Lidia Fonda Dordolin
- Date de mort: 11/04/2023
- Branche: volontaire
- Nation: Italie
Jésus est ressuscité. Joyeuses Pâques ! À partir du récit de l’Évangile, Igino Giordani nous révèle la dimension fraternelle de la résurrection. Jésus, ressuscité d’entre les morts, apparut aux femmes qui s’étaient rendues au tombeau. Il leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères… » C’est ainsi, au dernier moment, qu’il donna aux disciples leur nom définitif : frères. Sorti de la mort, dans la gloire, il définit ainsi sa relation avec les hommes. Comme il se présenta alors, il se présente encore aujourd’hui, comme un frère : le premier-né. En ressuscitant, il avait vaincu la mort et restauré la fraternité. Il était venu sur terre pour rétablir la paternité du Père ; il était descendu aux enfers pour vaincre l’ennemi des hommes ; il déclarait à présent la fraternité retrouvée des fils, dans la famille de Dieu. Nous sommes tous dans la rédemption et par conséquent, nous sommes tous frères. Si nous ne nous reconnaissons pas comme frères, nous sommes hors de la rédemption.
Igino Giordani
Igino Giordani, Il fratello, (I edizione Città Nuova 2011 – III edizione, Figlie della Chiesa 1954).
Au cœur de la Semaine Sainte, nous publions cette réflexion de Chiara Lubich tirée d’une conférence téléphonique du Jeudi Saint 1989. Aujourd’hui, nous sommes le Jeudi Saint, un jour très particulier pour nous. Il nous rappelle diverses réalités divines qui sont au cœur de notre spiritualité. À tel point que chaque année, à cette date, nous percevons tout l’attrait de ce jour. Et il n’est pas rare qu’un parfum de Paradis envahisse notre âme. Comment, en effet, ne pas sentir notre cœur se dilater quand le Jeudi Saint souligne autant le Commandement Nouveau de Jésus, l’Unité, son testament, l’Eucharistie : son don extraordinaire et le sacerdoce qui la rend possible ? Arrêtons-nous là donc, encore aujourd’hui, avec une immense gratitude, sur ces mystères extraordinaires, fondamentaux pour chaque chrétien et pour nous en particulier. Demain, ce sera Vendredi Saint. Ce jour-là aussi nous porte au cœur du christianisme et de notre spiritualité : Jésus meurt, Il meurt abandonné. Ne pensez-vous pas que c’est le moment d’aborder un thème qu’aujourd’hui, dans le monde tel qu’il est, pris par l’esprit de consommation et d’autres maux, personne ou très peu de personnes sont disposées à traiter ? Ce thème, c’est la mort. Nous devons le faire en étant cohérents avec notre Idéal qui nous apprend à affronter chaque instant de la vie et donc aussi le passage à l’autre vie, la vie éternelle. Nous l’aborderons en le traitant sous l‘angle de la prière, qui est notre sujet de prédilection de ces dernières semaines. Il existe une prière très brève, elle aussi, étonnante. L’Esprit l’a mise sur les lèvres de l’Épouse, l’Église. Elle est adressée à l’Époux, Jésus. Elle conclut l’Apocalypse, le dernier de nos Livres sacrés et dit : « Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 20). « Viens, Seigneur Jésus ! » Cette prière pourrait être la nôtre en pensant à la mort, en l’attendant, en nous y préparant. Oui, car nous avons, ou nous devons avoir une conception qui nous est propre et une conception juste de la mort. La rencontre avec Jésus n’est pas la fin mais le début. De plus, elle n’est pas facultative, elle est dans le programme de chacun. Un jour elle touchera chacun de nous. C’est la Volonté de Dieu pour tous. Oui, c’est la volonté de Dieu pour moi, pour nous, pour chacun. Il faut savoir l‘accueillir en tant que telle, comme Volonté de Dieu. En général comment acceptons-nous la Volonté de Dieu ? Nous avons compris que la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit, est l’expression de l’Amour de Dieu pour nous. Il n’est donc ni logique ni juste de l’accepter seulement avec résignation mais il nous faut voir en elle ce qui peut nous arriver de meilleur. Nous nous efforçons de vivre de telle façon que la Volonté de Dieu soit la nôtre. Et nous nous engageons à la vivre, non seulement avec tout l’amour mais avec enthousiasme, parce que nous savons qu’à travers elle, nous sommes en chemin dans une aventure divine dont nous connaissons une partie et dont l’autre est à découvrir. Nous accomplissons ainsi le dessein de Dieu sur nous. C’est à cette façon d’aborder la volonté de Dieu, en effet, que l’on reconnaît un focolarino. C’est sur ce point que s’est produit notre conversion, celle qui a changé le cours de notre vie. […] « Viens, Seigneur Jésus ! » […] Mais cette prière est aussi valable en d’autres occasions. On peut dire : « Viens, Seigneur Jésus ! » dans l’attente de recevoir l’Eucharistie. On peut le dire avant une rencontre avec une ou plusieurs personnes en qui nous voulons l’aimer, Lui, absolument. On peut le dire avant d’accomplir chacune de ses volontés. « Viens, Seigneur Jésus ! » En te regardant, toi qui es Amour, notre vocation sera exempte de crainte. Dans l’attente de ta venue, nous construirons bien cette vie et, à peine l’autre vie se présentera-t-elle, nous nous plongerons dans l’aventure sans fin. Tu as vaincu la mort et grâce à cette prière nous comprenons que toi, dès à présent, tu l’as vaincue aussi en nous, dans notre cœur. Alors, « Viens, Seigneur Jésus ! », toujours, en chacun de nous. […]
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, 23 mars 1989, publié in Conversazioni, Città Nuova, 2019, p. 357/9).
Le Mouvement des Focolari publie le premier compte rendu sur les cas d’abus et violences sexuelles sur mineurs et adultes vulnérables ; sur les abus spirituels et d’autorité survenus à l’intérieur du Mouvement, ainsi que sur les mesures de réparation, les nouvelles procédures d’enquête et les activités de formation à la protection de la personne. « Nous vous écrivons pour vous donner un compte rendu public des données concernant les signalements, et des mesures que nous avons prises en tant que Mouvement des Focolari en raison du fléau des abus et violences sexuelles sur mineurs et personnes vulnérables et des abus de conscience, spirituels et d’autorité sur des adultes, qui ne nous a pas épargnés.» Dans une lettre ouverte, la Présidente des Focolari Margaret Karram et le Coprésident Jesús Morán présentent le premier compte rendu sur la gestion des cas d’abus survenus à l’intérieur du Mouvement. Le document, qui sera publié annuellement, paraît le 31 mars 2023, un an après l’enquête de GCPS Consulting sur les graves cas d’abus sexuels commis par un ancien focolarino français, J.M.M. Le Mouvement a travaillé pour prendre les mesures nécessaires afin d’assurer la prévention et la protection intégrale de la personne dans tous les domaines et milieux dans lesquels se déroulent ses activités. Le document publié aujourd’hui – expliquent la Présidente et le Coprésident des Focolari – est un premier compte rendu sur les mesures de prévention, d’enquête, de transparence, de formation et de changement prises par le Mouvement, pour lutter contre ce crime. La Présidente et le Coprésident demandent avant tout sincèrement pardon à chaque victime au nom du Mouvement des Focolari. Et ils expriment leur profonde gratitude aux victimes, de même qu’aux familles et aux communautés touchées, non seulement en France mais dans tous les pays où des cas d’abus ont été relevés ; en effet, c’est grâce à leur collaboration et surtout au courage dont ils ont fait preuve pour affronter et faire connaître ces crimes, que le Mouvement prend aujourd’hui avec une conscience accrue de nouveaux engagements et poursuit les procédures concernant la protection des personnes. Le rapport est composé de plusieurs parties et présente les données relatives aux abus parvenues à la Commission pour le Bien-Être et la Protection de la Personne (CO.BE.TU.) depuis 2014, année de sa constitution, et de la collecte systématique des signalements, jusqu’en décembre 2022. Y sont également présentées les données relatives aux « cours de base en matière de protection » réalisés dans les différents pays où le Mouvement des Focolari est présent. Une autre section est consacrée aux mesures prioritaires mises en place ou en cours de mise en œuvre, en réponse aux recommandations de l’enquête indépendante de GCPS Consulting ; les cours et les outils de formation sur la protection de la personne sont à la disposition de tous les membres du Mouvement, en particulier des formateurs et des accompagnateurs de mineurs. Des formations ont déjà été lancées pour les responsables du Mouvement à différents niveaux : du leadership central jusqu’aux responsables territoriaux dans les différentes aires géographiques. Nouveauté : la Commission Indépendante Centrale et les procédures de signalement, de dénonciation et d’enquête À partir du 1er mai 2023, la Commission Indépendante Centrale entrera en fonction et prendra fin la tâche de la CO.BE.TU. Le nouvel organisme se chargera exclusivement de la gestion des signalements, tandis que la formation sera coordonnée au niveau central et local par une autre équipe d’experts et de consultants. Le rapport présente également le « Protocole pour la gestion des cas d’abus et violences sexuelles dans le Mouvement des Focolari », les « Compétences de la Commission Indépendante Centrale » et les « Lignes de soutien et de réparation financière en cas d’abus et violences sexuelles sur des mineurs et adultes vulnérables ». En ce qui concerne les procédures de signalement, de dénonciation et d’enquête dans les pays soumis à l’obligation de dénonciation, le signalement est immédiatement transmis aux autorités judiciaires. Si la législation nationale ne prévoit pas l’obligation de dénonciation mais que les faits constituent néanmoins un délit, la Commission effectuera la dénonciation auprès des autorités judiciaires immédiatement après avoir vérifié la vraisemblance des faits, sauf si la victime ou ses parents s’y opposent. Conformément aux normes législatives internationales, le signalement d’un abus sera effectué même si le délit est déjà prescrit.
Stefania Tanesini
En union avec l’Église universelle, l’Église en Afrique a célébré l’Assemblée synodale continentale qui s’est réunie à Addis-Abeba, en Éthiopie, du 1er au 6 mars 2023. Quelques impressions de ceux qui ont participé à ce moment très important pour la famille du peuple de Dieu. « Comprendre le processus synodal signifie ouvrir nos cœurs à l’Esprit Saint qui nous parle, signifie nous écouter réciproquement pour mieux accomplir la mission de l’Église ». C’est par ces mots que Mgr Lucio Muandula, vice-président du SECAM (Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar), a ouvert les travaux de l’Assemblée continentale qui a débuté à Addis-Abeba (Éthiopie) au début du mois de mars 2023. Plus de deux cents délégués, parmi lesquels des cardinaux, des archevêques, des évêques, des personnes consacrées, des laïcs, des séminaristes, des novices, ainsi que des représentants d’autres religions, se sont réunis pour réfléchir sur le document de la phase continentale du Synode sur la synodalité, en expérimentant la joie de l’écoute et la beauté de se sentir partie prenante de la grande « famille de Dieu ». « Nous avons débattu de divers thèmes et identifié les appels de notre voyage synodal pour préparer un document final qui représente la voix authentique de l’Afrique », a déclaré Mgr Markos Gebremedhin, vicaire apostolique de Jimma-Bonga (Éthiopie) et ami du mouvement des Focolari, « ce fut une expérience de véritable synodalité, un moment de dialogue profond, d’écoute mutuelle et de discernement, entre les Églises locales et avec l’Église universelle ». Un continent, l’Afrique, béni par de riches principes et valeurs, fruit de nombreuses cultures et traditions, et enraciné dans le sens de l’esprit communautaire, de la famille, de la solidarité, de l’inclusion, de la convivialité. « Ces principes et ces valeurs, a poursuivi Mgr Gebremedhin, sont une bonne et saine semence pour la naissance et la croissance d’une Église véritablement synodale en Afrique, où toutes les vocations doivent être valorisées. L’assemblée a ressenti avec une grande charité la douleur et la souffrance de nos sœurs et frères d’Afrique, et cette famille marche avec ceux qui sont les plus touchés, en particulier par la guerre, les conflits ethniques, l’intolérance religieuse, le terrorisme et toutes les formes de conflit, de tension et de détresse ». Parmi les thèmes abordés, des réflexions sur le rôle fondamental des jeunes, source d’énergie, de passion et de créativité pour l’Église, et sur les femmes africaines, colonne vertébrale des communautés, afin de reconnaître leurs talents, leur charisme et la grande contribution qu’elles peuvent apporter. Prendre la parole, faire de la place à l’autre et construire ensemble, telles sont les trois phases de la méthode de travail de la « conversation spirituelle » indiquée aux participants par le père Giacomo Costa, consultant auprès du Secrétariat général du Synode. « J’ai participé à l’Assemblée en tant qu’adulte catholique désigné par la Conférence épiscopale du Bénin », nous a confié Guy Constant, volontaire de Dieu de la communauté des Focolari. « Nous nous sommes réunis en petits groupes pour échanger sur notre expérience personnelle du cheminement de la synodalité au cours de la première année du synode. Les rapports de chaque groupe ont ensuite été présentés en plénière, suivis de la présentation et de la réflexion sur le document de synthèse préparé pour la phase continentale ». « Invoquer l’Esprit Saint pour le laisser guider le processus et l’intervention de chacun, poursuit Guy Constant, a été le plus beau fruit récolté. Cela a permis d’accepter rapidement et facilement les propositions des autres, au lieu de vouloir nécessairement imposer les siennes. Le deuxième fruit a été de vivre un climat de travail de véritable unité entre nous, les prêtres, les évêques et les cardinaux ne faisant aucune distinction. Il y avait beaucoup d’humilité à accepter les interventions de chacun ». Ce parcours de la synodalité semble avoir réveillé la soif d’une Église qui veut prendre en compte les pensées et les sentiments de chaque membre, qui ne marche pas seule, mais qui apprend des autres. Une Église vitale qui se concentre sur le ‘nous’. « J’ai participé à l’Assemblée continentale du synode en Afrique en tant qu’accompagnatrice des jeunes », raconte Fidely Tshibidi Musuya, focolarine au Congo, « et c’était vraiment une expérience unique de sentir que moi aussi j’ai une voix qui peut être entendue. Pour la première fois, je me suis vraiment sentie comme une fille de l’Église. Je suis née dans une famille chrétienne catholique et beaucoup de choses me semblaient évidentes. Au contraire, cette expérience m’a fait prendre conscience de mon appartenance à l’Église, qui n’est pas seulement celle des évêques, des prêtres, des religieux et des religieuses, mais qui est vraiment l’Église de tous ».
Maria Grazia Berretta
Domus est née du désir de quelques familles argentines de voir se réaliser, comme beaucoup, le droit de posséder leur propre maison ; un rêve rendu possible grâce au projet d’auto-construction participative de logements, lancé en 2019 dans la municipalité de Lincoln (Argentine). Des personnes de tous âges, avec l’aide de professionnels, ont uni leurs forces et se sont formées à l’art de la construction, générant réciprocité, citoyenneté et une communauté fraternelle. https://www.youtube.com/watch?v=K4pW8ywtZOc&list=RDCMUCgObNLrbHTnFoc42UOhE-Nw&index=3 Copyright 2023 © CSC Audiovisuel – Tous droits réservés.
Aimer son prochain n’exige pas toujours de grands gestes. Il suffit parfois de regarder attentivement l’autre pour découvrir que répondre à son besoin avec joie ne coûte rien. Soudain, de cette semence d’amour, nous récoltons tous de beaux fruits. À l’arrêt de bus Je rencontre Karim à l’arrêt de bus. Je le connais à peine, je ne sais même pas quel est son pays d’origine, même si je pense qu’il vient d’Afrique du Nord et pendant que nous attendons, nous discutons. Je remonte en ville, lui va à la mer, et certainement pas pour se baigner (on le voit au maigre assortiment d’articles de plage à vendre qu’il transporte avec lui). Je remarque cependant qu’il n’a pas de chapeau pour se protéger du soleil, accessoire indispensable en cet été caniculaire pour ceux qui, comme lui, vont passer quelques heures en plein soleil sur la plage. « Je l’ai oublié à la maison », répond-il. Je lui offre spontanément le mien. Je l’ai acheté récemment, mais peu importe : « Prends-le, j’en ai deux autres. Où que j’aille, je peux trouver de l’ombre, alors que toi… ». Déconcerté, Karim me regarde presque incrédule. Il insiste plusieurs fois pour ne pas l’accepter, puis finit par céder en voyant que je le fais de bon cœur. Pendant ce temps, mon bus arrive. Nous nous disons au revoir. « Bon travail, Karim ! » « Merci encore pour le chapeau ! » Ce n’est que maintenant que je me rends compte que j’ai offert ce cadeau à Jésus en lui. Le fait est que l’épisode du chapeau illumine toute ma matinée. (Saverio – Italie) Le parapluie L’Évangile m’avait appris que derrière les pauvres et les marginaux, c’est le Christ qui demande à être aimé. Je me souviens d’un épisode simple. Dans le bar près de chez moi, j’avais remarqué un pauvre, surnommé Penna, tout trempé parce qu’il pleuvait ce jour-là. Sachant qu’il avait eu la tuberculose, et surmontant une certaine crainte d’être vu en sa compagnie, je l’ai invité chez moi, pour lui trouver quelques vêtements secs. A la maison on est surpris. « Il y a besoin de vêtements… » Au début, mon fils n’a pas semblé très enthousiaste, puis il s’est procuré un pantalon, tandis que j’ai pris une veste. Mais la pluie ne semblait pas vouloir s’arrêter… Et moi, revenant à la charge : « Et si on lui donnait aussi un parapluie ? » Le parapluie est également arrivé. Le pauvre homme était heureux, mais moi plus encore, parce que nous nous étions mobilisés ensemble pour l’aider. Mais cela ne s’est pas arrêté là. Quelques jours plus tard, Penna est revenu pour rendre le parapluie. Mais voilà, ce n’était pas celui que nous lui avions donné : il s’était fait voler le nôtre et quelqu’un lui en avait donné un autre. Il avait voulu rendre la pareille ! (Francesco – Italie)
Propos recueillis par Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année IX – n° 1 – mars-avril 2023)
« Together – Rassemblement du peuple de Dieu » est la veillée de prière œcuménique qui se tiendra le 30 septembre 2023 à Rome, en vue de l’Assemblée synodale d’octobre. Damian, catholique polonais, et Masha, orthodoxe russe, sont deux jeunes du Mouvement des Focolari qui ont récemment participé à la réunion de préparation de l’événement, suivie d’une audience privée avec le Pape. Prier ensemble, réunis sous une même tente pour se découvrir frères et sœurs dans le Christ. Tel est le cœur de la veillée de prière œcuménique qui aura lieu le 30 septembre 2023 sur la place Saint-Pierre, événement annoncé lors de l’Angélus du 15 janvier 2023 par le Pape François pour confier à Dieu les travaux de la 16e Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, sur le thème de la Synodalité, qui aura lieu en octobre 2023. Un véritable rassemblement du Peuple de Dieu et une invitation, comme l’explique aussi le nom conçu pour ce moment-là (Together), à cheminer ensemble ; à « élargir l’espace de ta tente », comme l’indique le verset d’Isaïe (cfr. Is 54, 2) choisi pour l’occasion. Animée par la Communauté de Taizé, la veillée, qui se déroulera en présence du Pape François et de représentants de diverses Églises chrétiennes, ainsi que de nombreuses réalités et organisations, est ouverte à tous, en particulier aux jeunes qui sont invités du vendredi soir au dimanche après-midi, et seront accueillis pour un week-end de vrai partage. Dans l’équipe qui organise Together, il y a aussi Damian Skłodowski, de Pologne, et Masha Iasinskaia, de Russie, deux jeunes du Mouvement des Focolari qui, du 12 au 15 mars 2023, ont pu se rencontrer avec beaucoup d’autres personnes pour commencer le travail. Masha, ce moment-là, qu’a-t-il représenté pour toi ? Cette réunion de préparation a été très forte pour moi, surtout parce que j’ai été agréablement impressionnée de voir tant de personnes de différentes Églises, de différentes confessions, travailler ensemble. Je suis orthodoxe et, étant membre du Mouvement des Focolari depuis ma naissance, j’ai toujours vécu dans la normalité du dialogue entre les différentes Églises, mais j’ai été heureuse d’être surprise cette fois-ci. J’ai découvert que tant de personnes, chacune dans sa propre réalité, ressentent ce besoin de fraternité et travaillent dur pour parvenir à cet objectif dans leurs communautés. Damian, comment vous êtes-vous répartis sur le plan organisationnel ? Le week-end de Together se déroulera par étapes. Le matin du 30 septembre, des parcours thématiques, des ateliers, seront organisés dans différents quartiers de Rome. Suivra un temps de prière pour tous les jeunes adultes du centre ville, puis la marche qui nous conduira tous jusqu’à la place Saint-Pierre. Ce temps de préparation a certainement été l’occasion de faire connaissance, de réfléchir aux thèmes et de se répartir le travail. Masha et moi serons chargés de préparer l’un des ateliers de la matinée. Masha, quel rôle le mot « Together » joue-t-il pour toi dans ce contexte ? La première fois que j’ai eu l’impression de vivre pleinement ce « Together », c’était en Hongrie, lors du GenFest en 2012, un rassemblement
auquel participent les jeunes des Focolari tous les cinq ans. Il s’agissait d’un événement différent de celui que nous organisons ici, mais ce que je n’oublierai jamais, c’est le mandat qui nous a été donné d’être des « ponts ». Le pont représente quelque chose qui unit, capable de créer un lien entre nous, entre nos pays, nos Églises, nos différences, et plus nous serons unis, plus ce pont sera inébranlable. Je pense que ce « Together » est une nécessité, surtout pour moi, pour mon pays. J’ai la chance d’avoir reçu ce mandat, mais il est nécessaire de témoigner, de devenir vraiment des ponts, et cette veillée peut être une belle occasion. Damian, quel est selon toi le point de départ pour établir une véritable relation de communion ? Le point de départ, c’est de rencontrer vraiment l’autre, de mettre la personne au centre, d’apprendre à se connaître et de demander « comment vas-tu ? » Il faut créer cette relation. Oui, c’est vrai, nous sommes différents, il y a des différences entre les Églises, entre les dénominations, entre les religions, mais aussi entre les personnes, en général. Avant de trouver des solutions ou de faire de grands discours, ce qui est important, c’est d’écouter. Masha, orthodoxe et moi catholique en faisons déjà l’expérience dans le partage de ce travail, et aussi lors des déjeuners et dîners de ces journées de préparation, il était agréable de se rencontrer dans un moment de convivialité, sans trop de prétentions, avec beaucoup de simplicité. Même le pape François, en nous accueillant en audience privée et en nous remerciant pour notre disponibilité, a utilisé plusieurs fois le mot « synodalité ». C’est le chemin du peuple de Dieu : marchons, ouvrons nos cœurs, nos oreilles pour écouter, nos yeux pour voir et avançons ensemble.
Maria Grazia Berretta
La Parole de Dieu, incarnée, vécue concrètement et à notre époque, nous donne la possibilité de faire de notre vie une source de lumière capable d’éclairer toute obscurité, en apportant notre contribution dans toutes nos activités. Un regard nouveau qui trace un chemin d’espérance pour nous et pour ceux qui nous entourent. Une paix qui apporte la lumière Tout a commencé lorsque mon fils a présenté les premiers symptômes de la SLA. En tant que mère, j’avais toujours fait de mon mieux pour mes enfants et aussi pour mes petits-enfants, mais ne rien pouvoir faire pour enrayer une maladie aussi insidieuse était terrible. Un jour, j’étais à l’église et j’ai pleuré. Sur le maître-autel, les sculptures de la crucifixion avec Jean, Marie-Madeleine et Marie aux pieds de Jésus ont attiré mon attention. En imaginant ce que Marie a ressenti devant son Fils ainsi réduit, je me suis vue comme elle, impuissante et écrasée par le chagrin. Je n’ai pas eu la force de prier, mais je suis restée là à contempler, à penser… et une paix inhabituelle m’a apaisée. Depuis ce jour, chaque fois que l’angoisse m’étreint le cœur, j’y retourne et il me semble que Marie me répète : « Reste avec moi, accueille le mystère et participe avec moi à la Rédemption ». La paix que je puise dans sa proximité, j’essaie de la donner à ma famille. Un matin, quand mon fils s’est réveillé et qu’il s’est rendu compte qu’il avait de nouvelles limites, il m’a téléphoné pour me dire : « Maman, je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais soutenue par ta force, je sens que je peux remercier Dieu pour tout ce qu’il m’a donné ». Cela a été un baume pour moi. (T.F. – Italie) Les rênes de l’avenir Une réunion d’anciens élèves, cinquante ans après l’obtention de leur diplôme. Cheveux blancs ou perdus, canne, maladies, déceptions… mais aussi beaucoup de joie de se retrouver. Il était inévitable de se souvenir de ceux d’entre nous qui sont passés dans l’autre vie. Puis les discours ont abordé les espoirs et les projets, la jeunesse, les enfants… et là, le punctum dolens d’où surgit la même question grave : « Où nous sommes-nous trompés ? Quel avenir avons-nous construit » ? L’un des membres du groupe, qui a consacré sa vie au service des pauvres, parlant des différentes solitudes qu’il a rencontrées, s’est dit convaincu que dans ce monde malade, comme le dit le pape François, les jeunes sont en danger parce qu’ils respirent l’air de l’indifférence et ne sont plus conscients de la réalité. Et de conclure : « C’est à nous de prendre les rênes de l’avenir en main ». Nous nous sommes quittés avec le sentiment (nous nous le sommes dit plus tard) que cette rencontre nous avait révélé une nouvelle obligation, une tâche, selon les conditions et les possibilités de chacun. Quant à moi, je me suis engagée à communiquer à mes petits-enfants ce que leurs propres parents ne parviennent pas à transmettre. (L.A. – Espagne)
Édité par Maria Grazia Berretta
(Extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année IX – n° 1 – mars-avril 2023)
Un mois après les violents tremblements de terre qui ont frappé la Turquie et la Syrie, un bref rapport sur les contributions collectées par la coordination des urgences du mouvement des Focolari et un aperçu de la première phase d’intervention lancée en Syrie en février, qui se terminera en août. Le 7 février 2023, la Coordination d’urgence du Mouvement des Focolari a lancé une campagne extraordinaire de collecte de fonds en faveur des populations de Turquie et de Syrie, par l’intermédiaire des ONG Action pour un monde uni (AMU) et Action Familles Nouvelles (AFN). Actuellement, les contributions collectées s’élèvent à environ 580 000 euros et un premier versement de 100 000 euros a déjà été envoyé à certaines zones syriennes touchées par le tremblement de terre. Concrètement, l’intervention permettra d’aider environ 2 500 personnes et de toucher indirectement entre 5 000 et 10 000 personnes dans les trois zones touchées par le tremblement de terre, à savoir Alep, Latakia et Hama. Voici quelques exemples d’interventions qui seront menées et qui concernent différentes actions d’assistance : ASSISTANCE AUX BESOINS DE BASE
– Fourniture de biens de première nécessité – nourriture, couvertures, médicaments, vêtements, etc. – aux personnes déplacées , hébergées dans des abris de fortune (églises, mosquées, etc.).
– Contribution financière aux familles les plus démunies ; fourniture de services médicaux et d’aides à la mobilité post-hospitalisation, de médicaments, de séances de kinésithérapie et d’aide psychologique pour les personnes affectées physiquement et psychologiquement.
– Distribution de colis alimentaires aux familles en situation d’insécurité alimentaire (en coopération avec d’autres organisations).
– Soutien économique aux petits artisans pour racheter ou réparer le matériel et les outils perdus et pour reprendre le travail.
RÉHABILITATION DES MAISONS ENDOMMAGÉES PAR LE TREMBLEMENT DE TERRE
– Prise en charge des frais d’inspection et d’évaluation technique de la stabilité des bâtiments par des commissions techniques d’ingénieurs.
– Soutien économique aux familles pour les travaux de consolidation des fondations des bâtiments et pour la rénovation des maisons endommagées.
– Prise en charge des coûts d’achat d’outils de travail pour les artisans (forgerons, plombiers, charpentiers, électriciens) afin qu’ils puissent reprendre leur travail dans les maisons endommagées.
– Soutien économique pour le paiement des loyers des personnes qui ont perdu leur logement ou qui ont besoin d’une résidence temporaire en raison de l’inadaptation de leur logement.
SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE APRÈS LE TREMBLEMENT DE TERRE
– Prise en charge des frais de soins à domicile pour les personnes âgées vivant seules ou livrées à elles-mêmes.
– Mise en place d’activités et d’initiatives collectives de soutien psychologique de groupe, notamment dans les centres d’hébergement temporaire.
– Réalisation d’ateliers de formation sur le soutien psychologique afin de fournir des outils et des méthodologies aux opérateurs et aux volontaires actifs dans le secteur des premiers secours.
Maria Grazia Berretta
Voir l’extrait du lien – 11 mars 2023
https://youtu.be/mHfALxC06JI
Le 14 mars 2008, il y a 15 ans, Chiara Lubich concluait sa vie terrestre. Quelques années auparavant, lors d’une rencontre mondiale, elle avait cité le verset court mais intense du Psaume 15 (16) “Tu es Seigneur, mon unique bien” et avait invité les communautés du Mouvement à travers le monde à s’approcher de cette prière en lui donnant une place centrale dans leur vie quotidienne. Merci, un grand merci : la téléréunion nous fait vraiment expérimenter « l’amour qui va et qui revient », avec votre gratitude toujours exprimée et votre correspondance […]. Dire en certaines circonstances, avec un élan renouvelé et l’adhésion totale de l’esprit et du cœur, « Tu es, Seigneur, mon unique bien[1] ! » est aussi une prière excellente. Nous tous, en effet, combien de fois n’avons-nous pas constaté, lorsque nous sommes en train de travailler, d’écrire, de parler, de nous reposer, ou tout autre chose… que peut s’insinuer en nous un attachement à nous-mêmes, à des choses ou à des personnes ! Et, accepter un tel état de fait peut causer un grave préjudice à notre vie spirituelle. Saint Jean de la Croix affirme : « Qu’importe que l’oiseau soit retenu par un fil léger ou une corde ? Le fil qui le retient a beau être léger, l’oiseau y reste attaché comme à la corde, et tant qu’il ne l’aura pas rompu, il ne pourra pas voler. [¼] Ainsi en est-il – poursuit-il – de l’âme qui est attachée à quelque chose. Quelle que soit sa vertu, elle n’arrivera jamais à la liberté de l’union à Dieu. » Dans ce cas, il est donc nécessaire d’intervenir immédiatement et rien n’est plus salutaire, – je viens d’en faire l’expérience – que de redire à Jésus abandonné : « Tu es, Seigneur, mon unique bien ! Le seul. Je n’en ai pas d’autre. » C’est une prière, je pense, très importante et agréable à Dieu. Elle nous aide à ne pas être empoussiérés par les réalités terrestres. En la vivant, nous sommes surpris (je l’ai été et le suis toujours) de constater comment l’adjectif ‘’unique’’ – « Tu es, Seigneur, mon unique bien ! » – peut faire opérer un changement de cap solennel à notre vie spirituelle, comment il nous fait nous redresser immédiatement, comme si c’était l’aiguille de la boussole la plus sûre sur notre chemin vers Dieu. En outre, cette façon de faire est tout à fait conforme à notre spiritualité où domine le positif : on vit le bien et ainsi le mal s’en va. En effet, notre spiritualité ne nous demande pas tant de nous détacher de quelque chose (de nous-mêmes, des choses ou des personnes), que de nous remplir de quelque chose d’autre : l’amour pour lui, notre tout. Nous préférons les ‘’oui’’ aux ‘’non’’. Cette prière – « Tu es, Seigneur, mon unique bien » – nous aide de façon merveilleuse à vivre en chrétiens authentiques qui aiment Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, sans demi-mesures. C’est aussi une manière sublime de nous préparer à chaque rencontre avec Lui dans les inspirations qu’il ne manque pas de nous envoyer chaque jour, ainsi qu’à la grande rencontre avec Lui, lorsqu’à l’aube du jour éternel, il ne restera dans notre cœur que l’amour de Dieu et, pour Lui, l’amour de nos frères. « Tu es, Seigneur, mon unique bien » : quelle clairvoyance, quelle sagesse, quelle lumière, quelle force, quel amour, quelle perfection dans ces quelques mots ! Que le Seigneur nous permette d’en expérimenter toute la puissance.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, Conversazioni in collegamento telefonico, Città Nuova, 2019, pp. 630-632) [1] Cf. Ps 16,2. La TOB traduit : « C’est toi le Seigneur, je n’ai pas de plus grand bonheur que toi ! » https://youtu.be/p9P_UCM-rbQ
À l’occasion des 10 ans de Pontificat du Pape François, Margaret Karram, Présidente des Focolari, a fait parvenir au Pape un message au nom du Mouvement, que nous publions ci-dessous.
Votre Sainteté, très cher Pape François,
Je m’unis aux prières qui s’élèvent de très nombreux points du monde pour remercier Dieu pour ces dix années où vous avez étreint l’Église et l’humanité en vous faisant messager de l’amour du Christ.
Merci, Saint-Père, pour ce temps de lumière, de courage, de foi inébranlable et d’écoute de l’Esprit Saint, où vous nous appelez sans relâche à “sortir” de nos maisons et de nos communautés, pour marcher sur les routes du monde et partager les joies et les souffrances des femmes et des hommes de notre temps.
J’ai encore dans le cœur la joie et la gratitude pour notre dernière rencontre, le 24 février, lorsque vous nous avez reçus en audience avec quelques modérateurs de Mouvements ecclésiaux et Nouvelles Communautés. Nous avons été témoins une fois encore de votre sagesse clairvoyante et de votre réalisme évangélique, et je dois vous dire que vos paroles me guident et m’encouragent chaque jour dans mon service de l’Église et de la fraternité humaine.
Les sujets abordés avec vous, Sainteté, feront l’objet d’une réflexion et d’un dialogue, notamment votre recommandation d’être des témoins cohérents, dociles à la nouveauté de l’Esprit, afin que la dimension mariale de l’Église et la richesse de la femme dans la vie ecclésiale puissent venir en évidence, aussi grâce à la contribution de la vie des Mouvements.
En chaque point du monde où nous nous trouvons, nous sommes avec vous pour construire l’Église, donner notre vie afin que la paix soit rétablie là où elle fait défaut et porte, comme fruits, la justice et la réconciliation entre les peuples.
En plus de notre prière quotidienne, je vous adresse, également au nom du Mouvement des Focolari, nos vœux les plus chaleureux pour ce que vous désirez et pour votre santé.
Que la Très Sainte Vierge Marie vous accompagne de ses consolations maternelles.
Avec notre affection filiale,
Margaret Karram
L’Assemblée continentale asiatique pour le Synode, qui a défini la précieuse contribution du continent le plus grand et le plus peuplé du monde, s’est récemment achevée à Bangkok, en Thaïlande. Nous avons interviewé Vanessa Siu-Wai Cheng, une focolarine chinoise présente à l’événement. « Baan Phu Waan est le site du grand centre de formation pastorale de l’archidiocèse de Bangkok (Thaïlande). Un endroit magnifique. Nous étions environ 80 présents à l’Assemblée continentale asiatique du Synode qui s’est tenue du 24 au 26 février 2023. » Vanessa Siu-Wai Cheng, focolarine de Hong Kong, nous présente cette nouvelle phase continentale du chemin synodal qui concerne l’Asie, un chemin qui, comme l’a défini l’archevêque métropolitain de Tokyo (Japon) Tarcisius Isao Kikuchi dans son homélie d’ouverture : « Il ne s’agit pas d’un événement passager à célébrer, mais d’un changement d’attitude de tout le peuple de Dieu pour faire de la synodalité la nature fondatrice de l’Église. » Combien de participants y avait-il ? Dix-sept conférences épiscopales et deux synodes d’Églises de rite oriental représentant les 29 pays de la FABC (Fédération des Conférences Épiscopales d’Asie) ont envoyé leurs représentants à cet événement, qui vise à donner aux Églises asiatiques l’occasion de discuter du chemin menant au synode par le pape François. Nous avons pu partager nos expériences en nous concentrant sur divers thèmes et questions qui agitent le continent. Nous avons parlé de la synodalité, de la prise de décision, des vocations sacerdotales, du rôle des jeunes, de la pauvreté, des conflits religieux et du cléricalisme, avec l’espoir de pouvoir avancer ensemble sur un véritable chemin de croissance communautaire. Pour notre plus grande joie, une partie de la délégation du secrétariat du Synode, de la commission et de la task force était également présente. Un témoignage de la disponibilité de l’Église universelle qui marche au rythme du processus synodal.
Quelle a été la méthode de travail ? Ce furent trois jours intenses de communion et de travail en groupes. La méthodologie est toujours celle de la Conversation Spirituelle. Les différentes interventions ont été très importantes et stimulantes. Tout d’abord, le Card. Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, nous a transmis les salutations chaleureuses du Pape et nous a assurés que nous n’étions pas oubliés. Il a souligné qu’une Église synodale est une Église qui écoute et qui discerne. Le succès du processus synodal dépend de la participation du peuple de Dieu et des pasteurs. Nous devons être très attentifs aux voix, surtout celles qui agitent l’Église. Qu’est-ce qui vous a particulièrement frappé ? Une impression très forte a été, dès le premier jour, de voir qu’à chaque table où un groupe travaillait, il y avait une chaise vide, représentant ceux qui ne peuvent pas donner leur voix et qui ne veulent pas la donner. Au centre de la table, une bougie entourée d’une couronne de fleurs était allumée en début de journée, symbolisant la lumière de l’Esprit Saint, nécessaire au discernement. Nous avons fait l’expérience de la conversion en écoutant l’autre en faisant tous ensemble le vide en nous : cardinaux, évêques, prêtres, religieux et laïcs. Ce fut un temps pour pouvoir aller en profondeur, sortir de nos particularités pour pouvoir arriver, avec une ample vision , au niveau continental. C’est là qu’a eu lieu la transformation du “je” en “nous”. De plus, il faut dire que l’Asie abrite de nombreuses religions
et même les plus anciennes, donc une des caractéristiques des Asiatiques c’est la spiritualité et la prière. Le programme a été introduit par 10 minutes de silence pendant la discussion d’un sujet et une demi-heure de prière dans la chapelle entre deux sessions de discernement. Ces moments de silence et de prière ont vraiment aidé tous les participants à être avec Dieu et en Dieu pour entendre sa voix, tant individuellement que collectivement. Quel a été, selon vous, le plus grand défi ? Ce fut merveilleux d’être ensemble en tant qu’Église continentale et de contempler la complexité et la variété des caractéristiques et des défis spécifiques et communs. Le premier jour, il semblait un peu ambitieux de penser qu’en trois jours nous arriverions à un projet qui serait utilisé pour la formulation de l’instrumentum laboris pour le Synode avec des priorités spécifiques au continent asiatique, mais on pouvait sentir l’Esprit souffler fort. Grâce au travail d’une équipe de rédaction qui a préparé pour nous le “une ébauche de projet”, qui nous a évité de lire tous les rapports depuis le début, nous avons pu travailler calmement et avec un texte bien ordonné. La dernière version du document est l’expression d’un seul chœur où de nombreuses voix se font l’écho des rêves, des espoirs, des aspirations et des souffrances du continent asiatique.
Propos recueillis par Maria Grazia Berretta Foto: © Synodbangkok2023
Le 1er février 2023, le Centre International du Mouvement des Focolari a eu la joie d’accueillir la femme Rabbin argentine Silvina Chemen, une amie de longue date engagée dans le dialogue interreligieux. Dans un dialogue ouvert et fraternel, elle a raconté sa participation au Forum des leaders religieux en Indonésie (R20) qui s’est tenu juste avant le G20 et un pèlerinage en Terre Sainte avec un groupe de juifs et de chrétiens. « Si je fais le bilan de ma vie, de mon engagement pour le dialogue interreligieux, je peux dire que tous les chemins commencent ici, avec le Mouvement des Focolari ». Des mots d’un très grand bonheur, ceux que la femme Rabbin Silvina Chemen, en visite début février 2023 au Centre International de Rocca di Papa (Italie), a prononcés devant une grande assemblée de personnes désireuses de la saluer et de lui poser quelques questions. Argentine, originaire de Buenos Aires, Silvina Chemen est professeur au Séminaire Rabbinique latino-américain et prodigue son service dans la communauté Bet-El fondée par le Rabbin Marshall Meyer. Son engagement pour le dialogue entre les religions est un choix qui imprègne radicalement sa vie et qui l’a amenée à connaître en profondeur le charisme né de Chiara Lubich, partageant le profond désir de l’ « ut omnes » en travaillant intensément en faveur de la paix et de la fraternité universelle. En novembre 2022, Silvina a participé au R20, le Forum des religions en Indonésie, un moment historique qui, en présence de très nombreux chefs religieux, a défini avec force comment les religions peuvent véritablement être des partenaires et aider à construire une société plus pacifique. « Nous, les religieux du monde, a déclaré Chemen, faisons partie de la société et avons tant à offrir à un monde si blessé. Il est vrai qu’à ce moment de l’histoire, au niveau international, politique et religieux, nous faisons les premiers pas vers un dialogue commun, mais nous devons faire un autre pas, en regardant davantage les problèmes des gens ordinaires ». C’est un long chemin mais qui, avec le temps, patiemment, est capable d’entrevoir les plus beaux fruits, en valorisant les différences de chacun, en les conservant dans le cœur, en prêtant une oreille attentive et en regardant tous vers un seul objectif. C’est ce qui s’est passé, rappelle Silvina, lors des premières expériences de dialogue entre personnes de religions différentes qu’elle a pu vivre : « Ma tradition, la tradition juive, n’est pas seulement un ensemble de préceptes, de rituels ou une liturgie, mais elle est mêlée à la vie quotidienne, à chaque moment de la vie humaine, à nos comportements, à nos actions, à ce que nous sommes. Il s’agit d’une cosmovision de la vie réelle, de sorte que le judaïsme n’est pas seulement vécu à l’intérieur de la synagogue, mais aussi à l’extérieur. Être une communauté soudée et témoigner par notre vie : voilà ce qui, je crois, s’applique à tous. On pense souvent que les personnes de différentes religions ne font pas partie intégrante de la société et que nous devons vivre entre les murs de nos communautés. Au contraire, je pense que nous ne pouvons pas manquer cette occasion de parler au monde et de parler du dialogue, de ce que nous avons appris de notre expérience, non pas pour convaincre qui que ce soit, mais pour semer des graines de bien, pour avoir un impact sur la réalité. Personnellement, je suis amoureuse de cette possibilité de lire une religion à travers les yeux de l’actualité. Nous sommes ici pour mettre mal à l’aise les personnes confortables et pour soutenir les personnes inconfortables. Lorsque l’on est trop à l’aise, cela signifie que l’on est complètement déconnecté de la réalité, qui est par nature, très inconfortable. Ici, notre mission est d’être inconfortable ».
Silvina a récemment effectué un pèlerinage en Terre sainte, fruit d’un voyage qui a débuté dans sa ville, Buenos Aires, il y a environ sept ans, appelé « lectures partagées »: « Tous les premiers lundis du mois, nous nous réunissions, juifs et chrétiens, pour étudier les textes de la Bible, raconte-t-elle. Un espace de vérité et de connaissance auquel participait également un théologien catholique, José Luis D’Amico, de l’ordre des Sœurs de Sion, un centre biblique de Buenos Aires. A certains moments, nous avons aussi eu la joie d’avoir des frères musulmans parmi nous et nous avons pu lire ensemble la Torah, l’Évangile et quelques passages du Coran. Cette expérience a conduit chacun d’entre nous à faire un rêve : un pèlerinage en Terre Sainte pour faire revivre ensemble les textes dans leur contexte ». C’est ainsi que, du 9 au 22 janvier 2023, 45 personnes, dont des juifs et des chrétiens catholiques, accompagnés d’un guide israélien, ont vécu cette expérience vraiment intense : participer à l’émoi des uns et des autres dans les lieux qui avaient de la valeur pour chacun d’eux et comprendre le message ultime des textes lus. « Nous sommes allés entre Jéricho et Jérusalem, raconte Silvina, à l’endroit où aurait eu lieu la rencontre entre le bon Samaritain et le mourant, un texte un peu problématique pour nous Juifs, qui pourrait dépeindre les Juifs comme des gens sans pitié, comme le Lévite et le prêtre de la parabole sont décrits. Il était important d’affronter ce texte là, d’en donner une lecture différente et de comprendre que la miséricorde était la clé de cette Parole comme nous le lisons aussi dans l’Ecclésiaste : mieux vaut vivre à deux que seul, car si l’un tombe, l’autre le relève (cf. Ek 4,9-10). Tout de suite après, nous avons fait un exercice, celui de parler à quelqu’un avec qui nous n’avions pas encore parlé pendant le voyage. Ce fut un moment vraiment unique : avoir l’occasion de s’écouter, de se confronter et de trouver un message commun. Nous n’étions pas un ‘nous’ et un ‘vous’ séparés, mais nous étions ensemble. Un moment précieux, je dirais même prophétique, d’un monde vraiment uni ». Maria Grazia Berretta
Donner pour sauvegarder. La nouvelle APP apprend aux jeunes et aux adultes, par des actions quotidiennes, à prendre soin de la planète et des communautés touchées par le changement climatique Suivre sa consommation, seul ou en groupe, apprendre les petits et grands gestes quotidiens pour économiser l’eau et l’énergie et ne pas gaspiller la nourriture, apporter une aide concrète aux pays les plus pauvres : tels sont les objectifs d’EcoGive – Give to Save, une nouvelle application – disponible sur AppleStore et GooglePlay – créée grâce au soutien de l’association New Ways for a United World, liée au mouvement des Focolari. Le téléphone portable incarne désormais notre monde en format numérique. Le fait de voir son comportement quotidien reflété dans la dimension numérique nous aide à prendre conscience de ce dont nous avons réellement besoin et de ce que nous gaspillons. Grâce à cette application, les actions possibles vont de la réutilisation de l’eau pour laver les fruits et légumes à l’extinction des lumières inutiles, en passant par le recyclage des vêtements usagés ou le gaspillage de nourriture. Chaque participant peut enregistrer ses “gestes verts” en s’engageant à en faire au moins 200 par année scolaire, répartis en cinq domaines thématiques : électricité, eau, gaz, recyclage/réutilisation et réduction des déchets alimentaires. Vous pouvez ensuite suivre le décompte de vos propres actes et de ceux de votre groupe scolaire ou de votre classe, ainsi que l’impact du projet mesuré en économie de CO2, MWh et d’eau. « C’est un projet essentiel, une contribution à un véritable changement culturel vers un mode de vie durable », déclare Marco Livia, président de l’Association New Ways for a United World (Nouvelles voies pour un Monde Uni APS), qui a soutenu le projet en lui donnant un développement international. « Conscients de la grande responsabilité de notre génération par rapport à la situation environnementale, nous croyons fermement au pouvoir de changement que nous pouvons transmettre aux jeunes, et qu’ils peuvent transmettre à leurs pairs et dans leurs contextes. » L’idée est née en 2008 à Palerme, en Italie, à l’initiative du professeur Elena Pace, dans le but d’associer protection de l’environnement et solidarité. L’expérience a ensuite mûri au fil des années grâce à l’engagement des élèves de différentes écoles italiennes. Au cours de l’année scolaire 2021-2022, l’initiative a impliqué 50 écoles dans le monde entier et touché plus de 10 000 élèves. En 2023, sa portée internationale continue de croître. Des écoles de 12 pays y participent : Italie, Burundi, Bénin, Madagascar, Afrique du Sud, Inde, Kenya, Pakistan, Brésil, Colombie, Haïti et République Dominicaine. Le projet s’inspire des objectifs de l’Agenda 2030 des Nations Unies, en se concentrant en particulier sur trois d’entre eux : l’objectif 13 (lutte contre le changement climatique), l’objectif 4 (promotion d’une éducation de qualité) et l’objectif 2 (éradication de la faim). Soutien aux pays en développement Les actions d’économie d’énergie se transformeront également en un soutien concret aux populations des pays les plus touchés par des événements climatiques défavorables. Comment ? Par leur monétisation grâce aux dons des parents, des proches, des connaissances et des sponsors. Les ressources ainsi générées permettront la réalisation d’actions de solidarité dans les pays en développement, choisies par les jeunes, qui apprendront ainsi à donner pour sauvegarder l’environnement. Parmi les projets de solidarité choisis figurent la création d’un jardin social à Nairobi (Kenya), la plantation d’arbres dans un quartier de la banlieue de Mumbai (Inde) et la promotion de pépinières dans la ville de Carice (Haïti). Le projet a reçu le soutien de diverses institutions, dont le Ministère italien de l’Éducation, le Ministère de l’Environnement de la République Dominicaine, l’Université La Sapienza de Rome, l’Agence Spatiale Italienne et les municipalités de Rome et de Priverno. L’application EcoGive a été réalisée grâce au soutien de Mauro Atturo, PDG et fondateur de Problem Solving S.R.L. et de Carlo La Mattina, Directeur unique de Innovation Lab S.R.L.
Lorenzo Russo
365 jours de guerre dans les propos et l’expérience de Mira Milavec, une focolarine slovène qui vit depuis quelques années en Ukraine, où elle travaille pour Caritas Spes. « Cette guerre dure depuis un an, mais elle semble une éternité (…). Je n’aurais jamais imaginé vivre une telle situation de première main ». C’est ainsi que commence notre conversation avec Mira Milavec, une focolarine slovène qui vit en Ukraine depuis 2019. C’est un engagement infatigable qui l’a vue en première ligne pendant cette année de conflit, travaillant pour soutenir la population avec Caritas Spes Ukraine, dont les activités ont également été soutenues par la Coordination d’urgence du mouvement des Focolari par le biais des ONG Action pour un monde uni (AMU) et Action pour les familles nouvelles (AFN). « Je vois beaucoup de fatigue autour de moi. Les gens, dit Mira, dans certains endroits en particulier, vivent encore dans des situations vraiment précaires. Après un an, les besoins mêmes des gens ont changé. Avant, avec Caritas Spes, nous nous occupions de la distribution de produits de première nécessité, maintenant nous sommes passés à une nouvelle phase dans laquelle il est très important de rendre aux personnes leur dignité et de s’occuper aussi du soutien socio-psychologique. Nous n’en sommes encore qu’au début dans ce domaine, mais nous essayons de nous lancer et de comprendre comment faire ». Mira, la machine de la Caritas ne s’est jamais arrêtée …. « Bien sûr. Je suis en contact avec nos collaborateurs qui se trouvent dans les endroits les plus touchés. Je pense qu’ils n’ont jamais le temps de se reposer mais ils sont là, jour et nuit, à toucher la souffrance de ces personnes qui ont tout perdu, leurs proches, leurs maisons ; toute une vie brisée. Je pense qu’être en contact direct avec ces témoignages, quelle que soit leur fatigue, leur donne l’envie de continuer à faire le bien ».
Y a-t-il une anecdote particulière que tu emportes avec toi ? « Oui, les témoignages sont différents, et c’est de là que vient l’espoir. Je me souviens d’une famille du Donbass qui a dû quitter sa ville en 2014. Ils avaient économisé toute leur vie pour obtenir un appartement et dès qu’ils l’ont acheté, ils ont déménagé à Kharkiv. Puis l’arrivée de la guerre l’année dernière et un nouveau déménagement pour eux. Ils sont retournés dans cet appartement, je pense à la fin de 2022, et l’ont trouvé en très mauvais état à cause des bombardements. Nous leur avons apporté des poêles à bois pour se réchauffer et, malgré cette situation compliquée, il était touchant de voir une immense gratitude dans leurs yeux. La quantité d’argent supplémentaire dont ils auraient besoin pour réparer les dégâts de la maison n’avait pas d’importance. Ils étaient heureux et reconnaissants de recevoir cette petite aide, d’être en vie et encore ensemble ». Qu’as-tu vécu personnellement au cours de cette année difficile ? « J’ai vu à quel point, dans ces situations, les personnes, nous tous, sommes capables de nous mettre en mouvement pour aider ; plus que tout, reconnaître le soutien et sentir vraiment que nous sommes dans les mains de Dieu. Souvent, les gens d’ici ne demandent pas grand-chose, juste “être”, être là. Dieu te donne différents talents et je dois dire que dans la situation dans laquelle je me trouve actuellement, je peux vraiment les utiliser, ils peuvent vraiment servir à quelqu’un. La prière est un véritable soutien dans cette situation. J’espère vraiment que cette guerre prendra fin et que chacun, à sa petite échelle, pourra enseigner aux nouvelles générations qu’il est nécessaire de combattre toute cette haine ».
Édité par Maria Grazia Berretta
Activer les sous-titres français https://youtu.be/gFOMlUj6axA Pour continuer à soutenir la population ukrainienne, clique sur le lien Ukraine : la collecte de fonds pour soutenir la population commence – Mouvement des Focolari (focolare.org)
Nes Ammim signifie en hébreu le “miracle des peuples”. Un lieu né pour favoriser le dialogue et la connaissance entre chrétiens, juifs et musulmans. C‘est là que s’est déroulée, du 16 au 18 septembre, la rencontre “Dare to care pour un Avenir Meilleur”, organisée par le Mouvement des Focolari en Terre Sainte à l’attention de personnes de toutes générations, nationalités, religions ou convictions non religieuses. Une occasion de partager quelques jours et de se découvrir partenaires, grâce à la compréhension réciproque, dans la construction commune d’un avenir meilleur. Pour des témoignages d’amitié entre fidèles de différentes religions, voir également Terre Sainte : histoires de dialogue ( https://youtu.be/kC5Uc5cKlRU ). https://youtu.be/WMIqSdXf4As
Dieu a choisi de transmettre la grâce qui sauve l’homme par l’homme lui-même. C’est-à-dire qu’il a choisi de nous sauver aussi par l’amour que nous avons les uns pour les autres, par la charité et le soin que nous avons pour notre prochain. Et lorsqu’il semble que nous n’avons rien à offrir, que nous ne sommes d’aucune utilité, la façon qu’ il nous montre est de “frapper” à sa porte comme ses enfants, de demander et de faire confiance. Demandes spéciales Par hasard, j’avais eu connaissance d’une patiente admise à l’hôpital dans un état désespéré. Pour tenter de la sauver, il fallait du sang d’un certain groupe sanguin, mais il était introuvable. J’ai fait de mon mieux pour le chercher, tant parmi mes connaissances que dans mon environnement de travail (je suis infirmière dans les consultations d’un service social), mais je n’ai rien trouvé. J’étais sur le point de déclarer forfait, avec le poids de la défaite, quand une prière sincère au Tout-Puissant a jailli de mon âme, une requête. Mes heures de service étant terminées, le médecin spécialiste que j’assistais m’a dit au revoir et est parti. Quelques instants après et une jeune femme vient me voir pour une visite médicale. Je m’empresse de rappeler le médecin et, contrairement aux autres fois, je le trouve prêt à revenir sur ses pas. Je demande à la dame sa carte d’identité et la vois me tendre sa carte Avis. Je n’en crois presque pas mes yeux – et si elle avait ce groupe sanguin ? Et si elle était disponible ? Cela s’est vraiment passé comme ça ! L’après-midi même, la femme était au chevet de la malade pour la transfusion directe. (A.M.M. – Italie) Derrière une porte En partant de l’idée de réduire de moitié mes effets personnels, en les donnant à ceux qui pourraient en avoir besoin, j’ai établi de nouvelles relations. J’ai commencé par deux vestes coûteuses que je porte rarement et je les ai proposées à ma voisine marocaine, dont la fille ou la belle-fille pouvait bien être intéressée. Elle les a aimées et, à son tour, m’a supplié d’accepter un nouveau manteau beige, jamais porté. Cela m’a demandé beaucoup de travail pour trouver à qui le donner, mais cela m’a permis de mieux connaître ma voisine. Deux heures plus tard, je rencontre une amie qui accepte avec joie le manteau pour sa sœur qui ne porte que du beige. La journée se poursuit ponctuée par la phrase « Donnez et il vous sera donné ». En effet, il se trouve que je reçois des meubles, de la vaisselle, du linge pour l’appartement dans lequel je viens d’emménager. Pour nous, suisses, il est difficile de franchir le seuil de la maison d’un voisin, nous avons toujours peur de déranger. Mais combien d’humanité se cache derrière les portes ! Il suffit de quelques minutes de temps passé autour d’un café pour que les filtres des préjugés tombent, que le cœur se dilate et que l’espace familial s’agrandisse. (Isabelle – Suisse)
Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, an IX – no.1 – janvier-février 2023)
Diana, Argia et Jane donnent chaque jour de leur temps pour aider d’autres femmes à échapper à l’abominable phénomène de la traite des êtres humains et de l’esclavage. Leurs histoires racontées à l’occasion de la Journée internationale contre la traite des êtres humains.
Chaque année, le 8 février marque la Journée internationale contre la traite et l’exploitation des personnes. Le réseau international Talitha Kum – qui compte plus de 3 000 religieuses et est soutenu par le Vatican et de nombreuses associations, dont le Mouvement des Focolari – a organisé cette année un pèlerinage en ligne intitulé « En chemin pour la dignité », avec des expériences racontées de différentes parties du monde. Deux d’entre elles, en particulier, sont liées aux Focolari. Diana et Argia, originaires de Naples, en Italie, sont impliquées depuis des années dans une association de femmes appelée « Donne Meridiane », qui travaille dans le domaine du travail social et de l’éducation culturelle.
Graduation de Blessing
L’histoire de Jane, quant à elle, nous vient d’Afrique. Il y a trois ans, elle vivait au Burkina Faso. « Dans la rue devant chez moi, tous les soirs, il y avait une longue file de filles, raconte-t-elle, qu’attendaient-elles ? Leur tour de se prostituer. Une réalité malheureusement bien organisée que vous ne pouviez rien faire pour éviter ». Mais Jane voulait d’une manière ou d’une autre faire sa part pour aider ces filles. Elle a donc commencé à collaborer avec Talita Kum. « J’ai découvert que de nombreuses femmes partent à l’aventure dans d’autres pays ou d’autres villes pour chercher du travail ou étudier. Malheureusement, elles tombent souvent dans le piège de la prostitution. Parler de la traite des êtres humains a ouvert les yeux de nombreuses filles et sauvé de nombreuses vies ». Depuis un an, Jane travaille au centre de nutrition du Mouvement des Focolari en Côte d’Ivoire. Il s’agit d’un centre de prévention et de traitement de la malnutrition infantile. « Chaque jour, nous recevons de nombreuses mères. Chacune avec sa propre histoire. Je me souviens de l’une d’entre elles en particulier : son mari était parti chercher du travail mais n’était jamais revenu. Nous avons écouté son histoire et pleuré avec elle. Nous n’avions absolument aucune solution. Nous lui avons proposé une petite somme d’argent pour l’aider à monter un petit commerce devant sa maison. Les jeunes filles avec lesquelles nous travaillons sont également sensibles à la question de l’exploitation. Je suis toujours frappée par l’exemple de l’une d’entre elles qui dit que notre quartier a le plus fort pourcentage de prostitution. Elle le dit avec joie parce qu’elle a compris que, malgré ce problème, notre travail de prise en charge des enfants, des mères et de leurs familles est aussi notre façon de prévenir la traite et l’exploitation des êtres humains ».
Lorenzo Russo
VIDÉO : Place Saint-Pierre, Rome, flash mob contre la traite des êtres humains. https://www.youtube.com/watch?v=kUPDp1PaaHc
S’imprégner du sens du dialogue et se confronter à l’autre pour le vivre concrètement au quotidien. Tel est l’objectif principal des 8 webinaires promus par le projet « DialogUE : Diverses identités alliées ouvertes pour générer une Europe unie ». Un parcours pour approfondir et appréhender la beauté de cet art, ouvert à tous. Peut-on se comprendre entre chrétiens, musulmans et autres religions ? Peut-on travailler ensemble avec ceux qui, bien qu’ayant le même credo, le vivent avec des expressions avant-gardistes ou, au contraire, ancrées dans les traditions ? Peut-on se comprendre entre ceux qui croient en un Dieu éternel et ceux qui n’ont pas de vie après la mort ? Comment pouvons-nous construire une Europe unie entre pays de l’Est et de l’Ouest si différents en termes d’histoire, de culture, de développement, de tradition ? Telles sont les questions qui animent le projet DialogUE – Diverses identités alliées ouvertes pour générer une Europe unie, un projet né en Europe notamment à travers l’Association Internationale Humanité Nouvelle, une expression du Mouvement des Focolari qui, depuis sa naissance, a fait du dialogue un mode de vie ; une mission à laquelle elle s’engage quotidiennement à différents niveaux avec de nombreuses organisations qui ressentent la même passion pour la construction de sociétés plus fraternelles. Reconnu et financé par le programme CERV de la Commission européenne, l’objectif de ce projet, qui place les personnes et les valeurs au centre, est de récolter, sur une période de deux ans, les fruits du dialogue souvent difficile entre les différents groupes, afin de façonner une Europe qui soit de plus en plus l’expression de « l’unité dans la multiplicité » qui est sa raison d’être. Sur cette base, et en collaboration avec la Fondation pour Sophia, à partir du 18 février 2023 il sera possible de participer à une étude approfondie du dialogue à travers un cours en ligne fractionné en 8 rendez-vous ; des webinaires ouverts à tous à suivre en italien avec traduction en anglais, français et hongrois. Les quatre premiers nous permettront de nous immerger dans le sens du dialogue et seront conduits par Roberto Catalano, un expert international du dialogue. Suivront quatre discussions approfondies dans des domaines spécifiques, proposées par plusieurs voix et l’expression d’autant d’ateliers en cours dans le domaine et parmi les personnes et citoyens de divers pays d’Europe. Le calendrier, avec les différents sujets qui seront abordés, sera structuré de la manière suivante : 18/02/2023 de 15h00 à 17h00 – La nécessité de l’identité 21/02/2023 de 19h00 à 21h00 – Au-delà de l’impossible. Expérience de 2 ans de dialogue en ligne entre l’Europe de l’Est et de l’Ouest 25/02/2023 de 15h00 à 17h00 – L’inévitabilité de « l’autre ». 03/03/2023 de 19h00 à 21h00 – Ensemble pour l’Europe 04/03/2023 de 15h00 à 17h00 – Le secret de la vraie relation : la règle d’or 11/03/2023 de 15h00 à 17h00 – Dialogue et Fraternité ou Fraternité et Dialogue 23/03/2023 de 17h00 à 19h00 – Laïcité contre religion ? Apprendre des contraires. L’expérience entre chrétiens et marxistes 25/03/2023 de 15h00 à 17h00 – Dialogue interreligieux : Naissance, développements et prophétie Un véritable parcours qui répond au besoin de communiquer et de découvrir les richesses de chacun, en valorisant spécifiquement ce qui unit et en considérant les différences comme un terreau fertile pour grandir patiemment dans le respect de tous. Vous pouvez participer en remplissant le formulaire d’inscription au lien suivant : https://forms.gle/mhvoaTkdrfdqc9kV9. Pour plus d’informations, veuillez contacter : dialogue@new-humanity.org.
Rédigé par Maria Grazia Berretta
S’aimer dans le mariage est un grand défi. Cela signifie se perdre sur les chemins de l’autre, partager la vie, semer patiemment et récolter les fruits ; cela signifie se choisir chaque jour même si l’on ne se reconnaît pas et, si nécessaire, apprendre à ralentir pour suivre l’autre. En ce jour dédié aux amoureux, nous partageons l’histoire racontée lors du “Collegamento” de novembre 2017 par Giulio et Pina Ciarrocchi qui, 22 ans plus tôt, en mai 1995, suite à l’arrivée d’un accident vasculaire cérébral qui a bouleversé leur vie, ont trouvé le courage de se laisser guider par Dieu, expérimentant une nouvelle façon de retomber amoureux chaque jour, en voyant Jésus dans l’autre. https://www.youtube.com/watch?v=tSBgCMmRCfo&list=PL9YsVtizqrYsVxFh7-IlFMNEbjw4OL9J7&index=1
La mission de l’Hogarcito “Chiara Lubich”, le centre pour personnes âgées de la forêt amazonienne péruvienne, se propose d’accompagner les personnes âgées et celles qui sont confrontées à la maladie. Un lieu où le service est motivé par l’amour, où l’on trouve des personnes désireuses de faire de leur mieux, capables de tout remettre entre les mains de Dieu. Au milieu de l’année dernière, une femme est venue demander de l’aide au Hogarcito. Elle avait un besoin urgent de soutien pour son frère âgé qui vivait seul, loin de la capitale où elle habitait. Elle nous a demandé de l’accueillir au Hogarcito et, après lui avoir demandé de nous laisser un peu de temps pour analyser la situation et nos possibilités, nous nous sommes mis à la place de cet homme en difficulté et n’avons pas hésité à donner notre accord pour l’accueillir. C’est ainsi que Feliciano, 74 ans, est devenu un nouveau résident du Hogarcito. Nous l’avons accueilli avec beaucoup d’affection et une fête de bienvenue. Nous avons découvert qu’il ne voyait pas d’un œil, qu’il avait des problèmes d’élocution – il pouvait à peine comprendre ce qu’il disait – ainsi qu’une surdité sévère.
Feliciano pendant la réhabilitation
Les volontaires de Hogarcito
La primauté de l’écoute, un chemin commun ouvert au dialogue et à la rencontre, les défis de la sécularisation, de la paix et de l’accueil des multiples diversités sont au cœur de cette étape. Margaret Karram, Présidente du mouvement des Focolari, était également présente. « Nous nous réunissons à Prague, une ville qui peut être considérée comme un pont entre l’Est et l’Ouest, mais aussi comme une mise en garde pour l’Europe. Aujourd’hui, un peu plus de trente ans après la chute du mur de Berlin et de la fin du monde divisé en blocs opposés, nous avons une autre guerre au centre de l’Europe. Nous nous tenons aux côtés de nos frères et sœurs ukrainiens, en espérant que l’agression russe prendra fin et qu’une paix et une réconciliation véritables pourront être trouvées sur notre continent ». Mgr Gintaras Grušas, Archevêque de Vilnius (Lituanie), Président du Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe (CCEE) a immédiatement mis le doigt sur la blessure la plus profonde du vieux continent, dans son discours d’ouverture de l’étape européenne du Synode de l’Église catholique. Une solidarité immédiate a également été exprimée envers les populations turques et syriennes touchées par le terrible tremblement de terre. La rencontre se déroule dans la capitale de la République tchèque, du 5 au 12 février, avec la participation de 200 délégués de 39 conférences épiscopales européennes, provenant de 45 pays. Étaient également présents 44 « invités », dont Margaret Karram, Présidente du mouvement des Focolari. « Dans la synodalité, nous sommes tous des apprentis », a ensuite rappelé le cardinal. Mario Grech, Secrétaire général du Synode, offrant une perspective réaliste de cette étape du voyage. L’Église en Europe s’est réunie pour vivre un chemin de partage, plus nécessaire que jamais aujourd’hui, pour apprendre à se connaître et faire tomber les préjugés. La voix des Eglises en Europe
Les sessions consacrées au récit du parcours synodal des différentes conférences épiscopales ont donné un aperçu de la vie des Eglises en Europe. De l’Albanie, où les chrétiens sont aujourd’hui confrontés à la nécessité d’apprendre à dialoguer avec des personnes de religions différentes ; à la Belgique, où la sécularisation a atteint toutes les sphères sociales. L’invitation est de pouvoir saisir les signes des temps en donnant de la place aux laïcs, en évitant toute forme de cléricalisme, toute soumission à des attitudes d’abus et de pouvoir. En Biélorussie, le parcours synodal a mis en lumière la nécessité d’une formation au dialogue pour le clergé et les laïcs, afin d’avoir un plus grand impact sur la société. La Bulgarie, un pays avec un très faible pourcentage de chrétiens-catholiques, exprime bien un parcours synodal animé par un fort esprit œcuménique, commun à plusieurs pays d’Europe de l’Est, tandis que de la France vient une invitation décisive à l’écoute et à la centralité dans l’Église des victimes d’abus ; à un chemin de purification dans la vie spirituelle pour retrouver la fidélité au Christ et être une Église accueillante pour tous. Les Églises de Grande-Bretagne et du Pays de Galles soulignent la nécessité d’une formation continue à la vie de foi et à l’évangélisation. Questions transversales
Les questions transversales sont nombreuses pour les Eglises du vieux continent : du fléau des abus à la formation du clergé pour qu’il regagne la confiance du peuple de Dieu et soit à la hauteur des défis de la société déchristianisée et sécularisée d’aujourd’hui, en passant par la question des femmes dans l’Eglise et l’urgence de transmettre la foi aujourd’hui, mais dans un langage et d’une manière adaptés à notre époque. Mais la question commune à tous est la suivante : qu’est-ce que cela signifie pour l’Église en Europe d’être « inclusive » ? Comment peut-elle également embrasser les personnes qui vivent des situations morales complexes par rapport à la doctrine de l’Église, comme les personnes divorcées ou les personnes LGBTQ+. Des réponses, a-t-on dit, viendront d’un patient cheminement de communion. « Je crois que la réponse que l’Église en Europe peut offrir aujourd’hui – a déclaré Margaret Karram dans son discours – est le don de cet amour évangélique qui nous vient du Christ lui-même et qui est au cœur du dialogue et de la rencontre. En tant que mouvement des Focolari, nous nous engageons dans ce cheminement auquel le pape nous appelle ». Les Journées synodales de Prague sont une expérience de synodalité sur le terrain pour l’Église en Europe, qui montrent la nécessité de poursuivre dans cette voie. Le document final, résultat de ces journées de travail, rassemblera toutes les demandes, défis et propositions et, avec ceux des 6 autres assemblées continentales, sera envoyé à la commission centrale du Synode.
Stefania Tanesini
« Dès le dimanche soir 5 février, les autorités avaient annoncé que les écoles resteraient fermées le lundi 6 parce qu’une violente tempête était à craindre. Les températures sont proches de zéro et la période la plus froide de l’année est attendue pour l’ensemble de la Turquie ». Ce sont les mots d’Umberta Fabris, du Focolare d’Istanbul (Turquie), qui, d’une voix émue, raconte les conditions dans lesquelles le pays se retrouve à vivre une catastrophe sans équivalent qui, avec une violence sans précédent, a frappé la Turquie et la Syrie dans la nuit du 5 au 6 février. La magnitude de ce tremblement de terre est inimaginable. En fait, 10 provinces de Turquie ont été touchées, 13 millions de personnes sont concernées, et une violence sans précédent des secousses se poursuit. À ce jour, plus de 14 000 personnes sont mortes, mais les chiffres continuent d’augmenter à mesure que les recherches se poursuivent. « Istanbul est à environ 1.000 km des zones touchées », poursuit Umberta Fabris, « mais ici nous sommes entourés de personnes qui ont des parents et des amis là-bas et les nouvelles arrivent au compte-gouttes. Les téléphones portables sont déchargés, Il n’y a plus d’électricité, les dommages causés à l’infrastructure de communication sont énormes, comme tout le reste. Seuls quelques SMS ou quelques mots échangés avec une ligne très perturbée arrivent. Et tout cela est une recherche de nouvelles, pour savoir si tout le monde répond à l’appel, même parmi nos amis de la petite communauté chrétienne d’Antioche, Mersin, Adana et Iskenderun ». Dans la tragédie au milieu des gravats et du gel, la douleur rapproche le cœur des hommes qui unissent leurs forces et se battent, raconte Umberta Fabris, qui a appris d’Iskenderun l’effondrement de la basilique de l’Annonciation et comment à l’intérieur de l’évêché, où les maisons ont été déclarées inhabitables, des catholiques, des orthodoxes et des musulmans se sont retrouvés à partager ce qu’ils ont et à offrir un endroit pour passer la nuit. « Nous sommes frappés par les milliers de jeunes qui se sont entassés dans l’aéroport, dit-elle, prêts à partir pour aller aider, la file interminable de personnes à la collecte de sang ou les lycéens qui ont retroussé leurs manches dans diverses activités. Nous continuons à faire confiance à Dieu et à sa Sainte Providence et nous portons aussi notre chère Syrie dans nos cœurs. » Et c’est précisément de Syrie que vient la voix de Bassel, un jeune membre des Focolari : « Ce sont également des jours dévastateurs dans ma ville, Alep. Le 6 février, nous nous sommes réveillés terrifiés et avons couru vers les escaliers en ne voyant rien, à cause de la coupure de courant. Nous nous sommes arrêtés à la porte d’entrée, face à une image de l’ange gardien. Nous avons prié, puis nous avons trouvé un téléphone portable et avons allumé une torche. Je n’ai pas reconnu la pièce : tout ce qui était sur le sol était cassé, les murs et les céramiques étaient fissurés, les voisins descendaient en hurlant. Nous n’avons pris que ce que nous pouvions transporter dans les poches de nos pyjamas, nous avons enfilé nos vestes et nous sommes descendus sous la pluie dans un froid glacial ».
Bassel a passé cette nuit interminable dans la rue à regarder l’effondrement des églises et des mosquées. Le clair de lune montrait la destruction. Alors que les répliques s’atténuaient, des nouvelles sont arrivées d’amis restés sous les décombres et de bâtiments qui s’étaient entièrement effondrés. Nous sommes un pays qui n’est pas équipé pour de telles catastrophes, a-t-il poursuivi. Parmi les bâtiments qui se sont effondrés figurent également les sept étages de l’évêché de l’église grecque catholique melkite. Monseigneur Jean-Clément Jeanbart, archevêque émérite d’Alep, a été sauvé, tandis que le Père Imad, mon ami personnel et notre professeur à l’école depuis mon enfance, est resté sous les décombres ». Les personnes parlent de leurs maisons qui font partie du passé, tandis que le froid rend tout plus difficile. Le Croissant-Rouge et la Croix-Rouge ont procédé à un recensement des personnes présentes. « Moi », dit Bassel, « j’ai participé avec les volontaires et les jeunes scouts à la préparation et à la distribution de nourriture et de couvertures pour les enfants et les jeunes, mais je n’ai pas pu m’endormir à cause des scènes fortes que j’avais vues ». Alors que les répliques sismiques continuent à provoquer l’effondrement des bâtiments, Bassel réfléchit : « Lorsque nous entendons les nouvelles, que nous voyons les grands pays envoyer des spécialistes, des équipes d’aide et de secours dans les pays touchés, nous ressentons de la douleur en voyant qu’ils ne peuvent rien envoyer en Syrie à cause de l’embargo, comme si nous n’étions pas des humains. Maintenant nous sommes de retour à la maison, où l’internet est meilleur, et nous attendons la prochaine secousse. Priez pour nous afin que nous restions en vie, priez pour ceux qui sont morts, priez pour les disparus ».
Anna Lisa Innocenti et Maria Grazia Berretta
“Un appel sincère et fort pour une fin immédiate de l’embargo en Syrie qui rend difficile même l’acheminement de l’aide en ce moment terrible”. C’est ce que le Centre international du Mouvement politique pour l’unité, expression du Mouvement des Focolari, adresse à la communauté internationale, aux gouvernements et à l’Union Européenne. “Suspendre au moins temporairement l’embargo financier pour permettre aux organisations humanitaires déjà actives sur le terrain de fournir l’aide nécessaire”. Des nouvelles dramatiques nous parviennent également des communautés et des familles des zones touchées par le tremblement de terre. Le Mouvement des Focolari, qui travaille depuis des années en Syrie avec des projets humanitaires, a lancé une campagne mondiale spéciale de collecte de fonds. Cependant, la difficulté d’acheminer l’aide à la Syrie demeure en raison des mesures introduites avec l’embargo financier. Le Mouvement politique pour l’unité active tous les canaux possibles de contact également avec d’autres Mouvements et Associations et avec ceux qui ont un pouvoir de décision et de persuasion politique, “mais faisons vite, pour sauver le plus de personnes possible”.
Stefania Tanesini
À une époque souvent dominée l’anxiété, où personne ne se sent jamais à la hauteur des attentes du monde, celui qui nous appelle à faire de grandes choses est un Père qui pose son regard sur nous comme au jour de la Création ; un Dieu qui regarde ce noyau indestructible de beauté qui est en chacun de nous et qui nous invite à garder les yeux ouverts sur les actions de ceux qui nous entourent avec le même amour qu’il a pour nous. Réparer le passé Mes parents ont divorcé quand j’étais petite et mon père a eu cinq femmes : de ces mariages, j’ai deux demi-frères et deux demi-sœurs. En outre, les parents de mon mari sont tous deux addict à l’alcool. Il y a quelques années, lors d’une grave épreuve dans la famille, mon mari et moi avons décidé de faire un effort pour ramener la sérénité parmi nos proches, comme pour redresser notre arbre généalogique. Depuis lors, grâce à la prière, à la créativité de l’amour, aux invitations à dîner, aux fêtes, nous constatons leur véritable “guérison”. Bien sûr, tout cela implique des efforts, des frais, mais la providence ne nous abandonne jamais. Par exemple, nous avions organisé une fête d’anniversaire pour une de mes demi-sœurs, mais au dernier moment, nous avons réalisé que nous avions pensé à tout sauf à un cadeau. Dieu a apporté une solution au problème par l’intermédiaire d’une voisine : elle avait acheté un beau chemisier pour sa fille, mais il s’est avéré être petit et elle pensait le proposer à notre fille. Voilà le cadeau tout trouvé pour ma soeur ! La taille et la couleur étaient parfaites : « Comment saviez-vous que je le voulais comme ça ? » (E.S. – République tchèque) Un regard neuf sur les choses Nous sommes des conjoints retraités. Il y a quatre ans, nos voisins ont oublié d’arrêter la pompe de leur jardin pendant la nuit. Résultat : notre rez-de-chaussée a été inondé, causant environ 9000 dollars de dégâts. Nous avons invité nos voisins à signaler les dégâts à leur compagnie d’assurance afin qu’ils puissent être indemnisés, mais ils ont refusé, de peur que cela augmente le coût annuel de leur assurance. Au début, j’ai eu envie de porter plainte, nous avions des témoins fiables. Mais ensuite, en parlant entre nous, ma femme et moi, nous avons décidé de leur pardonner. Au cours de ces quatre années, nous les avons toujours salués poliment, en échangeant quelques mots avec eux. Il y a deux jours, ils ont déménagé et, alors que les ouvriers chargeaient les meubles dans le camion, notre voisin a abordé ma femme : « Vous êtes des gens bien, alors que nous vous avons fait du mal. Je demande votre pardon. » Après ces mots, le monde nous a paru un peu plus beau. (T.C. – USA)
Publié sous la direction de Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, an IX – n⁰1 janvier-février 2023)
Les contributions, collectées par l’intermédiaire des organisations à but non lucrative, Action pour un monde uni (AMU) et Action Familles Nouvelles (AFN), seront utilisées pour apporter des biens de première nécessité aux populations de Turquie et de Syrie frappées par le fort séisme du 6 février 2023, également en collaboration avec les Églises locales.
La ‘Coordination Urgences’ du Mouvement des Focolari a lancé une extraordinaire campagne de collecte de fonds en faveur des populations de Turquie et de Syrie, par l’intermédiaire des organisations à but non lucratif Action pour un monde uni (AMU) et Action Familles Nouvelles (AFN). Les contributions versées seront gérées conjointement par AMU et AFN pour apporter des produits de première nécessité (nourriture, soins médicaux, logement, chauffage et abri) aux personnes touchées par le séisme du 6 février 2023 dans différentes villes des deux Pays, également en coopération avec les Églises locales. Vous pouvez faire un don à l’adresse suivante : AMU: www.amu-it.eu/dona-online-3/ AFN: www.afnonlus.org/dona/
ou par virement bancaire sur les comptes suivants:
Action pour un monde uni ONLUS (AMU) IBAN : IT 58 S 05018 03200 000011204344 à Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC: ETICIT22XXX
Action Familles Nouvelles ONLUS (AFN) IBAN : IT 92 J 05018 03200 000016978561 avec Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC: ETICIT22XXX
Motif de paiement : Urgence tremblement de terre au Moyen-Orient
Des avantages fiscaux sont disponibles pour ces dons dans de nombreux Pays de l’UE et dans d’autres Pays du monde, selon les différentes réglementations locales. Les contribuables italiens pourront obtenir des déductions et des prélèvements sur leurs revenus, conformément à la réglementation relative aux organisations sans but lucrative.
Résurrection de Rome est l’un des écrits les plus célèbres de Chiara Lubich, fruit d’une de ses expériences qu’elle a transmise ensuite dans un article paru dans la revue “La Via” en 1949. C’est un texte qui montre à la fois la dimension mystique d’une expérience charismatique, exprimée par l’utilisation d’un langage particulièrement dense en images, et l’actualisation de cette expérience dans la vie au contact de l’humanité. Cet écrit marque un tournant dans l’expérience de Chiara Lubich en 1949 : le retour à Rome, c’est-à-dire à la vie normale, vécu comme l’introduction de la lumière et de la vie dans le quotidien, avec le fruit d’un renouveau non seulement de l’existence personnelle mais aussi de la société. Le regard sur Rome a en effet pour l’auteur la signification d’un regard sur toutes les villes du monde. La vidéo que nous présentons est le résultat d’un long et patient travail photographique réalisé par Javier Garcia, avec la voix originale de Chiara Lubich tirée de la lecture du texte adressé aux dirigeants des Focolari le 3 octobre 1995. Activer les sous-titres français https://www.youtube.com/watch?v=acrJDXY6Lig
Être une communauté, c’est plus que d’être ensemble. Cela signifie répondre à un appel et construire : donner vie à une famille soutenue par la Parole et se retrouver. C’est ce que nous rapportent des personnes qui ont participé à la Mariapolis de Terre Sainte en juillet dernier dans cette vidéo. C’est une brise légère qui caresse les ruines séculaires de l’église Saint-Georges, à Taybeh, le seul village entièrement chrétien de Terre Sainte, le lieu, où selon les Écritures, Jésus est venu se reposer avec les siens avant la Passion. Et c’est là, entre le 8 et le 9 juillet 2022, que les adultes, les jeunes et les enfants du mouvement des Focolari se sont réunis pour vivre une Mariapolis très spéciale, un moment de fraternité et de véritable communion. « La Mariapolis est un moment où l’on se retrouve en famille », déclare Mayra, de Bethléem. « Habituellement, elle est organisée chaque année, mais à cause de la pandémie, nous n’avons pas pu. Cette année, après trois ans, nous l’avons organisé et pour moi, c’était comme faire une pause dans ma vie et me recharger spirituellement”. « Être témoins de l’amour » était le titre de cet événement de deux jours auquel ont participé des personnes venues de diverses régions du pays, de Haïfa à Nazareth, en passant par Jérusalem, Ramallah, Bethléem et Gaza. Malgré les difficultés sociopolitiques et culturelles qui caractérisent la Terre Sainte, le désir de profiter de la beauté et de vivre en communauté devient un choix capable de surmonter les barrières physiques et souvent même intérieures. C’est la communauté, en effet, le lieu où nous recueillons des valeurs qui deviennent nourriture, où nous bâtissons un présent et un avenir respectueux de la dignité de tous ; c’est le lieu où l’écoute et le témoignage des autres à la lumière de l’Évangile nous invitent à mieux comprendre l’œuvre de Dieu dans nos vies et, plus que tout, où personne n’est seul. C’est ce que racontent Marcell et Boulos, de Nazareth, qui, au cours de leur cheminement, ont fait l’expérience de la rencontre et de la famille précisément au moment le plus douloureux de leur vie, face à la mort de leur dernier fils, Jack. Et encore Khader, de Gaza, qui malgré les luttes quotidiennes auxquelles il doit faire face dans le contexte dans lequel il vit, place son espoir en Dieu, reconnaissant avec joie la beauté de la vocation à laquelle il est appelé : celle du bonheur.
Maria Grazia Berretta
Activer les sous-titres français https://youtu.be/cCMZ1jlYzhA
L’une des plus grandes souffrances de l’être humain est de sentir sa propre inutilité devant les faits de la vie, d’accepter qu’il ne puisse rien faire. Être un instrument entre les mains de Dieu signifie donc se rendre disponible, redécouvrir sa propre valeur en laissant faire quelqu’un d’autre ; apprendre l’art de se confier et de confier. Prudence En tant que chef de service dans mon entreprise, j’ai remarqué un jour une attitude agressive chez un collègue habituellement très serein. Invité à parler, il m’a confié ses problèmes avec sa femme, qui s’était révélée violente au point de porter la main sur lui. Elle lui demandait de plus en plus d’argent. C’était la raison de ses heures supplémentaires. Depuis, ce collègue a commencé à me téléphoner en dehors du travail lorsque les choses allaient mal, sûr de trouver en moi une écoute désintéressée. Cependant, lorsque j’ai réalisé que j’étais devenue une sorte de refuge pour lui, j’ai ressenti, par prudence chrétienne, le besoin d’en parler à mon mari. Et c’est lui, après m’avoir fait comprendre que pour cet homme je pouvais représenter non seulement une amie, mais l’idéal d’une femme, qui a proposé une idée qui s’est avérée judicieuse : inviter la famille du collègue sous prétexte d’un anniversaire. Après avoir fait confiance à Dieu, et grâce à l’ambiance créée par les jeux et les gadgets de nos enfants, la relation établie avec l’autre couple a donné l’espoir d’un changement de situation. (G.T. – Portugal) Adieu mon cher vélo ! Depuis quelque temps déjà, j’ai dû mettre au garage mon cher vélo, compagnon de tant de voyages et déplacements. Le fait est que, à cause de mes doubles lentilles, je suis maintenant obligé de me déplacer constamment à pied. A dire vrai, cela m’a coûté un peu : le vélo était très utile car dans le panier je pouvais déposer mes courses et d’autres choses que je dois maintenant porter à la main. Heureusement, je vis dans une petite ville où tout ce dont j’ai besoin se trouve regroupé dans le même secteur. Cependant, j’ai découvert un avantage à me passer de deux roues, autre que celui d’éviter les chutes si désastreuses lorsqu’on a atteint un certain âge. En fait, la marche me donne l’occasion de rencontrer de nombreuses personnes, d’échanger… et il y a toujours quelque chose de triste ou de joyeux à partager. Bref, tout est une expression de l’amour de Dieu si nous sommes disposés à faire sa volonté. Mieux vaut essayer d’aller au paradis sans vélo plutôt que de rouler plus vite… pour finalement quoi ? (Marianna – Italie)
Publié sous la direction de Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année IX – no.1 – janvier-février 2023)
Un pas en avant pour apprendre à se connaître et à marcher ensemble. Au terme de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, de Bari (Italie), une expérience de synodalité, de dialogue et de proximité avec des frères de différentes Églises. Depuis quelques années, mon mari Giulio et moi-même suivons le dialogue œcuménique dans le diocèse, avec d’autres mouvements et au nom du Mouvement des Focolari. Il y a quelque temps, nous avons reçu une lettre du cardinal Kock, préfet du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et du cardinal Grech, secrétaire général du Synode des évêques, sur la nécessité d’impliquer les frères et sœurs des autres Églises dans les Tables synodales, moments en petits groupes, organisés pour élaborer des réflexions et des propositions adaptées au parcours de notre Église diocésaine, précisément à l’occasion du Synode lancé en octobre 2021. J’ai saisi l’occasion et je suis allée voir Don Alfredo, le délégué de notre évêque pour le dialogue œcuménique et interreligieux, en l’invitant à considérer cette hypothèse, et après quelque temps, il m’a contactée pour m’inviter à participer à un cours pour les animateurs des tables synodales dans le diocèse, cours qui s’est révélé très intéressant. L’étape suivante a consisté à commencer à imaginer notre rencontre avec nos frères et sœurs chrétiens, puis à la concrétiser progressivement : nous avons cherché une salle adaptée, nous avons impliqué des amis d’autres mouvements dans la préparation, chacun connaissant des personnes d’autres Églises, qui sont devenues à leur tour d’autres animateurs. Nous avons fixé les dates et, le matin, nous sommes allés avec ma famille préparer la salle pour la rendre accueillante : nous avons dressé 6 tables avec des nappes de couleur, des affiches, des marqueurs de couleur, ainsi que des chocolats, des boissons, des verres, etc. Nous ne savions pas combien de personnes viendraient, alors nous avons voulu exagérer et mettre 6 chaises par table. En début d’après-midi, nos invités sont arrivés et à la fin nous étions 38 personnes de 9 églises différentes et nous avons dû ajouter 2 chaises. Ce fut une expérience merveilleuse où nous sommes entrés comme des étrangers et sommes repartis comme des frères, avec le désir de nous connaître de plus en plus afin de pouvoir prier ensemble et vivre la charité fraternelle. Il y avait un grand enthousiasme à la découverte de pouvoir être ensemble avec la joie d’être un seul peuple de Dieu.
Rita et Giulio Seller
Construire l’unité au-delà des préjugés séculaires, de la méfiance et des fractures, en instaurant, jour après jour, un dialogue qui est devenu un style de vie. Tel est le quotidien de la communauté des Focolari en Grande-Bretagne, dont les membres appartiennent à différentes Églises chrétiennes. https://www.youtube.com/watch?v=yCXl8mndNJY&list=PL9YsVtizqrYv2ebAtB_j8KTB-hL0ZRid7&index=2
La présentation du premier “Bilan de Communion” du mouvement des Focolari, un aperçu des activités et des initiatives promues par le mouvement dans le monde au cours des deux années 2020-2021, a eu lieu le 19 janvier 2023 à Rome (Italie), au “Focolare meeting point”. En présence de personnalités du monde diplomatique, politique et religieux, ainsi que de journalistes de différents médias italiens, le premier “Bilan de Communion” du mouvement des Focolari pour les années 2020-2021 a été présenté.
Margaret Karram
De gauche à droite : Dr Geneviève Sanze, Prof. Luigino Bruni, Prof. Andrea Riccardi, Sr Marilena Argentieri.
Carlos Mana
Voir la vidéo de présentation https://youtu.be/HcJ5poGmq8A
Le Chemin synodal est entré dans la phase continentale. Le mouvement des Focolari a apporté sa contribution à travers une réflexion et un travail menés au niveau mondial. Pour en savoir plus sur le contenu de la synthèse présentée, nous avons interviewé Francisco Canzani, conseiller du Centre international des Focolari pour l’aspect sagesse et étude. Il est le coordinateur de la Commission pour le Synode. Quelle est votre évaluation du travail effectué au sein du mouvement des Focolari pour le Synode ? Une évaluation très positive. Plus de 15 000 membres du Mouvement ont participé à la première étape du parcours synodal, répartis dans 520 communautés à travers le monde. Nous avons reçu un total de 21 synthèses régionales, ce qui démontre la profondeur de la réflexion et l’intérêt porté par les Focolari dans toutes les cultures. À ce travail interne au Mouvement – en réponse aux matériaux proposés par le Secrétariat du Synode, qui nous avait demandé une contribution spéciale – s’est ajoutée la participation de nombreux membres du Mouvement dans leurs diocèses et paroisses. Ensuite, la participation de personnes issues de différentes Églises chrétiennes et de croyants de différentes religions au processus de réflexion a été particulièrement significative. Deux contributions importantes sont également venues de groupes de dialogue entre chrétiens et personnes sans convictions religieuses tenus au sein du Mouvement. Comment cet approfondissement peut-il nous aider à acquérir des pratiques de synodalité au sein du Mouvement ?
Équipe du chemin synodal Mouvement des Focolari
Coup d’envoi de la première édition du prix annuel promu par la Fondation Chiara Badano Aimes-tu aider les autres de manière concrète ? Tu as une idée de projet de solidarité et tu as hâte de le lancer ? Eh bien, il y a une initiative qui pourrait bien t’ intéresser. Le 29 octobre 2022, à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de la bienheureuse Chiara Luce Badano, la Fondation qui garde sa mémoire vivante a créé la première édition du Prix Solidarité. Il s’agit d’un événement annuel visant à promouvoir des projets de solidarité dans toutes les régions du monde. Dès son plus jeune âge, Chiara Luce a manifesté sa passion pour les plus démunis, les plus faibles, les marginaux de la société, les personnes âgées et les enfants en particulier. C’est pourquoi la Fondation Chiara Badano a décidé de créer ce prix. L’objectif est en effet de soutenir et d’encourager les projets visant à promouvoir des actions positives en faveur des catégories les plus faibles de la population (personnes âgées, personnes handicapées, immigrés, etc.) et des actions de lutte contre l’exploitation et la violence à l’égard des femmes et des enfants, contre la nouvelle pauvreté et pour la sauvegarde de la planète. Chaque année, le prix identifiera un projet innovant sur des questions spécifiques de pertinence sociale, dans le but de diffuser ses contenus pour en faire un patrimoine commun. Il s’agira de soutenir le projet par une contribution financière de 2 000 euros, de l’encourager par une communication efficace sur les médias sociaux et de l’ouvrir à de nouvelles formes de soutien. Les organisations et les groupes, y compris les groupes informels, composés principalement de jeunes de moins de 30 ans, ayant un projet qui promeut et soutient la culture et la pratique de la solidarité, peuvent participer au prix. La date limite de soumission des projets (20 janvier 2023) a été reportée au 20 février. Pour plus d’informations, lisez l’annonce. La Fondation Chiara Badano promeut également le Prix Art , une initiative visant à donner aux jeunes l’occasion d’exprimer – à travers des talents artistiques – combien le style de vie de Chiara Luce les a fascinés et inspirés. L’appel à candidatures pour la sixième édition sera publié en mars 2023. www.chiarabadano.org
Lorenzo Russo
KidsAction4Peace est l’initiative à laquelle participent les plus jeunes du mouvement des Focolari, Gen4 et Gen3, qui invite les enfants à s’impliquer dans la construction de la paix. Une façon simple mais concrète de regarder ceux qui, en ce moment, vivent la souffrance et l’injustice de la guerre. Pour apporter une contribution, nous avons le temps du 25 au 30 janvier 2023 Salut à tous ! Nous sommes des enfants qui s’efforcent de construire la paix à l’école, à la maison, dans le sport, en essayant d’être gentils et d’aider ceux qui en ont besoin. Comment pouvons-nous aider nos amis qui vivent au cœur de la guerre ? Demandons à nos chefs d’État ou de gouvernement d’aider les peuples en guerre à faire la paix ! Veux-tu nous donner un coup de main toi aussi ?
Nous avons appris que les 9 et 10 février, un grand nombre de ces dirigeants se réuniront à Bruxelles. Nous espérons donc que nos lettres et nos dessins les toucheront. Ciao !! Sofia (12), Agnese (10), Matteo (10), Costanza (10), Nicola (9), Mattia (8), Teresa (8), Cristina (7), Anastasia (7) de l’Italie ; Leonor (11), Margarida (9), Leonor (9), Joao (8), Leonor (8) du Portugal ; Thiméo (12), Mathilde (11), Adéline (8), Aurélien (5) de Belgique https://www.youtube.com/watch?v=ONJeXtK3cdk
Apprendre à faire le bien, c’est maîtriser un alphabet qui nous permet de saisir la volonté de Dieu dans notre vie et d’aller à la rencontre des autres. C’est un alphabet fait de gestes et la justice n’est rien d’autre que le trésor précieux à chercher, le joyau désiré et le but de notre manière d’agir. L’accident Je rentrais chez moi pour déjeuner quand la voiture qui me précédait a dérapé puis s’est renversée sur le toit. Je me suis arrêté et je suis sorti de la voiture pour aider. Grâce à l’arrivée d’autres sauveteurs, les blessés ont été extraits du véhicule, ensanglantés : il s’agissait d’une dame âgée, d’un jeune homme et d’un enfant. Par crainte d’être impliqué dans l’accident, personne ne s’est cependant manifesté pour les emmener à l’hôpital. Je me suis proposé de le faire! Je suis très émotif et parfois la vue du sang m’a déjà fait perdre connaissance. Mais cette fois-ci, je devais être courageux et agir. Aux urgences, pour accepter les blessés, on me demandait une somme que je n’avais pas à ce moment-là ; c’est vrai, je pouvais faire un chèque : c’était un risque, mais je ne pouvais pas les abandonner. J’ai donc signé le chèque et après m’être assuré que les blessés étaient bien pris en charge (comme le bon Samaritain), je suis parti. Je me sentais léger, comme après un examen : j’avais surmonté l’obstacle de mon émotivité mais surtout j’avais été utile à des frères à un moment crucial. J’ai fait l’expérience de la vraie joie de l’Évangile. (Marciano – Argentine) Renaissance L’adolescence rebelle d’un de nos enfants, sa dépression, ses crises de panique, ses amitiés destructrices, ses addictions avaient ouvert une grande blessure dans notre famille. En moi a grandi un flot de colère, de sentiments hostiles qui, additionnés, m’ont fait agir négativement envers mon mari et mes autres enfants. En tant que mère consciente de mon échec, je me suis de plus en plus renfermée sur moi-même. Une très bonne amie, me voyant dans un tel état, m’a conseillé de parler à un prêtre. La grâce est venue dans cette même conversation. Comme si Dieu avait brisé les murs épais de mon cœur où mes larmes étaient enfermées, j’ai pleuré pendant un long moment, j’ai crié toutes les choses terribles qui étaient arrivées à notre fils au fil des ans. Ce jour-là, la liturgie a cité une phrase d’ Ézéchiel qui a confirmé ma renaissance : « Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » (Ez 36, 26). Dans la prière, j’ai trouvé la paix afin de pouvoir être aux côtés de mes enfants comme présence rassurante. (W.Z. – Pologne) Le pardon Une de mes connaissances avait reçu un message de son frère lui annonçant la mort soudaine de sa femme et la suppliant de lui rendre visite. Cependant, cette dame n’avait jamais été en bons termes avec sa belle-sœur, notamment depuis qu’elle avait empêché son mari de rendre visite à sa mère mourante. Même des amis lui ont dit qu’elle avait raison de ne pas aller voir un frère qui ne s’était pas bien comporté avec toute la famille. Cette connaissance, à sa manière très religieuse, a commencé à prier pour sa belle-sœur, à faire célébrer des messes du suffrage… mais elle ne bougeait pas : elle ne pouvait pas pardonner à son frère. Comment la convaincre de l’incohérence de son christianisme ? Ce même mois, la Parole de Vie était centrée sur l’amour réciproque. Pour tenter de l’aider à faire le pas, j’ai apporté à ma connaissance le dépliant avec le commentaire expliquant comment vivre ce commandement de l’Évangile. Après quelques jours, je l’ai vue arriver chez moi tout sourire : c’était pour me dire qu’après avoir lu la Parole de Vie, elle n’avait plus pu résister, elle était allée voir son frère et s’était réconciliée avec lui. (D.P. – Brésil)
Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, an IX – no.1 – janvier-février 2023)
Être « pressé » d’aller vers l’autre, comme la Vierge Marie. Tel est le cœur du message des prochaines Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) qui auront lieu à Lisbonne (Portugal) du 1er au 6 août 2023. Quelques faits intéressants sur les préparatifs. « Chers jeunes, je rêve qu’aux JMJ vous puissiez à nouveau expérimenter la joie de la rencontre avec Dieu et avec vos frères et sœurs. Après de longues périodes de distance et d’isolement, – avec l’aide de Dieu – nous redécouvrirons ensemble à Lisbonne la joie de l’étreinte fraternelle entre les peuples et entre les générations, l’étreinte de la réconciliation et de la paix, l’étreinte d’une nouvelle fraternité missionnaire ! » C’est avec ce souhait que le pape François, depuis la basilique Saint-Jean-de-Latran (Rome), s’est adressé aux jeunes du monde entier le 15 août 2022, à l’occasion de la solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, en expliquant le sens profond du thème choisi pour la prochaine Journée mondiale de la jeunesse : « Marie partit en hâte » (Lc 1, 39). En ces temps difficiles, où l’humanité éprouvée par le traumatisme de la pandémie est déchirée par le drame de la guerre, l’épisode évangélique de la Visitation est le chemin sur lequel se déplaceront les pas de tant de jeunes qui participeront à la rencontre internationale de Lisbonne du 1er au 6 août 2023; ce sera un moment de grande joie et une occasion de témoigner, de méditer et de partager ensemble sur les pas de Marie. Comment se déroulent les préparatifs de ces JMJ ? Mariana Vaz Pato, jeune designer de Lisbonne, qui fait partie de l’équipe du mouvement des Focolari chargée de l’organisation, nous raconte : « Lorsque j’ai appris que les JMJ se tiendraient au Portugal, j’ai réagi à cette nouvelle avec une grande joie. J’ai immédiatement décidé de faire partie de cette équipe car je sentais que je pouvais contribuer, consacrer mon temps à la construction de ce grand événement ». Mariana, que se passe-t-il en coulisses en ce moment ? Dans les coulisses, il se passe beaucoup de choses et l’esprit général est celui d’un grand enthousiasme. Pour l’instant, l’accent est mis sur les inscriptions qui viennent d’être ouvertes et nous devons faire passer le mot pour ne laisser personne de côté. Mon équipe a travaillé sur différentes parties du programme des JMJ. L’une d’entre elles est la préparation d’une catéchèse à la lumière du charisme de l’unité. À ce stade, nous travaillons sur le contenu lié au thème des JMJ, en suivant les directives du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie. Nous travaillons à la création d’un stand dans la Cité de la Joie (Exposition des Vocations), où les pèlerins trouveront des contenus interactifs et des expériences du monde entier, liés aux différentes étapes de la vie de Marie. Avec le complexe international Gen Verde, nous préparons un autre moment – les ateliers Start Now – qui se dérouleront dans un quartier social, dans la banlieue de Lisbonne, et culmineront dans l’une des étapes du Festival de la Jeunesse. En plus du programme principal des JMJ, nous ressentons le besoin de proposer une rencontre post-JMJ, où les participants peuvent vivre et réfléchir à tout ce qu’ils ont vécu pendant les JMJ. La rencontre aura lieu à la Mariapolis d’Arco-Íris et est ouverte à tous ceux qui souhaitent y participer. Nous sommes également impliqués dans d’autres groupes pour l’accueil des pèlerins, la gestion des volontaires et le chœur officiel. Qu’est-ce que cela signifie pour un jeune d’aujourd’hui de « se lever » et de partir en toute hâte ? Le thème de cette journée nous appelle à partir en mission, en prenant pour exemple Marie, qui a répondu à l’appel de Dieu. Je pense que pour les jeunes, « se lever » signifie être des missionnaires. C’est-à-dire être prêt à partir, à sortir de soi (du confort d’être assis), à aller vers son prochain, à ne pas rester indifférent aux problèmes qui existent autour de nous. Cette JMJ est également confiée à quelques Saints Patrons ou témoins de la foi, des figures de référence qui ont ce processus en cours. Pourquoi est-il si important aujourd’hui d’aspirer à la sainteté ? Je pense qu’aspirer à la sainteté, c’est aspirer au bonheur. Pour les jeunes, il est important d’avoir un modèle et les saints sont la preuve qu’il est possible d’avoir un style de vie chrétien différent de ce que nous voyons autour de nous. La figure qui me frappe le plus, par exemple, est la bienheureuse Chiara Badano. La façon dont elle a vécu, à contre-courant et avec une grande confiance en Dieu, est une source d’inspiration et nous montre qu’il est possible de devenir un saint même dans le monde d’aujourd’hui. Pour plus d’informations, visitez le site : JMJ Lisboa 2023
Maria Grazia Berretta
Le 31 décembre 2022, Luisa Del Zanna, l’une des premières focolarines de Florence, nous a quittés. Elle est née en 1925 dans une famille chrétienne de huit enfants. Elle a immédiatement fait sienne la spiritualité de l’unité. En 1954, elle rejoint le focolare de Florence. Au cours des années suivantes, elle vit naître et suivit diverses communautés du Mouvement. À partir de 1967, elle vit à Rocca di Papa (Italie), où Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, l’a appelée pour faire partie de son secrétariat, pour suivre les archives du mouvement (qu’elle a coordonnées jusqu’en 2007). En cette même année 1967 elle est chargée, avec l’un des premiers focolarini, Vitaliano Bulletti, du Centre Sainte Claire, le Service de la Communication, qui vient d’être mis en place. « Gardienne des “trésors des Focolari”, lit-on dans un article de Città Nuova de 2008, Luisetta, un prénom qui nous rappelle la créature délicate et douce, la petite silhouette de Luisa Del Zanna, une de ces personnes à qui l’on confie habituellement des tâches importantes en raison de leur discrétion, de leur compétence et de leur fidélité, dont on ne se rend pas toujours compte de la valeur parce qu’elles n’apparaissent pas, mais sans qui certains rouages finiraient par se gripper… » Au cours de ses premières années de vie en focolare, elle a travaillé comme institutrice dans un petit village de montagne au Nord de l’Italie, qu’elle rejoignait en faisant un bout de chemin à pied ou à dos d’âne. L’expérience que nous publions ici remonte à cette époque : nous vous la livrons telle qu’elle-même l’a rédigée, en 1958. « S’il vous plaît, la route de Bordignano ? »[1] Après quatre heures de bus, j’étais arrivée au chef-lieu de ce village que je n’avais pas réussi à trouver sur la carte à l’échelle de 1/100 000. Aucune agence d’information ne le connaissait, et les horaires des différents moyens de transport ne le mentionnaient pas. Pourtant, ma feuille de route était claire : « Vous êtes invitée à prendre vos fonctions le vendredi 7 octobre à l’école primaire de Bordignano, dans la commune de Firenzuola. » Ce nom était écrit en lettres majuscules, il ne pouvait y avoir d’erreur. La personne à qui je m’étais adressée, un homme grand et fort, me regarda d’un air dubitatif : « “Qu’avez-vous dit ?” et il me fit répéter la question. Il pensait avoir mal compris. Alors il m’indiqua du doigt : “Vous voyez cette colline là-bas ? Derrière, il y en a deux autres et puis il y a B….. J’y vais de ce pas pour distribuer le courrier.” » A la vue de ses grandes bottes et de son teint basané, j’ai tout de suite compris qu’il s’y rendait à pied. Un instant déconcertée, je regarde cette colline, les bottes de cet homme, je comprends qu’il n’y a pas d’autre moyen, je reprends courage. « Je vais aller avec vous », dis-je d’un air décidé. Le facteur ne sembla pas comprendre, comme au début, mais je suis partie et je l’ai suivi. Ce fut une longue marche de trois heures, interrompue seulement par de brefs moments de pause au sommet des montées abruptes ; il y avait des rafales de vent impétueuses là où la vallée s’ouvrait. Me voilà enfin arrivée : trois maisons en pierre sont là, alignées et, en haut d’une allée bordée d’arbres, on peut voir l’église et son clocher. J’ai salué un monsieur âgé, en train de fumer la pipe, assis à l’entrée de sa maison. Je lui ai dit que j’étais l’institutrice. Il s’est levé et s’est déplacé pour m’accompagner. Nous sommes entrés par une porte disjointe dans la deuxième maison de la rangée, elles lui appartenaient toutes ; la première était une boutique, remplie de tout (sauf des choses que je n’avais pas et dont j’avais vraiment besoin). Il y avait de gros souliers cloutés, des allumettes, des pièges à souris de toutes sortes, du pain rassis, des cahiers, bref, de tout. Nous avons emprunté une petite échelle et sommes entrés dans l’école. Une grande pièce, quelques pupitres entassés dans un coin (je n’en avais jamais vu de semblables : chacun d’eux pouvait accueillir jusqu’à six élèves !), une chaise en mauvais état, un tableau noir endommagé : voilà pour ce qui était du mobilier. – De ce côté, c’est votre logement – me précisa le monsieur – vous pouvez vous estimer heureuse : cette année, il y a l’eau courante. Je l’ai fait mettre, à mes frais ! Il me fit entrer dans une petite cuisine ; dans un coin, on pouvait remarquer une cheminée sans feu. J’avais froid. Il commençait à faire sombre : j’ai cherché l’interrupteur pour éclairer la pièce, mais en vain. (J’ai appris au cours des jours suivants à utiliser la lampe à huile, à travailler et écrire à la lumière d’une petite flamme vacillante). J’ai été rendre visite à monsieur le curé le jour même (j’ai appris que son église était l’église paroissiale, la plus belle parmi celles de la vallée et des collines environnantes) et je l’ai supplié d’annoncer à la messe du dimanche que l’école commençait. « Eh, Mademoiselle, c’est la saison des récoltes. En ce moment on ramasse les châtaignes et bientôt ce sera la cueillette des olives ; on compte beaucoup sur l’aide des garçons pour ces travaux. Pour ce qui est de l’école – a-t-il ajouté – nous en parlerons en janvier. » Une situation à mes yeux impossible. Peu de temps avant, j’avais appris à ne pas reculer devant les difficultés, au contraire – m’avait-on dit – elles servent de tremplin – et j’avais constaté que c’était vrai. J’ai trouvé un autre moyen de faire savoir aux familles que j’étais arrivée. J’ai repéré les habitations de mes élèves parmi les maisons éparses et isolées et je m’y suis rendue. La première était celle d’Angiolino et de Maria. Il m’en reste un vague souvenir de noirceur et de fumée : Maria, accroupie dans un coin tout près des cendres de l’âtre (elle avait mal à la gorge), tenait son bras au-dessus de son visage pour que je ne la voie pas. Angiolino, debout dans un coin, la tête basse, suivait la conversation que j’avais avec sa mère. En parlant, j’ai compris la méfiance de ces villageois envers l’école et encore plus envers l’enseignant. J’ai beaucoup écouté, en silence. Je m’efforçais de saisir les propos de cette femme qui s’exprimait dans un dialecte dur, rancunier, presque incompréhensible. J’ai appris que son fils avait quitté l’école deux ans auparavant, sans avoir terminé ses études élémentaires, en raison de sottises qui exaspéraient les enseignants. J’ai dit peu de choses : que j’étais là pour eux, que l’école était gratuite, que les garçons auraient l’après-midi libre pour aider aux travaux des champs. « Nous verrons – dit la femme – je vais envoyer Maria. En prenant congé, j’ai salué son frère : « Je voudrais rendre cette école belle pour les petits qui viendront, si tu peux venir m’aider… je t’attends. » Je n’ai pas eu besoin d’insister davantage. Les enfants sont arrivés un par un, les petits frères par deux, incertains, craintifs. Ils s’étaient passé le mot en jouant, dans les champs, en train de garder le troupeau, ou en se retrouvant dans les bois, tous courbés pour ramasser les châtaignes. « Tu viens aussi ? C’est agréable, tu sais ! » « C’est bien, la maîtresse ne nous frappe pas ! » L’école est rapidement devenue accueillante grâce à l’aide précieuse d’Angiolino. En ce mois d’octobre la nature, riche de feuilles multicolores, offrait largement de quoi décorer la classe. J’ai fondé mes relations avec les élèves, et celles des élèves entre eux, sur le commandement de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres… » Ce fut la base de tout le travail de l’année. L’école est devenue un petit paradis. L’Évangile devint le livre préféré de ces enfants et leurs intelligences, réfractaires et fermées aux discours habituels, s’ouvraient à la logique de l’Évangile avec une spontanéité surprenante. Cette méthode était engageante. “Pro eis sanctifico me ipsum” (pour eux je me sanctifie), avait dit Jésus, sans quoi rien n’allait plus. Je me suis rendue compte en fin d’année que la vie évangélique des enfants ne s’était pas arrêtée aux murs de l’école, mais qu’elle s’était diffusée dans les foyers, dans les familles. Je m’en suis aperçu lors des salutations reconnaissantes des parents qui n’étaient pas restés indifférents au souffle de vie joyeuse que les enfants leur transmettaient. L’écorce rugueuse qui les avait fait paraître insensibles s’était retirée de leurs âmes et, inconsciemment, ils étaient habités par cette même vie.
Histoire de Luisa Del Zanna
[1] Bordignano municipalité de Firenzuola (Florence, Italie)
Durant son mandat de Présidente du mouvement des Focolari, de 2008 à 2021, Maria Voce a eu l’occasion de connaître et de rencontrer le Pape Ratzinger à plusieurs reprises. Dans une interview, elle nous a parlé de sa relation avec le Pape émérite et de son impression sur la contribution du pontificat du Pape Benoît à l’Église et au monde. « L’impression, lorsque j’ai été reçue en audience dans son bureau, était celle d’entrer comme dans un salon familial où l’on pouvait parler et être reçu avec amour, je dirais, avec une attention affectueuse. En même temps avec une finesse de gentleman, de tact, de délicatesse ». À la nouvelle du décès du pape Benoît XVI, les souvenirs de Maria Voce, ancienne présidente du mouvement des Focolari, remontent immédiatement à ce 13 avril 2010, lorsque, avec le Coprésident du mouvement des Focolari de l’époque, Don Giancarlo Faletti, elle a été reçue par le pape. « C’était la deuxième année après la mort de notre fondatrice, Chiara Lubich, poursuit Maria Voce, avec le Coprésident, nous sommes allés remettre la vie du Mouvement entre les mains du Pape. Et nous avons réalisé qu’il avait à cœur de nombreuses réalités. Nous l’avons également mis au courant du voyage dans divers pays d’Asie que nous venions d’effectuer. Il s’est également réjoui de l’étape en Chine car ce pays était une grande frontière pour l’Église. Il s’est réjoui de ce que le Mouvement faisait pour aider le cheminement de la réconciliation entre les Évêques chinois et le Pape. Il nous a donné sa bénédiction et nous a exhortés à poursuivre sur le chemin de la sainteté. Personnellement, j’ai toujours été impressionnée par sa fine gentillesse et en même temps par son accueil chaleureux et amical. Il avait un grand sens de l’harmonie, peut-être insufflé par son amour de la musique, qui se révélait également dans le décor de son studio : « un lieu aussi accueillant qu’une maison, aussi sacré qu’une église ». En quelles autres occasions avez-vous rencontré le pape Benoît XVI en tant que Présidente du mouvement des Focolari ? « En 2008, il nous a reçus, le Coprésident Faletti et moi, immédiatement après l’Assemblée Générale du mouvement des Focolari à laquelle nous avions été élus, la première élection après la mort de notre fondatrice. Il m’a ensuite invitée, voyageant dans le même train que lui avec de nombreuses autres personnalités, à la ‘Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde‘ qui s’est tenue à Assise le 27 octobre 2011, 25 ans après la première journée organisée par le pape Jean-Paul II en 1986. Enfin, j’ai assisté à sa dernière audience le 27 février 2013 après l’annonce de sa démission ». Quelles réflexions sa décision a-t-elle provoquée en vous ? « Lorsqu’il s’est rendu compte qu’il n’avait plus la force de remplir sa tâche, il a eu le courage de laisser le poste à d’autres personnes qui, à son avis, avaient plus de force et de possibilités pour mieux agir. Un choix qui, comme je le
disais déjà à l’époque, me semble avoir offert une distillation de sa réflexion théologique et spirituelle. Benoit XIV a souligné la primauté de Dieu et le sens que c’est Lui qui guide l’histoire. Il nous a enjoint de saisir les signes des temps et d’y répondre avec le courage de choix douloureux mais novateurs, avec une note claire d’espérance pour “la certitude que l’Église est au Christ”. Je ne pense pas me tromper en disant que l’Église que le pape Benoît a toujours regardée, même en faisant ce choix, est une “Église-communion”, fruit de Vatican II mais aussi une perspective, “de plus en plus une expression de l’essence de l’Église” comme il l’a lui-même souligné. Et ce “toujours plus” nous indique que nous ne l’avons pas encore pleinement réalisée et invite chacun d’entre nous à travailler dans cette direction avec une responsabilité toujours plus grande ». Le lendemain de son élection comme pontife, Chiara Lubich avait écrit : « D’après la connaissance directe que j’ai de lui, ayant des dons particuliers pour saisir la lumière de l’Esprit, il ne manquera pas de surprendre et de dépasser toutes les attentes ». Selon vous, quelle a été la contribution la plus importante apportée à l’Église par le pape Benoît XVI ? Que dit-elle à l’Église d’aujourd’hui et à celle que le Synode prépare pour l’avenir ? « Le Pape Ratzinger a su saisir la réalité des Mouvements dans l’Eglise comme le “printemps de l’Esprit”. Son discours, toujours en tant que Cardinal, au Congrès des Mouvements avant la grande rencontre de Pentecôte 1998 avec le Pape Jean-Paul II a été fondamental. Un de ses textes de 1969, contenu dans une série de conférences radiophoniques, est impressionnant quand on pense à l’époque actuelle ; il révèle sa profonde spiritualité et son caractère essentiel, ainsi qu’une perspective qui sera présente dans son cœur tout au long de son pontificat. En effet, il a déclaré que des temps très difficiles se préparaient pour l’Église, que sa véritable crise venait de commencer et qu’elle était confrontée à de grands bouleversements. Mais, le Cardinal Ratzinger d’alors, a également déclaré qu’il était certain de ce qui resterait à la fin : non pas l’Eglise du culte politique, mais l’Eglise de la foi. Elle ne sera plus la force sociale dominante dans la mesure où elle l’était encore récemment. Mais l’Église connaîtra, a-t-il conclu, une nouvelle floraison et apparaîtra comme la maison de l’homme, où l’on peut trouver la vie et l’espoir au-delà de la mort ».
Anna Lisa Innocenti
Le théologien Piero Coda évoque le pape Benoît XVI et l’extraordinaire contribution de sagesse qu’il a apportée au cheminement de l’Église de notre temps. Mgr Coda, en 1998, lors du Congrès Mondial des Mouvements ecclésiaux, le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de l’époque, le Card. Joseph Ratzinger, a prononcé un discours historique sur le rôle des Mouvements ecclésiaux. Quels étaient, à votre avis, les points essentiels de cette intervention ? Dans quelle mesure ces paroles ont-elles contribué à modifier le rôle des mouvements dans l’Église ? Oui, c’était en effet un discours historique ! Je l’ai écouté en direct, étant présent au Congrès. La grande compétence théologique et la connaissance de l’histoire de l’Église, ainsi que l’expérience du Concile et ensuite – dans le rôle qu’il a joué au Vatican – de sa mise en œuvre au niveau universel ont permis à Ratzinger de situer clairement la signification des Mouvements ecclésiaux dans la mission de l’Église. Le point central qu’il a proposé consiste à reconnaître en eux l’action de l’Esprit Saint qui, au cours des siècles, renouvelle toujours, par vagues successives, le Peuple de Dieu par le don des charismes : de saint Benoît aux Ordres Mendiants au Moyen-Âge, de la Compagnie de Jésus aux Ordres missionnaires dans les derniers siècles, jusqu’à la floraison charismatique inattendue au moment du Concile. D’où l’affirmation de Jean-Paul II, en accord avec l’enseignement de Vatican II, que l’Église se construit grâce à la co-essentialité des « dons hiérarchiques »- le ministère conféré par le sacrement de l’Ordre – et des « dons charismatiques » – la libre effusion de grâces spéciales de lumière et de vie parmi tous les disciples de Jésus. À l’occasion du décès de Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, le pape Benoît XVI a rédigé un long message de condoléances. Quelle relation Chiara Lubich avait-elle avec lui ? Chiara – elle me l’a dit personnellement – a été très touchée par ce discours du cardinal Ratzinger en 1998 et en a toujours été reconnaissante. En outre, lorsqu’il a visité le Centre Mariapolis de Castel Gandolfo (Rome) et y a célébré la Sainte Messe en la fête de l’Immaculée Conception, le 8 décembre 1989, citant la parabole évangélique, il a dit qu’il avait vu pousser un grand arbre né d’une petite graine, dans lequel les oiseaux du ciel trouvent le repos… Les premières années du pontificat de Benoît XVI ont coïncidé avec les dernières années de la vie de Chiara : elle n’a plus eu la possibilité de le rencontrer en personne et n’a pas non plus pu se réjouir du fait qu’un an après sa mort, le pape Ratzinger ait mentionné l’économie de communion dans son encyclique Caritas in veritate. Que disent la pensée et la vie du pape Benoît XVI à l’Église d’aujourd’hui et de demain, que l’actuel Synode contribue à façonner ? Sa contribution incontournable a été de rappeler, avec son autorité d’homme de Dieu et de grand théologien, une vérité décisive : l’œuvre de renouveau mise en route par Vatican II doit être promue en lien direct avec le noyau vivant de l’Évangile de Jésus et dans le cadre de la Tradition ecclésiale. Comme il l’a souligné dans son discours magistral à la Curie romaine en décembre 2005 – la première année de son pontificat – lorsqu’il a exposé la clé d’interprétation décisive de l’événement conciliaire : « la réforme dans la continuité ». Ce n’est pas un hasard si le livre le plus connu du jeune théologien Ratzinger, paru dans sa première édition en 1968 et traduit dans les principales langues, porte le titre d‘Introduction au christianisme. Cela indique que la rampe de lancement d’un bond en avant prophétique est la foi depuis toujours en Jésus. Il n’est pas non plus anodin qu’en tant que pape, il ait voulu réserver trois encycliques aux vertus théologales : la charité, l’espérance et la foi. En soulignant fortement la primauté de la première, parce qu’elle évoque le nom même du Dieu qui se révèle en Jésus. Ce Jésus à qui il a dédié une trilogie passionnée comme une invitation à rencontrer le principe vivant de la foi, qui n’est pas seulement une belle idée, mais Lui-même. Fidélité, donc, au patrimoine de la foi. Mais pour que s’en dégagent la richesse et la nouveauté de l’Évangile. C’est le secret de la force et de l’attrait durable du Magistère de Benoît XVI. Et pour vous personnellement, quel est le plus beau souvenir que vous gardez du Pape Ratzinger ? Je l’ai rencontré à plusieurs reprises, d’abord lorsqu’il était cardinal, puis en tant que pape, et j’ai toujours ressenti sa grande cordialité et son attention exquise. J’ai également eu l’occasion de m’entretenir longuement avec lui sur la théologie, dans le cadre d’une série de séminaires avec d’autres chercheurs, au niveau international, lorsqu’il était Préfet de la Doctrine de la Foi, réalisant (avec une gratitude croissante envers Dieu) l’extraordinaire contribution de sagesse qu’il a apportée au cheminement de l’Église de notre temps. En accord avec Chiara, j’ai communiqué au pape Benoît l’idée de créer l’Institut Universitaire Sophia : « Une belle chose… – s’était-il exclamé – , si vous y arrivez… ». Je me souviens de sa joyeuse surprise lorsque, le rencontrant lors d’une audience avec le premier groupe d’étudiants, Caelison, une étudiante aveugle, lui confia spontanément : « A Sophia, nous avons trouvé la lumière ! ».
Stefania Tanesini
Les mots de Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari, à l’occasion du départ de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI. Estime, reconnaissance et grande émotion remplissent en cet instant mon cœur tandis que j’exprime la plus profonde gratitude pour l’œuvre et la vie du Pape Benoît XVI, en mon nom personnel et au nom du Mouvement qu’il a suivi et accompagné avec proximité et amour. Avec toute l’Église, nous nous rassemblons autour du Pape François pour le redonner à Dieu, certains qu’il a déjà été accueilli dans la gloire du Ciel et je le ferai personnellement, le 5 janvier prochain, en assistant à la messe des funérailles sur la place Saint-Pierre. J’ai eu le privilège d’accueillir le Pape Benoît à Jérusalem, en mai 2009, participant à différentes étapes de son pèlerinage en Terre Sainte. Deux moments m’ont particulièrement marquée ; ses paroles au Saint-Sépulcre : « Ici, la paix est possible. » « Le tombeau vide, a-t-il poursuivi, nous parle d’espérance, cette espérance qui ne déçoit pas, car elle est le don de l’Esprit de la vie. » La participation à une messe privée dans la Délégation apostolique de Jérusalem, célébrée par le Pape Benoît XVI, a également été très forte pour moi. J’ai perçu sa tendresse paternelle et la grandeur de sa charité qui s’exprimait par un geste de reconnaissance pour tout ce que le Mouvement des Focolari avait fait pour préparer sa visite. En 1989, alors qu’il était encore Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le card. Joseph Ratzinger fut invité par Chiara Lubich à dialoguer avec les focolarines réunies à l’occasion de leurs exercices spirituels annuels, auxquels je participais également. Il a répondu à des questions très variées et, à un moment donné, il a prononcé des paroles que je n’ai pas oubliées. À propos de l’avenir de l’Église et de l’humanité, il a dit : « Le dernier mot de l’histoire du monde sera la communion, ce sera le fait de devenir communion, non seulement entre nous mais, étant incorporés dans l’amour trinitaire, de devenir communion universelle, où Dieu est tout en tous. »[1]. Aujourd’hui, alors que notre bien-aimé Pape Benoît XVI est retourné à la maison du Père, cette expression résonne en moi presque comme un testament spirituel. Ce sont des paroles d’une extraordinaire actualité, qui projettent aujourd’hui lumière et espérance sur une humanité affligée par des conflits dont nous ne voyons pas la fin. Nous nous sommes nourris de sa pensée éclairée, celle d’un grand théologien qui, encore très jeune, a participé au Concile Vatican II, transmettant et présentant au fil des ans la nouveauté d’une Église-communion, faite de connaissance de la Parole et de charité traduite en actes. Au lendemain de son élection comme Pape, Chiara Lubich s’exprimait ainsi : « D’après la connaissance directe que j’ai de lui, possédant des dons particuliers pour saisir la lumière de l’Esprit, il ne manquera pas de surprendre et de dépasser toute prévision. »[2] Nous n’oublierons pas non plus le rôle clé qu’il a joué en 1998, lorsque le Pape Jean-Paul II, à l’occasion de la fête de Pentecôte, convoqua sur la Place Saint-Pierre les Mouvements ecclésiaux et les Nouvelles Communautés. À cette occasion, le card. Ratzinger fit un cours magistral intitulé : « Les Mouvements ecclésiaux et leur cadre théologique », dans lequel il traça le profil des Mouvements et des Nouvelles Communautés et leur relation indissociable de l’Église. Certains passages de son intervention continuent à être pour moi et pour le Mouvement source de lumière pour nous permettre d’être des instruments de communion dans l’Église et les bras du Christ pour l’humanité : « […] Il est très clair que l’Esprit Saint est encore à l’œuvre dans l’Église aujourd’hui et lui confère de nouveaux dons – disait-il alors – grâce auxquels elle revit la joie de sa jeunesse (cf. Ps 42, 4). Gratitude pour les nombreuses personnes, jeunes et âgées, qui adhèrent à l’appel de l’Esprit et, sans regarder autour d’elles ni derrière elles, se lancent avec joie au service de l’Évangile. Gratitude pour les évêques qui s’ouvrent aux nouvelles perspectives, leur font une place dans leurs Églises respectives, débattent patiemment avec leurs responsables pour les aider à surmonter toute unilatéralité et les conduire à la juste conformité. »[3] Avec toute l’Église, je remercie Dieu pour le don que le Pape Benoît XVI a été pour notre temps, et je prie pour que nous sachions saisir et traduire en vie la profondeur de sa pensée théologique, sa fidélité à l’Évangile et le courage d’un témoignage de vie capable de conduire l’Église sur les chemins de la vérité, de la fraternité et de la paix.
Margaret Karram Présidente Mouvement des Focolari
[1] Visite du Card. Joseph Ratzinger à la rencontre des focolarines, réponses aux questions. Castel Gandolfo, le 8 décembre 1989. Archives Chiara Lubich dans les Archives Générales du Mouvement des Focolari. [2] Déclaration de Chiara Lubich in : Communiqué de presse Mouvement des Focolari, 20 avril 2005 [3] Les Mouvements dans l’Église. Actes du Congrès mondial des Mouvements ecclésiaux, Rome, 27-29 mai 1998, Coll. Laici oggi 2, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano 1999
Deux étapes décisives pour vivre des échanges culturels, susciter des parcours d’inclusion grâce à l’art et développer des talents musicaux. Yann Dupont est professeur en France. Il enseigne à l’Institut Sainte Catherine à Villeneuve-Sur-Lot. Il avait un rêve : emmener quelques élèves à Madagascar, à Moramanga, pour un échange culturel avec l’école d’Antsirinala. Il se trouve qu’un jour, Yann Dupont a rencontré Valerio Gentile du groupe Gen Rosso. Un dialogue vivant, simple et sincère. Une idée est née : pourquoi ne pas partir ensemble (le Gen Rosso et cinq de ses élèves à Madagascar), pour un échange culturel et humanitaire ? Aussitôt dit, aussitôt fait ! Les jeunes français ont donc été inclus dans le groupe de formation “train the trainer” auquel participaient également des jeunes intéressés par les arts du spectacle. Ils avaient pour devise les mots qu’ils ont ensuite mis en pratique lors des ateliers à Madagascar : « Vivre le respect mutuel, se mettre à la place de l’autre, vivre l’un pour l’autre avec joie, recommencer. » Un circuit de 8 jours en novembre – grâce au soutien financier de l’ONG Edugascar – dans quatre villes différentes : Ambatondrazaka, Moramanga, Antsirinala, Antingandingana. Les journées se sont déroulées entre des ateliers de danse, de percussion, de chant et des concerts. Plus de 500 jeunes ont été impliqués. « Nous pensons que nous avons tous fait ici, à Madagascar, l’expérience d’un monde plus solidaire », c’est le sentiment du Gen Rosso, « nous avons découvert un peuple qui transmet l’espoir, la patience, le sens de l’adaptation, la sérénité et le courage pour affronter la vie avec ses défis quotidiens. » Nancy Judicaelle, une jeune fille de Madagascar, se confie : « D’un côté, je suis triste que mon temps avec eux ait été si court, mais je suis très heureuse et profondément émue, et j’éprouve une joie inexplicable. » Angel, l’un des jeunes participants, ajoute : « Le concert a été formidable, car nous avons eu un échange sur la musique, l’éducation des plus jeunes, le respect de l’environnement. C’était un grand spectacle où les enfants aussi ont pu apporter leur contribution à l’ensemble de notre communauté. » Les cinq élèves français et le Gen Rosso ont poursuivi leur tournée, d’abord à Antsirinala où ils ont été accueillis – dans une ambiance très conviviale – par une école de 200 enfants et jeunes jumelés avec l’école de Villeneuve, puis à Ambatondrazaka. Ici la rencontre avec la communauté des Focolari fut très festive car c’était la première fois que le Gen Rosso débarquait à Madagascar. « J’ai vécu d’incroyables moments d’échanges culturels qui se sont déroulés de manière tout à fait naturelle entre le Gen Rosso et le peuple malgache plein d’humanité », raconte Nicolas Dumoulin, un reporter français qui a suivi le voyage, « y compris un groupe d’étudiants français qui étaient ici dans le cadre d’un échange. Ce fut pour eux une grande aventure de vie. » Étape libanaise Autre rendez-vous important pour le groupe international : le Liban, dans le cadre du projet HeARTmony. Après une expérience en Bosnie, ce programme de formation a fait une halte à Beyrouth en novembre pour les jeunes intéressés par les méthodologies d’inclusion sociale des migrants et des réfugiés à travers l’art. Une incitation à renforcer les compétences interculturelles et à réfléchir sur les causes et les effets de la migration en Méditerranée. Adelson, Michele, Ygor et Juan Francisco, représentant le Gen Rosso, ont rencontré des jeunes de Caritas Égypte, Caritas Liban et des membres d’Humanité Nouvelle Liban.
Ils ont atterri à Beyrouth et ont été chaleureusement accueillis par les membres les focolari. L’objectif principal du voyage était d’apprendre à utiliser la musique et l’art comme outils pour rassembler les gens, en particulier ceux qui vivent en marge de la société comme les migrants, afin qu’ils se sentent les bienvenus dans une communauté. « L’art est un moyen d’expression puissant », souligne M. Adelson du Gen Rosso, « la musique permet d’aller là où les mots ne suffisent souvent pas. Une personne peut se sentir aimée et répondre à l’amour de nombreuses façons. » La même méthode est reprise : à travers des ateliers de chant, de musique et de percussion, les talents des participants sont mis en valeur en vue de construire le spectacle final. Un soir, le groupe et les participants au projet ont été invités à une fête organisée par la communauté des Focolari de Beyrouth : faire de la musique et apprendre à se connaître. C’était l’occasion de partager des expériences de vie et d’en savoir plus sur la réalité que vivent les jeunes Libanais aujourd’hui. « Je veux quitter le pays, mais je sens que le Liban ne changera que si j’ai le courage de rester, si je mets en pratique ce que j’ai appris », a déclaré une jeune fille au cours de la soirée. « En ce moment, il est difficile de dire aux jeunes de rester, mais les mots de cette jeune fille m’ont profondément frappé », a poursuivi M. Adelson, « Je pense que c’est là que nous pouvons recommencer : mettre de l’amour dans ce que nous faisons, devenir les protagonistes de notre propre réalité. Peut-être ne verrons-nous pas les résultats immédiatement, mais je suis sûr que bientôt le Liban renaîtra, tel un “phénix” ! »
Lorenzo Russo
Les émotions vécues au cours d’une année inoubliable. Perspectives pour la nouvelle année Nous oublierons difficilement 2022. La guerre en Ukraine, comparable à un virus encore sans vaccin, nous a marqués chaque jour de cette année qui s’achève. Cependant, ce fut l’occasion pour de nombreux artistes de donner des messages de paix et d’espoir. C’est ainsi qu’est née la chanson « We Choose Peace » enregistrée par le groupe artistique international Gen Verde au début du conflit en Ukraine. Le vidéoclip, enregistré avec des jeunes de la cité de Loppiano et lancé pendant la Semaine du monde uni, a fait parler de lui tout au long de 2022, notamment lors de divers concerts en Europe. Le groupe a également enregistré une autre chanson « Walk On Holy Ground » , écrite spécialement pour les disciples de St Vincent de Paul mais aussi pour tous ceux qui se sentent appelés à suivre Jésus. « Me sentir regardée et aimée par Celui qui m’a choisie telle que je suis », dit la chanteuse vénézuélienne Andreína Rivera du Gen Verde, « m’a donné la force de continuer avec encore plus de conviction ». Cette année a également été marquée par le retour des concerts sur les places et dans les salles, avec des ateliers et des laboratoires, après un peu plus de deux ans d’arrêt dû à la pandémie. Le Gen Verde a donné plusieurs concerts en Italie et a effectué une tournée européenne spéciale. L’expérience la plus forte a été celle de la prison pour femmes de Vechta, en Allemagne. « Pour la première fois, j’ai été en mesure de ne pas me sentir en prison. C’était tellement beau », a déclaré une détenue à la fin du concert : « Je n’ai pas senti de différence, elles étaient comme nous ». Certaines d’entre elles avaient les larmes aux yeux. Elles nous ont vraiment comprises. Et encore : « De nombreuses chansons étaient si appropriées à notre situation, en particulier la chanson « On the other side » car elle aide à ne pas juger ceux qui sont différents de toi ». Une autre détenue souligne combien « le temps est passé si vite et nous ne voulions pas qu’il se termine ». Les paroles des chansons sont aussi mon passé et c’est pourquoi je ne me sens pas seule avec ma douleur. Maintenant, je sais que d’autres personnes avec les mêmes histoires, avec la même douleur, ont également réussi à trouver le bonheur ». Nous parlions du retour après la pandémie. Pour Gen Verde, il était passionnant de reprendre le « Start Now Workshop Project », c’est-à-dire de rencontrer les jeunes dans les ateliers d’art et de monter sur scène avec eux.
« C’était génial de rencontrer des jeunes de différentes régions d’Europe », confie Raiveth Banfield, une chanteuse panaméenne, originaire du Gen Verde. En partageant nos expériences, tant de lumière est revenue dans leurs yeux. Une confirmation que cela vaut la peine de vivre pour la fraternité universelle ». Ces mots font écho à ceux de deux jeunes filles slovaques : « Avant de venir, nous ne savions pas dans quoi nous nous engagions. Au début, nous ne voulions même pas sortir de nous-mêmes. Puis, dans les ateliers, nous avons découvert que nous avions tous tant de choses en commun, même si nous ne nous connaissions pas ou si nous ne pouvions pas nous comprendre à cause des différentes langues. Nous avons donc découvert que chacun d’entre nous a une petite lumière en lui, malgré quelques ténèbres. Cette expérience est inoubliable : nous la porterons en nous pour le reste de notre vie ». Gen Verde commence à entrevoir un 2023 plein de surprises et de nouveautés. « Nous nous préparons depuis plusieurs mois parce que l’année sera remplie de voyages, de tournées, de concerts et aussi de surprises », déclare Alessandra Pasquali, chanteuse et actrice italienne, « Nous ne pouvons pas encore révéler le contenu car il est en cours d’élaboration et il y a tellement de travail en cours ».
Lorenzo Russo
Info: https://www.genverde.it/
La prière n’est pas seulement le meilleur moyen de chercher Dieu mais, plus que tout, c’est être disposé à être trouvé par Lui. C’est de cette expérience de la grâce que vient notre force et c’est dans la prière que des jeunes du Pérou, confrontés à une situation douloureuse, ont trouvé la réponse. Comment vivre la prière ? C’est le thème sur lequel les communautés du mouvement des Focolari sont appelées à réfléchir cette année et qui a également joué un rôle de premier plan le 13 novembre 2022, lors de de la Journée Gen2day, qui a mobilisé les jeunes du mouvement des Focolari, reliés en streaming en direct depuis de nombreuses régions du monde. De nombreuses expériences ont souligné l’importance de la prière. On a retenu celle d’un groupe de Gen d’Arequipa (Pérou), relatée dans une vidéo par Verónica, Alejandra, Anel et Katy. « Nous voulons partager avec vous une expérience d’amour, d’unité et de prière que nous avons récemment vécue et qui concerne en particulier une Gen, une grande amie à nous, Pierina. Une semaine après son anniversaire, un événement inattendu se produit, une nouvelle qui choque tout le monde : Pierina tombe malade avec des conséquences très graves. Nous avons immédiatement compris la gravité de la situation et qu’il s’agirait d’un processus long et délicat. Nous étions très inquiets et avions l’impression d’avoir les mains liées. Que faire ? Soudain, une idée a jailli de nos cœurs : réciter un chapelet et une prière par l’intercession de la Bienheureuse Chiara Luce Badano pour la santé de Pierina. Avec la communauté des Focolari d’Arequipa, nous avons commencé tous les jours à 8 ou 9 heures du soir à nous réunir via le web. Nous avons pu voir comment, petit à petit, ce temps passé ensemble a porté des fruits inattendus, même en nous. Chaque soir, ce chapelet était notre force. Même si la situation continuait à être compliquée, nous avons tout mis dans les mains de Dieu : la santé de Pierina, sa guérison et aussi la force pour la famille. Les mois ont passé et il a été très agréable de voir comment Pierina est sortie des soins intensifs et a ensuite commencé un lent rétablissement. Cela nous a semblé être un signe que cette prière devait se poursuivre. Nous nous sommes rendu compte que ce précieux espace que nous nous étions réservé était devenu un moment d’unité entre nous, où chacun pouvait non seulement confier la vie de Pierina à Dieu, mais aussi apporter ses peines, ses fardeaux, partager et découvrir la beauté de la rencontre avec Dieu. C’était une très belle expérience, qui, aujourd’hui encore, est une force pour nous tous. »
Propos recueillis par Maria Grazia Berretta
Vinu Aram, directeur de l’Ashram Shanti, visite le Centre International du Mouvement des Focolari (Rocca di Papa – Rome). Un moment de grand partage, rappelant le précieux héritage que la rencontre avec Chiara Lubich lui a laissé : vivre en unité pour un monde meilleur ; une occasion spéciale pour souhaiter un joyeux Noël à tous ceux qui se préparent à vivre cette fête. « Je crois que notre voyage continue d’avoir une grande signification. Il suffit de penser aux premières graines que nous avons semées, au travail que nous avons accompli ensemble et au désir constant d’un monde pacifique. Où en sommes-nous ? Pensez à une famille où chacun a sa particularité, mais où il y a aussi une cohésion. Nous nous faisons confiance, avec respect et beaucoup d’amour ». Ce sont les mots de fraternité utilisés par Viru Aram, indienne et hindoue, directrice du Centre International Shanti Ashram, amie et collaboratrice de longue date du mouvement des Focolari. Sa récente visite à Margaret Karram, présidente des Focolari, le 23 novembre 2022 au Centre International du Mouvement à Rocca di Papa (Italie), a été l’occasion de renforcer ce lien, de réfléchir ensemble à certains des problèmes qui affligent notre époque et d’envisager des voies communes pour rendre le monde meilleur. Vinu, que pensez-vous que le monde ait vraiment besoin aujourd’hui ? Je pense qu’il a besoin d’une écoute véritable et sincère. Ce qui nous est demandé aujourd’hui, c’est de l’humanité et l’humanisation de notre expérience vécue. Nous avons fait beaucoup, parfois bien, mais le coût a parfois été élevé. Nous sommes au beau milieu de ce que nous avons appelé un confluent de crises et la pandémie de la COVID-19 a tout exacerbé. Le virus n’a pas fait de discrimination, mais dans un monde inégal, il a prospéré. Je crois que nous devons agir, forts de tout ce que nous avons fait de bien, mais aussi éclairés par ce que nous pouvons faire de mieux : le respect de l’environnement, de la vie humaine et de son caractère sacré. Notre mode de vie, notre façon de gouverner et de partager les ressources impliquent une responsabilité envers nos enfants. Ils sont notre présent et notre avenir. Il est nécessaire de faire les choses non seulement différemment, mais en tenant compte des intérêts de tous. Aujourd’hui, il y a tant de pays et de régions du monde touchés par la violence et les conflits, dont certains sont oubliés. En tant qu’enseignante, quel message donnez-vous à vos jeunes ? Celle de faire naître en eux une mentalité de paix, afin que non seulement les nations et les communautés puissent travailler pour la paix, mais aussi les peuples eux-mêmes. La paix est la base fondamentale sur laquelle la prospérité progresse. Mais si l’on regarde le monde, les indicateurs de violence l’emportent sur ceux de la vie pacifique. Que ce soit dans la sphère sociale, économique ou autre. Et chaque conflit dans le monde porte atteinte à la dignité essentielle de la vie humaine. Ce qu’il faut, ce sont des récits de paix. Les gens doivent croire que c’est possible. Nous avons besoin d’expériences vécues à partir desquelles les jeunes et les enfants peuvent dire : « Ah, si ça marche, on peut le faire aussi ». Nous avons besoin de structures justes, d’un partage et d’un dialogue de la plus haute qualité, sincères, menant réellement à la transformation. Ainsi, comme le disait souvent le Mahatma Gandhi, nous pouvons secouer le monde en douceur.
Maria Grazia Berretta
Activer les sous-titres français https://youtu.be/Sm3O6PbLE1A?list=PLKhiBjTNojHqtFwgi5TYI3T7zRvAuOZiD
L’Avent est un temps de recueillement, d’attente, et c’est un temps qui nous réveille de la torpeur, nous surprenant avec l’incarnation d’un Dieu qui se fait « petit » pour venir habiter parmi nous. Le mystère de Noël nous ramène au concret ; en accueillant l’enfant Jésus dans nos vies, chacun de nous peut se convertir à nouveau et regarder avec gratitude sa vie quotidienne. Une charité toujours nouvelle Depuis le début du conflit en Ukraine, nous participons à la collecte de nourriture et de vêtements et à l’accueil des réfugiés. Une chaîne de prière pour la paix s’est mise en route dans la paroisse. Nous avons accueilli une mère ukrainienne avec ses deux enfants. Pour ce qui est de la langue, basée sur la souche slave, nous n’avons aucun problème, mais pour l’anglais, c’est presque de l’espéranto ! Comment organiser la vie de personnes complètement désorientées ? Nous sommes déjà cinq dans la famille et nous avons demandé à notre famille et aux amis de nous aider pour nos hôtes. Il s’agit aussi d’organiser les espaces, ce que nous n’avions jamais fait auparavant. Après les premiers jours, faciles à cause de la nouveauté mais difficiles autrement, nous avons remarqué chez nos enfants, tous adolescents, un sens des responsabilités qu’ils n’avaient pas montré auparavant : aider aux tâches ménagères, faire les courses, accompagner quelqu’un chez le médecin, enseigner quelques mots de slovaque, cuisiner, repasser. La douleur de nos invités est l’incertitude, le manque d’horizon. Accueillir cette douleur sourde n’est pas seulement une bonne façon d’aider quelqu’un, mais cela nous aide à mieux vivre notre foi et à la transformer en une charité toujours nouvelle. (J. et K. – Slovaquie) Dieu te rend visite En tant que veuf, j’avais perdu mes repères pour l’avenir. Mes deux filles avaient quitté la maison et avaient leur vie devant elles. Me remarier ? Mais mon problème n’était pas seulement l’absence d’une compagne ; la grande question portait sur le sens de la vie. J’ai commencé à boire de plus en plus. Un jour, un jeune bangladais a frappé à ma porte pour me vendre des chaussettes. Me voyant dans un état pitoyable, il me proposa de réorganiser la cuisine et commença à laver les piles de vaisselle jusqu’à ce qu’un semblant d’ordre soit créé. En buvant le café qu’il m’avait préparé, je lui ai demandé de parler de lui. Il était en Autriche pour chercher du travail afin de soutenir ses parents âgés et un frère malade. Bref, quelques jours plus tard, il a emménagé chez moi. En plus de me donner un coup de main pour les tâches ménagères, je lui ai trouvé d’autres petits boulots chez des amis. Dès qu’il voyait que je commençais à m’inquiéter, ce jeune simple et bon essayait de me distraire. Je peux dire qu’il m’a sauvé. Grâce à lui, je sens que Dieu est venu vers moi, qu’il est venu me rendre visite. (F.H. – Autriche)
Sous la direction de Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VIII, no.2, novembre-décembre 2022)
Message de Margaret Karram, présidente du mouvement des Focolari, à l’occasion du Saint Noël 2022 Activer les sous-titres français https://www.youtube.com/watch?v=YGt4KlwM9N8 Je voudrais adresser à chacun de vous mes meilleurs vœux de Noël et je le fais à travers ce poème que j’ai écrit ces jours-ci. Viens Seigneur Jésus, hâte-toi de venir, le monde entier ne résiste plus ! Une nuit profonde s’est abattue ici-bas. La comète a disparu du ciel azur. Qui nous guidera désormais jusqu’à Bethléem pour y rencontrer le Prince de la Paix ? Qui nous aidera à rallumer dans les cœurs un amour enflammé qui rayonne jusqu’à devenir art ? C’est Noël ! Reviens, reviens Seigneur Jésus. Nous voulons t’accueillir comme jamais auparavant. Plus qu’hier nous voulons te reconnaître en ceux qui souffrent. Dans le pauvre, le solitaire, le désespéré, le malade, l’abandonné. Donne-nous d’entendre le cri de ceux qui n’espèrent plus, de ceux qui ne croient plus ! Donne-nous d’être des personnes de paix. Donne-nous le courage, l’audace de faire écho aux anges et comme eux d’annoncer : joie, espérance, sérénité, fraternité !
Margaret Karram
Dans quelques jours c’est Noël. Une fête qui nous donne l’occasion de nous retrouver en famille et de raviver les relations, au-delà des lumières et des cadeaux. Dieu se fait enfant et naît dans la pauvreté d’une crèche. À Noël 1986, Chiara Lubich a invité les communautés des Focolari à aller vers ceux qui souffrent le plus. Aujourd’hui encore, de nombreux frères et sœurs vivent des situations de souffrance et attendent notre soutien, notre partage. […] Aujourd’hui l’atmosphère chaleureuse de Noël nous amène à sentir davantage que nous formons une famille, que nous sommes ‘’un’’ entre nous plus que d’habitude, plus frères et sœurs et donc à tout partager, joies et peines. Peines surtout, avec ceux qui, pour les raisons les plus variées passent ce Noël en tête à tête avec la souffrance […]. La souffrance ! Celle qui, par moments, envahit complètement les personnes ou bien, celle qui nous effleure et qui, au sein de nos journées, mêle l’amertume à la douceur. La souffrance ! Une maladie, un malheur, une épreuve, une circonstance douloureuse… La souffrance ! […] Si l’on considère la souffrance d’un point de vue seulement humain, on est tenté d’en chercher la cause en nous ou en dehors de nous, dans la méchanceté humaine, par exemple, ou dans la nature, ou ailleurs. […] Tout cela est peut-être vrai, mais si nous nous limitons à le voir ainsi, nous passons à côté de l’essentiel. Nous oublions que Dieu, avec tout son amour, est derrière la toile de fond de notre vie. Et il veut ou permet tout cela pour quelque chose de plus grand : notre bien. […] Jésus, après nous avoir invités à prendre notre croix pour le suivre, n’affirme-t-il pas : « Celui qui aura perdu sa vie (et c’est le point culminant de la souffrance) la sauvera. » (Mt 10, 39) ? La souffrance est donc espérance de Salut. […] Que dire alors aujourd’hui à ceux qui sont aux prises avec la souffrance […] Approchons-les tout d’abord avec un immense respect : même si eux-mêmes ne le savent pas en ce moment, ils sont visités par Dieu. Ensuite, dans la mesure du possible, partageons leurs croix, en gardant réellement avec eux la présence de Jésus au milieu. Assurons-les aussi que nous pensons toujours à eux et que nous prions pour eux afin qu’ils parviennent à accueillir directement de la main de Dieu ce qui les angoisse et les fait souffrir, et qu’ils puissent unir tout cela à la Passion de Jésus, pour le faire fructifier au maximum. […] Et rappelons-leur ce merveilleux message chrétien de notre spiritualité, selon lequel une souffrance aimée, après y avoir reconnu le visage de Jésus crucifié et abandonné, peut se transformer en joie. […] Que notre Noël soit donc […] : partager chacune de leurs souffrances avec nos frères et sœurs les plus éprouvés et offrir les nôtres à l’Enfant-Jésus.
Chiara Lubich
https://www.youtube.com/watch?v=INdVGzkooxM&list=PL9YsVtizqrYuPplndUBmmTmwGFdORetoC
Le Centre Evangelii Gaudium (CEG), ouvre les inscriptions pour le cours de formation sur la synodalité, une contribution concrète pour répondre à l’appel de l’Église à cheminer ensemble.
Le Centre Evangelii Gaudium (CEG), un centre de formation au sein de l’Institut universitaire Sophia, se prépare, en 2023, à lancer un cours de formation sur la synodalité, un parcours de formation développé en synergie avec le Secrétariat général du Synode et en collaboration avec d’autres centres de formation et instituts universitaires en Italie et au-delà. Mais pourquoi parler de synodalité ? Le professeur Vincenzo di Pilato, maître de conférences en théologie fondamentale à la Faculté de théologie des Pouilles en Italie et coordinateur du CEG, nous l’explique.
Prof. Vincenzo di Pilato
« Le 16 octobre dernier, le pape François a communiqué sa décision de tenir la prochaine XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des évêques en deux sessions. ‘Cette décision, lit-on dans le communiqué de presse, découle du désir que le thème de l’Église synodale, en raison de son ampleur et de son importance, puisse faire l’objet d’un discernement prolongé non seulement par les membres de l’Assemblée synodale, mais aussi par l’Église tout entière’. C’est le défi que le Cours veut relever : combiner au mieux le fait de cheminer ‘ensemble’ et de ‘tous’ cheminer. Nous en faisons l’expérience au niveau des diocèses, des paroisses, des mouvements, des congrégations, partout : la synodalité sans vie dans l’Esprit se réduit à un assembléisme qui sonne faux et est peu concluant. Nous avons besoin de « maisons et d’écoles de communion », mais aussi de « gymnases de synodalité » pour apprendre à écouter et à suivre l’Esprit Saint. Facile à dire ! Le Cours voudrait se mettre au service de cet autre défi : rapprocher l’expérience spirituelle des sciences théologiques et humaines. C’est ce que souhaitent les Dicastères pontificaux, en particulier ceux engagés dans le domaine de la formation, qui ont suggéré à plusieurs reprises des cours de ce type ouverts à toutes les vocations. Le Secrétariat Général du Synode lui-même a été particulièrement impliqué dans cette initiative. Nous aurons en effet l’honneur d’ouvrir le Cours avec le cardinal secrétaire Mario Grech le 17 janvier 2023. Professeur, comment se déroulera ce cours et à qui s’adresse-t-il ?
Il s’agit d’une formation de trois ans. Il se déroule sur quatre périodes de l’année (trois modules académiques et une rencontre résidentielle), traitant de sujets en phase avec le processus synodal en cours. On peut s’inscrire pour l’année entière ou pour un seul module. La langue officielle sera l’italien, mais avec des traductions simultanées en espagnol, portugais et anglais. Il s’agit d’un cours destiné à tous les membres du peuple de Dieu, des évêques aux agents pastoraux, des prêtres aux religieuses, des séminaristes aux laïcs. Pour cette année, par prudence, nous gardons le cours en ligne. Nous recommandons – dans la mesure du possible – la participation de groupes de la même communauté, paroisse, diocèse afin de faire du Cours un véritable « gymnase de la synodalité ». Deux ou plusieurs participants, qui peuvent dialoguer entre eux dans un style synodal, deviendront également des ‘multiplicateurs’ du cours, ou de ses thèmes principaux, dans la communauté où ils sont insérés. Lors d’une rencontre avec les différentes réalités ecclésiales liées au mouvement des Focolari, le coprésident, Jesús Morán, a parlé de la spiritualité de la communion (en citant le Novo Millenium Ineunte de saint Jean-Paul II) et de la synodalité comme deux moments liés mais distincts. Pouvez-vous développer ce concept ? Nous nous préparons pour le prochain Jubilé en 2025 avec un parcours synodal prolongé sans précédent dans l’histoire de l’Église. Au lendemain du dernier Jubilé, en 2000, saint Jean-Paul II a reconnu que « beaucoup a été fait depuis le Concile Vatican II, y compris en ce qui concerne la réforme de la Curie romaine, l’organisation des Synodes, le fonctionnement des Conférences épiscopales. Mais il reste certainement beaucoup à faire »(NMI, 44). Que voulait-il dire par « beaucoup reste à faire » ? Je crois qu’il ne s’agissait pas pour lui d’une expression rhétorique, mais d’une expression prophétique. En 2015, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’institution du Synode des évêques, le pape François s’est exprimé ainsi : « Le chemin de la synodalité est le chemin que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire ». Voilà la convergence mutuelle inspirée entre ces deux Jubilés : d’une part, la ‘’spiritualité’’ de la communion pour pénétrer dans la plus haute contemplation du mystère de Dieu Trinité gardé à l’intérieur de chaque créature et parmi toutes les créatures ; d’autre part, la synodalité comme “chemin” pour rester, à l’exemple de Jésus et de Marie, mélangés entre tous, participant « à cette marée quelque peu chaotique qui peut se transformer en une véritable expérience de fraternité, en une caravane de solidarité, en un saint pèlerinage » (Evangelii gaudium 87). Il est donc clair qu’il n’y a pas de spiritualité de communion sans synodalité et vice versa. La communion jusqu’à l’unité est le mystère de Dieu qui nous est révélé par Jésus Crucifié-Ressuscité et qui est présent pour toujours dans le destin de l’humanité ; la synodalité est le chemin qui nous permet de le rendre visible « afin que le monde croie » (Jn 17,21). Qu’est-ce que cela signifie concrètement pour chacun d’entre nous et quelles sont les étapes pour vivre cet appel ? Tout d’abord, le sentiment de faire partie d’un seul peuple, et non d’un groupe d’individus placés les uns à côté des autres comme des quilles sur un jeu de quilles ou des passagers dans une cabine d’ascenseur. S’adressant aux jeunes, le Pape François l’a expliqué ainsi : « Quand nous parlons de ‘peuple’, nous ne devons pas entendre les structures de la société ou de l’Église, mais plutôt l’ensemble de personnes qui ne cheminent pas en tant qu’individus, mais bien comme étant le tissu d’une communauté de tous et pour tous, qui ne peut pas permettre que les plus pauvres et les plus faibles soient laissés pour compte : « Le peuple veut que tous participent aux biens communs et pour cela accepte de s’adapter au rythme des derniers pour arriver tous ensemble » (Christus Vivit, 23). Et voici : cheminer ensemble sans laisser personne derrière, en reconnaissant la présence du Christ dans tous ceux qui nous croisent. C’est cela la racine de l’égale dignité et liberté de chacun d’entre nous. Se sentir un seul peuple est la prémisse, mais aussi le but de la synodalité, tout comme Jésus est, en même temps, le Chemin et notre compagnon de voyage. En chaque membre du peuple de Dieu habite l’Esprit Saint, comme dans un temple, et la seule loi entre tous doit être le commandement nouveau d’aimer comme Jésus lui-même nous a aimés (cf. Jn 13,34). Nous espérons que le Cours sera un bout de chemin parcouru ensemble avec le regard tourné aux confins du Royaume de Dieu que nous rencontrons chaque fois qu’il y a un voisin à aimer.
Maria Grazia Berretta