari. Ces jours-ci a Ć©tĆ© publiĆ© sur le site international du mouvement, le premier rapport sur les cas d’abus de mineurs et d’adultes vulnĆ©rables, ceux de type spirituel et ceux d’autoritĆ©, survenus en son sein. Ce rapport prĆ©sente non seulement des donnĆ©es sur les signalements d’abus, mais aussi des mesures de rĆ©paration, de nouvelles procĆ©dures d’enquĆŖte et des activitĆ©s de formation pour la protection intĆ©grale de la personne. Dans l’interview, Joachim Schwind, focolarino prĆŖtre et membre du Conseil gĆ©nĆ©ral, explique le chemin entrepris. « Nous vous Ć©crivons pour rendre compte publiquement des donnĆ©es recueillies relatives aux signalements d’abus et des mesures que nous avons prises en tant que Mouvement des Focolari, en raison du flĆ©au des abus sexuels sur des mineurs et des personnes vulnĆ©rables et des abus de conscience, spirituels et d’autoritĆ© sur des adultes, qui a Ć©galement touchĆ© notre mouvementĀ Ā». C’estĀ  ainsi que dans une lettre ouverte publiĆ©e sur le site du mouvement, la prĆ©sidente Margaret Karram et le coprĆ©sident JĆ©sus MorĆ”n prĆ©sentent le premier rapport sur la gestion des cas d’abus survenus au sein du mouvement. Ce document, qui sera publiĆ© chaque annĆ©e, intervient un an aprĆØs que leĀ  GCPS Consulting a Ć©tĆ© chargĆ©, en 2020, d’enquĆŖter sur les graves cas d’abus sexuels commis par un ex focolarino franƧais, J.M.M., un cas qui a dĆ©clenchĆ© une prise de conscience du problĆØme et donc la dĆ©cision d’entamer un parcours, sur plusieurs fronts, pour assurer la prĆ©vention et la protection intĆ©grale de la personne dans tous les domaines et milieux où se dĆ©roulent les activitĆ©s des Focolari et pour lutter contre ce crime. Les victimes au centre : la demande de pardon Dans la lettre, la prĆ©sidente et le coprĆ©sident demandent tout d’abord pardon Ć  chacune des victimesĀ  au nom du mouvement tout entier. Ils expriment leur profonde gratitude aux victimes et aux survivants, ainsi qu’aux familles et aux communautĆ©s concernĆ©es, non seulement en France, mais dans tous les pays où des cas d’abus ont Ć©tĆ© rĆ©vĆ©lĆ©s, car grĆ¢ce Ć  leur collaboration et surtout Ć  leur courage pour affronter et mettre en lumiĆØre ces crimes, le mouvement met aujourd’hui en œuvre de nouveaux engagements et de nouvelles procĆ©dures en matiĆØre de protection des personnes avec une plus grande conscience. Les personnes victimes d’abus occupent une place centrale et prioritaire dans ce processus. L’Ć©coute, la demande de pardon, l’offre d’aide et le chemin de la rĆ©paration sont le point de dĆ©part. La nouvelle Commission centrale indĆ©pendante Le rapport se compose de plusieurs parties et prĆ©sente les donnĆ©es sur les abus reƧues par la Commission pour le bien-ĆŖtre et la protection de la personne (CO.BE.TU.) depuis 2014, annĆ©e de sa crĆ©ation et donc de la collecte systĆ©matique des signalements d’abus, jusqu’en dĆ©cembre 2022. Une autre partie est consacrĆ©e aux mesures mises en œuvre ou en cours de mise en œuvre, en rĆ©ponse aux recommandations de l’enquĆŖte indĆ©pendante menĆ©e par le GCPS Consulting. Le texte annonce qu’Ć  partir du 1er mai 2023, la Commission centrale indĆ©pendante prendra en charge le traitement des rapports et que la mission de la CO.BE.TU prendra fin. Le rapport prĆ©sente Ć©galement le « Protocole pour le traitement des cas d’abus dans le mouvement des FocolariĀ Ā» et les « Lignes de soutien et de rĆ©paration financiĆØre en cas d’abus sexuels sur des mineurs/adultes vulnĆ©rablesĀ Ā». Enfin, il existe un conseil de Vigilance nommĆ© par la prĆ©sidente et composĆ© d’au moins cinq membres extĆ©rieurs au mouvement. Quelques donnĆ©es prĆ©sentĆ©es dans le rapport Selon les donnĆ©es du texte publiĆ©, le nombre total de signalements d’abus s’Ć©lĆØve Ć  61. En ce qui concerne les victimes, 17 rapports font rĆ©fĆ©rence Ć  des adultes vulnĆ©rables, 28 Ć  des jeunes Ć¢gĆ©s de 14 Ć  18 ans, 13 Ć  des jeunes de moins de 14 ans, 2 rapports concernent la possession de matĆ©riel pĆ©dopornographique. Le nombre total d’agresseurs s’Ć©lĆØve Ć  66, dont 63 hommes et 3 femmes. 20 des abuseurs avĆ©rĆ©s ont Ć©tĆ© exclus du mouvement, 9 ont fait l’objet de sanctions, d’autres cas sont encore en cours. Enfin, 39 cas se sont produits en Europe, 15 dans les AmĆ©riques, 3 en Asie/OcĆ©anie et 4 en Afrique. Pour le chapitre sur les abus sexuels, de conscience, spirituels et d’autoritĆ© Ć  l’Ć©gard d’ adultes, il y a eu 22 signalements, 31 auteurs plus certains non encore identifiĆ©s, 12 Ć©taient des hommes et 19 des femmes. La rĆ©partition des signalements par zone gĆ©ographique est la suivante : 16 cas en Europe, 3 dans les AmĆ©riques, 2 en Afrique et 1 entre l’Asie et l’OcĆ©anie. Un rĆ©seau d’accueil et d’Ć©coute des victimes Au sein du mouvement des Focolari, les commissions locales pour le bien-ĆŖtre et la protection des mineurs et des personnes vulnĆ©rables seront renforcĆ©es ou crƩƩes, avec la prĆ©sence de professionnels dans les domaines de l’aide psychologique, juridique, pĆ©dagogique et Ć©ducative, chargĆ©s de recevoir les plaintes, les tĆ©moignages et d’entamer des procĆ©dures d’enquĆŖte. Les commissions locales pourront Ć©galement offrir un point d’Ć©coute Ć  toute personne souhaitant partager son expĆ©rience d’abus, de violence, de malaise de toutes sortes, et bĆ©nĆ©ficier – si elle le souhaite – d’un accompagnement pour un parcours ultĆ©rieur. Dans certains pays, comme la France, l’Allemagne et d’autres, ces points d’Ć©coute sont dĆ©jĆ  actifs. En outre, une commission disciplinaire centrale, composĆ©e en majoritĆ© de professionnels externes, sera mise en place pour Ć©valuer la responsabilitĆ© des responsables du mouvement des Focolari face aux abus de toutes sortes. Schwind : une honte qui exige de grands changements Joachim Schwind est un prĆŖtre du mouvement des Focolari, thĆ©ologien et journaliste d’origine allemande. Il est membre du Conseil gĆ©nĆ©ral du Mouvement et coresponsable de la Commission chargĆ©e des recommandations du rapport prĆ©parĆ© par le GCPS Consulting. A nos micros, il retrace ce qui a Ć©tĆ© fait sur la question des abus, en commenƧant par cette enquĆŖte et dĆ©crit comment les responsables et les communautĆ©s du mouvement ont vĆ©cu ce qui a Ć©mergĆ© : Quel a Ć©tĆ© le point de dĆ©part de ce nouveau parcours pour la protection de la personne ? De quoi ĆŖtes-vous partis ? Je ne sais pas s’il faut parler de point de dĆ©part, mais plutĆ“t de point dĆ©cisif. Et c’est sans doute, il y a un an, la publication du rapport de la sociĆ©tĆ© britannique GCPS qui a enquĆŖtĆ© sur ce cas de maltraitance en France. Ce n’Ć©tait pas le point de dĆ©part car des mesures Ć©taient dĆ©jĆ  en place depuis 2011, mais elles Ć©taient absolument insuffisantes, insatisfaisantes. Au contraire, ce rapport a provoquĆ© un grand choc et une grande honte dans tout le Mouvement, pour l’ampleur, pour la durĆ©e de cette affaire, pour le nombre de victimes, mais aussi pour l’Ć©chec de notre gestion de cette situation, de la coordination de nos structures organisationnelles et gouvernementales. Et la dĆ©cision de publier ce rapport « sans si…ni sans mais…Ā Ā» Ć©tait importante, mĆŖme si certains auraient voulu en discuter certaines parties, mais pour nous, cela signifiait accepter l’humiliation que ce rapport contenait, accepter que nous ne sommes pas meilleurs que d’autres. Mais il faut dire que ce n’est pas notre choix qui est Ć  l’origine de cette dĆ©cision, mais le courage des victimes qui ont dĆ©noncĆ© et rapportĆ© ce qui s’Ć©tait passĆ©. Cela a dĆ» ĆŖtre trĆØs douloureux d’apprendre les cas d’abus sexuels perpĆ©trĆ©s au sein du mouvement. Quelles ont Ć©tĆ© les premiĆØres rĆ©actions ? Quelles ont Ć©tĆ© en particulier les rĆ©actions des responsables centraux du mouvement ? Bien sĆ»r, comme je l’ai dit, c’Ć©tait profondĆ©ment douloureux, choquant et honteux. Les premiĆØres rĆ©actions ont Ć©tĆ© de reconnaĆ®tre les faits, de demander pardon. Cela avait dĆ©jĆ  Ć©tĆ© fait par la prĆ©sidente de l’Ć©poque, Maria Voce, en 2019 et l’a Ć©tĆ© Ć  nouveau par la prĆ©sidente actuelle, Margaret Karam et notre coprĆ©sident JĆ©sus MorĆ”n. Il n’est pas facile de dire quelles ont Ć©tĆ© les rĆ©actions d’un mouvement mondial, car nous sommes rĆ©partis dans le monde entier, dans tous les contextes culturels, et nous avons donc connu toute la gamme de rĆ©actions : le choc, l’incrĆ©dulitĆ©, la honte, mais aussi la recherche d’une justification. Il y a eu ceux qui ont essayĆ© d’expliquer la situation comme un cas particulier, en disant que les auteurs Ć©taient malades, que ces choses ne nous touchent pas, ou qu’elles ne concernaient pas leur propre pays, etc. Il y a eu de la colĆØre, la colĆØre de parents qui avaient confiĆ© leurs fils, leurs filles, au mouvement. Il y a eu quelques personnes qui ont quittĆ© le mouvement, d’autres qui ont voulu faire la lumiĆØre sur ces situations, il y a eu ceux qui ont senti qu’ils devaient faire quelque chose et ensuite « tourner la pageĀ Ā». Et dans ce contexte, ce que notre coprĆ©sident nous a dit lors d’une rĆ©union est trĆØs rĆ©vĆ©lateur : « il faut lire cette page jusqu’au bout avant de la tournerĀ Ā». Face Ć  cette rĆ©alitĆ©, quelles dĆ©cisions ont Ć©tĆ© prises, tout d’abord en ce qui concerne les plaintes qui avaient Ć©tĆ© dĆ©posĆ©es ? La premiĆØre chose que nous avons faite au niveau des responsables a Ć©tĆ© un pĆØlerinage rĆ©alisé  ensemble, avec une liturgie de demande de pardon, de rĆ©conciliation devant Dieu. Nous avons mis en place une Commission, dont je suis membre, qui avait pour mission de prĆ©ciser les Ć©tapes Ć  suivre. Beaucoup d’entre nous, Ć  commencer par la prĆ©sidente et le coprĆ©sident, ont cherchĆ© Ć  entrer en contact avec les victimes et je dois dire personnellement que les contacts avec les victimes ont Ć©tĆ© les choses les plus prĆ©cieuses de tout ce parcours. La dĆ©cision la plus importante a peut-ĆŖtre Ć©tĆ© la rĆ©forme de la Commission indĆ©pendante chargĆ©e d’enquĆŖter sur les cas d’abus. La partie la plus Ć©vidente et la plus importante de cette rĆ©forme est que, dĆ©sormais, tout abus sexuel sera signalĆ© aux autoritĆ©s judiciaires. Dans les pays où il existe une obligation de signalement, le signalement est fait immĆ©diatement dĆØs qu’il nous parvient et, lorsque la loi ne le prĆ©voit pas, une sorte d’enquĆŖte et de vĆ©rification de la vraisemblance est effectuĆ©e ; une fois que cela est fait, le signalement est transmis aux autoritĆ©s judiciaires. Ensuite, avec la rĆ©forme de cette Commission, nous avons essayĆ© d’accĆ©lĆ©rer les procĆ©dures, toujours en pensant aux victimes, qui ne doivent pas attendre trop longtemps lorsqu’elles ont eu le courage de porter plainte. Nous avons Ć©galement essayĆ© de libĆ©rer cette Commission d’autres tĆ¢ches, notamment celle de la formation, afin que toutes les procĆ©dures se dĆ©roulent plus rapidement, tandis que la formation est confiĆ©e Ć  une Commission spĆ©ciale. Ensuite, nous avons mis en place des points d’Ć©coute dans diffĆ©rents pays pour faciliter les dĆ©nonciations, car il n’est souvent pas facile de trouver le courage de le faire. L’autre front d’engagement a Ć©tĆ© la prĆ©vention des abus et la formation Ć  la protection intĆ©grale de la personne, de tous les membres du mouvement. Il y a eu une mobilisation importante Ć  ce sujet…. Bien sĆ»r, la prĆ©vention est peut-ĆŖtre le point le plus important, et dans ce contexte, nous avons Ć©galement Ć©tĆ© aidĆ©s par des experts extĆ©rieurs, car aprĆØs la publication du rapport de la GCPS, nousĀ Ā  Ć©tĆ© tentĆ©s de tout mettre en œuvre, mais il y avait aussi le risque de nous perdre un peu dans la mer de mesures que nous voulions prendre. Il nous a Ć©tĆ© conseillĆ© de nous concentrer avant tout sur la crĆ©ation de lieux sĆ»rs au sein du mouvement, c’est-Ć -dire de faire en sorte que les espaces, les rĆ©unions et les lieux du mouvement soient des espaces sĆ»rs. Bien sĆ»r, la sĆ©curitĆ© Ć  100 % n’existe jamais, mais nous devons Ć  tout prix accroĆ®tre l’attention et la sensibilisation de chacun, ce qui nĆ©cessite formation, formation, formation. Notre choix a Ć©tĆ© non seulement de poursuivre la formation des formateurs, des Ć©ducateurs et des animateurs, qui Ć©tait dĆ©jĆ  en place, mais aussi de crĆ©er des parcours de formation pour tous les membres du mouvement, et nous avons lancĆ© le dĆ©fi trĆØs ambitieux que, dans un dĆ©lai de deux ans, tous les membres du mouvement des Focolari doivent avoir suivi au moins un cours de base pour la prĆ©vention et la protection des mineurs contre les abus sexuels. Non seulement les abus sexuels Ć  l’encontre de personnes vulnĆ©rables, mais aussi les abus spirituels et d’autoritĆ©. Cela est Ć©galement mentionnĆ© dans le rapport publiĆ©. Et lĆ , nous entrons dans un domaine peut-ĆŖtre plus subtil, plus difficile Ć  dĆ©crypter. Que pouvez-vous nous dire Ć  ce sujet ? Comment se prĆ©sentent-ils et y a-t-il eu des plaintes Ć  ce sujet ? Il est trĆØs important de parler d’abus spirituels, d’autoritĆ©, de pouvoir, de la conscience. Important parce que les abus sexuels sont presque toujours des abus de pouvoir. Le problĆØme sous-jacent n’est donc pas la question de la sexualitĆ©, mais prĆ©cisĆ©ment l’abus de la conscience, l’abus spirituel, l’abus de dĆ©pendances liĆ©es au pouvoir. Et il est vrai, comme vous le dites, qu’il est trĆØs difficile de dĆ©chiffrer ce qu’est l’abus spirituel. DĆ©jĆ , le terme n’est pas encore clair et bien dĆ©fini et je pense que cela se reflĆØte aussi dans le nombre relativement faible de ces cas que nous avons publiĆ© dans notre rapport. Il y a un chemin Ć  parcourir, qui a commencĆ©, et les points d’Ć©coute que j’ai dĆ©jĆ  mentionnĆ©s nous y aideront. Il y a aussi les personnes qui ont Ć©tĆ© victimes d’un abus de pouvoir et qui ne veulent pas faire un rapport Ć  une commission, mais qui demandent Ć  parler Ć  ceux qui leur ont fait du mal. Elles demandent une mĆ©diation, un entretien, peut-ĆŖtre mĆŖme un chemin vers la rĆ©conciliation. Et puis il y a les autres qui n’ont pas encore trouvĆ© le courage de dĆ©noncer. Dans tout cela, je pense qu’un changement de culture est trĆØs important, et pour nous, il y a eu un moment trĆØs significatif lorsque, en septembre dernier, les dirigeants du Mouvement de toutes les rĆ©gions du monde se sont rĆ©unis dans notre Centre international avec le Conseil gĆ©nĆ©ral, et pendant plusieurs jours nous avons parlĆ© de nos expĆ©riences, nous avons pris le courage d’Ć©couter, le courage de parler, et nous avons essayĆ© de crĆ©er une nouvelle culture d’ouverture, d’Ć©coute, de narration. LĆ  aussi, nous avons besoin de formation, d’une distinction entre le for interne et externe, comme le pape le conseille Ć  l’Ɖglise, d’une formation Ć  la conscience, d’une formation Ć  la prĆ©valence absolue de la dignitĆ© humaine. Nous savons que le pouvoir comporte toujours un risque, c’est pourquoi notre chemin est entamĆ© et nous sommes encore en train de l’affiner. Il faut revoir les procĆ©dures de choix des dirigeants et maintenant il y a beaucoup plus d’implication de la base dans le choix des candidats, et puis il faut aussi qu’il y ait une alternance dans les fonctions de gouvernement.

Qu’est-ce que cela signifie pour le mouvement des Focolari de rendre publique la question des abus ? Il aurait pu aussi choisir de ne pas le faire… Quel message veut-on envoyer ? Je ne dirais pas que nous voulons envoyer un message avec ce rapport, car cela pourrait donner l’impression que nous voulons soigner notre image. Je pense que nous devons d’abord demander pardon Ć  chaque personne qui a souffert de l’inadĆ©quation de nos formes de gouvernement, de contrĆ“le, de responsabilitĆ©. Ensuite, nous devons remercier ceux qui ont trouvĆ© le courage de dĆ©noncer et de nous faire ressentir leur colĆØre. C’est surtout Ć  eux que nous voulons dire, avec la publication de ce rapport, qu’ils ne l’ont pas fait en vain et que le chemin de notre conversion et de notre rĆ©paration n’a fait que commencer, mais qu’il va durer. Et je pense que l’un des signaux les plus forts de ce rapport est le simple fait qu’il s’agit du dĆ©but d’une sĆ©rie, car nous nous sommes engagĆ©s Ć  publier un tel rapport chaque annĆ©e Ć  partir de maintenant. Cela permet aux victimes et Ć  l’opinion publique de suivre et de contrĆ“ler notre parcours, y compris au sein de notre mouvement, et cela nous forcera Ć  ne jamais abandonner.

Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā Adriana Masotti – CitĆ© du Vatican Source : Vatican News

Le fruit de la RƩdemption

JĆ©sus est ressuscitĆ©. Joyeuses PĆ¢quesĀ ! ƀ partir du rĆ©cit de l’Ɖvangile, Igino Giordani nous rĆ©vĆØle la dimension fraternelle de la rĆ©surrection. JĆ©sus, ressuscitĆ© d’entre les morts, apparut aux femmes qui s’Ć©taient rendues au tombeau. Il leur ditĀ : « Soyez sans crainte, allez annoncer Ć  mes frĆØres…Ā Ā» C’est ainsi, au dernier moment, qu’il donna aux disciples leur nom dĆ©finitifĀ : frĆØres. Sorti de la mort, dans la gloire, il dĆ©finit ainsi sa relation avec les hommes. Comme il se prĆ©senta alors, il se prĆ©sente encore aujourd’hui, comme un frĆØreĀ : le premier-nĆ©. En ressuscitant, il avait vaincu la mort et restaurĆ© la fraternitĆ©. Il Ć©tait venu sur terre pour rĆ©tablir la paternitĆ© du PĆØreĀ ; il Ć©tait descendu aux enfers pour vaincre l’ennemi des hommesĀ ; il dĆ©clarait Ć  prĆ©sent la fraternitĆ© retrouvĆ©e des fils, dans la famille de Dieu. Nous sommes tous dans la rĆ©demption et par consĆ©quent, nous sommes tous frĆØres. Si nous ne nous reconnaissons pas comme frĆØres, nous sommes hors de la rĆ©demption.

Igino Giordani

Igino Giordani, Il fratello, (I edizione CittĆ  Nuova 2011 – III edizione, Figlie della Chiesa 1954).