Mouvement des Focolari

Chiara Lubich : le chemin vers la fraternité universelle

Comment faire de nos efforts quotidiens, de notre travail, de nos relations un vecteur pour construire un monde uniĀ ? Voir avec un regard nouveau, chaque matin, ceux que nous rencontrons, prĆŖts Ć  ne pas juger, Ć  donner notre confiance, Ć  espĆ©rer toujours, Ć  croire toujours. Nous devons acquĆ©rir un regard de misĆ©ricorde, une vertu que les temps que nous vivons nous demandent de mettre en pratique avec les frĆØres proches ou loin de nous. […] La fraternitĆ© universelle, voilĆ  le grand projet de Dieu sur l’humanitĆ©. Une fraternitĆ© universelle, plus forte que les divisions, les tensions et les rancœurs qui s’insinuent si facilement Ć  cause des incomprĆ©hensions et des fautes. Pourquoi les familles se dĆ©font-ellesĀ ? Parce que nous ne savons pas nous pardonner. De vieilles haines entretiennent les divisions entre les membres d’une mĆŖme famille, les groupes sociaux et les peuples. Certains mĆŖme enseignent Ć  ne pas oublier les torts subis, Ć  nourrir des sentiments de vengeance… Une rancœur sourde empoisonne l’âme et corrompt le cœur. Certains pensent que le pardon serait un signe de faiblesse. Bien au contraire. C’est l’expression d’un grand courage, d’un amour vrai, d’autant plus authentique qu’il est plus dĆ©sintĆ©ressĆ©. « En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment – dit JĆ©sus -, quelle rĆ©compense allez-vous en avoirĀ ?Ā Ā» Tout le monde en fait autant. « Vous, aimez vos ennemis[1].Ā Ā» ƀ nous aussi, il nous est demandĆ© – prenant exemple sur Lui – d’avoir un amour de pĆØre, de mĆØre, un amour de misĆ©ricorde envers ceux que nous rencontrons pendant la journĆ©e, surtout envers ceux qui sont dans l’erreur. Et Ć  ceux qui sont appelĆ©s Ć  vivre une spiritualitĆ© de communion, comme l’est la spiritualitĆ© chrĆ©tienne, l’Évangile demande encore plusĀ : « Pardonnez-vous mutuellement[2]Ā Ā» L’amour rĆ©ciproque exige presque un pacte entre nousĀ : celui d’être toujours prĆŖts Ć  nous pardonner rĆ©ciproquement. C’est la seule maniĆØre de contribuer Ć  crĆ©er la fraternitĆ© universelle. Ces paroles, non seulement nous invitent Ć  pardonner mais elles nous rappellent que, pour ĆŖtre nous-mĆŖmes pardonnĆ©s, il nous faut pardonner. Dieu nous Ć©coute et nous pardonne dans la mesure où nous savons pardonner. […] En effet, un cœur endurci par la haine n’est mĆŖme plus capable de reconnaĆ®tre et d’accueillir l’amour misĆ©ricordieux de Dieu. […] Il nous faut faire preuve de prĆ©vention. Chaque matin regarder les autres d’un œil nouveau, en famille, Ć  l’école, au travail, prĆŖts Ć  ne pas juger, Ć  faire confiance, Ć  espĆ©rer, Ć  croire sans cesse. Approcher chaque personne avec cette amnistie complĆØte dans le cœur, avec ce pardon universel. Ne pas se souvenir de leurs dĆ©fauts, tout couvrir avec l’amour. Au cours de la journĆ©e, essayer de rĆ©parer les impolitesses et les mouvements d’humeur en prĆ©sentant des excuses ou en faisant un geste d’amitiĆ©. […] Alors quand nous prierons le PĆØre et, surtout, lorsque nous lui demanderons son pardon pour nos fautes, nous verrons notre demande exaucĆ©e. Nous pourrons dire avec confianceĀ : « Pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mĆŖmes nous avons pardonnĆ© Ć  ceux qui avaient des torts envers nous[3].Ā Ā»

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, CittĆ  Nuova, 2017, p.Ā 667) [1] Cf. Mt 5, 42-47 [2] Cf. Col 3, 13. [3] Mt 6, 12.

Le Pape et l’acte de consĆ©cration au Cœur ImmaculĆ© de Marie

Le 25 mars, le Pape FranƧois consacrera la Russie et l’Ukraine au Cœur ImmaculĆ© de Marie. Cette supplique s’insĆØre dans la priĆØre chorale qui s’Ć©lĆØve dans le monde pour la paix et accompagne le grand rĆ©seau de solidaritĆ© auquel adhĆØrent Ć©galement les membres du mouvement des Focolari. Le 25 mars, en la solennitĆ© de l’Annonciation du Seigneur, vers 18h30 (heure de Rome), depuis la basilique Saint-Pierre au Vatican, le Pape FranƧois consacrera toute l’humanitĆ©, et en particulier la Russie et l’Ukraine, au Cœur ImmaculĆ© de Marie. Selon la tradition catholique, par cet acte il confie Ć  la MĆØre, et par son intercession Ć  Dieu, toute personne sur terre, en particulier aujourd’hui ceux qui souffrent Ć  cause de la guerre. Le Pape Ć©crit aux Ć©vĆŖques du monde entier, les invitant Ć  participerĀ : « L’Église, en cette heure sombre, est fortement appelĆ©e Ć  intercĆ©der auprĆØs du Prince de la paix et Ć  se faire proche de ceux qui paient dans leur chair les consĆ©quences du conflitĀ Ā». Parce que la guerre est une dĆ©faite pour tout le monde. Avec la guerre, tout est perdu. C’est pourquoi, poursuit le Pape, « Accueillant aussi de nombreuses demandes du Peuple de Dieu, je dĆ©sire confier, de maniĆØre spĆ©ciale, les nations en conflit Ć  la ViergeĀ Ā». Cet acte « se veut ĆŖtre un geste de l’Église universelle qui, en ce moment dramatique, porte Ć  Dieu, par sa MĆØre et notre MĆØre, le cri de douleur de tous ceux qui souffrent et implorent la fin de la violence, et qui confie l’avenir de l’humanitĆ© Ć  la Reine de la paix Ā». Le mouvement des Focolari, prĆ©sent dans plus de 180 pays, et donc aussi dans de nombreux endroits où il y a encore des conflits et des guerres, adhĆØre Ć  l’appel du pape. Il y a quelques jours, Margaret Karram, la prĆ©sidente du mouvement des Focolari, ainsi que le Conseil GĆ©nĆ©ral du Mouvement, rĆ©unis dans la « ville de la paixĀ Ā» Ć  Assise pour quelques jours de retraite, a invoquĆ© la priĆØre pour la paix universelle : « Nous te demandons, avec la foi qui dĆ©place les montagnes, que le feu de la guerre cesse et que le dialogue ’en cherchant les voies de la paix’ entre la Russie et l’Ukraine soit victorieux. Nous demandons la grĆ¢ce de mettre fin Ć  tous les conflits en cours, en particulier les plus oubliĆ©sĀ Ā». Depuis 1991 – les annĆ©es de la guerre du Golfe – les communautĆ©s des Focolari sont unies dans une priĆØre commune pour la paix par le Temps mort quotidien Ć  midi dans tous les fuseaux horaires. Des chrĆ©tiens de diffĆ©rentes Ɖglises, des croyants de diffĆ©rentes religions, s’arrĆŖtent pour une minute de silence ou de priĆØre pour demander la paix et recentrer leur engagement personnel pour la construire lĆ  où ils sont. Le vendredi 25 mars, en mĆŖme temps que le Pape fera l’Acte de ConsĆ©cration, le Cardinal Konrad Krajewski, l’envoyĆ© du Pape Ć  Fatima au Portugal, fera le mĆŖme geste pour implorer ensemble la Paix.

Lorenzo Russo

Voici le lien vers la priĆØre en direct Ć  partir de 17h00 (heure de Rome) Voici l’acte de consĆ©cration au Cœur ImmaculĆ© de Marie en plusieurs langues

Compositeurs de valeurs : un atelier entre notes et paroles

Compositeurs de valeurs : un atelier entre notes et paroles

Le 26 fĆ©vrier 2022, la collaboration entre les Gen4, les enfants du Mouvement des Focolari, et l’association Forme Sonore, a donnĆ© vie Ć  un atelier de composition de musique pour enfants avec une centaine de participants de tous les continents. De nombreuses rĆ©flexions ont Ć©tĆ© recueillies auprĆØs des participants et les impressions des professeurs de musique, Sabrina Simoni et Siro Merlo. La trĆØs belle collaboration nĆ©e au cours de l’Ć©tĆ© 2021 entre ā€˜Forme Sonore’, une association qui s’occupe de productions et d’expĆ©rimentations pour favoriser l’essor de la pensĆ©e musicale, et les Gen4, a donnĆ© vie Ć  un morceau de musique enregistrĆ© par un petit chœur d’enfants du Burundi. L’occasion d’unir leurs forces et de crĆ©er Ć  nouveau quelque chose de beau ensemble s’est prĆ©sentĆ©e le 26 fĆ©vrier 2022, jour où les fondateurs de Forme Sonore, la professeure de musique Sabrina Simoni (directrice du ā€˜ā€™Piccolo CoroĀ  Mariele Ventre de l’Antoniano de Bologne-Italie’’, protagoniste de l’Ć©vĆ©nement annuel italien de chants pour enfants ā€˜ā€™Zecchino d’oro’’) et le professeur de musique Siro Merlo (expert en Ć©criture et direction artistique de chansons pour enfants) ont tenu un magnifique atelier organisĆ© par les GEN4, destinĆ© en particulier Ć  ceux qui comprennent la musique et qui travaillent en contact Ć©troit avec les enfants. L’atelier, qui a Ć©tĆ© suivi en ligne par une centaine de personnes de tous les continents, s’est concentrĆ© sur la composition de musique pour enfants, non seulement d’un point de vue technique, mais aussi comme un moyen de transmettre des valeurs telles que le partage, l’unitĆ©, la fraternitĆ©, l’attention aux autres et Ć  la nature. Ā« Lorsque Valeria Bodnar, l’assistante GEN4 du Burundi, nous a contactĆ©s en aoĆ»t dernier , racontent les professeurs de musique, nous avons Ć©tĆ© sincĆØrement impressionnĆ©s par son enthousiasme. Nous avons vĆ©cu la mĆŖme Ć©motion le samedi 26 fĆ©vrier. Le mot qui parvient le mieux Ć  dĆ©crire ce moment est ā€˜ā€™choralité’’, ce sentiment intense que l’on ressent lorsque, animĆ©s d’une joie sincĆØre, on interprĆØte une chanson avec d’autres. Les personnes qui ont participĆ©, en plus d’ĆŖtre gĆ©ographiquement trĆØs Ć©loignĆ©es, appartenaient Ć  des milieux sociaux et culturels trĆØs diffĆ©rents, et pourtant les messages que nous avons reƧus Ć  la fin de l’atelier exprimaient des opinions consonantes et parfaitement harmonieuses Ā». Filippo de Monopoli (Italie) dit : Ā« Ce cours a surtout ravivĆ© mon dĆ©sir de composer quelque chose pour nos Gen4. J’ai appris que les chansons pour nos enfants doivent ĆŖtre simples, ludiques et qu’ils doivent se sentir libres et heureux de les chanter Ā». De nombreux remerciements ont Ć©tĆ© reƧus. Ramia, de CĆ“te d’Ivoire, Ć©crit : « J’ai compris que la composition de la chanson doit ĆŖtre faite en tenant compte de la psychologie des enfants, du public cible qui va l’interprĆ©ter, en trouvant la meilleure faƧon de transmettre une Ć©motion et le bon rythme pour permettre Ć  l’enfant de chanter sans soucisĀ Ā». Un vĆ©ritable voyage Ć  travers les notes, la technique et la passion, qui a rĆ©vĆ©lĆ© aux participants combien il est important de considĆ©rer la musique comme « un moyen et non une finĀ Ā», ont expliquĆ© les professeurs de musique Sabrina Simoni et Siro Merlo, « un moyen qui peut non seulement ā€˜ā€™transporter’’ des contenus de diffĆ©rentes natures (Ć©ducatifs, pĆ©dagogiques, Ć©motionnels ou ludiques), mais aussi le faire en moins de temps, de maniĆØre plus directe et plus approfondieĀ Ā». Un moment de grand partage qui s’est transformĆ© en un cadeau rĆ©ciproque et qui a laissĆ© un mandat important pour ceux qui s’occupent de l’enfance et de la musique : grandir et se former de plus en plus, en accompagnant les enfants sur ce chemin de dĆ©couverte dans lequel « la musique – concluent les professeurs de musique – possĆØde une Ć©nergie socialisante particuliĆØrement puissante qui doit ĆŖtre correctement guidĆ©e et canalisĆ©e par des enseignants compĆ©tents, animĆ©s d’une grande passion et riches d’empathie et de sensibilité ».

Ā Maria Grazia Berretta

Je fuyais et vous m’avez accueilli

Je fuyais et vous m’avez accueilli

Nous suivons le conflit en Ukraine en temps rĆ©el, Ć  travers le travail des journalistes dĆ©pĆŖchĆ©s sur place et par les informations diffusĆ©es sur le web et les rĆ©seaux sociaux. Chaque jour, nous assistons au drame humain de foules obligĆ©es de fuir les bombes, principalement des enfants et des femmes. Dans le mĆŖme temps, les gestes d’accueil se multiplient silencieusement dans de nombreux pays europĆ©ens. Voici quelques tĆ©moignages. Il y a un mois, aucun d’entre nous n’aurait pu imaginer que nous aurions aujourd’hui plus de trois millions de rĆ©fugiĆ©s en provenance d’Ukraine. Mais c’est la rĆ©alitĆ© que nous vivons non seulement dans les pays proches des zones du conflit mais aussi dans les pays d’Europe et au-delĆ . Pratiquement du jour au lendemain, nous avons dĆ» nous organiser pour accueillir nos frĆØres et sœurs ukrainiens, principalement des enfants et des femmes, qui fuient l’horreur. Manuela, de Berlin (Allemagne), nous raconte : Ā«Quand le conflit a commencĆ© et que les premiĆØres personnes sont arrivĆ©es d’Ukraine, c’Ć©tait pour moi une rĆ©ponse Ć  l’annulation forcĆ©e de la rencontre annuelle des Focolari que nous appelons la Mariapolis europĆ©enne pour accueillir les gens du mieux que nous pouvons, c’est maintenant ma, notre Mariapolis. C’est ce que Dieu veut de moi, de nousĀ». Et de Munich, Ć©galement en Allemagne, Dora raconte : « La maison des prĆŖtres où je travaille a accueilli deux femmes et un enfant de 12 ans. Ils ne parlent ni allemand ni anglais, mais nous nous comprenons grĆ¢ce Ć  la traduction en ligne sur nos tĆ©lĆ©phones portables. Il y a quelques soirs, aprĆØs le dĆ®ner, je leur ai demandĆ© s’ils avaient besoin de quelque chose. La mĆØre a rĆ©pondu : ā€˜Oui, j’aurais besoin de chaussures pointure 42 pour mon fils’. ƀ ce moment-lĆ , j’ai senti Chiara Lubich trĆØs proche de moi et j’ai compris que nous Ć©tions sur la bonne voieĀ Ā». Dora fait rĆ©fĆ©rence Ć  un Ć©pisode qui est arrivĆ© Ć  Chiara Lubich pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’un pauvre lui a demandĆ© une paire de chaussures pointure 42 et qu’au mĆŖme moment une amie lui a donnĆ© une paire de cette pointure qui Ć©tait en trop dans sa famille. Aujourd’hui, certaines des structures d’hĆ©bergement des Focolari sont Ć©galement mises Ć  disposition pour accueillir des rĆ©fugiĆ©s d’Ukraine. Le 3 mars 2022 dĆ©jĆ , les cinq premiers rĆ©fugiĆ©s (deux jeunes mĆØres et leurs enfants) ont pu trouver un logement, reconnaissants de la douche chaude et de la nourriture qu’ils ont reƧues au centre Mariapolis dialog.hotel.wien, prĆØs de Vienne, en Autriche. Le lendemain, ils ont poursuivi leur voyage en train. Dix jours plus tard, 34 rĆ©fugiĆ©s sont arrivĆ©s, dont 15 enfants, et ont Ć©tĆ© hĆ©bergĆ©s pour une Ć  cinq nuits. La mĆŖme chose s’est produite dans les centres Mariapolis en Allemagne : Zwochau/Leipzig, Solingen/Cologne, Ottmaring/Augsbourg. Vingt-cinq jeunes du nord-ouest de l’Allemagne ont participĆ© Ć  une course de solidaritĆ© pour les orphelins ukrainiens le samedi 12 mars 2022. Un grand groupe a couru Ć  Solingen et de Cologne, Munich et aussi de Graz, d’autres participants se sont joints Ć  eux et ont couru avec eux. Au total, les jeunes ont couru plus de 250 kilomĆØtres et rĆ©coltĆ© plus de 10 000 euros ! Ils se sont ensuite mis en relation par vidĆ©oconfĆ©rence avec la focolarine qui se trouve en Ukraine pour un temps de partage d’expĆ©riences. Non seulement nous accueillons des rĆ©fugiĆ©s ou collectons de l’argent, des vĆŖtements ou de la nourriture, mais nous sensibilisons les gens Ć  l’idĆ©e de la paix. Margarete D. est enseignante et a lancĆ© une campagne spĆ©ciale avec sa classe Ć  Krefeld (Allemagne). Elle a constatĆ© un grand enthousiasme chez les enfants de faire quelque chose de concret. Ils ont donc lancĆ© l’action « Cartes postales pour la paixĀ Ā». Certaines phrases ont Ć©tĆ© traduites en russe et mĆ©ticuleusement Ć©crites par les enfants en lettres cyrilliques Ć  cĆ“tĆ© de la version dans leur langue maternelle, pour ĆŖtre envoyĆ©es Ć  ceux qui ont la possibilitĆ© d’arrĆŖtez les affrontements. Il y a encore beaucoup Ć  faire. Entre-temps, des efforts sont dĆ©ployĆ©s pour organiser au mieux les aspects logistiques de l’accueil des rĆ©fugiĆ©s, dans l’espoir qu’un terme soit rapidement mis Ć  ce conflit, comme l’a Ć©galement dĆ©clarĆ© le pape FranƧois lors de l’AngĆ©lus du dimanche 20 mars 2022, en suppliant « tous les acteurs de la communautĆ© internationale de s’engager rĆ©ellement Ć  mettre fin Ć  cette guerre rĆ©pugnanteĀ Ā».

Carlos Mana

Ɖvangile vĆ©cu : “Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons Ć  ceux qui nous ont offensĆ©s” (Mt 6,12)

Est-il possible d’imiter le PĆØre en pratiquant un amour qui va jusqu’au pardon ? C’est en effet compliquĆ©, mais la vĆ©ritable condition qui nous permet de faire un si grand geste est d’avoir reƧu dans la vie “la grĆ¢ce de la honte”, comme le dit le pape FranƧois, et la joie consĆ©quente d’avoir Ć©tĆ© pardonnĆ©. Un chemin mystĆ©rieux sur lequel le CarĆŖme nous demande de marcher, pour qu’Ć  la fin nous puissions profiter de paysages merveilleux. Blessures guĆ©ries Un jour, une personne m’a lancĆ© un reproche que, selon mon orgueil, je ne mĆ©ritais pas. Pendant un certain temps, ce manque de respect a brĆ»lĆ© en moi. J’ai Ć©tĆ© tentĆ©e de limiter la relation, je ne voulais plus rien avoir Ć  faire avec cette personne indĆ©sirable, mais cela n’aurait pas Ć©tĆ© cohĆ©rent avec mon choix de vivre l’Ɖvangile. Comment pourrais-je guĆ©rir cette blessure ? Je me suis tournĆ©e vers JĆ©sus et j’ai immĆ©diatement pensĆ© : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasseĀ Ā». Pendant des jours, j’ai mis en pratique ce conseil avec les personnes que je cĆ“toyais, y compris celles qui m’avaient fait du tort, et Ć  la place des pensĆ©es nĆ©gatives, j’ai senti quelque chose guĆ©rir en moiĀ : un sentiment de soulagement que seul le pardon peut procurer. (R. – Italie) L’amour inconditionnel Depuis quelque temps, les querelles entre ma femme et moi s’Ć©taient intensifiĆ©es. Allez savoir pourquoi, il a suffi d’un petit dĆ©saccord, d’un mot dĆ©placĆ©, d’un rien pour que nous commencions Ć  Ć©lever la voix, Ć  ressasser de vieilles histoires. Un soir, alors que l’atmosphĆØre Ć©tait devenue Ć©lectrique, notre fille de neuf ans s’amusait Ć  lancer des avions en papier depuis l’escalier de l’Ć©tage. Elle souriait et son petit frĆØre semblait s’amuser comme un petit fou. IntriguĆ©, j’en ai pris quelques-uns et les ai montrĆ©s Ć  ma femme. En regardant de plus prĆØs, chacun des avions Ć©tait dĆ©corĆ© de cœurs et de messages tels que : “Nous vous aimons tellement”, “Vous ĆŖtes les plus beaux parents du monde” et “Nous voulons vous entendre chanter”. Lorsque ma femme les a lues, des larmes ont coulĆ© sur son visage. Nous nous sommes regardĆ©s avec honte, puis nous nous sommes embrassĆ©s, promettant de trouver notre unitĆ© dans ce “oui” d’amour que nous nous Ć©tions promis depuis des annĆ©es. (M. – Portugal) La premiĆØre Ć©tape Depuis mon adolescence, mon pĆØre et moi ne pouvions pas nous supporter. Ma mĆØre en souffrait, mais ne voyait aucune solution pour notre famille. Lors d’un voyage Ć  l’Ć©tranger, je me suis confiĆ©e Ć  un ami engagĆ© dans un mouvement catholique qui, dans les cas difficiles, avait l’habitude de se poser la question suivante : « Si je n’aime pas cette personne, qui l’aimera Ć  ma place ?Ā Ā» Je suis rentrĆ©e de ce voyage en gardant prĆ©cieusement ces mots forts et, Ć©trangement, je me suis souvenue de tant d’occasions manquĆ©es où j’aurais pu faire un geste d’amour envers mes parents. Pour me racheter, j’ai commencĆ© par de petites choses, de simples services liĆ©s Ć  ma compĆ©tence, que j’avais l’habitude d’Ć©viter… Bref, quelque chose a changĆ© en moi. Des dĆ©cennies ont passĆ© depuis, et maintenant que j’ai une famille et des enfants, je comprends l’importance de faire le premier pas, comme si la joie de l’autre ne dĆ©pendait que de moi. (R.T. – Hongrie)

Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Propos recueillis par Maria Grazia Berretta

  (extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VIII, n°2, mars-avril 2022)

Chiara Lubich: misƩricorde sans limites

Dans le Notre PĆØre, JĆ©sus nous invite Ć  demander Ć  Dieu de pardonner nos offenses comme nous pardonnons aussi Ć  ceux qui nous ont offensĆ©s. C’est la Parole de vie que nous essayons de mettre en pratique en ce mois de mars 2022. Notre amour pour nos frĆØres et sœurs doit ĆŖtre empreint de misĆ©ricorde, allant jusqu’au pardon. JĆ©sus affirme que c’est toujours nous qui devons prendre l’initiative pour que la bonne entente soit constante, pour maintenir la communion fraternelle. JĆ©sus pousse ainsi le commandement de l’amour du prochain jusqu’à sa racine la plus profonde. En effet, il ne dit pasĀ : « si tu te souviens que tu as offensĆ© ton frĆØreĀ Ā», maisĀ : « si tu te souviens que ton frĆØre a quelque chose contre toiĀ Ā». Pour lui, le fait mĆŖme de rester indiffĆ©rents face au dĆ©saccord, mĆŖme lorsque nous n’en sommes pas responsables, est dĆ©jĆ  un motif pour que Dieu ne nous accepte pas bien et nous rejette. JĆ©sus veut donc nous mettre en garde, non seulement contre les plus graves explosions de haine, mais aussi contre toute expression ou attitude qui, d’une maniĆØre ou d’une autre, dĆ©note un manque d’attention, d’amour envers les frĆØres. (…) Nous devrons chercher Ć  ne pas ĆŖtre superficiels dans nos relations, mais Ć  fouiller dans les recoins les plus secrets de notre cœur. Nous tĆ¢cherons aussi d’éliminer la simple indiffĆ©rence ou tout autre manque de bienveillance, toute attitude de supĆ©rioritĆ©, de nĆ©gligence envers quiconque. Ɖvidemment, nous chercherons Ć  rĆ©parer toute impolitesse, toute manifestation d’impatience, par une excuse ou un geste d’amitiĆ©. Et si parfois cela ne semble pas possible, c’est alors le changement radical de notre attitude intĆ©rieure qui comptera. Une attitude de rejet instinctif de l’autre sera remplacĆ©e par une attitude d’accueil total, d’acceptation complĆØte de l’autre, de misĆ©ricorde sans limites, de pardon, de comprĆ©hension, d’attention Ć  ses besoins. En agissant ainsi, nous pourrons offrir Ć  Dieu tous les dons que nous voudrons. Il les acceptera et en tiendra compte. Nous approfondirons notre rapport avec lui et nous arriverons Ć  cette union avec Dieu qui est notre bonheur prĆ©sent et futur.

Chiara Lubich

Ā (Chiara Lubich, in Parole di Vita, CittĆ  Nuova, 2017, p. 283 – Parole de vie de fĆ©vrier 1984)

Margaret Karram : que cesse le feu de la guerre et que triomphe le dialogue «dans la recherche de voies de paix»

Margaret Karram : que cesse le feu de la guerre et que triomphe le dialogue «dans la recherche de voies de paix»

LaĀ  priĆØre pour la paix universelleĀ» prononcĆ©e aujourd’hui par la PrĆ©sidente des Focolari Ć  Assise, sur la tombe de saint FranƧois, fait Ć©cho aux propos du pape FranƧois. En annexe, la version intĆ©grale. Ā«Nous te demandons, avec la foi qui dĆ©place les montagnes, que “cesse le feu” de la guerre et que triomphe le dialogue dans “la recherche de voies de paix” entre la Russie et l’Ukraine. Nous demandons la grĆ¢ce que cessent tous les conflits en cours, en particulier les plus oubliĆ©sĀ». Cette invocation poignante est au cœur de la Ā«priĆØre pour la paix universelle”Ā», prononcĆ©e ce matin Ć  Assise par MargaretĀ Karram, PrĆ©sidente du Mouvement des Focolari. Dans la crypte de SaintĀ FranƧois, Ć  la basilique infĆ©rieure, Ć©tait prĆ©sent avec elle le Conseil GĆ©nĆ©ral du Mouvement, rĆ©uni dans la « ville de la paixĀ Ā» pour quelques jours de retraite. Ā«Nous sommes ici au nom de tous les membres du Mouvement : chrĆ©tiens de diffĆ©rentes Ɖglises, fidĆØles de diverses religions, personnes qui se reconnaissent frĆØres et sœurs de l’unique famille humaine. Nous faisons nĆ“tres le cri et le dĆ©sespoir des peuples qui, en ce moment, souffrent Ć  cause de la violence, des conflits et des guerresĀ», a poursuivi Margaret Karram. ā€œDonne-nous la grĆ¢ce de nous accueillir les uns les autres, de nous pardonner, de vivre comme une unique famille humaine. Donne-nous d’aimer la patrie de l’autre comme la nĆ“tre ! Dieu de misĆ©ricorde, de concorde, fais de nous ā€˜ā€™des instruments de Ta paix’’» A une semaine (le 25 mars 2022) de la consĆ©cration par le pape FranƧois de la Russie et de l’Ukraine au Cœur ImmaculĆ© de Marie, cette supplique s’insĆØre dans le chœur de priĆØres pour la paix qui s’Ć©lĆØve dans le monde et accompagne le grand rĆ©seau de solidaritĆ© auquel s’associent Ć©galement les membres du Mouvement. Les communautĆ©s des Focolari sont prĆ©sentes dans plus de 180 pays, y compris dans de nombreux endroits où sont encore en cours des conflits et des guerres.

StefaniaĀ Tanesini

Le texte intégral de la «prière universelle pour la paix».

RĆ©publique Dominicaine: Bras et cœur grand ouverts

Un projet d’Ć©change culturel fait tomber les barriĆØres entre les migrants haĆÆtiens et la communautĆ© de La Romana en RĆ©publique Dominicaine. La RĆ©publique Dominicaine est un pays situĆ© au milieu de la mer des CaraĆÆbes. Elle partage le territoire de l’Ć®le d’Hispaniola avec HaĆÆti. Historiquement, elle a un intĆ©rĆŖt culturel pour tout le continent amĆ©ricain puisque c’est lĆ  que Christophe Colomb a dĆ©barquĆ© lors de son premier voyage. Les deux pays partagent des racines culturelles et historiques mais prĆ©sentent Ć©galement des contrastes qui les sĆ©parent depuis des siĆØcles. HaĆÆti est le pays le plus pauvre des AmĆ©riques. L’instabilitĆ© politique et la violence interne ont poussĆ© des milliers de personnes Ć  Ć©migrer vers d’autres pays. Chaque annĆ©e, des milliers de migrants traversent la frontiĆØre entre HaĆÆti et la RĆ©publique dominicaine en quĆŖte d’un avenir meilleur, ce qui crĆ©e des tensions entre les deux nations. « On estime Ć  2 millions le nombre d’HaĆÆtiens en RĆ©publique dominicaine. Ils viennent principalement pour travailler dans la culture de la canne Ć  sucre car il y a plusieurs usines sucriĆØres iciĀ Ā», explique Modesto Herrera, un mĆ©decin qui fait partie de la communautĆ© des Focolari en RĆ©publique Dominicaine. Bien qu’il existe un Ć©change mutuel entre ces peuples voisins, il subsiste Ć©galement des tensions latentes et des discriminations Ć  l’encontre des HaĆÆtiens vivant en RĆ©publique Dominicaine. L’un des principaux obstacles est la langue car en RĆ©publique Dominicaine, la langue est l’espagnol tandis on qu’on parle le crĆ©ole Ć  HaĆÆti. Il y a quelques annĆ©es, la communautĆ© des Focolari de La Romana a lancĆ© un projet visant Ć  crĆ©er des liens de fraternitĆ© avec les migrants haĆÆtiens vivant dans les villes proches. « Nous travaillons dans la paroisse où se trouve un Batey, c’est une petite communautĆ© peuplĆ©e principalement d’HaĆÆtiensĀ Ā», explique Sandra BenĆ­tez, une femme d’affaires. Bien que la plupart n’aient jamais visitĆ© le Batey parce qu’il s’agit d’une zone Ć©loignĆ©e de la ville où vivent principalement des migrants haĆÆtiens, ils ont dĆ©cidĆ©, avec des jeunes et d’autres membres de la communautĆ©, de briser la barriĆØre qui les avait divisĆ©s pendant des annĆ©es et ont commencĆ© Ć  se rendre visite pour apprendre Ć  se connaĆ®tre. Peu Ć  peu, ils ont dĆ©couvert que la communautĆ© haĆÆtienne avait besoin d’ĆŖtre intĆ©grĆ©e dans la sociĆ©tĆ©. La Romana est connue pour son industrie textile. « Nous avons vu le potentiel des jeunes et nous avons dĆ©cidĆ© de travailler dans l’industrie textileĀ Ā» explique Cristian Salvador Roa qui enseigne la couture Ć  la communautĆ© haĆÆtienne. Il ajoute : « J’Ć©prouve une grande satisfaction Ć  voir qu’un jeune ne gaspille plus sa jeunesse mais qu’il tire le meilleur parti de sa vie en faisant quelque chose de productifĀ Ā». « Le meilleur tĆ©moignage que nous puissions donner est que, face Ć  la barriĆØre de la langue et des prĆ©dispositions sociales, nous dĆ©couvrons, lorsque nous brisons cette barriĆØre, la grande richesse que nous trouvons dans une culture et dans la coexistence humaine avec une autre personneĀ Ā», conclut Concepción Serrano, ingĆ©nieur industriel.

Clara Ramirez

https://www.youtube.com/watch?v=1pjphk3Q_IY&list=PL9YsVtizqrYv2ebAtB_j8KTB-hL0ZRid7&index=2

Chiara LubichĀ : Seulement l’Ɖvangile

Tout passe, mĆŖme la vie. Seul l’Évangile restera pour toujours car il ne subit pas l’usure du temps. Aujourd’hui, 14Ā marsĀ 2022, Ć  14 ans de la disparition de Chiara Lubich, nous publions ce passage dans lequel elle confie l’Évangile Ć  ceux qui la suivent sur la voie de l’unitĆ©. Une invitation Ć  vivre la Parole dans toutes nos actions quotidiennes. Une pensĆ©e revient constamment dans mon Ć¢meĀ : « À ceux qui te suivent ne laisse que l’Ɖvangile. Si tu agis ainsi, l’IdĆ©al de l’unitĆ© restera. Il est Ć©vident qu’Ć  l’Ć©poque où tu vis et où les autres vivent, les idĆ©es, les phrases, les slogans qui mettaient l’Ɖvangile en prise avec l’Ć©poque moderne ont Ć©tĆ© utiles. Mais ces pensĆ©es, ces maximes, presque des « paroles de vieĀ Ā», passeront. Lorsque l’unitĆ© entre les chrĆ©tiens sera sur le point d’être rĆ©alisĆ©e, on ne parlera plus d’œcumĆ©nisme. Lorsqu’une certaine unitĆ© sera rejointe dans le monde, on ne parlera plus d’homme-monde[1] comme un idĆ©al Ć  suivre. Lorsque le monde en majoritĆ© athĆ©e aura Ć©tĆ© pĆ©nĆ©trĆ© par la rĆ©alitĆ© de Dieu, l’athĆ©isme ne viendra plus autant en Ć©vidence. La spiritualitĆ© de l’unitĆ© elle-mĆŖme, qui est aujourd’hui un remĆØde pour notre Ć©poque, lorsqu’elle aura atteint son but, sera mise aux cĆ“tĆ©s de toutes les autres qui sont les diffĆ©rents charismes que Dieu a donnĆ©s Ć  son Ɖglise tout au long des siĆØcles. Ce qui reste et restera toujours, c’est l’Ɖvangile qui ne subit pas l’usure du tempsĀ : « Les cieux et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pasĀ Ā» (Mt 24,35). Ici, il s’agit de toutes les paroles de JĆ©sus. Je comprends que nous devons sans aucun doute adhĆ©rer de toutes nos forces au temps, Ć  l’Ć©poque dans laquelle nous vivons et suivre les inspirations particuliĆØres que Dieu nous donne, pour porter le Royaume de Dieu et le former en nous et en ceux qui nous ont Ć©tĆ© confiĆ©s. Mais nous devons le faire avec ce sens du transitoire avec lequel nous vivons la vie, en sachant qu’existe la Vie Ć©ternelle d’où est venu l’Ɖvangile annoncĆ© par JĆ©sus. Dans notre cœur, nous devons mettre au deuxiĆØme rang toutes les idĆ©es, les faƧons de faire utiles, mais non Ć©vangĆ©liques et renouveler constamment notre foi dans l’Ɖvangile qui ne passe pas.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in La Parola di Dio, CittĆ  Nuova 2011, p. 112-113) [1] L’expression – crƩƩe par Chiara Lubich dans ses conversations avec les jeunes – se rĆ©fĆØre Ć  l’impĆ©ratif d’Ć©largir notre cœur et notre esprit Ć  la mesure donnĆ©e par JĆ©sus AbandonnĆ©, afin de devenir des personnes capables de contribuer efficacement Ć  l’unitĆ© du monde (cf. C. Lubich, Lettre ouverte aux jeunes, entretiens avec les Gen2, tomeĀ 1p.48).

Le Concile Vatican II et le charisme au service de l’unitĆ©

AprĆØs une premiĆØre journĆ©e Ć  la FacultĆ© de thĆ©ologie d’Italie Centrale, la confĆ©rence « Le concile Vatican II et le charisme de l’unitĆ© de Chiara LubichĀ Ā» s’est achevĆ©e Ć  Florence, dans le cadre splendide du ā€˜Palazzo Vecchio’.Ā  Un Ć©vĆ©nement qui, de la synodalitĆ© Ć  l’engagement pour la paix et le dialogue entre les hommes et les peuples, s’inscrit dans un dĆ©bat d’une extraordinaire actualitĆ©.Ā  La grande saison des nouveaux mouvements ecclĆ©siaux, qui a connu son apogĆ©e sous le pontificat de Jean-Paul II, trouve certainement son origine dans la pĆ©riode prĆ©conciliaire. Elle a ensuite trouvĆ© sa raison d’ĆŖtre dans le Concile du Vatican, notamment dans la valorisation du laĆÆcat catholique et la redĆ©finition de la prĆ©sence de l’Ɖglise dans le monde (Lumen Gentium), ainsi que dans la centralitĆ© de la Parole partagĆ©e en communion (Dei Verbum). La pĆ©riode post-conciliaire a ensuite permis l’explosion numĆ©rique et qualitative de ces mouvements, valorisĆ©s dans leur naissance et dĆ©veloppĆ©s par Paul VI, puis applaudis et soutenus avec son magistĆØre par le pape polonais. Une histoire d’unitĆ© et de distinction, en particulier dans l’Ɖglise de la seconde moitiĆ© du XXe siĆØcle, qui a trouvĆ© son expression la plus mĆ»re dans le charisme de Chiara Lubich, un charisme au service de l’unitĆ© de l’Ɖglise et de l’humanitĆ©. Comme tĆ©moignage de la pertinence du charisme au service de l’unitĆ©, dans la situation actuelle complexe et parfois convulsive, la confĆ©rence s’est inscrite dans le grand mouvement de solidaritĆ© avec les victimes de la guerre en Ukraine et avec tous les hommes et femmes de paix qui travaillent en Ukraine et en Russie, en Europe et en Asie, partout. Le conseiller Alessandro Martini nous l’a rappelĆ© le jour où la ville de Florence a accueilli une manifestation internationale pour la paix. Pour ces raisons, Ć©tant donnĆ© que le Mouvement des Focolari apparaĆ®t comme le premier et le plus rĆ©pandu des mouvements ecclĆ©siaux de la pĆ©riode conciliaire, Ć  l’occasion du centenaire de la naissance de sa fondatrice – reportĆ© ensuite deux fois Ć  cause de la pandĆ©mie – une confĆ©rence internationale a Ć©tĆ© organisĆ©e par l’Institut universitaire Sophia et le Centre Chiara Lubich avec le titre explicatif : Ā« Le Concile Vatican II et le charisme de l’unitĆ© de Chiara Lubich : Dei Verbum et Lumen GentiumĀ Ā». Lieu : Florence. Date : 11 mars 2022 Ć  la FacultĆ© de thĆ©ologie d’Italie centrale et 12 mars au ā€˜Palazzo Vecchio’, dans le ā€˜Salone dei Cinquecento’. La confĆ©rence Ć©tait parrainĆ©e par la ville de Florence, avec la participation de l’Association thĆ©ologique italienne, de la FacultĆ© de thĆ©ologie d’Italie centrale, de l’Institut Paul VI, du Centre international d’Ć©tudiants Giorgio La Pira, de CittĆ  Nuova, de l’École AbbĆ  et Ć©videmment du Mouvement des Focolari. Le comitĆ© scientifique Ć©tait composĆ© d’Alessandro Clemenzia (FTIC), Piero Coda (IUS), et, pour le Centre Chiara Lubich, de Florence Gillet, JoĆ£o Manoel Motta et Alba Sgariglia. Lors de la clĆ“ture de l’assemblĆ©e vaticane, en novembre 1965, Chiara Lubich rĆ©sume dans une priĆØre pleine de sens ce qui est peut-ĆŖtre le rĆ©sumĆ© le plus Ć©vident du Concile, l’Ɖglise qui naĆ®t de la prĆ©sence de JĆ©sus parmi les siens : Ā« Ɣ Esprit Saint, fais-nous devenir, par ce que tu as dĆ©jĆ  suggĆ©rĆ© dans le Concile, une Ɖglise vivante : c’est notre seul dĆ©sir et tout le reste converge Ć  cela Ā». C’est dans cet esprit que la confĆ©rence s’est fixĆ© pour objectif de lancer une enquĆŖte approfondie visant Ć  saisir, d’une part, si et comment le message du Concile a trouvĆ© un lieu d’interprĆ©tation et de dĆ©veloppement fĆ©cond dans l’expĆ©rience suscitĆ©e par le charisme au service de l’unitĆ© ; et, d’autre part, si et comment la floraison de la vie ecclĆ©siale promue par le charisme de l’unitĆ© a Ć©tĆ© rendue possible et propice par l’horizon ouvert par Vatican II. Dans cette premiĆØre Ć©tape, l’attention s’est concentrĆ©e sur Dei Verbum et Lumen Gentium, afin de mettre en Ć©vidence les profils de convergence et les apports de la doctrine conciliaire et de l’inspiration du charisme de l’unitĆ© autour du lien crucial par lequel l’Ɖglise naĆ®t et grandit en tant qu’incarnation historique, dans le souffle de l’Esprit, du Verbe qui « s’est fait chairĀ Ā»(Jn 1,14). Le programme de la confĆ©rence Ć©tait particuliĆØrement dense, comme cela arrive souvent lorsqu’il est le rĆ©sultat d’un sĆ©rieux travail de conception et de prĆ©paration. Un flot de paroles qui, peu Ć  peu, a pris tout son sens, grĆ¢ce Ć  l’apport pluriel des universitaires. Le premier jour, Piero Coda, ancien doyen de l’Institut universitaire Sophia (Ā« Une coĆÆncidence chronologique et kairologique : un conseil et un charisme. Pour un discernement thĆ©ologique de la corrĆ©lation entre Vatican II et le charisme de l’unitĆ© Ā»), Paolo Siniscalco de l’UniversitĆ© ā€˜La Sapienza’de Rome (Ā« Chiara Lubich au temps de Vatican II Ā») et le thĆ©ologien istrien-pisan Severino Dianich (Ā« L’Ć©vĆ©nement du Concile Vatican II : sacrement… de l’unitĆ© de tout le genre humain Ā»). Coda a soulignĆ© comment le charisme au service de l’unitĆ© a apportĆ© une contribution trĆØs dĆ©cisive Ć  l’histoire de l’Ɖglise sur le chemin de la communion fondĆ©e sur le Christ crucifiĆ©, abandonnĆ© et ressuscitĆ©. Siniscalco, pour sa part, a sagement et historiquement retracĆ© les diffĆ©rents passages de l’aventure existentielle de ChiaraĀ  Lubich avant, pendant et aprĆØs le Concile Vatican II. Dianich, en revanche, a donnĆ©, avec la clartĆ© et la franchise qu’on lui connaĆ®t, une interprĆ©tation de Vatican II comme berceau d’une rĆ©interprĆ©tation plus sĆ©culaire et communautaire de l’Ɖvangile. Le samedi 12, la confĆ©rence s’est dĆ©placĆ©e dans un cadre civil, aprĆØs la premiĆØre session qui s’est dĆ©roulĆ©e dans un cadre ecclĆ©sial, comme pour rĆ©affirmer la double valeur opĆ©rationnelle du charisme au service de l’unitĆ©. Dans le cadre prestigieux du ā€˜Palazzo Vecchio’, dans la ā€˜Sala dei Cinquecento’, où se sont tenus plusieurs congrĆØs des Focolari depuis 1964, et où Chiara Lubich elle-mĆŖme a reƧu la citoyennetĆ© d’honneur de Florence en 2000, l’actuelle PrĆ©sidente des Focolari, Margaret Karram, a ouvert la rĆ©union en soulignant l’importance du lieu florentin, en mĆ©moire de Giorgio La Pira, le saint maire, homme de paix et de ā€˜ā€™l’Ɖglise vivante’’. En son nom, dĆ©jĆ  en 1974, avec le cardinal Benelli, Chiara Lubich avait fondĆ© le Centre international d’Ć©tudiants Giorgio La Pira, reliant ainsi de maniĆØre indissociable son nom Ć  la ville sur l’Arno. Florence, donc, comme ville de paix, avec des liens privilĆ©giĆ©s avec le Moyen-Orient dont est originaire Margaret Karram, une palestinienne avec un passeport israĆ©lien. Ā« Nous travaillons pour tisser partout des relations de paix, le bien le plus prĆ©cieux que l’humanitĆ© puisse avoir Ā», a dĆ©clarĆ© la PrĆ©sidente des Focolari. Le cardinal Giuseppe Betori, absent pour raisons de santĆ©, a fait Ć©cho aux dires de Margaret Karram, dans son message : Ā« L’expĆ©rience du dialogue, Ć  tous les niveaux, qui a caractĆ©risĆ© la vie de Chiara Lubich, s’est appuyĆ©e sur une intuition Ć©vangĆ©lique du rapport entre intĆ©rioritĆ© et extĆ©rioritĆ©, où la relation avec l’autre est le prolongement causal et consĆ©quent de l’union intime avec Dieu Ā». Alors que la confĆ©rence se poursuivait au Palazzo Vecchio, Vincenzo Di Pilato (FTP), parlant de la Dei Verbum, a abordĆ© le thĆØme avec un timbre Ć©minemment thĆ©ologique : «  L’alphabet pour connaĆ®tre le ChristĀ . La Parole de Dieu, un Ć©vĆ©nement permanent du salut dans la Dei VerbumĀ Ā». Florence Gillet, du Centre Chiara Lubich, a quant Ć  elle traitĆ© un thĆØme Ć  la frontiĆØre entre l’histoire et l’ecclĆ©siologie : « La Parole de Dieu en Chiara Lubich : la prĆ©sence vivante du Christ qui engendre l’ƉgliseĀ Ā». Elle a Ć©tĆ© suivie d’une table ronde avec Giovanna Porrino (IUS) sur « La Parole dans la vie de l’ƉgliseĀ Ā», Declan O’Byrne (IUS), « La Parole et l’EspritĀ Ā», Angelo Maffeis (FTIS) sur « La Parole de Dieu comme principe d’unité » et avec le thĆ©ologien Ć©vangĆ©lique Stefan Tobler (USBL) sur « Une mystique de la Parole comme chemin vers l’œcumĆ©nismeĀ Ā». Cette session a Ć©tĆ© suivie par la troisiĆØme et derniĆØre session de la confĆ©rence, consacrĆ©e Ć  Lumen Gentium, avec une intervention trĆØs attendue de Mgr Brendan Leahy (Ć©vĆŖque de Limerick, Irlande) sur « L’Ɖglise et le principe marialĀ Ā». La table ronde suivante a vu les interventions d’Alessandro Clemenzia (FTIC / IUS), « L’Ɖglise Ć  partir de la Trinité », d’Assunta Steccanella (FTT/TV), « Le peuple messianiqueĀ Ā», d’Erio Castellucci, Ć©vĆŖque de Modena-Nonantola et vice-prĆ©sident de la CEI, « CollĆ©gialitĆ© Ć©piscopale et synodalitĆ© de l’ƉgliseĀ Ā» et de Cristiana Dobner (CarmĆ©lite dĆ©chaussĆ©e), « Les charismes dans la mission de l’ƉgliseĀ Ā». Enfin, la thĆ©ologienne Yvonne Dohna Schlobitten, de l’UniversitĆ© GrĆ©gorienne, est intervenue sur le thĆØme « Une icĆ“ne de l’ecclĆ©siologie de Vatican IIĀ Ā». Les 11 et 12 mars, la ā€˜Sala dei Cinquecento’, pleine de symboles guerriers dans les grandes peintures murales, a entendu les paroles de paix de La Pira, Bargellini et de la Lubich, et a ainsi accueilli un Ć©vĆ©nement qui a montrĆ© comment l’Ɖglise et la sociĆ©tĆ© civile peuvent tĆ©moigner de la communion et du dialogue, en stimulant la politique Ć  prendre pour horizon la paix et sa construction.

Michele Zanzucchi