Mouvement des Focolari
La synodalitĆ© de l’AmĆ©rique latine

La synodalitĆ© de l’AmĆ©rique latine

L’expĆ©rience de l’Ɖglise en AmĆ©rique latine dans la rĆ©alisation de l’AssemblĆ©e EcclĆ©siale a Ć©tĆ© sans prĆ©cĆ©dent : le cheminement du Peuple de Dieu dans un processus qui a connu son point culminant Ć  la fin du mois de novembre dernier mais qui continue maintenant Ć  mettre en œuvre les orientations pastorales prioritaires qui en sont ressorties. Ā« Nous avons vĆ©cu une vĆ©ritable expĆ©rience de synodalitĆ©, dans l’Ć©coute mutuelle et le discernement communautaire de ce que l’Esprit veut dire Ć  son Ɖglise. Nous avons marchĆ© ensemble, en reconnaissant notre diversitĆ© multiforme mais surtout ce qui nous unit et, dans le dialogue, nos cœurs de disciples ont regardĆ© la rĆ©alitĆ© que vit le continent dans ses peines et ses espoirs Ā». Tels sont les mots des 885 membres de l’AssemblĆ©e EcclĆ©siale d’AmĆ©rique latine et des CaraĆÆbes qui s’est tenue du 21 au 28 novembre de maniĆØre virtuelle et prĆ©sentielle au Mexique avec des reprĆ©sentants de tous les pays du continent amĆ©ricain. Ā« Le pape FranƧois – explique Susana Nuin, focolarine uruguayenne, coordinatrice de Cebitepal, l’organe de la Conseil Ɖpiscopale d’AmĆ©rique latine et des CaraĆÆbes (CELAM) dĆ©diĆ© Ć  la formation – a ouvert le 24 janvier 2021 le processus de cette premiĆØre assemblĆ©e ecclĆ©siale en indiquant que tout le Saint peuple de Dieu devait y participer, c’est-Ć -dire les cardinaux, les Ć©vĆŖques, les prĆŖtres, les religieux et les religieuses, les laĆÆcs, toutes gĆ©nĆ©rations et toutes cultures confondues Ā». Un parcours qui a impliquĆ© diocĆØses, paroisses, communautĆ©s et mouvements dans un temps « d’Ć©couteĀ Ā». Un total de 70 000 rĆ©ponses collectives ou individuelles sont arrivĆ©es et composeront un livre. De ce matĆ©riel sont nĆ©es les grandes lignes sur lesquelles les diffĆ©rents groupes ont travaillĆ©. ƀ mon avis – poursuit Nuin – les groupes ont constituĆ© un espace trĆØs intĆ©ressant en raison de l’engagement et de l’intĆ©rĆŖt des participants. Nous avons travaillĆ© pendant trois heures sans interruption, avec une grande libertĆ© d’expression, avec un dĆ©sir de changement. Sandra Ferreira Ribeiro, focolarine brĆ©silienne, coresponsable du Centre ā€˜Uno’, le secrĆ©tariat pour le dialogue entre les chrĆ©tiens des diffĆ©rentes Ɖglises des Focolari, a dĆ©clarĆ© : « Pour moi, ce fut une vĆ©ritable expĆ©rience de synodalitĆ©. Chaque jour, pendant le travail en groupe, il y avait une question diffĆ©rente Ć  laquelle il fallait rĆ©pondre en fonction du thĆØme qui avait Ć©tĆ© traitĆ© pendant la matinĆ©e. Dans notre groupe, il y avait 14 personnes de diffĆ©rents pays, vocations et Ć¢ges, toutes reliĆ©es par zoom. Dans un premier temps, nous avons Ć©coutĆ© les pensĆ©es de chacun, puis nous avons essayĆ© de hiĆ©rarchiser ce qui avait Ć©mergĆ© en faisant une synthĆØse. Il s’agissait d’un travail intense et fructueux, entrecoupĆ© de courtes pauses, qui Ć©taient mĆŖme parfois laissĆ©es de cĆ“tĆ© afin que le dialogue puisse se poursuivre et que l’Ć©quipe de coordination puisse toujours recevoir quelques rĆ©flexions personnelles. Les moyens tĆ©lĆ©matiques ont permis une plus grande participation, mĆŖme s’il s’agissait d’un frein Ć  la connaissance mutuelle qui se crĆ©e spontanĆ©ment dans les « couloirsĀ Ā», dans les intervalles, et qui fait aussi partie de la synodalitĆ©. Les moments de priĆØre, trĆØs bien organisĆ©s surtout par les religieux et religieuses, ont exprimĆ© les diffĆ©rentes contributions culturelles avec des symboles et des expressions musicales toujours basĆ©es sur la Parole. Comme dans tout parcours synodal, il y avait aussi de la place pour le dĆ©saccord, pour l’Ć©change de points de vue diffĆ©rents, parfois divergents, mais qui n’ont jamais conduit Ć  des heurts ou Ć  des ruptures. Un document final n’a dĆ©libĆ©rĆ©ment pas Ć©tĆ© produit, car il reste encore beaucoup Ć  mettre en pratique dans le Document d’Aparecida (2007). En outre, cette AssemblĆ©e n’est qu’une Ć©tape sur le chemin parcouru, qui doit et va se poursuivre. Le choix a Ć©tĆ© de lancer un message au Peuple de Dieu d’AmĆ©rique latine et des CaraĆÆbes, contenant les dĆ©fis et les orientations pastorales prioritaires, allant d’un nouvel Ć©lan en tant qu’Ɖglise sortante au protagonisme des jeunes et des femmes ; de la promotion de la vie humaine, de la conception Ć  la mort naturelle, Ć  la formation Ć  la synodalitĆ©. Des dĆ©fis qui comprennent l’Ć©coute et l’accompagnement des pauvres, des exclus et des laissĆ©s-pour-compte, dans le but de redĆ©couvrir la valeur des peuples originels, l’inculturation et l’interculturalitĆ© ; la prioritĆ© Ć  la mise en œuvre des rĆŖves de « Querida AmazoniaĀ [1]Ā» pour la dĆ©fense de la vie, de la terre et des cultures originelles et afro-descendantes. Enfin et surtout, accorder une attention particuliĆØre aux victimes d’abus dans le contexte ecclĆ©sial et travailler Ć  la prĆ©vention. Parmi les invitĆ©s, le cardinal Marc Ouelet, prĆ©fet de la CongrĆ©gation pour les Ć©vĆŖques et PrĆ©sident de la Commission pontificale pour l’AmĆ©rique latine, le cardinal Mario Grech, SecrĆ©taire GĆ©nĆ©ral du Synode des Ć©vĆŖques et les reprĆ©sentants des confĆ©rences Ć©piscopales rĆ©gionales qui ont suivi les travaux avec grand intĆ©rĆŖt. Sandra conclutĀ : « Ce fut un moment privilĆ©giĆ© de rencontrer l’Ɖglise d’AmĆ©rique latine. Dans mon groupe, il y avait des Ć©vĆŖques, des prĆŖtres, des religieux, des laĆÆcs. J’ai retrouvĆ© cette Ɖglise prĆ©cisĆ©ment dans ses membres, dans les personnes qui ont exprimĆ© leurs inquiĆ©tudes et leurs prĆ©occupations. C’Ć©tait passionnant de voir l’Ɖglise latino-amĆ©ricaine vivante, dynamique et son dĆ©sir d’apporter la fraternitĆ©, le Royaume de Dieu ; le dĆ©sir d’apporter vraiment JĆ©sus Ć  tousĀ Ā».

Ā Carlos Mana

Pour tĆ©lĆ©charger le message final : https://www.cec.org.co/sites/default/files/MENSAJE%20FINAL-Asamblea-Eclesial.pdf [1] ā€œQuerida Amazonia” est une exhortation apostolique post synodale 2020 du pape FranƧois en rĆ©ponse au Synode des Ć©vĆŖques de la zone du Panama qui s’est tenu Ć  Rome en octobre 2019.

David SassoliĀ : « TĆ©moin autorisĆ© et bĆ¢tisseur d’une Europe comprise comme un continent de “peuples frĆØres”.Ā Ā»

Les condolĆ©ances et les mots de MargaretĀ Karram et du Mouvement des Focolari Ć  l’occasion du dĆ©cĆØs du PrĆ©sident du Parlement europĆ©en. « “La nuit, nous devons ouvrir le siĆØge du Parlement europĆ©en aux sans-abri car il est douloureux de voir tant de personnes cherchant Ć  se mettre Ć  l’abri du froid intense dans les renfoncements de notre bĆ¢timent Ć  Bruxelles. Les pauvres ne peuvent pas attendre.” Ces mots du PrĆ©sident Sassoli en 2019 me donnent la mesure de sa stature humaine et civile, et de son idĆ©e de l’Europe. Aujourd’hui, en mĆŖme temps que l’Ć©motion pour cette grande perte, c’est avec une profonde gratitude que nous voulons accueillir ces valeurs que nous sentons nĆ“tres et nous engager toujours plus Ć  les rĆ©aliser”. Margaret Karram, PrĆ©sidente du Mouvement des Focolari, s’est exprimĆ©e ainsi ce matin en apprenant le dĆ©cĆØs du PrĆ©sident du Parlement europĆ©en. « Sa vie – a-t-elle ajoutĆ© – d’une grande profondeur humaine et politique, se prĆ©sente aujourd’hui Ć  nous comme le signe et le tĆ©moignage autorisĆ© de quelqu’un qui a vĆ©cu la politique comme un service et a travaillĆ© Ć  une vision de l’Europe comprise comme un continent de peuples frĆØres.Ā Ā» David Sassoli et les jeunes En maiĀ 2021, lors d’un Ć©change avec les Jeunes pour un Monde Uni du Mouvement des Focolari, le PrĆ©sident Sassoli disait Ć  propos de #daretocare, (Oser prendre soin) un projet international auquel les jeunes l’avaient invitĆ© comme tĆ©moin d’une politique qui prend en charge le soin du monde, en commenƧant par ses blessuresĀ : « Cette image de “prendre soin ” est trĆØs belle, parce que la politique a cet horizon, elle ne peut pas en avoir d’autresĀ ; prendre soin des personnes, de sa propre communautĆ©, de ses villes. Je pense que c’est une expression qui reprĆ©sente vraiment le dĆ©sir de miser sur l’avenir.Ā Ā» « Je suis un des jeunes EuropĆ©ens qui ont eu le privilĆØge de dialoguer avec le PrĆ©sident SassoliĀ Ā», se souvient ConlethĀ Burns, chercheur irlandais et l’un des organisateurs de l’Ć©vĆ©nement. Deux choses nous ont frappĆ©s dans ce qu’il nous a ditĀ : sa conviction qu’une politique profondĆ©ment enracinĆ©e dans le souci des personnes et des communautĆ©s est la meilleure politique, capable de transformer la sociĆ©tĆ©. Et ensuite, sa volontĆ© de rapprocher la politique et les institutions elles-mĆŖmes des citoyens pour renforcer notre dĆ©mocratie europĆ©enne. La vision du PrĆ©sident Sassoli et son tĆ©moignage au service du bien commun, en tant que journaliste et homme politique, continueront Ć  nous inspirer tous.Ā Ā» Clara Verhegge, une jeune belge qui s’est entretenue Ć©galement avec le PrĆ©sident, raconteĀ : « Son engagement sur le front de l’accueil europĆ©en des migrants – malgrĆ© son sentiment d’impuissance – a touchĆ© mon cœur et celui de nombreux autres jeunes. Lorsque nous avons parlĆ© avec lui, j’ai compris que je n’Ć©tais pas seule. Au contraire, j’ai eu encore plus la conviction qu’un jour l’Europe parlera d’une seule voix aussi en ce qui concerne les rĆ©fugiĆ©s.Ā Ā» InterrogĆ© par MĆ”tyĆ”s NĆ©meth, jeune Hongrois qui lui demandait si, pour les peuples d’Europe, la question du climat pouvait ĆŖtre une occasion de s’unir, le PrĆ©sident Sassoli avait rĆ©pondu que le Covid avait fait prendre conscience Ć  l’Europe que c’Ć©tait lĆ  l’occasion de relancer une politique commune sur laquelle fonder le redressement de l’Europe aprĆØs la pandĆ©mie, ajoutantĀ : « Je pense que, dans les difficultĆ©s, nous aurons besoin de sociĆ©tĆ©s ouvertes qui coopĆØrent et nous devons ĆŖtre fiers des jeunes qui demandent des comptes au monde de la politique.Ā Ā»

Stefania Tanesini

Le secret de Palmira

Le secret de Palmira

Palmira Frizzera, l’une des premiĆØres compagnes de Chiara Lubich, qui nous a quittĆ©s le 5 janvier 2022, vivra dans la mĆ©moire et dans la vie de beaucoup – focolarines, focolarini, jeunes, familles – qu’elle a accompagnĆ©s dans leur formation Ć  la Mariapolis Foco (Montet, Suisse), la citĆ©-pilote des Focolari où elle a vĆ©cu pendant plus de 40 ans. En s’inspirant de ses paroles, nous Ć©voquons quelques moments qui ont marquĆ© son parcours de vie. Ā« Mademoiselle, il n’y a rien de plus que nous puissions faire pour vos yeux Ā». Le mĆ©decin a posĆ© un diagnostic trĆØs sĆ©vĆØre sur la santĆ© des yeux de Palmira Frizzera quelques mois aprĆØs son arrivĆ©e au premier focolare de la Piazza Cappuccini Ć  Trente. Palmira avait 18 ans lorsqu’elle a rencontrĆ© le premier groupe de focolarines trois ans plus tĆ“t, en 1945. Elle avait des problĆØmes oculaires depuis longtemps, et Ć  cause d’eux, son rĆŖve de partir comme sœur missionnaire en Inde s’Ć©tait effondrĆ©. Mais maintenant, ils devenaient plus sĆ©rieux. Ce jour-lĆ , aprĆØs diverses visites chez des spĆ©cialistes, elle s’est rendue chez un ophtalmologue de Trente, accompagnĆ©e d’une autre des premiĆØres compagnes de Chiara Lubich, Natalia Dallapiccola. Ā« Le mĆ©decin m’a examinĆ©e trĆØs scrupuleusement – raconte Palmira Ć  un groupe de jeunes filles en 2004 – et puis il a dit : l’œil droit est perdu et vous ĆŖtes en train de perdre l’œil gauche Ā».

Palmira avec Chiara Lubich Ā© CSC Audiovisivi

Quelle douche froide ! « DĆØs que j’ai quittĆ© le mĆ©decin, toujours dans l’escalier, j’ai Ć©clatĆ© en sanglots et je me suis dit : j’ai seulement 21 ans et je deviens aveugle, et maintenant que j’ai trouvĆ© le plus bel idĆ©al de ma vie, que personne ne peut m’enlever. Maintenant que j’ai trouvĆ© la joie de vivre et que je voudrais la crier au monde entier, je vais devoir devenir aveugle. Et j’ai pleuré ». Il pleuvait, et sous le parapluie, Natalia tenait son bras et l’accompagnait silencieusement. « À un moment donnĆ© – poursuit-elle – je me suis arrĆŖtĆ©e au milieu de la route et j’ai dit : Mais Natalia, pourquoi est-ce que je pleure autant parce que je vais perdre la vue ? Pour voir JĆ©sus dans mon frĆØre, je n’ai pas besoin de ces yeux, j’ai besoin des yeux de mon Ć¢me et je ne les perdrai jamais si je ne le veux pas (…). Je fais maintenant un pacte avec JĆ©sus et tu en es mon tĆ©moin. Si je donne Ć  Dieu plus de gloire avec mes yeux, qu’il me les laisse, mais si je lui donne plus de gloire sans yeux, qu’il les prenne, car je ne veux que faire sa volontĆ©. Puis j’ai pensĆ© : JĆ©sus n’a-t-il pas dit dans l’Ɖvangile qu’il vaut mieux aller au ciel sans yeux qu’en enfer avec deux yeux ? ƀ partir de ce moment-lĆ , je n’ai plus souffertĀ Ā». « Ensuite, j’ai Ć©crit Ć  Chiara Lubich – poursuit Palmira –Ā  pour lui raconter mon expĆ©rience, toute ma joie, parce que j’Ć©tais heureuse, je ne manquais de rienĀ Ā».Ā  Entre-temps, d’autres spĆ©cialistes ont Ć©tĆ© consultĆ©s, dont un qui, aprĆØs l’avoir examinĆ©e attentivement, lui a dit que la maladie Ć©tait grave, mais unilatĆ©rale, c’est-Ć -dire qu’elle n’avait touchĆ© que l’œil droit et qu’elle l’aurait probablement perdu, mais que l’œil gauche Ć©tait sain et sans danger. « C’est ainsi que cela s’est passĆ© – poursuit Palmira –Ā  j’ai perdu le droit, mais le gauche ne m’a jamais posĆ© le moindre problĆØme pendant toutes ces annĆ©es. Vous pouvez voir que j’aurais donnĆ© plus de gloire Ć  Dieu avec mes yeux. Et je vous dis la vĆ©ritĆ© qu’avec cet œil gauche j’ai toujours vu pour deuxĀ Ā». Et elle conclut : «  Bien souvent, nous avons peur de donner quelque chose Ć  JĆ©sus, une affection, un attachement, quelque chose dans nos Ć©tudes. Au contraire, cela vaut la peine de tout lui donner, car il ne se laisse pas vaincre par notre gĆ©nĆ©rositĆ© qui est toujours moindre par rapport Ć  la sienne, car Dieu est Amour et il rĆ©pond toujours au centupleĀ Ā».

Ā© CSC Audiovisivi

Dans les annĆ©es qui suivent, Palmira assume diverses responsabilitĆ©s pour le Mouvement des Focolari en Italie. En 1981, Chiara Lubich lui demande de se rendre, avec d’autres focolarini, Ć  Montet, en Suisse, où une citĆ©-pilote est en cours de construction. Elle ne devait rester que trois jours pour Ć©valuer les rĆ©novations nĆ©cessaires. AprĆØs trois jours, les autres sont partis et elle est restĆ©e seule dans un appartement Ć  Estavayer, la ville voisine. ƀ un moment donnĆ©, dĆ©passĆ©e par l’ampleur de ce qui l’attendait, elle s’est agenouillĆ©e et a rĆ©citĆ© le Notre PĆØre. Elle se souvient : « Quand je suis arrivĆ©e Ć  la phrase ā€˜ā€™Que ta volontĆ© soit faite sur la terre comme au ciel’’, je l’ai dite Ć  haute voix et une paix m’a envahie, que je n’ai toujours pas perdueĀ Ā». Ces trois jours sont devenus 40 ans. Palmira a construit la citĆ©-pilote avec d’autres, a accompagnĆ© et formĆ© des gĆ©nĆ©rations de jeunes. Avec la simplicitĆ© et le franc-parler qui la caractĆ©risent, elle s’est demandĆ© en 2017 : « Est-ce que j’ai rĆ©ussi ? Je ne sais pas. J’ai toujours essayĆ© d’aimer avec le cœur pour ne pas me tromper, parce qu’avec la tĆŖte je peux toujours me tromper, mais si on aime avec le cœur, prĆŖt Ć  donner notre vie, je pense que ceux qui aiment, ne se trompent jamaisĀ Ā».

Carlos Mana

Chiara Lubich : laisser transparaître la lumière de Dieu

La vie chrĆ©tienne vĆ©cue est une lumiĆØre aujourd’hui aussi pour porter les personnes Ć  Dieu. Les croyants, individuellement et en tant que communautĆ©, ont une fonction Ć  remplir, que Chiara Lubich explique dans ce passageĀ : rĆ©vĆ©ler, par leur vie, la prĆ©sence de Dieu, qui se manifeste lĆ  où deux ou trois sont unis en son nom, prĆ©sence promise Ć  l’Ɖglise jusqu’Ć  la fin des temps. Le chrĆ©tien ne peut pas fuir le monde, se cacher ni considĆ©rer la religion comme une affaire privĆ©e. Il vit dans le monde parce qu’il a une responsabilitĆ©, une mission devant tous les hommesĀ : ĆŖtre la lumiĆØre qui Ć©claire. Toi aussi tu as ce devoir, et si tu ne l’accomplis pas, ton inutilitĆ© est comme celle du sel qui a perdu sa saveur ou comme celle de la lumiĆØre qui est devenue ombre. […] La lumiĆØre se manifeste dans les « œuvres bonnesĀ Ā». Elle brille Ć  travers les œuvres bonnes accomplies par les chrĆ©tiens. Tu me dirasĀ : mais il n’y a pas que les chrĆ©tiens qui font des œuvres bonnes. D’autres collaborent au progrĆØs, construisent des maisons, promeuvent la justice… Tu as raison. Certes le chrĆ©tien fait et doit faire tout cela, mais ce n’est pas sa seule fonction spĆ©cifique. Le chrĆ©tien doit faire des œuvres bonnes avec un esprit nouveau, un esprit qui opĆØre ceciĀ : ce n’est plus le chrĆ©tien qui vit en lui-mĆŖme mais le Christ qui vit en lui. […] Si le chrĆ©tien agit ainsi, il est ā€˜ā€™transparent’’, la louange qui lui sera donnĆ©e pour ses actions ne l’atteindra pas, mais parviendra au Christ en lui. Dieu Ć  travers lui sera prĆ©sent dans le monde. Le devoir du chrĆ©tien est donc de faire resplendir cette lumiĆØre qui l’habite, d’être le ā€˜ā€™signe’’ de cette prĆ©sence de Dieu parmi les hommes. […] Si l’œuvre bonne d’une personne croyante a cette caractĆ©ristique, la communautĆ© chrĆ©tienne qui se trouve au milieu du monde doit, elle aussi, avoir la mĆŖme fonction spĆ©cifiqueĀ : rĆ©vĆ©ler par sa vie la prĆ©sence de Dieu qui se manifeste lĆ  où deux ou trois sont unis en son nom. Et cette prĆ©sence est promise Ć  l’Eglise jusqu’à la fin des temps.

Chiara Lubich

Chiara Lubich, in Parole di Vita, prƩparƩ par Fabio Ciardi, Opere di Chiara Lubich, CittƠ Nuova, 2017, p. 145

Ɖvangile vĆ©cu : Nous sommes venus l’adorer (Mt 2,2)

Suivre l’Ɖtoile qui mĆØne Ć  l’Enfant JĆ©sus et devenir des pĆØlerins. A l’instar des Rois Mages, ce temps est une occasion prĆ©cieuse de repartir ensemble, en tĆ©moignant chaque jour de la merveille qui habite cette grotte et vient faire toutes choses nouvelles. Le positif dans le changement En passant en revue la vie d’une annĆ©e entiĆØre marquĆ©e par cette pandĆ©mie inattendue, j’ai l’impression de regarder un film d’action qui nous a tous un peu secouĆ©s, parents et enfants. Le fait de devoir changer de plans et de rythme de vie a souvent Ć©tĆ© difficile, fatigant, mais il est Ć©galement vrai que cela a apportĆ© un vent de fraĆ®cheur dans notre famille. Nous avons pris conscience de nouveaux modes de relation entre nous, de besoins auxquels nous ne faisions pas attention auparavant. Si la foi avait Ć©tĆ© un tabou avec nos enfants, nous voici maintenant confrontĆ©s Ć  nos propres fragilitĆ©s, Ć  des peurs de dimension mondiale, Ć  des questions restĆ©es jusque-lĆ  sans rĆ©ponse. Le vĆ©ritable changement, cependant, a commencĆ© lorsque nous nous sommes interrogĆ©s sur la signification de ce qui se passait. HabituĆ©s Ć  avoir des rĆ©ponses Ć  toutes les questions, nous Ć©tions cettefois-ci dĆ©routĆ©s par l’inconnu. En bref, nous nous sommes retrouvĆ©s plus solidaires non seulement les uns des autres dans la famille, mais nous avons Ć©largi notre regard sur les autres. Nous nous sommes retrouvĆ©s Ć  considĆ©rer l’humanitĆ© comme une seule famille. (R.F. – France) L’amour circule entre les prisonniers Je fais du bĆ©nĆ©volat Ć  la prison de ma ville et je participe au « Projet de lecture de CittĆ  NuovaĀ Ā» auquel de nombreux dĆ©tenus prennent part chaque semaine ; j’anime Ć©galement la messe dominicale. L’un d’eux semble dĆ©solĆ© de ne pas pouvoir s’approcher de l’Eucharistie parce qu’il n’a pas de formation catĆ©chĆ©tique; je lui propose alors de le prĆ©parer. Heureux, il me remercie et avec l’aumĆ“nier nous Ć©tablissons un programme de leƧons. SpontanĆ©ment, d’autres dĆ©tenus se joignent Ć  nous. En quelques mois, nous sommes prĆŖts; Ć  ma grande surprise, Ć  la date choisie pour recevoir le sacrement, l’Ć©glise est pleineĀ ; ses camarades de section tirĆ©s Ć  quatre Ć©pingles, qui assistent rarement aux services religieux, viennent Ć  la messe. Et ce n’est pas tout : dĆ©terrant des souvenirs d’enfance, ils prennent en main les chants, les lectures et les priĆØres des fidĆØles. Enthousiastes comme nous tous, ils apprĆ©cient l’atmosphĆØre familiale qui se crƩƩe où personne ne se sent seul. (Antonietta – Italie) A genoux Ce pauvre homme vivait seul dans un taudis sale, Ć  moitiĆ© paralysĆ©, la peau sur les os. Il devait avoir un peu plus de 60 ans, mais il semblait en avoir plus. Il avait abandonnĆ© la foi et les sacrements depuis des annĆ©es. La premiĆØre fois que je suis allĆ© lui apporter de la nourriture et des vĆŖtements, je lui ai suggĆ©rĆ© de prier ensemble. Il ne se souvenait plus du « Notre PĆØreĀ Ā», il ne connaissait que le « Je vous salue MarieĀ Ā». En partant, je lui ai demandĆ© la bĆ©nĆ©diction, mĆŖme si j’Ć©tais plus jeune que lui, j’étais un Ć©tranger et, Ć  ses yeux, un riche Ć©tranger. J’ai pris sa main paralysĆ©e pour faire le signe de croix sur ma tĆŖte. Il me regardait avec des yeux pleins de joie, de surprise et de larmes. Notre rendez-vous est maintenant devenu hebdomadaire. Chaque fois, nous disons ensemble quelques priĆØres qui lui reviennent Ć  l’esprit. Il les rĆ©cite Ć  voix haute. La seule faƧon de m’approcher de lui est de m’agenouiller prĆØs de son lit, et pendant ce temps, je pense : « Me voici, Seigneur, Ć  genoux devant toiĀ Ā». (L.B. – ThaĆÆlande)

Sous la direction de Maria Grazia Berretta

(Extrait de Il Vangelo del Giorno, CittƠ Nuova, annƩe VIII, n.1, janvier-fƩvrier 2022)

Merci Palmira

Palmira Frizzera, l’une des premiĆØres compagnes de Chiara Lubich, nous a quittĆ©s aujourd’hui, 5 janvier 2022. Merci Palmira ! Aujourd’hui, 5 janvier 2022, Palmira Frizzera, l’une des premiĆØres compagnes de Chiara Lubich, nous a quittĆ©s. NĆ©e Ć  Terlago (Trente) le 9 avril 1927, Palmira Frizzera rencontre Chiara Lubich en 1945 Ć  Trente (Italie) Ć  la maison de Piazza Cappuccini, qui deviendra le premier focolare. Elle est saisie par l’idĆ©al de Ā« fraternitĆ© universelle Ā» et dĆ©cide de suivre Chiara. En 1947, elle rejoint le focolare de Trente ; elle y reste plusieurs annĆ©es avant de se rendre en Sicile, Ć  Turin et Ć  Rome. Elle vit ensuite plus de 40 ans Ć  Montet (Broye, Suisse) Ć  la citĆ© pilote Foco du mouvement des Focolari. Elle en est la responsable et assure le suivi de la formation des futures focolarines. https://www.youtube.com/watch?v=bAePK0NN9WI&list=PLKhiBjTNojHoPfT9syIwfyLI4sPeqBV0P&index=4

AMAZONIE | Le dĆ©but d’un parcours

ƀ Parintins, au cœur de la forĆŖt amazonienne, le projet “ProtĆ©ger l’enfance et l’adolescence” Ć  l’intention des enfants, des parents, des Ć©ducateurs et des enseignants vise Ć  prĆ©venir la violence Ć  l’Ć©gard des mineurs. https://www.youtube.com/watch?v=xqCDHDmZxCs&t=41s

Chypre et la GrĆØce, laboratoires d’accueil et de fraternitĆ©

Chypre et la GrĆØce, laboratoires d’accueil et de fraternitĆ©

Qu’a laissĆ© la visite du pape FranƧois en GrĆØce et Ć  Chypre, prĆØs d’un mois plus tard ? Nous avons interrogĆ© la communautĆ© des Focolari des deux pays. Un mois aprĆØs le voyage de FranƧois en GrĆØce et Ć  Chypre, ce quadrant du globe continue d’ĆŖtre sous le feu des projecteurs internationaux. Ces derniers jours, nous avons lu l’histoire d’espoir de Grace Enjei, une Camerounaise de 24 ans qui, grĆ¢ce Ć  la visite du pape et Ć  l’aide de la CommunautĆ© de Sant’Egidio, est arrivĆ©e Ć  Rome depuis le « no man’s landĀ Ā» de Chypre avec 10 autres demandeurs d’asile. Mais nous avons Ć©galement appris l’Ć©niĆØme naufrage en mer ƉgĆ©e, celui qui s’est produit le jour de NoĆ«l, dans lequel 13 migrants ont perdu la vie. GrĆØce et Chypre. Deux pays avec une population relativement faible (les catholiques sont une minoritĆ© religieuse) mais qui sont le miroir des principales crises mondiales : des forts courants migratoires, Ć  la crise financiĆØre et sanitaire. Ils souffrent en particulier des influences politiques inquiĆ©tantes de leurs voisins turcs. Nous avons demandĆ© Ć  la communautĆ© des Focolari de ces pays ce que ce voyage apostolique leur a laissĆ©, quels sont les pas Ć  accomplir vers la paix et une coexistence plus humaine pour tous. Lina Mikellidou, orthodoxe et responsable de la communautĆ© des Focolari Ć  Chypre, n’a aucun doute : « Lorsque le pape FranƧois a dĆ©clarĆ© que nous devions faire de cette Ć®le ā€˜ā€™Ā un laboratoire de la fraternité’’, il a mis le doigt sur le problĆØme. Chypre est occupĆ©e par les Turcs depuis 1974 et la capitale Nicosie est la derniĆØre ville europĆ©enne Ć  ĆŖtre divisĆ©e par des barbelĆ©s. Les tentatives de recomposition de ces fractures n’ont pas abouti Ć  des rĆ©sultats concrets malgrĆ© les efforts de la communautĆ© internationale et des deux parties ces derniĆØres annĆ©es. Je pense qu’il est nĆ©cessaire de dĆ©velopper ou de renforcer les plateformes, les lieux de dialogue entre les diffĆ©rentes rĆ©alitĆ©s qui existent Ć  Chypre, c’est-Ć -dire entre les chrĆ©tiens de diffĆ©rentes confessions (comme les ArmĆ©niens, les Latins, les Maronites et les Orthodoxes) et aussi avec les Musulmans. Il est ensuite nĆ©cessaire de cultiver l’esprit d’ ā€˜ā€™unitĆ© dans la diversité’’ entre les deux Ɖglises sœurs, catholique et orthodoxe. Et enfin, il y a le chapitre des migrants. Leur nombre n’est pas supportable pour notre pays, tant sur le plan logistique qu’Ć©conomique. Mon peuple est connu pour sa gĆ©nĆ©rositĆ© et son esprit d’accueil : beaucoup a dĆ©jĆ  Ć©tĆ© fait pour les rĆ©fugiĆ©s, mais nous pouvons certainement nous amĆ©liorer, en essayant de sensibiliser, de trouver des fonds et des structures pour que ces frĆØres Ć  nous vivent dans des conditions plus humaines et plus dignesĀ Ā». « Le pape nous a encouragĆ©s Ć  avoir un nouveau regardĀ  – conclut Lina –Ā  une vive attention aux questions brĆ»lantes telles que les migrants et le dialogue œcumĆ©nique. La recherche d’unitĆ© entre le pape FranƧois et le patriarche œcumĆ©nique de Constantinople, S. B. BartholomĆ©e, nous donne une grande espĆ©rance : une relation fraternelle, faite de gestes concrets et d’un dialogue profondĀ Ā». Alexandros Oshana, un jeune d’AthĆØnes issu de la communautĆ© locale des Focolari, soutient que le chemin vers le dialogue œcumĆ©nique est encore long : « En ce sens – dit-il – la visite du pape a offert la possibilitĆ© d’un nouveau dĆ©part. Dans ses discours, il utilisait souvent les mots ā€˜ā€™unité’’, ā€˜ā€™fraternité’’, ā€˜ā€™dialogue’’. Le pape a appelĆ© Ć  une Ɖglise inclusive, ouverte Ć  ceux qui souffrent. FranƧois nous a tous exprimĆ©, nous Grecs catholiques, Ć  100%, notre intention d’ĆŖtre proches de nos frĆØres et sœurs orthodoxes et de nous sentir avant tout ā€˜ā€™chrĆ©tiens’’. ƀ cet Ć©gard, le propre exemple que le pape FranƧois a voulu donner n’a Ć©chappĆ© Ć  personne. Afin de souligner que l’unitĆ© n’est possible que par un acte complet d’humilitĆ©, il a lui-mĆŖme demandĆ© Ć  nouveau pardon Ć  l’archevĆŖque orthodoxe Ieronimos pour les erreurs commises dans le passĆ© par les catholiques envers les orthodoxes. L’archevĆŖque lui-mĆŖme a dĆ©clarĆ© qu’il Ć©tait sĆ»r qu’il serait possible de « se dĆ©barrasser des fardeaux du passĆ©, en particulier ceux liĆ©s aux Ć©vĆ©nements de la guerre d’indĆ©pendance grecqueĀ Ā». En signe de fraternitĆ©, il a Ć©galement dĆ©clarĆ© vouloir rejoindre FranƧois ā€˜ā€™dans l’Ć©norme dĆ©fi’’ concernant le sort des migrants et entreprendre ā€˜ā€™une action commune pour l’environnement’’.

Lorenzo Russo avec la collaboration de la communauté des Focolari de Grèce et de Chypre 

Chiara LubichĀ : construire des rapports nouveaux

Le 1erĀ janvier dernier, Ć  l’occasion de la 55°JournĆ©e Mondiale de la Paix le Pape FranƧois affirmait dans son messageĀ : « Le dialogue consiste Ć  s’Ć©couter, Ć  discuter, se mettre d’accord et cheminer ensemble. Favoriser tout cela entre les gĆ©nĆ©rations signifie labourer le sol dur et stĆ©rile du conflit et du rejet pour cultiver les semences d’une paix durable et partagĆ©e.Ā Ā» Dans ce passage, Chiara Lubich nous invite Ć©galement Ć  Ć©tablir des rapports de dialogue afin de parvenir Ć  une paix vĆ©ritable. JĆ©sus est venu pour construire des relations totalement nouvelles entre les personnes, entre homme et femme, garƧon et fille, Ć©poux et Ć©pouse, parents et enfants, enseignants et Ć©lĆØves, travailleurs et employeurs, employĆ©s et dirigeants, citoyens et gouvernants, entre les races, les peuples et les Ɖtats. JĆ©sus veut construire un nouvel ordre social, fondĆ© sur la justice, le respect et une authentique fraternitĆ© humaine. Il veut nous donner, en tant qu’individus et que collectivitĆ©, la paix vĆ©ritable, cette paix divine que lui seul peut donner. Mais pour que cela arrive, il faut le suivre, mĆŖme si, Ć  premiĆØre vue, il semble trop exigeant. Il faut vivre sa parole, chacun dans l’état de vie où il a Ć©tĆ© appelĆ©.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, préparé par Fabio Ciardi, Opere di Chiara Lubich, CittÔ Nuova, 2017, p. 362)

Dialogue, Ʃducation, travail: un pacte pour engendrer la paix

Dialogue, Ʃducation, travail: un pacte pour engendrer la paix

Dans son message pour la JournĆ©e Mondiale de la Paix aujourd’hui, 1er janvier, le pape FranƧois lance un avertissement sĆ©vĆØre aux politiciens qui investissent dans l’armement plutĆ“t que dans l’Ć©ducation. Que peut-on faire pour donner de l’espoir aux jeunes et inverser la tendance ? Nous avons interrogĆ© le professeur Buonomo, recteur de l’UniversitĆ© pontificale du Latran, Ć  ce sujet. Aujourd’hui, selon la Banque mondiale, prĆØs de 100 millions de personnes supplĆ©mentaires vivent dans un Ć©tat d’appauvrissement Ć  cause de la pandĆ©mie de la Covid-19. Et en 2020 les dĆ©penses militaires dans le monde, malgrĆ© la Covid, ont augmentĆ© Ć  prĆØs de 2 000 milliards de dollars (en 2019, elles Ć©taient de 1650 milliards), selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Des donnĆ©es qui ont incitĆ© le pape FranƧois Ć  dĆ©livrer un message dur mais plein d’espoir pour la 55e JournĆ©e Mondiale de la Paix, qui a lieu aujourd’hui 1er janvier 2022. Le Pape propose trois Ć©lĆ©ments : le dialogue entre les gĆ©nĆ©rations, l’Ć©ducation et le travail : des outils pour construire une paix durable. Comment pouvons-nous contextualiser ce message dans les dĆ©fis auxquels la sociĆ©tĆ© actuelle est confrontĆ©e ? Nous avons interrogĆ© le professeur Vincenzo Buonomo, recteur de l’UniversitĆ© pontificale du Latran. Comment engager le dialogue entre les gĆ©nĆ©rations pour construire la paix ? Sur quelle confiance repose-t-elle aujourd’hui, alors que la pandĆ©mie et le dĆ©veloppement de la technologie ont crƩƩ tant de solitude et d’indiffĆ©rence ? Ā«Tout d’abord, le message du Pape prĆ©sente le dialogue non seulement comme un objectif pour les relations entre les gĆ©nĆ©rations mais aussi comme une mĆ©thode. Et ceci, je crois, est l’aspect le plus important que l’on peut saisir, c’est celui qui nous permet aussi de faire du dialogue un instrument efficace pour la paix, parce que trĆØs souvent nous rĆ©duisons le dialogue uniquement Ć  la possibilitĆ© de communiquer. En rĆ©alitĆ©, le dialogue prĆ©suppose quelque chose de plus : il existe un pacte entre les gĆ©nĆ©rations, un pacte dans lequel la parole donnĆ©e a un sens. TrĆØs souvent, nous avons fait du dialogue un simple outil technique et non une rĆ©alitĆ© que nous partageons et qui devient donc une mĆ©thode ou une “action quotidienne”Ā». Ces derniĆØres annĆ©es, l’Ć©ducation et la formation ont Ć©tĆ© considĆ©rĆ©es comme des dĆ©penses plutĆ“t que des investissements. Et les dĆ©penses militaires ont augmentĆ©. Quelles mesures les responsables politiques devraient-ils prendre pour promouvoir une culture du “soin” plutĆ“t que de la “guerre” ? « La relation entre l’Ć©ducateur et celui qui est Ć©duquĆ© doit ĆŖtre construite quotidiennement sur la base du renoncement de la part des deux. Ce type de mĆ©thodologie Ć©ducative devrait Ć©galement servir les grands enjeux de l’humanitĆ©. Le problĆØme de la course aux armements, et donc du dĆ©tournement des ressources vers d’autres domaines, est avant tout le lien entre les armements et un concept de puissance. C’est donc par l’Ć©ducation que nous devons essayer de faire circuler des valeurs partagĆ©es. C’est cet aspect que le message du Pape met en avant, car s’il y a des valeurs partagĆ©es – la paix par exemple – cela devient un moyen de surmonter les conflits. Mais les conflits sont surmontĆ©s en Ć©liminant les armements, c’est donc un concept qui s’inscrit ensuite dans un processus.Ā Ā» Le travail est le lieu où nous apprenons Ć  apporter notre contribution Ć  un monde plus vivable et plus beau et constitue un facteur de prĆ©servation de la paix. Mais l’insĆ©curitĆ© de l’emploi et l’exploitation ont augmentĆ© avec la pandĆ©mie. Alors que faire pour donner de l’espoir aux jeunes en luttant contre la prĆ©caritĆ© et l’exploitation ? « Le travail n’est pas simplement quelque chose qui garantit la paix sociale comme on le dit traditionnellement. Le travail est une chose qui garantit la paix. Si la condition prĆ©alable du travail fait dĆ©faut, il n’y a pas d’Ć©ducation, pas de relation intergĆ©nĆ©rationnelle, pas de dialogue. Parce qu’en travaillant, la personne ne trouve pas seulement de quoi vivre, mais exprime sa dignitĆ©. Nous trouvons cela dans le MagistĆØre de l’Ɖglise et le Pape FranƧois, qui l’a soulignĆ© Ć  plusieurs reprises. Par consĆ©quent, aujourd’hui, les hommes politiques, ou plutĆ“t ceux qui ont des responsabilitĆ©s, les “dĆ©cideurs”, doivent faire du travail une prioritĆ© et non un point parmi d’autres de l’agenda politique. Je crois que les jeunes gĆ©nĆ©rations ont besoin non seulement d’un emploi, mais d’un emploi qui exprime leurs qualifications et, surtout, qui leur donne le sentiment d’ĆŖtre des protagonistes dans les dĆ©cisions relatives Ć  l’emploi. L’Ć©lĆ©ment qui relie les trois rubriques – dialogue, Ć©ducation, travail – est donc le mot pacte. Le pacte entre les gĆ©nĆ©rations, le pacte Ć©ducatif, le pacte du travail : voilĆ  le mot clĆ© qui les situe en fonction de la paix. Sans quoi ce serait trois rĆ©alitĆ©s sans lien entre elles.Ā Ā» Cliquez sur Clicca qui pour lire le message du Pape (en plusieurs langues) pour la 55ĆØme JournĆ©e Mondiale de la Paix.

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