Mouvement des Focolari

Le pacte du 16 juillet 1949

Chiara Lubich raconte le pacte spécial d’unité conclu avec Igino Giordani (qu’elle appelle “Foco”) le 16 juillet 1949, prélude à son expérience mystique de cet été-là. D’après une interview donnée à la journaliste Sandra Hoggett en 2002 https://vimeo.com/438648806

Prendre soin, un nouveau mode de vie

Prendre soin, un nouveau mode de vie

Les jeunes des Focolari ont lancé la nouvelle campagne #daretocare pour prendre soin de nos sociétés et de la planète Terre et être des citoyens actifs pour essayer de construire un morceau de monde uni. Ils ont interrogé Elena Pulcini, professeur de philosophie sociale à l’université de Florence en Italie. Elena Pulcini, professeure de philosophie sociale à l’université de Florence, se consacre depuis de nombreuses années, en tant que chercheuse, au thème des soins. Elle s’est exprimée lors de la première diffusion en direct #daretocare des jeunes du mouvement des Focolari le 20 juin dernier. Quel impact a eu l’expérience de la pandémie, que nous traversons, sur votre vision des soins? « Il me semble qu’une image de soins en tant qu’assistance a émergé. Pensons à tout le personnel médical et sanitaire. Cela a réveillé des éléments positifs, des passions qui ont en quelque sorte été oubliées, telles que la gratitude, la compassion, la perception de notre vulnérabilité. Et cela est très positif car nous en avons vraiment besoin et c’est nécessaire de réveiller ce que j’appelle les passions empathiques. En même temps, cependant, le soin est resté un peu enfermé dans une signification essentiellement humanitaire, ce qu’on appelle en anglais “cure, le remède” et non “care, le soin”. Prendre soin doit devenir un mode de vie ». Nous aimons rêver d’une société dans laquelle prendre soin est l’épine dorsale des systèmes politiques locaux et mondiaux. Est-ce une utopie ou est-ce réalisable ? « Se soucier signifie certainement réagir à quelque chose. Dans ce cas, il s’agit de prendre conscience de l’existence de l’autre. À partir du moment où je m’en rends compte et que je ne suis pas fermé dans mon individualisme, nous stimulons une capacité qui réside en nous qui est l’empathie, c’est-à-dire que nous nous pouvons nous mettre dans la peau de l’autre. Mais qui est l’autre aujourd’hui ? Eh bien, nous voyons apparaître de nouveaux visages de ce que nous considérons comme l’autre. L’autre aujourd’hui est donc ce qui est différent, ce sont aussi les générations futures, c’est aussi la nature, l’environnement, la Terre qui nous accueille. La sollicitude devient donc vraiment la réponse globale aux grands défis de notre temps si nous savons la retrouver grâce à la capacité empathique de nous mettre en relation avec l’autre. Je ne sais donc pas si c’est vraiment faisable, mais je pense que nous ne pouvons pas perdre la perspective utopique. La responsabilité ne suffit pas, nous devons aussi cultiver l’espérance ». Quelles suggestions nous feriez-vous pour agir dans ce sens et orienter nos sociétés vers la prise en charge à partir des institutions ? « Je crois que nous devons agir en tous lieux où nous opérons pour sortir la prise en charge du milieu étroit de la sphère privée. (…) Je dois me considérer comme un sujet attentionné dans ma famille, dans ma profession d’enseignant, quand je rencontre un pauvre rejeté dans la rue ou quand je vais nager et m’étendre sur la plage, je dois m’occuper de toutes les dimensions. Nous devons adopter la prise en charge comme un mode de vie capable de briser notre individualisme illimité qui conduit non seulement à l’autodestruction de l’humanité, mais aussi à la destruction du monde vivant. Nous devons donc essayer de répondre par un traitement aux pathologies de notre société, ce qui signifie éduquer à la démocratie. J’aime beaucoup un philosophe du XIXe siècle, Alexis de Tocqueville, qui disait que « nous devons éduquer à la démocratie ». C’est une leçon que nous devons encore apprendre et je crois que cela signifie qu’il faut cultiver ses propres émotions empathiques afin d’être stimulé à prendre soin avec plaisir et satisfaction, et non par contrainte”.

Par les jeunes des Focolari

 

Les cinq ans de « Laudato si »

Les cinq ans de « Laudato si »

Cinq ans après la publication de l’Encyclique du Pape François, le paradigme de l’écologie intégrale guide la lecture de cette période de pandémie. Nous en parlons avec Luca Fiorani, responsable d’EcoOne. Cinq ans se sont écoulés depuis la publication de Laudato Si, l’encyclique du Pape François sur la préservation de la planète. Nous en parlons avec Luca Fiorani, professeur aux universités de Lumsa, Marconi et Sophia, chercheur à l’ENEA et responsable d’EcoOne, le réseau écologique du mouvement des Focolari. En ce temps de pandémie, quelles leçons pouvons-nous tirer de Laudato Si et de son paradigme d’écologie intégrale ? Je pense au « tout est connecté ». Le Pape, avant la pandémie, nous a fait savourer le côté positif, la merveilleuse relation qui existe entre les éléments naturels, y compris la personne. La pandémie, en revanche, a souligné le côté sombre de ce « tout est connecté », car l’activité humaine, qui a conduit à la destruction des habitats naturels, et le saut d’espèces du virus de l’animal à l’homme sont liés. Quel est le fondement évangélique de l’engagement à prendre soin de la création ? C’est « Aime ton prochain comme toi-même ». L’un des concepts clés de Laudato Si est « écouter à la fois le cri de la terre et le cri des pauvres ». Il est vrai que pour l’Évangile, la nature a une valeur en soi, mais il est également vrai que prendre soin de la nature signifie assurer une planète saine pour les plus défavorisés et pour nos enfants. Il s’agit de nous rappeler le « milliard inférieur », ce milliard de personnes qui sont victimes de « pandémie chronique » due aux 17 maladies tropicales négligées. Le concept d’écologie intégrale peut-il guider les voies d’avenir ? C’est le concept fondamental de tout l’enseignement du Pape François qui nous invite à dépasser le système socio-économique actuel. Nous vivons aujourd’hui dans le paradigme de la révolution industrielle, qui considère que les ressources naturelles sont illimitées. Ces ressources sont au contraire limitées et nous devons donc trouver un modèle de développement différent qui tienne également compte des besoins des peuples oubliés par les sociétés dites « évoluées ». Laudato Si appelle à une « conversion écologique ». Que signifie vivre les principes de l’écologie intégrale ? L’écologie intégrale concerne non seulement l’environnement mais aussi tous les aspects de la vie humaine, de la société, de l’économie et de la politique. Par conséquent, chacun d’entre nous doit essayer de changer sa vie en commençant, par exemple, par les choix de consommation. Nous pourrons alors choisir les gouvernants sensibles à la protection de la nature et faire campagne pour influencer en faveur d’un désinvestissement des combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables. En cette année spéciale de célébrations de Laudato Si, avec quelles initiatives le mouvement des Focolari sera-t-il présent ? Le Mouvement participe aux initiatives de l’Église Catholique et aux événements promus par le Mouvement catholique mondial pour le climat, auquel il adhère. En outre, il organise la conférence “New ways towards integral ecology” qui se tiendra à Castel Gandolfo (RM) du 23 au 25 octobre, dont les détails sont disponibles sur www.ecoone.org. Ton dernier livre est intitulé « Il sogno (folle) di Francesco » (le rêve [fou]de François). Un petit manuel (scientifique) d’écologie intégrale ». Pourquoi parler d’un rêve fou ? Parce qu’il semble vraiment impossible de changer le cours de cette planète, vers un monde où nous nous sentons tous frères et sœurs et où nous construisons plus de ponts que de murs, mais – comme le disait la fondatrice du mouvement des Focolari, Chiara Lubich – « seuls ceux qui ont de grands idéaux font l’histoire » !

Claudia Di Lorenzi

La quintessence de la charité

Être confinés a souvent mis notre charité à l’épreuve. En effet, il n’est pas facile de vivre enfermé dans une maison et de se retrouver au coude à coude. Lorsqu’on est proche, physiquement, on se heurte aux limites les uns des autres et cela nous demande un “surplus d’amour”, qui est : « tout supporter ». Il est consolant de savoir que Chiara Lubich, elle-même, dans sa vie de communauté, a rencontré ce type de difficultés.         […] L’autre jour j’ai pris en main un livre […] qui a pour titre : Il segreto di Madre Teresa  (Le secret de Mère Teresa), de Calcutta. Je l’ai ouvert un peu au hasard, au chapitre intitulé : « Une mystique de la charité », que j’ai lu ainsi que d’autres. Je me suis plongée dans cette lecture qui m’a beaucoup intéressée. Tout ce qui concerne cette personne me touche personnellement : elle dont l’amitié m’a été, des années durant, très précieuse et qui sera prochainement béatifiée. L’aspect extrêmement radical de sa vie, de sa vocation me saute aux yeux. J’en suis impressionnée, j’en éprouve presque de la crainte, mais surtout cela me pousse à vouloir l’imiter selon l’engagement caractéristique, radical, que Dieu me demande. […] Animée de cette certitude, j’ai repris en main nos Statuts, certaine que c’est là que je pourrai trouver la mesure et le genre de vie radicale que le Seigneur me demande. Dès la première page, je reçois comme un choc spirituel, car voilà que je découvre à ce moment-là quelque chose que je connais pourtant depuis 60 ans ! Il s’agit de la « norme des normes », du « préambule à toute règle » de ma vie, de notre vie : d’abord et avant tout engendrer – l’expression est de Paul VI –, puis garder, Jésus au milieu de nous au moyen de l’amour mutuel. […] Aussitôt j’ai pris la résolution de vivre cette « norme des normes » dans mon focolare pour commencer, et avec mon entourage le plus proche. Nous le savons : « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre »[1]. Chez nous tout n’est pas toujours parfait : certaines paroles sont inutiles, de ma part ou de la part des autres, certains silences sont inopportuns, il y a des jugements irréfléchis, des petits attachements, des souffrances mal vécues, qui empêchent que Jésus au milieu de nous soit à son aise, quand cela ne va pas jusqu’à en empêcher la présence. Alors je comprends que c’est moi qui, la première, dois lui donner toute sa place, en aplanissant la voie, en comblant les vides. Bref, en faisant en sorte que l’ingrédient de la charité ne manque jamais ; en supportant tout, en moi et chez les autres. Car l’apôtre Paul conseille vivement de « tout supporter », un mot qui n’est pas beaucoup en usage entre nous. Supporter ne relève pas de n’importe quelle charité, mais d’une charité spéciale, de la quintessence de la charité. Je m’y mets. Cela ne va pas mal, au contraire ça marche. En d’autres circonstances, j’aurais invité sans attendre mes compagnes à faire de même. Cette fois-ci, je préfère m’en abstenir. Je sens le devoir de faire d’abord toute ma part et cela fonctionne. J’ai le cœur plein de bonheur sans doute parce que, de cette façon, Jésus revient parmi nous et il y demeure. Plus tard j’en parlerai, mais en continuant à ressentir le devoir d’avancer ainsi comme si j’étais seule. Ma joie est à son comble lorsque les paroles de Jésus me reviennent à l’esprit : « C’est la miséricorde que je veux et non le sacrifice »[2]. « La miséricorde ! », c’est bien cela la charité raffinée qui nous est demandée et qui vaut plus que tous les sacrifices car le plus beau sacrifice que je puisse faire, c’est cet amour qui sait supporter, qui sait, le cas échéant, pardonner et oublier. […] C’est cela l’aspect radical qu’il nous est demandé de vivre.

Chiara Lubich

(Extrait d’une conférence téléphonique du 20 février 2003, à Rocca di Papa.) [1] Cf. (Jn 8, 7) [2] (Mt 9, 13)

En dialogue avec Maria Voce (Emmaüs) et Jesús Morán

« Le dialogue interreligieux de Chiara Lubich – dit Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari – a été une véritable prophétie qui, à présent, est en train de se réaliser progressivement comme une réponse concrète aux besoins de l’humanité. » Le Coprésident, Jesús Morán, explique comment l’éthique de l’attention à l’autre est à la base du nouveau Parcours (Pathway) qui sera lancé le 20 juin 2020 par les jeunes du Mouvement des Focolari. https://vimeo.com/429997104

USA – entrer dans le “péché originel du racisme”.

USA – entrer dans le “péché originel du racisme”.

Les deux crises qui secouent le pays – la pandémie et le racisme – pourraient conduire à un avenir meilleur. Une contribution de Susanne Janssen, la rédactrice du magazine Living City. Le racisme est un virus qui n’a jamais été éradiqué aux États-Unis. Après la guerre civile (1861-1865), l’esclavage a été déclaré vaincu sur le papier, mais aujourd’hui encore, les personnes de couleur et les Blancs ne sont pas traités de la même manière. La mort de George Floyd a mis le problème en lumière. Puisque que les huit atroces minutes pendant lesquelles Floyd a supplié pour sa vie ont été filmées, on ne pouvait plus affirmer que c’était seulement la faute de la victime ; cette vidéo, ainsi que les nombreuses personnes (pas seulement afro-américaines) qui se sont jointes aux manifestations contre le racisme, est le signe que c’est différent cette fois. Espérons que ce qui s’est passé ne se terminera pas simplement par une vague de protestations, mais que cette mort apportera un réel changement. Rôle de l’Église Après quelques jours de silence, l’Église est descendue aux côtés de ceux qui défient le racisme. Le cardinal de Boston, Sean O’Malley, a écrit que le meurtre de George Floyd « est la douloureuse preuve de ce qui est et a été pour les Afro-Américains : l’échec d’une société incapable de protéger leur vie et celle de leurs enfants. Les manifestations et les protestations de ces jours sont des appels à la justice et des expressions atroces d’une profonde douleur émotionnelle dont nous ne pouvons pas nous distancer ». Même la Conférence épiscopale des États-Unis a déclaré que le racisme est comme le péché originel des États-Unis, qui accompagne la croissance de la nation et l’imprègne jusqu’à ce jour. Des espaces de réflexion s’intensifient dans l’Église et dans la société. Premiers pas Avec le slogan « supprimer les subventions », on veut aller au-delà d’une simple opération de restructuration des forces de police. Il s’agit plutôt à repartir de zéro et à créer une police davantage contrôlée par les citoyens. Ces dernières années, on a beaucoup parlé de sa militarisation progressive ; mais pour être honnête, il faut aussi dire qu’une grande partie des tâches qu’elle accomplit incomberait en fait aux travailleurs sociaux. Contrairement aux cas de violence relevés contre les Afro-Américains dans le passé, aujourd’hui, beaucoup de gens essaient d’apprendre, d’écouter et de faire face au passé, en concentrant la réflexion sur les problèmes structurels restés après l’abolition de l’esclavage et ceux liés à la ségrégation, comme les dites « lois de Jim Crow” et la loi sur les droits civils de 1964. Oui, parce que regarder en face les préjugés qui existent en chacun et les privilèges sociaux dont jouissent les Blancs est déjà un premier pas. Deux auteurs, Ibram X. Kendi et Robin DiAngelo, affirment qu’il faut aller au-delà du simple fait « d’être une bonne personne ». Nous devons plutôt combattre les structures de l’oppression. Même aujourd’hui, dans une situation quotidienne comme un contrôle de police, seule la couleur de la peau peut faire la différence entre la vie et la mort. Contribution des Focolari Tout d’abord, les communautés du mouvement des Focolari cherchent à examiner s’il y a de la discrimination et du racisme en leur sein. La réflexion des Focolari sur la justice raciale est un point de départ pour un dialogue sincère entre nous et avec les personnes qui nous entourent. Faisons de la place pour écouter des témoignages douloureux de racisme, mais aussi les expériences de ceux qui ont grandi dans un contexte de blancs et qui essaient d’entamer un processus de reconnaissance de leurs propres limites. Ces conversations ne sont pas faciles, mais elles sont nécessaires pour reconstruire des relations plus vraies. « Si nous ne faisons pas attention, nous finirons par souscrire aux principes de la rhétorique commune sur la diversité qui, souvent, soutient les privilèges et accentue les différences », déclare une professeure latine de couleur. Un académicien de plus de 80 ans raconte comment il a dû apprendre à être plus ouvert dans sa vie, surtout quand l’une de ses filles a épousé un Jamaïcain. « Je pensais que leurs fils seraient victimes de discrimination. Mais je vois maintenant à quel point ils sont un exemple lumineux pour beaucoup ». Rôle des jeunes Les jeunes sont aux premières loges et demandent un changement de mentalité. Une jeune métisse dit : « Je veux aider mes frères et sœurs à se faire entendre davantage, sinon je le regretterai toute ma vie… » Même le slogan « Black Lives Matter » qui a uni tant de personnes et rempli les rues est sujet à la polarisation. Il n’est pas rare de rencontrer des messages qui tentent de discréditer ceux qui se battent pour plus de justice, mais peu à peu, l’opinion publique change. Beaucoup de gens condamnent la façon dont le président Donald Trump a géré ces récentes crises : la pandémie et le racisme structurel. Pour l’instant, le candidat du Parti démocrate, Joe Biden, a une avance de 13 % dans les sondages, mais il est encore trop tôt pour dire quelle sera la situation en novembre, lorsque les Américains seront appelés aux urnes.

Susanne Janssen, rédactrice du Living City magazine