Mouvement des Focolari

Évangile vivant : être contaminé

Observer les gestes d’amour des autres engendre parfois une tension qui, comme des aimants, nous attire, adoucit notre cœur et éveille en nous le désir de  « participer », de faire la même chose. Ce fait ne passe pas inaperçu et peut contaminer véritablement beaucoup de monde. Poèmes pour la mère Les relations avec ma mère n’ont jamais été faciles. Elle critiquait ma foi, estimant que je me berçais d’illusions. Après mon départ de la maison, j’étais plutôt en relation avec mon père qui équilibrait sagement la situation. Un jour, il m’a appelé pour me dire que ma mère était à l’hôpital pour une maladie grave. En allant lui rendre visite, j’ai pensé à ce qui pourrait lui faire plaisir. Je savais qu’elle aimait les poèmes d’Attila József et je m’en suis procuré un livre audio. Ma mère n’était plus la même, elle était transformée par le chagrin. Mais dès qu’elle a commencé à écouter ces poèmes, ses yeux sont devenus aussi brillants comme s’il s’agissait d’un rêve. Mes visites ultérieures sont donc devenues une découverte ou une redécouverte de notre poète national, mais c’était une grande joie pour moi de voir qu’elle avait aussi fait participer d’autres malades à la lecture ou à l’écoute des poèmes. Grâce à ce geste de charité à leur égard, j’ai eu l’impression de connaître une autre personne :  « Tu m’as appris qu’il faut aimer tout le monde  », a-t-elle commenté. Et moi ? J’ai accueilli son dernier souffle serein et confiant. (L.M.L. – Hongrie) Trois fois par jour Dans les dépenses habituelles de notre budget familial, nous avions prévu une somme à mettre à la disposition de personnes dans le besoin. Seulement, ce jour-là, nous n’avions pas pu le réaliser car nous avions beaucoup de dépenses. C’était une vraie souffrance pour nous. Soudain, nos deux fils sont arrivés avec leurs porte-monnaies et, devant nous, ils ont versé tout le contenu, toutes leurs économies, sur la table. Mais cela ne s’est pas terminé là: lorsque la grand-mère est venue nous rendre visite et que les enfants lui ont raconté ce qu’ils avaient fait. Elle nous a regardés d’un air perplexe :  « Mais comment aidez-vous les autres quand vous êtes vous-mêmes en difficulté ?  » Avant que nous ayons pu répondre, le plus jeune a sauvé la situation :  « Mais grand-mère, on mange trois fois par jour  » ! Sur cette phrase, la sérénité est revenue et quelques jours plus tard, la grand-mère est revenue tenant une enveloppe :  « C’est ma contribution, je la mets en commun avec vous… Après tout, moi aussi je mange trois fois par jour ! » (L.R. – Italie)

Édité par Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Nouvelle Citée, Année IX – No.1 septembre-octobre 2023)

Sportmeet pour un Monde Uni : retrouver les racines des valeurs authentiques

Le 10ème congrès international de Sportmeet pour un Monde Uni s’est récemment tenu à São Sebastião, au Brésil. 20 ans après sa naissance, il continue de promouvoir une culture et une pratique du sport capables de contribuer à la paix, au développement et à la fraternité universelle. Un réseau mondial de sportifs, d’opérateurs et de professionnels du sport, d’hommes et de femmes de tous âges, cultures, ethnies, langues et religions qui vivent l’activité physique et sportive comme une réalité importante et positive pour la croissance intégrale de la personne humaine et de la communauté ; des personnes animées par le désir de contribuer, à travers le sport, au développement, à la paix et à la construction d’un monde plus uni. Telle est la mission de Sportmeet for a United World, expression dans le monde du sport de ce renouveau spirituel et social que le mouvement des Focolari veut contribuer à mettre en œuvre. Représentée aux Nations Unies par New Humanity, une ONG accréditée auprès de l’UNESCO, cette réalité a célébré son 20ème anniversaire il y a un mois à São Sebastião, au Brésil, où s’est tenu le 10ème Congrès international de Sportmeet pour un Monde Uni. Federica Comazzi, présidente et coordinatrice internationale, nous en parle. Federica, qui a participé à cette réunion et comment les activités ont-elles été réparties ? Quels étaient les objectifs et les thèmes abordés ? Le congrès a été construit en collaboration avec Ecoone, le MPpU (Mouvement Politique pour l’Unité) et la municipalité de São Sebastião (Brésil) qui, par l’intermédiaire du département des sports, a mis à disposition le théâtre municipal, le logement et le transport. En collaborant avec Ecoone et MPpU, Sportmeet s’est senti soutenu : le programme a été enrichi par leurs apports, ils se sont occupées des relations avec les autorités politiques et académiques et ont offert une contribution importante dans la rédaction du manifeste final signé à la fin de l’événement. L’objectif était de lancer un processus de refonte du sport dans une perspective socio-environnementale, à partir d’une réflexion sur les ombres et les lumières du sport contemporain, éclairée par un principe commun à différents peuples de différentes parties du monde : le Bien Vivre (Teko Porã en guarani, la langue des peuples indigènes présents sur le territoire de São Sebastião et dans d’autres parties de l’Amérique du Sud). Le congrès a réuni une centaine de personnes issues de huit institutions actives dans les domaines de l’éducation, du traitement des addictions et de la promotion sociale dans les banlieues des grandes métropoles et villes du Brésil, d’Argentine et de Colombie. Le programme s’est articulé autour de la présentation de plusieurs communications. Les après-midis étaient consacrés à des activités pratiques et à une étude approfondie de la culture locale. “Le sport, qui contribue à construire la fraternité entre les hommes, peut-il aussi contribuer à améliorer l’existence humaine d’un point de vue socio-environnemental ?” C’est l’une des questions qui a été au cœur du congrès. Après avoir observé la nature et la réalité locale au Brésil, quelle a été la réponse apportée ? Il est apparu clairement que la lutte contre la pauvreté ainsi qu’un nouveau paradigme économique (ne reposant pas exclusivement sur les paramètres quantitatifs de la croissance) s’imposent non seulement par nécessité, mais aussi comme une urgence. Dans ce contexte, il est apparu très clairement que le jeu et le sport constituent une force irremplaçable avec un potentiel énorme en termes de promotion humaine et de diffusion d’une culture de partage des ressources, éléments de base d’une écologie intégrale qui peut sauver l’humanité des désastres environnementaux. La définition du Bien Vivre nous aide à comprendre comment la fraternité universelle et le respect de la nature sont liés. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un principe fermé et bien défini, puisqu’il s’enrichit du regard de tant de peuples de la terre, le Bien Vivre se définit à partir d’une triple harmonie : avec soi-même, avec les autres et avec la nature. Le sport d’aujourd’hui, le sport officiel promu par le Mouvement olympique, a trop souvent une approche basée sur l’exploitation des ressources naturelles et humaines dans un seul but : l’argent. Il y a un déséquilibre entre ces harmonies et il est clair que ce manque a conduit ce grand contenant à se vider de ses valeurs. Il est nécessaire de retrouver le sens du jeu, tel qu’il a été conçu avant le Mouvement Olympique lui-même et expérimenté dans les communautés indigènes. Il porte en lui une valeur symbolique plus profonde qui nous conduit à une meilleure compréhension de ce que nous sommes. Il est nécessaire de repenser le jeu et le sport qui n’aient pas pour objectif premier l’intérêt de l’individu et n’exploitent donc pas les ressources, mais permettent la rencontre entre les hommes, la nature et les âmes. En célébrant ces 20 ans de parcours de Sportmeet, quels sont vos espoirs pour l’avenir ? L’expérience du Brésil, première rencontre internationale après la pandémie, a mis en évidence et confirmé deux aspects de la mission de Sportmeet. Tout d’abord, la dimension académique, à réaliser avec un noyau de professeurs de différentes universités et institutions dispersées sur les différents continents qui ont trouvé une résonance dans les valeurs et les expériences de Sportmeet par rapport à leur travail. Deuxièmement et conjointement à cette première orientation, une sphère d’action visant à un changement socioculturel dans le sport et par le sport : il s’agit de mettre en réseau les personnes des différentes organisations qui ont exprimé l’intérêt et l’utilité d’un espace commun, également pour échapper au risque d’isolement autoréférentiel. L’histoire de Sportmeet a mis en évidence un élément fondamental : la culture et la vie doivent aller de pair et peuvent s’enrichir et se nourrir mutuellement.

                                                                                                                                                          Maria Grazia Berretta

https://youtu.be/NtwiaVAYPdY

Cours de Formation sur la Synodalité : appelés à une mission

Cours de Formation sur la Synodalité : appelés à une mission

Une nouvelle étape pour le Cours de Formation à la Synodalité lancé en 2022 par le Centre Evangelii Gaudium (CEG), centre de formation au sein de l’Institut Universitaire Sophia (Loppiano – Italie) en synergie avec le Secrétariat général du Synode. Se former à la synodalité afin d’être des « disciples-missionnaires » au service de la fraternité universelle. C’est l’objet de la deuxième année du Cours de Formation à la Synodalité, cours inauguré le 12 septembre 2023 pour l’année 2023/2024 : https://www.youtube.com/watch?v=v0set08JiKY Lancé par le Centre « Evangelii Gaudium » (CEG), centre de formation théologique et pastorale au sein de l’Institut universitaire Sophia de Loppiano (Italie), avec la précieuse collaboration du Secrétariat général du Synode, le cours débutera le 6 novembre 2023. Pour en savoir plus, nous avons interviewé le professeur Vincenzo Di Pilato, professeur de théologie fondamentale à la Faculté de théologie des Pouilles en Italie et coordinateur du CEG. Professeur Di Pilato, quelle a été l’expérience de l’année dernière et quels fruits avez-vous récoltés ? La première année du cours en ligne sur la synodalité, qui s’est achevée en mai dernier, a été très riche et, je dirais, passionnante. Les 248 participants venaient du monde anglophone (Royaume-Uni, Irlande, États-Unis, Canada), d’Amérique latine (Brésil et presque tous les pays hispanophones), d’Asie (Singapour, Malaisie, Philippines, Corée, Inde), d’Afrique (Cameroun, Afrique du Sud, Nigeria, Congo, Kenya, Burundi) et de presque tous les pays européens. De nombreux représentants d’églises diocésaines ou nationales, engagés dans le processus synodal, y compris des prêtres, des religieuses et de nombreux laïcs, femmes et hommes. La majorité était composée de catholiques de toutes vocations : prêtres, religieuses, consacrés, laïcs, et même un évêque, mais aussi d’autres Églises sœurs. Bien que les vidéos et les textes des conférences aient été disponibles sur une plateforme web (surtout pour ceux qui ne pouvaient pas suivre à cause de l’inconfortable décalage horaire), des étudiants d’Asie se sont connectés en direct, à trois heures du matin (heure locale). C’était une expérience très forte. A la fin du Cours, au Centre de Spiritualité « Vinea mea » de Loppiano (Italie), nous avons vécu en juin, avec 130 d’entre eux, le quatrième et dernier module sous forme d’ateliers présentiels, en reprenant certains thèmes : cléricalisme, processus participatifs et discernement communautaire. Il est désormais clair que le Cours, qui s’ouvrira pour la deuxième année consécutive, représente une tentative de répondre, avec d’autres dans le monde entier, à l’appel que l’Esprit Saint, depuis les jours de la première Pentecôte, nous stimule à ‘sortir’ et que nous voulons encourager en pleine communion avec le Pape. Parmi les nombreuses lettres reçues, je rapporte celle d’une responsable diocésaine du chemin synodal en Malaisie : « Merci beaucoup pour les merveilleuses sessions. Je suis vraiment reconnaissante d’avoir eu l’occasion d’apprendre tant de choses sur les origines de l’Église synodale et sur la synodalité.  Cela m’a vraiment ouvert les yeux sur la grande sagesse et les perspectives offertes par l’Esprit Saint qui guide l’Église. Honnêtement, en écoutant les sessions du premier module, je me suis sentie tellement pauvre, mais en même temps enrichie. Et c’est la raison pour laquelle je m’inscrirai au prochain module ». Quels seront les thèmes abordés dans ce nouveau parcours ? Tout d’abord, nous essaierons d’être en phase avec ce qui sortira de l’Assemblée synodale d’octobre prochain. Nous regarderons le texte de base (Instrumentum laboris) sur lequel les membres de l’Assemblée Générale Ordinaire du Synode d’octobre travailleront au Vatican et qui a recueilli les fruits du discernement communautaire de la phase d’écoute qui a commencé par la consultation du peuple de Dieu au niveau local, national et continental. Nous nous sommes rendu compte que certaines questions semblaient plus urgentes que d’autres. Par exemple : le fait d’exercer un ministère, les lieux et la méthode de participation, la formation pour devenir des « disciples-missionnaires » au service de la fraternité universelle. Chaque leçon de 3 heures se déroulera via le web tous les lundis de 18h à 21h entre novembre 2023 et mai 2024. Le cours sera donné en italien et traduit en anglais, portugais et espagnol. Cette année également, nous conclurons par une réunion résidentielle en présence, ici en Italie, sous forme d’atelier. Les inscriptions sont ouvertes sur ce lien : https://www.sophiauniversity.org/it/centro-evangelii-gaudium/. Le soutien actif reçu de la part du Secrétariat Général du Synode au cours de ces deux années nous encourage à aller de l’avant en étant des bâtisseurs d’unité dans l’Église et dans le monde, selon cette forme synodale avec laquelle Jésus a vécu son existence humaine et divine avec les Apôtres et avec tous ses disciples. Le fait de ‘sortir’  auquel l’Esprit Saint nous exhorte, par la voix limpide du Pape François, n’est pas, en fait, la même chose que se disperser, se fragmenter, mais c’est élargir notre intériorité individuelle sur celle de Jésus Abandonné et Ressuscité qui embrasse tout, toutes et tous. Comme le dit le titre du Document de travail pour l’étape continentale du Synode, il s’agit d’  « élargir l’espace de sa tente » (cf. Is 54,2).

Publié par Città Nuova, le livre « Synodalité et Participation. Le sujet ecclésial de la mission », édité par vous, qui comprend des contributions d’illustres personnalités du monde ecclésiastique et théologique. Quel est l’apport de ce texte à la lumière des documents recueillis jusqu’à présent au cours des différentes étapes du Parcours Synodal et aux portes de la nouvelle étape universelle ?

Le livre rassemble les interventions d’un séminaire de recherche promu par le CEG, qui s’est tenu le 24 juin 2023 au Centre de spiritualité « Vinea mea » de Loppiano (Italie) et intitulé : « Participer/Présider/Décider. Racines sacramentelles et dynamiques de communion dans le cheminement du Peuple de Dieu en mission ». Il a vu la participation de plus de trente chercheurs, dont des théologiens et des canonistes, engagés à répondre à l’invitation – présente dans l’Instrumentum laboris – à rééquilibrer la relation entre deux principes ecclésiologiques fondamentaux : celui de l’  « autorité », fortement affirmé dans l’actuel Code de droit canonique, et celui de la « participation », que l’actuel Synode relance en tant que pratique ordinaire dans la vie de l’Église. Comment donc rendre effective – avons-nous demandé aux experts présents au Séminaire – cette participation active de chaque membre du peuple de Dieu (fidèles et pasteurs) à nos assemblées ? Restera-t-elle seulement consultative ? Ou bien sera-t-elle aussi délibérative ? S’agira-t-il de négocier une « concession » juridique ou plutôt de « reconnaître » la capacité de décision du sujet collectif de l’action ecclésiale telle qu’elle émerge de l’ecclésiologie du Concile Vatican II ? Faudra-t-il donc mettre à jour le Code de droit canonique ? Comme l’a souligné le Card. Mario Grech, Secrétaire général du Synode, le chemin synodal est entré dans une nouvelle phase : il est appelé à devenir une dynamique génératrice et à ne pas se réduire à un simple moment solennel et transitoire de célébration. En effet, comment l’Église peut-elle se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint sans se mettre à l’écoute de tout le peuple saint de Dieu ? La réponse à cette question a un impact sur la pratique pastorale (pensez aux divers conseils paroissiaux et diocésains, etc.) et sur la formation, ainsi que sur la théologie et le droit canonique – comme l’a clairement souligné le card. Francesco Coccopalmerio, Severino Dianich, Alphonse Borras et le P. Coda dans leurs denses interventions contenues dans le livre récemment publié (https://edizionicittanuova.it/prodotto/sinodalita-e-partecipazione/).

Maria Grazia Berretta

Évangile vécu : « Tous les jours je te bénirai et je louerai ton nom à tout jamais » (Ps 145, 2)

Faisons de notre vie une louange continuelle à Dieu en reconnaissant son amour et la grandeur de ses œuvres dans notre vie. C’est à cela que nous invite ce Psaume. C’est aussi le fondement de toute prière, notamment lorsque, en aimant les frères et les sœurs que nous rencontrons, nous comprenons la plénitude de la gratitude. Une aide concrète pour les proches et les lointains La guerre en Ukraine semait également l’appréhension et la peur parmi nous. En réponse à ce tourbillon maléfique, au fur et à mesure que l’hiver dernier avançait, nous nous sommes engagés, avec des amis de la paroisse, à nous procurer des vêtements chauds, des générateurs et des torches à envoyer à nos voisins en Ukraine pour pallier leur manque d’électricité. Mais de fil en aiguille, nous avons étendu cette action de solidarité aux pauvres de notre ville. Nous ne les avions pas perçus et cette partie de la société est apparue à nos yeux, à laquelle nous n’avions pas prêté suffisamment d’attention auparavant. Quelqu’un nous a fait remarquer qu’il avait fallu la guerre en Ukraine pour nous ouvrir les yeux. Aujourd’hui, en plus de poursuivre les collectes pour les victimes de la guerre, nos bras s’activent pour ces proches voisins qui sont dans le besoin. (J.M. – Hongrie) Un espoir Dans la salle d’attente de la gare routière, je remarque une jeune femme belle et élégante mais son visage porte les signes d’une profonde souffrance. Nous montons dans le même bus. Au guichet de la gare, nous prenons le billet pour la même destination. En nous dirigeant vers le quai, je lui adresse quelques phrases. Malheureusement, notre train venait de partir et nous avions deux heures d’attente devant nous. Je lui propose de nous asseoir dans la salle d’attente. Voyant son visage toujours tendu, je mets de côté mes problèmes et ma fatigue et je décide de l’écouter. Elle me raconte les difficultés qu’elle vit depuis des mois et je me surprends à revivre un drame que j’ai vécu. Je lui en parle. Plus tard, pendant le trajet, la discussion devient si intense que nous ne nous rendons pas compte que nous sommes arrivés à destination. J’essaie de lui dire au revoir, mais elle veut m’accompagner jusqu’à l’endroit où je dois me rendre pour ne pas interrompre la conversation. Maintenant, son visage est détendu, son fardeau est allégé. C’est l’heure des adieux. Je ne la reverrai peut-être jamais, mais je suis sûre que l’espoir l’anime. (R.A. – Angleterre) On vit de sourires Il est gratifiant pour moi, qui suis médecin en soins palliatifs, d’être accueillie le matin par le sourire et les traits détendus d’une personne qui, la veille, craignait de passer la nuit à cause de la douleur : oui, tout s’est bien déroulé et je me sens mieux. Ce n’était pas gagné : les opiacés sont encore des médicaments redoutés car ils sont peu connus, et un dialogue médecin-patient ouvert est nécessaire. J’observe la posture d’une autre patiente, dont les mimiques se réduisent à des hochements de tête. « Madame, vous avez mal ? » La fermeture des paupières est un assentiment et je me demande : comment ne l’ai-je pas remarqué plus tôt ? Le traitement que je lui propose est accepté, son expression recroquevillée se détend, ses yeux sourient. En affrontant chaque jour mes limites, il m’arrive de ne pas toujours sourire. Dans ces moments-là, un collègue, un membre de la famille, un soignant, joue le rôle de « miroir » et m’aide à me regarder en face. J’ai besoin d’une bonne dose d’humilité pour apprendre à m’accepter. Mais ensuite, je souris de ce que je suis et, une fois le nuage passé, je vois la possibilité de recommencer à aimer. (Paola – Italie)

Aux soins de Maria Grazia Berretta

(tiré de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, anno IX – n.1° settembre-ottobre 2023)

Livia Groff Goller : rencontrer Jésus en chacun

Livia Groff Goller : rencontrer Jésus en chacun

Le 8 août 2023, à l’âge de 99 ans, Livia Groff, veuve Goller, focolarine mariée de Trente (Italie), de la première communauté des Focolari née autour de Chiara Lubich, est retournée à la maison du Père. Nous nous souvenons d’elle à travers un court extrait dans lequel elle nous dit ce qu’a été pour elle la véritable conversion.  “Si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle” (2 Co 5, 17). C’est cette phrase du Nouveau Testament que Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, a donnée comme Parole de vie à Livia Groff, veuve Goller, qui, à l’âge de 99 ans, le 8 août dernier, a achevé son voyage sur cette terre. Née le 25 mai 1924, troisième d’une famille de sept sœurs, elle commence à travailler comme vendeuse à Trente et, à l’âge de 21 ans, invitée par une amie, Doriana Zamboni, l’une des premières compagnes de Chiara Lubich, elle la rencontre et se joint au groupe de jeunes filles qui l’entourent : elles prennent très au sérieux les phrases de l’Évangile, les mettent en pratique et partagent les fruits de cette vie nouvelle. Pour Livia, cette rencontre est un véritable coup de foudre. La découverte de l’amour de Dieu et de Jésus présent dans chaque prochain sera l’étoile polaire de sa vie et le guide sûr d’un voyage constamment partagé avec son mari, Olivo Goller, et ses enfants, Diego, Maria Elena et Andrea. Elle a témoigné d’une grande force et d’une grande proximité envers son prochain et affronté les différentes épreuves que la vie lui réservait, soutenue par sa foi en Dieu et en son amour. Pendant 37 ans, elle s’est occupée de son mari Olivo qui, à la suite d’un inexplicable accident de voiture, est devenu paralysé des jambes, sans pouvoir marcher durant tout le reste de sa vie. Une autre grande épreuve l’attend à l’âge de 61 ans, lorsque sa fille Maria Elena meurt subitement d’une crise cardiaque à l’âge de 33 ans, à Predazzo, près de Trente, où elle enseigne. Avec beaucoup de courage et de concret, Livia a toujours essayé de mettre Jésus au cœur de chacune de ses relations et, avec une extrême gentillesse, elle a su prendre soin de tous ceux qu’elle rencontrait sur son chemin, accompagnant ses fils Diego et Andrea, tous deux focolarini, dans leur choix de vie ; en tant que ministre extraordinaire de l’Eucharistie, elle a suivi les malades, comme elle l’avait fait avec son mari ; invitant de nombreuses personnes à prier. Une beauté que beaucoup reconnaissaient en elle, incarnée, qui allait au-delà des apparences, mais qui cachait en elle un secret : regarder l’amour de Jésus en croix qui crie son abandon, le reconnaître dans les épreuves de la vie et l’accueillir sans hésitation. Nous partageons ci-dessous un court extrait d’une interview de Livia Groff à Trente, datée du 13 décembre 2011, dans laquelle elle raconte sa première rencontre avec Chiara Lubich et le début d’un voyage qui a changé sa vie. Voir la vidéo (activer les sous-titres en français) https://youtu.be/vmFJ5v15rLg

Temps pour la Création 2023 : un fleuve de justice et de paix

Le Temps pour la Création est une période pendant laquelle les chrétiens du monde entier se rassemblent dans la prière et l’action pour prendre soin de la maison commune. Un temps de grâce que les Églises chrétiennes indiquent à tous pour renouveler leur relation avec le Créateur et la création, par la méditation, la conversion et l’engagement communautaire. Cette période, qui s’ouvre le 1er septembre de chaque année par une célébration œcuménique à l’occasion de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, se termine le 4 octobre, jour de la fête de saint François d’Assise, le saint patron de l’écologie aimé par de nombreuses confessions chrétiennes. Le thème choisi pour cette année 2023 est « Que se répandent  la justice et la paix » et s’inspire des paroles du prophète Amos : « Mais que le droit coule comme l’eau, et la justice comme un torrent qui jamais ne tarit (Amos 5:24) ».  L’espérance est donc que, comme un « fleuve puissant », ces deux éléments, la justice et la paix, puissent inonder notre planète de bien-être et de beauté. C’est certainement un défi qui nous mobilise, auquel chacun d’entre nous, en tant que membre du peuple de Dieu, est appelé à répondre en s’engageant, en première ligne et à sa petite échelle, à construire des ponts de dialogue, pour la justice climatique et écologique, en écoutant les communautés les plus touchées par la perte de la biodiversité. De nombreuses activités et initiatives ont été lancées dans le monde entier en préparation de la journée d’ouverture, comme celle promue par le mouvement Laudato Sì, invitant à prier pour la justice climatique et à partager cette prière avec tous les négociateurs et dirigeants politiques à la COP28 (https://laudatosimovement.org/it/prega-con-noi-per-la-giustizia-climatica/ ). Pour participer à la Rencontre de prière œcuménique du 1er septembre, vous pouvez vous inscrire et vous connecter via le lien suivant : https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_s6x- _ULjRZWRyzUYGNAhAg#/registration. Pour plus d’informations, consultez le site https://seasonofcreation.org/it/. https://youtu.be/lqm1D74fsuw?si=t0tPAWcHgh12kZti  

Gen Verde : un voyage de rencontre en terre lusitanienne

Gen Verde : un voyage de rencontre en terre lusitanienne

Deux semaines intenses de tournée pour le Gen Verde au Portugal qui, de fin juillet à début août 2023, du nord au sud du pays, entre ateliers artistiques et concerts, avec l’aide de nombreux jeunes, a eu l’occasion de transformer la musique en instrument de témoignage et de rencontre avec l’autre. Parties de Braga (Portugal), elles se sont ensuite dirigées vers le sud du pays, en Algarve, pour terminer leur périple à Lisbonne, dans l’ambiance festive et enivrante d’une Journée mondiale de la jeunesse dont le beau souvenir est encore dans toutes les mémoires. Tel est l’itinéraire que le Gen Verde International Performing Arts Group, groupe musical féminin né en 1966 de l’inspiration de Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, a emprunté du 23 juillet au 4 août. Une tournée intense placée sous le signe de la rencontre et de l’amitié et au cours de laquelle, après avoir semé des paroles et des notes, a récolté beaucoup de choses en termes d’expérience vécue. Un exemple en est le Start Now Workshop Project, un projet musical et artistique d’éducation à la paix et au dialogue réalisé par le Gen Verde, qui a bénéficié, à Braga, de la participation d’un merveilleux groupe de jeunes espagnols et portugais et de la collaboration spéciale du Projeto Homem Braga, spécialisé dans le traitement, la prévention, la réduction des risques et la réinsertion des personnes souffrant d’addictions. « Nous avons généralement un peu d’appréhension lorsque nous invitons des personnes extérieures à rencontrer les personnes de notre centre », déclare l’un des éducateurs du bureau du Projeto Homem Braga après la rencontre avec les artistes, « parce que nous ne voulons pas perturber leur processus de rétablissement. Aujourd’hui, nous vous remercions d’avoir donné tant de joie à nous tous ». « Nous avons découvert que la musique, la danse et l’art peuvent vraiment nous aider à surmonter de nombreuses barrières, telles que la langue et la culture », explique un jeune Espagnol qui a participé à l’atelier. Il est parfois difficile de ramer dans la même direction, il faut de la patience parce que nous n’allons pas tous au même rythme, mais une chose que nous emportons avec nous, c’est la joie qui se transmet, au-delà des difficultés. L’amour nous fait surmonter tous les conflits ». Au son de Girl On A Mission (Magnificat), la chanson composée par le Gen Verde pour les JMJ de Lisbonne, le groupe s’est rendu à Faro (Algarve- Portugal) où il a participé aux Journées dans les diocèses précédant les JMJ, conclues par un concert dans le Stade Algarve le 31 juillet ; Le voyage s’est poursuivi dans la capitale portugaise pour une nouvelle édition de « Start Now » à laquelle ont participé une centaine de jeunes et qui s’est terminée le 2 août par une représentation avec les artistes sur la scène de l’Auditório da Faculdade de Medicina Dentária à Lisbonne, qui était bondée de spectateurs : « C’était très gratifiant de participer à une activité comme celle-ci », dit une jeune fille portugaise, « parce que nous pouvons apprendre des choses et connaître d’autres personnes . Nous avons compris qu’il est important à la fois de dire ce que l’on pense et, lorsque c’est nécessaire, d’être capable de perdre telle ou telle idée dans le cadre d’un travail d’équipe. Le mot qui résume tout ce que nous avons appris, c’est l’humilité, c’est-à-dire donner à l’autre la possibilité de s’exprimer ». Apprendre à surmonter des défis tels que – dit une autre fille – « savoir écouter, saisir les idées des autres, apprendre à interagir ; laisser tomber la timidité et créer quelque chose de beau, mais ensemble ». Marita Alvarez (Argentine), chanteuse du Gen Verde, nous raconte : « Nous avons trouvé tellement de jeunes dans tant de pays qui ont participé à nos ateliers artistiques au fil des ans, et nous avons donc réalisé à quel point ces relations étaient profondes, vraies et durables. De la Slovaquie, la Pologne, l’Ukraine, à l’Espagne, l’Autriche, l’Allemagne et l’Italie, pour n’en citer que quelques-uns, nous avons vu ces jeunes devenir les leaders de leurs communautés, engagés et prêts à multiplier la joie à travers le ‘’Magnificat anima mea ‘’ que Dieu a fait dans leurs vies ».

En plein JMJ, Lisbonne se colore de jeunes et devient une occasion unique de témoigner et, en même temps, d’expérimenter la vivacité d’une Église pèlerine qui, de toutes les parties du monde, nous appelle par notre nom. C’est dans cet esprit de famille que le Gen Verde a participé à la deuxième journée de catéchèse ‘’Rise Up’’ organisée par les Focolari, où il a chanté et animé la messe avec plus de 7000 jeunes, et qu’il a conclu son voyage au Portugal par un concert, le 4 août, à l’Alameda Dom Afonso Henriques, à l’issue du Festival Halleluya : « J’ai été très impressionné par l’unité entre les jeunes et l’Église, et par le fait qu’il y ait une grande diversité de cultures et de cultures. « J’ai été très impressionné par l’unité qui régnait entre eux », a déclaré Jesús Morán, coprésident du mouvement des Focolari, « et les jeunes étaient super heureux, ils étaient tous impliqués dans le rythme, dans la musique, mais aussi dans les moments de profondeur, qui ne manquent pas dans les chants, et les jeunes savaient aussi se recueillir . En pensant au chemin de croix, c’était comme la ‘’quinzième station’’, qui n’existe pas mais qui, comme tout le monde le dit et l’imagine, est le signe de la Résurrection. Cela a été un chant à la Résurrection, à la joie. Je crois que c’est la bonne façon de communiquer l’Évangile dans le langage musical que les jeunes aiment tant ».

Maria Grazia Berretta

En voyage de noces aux JMJ

En voyage de noces aux JMJ

Benoît et Chloé Mondou, jeunes mariés français, ont choisi de commencer leur chemin conjugal en participant ensemble aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne (Portugal).

 « Au départ, nous voulions faire un tour d’Europe pour notre lune de miel, mais quand l’opportunité de participer aux JMJ s’est présentée, on n’a pas hésité une seule seconde !” Benoît et Chloé Mondou se sont mariés en Haute Savoie (France), une semaine avant les JMJ de Lisbonne (Portugal). Lui, âgé de 24 ans, et elle, de 22 ans, se sont rencontrés il y a sept ans dans un groupe de scouts dans lequel ils sont très actifs, et dont aujourd’hui ils sont guides bénévoles. Benoît connaît la spiritualité des Focolari depuis l’enfance et, à travers lui, Chloé a commencé à la vivre. Et c’est avec un groupe francophone de jeunes du Mouvement, venant de France, de Belgique et de Suisse, qu’ils sont partis pour Lisbonne. “Nous n’avons pas abandonné l’idée de notre voyage en Europe – expliquent-ils – mais nous avons estimé qu’aller aux JMJ était une opportunité vraiment importante. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que cela a marqué une étape significative dans notre mariage.”

Benoît et Chloé participent également à un projet social dans leur ville, dans le cadre duquel ils rendent visite à des personnes dans des EPHAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). « Nous avons la chance d’avoir été élevés dans la même foi – explique Chloé – mais nous avons aussi la chance d’être heureux en priant ensemble. Par conséquent, la participation aux JMJ a donné une dimension encore plus profonde à la foi que nous partageons. » « Nous étions souvent séparées, puis nous nous retrouvions pour la louange ou l’adoration, ce qui nous permettait de prier ensemble ». « Et c’était très fort. – confie Benoît – parce que dans la vie de tous les jours, on n’a pas l’occasion de prier vraiment ensemble. A Lisbonne, prendre du temps ensemble, même en groupe, c’était fort. Personnellement, je pense que c’est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie. Et en couple, c’est encore mieux. »

Ils ont vécu des moments fondamentaux avec le pape François. « Pour moi, la chose la plus importante que le Pape a dite – explique Chloé – c’est quand il a rappelé que nous sommes tous aimés tels que nous sommes, car parfois, au sein d’un groupe, on peut avoir tendance à ajuster sa personnalité pour paraître, pour être accepté. Mais dans des contextes comme celui-ci, on réalise que c’est ainsi que nous vivons les uns avec les autres, c’est ainsi que nous sommes authentiques et c’est ainsi que Dieu nous aime le plus. » « Les paroles du Pape – poursuit Benoît – m’invitent à relever un défi qui me tient à cœur : essayer d’être comme Jésus. Il a encouragé le million et demi de jeunes présents à Lisbonne à rentrer dans leurs pays respectifs avec la mission de partager la bonne nouvelle, d’aider les autres et de les faire progresser avec la parole du Christ. » « Aux JMJ – raconte Chloé – j’ai découvert une nouvelle façon de pouvoir vivre ma foi. Je me suis rendu compte qu’il y a plein de manières différentes de pratiquer la foi, et peu importe si quelqu’un choisit de chanter dans la rue tandis qu’un autre préfère rester seul au fond d’une église. Dans une famille, chacun doit trouver sa place et sa propre manière de prier. » « Nous avons quitté le Portugal avec une foi renforcée. – Benoît conclut – Cette expérience a amplifié notre désir, déjà présent, d’élever nos enfants dans la foi et de les éduquer selon l’Évangile. Après notre mariage religieux, nous avions besoin de ces JMJ, de ce pèlerinage, de moments de recueillement et de prière. Cela nous a fait beaucoup de bien »

Anna Lisa Innocenti

Braga, Portugal : Évêques à l’enseigne de la “mystique du nous”

Braga, Portugal : Évêques à l’enseigne de la “mystique du nous”

Après la Journée Mondiale des Jeunes de Lisbonne s’est tenu, du 8 au 10 août, à Braga, au nord du Portugal, le Congrès international des évêques amis du Mouvement des Focolari. Sur l’onde des Journées Mondiales de la Jeunesse qui a déferlé sur Lisbonne, 87 évêques de 42 pays se sont arrêtés au Portugal, pour réfléchir sur « La mystique de la rencontre – Contemplation et mission dans un changement d’époque », à la rencontre organisée par les évêques amis du Mouvement des Focolari. Le 7 août, en route vers Braga, le première étape ne pouvait être que le sanctuaire de Notre-Dame de Fatima, précisément le jour de la fête des deux saints petits bergers, Francesco et Jacinta. Conscients des changements d’époque qui exigent une réponse adéquate aussi de la part de l’Église, à partir du 8 août et pendant trois jours, les évêques ont voulu réfléchir et mettre en pratique la « mystique du nous », comme réponse à la nouvelle étape de témoignage et d’annonce de l’Évangile à laquelle l’Esprit Saint appelle aujourd’hui l’Église. Dans cette intention, ils ont repris les propos du pape François lors de sa visite à Loppiano, cité-pilote du Mouvement, en mai 2018, où il avait affirmé que le charisme de l’unité, donné par Dieu à Chiara Lubich, est un « stimulant providentiel et une aide puissante pour vivre la mystique évangélique du “nous”. » Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari et Jesús Morán, Coprésident, présents à toute la rencontre, ont apporté leur contribution. Margaret a invité les évêques à « partir de l’unité pour être et parler aujourd’hui ». L’unité est la vie de Dieu, a-t-elle rappelé, et nous qui voulons l’imiter sommes invités à la vivre avec le devoir de l’annoncer avec courage. La communion en salle qui a suivi a souligné la foi renouvelée dans l’importance de rechercher l’unité, dans l’Église et dans le monde. Par la suite, les échanges dans les différents groupes linguistiques ont permis d’approfondir le sujet. On peut dire que chaque journée, avec ses contenus variés, a contribué à faire expérimenter la « mystique du nous » : l’échange avec un groupe de jeunes qui ont participé aux JMJ ; les témoignages des évêques sur le parcours synodal ; la rencontre avec la souffrance et l’actualité des Églises particulières. Approfondissements À quelques mois de l’Assemblée synodale d’octobre prochain, le cardinal Mario Grech, secrétaire du Synode et le professeur Piero Coda, membre du groupe théologique du Synode, relié par zoom, ont apporté leur contribution. Le Synode a pour but de nous faire redécouvrir l’unité dans l’unique baptême, de nous entrainer à vivre ensemble malgré les différences, et de nous apprendre à habiter les tensions dans lesquelles nous nous trouvons inévitablement. Une table ronde visant à proposer quelques réponses aux problématiques vécues dans l’Église et les sociétés aujourd’hui a suscité de l’intérêt et de nombreuses questions : le Père Fabio Ciardi, OMI, a souligné la richesse des charismes dans l’Église d’hier et d’aujourd’hui ; Francesca Di Giovanni, ex sous-secrétaire d’État du Vatican, a parlé de la place de la femme dans l’Église, qui ne doit pas être valorisée seulement pour le “rôle” qu’elle doit occuper, mais considérée pour le “don” qu’elle est pour l’Église. Les époux Rosinha et Amândio Cruz, engagés dans les structures de l’archidiocèse de Braga, ont ensuite présenté quelques dynamiques – soutenues par les familles – pour le renouvellement de l’Église et l’évangélisation. Le dernier jour, le P. Fabio Ciardi, a introduit un thème sur les “plaies” de l’Église aujourd’hui, en présentant la lumière que Chiara Lubich a trouvée dans la découverte-révélation de Jésus abandonné qui prend sur lui chaque division et génère la réconciliation, base de la « mystique du nous ». Les moments de détente et d’enrichissement culturel n’ont pas manqué, comme par exemple, la visite au Sanctuaire Bom Jesus do Monte, situé à proximité, où le card. Francis Kriengsak, archevêque de Bangkok, a présidé la célébration eucharistique. Puis, face à un coucher de soleil impressionnant. un dîner offert par la communauté locale des Focolari, aux saveurs typiques, suivi par d’entrainantes danses traditionnelles. À la conclusion de la rencontre, lors de la Messe présidée par le card. Lazarus You, Préfet du Dicastère pour le Clergé, les évêques ont renouvelé leur engagement à mettre en pratique le Commandement de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12).

Carlos Mana

“Courage, n’ayez pas peur !”

“Courage, n’ayez pas peur !”

C’est par ces derniers mots que le pape François a salué les jeunes et tous les participants lors de la messe de clôture des JMJ 2023.

Il est difficile de décrire ce que nous avons vécu pendant ces jours de grâce inoubliables. Je sais que c’est un cliché de dire, dans ces cas-là, qu’il faut le vivre pour le comprendre. Mais c’est vrai ! C’est certainement vrai en cette occasion. J’ai participé à quatre JMJ, les deux premières et les deux dernières, et je peux témoigner qu’il y a quelque chose d’inexplicable autour de ces journées. Un célèbre personnage public portugais, agnostique et cinéphile, a écrit dans un article de journal que ce qu’il contemplait dans les rues de Lisbonne en cet été caniculaire était le plus beau film qu’il ait jamais vu.

Il était impossible de ne pas être contaminé par la gaieté et la vivacité que les jeunes venus dans la « ville de la lumière » – et qui la remplissaient avec l’autre lumière qu’ils portaient en eux – déversaient à torrents : dans les quartiers, dans les centres commerciaux, dans le métro, dans les bus, dans les bars, dans les espaces verts ou sur le béton, en petits groupes ou en grands flots humains multicolores, bruyants, bavards, multi-charismatiques, d’une sympathie qui réchauffait le cœur. En me promenant parmi eux, j’ai vu les habitants de la ville, entre perplexité et curiosité. Si Lisbonne, avec sa beauté magique et indescriptible, a été un cadeau pour ces jeunes, ceux-ci ne l’ont pas été moins pour cette ville, qui sera fière d’avoir vu un million et demi de jeunes se réunir pour célébrer leur foi dans le Christ, ce qui est tout à fait inédit.

Extraordinaire le travail accompli par l’Église portugaise de même que par le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, organisateurs de l’événement. Tout comme la ville et ses autorités civiles. Mais il ne fait aucun doute que la couronne de laurier est revenue aux jeunes. Mais qui aurait pu l’imaginer après trois années de grave pandémie et au milieu d’une crise institutionnelle comme celle que traverse l’Église catholique en raison d’abus de toutes sortes ! Si aujourd’hui la presse espagnole a mis en avant le cas d’une jeune fille à 5 % de capacité visuelle qui affirme avoir retrouvé la vue ces derniers jours, pour moi le vrai miracle a été la foi vivante de ces jeunes, exprimée dans leur langage typique et avec une multitude de gestes audacieux et déconcertants.

En effet, s’ils ont fait preuve d’un enthousiasme débordant en chantant et en dansant, le moment le plus emblématique – d’ailleurs la véritable pièce maîtresse de cette journée – a été une fois de plus l’adoration eucharistique de la veillée : plus d’un million de personnes se sont agenouillées sans que personne ne le leur dise pour adorer dans un silence « assourdissant » Celui qu’ils considèrent comme le « cœur du monde » ! Impossible de ne pas être ému. Et à ce moment-là, le fado que nous a offert la chanteuse Carminho nous a donné la chair de poule : « Tu es l’étoile qui guide mon cœur/ Tu es l’étoile qui a éclairé mon chemin/ Tu es le signe qui guide mon chemin/ Tu es l’étoile et je suis le pèlerin. » Et l’on se demande quelle force d’attraction peut exercer un petit morceau d’hostie sur une telle foule de jeunes répartis sur un terrain de plus de 3 km de long (100 terrains de football).

On pourrait penser que les jeunes qui se sont rassemblés à Lisbonne sont des gens bien, avec une vie ordonnée, des jeunes bien élevés, qui ne s’encombrent pas des problèmes des autres. Rien n’est plus faux. Un groupe international a travaillé dur pendant des années pour créer un tableau artistique d’une beauté extraordinaire et d’une grande efficacité visuelle, sur une scène monumentale, une sorte d’échafaudage géant sur lequel ils ont défilé tels des mimes aériens, se laissant tomber attachés à des cordes et portant la croix d’un côté à l’autre, de haut en bas. La sensation de vertige était continue, et le choix de ce geste n’était pas fortuit : à chaque station, avec peu de notes de réflexion orale et beaucoup de visuel, le vertige qui habite la vie des jeunes d’aujourd’hui était exprimé crûment : addictions, manque de sens, avenir incertain, mépris de la vie, relations toxiques. Autant de motifs que la croix, ou plutôt que le crucifié portait sur ses épaules, pour être transfigurés en vie nouvelle.

Les moments clés de ces JMJ, comme des précédentes, ont certainement été les rencontres avec le Pape. Autre élément déroutant et typique de cet événement : pourquoi les jeunes aiment-ils autant les Papes, quel que soit leur caractère (des papes), traditionnel, intellectuel ou réformateur ?

Mais au-delà de ces moments forts, le programme de ces journées a été émaillé de nombreux autres événements, mineurs mais non moins significatifs, tels que les concerts musicaux dans les centres névralgiques de la ville, les rencontres par nationalités, les partages avec des personnes engagées dans l’Église au niveau paroissial ou associatif, et surtout les différentes catéchèses animées par les jeunes eux-mêmes et qui ont eu pour intervenants principaux les évêques de différentes parties du monde. Autant d’occasions d’approfondir la devise des JMJ : Rise up (Lève-toi).

« Courage, n’ayez pas peur ! » Par ces mots, le pape François semblait s’adresser à toute l’Église. Car il ne fait aucun doute que du courage, il en faut. Et en cela, les jeunes sont appelés à être des protagonistes. Ils sont le présent et l’avenir d’une Église renouvelée par l’Esprit. Une Église qui, comme François l’a répété à plusieurs reprises, veut être une maison pour tous, sans exclusions, et retrouver l’élan prophétique qui l’imprègne. Une Église qui avance dans une nouvelle ; confiance qu’elle trouve en elle-même et au-delà d’elle-même : en Jésus-Christ. Une Église qui veut donner l’hospitalité à toute l’humanité, dans l’humanité ressuscitée de Jésus de Nazareth, comme le dit un théologien bien connu.

Je suis peut-être un peu optimiste, mais ces jours-ci, j’ai vu une Église jeune, qui est déjà un peu au-delà de l’épreuve, ou du moins qui est confiante de pouvoir la surmonter. Les milliers de jeunes que j’ai rencontrés à Lisbonne me l’ont appris. Ils ne se font pas de problèmes, ils ne se fossilisent pas dans la critique, au contraire, quelque chose (leur pureté, peut-être, aiguisée dans la souffrance et l’incertitude) les pousse à se concentrer sur le centre de la foi avec le cœur des simples. Et, comme le dit le Maître, « le Royaume des cieux est à eux » (cf. Mt 5, 3).

Je résume en trois images tout ce que j’ai voulu exprimer dans cet article : des jeunes qui marchent, qui marchent à travers tout Lisbonne (symbole du monde), parfois épuisés par la chaleur et la fatigue accumulée après des nuits presque sans sommeil. Des jeunes avec le vertige de la croix sur les épaules, sur laquelle sont inscrites toutes leurs souffrances. Des jeunes agenouillés en adoration, conscients que dans un morceau de pain il y a toute la vie, une vie qui ne passe pas. L’Église vivante, l’Église de toujours, l’Église d’aujourd’hui, l’Église de demain.

Jesús Morán

Communication en temps de guerre: aux JMJ, un dialogue croisé pour une éthique commune

Lors des Journées mondiales de la jeunesse 2023 au Portugal, le voyage de DIALOP fait un nouveau pas en avant. De 20 pays, 134 jeunes ont participé à la “Communication en temps de guerre” parrainée par DIALOP pendant les JMJ pour discuter de la façon dont les médias sociaux et la technologie numérique peuvent devenir des pièges de conspiration et d’intérêts biaisés pendant les conflits.

Le voyage

Le christianisme et le socialisme – deux mouvements aux caractéristiques très différentes – ont longtemps été en conflit l’un avec l’autre, mais ont néanmoins tous deux façonné l’histoire du monde au cours des derniers siècles. Fondé sur l’idée que les plus grands défis du monde d’aujourd’hui ne peuvent être résolus seuls, DIALOP encourage le dialogue entre les personnes de différentes cultures. DIALOP encourage le dialogue entre les personnes de bonne volonté, qu’elles soient laïques ou religieuses, en particulier entre les socialistes/marxistes et les chrétiens, afin de créer une éthique transculturelle et novatrice.

La participation de DIALOP aux Journées Mondiales de la Jeunesse fait partie du “Projet DialogUE” qui, en coopération avec la Communauté Européenne et avec la participation de 14 organisations de la société civile, explore et développe le dialogue souvent difficile entre différents groupes pour façonner une Europe qui est de plus en plus l’expression de cette “unité dans la multiplicité”.

La préparation, qui a impliqué des experts chrétiens et marxistes-socialistes, a commencé six mois avant l’événement, un voyage chargé et fatigant vers les JMJ. De nombreux défis ont été relevés, tels que la recherche d’un moyen dynamique de médiatiser des contenus lourds comme les conflits et la communication, des langues, des pays et des contextes différents. « L’émotion d’être devant une génération avide de vérité et d’espoir apaisé, raisonné et clair, et d’être capable de donner un peu de cela », dit Luisa Sello, l’une des coordinatrices du projet.

Des jeunes en dialogue

La guerre et son potentiel destructeur influencent la structure de la communication, transforment la perception des faits et instrumentalisent le langage et les mentalités. Dans ce contexte, les médias sociaux et la technologie numérique peuvent devenir des pièges pour les conspirations et les intérêts particuliers. Peut-on se rapprocher de la vérité ? Pouvons-nous réagir ou sommes-nous condamnés à détruire des relations avec des êtres humains, des pays, des populations à cause du mensonge et de la désinformation ? Comment pouvons-nous continuer à faire des choix, à construire des relations et à nous ranger du côté de la vérité et de la justice ?

L’atelier a abordé tous ces défis et a engagé les jeunes dans l’élaboration de propositions pour l’Union Européenne, qui seront rassemblées et soumises à l’UE dans le cadre du projet de financement de la Commission européenne CERV (Citizens, Equality, Rights and Values Programme) en mars 2024. Après les panels et les discussions dynamiques, la question “que pouvons-nous faire ?” a résonné parmi les jeunes. Le désir de participer à une transformation en tant qu’acteur du changement était au cœur de chaque jeune présent.

Steven, originaire des États-Unis, qui souhaite devenir prêtre et voyager à l’étranger pour aider les gens, a fait part de ses doutes : « Je ne peux même pas dire à mes parents d’arrêter de lire des sources d’information qui posent problème. Lorsque Jésus est revenu de Nazareth, il a été rejeté par sa famille. Beaucoup d’entre nous ont perdu l’espoir. Où pouvons-nous retrouver l’espoir ?C’est pourquoi nous sommes ici aux JMJ. »

Adriana, étudiante en journalisme en Argentine, s’est sentie encouragée par l’atelier : « Notre rôle en tant que jeunes est très important pour lutter contre la désinformation et cela peut aussi se faire de manière amusante. Si nous créons une communauté, nous serons plus forts. »

Vers une éthique transversale

Le cours de l’histoire dépend non seulement de la force des idées, mais surtout de l’évolution des intérêts politiques et économiques, qui plus d’une fois n’intègrent que de pâles reflets de ces idées. L’appel du Pape François en 2014 qui a inspiré DIALOP pour initier un dialogue transversal continue de se déployer.

Interrogé par un jeune homme sur la manière de créer un cadre éthique commun en présence de tant de divisions, Walter Baier, président du Parti de la gauche européenne, a répondu : « Le pape François a dit que nous devions accepter le conflit comme quelque chose de naturel, ce que nous devons savoir, c’est ce que nous devons faire avec le conflit. Le fait que des chrétiens et des marxistes de traditions très différentes, même avec des langues très différentes, puissent s’asseoir ensemble et travailler sur un cadre commun est un exemple de dialogue. »

Angelina Giannopoulou de transform!europe et José Manuel Pureza de Bloco de Esquerda, ainsi que Michele Zanzucchi et Ana Clara Giovani de l’Université Sophia et Maria Chiara de Lorenzo du mouvement des Focolari ont également pris la parole. À l’avenir, dans le cadre du projet DialogUE, DIALOP organisera d’autres symposiums sur l’écologie et les politiques sociales. Pour plus d’informations, consultez le site https://dialop.eu.

Ana Clara Giovani

Au coeur des JMJ

Au coeur des JMJ

Les jeunes attendent les prochains rendez-vous avec le Pape auxquels ils se sont préparés depuis longtemps. En ces premiers jours à Lisbonne (Portugal), ils ont participé aux rencontres “Rise Up”. Découvrons de quoi il s’agit.  
À l’heure où nous écrivons, les XXXVIIIèmes Journées Mondiales de la Jeunesse viennent d’arriver à mi-parcours et les quatre premières journées intenses font désormais partie de la vie de plus d’un demi-million de jeunes qui, le 3 août 2023, ont accueilli le Pape François au cœur de Lisbonne (Portugal), au Parc Eduardo VII, rebaptisé « Colline de la Rencontre », pour indiquer la dimension fondatrice de ces JMJ : la relation avec Dieu, avec soi-même et avec les autres, pour construire un monde en paix, durable et fraternel.
Au cri de « Dieu aime tout le monde », dans une Église où il y a de la place pour tous, François a officiellement inauguré les JMJ portugaises dont nous pouvons lire la chronique quotidienne dans les médias.
Ce qui, en revanche, risque d’être occulté, c’est le grand travail d’actualisation que l’Église, au sens le plus universel du terme – réalisé par les jeunes avec leurs éducateurs, les prêtres et les évêques, et les différentes réalités ecclésiales – a réalisé, pour que ces Journées Mondiales de la Jeunesse soient un lieu où les jeunes « se retrouvent » dans leurs questions, dans la recherche consciente ou inconsciente de Dieu pour l’avoir comme compagnon de vie ; dans la réalisation d’espaces de partage, d’inspiration et d’écoute réciproque.
  Les rencontres “Rise Up” : des espaces de réflexion, de partage et d’inspiration

Sans doute l’une des plus grandes nouveautés de cette édition sont les rencontres Rise Up, le nouveau modèle de catéchèse des JMJ qui invite les jeunes à réfléchir sur les grands thèmes abordés pendant le pontificat du Pape François : l’écologie intégrale, l’amitié sociale et la fraternité universelle, et la miséricorde.

On compte 270 rencontres organisées en 30 langues, toutes liées au thème général des JMJ : « Marie se leva et partit en hâte » (Lc 1, 39).
Le mouvement des Focolari s’est également impliqué dans les rencontres Rise Up , trois rendez-vous d’une demi-journée chacun, pour les pèlerins anglophones, rassemblant en moyenne 5000 jeunes par jour. « Je me suis sentie protagoniste dès le début, raconte Eunice, une Gen de l’équipe organisatrice, et le thème de ces JMJ m’inspire beaucoup : je me sens moi aussi poussée à me lever et à partir en hâte, comme Marie ; je ressens une forte motivation à donner plus, à dépasser les limites, la fatigue et les difficultés, comme elle l’a fait lorsqu’elle s’est rendue chez Élisabeth. Elle ne s’est pas arrêtée, elle a aimé ».
Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du mouvement des Focolari, ainsi que le Cardinal Patrick O’Malley de Boston (USA), l’Archevêque Anthony Fisher de Sydney (Australie) et l’Évêque Robert Barron de Winona-Rochester dans le Minnesota (USA) ont pris la parole aux rencontres.
  Les jeunes des JMJ de Lisbonne
Faire l’expérience de l’amour de Dieu et Le porter partout où l’on se trouve et où l’on se sent appelé a été le fil conducteur des rencontres marquées par les animations, la musique, la prière et le partage. « J’ai senti qu’après un an et demi de confinement après le Covid, quelque chose en moi avait changé », raconte Pete, originaire des États-Unis, à l’occasion de ses premières JMJ. « J’ai décidé de venir avec les jeunes de mon diocèse pour me mettre au défi. Je voulais sortir de ma zone de confort, rencontrer des jeunes d’autres pays, voir comment ils gèrent les problèmes. J’ai encore beaucoup de questions, mais j’ai trouvé ici des réponses à certaines d’entre elles.
Même pour les jeunes de Slovaquie, il n’a pas été facile de décider de partir et de s’ouvrir à des personnes d’autres cultures et d’autres façons de faire. Nous sommes à l’écoute de ce que le Pape dira dans les jours à venir. « Nous sommes certains que ses paroles resteront à jamais dans nos cœurs et nous aideront dans les différentes situations de la vie ».
Se retrouver, se reconnaître comme frères et sœurs, c’est peut-être ce qui caractérise le plus cet événement ; c’est pourquoi les témoignages sont au cœur des rencontres Rise Up.
  La vie réelle au Centre
Comme celle de Lucas, qui vit dans l’Amazonie brésilienne. Aux JMJ de Panama, il a été fasciné par la figure de Jésus et, de retour chez lui, il s’est engagé dans un projet d’aide aux communautés indigènes de sa terre. Pendant 15 jours, avec une équipe de médecins, d’infirmières et de psychologues, lui et une vingtaine de jeunes ont apporté aide, soins et soutien à de nombreuses personnes éloignées des centres de santé. « Une expérience incroyable : se donner du matin au soir, sans relâche », raconte Lucas. « Le projet Amazone m’a beaucoup fait grandir en tant que personne. Le premier fruit de tout cela, c’est moi : j’ai changé, je ne suis plus le même ».
Sofia, originaire d’Argentine, raconte son cheminement existentiel marqué par une forte quête de sens. À un moment donné, elle a connu la figure de la bienheureuse Chiara Luce Badano, dont le oui à Dieu, même dans la douleur, lui a donné la force de donner sa vie sur le chemin de la consécration dans le mouvement des Focolari. Et nous pourrions continuer encore et encore car les témoignages racontés sont nombreux, tout comme les questions que les jeunes ont posées aux Évêques et aux responsables qui ont pris la parole.
« Je suis venue avec mon groupe d’amis à ces JMJ », a déclaré Pat, 19 ans, de Sydney, « et c’est important pour moi parce que je crois que pour être en mesure de faire la différence dans le monde mais aussi pour prendre des décisions personnelles, nous avons besoin des autres. La solitude est un problème pour beaucoup de jeunes de mon âge et je veux faire quelque chose pour y remédier, en commençant par aimer mes amis, et ici, j’ai compris que c’était la bonne démarche ».
Ces jeunes ont de nombreuses questions et appréhensions, mais ce n’est pas tout : ces jeunes veulent s’ouvrir, savoir ; ils viennent d’expériences et d’existences différentes, souvent opposées, et pourtant ils sont ici pour rencontrer le Pape François et pour trouver Dieu dans leur vie et rencontrer des amis avec qui ils peuvent Le partager. Les JMJ de Lisbonne en sont maintenant au cœur de son voyage.

Stefania Tanesini

Pour lire l’intégralité des interventions :
Lisbonne 2023 : “Há Pressa no Ar” hymne officiel des JMJ

Lisbonne 2023 : “Há Pressa no Ar” hymne officiel des JMJ

Un chant à l’unisson pour les jeunes du monde entier. Le père João Paulo Vaz, prêtre de Coimbra (Portugal), est le créateur du texte de l’hymne des JMJ de Lisbonne 2023, mis en musique par Pedro Ferreira, enseignant et musicien. Deux jeunes du mouvement des Focolari (Gen), Lourdes Catalán et Ivan Ho, l’ont interviewé. Les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) 2023 ne sont plus très loin et déjà, dans les ruelles de Lisbonne (Portugal), ville où se déroulera cet événement planétaire, il est possible d’entendre les voix des premiers jeunes qui arrivent en chantant “Há Pressa no Ar” (Il y a de la hâte dans l’air), l’hymne officiel inspiré du thème « Marie s’est levée et elle est partie en hâte. » (Lc 1, 39). Nous découvrons avec le père João Paulo Vaz, prêtre du diocèse de Coimbra et créateur du texte, comment il est né. Lourdes : Père João Paulo, que représentent pour vous les JMJ et pourquoi avez-vous décidé de participer au concours pour la sélection de l’hymne de Lisbonne 2023 ? Père João Paulo Vaz : J’ai participé à pas moins de six JMJ dans ma vie (Paris, Rome, Toronto, Cologne, Sydney et Madrid), certaines d’entre elles en tant que responsable de la pastorale des jeunes dans le diocèse. Chacune a marqué mon parcours d’homme, de chrétien et de prêtre. Ce furent des expériences de foi et de communion très intenses, et certaines d’entre elles ont particulièrement marqué les esprits, en particulier l’hymne. Lorsque nous avons appris que nous pourrions participer au concours de l’hymne de Lisbonne 2023, j’ai été très heureux, à la fois en raison de mon expérience personnelle et en tant que compositeur. J’avais décidé de soumettre les paroles mais, à un moment donné, j’ai découvert que j’avais oublié de m’inscrire à temps, car il faut déclarer son intention de participer avant même de soumettre la chanson. Quand j’ai réalisé cela, j’ai été très triste, mais Dieu ne me laisse jamais tranquille.  Un groupe de participants qui s’était inscrit à temps et qui n’avait que la base musicale prête m’a quand même demandé de participer et je me suis inscrit au concours. Peu après, j’ai appris avec une grande joie que ma chanson avait été choisie. J’étais fou de joie car j’ai vraiment senti que c’était la réponse de Dieu à mon souhait. Ivan : Quel message vouliez-vous faire passer à travers la composition de cet hymne ? Père João Paulo Vaz : Tout d’abord, le message que j’ai pensé adresser à chaque jeune est le suivant : « Le Christ est toujours avec toi, il ne t’abandonne jamais et avec lui tu pourras aimer beaucoup plus. » C’est pourquoi, avec Lui, « ma voix s’élève plus haut et tout le monde l’entendra », comme l’explique la chanson, parce que vous n’avez plus peur. Tout le texte va dans ce sens et Marie, la protagoniste principale de ces JMJ, dans sa simplicité et son humilité, représente tout cela : celle qui la première élève sa voix parce qu’elle porte le Christ en elle ; la première évangélisatrice qui nous révèle aussi, avec son “oui” en route vers Élisabeth, comment l’apporter aux autres. Ivan : De nombreux jeunes du monde entier sont attendus à Lisbonne. Quel effet cela fait-il de penser qu’ils chanteront tous ensemble cet hymne ? Père João Paulo Vaz : Il est très important de dire qu’à partir du moment où le chant a été choisi comme hymne des JMJ, il ne nous appartient plus, il n’est plus le nôtre. Ce ne sont plus mes paroles ni la musique créée par Pedro Ferreira. C’est l’hymne des JMJ de Lisbonne 2023. Je le chanterai avec les autres : ce sera pour ma plus grande joie. Lourdes : Si vous pouviez résumer l’hymne en un ou deux mots, quels seraient-ils ? Père João Paulo Vaz : Le premier est ” profondeur “, c’est-à-dire découvrir qui nous sommes, découvrir le Christ en nous et vivre à partir de là ; le second est ” courage “, être la présence de Dieu dans le monde, annoncer la vie. C’est dans ces deux mots que s’épanouit, à mon avis, l’expérience de la foi. Ivan : Quel est votre message personnel aux jeunes d’aujourd’hui ? Père João Paulo Vaz : J’aimerais reprendre les mots du Pape François, prononcés dans l’une des vidéos annonçant ces JMJ, dans laquelle il nous invite à aller de l’avant sans crainte, à construire un monde meilleur et à être des protagonistes. Nous avons tellement besoin que nos jeunes valorisent davantage le monde, qu’ils reviennent aux vraies valeurs. Vous devez abandonner la peur et prendre conscience que ce sont eux, les jeunes, qui construiront un avenir meilleur. Alors, cher jeune, tu ne peux pas rester assis à regarder le monde depuis ton fauteuil : tu dois te lever et partir, comme Marie. Les JMJ, et celle-ci en particulier, sont l’occasion de dire que tu crois et que tu es prêt à faire ce que Dieu te demande ; plus que tout, elles te disent que tu n’es pas seul dans cette démarche. Tout un monde de jeunes, ainsi que le pape, sont prêts à marcher avec vous.

                                                                                    Lourdes Catalán et Ivan Ho

 

Une Église-Communauté : en route vers les JMJ de Lisbonne

Une Église-Communauté : en route vers les JMJ de Lisbonne

Les 37èmes Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), qui se tiendront du 31 juillet au 6 août 2023 à Lisbonne (Portugal), approchent à grands pas et de nombreux jeunes se préparent à vivre cet événement mondial avec le Pape. Diverses initiatives sont organisées, tout comme sont nombreuses les personnes qui, depuis des mois, travaillent avec dévouement à ce moment de véritable famille pour l’Église. Voici quelques témoignages. Tout est prêt. Le soleil se lève sur les sept collines de Lisbonne (Portugal) et la brise de l’océan apporte un air de nouveauté et d’attente : les JMJ sont à nos portes et des jeunes du monde entier arrivent. Après des mois de préparation et plusieurs étapes dans le pays, la Croix du Pèlerin et l’Icône de la Vierge ‘’Salus Popoli Romani ‘’, symboles des JMJ, sont enfin arrivées à Lisbonne le week-end dernier et sont prêtes à accueillir les premiers jeunes arrivant pour les ‘’Journées dans les Diocèses’’ qui se dérouleront du 26 au 31 juillet 2023 dans les 17 diocèses du Portugal continental et des îles. Une manière de préparer les pèlerins et les communautés d’accueil à entrer dans l’événement des JMJ et à le vivre pleinement. « Lorsque nous avons été informés que les JMJ se tiendraient à Lisbonne, nous avons accueilli la nouvelle avec une immense joie. Je suis sûr que ce sera une occasion de grâce pour chacun des participants, ainsi que pour notre pays. En ce qui me concerne, je sens que je dois m’ouvrir aux surprises que l’Esprit nous réserve » explique le père José Cardoso de Almeida, curé de Sátão, dans le diocèse de Viseu, prêtre volontaire du mouvement des Focolari. Lui qui a vécu de près l’attente et l’enthousiasme des différentes JMJ a immédiatement ressenti l’appel, comme tant d’autres volontaires, à se mettre au travail pour organiser les Journées qui allaient se dérouler ‘’à la maison’’, en motivant les jeunes et en accueillant ceux qui arriveraient de diverses parties du monde : « Cette dernière année a été une période de rencontres fréquentes. De nombreuses activités ont été organisées pour aider à supporter les dépenses de ceux qui avaient le plus de difficultés à participer. En tant que ‘petit constructeur’ de ces JMJ, j’ai contribué, avec beaucoup d’autres, à motiver certaines familles à ouvrir leurs portes à de jeunes étrangers dans le cadre des ‘’Journées dans les diocèses ‘’. Dans notre région, nous accueillerons environ 3 000 jeunes, notamment des français. Nous partirons ensuite pour Lisbonne et j’aiderai pour le sacrement de la réconciliation pendant l’événement ». Une expérience concrète qui suggère combien le fait de se mettre au service, génère d’innombrables fruits dans les différentes communautés. « Comme la découverte de la beauté du travail réalisé ensemble, raconte encore le père José. Je pense que les jeunes d’aujourd’hui ont besoin de découvrir que le secret du bonheur réside dans l’amour véritable, et dans l’expérience, comme le dit le pape François, de ‘’sortir de soi-même ‘’ et ‘’d’être là avec et pour les autres’’. C’est cela la véritable unité ». Et c’est dans ce fait de ‘sortir’ que l’on retrouve la figure de la Vierge Marie, prête à ‘’se lever et partir en vitesse’’, comme l’annonce la devise de ces JMJ, pour aller à la rencontre de sa cousine Élisabeth. Une « invitation à la rencontre avec Jésus vivant dans la famille, au travail, dans la vie sociale et politique », expliquent Ana et José Maria Raposo, de Lisbonne, de la paroisse Nossa Senhora da Conceição dos Olivais Sul. Volontaires de Dieu au sein du mouvement des Focolari, Ana et José sont mariés depuis 45 ans, ont cinq enfants et quatre petits-enfants, et font partie des nombreuses familles portugaises qui accueilleront chez elles les jeunes qui participeront aux JMJ. « Pour que les jeunes, comme Marie, puissent vivre leur vocation, il faut croire et les rendre protagonistes, sans oublier l’intergénérationnel, nous disent-ils, il faut croire qu’on change déjà le monde si l’on change son cœur, si l’on libère son esprit, si l’on sort de sa propre zone de confort, si l’on regarde autour de soi et si l’on voit Jésus en chacun, il faut croire qu’un monde uni est possible ». Une expérience qui regarde cette époque si fragile, mais regarde aussi l’autre et prend de la force grâce au témoignage concret de ceux qui veulent mettre cette certitude de l’amour, au service de ‘’l’accueil’’ ce qui, poursuivent Ana et José, « signifie être une famille pour ceux qui arrivent aux JMJ . C’est spontanément que nous nous sommes joints à l’accueil des jeunes pèlerins qui participeront aux JMJ. Nous avons toujours accueilli dans notre maison ceux qui en avaient besoin, parce qu’ils étaient de passage ou en voyage, et les derniers mois ont aussi été l’occasion de revoir certains aspects et de réorganiser les espaces de notre habitation pour que les jeunes qui arrivent se sentent vraiment à la maison ».

Les Journées Mondiales de la Jeunesse continuent d’être, encore aujourd’hui, un grand événement de l’Église qui, autour du Pape et des jeunes du monde entier, devient ‘Communauté’. Et d’être, comme le dit le père José Cardoso de Almeida, « un laboratoire du Royaume de Dieu lui-même et l’image de cette fraternité universelle qui vient de l’Évangile ».

Maria Grazia Berretta

Vie de l’Évangile : la crédibilité de l’amour

« Celui qui, parce qu’il est disciple, donne ne serait-ce qu’une tasse d’eau fraîche à boire à l’un de ces petits, je vous le dis en vérité, il ne perdra pas sa récompense » (Mt 10,42) est la Parole de Vie de ce mois-ci et c’est la mission à laquelle chacun de nous, comme les disciples, est appelé : être des témoins crédibles de l’Amour du Christ, dans le concret des gestes qui font partie de notre vie quotidienne ; un Amour circulaire, qui se donne avec joie et se reçoit avec surprise, en abondance. Au parking Au parking, j’ai retrouvé griffée, la nouvelle voiture que mon père m’avait prêtée. Que faire ? Désolé de la peine que je lui causais, je pensais aux frais de réparation, quand sur le tableau de bord j’ai remarqué un petit objet aimanté avec cette inscription : « …déchargez-vous sur Lui de tous vos soucis parce qu’Il prend soin de vous ». J’ai donc essayé de faire ainsi. Et j’ai ressenti un sentiment de paix, ce qu’il fallait pour comprendre ce qu’il fallait faire. Alors que j’étais absorbé, j’entends frapper à la fenêtre. Une dame demande à me parler. C’était elle qui avait griffé la voiture et s’était enfuie en espérant s’en tirer à bon compte, mais le remords l’avait poussée à faire demi-tour. Maintenant, avec son numéro de téléphone, elle était prête à payer le montant des dégâts. Stupéfait et reconnaissant, je lui ai raconté comment j’avais trouvé la paix en lisant cette phrase sur le tableau de bord. Et elle m’a dit pensivement : « C’est Lui qui m’a fait revenir ». (Z.X. – Croatie) Le bon endroit Lorsque j’ai été transférée à l’unité des soins intensifs, j’ai compris que ma mission de médecin y serait mise à l’épreuve et, en même temps, j’ai senti que c’était ‘’ma’’ place. Au cours de mes années de profession, je n’avais pas encore travaillé dans un tel service où, chaque jour, la douleur des gens se présente sous les formes les plus tragiques : accidents graves, problèmes neurologiques… et, en général, des jeunes. Bref, je ne me sentais pas à la hauteur. Mais ce qui m’a donné de la force, c’est l’idée de me mettre au service de Jésus qui s’identifiait aussi à eux : « C’est à moi que tu l’as fait », disait-il. Après six mois de travail, la direction de l’hôpital m’a proposé de devenir chef de service. Les raisons de cette nomination : ma capacité d’intégration avec les collègues, mon attitude calme et paisible, mon professionnalisme. Me retrouvant le lendemain dans la chapelle, j’ai remercié Jésus : ce sont ses paroles qui m’avaient permis d’être ce dont les autres avaient le plus besoin, là, dans ce lieu. (J.M. – Espagne)

L’examen Je préparais un examen exigeant à l’université lorsqu’un ami qui traversait une période difficile avec sa petite amie est venu me rendre visite à l’université. Je l’ai accueilli et pendant que je préparais le dîner, nous avons discuté. L’idée de l’examen me taraudait, mais j’ai essayé de la mettre de côté pour me concentrer sur l’écoute de mon ami, qui était tellement désemparé et accablé de chagrin qu’il ne se rendait pas compte de ce qui se passait et c’était aussi l’heure à un moment donné, d’aller dormir. Finalement, je lui ai offert l’hospitalité pour la nuit. Il était très tard et je n’avais même pas la force d’ouvrir mon livre. Le lendemain, nous avons été réveillés par un coup de téléphone : un collègue m’informait que j’étais attendu à l’examen. Encore à moitié endormi, je me suis empressé de me préparer à sortir, tandis que mon ami est resté là, endormi. Je m’attendais à tout sauf à réussir cet examen ! Tout heureux de la bonne nouvelle, je suis rentré chez moi, où j’ai trouvé un mot sur la table : « Je ne sais pas comment te remercier. Tu m’as montré que je vaux quelque chose. Tu m’as donné une nouvelle force. Je voudrais aussi être ‘totalement disponible pour les autres’ ». (G.F. – Pologne)

Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année IX – n° 1 juillet-août 2023)

Le nouveau livre de Jesús Morán : « Fidélité dynamique »

Le nouveau livre de Jesús Morán : « Fidélité dynamique »

Un entretien avec l’auteur sur sa dernière œuvre littéraire. Un livre conçu pour donner de l’espérance, pour garder une foi intacte dans le charisme de l’unité. Questions au Coprésident du mouvement des Focolari sur son dernier livre publié par Città Nuova, intitulé « Fedeltà dinamica ». Jesús, partons du titre : « Fidélité dynamique » … J’ai voulu reprendre l’expression que le Pape François a utilisée dans son discours aux participants de l’Assemblée du mouvement des Focolari en 2021. Il a parlé de fidélité dynamique. Selon moi, c’est une pensée très proche du concept de fidélité créative. Avec l’avantage que « dynamique » renvoie au concept grec dynamis qui signifie force de mouvement. La fidélité dynamique est donc une fidélité en mouvement, qui n’est pas statique et elle est très chère au Pape François. Lorsqu’il s’est adressé à nous à d’autres occasions, il a insisté sur le fait que les Mouvements doivent être précisément en « mouvement ». Il m’a donc semblé que ce titre était plus proche de ce que nous vivons dans notre réalité aujourd’hui …. Le livre est divisé en chapitres. Le premier : « prendre le pouls de notre temps ». Quelles sont les perspectives du charisme d’unité de Chiara Lubich pour aujourd’hui ? Comment actualiser l’identité et l’histoire du charisme ? Il me semble que le charisme de l’unité de Chiara Lubich est toujours très actuel. En ce qui concerne la synodalité, le Pape François insiste sur le fait de nous redécouvrir en tant que peuple de Dieu en marche, où nous sommes tous protagonistes. Synode signifie « marcher ensemble ». Il veut une Église où chacun donne le meilleur de lui-même en tant que partie intégrante du peuple de Dieu, le corps du Christ. Je pense que le charisme de l’unité de Chiara Lubich peut apporter beaucoup dans ce sens, avec sa spiritualité de communion, la spiritualité de l’unité. D’autre part, il y a aujourd’hui beaucoup de conflits, de guerres, de polarisations massives partout – dans le domaine politique, moral, social – et peut-être que nous assistons comme jamais auparavant à des contrastes presque irréconciliables. Je crois que là aussi, le charisme de l’unité peut apporter beaucoup par sa trame dialogique. Il faut donc aujourd’hui actualiser le charisme de l’unité, redécouvrir sa véritable identité, en allant à l’essentiel, au noyau fondateur du charisme. Cette actualisation passe par la mise en œuvre de deux moments, non pas au sens chronologique, mais au sens profond. D’une part, se mettre à l’écoute des signes des temps, des interrogations du monde, de la société contemporaine. D’autre part, aller en profondeur, pêcher dans toutes ces ressources que possède le charisme, dont certaines n’ont même pas été exprimées. J’aime beaucoup ce concept d’expression de l’inexprimé qui est en nous. C’est ainsi que l’identité s’actualise dans une fidélité dynamique. Avec le processus de purification de la mémoire que nous vivons dans cette phase de post-fondation, je pense que nous sommes prêts à franchir cette étape. L’actualisation d’un charisme se fait avec la contribution de chacun et avec un changement de mentalité, une forma mentis. Outre l’aide de l’Esprit Saint, que pouvons-nous faire pour mettre cela en œuvre ? Sans aucun doute, l’aide du Saint-Esprit est fondamentale car nous sommes dans le contexte d’une œuvre de Dieu. Mais pour actualiser le charisme, il faut l’intelligence, mais pas au sens académique du terme. Plutôt dans le sens de la sagesse. Il faut des talents et des compétences pour écouter le cri de l’humanité. C’est important ce qui est dit dans le document de l’Assemblée générale de 2021 : aujourd’hui, la demande de l’humanité que nous devons écouter est le cri de Jésus abandonné. C’est pourquoi, en plus de l’Esprit Saint, nous avons besoin de l’intelligence du charisme et de la Sagesse qui vient de la vie. Et ce n’est pas un exercice de bureau, un exercice académique. On peut saisir le cri de Jésus abandonné quand on est en lien avec la souffrance de nos contemporains. Qu’est-ce que la « théologie de l’idéal d’unité » ? Pourquoi est-elle importante pour la fidélité au charisme ? Chiara Lubich elle-même a dit que la théologie serait importante pour l’avenir du mouvement des Focolari et du charisme. Cela signifie qu’il faut approfondir le charisme de l’unité à la lumière de la Révélation, d’où il est issu, et de la recherche théologique. C’est un exercice de compréhension du charisme qui est fondamental, sinon il n’est pas incarné et surtout, il ne s’universalise pas. Sans la théologie de l’idéal, le charisme reste à l’intérieur du Mouvement. Avec une théologie de l’idéal d’unité, le charisme peut aussi aller à l’extérieur, tout en trouvant une base solide. La théologie de l’idéal de l’unité aide à bien le comprendre pour qu’il puisse être transmis aux générations futures. La vie et le témoignage passent toujours en premier, mais ce travail est également décisif. La théologie de l’Idéal de l’unité prévient les déviations possibles. Le kérygme originel, inscrit dans les Évangiles, a eu besoin du travail ardu des Pères de l’Église, de grands théologiens, pour être sauvé dans son intégrité. L’actualisation ne risque-t-elle pas de faire perdre au charisme son identité ? Bien au contraire. C’est précisément la non-actualisation qui fait perdre au charisme son identité, car l’identité d’un charisme est toujours dynamique et créative. Il s’agit toujours d’être le même sans jamais être le même. C’est ce que j’ai essayé d’exprimer. La statique fait justement perdre au charisme son identité parce qu’elle lui fait perdre son lien avec la réalité. Pour moi, c’est très clair : il faut une actualisation constante pour que le charisme conserve son identité. Et Chiara l’a fait tout au long de sa vie. Le deuxième chapitre : « la maison de la connaissance de soi », s’inspire d’une lettre de Catherine de Sienne. Nous y découvrons nos limites, nos échecs, notre autoréférentialité, le visage de Jésus abandonné. Que pouvons-nous faire pour surmonter « l’épreuve de la connaissance de soi » ? Le deuxième chapitre est fondamental dans cette phase que nous vivons, où nous avons dû nous confronter à nos défauts, à nos erreurs dans l’incarnation du charisme. Que pouvons-nous faire pour surmonter l’épreuve ? Nous devons la vivre pleinement, car il s’agit de reconnaître que nous ne sommes pas à la hauteur du charisme. Aucun d’entre nous n’est à sa hauteur. Cela ne donne pas lieu à un sentiment de désarroi, mais plutôt à une nouvelle confiance en Dieu, en l’Esprit Saint, auteur du charisme. Ainsi, l’épreuve de la connaissance de soi est surmontée en acceptant l’humiliation de ne pas être à la hauteur et en plaçant toute notre confiance en Dieu. Le troisième chapitre : « le discernement à la lumière du charisme de l’unité ». Le Pape nous demande de devenir des artisans du discernement communautaire. Comment devons-nous procéder ? Et surtout, le charisme de l’unité de Chiara Lubich est-il un charisme dans le discernement ? Pour le pape François, le discernement et la synodalité vont de pair, tant au niveau individuel que communautaire.  C’est un processus très délicat, car il demande de l’intelligence, mais surtout l’écoute de l’Esprit Saint. Le discernement nous demande tout et demande tout à Dieu. Et ce n’est pas simple, ce n’est pas un exercice de consensus. C’est aller en profondeur dans la recherche de la volonté de Dieu à tout moment. Je crois que le dynamisme typique du charisme de l’unité, que nous appelons Jésus au milieu, c’est-à-dire mériter la présence de Jésus parmi nous, est un exercice de discernement. Chiara Lubich l’a très bien expliqué : pour mériter cette présence, il faut un détachement complet de nous-mêmes, une mise à l’écoute de l’Esprit Saint. Il faut l’amour réciproque. Chiara a même développé l’idée des relations trinitaires, qui transforment le discernement communautaire en un « discernement trinitaire ». Lorsque nous visons à avoir Jésus au milieu de nous, nous vivons une expérience trinitaire, avec toutes les faiblesses, les fragilités de notre humanité, de notre corporéité, de notre psychologie. Mais nous le faisons et c’est là que le discernement se produit. Nous pouvons lire cette praxis des relations trinitaires à la lumière de la grande idée du Pape François sur le discernement et la synodalité. Dans le livre, tu parles de deux déviations : « la capture de l’Un » et « la dissolution de l’Un ». De quoi s’agit-il et comment les éviter ? Ces tentations sont en réalité deux déviations de la spiritualité de l’unité. Dans la première, il arrive que quelqu’un s’empare de la mission de la Communauté et même de la mission de chacun. Quelqu’un centralise tout, sans se rendre compte qu’il prend la place de l’Esprit Saint dans la dynamique de l’unité. Dans ce cas, il s’empare du « nous », du nécessaire pour que chacun s’épanouisse et apporte sa contribution. C’est là que se produisent les abus d’autorité, les abus de conscience, les abus spirituels, et c’est donc un grand risque. Dans la dissolution de l’Un, c’est le contraire qui se produit, l’esprit de Communion se perd. Un individualisme exagéré prévaut. Si auparavant quelqu’un s’empare du nous, dans ce cas le nous disparaît et l’individualisme de chacun prend le dessus. La vie communautaire devient une organisation où chacun cherche son espace, son épanouissement personnel. Là aussi, l’Esprit Saint qui est le dynamisme de la vie chrétienne disparaît. Comment les éviter ? Il faut un moment de prise de conscience de soi : comprendre les erreurs commises. En même temps, il faut revenir à l’Évangile vécu et à une authentique vie d’unité. Surtout, je pense, revenir avec humilité, avec la capacité de se décentrer, en aimant l’autre, en pensant que la personne est toujours un absolu qui ne peut être annulé d’aucune manière. Je pense donc que la solution est un plus d’amour, de vérité, de transparence et de don concret dans la vie de l’unité, dans la vie de communion. L’unité est un don de l’Esprit, personne ne peut s’en emparer avec son pouvoir ou le dissoudre avec son individualisme. L’unité est une expérience de Dieu qui nous prend tous. Prenons-en conscience. Enfin, que pouvons-nous faire pour que tous ces éclairages contenus dans le livre ne restent pas seulement de bonnes intentions ? Je pense qu’il serait utile d’en parler en communauté. Avoir des moments où nous lisons certains passages, des retraites et examiner nos vies à la lumière de ces éclairages. Ce livre a pour but de donner de l’espérance, de garder intacte la foi dans le charisme de l’unité, et si elle a été perdue, de la retrouver. J’espère qu’en partageant nos expériences, nous pourrons restaurer une vie authentique là où elle n’existe plus, car dans de nombreux endroits, la vie s’épanouit, il y a de la générativité, il y a beaucoup de belles réalités.

Lorenzo Russo

Participer / Présider / Décider

Participer / Présider / Décider

Le samedi 24 juin 2023, un séminaire théologique s’est tenu à Loppiano (Incisa Valdarno, Florence), sur le thème « Participer/Présider/Décider. Racines sacramentelles et dynamiques de communion dans le parcours du peuple de Dieu en mission ». Plus de trente chercheurs ont répondu à l’invitation du Centre Evangelii Gaudium (CEG) de l’Institut universitaire Sophia pour élaborer une proposition de révision du droit canonique afin de rééquilibrer – comme l’exhorte le document de base (Instrumentum laboris) de la XIVe Assemblée du Synode des évêques – « le rapport entre le principe d’autorité, fortement affirmé dans la législation actuelle, et le principe de participation ». Puisque « toutes les discussions doctrinales, morales ou pastorales », assure le pape François, « ne doivent pas être résolues par des interventions du magistère » (Exhortation apostolique Amoris laetizia, n° 3), l’écoute du sensus fidelium de l’ensemble du peuple de Dieu (pasteurs et fidèles) dans la variété des cultures qui le composent est décisive. Le dialogue entre la théologie et le droit est donc animé par une démarche sincère d’inculturation, sans laquelle le risque est réel de poser les bases d’une méprise pratique des principes généraux énoncés par l’Église. « La question, souligne le professeur Vincenzo Di Pilato, coordinateur académique du CEG, est précisément celle-ci : comment rendre effective la participation active de tous les fidèles à nos assemblées synodales ? Restera-t-elle seulement consultative ? Ou sera-t-elle aussi délibérative ? S’agira-t-il de négocier une “concession” juridique ou de “reconnaître” la capacité de décision du sujet collectif de l’action ecclésiale telle qu’elle ressort de l’ecclésiologie de Vatican II et du magistère postconciliaire ? Et sera-t-il donc nécessaire de mettre à jour le Code de droit canonique ? » Dans son message d’ouverture aux participants, le Cardinal Mario Grech, Secrétaire général du Synode, a souligné comment le chemin synodal entre dans une nouvelle phase : il est appelé à devenir une dynamique génératrice et non pas simplement un événement parmi d’autres. On ne peut en effet écouter l’Esprit Saint sans écouter le peuple saint de Dieu dans cette “réciprocité” qui constitue le “Corps du Christ”. C’est dans ce lien communautaire que prend forme cette méthodologie particulière de la conversation dans l’Esprit, bien décrite lors de la présentation de l’Instrumentum laboris. D’où la nécessité – rappelée à plusieurs reprises par le Cardinal Grech – de mieux articuler le principe de la restitution. En d’autres termes, cela signifie que l’unité du processus synodal est garantie par le fait qu’il revient à son point de départ, à l’Église particulière, et qu’il constitue un moment important de “reconnaissance” de ce qui a mûri dans l’écoute de ce que l’Esprit dit à l’Église d’aujourd’hui. Le chemin synodal apparaît donc comme un moment significatif de la vie de l’Église, capable de stimuler et d’activer l’élan créatif et la proclamation évangélique qui naissent de la redécouverte de la relation avec Dieu qui innerve la relation entre les croyants, et aussi comme un signe pour un contexte culturel dans lequel il y a un cri silencieux de fraternité dans la recherche du bien commun. Si dans le rapport « Les problèmes de synodalité entre ecclésiologie et droit canonique » du Prof. Severino Dianich, la récupération de l’ecclésiologie paulinienne de l’être-corps du Christ et la valorisation de la co-essentialité dynamique des dons hiérarchiques et charismatiques ont émergé ; pour le Prof. Alphonse Borras, ce tournant nécessite une explication canonique, qui esquisse une praxis procédurale flexible, capable d’accompagner les processus décisionnels et participatifs à travers les différents organismes déjà prévus (conseil épiscopal, presbytéral, pastorale diocésaine, pastorale paroissiale…). Le cardinal Francesco Coccopalmerio, ancien président du Conseil pontifical pour les textes législatifs, s’est inscrit dans cette ligne lors de son intervention « Synodalité ecclésiale : un passage rapide du consultatif au délibératif est-il envisageable ? » Selon lui, il est possible de trouver dans le droit canonique une définition claire de la synodalité, entendue comme « communion des pasteurs et des fidèles dans l’activité de reconnaissance de ce qu’est le bien de l’Église et dans la capacité de décider comment mettre en œuvre le bien identifié ». A l’issue du séminaire, la proposition a été faite par beaucoup de mettre à disposition les résultats obtenus par la publication des interventions. Le CEG y travaille déjà afin que cela advienne d’ici septembre en tant que contribution supplémentaire au prochain Synode.

Antonio Bergamo

Mû par l’Esprit : entretien avec l’évêque Pierbattista Pizzaballa

Le dimanche 9 juillet 2023, le pape François a nommé 21 nouveaux cardinaux de la Sainte Église romaine, comme d’habitude à la surprise des intéressés. Parmi eux figure Mgr Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem. En félicitant Sa Béatitude pour cette nomination, nous partageons avec joie une interview de lui, réalisée il y a exactement un an en Terre sainte. Voir la vidéo (activer les sous-titres en français) https://youtu.be/JFjWb1-y0ug

Prix Seelisberg 2023 décerné à Joseph Sievers

Prix Seelisberg 2023 décerné à Joseph Sievers

Dans le cadre de l’ouverture de la Conférence internationale du Conseil international des chrétiens et des juifs (ICCJ) à Boston, USA, le dimanche 18 juin, le professeur Joseph Sievers a reçu le Prix Seelisberg 2023. Notre interview à son retour à Rome. Le Prix Seelisberg s’inspire et vise à commémorer le rassemblement novateur qui a eu lieu dans le petit village suisse de Seelisberg du 30 juillet au 5 août 1947 pour aborder les enseignements chrétiens concernant la discrimination à l’égard des Juifs et du judaïsme. Cet événement est largement reconnu comme l’inauguration de la transformation des relations entre juifs et chrétiens. Le prix Seelisberg est décerné chaque année (depuis 2022) par le Conseil international des chrétiens et des juifs (ICCJ), issu de la conférence de Seelisberg, et le Centre de théologie interculturelle et d’étude des religions de l’université de Salzbourg. Les personnes honorées sont celles qui, par leurs études et leur enseignement, ont joué un rôle important dans la promotion du rapprochement entre juifs et chrétiens. Le Professeur et Docteur Joseph Sievers (Prix Seelisberg 2023) est né en Allemagne et a commencé ses études à l’université de Vienne et à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Il est titulaire d’un doctorat en histoire ancienne de l’Université de Columbia (1981) et d’une Lic. Theol. de l’Université pontificale grégorienne (1997). Il a enseigné à CUNY, Seton Hall Univ., Fordham Univ. et d’autres institutions aux États-Unis, en Italie et en Israël. De 1991 à 2023, il a enseigné l’Histoire et la Littérature juives de la période hellénistique à l’Institut biblique pontifical de Rome, où il était professeur titulaire. En outre, de 2003 à 2009, il a été directeur du Centre Cardinal Bea pour les études juives à l’Université Pontificale Grégorienne. Depuis 1965, il est membre du mouvement des Focolari, avec lequel il collabore depuis 1996 dans le cadre du Centre pour le Dialogue Interreligieux. Il a publié plusieurs livres et de nombreux articles, notamment dans le domaine de l’histoire du Second Temple (en particulier Flavius Josèphe) et des relations judéo-chrétiennes. Avec Amy-Jill Levine, il a édité The Pharisees (Grand Rapids, MI : Eerdmans, 2021 ; traduction italienne Milan, San Paolo, 2021 ; traduction allemande prévue pour 2024). Professeur Sievers, qu’est-ce que cela signifie pour vous de recevoir ce prix ? Ce fut une grande surprise et lorsqu’on m’a demandé de parler de mon expérience, j’ai ressenti une grande gratitude en regardant en arrière, en pensant à tous les moments, à toutes les personnes que j’ai rencontrées, aux situations dans lesquelles j’ai pu être présent et parfois être utile. Une grande gratitude et, en même temps, une responsabilité pour le présent et l’avenir. Dans votre discours lors de la cérémonie de remise du prix, vous avez déclaré : « Les difficultés peuvent nous aider à mieux nous comprendre. Les difficultés peuvent nous unir ». Au cours de votre longue expérience de ce dialogue, qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous, et qu’est-ce qui a été le plus surprenant au point de dire : « On peut y arriver » ? Il y a eu plusieurs moments difficiles, mais je me souviens particulièrement de celui où nous avons dû organiser une réunion de dialogue à Jérusalem en 2009. Quelques semaines après un conflit, une opération qui a fait de nombreux morts et blessés. En même temps, il y avait aussi la situation de l’évêque (Richard Nelson) Williamson qui niait l’holocauste. Il y avait des difficultés de tous les côtés qui rendaient un dialogue ouvert très difficile. Cependant, nous avons réussi à organiser cette réunion. Nous sommes allés de l’avant et ce furent des moments de communion spirituelle très forts, au-delà de tous les problèmes. Et puis vous me demandez aussi ce qui a été possible, malgré les difficultés ? Il n’était certainement pas facile d’organiser une conférence sur les Pharisiens et de publier ensuite un livre. À plusieurs reprises, j’ai senti que la route était barrée. Soit pour des raisons financières, soit parce que quelqu’un n’était pas d’accord avec ce que nous voulions faire, soit parce qu’il semblait impossible d’avoir une audience avec le Pape, pour une conférence de ce type… Au contraire, en collaborant, et c’était vraiment une collaboration, surtout avec un collègue juif, mais aussi avec d’autres, il a été possible de résoudre ces problèmes pour donner quelque chose qui était basé sur des études sérieuses, mais qui s’adressait aussi à des situations concrètes dans les églises, dans les paroisses. Il est certain qu’il y a eu un succès qui n’a pas eu un effet immédiat partout, mais par exemple un évêque m’a écrit : « Voilà, maintenant nous devons changer tout notre enseignement sur les pharisiens et le judaïsme dans les séminaires ». C’est déjà quelque chose. Comment votre appartenance au mouvement des Focolari a-t-elle influencé cette expérience ? Sans le mouvement des Focolari, je ne serais probablement pas entré dans ce domaine.  C’est du Mouvement qu’est venue l’envie d’étudier les langues de la Bible, et c’est de là qu’est né tout le reste. Je suis entré au focolare précisément le 28 octobre 1965, c’était un jeudi. Je suis arrivé au focolare de Cologne (Allemagne) avec mon vélo, amené en train avec mes deux valises le soir même où, à Rome, au Concile, on approuvait Nostra Aetate (Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes). Cela a toujours été très important pour moi, de lier l’engagement dans le Mouvement à l’engagement dans le dialogue. Vous avez également été appelé à collaborer officiellement au dialogue de l’Église catholique avec les juifs… Oui. Depuis 2008, je suis consultant de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, une commission du Saint-Siège. Et j’ai participé à plusieurs réunions de l’ILC à Buenos Aires, au Cap ou encore à Budapest, Madrid, Varsovie, Rome… Et vous faites des pas en avant ? Un pas, c’est déjà d’être ouvert pour se rencontrer, pour se parler et aussi pour surmonter les difficultés en cours de route. Parfois, il vaut mieux faire face à tout en dînant ensemble qu’en envoyant des lettres enflammées. Des pas sont faits et il y a certainement beaucoup plus à faire, il faut étendre le réseau. En d’autres termes, la plupart des chrétiens et des Juifs ne sont pas impliqués, parfois ils ne savent même pas qu’il existe ces relations, qu’il y a ce chemin ensemble. Il y a encore beaucoup à faire pour faire connaître et appliquer ces principes. Une chose que j’ai beaucoup apprise en dialoguant avec des Juifs, c’est que les questions sont parfois plus importantes que les réponses. C’est que je ne prétends pas et ne peux pas prétendre avoir toutes les réponses et que je ne peux donc pas aborder l’autre personne comme quelqu’un qui a trouvé toutes les réponses et qui l’aborde à partir d’une position de supériorité. Ma position est d’être un chercheur ensemble. C’est ce à quoi nous devons faire face ensemble tôt ou tard, de la manière la plus dramatique qui soit, lorsqu’il s’agit de la Shoah, l’Holocauste. Une chose essentielle est de regarder, d’être aussi sensible que possible aux engagements et aux besoins de chacun. Et puis aussi d’être ouvert, et si l’on se trompe, on peut toujours recommencer si l’intention est bonne : entrer sur la pointe des pieds dans l’environnement de l’autre, et non pas avec l’attitude de quelqu’un qui dit « je sais tout ». Enfin, en recevant ce prix, outre le sentiment de gratitude, Joseph Sievers est-il motivé par quelque chose d’autre ? Oui, en effet. Par exemple, il y a des questions ouvertes et cela me stimule à les aborder davantage. Et peut-être même que cela me donne une certaine autorité pour les aborder avec certaines personnes. Je ne sais pas si cela se produira, mais c’est aussi une incitation à poursuivre ce travail, qui n’est pas terminé, qui ne le sera jamais, mais où certaines étapes peuvent être franchies ensemble.

                                                                                                                                  Carlos Mana

Participer / Présider / Décider

Participer / Présider / Décider

Le samedi 24 juin 2023, un séminaire théologique s’est tenu à Loppiano (Incisa Valdarno, Florence), sur le thème « Participer/Présider/Décider. Racines sacramentelles et dynamiques de communion dans le parcours du peuple de Dieu en mission ». Plus de trente chercheurs ont répondu à l’invitation du Centre Evangelii Gaudium (CEG) de l’Institut universitaire Sophia pour élaborer une proposition de révision du droit canonique afin de rééquilibrer – comme l’exhorte le document de base (Instrumentum laboris) de la XIVe Assemblée du Synode des évêques – « le rapport entre le principe d’autorité, fortement affirmé dans la législation actuelle, et le principe de participation ». Puisque « toutes les discussions doctrinales, morales ou pastorales », assure le pape François, « ne doivent pas être résolues par des interventions du magistère » (Exhortation apostolique Amoris laetizia, n° 3), l’écoute du sensus fidelium de l’ensemble du peuple de Dieu (pasteurs et fidèles) dans la variété des cultures qui le composent est décisive. Le dialogue entre la théologie et le droit est donc animé par une démarche sincère d’inculturation, sans laquelle le risque est réel de poser les bases d’une méprise pratique des principes généraux énoncés par l’Église. « La question, souligne le professeur Vincenzo Di Pilato, coordinateur académique du CEG, est précisément celle-ci : comment rendre effective la participation active de tous les fidèles à nos assemblées synodales ? Restera-t-elle seulement consultative ? Ou sera-t-elle aussi délibérative ? S’agira-t-il de négocier une “concession” juridique ou de “reconnaître” la capacité de décision du sujet collectif de l’action ecclésiale telle qu’elle ressort de l’ecclésiologie de Vatican II et du magistère postconciliaire ? Et sera-t-il donc nécessaire de mettre à jour le Code de droit canonique ? » Dans son message d’ouverture aux participants, le Cardinal Mario Grech, Secrétaire général du Synode, a souligné comment le chemin synodal entre dans une nouvelle phase : il est appelé à devenir une dynamique génératrice et non pas simplement un événement parmi d’autres. On ne peut en effet écouter l’Esprit Saint sans écouter le peuple saint de Dieu dans cette “réciprocité” qui constitue le “Corps du Christ”. C’est dans ce lien communautaire que prend forme cette méthodologie particulière de la conversation dans l’Esprit, bien décrite lors de la présentation de l’Instrumentum laboris. D’où la nécessité – rappelée à plusieurs reprises par le Cardinal Grech – de mieux articuler le principe de la restitution. En d’autres termes, cela signifie que l’unité du processus synodal est garantie par le fait qu’il revient à son point de départ, à l’Église particulière, et qu’il constitue un moment important de “reconnaissance” de ce qui a mûri dans l’écoute de ce que l’Esprit dit à l’Église d’aujourd’hui. Le chemin synodal apparaît donc comme un moment significatif de la vie de l’Église, capable de stimuler et d’activer l’élan créatif et la proclamation évangélique qui naissent de la redécouverte de la relation avec Dieu qui innerve la relation entre les croyants, et aussi comme un signe pour un contexte culturel dans lequel il y a un cri silencieux de fraternité dans la recherche du bien commun. Si dans le rapport « Les problèmes de synodalité entre ecclésiologie et droit canonique » du Prof. Severino Dianich, la récupération de l’ecclésiologie paulinienne de l’être-corps du Christ et la valorisation de la co-essentialité dynamique des dons hiérarchiques et charismatiques ont émergé ; pour le Prof. Alphonse Borras, ce tournant nécessite une explication canonique, qui esquisse une praxis procédurale flexible, capable d’accompagner les processus décisionnels et participatifs à travers les différents organismes déjà prévus (conseil épiscopal, presbytéral, pastorale diocésaine, pastorale paroissiale…). Le cardinal Francesco Coccopalmerio, ancien président du Conseil pontifical pour les textes législatifs, s’est inscrit dans cette ligne lors de son intervention « Synodalité ecclésiale : un passage rapide du consultatif au délibératif est-il envisageable ? » Selon lui, il est possible de trouver dans le droit canonique une définition claire de la synodalité, entendue comme « communion des pasteurs et des fidèles dans l’activité de reconnaissance de ce qu’est le bien de l’Église et dans la capacité de décider comment mettre en œuvre le bien identifié ». A l’issue du séminaire, la proposition a été faite par beaucoup de mettre à disposition les résultats obtenus par la publication des interventions. Le CEG y travaille déjà afin que cela advienne d’ici septembre en tant que contribution supplémentaire au prochain Synode.

Antonio Bergamo

Japon : le Projet CommuniHeart

Au Japon, un groupe de femmes de différentes religions a mis sur pied le “Projet CommuniHeart”, un projet de prévention du suicide, axé sur la conscience de soi, la communication et le soutien d’une communauté. Le Projet CommuniHeart est un projet promu par ‘’Religions pour la Paix’’ Japon (Conférence Mondiale des Religions pour la Paix). https://youtu.be/pRf6Q_gNlYU

Vers un serment éthique pour le monde numérique

Vers un serment éthique pour le monde numérique

Le niveau atteint par les intelligences artificielles nous pose de nouvelles questions éthiques : comment promouvoir un développement technologique respectueux de l’homme ? Call to action (Appel à l’action) pour les développeurs et les innovateurs du monde numérique. Un horizon qui nous concerne tous.

Juin 2023, Institut universitaire Sophia : sur l’écran de l’Aula Magna, une hôtesse numérique ouvre élégamment le séminaire « Towards a Digital Oath / Vers un serment numérique ». Nous franchissons un seuil : les préparatifs sont en cours depuis un certain temps, mais l’accélération de ces derniers mois dit quelque chose de nouveau. Promu par une plateforme d’acteurs – le centre de recherche Sophia Global Studies, le Movimento Politico per l’Unità, NetOne, New Humanity et Digital Oath -, la rencontre vise à aborder les questions les plus urgentes du monde numérique sous différentes perspectives : philosophique, technologique, éthique, social, politique, jusqu’à discuter de la proposition d’un « serment » qui pourrait représenter quelque chose d’analogue au serment d’Hippocrate des médecins pour ceux qui travaillent dans le monde numérique. D’où vient ce besoin ? Avec quels objectifs ?

Le monde technologique tend à changer rapidement et, de plus en plus, à une vitesse qui dépasse notre capacité d’adaptation. La complexité des machines et des systèmes qui structurent la réalité affecte non seulement notre façon de vivre, mais aussi notre façon de voir le monde et de penser l’avenir. Le niveau atteint par les « intelligences artificielles »- IA, voit l’émergence, à côté de l’enthousiasme pour leurs capacités opérationnelles, d’une inquiétude générale quant aux nouvelles possibilités ouvertes par ces systèmes et aux effets qui peuvent résulter de leur utilisation malveillante.

La diffusion récente du ChatGPT (novembre 2022) et de tous ses dérivés a massivement rapproché les IA de notre vie quotidienne, soulevant de nouvelles questions de sens liées à la compréhension de ce qui est humain et de ce qui ne l’est pas. Sur la scène mondiale, l’évolution de ces dispositifs a produit une certaine désorientation, non seulement parce que leur utilisation semble être à la portée de tous, mais surtout parce qu’ils démontrent qu’ils font quelque chose qui était auparavant l’apanage des êtres humains, avec des capacités quantitativement supérieures. Le fait que nous soyons confrontés à des systèmes qui ne sont pas « intelligents » au sens humain du terme et qui gèrent leur base de connaissances par des calculs statistiques ne change rien au résultat final : le sentiment de ne plus être les auteurs de choix fondamentaux, concurrencés par des machines qui sont un peu moins des « outils » et un peu plus des « compagnons de travail ».

A ces questions, le séminaire « Vers un serment numérique / Towards a Digital Oath » a ajouté un thème central : s’interroger sur l’éthique des technologies, c’est s’interroger sur l’humain. En effet, nombreux sont ceux qui considèrent le développement technologique comme l’activité humaine qui nous caractérise le plus. En effet, les technologies numériques, et en particulier l’IA, sont celles qui reflètent plus que d’autres, comme dans un miroir, notre façon d’être et de comprendre l’existence. Les crises du siècle dernier (valeurs, environnementales, sociales et politiques) leur sont étroitement liées et nous disent que le développement technologique doit s’accompagner d’un engagement éducatif tout aussi déterminé, afin que toutes les formes de progrès puissent être guidées par une conscience éthique plus profonde. Le sens d’un « serment » pour le monde numérique va précisément dans ce sens. Le programme des premiers jours de juin a réuni des experts qualifiés (lien vers le programme). Après une première présentation générale des technologies numériques actuelles, le débat a porté sur les risques et les réglementations liés à leur utilisation en Italie et dans l’UE, aux États-Unis, au Brésil et en Chine, mêlant solutions technologiques et questions politiques, réflexions philosophiques et phénomènes sociaux. « Il est nécessaire de rendre visible et de souscrire à un engagement concret et universellement partagé », explique Fadi Chehadé, ancien PDG de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) et promoteur du « serment » pour une éthique du monde numérique, professeur invité à l’Institut Sophia, « avec lequel les développeurs, les techniciens et les utilisateurs des technologies numériques peuvent fermement ancrer leur travail sur une approche centrée sur l’humain ». Fadi Chehadé a accompagné les premières étapes du parcours depuis novembre 2019, lorsqu’un premier groupe s’était réuni à Trente (Italie) pour donner forme au projet. Par la suite, le groupe promoteur a impliqué des chercheurs de différents pays et a participé à la consultation publique promue par l’ONU pour le Global Digital Compact 2024.

Aujourd’hui, l’objectif du Digital Oath est précis : suggérer des lignes directrices et motiver éthiquement les développeurs et les innovateurs du monde numérique à se concentrer sur la dignité et la qualité de vie des personnes et des communautés, sur le sens humain de l’existence et sur le respect des droits fondamentaux et de l’environnement. « La proposition de traduire, pour ainsi dire, le Serment d’Hippocrate pour le monde numérique », rappellent les promoteurs de la conférence, « est déjà apparue dans diverses études internationales, qui soulignent l’urgence de la question et la responsabilité de ceux qui créent et gèrent des services numériques et administrent des données. On pense non seulement aux nouveaux réseaux neuronaux, mais aussi aux réseaux sociaux, ou aux crypto-monnaies… Notre travail rejoint celui d’autres réseaux : il s’agit maintenant d’unir nos efforts pour une coalition entre universités, le secteur privé et les organisations engagées dans la rédaction d’un code d’éthique, d’un protocole d’autorégulation dont des personnes, des sociétés et l’environnement pourront bénéficier ».

Une première formulation du serment est disponible pour tous sur le nouveau site web du Digital Oath et les inscriptions affluent ; le texte est ouvert aux suggestions et aux modifications avec une élaboration progressive. Le site inclura également bientôt les enregistrements et les documents du Séminaire. Bien que le chemin soit certainement ascendant, nous sommes nombreux à marcher : c’est un horizon qui nous concerne tous.                                                                                                                                                                                                                               Andrea Galluzzi

Œcuménisme : synodalité et primauté au deuxième millénaire et aujourd’hui

Œcuménisme : synodalité et primauté au deuxième millénaire et aujourd’hui

La Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe a tenu sa quinzième session plénière du 1er au 7 juin 2023 à Alexandrie (Égypte), accueillie par le Patriarcat grec orthodoxe d’Alexandrie et de toute l’Afrique, et est parvenue à un accord sur un nouveau document intitulé « Synodalité et primauté au deuxième millénaire et aujourd’hui ». Notre entretien avec le théologien Piero Coda, présent à la réunion. Mgr Coda, pouvez-vous nous dire ce qu’a été cette rencontre, qui y a participé et quel était son objectif principal ? Il s’agissait de la 15ème session plénière de la « Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe » qui s’est tenue à Alexandrie, en Égypte, sous la présidence du Métropolite Job de Pisidie (Patriarcat œcuménique de Constantinople) et du Cardinal Kurt Koch (Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens), avec l’hospitalité cordiale du Patriarche Théodoros II d’Alexandrie. Il s’agissait de compléter la phase de dialogue inaugurée par le document de Ravenne (2007), qui prévoyait, après la mise au point du cadre théologique commun aux orthodoxes et aux catholiques sur l’interdépendance dans la vie de l’Église de la synodalité et de la primauté, l’examen historique de la situation vécue au premier millénaire, proposé par le document de Chieti (2016), pour arriver à la description de la situation vécue au deuxième millénaire, objet du document approuvé à Alexandrie. En raison des vicissitudes bien connues qui agitent le monde orthodoxe, le Patriarcat de Russie a abandonné les travaux de la Commission. Les représentants des Patriarcats d’Antioche, de Bulgarie et de Serbie étaient également absents d’Alexandrie, tandis que les 10 délégations restantes des autres Patriarcats (Constantinople, Alexandrie, Jérusalem, Roumanie, Géorgie) et des Églises autocéphales (Chypre, Grèce, Pologne, Albanie, Tchécoslovaquie et Slovaquie) étaient présentes. Dans quels termes peut-on parler de synodalité dans la sphère œcuménique et quelles sont les considérations qui se dégagent du passé ? Le thème est illustré dans l’introduction : « Le présent document considère l’histoire troublée du deuxième millénaire (…) il s’efforce de donner autant que possible une lecture commune de cette histoire et offre aux orthodoxes et aux catholiques l’occasion de s’expliquer mutuellement sur divers points, afin de promouvoir la compréhension et la confiance mutuelles qui sont des conditions préalables essentielles à la réconciliation au début du troisième millénaire. » Il en résulte une compréhension plus claire et plus partagée des motifs qui ont conduit – souvent pour des raisons de nature historico-politique plutôt que théologique – à favoriser une distance qui a non seulement empêché les tentatives de réconciliation au cours des siècles de porter leurs fruits, mais qui a exacerbé les interprétations polémiques envers l’autre partie et le durcissement apologétique de sa propre position. Il faut noter que l’ouverture à une situation nouvelle marquée par le rapprochement opéré au XXème siècle est à valoriser : elle favorise une évaluation plus pertinente de la signification réelle et du poids théologique de ce qui fait encore obstacle à l’unité pleine et visible. Quelles sont les perspectives d’avenir ? Le document souligne que le “retour aux sources” de la foi et la stratégie du dialogue de la charité entre les “Églises sœurs” promues, dans le sillage de Vatican II, par Paul VI et le Patriarche Athénagoras sont décisifs. L’engagement actuel de l’Église catholique, poursuivi avec ténacité par le pape François, de redécouvrir et de réactiver le principe de synodalité stimule également l’espoir. Dans quelle direction allons-nous ? Le document souligne que « l’Église n’est pas correctement comprise si on la voit comme une pyramide, avec une primauté la gouvernant d’en haut, mais elle n’est pas non plus correctement comprise si on la considère comme une fédération d’Églises autosuffisantes. Notre étude historique de la synodalité et de la primauté au cours du deuxième millénaire a montré l’inadéquation de ces deux visions. De même, il est clair que pour les catholiques, la synodalité n’est pas simplement consultative et que pour les orthodoxes, la primauté n’est pas simplement “honorifique “.» L’interdépendance entre synodalité et primauté, donc – c’est le point établi -, est « un principe fondamental dans la vie de l’Église. Elle est intrinsèquement liée au service de l’Église aux niveaux local, régional et universel. Cependant, le principe doit être appliqué dans des contextes historiques spécifiques (…) Ce qui est requis dans de nouvelles circonstances, c’est une application nouvelle et correcte du même principe. » Cette perspective ouvre la voie à la poursuite du voyage et à l’ouverture d’une nouvelle phase.

                                                                          Carlos Mana e Maria Grazia Berretta (photos: ©Dicastero per la promozione dell’Unità dei cristiani)

Vivre la prière

Entrer dans la prière signifie retrouver le coeur de la rencontre entre le “moi” et la présence de Dieu dans notre vie. Chiara Lubich, Pasquale Foresi et Igino Giordani, avec des mots qui, aujourd’hui deviennent toujours plus actuels, tracent les lignes d’une spiritualité civile, accessible à tous, vécue dans les rues des villes du monde entier. 

 

Je me suis rendu compte que l’époque moderne demande une prière un peu particulière. […]. Autrefois on pensait que le monde et le cosmos étaient immobiles, fixes. L’homme devait donc trouver Dieu à travers les étoiles, à travers les fleurs, […] donc à travers la contemplation, la paix, l’union à Dieu, dans des moments de recueillement, de prière à l’Église, devant le Saint Sacrement… […] À présent, en revanche, on voit que le monde évolue, qu’il se transforme : tout change. […]  L’homme est entrainé dans ce mouvement, il est engagé dans cette course vers la perfection. Alors il ne peut plus rester immobile à contempler, l’homme est appelé, […] à participer avec Dieu à cette évolution, à cette création. C’est pourquoi tout ce que vous faites à l’école, au bureau, à l’usine, revient à construire le monde avec Dieu créateur, faire évoluer le monde. Cependant nous devons le faire évoluer en ayant bien conscience que nous participons à la Création de Dieu, et donc que notre Œuvre est une œuvre sacrée. Nous sommes un bras de Dieu créateur qui va de l’avant, qui construit le monde.

Chiara Lubich (Castel Gandolfo, 25 février 1989 dans “le souffle de l’âme” préparé par Fabio Ciardi, Nouvelle Cité, 2023, p.66)

  Une forme de prière très importante, on peut l’avoir au travail. Je pense surtout aux ouvriers dans les usines, à toutes les personnes qui, durant la journée, sont exténuées, avec une fatigue qui enlève presque la faculté même de penser et donc, dans un certain sens, de prier. Si le matin, par une simple intention, nous offrons notre vie quotidienne à Dieu, nous vivons profondément, durant toute la journée en relation avec Dieu. Et selon moi, lorsque le soir, ces ouvriers, même pour de courts instants parce que fatigués, pourront se recueillir avec Dieu, ils trouveront l’unité avec Lui : ils la trouvent parce qu’ils ont vécu tout leur travail en relation avec Lui. Et c’est ce qu’il y a de plus important : être en relation étroite avec Lui. Et c’est, au fond, ce que l’humanité est prête à entendre aujourd’hui : c’est-à-dire que tout l’univers et tout ce qui s’y accomplit, pris dans un sens religieux, puisse se transformer en une grande prière que le monde élève vers Dieu.

Pasquale Foresi (in “Dio ci chiama. Conversazioni sulla vita cristiana” Città Nuova, 2003, p.116) 

  Ce matin, il m’a semblé que je m’étais rapproché de Dieu. Jamais, je crois, je ne l’avais senti aussi proche. Ma joie a été et reste grande. Je sens que j’ai trouvé un libre accès pour aller à Lui ; et mon intention est de ne plus jamais m’éloigner. J’ai surmonté, par la grâce de Dieu, les obstacles qui m’empêchaient de m’accrocher à la terre. Désormais, je suis sur terre et j’habite au ciel (mon ambition est grande, mais Sa miséricorde l’est encore plus. Je l’aime infiniment). Les impulsions de vanité, de préférences dans les amitiés ne me freinent plus. Je vais directement à Dieu, en me débarrassant de ces oripeaux. Les hommes peuvent me trahir, me calomnier, me tuer : mais j’ai Dieu, et je les aime indépendamment d’eux. J’appartiens à Dieu. Je n’ai besoin de rien d’autre.

Igino Giordani (in “Diario di Fuoco“, Città Nuova, 1992, p.196)

Activer les sous-titres français https://youtu.be/nLK39FnIrOw

SPARKS (le podcast) : histoires de changemakers cheminant parmi nous

SPARKS (le podcast) : histoires de changemakers cheminant parmi nous

Est publié aujourd’hui le premier épisode du  nouveau podcast produit par United World Project. Il raconte des histoires d’acteurs de changement – changemakers ayant décidé  de se lancer dans une activité nouvelle, sous le coup d’une étincelle qui les a poussés d’agir pour rendre leur société meilleure.

Une étincelle peut inspirer le changement

Aujourd’hui, 16 juin 2023, United World Project est heureux de vous présenter un nouveau podcast en anglais: Sparks (Étincelles). Dans chaque épisode, nous raconterons des histoires de  changemakers, de  différentes parties du monde, qui ont donné vie à un projet, une entreprise ou une activité, après avoir été inspirés par  une « étincelle »: une petite lumière qui a occasionné la contagion de beaucoup d’autres personnes.  Chacune d’elles, chacun d’eux nous emmènera dans son pays, pour nous plonger dans  sa culture et nous raconter comment son projet a commencé.  Il n’est pas besoin d’être Greta Thunberg ou Ghandi pour engager un changement. Nous croyons que chacun de nous peut faire la différence.  Peut-être à peine une étincelle suffit-elle !

Le premier épisode : Giving back to society one jar at a time

Restituer à la société, pas à pas.  Nous avons tous de grands rêves. Celui de Mabih était de travailler aux Nations Unies et pendant des années, elle a tout fait pour y parvenir.  Mais cela n’a pas été comme elle l’espérait. En 2019, elle a réalisé que son rêve, poursuivi en vue d’aider les autres, n’était peut-être qu’un désir personnel de pouvoir s’affirmer dans la société.  Ainsi, en laissant à ce rêve la possibilité de se transformer, sa vie a changé d’une manière jamais imaginée auparavant.  Aujourd’hui, à 38 ans, Nji Mabih est à la tête d’une petite entreprise et vit au Cameroun. Pour continuer à lire, cliquez ici. Pour écouter l’épisode immédiatement sur Spotify, cliquez ici !  Si vous préférez écouter des podcasts sur d’autres plateformes, vous pouvez également trouver “Sparks” sur Apple Podcast, Google Podcast, Amazon Music et Audible. Bonne écoute!

Laura Salerno

Évangile vécu : « Vivez en paix et le Dieu de l’amour et de la paix sera avec vous » (2 Co 13, 11).

Laisser Dieu habiter en nous : c’est le point de départ pour conserver et témoigner dans la joie, la valeur inestimable de l’unité et de la paix, dans la charité et la vérité ; pour s’enrichir et être des semences de bien et de fraternité pour le monde. Sans mesurer la haine Je vis dans une petite ville d’Ukraine, à la frontière de la Slovaquie. Les bombes n’arrivent pas jusqu’à chez nous, mais bien leurs terribles conséquences : des personnes déplacées avec leurs besoins, la nécessité de torches et de bougies, de médicaments, de couvertures… Une grande obscurité s’est abattue sur notre pays. Les nouvelles de ceux qui trahissent, de ceux qui s’enrichissent dans ces situations dramatiques, de ceux qui exploitent les autres, des chacals… sont à l’ordre du jour : le mal, quand il triomphe, n’a pas de règles, pas de limites. Mais malgré tout, il se passe quelque chose d’autre : les gens d’ici sentent qu’ils partagent la douleur des autres et cherchent des solutions. Dans les familles, le besoin de chaleur, de protection, de solidarité est revenu. J’assiste à ce paradoxe d’une guerre du mal et du triomphe du bien. On se raconte l’histoire de Chiara Lubich et des premières personnes qui l’ont suivie: elles aussi ont commencé pendant une guerre et n’ont pas mesuré la haine, mais ont allumé le bien, qui s’est ensuite répandu partout. En vérité, les forces du mal ne l’emporteront pas. Notre gratitude est une véritable prière qui s’élève vers le ciel comme un chant de louange au Dieu Amour. (S.P. – Ukraine) Une chaîne d’amour Dans la salle d’attente de mon salon de coiffure, l’échange de nouvelles est habituel entre les clientes et comme je n’avais pas vu depuis un petit temps, une dame âgée, Madame Adèle, qui venait périodiquement chez nous, j’ai demandé à l’une d’entre elles de me donner de ses nouvelles. J’ai ainsi appris qu’Adèle était gravement malade et, poussée par le désir de la revoir, j’ai décidé de lui rendre visite un jour.  J’ai retrouvé Madame Adèle, seule et sans famille, dans un état d’abandon total, et j’ai immédiatement lancé un appel à l’aide, cherchant quelqu’un parmi mes clientes qui aurait pu lui tenir compagnie. Une belle compétition s’est engagée parmi mes clientes jusqu’à ce que, très rapidement, le fils de l’une d’entre elles réussisse à la placer dans un foyer d’accueil qui assurait assistance et soins. J’ai moi aussi proposé mes services de coiffeuse, non seulement à Adèle, mais aussi à toutes celles qui le souhaitaient. L’histoire d’Adèle m’a montré qu’il suffit de commencer par des actes concrets de charité ; la chaîne de l’amour se répand alors rapidement et efficacement. (F.d.R. – Italie) Une école de la solidarité Dans le désert, à l’extérieur d’une ville de l’Égypte où je me trouve, vivent 1 000 personnes atteintes de la lèpre. Il y a quelques années encore, personne ne connaissait l’existence de cette colonie. Nous sommes allés vérifier la situation et nous avons découvert que ces personnes manquaient de tout. Même les médecins n’allaient pas les voir. Après avoir pris des dispositions avec Caritas, nous avons ouvert notre groupe à d’autres jeunes chrétiens et musulmans avec lesquels nous nous rendons maintenant sur place les jours de congé. Deux d’entre nous, étudiants en médecine, sont impliqués dans les soins médicaux et se sont donc tenus au courant des méthodes de traitement de la lèpre. D’autres se sont portés volontaires pour repeindre des maisons et les rendre plus habitables. Un jeune journaliste a publié quelques articles dans divers journaux et magazines afin d’informer et de sensibiliser le plus grand nombre au problème. Et surtout, nous avons réalisé que les malades de cette colonie ont besoin d’une écoute qui est presque plus importante pour eux que les médicaments. Cette expérience est devenue pour nous une véritable école : elle nous fait prendre conscience que chacun d’entre nous peut apporter quelque chose aux autres. (H.F.S. – Egypte)

                                                                                                                                                            Maria Grazia Berretta

(extrait de : «  Il Vangelo del Giorno », Città Nuova, année IX – no.1 mai-juin 2023)

World Meeting on Human Fraternity: la fraternité comme œuvre commune

World Meeting on Human Fraternity: la fraternité comme œuvre commune

Le 10 juin 2023 s’est tenue au Vatican la Rencontre mondiale sur la fraternité humaine, à laquelle le mouvement des Focolari a participé aux côtés d’autres mouvements ecclésiaux, organisations internationales et associations. La Présidente des Focolari, Margaret Karram, était représentée par quelques focolarini, dont Christian Abrahao Da Silva. Ce dernier nous fait part de ses impressions. C’est dans l’esprit de promouvoir un processus participatif pour aider à redécouvrir le sens de la fraternité et la construire ensemble à travers le dialogue, la connaissance, les moments de rencontre, les paroles et les gestes partagés, que s’est tenu le 10 juin dernier au Vatican le World Meeting on Human Fraternity, une rencontre internationale sur la fraternité humaine, promue par la Fondation Fratelli Tutti et la Basilica Papale di San Pietro, sous le patronage du Cardinal Mauro Gambetti, Archiprêtre de la Basilique Papale Saint-Pierre au Vatican, Vicaire général de Sa Sainteté pour la Cité du Vatican. L’événement inspiré par l’encyclique Fratelli Tutti a bénéficié de la présence de plusieurs lauréats du Prix Nobel de la Paix, de personnalités du monde de la science, de la culture, du droit, d’associations et d’organisations internationales, qui ont eu pour tâche d’élaborer un « Appel à l’engagement pour la Fraternité Humaine ». Le document lu par deux lauréats du prix Nobel, Nadia Murad et Muhammad Yunus, au cours du Festival qui s’est tenu sur la place Saint-Pierre dans l’après-midi, a ensuite été signé par le Secrétaire d’État, le cardinal Parolin, au nom du Pape François et du groupe qui a élaboré le document. Christian Abrahao Da Silva, focolarino qui a participé à la Rencontre, nous raconte ce moment. Christian, qu’est-ce que cela a signifié pour toi de participer à ce moment mondial dédié à la fraternité ? Ce fut tout d’abord un grand honneur. Une focolarine, Corres Kwak, et moi-même, avons été appelés à représenter la Présidente des Focolari, Margaret Karram, et l’ensemble du Mouvement, lors de cet événement au but noble, celui de promouvoir la fraternité et l’amitié sociale entre les personnes et entre les peuples, comme antidote aux nombreuses formes de violence et de guerres qui se succèdent dans le monde. La rencontre s’est déroulée en deux temps : le matin, dans l’ancienne salle synodale, en présence de représentants de divers mouvements et associations ecclésiaux. L’après-midi, une grande fête s’est déroulée sur la place Saint-Pierre, en présence de représentants de diverses places du monde. Comment se sont ouverts les travaux ? Le matin, nous avons participé à deux tables rondes où il nous a été demandé de répondre essentiellement à deux questions : « que faisons-nous concrètement pour réaliser la fraternité sociale et la fraternité environnementale ? » Et encore « y a-t-il un nous ? » Ce furent de très beaux moments participatifs. On a beaucoup parlé du concept de jardin en référence au jardin d’Eden, exprimé par le Pape François dans « Fratelli tutti ». Les paroles les plus prononcées ont été : compassion, responsabilité (politique et économique), partage, promotion intégrale, reconnaissance de chaque personne humaine, attention, accueil. Une véritable expérience ecclésiale avec l’espoir qu’elle puisse se répandre et témoigner largement de la nécessité de redécouvrir et de renforcer la fraternité humaine. Qu’est-ce qui t’a particulièrement frappé ? Outre le groupe des Prix Nobel de la Paix, le groupe des mouvements et associations ecclésiaux, il y avait aussi un groupe de 30 très jeunes étudiants de différentes écoles italiennes, accompagnés de leurs professeurs de religion, qui avaient participé à un concours avec des œuvres artistiques de différents types, exprimant de manière créative le thème de la Rencontre. Leur présence a donné une touche importante à l’engagement des nouvelles générations dans l’éducation à la fraternité. En outre, les expériences racontées sur la scène du Festival l’après-midi, celles de certains artistes qui ont partagé leurs talents avec liberté et joie, ont été d’un grand apport. Que retient le mouvement des Focolari de ce moment ? Le Pape François a relancé la fraternité comme un nouveau paradigme anthropologique sur lequel reconstruire des gestes et des lois, car « la fraternité a quelque chose de positif à offrir à la liberté et à l’égalité » (Fratelli tutti, n. 103). Cette citation m’a fait penser à un discours de Chiara Lubich intitulé : « Liberté, égalité… qu’est-il advenu de la fraternité ? » Il s’agissait ici d’un de ces événements qui nous appellent à nous jeter toujours plus au centre de notre charisme d’unité. En outre, en expliquant l’idée de l’événement, le cardinal Gambetti a vraiment touché le cœur, en définissant ce moment comme un « processus et une expérience, comme un premier pas pour aider à redécouvrir le sens de la fraternité et pour la construire culturellement parce qu’elle n’est pas donnée biologiquement, la fraternité a besoin de rencontre et de dialogue, de connaissance et de mots et de gestes partagés, de langages communs et de l’expérience de la beauté. »

Maria Grazia Berretta

En prière pour la santé du pape François

Comme le public le sait, le pape François a subi hier, 7 juin, une intervention chirurgicale à la Polyclinique Gemelli de Rome. Le souverain pontife est « en bonnes conditions générales » et serein. Il remercie pour les messages de proximité qui lui parviennent du monde entier et demande que l’on continue à prier pour lui. Margaret Karram lui a fait parvenir ses prières et son affection, de même que celles du Mouvement des Focolari.  

Rocca di Papa, 8 juin 2023

Sainteté, cher pape François

Nous suivons avec attention les mises au courant suite à l’intervention que vous avez subie hier et nous nous réjouissons des nouvelles réconfortantes reçues récemment concernant votre état de santé. Unis à toute l’Église, avec les communautés du Mouvement dans le monde, nous vous accompagnons de nos prières et de l’offrande de nos vies. Soyez assuré que nous continuerons à vous soutenir, en demandant au Père votre plein rétablissement, afin que vous puissiez poursuivre votre si précieux ministère.

Je vous prie de recevoir mes affectueuses salutations et celles du Mouvement des Focolari !

Filialement,

Margaret Karram

50e anniversaire de Loppiano Prima : amour de la création et prophétie en marche

50e anniversaire de Loppiano Prima : amour de la création et prophétie en marche

Un rendez-vous a été organisé à Loppiano (Florence-Italie) les 27 et 28 mai, pour célébrer l’anniversaire de la naissance de la Coopérative Loppiano Prima. Cinquante ans après ce 19 mai 1973, jour de sa création, l’événement a été une occasion unique de rappeler les moments fondateurs, de faire le point sur le chemin parcouru et de relancer l’activité productive et commerciale avec un regard ouvert sur l’avenir. Nous partageons l’interview de Maria Ghislandi et Giuseppe Marvelli, parmi les premiers membres fondateurs. « Sans mémoire, il n’y a pas d’avenir. Revenir aux racines est donc décisif, et dans cette pause, nous voulons souligner notre engagement continu à récupérer, faire revivre et décliner dans le présent, les inspirations fondatrices et les étincelles de prophétie livrées au fil du temps par Chiara Lubich à la Coopérative ». C’est par ces mots que Beatrice Vecchione, actuelle Présidente de la Coopérative Prima, Loppiano a ouvert l’événement de la célébration intitulée Amour pour la Création, une prophétie en marche, un moment privilégié pour commémorer le 50e anniversaire de la fondation de la Coopérative qui s’est déroulé les 27 et 28 mai 2023 à l’Auditorium de Loppiano, la cité pilote internationale du mouvement des Focolari près de Florence (Italie). Un week-end d’échange et de partage dans une optique d’écologie intégrale, qui a dévoilé le cœur de cette expérience prémonitoire de l’agriculture écologique lors de la semaine Laudato Sì. Loppiano Prima, poursuit Beatrice Vecchione, a une physionomie et une typicité propres que le titre résume et évoque parfaitement, car il s’agit sans aucun doute de cinq décennies « d’amour pour la création et de prophétie en marche », prophétie dont nous parle aussi, en remontant aux sources, Raffaella Pinassi Cardinali, pionnière et depuis toujours référence de la coopérative agricole. Née le 19 mai de cette même année, avec 8 membres fondateurs désireux de mettre à profit les terres qui avaient été données par la famille Folonari au mouvement des Focolari dans les collines du Chianti, dans le Valdarno florentin, Loppiano Prima est une coopérative avec un système d’actionnariat généralisé qui compte aujourd’hui 3 256 membres. Comme l’indiquent ses statuts, « elle n’a pas de but spéculatif et est régie par les principes de la mutualité prévalente ». En outre, « elle a pour objet principal la réalisation de l’intérêt général de la collectivité en matière de promotion humaine et d’intégration sociale des citoyens, ainsi que de contribuer à la mise en œuvre de la fraternité universelle ». C’est ainsi qu’au cours des 50 dernières années, sur des terres non cultivées et abandonnées en raison de l’émigration de tant d’agriculteurs dans l’après-guerre, la coopérative Loppiano Prima est devenue la protagoniste d’une expérience particulière d’agriculture écologique avant la lettre, qui a mis au centre l’humanité, la nature et leur relation. Un sujet actif opérant à l’intérieur de Loppiano, mais présent dans le territoire et pour le territoire, fruit de la générosité, de la ténacité et de la passion de tant de Volontaires de Dieu du mouvement des Focolari qui, il y a 50 ans, ont senti l’appel à répondre à la prophétie de Chiara Lubich : donner Dieu par le travail ; fruit surtout de la foi de ceux qui ont cru et voulu prendre soin de ce rêve que nous recevons aujourd’hui en héritage : aimer la création, en faisant de leur vie un véritable témoignage de l’Évangile. Nous partageons l’histoire de Maria Ghislandi et Giuseppe Marvelli, deux des premiers membres fondateurs de Loppiano Prima.

Maria Grazia Berretta

https://youtu.be/IQzEiEkzwAQ

Guatemala : une chapelle œcuménique au Centre Éducatif Fiore

Guatemala : une chapelle œcuménique au Centre Éducatif Fiore

Une chapelle œcuménique a récemment été inaugurée au Centre Éducatif Fiore (CEF), situé à Mixco (Guatemala). Les directeurs Maresa Ramírez et Luis Martinez nous expliquent comment l’idée est née et coïncide avec la Pentecôte : dans l’hémisphère sud, la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est associée à cette fête. « Nous ne nous concentrons pas sur une seule dénomination chrétienne, mais nous cherchons ce qui nous unit au sein de la chrétienté. C’est pourquoi notre chapelle est œcuménique, nous voulons que personne ne se sente en dehors de la famille de notre Centre Éducatif Fiore où nous voulons vivre une inclusion réciproque » C’est par ces mots que Maresa Ramírez explique l’objectif de la nouvelle chapelle œcuménique construite dans le Centre Éducatif Fiore (CEF), situé à Mixco (Guatemala), dont elle est la Directrice générale avec Luis Martinez, le directeur administratif. Depuis 10 ans, le Centre accueille des enfants de différentes confessions chrétiennes et, suite à la pandémie, leur nombre a progressivement augmenté. La chapelle fait partie du projet éducatif de l’école, qui repose sur un parcours pédagogique, physique, émotionnel et spirituel. La chapelle comporte plusieurs éléments qui visent à créer une relation avec Dieu, en tenant compte de l’âge des enfants qui fréquentent l’école. Luis Martinez raconte : « La conception de la chapelle inclut des processus ludiques, utilisant des jeux pour rapprocher les enfants de Dieu et établir une relation avec Lui. Par exemple, nous avons placé des tubes qui partent de l’entrée de la chapelle vers la Croix, pour que l’enfant, s’il en ressent le besoin, puisse envoyer un message secret à Jésus. Ensuite, les nuages servent à créer l’atmosphère du ciel, car nous associons Dieu au ciel. Les enfants sont les premiers concernés et lorsqu’ils entrent dans ce lieu, une relation à la fois ludique et sérieuse se crée immédiatement. » L’école offre aux enfants cet espace dans lequel ils peuvent entrer lorsqu’ils ressentent le besoin de passer un moment avec Dieu. Dans le cadre de l’éducation à la foi et aux valeurs, les enfants s’exercent à faire des origamis afin d’écrire et d’y déposer leurs actes d’amour en les offrant à Jésus, « selon le conseil de Chiara Lubich aux enfants : après avoir fait un acte d’amour, en faire un petit paquet et l’envoyer au Ciel. » La collaboration a été essentielle pour l’inauguration, car le dialogue entre le mouvement des Focolari au Guatemala et le Conseil œcuménique chrétien de ce Pays est très dynamique. « Nous avons établi une relation avec chacun de ses membres, en particulier avec l’évêque catholique, Monseigneur Valenzuela. En parlant avec lui, nous nous sommes rendu compte de l’importance de la présence de cette chapelle, car au Guatemala le dialogue œcuménique est quelque chose de nécessaire », explique Luis Martinez. Ces contacts fondés sur la fraternité ont été partagés par des fidèles de sept églises chrétiennes, et environ 25 personnes ont assisté à l’inauguration de la chapelle. Le programme de l’inauguration a été organisé entre le Centre Éducatif Fiore et Monseigneur Valenzuela : il comprenait des psaumes, la lecture de la Parole et diverses prières de bénédiction et de louange. Les élèves ont participé en récitant une prière pour la paix. « Les personnes qui ont pris la parole nous ont dit que les enfants sont placés au centre de notre parcours éducatif et que nous sommes la première école du pays à disposer d’une chapelle œcuménique », a conclu la Directrice, Mme Ramírez.

                                                                                                      Diego Santizo

Indonésie, le dialogue comme style de vie

Indonésie, le dialogue comme style de vie

Le voyage en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, est arrivé à la fin. Voici quelques nouvelles de ce qu’ils ont vécu lors de la dernière étape en Indonésie. Panongan (Indonésie), 17 mai 2023 – Il est 8 heures du matin dans la paroisse catholique de Sainte-Odélie, à environ deux heures de Jakarta. Mgr Ignatius Suharyo, Cardinal de la capitale indonésienne, a invité des représentants du gouvernement et des forces de police, de la municipalité, des villages, ainsi que les chefs religieux musulmans, bouddhistes et hindous à présenter à la Présidente et au Coprésident du Mouvement des Focolari un projet social pilote pour la ville de Tangerang/Banten, réalisé en large synergie entre toutes les forces de la société civile citées plus haut. Avec plus de deux millions d’habitants, il s’agit de la troisième région la plus peuplée à l’ouest de Jakarta, la capitale de l’Indonésie, qui, avec toutes ses villes-satellites, atteint presque 30 millions d’habitants. Il s’agit d’une zone en grand développement, mais marquée aussi par des inégalités économiques. La population des villages est pauvre, elle travaille dans les rizières, vit des produits de la terre et de petits élevages de poulets, de chèvres et de quelques vaches. La région, à forte majorité musulmane, fait partie de la paroisse. Le père Felix Supranto – « Romo Felix » pour tout le monde (« romo » signifie « père » en bahasa, la langue officielle du pays) – est le dynamique curé de la paroisse de Sainte-Odélie ; il a le don de rassembler les personnes. C’est lui qui nous accueille, avec les nombreux paroissiens qu’il a impliqués dans divers projets sociaux au fil des ans. « Le dialogue que nous avons ici avec des frères de différentes religions est concret », explique le Cardinal, « il prend en compte les besoins des personnes. Il faut construire des maisons, développer des possibilités de travail, apporter l’eau dans les villages. “Ensemble” nous travaillons pour cela et il est important que la Présidente et le Coprésident des Focolari soient venus ici pour voir ce qui pourrait être un modèle de dialogue également en dehors de l’Indonésie. La devise de notre pays est “l’unité dans la diversité” et elle exprime très bien qui nous sommes et comment nous relevons les défis. » « Nous sommes honorés de vous avoir parmi nous », déclare le père Felix à Margaret Karram et Jesús Morán, « pour partager le chemin que nous parcourons. Jusqu’à présent, nous avons construit 12 maisons pour aider les pauvres et c’est ce travail en commun qui fait de nous des frères, malgré nos différences. » La journée se poursuit par la visite d’une école accueillant des enfants de 6 à 15 ans, de plusieurs villages où, grâce aux fonds récoltés, il a été possible d’apporter l’eau, de démarrer un élevage de vaches, de chèvres et de poissons-chats, où la valeur ajoutée est l’implication totale de tous : institutions et habitants. La visite de la Madrasa – une école coranique – est le dernier rendez-vous de cette première journée « sur le terrain » qui nous montre le caractère communautaire et solidaire, véritable force de ce pays. Bhinneka Tunggal Ika – nous sommes différents, mais nous sommes un Bhinneka Tunggal Ika, « Nous sommes différents, mais nous sommes un » est en effet la devise de l’Indonésie, inscrite sur les armoiries nationales qui représentent une ancienne divinité, l’aigle javanais. Le pays des records Avec ses 17 000 îles et plus de 300 groupes ethniques, chacun ayant une tradition culturelle vivante, l’Indonésie est un pays aux multiples facettes. Aujourd’hui, la population est fière de se présenter au monde comme un exemple de tolérance et de coexistence entre les différentes cultures et religions. Un exemple parmi d’autres : la mosquée Istiqlal (de l’Indépendance) à Jakarta est la plus grande d’Asie du Sud-Est. Elle est située juste en face de la cathédrale catholique et, lors des grandes fêtes chrétiennes comme Noël, la mosquée apporte son soutien en mettant des places de parking à la disposition des fidèles chrétiens, et vice versa pour les fêtes musulmanes. L’Indonésie possède la plus grande biodiversité de la planète, mais la déforestation et l’exploitation des ressources menacent gravement la préservation de ces environnements naturels. La richesse économique est inégalement répartie et on estime que 27 000 familles millionnaires (0,1 % de la population) possèdent plus de la moitié de la richesse du pays. Bien qu’il ne soit pas facile d’obtenir des statistiques précises, la population actuelle est estimée à 273 millions d’habitants, ce qui en fait le quatrième pays le plus peuplé du monde. C’est le pays qui compte la plus forte population musulmane au monde (86,1 %) ; les chrétiens de différentes Églises représentent 10,53 % et l’appartenance religieuse est inscrite sur la carte d’identité. Les focolarini en Asie du Sud-Est et au Pakistan Jakarta, 19 mai 2023 – En regardant les focolarini d’Asie du Sud-Est et du Pakistan qui sont venus à Jakarta pour rencontrer Margaret Karram et Jesús Morán, c’est tout le potentiel du continent asiatique qui apparaît, à savoir la rencontre possible entre des peuples et des cultures très différents : de la Thaïlande au Myanmar, du Vietnam à l’Indonésie, à Singapour, à la Malaisie. Beaucoup sont connectés via le web, comme les focolarini du Pakistan, mais la distance n’empêche pas une profonde communion où émergent à la fois les défis de l’inculturation dans les différents pays et la force de l’unité, capable d’atteindre les domaines les plus divers. La séance de questions-réponses avec Margaret Karram, Jesús Morán, Rita Moussallem et Antonio Salimbeni (responsables du dialogue interreligieux des Focolari) suscite une grande attention. Les focolarines de Ho Chi Minh (Vietnam) se demandent comment diffuser la spiritualité de l’unité en ces temps où il est difficile d’intéresser personnes, les jeunes en particulier. « Lors de ce voyage en Asie et en Océanie, explique Margaret, j’ai compris que la manière dont nous avons proposé jusqu’à présent la spiritualité de l’unité doit changer, parce que la société a changé. Nous vivons tous tellement “connectés” les uns aux autres que nous devons trouver un moyen de présenter les différentes vocations, non pas chacune séparément, mais les unes à côté des autres, peut-être lorsque nous nous rencontrons en tant que communauté du Mouvement au niveau local, puis ce sera Dieu qui parlera au cœur de chacun, qui appellera dans les différentes voies. Je constate que ce qui touche le cœur des gens, c’est l’attention personnelle, la construction de relations vraies, faites d’amour désintéressé. Les personnes doivent trouver en chacun de nous un frère, une sœur, un(e) ami(e). Ce n’est qu’une fois la relation construite que nous pouvons les inviter à connaître la spiritualité du Focolare. » « Parfois, il nous semble que nous n’avons pas les moyens adéquats pour intéresser les personnes à la spiritualité de l’unité, poursuit Jesús, mais attention à ne pas céder à la tentation de s’adapter au courant du monde pour être acceptés à tout prix. Nous devons être dans le monde, parce qu’il est beau, Dieu l’a créé. Mais le contraste avec le monde, nous devons le sentir ; il est chrétien de le vivre, parce que nous appartenons à une vérité, celle du Christ, qui dépasse le monde. » Le dialogue comme style de vie Jakarta, 20 mai – Yogyakarta, 21 mai 2023 – « Depuis février 2021, notre vie au Myanmar a complètement changé. Ma région est celle où le conflit est le plus grave. Personne ne devrait entendre les explosions d’artillerie et les bombardements aériens, ce n’est pas humain. Enracinés en Dieu et concentrés sur la vie dans le présent – parce que nous ne savons pas si nous serons là demain – nous continuons à apporter à notre peuple de l’amour et une nouvelle espérance. Chaque jour, je comprends davantage l’invitation de Jésus : “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis” (Jn 15, 13) ». C’est Gennie, Birmane, qui parle. Elle travaille pour une agence humanitaire qui s’occupe des personnes déplacées, qui sont plus d’un million depuis le coup d’État. Son témoignage est l’un de ceux qui ont raconté la vie et les défis des communautés des Focolari en Asie du Sud-Est lors du forum « Le dialogue comme style de vie », organisé en partenariat avec l’Université catholique de Jakarta « Atma Jaya ». Quelque 290 personnes venues de différentes régions d’Indonésie et de plusieurs pays d’Asie du Sud-Est y ont participé. 300 autres y ont participé en ligne, du Pakistan et d’ailleurs. Au cœur des témoignages, la culture du dialogue, vécue au quotidien dans ces pays, et qui devient un style de vie, voire une activité économique, comme le raconte Lawrence Chong, de Singapour. Depuis 2004, il dirige une société de conseil en gestion avec deux autres partenaires, un méthodiste et un musulman, selon les principes de l’Économie de communion. « Aujourd’hui, nous sommes présents dans 23 pays et notre travail consiste à apporter un changement, à influer sur le système économique et à l’améliorer, sur la base des principes de l’interdépendance et de l’amour réciproque. » Après la fête, au cours de laquelle les différents peuples présents ont ouvert leurs portes à la grande richesse culturelle et à la variété des traditions, Margaret Karram et Jesús Morán ont répondu à quelques questions et ont partagé leurs premières impressions de ce voyage. « L’Asie est le continent où le soleil se lève, alors que nous venons d’Europe, où le soleil se couche », a expliqué Jesús. « En Asie et en Océanie, nous avons trouvé une Église très vivante, ainsi que la présence des différentes religions, et nous avons été immergés dans cette lumière que nous avons trouvée dans l’humanité profonde des personnes. Nous avons reçu une grande espérance pour l’Église, pour l’Œuvre de Marie. Cette espérance ne sera pas déçue si ces peuples restent fidèles à eux-mêmes. Bien sûr, nous avons aussi vu les problèmes : la pauvreté, les conflits, les guerres. Il est donc vrai que le soleil se lève sur ces terres, mais nous avons également un grand défi devant nous : que l’Évangile soit aussi porteur d’un message de libération pour ces peuples ». Le Nonce apostolique, Mgr Piero Pioppo, venu célébrer la Sainte Messe, a souhaité que la parole d’unité et de communion puisse fleurir et se répandre dans ce monde qui en a tant besoin. Les racines du Mouvement en Indonésie À Yogyakarta aussi, Margaret et Jesús ont été accueillis par la communauté des Focolari, avec la danse traditionnelle de bienvenue. La rencontre a été un voyage dans la très riche culture et les traditions javanaises, et une occasion de découvrir les racines et le développement du Mouvement en Indonésie où, après plusieurs voyages depuis les Philippines à partir des années 80, le focolare est arrivé à Medan en 2004. Mais personne n’oubliera jamais 2006, l’année du terrible tremblement de terre qui a fait des milliers de victimes et dont l’épicentre se trouvait sur l’île de Java, dans la région de Yogyakarta, où se trouve aujourd’hui le focolare. Bapak Totok, l’un des animateurs de la communauté locale, raconte comment le Mouvement des Focolari et les personnes du lieu se sont retroussé les manches pour aider à la construction de 22 “Pendopo” (centres communautaires, dans autant de villages) et d’un projet social. Ces centres ont été un signe de paix et d’unité, aussi entre personnes de confessions religieuses différentes. Université islamique Sunan Kalijaga : en dialogue pour promouvoir la fraternité Yogyakarta, 22 mai 2023 – Avec ses 20 000 étudiants, l’université “Sunan Kalijaga” est un important centre académique national d’études islamiques ; depuis 2005, elle compte également un Centre culturel pour le dialogue interreligieux. En présence de 160 étudiants, enseignants et membres de la communauté locale des Focolari, Margaret Karram, Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, ont participé au Séminaire « En dialogue pour promouvoir la fraternité ». Un thème qui trouve une résonance toute particulière ici, où le dialogue “sort” des enceintes universitaires ou des forums d’étude, parce qu’il est à la fois le défi et le fondement de la société indonésienne. « La présence des responsables du Mouvement des Focolari est importante, explique le professeur Inayah Rohmaniyah, car elle nous permet de faire un pas de plus : ne pas regarder seulement l’Indonésie, mais devenir ensemble les bâtisseurs d’un monde renouvelé par les valeurs de fraternité que nous vivons, ici, aujourd’hui. » Les questions des étudiants se concentrent sur la stratégie de dialogue pour concilier diversités culturelles et religieuses, même dans des situations de conflit social. « Parfois, nous parlons beaucoup des difficultés et peu des richesses que ces diversités portent en elles », répond Antonio Salimbeni. « Nous sommes tout d’abord des êtres humains, des frères et des sœurs, c’est pourquoi il est important d’être ouverts, de comprendre la religion de l’autre à partir de son point de vue ; d’essayer de penser comme pense un musulman, comme pense un hindou, de voir le monde comme l’autre le voit. » Le voyage se conclut, mais un monde s’ouvre 45 jours de voyage, 5 pays visités, plusieurs milliers de personnes rencontrées – 1 500 rien qu’à la dernière étape indonésienne. Après avoir découvert des peuples et des cultures très différents, avoir constaté les défis mais aussi la vitalité de l’Église dans des pays où le christianisme est minoritaire, avoir vu le dialogue entre personnes de religions différentes – vécu au quotidien et capable d’apporter des réponses concrètes aux problèmes sociaux et économiques des peuples -, avoir partagé la vie des communautés des Focolari dans cette partie du monde, le premier voyage officiel en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán touche à sa fin. Il n’est pas facile de faire le point à chaud, mais la question arrive à point nommé. Margaret partage quelques impressions lors des derniers rendez-vous publics : « Je sens fortement que Dieu demande au Mouvement, en Asie en particulier, mais aussi dans le monde entier, de faire un pas important. Le dialogue doit devenir notre style de vie, notre façon d’agir à tout moment. Nous ne pouvons pas continuer comme avant, en regardant seulement notre Mouvement et en faisant nos activités. Le moment est venu de sortir, de travailler avec d’autres organisations, avec des personnes de différentes religions, comme cela se fait déjà ici. Alors dépêchons-nous, il n’y a pas de temps à perdre ! Ce voyage m’a confirmé une fois de plus que l’unité et la paix dans le monde sont possibles. Parfois, en regardant le monde d’aujourd’hui, avec ses guerres et ses injustices, j’ai douté. Mais dans tous les pays que nous avons visités, j’ai rencontré de nombreuses personnes engagées pour construire une société différente, pour jeter des ponts, même au prix de grands sacrifices. Ce sont elles qui m’ont donné la certitude qu’ensemble, nous pourrons faire la différence et apporter notre contribution. »

Stefania Tanesini

Terre Sainte : des charismes en communion pour une nouvelle Pentecôte

Une occasion unique de se connaître, de partager et de redécouvrir la beauté d’être, ensemble, témoins de la Résurrection. C’est ce que les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés présentes en Terre Sainte ont pu expérimenter lors du voyage parcouru ensemble à partir de la Pentecôte, il y a un an. Communion, participation et mission : ce sont les trois mots clés liés au chemin synodal lancé en octobre 2021. Le Pape François, en inaugurant ce chemin, a invité l’Église universelle à être une Église de l’écoute, de la proximité, et c’est précisément dans ce contexte, spécifiquement dans la phase locale du Synode, que les Mouvements ecclésiaux et les nouvelles Communautés présentes en Terre sainte, à l’invitation du patriarche des Latins de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, ont trouvé le moyen de s’écouter, de se rencontrer et de travailler en communion pour la réalisation de la Veillée de la Pentecôte 2022. Une occasion spéciale au cours de laquelle chacun a éprouvé la joie de se sentir comme un seul corps dans l’Église, animé et revigoré par le souffle de l’Esprit Saint. Dans le contexte sociopolitique et culturel de la Terre sainte, la possibilité de générer de “l’unité”, en apprenant du charisme de chacun et en mettant le sien au service de tous. « Je crois que la première chose à faire pour se sentir un seul corps, a déclaré Monseigneur Pierbattista Pizzaballa, c’est de parler, de communiquer, d’écouter surtout. Écouter ne signifie pas seulement entendre, cela signifie essayer de se mettre, en attente de l’autre, où l’autre devient le sujet, non pas moi le sujet, mais l’autre ». La Pentecôte inaugure le temps de l’Église qui, dans son pèlerinage à la rencontre du Seigneur, reçoit constamment de Lui l’Esprit, ce même Esprit qui la rassemble dans la foi et la charité, la sanctifie et l’envoie en mission. À l’occasion de la Pentecôte 2023, nous partageons l’histoire de cette expérience de communion.

Maria Grazia Berretta

Voir la vidéo (activer les sous-titres en français) https://youtu.be/I8aQgmAPBOg

Inondations en Émilie-Romagne : un espoir qui résiste à la boue

Inondations en Émilie-Romagne : un espoir qui résiste à la boue

Près d’un mois et demi après les inondations qui ont frappé les régions des Marches et de l’Émilie-Romagne (Italie), voici le récit de l’expérience personnelle de Maria Chiara Campodoni, focolarine mariée, enseignante et ancienne conseillère municipale de la commune de Faenza, fortement touchée par cette catastrophe. Les inondations qui ont frappé les Marches et l’Émilie-Romagne (Italie) il y a environ un mois et demi ont causé la perte de 15 vies, le déplacement de milliers de personnes et le débordement de pas moins de 23 rivières. À ce jour une centaine de municipalités ont été inondées. De nombreux glissements de terrain ont affecté les petits producteurs, des dizaines de kilomètres carrés de terres agricoles et d’élevages ont été détruits par la puissance de l’eau, ainsi que des ponts et des routes. Les aides collectées par la Coordination d’urgence du mouvement des Focolari, AMU et AFN s’élèvent actuellement à 182 000 euros. En collaboration avec l’APS Emilia-Romagna, un Comité local d’urgence a été mis en place et a identifié certaines zones d’intervention : Cesena ; Sarsina ; Faenza ; Castel Bolognese ; Ravenne. Les besoins de la population touchée sont en train d’être recueillis, principalement par le biais de relations personnelles et en remplissant des formulaires dans lesquels chaque personne déclare les dommages subis et sa demande. Parmi les nombreuses personnes touchées, Maria Chiara Campodoni, focolarine mariée, enseignante, conseillère aux sports de 2010 à 2015 et présidente du conseil municipal de Faenza de 2015 à 2020, nous raconte le drame qui a été vécu, mais aussi l’espoir nécessaire pour pouvoir aller de l’avant. Maria Chiara, comment avez-vous vécu ce moment ? Il y a eu deux inondations à Faenza. Chez nous, l’eau est entrée pour la première fois le 2 mai à hauteur de 30 cm. C’était l’après-midi, il faisait jour, et j’étais à la maison avec un de nos enfants. Nous avons d’abord vécu cela presque comme une “aventure”, mais ce soir-là, j’ai préféré que mon mari, qui était sorti pour récupérer nos deux autres enfants après des activités sportives, ne rentre pas, parce qu’il y avait beaucoup plus d’eau à l’extérieur qu’à l’intérieur et que nous n’avons que des portes-fenêtres au rez-de-chaussée. Leur ouvrir aurait signifié laisser entrer beaucoup plus d’eau. Ils sont donc allés dormir chez leurs grands-parents et nous avons essayé de monter quelques affaires à l’étage, nous avons dîné dans les chambres et nous sommes allés nous coucher. Les pompiers qui étaient passés nous ont également rassurés en nous disant que la situation ne s’aggraverait pas. Le lendemain, le niveau d’eau entre l’intérieur et l’extérieur était le même et, en accord avec mon mari, nous avons décidé de quitter les lieux. Lorsque, 15 jours plus tard, on a commencé à conseiller aux gens d’évacuer les rez-de-chaussée parce que l’inondation allait se reproduire, toute la ville s’est mise en alerte et a compris qu’elle devait se mobiliser parce qu’il s’agissait d’un événement d’une plus grande ampleur. Et que s’est-il passé la deuxième fois ? Cette deuxième inondation, qui nous a obligés à partir, s’est produite dans la soirée. Vers 20 h 30, la digue s’est rompue juste au-dessus de notre maison. Jusque-là, équipés d’une pompe à l’intérieur de la maison, nous n’étions pas sortis convaincus que nous pouvions contrôler le débit des pompes, maintenir l’eau à un niveau bas, avec en plus l’aide de sacs de sable. Au lieu de cela, en l’espace de 20 minutes, l’eau a atteint le premier étage, atteignant 3m en un rien de temps, et c’est là que nous nous sommes retrouvés piégés. Nous avons appelé les secours, qui ont immédiatement répondu en disant qu’ils allaient arriver, mais entre-temps, dans l’après-midi, la rivière Savio avait déjà débordé à Cesena, de sorte que la protection civile et les pompiers, qui, encore la veille se trouvaient tous à Faenza, étaient déjà un peu plus dispersés dans les différents secteurs. De plus, dans ma rue, le courant était si fort que les véhicules à moteur n’ont pu entrer qu’à quatre heures du matin et nous n’aurions pas pu tenir jusque-là. Les pompiers nous ont dit d’aller sur les toits, mais nous n’avons pas de lucarne, donc il fallait passer par l’extérieur, à la nage. La situation était vraiment dangereuse. À un moment donné, un cousin de mon mari, ayant appris par les réseaux sociaux que la rivière était sortie de son lit juste à côté de notre maison, l’a appelé pour lui demander si nous étions déjà sortis. Il a compris au ton de sa voix que nous étions en danger et comme c’est un athlète, (il faisait du surf depuis tout jeune), il a enfilé sa combinaison, a attrapé sa planche et a sauté dans le courant. Il a nagé jusqu’à notre maison en poussant son surf, nous a chargés un à un et transportés sains et saufs jusqu’aux remparts de la ville, à 500 mètres de chez nous. Qu’avez-vous vu une fois dehors ? Une fois dans le courant, le cadre changeait complètement. L’eau dépassait déjà les panneaux de signalisation, de sorte que l’on ne savait plus si on se trouvait dans la rue ou dans le jardin d’une maison. Nous avons franchi des portails, des garages, et nous étions si haut qu’à un moment donné, notre cousin m’a demandé de m’agripper à ce qui ressemblait à un buisson, mais qui était en fait, maintenant que je le vois, un arbre. J’ai été la dernière à être sauvée. Trempés, nous avons été accueillis dans la maison d’une dame qui nous connaissait. Elle nous a fait changer d’habits dans sa salle de bain, nous a donné des vêtements propres car le froid était terrible cette nuit-là et il pleuvait. Nous nous sommes réchauffés et avons fait 6 km jusqu’à la ville où vit ma belle-mère. Nous avons eu beaucoup de chance car nous avons été parmi les premiers à sortir. Surtout, nous n’avons pas vécu ce que beaucoup de gens nous ont raconté plus tard, une véritable nuit de terreur dans la ville. Les enfants ont-ils pris conscience du danger ? Oui. J’ai trois enfants de 10, 8 et 6 ans. À un moment donné, le plus jeune n’arrêtait pas de courir dans les escaliers parce qu’on voyait l’eau monter petit à petit et il m’a dit : « Il manque cinq marches, quatre marches. Allons sur la terrasse, il faut qu’on s’échappe » et nous avons dit : « Restons à la fenêtre, parce qu’il pleut dehors. Les secours vont arriver. » Bref, ils ont compris et ont dû lentement métaboliser, surtout l’aîné. Au bout d’une heure, nous avons craint de ne pas y arriver. Une fois chez leur grand-mère, ils étaient plus calmes, même si en arrivant ils ont commencé à se rendre compte que nous avions tout perdu. Ils m’ont dit : « Maman, mais on n’a plus nos cartables, nos livres, et maintenant ? » Je leur ai expliqué que beaucoup de personnes nous aideraient. Et c’est ce qui est arrivé. Comment se sont passés les premiers jours ? Où avez-vous trouvé refuge ? Nous sommes restés chez ma belle-mère pendant quelques jours, car nous ne pouvions pas nous déplacer dans la ville. Puis, plus tard, nous avons été accueillis par la tante d’un ami de mon fils qui vit à l’étranger et qui nous a prêté sa petite maison au centre de la ville pendant un mois, à 10 minutes à pied de notre domicile, pour que nous puissions commencer à déblayer à la pelle. Nous étions à l’étroit, mais c’était vraiment un grand cadeau et j’en ai encore eu plus conscience par la suite, lorsque j’ai commencé à entendre les histoires des autres. Ensuite, des bénévoles ont commencé à arriver dans toute la ville. Je dois dire que chez nous, en partie grâce au mouvement des Focolari et en partie grâce aux nombreuses relations de mon mari, des amis sont toujours venus : de Parme, de Plaisance, de Vénétie… et aussi d’Emilie, car ceux qui ont souffert du tremblement de terre dans cette région il y a quelques années ont ressenti un véritable appel à nous venir en aide. Il y avait une atmosphère merveilleuse, un réel soutien et c’est dans ce climat que j’ai lentement commencé à tout jeter, mais j’étais vraiment sereine. Déblayer la boue, c’est épuisant : au début on essaie de faire de son mieux, on se fatigue, mais au fur et à mesure on se rend compte que ce ne sont pas les choses, ni les objets qui font notre vie, mais tout le reste. Votre mari a également un restaurant… Oui. Il avait vu sur les caméras qu’il n’y avait heureusement pas d’eau, mais il fallait qu’il aille voir par lui-même. Un jour, il est parti à six heures du matin en pensant prendre l’autoroute, mais celle-ci aussi était fermée. Nous avons eu une idée : « Appelons le maire adjoint et disons-lui que s’il t’emmène avec la protection civile au restaurant, tu feras la cuisine pour tous ceux qui en ont besoin. » Il a accepté avec plaisir que nous nous mettions à son service, parce qu’il y avait beaucoup d’habitants évacués. Heureusement toutes les personnes handicapées ou âgées avaient été emmenées plus tôt et logées dans un hôtel très proche du restaurant de mon mari, mais dont les cuisines n’étaient pas en état de marche. Mon mari et deux employés ont donc passé une journée entière au restaurant, ils ont servi 700 repas entre le déjeuner et le dîner : pour cent personnes évacuées, pour les pompiers, la protection civile. Comme le restaurant se trouve sur la Via Emilia, un point de passage, beaucoup de personnes restées bloquées sur la route avaient dormi dans leur voiture sans manger et sont venues au restaurant pour demander de l’aide. Toute la région de Cesena et de Forlì était paralysée. Comment allez-vous vous organiser maintenant ? Pour l’instant, nous avons quitté la petite maison qui nous hébergeait. Nous allons déménager dans une maison que nous avons au bord de la mer pendant un certain temps, puis nous louerons un appartement pendant 18 mois en attendant de remettre notre maison en état. L’objectif est d’y rentrer en septembre 2024. Il y a ensuite beaucoup de points d’interrogation : y aura-t-il des entreprises en mesure de rénover toutes ces maisons car nous sommes très nombreux : 12 000 personnes ont perdu leur maison. 6 000 familles rien que dans notre ville, et certaines maisons, les plus anciennes, ont été déclarées inhabitables. Les habitations doivent maintenant être asséchées. Nous avons déjà tout démonté. Nous avions du parquet et nous l’avons enlevé, les faux plafonds du rez-de-chaussée se sont effondrés d’eux-mêmes lorsque l’eau est descendue et, avec l’aide de nombreuses personnes, nous avons au moins réussi à enlever les installations sanitaires. Maintenant, tous les matins nous allons ouvrir les fenêtres et le soir nous les fermons pour mettre en route le déshumidificateur. Heureusement, c’est l’été. Si c’était arrivé en automne, cela aurait été plus gênant. La solidarité continue-t-elle ? Absolument, et sous différentes formes. Par exemple, au début, nous pensions aller à la recherche d’une maison déjà meublée pour ne pas avoir à déménager deux fois, mais nous nous sommes rendu compte que les gens commençaient à donner beaucoup de choses : armoires, matelas, chambres, canapés. Nous avons choisi de prendre une maison vide pour commencer à l’aménager avec tout ce mobilier offert. Dans dix-huit mois nous ramènerons tout dans notre maison, sachant qu’à ce moment-là, il y aura certainement beaucoup d’autres priorités. Les gens sont vraiment heureux d’aider et je dois dire que cela a été une leçon pour moi. Je me souviens d’un jour, après la première inondation : ma maison était sens dessus dessous et ma machine à laver était en panne. Je me suis dit : « Je vais faire trois sacs, un avec du linge blanc, un avec du linge de couleur, un avec du linge sombre, et je vais au travail. » À la première collègue qui me demande « comment puis-je t’aider ? », je réponds « si tu es prête à tout, voici du linge à laver. » Le temps que j’arrive à l’école, tout était déjà distribué. Dans ce genre de situation, un lien plus fort se crée avec les personnes et surtout, je n’avais pas honte de demander de l’aide. Nous avons accepté ce qu’on nous donnait et je pense que c’est aussi une façon de faire de mes besoins en toute simplicité et de dire c’est bien ainsi, on s’aime comme on est. Un lien agréable s’est également créé avec les voisins. Nous habitons le quartier depuis quatre ans et demi, mais je n’étais jamais entrée dans autant de jardins de notre rue, parce que la vie est quand même trépidante, on court partout. Désormais les gens entrent, se saluent, s’entraident. Quelle phase s’ouvre maintenant ? La deuxième phase a débuté, celle de la création de comités de citoyens pour commencer à communiquer avec l’administration municipale. Je me serais retiré tout de suite pour diverses raisons, notamment parce que j’ai occupé certains rôles dans le passé, mais maintenant je suis au milieu du processus. Nous avons choisi de prendre une maison vide que nous pourrions commencer à redécorer avec cette providence et ensuite, dans 18 mois, tout ramener dans notre maison, aussi parce qu’alors il y aura certainement d’autres priorités. Les gens sont vraiment heureux d’aider et je dois dire que cela a été une leçon pour moi. Je me souviens d’un jour, après la première inondation, ma maison était sens dessus dessous et ma machine à laver était en panne. Je me suis dit : “Je vais faire trois sacs, un avec du linge blanc, un avec du linge de couleur, un avec du linge noir, et je vais au travail”. La première collègue qui me demande “comment puis-je vous aider ?”, je lui dis “si vous êtes prête à tout, voici les gants de toilette””. Je ne suis même pas arrivée à temps à l’école que je les avais déjà distribués. Dans ces cas-là, un lien plus fort se crée avec les gens et surtout, je n’avais pas honte de demander de l’aide. Nous avons accepté ce qu’on nous donnait et je pense que c’est aussi une façon de mettre à nu mes besoins et de dire c’est bon, on s’aime comme on est. Un lien fort sympathique s’est également créé avec les voisins. Nous habitons là depuis quatre ans et demi, mais je n’étais jamais entrée dans autant de jardins voisins, parce que la vie est quand même trépidante, on court partout. Mais désormais les gens entrent, se saluent, s’entraident. Quelle phase s’ouvre maintenant ? La deuxième phase a commencé, celle de la création de comités de citoyens pour commencer à communiquer avec l’administration municipale. J’aurais voulu me retirer immédiatement pour diverses raisons, notamment pour avoir tenu certains rôles dans le passé, mais je me suis rendu compte que sans trop m’exposer, en écoutant, en restant dans les réseaux, en aidant les responsables de ces comités, je pouvais apporter ma pierre à l’édifice. Je le dois à mes enfants qui me demandent encore : « Mais est-ce qu’il faut retourner vivre là-bas ? Est-ce qu’on va construire un escalier extérieur qui nous emmène sur le toit la prochaine fois ? » Il faut une citoyenneté active pour garder un œil sur la situation. J’ai senti que je devais aussi mettre mon expérience à disposition, sous les formes adéquates, en créant des liens autant que possible, parce qu’aujourd’hui, comme toujours lorsqu’il y a une reconstruction, la plus grande peur est de rester seul. Avez-vous de l’espoir ? Oui, tout à fait. L’autre jour, nous devions faire un petit cadeau à la dame qui nous a accueillis dans sa maison durant le premier mois, et comme Faenza est une ville connue pour ses céramiques, je lui ai offert un carreau à accrocher au mur avec la phrase « Les belles choses de la vie décoiffent ». Je me suis dit qu’il s’agissait d’une énorme épreuve. Il nous faudra peut-être du temps pour nous en remettre et nous nous en sortirons, mais j’ai le sentiment que je n’aurais pas pu vivre certaines expériences sans passer par cette période difficile. J’ai vraiment l’impression d’avoir atteint le stade où l’on regarde l’essentiel, ce qui compte. C’était terrible, mais je ne peux pas me contenter de penser à la catastrophe, au fait que l’eau a tout emporté et que tout finit là. Il y a beaucoup, beaucoup plus.

Maria Grazia Berretta Interview par Carlos Mana

FormaT : former les animateurs des jeunes

Le mouvement des Focolari met en pratique les appels à la formation intégrale et continue des responsables des jeunes exprimés dans l’exhortation apostolique post-synodale “Christus Vivit” et dans le document final de l’Assemblée des Jeunes des Focolari. FormaT est un projet né en 2019 à la demande des jeunes du mouvement des Focolari pour la formation continue des animateurs en charge des nouvelles générations. Cette année-là, une représentation internationale de jeunes s’est réunie à Rome pour une assemblée de travail. Parmi les diverses indications qui se sont dégagées, deux points méritaient une attention particulière : fournir aux formateurs les outils pour accompagner les jeunes de manière intégrale et/ou s’ouvrir à des experts, en fonction des besoins ou des moments particuliers de la vie des jeunes, et apprendre aux formateurs à utiliser des méthodes et des langages innovants et attrayants pour la communication de la vie et la transmission du charisme de l’unité, en impliquant les jeunes dans leur contribution et leur retour d’information. Les jeunes ont donc demandé que les formateurs soient mieux formés, afin de les accompagner pleinement, avec des outils adaptés à l’époque actuelle et en utilisant des méthodes et des langages accessibles, actualisés et efficaces. Ces objectifs rejoignent pleinement les demandes également exprimées lors du Synode des Jeunes, recueillies dans l’Exhortation Apostolique post-synodale “Christus Vivit”, ainsi que le Pacte Educatif Global promu par le Pape François. C’est ainsi que le programme FormaT est né pour offrir une réponse concrète aux besoins des jeunes de différents pays et de l’Église. « Sagesse, passion, prière, créativité, ouverture, disponibilité, écoute et accompagnement par amour…autant de mots incisifs, essentiels, profonds ! Ils suffiraient à bouleverser notre manière de former et d’accompagner ! » – a déclaré Margaret Karram, Présidente du mouvement des Focolari, lors de la présentation de FormaT en mars 2023. « Accompagner et former sont deux aspects d’une même réalité, celle qui consiste à “marcher” ensemble. Être aux côtés des jeunes est avant tout une grande école de réciprocité, qui se fonde sur le don de soi par amour, qui ouvre les bras et le cœur à l’autre, dans une dynamique relationnelle qui favorise sa croissance sur le plan personnel et dans la relation avec les autres. Si nous consacrons du temps et de l’attention aux personnes, quelles qu’elles soient, nous réaliserons leur soif d’amour, de compréhension, de vérité et de témoignage dans la vie de tous les jours. » Et Jésus Morán, Coprésident du mouvement des Focolari, de souligner à cette occasion : « J’ai une longue expérience avec les jeunes, garçons et filles : comme professeur de philosophie et de religion, comme assistant, comme formateur en pastorale universitaire. Mais avant cela, j’ai été un jeune du Mouvement – dans mon cas un Gen – qui a reçu une formation. Et je me souviens bien du temps que mes assistants ont “perdu” avec moi. Des heures et des heures d’entretiens. (…) Un formateur doit être une personne très bien préparée, mais il ne doit pas compter sur sa préparation, mais sur sa vie. (…) Vous dites qu’un formateur a besoin de beaucoup d’union avec Dieu. Je personnaliserais un peu plus : il a besoin de l’humanité de Jésus, de son cœur, de son esprit, de ses mains. Parfois, je me dis qu’un bon formateur n’a besoin que de l’eucharistie quotidienne. Et ensuite, il s’en remet à Lui. » Le modèle FormaT FormaT est un modèle de formation qui repose sur trois piliers exprimés par 3 ‘T’ : ‘T’ = Trinitaire : une formation qui a l’empreinte et le style des relations réciproques inspirées par la vie d’un Dieu trinitaire. C’est une formation qui vise l’écoute, l’accueil, l’expérience performative et qui a pour règle de base l’amour concret et désintéressé (qui génère la réciprocité) ; ‘T’ = une formation intégrale : formation humaine, spirituelle, culturelle, ouverte et inclusive, qui vise à fournir les outils pour aborder les questions brûlantes d’aujourd’hui et pour grandir de manière intégrale ; ‘T’ = une formation qui n’est pas seulement théorique mais efficace et active, générant un impact positif et un changement chez ceux qui la reçoivent et dans l’environnement qui les entoure. La méthodologie de FormaT s’inspire principalement de la richesse de vie et de pensée présente dans la spiritualité de l’unité et de l’expérience vécue avec les jeunes depuis la création du Mouvement en 1943, en s’enrichissant également des expériences de chacun, de manière à faire ressortir les talents cachés chez les responsables de la formation et à ne pas gaspiller les dons présents chez ceux qui “ne sont pas habituellement sollicités”. Il s’agit d’une méthodologie inclusive, expérimentale, régénératrice et innovante.

                                                                                   Lorenzo Russo

« Bénis soient les doutes » : un podcast pour explorer nos questions

« Bénis soient les doutes » : un podcast pour explorer nos questions

Le 23 mai 2023 arrive le premier épisode de « Bénis soient les doutes», le nouveau podcast créé par les jeunes du mouvement des Focolari. Découvrons avec les créateurs, Tommaso Bertolasi et Laura Salerno, comment les doutes peuvent vraiment être une ‘’bénédiction’’ pour mieux nous connaître nous-mêmes et mieux connaître les autres. À quoi sommes-nous appelés ? Quel est le meilleur chemin à suivre face à l’un des nombreux carrefours que la vie nous propose ? Nous connaissons-nous nous-mêmes et, surtout, où se cache l’antidote contre les peurs ? Telles sont les questions qui submergent notre quotidien, selon les protagonistes de « Bénis soient les doutes », le nouveau podcast conçu pour les jeunes et par les jeunes, qui sortira le 23 mai en italien. Pour en savoir plus, nous avons décidé d’interviewer les créateurs de ce projet, amis de longue date, Tommaso Bertolasi, chercheur en philosophie à l’Institut universitaire Sophia (Loppiano – Florence), et Laura Salerno, jeune membre du mouvement des Focolari, étudiante en littérature et auteure. Laura, comment ce parcours a-t-il commencé ? Tout a commencé en 2018. Tommaso et moi étions en Argentine et nous nous sommes rencontrés lors d’une conférence pour les jeunes du mouvement des Focolari. Lui, en tant que philosophe, avait été appelé comme orateur pour parler de la liberté. Je l’ai écouté et je l’ai beaucoup apprécié. Au fil des années, il a continué à dialoguer avec et pour les jeunes, à tel point qu’il a décidé d’en rassembler certains contenus dans un livre, intitulé « La dernière heure de la nuit », qui sera publié par Città Nuova en août 2023. Et c’est là qu’est née l’idée : « Mais si un livre sort, pourquoi ne pas faire aussi un podcast qui traite du même contenu ? » C’est ainsi qu’il y a quelques mois, j’ai reçu un appel téléphonique me proposant de l’aider à donner vie à ce projet. Tommaso, pourquoi un podcast ? Les idées sont parfois comme un cocktail : elles naissent de l’union de plusieurs choses. C’est ce qui s’est passé avec « Bénis soient les doutes ». À un moment donné, j’ai trouvé entre mes mains du matériel que j’avais préparé, souvent avec des jeunes, pour des réunions, des ateliers et des dialogues. D’où l’idée de ne pas limiter à l’espace d’une réunion des thèmes importants comme la liberté, les choix, la fragilité, la vocation, mais de pouvoir les offrir à tous. Il m’a semblé cependant que d’autres langages et d’autres lieux pouvaient être explorés, d’où le podcast. J’ai eu envie de créer un format plus adapté aux jeunes, qui ont désormais du mal à lire. Ou du moins, ils lisent après que vous les ayez convaincus que cela en vaut la peine.  Dans tout ce travail, un élément supplémentaire a été donné par les JMJ, qui ont un peu dicté le timing de cette opération. J’ai pensé qu’il serait bon que le mouvement des Focolari fasse une proposition à ceux qui se préparent à aller à Lisbonne. Elle sera diffusée sur les principales plateformes de podcast (Spotify, Apple Podcast, Google Podcast) à raison d’un épisode par semaine pendant 6 semaines. Laura, à quelle tranche d’âge s’adresse-t-il ? Plus précisément, nous avons pensé au public cible des 18-30 ans, et c’est pourquoi les thèmes principaux sont les questions, la fragilité, la liberté, les relations, et la recherche de sa place dans le monde. Tout en essayant de voir le doute comme une chose positive, comme un tremplin pour vivre plus profondément et avec plus de conscience ce qui nous arrive. Tommaso, comment avez-vous choisi les thèmes de chaque épisode ? Mon idée initiale était de reproduire le contenu du livre, en en faisant une sorte de paraphrase. Cependant, en travaillant avec Laura, je me suis rendu compte que ses questions entraînaient la conversation sur un autre terrain, que les jeunes auxquels elle pensait étaient aussi ses camarades d’université qui ne s’identifiaient pas nécessairement à une croyance religieuse particulière. J’ai compris que Laura se posait des questions profondes qui étaient en partie les siennes, en partie le reflet de son monde relationnel : c’est de ces questions qu’il fallait partir pour tisser un discours que l’on peut faire passer à de jeunes adultes. Quel a été, pour vous, Laura, l’épisode le plus compliqué ? Je pense que l’épisode le plus compliqué a été le premier. Nous étions tous les deux un peu émotionnés, puis nous avons dû présenter le podcast, expliquer clairement pourquoi nous pensons qu’il est si important de poser des questions, mais pas de vivre dans l’anxiété et d’être submergés par la paranoïa. Ce qui est amusant, c’est que lorsque nous avons enregistré les premiers épisodes, j’avais très froid et j’avais eu de la fièvre quelques jours auparavant. Tout arrive toujours au bon moment ! Mais nous avons réussi, notamment grâce à la super équipe qui nous a soutenus pendant l’enregistrement. Tommaso, quelle contribution votre expérience personnelle a-t-elle apportée à la réalisation de ce projet ? J’ai beaucoup appris de toutes les personnes qui ont travaillé sur ce projet avec des compétences différentes. La réalisation de «Bénis soient les doutes » a vraiment été une opération collective. Pour être tenus au courant des autres projets que nous sommes en train de préparer, restez à l’écoute des canaux du mouvement des Focolari.  Nous attendons également vos réactions après l’écoute, dans les box de Spotify, sur nos réseaux sociaux (@Y4UW et Movimento_dei_focolari) ou par courriel (ufficio.comunicazione@focolare.org).

Maria Grazia Berretta

URGENCE inondations en Émilie-Romagne et dans les Marches (Italie)

La Coordination Urgences du Mouvement des Focolari a lancé une campagne extraordinaire de collecte de fonds pour soutenir la population d’Émilie-Romagne et des Marches, deux régions du Centre-Nord de l’Italie touchées par de graves inondations, par l’intermédiaire des ONG Action Monde Uni (AMU) et Action Familles Nouvelles (AFN). Les contributions versées seront gérées conjointement par AMU et AFN afin de démarrer des actions de reconstruction (de nombreuses personnes ont subi des dégâts à leurs maisons, meubles, voitures – essentielles pour le transport et les activités professionnelles -, ainsi que des dommages considérables aux élevages et aux cultures…). Vous pouvez faire un don aux adresses suivantes : AMU: www.amu-it.eu/dona-online-3/ AFN: www.afnonlus.org/dona/ ou par virement bancaire sur les comptes suivants : Action Monde Uni ONLUS (AMU) IBAN : IT 58 S 05018 03200 000011204344 à Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC : ETICIT22XXX Action Familles Nouvelles ONLUS (AFN) IBAN : IT 92 J 05018 03200 000016978561 avec Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC : ETICIT22XXX Motif de paiement : Urgence Émilie-Romagne et Marches Des avantages fiscaux sont disponibles pour ces dons dans de nombreux pays de l’Union Européenne et dans d’autres pays, selon les différentes réglementations locales. Les contribuables italiens pourront obtenir des déductions et des exemptions sur leurs revenus, conformément à la réglementation relative aux organisations sans but lucratif.

Avec la famille des Focolari en Australie

Avec la famille des Focolari en Australie

Nous sommes arrivés à l’étape australienne du voyage de Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, un continent aux richesses culturelles extraordinaires et une famille des Focolari diversifiée et multiculturelle.

Depuis Suva jusqu’à Sydney

Arrivo a SidneyAu cours de ce voyage, Margaret Karram et Jesús Morán ont fait des sauts spectaculaires : il suffit de penser au “saut” entre le Japon et les îles Fidji. Il en a été de même avec le vol du 9 mai vers l’Australie, où les villages de pêcheurs de la côte sud des îles Fidji ont soudainement cédé la place au joyau scintillant qu’est la ville de Sydney. Les lumières de son port emblématique brillaient tandis que notre avion survolait la ville, qui affichait fièrement sa beauté.

Dans cette métropole multiculturelle, la communauté locale des Focolari (elle aussi) très diversifiée, nous a accueillis dans de nombreuses langues. Ils viennent de Corée du Sud, des Philippines, de Chine, de Hong Kong, du Liban, du Soudan, d’Irak, de Syrie, du Bangladesh, du Brésil et, bien sûr, d’Australie. Ils sont catholiques, melkites, chaldéens, anglicans ; les Focolari de Sydney suivent également les villes de Brisbane, Canberra, la capitale australienne, et les régions environnantes.

Rencontre avec l’archevêque de Canberra

À chaque étape, le contact avec l’Église locale est toujours une priorité. Au cours d’une rencontre profonde et pleine d’humour, Mgr Christopher Prowse, actuel archevêque de Canberra, a évoqué la vie de Mary MacKillop, la première sainte d’Australie. « Si Mary Mackillop vivait aujourd’hui, elle se sentirait très à l’aise avec les Focolari », a déclaré l’archevêque, soulignant ses efforts en faveur du dialogue entre les religions. Il nous a conduits sur sa tombe et a prié pour que, comme elle, le charisme de l’unité fleurisse comme une rose et diffuse son parfum dans toute l’Australie.

L’art, porte ouverte sur la culture aborigène

Ad una mostra di arte aborigena contemporanea presso la Galleria d’arte del New South Wales

L’art ouvre toujours une fenêtre importante sur une culture indigène, mais pour comprendre ce que l’on regarde, la présence d’un guide est essentielle. Alexandra Gaffikin, une volontaire anglaise qui vit à Sydney et possède une grande expérience des musées et du patrimoine, nous a accompagné à une exposition d’art aborigène contemporain à la galerie d’art de New South Wales (Nouvelle-Galles du Sud).

Les peintures sur écorce sont bien plus qu’une peinture, par exemple, elles représentent des histoires, mais aussi des cartes, des titres de propriété et même des règlements. Elles peuvent être tridimensionnelles, avec en dessous des strates  qui peuvent même révéler des sources d’eau souterraines. Dans la culture aborigène, ces œuvres d’art, peintes à l’origine sur le corps humain, sont des collections vivantes qui se transmettent depuis des millénaires.

Une visite à Sydney

Malgré leur emploi du temps chargé, Margaret Karram et Jesús Morán ont réussi à trouver le temps de visiter Sydney, en embarquant à bord de l’un des nombreux ferries à destination de Circular Quay et de l’emblématique Opéra. La vue est spectaculaire !

Des cultures différentes, la nouveauté de cheminer ensemble

Cette visite a été l’occasion pour les focolarini de toute la Zone – y compris de Perth, de Wellington en Nouvelle-Zélande et des îles Fiji – de se réunir pour quelques sessions significatives. C’est une période de réorganisation pour le Mouvement et, par voie de conséquence, des cultures très différentes (pensez à la Corée, au Japon et à la zone de langue chinoise, par exemple) se retrouvent à travailler directement ensemble.

« Je pense que jusqu’à présent, nous n’avons pas compris les aspects positifs de tout cela, même si ce processus n’a pas été facile. Je pense que nous en verrons les conséquences dans quelques années, car cela nous aide à faire tomber vraiment toutes les barrières… avant tout dans nos cœurs, et les barrières entre les nations… »

« Si nous voulons la paix, nous devons d’abord la vivre entre nous, focolarini, et entre les communautés. Nous devons regarder les autres pays comme s’ils étaient les nôtres et découvrir que nous pouvons être cette ‘’famille interconnectée’’ (…). »

« Nous ne devons pas donner aux autres notre richesse, mais les aider à découvrir la leur. »

Margaret Karram

 

Une présence spéciale, malgré les défis de santé

Un moment particulièrement significatif a été celui où trois focolarines mariées, gravement malades, ont pu à distance saluer tout le monde

« Je veux tout simplement vous assurer de mon unité , a dit l’une d’elles. Je m’étais inscrite et j’étais prête à venir, mais j’ai dû changer mes plans, parce que Dieu m’avait réservé quelque chose de différent. »

« Je sens que je suis là où Dieu veut que je sois, même si ce n’est pas là où je voudrais être », a déclaré une autre.

« Physiquement, je ne peux pas courir, a déclaré la troisième, mais j’ai en moi un grand désir de le faire, je suis tellement émue. L’enthousiasme n’a pas d’âge. »

 

La bienvenue en Australie

Ali Golding

La culture aborigène en Australie est la plus ancienne au monde, sans interruption ; elle remonte à au moins 60 000 ans. Le protocole approprié pour tout événement ou rassemblement en Australie prévoit de commencer par un « Bienvenue dans le pays » de la part d’un ‘’ancien’’, un aborigène, ce qui constitue une reconnaissance formelle des gardiens traditionnels de cette terre.

Lorsque la communauté des Focolari s’est réunie de toute l’Australie, nous avons eu le privilège de compter parmi nous Ali Golding, connue sous le nom de “Tante Ali“, qui a donné la bienvenue à tous. C’est une ‘’ancienne’’ du peuple Biripi, qui a grandi dans une mission aborigène. Pendant plus de 20 ans, elle a ensuite vécu dans une banlieue de Sydney et, dans les années 1980, Ali a été l’une des premières assistantes d’éducation aborigène. En 2004, elle a obtenu un diplôme en théologie.

Elle a participé à différents forums locaux, nationaux et internationaux, dont le New South WalesReconciliation Council et Australians for Native Title and Reconciliation. Une grande contribution pour la compréhension et l’approfondissement de la culture et de l’histoire indigènes.

La présence d’Ali à notre événement a certainement renforcé l’appréciation de ce “trésor national” et du riche patrimoine aborigène. « C’est l’un des accueils les plus chaleureux qu’il m’ait été donné de vivre », a déclaré Ali Golding, « Ici, j’ai ressenti l’esprit du Créateur. »

La meilleure rencontre de tout le voyage (jusqu’à présent)

Margaret Karram et Jesús Morán ont eu une rencontre dynamique et profonde avec une trentaine de 30 jeunes. Lorsqu’on leur a demandé de parler des défis qu’ils ont à relever, ils n’ont pas hésité à parler ouvertement de l’indifférence à laquelle ils sont confrontés chaque jour avec les jeunes de leur âge. Ils ne sont pas nombreux et les distances sont énormes.

Margaret Karram a raconté ses premières années de vie Gen à Haïfa avec sa sœur et comment ils ont commencé à quelques-uns, recevant le ‘’journal Gen’’ par la poste. Elle était fière de leurs débuts et a déclaré qu’elle était tout aussi fière d’eux qui étaient là et avaient persévéré dans leur vie Gen.

Jesús Morán a également encouragé les jeunes, les rassurant sur le fait qu’il est positif de partager ses difficultés. « Cette rencontre a été la meilleure de tout le voyage – a-t-il déclaré à la fin -, je l’ai beaucoup appréciée. »

Une riche expérience

Margaret Karram e Jesús Morán con i gen 2 e le gen 2

Interrogés sur la manière dont ils vivent le dialogue et la fraternité dans des situations de conflit, Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, Conseillers au Centre International pour l’Asie et l’Océanie, se sont appuyés sur leur expérience personnelle.

« Dans mon expérience de dialogue avec des personnes d’autres religions, a raconté Antonio, j’ai compris que nous allons ensemble vers Dieu. » Et Rita : « Le dialogue est une rencontre. Ce qui est vraiment important, c’est de rencontrer l’autre et de découvrir que l’amour chasse la crainte. »

 

Apprendre le “bodysurf” (spirituel)

Le surf est l’un des sports nationaux en Australie et il est très pratiqué aussi sur la côte de Sydney, où jeunes et moins jeunes enfilent des combinaisons, prennent leur planche et s’élancent à l’assaut des vagues. Le “bodysurfing” est également très populaire : les personnes surfent sur les vagues de l’océan, mais sans planche. Un spectacle extraordinaire !

Incontro con la comunità dei Focolari

Mais pour arriver là où se trouvent les meilleures vagues, il faut d’abord affronter les vagues puissantes qui se dressent contre nous : celles que nous voudrions éviter, celles pour lesquelles nous ne sommes pas prêts.

« Quelqu’un m’a expliqué la dynamique de ce sport et cela m’a tout de suite rappelé notre amour pour Jésus abandonné », a déclaré Margaret.

Ceux qui pratiquent le bodysurf plongent en profondeur sous les vagues déferlantes qu’ils ne veulent pas chevaucher, si profond qu’ils arrivent à toucher le sable sur le fond. Ils évitent ainsi d’être emportés par la puissance de l’océan. Une fois la vague passée, ils remontent à la surface pour trouver une autre vague sur laquelle s’élancer.

« De même qu’ils ne luttent pas contre les vagues, de la même manière on ne “combat pas les épreuves”, mais on va au fond de son cœur, reconnaissant Jésus dans chaque souffrance ; et, continuant à L’aimer, on remonte, trouvant à travers l’amour, la lumière. »

T. M. Hartmann

Évangile vécu : « Soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres. » (Rm 12,10)

Dans ces paroles de saint Paul, la fraternité est un appel au bien, à vivre la grâce de notre baptême, et cet ADN d’amour divin nous permet de regarder l’existence de l’autre comme un don précieux pour nous. La bonne note J’étais en troisième année de lycée et une interrogation importante m’attendait en cours de physique. J’ai commencé à réviser avec acharnement, certaine d’être interrogée le lendemain (j’étais la seule de toute la classe à ne pas avoir de note en fin de trimestre). Peu après, ma petite sœur est venue me demander de l’aide pour ses leçons. J’ai d’abord résisté, mais peu de temps après, je me suis souvenue de ce que saint Paul recommande : réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, pleurez avec ceux qui pleurent. J’ai donc commencé à étudier avec elle. Il lui a fallu tout l’après-midi pour se sentir prête, et j’ai à peine pu ouvrir mon livre de physique. Le lendemain, je suis allée à l’école avec appréhension, mais convaincue que Dieu interviendrait d’une manière ou d’une autre. Le professeur entre et commence à interroger d’autres camarades de classe. À la fin du cours, je lui demande pourquoi il ne m’a pas appelée. Il regarde le registre et me dit : « Mais tu as déjà ta note et c’est une bonne note. » Je savais très bien que je n’avais jamais été interrogée, il l’avait donc peut-être inscrite lors d’une intervention que j’avais faite. (S.T. – Italie) Comment aborder la journée Un homme en fauteuil roulant mendiait devant les chariots du supermarché. En sortant, je me suis approchée de lui et, après avoir échangé quelques mots avec lui, je l’ai invité à choisir parmi mes achats ce dont il avait besoin. Heureux, il a pris quelque chose et s’est immédiatement mis à manger. En le saluant, j’ai ressenti en moi une joie qui m’a aidée à relever les défis d’une journée qui avait péniblement commencé. À partir de ce simple fait, j’ai compris que débuter la journée par un acte d’amour concret est une bonne chose. Je m’y suis engagée en surmontant de nombreuses habitudes et en surprenant non seulement mon mari, mais surtout nos enfants qui ne tiennent pas compte de ce qu’ils reçoivent parce qu’ils pensent que tout leur est dû. Un soir, grand silence dans la famille après avoir appris qu’un oncle était atteint d’une grave maladie. Notre fils aîné, qui étudie à l’université, demande ce que nous pourrions faire pour lui. Et notre petite dernière de lui répondre : « Il faut faire comme maman qui met de l’amour dans tout ce qu’elle fait. C’est ainsi que nous découvrirons ce dont il a besoin. » (L. D. F. – Hongrie) Adèle Bipolarité… Je n’aurais jamais imaginé qu’Adèle, ma chère camarade de classe, était atteinte d’une maladie aussi grave. C’est sa mère qui me l’avait expliqué. Après un séjour à l’hôpital, certains jours où son équilibre semblait instable, elle ne comprenait pas elle-même ce qui lui arrivait. Les médicaments devaient trouver leur juste dosage et cela prenait du temps. Mais mon affection et mon estime pour elle sont restées les mêmes. J’ai été surprise le jour où elle m’a demandé de prier le chapelet. Il semblait qu’en priant elle était parfaitement concentrée. À partir de ce jour, nous avons commencé à lire des livres de spiritualité ou des histoires au contenu positif. J’avais l’impression que mon amie comprenait tout plus profondément que moi. Lorsque nous abordions certains sujets, je voyais en elle un altruisme sans limite. Ensemble, nous avons rejoint un groupe de bénévoles au service des pauvres. Adèle a retrouvé sa forme, son équilibre, son courage. Plus que quiconque, elle savait être proche de ceux qui étaient dans le besoin. L’expérience vécue avec elle m’a clairement montré que le véritable épanouissement de la personne se réalise dans la fraternité en acte. (P.A.M. – Italie)

Propos recueillis par Maria Grazia Berretta

(Extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année IX – n° 1 mai-juin 2023)

Trame d’amour : un projet pour cultiver les bons sentiments

Trame d’amour : un projet pour cultiver les bons sentiments

Le 12 mai, au théâtre Cuminetti de Trente (Italie), a eu lieu la cérémonie de remise des prix de la troisième édition du concours scolaire « Une ville ne suffit pas. Chiara Lubich citoyenne du monde », pour lequel 136 candidatures ont été déposées. Nous vous partageons l’interview de Cinzia Malizia, enseignante de la classe 1A de l’I.C. Camerano – Giovanni Paolo II – Sirolo (Ancona-Italie), qui a remporté le premier prix dans la section des écoles primaires. « Trame d’amour » est le titre de l’œuvre graphique-multimédia gagnante de la section primaire de la troisième édition du concours national pour les écoles 2022-2023. « Une ville ne suffit pas. Chiara Lubich citoyenne du monde », promu par le Centre Chiara Lubich en collaboration avec le Ministère de l’Éducation et du Mérite, la Fondation du Musée historique du Trentin et Humanité Nouvelle du mouvement des Focolari. Cette vidéo a été réalisée par les enfants de la classe de 1ère A de l’I.C. Camerano – Giovanni Paolo II – Sirolo di Camerano (Ancône-Italie), sous la direction de leur enseignante, Cinzia Malizia. Professeur Cinzia, comment avez-vous découvert ce concours ? Comme vous pouvez le voir sur la vidéo que nous avons réalisée, ma classe est très vivante, parfois même complexe et difficile à gérer. Malgré le fait qu’ils aient 7 ans, ils me donnent beaucoup à faire et, étant aussi un peu des enfants du Covid, j’ai remarqué une certaine difficulté à entrer dans leurs sentiments, à faire ressortir les « bonnes » choses, les bons gestes et les bonnes paroles. Je me suis demandée : « comment entrer dans le cœur de ces enfants ? » J’ai commencé à chercher des projets, des concours parmi ceux du Miur qui pourraient être utiles, surtout des figures qui pourraient servir d’exemple. C’est ainsi qu’est arrivée Chiara Lubich, une figure dont j’avais entendu parler mais que je connaissais peu. J’ai commencé à lire son histoire et, petit à petit, avec les enfants, nous avons construit un parcours dans le but de leur faire redécouvrir, avant tout, cette curiosité, cette crainte, cet émerveillement qui semblent malheureusement s’être perdus dans la société d’aujourd’hui. Sur quoi avez-vous travaillé en particulier ? Avec eux, j’ai voulu travailler beaucoup sur les émotions, comprendre ce qu’ils avaient en eux. Nous avons affronté la peur, travaillé sur la colère, sur la joie, et beaucoup d’expériences sont ressorties. Ils ont commencé à parler, à s’exprimer à leur manière, et ce qui était le point faible de ma classe s’est transformé en une véritable force. Ils ont été les premiers à comprendre à quel point cela fait du bien au cœur de « demander pardon », de dire « merci » ou « bonjour ». J’ai donc l’impression que la distance initiale commence à se réduire. Ce n’est pas que les enfants aient radicalement changé, ils sont toujours ceux qui ne tiennent pas en place, qui crient, qui ne respectent pas les règles, mais il commence à y avoir des gestes qui sont petits mais en même temps grands parce qu’ils font partie d’un cheminement fait ensemble. Chiara Lubich a été un guide, une figure rassurante, presque une « grand-mère », qui, par ses messages d’amour, d’espoir et d’exemple, a vraiment œuvré à la création d’un monde meilleur. Le simple fait de regarder l’autre avec amour, toujours, indépendamment du milieu social, de la religion, de la couleur de peau ou de la culture, les a beaucoup impressionnés. Ils en ont fait l’expérience en classe avec leur camarade musulman et c’est ce que signifie cultiver de bons sentiments, espérer une société différente. Nous, enseignants, ne pouvons pas baisser les bras. Ces enfants ont tant à donner. Comment les enfants ont-ils réagi lorsqu’ils ont appris qu’ils avaient remporté le premier prix ? Ils étaient aux anges et vraiment heureux. Nous avons travaillé pendant des mois et des mois et je pense vraiment qu’ils le méritent. Malheureusement, nous n’avons pas pu trouver les moyens de faire venir tout le monde à Trente pour la cérémonie de remise des prix. Nous avons pris contact avec certains d’entre eux, mais six enfants étaient présents, accompagnés de leurs familles qui, avec une grande joie, ont mis leurs propres moyens à disposition pour le voyage. Eux aussi ont été très heureux de ce projet, nous avons tellement travaillé ensemble qu’à la fin de l’année nous ferons une pièce de théâtre sur les émotions. Les parents eux-mêmes ont collaboré en fabriquant une grande partie des masques que les enfants porteront, et nous avons même apporté certains d’entre eux à la cérémonie de remise des prix. Notre voyage ne s’arrête donc pas là. La directrice de l’école, le Dr Flavia Maria Teresa Valentina Cannizzaro, m’a dit au début : « Professeur, ils sont si jeunes, comprennent-ils ce que vous dites ? » J’espère que oui ! Au moins ils ont entendu et entendre de bonnes choses ne fait jamais de mal. Je pense qu’il est important que les enfants comprennent qu’avant d’être capable, ce qui compte c’est d’être bon, d’avoir une bonté d’âme qui nous permet de changer les choses pour le mieux. Je pense que l’expérience de Chiara Lubich les a vraiment aidés.

Maria Grazia Berretta

Les Focolari dans le Pacifique, une seule famille

Les Focolari dans le Pacifique, une seule famille

Les îles Fidji ont été la troisième étape du voyage en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident des Focolari. Dans cette région du Pacifique, la spiritualité de l’unité s’est diffusée à partir de la fin des années 1960.

Bien qu’ils soient arrivés aux îles Fidji le 3 mai 2023 nous devons dire que l’étape en Océanie du voyage de Margaret Karram et Jesús Morán n’a officiellement commencé que deux jours plus tard, avec la cérémonie du “Sevusevu“, qui a rassemblé plus de 200 personnes, y compris les représentants de l’Église locale. Cette cérémonie a marqué leur entrée et celle de la délégation du Centre qui les accompagne, dans la communauté ecclésiale et sociale fidjienne.

Sevusevu” : le don de l’accueil

Isole Fiji_cerimonia del “Sevusevu”

Avec la cérémonie du “Sevusevu” – qui signifie “don” – celui qui arrive dans l’archipel est accueilli et, à partir de ce moment, il n’est plus visiteur mais fait partie de la communauté et en est membre, il peut alors fouler le sol fidjien avec tous les droits et privilèges. La Présidente et le Coprésident des Focolari ont reçu de précieuses guirlandes et la racine de Kava, un dérivé de la plante du poivre, à la signification ancestrale. Les deux “candidats” ont été présentés à la communauté par les “hérauts“, qui ont parlé en leur nom. Ils ont ensuite bu d’un seul trait la coupe de Kava et reçu le “Tabua”, une dent de cachalot ayant une signification sacrée : c’est l’objet le plus précieux de la culture fidjienne, qui leur a été offert en signe de la plus haute estime et honneur.

Les traditions dans le Pacifique : racines du présent et de l’avenir des peuples

D’emblée, on perçoit que les traditions dans le Pacifique sont des réalités vitales et actuelles ; elles ne sont pas reléguées à un passé qui n’a rien à voir avec la vie quotidienne des personnes, mais elles constituent le fondement de leur style de vie. Respect, accueil, réciprocité, solidarité sociale, un lien très profond et millénaire avec la nature, sont les valeurs que les traditions perpétuent.

« Margaret Karram, Jesús Morán et la délégation des Focolari sont arrivés à un moment particulier de la vie des îles Fidji – explique Peter Emberson, fidjien, consultant et analyste politique pour le gouvernement des îles Fidji et les Nations Unies, qui a grandi au sein du Mouvement depuis son plus jeune âge. Le gouvernement actuel est plus ouvert et plus démocratique et je vois la visite de Margaret et Jesús dans le cadre de ce processus de renouveau social et politique. Il y a deux questions qu’ici, dans le Pacifique, nous posons toujours à une délégation officielle qui débarque sur les côtes de nos îles : “D’où viens-tu ?” et “Pourquoi es-tu venu ?” Au “Sevusevu”, Margaret Karram a pris la parole devant le peuple fidjien et a offert son engagement et celui du Mouvement des Focolari pour construire, ici aussi, l’unité. C’est une réponse identitaire, qui en dit long sur la contribution que le Mouvement peut apporter à notre pays. Et cela construit la confiance. »

Une région encore trop peu connue

Isole Fiji

L’Océanie est un continent peu connu et, bien qu’il soit le plus grand du globe d’un point de vue territorial, c’est le plus petit en termes de masse terrestre. Outre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, elle comprend la région du Pacifique, composée de 26 États nationaux et territoires. Les principaux groupes ethniques sont les Mélanésiens, les Micronésiens et les Polynésiens. Au total, la région du Pacifique compte 16 millions d’habitants et, ces 100 dernières années, les îles Fidji (près d’un million d’habitants) sont devenues le cœur politique et économique de la région, avec un contexte religieux diversifié. Le christianisme est la religion la plus représentée, suivi par l’hindouisme et l’islam. Le catholicisme est arrivé au XIXe siècle et on compte aujourd’hui un peu plus de 82 000 fidèles.

Le Père Soane Fotutata, Secrétaire de la Conférence Épiscopale du Pacifique (CEPAC), lors d’un dîner au focolare, a clarifié les défis sociaux mais aussi ecclésiaux de ce vaste territoire où l’Église catholique est présente avec 14 diocèses. Il a expliqué que la crise écologique est une menace existentielle pour les personnes et les communautés. Elle se manifeste par l’élévation du niveau de la mer, l’acidification des océans, la sécheresse, les inondations et les phénomènes météorologiques extrêmes devenus plus fréquents. Il y a également des fléaux sociaux tels que l’émigration économique et climatique, qui est en train de dépeupler de nombreuses îles ; la prostitution, l’alcoolisme, la pauvreté, auxquels l’Église locale tente elle aussi de répondre.

2022 : l’arrivée des focolares à Suva

C’est dans ce contexte ecclésial qu’il y a un an ont été ouverts à Suva, la capitale des îles Fidji, les focolares féminin et masculin. Leur présence, en effet, est aussi liée à un projet soutenu par Missio Écosse et MissioAustralie, pour collaborer à la pastorale diocésaine des jeunes confirmands et post-confirmands avec un programme visant à soutenir la transmission des richesses culturelles entre les générations. « À notre arrivée, racontent Lourdes Rank, du Brésil, et Stephen Hall, de Nouvelle-Zélande, l’archevêque nous a demandé d’être avant tout au service de l’Église et de nous insérer dans ses activités et ses projets. Nous nous sommes lancés dans la catéchèse, auprès des jeunes et dans la vie de nos paroisses. Une approche qui a été très positive : nous faisons à présent vraiment partie de la vie de l’Église et nous avons commencé à nouer des relations avec différents prêtres, religieux et laïcs. »

À cet égard, le vicaire général de l’Archidiocèse de Suva, Mgr Sulio Turagakacivi, a exprimé sa gratitude pour le service que les focolares rendent à l’Église locale. En le remerciant, Margaret Karram a déclaré : « Nous pouvons apprendre de l’Église d’ici comment vivre le processus synodal et comment maintenir la fraîcheur de la rencontre de l’Évangile avec la culture et la société locales. »

À Futuna, la première semence de la spiritualité de l’unité

Mais la première semence de la spiritualité de l’unité dans le Pacifique a été plantée à la fin des années 60 par sœur Anna Scarpone, missionnaire mariste, sur l’île de Futuna. Le premier focolare du Pacifique s’est ensuite ouvert à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) de 1992 à 2008, accompagnant la naissance et la croissance d’une communauté locale dynamique. Aujourd’hui, les focolares des îles Fidji sont “la maison” pour toutes les communautés du Mouvement de la région Pacifique, présentes – en plus de la Nouvelle-Calédonie et des îles Fidji – à Kiribati et Wallis et Futuna, avec quelques personnes qui connaissent la spiritualité aussi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à Samoa et à Vanuatu.

Pour la première fois ensemble

Isole Fiji-Margaret Karram e Jesús Morán con alcuni membri della comunità dei Focolari

À l’occasion de la visite de Margaret Karram et Jesús Morán, les communautés se sont rencontrées à Suva pendant quelques jours ; cela a été leur première rencontre dans l’un des pays du Pacifique et de nombreux gestes, comme l’accueil et le fait de se mettre en valeur réciproquement, ont montré que tous étaient conscients du caractère précieux de ces journées. Pour ces peuples, se retrouver comme famille des Focolari ne signifie pas seulement vivre une communion spirituelle, mais également contribuer à la vie quotidienne – qui inclut la cuisine, la préparation de la liturgie de la Messe, les chants et les danses – en offrant chacun son propre “don” humain et culturel, qui rencontre celui de l’autre.

Ici aussi, Margaret Karram et Jesús Morán ont rencontré les focolarini et les focolarines durant une matinée de communion profonde et ont pu vivre différents moments avec la communauté, comme les repas, la Messe et de nombreux moments de dialogue en toute simplicité. Le partage des expériences leur a permis ensuite de connaître les défis et l’engagement du Mouvement dans le Pacifique. En Nouvelle-Calédonie, la communauté est engagée au service de l’Église et, au niveau social, à créer des espaces d’unité entre les différentes entités ethniques dont le peuple est composé. À Futuna et Kiribati, la Parole de Vie est centrale, générant des expériences de pardon et de réconciliation dans les familles et des projets sociaux au service des femmes et des plus démunis. À Fidji, la communauté se développe et partage avec les focolarini l’engagement au service de l’Église.

Run4Unity aux îles Fidji : cheminer ensemble

Le 6 mai était la journée du Run4Unity et Margaret Karram a donné le coup d’envoi du relais mondial depuis le Pacifique, le premier lieu du monde à voir le soleil se lever. Avec les Juniors pour un Monde Uni présents, elle a planté avec Jesús deux arbres caractéristiques des îles Fidji : « l’arbre à bois de santal et l’arbre à agrumes, qui ont besoin l’un de l’autre pour grandir », a-t-elle expliqué.

« Le bois de santal possède le parfum et le citrus, qui est un agrume, lui fournit tous les nutriments dont il a besoin. C’est un merveilleux exemple de soin réciproque qui existe dans la nature. C’est ce que les habitants des îles du Pacifique veulent nous dire à tous : la seule façon d’offrir notre précieux don, l’unité, est de cheminer ensemble, en prenant soin les uns des autres. C’est ainsi que nous pourrons transformer notre monde. »

Un message qui rappelle ce qui est peut-être la principale caractéristique de ces îles : la vie communautaire, telle qu’elle est apparue lors de la rencontre de Margaret Karram et Jesús Morán avec la communauté du Mouvement des Focolari, l’après-midi et la soirée du 7 mai. « Je suis venue ici pour être proche de vous et partager votre vie, au moins pour quelques jours », a confié à tous Margaret. « Ce que j’ai trouvé ici est très proche de mon cœur et de la culture dont je suis issue, qui encourage le respect des personnes, de leur langue et le sens de la famille. Vous aussi, vous êtes peu nombreux, mais ne vous inquiétez pas : ce qui compte, c’est de vivre l’Évangile et d’apporter l’unité à ceux que nous rencontrons. Ce que vous avez partagé ces jours-ci m’a beaucoup touchée : vous nous avez donné Jésus par votre amour, votre hospitalité et votre accueil. Mais, en vous écoutant, j’ai compris que la perle la plus précieuse que nous possédons est Jésus abandonné, pour qui nous avons tout quitté et qui est le secret pour aimer tout le monde. »

« Les expériences de pardon que vous avez racontées m’ont profondément touché », a poursuivi Jesús, « et elles témoignent du fait que vous vivez l’Évangile, car le pardon est la plus grande nouveauté qu’il contient. Le pardon n’est pas humain, seul Jésus en nous peut pardonner, et vous l’avez raconté avec une pureté unique. »

À la question de savoir ce qu’elle espère pour l’avenir du Mouvement en Océanie, Margaret a répondu en disant ce qu’elle souhaite pour le Mouvement dans le monde entier : qu’il devienne toujours plus une famille non pas repliée sur elle-même, mais ouverte, qui dialogue pour réaliser la prière de Jésus au Père, comme l’a rêvé Chiara Lubich.

Reprenant la parole, elle a ajouté : « Je voudrais encore dire que pour contribuer à réaliser l’unité, chaque pays, culture ou continent ne doit pas perdre son identité propre. Nous devons rester nous-mêmes. Cela pourrait être un grand don pour tout le Mouvement et aussi pour le monde : être nous-mêmes, avec nos richesses et nos contradictions, et vivre le charisme de l’unité sans éliminer ce que nous sommes. » Les applaudissements qui ont suivi ont exprimé la gratitude des participants pour s’être sentis compris.

Commencée par la cérémonie du “Sevusevu“, cette visite ne pouvait que se conclure avec la même solennité. La cérémonie d’adieu, “I-Tatau”, semblait donc boucler la boucle : en fidjien, les “hérauts” parlant au nom de Margaret et Jesús ont remercié la communauté et ont demandé, en leur nom, l’autorisation de prendre congé ; tandis que l’orateur parlant au nom de la communauté fidjienne le leur accordait et leur souhaitait un bon voyage avec l’espoir de se revoir encore.

La soirée-concert préparée par les communautés du Pacifique a été une extraordinaire “expo”  des expressions artistiques des peuples présents, où les danses et les chants disent leur lien profond avec la terre et la nature, la fierté de leurs traditions et leur désir de les partager.

Mais ce qui restera gravé dans les mémoires, nous le croyons, c’est les salutations que les communautés de Nouvelle-Calédonie et des îles Fidji se sont échangées : assis les uns en face des autres, ils ont entonné chacun leur chant d’adieu, ils se sont salués de la main, en se regardant dans les yeux, comme on quitte un frère de sang.

« Nous t’assurons que nous serons une seule famille – ont-ils dit à Margaret Karram -, et malgré nos faiblesses, nous ferons tout pour garder Jésus au milieu de nous en Océanie. »

Stefania Tanesini

Festival œcuménique de la jeunesse

Festival œcuménique de la jeunesse

Le Festival œcuménique de la jeunesse naît du cœur de nombreux jeunes chrétiens et a pour devise « Marcher tous ensemble dans la lumière du Christ ». L’événement a eu lieu à Timisoara (Roumanie), capitale européenne de la culture, du 1er au 7 mai 2023. L’événement Un véritable festival où les jeunes sont les protagonistes et où chacun est témoin de la fraternité générée par la rencontre avec le Christ. C’est le cœur du Festival œcuménique de la jeunesse, le festival œcuménique qui s’est déroulé du 1er au 7 mai en Roumanie, à Timisoara. La motivation pour cet événement est venue après la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens en 2022, d’un groupe de jeunes de 6 confessions différentes : catholique romaine, catholique grecque, orthodoxe roumaine, servite, luthérienne et calviniste. L’évêque catholique romain József-Csaba Pál a déclaré que les 14 mois de travail en commun ont été « une véritable école de l’unité ». Le programme du festival a été riche en rencontres, conférences, débats et ateliers, enrichi par une belle procession œcuménique et des visites d’églises et de musées des différentes confessions à Timisoara. Les activités de loisirs n’ont pas manqué, comme celles organisées dans le parc Carmen Sylva, la soirée des jeunes à la maison Kolping et la promenade en bateau sur la rivière Bega. Le groupe « Ensemble pour l’Europe » (together4europe.org)  a organisé un atelier avec la participation de 100 jeunes sur le thème de la participation citoyenne et de la transformation de la ville. Une initiative importante dans le cadre du « Progetto Dialogue ». Le 6 mai, le groupe Gen Verde a donné un concert dans la salle du Capitole de la Philharmonie de Banat à Timisoara. Un spectacle qui est le fruit du projet Start Now : cinq jours d’ateliers de danse, de chant, de percussion et de théâtre qui ont impliqué des jeunes Roumains de différentes confessions dans la production du spectacle, auquel ont assisté quelque 850 spectateurs. La ville Timisoara a été choisie comme capitale culturelle de l’Europe pour l’année 2023. La ville de plus de 300 000 habitants reste fidèle à son esprit, accueillant actuellement 21 cultures et 18 religions.  Dans une atmosphère accueillante, ce lieu rassemble diverses communautés culturelles, notamment des Roumains, des Allemands, des Hongrois, des Serbes, des Croates, des Italiens, des Espagnols et des Bulgares. « Timisoara est le lieu où l’on peut le mieux vivre l’œcuménisme », explique le jeune orthodoxe Cezara Perian. La ville s’inspire de son passé (elle a accueilli la première bibliothèque publique avec salle de lecture de l’Empire des Habsbourg ou la première séance de cinéma), tout en explorant le pouvoir de transformation de la culture pour façonner son avenir. Timisoara est une ville accueillante qui compte plus de 40 000 étudiants, un secteur créatif dynamique et une multitude d’institutions culturelles accueillantes. La richesse du tissu urbain, composé de plus de 10 000 bâtiments historiques, d’espaces publics généreux et de quartiers historiques aux identités distinctes, associée au développement de corridors bleu-vert le long du canal de la Bega, rend la ville attrayante pour les familles, les professionnels délocalisés du monde entier, ainsi que pour les esprits libres qui parcourent l’Europe avec leur sac à dos. Les jeunes Au cours de ces journées du festival, les jeunes portant le T-shirt caractéristique de l’événement étaient nombreux à arpenter les rues de Timisoara. Plusieurs d’entre eux ont participé en tant que bénévoles à l’organisation de déjeuners publics, de promenades et d’activités dans toute la ville. Le jeudi 4 mai, des garçons et des filles de différentes confessions, accompagnés de leurs communautés et de prêtres, ont organisé une procession qui a traversé quatre églises. Partant de l’église gréco-catholique Sfânta Maria Regina Păcii, 300 personnes ont occupé les rues de Timisoara en chantant l’hymne du Festival œcuménique de la jeunesse. La première étape a été la Parohia Reformată Timișoara, de l’Église réformée, où les jeunes ont pu marcher dans le silence et la prière, incités par des messages sur les murs encourageant la réflexion. Arrivés à la Mitropolitană Orthodoxă Cathedrala, les participants à la procession ont prié ensemble et ont eu droit à un chœur d’opéra orthodoxe. Enfin, à la cathédrale catholique romaine Saint-Georges, tout le monde a déposé ses bougies, formant un cœur devant l’église. Ciobotaru Luca Paul, un jeune catholique romain, a déclaré : « En cette fête œcuménique, renouvelons notre foi, collaborons et ne laissons pas nos croyances nous diviser ». Deux femmes de passage en ville ont demandé en quoi consistait l’événement. Elles ont été impressionnées car, en tant que jeunes femmes orthodoxes, elles ont reconnu que les bougies utilisées provenaient de leur tradition, même si elles ne connaissaient pas les chants. Lorsqu’elles ont réalisé qu’il s’agissait d’une procession œcuménique, elles se sont demandées : « Mais comment est-il possible qu’il y ait autant de chrétiens ensemble ? »

C’est ce message d’unité dans la diversité que l’événement a voulu transmettre.

Ana Clara Giovani

Assemblée continentale d’Amérique latine : un appel à se faire entendre

Assemblée continentale d’Amérique latine : un appel à se faire entendre

Les assemblées régionales de la phase continentale du Synode 2021-2024 se sont conclues par l’Assemblée du Cône Sud, qui s’est tenue à Brasilia en mars 2023. Nous vous partageons quelques réflexions de membres du mouvement des Focolari qui ont participé à ce parcours et aussi à l’Assemblée de clôture.   « Dès que j’ai appris mon élection, outre la grande joie de pouvoir participer, j’ai ressenti une grande responsabilité, celle d’être un véritable canal par lequel laisser passer l’Esprit Saint ». Tels sont les propos de Mercedes Isola, Volontaire du mouvement des Focolari, élue comme laïque par les Évêques de la région de La Plata (Argentine) pour participer à l’Assemblée continentale du Synode du Cône Sud, qui s’est déroulée à Brasilia (Brésil), au siège de la CNBB (Conférence Nationale des Évêques du Brésil). Un espace de grand échange où il a été possible de redécouvrir, a poursuivi Marcedes, la « dignité baptismale qui nous rend tous frères, peuple de Dieu, coresponsables de la mission, quelle que soit la vocation de chacun. Les “communautés de discernement”, composées de personnes issues de réalités et de vocations différentes, ont confirmé cette réalité : l’Esprit Saint souffle en chacun, sans distinction ». La rencontre, à laquelle ont participé plus de 200 personnes, a commencé par l’entrée des images de la Vierge Marie, patronne de chaque pays, à qui ont été confiés les travaux de cette Assemblée qui a rassemblé des Brésiliens, des Chiliens, des Uruguayens, des Argentins et des Paraguayens. Dans la diversité de chaque peuple, la beauté de l’individu qui devient constructeur d’une véritable synodalité en dialoguant avec l’autre. « S’ouvrir à une Église avec une plus grande participation des laïcs, inclusive, transparente, cohérente à la suite de Jésus et concrète dans son service et sa mission, sont quelques-uns des points qui ont été abordés et approfondis au cours de ces journées », nous dit Eliane de Carli, focolarine brésilienne mariée. « Cette expérience, poursuit-elle, faite par une pratique appelée “conversion spirituelle”, nous a permis de vivre une communion très profonde dans les groupes de travail. De plus, la richesse de cette internationalité nous a permis de connaître les défis de l’Eglise dans chaque pays, parfois très similaires ». Ce fut une semaine de travail intense qui s’est transformée en expérience de vie. Marise Braga, Focolarine brésilienne, en témoigne : « La journée a commencé par un moment de prière, organisé chaque jour par un pays différent. Pour la rédaction du document final, et sur la base des questionnaires recueillis dans les différents pays au cours de la phase locale, il a fallu que le groupe réponde à trois questions : mettre en évidence les lumières qui se dégagent de ces rapports, souligner les ombres, les tensions et les défis de certaines questions dans chaque pays, et enfin, reconnaître les priorités à aborder au cours du Synode ». Le rôle des femmes dans l’Église a été l’un des thèmes récurrents de cette Assemblée continentale du Cône Sud, une question qui gagne en importance, tout comme les problèmes de la jeunesse qui doivent être abordés. « Avant la messe de clôture de cette phase synodale, les jeunes ont demandé la parole », a déclaré Mercedes Isola. C’était très fort d’entendre de leur bouche pourquoi leurs amis ne sont plus dans l’Église. Les jeunes eux-mêmes ont demandé une plus grande ouverture, une Église qui permette à tout le peuple de Dieu d’être protagoniste, avec des portes ouvertes comme le dit le pape François ». Un appel qui semble unir tous les continents dans ce processus synodal et qui, comme l’a affirmé le père Pedro Brassesco, secrétaire adjoint du CELAM (Conseil épiscopal latino-américain et caribéen), nous pousse à « apprendre une nouvelle manière d’être Église ». « L’Église nous a appelés à être écoutés, a conclu Marise, pas seulement les Évêques, mais tout le peuple de Dieu. Il faut souvent inverser la pyramide pour savoir ce qu’il y a en bas, mais il faut de la patience pour voir les fruits de ce travail. Peut-être que nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants en profiteront. Nous sommes en train de planter une graine, mais nous devons garder l’espérance. C’est un premier pas vers une Église plus proche ».

Maria Grazia Berretta

Japon : ouvrez votre cœur à tous !

Japon : ouvrez votre cœur à tous !

Le voyage en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, se poursuit en direction des îles Fidji, après avoir achevé la deuxième étape sur le sol japonais. Voici quelques nouvelles de leur séjour au Japon. ありがとう    Arigato            Merci 思いやり        Omoiyari         Attention à l’autre 健康                Kenko              Santé 平和                Heiwa              Paix 美しさ            Utsukushisa     Beauté 正直                Shojiki”            Honnêteté   Selon une enquête de la chaîne de télévision nationale japonaise NHK, ce sont les six mots les plus appréciés des Japonais. Ils décrivent bien l’âme de ce peuple et la valeur qu’il accorde à l’harmonie dans la vie sociale et avec la nature. Et c’est dans la très riche culture du Japon que Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari  avec la délégation du Centre du Mouvement se sont immergés, pour la deuxième étape de leur voyage en Asie de l’Est, du 25 avril au 2 mai 2023. L’Église au Japon : recréer la communauté C’est l’archevêque de Tokyo, Mgr Tarcisius Isao Kikuchi, qui leur ouvre les portes du « Pays du Soleil levant » et décrit l’Église catholique locale comme « petite et silencieuse ». Le pays compte 536 000 chrétiens soit 0,4 % d’une population de 130 millions d’habitants, où les religions bouddhiste et shintoïste sont majoritaires ; mais il est difficile de déterminer laquelle est la plus importante, étant donné que de nombreux Japonais pratiquent les deux et qu’il y a donc une tendance à regrouper les éléments des différentes religions. Il a expliqué que le mode de vie actuel conduit à une désintégration de la famille, ce qui provoque chez les personnes solitude et aliénation. « Il est nécessaire de recréer la communauté, a-t-il dit, et le Focolare peut être une aide pour l’Église. Je vous encourage à faire connaître votre spiritualité avant tout aux évêques (il y en a 16 au Japon), afin qu’à travers eux elle arrive aux communautés. » Avec la visite à Mgr Leo Boccardi, Nonce apostolique à Tokyo, l’échange s’est poursuivi : en Asie, les chrétiens ne sont que 2 %. Quel est donc leur rôle ? Le Nonce lui aussi a encouragé les Focolari à diffuser le charisme de la fraternité. « Au Japon, règne l’ordre, le respect entre les personnes, a-t-il expliqué, mais aussi beaucoup d’indifférence. La pandémie a laissé une plaie ouverte  : nous devons rétablir les relations ». « J’ai vu l’Église naissante », écrivait déjà en 1959 Igino Giordani (Foco) – lorsqu’il s’était rendu à Tokyo à l’invitation des sœurs canossiennes -, saisissant le caractère sacré de l’histoire chrétienne de ce pays. Ce fut lui qui mit la première semence de la spiritualité de l’unité dans ce pays. Les focolares ne sont arrivés qu’en 1976 et 1977 et il y en a trois aujourd’hui, à Tokyo et Nagasaki, tandis que la communauté compte un millier de personnes disséminées sur les cinq îles principales de l’archipel japonais. Entre modernité, tradition et soif de spiritualité Huit jours, c’est bien peu pour connaître en profondeur l’âme d’un peuple, c’est pourquoi chaque rencontre, chaque échange a été précieux pour Margaret Karram et Jesús Morán, tout comme la visite à Tokyo de lieux, tels que le sanctuaire shintoïste Menji Jingu ou le quartier ultramoderne de Shimbuya. Le Japon montre ainsi son visage aux multiples facettes : c’est l’un des pays les plus avancés de la planète, tout en étant solidement ancré dans la tradition. La société est très homogène et privilégie le bien commun plutôt que l’individu. Le peuple est doté de sensibilité, de douceur et d’attention aux autres, d’une grande capacité de travail et de sens du devoir. Les Japonais sont guidés par le « sentiment du cœur » qui sait saisir  dans les faits concrets ce qui est essentiel. Et il est significatif que les premiers à rencontrer la Présidente et le Coprésident des Focolari aient été précisément les jeunes du Mouvement, les Gen. Avec eux, ils ont trouvé une belle harmonie, se racontant réciproquement, dans une atmosphère de simplicité et de famille. Une profondeur de relation et de communion qu’ils ont également expérimentée lors de leurs rencontres avec les focolarini et les volontaires. Jésuites et Focolari ensemble, signe d’espérance pour le monde Le 29 avril, l’université catholique de Tokyo, Sophia University, accueille le symposium très attendu : « Can we be a sign of hope for the world ? » (« Pouvons-nous être un signe d’espérance pour le monde ? ») auquel Margaret Karram et Jesús Morán ont été invités en tant qu’intervenants. Le séminaire propose une rencontre exceptionnelle entre deux charismes, celui “historique” de saint Ignace, qui a apporté le christianisme au Japon au XVIe siècle, et le charisme de Chiara Lubich. Au centre, les thèmes du dialogue et de l’unité dans un contexte social et religieux assoiffé de spiritualité. Les autres intervenants sont les Pères Renzo De Luca, provincial des Jésuites du Japon, Augustine Sali et Juan Haidar, enseignants de l’université. Des interventions ressort tout le potentiel de cette synergie. Margaret Karram ouvre le symposium, en disant que l’espérance est ce dont l’humanité a le plus besoin et qu’elle peut la retrouver si nous mettons en œuvre le dialogue sans jamais nous  lasser, même avec ceux qui sont très différents de nous. Et elle conclut : « Les petits et grands efforts de dialogue que chacun de nous peut faire, de relations sincères et chaleureuses, sont la base solide sur laquelle construire un monde plus fraternel. » Le P. De Luca explique que le dialogue fait partie de l’ADN des chrétiens japonais depuis les origines. « Pendant les persécutions, ils n’ont pas répondu à la violence qu’ils recevaient par plus de violence, et c’est pourquoi les Papes les ont présentés au monde comme un modèle. » Le P. Sali réfléchit aux défis de l’Église japonaise face à la sécularisation, qui doit trouver de nouvelles voies de dialogue pour offrir la spiritualité chrétienne à la communauté mondiale. Et le Parcours synodal qu’a engagé l’Église catholique, explique Jesús dans son exposé, peut être une réponse, mais il ne l’est que s’il est animé par la communion. « Communion et synodalité conduisent naturellement à un nouvel élan dans le dialogue, qui est toujours plus nécessaire étant donnée la polarisation croissante des sociétés à tous les niveaux. » Le P. Haidar revient sur le thème de l’espérance et assure que « nous n’avons aucune raison de la perdre, parce que le bien est plus fort que le mal et que Dieu est toujours du côté du bien ». L’un des participants au symposium définit cette réflexion commune, Jésuites et Focolari, comme une « réaction chimique » qui peut produire une nouvelle vie. « J’ai compris que le dialogue exige du courage, de la persévérance et de la patience ; et surtout que c’est moi qui dois commencer. » « Ouvrez votre coeur à tous », est la consigne de Margaret Karram à la communauté des Focolari « Nous sommes ici parce que nous voulons partager ce que nous avons reçu comme un don de Dieu », disent Natzumi et Masaki à l’ouverture de la rencontre de la communauté des Focolari au Japon, le même après-midi. Quelle joie et quelle émotion de se retrouver pour la première fois en présence, trois ans et demi, après la pandémie ! Les témoignages disent la grande fidélité à vivre l’Évangile au quotidien dans un contexte social souvent hostile, en raison de l’indifférence ou de la distance sociale. Une volontaire touche un point crucial pour tous les chrétiens au Japon : la difficulté de transmettre la foi, en particulier aux nouvelles générations. « Si tu vis la Parole – répond Jesús Morán- tu peux être sûre que tu transmets Jésus. Nous voudrions obtenir des résultats, mais cela n’intéresse pas Jésus parce qu’Il veut toucher les personnes avec Sa vie. Donnons-Lui tout, et Il recueillera ce qu’Il veut et comme Il le veut ». « Avez-vous un message pour la communauté des Focolari au Japon ? » Dernière question surprise pour la Présidente et le Coprésident: « Le message est le dialogue – répond Margaret Karram -. Je vous encourage à une nouvelle ouverture de cœur envers tous. Il est vrai que les chrétiens sont une minorité ici, mais notre vocation, en tant que membres des Focolari, est d’aller vers les autres avec courage et d’ouvrir de nouvelles voies pour construire la fraternité et un monde de paix ». « Notre spécificité est de vivre l’unité – continue Jesús Morán- c’est pourquoi chacun de nous est en pleine vocation. Nous sommes “sacrement de l’amour de Dieu” pour les autres, comme le dit Chiara. Que personne ne se sente seul, mais allez de l’avant ensemble, parce que la foi se vit ensemble. » En visite à la Rissho Kosei-kai : nous sommes une unique famille Le 1er mai, 42 ans après Chiara Lubich, Margaret Karram et la délégation des Focolari qui l’accompagne, entrent dans la grande salle sacrée du Centre de la Rissho Kosei-kai (RKK). Il est difficile de décrire la joie et l’émotion, qui se lisent sur tous les visages : joie des retrouvailles  entre des frères et des sœurs qui, depuis de nombreuses années, cheminent ensemble. Une chaleur exprimée par le Président Nichiko Niwano et sa fille Kosho. La Rissho Kosei-kai est un Mouvement bouddhiste laïc, fondé en 1938 par le révérend Nikkyo Niwano. Il compte environ un million de fidèles au Japon, avec des centres dans différents pays. Il est très actif dans la promotion de la paix et du bien-être, avec des actions humanitaires et de coopération. En 1979, Nikkyo Niwano rencontre Chiara pour la première fois. « J’ai rencontré une personne extraordinaire avec qui je peux vivre en communion », dira-t-il de Chiara. Depuis lors, la relation entre les deux Mouvements ne s’est jamais interrompue. « Nous sommes réunis aujourd’hui comme une unique grande famille – dit Margaret Karram dans le salut qu’elle adresse aux nombreuses personnes présentes et à celles qui ont suivi la cérémonie en ligne -, ce qui tient le plus à cœur à toute l’humanité est la valeur suprême de la paix. (…) Ensemble, nous pouvons être un signe d’espérance dans le monde ; ensemble, telle une seule famille, nos deux Mouvements peuvent être de petites lumières qui brillent dans la société, en vivant la compassion et l’amour, qui sont nos armes les plus puissantes. » « Aujourd’hui est une journée que nous n’oublierons pas – poursuit Nichiko Niwano – journée dont il faut être reconnaissants parce que nos Mouvements se rencontrent : ils sont frères et ont beaucoup en commun. » « C’est le dialogue entre nous qui nous rend tels – continue la fille Kosho, future successeur à la Présidence de la RKK – je remercie mon grand-père Nikkyo Niwano qui a fait du dialogue et de la rencontre le fondement de ma vie. » « Nous avons vécu une matinée de recueillement et de sacralité – a conclu Margaret Karram -, et j’emporte avec moi ce que j’ai appris grâce à vous : être toujours reconnaissante de ce que je reçois en don. Je renouvelle l’engagement des Focolari à aller de l’avant ensemble pour réaliser le rêve d’un monde meilleur. »

Stefania Tanesini

Semaine Monde Uni 2023: #DARETOCARE – Osez prendre soin des personnes et de la planète

Semaine Monde Uni 2023: #DARETOCARE – Osez prendre soin des personnes et de la planète

La « Semaine Monde Uni » revient dans sa 28e édition, du 1er au 7 mai 2023. Elle est le laboratoire et l’expo mondiale d’actions et d’initiatives pour la fraternité, l’unité et la paix entre les personnes et les peuples ; elle est promue par les communautés du mouvement des Focolari dans le monde entier. Le 1er mai, l’inauguration aura lieu à la Mariapolis internationale des Focolari à Loppiano (Italie), en direct sur Youtube, Le 7 mai, la conclusion se fera par la course relais mondiale « Run4Unity », soutenue et promue par la Plate-forme « Laudato Si » du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral du Saint-Siège.   Une communauté de Pont-à-Mousson, en France, convertira le sport et les kilomètres parcourus en arbres qui seront plantés dans sa paroisse jumelée au Burkina-Faso. C’est là, à Bobo Dioulasso, que les Jeunes pour un monde uni du Sahel marcheront dans les rues de la ville en les débarrassant des déchets en plastique avec lesquel ils construiront une « montagne de la paix » symbolique. A S. Mauro Pascoli, en Italie, des jeunes et des adultes promeuvent ensemble des sports écologiques afin de sensibiliser à la protection de l’environnement et collecteront des fonds pour offrir des activités sportives à de jeunes cyclistes en Ukraine. À Palawan, aux Philippines, des centaines de personnes nettoieront les plages publiques afin de protéger la nature et la santé des habitants. Ils expliquent : « Nous pensons qu’aujourd’hui plus que jamais l’unité et la fraternité ne peuvent être réalisées que si nous prenons soin, que si nous prenons la responsabilité de prendre soin de la planète ensemble, par des actions concrètes, en commençant là où nous sommes ». Du Paraguay à l’Inde, en passant par le Togo, le Bénin, le Liban et l’Australie, il existe des centaines d’initiatives comme celles-ci, petites et grandes, qui ont été mises en place avec les mêmes motivations idéales. C’est ce qui se passe chaque année, partout dans le monde, pour célébrer la Semaine Monde Uni. Sept jours d’ateliers et d’expositions, promus par les communautés du mouvement des Focolari dans le monde entier, en synergie avec d’autres mouvements, associations, institutions locales qui partagent leurs valeurs, afin de sensibiliser l’opinion publique à la paix, à la protection de l’environnement, à la conversion écologique, à la prise en charge intégrale de la personne qui part d’une fraternité concrète. Le thème principal de la 28e édition est le soin de l’humanité et de la planète. Elle s’intitule en effet : « Dare to Care : les personnes, la Planète et notre conversion écologique ». Des thèmes rendus d’autant plus urgents par le présent que nous vivons, avec les effets catastrophiques de la crise climatique et la prolifération de foyers de guerre et de conflits inhumains un peu partout sur la planète. Les initiatives qui sont activées tout au long de l’année dans le monde sur ces thèmes, trouvent une vitrine dans cette semaine dans de nombreux rendez-vous, virtuels et en présence, différents selon les lieux et les communautés qui les promeuvent : expo, revue d’événements culturels, ateliers de dialogue et d’idées, actions solidaires ou écologiques, événements sportifs. Si localement l’objectif est d’influencer l’opinion publique dans les pays respectifs, l’objectif international est d’illuminer d’espérance la Maison Commune à partir de l’action persévérante et infatigable des personnes qui s’engagent à construire la fraternité. Le principal partenaire de la Semaine du Monde Uni 2023 est le Mouvement Laudato sì. La Semaine Mondiale Uni est cofinancée par l’Union européenne par le projet AFR.E.SH”.

Les événements internationaux de la Semaine Monde Uni

Le soir du 30 avril, à 21 heures (heure italienne), la Semaine du Monde Uni débutera par le concert « The reason we care » (la raison pour laquelle nous prenons soin) du groupe international Gen Rosso, qui sera diffusé sur leur chaîne YouTube (https://youtube.com/@GenRossoOfficial). Le concert est le résultat des dernières années de travail du groupe, qui, par le biais de la musique, a réalisé des activités d’accueil et de formation avec des jeunes réfugiés et des migrants en Bosnie-Herzégovine et au Liban. Le 1er mai à midi, un grand spectacle, intitulé « Common Ground, me you and us » retransmis en direct dans le monde entier depuis la scène de l’auditorium de Loppiano (Italie), inaugurera la 28e édition de la Semaine Monde Uni. La proposition ? Redécouvrir la valeur de l’attention, de l’attention à soi et à l’autre, des relations qui nous lient et de la relation avec la Terre Mère. Dans le programme, les témoignages de jeunes changemakers, italiens et originaires de différents pays du monde engagés en réseau et, souvent, courageusement, à contre-courant, dans l’attention aux personnes et à l’environnement pour le bien commun de leurs peuples. Comme Mimmy du Burundi qui, dans le cadre de la lutte contre la pollution plastique, a été élue ambassadrice « zéro plastique » car, avec son association, elle transforme le plastique en feuilles écologiques et plante des arbres dans le parc national de Rusizi. Ou encore Ivan, qui à Damaguete aux Philippines, avec sa communauté, prend soin de son peuple en s’engageant en faveur de l’environnement marin et en plantant des mangroves, car dit-il : « Etant un des pays les plus pauvres d’Asie, la pêche est un moyen de subsistance pour beaucoup. Notre peuple a besoin de la mer pour survivre, pour la vie quotidienne. La retransmission en direct sera visible sur www.unitedworldproject.org. Le samedi 6 mai aura lieu Peace Got Talent, un événement artistique promu par le réseau « Living Peace International » qui, s’inspirant du célèbre format télévisé, donnera la parole à de jeunes talents engagés dans la promotion de la paix à travers la musique, le chant et la danse. Chaque morceau en compétition est le fruit et l’expression de projets informels d’éducation à la paix. Parmi les écoles et les groupes participants figurent également ceux d’Ukraine, de Syrie, de Russie, du Myanmar, du Congo : des pays touchés par la guerre et les conflits armés, qui n’ont pas voulu renoncer à apporter leurs chants et leurs voix porteuses d’espoir. L’événement sera retransmis en direct sur www.unitedworldproject.org. Le dimanche 7 mai, plus de 200 000 adolescents, jeunes et familles dans de nombreux pays et dans centaines de villes participeront à « Run4Unity », une course de relais mondiale qui unira de façon transversale les ethnies, les cultures et les religions pour construire la paix et pour planter des arbres. Soutenue et promue par la Plateforme d’Initiatives Laudato Si’ du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral du Saint-Siège, Run4Unity 2023 est dirigée par des jeunes du mouvement des Focolari. Les participants de tous âges prendront soin de leur corps en faisant de l’exercice physique et prendront soin de la Terre en échangeant les kilomètres qu’ils auront courus ou les minutes qu’ils auront passées à faire de l’exercice contre des arbres qui seront plantés dans le monde entier. Run4Unity partira des îles Fidji, c’est-à-dire du premier fuseau horaire en commençant une nouvelle journée par un pays écologiquement symbolique car déjà fortement touché par le changement climatique. De là, les jeunes passeront le « témoin » virtuel d’un fuseau horaire à l’autre par le biais d’une série de vidéoconférences au cours des 24 heures suivantes pour conclure avec les communautés de Californie. Les participants courront, feront du jogging, marcheront ou participeront à des événements sportifs locaux, dont certains se dérouleront dans des lieux symboliques de la paix, aux frontières de pays ou de communautés en conflit ou dans des sites écologiques importants, afin de témoigner de l’unité et de la paix. Parmi les participants se trouveront quelques-unes des 1 000 écoles Laudato Si’ dans le monde, engagées dans l’éducation à l’écologie à travers la Plate-forme d’initiatives de Laudato Si’, ainsi que des groupes et des écoles qui font partie du Projet Living Peace International. Tous les événements locaux de la Semaine du monde uni 2023 peuvent être consultés à l’adresse suivante : https://www.unitedworldproject.org/uww2023/.

Tamara Pastorelli (Foto: Pixabay)

Évangile vécu : l’amitié vraie

Un lien profond dans lequel se joue non seulement notre propre destin mais aussi le destin de l’autre, son histoire. C’est cela la véritable amitié : un bien gratuit, à fonds perdu ; une relation authentique où chacun, tout en soutenant l’autre, se retrouve à la fin, toujours lui-même. L’ami en difficulté Je me rendais au travail en voiture lorsque j’ai aperçu sur la route un ancien collègue d’université. Je l’ai raccompagné et, en chemin, il m’a raconté ses problèmes : à cause de la Covid, il avait perdu son emploi de serveur dans un restaurant ; de plus, le logement où il vivait était privé d’eau chaude et d’électricité parce qu’il n’avait pas payé ses factures. Spontanément, je l’ai invité à prendre une douche et à laver ses vêtements chez moi quand il en avait besoin. Il a accepté avec plaisir. Un jour, il est venu comme d’habitude, il n’allait pas bien, mais il n’a pas eu le courage de me le dire. Au bout de deux jours, j’ai découvert que j’avais la Covid. Lorsque son ami l’a appris, il a réalisé que c’était lui qui m’avait infecté, et il n’a donc pas eu envie de retourner se laver avec moi. Mais je l’ai rassuré en lui disant que je n’avais rien contre lui et nous avons recommencé à nous voir. Si j’ai trouvé la force d’aller à la rencontre de ce frère, c’est parce qu’en tant que chrétien, je me sens appelé à m’arrêter pour voir les besoins et les désirs de mon prochain, à l’aider et à l’aimer comme Jésus nous le dit dans l’Évangile. (Steve – Burundi) Mariage en crise Du Brésil, pays de son ‘’grand amour’’, Brigitte m’avait écrit que son mari, devenu alcoolique, l’avait abandonnée avec ses trois enfants. Avec l’accord de mon mari, j’ai décidé de lui rendre visite. Bien que le voyage ait représenté une lourde dépense pour notre économie, le désir d’être proche de cette amie de longue date l’a emporté. J’ai retrouvé Brigitte dévastée, déçue, désorientée ; elle se demandait pourquoi ce destin : loin de sa patrie et de ses proches, seule, un échec dans tous les sens du terme. Nous avons évoqué la possibilité d’un retour en France. Cependant, elle ne voyait pas l’éloignement aussi radical de leur père comme un élément positif pour les enfants. Je pouvais la comprendre. Pendant mon séjour, j’ai contacté la maison d’édition où je travaille, qui lui a confié des traductions en français. Mais le vrai cadeau pour Brigitte, et aussi pour moi, c’est que, se souvenant de notre jeunesse, repensant aux questions sur la foi et le désir de construire un monde plus humain,  on aurait dit que ce rêve reprenait vie. Enfin, elle identifiait elle-même la manière la plus concrète de s’engager pour les autres, une manière de se reconstruire. Je suis repartie rassurée. (J.P. – France)

Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année IX – n.1 – mars-avril 2023)

Corée : le dialogue est la culture de la famille humaine

Corée : le dialogue est la culture de la famille humaine

Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, viennent de terminer l’étape coréenne de leur premier voyage officiel en Asie et en Océanie, qui se poursuivra par des visites au Japon, aux îles Fidji, en Australie et en Indonésie, jusqu’au 25 mai. Voici une brève mise à jour de ce qui s’est passé en Corée.

« Apprends-nous, Seigneur, à marcher ensemble le regard tourné dans la même direction, unis par le même objectif, à la recherche des mêmes valeurs vers Celui qui nous aime et nous attend c’est le fondement de toute nouvelle amitié. »

Cette prière, qui a ouvert la rencontre de 160 focolarini et focolarines de la zone de l’Asie de l’Est (avec plusieurs personnes en ligne) le 22 avril, exprime bien le sens du premier voyage officiel de Margaret Karram et Jesús Morán en Asie et en Océanie. Première étape : la Corée, puis ils visiteront le Japon, les îles Fidji, l’Australie et enfin l’Indonésie. Ils sont accompagnés par Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, conseillers de la zone et coresponsables du dialogue interreligieux des Focolari. En Asie de l’Est (qui comprend la Corée, le Japon et l’aire géographique de langue chinoise), le Mouvement est présent depuis la fin des années 1960 – en Corée, le Père Francis Shim a introduit la spiritualité de l’unité en 1967 et, à Hong Kong, le premier focolare a été ouvert en 1970. Entre membres internes et adhérents, environ 10 000 personnes vivent la spiritualité de l’unité dans cette partie de l’Asie.

Margaret Karram : repartir du dialogue

« Pourquoi avez-vous choisi l’Asie pour votre premier voyage ? » a demandé à Margaret, un journaliste de “Catholic Chinmoon“, le principal hebdomadaire catholique de Corée. « Je suis ici pour écouter, pour connaître, apprendre, mais surtout pour aimer le “continent de l’espérance” », a-t-elle répondu. « La richesse spirituelle de ces peuples sera un don pour tous. Je pense qu’il est très important de raviver dans le Mouvement la voie du dialogue, l’instrument par excellence pour construire la paix, le bien dont le monde a tant besoin aujourd’hui. »

Corée : entre contradictions et espoir de paix

Avec quasiment 10 millions d’habitants, la capitale Séoul montre le visage d’un pays qui, depuis 50 ans, avance à plein régime et qui est devenu l’un des États les plus avancés et technologiques de la planète. Rapidité, efficacité et compétitivité sont les caractéristiques de la société coréenne moderne –  explique Matthew Choi, journaliste et focolarino coréen -, tant du point de vue économique que culturel, mais cela s’accompagne de nombreuses contradictions. « Ici, l’accent est mis sur le résultat – ajoute Kil Jeong Woo, délégué du Mouvement politique pour l’Unité en Corée -, avec un système universitaire hautement compétitif et une forte éthique du travail. Nous avons des problèmes d’inégalité sociale et nous nous efforçons d’y remédier par des réformes sociales et politiques, mais les progrès sont lents à venir. »

L’Église coréenne, pont dans une société divisée

L’archevêque de Séoul, Mgr Peter Chung Soon-taek, souligne également parmi les défis sociaux, les conflits intergénérationnels et le vieillissement de la population. « Dans l’Église, explique-t-il, le risque est de nous enfermer dans nos communautés. Il est nécessaire de s’ouvrir et c’est la contribution que les Focolari peuvent apporter. » Margaret Karram et Jesús Morán ont rencontré ensuite Mgr Thaddeo Cho, archevêque de Daegu, Mgr Augustino Kim, évêque de Daejeon et Mgr Simon Kim, évêque de Cheng-ju. Dans le climat social et politique de fortes polarisations entre progressistes et conservateurs, l’Église cherche à être un pont et un antidote à la sécularisation qui touche particulièrement les jeunes

Dialogues et inondations : le processus est lancé

Le Mouvement des Focolari en Corée apporte sa contribution au dialogue œcuménique et interreligieux, et dans les différents milieux culturels. Un exemple en a été l’événement du 14 avril à Séoul, intitulé : « Le dialogue devient la culture de la famille humaine. » Sont intervenus des représentants de différentes Églises chrétiennes, de différentes Religions, des représentants des milieux sociaux, animés par un esprit constructif de collaboration pour la réconciliation sociale et la paix. « Il est très important que chacun puisse créer des espaces qui ouvrent les portes au ‘’dialogue de la vie’’ – a dit Margaret Karram dans son intervention – en mettant en pratique les enseignements de sa propre confession religieuse. » Jesús Morán les a encouragés à poursuivre ce chemin ensemble : « Peu importe que les choses que vous faites soient grandes ou petites. L’important est qu’elles portent la semence de la nouveauté. Les témoignages que vous avez présentés sont porteurs de cette empreinte. » Sa Young-in, directrice du Bureau des Nations unies pour le bouddhisme Won, a déclaré que lorsqu’elle était jeune, elle rêvait d’un “village religieux” où les croyants de différentes religions pourraient partager l’amour, la grâce et la miséricorde. « Ce que j’imaginais, a-t-elle dit, j’ai l’impression de le voir se réaliser ici aujourd’hui. »

Gen 2 : « Courage, allez de l’avant ! »

Le 15 avril, 80 Gen étaient présents au Centre Mariapolis : 70 Gen de Corée, 9 de Hong Kong et d’autres reliés depuis le Japon et les régions de langue chinoise. Ils ont apporté à Margaret Karram et Jesús Morán le résultat de leur travail effectué dans quatre ateliers : la manière d’incarner la spiritualité de l’unité dans la vie de tous les jours ; les relations à l’intérieur et à l’extérieur du Mouvement, les difficultés à trouver leur identité humaine et spirituelle et la manière dont ils “rêvent” le Mouvement. « Nous avons une seule identité », leur a dit Margaret. Nous ne sommes pas d’abord Gen, puis nous devenons quelqu’un d’autre lorsque nous allons, par exemple, à l’université. Le don de la spiritualité que nous avons reçu fait de nous des personnes libres ; il nous donne le courage et la force de proclamer ce que nous sommes et ce en quoi nous croyons, et je voudrais aussi vous dire ce que le Pape m’a dit lorsque j’ai été élue Présidente : « Courage, allez de l’avant. » « Après le départ de Chiara, a raconté un Gen, j’ai eu des moments de nostalgie et d’obscurité. Aujourd’hui, la proximité, la confiance et l’écoute de Margaret et de Jesús m’encouragent beaucoup. Ils me font comprendre une fois de plus que l’héritage de Chiara est un don de Dieu adapté à chaque époque. »

Cité-pilote Armonia (Harmonie)

Le 16 avril dernier, Margaret Karram et Jesús Morán se sont rendus sur le terrain que le Mouvement a reçu en don à une soixantaine de kilomètres au sud de Séoul, pour réaliser un rêve déjà exprimé par Chiara lors de sa visite en Corée en 1982 : la naissance d’une cité-pilote de formation et de témoignage de la vie de l’Évangile et de la spiritualité de l’unité pour cette partie de l’Asie. En présence d’environ 200 personnes – membres des Focolari, bienfaiteurs et amis qui ont apporté leur contribution de différentes manières – le terrain a été béni et une médaille de la Vierge y a été déposée en guise de sceau. « Confions-Lui cette Œuvre – a conclu Margaret Karram – et demandons-Lui de nous aider à adhérer aux plans de Dieu que nous ne connaissons peut-être pas, mais Il est plus grand que nous et si nous Lui donnons notre disponibilité et générosité, Il pourra agir. »

En visite à Sungsimdang

Tout a commencé en 1956, avec deux sacs de farine pour faire du pain à la vapeur et le vendre devant la gare de Daejeon. Aujourd’hui, Sungsimdang est devenue l’entreprise de restauration la plus fameuse de la ville et, avec ses 848 employés, elle vit pleinement l’esprit de l’Économie de Communion (ÉdeC) depuis 1999. Margaret Karram et Jesús Morán l’ont visitée, une rencontre joyeuse avec Fedes Im et son épouse Amata Kim, propriétaires et Volontaires du Mouvement. « Je n’ai pas étudié l’administration ou la gestion – raconte Fedes – mais j’ai suivi Chiara ». « Cherchez à faire ce qui est bien devant tous les hommes », est la devise que Chiara a donnée à l’entreprise qui sert 10.000 clients par jour et vit depuis toujours le partage, apportant quotidiennement du pain à 80 centres d’assistance sociale. Mais ce qui frappe, c’est le style des relations et du travail : « Pour nous – raconte sa fille Sole, responsable du secteur restauration – toutes les personnes ont la même valeur : hommes et femmes, riches et pauvres, dirigeants et employés, fournisseurs et clients. Nous essayons de mettre la personne au centre de chacune de nos décisions.» Jesús a souligné l’importance de l’impact de l’entreprise sur le territoire, prérogative des entreprises qui opèrent selon le style de l’ÉdeC, et Margaret a comparé le témoignage de cette entreprise à celui d’une cité-pilote dont on peut dire « venez et voyez ». « Et cela – a-t-elle ajouté – est le plus grand remède que le monde attend ».

Écouter, connaître, partager

Les journées coréennes de Margaret Karram et Jesús Morán ont été intenses et variées : ils ont également trouvé le  temps de faire une halte touristique sur l’ancien site de Bulguksa, pour connaître les racines de la culture bouddhiste nationale. Avec ses temples millénaires, immergés dans une nature fraîche, une journée vraiment régénérante ! Puis il y a eu les nombreuses rencontres avec les membres du Mouvement de cette vaste zone, comme le joyeux après-midi avec les focolarini et quelques membres des territoires de langue chinoise. Le moment avec 80 prêtres, consacrées et religieux a été une expérience de ‘Cénacle’, avec des témoignages de fidélité et de vie évangélique authentique, dans un échange intime avec Margaret Karram et Jesús Morán. Puis, le 23 avril, ce fut le tour de la rencontre très attendue de tous les membres du Mouvement ; 1 200 personnes étaient présentes, avec 200 personnes reliées depuis différents pays. Une fête extraordinaire, qui a rassemblé des peuples et des cultures que l’on verrait difficilement danser et chanter sur la même scène, et se réjouir réciproquement de la beauté et de la richesse des autres. C’est peut-être la raison pour laquelle quelqu’un a qualifié l’événement de “miracle” et de semence d’une société renouvelée par l’unité. Au cours du dialogue, Margaret Karram et Jesús Morán, avec les conseillers Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, ont répondu sur différents arguments : le “dessein” du continent asiatique, l’actualité du dialogue entre les religions. À la question de savoir comment approfondir la relation avec Jésus Eucharistie, Jesús a expliqué qu’il ne s’agit pas de “sentir” la relation avec Lui, mais de “la vivre”, car l’Eucharistie alimente toute notre personne et nous fait vivre comme un corps, dans l’amour pour les autres. Quant à la baisse des vocations dans le Mouvement, Margaret a affirmé que les relations personnelles et le témoignage authentique des adultes sont importants pour les jeunes. « Si notre vie est le fruit de l’union à Dieu, si elle est cohérente avec l’Évangile, ils seront attirés, parce qu’ils s’inspirent de ceux qui “osent” vivre pour Dieu et ils comprendront ainsi où Il les appelle. » À la dernière question sur ce que doivent être nos relations pour pouvoir dialoguer avec tous, Margaret répond par une expérience : « Cette année, nous avons approfondi notre vie de prière et l’amour envers Dieu, un amour “vertical” pourrions-nous dire, comme ces pins dont les branches s’élancent vers le haut. L’autre jour, en me promenant, j’ai vu un arbre qui m’a beaucoup plu : ses branches étaient ouvertes, elles s’étendaient vers l’extérieur ; elles s’entrelaçaient avec d’autres arbres. C’est ainsi que devraient être nos relations : nos bras devraient toujours être ouverts, aller vers les autres ; nous devrions avoir le cœur grand ouvert aux joies, aux peines et à la vie de toutes les personnes qui nous croisent. »

« C’est l’heure de l’Asie » avait déjà écrit Chiara Lubich en 1986, lors de son premier voyage sur ces terres ; des paroles qui manifestent aujourd’hui toute leur actualité et leur valeur prophétique.

Stefania Tanesini

Burundi : Jean-Paul – la certitude de l’amour de Dieu

Jean-Paul est un jeune burundais qui, en 2015, alors que le pays est en proie à des conflits internes répétés, subit une embuscade qui met sa vie en péril. Une expérience où, grâce à la foi, la souffrance est transformée et portée par l’amour de nombreuses personnes dans le monde, devenant ainsi un terrain fertile où témoigner concrètement de l’amour de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=M97MXRfcHnI&list=PL9YsVtizqrYsVxFh7-IlFMNEbjw4OL9J7 Copyright 2023 © CSC Audiovisuel

DIALOP : Dialogue entre des chrétiens et la gauche européenne à la recherche d’un véritable changement

DIALOP : Dialogue entre des chrétiens et la gauche européenne à la recherche d’un véritable changement

Depuis près de dix ans, un projet de dialogue entre socialistes/marxistes et chrétiens européens a vu le jour sous le nom de DIALOP. Nous avons rencontré certains des protagonistes de ce dialogue il y a quelques jours, lors d’une visite au Centre international des Focolari à Rocca di Papa (Italie). « Je pense qu’avec l’élection du Pape François, la situation a complètement changé, de manière substantielle. Non seulement pour l’Église catholique, mais aussi pour toutes les forces philosophiques et culturelles qui s’opposent au néolibéralisme. Car ce que le Pape enseigne est – je dirais – une manière de s’unir, qui s’oppose au consumérisme individuel. Cela place le pape et les milieux de l’Église qui le suivent dans une position proche de celle de la gauche, qui cherche à mettre l’accent sur des valeurs collectives communes ». C’est ce que dit Walter Baier, l’un des représentants de DIALOP, un projet de dialogue entre socialistes/marxistes et chrétiens, impliquant des intellectuels, des universitaires, des politiciens, des activistes et des étudiants de différents pays européens. « Nous croyons que le dialogue est le meilleur moyen d’apporter un réel changement et nous travaillons pour transformer le monde en un endroit où il fait bon vivre », disent-ils. L’expérience de DIALOP a débuté lors de l’audience privée que le Pape François a accordée à deux hommes politiques de gauche, Alexis Tsipras de Grèce et Walter Baier d’Autriche, ainsi qu’à Franz Kronreif du mouvement des Focolari, le 18 septembre 2014. À cette occasion, la conversation a porté sur la crise environnementale et la crise sociale mondiale. À la fin de l’audience, le Pape François les a invités à entamer un dialogue transversal, capable d’impliquer les couches les plus larges de la société et en particulier les jeunes. « Je représente le Parti de la Gauche européenne depuis trois mois », a déclaré M. Baier, « je suis un débutant. Le Parti de la gauche européenne regroupe aujourd’hui 35 partis issus de 27 pays européens. Ces pays appartiennent à l’Union européenne et je dirais que notre compréhension de l’Europe doit être beaucoup plus large que regarder uniquement la partie privilégiée de l’Europe, si nous le voulons. Nous prenons le pan européanisme au sérieux, et nous devons comprendre que l’Europe n’est pas seulement diverse, mais qu’elle est aussi déchirée par de profondes divisions sociales et économiques. L’une des exigences fondamentales de la gauche devrait être d’en prendre conscience. Il s’agit d’atteindre un niveau de vie décent pour notre famille dans toutes les régions d’Europe. Nous avons également appris, en dialoguant avec nos amis chrétiens, que le consensus différencié et le désaccord nuancé constituent en effet une méthode très, très utile ». Cornelia Hildebrandt fait partie de Trasform! Europe. Face aux guerres en cours, elle ne doute pas : « La déclaration du Pape François selon laquelle chaque guerre est un échec de la politique est partagée par nous, de la Gauche. En ces temps de conflit, nous pensons que le dialogue n’est pas seulement une nécessité urgente, mais un impératif catégorique. Il faut toutes nos forces pour imposer une paix durable contre la destruction de l’environnement, les conditions de vie des populations contre la « barbarisation ». Dialoguer, c’est accueillir l’autre chez soi. C’est devenir l’invité de son hôte. Ce n’est pas seulement un outil, mais une rencontre constante, un chemin d’expériences intellectuelles et spirituelles partagées, dans lequel la spécificité des partenaires respectifs ne disparaît pas, mais se déploie et se développe plus clairement. Grâce à ces rencontres, les opposés deviennent complémentaires. Et c’est Cornelia Hildebrandt elle-même qui explique le concept de consensus différencié et de dissidence qualifiée : « Nous adoptons et adaptons une méthode qui est utilisée dans l’œcuménisme entre les Églises chrétiennes. Les affirmations fondamentales de la société humaine et du monde, formulées de manière incohérente, doivent constituer une base solide. Pour que les partenaires puissent parler et agir ensemble, les déclarations de base communes doivent se référer explicitement aux textes originaux afin d’être compatibles avec les traditions respectives de l’Église catholique et de la Gauche de Transform ! Europe et au-delà. Il s’agit ensuite de formuler les questions avec précision. Et c’est là que peut commencer la recherche de déclarations communes claires, reflétant leur propre tradition et s’enrichissant elles-mêmes ». Angelina Giannopoulou, une jeune femme grecque de Transform ! Europe, raconte avec passion sa propre expérience de cheminement à Dialop et souligne l’importance de la présence des jeunes pour le présent et l’avenir de cette réalité. Elle mentionne également le « Projet DialogUE », en collaboration avec la Communauté européenne et un consortium de 14 organisations de la société civile, qui occupera une place importante lors des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne (Portugal) avec une journée consacrée à la communication avec la participation de politiciens, d’experts et de jeunes. D’autres symposiums sur l’écologie et les politiques sociales suivront à d’autres moments. « Nous ne pouvons pas nous adapter à la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui en Europe et dans le monde, je pense que c’est la vocation la plus forte de Dialop », conclut Walter Baier.

Carlos Mana

Pour plus d’informations et pour accéder à la « Prise de position de DIALOP », consulter le site web de Dialop (https://dialop.eu/).

La règle de la vraie fraternité

À l’occasion de la Journée dédiée aux bonnes actions, nous partageons le message de paix et d’espoir contenu dans la “Règle d’or”, lancée par Chiara Lubich aux nombreux jeunes réunis au Colisée (Rome) à l’occasion du Supercongrès des jeunes pour l’unité, le 26 mai 2002. https://youtu.be/S108AMu2Qv4

Évangile vécu : « Portez vos regards vers les choses d’en haut et non vers celles de la terre » (Col 3,2)

Pour un chrétien, la résurrection est un fait concret, quelque chose qui se produit, une rencontre qui change toute perspective humaine ; c’est l’événement qui nous rappelle que notre citoyenneté est au ciel et que c’est là que notre vie doit tendre, vers le haut, en témoignant là où nous sommes des valeurs que Jésus a apportées pour la première fois sur la terre. L’autre comme quelqu’un à aimer J’étudie la médecine et je suis en quatrième année. Dans le milieu hospitalier, le malade est presque toujours utilisé comme objet d’étude. Tout le monde est un “cas”, représente une maladie. En général, pendant les cours pratiques, chaque patient est examiné par une trentaine d’étudiants. Quant à moi, j’ai vite compris que pour le patient, une telle façon de procéder pouvait être inconfortable et souvent douloureuse, alors quand c’était mon tour de participer à ce cours pratique, je répondais : « Non, je n’irai pas, la personne malade a déjà beaucoup souffert. Je n’aimerais pas être traité de la sorte. Lorsque le prochain patient arrivera, je serai le premier à l’examiner. » Mes camarades ont rétorqué qu’en faisant cela, je n’apprendrais jamais et que je ne deviendrais jamais un bon médecin, mais plus tard, sans que je le sache, ils ont proposé eux-mêmes au professeur que chaque patient ne soit examiné que par cinq étudiants au maximum. Toute la classe a voulu signer la demande et le professeur a accepté. La conclusion est qu’avec cette méthode, ils apprennent mieux et les patients se sentent respectés. (Regina – Brésil) Ouvrir une fenêtre Parfois, une chute avec fracture de l’épaule change brutalement la vie : les vacances, la garde des petits-enfants, les courses… Tout repose maintenant sur ma femme qui n’utilise plus la voiture depuis qu’elle est à la retraite. Un jour, ma petite-fille, avec qui nous avons souvent joué à chercher le positif dans le négatif, me demande où est le positif dans cette immobilité non désirée. Je lui réponds que ma nouvelle condition me fait découvrir que j’avais l’habitude de faire beaucoup de choses … comme traîné comme une planche de bois dans une rivière. Il y a toujours une autre possibilité que celle prévue, comme une nouvelle fenêtre qui s’ouvre dans votre chambre et vous montre un paysage que vous ne voyiez pas auparavant. La petite-fille reste silencieuse et pensive. Puis, comme réveillée par une découverte, elle reprend : « Grand-père, j’ai une camarade de classe qui a mauvais caractère. Non seulement elle dit des gros mots, mais elle est toujours en colère contre tout le monde. Nous évitons tous de lui parler et il s’est créé avec elle une sorte de mur qui l’isole. Peut-être que je dois aussi lui ouvrir une fenêtre. » Je n’aurais pas pu entendre de plus belles paroles. » (H.N. – Slovaquie)

Propos recueillis par Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année IX – n .1 – mars-avril 2023)