La “Règle d’or” « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse à toi-même » « Mt VII,12), que propose l’Evangile, est présente aussi dans l’Islam et dans les autres religions. Lorsqu’elle est mise à la base de chaque relation, elle engendre – comme cela s’est produit sur ces terres – un amour qui suscite un fécond « dialogue de la vie » avec chaque personne que l’on rencontre. Un dialogue tissé de petits gestes, d’attention à l’autre, de respect, d’écoute. C’est cet amour concret du prochain qui a permis que naisse au Marocquelques communautés focolari, où l’amour et le respect l’emportent sur les différences de culture, de tradition et de religion. Voici quelques extraits du Journal de bord écrit par Claude, accompagné de Ivano, en visite auprès de ces communautés, fin janvier et début février dernier.Février 2015
“Nous sommes à Fez, ville impériale, très fière de sa tradition hautement spirituelle. De nombreux étudiants subsahariens viennent y faire leurs études supérieures. Ils fréquentent volontiers la paroisse francophone et son curé, le Père Matteo, qui m’a demandé de faire la catéchèse sur les sacrements à une vingtaine d’entre eux, l’occasion de vivre ensemble un échange profond et convivial.
Le groupe Parole de Vie (focolari) de la paroisse a réuni une trentaine d’étudiants en médecine, chimie, informatique, y compris les cinq venus de Rabat. Ensuite dîner chez les Petites Sœurs de Jésus qui vivent en plein cœur de la médina : Lucile raconte son expérience à l’hôpital.
Arrivée à Tanger pour rencontrer le petit groupe d’une quinzaine de personnes, musulmans et chrétiens, qui vivent la spiritualité de l’unité.
Soirée avec un couple qui nous considère désormais plus proches que leurs frères de sang. Lui a été affecté par son travail cette année loin de sa femme, à 24h de route, mais cet éloignement a été finalement bénéfique car ils ont découvert le positif l’un de l’autre.
Amaury m’appelle pour voir le bureau où il donne des cours d’informatique à trois jeunes migrants…
Déjeuner chez Mohamed, sa femme souhaite approfondir la spiritualité de l’unité. Elle raconte son expérience avec le gardien de l’immeuble où elle travaille qui ne la saluait plus : il voulait qu’elle lui rapporte de l’huile de sa patronne espagnole quand elle n’était pas là. Refus de sa part, car l’huile ne lui appartient pas. Mais peu après elle reçoit un litre d’huile d’olive de sa mère, le « mot du jour » invite à partager : elle lui apporte la bouteille en lui expliquant que cette huile est à elle et qu’elle peut donc en faire ce qu’elle veut. L’homme n’en revient pas et se confond en excuses. La réconciliation est faite.
Fawzia nous rejoint : elle a fondé une petite école dans un quartier pauvre de la périphérie. Elle raconte que l’épicier d’à côté se met devant l’entrée pour dire aux mamans d’inscrire leurs enfants dans une autre école qui vient d’ouvrir, alors que l’an dernier elle avait accueilli son fils. Elle ne lui en veut pas : un jour elle lui demande ce qu’il avait contre elle, mais pas de réponse. Elle a su qu’il agissait ainsi parce qu’il avait obtenu deux places pour ses enfants dans cette nouvelle école, dont une gratuite, à condition de ramener les enfants qui voudraient s’inscrire chez Fawzia.
Fawzia est toute contente des fruits de son travail : ce premier semestre, ses élèves de l’an passé, qui ont rejoint l’école primaire publique du quartier, comptent tous parmi les meilleurs. On l’accompagne au garage de son mari associé avec le propriétaire du local, tout content de nous le montrer. Puis on rencontre son frère qui vient d’avoir une voiture d’occasion, mais il doit remplacer le pare-brise : il a voulu aider une femme âgée en prenant ses sacs du marché. Au retour il la retrouve sur la route en train de lancer une pierre pour éloigner un chien, mais celle-ci vient casser le pare-brise de sa voiture. La vieille dame est désolée et veut lui donner le peu d’argent qui lui reste, mais il lui pardonne et lui dit qu’il trouvera un moyen pour le remplacer.
Soirée rencontre avec des familles …. Avant de se quitter Ahmed nous invite à rester dormir chez lui. On accepte, Ahmed est très content. On passe la soirée avec sa famille, il va chercher un tagine viande.
Dimanche après-midi, rencontre détente chez Fawzia avec toute sa famille. Promenade autour de la maison, projection de quelques photos des amis d’Algérie. Fawzia nous raconte que sa grand-mère accueille tout le monde chez elle. Même si elle n’a pas grand-chose, elle partage tout. Elle reçoit aussi beaucoup de cadeaux. Ses propres enfants ne viennent presque pas la voir à cause de leur père qui a perdu la tête, mais elle prend un jour par trimestre pour leur rendre visite malgré l’avis contraire de ses voisins. Elle dit qu’elle fait tout pour Dieu et pour elle-même.
Visite à l’école de Fawzia. Le quartier grouille d’enfants qui jouent dans des rues boueuses et chaotiques. Les maisons y poussent comme des champignons. Toute joyeuse elle raconte que deux enfants lui demandent de s’inscrire à son école qui a très bonne réputation dans le quartier. Six jours après, trois autres nouvelles inscriptions !
Retour par Casablanca. Soirée avec Susana, Mohammed et Nadedj. Demain je rentre en Algérie et Ivan rejoindra l’Italie, tous deux enrichis de la rencontre avec ces personnes qui s’engagent à vivre au quotidien pour un monde plus uni”.
SOR pour School for Oriental Religions ( Ecole pour les religions orientales). Cela a été une des idées typiques de l’aspect génial du charisme de Chiara Lubich », écrit sur son blog, Roberto Catalano, co-responsable du Centre pour le dialogue interreligieux du Mouvement des Focolari.
Arrivée presque au terme de son voyage en Asie en janvier 1982, la fondatrice du Mouvement des Focolari lança une idée qui paraissait être presque un rêve. Il s’agissait de commencer , dans la citadelle des Philippines, Tagaytay, point de référence pour les Focolari en Asie, des cours de formation qui permettent aux catholiques de s’ouvrir, préparés d’une façon adéquate, au dialogue avec des fidèles d’autres religions. Chiara Lubich arrivait du Japon où elle avait eu l’occasion, sur invitation du rev. Nikkyo Niwano, fondateur de la Rissho- Kosei-kai, mouvement de renouvellement bouddhiste japonais, de parler de son expérience chrétienne à des milliers de bouddhistes. L’impact avait été fort, non seulement pour les bouddhistes qui écoutaient une femme catholique qui parlait dans le Temple Sacré en face de la grande statue de Bouddha, mais pour Chiara elle-même. A l’arrivée dans les Philippines, pays chrétien de l’Asie, elle avait eu l’intuition de la nécessité de lancer le Mouvement des Focolari, particulièrement celui de ce continent, à dialoguer avec les bouddhistes, les musulmans et les hindous. Mais elle avait aussi cueilli la nécessité de se préparer d’une manière adéquate pour une tâche engageante qui ne devait pas aller au détriment des identités religieuses de chacun. Après avoir communiqué son rêve à quelques-uns des responsables du Mouvement, une personne avait offert une maison qui pouvait accueillir des professeurs et de brefs cours.
C’est ainsi qu’est née la S.O.R. qui, au cours de ces trois décennies, a proposé des week-end de formation à des chrétiens de l’Asie à propos de sujets qui concernent les différentes religions. A partir de 2009, ensuite, avec la diffusion de tensions religieuses et du fondamentalisme, on a pensé affronter des thèmes spécifiques, transversaux : Dieu dans les traditions asiatiques, le commandement de l’amour, le rôle des Écritures Saintes, et cette année, la place et la signification de la souffrance.
Du 26 février au 1er mars, la Citadelle Pace (Tagaytay) a accueilli ainsi environ 300 personnes provenant pour la plus grande partie, des Philipines, mais aussi avec des délégations du Pakistan, de l’Inde, Myanmar, Thaïlande, Vietnam, Hong Kong, Taïwan, Indonésie, Japon et Corée. Ils sont presque tous catholiques, mais trois bouddhistes, membres actifs des Focolari, ont voulu être présents, venant du Japon et de la Thaïlande. Le sujet : Le sens de la souffrance dans les religionsasiatiques : hindouisme, bouddhisme, islam, christianisme. L’objectif : mettre en évidence la valeur et la signification que les traditions respectives donnent à la douleur en général, celle physique, comme celle spirituelle et psychique ou celle provoquée par des désastres naturels.
Les présentateurs étaient experts des différents secteurs, trois évêques aussi étaient présents (Roberto Mallari, de S. José Nueva Ecija dans les Philippines, Brenan Leahy, de Limerick en Irlande et Felix Anthony Machado de Vasai en Inde) et un professeur américain expert en bouddhisme ( Donald Michell de la Purdue University) relié via skype. L’école a ensuite offert l’occasion de partager des expériences de dialogue dans des pays où les chrétiens sont une petite minorité, comme en Inde, en Thaïlande, au Japon, ou à Taïwan.
« Ils sont venus pour apprendre à dialoguer avec les autres religions, mais ce qu’ils ont découvert a été le christianisme dans sa dimension la plus profonde et en même temps, ouvert à tous ceux qui se rencontrent, peu importe à quelle foi ils appartiennent » conclut Catalano. Chiara a compris la nécessité de former les chrétiens au dialogue dans un continent qui vit dans un kaléidoscope de fois. Un dialogue qui ne relativise pas ni n’aplatit, où chacun doit être lui-même et, en rencontrant l’autre, doit redécouvrir ses propres racines.
L’Amérique Latine est faite d’unité et de diversité et ce qui la rend forte, c’est son parcours vers l’intégration. Cet objectif, qui n’est sans doute pas encore atteint, repose sur une unité de sentiments, d’émotions, de liens fraternels, relevant tous d’une histoire commune.
C’est la vision prophétique dont Chiara Lubich a eu l’intuition pour cette région du monde et c’est vers elle que nous nous acheminons tant bien que mal.
En Amérique Latine les démocraties, même si elles se sont peu à peu consolidées grâce à des processus de démocratisation post-dictatoriaux et d’intégration régionale, n’ont pas suivi, pour ce qui est de la qualité, une courbe de progression linéaire. L’Amérique Latine doit affronter un avenir incertain et complexe. La croissance économique des dernières années n’est pas parvenue à éradiquer complètement la pauvreté, ni à résoudre les problèmes d’inégalité sociale et d’insécurité.
Et c’est ici que vient en évidence le lien étroit qui existe entre la politique et l’idée de fraternité. L’idée de fraternité, dont Chiara Lubich a particulièrement témoigné et qu’elle a enseignée, est en rapport avec deux éléments essentiels de la politique. Le premier est l’idée d’une politique conçue comme un projet collectif de l’Amérique Latine qui aille au-delà de nos individualités, qui implique une démarche de communion, un acte de fraternité, parce que fondé sur la reconnaissance de l’autre, sur le respect de la diversité. Le dialogue est l’outil principal pour faire avancer un tel projet.
Le second élément est la perspective à moyen terme. L’idée de travailler à des actions dont on ne verra peut-être jamais les fruits est la plus noble attitude qui témoigne de la grandeur de la politique.
Cristina Calvo
Chiara Lubich a fait naître, non seulement en Amérique Latine mais dans le monde entier, de nombreuses initiatives dans quatre domaines : L’Etat, les organismes sociaux, le secteur privé et celui de la connaissance.
L’accès aux droits fondamentaux, à l’éducation et au travail, ont été et doivent à nouveau être les piliers de la construction d’une identité nationale.
Les institutions doivent être considérées non comme des monuments, mais comme des milieux où sont garantis les droits des personnes, où l’on rend opérationnel l’exercice de ces mêmes droits, afin qu’ils ne se réduisent pas à de belles déclarations de principe, mais puissent être réellement appliqués.
Chiara Lubich a aussi contribué à mettre en évidence la dimension éthique de la politique. L’éthique implique la transparence et elle est directement liée à l’idée de fraternité : elle permet de s’indigner autant de la corruption que de la pauvreté ou des inégalités.
Nous sommes certains que l’Amérique Latine, du point de vu politique, doit retrouver un modèle et un projet de développement économique productif basé sur l’intégration sociale, qui garantisse l’accès aux droits humains dans leur intégralité, qui promeuve et favorise des conditions de vie dignes.
Nous avons besoin de retrouver un leadership fiable, clairvoyant et exemplaire. Nous insistons particulièrement sur l’idée d’exemplarité qui ne se règle ni avec de l’argent, ni en achetant les consciences, mais au contraire par un choix de conduite. Une exemplarité qui ne peut être le fait des individus seulement, mais qui doit tout autant aussi se doter d’un leadership favorisant les dynamiques collectives et participatives.
Un projet de développement qui ne se donne pas comme priorité la résolution des problèmes des secteurs les plus vulnérables et les plus pauvres n’en n’est pas un.
Il faut aussi retrouver l’idée de fraternité comme valeur prioritaire au regard de la gestion du bien public. Il est impératif de retrouver une politique de convictions. Cela suppose d’accepter la diversité.
En Argentine et dans le reste de l’Amérique Latine nous avons besoin de retrouver confiance et tout particulièrement une culture des valeurs, des valeurs éthiques qui s’incarnent dans la pratique et dans la réflexion politique. Et nous rejoignons ici les principes et le témoignage de vie de Chiara Lubich dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire. Pour l’Amérique Latine, Chiara conjugue charisme, savoir, leadership, action et destinée des peuples. Une destinée et un engagement qui nous mobilisent.
Margarita Stolbizer (1) et Cristina Calvo (2)
(1) Avocate argentine, députée nationale, présidente du Parti Génération pour la Rencontre Nationale – GEN et candidate du centre-gauche à l’élection présidentielle 2015 de la République Argentine.
(2) Economiste argentine, dirige la parti Génération pour la Rencontre Nationale – GEN
Existe-t-il “une politique qui en vaille la peine”, à un moment de l’histoire qui la voit en pleine crise, souvent identifiée à un pouvoir corrompu ou à des intérêts particuliers ?
La question a été abordée le 12 mars après-midi, dans le cadre de l’un des nombreux événements mondiaux à l’occasion du 7ème anniversaire du décès de Chiara Lubich (1920-2008). « Sa foi simple et courageuse – affirme dans son message Sergio Mattarella, Président de la République italienne – , unie à une extraordinaire capacité de lire la modernité et d’en accepter les défis, inspire la vie de milliers de personnes dans le monde entier, en exhortant constamment les institutions nationales et internationales à promouvoir les valeurs de fraternité et de respect réciproque, en faveur du dialogue dans la famille, dans la communauté, entre les peuples ».
Pour la fondatrice du mouvement des Focolari s’engager en politique signifiait répondre à une vocation, « L’amour des amours », c’était sa définition de la politique. Répondre à cet appel « est avant tout un acte de fraternité : on agit pour le bien public, pour la collectivité, en désirant le bien de chacun comme si c’était le sien propre ». Pour atteindre ce but, a affirmé la présidente des Focolari, Maria Voce, à l’ouverture du congrès « Chiara Lubich : l’unité et la politique », « il est indispensable de partir précisément de l’unité qui seule peut donner à la liberté et à l’égalité leur juste valeur ».
Que signifie vivre la fraternité universelle dans un milieu aussi sensible?Iole Mucciconi, qui joue un rôle important auprès de la Présidence du Conseil des Ministres, témoigne : « Chaque matin il est important de s’engager à bien accomplir jusqu’au bout son propre travail ; j’ai toujours à l’esprit les conseils de Chiara Lubich pour vivre la fraternité : mener une vie honnête, bien se conduire sur le plan moral, être détaché de l’argent et partager les joies et les peines de nos frères ».
Le problème de la corruption qui, hélas, gangrène l’Etat, est aussi très ressenti par Raffaele Scamardì, assesseur aux travaux publics du XIIème arrondissement de Rome, à un moment où les magistrats et les forces de l’ordre cherchent à démanteler les réseaux des malversations qui ont pris au piège la capitale. « Malgré tout, dit-il, une politique orientée au bien des autres est possible : en réparant une route endommagée, en écoutant les citoyens et leur besoin de légalité, en travaillant avec une transparence qui tienne éloignée la corruption ».
Dieudonné Upira Sumguma confirme la chose, lui qui fut ministre de la Fonction Publique de la République Démocratique du Congo et qui s’est trouvé, lors de son mandat, à devoir refuser des pots de vin.
Les jeunes des Focolari au Parlement. Le matin, dans la salle des parlementaires, pleins feux, avec Lara et George, sur la tragédie des réfugiés syriens au Liban et en Jordanie: une intervention vraie, simple, directe et confiante, à l’image de leurs vingt ans. La guerre qui déchire la Syrie a toutes les caractéristiques d’un drame. Abraham, quant à lui, aborde le problème du narcotrafic qui sévit dans son Pays, le Mexique. Cette célébration du 7ème anniversaire de Chiara Lubich est largement marquée par l’engagement et des actions conduites par les jeunes des Focolari dans les pays les plus éprouvés. Pour eux ces actions ont une dimension politique. Ils se sont donné rendez-vous à plus de 300 à Rome, pour donner visibilité à des actions de dialogue, de solidarité, de paix qui vont d’un bout à l’autre de la planète. La Présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, interpellée sur le rôle de la politique pour résoudre les conflits et protéger les droits humains, les remercie pour avoir le courage de « raccourcir les distances entre les institutions et les citoyens » et leur demande « de ne pas céder à qui veut changer l’ADN de notre peuple fait d’accueil et de solidarité ». Elle encourage les jeunes à se mettre à « la disposition du bien commun avec générosité, pour influencer les décisions et les choix », à rendre service à leur Pays en ne s’aplatissant pas devant les oppositions et la logique de l’ennemi parce que « dans les valeurs de Chiara Lubich il y a une vision de la société qui relève du politique et invite à ne pas se mettre en dehors ».
Le dialogue se poursuit en abordant les blessures propres à notre époque: le rapport au monde musulman, la guerre et les épidémies africaines, les catastrophes naturelles du Sud-Est asiatique. Le politologue Pasquale Ferrara insiste en disant « que le dialogue n’est pas l’arme des faibles » et l’économiste Luigino Bruni rappelle, à propos des énormes inégalités sociales, que « le bonheur le plus important n’est pas le nôtre mais celui des autres et qu’il est donc utile de s’engager avec un esprit créatif pour résoudre les problèmes et se mettre ensemble pour réaliser des choses nouvelles ».
Le sens communautaire des projets mis en œuvre par les jeunes des Focolari et accompagnés par l’Observatoire de la Fraternité prévu par United world project explicite, selon Paolo Frizzi, la “perspective anthropologique et civile du charisme de l’unité capable de façonner une humanité nouvelle en mesure de partager des actions de vie à partir des différences et de construire des projets durables ayant pour horizon le monde”. En synthèse, « La fraternité en chemin », titre choisi pour cette manifestation, exige des pas concrets de la part des politiques et des citoyens.
« Le Réseau ‘Baluchon Permanent’ veut être une initiative concrète et immédiate adressée à beaucoup de personnes en difficulté due à la situation de crise économique dans laquelle nous vivons ». C’est ainsi que commence le texte qui illustre le projet qui, depuis le mois de mai dernier a donné naissance à l’initiative.
Le terme baluchon, qui rappelle la récolte de peu et pauvres choses dans un foulard et qui est donc synonyme de pauvreté, a voulu signifier, pour Chiara Lubich et le premier noyau naissant des Focolari, au milieu des années ’40, le sens de partage, de dons et de redistribution de biens matériels. Une pratique est ainsi née, qui consiste à se priver librement du superflu et parfois de ce que l’on croit nécessaire, pour le partager et en faire don à celui qui en a besoin.
Ce sont celles-là les racines du baluchon qui a trouvé sa place auprès du Pôle Lionello Bonfanti, près de Loppiano qui est devenu un centre de rencontre entre celui qui a à partager des biens et celui qui en a besoin. « Environ 3000 personnes sont déjà passées par ici – racontent Roberta Menichetti et Araceli Bigoni, de l’équipe qui coordonne l’initiative – , surtout des familles qui habitent sur le territoire. Aujourd’hui, ce sont des milliers de vêtements, de meubles pour la maison, de livres, de petits ustensiles, de jeux, de services immatériels comme le temps, les talents, et la disponibilité qui sont arrivés et repartis avec les nouveaux propriétaires ».
« Ce n’est pas par hasard que ce soit le pôle Lionello Bonfanti qui accueille l’initiative – continue Eva Gullo, présidente de l’EdC, société qui gère le Pôle – cet espace étant la ‘maison’ de tous les membres de l’Économie de Communion, celle-ci ayant parmi ses motivations, celle de diffuser la ‘culture du donner’, possibilité qui permet de contribuer au bien-être social à partir de soi-même ».
Les histoires de générosité nées à partir de cette initiative sont nombreuses. Comme celle dela famille logée dans les locaux paroissiaux d’une petite ville des environs qui, ayant reçu la possibilité de se transférer dans une petite habitation, a trouvé au ‘baluchon’ les meubles pour arranger sa maison. Le réseau d’amis a organisé aussi le transport et le montage des meubles pour un coût zéro.
Des voix comme ”providence” et ”confiance” sont des éléments irremplaçables de cette expérience : comme cette après-midi-là au cours de laquelle un petit lit de nouveau-né était à peine parti du ‘baluchon’, qu’une demande était arrivée pour le même genre d’article. Même pas une demi-heure après, un autre petit lit était arrivé !
Le projet baluchon a remporté le titre ”Entreprendre dans le social”, activé par la Fondation Catholique Assurances pour la section ”Nouvelles pauvretés” qui élargit les fonds à des organes qui s’occupent de projets d’aide à des personnes indigentes. Les fonds seront utilisés pour une organisation plus fonctionnelle des locaux.
A partir de cette pratique du partage et du don, sont nées des soirées d’approfondissementsur lesthèmes comme la consommation, biens relationnels et confiance, avec des experts qualifiés, de plus, des parcours de formation, sur les styles économiques qui mettent au centre, l’homme et sa dignité. Et puis, à l’entrée du local, on y trouve la ‘boite aux contributions’ à disposition de celui qui veut laisser un euro ou l’autre en échange de ce qu’il a trouvé. Le contenu de la boite a permis de couvrir les dépenses de l’assurance des locaux et, parfois, les premières nécessités de quelqu’un.
Du Parlement italien (Montecitorio) au monde : le parcours d’Igino Giordani remonte vers la fin des années quarante, lorsqu’il est arrivé à une étape de sa vie un peu problématique. Le monde le reconnaît comme un grand intellectuel chrétien, un brillant connaisseur des Pères de l’Eglise, un écrivain apologète et cohérent, mais il sent qu’il vit un certain « ennui de l’âme ». Ce qui va réveiller sa foi et sa charité, c’est la rencontre avec Chiara Lubich, la fondatrice du mouvement des Focolari. La rencontre entre les deux fut quelque chose d’extraordinaire et les circonstances spéciales où cela se passa le démontrent : Igino Giordani était marié, il avait 54 ans, quatre enfants déjà grands. Chiara était une jeune fille qui avait à peu près la moitié de son âge et elle demandait une audience pour un besoin concret : trouver un appartement à Rome. Giordani, déjà membre de l’Assemblée constituante, était aussi député de la Démocratie chrétienne. Il compte parmi l’un de ses premiers membres puisque dès les années vingt il travaille pour Parti Populaire, d’inspiration chrétienne, à peine fondé par un prêtre, Don Luigi Sturzo. Chiara était une jeune laïque, et la rencontre advint bien avant le concile Vatican II. A l’époque il n’était pas fréquent qu’on reconnaisse aux demoiselles laïques un rôle quelconque dans l’Eglise. Et pourtant, malgré ces différences considérables, la rencontre avec Chiara transforma Giordani qui désormais vivra et communiquera l’Idéal de l’unité dans le monde de la politique. Il prend position dans un parlement en proie à de très fortes luttes idéologiques. Le 16 mars 1949 le Pacte Atlantique est en jeu. “ Je connaissais Chiara depuis quelques mois – ce sont les paroles de Giordani – lorsque s’éleva une discussion sur le Pacte Atlantique. Deux blocs étaient en train de se former : l’un se mettait derrière l’Amérique, les Etats Unis, l’autre derrière la Russie. Tous les ingrédients étaient réunis pour engager les préliminaires d’une nouvelle guerre, un massacre, la guerre définitive. Et un jour une discussion acharnée et des plus âpres s’est élevée à la Chambre ; je me souviens que nous étions tellement en colère ce soir-là que je craignais que l’un ou l’autre des députés ne sorte son révolver et tire, tellement la haine séparait les deux groupes. J’avais demandé d’intervenir et voilà qu’avant de parler un député chrétien, catholique, vient s’asseoir à côté de moi : Pacati, le député Pacati. Il me dit : ‘Gardons Jésus au milieu de nous maintenant que tu parles’. Je prends la parole. Au début brouhaha, hurlements… petit à petit le silence se fait, à la fin la Chambre semble s’être transformée en église, c’était un silence parfait et j’exprimais les idées que nous apprenons dans notre mouvement, c’est-à-dire que la guerre ne sert à rien, que la guerre est la plus grande stupidité, que la guerre est au service de la mort ; nous ne voulons pas la mort, nous voulons la vie et la vie se trouve dans l’amour, dans la recherche d’un accord. (…) Tous, nous devons réagir, de tous les coins du pays, de quelque parti ou croyance que nous soyons, parce qu’il s’agit vraiment de redécouvrir sous tant de larmes larmes, sous tant de des laideurs accumulées par la guerre et la boue, le visage de l’homme, dans lequel se reflète le visage de Dieu ». Le greffier du parlement conclut le compte-rendu de la discussion en décrivant les applaudissements et les félicitations qui arrivèrent à Giordani des quatre coins de l’hémicycle. Très rapidement se rassemblent autour d’Igino de nombreux parlementaires désireux de suivre l’idéal de l’unité. Rappelons seulement quelques noms : Gaetano Ambrico, Palmiro Foresi, Tarcisio Pacati, Enrico Roselli, Angelo Salizzoni e Tommaso Sorgi, celui qui deviendra le principal biographe de Giordani. Avec eux, Giordani entreprend des actions à contre-courant si l’on considère le climat qui règne à cette époque. Par exemple, en 1951, il travaille à « l’entente interparlementaire pour la défense de la paix », avec une quarantaine d’autres parlementaires venant du parti libéral, du parti républicain, socio-démocrate et chrétien-démocrate. Toujours à contre-courant, en pleine « guerre froide », son esprit pacifique le mène en 1949 à soutenir avec un parlementaire socialiste, Calosso, la première loi sur l’objection de conscience proposée à la Chambre ! On imagine bien les difficultés que Giordani rencontra lorsque, en tant que rapporteur, il présenta la proposition à la Chambre ! Mais ses convictions étaient inébranlables : tuer l’homme, fait à l’image et ressemblance de Dieu, veut dire commettre un déicide. “ Une nouvelle conscience civique naît – écrit Giordani – qui abat les divisions entre les partis, les factions ou courants et privilèges de caste, de race, de classe, et en se dilatant, dépasse les frontières nationales. L’impulsion communautaire suscitée par l’amour chrétien qui va jusqu’à y insérer Jésus, est un réveil religieux et social qui, s’il réussit, comme nous croyons, change l’histoire de l’humanité ». Evidemment, proclamer aujourd’hui les idéaux d’amour et de communion en politique semble plus que jamais téméraire … mais du temps de Giordani cela l’était tout autant et même peut-être plus. Oui, Giordani vivait dans la prophétie ; et même s’il vivait de manière profondément engagée les défis de son temps, il ne s’y laissait pas piéger. Sa solide prophétie résultait d’un Idéal immense, celui de l’unité, soutenu par une spiritualité moderne et fascinante, que Chiara Lubich a donnée au monde, et qu’Igino Giordani a vécue même en politique. Alberto Lo Presti (Directeur du Centre Igino Giordani)
” Hier un homme a été tué par treize coups de pistolet”. C’est ce que raconte la première personne qui ouvre sa porte à quelques jeunes qui se présentent à elle tout souriants en ce week-end du 20-22 février.
Nous sommes un quartier à risques de la banlieue de Juiz de Fora (Etat du Minas Gérais, Brésil). Après quelques heures passées avec elle, cette même personne dit à ces jeunes: “Si hier nous avons vécu la terreur, aujourd’hui nous éprouvons de l’amour ».
Ce sont des jeunes du Mouvement des Focolari, du Renouveau de l’Esprit, de Shalom et aussi des groupes de jeunes des paroisses, une centaine en tout. En un peu plus d’un an, ils ont visité dix villes et rencontré environ 5000 familles avec lesquelles ils partagent joies et douleurs, en leur annonçant avec courage que Dieu les aime immensément. La population se réjouit de leur présence: les prêtres sont peu nombreux et ne parviennent pas à rencontrer tous ceux qui en ont besoin.
“Tout commence au cours des Journées Mondiales de la Jeunesse de 2013, et la rencontre de millions de jeunes avec le pape à la plage de Copacabana – racontent les Gen de Minas Gérais – . Au cours de la dernière célébration une jeune de notre groupe ressent très fort dans son cœur le message central de ces journées: “Allez et faites de tous les peuples mes disciples”.
De retour dans leur ville, Juiz de Fora, Leticia – c’est son nom – partage ce qu’elle a ressenti aux autres Gen et ensemble ils décident que ce serait bien d’en parler avec leur archevêque, le Père Gil Antônio Moreira.
Leticia va donc le trouver, encouragée par ses amis. De son côté l’archevêque avait prié pour que les JMJ ne se limitent pas à une grande manifestation, mais pour que cette intense expérience spirituelle vécue collectivement par de nombreux jeunes venus du monde entier puisse se prolonger.
C’est ainsi qu’est né le projet ” Jeunes Missionnaires du Continent”, nom proposé par l’archevêque lui-même, avec l’objectif que les jeunes se lancent à la rencontre des autres, pour vivre une Église qui ” va vers les autres, ensemble et préparée”, trois mots repris par que les trois principaux axes du projet: mission, prière, formation.
C’est très beau d’aller tous ensemble, jeunes des paroisses et des divers mouvements, mais comme des frères, – explique Vinicius – en respectant les différences de chacun dans la manière de prier et de parler dans l’intimité avec Dieu. Le dialogue que l’on établit aussi avec quelques familles d’autres religions est important”.”En arrivant chez les personnes (beaucoup nous ouvrent et nous font entrer) – ajoute Ana Paula – nous découvrons des « perles », comme le jour où nous avons rencontré une femme évangélique qui venait de perdre son mari quelques jours avant. Après qu’on soit restés ensemble elle a dit:” Je ne peux pas m’enfermer dans ma tristesse parce qu’il est avec le Père, au paradis.”
“Nous allons dans les banlieues des villes sans savoir ce qui nous attend – conclut Cristiano – mais en faisant confiance à Dieu; nous sentons qu’Il nous redit encore aujourd’hui “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés”. Aimer en particulier ceux qui en ont le plus besoin, même lorsque nous sommes fatigués ou que nous nous trompons. Nous pouvons toujours recommencer!”
En Thaïlande sœur Benedetta, ou “Sister Bene” comme on aimait l’appeler, était connue de toute l’Eglise: prêtres, religieux et religieuses, évêques, laïcs, du nord au sud du Pays. Même quelques moines bouddhistes qui fréquentent le focolare la connaissaient bien. Benedetta était une femme qui se laissait approcher et connaître, sans crainte et avec délicatesse. Elle savait accueillir et on pouvait aller chez elle à n’importe quel moment : que ce soit pour un problème, important ou non, un besoin urgent, une chose belle à partager. Elle ne se scandalisait de rien, elle connaissait bien le cœur des hommes et des femmes et savait les aimer. Un évêque a dit une fois à son sujet qu’elle était « une sœur d’or et d’argent » à cause de tout l’argent qu’elle savait trouver pour les pauvres. En allant à l’extrême nord de la Thaïlande on ne pouvait pas ne pas passer chez elle et « bavarder un peu» comme elle disait. Elle se réjouissait de toutes les nouvelles du Mouvement qu’elle considérait comme « sa grande famille » et elle transmettait cette vie à de nombreuses autres personnes. Aussi était-il fréquent de rencontrer lors d’une des mariapolis d’été des personnes à qui elle avait parlé de la spiritualité de l’unité ou bien d’accueillir au focolare quelqu’un à qui Sister Bene en avait parlé. Bref, Benedetta était une vraie « mère spirituelle » qui a transmis la vie surnaturelle à de nombreuses personnes. Beaucoup étaient présentes à ses obsèques, parmi elles des évêques, des prêtres et la foule compacte du « peuple de Dieu » qui ont réussi l’exploit de tenir dans la petite église de Wien Pa Pao, juste à côté du couvent où elle habitait. Sister Bene, Benedetta Carnovali selon l’Etat civil, née en 1925, a été une colonne pour le Mouvement: de nombreux membres de la communauté actuelle des focolari en Thaïlande ont été contactés par elle, y compris des bouddhistes. « Une vraie sœur et une vraie focolarina », comme l’a définie quelqu’un : une sœur « hors du commun », toujours en train de porter quelque chose à quelqu’un et en même temps toujours là, aimant personnellement la personne rencontrée. C’était une amie qui t’appelait pour te souhaiter ta fête, même si chaque année sa voix se faisait toujours plus frêle, mais non pas sa force intérieure. En l’approchant on n’avait jamais l’impression de la déranger : elle semblait n’attendre que toi et n’avoir rien d’autre à faire. Mais tel n’était pas le cas quand on pense, par exemple, à toutes les adoptions à distance qu’elle suivait personnellement, et cela jusqu’à ses derniers jours. Sister Bene a connu la spiritualité de l’unité par un religieux, en 1963, et à partir de ce moment elle a donné sa vie pour que de nombreuses personnes puissent connaître et commencer à vivre cette vie d’unité : d’abord à Myanmar où elle se trouvait alors, puis en Thaïlande, après l’expulsion de tous les religieux par le régime. Une fois en Thaïlande, elle a poursuivi et approfondi son amitié avec les focolari. Les rares fois où elle a eu l’occasion de pouvoir passer quelques jours avec nous, elle écoutait avec grand intérêt les discours de Chiara lubich. Comme tous ceux qui suivent réellement Dieu, sœur Benedetta a elle aussi vécu sa nuit, « sa tempête » en suivant Jésus et elle l’a affrontée en vraie disciple du Christ, avec une charité héroïque. Profondément unie à Vale Ronchetti, une des premières focolarine, elle est allée de l’avant, confrontée à de nombreuses incompréhensions : « Comment une sœur peut-elle faire partie d’un mouvement de laïcs ? » s’est-elle souvent entendu dire ; sans parler d’autres petites ou grandes persécutions, humainement absurdes. Et pourtant Dieu s’est certainement et mystérieusement servi aussi de ces épreuves pour rendre sœur Benedetta toujours davantage sœur et aussi toujours davantage « fille spirituelle de Chiara » (comme elle le disait souvent) : cette apôtre de l’unité n’a pas d’égal dans tout le Sud-est asiatique si l’on en juge par les fruits qu’elle a portés ! Elle nous laisse un héritage de douceur, de tendresse, et de grande force d’âme, d’amour et de service envers les plus démunis : par exemple les membres de la tribu Akha. Et aussi le sourire typique de ceux qui expérimentent qu’il est possible de transformer la douleur en Amour et en font leur raison de vivre. Sœur Benedetta s’est envolée au ciel à l’âge de 90 ans, après avoir écouté la chanson qu’elle aimait beaucoup : « Solo Grazie » (Seulement Merci). Elle est morte toute consumée, mais sereine, comme elle avait toujours vécu ; dans la paix parce que certaine que « ces bras » qui l’ont accueillie depuis sa petite enfance (elle n’a pas connu ses parents) et portée de l’avant dans sa vie religieuse, l’attendaient pour une dernière étreinte et pour la dernière partie du voyage : la plus importante. Ce fut donc une femme merveilleuse qui témoigne qu’aujourd’hui aussi la sainteté est possible. Luigi Butori
La première manifestation, par ordre de date, se déroulera en Italie, à Rome, le 12 mars, dans la salle du Palais des groupes parlementaires à Montecitorio. Le matin, au cours d’un dialogue avec la présidente de la Chambre des Députés, Mme Laura Boldrini, Pasquale Ferrara, secrétaire général de l’Institut Universitaire Européen et Luigino Bruni, professeur d’Economie politique à la LUMSA de Rome, 300 jeunes du mouvement des focolari (chrétiens, fidèles d’autres religions, non-croyants), provenant de divers points de la planète, s’expriment individuellement ou en groupe sur la situation sociale et politique de leur propre Pays et sur la fraternité vécue comme réponse aux conflits en cours. L’après-midi 300 autres personnes engagées dans la vie politique et dans la fonction publique prennent poursuivent la réflexion, les témoignages et le dialogue à la lumière des principales idées force de la pensée de Chiara Lubich.
En France, à Strasbourg, un séminaire de trois jours réfléchit, du 13 au 15 mars, sur le thème de la fraternité comme concept politique, avec un intérêt particulier pour les problèmes concernant la ville: intervention de Jean-Louis Sanchez, Délégué général de l’ODAS (Observatoire National de l’Action Sociale) ; Jo Spiegel, maire de Kingersheim et Antonio Baggio, politologue et chercheur de l’Institut Universitaire Sophia (Loppiano).
En Espagne, deux événements à Madrid, les 13 et 14 mars. Le premier est un Séminaire sur le Rôle de l’Union Européenne concernant la Paix et la justice mondiale qui se déroule au siège du Parlement Européen et de la Commission Européenne, là où Chiara Lubich était intervenue le 3 décembre 2002. Le lendemain, au Centre Mariapoli, approfondissements thématiques, parmi lesquels Le choix des « derniers », critère prioritaire de l’action politique.
En Corée du Sud, le 14 mars à Séoul, rencontre au siège du Parlement entre députés et personnes engagées dans l’Administration pour faire le bilan du chemin parcouru en faveur d’une politique de fraternité, une orientation prise il y a dix ans.
Le même jour, àCuritiba (Brésil), des députés, des maires et de simples citoyens proposent un forum pour approfondir la pensée et l’action politique de Chiara Lubich. Interviendront, entre autres, le maire de la ville, Gustavo Fruet, le député fédéral Luiz Carlos Hauly, le Secrétaire de la Justice et des Droits de l’Homme de l’Etat de l’Acre, Nilson Mourão et le maire de Sorocaba (San Paolo), Antônio Carlos Pannunzio.
D’autres congrès se tiendront au Canada, en Colombie, au Honduras, en Allemagne, au Portugal, en République tchèque,en Irlande, en Espagne, en Tanzanie, en Hongrie, aux USA… mais pas seulement.
Lors des nombreuses manifestations qui, dans le monde entier, composent cet événement, on propose un dialogue qui entend mettre l’accent sur la valeur essentielle de l’unité : celle-ci ne consiste pas en une simple adhésion mais résulte d’une confrontation. « J’ai un rêve – affirmait Chiara Lubich – . Pensez à ce que serait le monde si, non seulement entre personnes, mais aussi entre peuples, ethnies, Etats on mettait en pratique la règle d’or : aimer, par exemple, la patrie de l’autre comme la nôtre ». Ses propos sont vérifiés dans la vie personnelle et dans l’action politique de tous ceux qui, dans le monde entier, ont fait leur ce rêve.
“Cette prochaine commémoration nous donnera justement l’occasion de mettre en lumière de nombreuses expériences positives en cours de réalisation dans le monde entier – précise la présidente des Focolari Maria Voce – où des hommes politiques, des personnels de l’Administration et de simples citoyens travaillent ensemble au service du bien commun ».
Et elle souhaite que « les jeunes – qui aujourd’hui considèrent souvent la politique avec crainte ou s’en désintéressent – autant que les adultes, la redécouvrent comme une vocation élevée qui sensibilise chacun au sort de tous les êtres, aux personnes les plus défavorisées, les plus isolées, les plus malheureuses ou marginalisées, non seulement dans son propre Pays, mais dans l’humanité ». « Que la participation à ces événements – conclut-elle dans un de ses messages – donne à tous le signal d’un engagement nouveau et plus conscient, d’une mobilisation personnelle pour bâtir, avec beaucoup d’autres personnes de bonne volonté, un monde meilleur, un monde nouveau ».
Sur le site officiel de l’événement www.politicsforunity.com il sera possible de suivre en direct quelques uns de ces rassemblements. Une carte online des manifestations est disponible, ainsi qu’une sélection de textes de Chiara Lubich, réalisée par le Comité scientifique de l’événement. Le mot-clic (hashtag): #politics4unity.
Le 7ème anniversaire de la mort de Chiara, survenue le 14 mars 2008, suscite des modes d’expression aussi divers que la biennale artistique Chiara Lubich de Maracaibo (Venezuela), la lecture du charisme de l’unité à travers quelques chefs d’œuvre de l’art européen à Crémone (Italie) ou encore la 3ème édition du Chiara Lubich Memorial Lecture à Durban (République Sud-Africaine). Sans oublier les nombreuses célébrations eucharistiques, Actions de Grâce et prières pour Chiara Lubich, dont la cause de béatification a été ouverte le 27 janvier dernier.
“Le chemin pour un monde de paix est long.L’entreprendre demande du courage, sans vaciller face à la souffrance, à la douleur et à la défaite.” Ce sont les paroles de Val Fajardo, un jeune des Focolari, au terme des cinq jours du “Projet Unis pour la Paix 2015“, mi-février, à la cité-pilote ‘Mariapolis Pace’, à Tagaytay City (Philippines).
La conférence, promue par YSEALI (Young Southeast Asian Leaders Initiative) – qui vise à fortifier le développement du leadership des jeunes et des réseaux en Asie du Sud-Est – avec la collaboration du Mouvement des Focolari, a réuni 30 jeunes leaders de Thaïlande, des Philippines et d’Indonésie pour discuter des conflits religieux et culturels dans la région de l’ANASE (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) et pour partager les meilleures moyens aptes à les apaiser.
Les délégués provenaient de différents milieux – blogueurs de mode, conseillers de présidents, enseignants, journalistes, étudiants, responsables d’ONG et travailleurs sociaux – tous engagés à travailler pour la paix. Le groupe a cherché à comprendre les conflits pour se laisser ensuite guider par la perspective du dialogue interreligieux et interculturel. De là, il est passé à l’analyse du paradigme de la fraternité, qui mène à l’unité et à la réciprocité, et met en évidence le pouvoir de l’action collective, qui sont des composants essentiels à la construction de la paix.
Poussés par le besoin désespéré de paix dans le monde, les jeunes délégués ont travaillé intensément, aussi sur des propositions de projets pour aborder l’atténuation et la résolution des conflits, à faire simultanément dans leur pays: “Peace Attack” en Indonésie; “Youth Leaders for Peace Camp” en Thaïlande; et “Peace for real” aux Philippines. Les différents workshops ont mis en évidence la force, la créativité et l’engagement de chaque participant. En tous émergeait l’exigence d’engager les jeunes et les adultes, chacun comme protagoniste de paix. “La construction d’un monde uni implique nécessairement que nous quittions notre confort pour sortir à découvert. Mais nous ne sommes pas seuls dans nos efforts. Nous pouvons partager ces objectifs avec d’autres personnes. Le moment est arrivé de nous engager tous ensemble.”
Nikko Yumul, des Focolari, parmi les coordinateurs du programme, affirme: “Les jeunes sont dans la phase de leur vie durant laquelle l’attrait pour réaliser des projets, aussi des grands, est au sommet. Ainsi, la construction de la paix sera en eux comme une étincelle qui devient incendie. C’est seulement une question de temps.”
En conclusion, un “Parc de la Paix” a été inauguré, comme symbole du projet 2015, et les délégués ont planté des arbres dans une école publique près de la Mariapolis Pace. Au centre du parc, se trouve le “Dé de l’amour“, dont les côtés représentent les principes pour la construction de la paix. Des autorités civiles locales, proviseurs, enseignants et étudiants ont participé à l’inauguration.
Il a été demandé au Mouvement des Focolari d’être partenaire dans ce projet jusqu’en septembre 2015. Un comité s’est ainsi constitué, afin de concevoir le contenu du programme et de sélectionner des ressources humaines adéquates, dans la conviction que poursuivre l’objectif de la fraternité universelle est la voie pour résoudre les conflits.
“En ces temps de haine et de peur je remercie Dieu parce qu’Il nous a choisies pour nous faire connaître une spiritualité comme celle de Chiara Lubich, capable de faire goûter à l’humanité la paix et la vraie joie de l’unité. Ici à Loppiano nous sommes en train d’expérimenter une sorte d’avant-goût de la vie du royaume de Dieu ».
C’est le témoignage d’une des six étudiantes musulmanes iraniennes qui sont en train de passer un mois à Loppiano, en participant à la vie de la Cité pilote 24 heures sur 24. « Une expérience nouvelle pour nous tous – affirme Rita Moussallem, coresponsable, avec Roberto Catalano, du Centre du dialogue interreligieux des Focolari – un signe prophétique porteur d’espérance qui nous dit que c’est l’amour qui gagne ».
Les étudiantes proviennent du “séminaire” de jeunes filles Jami’at al-Zahra de la ville de Qum (Iran), à environ 200 km de la capitale, Téhéran. Il s’agit d’un pôle universitaire d’excellence pour l’Islam chiite et c’est le plus grand au monde avec environ 6000 étudiantes dont un millier proviennent d’autres pays.
En raison de la présence de nombreux sanctuaires, Qum est l’une des villes saintes chiites, destination de dizaines de milliers de pèlerins chaque année et siège de nombreuses universités ; on estime le nombre d’étudiants à environ 100000.
Cette visite est le fruit de la relation fraternelle et du dialogue engagé depuis plusieurs années entre le Centre du Dialogue Interreligieux des Focolari et le professeur Mohammed Ali Shomali, attaché à la section internationale du “séminaire” féminin de Qum, fondateur et directeur de l’Institut International d’Etudes Islamiques (toujours à Qum), et aussi membre de diverses institutions académiques. Il réside actuellement à Londres et dirige le Centre Islamique de Grande Bretagne. « En avril dernier nous sommes allés à Qum avec quelques focolarini, sur invitation du professeur Shomali – explique Roberto Catalano – pour visiter divers instituts universitaires et approfondir notre connaissance réciproque. C’est à cette occasion qu’a commencé à se concrétiser la possibilité pour un groupe d’étudiantes de faire l’expérience de la spiritualité de l’unité ».
A Loppiano, le professeur Shomali, ainsi que sa femme et les étudiantes, ont visité les diverses Ecoles de formation et les ateliers de travail. Ils ont connu les habitants et leurs expériences et se sont plongés dans la vie et les activités de la Cité pilote. Très lumineux le moment de rencontre du professeur Shomali avec l’équipe enseignante et les étudiants de l’Institut Universitaire Sophia. En se référant au terme qui a donné son nom à l’Institut, il a souligné que le concept de sagesse signifie beaucoup plus que la connaissance : « Nous pouvons entendre des paroles de connaissance venant de la bouche de nombreuses personnes, mais les paroles de sagesse ne peuvent venir que de Dieu ».
En ce moment les étudiantes iraniennes poursuivent l’expérience en approfondissant la spiritualité de l’unité et ses aspects concrets.
En ce jour chacun aura à cœur le souvenir des innombrables figures féminines qui ont marqué sa vie, depuis la femme à qui il doit la vie à celle qui est devenue sa fiancée, puis son épouse… les sœurs, les grand’mères, les baby-sitter, les catéchistes, les camarades de classe, les enseignantes, les infirmières, les caissières, les femmes de ménage, et aujourd’hui les astronautes. Aujourd’hui nous voulons célébrer la femme en partageant quelques pensées de Maria Voce, présidente des Focolari, extraites de deux interviews qu’elle a accordées à la chaîne de télévision brésilienne TV Nazaré et à la revue Cidade Nova, en avril 2014, lors de son voyage au Brésil.
“Le rôle de la femme au sein de l’Eglise a commencé avec Marie dans la première communauté de Jérusalem, où elle avait un rôle tout particulier auprès des apôtres. Si l’on parcourt l’histoire de l’Eglise on constate que par la suite la place des hommes l’emporte, surtout dans les fonctions de gouvernement, aussi du fait que le ministère sacerdotal leur est réservé. Ceci a fait que les prêtres se sont particulièrement identifiés à la hiérarchie de l’Eglise et que la femme représentait, d’une certaine façon, une présence moins importante dans l’Eglise.
Il y a eu depuis une évolution, non seulement dans l’Eglise mais dans l’humanité, dans la société où petit à petit les femmes ont conquis des rôles importants. Il se peut que dans certains contextes et cultures ces rôles leur étaient déjà reconnus, mais dans la culture occidentale la femme a dû se frayer un chemin toute seule ». « Dieu en faisant l’homme à son image l’a créé homme et femme, ce qui signifie qu’Il n’a pas créé un seul être, unique, mais deux créatures différentes. Il les a créées ainsi pour qu’elles soient complémentaires l’une de l’autre, et témoignent, même dans la diversité des fonctions, dans la diversité des rôles, de cette filiation divine de l’homme voulue par Dieu. Ce sont donc deux créatures égales en dignité. Il me semble que cette réalité commence à se manifester petit à petit dans le domaine politique et social. Aujourd’hui nous assistons comme jamais à l’émergence de figures féminines qui assument la présidence d’Etats et de Pays importants. La présence de la femme dans l’Eglise doit grandir surtout à travers le témoignage de son charisme spécifique, qui est de démontrer que l’amour est plus important que le gouvernement; qu’on ne peut pas gouverner sans amour ».
« Un plus grand impact de la présence féminine pourrait avoir des effets positifs non seulement dans l’Eglise, mais aussi dans la société. Au niveau d’une entreprise, par exemple, d’un Etat, d’un gouvernement, la présence féminine, lorsqu’elle est effective, se manifeste clairement du fait qu’elle permet une saine confrontation, ainsi qu’une collaboration qui naît de la complémentarité du don que représente l’homme et de celui que représente la femme. Le pape François donne l’exemple de quelqu’un qui sait apprécier l’apport des femmes. La douceur, la tendresse auxquelles il se réfère toujours, sont des caractéristiques plus féminines que masculines ».
“La capacité de supporter, d’accueillir, de donner, sont caractéristiques de la mère qui met au monde son enfant et qui, le moment venu, sait le laisse aller. Cette capacité de savoir s’attacher et tout à la fois de se détacher a une influence positive sur la façon de gouverner. Quelqu’un m’a demandé : « Comment fais-tu pour concilier amour et gouvernement ? “ J’ai répondu qu’on ne peut pas gouverner sans amour. C’est impossible. Exercer le pouvoir sans amour, ce n’est plus gouverner, mais opprimer ».
“Grâce à cette spiritualité, aujourd’hui, des hommes et des femmes de presque toutes les nations du monde, lentement mais résolument, tentent d’être, au moins dans leur milieu, les germes d’un peuple nouveau, d’un monde de paix, plus solidaire surtout des plus faibles, des plus pauvres, d’un monde plus uni.
Grâce à elle, nous pensons devoir apporter notre contribution ici aussi, dans cette “maison” de rencontre des peuples, pour soutenir avec une plus grande force d’âme les efforts qui sont faits pour que l’ONU devienne un instrument adéquat aux attentes de l’humanité.
D’ailleurs, la nécessité de redécouvrir le sens de la réciprocité fait désormais partie du “sentiment commun” des leaders de la vie internationale. C’est un des points fondamentaux des rapports internationaux et la réciprocité est aussi à la base de notre spiritualité et donc de notre action. Elle requiert que l’on dépasse les anciennes et nouvelles logiques d’alliance, établissant au contraire des relations avec tous, comme l’exige le véritable amour. Elle demande que l’on agisse en premier, sans conditions et délai. Elle porte à considérer l’autre comme un autre soi-même et donc à concevoir, suivant cette ligne, tout type d’initiative : désarmement, développement, coopération.
Cette réciprocité est en mesure d’amener chaque leader de la vie internationale à vivre l’autre, à connaître ses besoins et ses capacités, non seulement dans les situations d’urgence, mais à en partager chaque jour l’existence.
La paix, comme en témoignent aussi les finalités et l’action des Nations unies a des noms nouveaux et demande, en premier lieu, un effort que l’ONU – avec votre apport spécial et la contribution de tous ‑ peut soutenir : dépasser la catégorie de l’ennemi, de n’importe quel ennemi.
Exclure la guerre ne suffit pas, il faut créer les conditions pour que chaque peuple puisse aimer la patrie de l’autre comme la sienne, dans un échange de dons, réciproque et désintéressé.
Que Dieu, le Père de tous, rende nos efforts féconds ainsi que ceux de toutes les personnes qui se vouent à la réalisation du noble objectif de la paix”.
«Un grave accident et je me retrouve à l’hôpital. C’était la première fois que j’éprouvais une telle souffrance ». Raconte Sr Felicitas, qui vient des Philippines. Malade avec les autres. Pourtant c’est justement à l’hôpital que j’ai fait “l’expérience de l’amour de Dieu à travers ces personnes qui sont venues me rendre visite. Quelqu’un m’a apporté l’Eucharistie, c’était « tout » pour moi à ce moment-là. L’aumônier m’a manifesté son accueil et sa disponibilité. Entourée de l’amour de tous, j’ai répondu par mon amour : c’était une chaîne d’amour réciproque ». L’expérience de Sr Felicitas souligne l’impact de la spiritualité de communion en tant que réponse possible aux exigences de vie de communauté et d’apostolat au milieu du monde : « Il existe une extraordinaire coïncidence entre ce que l’Eglise et le monde demandent à la vie consacrée », affirme Sr Antonia Moioli, responsable des consacrées du mouvement des Focolari. « La graine que Chiara a semée en nous germe, quelquefois elle fleurit et devient une voix prophétique qui indique le chemin pour l’humanité qui s’est perdue et devient « château extérieur » irradiant l’amour ». “Grandir dans la spiritualité de l’unité et la vivre – demande le préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique, le cardinal João Braz de Aviz, aux religieuses et religieux adhérents des Focolari – parce que lorsque les charismes se rencontrent, ils prennent vie et l’œuvre de Marie (mouvement des Focolari) fait briller les charismes, les illumine. On n’a pas besoin de grands discours – continue-t-il – il suffit d’être témoins de l’évangile vécu ; c’est la route du changement. La vocation spécifique des consacrés et des consacrées est celle d’ouvrir des routes prophétiques en même temps qu’ils témoignent des valeurs du Royaume. Voilà ce qu’attend l’Eglise et l’humanité d’aujourd’hui, et pour cela il faut retourner à son charisme propre et le vivifier ». Giuseppe Zanghi (Peppuccio), chercheur et philosophe, voit en Chiara Lubich celle qui a apporté une lumière, qui a créé les conditions pour une nouvelle culture, jaillie de Jésus abandonné: c’est Lui le Dieu de l’homme contemporain. « Sa réflexion – explique encore Sr Antonia – nous pousse à être des phares dans la nuit, sentinelles qui annoncent le matin. Sera-t-il possible de réaliser la vocation typiquement prophétique de la vie consacrée ? Des monastères et des communautés dans le passé, ont été des centres prestigieux de culture et de spiritualité ; est-il possible de considérer encore aujourd’hui cette réalité antique et nouvelle comme un défi ? ». “Ici nous sommes vraiment en présence « d’un écrin » empli de dons , affirme Maria Voce, présidente des Focolari. Puis ensemble, nous pouvons donner des trésors à toute l’Eglise et au monde entier qui a besoin de voir comment s’aiment les chrétiens pour croire au Christ. Cette richesse que Dieu nous donne, en nous faisant sa famille, est pour l’humanité. Voilà le sens de ce que le pape François continue à souligner en disant de sortir ». « La fraternité universelle de l’humanité commence par la fraternité entre nous, dans chaque couvent, dans chaque communauté, dans chaque congrégation, chaque ordre et puis dans l’Eglise tout entière ». Le congrès des consacrées s’ouvre sur un futur à construire, pas seules, mais avec beaucoup d’autres, pour être les témoins d’un amour qui défie les différences.
«Elles ne cessent, malheureusement, d’arriver, les nouvelles dramatiques de laSyrie et de l’Irak, relatives à des violences, à des enlèvements de personnes, et à des injustices aux dépens de chrétiens et d’autres groupes. Nous voulons assurer à ceux qui vivent dans ces situations que nous ne les oublions pas, mais que nous leur sommes proches et que nous prions avec insistance pour qu’on mette fin au plus vite à cette intolérable brutalité dont ils sont victimes ». C’était le dernier appel pressant du Pape François lors de l’audience générale du dimanche 1er mars. La multitude de gens qui remplissait la Place St Pierre s’est recueillie en profonde prière pendant une minute, rappelant ainsi ces deux pays martyrs du Moyen Orient.
Ils nous écrivent de la Syrie : « Désormais, beaucoup se sont faits à l’idée que la guerre est un état de fait et la nouvelle que des centaines de personnes y meurent chaque jour passe presque inaperçue. Les gens sont poussés à bout et l’hiver est froid et long, sans gasoil de chauffage ni électricité et sans eau. Les obus continuent à semer la mort dans les grandes villes ; tandis que les batailles se perpétuent dans les périphéries et dans les villages. L’économie est à terre et beaucoup de familles n’ont plus de travail; les voies légales pour sortir du pays sont fermées. Un évêque syrien a dit que notre peuple est humilié et touché dans sa dignité ».
Les communautés des Focolari en Syrie malgré tout le mal qui se propage, continuent à croire « qu’ici, un meilleur futur est possible ; nous continuons à trouver la force dans la vie de l’Évangile, aussi avec des témoignages courageux ». Ils savent qu’ils ne sont pas seuls, mais qu’ils font partie d’une grande famille dans le monde qui prie pour eux et œuvrent pour la paix. « Et pourtant, la fatigue, après 4 années de guerre, et la perspective d’un futur obscur pour le pays, pèsent beaucoup. Et ils sont nombreux désormais ceux qui cherchent à émigrer pour mettre fin à ce cercle infernal ».
C’est dans ce contexte que le 23 février dernier, les focolarini sont rentrés à Alep. Ils écrivent : « Après trois mois d’absence, nous sommes rentrés composer notre focolare à Alep, avec Sami notre focolarino marié qui habite au littoral avec sa famille, il en fait partie et vient chez nous une fois par mois. Rester ici est un défi , parce que nous sommes conscients que seul, Jésus présent au milieu de nous, par l ‘amour réciproque, est source d’espérance et de soulagement pour la communauté et pour les gens qui sont autour de nous ».
« Au cours de notre voyage, -concluent-ils – nous nous sommes arrêtés à Damas, chez les focolarine qui ont soutenu la communauté pendant notre absence ; et une autre semaine dans la communauté de Kfarbou, au centre du pays. Il y a une grande joie pour notre retour : maintenant la famille est au complet ! Nous sommes tous reconnaissants pour les prières de tant de gens dans le monde qui nous soutiennent dans cette dure épreuve ».
L’évêque ne rassemble pas le peuple autour de sa propre personne ou de ses propres idées mais autour du Christ, c’est ce qu’a dit le pape François en rencontrant ce matin les évêques amis des Focolari. Le charisme de l’unité propre au mouvement des Focolari – a dit le pape – « est fortement ancré dans l’Eucharistie, qui lui confère son caractère chrétien et ecclésial ».
« Sans l’Eucharistie l’unité perdrait son pôle d’attraction divine et se réduirait à un sentiment et à une dynamique purement humaine, psychologique, sociologique. Par contre l’Eucharistie garantie qu’au centre il y ait le Christ, et qu’il y ait son Esprit, l’Esprit Saint qui fait avancer nos pas et nos initiatives de rencontre et de communion ».
Le service fondamental des évêques – a ajouté le pape François – est celui de rassembler « les communautés autour de l’Eucharistie, à cette table doublée de la Parole et du Pain de vie ».
« L’évêque est principe d’unité dans l’Eglise, mais cela ne peut arriver sans l’Eucharistie : l’évêque ne rassemble pas le peuple autour de sa propre personne, ou de ses propres idées, mais autour du Christ présent dans sa Parole et dans le Sacrement de son Corps et de son Sang ».
“Ainsi l’évêque, qui s’est conformé au Christ – a affirmé le pape – devient évangile vivant, il devient Pain rompu pour la vie de beaucoup par sa prédication et son témoignage. Celui qui se nourrit avec foi du Christ Pain vivant est poussé par son amour à donner sa vie pour les frères, à sortir, à partir à la rencontre de qui se trouve marginalisé et déprécié ».
Ensuite le pape remercie de manière particulière les évêques venant « des terres ensanglantées de la Syrie et de l’Irak, de même que ceux de l’Ukraine ».
« Dans la souffrance où vous vivez avec votre peuple, vous faites l’expérience de la force qui vient de Jésus Eucharistie, force d’avancer unis dans la foi et l’espérance. Dans la célébration quotidienne de la messe nous sommes unis à vous, nous prions pour vous en offrant le sacrifice du Christ ; et à partir de là même les multiples initiatives de solidarité en faveur de vos Eglises prennent force et signification ».
A la fin, le pape François encourage les évêques amis des Focolari à développer l’engagement « en faveur du cheminement œcuménique et du dialogue interreligieux » et les remercie pour l’apport qu’ils ont donné « pour une meilleure communion entre les divers mouvements ecclésiaux ».
Le néo cardinalFrancis Xavier Kriengsak Kovithavanij, archevêque de Bangkok, modérateur de la rencontre s’était adressé au pape François au nom du groupe en disant entre autre : « Dans la situation du monde d’aujourd’hui nous sentons que nous-mêmes aussi bien que nos Eglises particulières doivent être capables d’écoute et de dialogue. Nous sentons que ce n’est pas le fruit du hasard que Dieu nous a mis en contact avec une humanité blessée par de nombreux maux. Nous portons dans notre cœur et aujourd’hui devant vous les signes de tant de larmes, des cris de désespoir, des signes de recherche.
Et encore : “face aux énormes défis d’aujourd’hui nous nous sentons petits et parfois impuissants. Mais nous mettons notre confiance en un amour plus grand qui nous a appelés et nous a tellement aimés qu’il nous a donné la mesure divine de l’amour, celle d’être prêts à donner la vie et, s’il le faut, de mourir pour les autres. C’est ce pas que notre frère, évêque ami de la Libye, Mgr Innocenzo Martinelli est en train de faire, lui qui n’est pas parmi nous pour être resté là malgré le danger réel de mort. C’est ce pas qu’ont fait aussi les deux évêques amis de la Syrie, Mgr Gregorios Yohanna Ibrahim, Syro-orthodoxe, et le Métropolite Boulos Yazigi, Gréco-orthodoxe du Patriarcat d’Antioche, séquestré il y a environ deux ans et presque oublié de l’opinion publique ».
Le pape a voulu saluer particulièrement Maria Voce, présidente des Focolari, présente dans la salle Paul VI avec les évêques. Revenue d’une rencontre en Allemagne avec 150 représentants de mouvements évangéliques, elle a apporté au pape leur salutation et l’espoir dans l’engagement commun vers l’unité. Le pape l’a remerciée : « bien. Très important le travail œcuménique que vous accomplissez ».
Le pape François avait devant lui un éventail du monde: 35 pays, de l’Asie (Thaïlande, Myanmar, Inde), aux pays du Moyen Orient (Liban, Syrie, Irak, Algérie), à l’Afrique (Cameroun, Ethiopie, Uganda, Madagascar, Tanzanie, Afrique du Sud), aux Amériques (USA, Haïti, Panama, Equateur, Brésil, Uruguay), à l’Europe (Allemagne, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Hollande, Autriche, Suisse, Rép. Tchèque, Rép. de Moldavie, Roumanie, Slovénie, Slovaquie, Ukraine).
A la rencontre (3-6 février2015 à Castelgandolfo), interviendront aussi la présidente du mouvement des Focolari, Maria Voce, et le coprésident Jesús Morán. On entendra de même des expériences et des projets pour une pastorale plus attentive aux rapports entre les évêques et les fidèles, à l’engagement pour l’unité des différents mouvements existant autant dans l’Eglise catholique que dans les autres Eglises, au dialogue avec les autres chrétiens et avec les différentes religions
Revivre la douleur d’autrui “Notre fils Mattia est né avec de graves problèmes aux voies respiratoires. Pour cette raison, nous avons passé ses six premiers mois de vie à l’hôpital. Comment exprimer l’angoisse éprouvée durant ses crises ou lorsque les médecines ne réussissaient pas à trouver la thérapie adaptée à son cas? Pourtant, nous n’avons jamais douté de l’amour du Père: grâce aussi au soutien de nos familles et de beaucoup d’amis. Surmontant la tentation de nous enfermer sur notre problème, nous avons pu partager les préoccupations d’autres parents d’enfants hospitalisés, discuter avec eux du mystère de la douleur et de la foi. Maintenant, Mattia va beaucoup mieux. Dernièrement, le personnel du service de l’hôpital nous a proposé de faire partie d’un groupe qui réfléchit sur des thématiques relatives à des cas de petits patients (la voix des parents est importante pour des choix souvent difficiles): une invitation que nous avons acceptée, même s’il s’agit de revivre, à travers les autres, la douleur déjà expérimentée.” M. et S. – Lazio – (Italie)
Le dé de l’amour “Maman et papa ne s’entendent pas très bien. Ils se disputent souvent. Parfois elle ne cède pas et il s’énerve. Pour les aider, même si je suis la plus petite, l’idée m’est venue de faire à la maison un jeu que nous faisons à l’école: apprendre à nous aimer en jetant un dé en carton avec les dessins de six gestes d’amour. Comme je n’avais pas le dé, j’ai pris des pages d’un cahier et j’y ai inscrit les six phrases. J’ai demandé à maman et à papa de jouer avec moi. Chacun devait prendre une petite feuille et faire ce qui était écrit. Si quelqu’un ne le faisait pas, je consignais les points dans un cahier. Maman a tiré le papier “aimer tout le monde” et papa, “aimer les ennemis”. Ils ont recommencé, en jouant avec moi, à s’aimer.” D.H. – Philippine
Une fille inattendue “Notre fille Solange, infirmière dans une clinique de Rio de Janeiro, s’est retrouvée un jour devant une jeune fille qui insistait pour être hospitalisée au moins jusqu’à l’accouchement, mais elle n’avait ni papiers, ni argent pour payer l’hospitalisation. Comme personne ne l’écoutait, Solange s’est adressée au directeur de la clinique et aux autres médecins. Finalement, la jeune fille a été acceptée sous sa responsabilité. Tout s’est bien passé. Une belle petite fille est née, Barbara. Mais quelques jours après, la mère a disparu, abandonnant le nouveau-né. Le directeur et les médecins se sont fâchés contre Solange, si bien que, même si mon mari et moi ne sommes plus très jeunes, nous nous sommes offerts pour accueillir Barbara comme notre cinquième fille, quinze ans après notre cadet.” A. – Brésil
L’Europe continue à lutter avec une incertitude économique qui pose de graves défis aux entreprises, aux responsables des politiques économiques et aux citoyens. Des chrétiens provenant de divers domaines de l’économie et du monde entrepreneurial se sont donné rendez-vous à Loppiano (près de Florence), du 6 au 8 mars, pour partager expériences et visions, pour donner la contribution d’une voix prophétique d’espérance.
“Jusqu’alors en Europe, seule la voix des institutions a parlé – affirme le professeur Luigino Bruni. Notre rêve est que dans les ministères de l’économie il y ait des franciscains, des focolarini, des personnes qui ont choisi les derniers… La voix de la gratuité est nécessaire. Depuis quelques décennies, ces voix se sont complètement tues. Une économie sans âme, sans charismes capables d’inclure aussi les pauvres, n’a pas de futur. Qu’ont à dire les mouvements chrétiens, aujourd’hui, sur le plan économique? Nous avons commencé le chemin d’«Ensemble pour l’Europe» avec Chiara Lubich au début du millénaire. Après 15 ans de travail ensemble sur le plan de la connaissance, il nous semble que ce chemin est devenu un être ensemble pour une économie différente, pour une politique différente. Le moment de dire quelque chose est arrivé.”
L’initiative du congrès naît en novembre 2012 à Munich en Bavière, durant la rencontre des ‘Amis d’Ensemble pour l’Europe’ (Together for Europe). À cette occasion, des experts en économie de quelques mouvements et communautés de différents pays et Églises se sont mis d’accord pour s’accorder un moment d’approfondissement commun, avec l’intention de donner une contribution spécifique dans le domaine économique, à partir des charismes.
Le programme prévoit un espace pour approfondir les “signes des temps” que nous vivons, avec le partage des expériences. Et un espace pour la réflexion sur les “signes d’espérance” avec une table ronde sur l’économie du partage et la “culture du don“. Une expérimentation du “travail avec les mains, pas seulement avec la tête” est aussi prévue, à la “Ferme Loppiano Prima“; et un atelier artistique avec le groupe musical Gen Verde. “Ensemble vers une économie du bien commun” est le titre choisi et s’articulera autour de trois domaines de travail: pauvreté, entreprises et institutions. Une exposition sera organisée avec les réalisations de chaque communauté.
“Non seulement des banques de détail et d’investissement – continue Bruni – mais aussi une contribution du bas, de la solidarité, pour donner une voix à tous, aux pauvres, aux exclus. Nous essayons de parcourir un chemin ensemble, avec quelques mouvements catholiques et évangéliques (Jean XXIII, Schönstatt, Focolari, YMCA et Vineyard), comme comité préparatoire, et avec la spécificité d’écouter la voix des charismes sur la crise économique que vit l’Europe.” L’idée, donc, est de donner une vision sur l’Europe à partir de l’économie comme réciprocité et comme don, et pas seulement comme intérêt et profit. L’Économie qui naît des coopératives, du social, du civil.
“L’Europe économique – explique le professeur Bruni – a aussi été faite par les charismes de Benoît, de Dominique, de François (nous pensons à l’institution des monts-de-piété), pour ne pas parler des charismes sociaux qui ont inventé les écoles, les hôpitaux, parallèlement au monde du commerce qui décollait avec les entreprises et les marchands. La nouvelle Europe qui naîtra de cette crise, pour qu’elle soit une Europe bonne, a encore aujourd’hui besoin de la contribution des charismes, charismes modernes, qui parlent le langage de l’économie; il y a toute une vie des mouvements chrétiens européens qui a son mot à dire, différent de celui de la Banque centrale européenne. Nous commencerons humblement, mais notre objectif est d’aller à Bruxelles pour nous adresser aux institutions avec une contribution spécifique.”
Un conseiller communal, chef de file du parti de la majorité de la ville argentine de Mar del Plata (Argentine), voit entrer dans son bureau deux jeunes qui se présentent comme des activistes de l’opposition. Le conseiller, curieux, les reçoit. Avec simplicité les deux jeunes expliquent qu’ils désirent le respecter pour ses positions, mais qu’ils veulent exercer de manière constructive leur rôle politique d’opposition. Le conseiller, étonné de cette déclaration insolite, leur demande où ils ont appris à faire de la politique de cette manière. Les deux jeunes lui expliquent qu’ils font partie d’un petit groupe de l’école de formation du Mouvement Politique pour l’Unité (MPPU). Quelque temps après, même le conseiller communal commence à fréquenter l’école politique locale du MPPU. Chiara Lubich n’aura sans doute pas connu ce tout petit épisode, perdu dans l’océan des milliers d’autres faits que nombre de membres du MPPU venant de tant de pays auraient pu évoquer.
Malgré cela, on peut sans aucun doute le considérer comme un effet typique de la rencontre avec la pensée et l’esprit du charisme de l’unité dont Chiara était porteuse et qui a comme paradigme l’idéal de fraternité universelle. Comment ? En préparant les citoyens et donc une société civile, sensible à la vie de la communauté politique dans laquelle ils sont insérés. Une citoyenneté active, en somme. Un plongeon dans l’histoire. Au cours de l’été 1959, pendant deux mois, un total de 12000 personnes ont séjourné quelques jours ou plus à la mariapoli qui s’est tenue dans la vallée de Primiero (Dolomites). Elles venaient de 27 pays des cinq continents. Ces jours-là Chiara affirmait : “Le moment est arrivé… où chaque peuple doit dépasser ses propres frontières et regarder au-delà; il est arrivé le temps où l’on doit aimer la patrie de l’autre comme la sienne ». Paroles courageuses à une époque où les effets du terrible conflit mondial pouvaient encore se voir ; paroles inspiratrices de nouveaux rapports entre peuples et gouvernements. Aimer la patrie de l’autre comme la sienne est encore aujourd’hui une idée forte, une ligne directrice d’action, qui part des plus faibles et des plus pauvres.
Philadelphie (USA), 2003. Durant la “journée de l’interdépendance” qui s’est déroulée dans cette ville, Chiara écrit dans son message : “ De plusieurs points de la terre, aujourd’hui, monte le cri d’abandon de millions de réfugiés, de millions d’affamés, de millions d’opprimés, de millions de chômeurs qui sont exclus et comme « coupés » du corps politique. C’est cette séparation, et pas uniquement les privations et les difficultés économiques qui les rendent encore plus pauvres, qui augmente leur désespoir. La politique n’aura pas rejoint son but, elle n’aura pas gardé la foi en sa vocation tant qu’elle n’aura pas reconstitué cette unité et guéri ces plaies ouvertes dans le corps politique de l’humanité ». Mais pour arriver à ce but on aura besoin de la fraternité, parce que « liberté et égalité, face aux défis du présent et du futur de l’humanité, ne sont pas suffisantes à elles seules(…). Egalité et liberté seront toujours incomplètes et précaires, tant que la fraternité ne fera partie intégrante des programmes et des processus politiques dans toutes les régions du monde ». Ce ne sont pas de simples paroles celles de Chiara, mais le fruit de l’expérience d’un mouvement qui au cours de son développement a étendu son regard sur le monde en s’appropriant “les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes d’aujourd’hui”. Ce sera donc la société civile, qui se basera sur des citoyens animés par l’esprit de fraternité, comme l’a souhaité Chiara Lubich, qui précisera les limites et le contenu de la liberté et de l’égalité, les trois piliers de notre civilisation. Texte intégral : Politics for Unity
Un expérimentation : placer en montagne une initiative académique inter-disciplinaire et inter-culturelle, selon la méthodologie et l’apprentissage caractéristique de l’IUS. C’est ce qui a donné vie à la première Winter School internationale de l‘Institut Universitaire Sophia (IUS), qui s’est terminée le dimanche 15 février, organisée avec le soutien de la Province Autonome de Trente et la collaboration des Caisses rurales et de la Fédération de Trente de la Coopération. Les jeunesparticipants, provenant de 18 pays, accueillis au Centre Mariapolis intitulé à Chiara Lubich, dans sa terre natale, ils se sont sentis accueillis d’une manière superlative par la ville de Trente.
Dans un contexte dans lequel le changement est guidé par la technologie et par les défis politico-économiques, on a cherché à comprendre la créativité et l’innovation, à la lumière de la ”culture de l’unité”, et sa possible valeur ajoutée. Par exemple, donner espace et reconnaissance aux diversités même lorsqu’elles sont génératrices potentielles de conflit.
A côté des leçons en auditoire et des travaux de groupes qui ont rythmé le programme, avant et après les excursions et les activités sportives, la réflexion sur le sport et la corporéité a offert une ultérieure et originale clé de lecture aux thèmes proposés. D’un particulier impact fut la soiréeouverte à la ville ”Capitaine, mon capitaine”, conduite par Paolo Crepaz de Sportmeet, en dialogue avec trois capitaines d’équipes sportives de haut niveau.
Un regard donc sur les questions et les ressources de notre temps, regard qui pousse à penser en grand et à agir avec cohérence.
A la fin, quelques participants ont offert quelques observations personnelles.
F.S. diplômée en Communication d’entreprise, avec un doctorat sur le microcrédit et la microfinance: ”J’emporte deux choses avec moi : la méthodologie de l’interdisciplinarité – les savoirs ne peuvent plus se penser comme des fragments isolés – et la nécessité de construire des relations qui partent de la profonde connaissance de soi-même et de la propre discipline, pour aller vers l’autre et revenir enrichis de la discipline de l’autre. J’essaierai de reporter la dynamique de ces jours-ci – écoute, réciprocité, partage – dans la vie de chaque jour”.
G.F. qui étudie Sciences sociales :”Elle est nouvelle cette recherche dont vous nous avez parlé de mettre en évidence la relation entre sport et culture de l’unité, dans la perspective d’une vision intégrale de la personne et de la société : nous avons encore beaucoup, énormément à découvrir”.
M.P. diplômé en Sciences naturelles :”Je ne connaissais pas Sophia…je trouve que c’est une réponse adéquate à notre époque. Je pense que, comme cela se passe dans l’écosystème, où tout est interconnecté, et quoi que nous fassions, tout a des conséquences personne n’étant exclu et sous n’importe quelle latitude. Nous sommes appelés au dialogue, conscients des conséquences de notre façon d’agir”.
C.G., au terme du doctorat en Droit Constitutionnel : ” C’est beau de commencer la journée avec le moment du ”starting point” – l’approfondissement d’un bref passage de l’Écriture à traduire en vie – et donner ainsi un cadre à toute la journée, un point de départ. Maintenant je suis aussi là…pour construire Sophia dans mon université”.
Pour différentes raisons, il est plutôt rare que des étudiants ukrainiens se déplacent dans d’autres villes pour y rencontrer des collègues d’autres universités. L’École d’hiver qui s’est tenue à Sumy (Ukraine) du 2 au 7 février a donc été une occasion unique pour se rencontrer et connaître les particularités culturelles des diverses régions du pays, dans une ambiance amicale de coopération et d’entraide. Le principal résultat de cette école a effectivement été la possibilité pour des jeunes de toute l’Ukraine de se rencontrer, créer des liens, discuter de leurs projets, organiser des projets communs et bien d’autres choses encore.
En ce dur temps de crise et de guerre qui touche actuellement le pays, on comprend l’importance de tels moments de communion entre jeunes de l’Est et de l’Ouest.
Les 42 participants arrivés à Sumy avaient déclaré avoir une certaine connaissance des sujets annoncés par le titre de cette session : “Values in Economy and Business“, mais à la fin chacun admettait la grande nouveauté des contenus des cours et des ateliers, et affirmait que les exemples concrets illustrant les enseignements lui avaient permis d’approfondir l’intéressante question de la responsabilité sociale des entreprises.
L’école s’est déroulée à l’Ukrainian Academy of Banking. Elle a débuté avec la conférence du Prof. Petrushenko sur l’éthique dans le monde des entreprises. Il en a dessiné les principes philosophiques de base et a défini les domaines de la responsabilité sociale des entreprises dans la société.
Cristian Loza Adaui professeur à l’Ingolstadt School of Management (Allemagne) a ensuite introduit les concepts de base de l’ÉdeC. Le titre de sa leçon “Le Business du business est la personne humaine” a dans un premier temps surpris et décontenancé les étudiants. Il a alors approfondi son approche théorique du monde des affaires dans une perspective plus humaine et socialement responsable. Le lendemain il a développé ce sujet en focalisant l’attention sur l’application pratique des valeurs dans l’économie sociale et de marché.
Autre expérience nouvelle pour les participants : la leçon par skype de l’entrepreneure philippine Teresa Ganzon, qui a présenté son expérience de gestion de Bangko Kabajan, institution financière rurale basée sur la culture du don et sur l’Économie de Communion. Beaucoup se sont dits surpris de connaître une banque qui ne se base pas uniquement sur le principe de la maximalisation du profit, et qui réussit sa gestion bancaire en respectant chaque client en tant que personne et en prenant spécialement en compte sa situation.
La professeure Tatiana Vasylieva, a parlé de l’entrepreneuriat socialresponsable dans le contexte ukrainien. Elle a passé toute la quatrième journée avec les étudiants, faisant intervenir des représentants d’institutions bancaires et de compagnies d’assurances de Sumy en dialogue ouvert avec les jeunes : ils ont communiqué leurs expériences, aussi bien positives que négatives, et expliqué qu’en Ukraine beaucoup d’obstacles à une économie plus socialement responsable pourraient être surmontés. Les étudiants ont beaucoup apprécié cette présentation et ont longuement discuté avec les intervenants des problématiques actuelles de l’Ukraine.
Chaque jour l’école d’hiver prévoyait des ateliers en groupes de travail sur de petits projets concernant la responsabilité sociale, l’éthique et les valeurs dans la gestion d’entreprise. Des représentants de l’Académie Sociale “Caritas in Veritate”, promotrice de cette école, étaient chaque jour présents pour discuter avec les participants, les aider dans la réalisation de leurs travaux, et pour présenter leurs idées de façon nouvelle à ce public externe.
Le dernier jour a été consacré à la présentation des fruits des travaux de groupe. Mais le plus intéressant a été l’analyse du compte-rendu de l’opposition entre la gestion traditionnelle des entreprises qui visent le profit maximal, et un type d’entreprises socialement responsables, basées sur l’éthique et sur les valeurs du bien commun.
Au cours d’un voyage en Galilée, près de Césarée de Philippe, Jésus demande à ses disciples ce qu’ils pensent de lui. Au nom de tous, Pierre affirme qu’il est le Christ, le Messie attendu depuis des siècles. Pour éviter des équivoques, Jésus explique clairement comment il entend réaliser sa mission. Il libérera son peuple, certainement, mais d’une manière inattendue, en payant de sa personne : il devra beaucoup souffrir, être condamné, mis à mort et, au bout de trois jours, ressusciter.
Pierre n’accepte pas cette vision du Messie ; comme beaucoup d’autres de son temps, il l’imaginait comme quelqu’un qui agirait avec force et puissance, chassant les Romains et mettant la nation d’Israël à sa juste place dans le monde. Il en fait donc le reproche à Jésus qui le réprimande à son tour : «…tes vues ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes » (Marc 8,31-33).
Jésus se remet en chemin, cette fois vers Jérusalem où s’accomplira son destin de mort et de résurrection. Maintenant que ses disciples savent qu’il va mourir, accepteront-ils encore de le suivre ? Les conditions que pose Jésus sont claires et exigeantes. Il appelle la foule et ses disciples autour de lui et leur dit :
« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive »
Sur les rives du lac alors qu’ils jetaient leurs filets pour la pêche, ou devant le bureau des impôts, lorsque Jésus les avait appelés à le suivre, ses disciples avaient alors été fascinés. Sans hésiter, ils avaient abandonné barques, filets, bureau, père, maison, famille pour courir à sa suite. Ils l’avaient vu accomplir des miracles et entendu ses paroles de sagesse. Jusqu’à aujourd’hui, ils l’avaient suivi remplis de joie et d’enthousiasme.
Cependant, suivre Jésus allait prendre maintenant un caractère nettement plus engageant, c’est-à-dire partager à fond sa vie et son destin : l’insuccès, l’hostilité et même la mort, et quelle mort ! La plus douloureuse et infamante, celle réservée aux assassins et aux délinquants les plus dangereux… Une mort que les Écritures qualifiaient de « maudite » (Deutéronome 21,23). Le seul nom de « croix » terrorisait, on n’osait même pas le prononcer. Cette parole apparaît pour la première fois dans l’Évangile. Qui sait quel choc elle a provoqué en ceux qui l’ont entendue !
Ayant affirmé clairement son identité, Jésus peut montrer avec la même clarté celle de son disciple. Si le Maître est celui qui aime son peuple jusqu’à mourir pour lui, en prenant sur lui la croix, le disciple, pour être tel, devra lui aussi mettre de côté sa propre façon de penser pour partager en tout, la voie du Maître, à commencer par celle de la croix :
« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive ».
Être chrétien signifie être d’autres Christ : avoir « les mêmes sentiments que le Christ Jésus », il « s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix » (Philippiens 2,5-8) ; être crucifié avec le Christ au point de pouvoir dire avec Paul : «…je vis mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Galates 2,20) ; ne rien savoir « sinon Jésus Christ et Jésus Christ crucifié » (1 Corinthiens 2,2). Jésus continue à vivre, à mourir, à ressusciter en nous. C’est le plus grand désir, la plus grande ambition du chrétien, celle qui a modelé les grands témoins : être comme le Maître. Mais comment suivre Jésus pour devenir comme lui ?
Le premier pas est de « se renier soi-même », se distancer de sa propre façon de penser. C’est ce que Jésus a demandé à Pierre quand il l’a réprimandé pour avoir pensé selon les hommes et pas selon Dieu. Nous aussi, comme Pierre, nous voulons parfois nous affirmer de manière égoïste ou au moins selon nos propres critères. Nous recherchons le succès facile et immédiat, exempt de toute difficulté, nous regardons avec envie celui qui fait carrière, nous rêvons d’avoir une famille unie et de construire autour de nous une société fraternelle et une communauté chrétienne, sans devoir payer le prix requis.
« Se renier soi-même » signifie entrer dans la façon de penser de Dieu, telle que Jésus nous l’a montrée dans sa propre façon d’agir. C’est la logique du grain de blé qui doit mourir pour porter du fruit, la logique de trouver plus de joie à donner qu’à recevoir (Actes des Apôtres 20,35), à offrir sa vie par amour, en un mot, prendre sur soi sa propre croix :
« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive ».
La croix – celle de « tous les jours », comme le dit l’évangile de Luc (Luc 9,23) – peut prendre bien des visages : maladie, chômage, incapacité de gérer les problèmes familiaux ou professionnels, échec pour créer des rapports authentiques, sens d’impuissance face aux grands conflits mondiaux, indignation devant les scandales répétés de notre société… La croix, inutile de la chercher. Elle nous arrive d’elle-même, peut-être de manière totalement inattendue et sous une forme que nous n’aurions jamais imaginée.
L’invitation de Jésus est de « prendre » la croix, sans la subir avec résignation comme un mal inévitable, sans la laisser nous écraser, sans la supporter non plus de façon stoïque et détachée… L’accueillir au contraire comme une possibilité de partager la sienne, de vivre en disciples aussi en cette situation et en communion avec lui dans cette souffrance, car c’est lui, le premier, qui a partagé notre croix. Quand Jésus s’est chargé de sa croix, il a pris avec elle sur ses épaules chacune de nos croix. Dans chaque souffrance, quelle qu’elle soit, nous pouvons rencontrer Jésus qui l’a déjà faite sienne.
Igino Giordani voit là le rôle inversé de Simon de Cyrène qui porte la croix de Jésus : la croix, dit-il, « est moins lourde si Jésus se fait notre Cyrénéen ». Et, dit-il, elle est encore moins lourde si nous la portons ensemble : « Une croix portée par une seule personne est écrasante ; portée ensemble par plusieurs, avec Jésus au milieu d’elles, c’est-à-dire en prenant comme Cyrénéen Jésus lui-même, elle devient légère, le joug n’est plus ressenti comme tel. L’escalade faite en cordée par beaucoup, d’un commun accord, devient une fête, et elle nous fait monter ».
Prendre la croix donc pour la porter avec lui, sachant que nous ne sommes pas seuls à la porter parce qu’il la porte avec nous, c’est se relier à Jésus, lui appartenir, jusqu’à la pleine communion avec lui, jusqu’à devenir d’autres ‘lui’. C’est ainsi que l’on suit Jésus et que l’on devient de vrais disciples. La croix sera alors vraiment pour nous, comme pour Christ « puissance de Dieu (1 Corinthiens 1-18), voie de résurrection. Dans chaque faiblesse, nous trouverons la force, dans chaque obscurité la lumière, dans chaque mort la vie, parce que nous trouverons Jésus.
Pour Chiara Lubich il existe une vraie vocation à la politique, “C’est un appel personnel qui émerge des circonstances et parle à travers la conscience”. Appel dont la réponse « est avant tout un acte de fraternité : on agit dans la sphère publique, qui concerne les autres, en voulant leur bien comme si c’était le nôtre ». Cette action crée les conditions qui « permettent une relation continuelle avec tous les autres secteurs de la vie » – l’économie, la santé, la communication, l’art, la justice, pour ne citer que ceux-ci -, de sorte qu’ainsi, la société puisse elle-même, avec toutes ses composantes, réaliser pleinement son dessein ».
L’événement mondial consiste en une pluralité de manifestations qui se réaliseront en divers points de la planète et durant lesquelles seront mises en évidence les idéalités du charisme de Chiara Lubich en rapport avec l’agir politique, éclairées par des récits de changement personnel et d’engagement dans la chose publique, qui vont de l’expérience de se mettre ensemble pour affronter les problèmes du quartier à l’engagement politique au niveau national et international. Ce sont toutes des occasions pour se refocaliser avec une conscience renouvelée sur le « rêve » qui a animé la vie et la pensée de Chiara Lubich : « la fraternité universelle ».
Rendez-vous à Rome (Italie) le 12 mars au Parlement : le matin, dans la Petite salle des Groupes du Parlement italien, 300 jeunes des focolari en provenance du monde entier, entreront en dialogue avec des hommes politiques, des chercheurs et des représentants des institutions internationales. L’après-midi, dans la même salle, se déroulera le congrès intitulé : « Chiara Lubich : l’unité et la politique ».
A Strasbourg (France) du 13 au 15 mars, au siège du Conseil de l’Europe, le séminaire «Fraternité en politique: s’investir autrement dans la cité», invite à ouvrir de nouvelles pistes d’action pour favoriser le « vivre ensemble ».
Le 13 mars, au Glendon College de la York University de Toronto (Canada), un débat sur le thème : «Politics for Unity. Making a World of Difference». A Curitiba (Brésil), le congrès «Política pela unidade, fazendo toda a diferença no mundo» veut montrer qu’en politique le paradigme de l’unité fait toute la différence. A Séoul (Corée du Sud) la rencontre : « En voyage vers la fraternité universelle » aura lieu dans le Parlement qui fut dans le passé le théâtre de durs affrontements. D’autres congrès se tiendront à Nairobi (Kenya), Dar es Salaam (Tanzanie), Madrid (Espagne), Budapest (Hongrie), Prague (République Tchèque) et aussi dans d’autres villes : sur le site www.politicsforunity.com, la carte des événements programmés et les informations correspondantes. Une sélection de textes de Chiara Lubich, faite par le Comité scientifique de l’événement, est aussi disponible. Pour suivre les conversations en ligne, voici le mot-clic (hashtag) : #politics4unity.
La réflexion autour du thème “Chiara Lubich: l’unité et la politique” sera l’occasion, dans toutes ces aires culturelles et géographiques, d’inviter à approfondir toujours davantage le patrimoine que Chiara, dont la cause béatification a été ouverte le 27 janvier dernier, laisse à l’Histoire.
La nation est en train de vivre des moments très difficiles. De fait un bataillon de policiers, envoyé pour arrêter deux personnes soupçonnées de terrorisme, a été assailli par des combattants du Front National de Libération Islamique et 44 d’entre eux ont été tués. Le parlement était justement en train de délibérer sur le nouveau traité de paix entre le gouvernement et les musulmans de Mindanao, incluant de larges concessions dans beaucoup de domaines. Maintenant, cependant, tout s’est bloqué. Hier, à la télévision, ils ont montré la vidéo d’un policier blessé qui a ensuite été frappé plusieurs fois à mort par un militant du Front. On peut donc imaginer l’indignation des gens !”. Voilà ce que nous écrivent Carlo et Ding de Manille.
Oscar, par contre, travaille au Bureau des Communications du Gouvernement, il devait donc mettre par écrit ce qui s’était passé. Une tâche évidemment pas facile pour quelqu’un comme lui qui s’engage chaque jour à vivre la spiritualité de l’unité avec tout le monde. « Mon travail – écrit-il – me demande de voir ce qui se passe dans les médias sociaux. Ce matin j’ai vu la vidéo de nos hommes SAF (policiers) tués par les rebelles musulmans. J’ai été très frappé de voir un policier par terre, blessé mais encore en vie, frappé deux fois à la tête et un autre éventré, une faucille dans la poitrine… C’était lourd, presqu’irréel, je n’arrivais pas à respirer. Dans la vidéo on voit que les rebelles ramassent les armes et les effets personnels des policiers tués, ensuite, ils continuent à tirer. Il m’était difficile de penser à la paix pendant que je regardais ces images. Je voulais réagir, faire quelque chose. J’avais les larmes aux yeux.
Puis, je regardais les sessions du Parlement sur ces événements. Il y avait celui qui accusait un général pour son manque de précision, un autre pour son manque d’organisation. Une fois de plus, je pensais, comment peut-on parler de paix ?
Au moins 4millions de personnes avaient déjà pu voir la vidéo sur internet. Une partie de mon travail consiste à comprendre les scénarios possibles et comment en sortir. Alors je me suis demandé quel pourrait être le pire scénario. Et j’ai pris peur. J’ai imaginé qu’après avoir regardé ces images, beaucoup de gens pourraient éprouver de la colère et se tourner vers la vengeance. Ils pourraient voir tout musulman comme un possible agresseur et se jeter sur lui. « Et si une guerre civile se déchaînait? », me suis-je demandé.
Au bureau, comme prévu, l’émotion des collègues étaient à son comble. J’ai essayé d’écouter ce que Dieu me disait dans le cœur : « C’est maintenant ou jamais que nous devons parler de paix. Si nous qui comprenons mieux la situation, nous éprouvons ces sentiments de vengeance, comment réagirons ceux qui sont plus émus et moins informés ? ».
L’un de mes collègues à l’improviste dit : « La paix n’est pas un mot imprononçable en ce moment. Nous devons avoir l’unité de tous les philippins comme point de mire, au-delà du credo religieux ». Et un autre : « Ce qui est arrivé a été un acte d’hommes violents, qui ne s’identifient pas avec toute la communauté musulmane ». La colère a lentement baissé de ton. Nous avons aussi rappelé ce que le député Mindanao avait dit : « Il est facile de se mettre en colère et de se laisser influencer par nos émotions, parce que vous n’avez pas vu de vos yeux les effets de la guerre à la porte de chez vous. La guerre n’est pas la réponse ». Je suis resté agréablement surpris et j’ai quitté la rencontre avec une certaine paix dans le cœur.
Ces temps-ci, plus que tout, je pense que nous devons travailler ensemble pour porter l’idéal de l’unité au plus grand nombre de gens possible. La menace de guerre est réelle. La menace que nos compatriotes se mettent en colère contre nos frères musulmans est réelle. Mais l’évangile nous indique la voie du dialogue et de la paix. Demain est un nouveau jour pour moi. Un autre jour d’écoute et de nombreuses conversations online. J’aurai la possibilité de construire de nouveaux rapports de confiance et de paix ».
« Il est 7 heures du matin du 28 avril à la gare centrale. Un jour et un lieu que les étudiants du Campus n’oublieront jamais. Quelque chose d’imprévu est en train de se passer et…ils doivent faire leur choix : c’est l’heure ! ». Une scène à haut impact émotif et théâtral ouvre CAMPUS, lenouveau musical du Gen Rosso,en avant première les 14 et 15 mars prochains à Loppiano, dans l’Auditorium du Centre International.
La première mondiale de la Tournée sera présentée à Naples les 28 et 29 mars au Théâtre ”Mediterraneo Mostra d’Oltremare”.
Partie d’une idée originale de Chiara Lubich, l’œuvre s’inspire de faits réellement passés et arrive sur la scène après 10 ans de recherches aussi bien au niveau du contenu qu’au niveau artistique.
Le campus, comme notre ville
Valerio Cipri raconte : « Il m ‘est tout de suite apparu que l’ambiance du campus représente bien la métaphore du quotidien de nos cohabitations urbaines globalisées. Les villes aujourd’hui sont les contenants de lourdes contradictions qui vont de la dégradation de la délinquance, de la drogue, de la corruption, à la présence de lieux de ‘récupération’ dans lesquels les citoyens se réapproprient des espaces de solidarité, d’humanité. Et le message de Campus est justement celui-là : une société uniene se réalise pas en annulant les différences, mais bien en regardant en face les défis, et en se retroussant les manches pour construire des rapports authentiques .Ayant en toile de fond, une époque, l’actuelle, marquée par les drames des peurs et des terrorismes, s’entremêlent les histoires d’un groupe d’étudiants, chacun avec ses rêves et ses projets pour le futur et avec un présent marqué par une charge laborieuse de blessures, d’angoisses, et de questions ».
Un spectacle courageux, entre sonorités passionnantes et actualité critique.
Le musical se compose de 23 morceaux, passages chorégraphiques qui interagissent avec des séquences filmées, des actions théâtrales et de mouvement. « Le projet artistique est le résultat de la coopération d’une équipe de professionnels internationaux » – explique Beni Enderle. « Les sonorités sont fortes et riches de contaminations, d’entrelacements harmoniques passionnants, avec des lyriques qui vont de la légèreté des atmosphères latines, au pathos des rythmiques afro, en une synthèse sonore qui touche et captive ».
« Peu à peu on s’immerge dans l’histoire et dans l’atmosphère du spectacle – poursuit Josè Manuel Garcia – on sent le souffle global qui émerge d’un dispositif narratif qui va droit au cœur des défis de l’époque contemporaine, à l’intérieur d’une colonne sonore originale et rigoureusement live qui balaie des rythmes et des sonorités Rock, Pop, Reggae, Samba-axe, Électronique contemporaine, Hip-hop jusqu’au Dubstep…
L’impact scénique est d’avant-garde. Jean Paul Carradori explique : « J’ai beaucoup travaillé dans des productions à caractère international. Campus a représenté pour moi le premier défi inattendu pour son dispositif dramaturge et théâtral très fort. Il était nécessaire de créer un climat qui en valorise les contenus et en même temps qui conduise le spectateur à s’immerger dans l’histoire ».
Produit par le Gen Rosso International Performing Arts Group (16 artistes de 9 pays) en une nouvelle méthodologie du travail artistique, technique, directif et de management, le Musical est le fruit d’une convergence et synergie d’un team international.
« Rappelle-toi, Luigino, que c’est pour les pauvres que j’ai fait naître l’ÉdeC. Vous étudiez, c’est bien, mais rappelle-toi toujours les pauvres ». Chiara Lubich m’a répété souvent ces paroles au cours des dix dernières années pendant lesquelles je l’ai assistée, avec la commission internationale, pour coordonner l’ÉdeC.
Délivrer de la pauvreté subie (bien différente de la pauvreté choisie) continue d’être l’ultime but du projet, le sens de notre action. Tant qu’il y aura sur terre des personnes qui, faute de ressources, ne peuvent vivre une existence décente, aucun système économique et social ne peut se considérer juste, moins encore de communion.
Les pauvretés aimées et soulagées par l’ÉdeC en ces 23 ans de vie se sont diversifiées, amplifiées. Des favelas de San Paolo et du Brésil on est passé aux favelas de nombreuses villes, et puis on a compris, par l’action tenace d’entrepreneurs comme Paco Toro (Espagne), que pour réduire la pauvreté nous pouvions créer des emplois, et ensemble avec l’ONG Action Monde Uni (AMU), nous avons commencé à soutenir le développement de micro activités de production dans divers pays du monde. Enfin nous avons constaté que la crise actuelle avait aussi reproduit des pauvretés antiques et nouvelles dans la riche Europe. Parmi elles, la plaie des jeux de hasard, qui ruine des centaines de milliers de familles, surtout les plus pauvres. D’où l’engagement de l’ÉdeC en Italie pour soutenir la campagne Slotmob, qui en un an s’est réalisée dans plus de 70 villes, et est en train de changer la mentalité de beaucoup.
Et puis ces dernières années l’ÉdeC se répand en particulier dans le continent africain, dont les entreprises, qui ont commencé cette année à verser des parts de bénéfices pour l’aide aux pauvres dans le monde, sont désormais 10, tandis que 12 autres se sont rapprochées du projet. Plusieurs bourses d’études ont été attribuées à des jeunes africains, dont quelques uns fréquentent assidument l’Institut Universitaire Sophia.
Cette floraison de nouvelle vie nous a poussés à un acte de réciprocité : organiser à Nairobi, au Kenya, notre prochain congrès international, quatre ans après celui du Brésil en 2011.
Nous serons dans cette grande ville du 27 au 31 mai, après la première école panafricaine pour les jeunes qui se tiendra du 22 au 26.
L’Afrique – qui souffre aujourd’hui encore des rapports prédateurs que beaucoup de pays industrialisés ont instaurés et continuent d’avoir avec elle – en l’oubliant d’abord, puis en l’isolant pour éviter le péril de la contagion – est destinée à être la grande protagoniste de l’économie et de la société de demain.
Sa volonté de vivre, ses jeunes, ses cultures ancestrales, le disent avec force. L’ÉdeC veut aller en Afrique pour l’aimer, pour apprendre de sa culture de la vie, pour pratiquer la communion et la réciprocité. Et pour construire ensemble un nouveau modèle de développement et une nouvelle économie. Mais ensemble, en nous estimant mutuellement. Dans la fête des peuples.
«Dans un monde rationnel, l’écrivain devrait se sentir au centre de la vie collective : comme celui qui dirige et interprète l’âme du peuple.
Mais le monde est pour une part dirigé par la rationalité : d’un autre côté, il est dirigé par l’instinct, par des passions irrationnelles : par exemple par la peur, et alors, l’écrivain devient populaire en fonction de ce qu’il recueille et peut-être en fonction des instincts des masses qu’il exaspère.
Aujourd’hui sont souverains la technique, la mécanique, le sport, le cinéma d’une part, la démagogie, l’affairisme, la politique d’abord de l’autre : et l’écrivain – s’il ne veut pas se réduire à la fonction marginale – doit se mettre au service d’intérêts matériels et passionnels ; écrire pour un journalisme souvent nécessairement asservi, par son énorme coût, à des groupes industriels, à des partis politiques, à des idéologies et à des professions qui ne visent que la rentabilité. La liberté de presse se perd parce que la presse se raréfie sous la pression financière ; et la liberté de l’écrivain se perd. Ceci aide à expliquer la disparition du type de grand écrivain ; et cela aide à expliquer pourquoi plus d’un, transfère son exercice dans l’arène politique ou cherche un soulagement dans d’autres domaines.
Par ailleurs, si c’est la décadence rationnelle des peuples qui produit la raréfaction, l’épuisement de l’écrivain et le réduit à la marginalité, c’est également vrai que c’est aussi la décadence spirituelle, morale et intellectuelle de celui qui écrit qui produit l’éloignement des lecteurs. La vérité est que l’écrivain est la cause et l’effet de son milieu social. Il faudrait qu’il y ait plus de cause que d’effet. Que s’il était ce qu’il doit être : un maître ou presque dirais-je, un apôtre ou un prophète, le peuple le suivrait et le lapiderait : il montrerait en somme un vif intérêt aux manifestations de son esprit. La place de l’écrivain est d’avant-garde : presque de reconnaissance : dans tous les cas de risque. En effet, pour accomplir une mission apostolique, de formation et d’élévation, l’écrivain risque pauvreté et incompréhension.
La position de l’écrivain est relative à la valeur du message qu’il porte ainsi qu’à la force et aux façons de l’expression artistique avec lesquelles il le porte.
Dans un monde où la technique et l’organisation, la planification et le centralisme, l’esprit grégaire et la fatigue de la liberté ont submergé l’âme de l’homme, en l’accablant de bruits et d’ordres, un écrivain libre qui concourrait à la libération spirituelle – à la rédemption de l’homme – en aidant à surmonter le ”déséquilibre”entre monde extérieur immense et monde intérieur exigu, il accomplirait une tâche plus grande que celle des hommes d’État les plus en vogue.
Dans un monde lézardé par les scissions et tremblant de la peur produite par la haine, une parole de fraternité et d’humanité, c’est – à- dire de charité, dite avec clarté, beauté et puissance, consacrerait son auteur à la gratitude des peuples, en lui conférant une situation de centre dans l’orbite de la civilisation ».
(De : Igino Giordani,Il compito dello scrittore, « La Via », 2.2.1952, p.3)
“Notre fille, après une douloureuse et cuisante déception (l’échec de la relation avec son copain), vit chez nous avec sa fille. Elle est souvent peinée et agressive. Un matin, pour un rien, elle nous malmène, ses frères et moi, hurle et part au travail en claquant la porte. Je suis vexée, j’ai l’impression qu’elle a dépassé toute limite. Nous ne méritons pas ce traitement. Mais que faire pour qu’elle ressente mon amour? Je prépare un repas de fête, je fais un gâteau, je mets la plus belle nappe… Lorsqu’elle rentre, je la salue comme si de rien n’était. Elle sourit et je sens que non seulement j’ai pardonné, mais j’ai oublié. L’harmonie revient parmi nous.”
“Samedi. Mes parents et moi allions fermer notre magasin d’alimentation, lorsque deux types cagoulés sont entrés et nous ont ordonné d’ouvrir le coffre-fort. Papa, pensant à un vol avec des armes factices, leur a demandé de partir. Mais, un coup est parti et l’a blessé superficiellement. Après la fuite des malfrats, en un instant, je me suis rappelé qu’il existe des gens différents, qui œuvrent pour les jeunes d’un quartier à risque d’une autre ville sicilienne. J’ai alors décidé, avec des amis, de faire moi aussi quelque chose pour empêcher tout jeune d’entrer dans le giron de la pègre. Avec une certaine hésitation, je me suis rendu dans un quartier à risque et, une fois les vrais problèmes de l’endroit connus, j’ai pris contact avec l’administration communale, avec les familles de quelques policiers tués… Un groupe est né, et veut prouver, surtout aux plus jeunes, qu’il existe un monde sans violence, meilleur. Ce samedi a changé ma vie.”
“J’avais douze ans lorsque mes parents se sont séparés. Au milieu de tant de douleurs, une en particulier ne m’apaisait pas: je ne réussissais pas à pardonner à papa de nous avoir quittés pour former une autre famille. Au début, lorsqu’il téléphonait, je ne voulais même pas lui répondre. Jusqu’au jour où, demandant de l’aide à Jésus, j’ai trouvé le courage de lui prouver que je ne lui en voulais plus. La fête des pères m’en a donné l’occasion. Quand je lui ai apporté mon cadeau, je l’ai vu ému. Il m’a confié que, au-delà de tout, pour lui la chose la plus importante étaient et restaient ses enfants. À partir de ce moment-là, c’était comme lui avoir rouvert la porte de mon cœur. Ensuite, le sachant très seul, je lui ai spontanément parlé de Dieu, qui aime chacun immensément. Il s’est apaisé et a exprimé le souhait d’approfondir le sujet. L’expérience avec papa me fait comprendre que tous peuvent se tromper, mais que chacun doit avoir la possibilité de se relever.”
« Mgr Giovanni Martinelli est un ”petit-grand homme”. Un homme de courage qui, malgré un grave problème de santé qui l’a touché il y a deux ans, continue obstinément à vouloir rester dans sa Libye, pour assister, comme un pasteur affectueux, ses brebis désormais réduites à une poignée de philippines qui travaillent dans les hôpitaux en tant qu’infirmières et qui ”ne peuvent” quitter le Pays. « Je n’ai rien de particulier à dire – commence-t-il – nous sommes devenus orphelins de l’ambassadeur qui est parti. Mais je le répète, je n’ai rien à dire, nous sommes ici parce que Jésus nous veut ici. Je suis au service du peuple, je ne suis pas ici pour je ne sais quel pouvoir ». Et la communauté catholique ? ” La communauté chrétienne existe encore, nous sommes tranquilles”. Vous êtes tranquilles ? ‘‘Nous avons à peine célébré la messe, Dieu est avec nous, pourquoi devrions-nous avoir peur ?”. Le père Sylvester est-il aussi encore à Bengasi ? ”Certainement – répond Mgr Martinelli – lui aussi dit qu’on peut encore rester pour être proches de ce peuple tellement éprouvé” Que supposez-vous qu’il pourrait arriver dans le futur ? ” Les prévisions sont très difficiles à faire, il est même préférable de ne pas en faire car bien trop souvent nous avons émis des hypothèses qui ne se sont ensuite pas réalisées. Il vaut mieux vivre jour après jour, je dirais même plus, moment par moment. Dans le moment présent, tout y est. En ce moment je rencontre Jésus, je rencontre les frères, j’aime ce peuple”. Comment la situation à Tripoli est-elle ? ” Elle me semble assez calme, ils ne nous ont rien interdit. L’atmosphère est tranquille et pacifique. Il n’y a pas de grand danger à circuler pendant le jour. Bien sûr, le soir, nous restons à la maison”. Peur ? ”Pour le moment, nous n’avons pas reçu de menaces directes. On est en train de voir comment se dérouleront les choses. Peut-être nous couperont-ils la tête…Mais je la leur donnerai sur un plateau, car je suis ici pour mourir pour mes gens”. Comment voyez-vous le rôle de l’Italie dans cette histoire ? ”Elle s’est beaucoup engagée, en particulier l’ambassadeur, pour garder ouvert le canal du dialogue entre les différentes tribus, entre les différentes factions. L’Italie a fait jusqu’à présent une propagande de paix”. Comment voyez-vous une intervention armée étrangère ? ”Je ne crois pas que ce soit la solution”. En 2011, quand soufflaient des menaces de guerre, vous disiez que si cela s’était passé, la Libye risquait d’exploser dans ses divisions tribales et politiques. Mais malheureusement les européens semblaient certains que la démocratie élective aurait contagionné positivement le Pays…” La prudence aurait été utile, à cette époque comme actuellement. La diplomatie internationale devrait faire sa part pour remettre ensemble les morceaux de la Libye. Ils ne doivent pas imposer des visions politiques qui n’appartiennent pas à ces gens”. Puis il reprend et conclut :” Si on vient ici seulement avec les armes et sans une forte volonté de dialogue, cela ne sert à rien. Il faut venir ici pour aimer ce peuple, non pour servir les intérêts des occidentaux, non pour exploiter le pétrole ou d’autres ressources. Ici, on ne peut venir que si on a la volonté de dialoguer avec les musulmans. Je suis ici pour cela et pour aucun autre but”. Source : Città Nuova online
Un groupe de 80 jeunes chrétiens et musulmans.Un sujet : le multiculturalisme, les différentes religions, le dialogue. Une question : ça t’intéresse ? Une formule : celle de « Regenerate», deux jours dans l’Hertfordshire, dans un climat de détente où l’on peut affronter aussi des questions brûlantes. C’est une initiative des jeunes du Mouvement des Focolari de Grande-Bretagne et d’Irlande. Cette année ils se retrouvent avec un groupe de l’Islamic Unity Society avec lesquels depuis des mois l’amitié et l’estime réciproque grandissent grâce à des actions communes aussi diverses qu’organiser des sessions d’étude ou planter des arbres pour la paix.
Les participants ont écouté en direct l’expérience du Professeur Mohammad Ali Shomali, Imam et directeur du centre Islamic d’Angleterre, qui s’est adressé à eux par visioconférence depuis Paris. Il a encouragé le groupe à « créer des occasions de dialogue avec chacun : le dialogue est ce qui nous caractérise en tant qu’êtres humains. Accepter de dialoguer avec quelqu’un de différent ne nous diminue pas, mais nous rend plus vrais envers nous-mêmes ».
Invitée d’honneur Angela Graham, journaliste qui a travaillé pour la BBC. A travers sa propre expérience de femme ayant grandi en Irlande du Nord, elle a encouragé les jeunes à devenir « des personnes de dialogue » dans leurs propre milieu et à chercher à construire des ponts avec des personnes de culture et de foi différentes.
Au cours du week-end du 14-15 février, au Focolar Center for Unity de Welwyn Garden City, se sont aussi déroulés des workshops sur des sujets allant du dialogue interreligieux aux réseaux sociaux, de la politique à l’engagement au sein de la société. « C’est impressionnant de voir qu’ici il y a des personnes aussi passionnées de vivre et de travailler avec Dieu », affirme Mohammed Mozaffari, un des jeunes musulmans de l’Islamic Unity Society. Et Lucia du groupe des Jeunes pour un Monde Uni : « Les différences ne sont pas un obstacle, mais une aide pour bâtir quelque chose ensemble ». « Même celui qui avait plus de difficulté à s’identifier avec une foi précise – racontent Nino e Mil, de l’équipe animatrice – s’est trouvé à l’aise et pleinement acteur».
Ce rendez-vous n’est pas passé inaperçu aux yeux des autorités civiles : « C’est encourageant de voir de jeunes adultes de diverses aires culturelles et religieuses s’engager de part et d’autre dans le dialogue – affirme le conseiller municipal Michal Siewniak – et chercher ensemble des réponses pour vivre en harmonie dans une société multiculturelle et multiconfessionnelle ».
«La vie et la pensée de Chiara Lubich ont introduit une nouveauté radicale qui dépasse une fois pour toutes la conception du pouvoir comme domination. L’idée, toujours présente, d’un pouvoir exercé seul au sommet d’une pyramide est largement répandue: souvent nous avons tendance à penser qu’un seul homme, ayant les idées claires et suffisamment de force pour les imposer, est solution la meilleure et la plus rassurante… Chiara a toujours eu un sens élevé et un total respect du pouvoir… Mais en même temps, ses rapports avec les personnes qui se trouvent au sommet de la hiérarchie civile (chefs l’Etat et de gouvernement, présidents d’institutions européennes) ou religieuses (pape, patriarches…) n’ont jamais rien eu de servile. Bien au contraire, son respect pour l’autorité s’exprimait de façon créative, en offrant des idées et des propositions dans une attitude de dialogue et de stimulant, et en mettant sa personne et les ressources du mouvement (des Focolari ndr) à disposition des projets en faveur de la société, surtout des plus pauvres.
Coresponsabilité. Dans l’exercice du pouvoir au sein du mouvement qu’elle a fondé, Chiara a voulu (…) une gestion collective de la responsabilité, dans la ligne de la spiritualité de communion, typique de son charisme. C’est seulement au niveau de la présidence du mouvement, en particulier pour des motifs juridiques, qu’il n’y a qu’une seule personne, et Chiara a voulu que ce soit une femme, sur le modèle de Marie, mère de Jésus, qui n’avait aucun pouvoir en dehors de l’amour (…). C’est une des idées-clés de son charisme: la hiérarchie existe, elle a un rôle irremplaçable, mais elle reste à l’arrière-plan ; ce qui émerge c’est qu’avant tout nous sommes tous frères et sœurs, tous enfants d’un unique Père, qui est amour (…). Tous à l’école de Jésus, le seul véritable maître.
Un leadership collectif. J’ai eu la chance d’assister personnellement à la manière dont Chiara exerçait son rôle de leader au cours de la préparation des deux rencontres des mouvements et communautés de diverses Eglises chrétiennes à Stuttgart en 2004 et 2007 (…). J’ai été frappé par sa manière de donner sa place à chaque personne, à ses idées et à son questionnement. C’était comme si elle était à l’écoute d’une parole que Dieu aurait pu prononcer par la bouche d’un des participants (…). Elle prenait chaque parole au sérieux et la soumettait à la décision commune, un véritable exemple de leadership collectif en action (…).
Exercer son propre rôle et faire de la place à l’autre. C’est l’essence de la conception de Chiara du pouvoir, avec sa dimension paradoxale : la personne qui se trouve dans une position de pouvoir doit exercer pleinement son rôle (être), et en même temps faire totalement place à l’autre, jusqu’à se placer au-dessous de lui (ne pas être). C’est une dynamique qui crée la communion, l’unité dans la diversité. L’unité en effet pour Chiara n’est jamais statique, quelque chose qui efface les composants, mais chaque fois nouvelle et surprenante parce que toujours dans un mouvement vital, à l’image de Dieu et du rapport d’amour entre les trois personnes de la Trinité (…).
Résoudre ensemble les conflits. Un exemple pratique de l’exercice du pouvoir en tant qu’amour, comme Chiara l’entend, est la gestion et la résolution des conflits. Face à un conflit diverses options se présentent : éviter d’affronter la difficulté, laisser décider le chef à la place des autres, ou bien décider de se mettre ensemble en chemin, avec toutes les personnes impliquées dans le conflit : une longue marche qui même peut être douloureuse, pour traverser le conflit et en sortir, non pas grâce à une décision individuelle, mais après avoir fait une expérience ensemble. Cette solution ne vient ni d’en haut ni simplement d’en bas, mais se trouve être le résultat d’un effort commun où chacun donne sa part de vérité, dans le but d’arriver à une solution commune ».
L’infiniment petit et l’infiniment grand qui nous interpellent pour expliquer l’univers, l’application des découvertes comme le “boson de Higgs” dans le domaine médical, technologique, social, ce sont les questions abordées par la scientifique Fabiola Gianotti, prochaine directrice du CERN de Genève, le 15 février à Loppiano, devant 800 scientifiques, de nombreuses personnes passionnées par les sciences, des artistes, des amis, des familles et environ deux cents étudiants d’écoles supérieures.
Il semble que la science revienne enfin à la mode en cette année 2015 où les gens sont encore sous le coup de la crise économique, mais en même temps en recherche « d’espaces d’infini, qui redéfinissent qui nous sommes, ce qu’est notre dignité et notre mission dans la vie », selon les dires d’un des présents. Le mérite en revient bien sûr aux scientifiques comme Gianotti, mais aussi grâce à des rendez-vous comme le prix ‘Renata Borlone, femme en dialogue’. Evénement de grande valeur éducative où foi et culture s’entrecroisent pour donner vie à une possibilité de croissance personnelle et sociale.
Beaucoup de messages de félicitations sont parvenus à la Doctoresse Gianotti, parmi lesquels celui de Maria Voce : L’association culturelle Renata Borlone et l’Institut Universitaire Sophia (IUS) ont fait chœur pour l’applaudir tous ensemble, et souligner en particulier les valeurs dont la doctoresse inspire sa vie de femme et de scientifique ». La présidente des Focolari souligne « la correspondance d’idéaux et de buts entre ces deux figures” (Gianotti et Borlone), même si leur champ d’action sont différents.
“On parle de Boson de Higgs en tant que lieu donnant consistance à toutes les autres particules, affirme Lida Ciccarelli, postulateur de la cause de béatification de Renata Borlone. Renata aussi, passionnée non seulement par la science mais encore par tout ce qui touche l’homme, avait trouvé le lieu, le terrain qui a donné saveur à toute sa vie et sens à ses journées : Dieu. Et de même que la scientifique se consacre à dévoiler pour nous les secrets du monde de la science – continue-t-elle – elle a trouvé en Dieu celui qui lui a révélé ‘le frère’ qui lui demande amour, accueil, compréhension, partage des joies et des peines, avec un cœur de chair. Elle a vécu dans cet espace divin et toute personne qui l’approchait, retrouvait la dignité de se découvrir enfant de Dieu ».
La troisième édition du prix est destinée aux personnes oeuvrant dans le monde scientifique et vise à développer le dialogue, y compris dans les universités, avec ceux qui s’engagent pour une culture qui respecte la dignité de la personne humaine. Le motif de la remise du prix à Fabiola Gianotti, est lu par le professeur Sergio Rondinara de l’IUS : « Pour ses hautes capacités professionnelles, pour la passion qu’elle a exprimée dans la recherche scientifique et pour les capacités humaines qu’elle a montrées en coordonnant de manière fructueuse le nombre élevé de scientifiques et chercheurs présents au cours de l’expérience ATLAS au CERN ». La récompense est une œuvre de l’artiste chinois Hung et représente un accélérateur de particules en miniature.
L’intervention de la doctoresse Gianotti est une intense et passionnante exposition qui captive la salle et accompagne les participants dans un tour virtuel à l’intérieur de l’univers de l’infiniment petit. C’est celui des particules élémentaires et en particulier du boson de Higgs, découvert fin 2012 grâce au travail constant de 3.000 scientifiques de 38 pays et à la technologie de l’accélérateur de particules LHC (Large Hadron Collider), d’une longueur de 27 km, qui se déploie à une centaine de mètres sous terre entre la Suisse et la France.
« L’un d’entre vous se demandera : mais qu’est-ce qu’on en a à faire de la masse des particules ? affirme la scientifique. En réalité cette question est très proche de notre vie parce que si les particules n’avaient pas la masse qu’elles ont, nous ne serions pas ici. Si les électrons n’avaient pas de masse, l’atome n’aurait pas de consistance et donc la chimie n’existerait pas, il n’y aurait pas de matière comme nous la connaissons. Donc nous sommes ici grâce aussi à ce mécanisme de Higgs ». Et à propos des applications des accélérateurs de particules, elle explique qu’elles sont amplement utilisées dans le domaine médical pour soigner les tumeurs. La doctoresse conclut que la recherche au CERN affronte des questions fondamentales sur les particules élémentaires et donc sur la structure et l’évolution de l’univers, importantes pour ses conséquences sur la vie quotidienne. « Mais la connaissance fondamentale – conclut-elle – est importante en soi, parce que c’est un des droits-devoirs de l’homme auxquels on ne peut pas renoncer, au-delà des applications concrètes, un peu comme l’art qui est parmi les expressions les plus élevées de l’homme en tant qu’être pensant. Donc nier l’importance absolue de ces activités humaines, veut dire dénaturer la nature humaine elle-même ».
Tous les documents sont signés: désormais la filiation de l’enfant est établie. Il pourra bénéficier de ce surplus d’amour que ses parents adoptifs ont depuis toujours dans le cœur. Ni les années d’attente, ni la traversée des océans ne les ont arrêtés. Après une rapide entrevue où l’enfant et les parents se sont « reconnus », puis un bref séjour ensemble à l’hôtel, en terre étrangère, les voilà enfin à la maison. Une expérience passionnante et unique que celle de voir le parcours d’adoption terminé, mais c’est alors que vraiment tout commence. Une véritable ascension les attend. Une fois le premier impact passé, mille questions se posent à ces parents adoptifs tout juste « brevetés » ! Ils se trouvent souvent décontenancés. C’est pour eux qu’est né à Grazzanise (Italie) le projet « Familles de cœur». Le projet a été conçu par Familles Nouvelles (AFN), avec la contribution de l’Institut Bancaire de Naples Fondation. Il prévoit l’ouverture d’un guichet de consultation gratuite pour les familles adoptives du territoire et offre les conseils d’experts ou simplement la possibilité de pour elles d’échanger avec d’autres familles. Des cours gratuits seront aussi mis en ligne : la formation théorique sera associée à des rencontres en groupes pour favoriser l’échange d’expériences entre familles et leur mise en réseau avec d’autres associations présentes sur le territoire. L’adoption demeure toujours un défi ouvert, car aujourd’hui encore trop d’enfants mineurs abandonnés continuent à végéter dans des maisons d’accueil au nord comme au sud de notre planète. Un défi que Chiara Lubich avait déjà voulu relever en 1967, en invitant les familles qui la suivaient à « vider les orphelinats ». C’est ainsi qu’une myriade de familles, avec ou sans enfants, ont ouvert leur maison et leur cœur à qui n’avait pas de foyer, favorisant ainsi, chez l’enfant accueilli comme fils à part entière, la cicatrisation de la blessure subie résultant de l’abandon. “Par cette initiative – expliquent les époux Gravante, responsables du Bureau AFN onlus en Campanie – on entend doter les familles d’outils qui, en potentialisant leurs ressources, les aide à grandir comme familles-monde, c’est à dire capables de s’ouvrir à la diversité que cet enfant venu de loin porte nécessairement en lui. Diversité de patrimoine génétique et culturel. C’est un parcours attrayant mais engageant comme peut l’être le fait de revivre avec l’enfant ses traumatismes et de l’aider à se réconcilier avec son passé ». Il est demandé à AFN, comme aux autres organismes habilités en matière d’adoptions internationales, de suivre les familles durant trois années après l’adoption, mais souvent ce délai n’est pas suffisant. Le processus d’intégration de l’enfant dans sa nouvelle famille et son insertion dans les structures sociales du pays peuvent exiger beaucoup plus de temps. Les familles adoptives, plutôt que d’être abandonnées à leur propre sort, ont besoin d’être en relation avec des familles comme elles, pour réussir à découvrir chaque jour la valeur du choix qu’elles ont fait et retrouver l’enthousiasme des débuts pour se projeter dans l’avenir, grâce à un parcours vécu dans le partage. Lors du lancement du projet, Andrea Turatti, Président de AFN, a insisté lui aussi sur ces notions de partage et de solidarité, en précisant que ce binôme était vraiment au cœur de la réalité qui anime l’association : « Nous sommes heureux de pouvoir offrir, grâce aussi à la participation généreuse de l’Institut Bancaire de Naples, cette chance à la région de Naples. Elle le mérite. En effet, parmi les 850 enfants qui ont trouvé une famille grâce à AFN, plus de 180 ont été accueillis dans cette région où le sérieux de ces engagements a permis de faire démarrer le projet. Nous voulons l’exporter aussi dans le reste de l’Italie, mais pas seulement, car il contribue à l’émergence d’une solidarité à l’échelle du monde ».
“Une prédication qui ne dénonce pas le péché n’annonce pas l’Evangile”, affirmait Mgr Romero dans l’une de ses homélies. Son martyre, survenu le 24 mars 1980 tandis qu’il célébrait l’Eucharistie dans la chapelle de l’hôpital des malades en phase terminale où il habitait, a donné de la force aux familles du Salvador qui ont perdu des proches et des amis durant l’impitoyable guerre civile qui a suivi mort. Et aujourd’hui encore son témoignage est une forte invitation à la paix, à la fraternité et à la réconciliation dont le peuple a besoin.
“L’annonce de la signature du pape François approuvant le décret qui reconnaît le martyre « in odium fidei » de Mgr Oscar Arnulfo Romero, a fait exulter le peuple. Les évêques ont fait carillonner les cloches de toutes les églises du Salvador pour manifester cette immense joie” écrit écrit Filippo Casabianca depuis le siège des focolari en Amérique Centrale. “Depuis que Bergoglio est devenu pape, on a commencé à espérer que, connaissant les besoins urgents des pauvres et les sombres tractations de certaines dictatures latino-américaines, il débloquerait l’avancée de la cause. Et de fait, cette annonce solennelle dont la date reste à fixer à San Salvador, n’a pas tardé à venir”.
Quels sont les dessous de ce blocage?
“A l’époque la pastorale de l’Eglise était traversée par des courants qui allaient d’une authentique fidélité aux orientations du Concile appelant l’Eglise à être proche des plus pauvres, à la tentation de ceux qui considéraient légitime de s’associer à des mouvements de type marxiste. C’est ce dont on a voulu accuser Roméro, jusqu’au point d’arriver à réduire sa voix au silence”.
Au Salvador la spiritualité des focolari s’enracine aussi dans l’humus des horreurs de la guerre. Les premiers voyages des focolarini en Colombie remontent aux années 70 et les premières mariapoli ont eu lieu en 1982 dans la ville de Santiago di Maria.
“Les grands axes routiers étaient alors parsemés de patrouilles tantôt de l’armée, tantôt de guérilleros – poursuit Filippo – au point qu’il fallait utiliser les moyens du bord pour se déplacer ou se soumettre à des interrogatoires qui pouvaient se terminer par une réclusion forcée. La guerre avait suivi la mort de Roméro et son message était présent au cœur de tous ». « Les paroles, l’enseignement et le témoignage de Mgr Romero – raconte Reynaldo, un des premiers jeunes du mouvement – résonnaient avec force en ceux qui eurent la chance de rencontrer l’Idéal de l’unité, en particulier à cause du rappel de l’option préférentielle des pauvres». C’était en effet un rappel à vivre le christianisme de manière cohérente, que certains voyaient d’un œil perplexe, que beaucoup ont accueilli et qui fut parfois manipulé. « L’exemple de Mgr Romero, associé à la rencontre de l’expérience de Chiara Lubich et de ses premières compagnes durant la seconde guerre mondiale à Trente, nous a permis d’accueillir de manière plus authentique le Charisme de l’unité et nous aida à avancer à contre-courant ».
Un contre-courant qui reste d’actualité à travers l’engagement social du Mouvement des Focolari au Salvador. L’accompagnement des prisonniers, par exemple, se déroule dans le cadre de la Pastorale de l’Eglise en milieu pénitencier et mobilise une équipe des Focolari : ils visitent régulièrement la prison de Mariona, tristement célèbre, où sont enfermés les plus dangereux cerveaux de la barbarie et du narcotrafic. Actuellement ils sont en contact avec environ 180 personnes qui purgent différentes peines et qui se retrouvent par groupes de 18 personnes autour de la Parole de Vie. Lors de la dernière rencontre quelqu’un disait : « Je demande pardon à mes camarades de cellule parce que je les ai traités avec violence, mais je veux changer ».
D’autres actions sont orientées vers l’insertion sociale dans un petit village à risques. La situation est devenue dangereuse et le curé a conseillé aux membres du Mouvement d’être prudents. Dans deux autres villes ceux-ci aident des écoles et font du soutien scolaire pour freiner l’abandon des études, un facteur qui favorise le recrutement criminel.
Au Salvador, mais pas seulement, l’exemple de Romero réveille chez beaucoup le désir d’être fidèle à l’Evangile qui nous pousse à vivre pour tous, en particulier pour les plus petits, les pauvres et les laissés pour compte.
Les Églises égyptiennes célèbrent ces jours-ci – et non du 18 au 25 janvier comme dans plusieurs pays – leur semaine pour l’unité des chrétiens. Fadiah et Philippe, du Mouvement des Focolari en Égypte, racontent leur participation aux différentes initiatives des Églises locales et comment, au centre de leurs prières il y a l’invocation de la protection et de l’aide du Seigneur sur toute la nation égyptienne en cette phase délicate.
«Œcuménisme réceptif» : renverser la pensée qui bien souvent se cache dans la manière avec laquelle les membres des différentes églises s’accostent les uns aux autres. Le révérend doct. Callan Slipper est là pour l’expliquer, du Centre international d’études du Mouvement des Focolari au cours d’une rencontre œcuménique à Wellwyn Garden City (Londres) le 4 février dernier.
Slipper, qui est aussi Délégué régional pour toutes les Églises dans le comté de Hertfordshire , dans son discours [Chiara Lubich et l’œcuménisme réceptif: comment la spiritualité facilite l’unité entre les chrétiens] a expliqué comment «plutôt que de penser que tout irait mieux si les autres étaient un peu plus semblables à nous, et que donc nous avons à enseigner, nous pouvons aller vers les autres pour apprendre». En accostant les autres avec cette attitude, continue-t-il, «nous découvrons que nous n’avons besoin de cacher quoi que ce soit, mais nous pouvons reconnaître nos faiblesses et le besoin d’être guéris. Ceci ouvre à une nouvelle relation, et nous porte à une conversion nouvelle et plus profonde en Christ, dans lequel nous découvrons plus pleinement notre vraie identité ecclésiale».
C’est un public qualifié qui l’écoute: 14 évêques catholiques, anglicans, luthériens et de l’Église Copte orthodoxe, provenant de différentes parties de l’Angleterre, ensemble avec le Secrétaire général de Churches Togheter in England, l’organe œcuménique national des églises en Angleterre. Cela a représenté pour eux un avant-goût d’une nouvelle méthodologie œcuménique et une possibilité de partager les expériences dans les églises respectives.
Au cours des mêmes journées, du Centre œcuménique d’ Ottmaring en Allemagne, on rappelle l’importance de l’ authentique vie chrétienne pour contraster avec les phénomènes violents et liberticides auxquels on a assisté récemment à partir des attentats de Paris. Gérard Testard, français, membre du comité directif du réseau de ‘‘Ensemble pour l’Europe” et fondateur de l’initiative interreligieuse ”Efesia”, est l’invité d’honneur: «La rencontre de Jésus avec la femme samaritaine au puits de Jacob – affirme-t-il rappelant la phrase choisie pour la Semaine de Prière ”Donne-moi à boire’‘(Jn 4,7) – nous indique le chemin pour cette situation: Jésus abat les barrières, faites par les hommes et se manifeste en tant que sauveur du monde. Les événements de ces jours-ci nous obligent comme chrétiens à travailler pour l’unité, alors que la mission pour l’unité dépasse le monde chrétien, pour faire face aux dangers du terrorisme, à la violence et au fanatisme inacceptables».
Et Testard présente l’expérience positive du dialogue qui bénéficie de la promotion du Conseil des Musulmans de France et de la Conférence Épiscopale française: ”Efesia”, née en 2007 au Liban. Chrétiens et Musulmans se rencontrent régulièrement le 25 mars, fête de l’Annonciation, parce que Marie est aussi vénérée beaucoup par les musulmans. Après quatre ans, les autorités libanaises ont déclaré le 25 mars, fête nationale islamo-chrétienne de l’Annonciation. C’est la première fête commune dans l’histoire de ce pays».
Le Père Mychayl est un prêtre grec-catholique qui vit la spiritualité des focolari. A travers la revue Città Nuova, il nous a aidés à suivre les vicissitudes de son cher pays aujourd’hui dévasté. Un an après l’explosion du conflit, nous lui avons demandé de faire une relecture des événements. « Presque une année s’est écoulée depuis la révolte de la place Maidan au conflit dans le sud-est et l’on compte aujourd’hui plus de 5000 morts et plus d’un million de réfugiés. La guerre dans le Donbass dure déjà depuis des mois. Les gens sont en train de mourir, les infrastructures de suffoquer et des centaines de milliers de personnes sont en déroute. Le patchwork de territoires contrôlés par les ukrainiens et les séparatistes, le chaos de bandes rivales, de commandants qui se font la guerre, d’armées mal équipées et très mal entraînées, pourraient avoir comme effet collatéral de déclencher une guerre de tous contre tous ». C’est la raison pour laquelle, selon le père Mychayl, l’Ukraine, aujourd’hui plus que jamais, a besoin d’une éducation à la paix qui implique le peuple tout entier: adultes et jeunes, éducateurs et adolescents, parents et enfants: “ Une pédagogie de la paix qui soit simple, mais qui mobilise, fondée sur la cohérence entre théorie et pratique, valeurs et expériences. Une éducation pour que s’affirme une culture de paix, la seule qui puisse respecter et répondre aux questions les plus vraies de l’ensemble de la population, sur le difficile chemin de la fraternité universelle en Ukraine ». A la question concernant les pas que doit faire l’Ukraine: «Je me permets de vous répondre en reprenant ce que Chiara Lubich a dit à Londres en 2004 : « … On devrait proposer à tous les acteurs politiques de souscrire un pacte de fraternité pour leur Pays, qui mette le bien commun au dessus de tout intérêt partial, qu’il soit individuel, de groupe, de classe ou de parti. Parce que la fraternité offre des possibilités surprenantes: elle permet de mettre ensemble et en valeur des exigences qui risquent, sinon, de dégénérer en d’interminables conflits. Elle concilie par exemple les expériences d’autonomie régionale avec le sens d’une histoire commune ; elle consolide la conscience du rôle important des organismes internationaux et de tous les processus qui tendent à faire dépasser les barrières et franchir des étapes décisives vers l’unité de la famille humaine ». Mais la crise ukrainienne a déclenché la plus grande vague de réfugiés après celle de la guerre des Balkans: plus de 900000 seulement à l’intérieur du pays. « Dans la ville assiégée de Donetsk une vie normale n’est plus possible. Les personnes âgées – témoins pour la seconde fois des horreurs de la guerre – meurent parce qu’elles sont privées de soins médicaux ou bien doivent quitter leur maison. Depuis l’été, beaucoup de personnes ne touchent plus leur pension de retraite. Dans les secteurs contrôlés par les séparatistes on trouve de tout dans es magasins et les pharmacies, mais il n’y a plus d’argent ! Les banques te les bureaux de poste ont fermé ». Comment reconstruire les maisons, les routes et des ponts pour rétablir la circulation, mais aussi des liens pour soigner les blessures invisibles? « Ce n’est pas chose facile. Accompagner psychologiquement les populations sinistrées c’est moins simple que de reconstruire des routes ou envoyer des aides humanitaires. Depuis quelques années déjà les chercheurs de l’Institut Universitaire Sophia, en collaboration avec Justice et Paix en Ukraine, donnent des cours pour former les jeunes à offrir leur propre contribution, en tant que citoyens, pour la construction du bien commun de l’Ukraine » « Après la vague de protestations et la guerre, le pays a besoin de ces « Ecoles de la participation » qui préparent à un engagement civil et politique bien enraciné dans le tissu social ; il a besoin de lieux où l’on puisse expérimenter une action politique fondée sur des valeurs partagées et nourrie par l’idéal de la « fraternité universelle ». L’Ukraine, grâce aux manifestations de la Place Maidan, est devenue une vraie nation, un peuple qui veut bâtir sa vie sur des valeurs chrétiennes. Il s’agit maintenant de transférer dans le vécu de l’action quotidienne les valeurs défendues sur la Place Maidan; de prendre en charge les attentes et les besoins les plus profonds du Pays, pour ne pas tomber définitivement dans l’apathie ». Les écoles de la Participation fournissent en effet des modèles d’interprétation et des propositions résolutives favorables à l’instauration d’une culture de paix: “L’un des principaux défis que doit relever l’Ukraine concerne la situation des immigrés sur son propre territoire, leur intégration dans les autres régions du pays, et les conséquences des hostilités. Offrir aux personnes des connaissances et des compétences flexibles pour promouvoir le dialogue interculturel et interreligieux, les droits de l’homme, la médiation, la prévention et la résolution des conflits, l’éducation à la non-violence, la tolérance, l’acceptation d’autrui, le respect réciproque et la réconciliation, tels sont les objectifs que nous voulons placer au centre de l’éducation à venir ».
“Frères et soeurs, lorsque j’entends les mots “victoire” ou “défaite” – a dit le pape François lors de l’audience générale du 4 février dernier – je ressens une grande douleur, une grande tristesse dans le cœur. Ce ne sont pas les mots justes : le seul mot juste est « paix ». C’est le seul mot juste. Je pense à vous, frères et sœurs ukrainiens…Pensez donc, c’est une guerre entre chrétiens ! Vous avez tous le même baptême ! Vous êtes en train de vous battre entre chrétiens. Réfléchissez à ce scandale. Et prions tous, parce que la prière est notre protestation devant Dieu en temps de guerre »
Tandis que la diplomatie mondiale se mobilise, les faits sembleraient démentir toute perspective de paix. Et pourtant il y a des personnes et des institutions qui mettent courageusement tout en œuvre pour la sauvegarder, même au risque de leur propre vie.
Notre question à Vera Fediva, du Mouvement des Focolari, qui habite en Ukraine: comment les gens du peuple vivent-ils cette situation?
« C’est une période très difficile pour notre Pays: pleine de douleurs et de frustrations. Presque 5000 civils tués, de nombreux blessés et handicapés, des milliers de réfugiés… on n’arrive pas à entrevoir la fin de cette tragédie. La façon dont est né notre mouvement, en pleine Seconde Guerre Mondiale, lorsque tout s’écroulait, nous vient souvent à l’esprit, …mais nous n’aurions jamais imaginé que cela puisse encore arriver au XXIème siècle, presque au cœur de l’Europe, dans un pays tranquille comme l’Ukraine. Notre communauté se trouve à Mukacevo, dans la partie occidentale du Pays, où il n’y a pas de conflits armés. Mais psychologiquement c’est difficile de tenir : aussi parce que beaucoup d’entre nous avons des amis, des parents, des voisins et même des jeunes enfants qui combattent. Beaucoup ont perdu des êtres chers. Nous vivons dans une situation où rien n’est stable. Il est difficile de programmer quelque chose. Personne ne sait ce qui peut arriver demain, un fils unique ou un mari peuvent partir au combat. Nous ne pouvons compter que sur Dieu, qui est Amour. Comme au début du Mouvement… Dans une telle situation nous sentons qu’il est très important de ne pas laisser entrer la haine dans notre cœur, pour être en mesure de pardonner et même de prier pour nos ennemis »
Comme dit le Pape, la prière est notre protestation. Une année après le début du conflit, comment vous êtes-vous mobilisés en tant que communauté des focolari et aussi avec d’autres chrétiens, pour faire sentir cette « protestation » ?
«Il y a déjà quelques années que nous menons des actions pour la défense de la vie sous toutes ses formes; cela nous a permis de tisser des liens avec des personnes appartenant aux différentes Eglises de notre ville. Nous avons organisé ensemble quelques événements comme « Marches pour la vie » et « Fêtes de la famille ». Nous avons été stimulés par l’exemple du groupe « Ecumena » de Kosice (Slovaquie) qui se nourrit de la spiritualité de l’unité. L’an dernier nous avons organisé, au centre ville, une grande manifestation de « Prière pour la paix en Ukraine », avec une dizaine d’Eglises différentes, beaucoup de gens y ont pris part. Par la suite nous avons continué à nous retrouver et nous avons vécu ensemble trois grands moments de « Prière pour la paix » depuis que la guerre a débuté. Il nous semble que cette unité entre nous tous soit particulièrement importante, en ce moment où des chrétiens se battent et s’entretuent dans cette guerre absurde. C’est notre petite et silencieuse réponse à la prière du Pape, pour dépasser ce scandale de la division et donner une contribution à la paix et à la réconciliation de notre Pays ».
«Si nous mettons à la base des lois ou des initiatives sociales, un esprit de non-respect pour celui qui souffre, pour la personne handicapée, la personne âgée, nous créons petit à petit une société fausse, car nous ne donnons du poids qu’à certaines valeurs, comme la santé physique, la force, la productivité intensive, le pouvoir, et nous modifions complètement le but pour lequel vit un État, qui est le bien de l’homme et de la société.
On le sait bien, la santé est un don précieux qu’il convient de sauvegarder.
C’est pourquoi il est nécessaire de faire en sorte que notre physique et celui de nos frères se nourrisse, se repose, ne s’expose pas aux maladies, aux accidents, à une pratique sportive exagérée.
En effet, le corps aussi est important pour un chrétien.
Mais, si l’intégrité du corps venait à être compromise, nous devons nous souvenir qu’il y a une Vie qui n’est pas conditionnée par notre état de santé, mais par l’amour surnaturel qui brûle en notre cœur.
Et c’est cette Vie supérieure qui donne sa valeur à la vie physique, même dans la maladie.
En effet, si nous considérons les maladies seulement avec un regard humain, on ne peut qu’affirmer qu’elles sont des malheurs. Mais, si nous avons un regard chrétien, nous voyons qu’elles sont des épreuves qui peuvent nous permettent de nous entraîner pour la grande épreuve qui nous attend tous, quand nous devrons affronter le passage à l’Autre vie.
Le Saint Père n’a-t-il pas dit récemment que les maladies sont des exercices spirituels (des retraites) que Dieu lui-même nous prêche ?
Les malades ont une richesse de plus que les autres, d’un autre genre.
En ascétisme et en mystique, l’Église parle des maladies non seulement comme appartenant au domaine de la médecine, mais comme des purifications que Dieu envoie, donc comme des échelons vers l’union à Dieu.
La foi nous dit aussi que, dans la maladie, l’homme participe aux souffrances du Christ. C’est donc un autre Christ crucifié qui peut offrir sa souffrance pour ce qui vaut le plus : le salut éternel des hommes.
Nous, dans le tourbillon du travail et de la vie quotidienne, nous sommes parfois tentés de voir dans les personnes souffrantes uniquement des cas marginaux à aider pour qu’elles surmontent vite leur maladie et qu’elles reprennent rapidement leurs activités et nous ne pensons pas qu’elles sont celles qui, actuellement, peuvent faire davantage, agir davantage.
Cependant, les malades sont en mesure de bien remplir leur rôle en faveur de l’humanité s’ils sont compris et aimés. C’est grâce à l’amour qu’ils pourront être aidés à donner son sens à leur état, à être conscients de ce qu’ils représentent.
Et ce qui vaut pour les malades, vaut pour les handicapés. Celui qui est porteur de handicap a besoin d’amour lui aussi. Il a l’exigence d’être reconnu pour la valeur qu’a sa vie : (une vie) sacrée comme toute autre vie, avec toute la dignité qui en découle. Il a besoin d’être considéré comme une personne qui doit vivre le plus possible une ‘vie ensemble’, normale, au milieu des autres hommes.
Et que dire des personnes âgées ?
Chaque vie demande de l’amour. Les personnes âgées aussi ont besoin d’amour.
Aujourd’hui, les personnes âgées constituent même un problème, parce qu’on peut noter une forte augmentation de cette catégorie d’âge, en raison du prolongement de la moyenne du niveau de vie.
On observe, dans la société, une tendance à mettre les personnes âgées de côté, à les considérer comme un poids social, car ils ne sont pas productifs. On parle des vieux comme d’une catégorie à part, comme s’il ne s’agissait plus d’êtres humains. Ensuite, chez les personnes âgées eux-mêmes, à la déchéance physique s’ajoute souvent un grave malaise psychologique : se sentir dépassés.
Il faut redonner l’espérance aux personnes âgées. L’âge avancé n’est que la troisième saison de l’existence.
La vie qui naît, la vie qui croît, la vie qui décline ne sont que trois aspects du mystère de l’existence qui puise en Dieu-Amour.
En certains Pays asiatiques et africains, l’ancien est valorisé parce qu’il est considéré comme un guide de vie, parce qu’il possède la sagesse.
En effet, l’ancien est une personne qui met en évidence ce qui est essentiel, ce qu’il y a de plus important.
Souvenons-nous des paroles de Saint Jean l’Évangéliste, désormais octogénaire, alors qu’il visitait les communautés chrétiennes et qu’il lui était demandé quel avait été le message de Jésus, il répétait toujours : “Aimez-vous les uns les autres” comme s’il n’avait rien d’autre à ajouter. Mais, avec ces mots, il centrait vraiment la pensée du Christ.
Se priver des personnes âgées, c’est se priver d’un patrimoine.
Il convient de les valoriser, en les aimant. Et les valoriser aussi quand ils sont malades et malades graves, quand les espoirs humains n’existent plus et que la demande d’assistance se fait plus exigeante.
Pour Dieu, il n’y a pas de vies, pas de moments de vie indignes d’être vécus.
«Si nous mettons à la base des lois ou des initiatives sociales, un esprit de non-respect pour celui qui souffre, pour la personne handicapée, la personne âgée, nous créons petit à petit une société fausse, car nous ne donnons du poids qu’à certaines valeurs, comme la santé physique, la force, la productivité intensive, le pouvoir, et nous modifions complètement le but pour lequel vit un État, qui est le bien de l’homme et de la société.
On le sait bien, la santé est un don précieux qu’il convient de sauvegarder.
C’est pourquoi il est nécessaire de faire en sorte que notre physique et celui de nos frères se nourrisse, se repose, ne s’expose pas aux maladies, aux accidents, à une pratique sportive exagérée.
En effet, le corps aussi est important pour un chrétien.
Mais, si l’intégrité du corps venait à être compromise, nous devons nous souvenir qu’il y a une Vie qui n’est pas conditionnée par notre état de santé, mais par l’amour surnaturel qui brûle en notre cœur.
Et c’est cette Vie supérieure qui donne sa valeur à la vie physique, même dans la maladie.
En effet, si nous considérons les maladies seulement avec un regard humain, on ne peut qu’affirmer qu’elles sont des malheurs. Mais, si nous avons un regard chrétien, nous voyons qu’elles sont des épreuves qui peuvent nous permettent de nous entraîner pour la grande épreuve qui nous attend tous, quand nous devrons affronter le passage à l’Autre vie.
Le Saint Père n’a-t-il pas dit récemment que les maladies sont des exercices spirituels (des retraites) que Dieu lui-même nous prêche ?
Les malades ont une richesse de plus que les autres, d’un autre genre.
En ascétisme et en mystique, l’Église parle des maladies non seulement comme appartenant au domaine de la médecine, mais comme des purifications que Dieu envoie, donc comme des échelons vers l’union à Dieu.
La foi nous dit aussi que, dans la maladie, l’homme participe aux souffrances du Christ. C’est donc un autre Christ crucifié qui peut offrir sa souffrance pour ce qui vaut le plus : le salut éternel des hommes.
Nous, dans le tourbillon du travail et de la vie quotidienne, nous sommes parfois tentés de voir dans les personnes souffrantes uniquement des cas marginaux à aider pour qu’elles surmontent vite leur maladie et qu’elles reprennent rapidement leurs activités et nous ne pensons pas qu’elles sont celles qui, actuellement, peuvent faire davantage, agir davantage.
Cependant, les malades sont en mesure de bien remplir leur rôle en faveur de l’humanité s’ils sont compris et aimés. C’est grâce à l’amour qu’ils pourront être aidés à donner son sens à leur état, à être conscients de ce qu’ils représentent.
Et ce qui vaut pour les malades, vaut pour les handicapés. Celui qui est porteur de handicap a besoin d’amour lui aussi. Il a l’exigence d’être reconnu pour la valeur qu’a sa vie : (une vie) sacrée comme toute autre vie, avec toute la dignité qui en découle. Il a besoin d’être considéré comme une personne qui doit vivre le plus possible une ‘vie ensemble’, normale, au milieu des autres hommes.
Et que dire des personnes âgées ?
Chaque vie demande de l’amour. Les personnes âgées aussi ont besoin d’amour.
Aujourd’hui, les personnes âgées constituent même un problème, parce qu’on peut noter une forte augmentation de cette catégorie d’âge, en raison du prolongement de la moyenne du niveau de vie.
On observe, dans la société, une tendance à mettre les personnes âgées de côté, à les considérer comme un poids social, car ils ne sont pas productifs. On parle des vieux comme d’une catégorie à part, comme s’il ne s’agissait plus d’êtres humains. Ensuite, chez les personnes âgées eux-mêmes, à la déchéance physique s’ajoute souvent un grave malaise psychologique : se sentir dépassés.
Il faut redonner l’espérance aux personnes âgées. L’âge avancé n’est que la troisième saison de l’existence.
La vie qui naît, la vie qui croît, la vie qui décline ne sont que trois aspects du mystère de l’existence qui puise en Dieu-Amour.
En certains Pays asiatiques et africains, l’ancien est valorisé parce qu’il est considéré comme un guide de vie, parce qu’il possède la sagesse.
En effet, l’ancien est une personne qui met en évidence ce qui est essentiel, ce qu’il y a de plus important.
Souvenons-nous des paroles de Saint Jean l’Évangéliste, désormais octogénaire, alors qu’il visitait les communautés chrétiennes et qu’il lui était demandé quel avait été le message de Jésus, il répétait toujours : “Aimez-vous les uns les autres” comme s’il n’avait rien d’autre à ajouter. Mais, avec ces mots, il centrait vraiment la pensée du Christ.
Se priver des personnes âgées, c’est se priver d’un patrimoine.
Il convient de les valoriser, en les aimant. Et les valoriser aussi quand ils sont malades et malades graves, quand les espoirs humains n’existent plus et que la demande d’assistance se fait plus exigeante.
Pour Dieu, il n’y a pas de vies, pas de moments de vie indignes d’être vécus.
Un pacte éducatif à reconstruire harmonieusement: entre la famille, l’école, les institutions civiles, la culture. C’est l’idée qui est à la base du projet des Scholas Occurrentes, [les écoles qui viennent à la rencontre, écoles proches] nées en Argentine à l’initiative de l’archevêque de l’époque de Buenos Aires J.M. Bergoglio et relancées aujourd’hui au niveau international. «Scholas veut d’une certaine manière réintégrer l’effort de tous pour l’éducation, veut refaire d’une manière harmonieuse le pacte éducatif, car c’est seulement ainsi que, si nous tous, responsables de l’éducation de nos enfants et jeunes, nous harmoniserons nos pratiques, que l’éducation pourra changer. C’est pour cela que Scholas recherche la culture, le sport, la science; c’est pour cela que Scholas cherche à créer des ponts, sort de ce qui est ‘petit’ et va les chercher plus loin. Elle est en train d’actualiser cette interaction dans tous les continents, confirme le pape François, à la conclusion du 4ème congrès mondial qui s’est déroulé au Vatican du 2 au 5 février derniers. Le moment fort de ces jours-ci, fut la liaison en video conférence avec quelques adolescents, chacun compétent à sa manière, qui participent au programme d’inclusion scolaire des 400.000 écoles liées au projet. Parmi eux, Isabel de 13 ans, non voyante, qui aime l’athlétisme et demande au Pape de dire à ceux qui sont en difficulté ”de ne pas abandonner car avec un peu d’effort, on peut arriver où on veut”. Oui, car ”en vous tous, il y a un coffre”, a dit François dans le message vidéo aux adolescents «et à l’intérieur, il y a un trésor. Votre travail consiste à ouvrir le coffre, en faire sortir le trésor, le faire grandir, le donner aux autres et recevoir le trésor des autres». Ils étaient au nombre de 250, parmi les plus grands experts en matière d’éducation et de responsabilité sociale, de fois et de cultures différentes, de délégations et organisations sportives, ainsi que des représentants du monde de l’art, du spectacle et de la culture, de sociétés de Technologie de l’information et de la communication (ITC) qui, à travers les technologies les plus avancées, permettent de «construire un lieu où tous trouvent une place», comme l’a déclaré José Maria del Corral, directeur des Scholas. Redécouvrir donc, le jeu comme matériel éducatif, éduquer à la beauté, retrouver l’harmonie entre le ”langage de la tête” et le ”langage du cœur”, ce sont les pistes de travail pour l’éducation définies par le Pape dans son intervention. Éléments déclencheurs pour les personnes intéressées, présentes au Congrès de Scholas, qui les jours précédents, avaient apporté des expériences, recherches et projets éducatifs dans lesquels l’apprentissage et la solidarité se fondent en une ligne pédagogique inclusive: élèves avec des besoins éducatifs particuliers, dépendances, pauvreté, soin de l’environnement. A ce propos, on a présenté, entre autre, quelques projets nés dans le cadre des Focolari, comme le projet Udishaen Inde, la mobilisation contre le jeu de hasard de Slot Mob en Italie, le projet Living Peace en Egypte. Deux matinées ont été consacrées en outre à approfondir la pédagogie de l’Apprentissage et du Service Solidaire: celle-ci, s’étant développée à partir des années ’60 aux Etats-Unis, dans les 20 dernières années, a été mise en œuvre par Maria NievesTapia des Focolari, avec beaucoup d’autres personnes les plus variées issues des réseaux et organisations les plus divers. Col CLAYSS (Centre latino- américain d’apprentissage et de service solidaire) on essaie aussi de le mettre en dialogue avec les recherches sur la fraternité et la pro socialité. Au Congrès, elle a été présentée dans ses principes théoriques par Carina Rossa d’ Eduquer à la Rencontre et à la Solidarité (EIS) LUMSA et d’ Eduquer à l’Unité (EDU); et le réseau de Scholas s’est engagé à l’ exécuter. «Ceux qui y gagnent ce sont les enfants», a conclu le pape François, en soulignant ainsi l’importance de ce travail qui porte à construire des ponts entre les jeunes de chaque nation et je crois, en éduquant à la paix et à la fraternité. Il a même encore affirmé: «Nous ne changerons pas le monde si nous ne changeons pas l’éducation». Un vrai et réel ”plan de sauvetage” en acte, comme il l’a défini en d’autres occasions, pour endiguer cette culture du rejet qui ne laisse pas de place dans la société pour toute une génération d’enfants et de jeunes. Et continuer à croire que ”la vie est un beau trésor, mais qu’ elle n’a de sens que si nous la donnons». Info pour adhérer au projet: www.scholasoccurrentes.org Discours intégral du Pape
Sœur Tina Ventimiglia, Franciscaine des Pauvres, ainsi que Resi et Alessandra, volontaires de l’association Randi, trouvent dans leur engagement à vivre la spiritualité de l’unité des formes de rencontres et d’accompagnement insoupçonnées. Et aussi de libération. Sans oublier le rôle de la prévention : saisir les occasions et créer les conditions du développement dans le sud de notre planète.
Le 8 février, jour où la liturgie fait mémoire de sainte Giuseppina Bakhita, religieuse soudanaise qui depuis sa petite enfance fit la dramatique expérience de l’esclavage, on a célébré la première journée mondiale contre la traite des êtres humains. Une occasion de briser le silence qui entoure cette « plaie honteuse indigne d’une société civilisée ». C’est ainsi que l’a définie le pape François à l’Angélus, le cœur saisi d’angoisse devant la multitude « d’hommes, de femmes et d’enfants réduits à l’état d’esclaves, exploités, instrumentalisés au service du profit et du plaisir, souvent torturés et mutilés ». Il souhaite que « tous ceux qui ont des responsabilités gouvernementales mettent tout en œuvre pour en éliminer les causes »..
Il est significatif que ce soient les religieux, présents aux quatre coins de la planète, qui aient soulevé la question de cette forme d’esclavage « moderne » et inacceptable. Ils sont les premiers et parfois les seuls « bons samaritains » capables de se rendre proches des personnes à qui on a ôté violemment toute liberté personnelle en s’emparant de leur être tout entier, rendu ainsi esclave.
L’expérience de Tina Ventimiglia, sœur Franciscaine des Pauvres, est à cet égard très parlante. A Pistoia, depuis douze ans, avec sa communauté, elle prend en charge les filles qui viennent de la rue. « L’immigration clandestine et forcée – raconte-t-elle – prend souvent le visage de femmes, victimes de leurs prétendus protecteurs. Ces visages au regard craintif, méfiant ou méprisant – typiques de qui n’a plus confiance en personne – nous interpellent fortement. A la lumière de l’enseignement de notre fondatrice et du charisme de Chiara Lubich, nous ne les considérons pas comme des réalités à fuir, à écarter, à éloigner ou pire encore à condamner, mais comme les « plaies » du Christ à guérir. Il ne s’agit pas de « combattre » ce mal, mais de « passer à travers lui », en apprenant à « faire le vide en soi » pour accueillir la personne telle qu’elle est, digne d’être aimée, et cela indépendamment de la situation dans laquelle elle se trouve. L’amour ne calcule pas, il aime sans mesure et continue à le faire même lorsqu’il n’est pas accueilli ni compris. Et c’est encore l’amour qui nous suggère les gestes concrets que l’on peut faire, comme le parcours sanitaire, ou judiciaire pour restituer à la personne sa dignité en ayant ses papiers. Sans oublier l’accompagnement qui permet à la personne de reconstruire son passé et de découvrir ainsi ses ressources intérieures pour reprendre goût à la vie, tout en lui faisant sentir qu’elle est digne d’être aimée et capable d’aimer. Il est aussi très important de lui offrir un tissu relationnel sain qui favorisera son insertion dans un quartier et dans le monde du travail, pour pouvoir ensuite accéder à un logement personnel ».
“Randi – raconte Alessandra – est le nom de la petite fille dont Rebecca a accouché il y a 22 ans dans l’hôpital où je travaillais. Immigrée clandestine à Livourne, elle ne savait pas un mot d’italien et l’on devinait son angoisse à l’idée qu’on puisse lui retirer sa petite car elle n’avait pas de carte de séjour. Après l’avoir accueillie sans raisonnements ni préjugés, nous avons trouvé une solution. Au bout de très peu de temps, plus de 70 jeunes filles, dans des situations encore plus dramatiques, savaient qu’elles pouvaient compter sur notre association… que nous avons appelée Randi »
“Mais de quoi nous occupons-nous au juste ? – reprend Resi – Nous sommes souvent confrontées à des situations de véritable esclavage à des fins économiques. C’est un business qui alimente un marché de 24 milliards d’euros et qui exploite entre 27 et 50 millions d’êtres humains dans le monde, surtout des femmes et des enfants. C’est une véritable traite qui engendre la peur, l’isolement, une incapacité totale à pouvoir se défendre. La moitié des personnes concernées sont des femmes contraintes de se prostituer. Il n’est vraiment pas facile d’approcher ces personnes « enchaînées », qu’on empêche d’entrer en contact avec le monde extérieur. Parfois cela s’avère possible à la faveur d’un incident, d’une hospitalisation ou d’une rencontre dans le train. La spiritualité de l’unité nous aide à établir une qualité de contact faire qu’elles puissent finalement se fier à quelqu’un. C’est alors que se produit le miracle parce que pour la première fois peut-être rien ne leur est demandé en retour ».
Guérirles blessures, tel est le grand pari proposé par l’Evangile. Mais aussi les prévenir autant que possible. C’est sur ce terrain que sont engagés de nombreuses équipes de religieux et de religieuses qui, partis sur des terres lointaines comme témoins de l’Evangile, mettent tout en œuvre pour faire grandir la dignité des personnes. C’est aussi ce que font les focolarini dans le sud de la planète : dans 53 pays et sur quatre continents plus de cent actions en faveur du développement sont en cours auprès de 15000 enfants et de leurs familles, suscitant ainsi des occasions concrètes de développement sur leurs propres terres, dans la liberté.
“Vingt-huit ans de mariage, quatre enfants dont trois qui sont restés à Lubumbashi (Congo) pour étudier à l’université. La redécouverte de Dieu comme amour, Le mettre à la première place dans notre vie spirituelle et dans celle du couple. Ce sont ces aspirations spirituelles qui nous ont conduits à tout quitter pour suivre le Christ.
Depuis longtemps, la communauté du mouvement au Gabon demandait l’ouverture d’un focolare à Libreville, et c’est ainsi qu’en 2011 nous arrivons en tant que “focolare-famille”.
Un choix, le nôtre, qui nous a amené à nous mettre à disposition, laisser notre travail et partir pour une nouvelle terre. Nous ne nous sommes jamais séparés de nos enfants durant une aussi longue période. Evidemment, ce n’était pas facile, mais grâce à une entente familiale, nous avons senti que nous pouvions le faire. Il y avait beaucoup d’interrogations … Cependant la confiance en Dieu-Amour était plus grande que tout.
Quand nous sommes arrivés au Gabon, notre première préoccupation a été de renforcer notre amour en tant qu’époux. De cette façon, l’amour entre nous a grandi encore plus, et nous a amenés à renouveler notre amour réciproque et à aimer tous ceux que nous trouvions sur notre chemin.
Ici nous avons trouvé une communauté vraiment accueillante, réceptive et généreuse malgré les difficultés de la vie. Nous avons voyagé plusieurs fois à travers tout le pays pour rencontrer les communautés, mêmes les plus éloignées . Tout le mode nous a accueillis avec enthousiasme. Dans certains villages, les gens attendaient le long des routes pour exprimer leur joie avec des branches d’arbres plantées tout au long du parcours en signe de joie.
Ici comme dans toute l’Afrique, la famille chrétienne souffre des mutations socioculturelles et ceci nous a beaucoup remis en question. Nous accompagnons sur le chemin de la foi de nombreux couples et aujourd’hui beaucoup d’entre eux ont reçu le sacrement du mariage, d’autres font le chemin pour se préparer à la régularisation de leur union.
Nous avons fortement expérimenté la providence de Dieu, à commencer par la maison qui nous a été donnée par l’archevêque de Libreville pour les activités du mouvement. Pour l’aménager, chacun a amené ce qu’il pouvait : un lit, un matelas, une paire de draps, une cuisinière, une fourchette, une plaque … En même temps, toute la communauté du Gabon s’est organisée pour nous aider concrètement dans notre vie quotidienne. De temps à autre, nous recevons du manioc, du riz, des bananes,… Souvent quelqu’un sonne à la porte et c’est avec surprise que nous voyons qu’il a apporté ce dont on avait besoin.
L’unité, l’amour, et la foi dans l’Evangile nous ont permis de surmonter les inévitables difficultés que nous rencontrons ici : la précarité de l’emploi, la maladie, le manque de compréhension…
Après trois ans, sous sommes revenus à Lubumbashi. Nos enfants ont grandi en âge et en sagesse et nous avons vu en cela une réalisation de l’Evangile. Le fait de les revoir nous a procuré une extrême joie et nous avons ressenti avec chacun d’eux une profonde unité de cœur et d’âme.
Quand nous sommes repartis, ils ont renouvelé leur disposition à “nous envoyer” à nouveau en mission, ce qui consiste à faire rencontrer Dieu aux personnes à travers notre amour réciproque et réaliser, grâce à la chaleur familiale et à notre unité, ce grand désir d’un focolare ressenti par les communautés du Gabon ».
«A cause de ma formation professionnelle de militaire, et aussi de par mon caractère trop rigide, je rencontrais beaucoup de difficultés dans mon rapport avec mes enfants. J’étais conscient de devoir corriger mon attitude, mais je ne savais pas par où commencer. Les paroles de l’Évangile m’invitaient à mettre l’amour à la base de l’éducation des enfants et à changer radicalement mon rapport avec eux, un changement donc non fait à moitié mais complètement. En commençant et recommençant continuellement, la communication avec les enfants s’est peu à peu ouverte. J’ai essayé de rentrer dans leur monde, de m’intéresser davantage à leurs inquiétudes et à leurs aspirations. J’ai pu connaître leurs problèmes, nous nous sommes réjouis et avons souffert ensemble et ainsi, les distances se sont annulées, même avec celui avec qui c’était le plus difficile. Mon rôle de père a ainsi pris une autre dimension: je suis aussi pour eux, conseiller, ami et frère». (F.U. – Pérou)
« J’ai 29 ans et je viens du Sri Lanka. Dans mon pays, je travaillais comme chef-coq et luttais pour une plus grande justice entre les différentes classes sociales, mais cela n’était pas bien vu et j’ai été contraint à quitter ma terre pour venir vivre dans une Europe où pour moi, tout est différent. A peine étais-je arrivé, que je me suis retrouvé terriblement seul et rempli de rage vis-à-vis de tous. Dans le camp de réfugiés, ensuite, au beau milieu de tant d’inconnus, quelqu’un m’a parlé de quelques jeunes chrétiens qui avaient le même idéal que moi: contribuer à rendre le monde meilleur. Émerveillé à l’idée que d’autres aient le même rêve que moi, je me suis senti réconforté et j’ai commencé à regarder autour de moi, à être plus cordial avec les autres, à les saluer: des rapports humains sont nés parmi les gens, au grand étonnement de l’assistante sociale. Je suis bouddhiste et à travers le rapport avec des chrétiens occidentaux, ma foi s’est accrue. Une maxime de Bouddha dit: «Partager pensée et esprit avec beaucoup d’autres». (S. – Sri Lanka)
« Je croyais, en choisissant d’aller à Lourdes comme brancardier Unitalsi au service des malades, expérimenter un pèlerinage plein de surprises, avec des ”effets spéciaux”. En réalité, Dieu, acceptant ma bonne volonté et ces intentions pas complètement désintéressées, s’est servi de cette circonstance pour me faire comprendre ce que lui voulait et c’est-à-dire que mon service aux malades est, oui, important pour eux, mais qu’aussi et surtout, moi, ”j’ai besoin d’eux”. Car – je le dis comme résumé de l’expérience faite à Lourdes – si je suis chanceux de donner ce que j’ai reçu gratuitement de Dieu, les malades te donnent en échange le maximum de ce qu’ils peuvent te donner: cela peut être un sourire, un signe de gratitude, un bonjour chaleureux…». (M.G. – Italie)
À l’école de l’évangile : un rendez-vous qui se répète tous les deux mois et qui entraine derrière lui tout le village, y compris le curé et le Fon, l’autorité royale du lieu. Le programme ? Approfondir un passage de l’évangile, en découvrir les différents aspects qui se prêtent le plus à une application quotidienne, pour en faire le fil conducteur jusqu’au nouveau rendez-vous. Dans cet esprit de communion, la fois d’après c’est le partage sur ce qu’on a réussi à faire passer dans la vie et à s’encourager mutuellement à continuer l’expérience. Cette dynamique, débutée à Fontem – la cité pilote des Focolari du Cameroun – par la volonté du Fon, se reproduit aussi à Akum, un autre village bangwa à la frontière avec le Nigeria. La fréquence est au début en grande partie féminine. Mais petit à petit les hommes aussi y participent de plus en plus, frappés de la même manière (même s’ils ne l’admettent pas ouvertement) dont leur femme a changé. Essayons de capter ce qu’ils ont raconté.“ Je m’appelle Suh Nadia, déclare une fille. Avec quelques-uns de mes camarades d’école nous nous étions mis d’accord pour nous unir à la prière mondiale des jeunes des Focolari qui s’appelle le Time-out. Au début nous étions six puis douze. A un certain moment le directeur le sait, il m’appelle à la direction. Je pensais : maintenant nous allons avoir une punition pour interrompre les études durant quelques minutes. Mais je prends mon courage et je lui explique l’importance de cette prière. De fait, même si le Cameroun est en paix, il y a tellement de pays autour qui souffrent de la guerre, alors nous devons prier pour eux. Le directeur, après m’avoir écoutée, m’a remercié et a dit qu’il ferait en sorte de changer l’horaire des cours afin que les élèves puissent s’unir à nous. »C’est au tour d’Evangeline de prendre la parole : “En allant chez ma tante, je me suis rendu compte que des voisins maltraitaient une fille qui habitait chez eux, qui, pour fuir, était allée dormir à l’église. En la raccompagnant à la maison, le curé avait essayé de convaincre la famille de bien la traiter. Mais à peine était-il parti, que les deux ont crié sur elle. Elle pleurait à chaudes larmes. Je me suis approchée d’elle, je l’ai écoutée avec amour et j’ai décidé d’aller parler aux parents. Même si ma tante me l’avait déconseillé, en pensant à l’évangile, le lendemain j’y suis allée quand même. La femme m’a dit que ce n’était pas leur fille, mais une jeune qui leur servait d’infirmière. « Justement parce que c’est quelqu’un qui vous aide » – ai-je dit – vous devriez la traiter comme votre fille ». La femme ne semblait pas me prêter attention mais le mari m’écoutait : « Qui es-tu ? » m’a-t-il demandé. « Qui t’envoie ? ». Sachant que je le faisais de ma propre initiative, il m’a remerciée et m’a promis de ne plus la maltraiter. Et voyant que la fille n’avait presque rien à se mettre, je lui ai apporté quelques vêtements à moi. »Véronique fait normalement la cuisine aussi pour sa belle-mère. Un jour la femme lui dit qu’à cause d’un problème d’yeux elle ne réussit même plus à voir ce qu’elle mange et qu’il vaudrait mieux ne plus lui apporter à manger. Véronique prend un rendez-vous à l’hôpital et le soir elle va se coucher auprès d’elle. Dans cette ville habitent deux de ses enfants mais qui ne s’intéressent pas à son cas. Les médecins décident de l’opérer immédiatement et ainsi Véronique, malgré ses nombreux engagements au travail, reste auprès d’elle à l’hôpital pendant une semaine. A leur retour chez elle, les deux fils de la femme ne vont même pas voir leur mère, alors Véronique continue à y aller à la soigner et lui apporter à manger, sans s’occuper des fils qui commencent à voir leur mère uniquement quand elle est là, pour profiter de la nourriture. « C’est la quatrième fois que je viens à ces réunions de ‘nouvelle évangélisation’ – conclut Véronique – j’essaie seulement de mettre en pratique ce que j’apprends ici ». “Il ne me restait que 2000 francs camerounais (3 Euro) et j’avais encore des courses à faire » raconte Marie à propos du passage de l’évangile ‘donnez et vous recevrez’. Afin d’économiser je suis allée au marché à 8 km de là, avec les 700 frs en main. En revenant je me suis rendu compte que je n’avais pas acheté l’huile. Je décide de l’acheter chez le voisin de chez nous : mes 700 frs m’auraient tout juste suffi. J’étais sur le point de traverser la route quand une fille me touche l’épaule : aide-moi à acheter les épices, me demande-t-elle. Une voix intérieure me dit : donne ! Je lui ai donc acheté ses épices pour 250 frs. Je ne pouvais donc acheter qu’un demi-litre d’huile avec le reste. Un homme que je connais me demande de lui acheter du sel pour 100 frs. A la fin un garçon me demande lui aussi des épices : encore 200 frs. Je regarde l’argent qui me reste dans les mains : je ne peux plus acheter une goutte d’huile. De retour à la maison je demande aux enfants de réchauffer les bidons pour voir si un peu d’huile peut en sortir, mais tout est vide. Alors je les envoie chez le marchand pour qu’il me donne de l’huile à crédit, il n’en avait pas. Même la voisine n’en a pas à me prêter. Comment faire la cuisine à mes enfants ? A ce moment-là arrive les fils de mon amie la plus chère avec un panier sur la tête. « Je viens te voir », m’a-t-il dit. « Ma mère n’avait pas réussi à venir pour la mort de ta mère et maintenant elle t’envoie ce panier ».Je l’ouvre et dedans je trouve des noix de coco, du poisson séché et… 5 litres d’huile ! ».
Un avant-goût des thèmes de la nouvelle comédie musicale du Gen Rosso sur le site du groupe international. La question épineuse de l’intégration y est abordée.
L’amour sait comprendre
Il allège doucement ton fardeau,
Il fait sien ton destin,
Il t’insuffle son cœur et son esprit.
(extrait de : “L’arte universale” / Campus: The Musical )
La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens et l’année dédiée par l’église catholique. Deux heureuses coïncidences dans lesquelles la vocation de Heike Vesper, focolarine de l’église évangélique-luthérienne allemande, apparaît plus que jamais significative.
« J’avais seize ans lorsque mon frère jumeau, ayant un grave handicap mental, mourut – nous raconte-t-elle. A partir de cet événement tellement douloureux est né en moi le désir de vivre une vie qui ait réellement un sens. Mais je ne pensais certainement pas à une vie de consécration à Dieu. Dans les églises de la Réforme, la vie monastique avait quasiment disparu. Pour Luther, chaque chrétien baptisé a déjà en soi l’appel totalitaire à suivre Jésus, qui se réalise substantiellement dans le travail et dans la famille. Luther donc, ne voyait pas dans la consécration à Dieu, un état privilégié, justement parce que nous sommes tous appelés à la perfection, qui est seulement atteignable avec l’amour de Dieu, avec sa miséricorde. En ce qui me concernait, la consécration à Dieu m’ était donc complètement étrangère. Etrangère aussi par le milieu athée qui m’entourait avec le communisme de l’Allemagne de l’Est de l’époque.
Quelques mois après, au printemps 1977, j’ai connu les jeunes des Focolari, un mouvement né dans l’Église catholique, ouvert au dialogue avec les fidèles d’autres églises ou religions et avec les personnes de convictions non religieuses. Fortement attirée par la radicalité de leur choix évangélique, je me suis également engagée avec eux dans les nombreuses activités formatives et sociales qui étaient proposées ou que nous suscitions nous-mêmes. Nos animateurs étaient des personnes un peu plus âgées que nous, les focolarine et les focolarini. Ceux-ci avaient fait un choix totalitaire de Dieu, en vivant en communauté. Une vie, leur vie, qui suscitait une grande fascination mais que je voyais trop élevée pour moi, inaccessible.
A un moment donné, il y a eu une incompréhension entre le Focolare et mon pasteur, par le fait d’un choix personnel pris par l’un d’entre nous. Ce n’était rien de grave mais suffisamment pour me faire comprendre combien il fallait peu pour réveiller de vieux préjugés et ouvrir à nouveau des blessures qui semblaient en voie de guérison. Cela a été une très forte expérience à travers laquelle j’ai senti que Dieu m’appelait à donner, avec ma vie, un exemple que l’ unité est possible et que cela, je pouvais le réaliser à travers le Focolare. Face à cet appel, j’ai éprouvé de la joie mais aussi de la peur. Je ne me sentais en effet pas capable d’affronter 24 heures sur 24, la tension de la diversité entre nos églises. Pendant deux ans, j’ai tâché de faire taire en moi cet invitation de Dieu, mais de temps en temps, celle-ci remontait à la surface avec plus de force encore.
Lors d’une visite de Chiara Lubich en Allemagne, un groupe d’évangéliques lui posait des questions. C’est grâce à ces réponses que tous mes nœuds se sont dénoués. Par ses paroles, j’ai compris qu’entrer au focolare signifiait vivre l’Evangile aidés par des frères animés par la même proposition radicale; vouloir la vivre ensemble, en tant que chrétiens catholiques et évangéliques; ce qui signifiait choisir comme modèle Jésus dans son abandon du Père lorsqu’en criant un ”pourquoi” resté pour lui sans réponse, il a recomposé l’unité entre Dieu et les hommes, entre les peuples, entre les différentes églises, entre nous tous.
A ce moment-là, je n’ai pas pensé que tout cela pouvait signifier que je me consacre à Dieu, mais bien seulement répondre à son appel à témoigner avec ma vie que l’unité est possible. Cette passion pour l’unité m’a marquée cœur et âme et m’a toujours donné les ailes aussi dans les moments où je ne comprenais plus rien ou dans moments d’épreuve.
Lorsque je me trouvais au focolare de Lipsia, j’allais souvent à la Sainte Cène des frères de la Christusbruderschaft. Un jour, une personne parmi celles-ci me demanda comment nous faisions pour rester fidèles à notre église et pour vivre une vie spirituelle intense avec des catholiques. Alors j’ai compris la grande valeur de ce que Chiara nous a confié: Jésus abandonné. En l’aimant lui qui s’était fait pour nous, division, non seulement nous trouvons la force de ne pas nous sentir divisés en nous-mêmes, mais pour être unité pour les autres. En Lui, nous découvrons l’importance de vivre avec Jésus présent spirituellement au milieu de nous, attiré par notre amour réciproque. Une présence qui n’est liée à aucun sacrement, mais à la vie de la Parole».
“La spiritualité de Chiara Lubich propose qu’on s’ouvre à la communion avant tout au sein de la famille, et, l’unité une fois construite, qu’on l’élargisse à d’autres familles. Aucune famille n’est une île. Nous avons besoin de partager nos biens spirituels et matériels, nos résolutions, nos connaissances, notre temps, nos compétences pour construire des réseaux en mesure de se mettre au service du monde qui attend de voir le témoignage d’un amour qui peut toujours recommencer »
C’est avec joie qu’Anna-Maria et Alberto Friso commentent l’ouverture de la cause de béatification de Chiara Lubich, mardi dernier [27 janvier] à Frascati. Ils sont encore jeunes mariés, quand de Padoue ils se rendent à Rocca di Papa pour participer à un congrès de familles avec leur fils premier né : c’est là qu’ils connaissent personnellement la fondatrice du Mouvement des Focolari. En 1967 Chiara fera naître « Familles Nouvelles », une des premières associations pour la famille, dont par la suite Anna et Alberto seront responsables pendant 12 ans.
“ Nous avons été frappés par le fait qu’une femme consacrée puisse avoir autant à cœur la famille et que son idéal puisse être appliqué aussi à notre vocation d’époux », rappellent-ils. Mais pas seulement : « Chiara était une femme moderne, belle sans souci de le faire voir, élégante mais sans affectation, dotée d’une élocution séduisante et harmonieuse – font remarquer les Friso – Nous arrivions de la province, tous deux simples employés, plutôt désorientés. Avec simplicité et conviction elle nous a dit que Jésus comptait aussi sur nous, comme personnes et comme famille » Chiara Lubich était en effet convaincue que la spiritualité de l’unité était particulièrement adaptée à la famille, parce qu’à l’origine c’est une petite communauté de personnes unies par l’Amour ».
Aujourd’hui Alberto et Anna s’occupent de l’ONLUS “Action pour familles nouvelles” au service des populations du Sud et des adoptions à distance. Quand ils étaient responsables de « Familles nouvelles » , ils se voyaient régulièrement avec la fondatrice : « Elle écoutait les difficultés rencontrées et les projets, mais surtout elle nous redonnait ce courage sans lequel il aurait été trop compliqué pour deux pauvres créatures d’accompagner un mouvement de familles aussi nombreuses et aux dimensions du monde. Elle nous indiquait le chemin, nous confirmait, elle rêvait avec nous. Mais le plus souvent elle exprimait sa confiance en nous les mariés ».
Membres du Conseil Pontifical pour la famille, les époux Friso étaient invités par Chiara Lubich à avoir une attention particulière envers les couples séparés, divorcés et remariés qu’elle définissait elle-même comme étant « le visage de Jésus crucifié et abandonné ». Le charisme de Chiara continue à annoncer à la famille et aux familles du Mouvement l’amour que Dieu a pour chacun, « une conviction qui émane non seulement de l’Ecriture, mais pour l’avoir éprouvé personnellement, dans notre propre vie. Une annonce qui s’avère efficace même pour celui qui désormais n’espère plus ou a perdu la foi, ou pense que la séparation est désormais inévitable. Et si Dieu m’aime, s’Il a donné sa vie pour moi, moi aussi je dois – je peux ! – répondre à cet amour, en aimant le prochain qui est à mes côtés. Et qui est plus mon prochain que mon conjoint, mes enfants et mes proches ? » se demandent Alberto et Anna, et de poursuivre : « Si en toute honnêteté nous nous mettons sur le rayon d’un amour qui vient de l’Absolu, tout devient possible : l’accueil, le service, l’écoute, l’amour désintéressé, la gratuité, le pardon… ».