Ils sont arrivés à moto, deux par deux, parce que c’est le moyen le plus courant pour rejoindre la ville de Manono, dans la province du Katanga, au sud-est de la République démocratique du Congo. Ils étaient 92 prêtres, venus de 8 diocèses de la province ecclésiastique de Lubumbashi, à se retrouver dans cette ville pour l’une des retraites périodiques organisées par le mouvement des Focolari. L’invitation avait été lancée par l’évêque de Manono, Mgr Vincent de Paul Kwanga Njubu, impressionné par le témoignage de ses prêtres qui avaient participé à ce type de retraite à Lubumbashi dans le passé.
L’évêque de Kongolo, Mgr Oscar Ngoy wa Mpanga, un diocèse situé à 300 km de Manono, également touché par le même fait – de jeunes prêtres ayant participé à des retraites similaires organisées pour les séminaristes – a demandé à tous les prêtres de son diocèse de se joindre à cette retraite. 43 sont venus. La presse locale a qualifié la retraite d’« inoubliable ». À la fin de la retraite, l’évêque a offert à tous un déjeuner, que les participants ont ensuite partagé avec l’hôpital de la ville, à la grande joie des malades.
Les membres de la communauté des Focolari de Lubumbashi se sont chargés de toute la partie organisationnelle (jusqu’à transporter les casseroles pour la cuisine) et le programme a été confié à quelques membres du Centre international du Mouvement.
La ville de Manono, située à 800 km de Lubumbashi, est la troisième plus grande ville du Congo et constitue une ressource minière d’importance mondiale en raison de la présence de lithium et d’autres minéraux. Malheureusement, la population ne profite pas de ces ressources. Des familles entières passent leurs journées à chercher des minerais, les enfants quittent l’école pour se consacrer à ce travail. Il y a beaucoup d’exploitation et les matériaux sont achetés à très bas prix. Il y a même un village où les maisons s’écroulent parce qu’on cherche aussi des minerais en dessous. La situation de la région est critique : dévastée dans le passé par un conflit qui a détruit les infrastructures civiles et religieuses, elle compte des établissements de santé et des écoles en ruine, avec un taux de scolarisation inférieur à 30 %. La malnutrition et l’insécurité alimentaire affectent gravement les enfants, dont 15 % souffrent de malnutrition. L’évêque de Manono a souhaité que cette retraite ait lieu à cet endroit précis : c’est la première fois que des prêtres d’autres diocèses viennent également ici. C’est aussi pour cette raison que la présence d’un si grand nombre de prélats a été accueillie dans un air de fête. Lors de la messe du dimanche, le curé de la cathédrale a demandé à tous les paroissiens d’apporter de l’eau, denrée rare et précieuse ici, aux participants à la retraite, en signe d’amour et d’accueil. Les journées de rencontre proprement dites ont ensuite commencé : thèmes spirituels, méditations sur les conseils évangéliques et discussions approfondies sur la synodalité. Répartis en petits groupes, les moments de communion de vie, d’échange de témoignages, de connaissance, de partage, de fraternité ont été nombreux.
La spiritualité de la communion, la découverte de Dieu Amour, un nouveau style de pastorale « synodale » qui « nous libère des schémas tout faits et nous ouvre à l’amour réciproque », comme l’a dit quelqu’un, ont été parmi les points qui ont le plus touché tout le monde.
De retour à Lubumbashi, certains membres des Focolari ont pu saluer des évêques des différents diocèses, présents pour une réunion de la Conférence épiscopale, qui les ont chaleureusement remerciés pour la contribution de ces retraites à la vie de leurs diocèses. En particulier, l’évêque de Manono a exprimé sa gratitude pour « la contribution apportée à la vie spirituelle des prêtres et des laïcs, et à une communion entre les prêtres qui déborde sur la vie des laïcs et leur permet de vivre l’amour mutuel et de mettre en pratique la parole de Dieu ». L’archevêque de Lubumbashi, Mgr Fulgence Muteba Mugalu, qui vient d’être nommé président de la Conférence épiscopale, a également remercié chaleureusement pour ces retraites qui ont lieu depuis plusieurs années, exprimant le souhait que cette formation, qui porte tant de fruits, se poursuive.
Après la retraite, une partie des membres du Centre international s’est rendue à Goma, au nord-est du Congo, où les focolarini ont organisé deux écoles de formation auxquelles ont participé 12 jeunes séminaristes et 12 prêtres, en présence de l’évêque de Goma, Mgr Willy Ngumbi Ngengele, pour une célébration liturgique. Plusieurs invités n’ont pu être présents en raison de l’intensification des affrontements près de la ville. Le Congo compte 7 millions de réfugiés, dont 1,7 million dans la province du Nord-Kivu où se trouve Goma. La rencontre a permis d’approfondir la connaissance de la spiritualité de l’unité et de la synodalité. Le programme comprenait la visite d’une paroisse entourée de milliers de réfugiés où le curé donne un témoignage très fort de l’Évangile vécu. La visite du « Centre Père Quintard », géré par le Mouvement et situé au milieu de deux grands camps de réfugiés, où un service de promotion, d’éducation et de développement social est mis en œuvre, a également été un témoignage fort pour toutes les personnes présentes. Plusieurs y ont vu une lueur d’espoir et ont demandé que des activités similaires soient menées dans leurs paroisses.
À ce carrefour de pays, où les fleuves d’Iguaçu et Parana se rencontrent, se trouve la frontière la plus fréquentée d’Amérique latine ; la zone est caractérisée par une grande diversité culturelle et la présence séculaire de peuples indigènes, tels que le grand peuple Guaraní. Le tourisme est la principale ressource économique de cette région où les personnes viennent principalement pour visiter les chutes d’Iguaçu, qui sont les plus grandes au monde, avec une largeur de 7,65 km, et sont considérées comme l’une des sept merveilles naturelles de la planète.
Dans son message de bienvenue, Tamara Cardoso André, présidente du Centre des droits de l’homme et de la Mémoire Populaire de Foz do Iguaçu (CDHMP-FI), explique qu’en ce lieu, ils veulent donner un sens différent aux frontières nationales : « Nous voulons que notre triple frontière devienne toujours plus un lieu d’intégration, une terre que tous sentent leur, comme l’entendent les peuples autochtones qui ne connaissent pas de frontières. »
Foz do Iguaçu, dernière étape
C’est ici que s’achève le voyage au Brésil de Margaret Karram et Jesús Morán, président et co-président du mouvement des Focolari. Ils l’ont parcouru du nord au sud : depuis l’Amazonie brésilienne, en passant par Fortaleza, Aparecida, la Mariapolis Ginetta à Vargem Grande Paulista, la Fazenda da Esperança à Pedrinhas et Guaratinguetà (SP), jusqu’à Foz do Iguaçu. Ici, la famille “élargie” de la communauté tri-nationale des Focolari célèbre sa jeune histoire et raconte la contribution d’unité qu’elle apporte à ce lieu : l’étreinte de trois peuples que la spiritualité de l’unité rassemble en un seul, transcendant les frontières nationales, tout en conservant chacun sa propre identité culturelle distincte. Sont également présents pour l’occasion le card. Adalberto Martinez, archevêque d’Asuncion (Paraguay), l’évêque du lieu, Mgr Sérgio de Deus Borges, Mgr Mario Spaki, évêque de Paranavaí et Mgr Anuar Battisti, évêque émérite de Maringá. Un groupe de la communauté musulmane de Foz, avec laquelle des relations d’amitié fraternelle existent depuis longtemps, est également présent.
Des peuples aux racines communes
Arami Ojeda Aveiro, étudiante en médiation culturelle à l’Université Fédérale d’Intégration Latino-Américaine (UNILA), illustre le cheminement historique de ces peuples et les graves blessures qui se sont accumulées au long des siècles. Le conflit entre le Paraguay, d’une part, et l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay, d’autre part (1864-1870), a été l’un des plus sanglants d’Amérique du Sud en termes de vies humaines, avec des conséquences sociales et politiques pour l’ensemble de la région. D’autre part, il existe également de nombreux facteurs culturels communs, tels que la musique, la gastronomie, les traditions populaires issues des mêmes racines culturelles indigènes, comme la Yerba Mate Guaranì, une boisson typique des trois peuples.
La culture Guaraní est l’une des plus riches et des plus représentatives d’Amérique du Sud ; elle est le témoignage vivant de la résilience et de la capacité d’adaptation d’un peuple qui a su préserver son identité au fil des siècles avec une cosmogonie unique, où le lien avec la nature et le respect des traditions sont fondamentaux et peuvent constituer une grande richesse pour toute l’humanité.
« Ainsi – conclut Arami Ojeda Aveiro -, la région de la triple frontière ne constitue pas seulement une frontière géographique, mais un espace multiculturel et de coopération qui renforce l’ensemble de la région.
La communauté “tri-nationale” des Focolari
De toutes les communautés des Focolari dans le monde, celle-ci présente un caractère unique : « Il nous serait impossible de nous sentir une seule famille si nous ne regardions que nos histoires nationales », explique une jeune femme d’Argentine. Monica, du Paraguay, l’une des pionnières de la communauté avec Fatima Langbeck, du Brésil, nous raconte que tout a commencé par sa prière quotidienne : « Seigneur, ouvre-nous la voie pour que nous puissions établir une présence plus solide du Focolare et que ton charisme d’unité puisse fleurir parmi nous. Depuis 2013, nous formons une unique communauté et nous voulons écrire pour cette terre une autre histoire, qui témoigne que la fraternité est plus forte que les préjugés et les blessures séculaires. La parole de l’unité de Chiara Lubich nous unit, lorsqu’elle dit que la véritable socialité dépasse l’intégration, parce qu’elle est l’amour réciproque en action, tel qu’il est annoncé dans l’Évangile. Nos particularités et nos différences nous rendent plus attentifs les uns aux autres, et les blessures de nos histoires nationales nous ont appris à nous pardonner mutuellement. »
Les contributions artistiques témoignent de la vitalité et de l’actualité des racines culturelles des peuples qui habitent cette région. Il y a les chants de la communauté argentine arrivée du “littoral“, de la côte ; puis “El Sapukai”, la danse paraguayenne très rythmée qui se danse avec (jusqu’à) trois bouteilles sur la tête ; la représentation du peuple Guaraní entonne un chant dans sa langue à la louange de la “grande mère”, la forêt, qui doit être protégée, qui produit de bons fruits et donne vie à toutes les créatures.
Le père Valdir Antônio Riboldi, prêtre du diocèse de Foz, qui a connu les Focolari en 1976, poursuit le récit en écrivant : « Les Focolari de Curitiba au Brésil et d’Asuncion au Paraguay ont commencé à promouvoir des événements qui réunissaient des personnes des trois pays voisins, une expérience que nous avons appelée ”Focolare tri-national”. Ici aussi, la vie ecclésiale évolue dans le sens de la communion, en promouvant des initiatives conjointes entre les différents diocèses. »
Il est clair que la vie de cette région et de la communauté locale des Focolari ne s’adresse pas seulement à l’Amérique latine, mais au monde entier. Elle dit qu’il est possible de marcher ensemble, tout en étant différents : c’est la spiritualité de l’unité qui entre en contact avec la partie la plus profonde de l’identité des personnes et des peuples, faisant fleurir l’humanité et la fraternité communes.
La parole à Margaret Karram et Jesús Morán
« Je me suis sentie accueillie non pas par un, mais par trois peuples, a déclaré Margaret Karram. Toute ma vie, j’ai rêvé de vivre dans un monde sans frontières. Ici, j’ai eu l’impression que mon souhait le plus profond avait été exaucé, pour cette raison, je sens que je fais partie de vous. Vous êtes la confirmation que seul l’amour fait tomber tous les obstacles et abolit les frontières. »
« J’ai vécu 27 ans en Amérique latine – a dit pour sa part Jesús Morán -, mais je n’étais jamais venu dans cette région. Vous avez connu beaucoup de souffrance : le peuple guarani a été dépossédé de ses terres et dispersé. Ce que vous faites aujourd’hui est important, même si c’est modeste : Nous ne pouvons pas réécrire l’histoire, mais nous pouvons aller de l’avant et guérir les blessures, en faisant nôtre le cri de Jésus abandonné. Les blessures se guérissent en créant des relations interrégionales, aussi avec les peuples d’origine, parce qu’ils sont en fait les seuls à être véritablement “tri-nationaux”. Eux aussi ont reçu la lumière du Christ ; n’oublions pas le travail d’évangélisation et de promotion humaine que les Jésuites ont accompli dans cette région avec “las Reduciones” entre les années 1600 et 1700. Aujourd’hui, nous sommes liés à cette histoire, à tout ce que fait l’Église, et nous savons que l’unité est la réponse dans ce monde qui a besoin d’une âme et de bras pour réaliser une véritable mondialisation à la hauteur de la dignité de l’homme. »
À la fin, reprenant la parole, Margaret a partagé ce qu’elle avait vécu au cours de ce mois : « Ce voyage a fait grandir en moi la foi, l’espérance et la charité. En Amazonie, aux confins du monde, la “foi” a émergé, puissante : j’ai rencontré des personnes qui croient fermement que tout est possible, même les choses les plus difficiles. Ils rêvent et ils réalisent ! Je voudrais avoir ne serait-ce qu’une graine de leur foi, comme le dit l’Évangile : “Si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : ‘Passe d’ici jusque là-bas’, et elle y passera ; rien ne vous sera impossible” (Mt 17, 20). De là, je retiens cette foi qui déplace les montagnes et le courage de rêver de grandes choses. Ensuite, le message du Genfest ne peut être qu’”espérance” : nous avons vécu cette expérience ensemble : tout le Mouvement était engagé avec les jeunes et pour les jeunes. Cela a été aussi un événement œcuménique et interreligieux qui a donné beaucoup d’espérance.
Et enfin, la “charité”, qu’aujourd’hui j’ai vue ici parmi vous et que nous avons touchée du doigt dans les nombreuses organisations sociales avec lesquelles nous sommes entrés en contact ce mois-ci : la Fazenda da Esperança, les nombreux mouvements et nouvelles communautés ecclésiales que nous avons rencontrées à Fortaleza ; la rencontre de UniRedes, qui réunit toutes les organisations sociales et les agences culturelles d’Amérique latine qui s’inspirent du charisme de l’unité [dont nous parlerons séparément]. Tout cela dit “charité”, car chaque réalité sociale naît de l’amour du prochain, de la volonté de donner sa vie pour son peuple.
De cette frontière part une espérance pour toutes les communautés des Focolari dans le monde et au-delà. En décembre dernier, j’avais suggéré le projet “Méditerranée de la fraternité”, où seraient rassemblées toutes les actions déjà en cours et celles qui verront le jour, pour construire la paix dans cette région très éprouvée par la guerre. Un projet de “fraternité pour l’Amérique latine” pourrait aussi partir d’ici et s’étendre à tous les pays qui la composent, nous le confions à Marie. »
« Le charisme d’unité de Chiara Lubich est l’une de ces grâces pour notre époque, qui connaît des changements radicaux et des appels à la réforme spirituelle ».1
Sur la page web de la « Mariapolis Ginetta », la plus développée des trois citadelles des Focolari au Brésil, le récit de son histoire commence par cette phrase du pape François, qui met bien en évidence ce qui a caractérisé les dernières années de ce lieu : un cheminement vers un changement organisationnel pour mieux témoigner de la fraternité vécue au quotidien et pour répondre aux besoins et aux questions des personnes qui visitent la cité-pilote et l’environnement dans lequel elle s’insère.
Ceci a été réalisé en initiant un processus de modernisation et une gestion plus participative et moins centralisée des différentes réalités qui la composent. Aujourd’hui, chacune dispose de son propre conseil ou comité de gestion, composé de personnes de la Mariapolis et de professionnels du secteur, qui travaillent également en synergie avec le conseil de la cité-pilote. La « coresponsabilité » est un mot-clé de la Mariapolis Ginetta, ainsi qu’un regard vers l’avenir et une recherche continue pour actualiser la mission de la cité-pilote : « accueillir, former, témoigner et rayonner ».
En 2022, la cité-pilote a fêté ses 50 ans d’existence et depuis le premier groupe de focolarines dans une masure sans électricité ni gaz, elle compte aujourd’hui un total de 454 habitants qui vivent sur et autour de son terrain.
Au fil des ans, des dizaines de milliers de personnes sont passées par là : de nombreux jeunes qui ont passé une période ou quelques années à apprendre à vivre la fraternité dans leur vie quotidienne, ou à emprunter le chemin de la consécration à Dieu dans le mouvement des Focolari, puis des familles, des prêtres, des religieux et des visiteurs occasionnels.
La Mariapolis Ginetta fait partie de la municipalité de Vargem Grande Paulista, à une heure à peine de la mégalopole de São Paulo, et le dépaysement en arrivant est total : beaucoup de verdure, des maisons, pas de gratte-ciel, des parcs et des aires de jeux pour les enfants ; l’habitabilité d’une petite ville, comparée à une métropole, est la valeur ajoutée de ce lieu. « Nous avons déménagé de São Paulo il y a six ans », explique un très jeune couple avec trois enfants. Ils font partie des quatorze familles qui ont quitté différentes villes ces dernières années pour élever leurs enfants « dans un endroit où ils apprennent à traiter les autres avec amour, où il y a de la place pour vivre une vie à échelle humaine ». Cette initiative, ainsi que l’école des jeunes qui s’apprête à entamer sa huitième édition, sont les signes d’une vitalité sociale renouvelée de la cité-pilote.
Coresponsabilité et gestion participative
« Aujourd’hui, dans la cité-pilote, on trouve de nombreux éléments qui constituent une cohabitation urbaine », expliquent Iris Perguer et Ronaldo Marques, coresponsables de Mariapolis Ginetta. « Il y a des logements, un centre-ville représenté par la structure du Centre Mariapolis et l’église de Jésus Eucharistie, la maison d’édition Cidade Nova, un centre audiovisuel, des cabinets médicaux, divers ateliers, la célèbre boulangerie et cafétéria Espiga Dourada, des projets sociaux au service de la population la plus défavorisée, le Polo Spartaco, une zone commerciale et de production où les entreprises opèrent selon les principes de l’économie de communion, la section brésilienne de l’Institut universitaire Sophia ALC (Amérique Latine et Caraïbe).
« Cette nouvelle modalité de gestion participative que vous mettez en œuvre, a commenté Margaret Karram, est une occasion extraordinaire d’ouvrir la cité-pilote à d’autres personnes qui veulent contribuer à sa construction, se former et faire l’expérience de l’unité. Je dois vous dire qu’après avoir participé au Genfest, une grande espérance est née dans mon cœur ; j’ai eu la forte impression qu’en ces jours, Dieu a de nouveau frappé à la porte du Brésil et nous demande de répondre et de soutenir ce qui est né chez les jeunes. Cette cité-pilote aussi, avec la Mariapolis Gloria et la Mariapolis Santa Maria, a maintenant une nouvelle opportunité et une nouvelle responsabilité pour comprendre comment répondre, pour offrir un témoignage de vie évangélique vécue dans une communauté sociale ”.
La deuxième génération du Pôle Spartacus
Mariza Preto affirme que le pôle entrepreneurial s’est également lancé dans un courageux voyage de développement et d’ouverture.
“« En 2016, une dette accumulée au fil des ans en raison d’impayés indiquait clairement que la durabilité économique du Pôle était en danger. Les entrepreneurs étaient démotivés, inquiets parce qu’aucune personne intéressée par la création d’une nouvelle entreprise au sein du Pôle n’était visible à l’horizon. Ce furent des années difficiles, au cours desquelles nous avons essayé de nombreuses possibilités, y compris la construction de relations avec les entrepreneurs de la région, ce qui a conduit à des événements communs et à des moments de discussion et de rencontre. Mais le tournant s’est produit en 2019 lorsque, lors d’une foire d’exposition que nous avons organisée au Polo, la plupart des exposants venaient de l’extérieur de notre région. A cette époque, ‘Espri’, la société de gestion du Polo, avait de nombreux hangars vacants et une fragilité financière grandissante. C’est alors que le Conseil du Pôle a décidé d’accueillir des entreprises et des entrepreneurs qui ne connaissaient pas l’Economie de Communion mais qui souhaitaient agir selon ses principes. C’est ainsi qu’est née la ‘renaissance’ du Pôle : chaque entreprise qui souhaite rejoindre le Pôle aujourd’hui suit un processus d’apprentissage de la vie économique que nous vivons ici et adhère aux lignes de gestion d’une entreprise de l’Economie de Communion ». ”.
Trente ans après sa fondation, le Pôle Spartacus est aujourd’hui composé de 9 bâtiments et accueille 10 entreprises pour un total de 90 employés.
« L’économie de communion est vivante ici », affirme Jésus Morán. Outre l’aspect charismatique, nous voyons ici fonctionner l’aspect productif et le changement générationnel des entrepreneurs. Tout cela nous indique que nous sommes entrés dans une nouvelle phase où la prophétie de Chiara Lubich est vivante. Nous remercions tous les pionniers, ceux qui ont commencé, qui y ont cru et qui nous ont permis d’en arriver là ». ”.
SMFocolari
C’est par l’intermédiaire de la SMF (Sociedade Movimento dos Focolari) que la Cité-pilote s’engage dans diverses œuvres sociales dans la région. La SMF promeut le renforcement de la communauté et l’accès aux droits et aux garanties de protection, en particulier pour les enfants, les jeunes et les femmes en situation de vulnérabilité sociale. Les trois Œuvres Sociales dans lesquelles travaillent les habitants de Mariapolis Ginetta interviennent dans le domaine de la prévention auprès des jeunes en situation de vulnérabilité, mettent en œuvre des parcours d’accompagnement pour leurs familles et accueillent des personnes sans domicile fixe. C’est une goutte d’eau dans l’océan des besoins de dignité, de travail et de justice de tant de personnes, et comme l’a expliqué Sérgio Previdi, vice-président de SMF : « Ce n’est qu’une partie du projet culturel basé sur la fraternité que nous voulons développer dans la région et dans notre ville ».
Stefania Tanesini
[1] Message du Saint-Père François pour l’ouverture de la conférence internationale « Un charisme au service de l’Église et de l’humanité » à l’occasion du centenaire de la naissance de la Servante de Dieu Chiara Lubich
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Toute l’expérience du Genfest – de la “Phase 1” jusqu’à la “Phase 3” – est le témoignage tangible que vous, jeunes, croyez et, bien plus, travaillez déjà pour construire un monde uni. Ces journées ont été pour nous tous des jours de grâces extraordinaires : nous avons mis en pratique le “soin” de différentes manières : au cours de la Phase 1, à travers le service des plus pauvres, des plus marginalisés, de ceux qui souffrent le plus et nous l’avons fait en vivant la réciprocité, cette communion typique du Mouvement des Focolari ; dans la Phase 2, en partageant vie, expériences, richesses culturelles ; et puis, dans la Phase 3, nous avons expérimenté l’extraordinaire générativité des communities, qui sont aussi un espace intergénérationnel de formation et de projets.
Quelqu’un m’a raconté la créativité dont chaque communauté a fait preuve et des workshop intéressants dont vous venez de parler.
« Je repars du Genfest, emportant avec moi ma communauté – a dit l’un de vous – c’est quelque chose de concret qui continue. Une possibilité de vivre l’expérience du Genfest au quotidien. »
Vous vous êtes sentis en première ligne dans la construction de ces communities et vous voulez continuer à “générer” idées et projets. Cela m’a donné beaucoup de joie de savoir que l’un d’entre vous a dit avoir redécouvert le sens de sa profession et qu’il veut à présent la vivre sous l’enseigne du monde uni.
Ces jours-ci, Nous avons cheminé ensemble, avec un style que le pape François qualifierait de “synodal” et pas seulement entre vous, jeunes, mais avec les adultes ; avec des personnes d’autres mouvements et communautés ; avec des personnes de différentes Églises et Religions et des personnes qui ne se reconnaissent pas dans un credo religieux Ce réseau a énormément enrichi le Genfest !
La présence de quelques évêques qui ont vécu le Genfest parmi nous a également été très belle.
Mais le Genfest ne s’arrête pas là ! Il continue précisément dans les “Communautés Monde Uni” où nous resterons connectés à la fois globalement et au niveau local.
Je suis sûre que lorsque vous arriverez dans vos pays et dans vos villes, vous comprendrez là où vous voulez vous engager, en fonction de vos intérêts de vos études ou de votre profession : en économie, dans le dialogue interculturel, la paix, la santé, la politique, etc.
Ces jours-ci, vous avez fait l’expérience de vivre ces “communautés” en “unité”; une réalité qui se poursuivra : ce sera votre terrain d’entraînement où vous apprendrez et où vous vous entraînerez à vivre la fraternité.
Quand j’avais votre âge, une invitation que Chiara Lubich a lancée à tous m’a beaucoup touchée ; elle disait :
« Si nous sommes un, beaucoup seront un et le monde pourra un jour voir l’unité. Et alors ? Constituons partout des “cellules d’unité” (1) » – peut-être que Chiara les aurait appelées aujourd’hui : « Communautés Monde Uni ». Et elle nous invitait à concentrer tous nos efforts sur cela.
C’est pourquoi je voudrais maintenant vous demander une chose importante : s’il vous plaît, ne manquez pas cette occasion, cette occasion unique : Dieu a frappé à la porte du cœur de chacun de nous, et maintenant, il appelle tous à être acteurs et porteurs d’unité dans les différents domaines où vous êtes engagés.
Hier, quelqu’un m’a arrêtée pendant que je sortais et m’a dit : « Je dois te dire quelque chose. ». Une d’entre vous qui est ici dans la salle, elle m’a di : « J’ai quelque chose d’important à te dire, s’il te plaît, je veux te dire quelque chose d’important». Elle m’a dit que c’était la première fois qu’elle participait à un Genfest et qu’elle ne connaissait pas le Mouvement des Focolari. Elle m’a dit : « Je veux te le dire à toi, vous devez faire plus parce que ce mouvement n’est pas très connu, il faut faire plus, mais pas comme vous l’avez fait jusqu’à présent. Vous devez faire plus car ce mouvement, cette idée de la fraternité doit être connue par beaucoup plus de jeunes. Alors je lui ai demandé si elle pouvait nous aider et elle s’est engagée. Mais maintenant, j’espère que nous nous engageons tous à le faire.
Bien sûr, comme vous l’avez aussi entendu, tout ne sera pas facile et nous ne pouvons pas penser que les difficultés n’arriveront pas… mais, pendant ce Genfest, vous avez annoncé: « un Dieu différent, abandonné sur la croix, à la fois tout divin et tout humain, qui pose des questions sans [avoir de] réponses » et, pour cela, un Dieu proche de nous tous. C’est en étreignant chaque souffrance, la nôtre ou celle des autres, que nous trouverons la force de continuer sur ce chemin.
Allora andiamo avanti insieme con una nuova speranza, convinti più che mai che ormai una strada è stata tracciata.
Alors, allons de l’avant ensemble avec une nouvelle espérance, convaincus plus que jamais qu’une voie a désormais été tracée. Et comme le dit l’écrivain chinois, Yutang Lin, [il dit] quelque chose de très beau : « L’espérance est comme une voie en plein champ : il n’y a jamais eu de chemin, mais lorsque de nombreuses personnes y passent, le chemin prend forme. » Je pense que, durant ce Genfest, ce chemin a pris forme. Alors continuons à avancer et nous trouverons ce chemin devant nous.
Alors, je vous salue tous, je souhaite une bonne continuation à ceux qui participeront au post-Genfest et un bon voyage à ceux qui rentrent chez eux !
Au-revoir à tous !
Margaret Karram
1] Chiara Lubich, Pensée spirituelle – Téléréunion du 15 octobre 1981.
Sur un terrain de 112 hectares, 23 organisations – communautés et instituts catholiques – ont choisi de vivre une expérience de communion entre charismes. Depuis 24 ans, cette expérience à Fortaleza (Brésil) est connue sous le nom de Condominio Espiritual Uirapuru (CEU), un acronyme qui signifie « ciel » en portugais.
Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, en voyage au Brésil pour rencontrer les communautés des Focolari, se sont également arrêtés à Fortaleza pendant ces semaines-ci. Ils ont pu participer à plusieurs rencontres avec différentes réalités charismatiques de l’Église. Au CEU, ils ont rencontré des responsables d’autres communautés, dont Nelson Giovanelli et Frère Hans de la Fazenda da Esperança, Moysés Azevedo de la Communauté Shalom et Daniela Martucci de Nuovi Orizzonti.
À travers les organisations qui la composent, la CEU mène diverses actions de soutien et de protection de la personne humaine, depuis les enfants vulnérables victimes d’abus et d’exploitation sexuelle jusqu’aux jeunes et adultes vivant dans la rue ou souffrant de dépendances. L’union des charismes présents est l’expression de l’amour qui permet de développer des activités visant à restaurer et à renforcer la dignité humaine, en particulier pour ceux qui en ont le plus besoin.
« La CEU est la réalisation du rêve que Chiara Lubich avait promis au Pape Jean-Paul II en 1998, celui de travailler à l’unité des Mouvements et des nouvelles communautés », rappelle Nelson Giovanelli, fondateur de la Fazenda da Esperança et président nouvellement élu de la colocation. Le charisme de l’unité, diffusé par Chiara Lubich, inspire l’accomplissement de la mission pour les différentes communautés présentes. Jesús Morán ajoute : « S’il y a un endroit où l’on peut comprendre l’expérience de l’Église, c’est ici, à la CEU. C’est l’Église, de nombreux charismes, petits ou grands, mais tous marchant ensemble pour la réalisation du Royaume de Dieu ».
La CEU compte 230 habitants, dont des enfants et des adolescents, des jeunes et des adultes en rétablissement, et plus de 500 bénévoles. Le week-end dernier, la communauté Obra Lumen a organisé la rencontre « Com Deus Tem Jeito » (Avec Dieu, il y a un chemin possible), qui a permis de récupérer 250 toxicomanes de la rue et de les aiguiller vers un traitement thérapeutique dans diverses communautés partenaires, comme la Fazenda da Esperança. L’espace est également le théâtre d’activités culturelles qui permettent la resocialisation par l’art, comme le festival Halleluya de la communauté Shalom, qui rassemble chaque année plus de 400 000 personnes.
Ces jours-ci, au Brésil également, se déroule le Genfest, un événement organisé par les jeunes du Mouvement des Focolari. « Ensemble pour Prendre Soin » est la devise de cette édition, qui comprendra un événement international au Brésil et plus de 40 Genfest locaux dans divers pays du monde. Chaque Genfest débutera par une première phase au cours de laquelle les jeunes acquerront de l’expérience en matière de volontariat et de solidarité au sein de diverses organisations sociales. Le CEU est l’une de ces organisations. Entre le 12 et le 18 juillet, un groupe de 60 jeunes participants au GenFest a pu faire connaissance avec les différentes communautés et mener diverses activités. « Toutes ces communautés travaillent déjà avec des personnes marginalisées et vulnérables. Notre proposition était de les rejoindre, comme un lien d’unité. Plus nous nous sommes donnés, plus nous nous sommes ouverts aux autres, plus nous avons découvert notre essence », explique Pedro Ícaro, un participant au GenFest qui a vécu à la CEU pendant quatre mois avec des jeunes de différents pays.
« Lorsque cette communion des charismes enflamme le cœur de nos jeunes, ils sont capables de transformer le monde. C’est le but des événements que nous organisons à la CEU, comme le GenFest », explique Moysés Azevedo, fondateur de la communauté Shalom.