Du 4 au 6 juin 2025, à la veille du Jubilé des Mouvements qui a réuni place Saint-Pierre les différentes réalités ecclésiales en présence du pape Léon XIV, a eu lieu au Vatican la Rencontre annuelle des modérateurs des Associations de fidèles, des Mouvements ecclésiaux et des Nouvelles communautés, à laquelle les Focolari ont participé. Réunir les charismes pour contribuer au chemin d’unité dans l’Église est le désir commun qui animait les différents participants, en ce moment historique qui nous montre un monde particulièrement déchiré et polarisé. Nous vous proposons ci-dessous quelques interviews de Présidents et Fondateurs qui mettent en lumière le grand besoin de se sentir frères dans ce parcours, et, en même temps, la gratitude de pouvoir se mettre au service pour, tous ensemble, renforcer l’espérance.
Les bergers de l’ancien Orient comptaient les brebis à leur retour du pâturage, prêts à partir à leur recherche s’il en manquait une. Ils bravaient même le désert, la nuit, pour retrouver les brebis qui s’étaient égarées.
Cette parabole est une histoire de perte et de retrouvaille qui met au premier plan l’amour du berger. Il s’aperçoit qu’une brebis manque, il la cherche, la trouve et la porte sur ses épaules, car elle est affaiblie et effrayée, peut-être blessée et incapable de suivre le berger toute seule. C’est lui qui la ramène en sécurité et finalement, plein de joie, invite ses voisins pour faire la fête ensemble.
« Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue ! »
Les thèmes récurrents de ce récit peuvent être résumés en trois actions : se perdre, retrouver, célébrer.
Se perdre. La bonne nouvelle est celle du Seigneur qui va à la recherche de ceux qui sont perdus. Nous nous perdons souvent dans les différents déserts qui nous touchent, ou dans lesquels nous sommes contraints de vivre, ou dans lesquels nous nous réfugions : les déserts de l’abandon, de la marginalisation, de la pauvreté, de l’incompréhension, du manque d’unité. Le Berger nous y cherche aussi, et même si nous le perdons de vue, il nous retrouvera toujours.
Retrouver. Essayons d’imaginer la scène de la recherche effrénée du berger dans le désert. C’est une image qui frappe par sa force expressive. Nous pouvons comprendre la joie ressentie que ce soit par le berger ou par la brebis, et cette rencontre redonne à la brebis le sentiment de sécurité après avoir échappé au danger. Le fait de “se retrouver“ est donc précisément un acte de miséricorde.
Fêter. Il rassemble ses amis pour faire la fête, parce qu’il veut partager sa joie, comme il le fait dans les deux autres paraboles qui suivent celle-ci, celle de la pièce d’argent perdue et celle du père miséricordieux[1]. Jésus veut nous faire comprendre l’importance de partager la joie avec tous et nous immunise contre la tentation de juger l’autre. Nous sommes tous des “enfants retrouvés“.
« Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue ! »
Cette Parole de Vie est une invitation à remercier pour la miséricorde que Dieu a pour nous tous personnellement. Se réjouir, se réjouir ensemble, nous présente une image d’unité, où il n’y a pas d’opposition entre les “justes“ et les “pécheurs“, mais où nous partageons la joie des uns et des autres.
Chiara Lubich écrit : « C’est une invitation à comprendre le cœur de Dieu, à croire en son amour. Nous qui sommes enclins à calculer et à mesurer, nous croyons parfois que même Dieu a pour nous un amour qui, à un certain moment, peut se fatiguer […] La logique de Dieu n’est pas comme la nôtre. Dieu nous attend toujours : en effet, nous lui procurons une joie immense toutes les fois – même si c’est une infinité de fois – que nous revenons vers lui » [2].
« Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue ! »
Parfois, nous pourrons être ces bergers, ces gardiens les uns des autres qui partent avec amour à la recherche de ceux qui se sont éloignés de nous, de notre amitié, de notre communauté, à la recherche des marginaux, des perdus, des petits que les épreuves de la vie ont poussés en marge de notre société.
« Quelques élèves assistaient occasionnellement aux cours », raconte une enseignante. « Pendant les heures de cours, je me rendais au marché près de l’école : j’espérais les y rencontrer, car j’avais entendu dire qu’ils y travaillaient pour gagner un peu d’argent. Un jour, je les ai enfin vus et ils ont été étonnés que je sois allé les chercher personnellement et ont été impressionnés par l’importance qu’ils avaient pour toute la communauté scolaire. Ils sont donc revenus à l’école et ce fut une véritable fête pour tout le monde ».
«Quelques élèves assistaient occasionnellement aux cours, raconte une enseignante. Pendant les heures où je n’enseignais pas, je me rendais au marché près de l’école: j’espérais les y rencontrer car j’avais entendu dire qu’ils y travaillaient pour gagner un peu d’argent. Un jour, je les ai enfin vus; ils ont été étonnés que je sois allée les chercher personnellement et ils ont été impressionnés par l’importance qu’ils avaient pour toute la communauté scolaire. Ils ont donc recommencé à venir régulièrement à l’école et ce fut une véritable fête pour tout le monde.»
Ce fait exprime la valeur inaliénable de tout être humain. Il nous parle d’un accueil inconditionnel, d’une espérance qui ne se résigne pas et de la joie partagée qui naît lorsque la dignité est restaurée par la réintégration d’une personne dans la communauté en tant que personne unique et irremplaçable.
Il y a des moments dans la vie où nous ne pouvons pas tous marcher au même rythme. Notre propre fragilité, ou celle des autres, nous empêche parfois de marcher aux côtés de ceux qui nous accompagnent. Les causes peuvent être multiples : fatigue, désarroi, souffrance… Mais c’est précisément dans ces moments que s’active une forme d’amour profondément humaine et radicalement communautaire : c’est l’amour attentif qui sait s’arrêter et regarder celui qui ne parvient plus à suivre, qui se fait proche et n’abandonne pas. C’est un amour qui, comme une mère ou un père avec ses enfants, accueille, protège et accompagne. C’est un amour patient qui regarde l’autre avec compréhension, respect et confiance. Il s’agit de porter le fardeau de l’autre, non pas comme un devoir, mais comme un choix d’amour lucide et libre qui accepte de marcher plus lentement, si nécessaire, pour maintenir la communauté, familiale et/ou sociale, vivante et unie.
Ce type d’amour – celui qui se soucie, qui cherche, qui inclut – ne fait pas de distinction entre le bon et le mauvais, entre « celui qui est digne » et celui qui ne l’est pas. Il nous rappelle que nous pouvons tous, à un moment donné, nous retrouver perdus, et que la joie collective d’être retrouvé est plus forte que tout jugement ou séparation.
Cette idée est une invitation à voir l’autre non pas pour ce qu’il a fait, mais parce qu’il est unique et digne d’être aimé. Elle nous invite à vivre l’éthique du prendre soin, sans laisser de côté ni abandonner personne, rétablissant ainsi les liens brisés et célébrant ensemble notre contribution à rendre le monde un peu plus humain.
Martin Buber, philosophe juif, réfléchissant sur la relation profonde entre les personnes comme un lieu de vérité, affirme que l’authenticité ne se trouve pas dans ce que nous faisons seuls, mais dans la rencontre avec l’autre, en particulier lorsqu’elle se fait dans le respect et la gratuité.
L’IDÉE DU MOIS est actuellement réalisée par le « Centre pour le dialogue avec les personnes de croyance non religieuse » du Mouvement des Focolari. Il s’agit d’une initiative née en 2014 en Uruguay pour partager avec des amis non croyants les valeurs de la Parole de Vie, c’est-à-dire la phrase de l’Écriture que les membres du Mouvement s’engagent à mettre en œuvre dans la vie quotidienne. Actuellement L’IDÉE DU MOIS est traduite en 12 langues et distribuée dans plus de 25 pays, avec des adaptations du texte pour s’adapter aux différentes sensibilités culturelles. www. dialogue4unity.focolare.org
Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé, mais parfois, après un grand incendie dans les bois, quand tout est brûlé, dénudé, recouvert de cendres, sans vie, on aperçoit une petite plante qui pousse. Juste là où tout semblait mort. Quand je m’en aperçois, j’éprouve une sensation merveilleuse : là où la vie semblait terminée, la nature est plus forte. Elle pousse, elle gagne, elle vit, même quand cela semble impossible. C’est dans ces moments-là que je comprends à quel point il est merveilleux de vivre sur une planète capable de se régénérer, malgré ses blessures.
Mais combien de temps pourra-t-elle encore le faire ?
Le 2 juillet dernier a été publié le Messaggio del Santo Padre Leone XIV (message du Saint-Père Léon XIV) pour la Xe Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, qui sera célébrée le lundi 1er septembre 2025, intitulé « Graines de paix et d’espérance ». Quel magnifique héritage nous a laissé François avec son Encyclique Laudato si’ (Enciclica Laudato si’) publiée il y a dix ans : si actuelle, si importante, si précieuse. Et je trouve très beau que le pape Léon reprenne pleinement cet héritage en annonçant le mois dédié à la sauvegarde de la création (du 1er septembre au 4 octobre), qui commence précisément par cette journée de prière.
Mais que dit concrètement ce message ?
Revenant à l’exemple de l’incendie dans la forêt, Léon XIV nous rappelle que la graine « se livre entièrement à la terre et là, avec la force disruptive de son don, la vie germe, même dans les endroits les plus inattendus, dans une capacité surprenante à générer l’avenir ». Puis il s’adresse à nous, habitants de ce monde, en nous rappelant que « dans le Christ, nous sommes des graines », « des graines de paix et d’espoir ».
Une invitation forte et claire à vivre, du 1er septembre au 4 octobre, l’initiative œcuménique du « Temps de la Création » : un mois d’initiatives à inventer, à préparer, à mettre en œuvre, afin d’accorder toujours plus d’attention à la protection de notre « maison commune », que nous habitons tous, indépendamment de nos différences. « Outre la prière, il faut la volonté et des actions concrètes qui rendent perceptible cette « caresse de Dieu » sur le monde », affirme le pape Léon. Et encore : « Il semble qu’il manque encore la conscience que la destruction de la nature ne touche pas tout le monde de la même manière : bafouer la justice et la paix signifie frapper davantage les plus pauvres, les marginalisés, les exclus. (…) En travaillant avec dévouement et tendresse, on peut faire germer de nombreuses graines de justice, contribuant ainsi à la paix et à l’espoir ».
Chacun est appelé à participer : individuellement ou en groupe, dans des associations, des organisations, des entreprises… pourquoi pas ? Chacun avec ses propres idées, son propre engagement.
Dans son message, le pape Léon XIV écrit : « L’encyclique Laudato Si’ accompagne l’Église catholique et de nombreuses personnes de bonne volonté depuis dix ans : elle continue de nous inspirer et l’écologie intégrale est de plus en plus choisie et partagée comme voie à suivre. Ainsi se multiplieront les graines d’espoir, à « garder et cultiver » avec la grâce de notre grande et indéfectible Espérance, le Christ Ressuscité ».
Et que fait le pape ? Il commence lui-même, en étant le premier à promouvoir ces initiatives. Il institue, pour la première fois dans l’histoire de l’Église, la « Messe pour la Sauvegarde de la Création », officialisée par le décret sur la Missa pro custodia creationis (Decreto sulla Missa pro custodia creationis) le pape Léon XIV a déjà utilisé ce nouveau formulaire le 9 juillet 2025 lors d’une Eucharistie privée qu’il a célébrée au Borgo Laudato Si’, pendant son séjour à Castel Gandolfo (Rome). Désormais, tout le monde pourra demander à célébrer une messe à cette intention, celle d’être les fidèles gardiens de ce que Dieu nous a confié : dans nos choix quotidiens, dans les politiques publiques, dans la prière, dans le culte et dans la manière dont nous habitons le monde.
Le titre « Graines de paix et d’espoir » apparaît aujourd’hui comme une prophétie désarmante. Ce sont peut-être les deux seuls mots qui, en cette période si sombre pour l’humanité, continuent d’avoir un sens. Ce sont les mots qui nous permettent de recommencer, de semer, de croire que cette herbe fraîche continuera à pousser même là où la terre semble brûlée et morte. Des actions comme celles-ci me font comprendre que toutes les Églises ne changent pas d’avis sur les questions essentielles pour la vie de l’humanité. Et surtout, qu’elles ne cessent de penser à l’avenir des nouvelles générations.