Un projet d’échange culturel fait tomber les barrières entre les migrants haïtiens et la communauté de La Romana en République Dominicaine. La République Dominicaine est un pays situé au milieu de la mer des Caraïbes. Elle partage le territoire de l’île d’Hispaniola avec Haïti. Historiquement, elle a un intérêt culturel pour tout le continent américain puisque c’est là que Christophe Colomb a débarqué lors de son premier voyage. Les deux pays partagent des racines culturelles et historiques mais présentent également des contrastes qui les séparent depuis des siècles. Haïti est le pays le plus pauvre des Amériques. L’instabilité politique et la violence interne ont poussé des milliers de personnes à émigrer vers d’autres pays. Chaque année, des milliers de migrants traversent la frontière entre Haïti et la République dominicaine en quête d’un avenir meilleur, ce qui crée des tensions entre les deux nations. « On estime à 2 millions le nombre d’Haïtiens en République dominicaine. Ils viennent principalement pour travailler dans la culture de la canne à sucre car il y a plusieurs usines sucrières ici », explique Modesto Herrera, un médecin qui fait partie de la communauté des Focolari en République Dominicaine. Bien qu’il existe un échange mutuel entre ces peuples voisins, il subsiste également des tensions latentes et des discriminations à l’encontre des Haïtiens vivant en République Dominicaine. L’un des principaux obstacles est la langue car en République Dominicaine, la langue est l’espagnol tandis on qu’on parle le créole à Haïti. Il y a quelques années, la communauté des Focolari de La Romana a lancé un projet visant à créer des liens de fraternité avec les migrants haïtiens vivant dans les villes proches. « Nous travaillons dans la paroisse où se trouve un Batey, c’est une petite communauté peuplée principalement d’Haïtiens », explique Sandra Benítez, une femme d’affaires. Bien que la plupart n’aient jamais visité le Batey parce qu’il s’agit d’une zone éloignée de la ville où vivent principalement des migrants haïtiens, ils ont décidé, avec des jeunes et d’autres membres de la communauté, de briser la barrière qui les avait divisés pendant des années et ont commencé à se rendre visite pour apprendre à se connaître. Peu à peu, ils ont découvert que la communauté haïtienne avait besoin d’être intégrée dans la société. La Romana est connue pour son industrie textile. « Nous avons vu le potentiel des jeunes et nous avons décidé de travailler dans l’industrie textile » explique Cristian Salvador Roa qui enseigne la couture à la communauté haïtienne. Il ajoute : « J’éprouve une grande satisfaction à voir qu’un jeune ne gaspille plus sa jeunesse mais qu’il tire le meilleur parti de sa vie en faisant quelque chose de productif ». « Le meilleur témoignage que nous puissions donner est que, face à la barrière de la langue et des prédispositions sociales, nous découvrons, lorsque nous brisons cette barrière, la grande richesse que nous trouvons dans une culture et dans la coexistence humaine avec une autre personne », conclut Concepción Serrano, ingénieur industriel.
Tout passe, même la vie. Seul l’Évangile restera pour toujours car il ne subit pas l’usure du temps. Aujourd’hui, 14 mars 2022, à 14 ans de la disparition de Chiara Lubich,nous publions ce passage dans lequel elle confie l’Évangile à ceux qui la suivent sur la voie de l’unité. Une invitation à vivre la Parole dans toutes nos actions quotidiennes. Une pensée revient constamment dans mon âme : « À ceux qui te suivent ne laisse que l’Évangile. Si tu agis ainsi, l’Idéal de l’unité restera. Il est évident qu’à l’époque où tu vis et où les autres vivent, les idées, les phrases, les slogans qui mettaient l’Évangile en prise avec l’époque moderne ont été utiles. Mais ces pensées, ces maximes, presque des « paroles de vie », passeront. Lorsque l’unité entre les chrétiens sera sur le point d’être réalisée, on ne parlera plus d’œcuménisme. Lorsqu’une certaine unité sera rejointe dans le monde, on ne parlera plus d’homme-monde[1] comme un idéal à suivre. Lorsque le monde en majorité athée aura été pénétré par la réalité de Dieu, l’athéisme ne viendra plus autant en évidence. La spiritualité de l’unité elle-même, qui est aujourd’hui un remède pour notre époque, lorsqu’elle aura atteint son but, sera mise aux côtés de toutes les autres qui sont les différents charismes que Dieu a donnés à son Église tout au long des siècles. Ce qui reste et restera toujours, c’est l’Évangile qui ne subit pas l’usure du temps : « Les cieux et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Mt 24,35). Ici, il s’agit de toutes les paroles de Jésus. Je comprends que nous devons sans aucun doute adhérer de toutes nos forces au temps, à l’époque dans laquelle nous vivons et suivre les inspirations particulières que Dieu nous donne, pour porter le Royaume de Dieu et le former en nous et en ceux qui nous ont été confiés. Mais nous devons le faire avec ce sens du transitoire avec lequel nous vivons la vie, en sachant qu’existe la Vie éternelle d’où est venu l’Évangile annoncé par Jésus. Dans notre cœur, nous devons mettre au deuxième rang toutes les idées, les façons de faire utiles, mais non évangéliques et renouveler constamment notre foi dans l’Évangile qui ne passe pas.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, in La Parola di Dio, Città Nuova 2011, p. 112-113) [1] L’expression – créée par Chiara Lubich dans ses conversations avec les jeunes – se réfère à l’impératif d’élargir notre cœur et notre esprit à la mesure donnée par Jésus Abandonné, afin de devenir des personnes capables de contribuer efficacement à l’unité du monde (cf. C. Lubich, Lettre ouverte aux jeunes, entretiens avec les Gen2, tome 1p.48).
Après une première journée à la Faculté de théologie d’Italie Centrale, la conférence « Le concile Vatican II et le charisme de l’unité de Chiara Lubich » s’est achevée à Florence, dans le cadre splendide du ‘Palazzo Vecchio’. Un événement qui, de la synodalité à l’engagement pour la paix et le dialogue entre les hommes et les peuples, s’inscrit dans un débat d’une extraordinaire actualité. La grande saison des nouveaux mouvements ecclésiaux, qui a connu son apogée sous le pontificat de Jean-Paul II, trouve certainement son origine dans la période préconciliaire. Elle a ensuite trouvé sa raison d’être dans le Concile du Vatican, notamment dans la valorisation du laïcat catholique et la redéfinition de la présence de l’Église dans le monde (Lumen Gentium), ainsi que dans la centralité de la Parole partagée en communion (Dei Verbum). La période post-conciliaire a ensuite permis l’explosion numérique et qualitative de ces mouvements, valorisés dans leur naissance et développés par Paul VI, puis applaudis et soutenus avec son magistère par le pape polonais. Une histoire d’unité et de distinction, en particulier dans l’Église de la seconde moitié du XXe siècle, qui a trouvé son expression la plus mûre dans le charisme de Chiara Lubich, un charisme au service de l’unité de l’Église et de l’humanité. Comme témoignage de la pertinence du charisme au service de l’unité, dans la situation actuelle complexe et parfois convulsive, la conférence s’est inscrite dans le grand mouvement de solidarité avec les victimes de la guerre en Ukraine et avec tous les hommes et femmes de paix qui travaillent en Ukraine et en Russie, en Europe et en Asie, partout. Le conseiller Alessandro Martini nous l’a rappelé le jour où la ville de Florence a accueilli une manifestation internationale pour la paix. Pour ces raisons, étant donné que le Mouvement des Focolari apparaît comme le premier et le plus répandu des mouvements ecclésiaux de la période conciliaire, à l’occasion du centenaire de la naissance de sa fondatrice – reporté ensuite deux fois à cause de la pandémie – une conférence internationale a été organisée par l’Institut universitaire Sophia et le Centre Chiara Lubich avec le titre explicatif : « Le Concile Vatican II et le charisme de l’unité de Chiara Lubich : Dei Verbum et Lumen Gentium ». Lieu : Florence. Date : 11 mars 2022 à la Faculté de théologie d’Italie centrale et 12 mars au ‘Palazzo Vecchio’, dans le ‘Salone dei Cinquecento’. La conférence était parrainée par la ville de Florence, avec la participation de l’Association théologique italienne, de la Faculté de théologie d’Italie centrale, de l’Institut Paul VI, du Centre international d’étudiants Giorgio La Pira, de Città Nuova, de l’École Abbà et évidemment du Mouvement des Focolari. Le comité scientifique était composé d’Alessandro Clemenzia (FTIC), Piero Coda (IUS), et, pour le Centre Chiara Lubich, de Florence Gillet, João Manoel Motta et Alba Sgariglia. Lors de la clôture de l’assemblée vaticane, en novembre 1965, Chiara Lubich résume dans une prière pleine de sens ce qui est peut-être le résumé le plus évident du Concile, l’Église qui naît de la présence de Jésus parmi les siens : « Ô Esprit Saint, fais-nous devenir, par ce que tu as déjà suggéré dans le Concile, une Église vivante : c’est notre seul désir et tout le reste converge à cela ». C’est dans cet esprit que la conférence s’est fixé pour objectif de lancer une enquête approfondie visant à saisir, d’une part, si et comment le message du Concile a trouvé un lieu d’interprétation et de développement fécond dans l’expérience suscitée par le charisme au service de l’unité ; et, d’autre part, si et comment la floraison de la vie ecclésiale promue par le charisme de l’unité a été rendue possible et propice par l’horizon ouvert par Vatican II. Dans cette première étape, l’attention s’est concentrée sur Dei Verbum et Lumen Gentium, afin de mettre en évidence les profils de convergence et les apports de la doctrine conciliaire et de l’inspiration du charisme de l’unité autour du lien crucial par lequel l’Église naît et grandit en tant qu’incarnation historique, dans le souffle de l’Esprit, du Verbe qui « s’est fait chair »(Jn 1,14). Le programme de la conférence était particulièrement dense, comme cela arrive souvent lorsqu’il est le résultat d’un sérieux travail de conception et de préparation. Un flot de paroles qui, peu à peu, a pris tout son sens, grâce à l’apport pluriel des universitaires. Le premier jour, Piero Coda, ancien doyen de l’Institut universitaire Sophia (« Une coïncidence chronologique et kairologique : un conseil et un charisme. Pour un discernement théologique de la corrélation entre Vatican II et le charisme de l’unité »), Paolo Siniscalco de l’Université ‘La Sapienza’de Rome (« Chiara Lubich au temps de Vatican II ») et le théologien istrien-pisan Severino Dianich (« L’événement du Concile Vatican II : sacrement… de l’unité de tout le genre humain »). Coda a souligné comment le charisme au service de l’unité a apporté une contribution très décisive à l’histoire de l’Église sur le chemin de la communion fondée sur le Christ crucifié, abandonné et ressuscité. Siniscalco, pour sa part, a sagement et historiquement retracé les différents passages de l’aventure existentielle de Chiara Lubich avant, pendant et après le Concile Vatican II. Dianich, en revanche, a donné, avec la clarté et la franchise qu’on lui connaît, une interprétation de Vatican II comme berceau d’une réinterprétation plus séculaire et communautaire de l’Évangile. Le samedi 12, la conférence s’est déplacée dans un cadre civil, après la première session qui s’est déroulée dans un cadre ecclésial, comme pour réaffirmer la double valeur opérationnelle du charisme au service de l’unité. Dans le cadre prestigieux du ‘Palazzo Vecchio’, dans la ‘Sala dei Cinquecento’, où se sont tenus plusieurs congrès des Focolari depuis 1964, et où Chiara Lubich elle-même a reçu la citoyenneté d’honneur de Florence en 2000, l’actuelle Présidente des Focolari, Margaret Karram, a ouvert la réunion en soulignant l’importance du lieu florentin, en mémoire de Giorgio La Pira, le saint maire, homme de paix et de ‘’l’Église vivante’’. En son nom, déjà en 1974, avec le cardinal Benelli, Chiara Lubich avait fondé le Centre international d’étudiants Giorgio La Pira, reliant ainsi de manière indissociable son nom à la ville sur l’Arno. Florence, donc, comme ville de paix, avec des liens privilégiés avec le Moyen-Orient dont est originaire Margaret Karram, une palestinienne avec un passeport israélien. « Nous travaillons pour tisser partout des relations de paix, le bien le plus précieux que l’humanité puisse avoir », a déclaré la Présidente des Focolari. Le cardinal Giuseppe Betori, absent pour raisons de santé, a fait écho aux dires de Margaret Karram, dans son message : « L’expérience du dialogue, à tous les niveaux, qui a caractérisé la vie de Chiara Lubich, s’est appuyée sur une intuition évangélique du rapport entre intériorité et extériorité, où la relation avec l’autre est le prolongement causal et conséquent de l’union intime avec Dieu ». Alors que la conférence se poursuivait au Palazzo Vecchio, Vincenzo Di Pilato (FTP), parlant de la Dei Verbum, a abordé le thème avec un timbre éminemment théologique : « L’alphabet pour connaître le Christ . La Parole de Dieu, un événement permanent du salut dans la Dei Verbum ». Florence Gillet, du Centre Chiara Lubich, a quant à elle traité un thème à la frontière entre l’histoire et l’ecclésiologie : « La Parole de Dieu en Chiara Lubich : la présence vivante du Christ qui engendre l’Église ». Elle a été suivie d’une table ronde avec Giovanna Porrino (IUS) sur « La Parole dans la vie de l’Église », Declan O’Byrne (IUS), « La Parole et l’Esprit », Angelo Maffeis (FTIS) sur « La Parole de Dieu comme principe d’unité » et avec le théologien évangélique Stefan Tobler (USBL) sur « Une mystique de la Parole comme chemin vers l’œcuménisme ». Cette session a été suivie par la troisième et dernière session de la conférence, consacrée à LumenGentium, avec une intervention très attendue de Mgr Brendan Leahy (évêque de Limerick, Irlande) sur « L’Église et le principe marial ». La table ronde suivante a vu les interventions d’Alessandro Clemenzia (FTIC / IUS), « L’Église à partir de la Trinité », d’Assunta Steccanella (FTT/TV), « Le peuple messianique », d’Erio Castellucci, évêque de Modena-Nonantola et vice-président de la CEI, « Collégialité épiscopale et synodalité de l’Église » et de Cristiana Dobner (Carmélite déchaussée), « Les charismes dans la mission de l’Église ». Enfin, la théologienne Yvonne Dohna Schlobitten, de l’Université Grégorienne, est intervenue sur le thème « Une icône de l’ecclésiologie de Vatican II ». Les 11 et 12 mars, la ‘Sala dei Cinquecento’, pleine de symboles guerriers dans les grandes peintures murales, a entendu les paroles de paix de La Pira, Bargellini et de la Lubich, et a ainsi accueilli un événement qui a montré comment l’Église et la société civile peuvent témoigner de la communion et du dialogue, en stimulant la politique à prendre pour horizon la paix et sa construction.
Les 6 et 7 mars 2022, la Présidente et le Coprésident des Focolari se sont rendus à Sassello (Italie), lieu de naissance de la bienheureuse. Une rencontre intime et personnelle avec Chiara Luce et avec la Fondation qui protège et promeut sa mémoire. Il y a un avant et un après la visite de Sassello, le lieu de naissance de Chiara “Luce” Badano dans la province de Savone (Italie). La jeune bienheureuse a beau être connue à travers des livres, des documentaires ou sa forte présence sur les réseaux sociaux, mais si vous avez la chance de pouvoir vous rendre à Sassello, tout change : au cimetière, ou au contact de sa maman Maria Teresa, des témoins et amis qui l’ont connue, le rapport avec elle prend immédiatement une autre dimension : celle d’une rencontre personnelle. C’est ce qui est arrivé à Margaret Karram et Jesús Morán les 6 et 7 mars derniers, au cours de l’un des premiers voyages effectués par la présidente et le coprésident du mouvement des Focolari, un an après l’assemblée qui les a élus. Il s’agissait d’une visite privée, née du désir de rencontrer Chiara Luce, mais pas seulement. « Au cours de ces journées, j’ai saisi le côté extraordinaire de Chiara Luce, les racines de sa sainteté », a commenté la présidente, qui a pu embrasser Maria Teresa Badano, connaître l’évêque d’Acqui, Mgr Luigi Testore, ainsi que les membres de la Fondation Chiara Badano. Ce furent des journées importantes, vécues dans une atmosphère très chaleureuse de dialogue et de partage pour reconstruire des relations de confiance, de collaboration, avec un regard commun sur de nombreux défis et projets à venir. Une visite brève, certes, marquée par les précieux souvenirs de Maria Teresa, qui a rappelé des épisodes de la vie quotidienne de Chiara Luce, comme son ouverture constante et totale à l’accueil de tous ceux qui venaient lui rendre visite, et cela jusqu’aux derniers jours de sa vie. Au cimetière, lors d’un tête-à-tête avec Chiara, « nous lui avons confié, tout d’abord, la paix en Ukraine et dans les nombreux endroits où les conflits ne sont pas sous les feux de la rampe médiatique – a déclaré Jesús Morán – et ensuite tous les jeunes pour lesquels elle est un modèle extraordinaire et extrêmement nécessaire, aujourd’hui plus que jamais. »
Les 11 et 12 mars 2022, au cœur de Florence (Italie), se tiendra le Congrès intitulé « Le Concile Vatican II et le charisme de l’Unité de Chiara Lubich », un événement né de la collaboration entre le Centre Chiara Lubich et l’Institut universitaire Sophia; il pourra être suivi en live streaming en italien et en anglais. Les 11 et 12 mars 2022, Florence, berceau de la Renaissance, sera le cadre du colloque intitulé LeConcile Vatican II et le charisme de l’Unité de Chiara Lubich. A partir d’une analyse attentive de l’événement conciliaire, le Congrès se propose d’aller au cœur de ce parcours itinérant, un moment qui, après avoir été fixé dans l’histoire, se réalise dans le temps. Deux journées intenses ouvriront, grâce à la présence de nombreuses personnalités et autorités, un chemin d’investigation et d’approfondissement, mettant en évidence le lien vital entre le charisme de la fondatrice des Focolari et Vatican II. Trois sessions avec des titres significatifs : Une coïncidence chronologique et kairologique : un Concile et un charisme ; la Parole devient Église ; l’Église devient Parole. Vincenzo Di Pilato, professeur de théologie fondamentale à la Faculté de théologie des Pouilles, et Florence Gillet du Centre Chiara Lubich, théologienne et spécialiste de la fondatrice des Focolari, parmi les voix de cette conférence, répondent à quelques questions sur l’événement. Prof. Di Pilato, sur quoi, en particulier, ce moment d’échange peut-il faire la lumière ? Selon l’intention initiale, la conférence devait avoir lieu dans le cadre du centenaire de la naissance de Chiara Lubich (1920-2020). Cependant, en raison de l’urgence sanitaire mondiale, elle a été reportée à aujourd’hui. L’objectif était et reste d’explorer la réciprocité féconde entre le charisme de l’unité et les deux Constitutions promulguées par le Concile Vatican II sur la Révélation de Dieu et de l’Église : Dei Verbum et Lumen Gentium. Dans quelle mesure les deux documents ont-ils trouvé dans l’expérience ecclésiale suscitée par le charisme de l’unité leur lieu fécond d’interprétation et de développement ? Et vice versa : dans quelle mesure la floraison de la vie ecclésiale promue par le charisme de l’unité a-t-elle été rendue possible par l’horizon ouvert par l’événement extraordinaire du Concile ? Ce sont les questions de base qui accompagneront le dialogue dans la salle entre les participants. Cependant, il faut se rappeler que Vatican II a réaffirmé cette unité essentielle entre les dons hiérarchiques et charismatiques (cf. Lumen Gentium, n° 4). Jean-Paul II et Benoît XVI sont allés jusqu’à parler de la « co-essentialité » de ces dons, tandis que récemment le Pape François a souligné combien l’action de l’Esprit Saint produit une « harmonie » entre les différents dons, appelant les agrégations charismatiques à l’ouverture missionnaire et à la synodalité. Dr Gillet, à partir de quelles questions êtes-vous partie pour organiser cette conférence ? On peut se demander s’il n’est pas trop audacieux de mettre en parallèle deux événements aussi différents. Quel rapport peut-il y avoir entre un Concile œcuménique réunissant 3000 évêques et de grands théologiens aux visions prophétiques pour l’Église et un charisme donné par une jeune femme vingt ans plus tôt, qui a donné naissance à une Œuvre répandue dans le monde entier ? Pour répondre à cette question, notons d’abord l’harmonie d’origine : l’Esprit Saint qui veut parler au monde au seuil du troisième millénaire. Il s’agit ensuite de deux événements en cours, qui devront se rendre l’un l’autre de plus en plus fructueux : le Concile Vatican II n’a pas encore été pleinement concrétisé, même si sa mise en œuvre est désormais significativement engagée dans le processus synodal voulu par le Pape François. Il nous réserve encore des surprises. Même le charisme de l’unité n’a pas encore révélé tout son potentiel, il doit être traduit en vie dans le peuple de Dieu, bref, il n’en est qu’à ses débuts comme l’a dit le Pape lors de sa visite à Loppiano en 2018. Prof. Di Pilato, comment pouvons-nous relire le charisme de l’Unité de Chiara Lubich à la lumière de ce qui se passe dans le monde aujourd’hui ? Si la pandémie semblait être le contexte sinistre dans lequel la conférence aurait dû initialement se tenir, la décision de la reporter nous a soudainement catapultés dans un autre scénario qui n’est pas moins dramatique. En ce sens, l’expérience paradigmatique de Chiara Lubich et de ses premières compagnes à Trente pendant la Seconde Guerre mondiale nous offre une clé de lecture de la conférence. Chacun sait le rôle que la Parole de Dieu a joué pour ces jeunes femmes à une époque marquée par l’effondrement d’idéaux dans lesquels elles avaient grandi. La lumière qui a émergé des pages du petit Évangile qu’elles emportaient avec elles pendant les bombardements les a guidées à guérir leurs blessures physiques et existentielles pour inspirer des millions de personnes dans le monde et pour les impliquer dans la réalisation du rêve de Dieu : la fraternité universelle, « que tous soient un ». Et c’est la Parole de Dieu traduite en engagement social en faveur des pauvres et des plus démunis qui a généré une Église vivante, comme leur évêque d’alors a pu le confirmer avec étonnement et grande joie. Aujourd’hui encore, alors que tout semble s’écrouler à nouveau sous les coups de boutoir d’une politique myope et de courte mémoire, il ne nous reste que la Parole de Vie, seule capable de régénérer l’Église. Et c’est sur ce témoignage de vie que l’Église pourra devenir pour le monde entier une Parole de paix et d’unité qui fait autorité. Pour suivre l’événement en direct en streaming : https://live.focolare.org/firenze202
La Parole de Vie du mois de mars 2022 nous invite à mettre en pratique la phrase que nous répétons chaque jour dans le Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». Mais comment peut-on pardonner ? Pardonner, toujours pardonner. Cela n’a rien à voir avec l’oubli qui signifie souvent le refus de regarder la réalité en face. Le pardon n’a aucun point commun avec la faiblesse qui consiste à ne tenir aucun compte du tort causé par crainte du plus fort que soi. Pardonner ce n’est pas affirmer qu’une chose est sans importance alors qu’elle est grave, ni dire qu’elle est bonne alors qu’elle est mauvaise. Le pardon n’est pas indifférence. C’est un acte de volonté et de lucidité, et donc de liberté. Il est accueil du frère tel qu’il est, malgré le mal qu’il nous a fait, à l’image de Dieu qui nous accueille pécheurs, au-delà de nos défauts. Pardonner signifie ne pas répondre à l’offense par l’offense, à la suite de Paul qui dit : « Ne vous laissez pas vaincre par le mal, mais rendez-vous vainqueurs du mal par le bien » (Rm 12, 21). Le pardon est l’acte par lequel nous pouvons ouvrir à celui qui nous fait du tort, la porte d’une relation toute nouvelle. C’est la possibilité pour soi et pour l’autre de recommencer à vivre, de posséder un avenir où le mal n’a pas le dernier mot. (…) C’est pourquoi il t’appartient de te comporter de cette manière en priorité avec tes frères dans la foi et ceci en famille, au travail, à l’école, dans la communauté dont tu fais éventuellement partie. Tu n’ignores pas qu’il faut souvent compenser l’offense reçue, par un acte ou une parole qui puisse rétablir l’équilibre. Tu sais que des personnes qui vivent ensemble se trouvent souvent en butte aux manquements à l’amour, par nervosité, à cause des différences de caractère ou pour d’autres raisons. Eh bien, souviens-toi que seule une attitude de pardon sans cesse renouvelée est apte à maintenir l’unité et la paix entre les frères. Tu auras toujours tendance à penser aux défauts de ceux qui t’entourent, à trop te souvenir de leur passé, à les vouloir différents de ce qu’ils sont. Il convient alors que tu prennes l’habitude de les voir avec des yeux neufs, de les considérer comme entièrement nouveaux, en les acceptant tout de suite, toujours et totalement, même s’ils ne manifestent aucun repentir. Tu vas dire : « Mais c’est difficile. » Bien entendu. Mais c’est là justement la beauté du christianisme. Tu ne viens pas par hasard à la suite d’un Dieu qui, en mourant sur la croix, a demandé pardon au Père pour ceux qui le mettaient à mort. Courage. Commence à vivre comme cela et je puis t’assurer une paix unique et une joie que tu n’as encore jamais connue.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 218-219 – Parole de Vie d’octobre 1981)
On peut vivre dans le même immeuble et être des étrangers. C’est ce qui se passe bien souvent. Il suffit d’un peu de courage et d’un simple geste pour se rencontrer réellement, un peu comme l’a fait la famille Scariolo. « La rencontre avec l’autre est un enrichissement mutuel, au-delà des cultures, des religions et des idéologies. Chaque fois, nous faisons la découverte que l’autre a été créé comme un don d’amour pour moi et moi pour lui ». C’est par ces mots qu’Adriana et Francesco Scariolo, focolarini suisses, mariés depuis 42 ans, racontent une expérience qui les a particulièrement enrichis il y a quelques mois. « Nous vivons dans le canton du Tessin, dans la Suisse italienne, et depuis un an et demi, nous vivons dans un immeuble de 13 appartements. Dans les jours précédant Noël 2021, nous avons pensé faire une tournée de vœux de Noël de porte à porte. La surprise et la gratitude des voisins étaient grandes: ‘J’étais le premier locataire de cet immeuble et il n’était jamais arrivé que quelqu’un vienne nous souhaiter un joyeux Noël’, a déclaré l’un d’eux. ‘Nous sommes musulmans, mais nous voulons aussi vous souhaiter un joyeux Noël’, a ajouté un autre. Nous avons également distribué à tous une invitation à venir célébrer la fin de l’année chez nous et leur souhaiter une excellente 2022. Le 29 décembre, nous avons donc organisé un apéritif-dînatoire avec trois familles, une musulmane et deux chrétiennes, une évangélique et une catholique, en respectant les règles de sécurité et en portant le masque. Ce fut un moment agréable où chacun a fait connaissance de manière spontanée. Le mari de la femme musulmane a dit : ‘C’est rassurant de savoir qu’il y a des voisins à qui on peut serrer la main et leur dire bonjour car cela nous fait sentir moins seuls’ ». L’aviez-vous déjà fait auparavant ? « Oui, ce n’est pas la première fois que nous essayons de créer des relations avec d’autres résidents. Tout a commencé il y a plusieurs années, lorsque nous avons entendu parler de la ‘fête des voisins’, une initiative visant à donner aux gens l’occasion de se rencontrer. Nous nous rendions compte qu’il fallait un peu de courage et d’imagination pour prendre l’initiative mais nous avons essayé. Dans un premier temps, nous avons profité de la nouvelle année pour mettre une carte de vœux dans les boîtes aux lettres, puis, en fonction de la réaction des gens, nous avons créé des liens d’amitié, organisé un déjeuner au jardin tous ensemble avant l’été. Puis nous avons dû quitter cet immeuble pour un travail bénévole à l’étranger durant 7 ans ; mais quand nous sommes revenus, nous avons voulu garder la tradition dans ce nouvel immeuble où nous sommes maintenant. Qu’est-ce qui vous a surpris dans leurs réactions ? « Voir leurs visages souriants. Ils ne s’y attendaient pas, surtout dans une période aussi délicate en raison de la pandémie. Cela nous semblait en outre un cadeau de pouvoir terminer les derniers jours de 2021 par un moment convivial après tant d’isolement, leur donner un signe d’espoir qui n’atténue pas le désir d’aimer les autres et de construire des relations fraternelles. Le 2 janvier 2022, nous attendions d’autres familles qui avaient réservé pour venir et que, en raison de l’éloignement, nous ne pouvions pas loger avec les autres. Certains ont été touchés par le covid et n’ont donc pas pu venir, mais nous avons reporté le dîner avec eux à des temps meilleurs ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’aller à la rencontre du frère? « Cela signifie : tendre la main à l’humanité d’aujourd’hui par des gestes d’amour simples et quotidiens. Par exemple, aider le voisin de palier qui a parfois des problèmes avec sa télévision, écouter le couple qui vient d’avoir un bébé, dissoudre les murs d’indifférence, d’anonymat dont sont faites les relations et que la pandémie a amplifiés. La phrase de Jésus ‘chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous vous l’avez fait !’ nous interpelle. Ainsi, chaque voisin est en réalité la personne que Jésus met à nos côtés pour qu’elle soit accueillie et aimée. Et qui est plus proche que notre voisin ? »
Du 25 au 27 février 2022, plus de 3000 jeunes ont témoigné de la fraternité universelle à travers des actions locales et globales, développant ainsi une citoyenneté active. Engagement face aux grands défis de la planète, de la paix à l’environnement, en passant par la lutte contre la faim et la pauvreté. Une volonté d’être ensemble, de se rencontrer pour construire la paix, vivre la fraternité universelle, d’agir pour l’environnement et les populations les plus faibles. Trois jours, du 25 au 27 février, pendant lesquels les Gen3, les adolescents du mouvement des Focolari, ont vécu l’atelier planétaire Hombre Mundo. Plus de 3.000 jeunes de 600 endroits dans le monde ont participé à des actions concrètes et ont été connectés par vidéoconférence en ligne pour témoigner d’un monde uni. Ils ont également pu partager des vidéos et des photos de leurs expériences sur les réseaux sociaux teens4unity. De nombreux messages de paix et de solidarité sont arrivés. Dont celui des Gen3 de Sibérie, de la ville de Krasnojarsk en Russie ; lors de leur Hombre Mundo, ils ont envoyé un message : « nous vivons pour la Paix » ; un message plein d’espoir, surtout en ces jours de conflit entre la Russie et l’Ukraine. Le programme de l’atelier planétaire était divisé en trois étapes. Le 25 février : Notre mode de vie est l’art d’aimer : comment l’avons-nous vécu et comment pouvons-nous le vivre pendant la pandémie ? Comment pouvons-nous continuer à aimer dans le monde virtuel des médias sociaux ? « Nous avons compris, dit Samira du Congo, que nous devons nous accepter mutuellement malgré nos différences qui sont d’une énorme richesse. C’est une façon de promouvoir les valeurs et en même temps de bannir les antivaleurs ». Et Élise de France : « lors d’une réunion, nous avons été très touchés par certains chiffres concernant la mortalité infantile dans le monde, principalement due au manque d’eau potable. Nous avons donc organisé un concert afin de récolter des fonds pour le forage d’un puits au Myanmar qui fournira à vie de l’eau potable à une douzaine de familles ». Le 26 février, les jeunes ont approfondi leur engagement en faveur de l’écologie intégrale et de l’objectif « Faim zéro ». Améliorer efficacement la protection de la planète et réduire drastiquement la faim et la pauvreté jusqu’à leur disparition. L’une des expériences relatées est celle d’une Gen3 d’Autriche pour un projet de reforestation. L’argent investi dans le projet d’arbres a été collecté lors du tournoi Fair Play qui s’est tenu à Vienne, sur le thème « Fair Play contre le changement climatique ». Environ 120 joueurs et 100 collaborateurs ont participé à cette journée. Avec l’argent collecté, nous avons pu acheter environ 1 500 arbres. Le 27 février a été consacré à la beauté de la rencontre entre les peuples et à l’engagement commun de construire un monde de paix et d’unité. Une connexion mondiale par vidéoconférence en direct a permis à plus de 3.000 jeunes connectés en 600 points de se rencontrer et de prier pour la paix. Ensuite, le récit de nombreuses expériences de paix et d’unité malgré les nombreuses difficultés. Comme celle d’une jeune fille au Myanmar, pays qui vit une situation politique très difficile : de nombreuses familles doivent quitter leur foyer et se réfugier dans des centres d’accueil. Elle voulait vraiment pouvoir faire quelque chose pour elles. « Je me suis donc rendue disponible pour aider les réfugiés qui avaient été accueillis dans l’église. Même si j’étais fatiguée, je croyais que Dieu était avec moi, qu’il me regardait et qu’il me donnait la force de continuer et d’aider les autres. Maintenant, je peux dire que c’était un moment merveilleux et magnifique pour moi, j’en garde un souvenir inoubliable ». Au Liban, Maria Sfeir, ambassadrice de la paix du Moyen-Orient, et Fouad Sfeir ont raconté comment ils avaient « intégré la culture de la paix, en éduquant nos enfants et en les élevant avec les bonnes valeurs de l’amour et du don pour construire une société meilleure, dans un environnement de non-violence et de justice ». Parmi les nombreux intervenants, citons également le Gen Rosso relié depuis l’île de Lampedusa en Italie, connue pour son accueil des migrants : « Nous sommes à Lampedusa pour soutenir ces gens merveilleux qui accueillent ceux qui sont contraints de quitter leur terre à cause de la guerre, de la faim et de la violence. Lampedusa est une île de fraternité, un port ouvert, des gens qui regardent l’horizon et se jettent à la mer pour atteindre et sauver ceux qui sont à la merci des vagues. Lampedusa : lampe, balise lumineuse qui dit terre. Un terrain qui dit maison. D’ici, nous voulons dire : gardons toujours les portes de nos cœurs grandes ouvertes ». Margaret Karram, présidente du mouvement des Focolari, a ensuite donné un message : « Vous avez construit le chantier avec votre témoignage de vie ». (…) « Ne vous sentez pas seuls, sachez que le Mouvement dans le monde entier est avec vous et vous soutient. (…) Je me sens trop souvent impuissante face au mal dans le monde : les guerres, l’injustice, la destruction de la nature. Dans ces moments-là, cela m’aide de parler avec Dieu. Cela me donne de la force et du courage de savoir qu’il est avec nous. La certitude de son amour réchauffe mon cœur, me rend capable d’aimer, de pardonner, de tendre la main pour construire l’unité avec ceux que je rencontre chaque jour. Je sens que c’est seulement de cette manière que je peux être avant tout une petite artisane de la paix ».
Les contributions collectées par la Coordination d’Urgence du Mouvement des Focolari par l’intermédiaire des ONG Action pour un Monde Uni (AMU) et Action Familles Nouvelles (AFN) servent à soutenir les activités d’aide à la population menées par Caritas-Spes Ukraine. La guerre en Ukraine ne s’arrête pas et parmi la population, il y a des milliers de personnes déplacées qui fuient et beaucoup tentent de survivre parmi les refuges et les abris d’urgence, où ils peuvent recevoir un premier soutien. Avec les contributions recueillies dans le cadre de l’appel lancé par la Coordination des Urgences du Mouvement des Focolari, l’AMU et AFN soutiennent en premier lieu les actions de Caritas-Spes Ukraine, qui apporte les premiers secours à des milliers de personnes contraintes d’abandonner leurs maisons pour fuir vers la frontière ou se réfugier dans des abris souterrains aménagés dans la mesure du possible. Caritas-Spes s’est engagée à fournir un abri sûr, de la nourriture, des médicaments et des produits d’hygiène, ainsi qu’un soutien psychologique à quelque 500 mères déplacées avec enfants hébergés dans ses centres. Plus de 2 500 personnes reçoivent également de l’aide par l’intermédiaire des Caritas paroissiales et des 14 cantines des soupes populaires qui restent actives dans les régions de Kiev, Lutsk, Berdiansk, Kamenets-Podolsky, Zhytomyr, Kharkiv, Lviv, Odessa, Vinnitsa et diverses villes de la région de Transcarpathie. Les images de la guerre en Ukraine qui nous parviennent quotidiennement des médias internationaux et les témoignages de nos contacts sur le terrain, comme Mira Milavec, focolarina slovène qui vit en Ukraine et collabore avec Caritas-Spes, décrivent l’état d’urgence d’une population assiégée, sans défense face aux bombardements, entassée le long des routes pour atteindre les frontières ou dans les caves et les abris où des lits de fortune ont été installés dans l’attente d’un repas chaud, d’eau potable et d’électricité. À la frontière avec la Pologne, la file de personnes désespérées qui tentent de passer la frontière atteint des dizaines de kilomètres. Caritas-Spes à Lviv a organisé une assistance spécifique pour les mères qui tentent de s’échapper avec des enfants, même très jeunes, dans leurs bras. Ils ont besoin de tout, notamment d’eau chaude pour préparer les repas ou changer les couches. A Odessa, attaquée, des abris sont mis en place, même sous la cathédrale, le tout rythmé par le son des sirènes annonçant l’arrivée du danger ou son arrêt temporaire. À Vinnitsa, un psychologue organise des sessions de formation en ligne pour les volontaires et les opérateurs sur l’aide psychologique qui peut être apportée dans des situations stressantes comme celle-ci : plus de 120 personnes ont déjà participé à la première. Actuellement, la collecte de fonds pour l’urgence liée à la guerre en Ukraine, réalisée par la Coordination des Urgences du Mouvement des Focolari (AMU et APN), a déjà atteint 100 000 euros et un premier envoi de fonds a déjà été envoyé sur place, qui servira à soutenir les actions de Caritas-Spes pour les premières aides aux familles ukrainiennes. Nous évaluons également la possibilité de soutenir les frais d’accueil des nombreux réfugiés ukrainiens qui arrivent dans les pays voisins, comme la Slovaquie et la Pologne, accueillis par la générosité des familles locales qui leur ouvrent leurs maisons. Malheureusement, les actions militaires ne s’arrêtent pas et, comme le confirment les contacts locaux, les besoins vont augmenter. Des mises à jour régulières sur l’aide que nous apportons sur le terrain sont disponibles sur les canaux web et sociaux de l’AMU et d’AFN. Pour soutenir l’action en Ukraine et l’aide aux familles dévastées par la guerre, vous pouvez faire un don en ligne sur les sites web : AMU : www.amu-it.eu/dona-online-3/ AFN : www.afnonlus.org/dona/ ou par virement bancaire sur les comptes bancaires suivants Action Monde Uni ONLUS (AMU) IBAN : IT 58 S 05018 03200 000011204344 à la Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC: ETICIT22XXX Action Familles Nouvelles ONLUS (AFN) IBAN : IT 92 J 05018 03200 000016978561 avec la Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC: ETICIT22XXX Communication : Urgence Ukraine
Donatella Rafanelli raconte à Maria Chiara Biagioni de l’agence de presse SIR la vie de la communauté des Focolari en Ukraine ces derniers jours. Un voyage de 29 heures depuis Kiev. « Maintenant, notre rêve est d’y retourner ». Un voyage de 29 heures depuis Kiev vers une ville de l’ouest du pays, Mukachevo. La circulation sur les routes, les longues files d’attente aux guichets automatiques des banques et aux stations-service, les chars et les gens le long de la route qui demandent une place dans les voitures qui passent. Donatella Rafanelli, une focolarine italienne de Pistoia, qui vit à Kiev depuis 2019 dans la communauté du Mouvement fondé par Chiara Lubich, a raconté à l’agence SIR ce qui se passe pendant ces heures le long de cette route des personnes déplacées d’Ukraine. « Nous étions à Kiev lorsqu’ils nous ont appelés très tôt le jeudi matin pour nous dire de faire rapidement nos valises car ils étaient en train de tirer à 70 kilomètres de la capitale », raconte Donatella. « Nous ne savions pas quoi faire car c’était la première fois que nous nous retrouvions dans une telle situation. Nous sommes donc partis à la recherche de l’abri le plus proche de notre maison et on nous a indiqué un parking souterrain. Après, nous sommes rentrés chez nous et avons appelé l’ambassade d’Italie sur un numéro d’urgence gratuit. Ils nous ont dit de rester chez nous et de ne nous rendre au refuge que si l’alerte était donnée. Tout semblait normal. Les gens parlaient depuis des jours de la possibilité d’une attaque sur Kiev, mais quand c’est arrivé, la première chose que nous avons faite a été de nous regarder dans les yeux. Nous avons dit : ça y est, nous sommes en guerre. Et nous avons prié. Nous avons demandé à Jésus de nous donner la force et de nous donner la paix. A partir de là, cela a été une course contre la montre. Nous avons mis trois choses ensemble dans une valise. Nous avons pris très peu de choses avec nous, juste le nécessaire et nos documents personnels. Nous avons immédiatement cherché un billet de train afin de pouvoir voyager vers l’ouest, mais ils étaient tous vendus. L’aéroport était fermé. Nous avons donc dû décider de voyager en voiture. Les routes sortant de Kiev étaient bloquées. Il y avait de longues files d’attente devant la banque pour obtenir de l’argent et dans les supermarchés. Il a fallu beaucoup de temps, surtout pour sortir de la ville. Nous nous sommes arrêtés deux fois pour prendre de l’essence. À la première station-service, nous avons fait la queue pendant une heure. Et juste là, pendant qu’on attendait, on a entendu les coups de feu, les tirs. C’était fort. Nous sommes restés immobiles, en silence. Une fois de nouveau sur la route, nous avons pu voir des chars et des personnes faisant de l’auto-stop pour se faire conduire. Sur le chemin, les téléphones envoyaient et recevaient constamment des messages et des appels : ceux qui étaient partis, ceux qui avaient décidé de rester. Donner des nouvelles et mettre les personnes en fuite en contact avec les communautés des Focolari de Slovaquie et de Pologne qui avaient proposé de les accueillir. Ce n’est que pendant le voyage, confie Donatella, que nous avons réalisé ce qui nous était arrivé. Nous n’étions pas dans la voiture pour aller à un rendez-vous ou pour faire un voyage. Nous quittions une ville, notre maison. Nous n’avons jamais voulu partir. Mais nous avons réalisé que c’était impossible de rester ». À Mukachevo, Donatella et ses compagnons de voyage ont été accueillis par un prêtre dans une paroisse et par la communauté des Focolari de cette ville. « Nous sommes ici en Ukraine. Et c’est très important pour nous. Nous ne nous sommes pas enfuis. Nous voulons vivre et rester dans ce pays. Ils nous ont proposé un millier d’endroits où aller. Si nous nous sommes éloignés de Kiev, c’est uniquement parce que c’est dangereux en ce moment. Il n’y avait aucune raison de rester sous les bombardements. Mais maintenant, notre rêve est d’y retourner. La guerre ? C’est de la pure folie », répond Donatella sans hésiter. « Parce que personne n’a le droit de prendre la vie d’une autre personne ainsi que la possibilité de vivre une vie normale. Ici, les gens ont fait tellement de sacrifices pour acheter une maison, pour économiser de l’argent. Et maintenant, avec la guerre, les plans d’avenir sont réduits à néant, les rêves sont brisés. Nous prions pour que cette folie prenne fin le plus rapidement possible. Nous suivons l’actualité des discussions entre les délégations et les efforts déployés au niveau de la diplomatie internationale. Je pense que la seule chose qui puisse nous aider est un miracle. Et toutes les nouvelles provenant des personnes qui prient pour nous et manifestent dans les rues pour la paix nous font beaucoup de bien. Nous avons besoin d’un miracle ».
Le synode 2021-2023 convoqué par le pape François est une occasion d’écouter et de dialoguer avec les autres, une occasion de redécouvrir la véritable identité de l’Église, “universelle” depuis le début. Ce parcours concerne tous les diocèses du monde, y compris la Terre Sainte. « Alors que nous nous préparons à faire route ensemble, nous sommes plus que jamais conscients qu’ en tant que disciples du Christ sur cette Terre qui est sa maison, nous sommes appelés à être ses témoins. Rappelons-nous que son plus grand désir est que nous soyons un (cf. Jn 17) » C’est ce que nous lisons dans la lettre du 26 janvier 2022 envoyée par les Ordinaires catholiques aux responsables des Églises chrétiennes de Terre Sainte concernant le Synode 2021-2023 convoqué par le Pape François et intitulé « Pour une Église synodale. Communion, participation, mission. » Désirant explicitement informer et impliquer les frères des autres communautés ecclésiales locales sur le parcours synodal articulé, commencé également en Terre Sainte, le Patriarche Latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, qui a signé le texte, souligne l’importance de s’écouter mutuellement pour grandir ensemble sur ce chemin de communion. Un regard sur la nature missionnaire d’une Église “universelle”, en particulier celle de Jérusalem, dont le patriarche avait parlé le 9 novembre 2021, lors d’une rencontre avec les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés présentes en Terre Sainte après l’ouverture du chemin synodal : « Notre Église, l’Église de Jérusalem est née au Cénacle, à la Pentecôte, et elle est née, même alors, comme une Église tout à la fois universelle et locale. (…) Elle s’est enrichie, surtout ces dernières années, de beaucoup plus de charismes. Pour cette raison, votre présence ici n’est pas seulement un cadeau, un signe de la Providence (…), mais elle fait partie du désir de Dieu (…) » Les représentants des différentes instances présentes ont pu à cette occasion s’écouter, témoigner de leur propre expérience et, avec l’aide précieuse du Patriarche, mieux comprendre comment aborder le Synode au niveau local. Mgr Pizzaballa, répondant à diverses questions, a partagé ses réflexions sur la synodalité, qui « est un style – a-t-il dit – une manière d’être dans la vie, dans l’Église, mais aussi en dehors de l’Église. C’est une attitude. Et l’écoute et le dialogue en sont des expressions (…). » Il est donc nécessaire que les différents mouvements et les différents groupes travaillent en “cross-platform” (multi-plateforme) en allant au cœur de l’expérience de “communion” de l’Église universelle, une expérience qui, plus que d’autres, semble vraiment difficile à vivre en Terre Sainte. « Par communion, j’entends la conscience d’avoir reçu – poursuit-il – un don gratuit, une vie greffée dans l’autre (…) Tout cela jaillit de l’expérience de la rencontre avec Jésus. (…) après avoir rencontré le Seigneur et fait l’expérience du salut, vous comprenez que cette expérience devient complète, profonde, lorsqu’elle est partagée dans une communauté (…) » Un désir profond qui se renouvelle dans les mots de cette lettre envoyée par les Ordinaires catholiques aux responsables des différentes Églises chrétiennes de Terre Sainte et qui ouvre des horizons, soulignant aussi le désir de grandir dans la fraternité et de s’enrichir de la sagesse des autres. La possibilité « d’être ensemble » : telle est l’aspiration du chemin synodal, un moment qui a la saveur d’un repas partagé, d’une souffrance mise en commun, d’une joie que l’on est impatient de communiquer; c’est la marche des disciples d’Emmaüs qui, bien que déçus et tristes, cheminent ensemble et, en communion, se soutiennent mutuellement, jusqu’à ce que le Seigneur ressuscité vienne à eux. Une occasion à ne pas manquer, pour le reconnaître parmi nous.
Approcher l’Évangile aujourd’hui signifie trouver la Parole de Dieu vivante. Chiara Lubich, à travers son expérience avec la première communauté du Mouvement à Trente, nous fait goûter les effets de sa mise en pratique. […] Si Dieu nous parle, pouvons-nous ne pas accueillir sa Parole ? La Bible nous invite à nous mettre à son écoute à plus de 1150 reprises. « Écoutez-le[1] » : le Père lui-même y invite les disciples, quand son Fils, la Parole, vient habiter au milieu des hommes. Mais l’écoute dont parle la Bible s’adresse plus au cœur qu’à l’oreille. Il s’agit d’adhérer entièrement à ce que Dieu dit, de lui obéir, avec la confiance d’un enfant qui s’abandonne entre les bras de sa mère et se laisse porter par elle. […] Cette parole fait écho à l’enseignement de Jésus. Ne déclare-t-il pas bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui l’observent[2] ? Ne considère-t-il pas comme sa mère et ses frères ceux qui écoutent la Parole et la mettent en pratique[3]. […] Au terme du « discours sur la montagne » Jésus affirme encore que celui qui sait écouter la Parole est celui qui la met en pratique, construisant ainsi sa vie aussi solidement qu’une maison bâtie sur le roc[4]. Chacune des Paroles de Jésus exprime tout son amour pour nous. Devenons nous-mêmes paroles vivantes et nous constaterons, en nous et autour de nous, la puissance de vie qu’elles contiennent. Aimons l’Évangile au point de nous laisser transformer en lui et de la faire déborder sur les autres. Ainsi nous pourrons rendre à Jésus son amour. Ce ne sera plus nous qui vivrons, mais le Christ qui prendra forme en nous. Nous nous sentirons libérés de nous-mêmes, de nos limites, de nos dépendances, et surtout nous verrons se répandre la révolution d’amour que Jésus, vivant en nous, provoquera dans le tissu social dans lequel nous sommes immergés. Cela, nous en avons fait l’expérience dès le début du Mouvement, à Trente, durant la seconde guerre mondiale, lorsque nous devions nous réfugier dans les abris, n’emportant avec nous que le petit livre de l’Évangile. Nous l’ouvrions, nous le lisions et, sans doute par une grâce particulière de Dieu, ces paroles, pourtant si souvent entendues, s’éclairaient d’une lumière nouvelle. Paroles de vie, elles étaient pour nous devenues Paroles à vivre. […] Nous avons vu naître autour de nous, après seulement quelques mois, une communauté vivante composée de 500 personnes. Tel était le fruit de notre communion constante à la Parole, qui rendait notre vie dynamique à chaque instant. Nous étions ivres de la Parole, nous pourrions dire que la Parole en quelque sorte « vivait à notre place ». Il nous suffisait de nous demander : « Vis-tu la Parole ? », « Es-tu la Parole vivante ? » pour augmenter notre engagement à la vivre. Revenons à la vie de cette époque. L’Évangile est-toujours actuel. C’est à nous d’y croire et de l’expérimenter.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 789-791)[1] Mt 17, 5. [2] Cf. Lc 11, 28. [3] Cf. Lc 8, 20-21. [4] Mt 7, 24.
Les dons, recueillis par l’intermédiaire des ONG Action pour un Monde Uni (AMU) et Action Familles Nouvelles (AFN), seront utilisés pour fournir à la population ukrainienne des produits de première nécessité, également en collaboration avec les Églises locales.
La coordination Urgences du Mouvement des Focolari a lancé une campagne extraordinaire de collecte de fonds en faveur de la population ukrainienne, par l’intermédiaire des ONG Action pour un Monde Uni (AMU) et Action Familles Nouvelles (AFN).
“Kiev” par le peintre Michel Pochet
Les dons versés seront gérés conjointement par l’AMU et AFN afin de fournir à la population ukrainienne les produits de première nécessité en matière de nourriture, de soins médicaux, de logement, de chauffage et d’hébergement dans différentes villes du pays, également en collaboration avec les Églises locales. Il est possible de faire un don en ligne à l’adresse suivante :
AMU : www.amu-it.eu/dona-online-3/ AFN : www.afnonlus.org/dona/ ou par virement bancaire sur les comptes suivants : Action pour un monde uni ONLUS (AMU) IBAN : IT 58 S 05018 03200 000011204344 à Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC: ETICIT22XXX
Action Familles Nouvelles ONLUS (AFN) IBAN : IT 92 J 05018 03200 000016978561 avec Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC: ETICIT22XXX
Communication : Urgence Ukraine
Des avantages fiscaux sont disponibles pour ces dons dans de nombreux pays de l’UE et dans d’autres pays du monde, selon les différentes réglementations locales. Les contribuables italiens pourront obtenir des déductions de leurs revenus, conformément à la réglementation relative aux organisations Onlus.
Face aux événements qui bouleversent le monde entier depuis plusieurs jours, le Mouvement politique pour l’unité, qui s’inspire de l’expérience et des idéaux du mouvement des Focolari, affirme son engagement commun en faveur de la paix, qui ne peut être atteinte que par un “faire” concret.
« Si tu veux la paix, prépare la paix », disait Igino Giordani, homme politique pacifiste du début du 20e siècle. Seul un effort de paix quotidien et multiforme peut mettre fin à une guerre que l’histoire a déjà déclarée trop souvent comme un choix insensé.
Les voies d’opposition sont dépassées et ouvrent la voie à une plus grande insécurité, tant au niveau local que mondial.
Nous en sommes convaincus et nous, hommes et femmes politiques, fonctionnaires, citoyens, diplomates du Mouvement Politique Pour l’Unité (MPPU), depuis le monde entier, exprimons notre proximité avec les peuples qui subissent cette guerre tragique, tandis que nous soutenons fermement ceux qui, à divers titres, continuent de négocier pour la paix, la seule vraie solution.
Il n’est jamais trop tard pour rouvrir les négociations et le dialogue, à court et à long terme.
Que l’obligation de la paix nous guide.
Nous identifions trois grandes directions d’engagement :
1 – Souvent, la création des États-nations n’a pas été un libre choix des peuples, mais le résultat des tables de négociations d’après-guerre, héritages des impérialismes. Les anciennes et les nouvelles divisions exigent un effort politique courageux qui redonne un sens aux identités nationales, qui interpelle les unions continentales, en premier lieu l’Union Européenne, au-delà des intérêts immédiats.
2 – L’histoire nous enseigne que les sanctions économiques laissent les gouvernements indemnes et appauvrissent la société civile, les femmes et les hommes, et en particulier les enfants. La Syrie en est le dernier exemple, très grave.
Le choix des sanctions doit être fait avec prudence, afin qu’il ne s’inscrive pas dans la logique de la guerre et des rapports de force. La politique doit être capable de contrôler les circuits des armes et de l’industrie du carbone; ce n’est qu’ainsi qu’elle pourra construire une paix véritable.
3 – Face à la recrudescence des armes nucléaires avec leur accroissement stratégique, nous appelons très vivement aujourd’hui nos gouvernements à signer et à mettre en œuvre le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires, adopté par seulement 122 États le 7 juillet 2017. La force politique de l’ONU doit être réactivée et la voix des gouvernementsse joindre à la voix des villes de la planète, réunies dans une assemblée mondiale spéciale, pour donner plus de poids à nos peuples.
En ces heures où semble prévaloir le pouvoir cru de la force, nous affirmons sans hésiter que nous croyons encore et toujours à la construction de la paix, aux processus du dialogue, aux instruments de la politique.
Ce sont les articulations de la société civile, avec la force spirituelle et culturelle de leurs credo, avec de nombreuses bonnes pratiques qui mettront en lumière les grands idéaux qui soutiennent l’histoire. Que nos représentants fassent taire au plus vite les armes et se mettent à l’écoute des femmes et ses hommes de paix.
Un témoignage des communautés des Focolari présentes dans différentes villes du pays et une invitation à les rejoindre dans la prière planétaire pour la paix, chaque jeudi à 19h30 (heure italienne). « En ce moment dramatique, nous sommes soutenus par la foi et l’amour que nous recevons du monde entier par des messages, des appels téléphoniques et des prières. Nous tenons à remercier chacun et chacune. Ils nous donnent de la force et augmentent notre espoir que Dieu nous fasse le cadeau, le miracle de la paix ». C’est par ces mots que Donatella Rafanelli, une focolarine italienne, enseignante, qui vit au focolare de Kiev, nous raconte comment les communautés des Focolari en Ukraine vivent ces heures dramatiques. « La tension augmentait ces dernières semaines et nous avions l’impression de vivre un moment très spécial de notre vie, même si la vie quotidienne continuait comme d’habitude » poursuit-elle. « En parlant aux personnes qui nous entourent, nous nous rendons compte de la peur, de l’inquiétude, de la tristesse et de la déception qui règnent depuis des mois. C’est d’autant plus dramatique que la situation s’aggrave ces dernières heures. Nous aussi, en tant que communauté du Mouvement, nous ne sommes certainement pas à l’abri de tout cela, nous nous sommes demandés et continuons à nous demander ce qu’il faut faire dans cette situation. Nous vivons ce moment douloureux ensemble. Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas faire des choses extraordinaires ou spéciales, mais nous pouvons écouter ceux qui nous entourent, partager leurs craintes et leurs préoccupations et essayer de comprendre, moment après moment, ce qu’il est préférable de faire ». Hier, le pape François a invité tout le monde, croyants et non-croyants, à se joindre à une supplique chorale pour la paix en vivant, en particulier le 2 mars, le début du Carême, une journée de prière et de jeûne pour la paix. Avec lui, d’autres responsables de diverses Églises chrétiennes invitent les personnes à prier pour implorer le don de la paix. Dans le mouvement des Focolari du monde entier, nous faisons chaque jour (à midi dans tous les fuseaux horaires) le « time-out » pour la paix, un moment de silence et de prière pour la paix dans toutes les parties du monde. « Ici, en Ukraine, tous les jeudis depuis un an, dit Rafanelli, à 19h30 (heure italienne), nous organisons un moment de prière pour la paix en italien et en ukrainien, à ce lien . Nous invitons tout le monde à se joindre à nous pour ce moment, auquel se joignent, ces derniers temps, de nombreuses personnes de différents pays du monde qui ont la paix à cœur ». Le focolare d’Ukraine a été ouvert à Kiev en mai 2019 mais certaines communautés de focolare étaient déjà présentes dans le pays. Le charisme de l’unité était en effet connu dans le pays grâce à de nombreux membres du Mouvement des pays voisins qui, par des voyages et des contacts, avaient fait connaître cette spiritualité dans diverses villes. Aujourd’hui, les membres des Focolari, d’âges et de vocations différents, sont présents à Mukachevo, Uzhgorod, Storozhniza, Lviv, Kiev et dans les environs.
Le rôle des communautés de foi dans la lutte contre le changement climatique et la construction de l’avenir. Potentiel et humilité. Le programme Faith Plans. Le rôle des Focolari. Entretien avec Martin PalmerLa Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 26), qui s’est tenue à Glasgow, a pris fin en novembre 2021. Martin Palmer, ancien secrétaire général de l’Alliance des Religions et de la Conservation (ARC) et actuel Président de FaithInvest, nous aide à révéler lepotentiel des communautés de foi dans la lutte contre le changement climatique et le rôle que les Focolari peuvent jouer dans ce contexte. Martin Palmer est un expert international des principales traditions et cultures religieuses et l’auteur de plus de 20 livres sur les questions religieuses et environnementales. Il contribue régulièrement à la BBC et est un prédicateur laïc pour l’Église d’Angleterre. Quel est le rôle spécifique des communautés de foi face à une crise écologique sans précédent ? « Les grandes fois ne sont pas seulement des sources de sagesse spirituelle ancienne. Elles sont également parmi les acteurs les plus importants de la planète. Sans l’action éducative, médicale, sociale et caritative des communautés de foi dans les écoles, les hôpitaux, l’aide à la jeunesse, les organismes d’aide sociale, etc., la société civile s’effondrerait en quelques semaines. Ainsi, si l’aspect spirituel est vital parce qu’il nous donne une perspective plus large du temps, de l’espace et du sens, si nous ignorons notre rôle de parties prenantes dans la construction de notreavenir, nous finissons par rester sur la touche en criant et en espérant que quelqu’un nous écoutera ». Il est important que les communautés de foi jouent un rôle actif dans la conduite du changement. Avez-vous remarqué un changement d’attitude ces dernières années ? « Je vois un énorme changement. Pour la première fois, tous les principaux groupes environnementaux religieux, tels que GreenFaith, Eco-Sikh, Daoist Ecological Temple Network, Hazon – le plus grand groupe environnemental juif – et bien sûr maintenant le Vatican à travers le Mouvement Laudato Si’ et les Focolari, qui travaillent ensemble, côte à côte, réunissant le merveilleux pluralisme des différentes croyances, valeurs et réseaux, notamment à travers le programme Faith Plans ». En octobre 2021, lors de la fête de saint François d’Assise, le pape François et d’autres chefs religieux, dont l’archevêque de Canterbury Justin Welby et le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée, ont lancé un appel sur le changement climatique et un engagement public à créer des plans pour l’environnement. Pourquoi est-il important de faire un plan ? « Pour que les fois soient vraiment efficaces, nous avons besoin non seulement des merveilleuses paroles et de la sagesse tirées des grands courants spirituels, mais nous avons également besoin de savoir où elles peuvent être des agents de changement. Cela signifie qu’il faut savoir quelle est l’ampleur de leur rôle en matière d’éducation dans chaque lieu ou pays, combien de cliniques et d’hôpitaux ils possèdent, où sont leurs investissements, combien de terres ils possèdent, quel est l’éventail des compétences professionnelles au sein de la communauté de foi, etc. ». A votre avis, quelle est la contribution spécifique des Focolari à cette conversion écologique ? « Le rôle des Focolari est unique. Non seulement vous êtes une grande organisation laïque dans l’une des confessions les plus hiérarchisées du monde, mais vous êtes une source d’inspiration bien au-delà de vos membres. Pendant des décennies, vous avez travaillé à travers l’Économie de communion sur les réalités de la vie et du travail de la foi dans la pratique du marché. La création de nouveaux modèles et de nouvelles initiatives semble être un phénomène naturel pour vous. Votre façon de partager ce que vous faites est une source d’inspiration. Vous avez des décennies de travail interreligieux et une profondeur et une intégrité que l’on ne trouve pas facilement dans le monde interconfessionnel souvent superficiel. Vos liens avec d’autresconfessions témoignent d’une joie pour le pluralisme que l’on ne trouve pas souvent dans des organisations religieuses de l’envergure et de l’impact des Focolari. Et finalement, il semble que vous ayez déjà impliqué certaines des personnes les plus charismatiques, les plus motivées, les plus compétentes et les plus attentionnées pour le monde, qui sont déjà en action ».
Du 25 au 27 février 2022, un projet mondial conçu et mis en œuvre par des jeunes qui visent la fraternité universelle. Des actions locales et mondiales pour promouvoir la connaissance entre les différentes cultures et religions, développer une citoyenneté active et concrétiser l’engagement des jeunes face aux grands défis de la planète, de l’environnement à l’élimination de la faim et de la pauvreté. « Nous avons compris qu’il fallait s’accepter mutuellement malgré nos différences qui sont une énorme richesse. C’est un moyen de promouvoir les valeurs et de bannir les antivaleurs ». Claire Mulimbi est une Gen3 – les jeunes de 10 à 17 ans du mouvement des Focolari – et vit en République Démocratique du Congo. C’est par ces mots qu’elle raconte son expérience après avoir organisé deux jours de « Hombre Mundo » en septembre 2021. « Ce fut une très belle expérience d’échange de cultures à travers des chants, des danses, des poèmes et des devinettes. Avec des écologistes, nous avons appris des notions d’écologie et nous avons planté des arbres ». Hombre Mundo est un projet auquel participent des milliers de garçons et de filles du mouvement des Focolari dans le monde entier. L’objectif est de se former à la fraternité universelle en favorisant la connaissance de camarades d’autres cultures et religions, en découvrant et en partageant les richesses de chaque peuple, en s’engageant ensemble dans les grands défis de la planète. Hombre Mundo n’est pas seulement une occasion de se rencontrer et d’apprendre à se connaître, mais il repose également sur des actions concrètes visant à développer une citoyenneté active pour le bien commun de la communauté où les jeunes sont insérés ou en jumelage avec d’autres. Hombre Mundo envisage donc des actions au niveau local et mondial en marge des événements planétaires, comme celui qui se tiendra du 25 au 27 février 2022. Le premier chantier Hombre Mundo a eu lieu en 2014 en Argentine, puis en 2017, trois ont été organisés en Europe de l’Est (en Croatie, en Serbie et en Pologne) : il s’agit d’ateliers internationaux pour apprendre à connaître, aimer et respecter la patrie de l’autre comme de la sienne. Le programme a été conçu et mis en œuvre directement par les jeunes, du choix des thèmes à aborder aux témoignages, des textes aux chansons. Cette édition devait comporter deux événements centraux au Kenya et en Côte d’Ivoire et de nombreux événements locaux dans de nombreux pays du monde. Pour la première fois, cependant, en raison de la pandémie, elle sera entièrement en ligne. Le web a également été d’une grande aide dans la préparation. Gašper Jošt, Gen3 de Slovénie, raconte : « Nous nous sommes divisés en petits groupes en fonction du fuseau horaire et de la langue. Nous, Slovènes, nous serons avec des jeunes de Malte et d’Irlande. Nous avons écrit une chanson. Miha a écrit les paroles et Anja la mélodie. Par cette chanson, nous voulons encourager les personnes à continuer à construire un monde plus beau et dire que tant qu’il y aura ne serait-ce qu’une seule personne qui essaiera de le faire, cela encouragera les autres et leur donnera de l’espoir ». Les Gen3 du monde entier ont également lancé diverses actions concrètes pour vivre et diffuser une culture du don et du partage. Par exemple, des jeunes dans des pays d’Afrique centrale et orientale, au Vietnam, en Indonésie et au Myanmar ont reçu du matériel utile à leur formation. En Inde, en revanche, des fonds ont été affectés à la prévention du travail des enfants afin de construire des lieux sûrs où les enfants peuvent participer à des activités visant à restaurer leur estime de soi, à se socialiser avec les autres et à développer leurs talents. L’objectif de ces trois jours est de devenir toujours plus des « personnes-monde », c’est-à-dire des personnes au cœur ouvert à l’ensemble de l’humanité avec ses richesses et ses défis à relever et à surmonter. Chaque jour, un thème sera examiné en profondeur. En partant de la vie personnelle, l’accent sera mis sur les communautés dans lesquelles les jeunes vivent et sur la planète. Le 25 février sera consacré au style de vie qui caractérise ces jeunes ; l’art d’aimer proposé par Chiara Lubich sera au centre de leurs réflexions et témoignages, avec une référence particulière à la période que nous vivons : comment le vivre pendant la pandémie ? Comment pouvons-nous continuer à aimer dans le monde virtuel et des médias sociaux ? La deuxième journée sera consacrée à leur engagement en faveur de l’écologie intégrale, qui mène à l’objectif « Faim zéro », le deuxième des 17 objectifs de développement durable des Nations unies pour 2030. Le troisième jour, le titre sera « Que tous soient un » et l’accent sera mis sur la beauté de la rencontre entre les peuples et l’engagement commun à construire un monde de paix et d’unité. Participeront également au Chantier 2022 l’ensemble international Gen Verde, avec un atelier de percussion impliquant 60 jeunes d’Amérique Centrale et Gen Rosso avec un concert pour la paix le 26 février à 12h30 (heure italienne), en direct de l’île italienne de Lampedusa, connue pour son accueil des migrants. Avant le concert, il y aura une connexion mondiale à 12h00 (heure de Greenwich) pour prier ensemble pour la paix. « Chaque homme sur la planète Terre est doté de qualités, de facultés, de compétences et de capacités qui font de lui une œuvre d’art inimitable », déclare Granville de Bangalore (Inde). « C’est pourquoi, chaque fois que nous sommes côte à côte, soutenus par un esprit d’unité, nous construisons une impressionnante galerie d’art ». « Que signifie Hombre Mundo pour moi ? Un mot, je pense, répond parfaitement à cette question : unité. Il ne peut y avoir d’unité sans amour. L’amour est le pont au-dessus de l’abîme de la division. L’amour abat les murs qui nous fragmentent et nous unit. Ce n’est que par l’amour de mon prochain que je peux apporter ma contribution à la création d’un monde où chacun de nous, œuvres d’art, se rassemble pour créer une galerie d’art synergique ». Pour plus d’informations, consultez le site teen4unity.org
Les paroles de Chiara Lubich, sur lesquelles nous nous proposons de méditer aujourd’hui, sont d’une grande actualité et ne nous laissent pas indifférents et, sans aucun doute, nous poussent à regarder autour de nous pour agir en faveur de chaque frère. (…) Jésus : au cours de sa vie terrestre Jésus a toujours accueilli tout le monde, en particulier les plus marginaux, les plus pauvres, les plus différents. Par son amour, Jésus a offert à chacun sa confiance et son amitié, abattant l’une après l’autre les barrières que l’orgueil et l’égoïsme humain avaient érigées dans la société de son temps. Jésus a été la manifestation de l’amour pleinement accueillant du Père céleste envers chacun de nous et de l’amour que, par conséquent, nous devrions avoir les uns pour les autres. C’est la première volonté du Père sur nous. Nous ne pourrons pas rendre au Père une gloire plus grande qu’en cherchant à nous accueillir les uns les autres comme Jésus nous a accueillis. (…) Il attire notre attention sur un des aspects les plus fréquents de notre égoïsme et – disons-le – l’un des plus difficiles à dépasser : la tendance à nous isoler, à établir des discriminations, à marginaliser, à exclure l’autre parce qu’il est différent de nous et qu’il pourrait troubler notre tranquillité. Nous chercherons donc à vivre (…) avant tout à l’intérieur de nos familles, associations, communautés, groupes de travail, en éliminant en nous les jugements, les discriminations, les préjugés, les ressentiments, les manques de tolérance envers un tel ou un tel, si faciles et si fréquents. Tout cela refroidit et compromet énormément les rapports humains, faisant obstacle à l’amour réciproque comme la rouille qui bloque des rouages. Puis dans la vie sociale en général, proposons-nous de témoigner de l’amour accueillant de Jésus envers tout prochain que le Seigneur place à nos côtés, surtout ceux que l’égoïsme social tend le plus facilement à exclure ou à marginaliser. L’accueil de l’autre, de celui qui est différent de nous, est à la base de l’amour chrétien. C’est le point de départ, le premier niveau pour construire cette civilisation de l’amour, cette culture de communion, à laquelle Jésus nous appelle, surtout aujourd’hui.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 512-514)
Dans une de ses méditations, Chiara Lubich écrit que « la miséricorde est l’expression ultime de la charité, celle qui l’accomplit[1] ». Il ne s’agit donc pas d’un sentiment, mais d’une action concrète qui, associée à une intention intérieure, nous pousse à nous éloigner de nous-mêmes et à tourner notre regard vers l’autre. Un mouvement révolutionnaire qui guérit et génère la vie. Ne pas rater l’occasion À la gare, j’avais acheté un billet de retour pour une certaine ville. J’arrive en toute hâte sur le quai, mais à ma grande déception le train vient de partir. Je retourne au guichet pour essayer d’obtenir un dédommagement et de plus amples informations, mais la dame responsable me fait remarquer qu’avec autant de personnes, elle ne peut pas perdre de temps avec moi. Mécontent, je suis sur le point de partir en colère quand, en notant les billets dans mon agenda, je lis une phrase que j’avais notée le matin : « Ne pas rater l’occasion ». Je m’immobilise et je réfléchis. Je décide : « Je ne dois pas rater la chance d’aimer ! ». Je retourne voir la dame au guichet ; quand c’est mon tour, je lui dis que je suis désolé si j’ai été trop exigeant envers elle et que je comprends sa réaction. Elle change de visage et de ton et, sans qu’il soit besoin d’insister, elle s’occupe de ma situation. Mais en plus, elle cherche une solution de trajet pour me permettre d’atteindre ma destination. Après tout, il suffit de peu de choses pour rétablir l’harmonie dans les relations. (R.J. – Roumanie) La liste des ennemis Jésus veut que nous, ses disciples, aimions nos ennemis, il veut que nous pardonnions. Pendant longtemps, j’ai pensé que cela ne me concernait pas. J’ai une vie tranquille, une bonne position sociale, une famille paisible. Nous ne faisons de mal à personne et nous essayons de nous protéger des aspects négatifs de la société. Pourtant, cette phrase ne m’a pas laissé en paix. Des ennemis ? En y réfléchissant, j’en avais eu et j’en ai encore, mais je les ai relégués dans une partie de mon cerveau où ils ne pouvaient pas me déranger. Une à une, des situations me sont venues à l’esprit dans lesquelles, plutôt que d’affronter la confrontation due à « ennemi », j’ai fui. Fuir était devenu une véritable habitude. Mais Jésus exige autre chose. J’ai donc dressé une liste des « ennemis » pour lesquels je devais faire quelque chose : un coup de téléphone, un message, une rencontre, pour dire que chacun d’eux existait dans ma vie. Ce n’était pas facile, les obstacles et les raisonnements me freinaient constamment. Maintenant que je me suis vaincu, je peux dire que le commandement de Jésus a atteint son but, celui de prendre conscience que je suis un homme vivant. (G.R. – Portugal)
Publié sous la direction de Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VIII, n.1, janvier-février 2022)[1] C. Lubich, « Quand on a connu la souffrance » dans Pensée et Spiritualité, Nouvelle Cité 2003, page 102
Darci Rodrigues est l’exemple d’une personne qui a consacré, de façon mariale, sa vie à la cause de l’unité.Le 10 février dernier, dès l’annonce du décès de Darci Rodrigues, focolarine brésilienne, et dans les heures qui ont suivi ses funérailles, les réseaux sociaux ont été inondés de témoignages de gratitude. Darci était une figure connue tant au Brésil qu’à l’étranger pour les nombreuses fonctions qu’elle a occupées au sein du mouvement des Focolari, ce qui lui a permis de cultiver un nombre infini de relations. Une vie aussi intense et exigeante que la sienne ne l’a cependant jamais empêchée de conserver une saine normalité et – selon beaucoup – une grande profondeur spirituelle. « C’est justement pour cela qu’elle était aimée de tous » comme l’a écrit Saad Zogheib Sobrinho, un focolarino brésilien. Ce commentaire semble résumer la pensée de nombreuses personnes qui ont vécu avec elle. Darci a connu le charisme de Chiara Lubich alors qu’elle était encore très jeune, en 1963, lors d’une Mariapolis, une rencontre de plusieurs jours organisée dans la ville de Garanhuns, dans l’État de Pernambuco. « C’était une expérience très forte, j’étais fascinée, surtout parce que je les voyais vivre l’Évangile », déclarait-elle, décrivant son premier contact avec les Focolari. À l’époque, elle était étudiante en histoire à l’université de Recife, « un environnement imprégné d’idées marxistes et de fortes critiques à l’égard de l’Église ». C’est pourquoi sa rencontre avec Dieu et son adhésion au charisme de l’Unité ont été si bouleversantes qu’elle a décidé de s’y consacrer et de devenir focolarine. Suite à cette décision, Darci laisse son fiancé, sa famille et ses études pour suivre l’école de formation des focolarines en Italie de 1964 à 1966. À son retour au Brésil, elle commence à travailler intensivement au service des Focolari. De Belo Horizonte, elle s’installe dans la banlieue de ce qui est aujourd’hui Vargem Grande Paulista, près de São Paulo, pour fonder la Mariapolis Araceli (aujourd’hui Mariapolis Ginetta), l’un des trois centres du mouvement des Focolari au Brésil. De là, elle se rend à São Paulo, où elle travaille pendant 20 ans à la tête du Mouvement dans la région qui comprenait à l’époque plusieurs États brésiliens du sud-est et du centre-ouest du pays. En 2002, elle est élue conseillère du Mouvement pour le Brésil, puis, après la mort de la fondatrice, Chiara Lubich en 2008, elle est réélue conseillère et nommée par la Présidente des Focolari de l’époque, Maria Voce, déléguée centrale, avec un rôle important dans la gouvernance du Mouvement au niveau international. « J’ai parfois dû faire face à des questions difficiles, mais j’ai toujours ressenti de la sérénité dans ces moments-là et une aide spéciale de l’Esprit Saint. Souvent, j’avais une idée déjà prête mais Jésus me faisait comprendre à travers quelqu’un qu’il voulait autre chose, peut-être le contraire de ce que je pensais. Il était important pour moi de faire confiance à la présence de Jésus parmi nous et pas seulement à mon propre bon sens ». En mai 2012, les médecins lui annoncent qu’elle est atteinte d’une grave maladie pulmonaire. « Après quelques examens, le diagnostic est sérieux : le médecin me dit que je dois m’armer d’un grand courage pour me battre et persévérer. J’ai en moi la ferme conviction que rien n’arrive par hasard et que Dieu a un plan d’amour pour chacun de nous ». Le traitement donne un résultat surprenant, au grand étonnement des médecins. De cette période de soins, sa secrétaire de l’époque, Gloria Campagnaro, raconte : « La vie se poursuit avec la solennité et la paix de toujours entre les thérapies, les promenades recommandées par le médecin et le travail pour le Mouvement, avec des horaires réduits ; une vie qui apporte fécondité et unité ». En mai 2020, elle fait face à une rechute de la maladie. De nouvelles hospitalisations se succèdent, jusqu’à ce que, dans un état de santé irréversible, Darci vit ses derniers instants, entourée de l’affection et des prières de toute la communauté des Focolari. Dans une vidéo enregistrée à cette époque, avant Noël, elle réaffirme la conviction qui l’a guidée tout au long de sa vie : « Nous avons Jésus au milieu de nous ». « Elle laisse derrière elle une leçon exemplaire en vivant pleinement l’idéal d’unité et de fraternité dont l’humanité a tant besoin », déclare Luiza Erundina, deputada Fédéral, en apprenant la nouvelle de son décès. Dans les nombreuses expressions de gratitude pour le don de sa vie, on retrouve des références communes à la sérénité et à la joie accueillante qu’elle a transmises à toutes les personnes au cours de sa vie, où qu’elle soit. En un seul mot, une présence mariale.
D’une petite idée de partage naît une grande chaîne de solidarité, un pont aérien vers Beyrouth, transportant des médicaments pour les malades chroniques et du lait en poudre pour les nouveaux nés. En réponse à l’appel du Vicariat Apostolique des Latins de Beyrouth et de la Nonciature Apostolique Vaticane au Liban, l’action voit la mobilisation du Mouvement des Focolari, de la Fondation Jean Paul II et de nombreuses personnes qui, entre l’Italie et le Liban, se sont alliées pour soutenir ce projet. https://www.youtube.com/watch?v=aO2sjlO571g
Au cours du voyage de la vie, nous avons parfois besoin de ralentir le pas pendant quelques instants et d’écouter la voix qui parle dans notre cœur. Nous découvrirons de nouveaux défis, comme le suggère Chiara Lubich dans ce texte. Écouter la voix de Jésus (…) ne signifie pas seulement écouter sa doctrine et la faire sienne, mais aussi établir un rapport personnel avec Lui, qui appelle chacun par son nom. Sa voix se fait entendre au plus intime de la personne, sa vérité (qui est la vérité) agit dans le cœur, même si la réponse à son invitation demeure libre pour chaque individu. En citant l’exemple du bon berger, Jésus affirme qu’il y a opposition entre le berger légitime qui entre par la porte, et le voleur ou le brigand qui passe par-dessus l’enclos. Il y a eu, au cours des siècles – et il y a encore aujourd’hui – de faux messies qui, au moyen de leurs idéologies, cherchent à attirer les hommes. Mais ceux qui appartiennent à Jésus et qui connaissent sa voix, ne se laissent pas tromper par les diverses promesses. Ils ne font pas confiance à d’autres voix. (…) Essaie d’écouter la voix de Jésus qui parle dans ton cœur. Tu verras que cette voix te conduira hors de ton égoïsme, de ton ‘’non-amour’’, de ta volonté d’occuper la première place, de ton orgueil, du désir de violence… de tout ce qui te rend esclave. Si tu fondes ta vie sur Jésus et qu’il est ton guide, tu échapperas certainement à la tentation d’un christianisme facile et commode, à la médiocrité d’une vie privée de sens. En le suivant, lui qui parle en toi, qui t’appelle, toi justement – car il appelle chacun par son nom -, tu ne connaîtras pas les sentiers battus mais tu t’achemineras vers une aventure divine inimaginable. Tout sera nouveau et beau, même si cela te coûte. Tu constateras à quel point l’imagination divine est créatrice et tu comprendras comment, en suivant un tel berger, la vie est pleine, abonde en fruits et irradie le bien de partout. Finalement tu comprendras quelle révolution puissante et merveilleuse constitue l’Évangile vécu.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 204-208 – Parole de vie de mai 1981)
Laisser Dieu guider nos pas et découvrir que son amour, même dans le silence, n’oublie pas nos efforts. Ángel Canó, un focolarino marié de la République dominicaine, raconte son expérience. En 2001, des examens médicaux de routine avaient révélé un léger problème au niveau de la valve mitrale de mon cœur, mais de manière inattendue, fin 2020, la situation s’est aggravée et le cardiologue a confirmé la présence d’une véritable “bombe à retardement” dans ma poitrine. Avec ma femme Margarita, également focolarine mariée, nous avons accueilli le diagnostic avec une grande paix, nous remettant entre les mains de Dieu. Nous avons décidé d’en discuter immédiatement avec notre fils Angel Leonel et notre fille Zoila, qui est médecin aux États-Unis. Elle a elle-même parlé au cardiologue et consulté un collègue du centre où elle travaille, qui a confirmé la nécessité d’une intervention chirurgicale. Avec Margarita, j’ai passé la nuit précédant l’opération de manière très paisible, me préparant physiquement, mentalement et spirituellement à ce qui m’attendait. Nous étions confiants et le lendemain, lorsque nous sommes arrivés à la porte du bloc opératoire, nous nous sommes déclarés notre amour et nous nous sommes dit au revoir, certains de nous revoir bientôt. À mon réveil, j’ai eu l’impression d’être revenu à la vie même si je souffrais d’une forte arythmie : mon cœur battait la chamade et j’avais du mal à articuler les mots. Les médecins se sont empressés de tout analyser pendant que je faisais face à la douleur post-opératoire. Puis ils ont laissé entrer Margarita : ses mots d’encouragement, inspirés par sa foi, m’ont donné beaucoup de paix. S’ensuivent dix très longs jours aux soins intensifs, dans la douleur, l’impuissance, l’immobilité, le sentiment de solitude, l’insomnie et la peur de mourir. De longues nuits où, devant mon cri, Dieu semblait se taire. Je pensais que je ne m’en sortirais pas. Un matin, plongé dans une bulle de sédatifs et d’analgésiques, j’ai entendu une voix qui répétait “frère”. Quand j’ai ouvert les yeux, il y avait le visage d’un prêtre que nous aimons beaucoup. Ce moment m’a redonné confiance : le Ciel avait toujours été avec moi et ce sentiment m’a accompagné au cours de ces jours. Un jour, lorsque je suis sorti des soins intensifs, Margarita, posant délicatement sa tête sur ma poitrine meurtrie, m’a dit : « Quelle joie de t’embrasser à nouveau ! » Des mots qui soulignaient non seulement le bonheur, mais aussi le sens de la vie. C’était comme redécouvrir l’amour qu’elle avait pour moi. J’étais en vie, non seulement grâce aux compétences médicales, mais aussi à la volonté d’un Dieu qui a manifesté son amour en me donnant une nouvelle chance de vivre. Aujourd’hui, je vois tout comme un grand cadeau et je ressens un fort engagement à découvrir ce que Dieu veut de moi maintenant, comment je peux lui rendre la pareille. Chaque soir, dans mes prières, je remercie le Ciel et lorsque le nouveau jour arrive, il n’y a pas de mots pour exprimer ma gratitude, pour la possibilité de revoir la lumière du soleil, de regarder le visage de ma femme et de mes enfants avec des yeux neufs.
Rencontrer Jésus dans son prochain, c’est découvrir la tendresse et la beauté de Son amour. S’ouvrir à l’autre nous permet d’être un cadeau pour quiconque se trouve sur notre route et de recevoir un centuple inattendu.Un cœur plein de joie Dans notre village vit une famille très pauvre avec cinq enfants. Le père est alcoolique. Trois d’entre eux sont dans la même classe que mes enfants. Un après-midi, alors que nous sortions de l’école, il pleuvait à verse. J’ai pris mes enfants dans la voiture et, voyant les trois enfants de cette famille dans la rue, je les ai fait monter dans l’auto et les ai conduits chez eux. La plus petite m’a dit : « Tu viens dire bonjour à ma maman ? » Nous sommes entrés dans la maison très sobre et la femme m’a remerciée ; puis, tout en parlant, elle me dit qu’elle cherche un lit d’occasion pour le dernier né et me montre les chambres où les tapisseries se décollent des murs à cause de l’humidité. Les quatre autres enfants dorment tous dans la même chambre. La petite fille de deux ans, presque nue, porte un tablier trop long pour elle. Je promets que le lendemain, je lui apporterai le lit pliant que nous utilisons rarement. Le lendemain, lorsque nous arrivons chez cette famille avec le lit, quelques jouets et quelques vêtements, les enfants sautent de joie, y compris les miens. Nous partons en nous promettant de revenir, et sur le chemin du retour, ma petite fille s’exclame : « Maman, mon cœur est plein de joie ». (M.O.D. – France) L’ancien directeur Un jour, dans la rue, je suis tombé sur le directeur de l’école où j’enseignais : c’était celui-là même qui m’avait licencié quelques années auparavant sous un prétexte injuste. À l’époque, il était encore prêtre, mais il avait quitté le ministère et s’était marié. Quand il m’a reconnu, il a essayé de m’éviter, mais je suis allé vers lui. Pour briser la glace, je lui ai demandé de ses nouvelles. Il m’a dit qu’il vivait dans une autre ville, qu’il était marié à une veuve mère de deux enfants et qu’il était venu en quête de travail. Avec difficulté, j’ai obtenu son adresse, nous nous sommes dit au revoir. Le lendemain, j’ai fait savoir à mes amis que je cherchais un emploi pour une personne dans le besoin. La réponse n’a pas tardé à arriver et j’ai été averti de quelque chose qui allait peut-être pouvoir répondre à cette demande. Lorsque je l’ai contacté pour le lui dire, il avait du mal à le croire ! Il l’a accepté avec une profonde gratitude. Il était touché que je m’intéresse à lui. ( J. – Argentine ) Grand-père Depuis que le grand-père souffre de graves problèmes de marche, il a renoncé à ses promenades habituelles et est toujours chez lui à lire dans un fauteuil et à faire la sieste, même si le gériatre l’a encouragé à faire de l’exercice et à sortir. Comment ranimer en lui l’envie de se relever, de se battre pour la vie ? Nos filles ont alors imaginé avec amour la meilleure façon d’aider leur grand-père fatigué et déprimé. De temps en temps, elles sortent leurs cartes à jouer et lui proposent une partie de cartes. Il essaye de se défiler, en disant qu’il n’est plus capable de jouer, mais elles n’abandonnent pas. Et dans le jeu, mené avec l’enthousiasme et la vivacité des enfants, il a ainsi redécouvert la joie et l’envie d’être ensemble. En outre, les filles lui rappellent toujours les exercices qu’il doit faire, comme le jeu du « pas cadencé » : pour aider leur grand-père à lever les genoux et à ne pas traîner les pieds, elles s’asseyent sur le sol, les jambes tendues, et il doit les enjamber. (F.G. – Italie)
Maria Grazia Berretta
(extrait de ‘’Il Vangelo del Giorno’’, Città Nuova, année VIII, n.1, janvier-février 2022)
Le parcours du Synode 2021-2023 intitulé « Pour une Église synodale : communion, participation, mission » est ouvert. Dans cette première phase, outre l’implication de chacun dans sa communauté paroissiale ou diocésaine, nous sommes également invités à apporter notre contribution en tant que mouvement des Focolari. La raison de notre participation « Considérant que les Associations de fidèles sont un ‘gymnase de la synodalité’ (…), je suis un partenaire privilégié dans cette phase de consultation au début de cette aventure ecclésiale ; je souhaite me placer près de vous tous pour vous encourager et vous soutenir dans ce chemin avec le peuple de Dieu », a déclaré le Cardinal Mario Grech, Secrétaire général du Synode des évêques, dans sa lettre à Margaret Karram en mai 2021, appelant le mouvement des Focolari à vivre avec toute l’Église sur le chemin du Synode des évêques 2023. En réponse à l’invitation du secrétariat du Synode des évêques, la Présidente des Focolari a désigné une équipe internationale pour préparer la première étape, le temps de l’écoute. En tant que Mouvement, nous sommes donc invités à rechercher des occasions de confrontation sur le thème de la synodalité dans la perspective du charisme de l’unité. Une Église synodale À l’occasion de la commémoration du 50e anniversaire de l’institution du Synode des évêques (2015), le pape François a rappelé que « le chemin de la synodalité est le chemin que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire. (…) Une Église synodale est une Église d’écoute, dans la conscience qu’écouter est plus qu’entendre ». Dans son discours aux fidèles du diocèse de Rome (Italie) le 18 septembre 2021, le Pape les a fortement encouragés à suivre la voix de l’Esprit Saint qui ne connaît pas de frontières, à écouter chaque membre de l’unique peuple de Dieu et aussi ceux qui vivent en marge de la communauté. « Les pauvres, les mendiants, les jeunes drogués, tous ceux que la société met au rebut, font-ils partie du Synode ? Oui, très cher, oui, ma chère. (…) La synodalité exprime la nature de l’Église, sa forme, son style, sa mission ». Trois phases Cette riche vision nous offre une clé de lecture importante pour « entrer » dans la réalité du processus synodal en cours qui s’est ouvert le 10 octobre 2021 au Vatican, puis dans les Églises locales le dimanche 17 octobre 2021. Il s’agit d’un processus de trois ans, divisé en trois phases, marqué par l’écoute, le discernement et la consultation. Il s’agit d’une nouveauté absolue, tant dans la manière dont il est réalisé que dans les étapes de son développement. Il ne se déroule pas seulement au Vatican, mais dans chaque Église particulière des cinq continents. C’est la première fois dans l’histoire de cette institution qu’un Synode se tient de manière décentralisée. La première étape (octobre 2021-avril 2022)se déroulera dans les différentes Églises diocésaines où le parcours synodal entend répondre à diverses questions sur la vie et la mission de l’Église. Et en particulier, comme nous le rappelle le Vademecum publié par la Secrétariat général du Synode, à une question fondamentale : « Comment cette ‘marche ensemble’ qui permet à l’Église d’annoncer l’Évangile, conformément à la mission qui lui a été confiée, se réalise-t-elle aujourd’hui à différents niveaux (du local à l’universel) ; et quels pas l’Esprit nous invite-t-il à faire pour grandir en tant qu’Église synodale ? ». Après la consultation des diocèses, les Conférences épiscopales finaliseront la synthèse qui sera envoyée au Secrétariat général du Synode avec les contributions diocésaines. Ensuite, le Secrétariat général rédigera le premier Instrumentum laboris d’ici septembre 2022. L’objectif de la phase suivante, la phase continentale (septembre 2022 – mars 2023), est de dialoguer sur le texte du premier Instrumentum laboris lors de sept réunions continentales : Afrique, Océanie, Asie, Moyen-Orient, Amérique latine, Europe et Amérique du Nord. Ces sept rencontres internationales produiront à leur tour sept Documents finaux qui serviront de base au deuxième Instrumentum laboris, qui sera utilisé lors de l’Assemblée du Synode des évêques en octobre 2023. La dernière étape du parcours synodal est celle de l’Église universelle (octobre 2023). Une étape fondamentale de ce parcours est la célébration de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques en octobre 2023, qui sera suivie de la phase de mise en œuvre, qui impliquera à nouveau les Églises particulières. Le charisme de l’unité pour une spiritualité synodale Comment devons-nous aborder le processus synodal actuel ? Lors de l’assemblée générale du mouvement des Focolari, le pape François a invité les participants à privilégier la synodalité : « En ce qui concerne l’engagement au sein du Mouvement, je vous invite à promouvoir toujours plus la synodalité afin que tous les membres, dépositaires du même charisme, soient coresponsables et participent à la vie de l’Œuvre de Marie et à ses finalités spécifiques ». En réfléchissant à l’expérience vécue au sein du Mouvement, la présidente Margaret Karram a rappelé les points de référence de la spiritualité des Focolari qui peuvent aider à la mise en œuvre d’un processus synodal. Le Pacte de l’amour réciproque renouvelé et placé à la base de tout processus de discernement représente l’engagement d’être prêt à nous aimer les uns les autres. La charité mutuelle et continue exige d’apprendre l’Art d’aimer évangélique: écouter, se mettre en position d’apprendre. S’exprimer avec respect, sincérité et clarté. Tout peut être partagé avec parrhésie, en se plaçant devant Dieu et en gardant vivante la réalité du commandement nouveau.
Liliane Mugombozi (Yaoundé, Cameroun), de l’équipe internationale pour le parcours synodal du mouvement des Focolari.
Afin de faciliter le cheminement de la réflexion, du partage et de l’écoute, l’équipe a commencé le « parcours synodal » en juillet 2021. En plus d’une vidéo d’interviews publiée sur la chaîne YouTube du mouvement des Focolari, un complément de réflexions a été élaboré pour aider les membres du Mouvement à vivre le processus synodal et à collecter et préparer des contributions à offrir au secrétariat du Synode.Lien vers le vade-mecum en français https://www.youtube.com/watch?v=gTHRP-qOEXU&list=PLKhiBjTNojHpVNzhRRVCRJ-2BDdMzArXH&index=5
Le 8 février est la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains. Cette année, en 2022, un marathon de prière en ligne débutera en Océanie et fera le tour du monde pour se terminer en Amérique du Nord. L’engagement des Focolari pour lutter contre ce phénomène.« Il y a beaucoup de prostitution dans notre quartier, mais l’invitation du Pape à aller dans les périphéries existentielles à la recherche des plus vulnérables, des nécessiteux, des oubliés, nous a encouragés à approcher les personnes en situation de prostitution dans le but de les accompagner, d’être proches d’elles, de leur faire sentir que nous les aimons en tant que personnes ». Laura Diaz, volontaire du Mouvement des Focolari, est l’une des huit femmes du groupe « Juntas en camino » né en 2013 dans la paroisse de la Sainte Eucharistie, dans le quartier ‘Palermo’ à Buenos Aires, en Argentine, qui s’engagent chaque jour à prendre soin des personnes en situation de prostitution afin de lutter contre le phénomène. « Avec ce service, poursuit-elle, nous recevons plus que nous donnons. Quelque chose a changé en nous : notre mentalité, notre approche sans préjugés. Ce changement s’est également produit dans plusieurs de nos familles : nous considérons ceux que nous approchons comme des personnes dont la dignité a été violée et dont la dignité peut être restaurée ». Ce témoignage et d’autres provenant de plus de 30 pays seront relatés le 8 février 2022, lors du marathon de prière en ligne – intitulé « La force du soin porté à l’autre » – organisé à l’occasion de la Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains. Suivant les différents fuseaux horaires – de 9 heures à 17heures (CET) -, le marathon débutera en Océanie, en Asie et au Moyen-Orient, puis se poursuivra en Afrique, en Europe, en Amérique du Sud et se terminera par l’Amérique du Nord. Il sera diffusé en direct en cinq langues (français, anglais, italien, portugais et espagnol) sur le site Internet de la journée www.preghieracontrotratta.org.
Marcela Villares remet le livret d’activités au Pape
Marcela Villares, une focolarine vivant en Argentine, s’engage elle aussi chaque jour à lutter contre le phénomène de la traite des êtres humains. Elle travaille avec les évêques de la Commission épiscopale pour les migrants et les personnes itinérantes, de la Conférence épiscopale d’Argentine, où elle coordonne le domaine de la traite des êtres humains. « Nous avons découvert l’importance de travailler à la formation des enfants et des adolescents sur ces questions », dit-elle. « Depuis plusieurs années, nous proposons des formations sur les questions liées à la traite des êtres humains à différents diocèses du pays, en travaillant principalement dans les écoles. Les résultats ont été énormes, surtout chez les enfants et les jeunes, où l’on peut déjà constater le fruit de la graine qui a été semée, et chez les enseignants et les directeurs qui l’ont pris comme un axe pédagogique à suivre au fil des ans ». Le résultat de ces expériences a été un livret d’activités didactiques et de jeux éducatifs pour les enfants de 6 à 17 ans. « Cette année, dans le diocèse d’Oran, au nord de notre pays, à la frontière avec Salta, et donc très sensible à ce crime », poursuit Marcela, « grâce à un groupe d’amis de l’Association Monde Uni (AMU) au Luxembourg, nous avons pu former et financer du matériel dans quatre écoles. Le vicaire de l’éducation nous a demandé d’étendre la formation à d’autres écoles catholiques et a invité d’autres directeurs d’écoles publiques ». Après cette expérience à Oran, Marcela et son équipe ont été contactés par différents médias argentins et le président du Cercle des journalistes a demandé s’ils pouvaient commencer à former des journalistes, des médecins et des infirmières des hôpitaux locaux, des personnes impliquées dans le transport et même une université a demandé à organiser une conférence.
La statue de St Bakhita par l’artiste Timothy Schmaltz
« La pandémie a accru le commerce de la traite des êtres humains, les conditions de vulnérabilité des personnes les plus exposées et les inégalités entre hommes et femmes », déclare Sœur GabriellaBottani, coordinatrice de la Journée mondiale contre la traite des êtres humains. Tout cela doit être abordé avec courage. Nous, les femmes, devons donc jouer un rôle de premier plan dans la promotion d’un nouveau système économique fondé sur la force du soin porté à l’autre. La violence causée par l’exploitation peut être transformée par des gestes de soin et de solidarité ». Le marathon de prière du 8 février 2022 est coordonné par Talitha Kum, le réseau international de lutte contre la traite des êtres humains, qui regroupe plus de 3 000 sœurs, amis et partenaires dans le monde entier. Il est promu par l’Union internationale des Supérieures et Supérieurs Généraux, en partenariat avec la section Migrants et réfugiés du Dicastère pour le service du développement humain intégral, Caritas Internationalis, l’Union mondiale des organisations féminines catholiques, le mouvement des Focolari, le Service jésuite des réfugiés et de nombreuses autres organisations dans le monde.
Dans la société d’aujourd’hui, pardonner est vraiment un choix à contre-courant. « Certains pensent que le pardon est un signe de faiblesse – écrit Chiara Lubich dans le passage que nous publions – Non bien au contraire, c’est l’expression d’un grand courage, d’un amour vrai, le plus authentique parce que le plus désintéressé. » En effet, si nous voulons contribuer à réaliser un monde nouveau, la voie est de faire comme Dieu qui non seulement pardonne, mais en plus oublie.« Miséricordieux et bienveillant, lent à la colère et plein de fidélité[1] », le Seigneur pardonne toutes nos fautes. Il « détourne les yeux des péchés des hommes pour les amener au repentir[2] ». Il « jette derrière nous tous nos péchés[3] ». Comme tout père ou toute mère, Dieu pardonne, car il aime ses enfants, et donc il les excuse toujours, couvre leurs erreurs, leur fait confiance et les encourage sans jamais se lasser. Mais étant père et mère, Dieu ne se contente pas d’aimer et de pardonner à ses enfants. Son grand désir est de les voir se traiter en frères et sœurs, s’entendre et s’aimer. Le grand projet de Dieu sur l’humanité ? La fraternité universelle, plus forte que les inévitables divisions, tensions et rancœurs qui s’insinuent si facilement après les incompréhensions et les fautes. Souvent les familles se défont parce que nous ne savons pas nous pardonner. De vieilles haines entretiennent les divisions entre les membres d’une même famille, les groupes sociaux et les peuples. Certains même enseignent à ne pas oublier les torts subis, à nourrir des sentiments de vengeance… Une rancœur sourde empoisonne l’âme et corrompt le cœur. Certains pensent que le pardon est un signe de faiblesse. Bien au contraire, c’est l’expression d’un grand courage, d’un amour vrai, d’autant plus authentique qu’il est plus désintéressé. « Si vous aimez ceux qui vous aiment – dit Jésus – quelle récompense allez-vous en avoir ? » Tout le monde en fait autant. « Vous, aimez vos ennemis[4]. » Demandons donc à Jésus un amour de père, un amour de mère, un amour de miséricorde envers les personnes que nous rencontrons au cours de la journée, surtout envers ceux qui sont dans l’erreur. Et à ceux qui sont appelés à vivre une spiritualité de communion, comme l’est la spiritualité chrétienne, le Nouveau Testament demande encore plus : « Pardonnez-vous mutuellement[5]. » L’amour réciproque exige presque un pacte entre nous : celui d’être toujours prêts à nous pardonner. C’est la seule manière de contribuer à créer la fraternité universelle.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 666-667) [1] Cf. Ps 103,8. [2] Cf. Sg 11,23. [3] Cf. Es 38,17. [4] Cf. Mt 5,42-47. [5] Cf. Col 3,13.
Le projet d’éducation à la paix « Living Peace », né en 2012, promeut une culture de paix et de fraternité. Il implique plus d’un million de jeunes, d’adolescents et d’enfants de 130 pays et s’inspire de l’art d’aimer de Chiara Lubich. Le 5 février 2022, un événement en ligne sur la chaîne Youtube de Living Peace International fêtera son 10e anniversaire. « J’enseignais dans une école américaine au Caire, en Égypte, et là est née l’idée de contribuer à la paix et à sa culture afin de répondre aux nombreux défis du Moyen-Orient ». Ainsi commence l’histoire de Carlos Palma, focolarino et enseignant, créateur du projet « Living Peace », né le 5 février 2012 dans le but de promouvoir une culture de paix, de fraternité et de solidarité. Aujourd’hui, après 10 ans, ce parcours d’éducation à la paix s’est développé dans le monde entier. Elle est promue par l’ASBL AMU – (Action pour un Monde Uni), en partenariat avec Teens4Unity et New Humanity, plus de 80 organisations internationales et plus de 1000 écoles et groupes y participent, impliquant plus d’un million d’enfants et de jeunes. Le 5 février de 14h30 à 16h00 (UTC+1) la chaîne YouTube de Living Peace International, à l’occasion du dixième anniversaire du projet, transmettra un événement en ligne traduit en anglais, espagnol, portugais, français et italien. « Living Peace » se base sur le « dé de la paix » dont les faces ne comportent pas de chiffres, mais des phrases qui aident à construire des relations de paix entre tous. Il s’inspire des points de «L’art d’aimer » que Chiara Lubich avait proposé auparavant aux enfants du mouvement des Focolari en utilisant un dé. En même temps que le dé, un « Time Out » est également proposé à midi chaque jour, dans chaque fuseau horaire, un moment de silence, de réflexion ou de prière pour la paix. Conçu au départ pour les écoles primaires, il s’est rapidement développé dans les écoles secondaires et a touché les universités, les mouvements de jeunesse, les associations, les fondations, les prisons, les communautés religieuses, les centres de formations artistiques, etc. Que signifie l’éducation à la paix ? L’Acte constitutif de l’Unesco déclare : « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes qu’on doit édifier la défense de la Paix ». Éduquer à la paix, ce n’est pas ajouter une discipline de plus, mais faire de chaque domaine de l’éducation un instrument de paix, un parcours dont l’objectif est de développer la créativité et l’autonomie des enfants face aux problèmes et aux conflits, en apprenant à dialoguer. Éduquer à la paix signifie donc promouvoir des actions concrètes en faveur de la paix et de la réconciliation, en partant des écoles et en atteignant tous les centres de formation possibles. « En 2013, j’ai été nommé ambassadeur de la paix par le Cercle universel des ambassadeurs de la paix (France/Suisse), raconte Carlos Palma, deux ans plus tard est née l’idée de nommer également de jeunes ambassadeurs de la paix allant de 6 à 25 ans. Aujourd’hui, ce sont 600 jeunes ambassadeurs dans le monde qui portent partout le dé de la paix, protagonistes des actions les plus variées dans tous les domaines. Il est également devenu un sujet d’étude dans certaines universités. Grâce aux jeunes ambassadeurs, le « dé de la paix » en braille a été créé pour les aveugles et le format « Peace Got Talent » a été conçu qui, s’inspirant du format télévisé connu dans diverses parties du monde, donne la parole aux jeunes talents pour promouvoir la paix ». Puis vint la pandémie. « Mais malgré cela, conclut Carlos Palma, les jeunes ont continué et continuent de mille manières, à travers le web et les médias sociaux, à promouvoir la paix et la fraternité ». Pour plus d’informations, visitez le site web à ce lien.
Afin de respecter son engagement envers les victimes de Jean-Michel M., ancien focolarino condamné pour abus sur mineurs, le Mouvement des Focolari a mis au point un processus de soutien psychologique à proposer aux victimes qui le souhaitent. Ce service (voir annexe) est proposé dans le cadre de l’enquête indépendante menée par GCPS Consulting, qui a écouté l’avis des victimes. Bien entendu, ce soutien est un premier pas dans le sens des engagements que le Mouvement souhaite prendre pour l’avenir et au-delà de la publication du rapport de GCPS Consulting. Dans cette optique, le Mouvement des Focolari a identifié le Réseau Simon comme un instrument approprié pour accueillir, écouter et accompagner les victimes et les personnes touchées par ces souffrances. Le Réseau Simon est composé de psychothérapeutes, de psychiatres et d’accompagnateurs spirituels qui sont disponibles pour proposer un parcours psychologique ou psychiatrique à ceux qui en ont besoin ou qui le demandent. L’accord entre le Mouvement des Focolari et le Réseau Simon vise à garantir que les victimes puissent utiliser ce service au plus près de leur lieu de résidence (le réseau couvre la majeure partie du territoire français). Il est également possible, pour ceux qui ne souhaitent pas utiliser ce réseau de soutien fourni par le Mouvement des Focolari, de se tourner vers d’autres professionnels en qui ils ont confiance. Dans tous les cas, tant les professionnels du Réseau Simon que ceux en qui les victimes ont confiance s’accorderont sur tous les aspects du processus d’accompagnement psychologique ou psychiatrique avec un professionnel indépendant identifié par le Mouvement des Focolari, en la personne du Dr Alexis Vancappel, qui assumera le rôle de coordinateur pour cet aspect. Le Dr Vancappel est psychologue, spécialisé dans la thérapie cognitivo-comportementale et la neuropsychologie. Il travaille comme psychologue clinicien à la Clinique Psychiatrique Universitaire, CHU de Tours. – Il est membre des Centres experts dépression résistante (CEDR), Fondation Réseau national multidisciplinaire, engagé dans la recherche sur la dépression résistante. – Membre de l’Inserm, Equipe Imagerie et Cerveau – Laboratoire médical dédié à l’étude de la neuropsychiatrie fonctionnelle. – Membre du Laboratoire Qualipsy – Laboratoire de psychologie consacré à l’étude de la qualité de vie.
Les détails concernant les autres engagements pris par le Mouvement des Focolari envers les victimes, y compris l’indemnisation des dommages, seront convenus après la publication du rapport de GCPS Consulting, prévue pour le premier trimestre 2022.
À cette occasion, nous nous attardons sur la pierre angulaire fondamentale de la spiritualité de l’unité. Chiara Lubich nous montre le chemin pour obtenir du Père la grâce de l’unité. […] Dans ce point fondamental, qui est spécifiquement nôtre, le “plus” est évident par rapport à ce qui est requis, en général, dans les spiritualités individuelles, tout au moins le long de l’itinéraire qu’elles proposent. Ce “plus“, comme nous le savons, est la réciprocité et l’unité. L’unité. Qu’est-ce que l’unité ? Peut-on parvenir à l’unité ? L’unité est ce que Dieu veut de nous. L’unité, c’est la réalisation de la prière de Jésus : « Que tous soient un, Père, comme toi et moi. (…) Moi en eux et toi en moi afin qu’ils soient parfaits dans l’unité » (cf. Jn 17,21-23). Cependant, nous ne pouvons parvenir à l’unité par nos seules forces. Seule une grâce spéciale, qui vient du Père, peut la réaliser si elle trouve une disposition particulière en nous, une condition précise et nécessaire. Il s’agit de l’amour réciproque, que Jésus nous a commandé, et que nous devons mettre en pratique : son amour réciproque, celui qu’il désire et qui n’est pas – nous le savons – une simple amitié spirituelle, un accord ou une bonne entente. Il exige que nous nous aimions les uns les autres comme il nous a aimés, c’est-à-dire, jusqu’à l’abandon ; jusqu’au détachement complet des choses et des créatures, matérielles et spirituelles, afin de pouvoir nous faire un réciproquement et de façon parfaite. C’est ainsi que nous ferons notre part et que nous pourrons recevoir la grâce de l’unité, qui ne manquera pas, qui ne peut manquer. […] Il ne faut pas oublier que, dans notre spiritualité communautaire, il y a une grâce en plus ; que le Ciel, à chaque instant, peut s’ouvrir pour nous et que si nous faisons ce qu’Il demande, nous serons remplis de cette grâce et pourrons œuvrer toujours plus pour le Royaume de Dieu. […] Le mois prochain, efforçons-nous de nous procurer toujours ce don. Et ne l’attendons pas seulement pour notre propre bonheur, mais pour qu’il nous rende aptes à réaliser notre évangélisation spécifique. Vous la connaissez : « Que tous soient un (…) afin que le monde croie » (Jn 17,21). Le monde a beaucoup besoin de foi, de croire ! Or, nous sommes tous appelés à évangéliser. […] Que tous ceux qui voient deux ou trois d’entre nous unis (au focolare, dans les noyaux, dans les unités, dans les rencontres que nous organisons ou quand nous sommes ensemble fortuitement), soient touchés par un rayon de notre foi et croient. Qu’ils croient à l’amour parce qu’ils l’ont vu. Mettons-nous à l’œuvre. C’est ce que le Seigneur veut de nous. Il le veut à travers notre charisme, tel qu’il est inscrit dans nos Statuts : l’unité est la première de toute autre volonté de Dieu. Ensuite, nous pourrons aussi parler pour faire rayonner l’Evangile. Mais après seulement.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, Conversazioni, Cittá Nuova, 2019, p. 523-524) https://youtu.be/taGHlHvPsF0
Les Gen, les jeunes des Focolari, visent la sainteté. Ces jeunes, comme tous les autres, sont pétris de joies, de peines, de rêves, de difficultés. Mais ils savent qu’un objectif aussi ambitieux ne peut être atteint du jour au lendemain mais se construit moment après moment et non pas seuls, mais ensemble.Ils l’ont exprimé par des récits de vie, des chansons et des paroles lors d’une journée mondiale qui les a réunis virtuellement pendant plus de deux heures, le dimanche 19 décembre 2021.Margaret Karram, Présidente du mouvement des Focolari, les a salués et les a invités àêtre attentifs à construire des relations vraies et profondes avec tous, en s’arrêtant devant chaque personne pour la découvrir « ici et maintenant ».Nous leur donnons la parole à travers cette sélection d’expériences de vie racontées au cours de la journée.L’unité dans la diversité La République d’Indonésie reconnaît un certain nombre de religions officielles : l’Islam, le Christianisme, l’Hindouisme, le Bouddhisme, le Confucianisme et les croyances traditionnelles. La plus grande partie de la population est musulmane. Cette diversité fait du dialogue interreligieux un dialogue de la vie quotidienne. J’étudie actuellement pour un master en Sciences Pharmaceutiques. À l’université, je rencontre de nombreux amis de différentes îles, appartenant à différentes religions. Certaines amies me sont très proches, elles sont comme mes sœurs. Je suis catholique, l’amie à côté de moi est hindoue et les autres sont musulmanes. Pendant le mois de Ramadan, j’accompagne souvent mes amis pour rompre le jeûne. Une fois, je les ai invités à rompre le jeûne au focolare. Ils se sont sentis aimés. Après la rencontre, l’un d’entre eux a écrit sur son profil Instagram : « Nous n’avons pas le même milieu, la même religion, le même âge et nous ne venons même pas du même pays, mais nous avons un rêve : créer un meilleur foyer pour tous, espérer et prier pour un avenir prospère ». Nous attendons un monde universel, comme le dit la devise de notre pays « Bhineka Tunggal Ika – Unité dans la diversité ». Je vis dans une pension où la plupart des filles sont musulmanes. Lorsqu’elles s’y sont installées, elles avaient peur de moi au début car j’avais l’air sérieuse et la plupart d’entre elles n’avaient jamais vécu avec des non-musulmanes. Un jour, j’avais beaucoup de sucreries et j’ai pensé les partager avec elles. La relation entre nous s’est approfondie. Ensemble, nous cuisinons, mangeons, faisons du sport, jouons ensemble. Notre expérience de vie commune a élargi nos horizons et nous en sommes heureuses. Tika (Indonésie)Aimer au-delà de nos forces J’ai une sœur qui étudie l’architecture. Depuis trois mois, elle travaille pour l’obtention de son diplôme et elle passe de nombreuses nuits blanches. Elle doit présenter un projet de ville : elle prépare la documentation de présentation et les maquettes. Habituellement, les élèves de première année aident les élèves de deuxième année, mais à cause de COVID-19, ma sœur doit le faire toute seule. À un moment donné, elle a demandé de l’aide à ma mère et à moi. J’ai répondu avec joie : « D’accord ! Je vais t’aider ! Cependant, je me suis dit : J’ai déjà assez à faire avec mes devoirs en ce moment. Était-ce un choix judicieux de lui dire que j’allais l’aider ? C’est une tâche importante pour son diplôme, serai-je capable de bien faire ? Ne serait-il pas préférable que ce soit quelqu’un d’autre qui connaît le sujet ? » Cependant, en voyant ma sœur en difficulté, je me suis dit : « Si je finis mes devoirs plus tôt, je pourrai l’aider ». Alors, chaque soir, je l’aidais de tout cœur à faire ses devoirs, comme si c’était les miens. En fin de compte, elle a pu rendre son travail achevé dans les délais, avec succès. Elle m’a beaucoup remercié et elle était heureuse que ce travail ne soit pas réalisé seulement par elle mais avec la force de tous. Ce serait un mensonge si je disais que j’ai aidé ma sœur en l’aimant à cent pour cent, sans me plaindre, mais je n’ai pas regretté de l’avoir fait, mon cœur était soulagé et heureux. De plus, j’avais une petite joie. Il m’est venu à l’esprit une phrase de l’Évangile qui dit : “Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui”, et j’ai pensé : “Dieu aurait-il élu domicile en moi ?”. Rosa (Corée)Entre la guerre et l’espérance J’étudie l’ingénierie informatique. J’essaie de vivre la spiritualité des Focolari depuis que je suis enfant. Dans la dernière période, j’ai senti que ma relation avec Jésus et Marie était distante. Je me demandais où est Dieu ? Comment permet-il les difficultés que nous rencontrons ici en Syrie comme le manque d’électricité, les prix élevés et la situation économique difficile. De plus, cela avait un effet sur ma relation avec les autres. Récemment, je suis allée à Londres rendre visite à mes sœurs pendant un mois et j’ai participé à un week-end avec les Gen, les jeunes des Focolari. Cette expérience m’a aidé à trouver de nombreuses réponses et à me redécouvrir en vivant la spiritualité de l’unité. Je n’oublierai jamais l’amour que j’ai trouvé parmi les Gen, un amour qui a rempli mon cœur… c’était comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Ces expériences m’ont ébranlé et j’ai senti que quelque chose commençait à changer en moi. Dès que je suis retourné en Syrie, il y a eu un congrès Gen ici auquel j’ai participé. Pour la première fois en 10 ans, nous avons pu nous rencontrer en raison des situations difficiles de la guerre. Ce fut une expérience riche, marquée par l’amour mutuel et vécue comme dans une seule famille. J’ai fait l’expérience que la paix intérieure grandissait en moi jour après jour. Les expériences que j’ai vécues pendant ces deux week-ends avec les Gen et les personnes que j’ai rencontrées ont laissé une profonde impression dans mon cœur et m’ont aidé à redevenir cette personne positive qui regarde vers l’avenir avec courage. Il y a des moments où, à cause des pressions que nous subissons dans la vie, nous perdons l’espoir… comme si c’était la fin du monde et que plus rien n’existe. Mais si nous essayons, Dieu, par sa grâce, nous permet de revenir à Lui et nous découvrons que les choses difficiles que nous avons vécues ont été comme une petite participation aux souffrances de Jésus sur la croix. Nous nous rendons compte que nos douleurs étaient petites en comparaison de Ses souffrances vécues pour nous racheter. Une chose que je me dois de dire est que lorsque nous vivons des moments douloureux dans la vie qui semblent ne pas finir, ils peuvent se terminer dans la lumière mais c’est à nous de demander l’aide de Dieu dans la prière. Il est toujours prêt à nous aider et c’est plein d’espérance que nous pouvons recommencer et aussi avoir une relation toujours plus forte avec Lui. Paolo (Alep, Syrie)A la rencontre de ceux qui souffrent le plus Après le tremblement de terre survenu il y a deux ans en Croatie, nous avons décidé d’agir en nous rendant dans la région de l’épicentre. Cherchant la meilleure façon de nous rendre utile, le curé de Sisak nous a surpris en nous demandant de travailler avec lui pour préparer un groupe d’enfants Rom à leur première communion. Nous avons convenu de nous rendre chaque semaine pendant quelques mois dans le village de Capranske Poljane où vivent des Roms musulmans et des chrétiens (orthodoxes et catholiques). Nous avons fait du catéchisme avec eux, des sketches, des jeux… De cette rencontre sont nées de belles relations qui continuent et grandissent encore aujourd’hui. Grâce aux focolarini, nous avons également rencontré et visité une famille de Petrinja qui vit dans une situation très difficile (à la fois à cause du tremblement de terre et de la réalité socio-économique dans laquelle elle se trouve). Avec l’aide de Caritas, nous avons pu acheter des matériaux et des outils pour réparer la maison et reprendre le travail. Un nouvel espoir a fleuri en eux! Lors d’une réunion avec les Gen, j’ai senti que je devais sortir de ma zone de confort – inspirée par l’exemple de tant de personnes dans le monde – je voulais « sortir dans la rue » pour essayer d’aimer les autres comme moi-même. Un jour, nous sommes allés à Sisak pour parler au curé de la paroisse de la manière de progresser avec les Roms, puis nous avons rendu visite à cette famille à Petrinja et nous leur avons apporté divers produits de première nécessité. Nous avons vu comment ils ont utilisé l’argent que nous avions récolté pour rénover leur salon qui est maintenant très accueillant ! Nous avons également apporté un ordinateur portable pour que les enfants puissent suivre l’école en ligne. Je me sentais comme à la maison. Il y avait une belle atmosphère familiale. Bien que je n’aie rien fait de concret pour leur situation jusque-là, j’ai donné ce que je pouvais : moi-même, ma bonne volonté et un peu de mon temps. Je suis reconnaissant à Dieu qui m’a donné cette opportunité d’aimer et je veux continuer à aimer parce que j’ai retrouvé la joie au centuple, joie que je veux partager avec les autres et maintenant avec vous. Thiana et Peter (Croatie)
Une rencontre capable de surmonter de grands obstacles ; un saut dans l’amour qui rapproche et génère l’unité. Bella Gal, une juive vivant près de Tel Aviv, raconte son amitié particulière avec E., une chrétienne palestinienne. Il y a quelques années, j’ai fait une rencontre très intéressante et profonde avec une femme palestinienne, chrétienne, professeur d’université, lors d’une conférence à Jérusalem où elle faisait un exposé. Elle s’appelle E. Elle a élevé seule ses enfants, alors que son mari était dans une prison israélienne depuis 10 ans. Il a été libéré en raison de problèmes de santé et peu après, malheureusement, il est décédé. Bien que souffrante, E. n’a pas renoncé à vivre et a éduqué ses enfants qui ont aujourd’hui leurs professions, chacun dans son domaine de compétence. Son intervention était très intéressante mais, en même temps, très triste. À la fin du discours, sans attendre la séance de questions-réponses, j’ai quitté la salle. Je ne pouvais pas supporter d’entendre son histoire. Cela m’a rappelé ma souffrance, ma petite enfance et mes parents, qui sont morts pendant l’Holocauste. C’était peut-être égoïste de ma part, mais E. m’a donné un exemple et une leçon très importante pour « faire en sorte que chaque réunion en vaille la peine ». En sortant de la salle, je suis allée m’asseoir à la cafétéria. Soudain, j’ai senti quelqu’un poser une main sur mon épaule. C’est E. qui m’a dit : « Je vous ai vu à ma conférence et je vous ai vu partir à la fin. S’est-il passé quelque chose ? Vous ai-je offensée ? » Bien que E. ait toutes les raisons du monde d’être hostile à mon égard, nous nous sommes rapprochées l’un de l’autre avec beaucoup de compassion, réalisant que nous avions toutes deux souffert mais nous avions trouvé la force intérieure, nous avions ramassé les morceaux et embrassé la situation. E. et moi, avons parlé et pleuré. Nous nous sentions immédiatement liées l’une à l’autre et ressentions un grand amour et une grande reconnaissance l’une envers l’autre. Nous avons été capables de nous unir profondément en tant que femmes et de voir au-delà des différences de notre nation. Au fil des ans, E. a également occupé des fonctions politiques importantes, ce qui, d’un point de vue historique, constitue une réussite majeure pour une femme chrétienne vivant dans ce contexte. Aujourd’hui, je dois admettre que E. est mon âme sœur au-delà du mur.
Le livre « L’Unité. Un regard du Paradis de ’49 de Chiara Lubich », édité par Stefan Tobler et Judith Povilus (Città Nuova, Rome 2021) est sorti de presse. Il sera bientôt publié dans d’autres langues. Un approfondissement à plusieurs voix qui nous aide à comprendre ce qu’est l’unité, pivot central de la spiritualité des Focolari. « L’unité est notre vocation spécifique »[1] ; « L’unité est donc notre idéal, et non pas un autre »[2]. Chiara Lubich était bien consciente de la mission de l’œuvre à laquelle elle avait donné vie. Si « l’unité est ce qui caractérise le Mouvement des Focolari »[3], celui-ci est appelé à s’interroger sur l’héritage qu’il a reçu et sur la manière de le développer de façon créative et fidèle. Comment vivre l’unité aujourd’hui dans les focolares, dans les noyaux, parmi ceux qui partagent la « Parole de Vie » ? Comment pouvons-nous marcher avec audace et liberté sur un chemin qui évite les autoritarismes et les individualismes, qui permette le plein développement des dons personnels et la poursuite d’objectifs communs ? Comment pouvons-nous parcourir le difficile chemin de la communion qui exige la sauvegarde de l’autonomie légitime et la recherche de l’identité et de l’accueil, de l’intégration et de l’ouverture à la diversité ? Le thème touche au vif, l’ensemble de l’Œuvre. En même temps, l’héritage de Chiara Lubich est beaucoup plus large : l’unité concerne le monde ecclésial, les relations entre les religions, les cultures, les nations… À la demande du Centre de l’Œuvre de Marie, l’École Abbà se penche depuis quelques années sur ce thème, en partant, comme c’est sa nature, de l’expérience de Chiara Lubich dans les années 1949-1951. Le livre « Unité. Un regard du Paradis de ‘49 de Chiara Lubich ». Il est divisé en trois parties. Le premier – ‘’Fondements’’ – offre un regard global sur l’unité d’un point de vue biblique, théologique et spirituel. Les écrits de Chiara sont traversés dans toute leur profondeur et leur audace. Pris dans leur contexte, ils montrent la ‘’logique’’ divine, celle d’un Dieu dont ‘’l’intérieur’’ « ne doit pas être pensé comme un tout en soi, dans lequel les différences disparaissent, au contraire : Dieu est l’Un précisément en étant une multiplicité infinie », une dynamique qui se reflète dans la création. Comme l’écrit Chiara, le Père « dit ‘’Amour’’ sur des tons infinis », en indiquant l’extraordinaire richesse des manifestations infinies de son amour. La deuxième partie de l’ouvrage propose une lecture de quelques textes du Paradis de ‘49 afin de faire émerger les intuitions fondamentales sur l’unité. Ainsi, des pages ou des formules que l’usure du temps ou la répétition paresseuse ont parfois rendues incompréhensibles ou inacceptables sont éclairées d’une lumière nouvelle. Pour vivre l’unité, faut-il ‘’annuler sa propre personnalité’’, ou non pas plutôt « vivre le don sans réserve de soi, dans la logique de la vie de Dieu, qui conduit à ‘’courir le risque’’ de ‘’perdre la sienne’’ »? Que signifie vivre « à la manière de la Trinité » ? Dans l’unité, y a-t-il un nivellement ou n’est-ce pas plutôt l’épiphanie de la pluralité ? Le livre traite de malentendus et de dérives auxquels peut conduire une compréhension inexacte d’expressions telles que ‘’se perdre’’, ‘’mourir’’, ‘’s’annuler’’, et il met en évidence la fécondité d’un amour exigeant et total qui conduit à la pleine réalisation de soi : « Nous avons clairement vu – affirme Chiara – que chacun de nous a une personnalité distincte et inimitable », qui est « la parole que Dieu a prononcée quand il nous a créés ». L’unité apparaît alors dynamique, en constant devenir, créative, ayant besoin de la contribution de chacun et de tous, respectueuse de chacun et de tous. Cela inclut également la contribution et la position unique et irremplaçable de la personne de Chiara comme fondatrice et comme instrument de médiation du charisme. La troisième partie du livre est ouverte à différentes disciplines qui s’inspirent du texte du Paradis de’49 pour faire une proposition en rapport avec leur domaine spécifique. Cette dernière partie est celle qui a nécessité une plus grande attention méthodologique. Le langage du Paradis de ’49 étant essentiellement de nature religieuse, nous nous sommes demandé comment écrire un livre transdisciplinaire autour d’une parole multi-sémantique – l’unité – sans risquer de parler de choses différentes et de mélanger les langages. Si un Mouvement et une spiritualité qui se définissent comme ‘’ de l’unité’’ ont donné lieu à des réalités sociales et à des contributions académiques dans les domaines les plus divers, cela signifie qu’il existe un dénominateur commun, un point de départ, et un fondement stable qui rende possible à tous, tout en travaillant dans des domaines différents, de reconnaître dans l’unité, un horizon commun, également lorsqu’ils s’expriment dans le langage spécifique de leur propre discipline. Ils viennent seulement tracer quelques lignes intuitives dans quelques domaines de la vie sociale et de la pensée, qui demanderont d’ultérieurs développements. Le livre est le fruit d’un lent processus de l’École Abbà. Pendant plus de deux ans, en commençant autour de 2017, le Paradis de ‘49 a été lu à la lumière de cette thématique spécifique. Chacune des douze contributions porte la signature de son auteur respectif, qui conserve son style, son expertise et sa méthodologie spécifiques. En même temps, il est le fruit de la communion de tout le groupe ; une façon de travailler qui a exigé un exercice d’ ‘’unité’’ – en accord avec le thème lui-même ! – ce qui n’a pas toujours été facile – afin d’accueillir et de comprendre l’autre dans sa diversité, due au fait qu’il vient d’un pays différent, a des formations scientifiques différentes et des domaines disciplinaires et méthodologiques spécifiques. Le livre se limite à la lecture de quelques pages du Paradis de ’49. Il ne prétend donc pas épuiser un thème aussi vaste et exigeant, même si, grâce à la profondeur des textes de référence, il offre une grande richesse d’intuitions et de propositions.
Fabio Ciardi
[1]L’unité et Jésus Abandonné, Città Nuova, Rome1984, p.26.[2]Idem, p.43.[3]Idem, p.26.
GCPS Consulting a annoncé en novembre dernier une prorogation concernant la publication des résultats de l’enquête indépendante au premier trimestre 2022. L’enquête sur les abus sexuels commis par J.M.M., ancien membre consacré français des Focolari, prend plus de temps que prévu. C’est ce qu’a annoncé en novembre dernier, dans une communicationGCPS Consulting, la société de consultance spécialisée à laquelle le Mouvement a confié l’enquête indépendante. « Le processus de collecte d’informations se poursuit bien au-delà du calendrier prévu – est-il écrit – et la Commission prévoit des entretiens avec des personnes clés au sein du Mouvement des Focolari (…) dans le cadre également d’une révision des dispositions de sauvegarde. Comme note positive, cela montre que le processus est minutieux et complet (…). Notre objectif est de le publier dès que possible au cours du premier trimestre 2022. » Exprimant ses regrets pour ce retard, la Commission en charge espère que « toutes les parties concernées comprennent que la portée du travail a été élargie et que l’objectif est de refléter pleinement les voix de tous ceux qui ont fourni des preuves et d’autres informations à la Commission ».
La Parole de Vie de ce mois de janvier 2022 dit que les Mages, en suivant l’étoile, sont arrivés à Bethléem pour honorer l’Enfant Jésus. Nous aussi, nous pouvons aujourd’hui honorer le Seigneur par nos choix de vie, comme le propose Chiara Lubich dans ce passage. Tu es dans le monde, c’est évident. Mais tu n’es pas du monde. C’est là que réside toute la différence. C’est ce qui te classe parmi ceux qui se nourrissent non pas des choses du monde, mais de celles qui te sont exprimées par la voix de Dieu en toi. Elle, se trouve dans le cœur de tout homme et te fait pénétrer – si tu l’écoutes – dans un Royaume qui n’est pas de ce monde. Où l’on vit l’amour vrai, la justice, la pureté, la miséricorde, la pauvreté. Un Royaume où la maîtrise de soi et la règle. (…) Le chrétien ne choisit ni la commodité ni la tranquillité. Le Christ n’a pas demandé et ne te demande pas moins que cela si tu veux le suivre. Le monde t‘assaille comme un fleuve en crue. Et tu dois marcher à contre-courant. Le monde pour le chrétien est un maquis épais dans lequel il faut voir où mettre les pieds. Où faut-il donc les mettre ? Sur les traces que le Christ lui-même t’a laissé un passant sur cette terre : il s’agit de ses propres paroles.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, in Parole di Vita, préparé par Fabio Ciardi, Cittá Nuova, 2017, pag 110-112 – Parole de Vie du mois de juillet 1978)
En ces jours où l’on célèbre dans l’hémisphère nord la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2022, l’histoire de la création du projet œcuménique « Visites virtuelles aux communautés chrétiennes », né il y a un an pour promouvoir l’unité entre les différentes Églises, nous vient du Mexique. « Le Mexique est un pays à majorité catholique. En vivant la spiritualité de l’unité, nous avons découvert le désir ardent pour l’unité des chrétiens et, depuis plusieurs années, nous cultivons de belles relations œcuméniques ». Ce sont les mots de Dolores Lonngi, épouse de Pablo, tous deux volontaires du Mouvement des Focolari, qui suivent depuis des années le dialogue œcuménique au Mexique. Avec leur fille Ursula, focolarina, ils ont lancé en février dernier le projet « Visites virtuelles aux communautés chrétiennes » dans le but d’étendre l’œcuménisme au-delà de la Semaine de prière pour l’unité et de commencer un parcours de fraternité et de communion d’expériences. Savoir comment chaque tradition vit et exprime sa foi dans la société dans laquelle elle est immergée et identifier les moyens de travailler ensemble pour le bien de toute la société étaient, dès le départ, les objectifs de ce projet. Ursula, comment se sont déroulées ces visites virtuelles et d’où êtes-vous partie ? « Pour mener à bien le projet, une véritable Commission Centrale a été créée, composée de nous, de l’Officier de l’Œcuménisme pour l’Église anglicane du Mexique et du Président du Conseil Interreligieux du pays, du Secrétaire de la Commission du Dialogue œcuménique et interreligieux de la Conférence Épiscopale Mexicaine, d’une professeure de ‘’Théologie Œcuménique’’ à l’Université Pontificale de Mexico et d’une autre d’Œcuménisme à l’Université Anahuac de la ville de Querétaro, ainsi que d’ un prêtre de la Fraternité des Missionnaires Œcuméniques. La première visite a porté sur l’Église anglicane, puis sur les Églises catholiques orientales. Toutes nous ont donné de véritables ‘perles’ (leur histoire, leurs ministères, le témoignage de foi et de charité de jeunes et d’ adultes). Dans l’Église anglicane, il y avait plusieurs prêtres anglicans et l’Évêque anglican émérite de l’Uruguay, Mgr Miguel Tamayo, qui nous a parlé des rencontres d’Évêques de diverses Églises promues par le Mouvement des Focolari. Dans chacune de nos ‘visites virtuelles’, nous avons eu un moment de dialogue en petits groupes, ce qui nous a donné l’occasion de mieux nous connaître et de construire des relations d’amitié avec des personnes de différentes Églises ». Pablo, quels ont été les points forts et le type de participation ? « Le programme de l’année prévoyait un moment de prière à la Pentecôte (période au cours de laquelle, dans l’hémisphère sud, nous célébrons la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens) et sept autres visites virtuelles dans différentes Églises, le dernier jeudi de chaque mois, ainsi qu’un festival œcuménique de lectures bibliques et de chants au début de l’Avent. Pour diffuser l’initiative sur les médias sociaux et dans l’intention de générer une communauté œcuménique, nous avons ouvert des canaux WhatsApp, Telegram et Facebook, qui, au cours des premiers mois du projet, ont atteint plus de 10 500 personnes provenant de l’Équateur, du Pérou, de l’Argentine, du Venezuela, de la Colombie, du Costa Rica, du Honduras et des États-Unis, ainsi que de plusieurs villes du Mexique. Dolores, que vous est-il resté de cette expérience ? « Nous avons été surpris par la grande réponse que cette initiative a reçue et nous sommes heureux d’avoir contribué, à notre petite échelle, à la croissance de l’esprit d’unité dans et entre nos Églises. Nous sommes conscients qu’ainsi nous pouvons réaliser ce que le Concile Vatican II proposait déjà au n. 5 de Unitatis Redintegratio : ‘Le soin de rétablir l’unité concerne toute l’Église, aussi bien les fidèles que les pasteurs, et touche chacun selon ses possibilités, aussi bien dans la vie chrétienne quotidienne que dans les études théologiques et historiques. Une telle attention manifeste déjà d’une certaine manière le lien fraternel qui existe entre tous les chrétiens et conduit à l’unité pleine et parfaite, conformément au plan de la bonté de Dieu’ ».
Le 21 janvier 2022, l’auditorium du siège international du mouvement des Focolari (Rocca di Papa – Italie) accueillera la présentation du livre “Chiara Lubich en dialogue avec le monde, perspectives interculturelles, linguistiques et littéraires dans ses écrits”, publié chez Rubbettino. « Les écrits des auteurs définis comme des “maîtres spirituels” sont ” souvent considérés uniquement comme des livres destinés à la formation religieuse (…) offerts au public sous forme d’anthologie où la critique proprement littéraire occupe une place limitée. En réalité, il s’agit souvent d’œuvres de grande valeur littéraire, témoignages d’une langue vivante, créatrice et courageuse[1]. [1]» C’est avec ces mots qu’Anna Maria Rossi, linguiste, professeur et collaboratrice du Centre Chiara Lubich, introduit le lecteur dans le parcours de connaissance que propose le livre “Chiara Lubich en dialogue avec le monde, perspectives interculturelles, linguistiques et littéraires dans ses écrits” (publié chez Rubbettino) qu’elle a édité avec Vincenzo Crupi. Cet ouvrage rassemble les communications présentées lors de la Conférence du même nom qui s’est tenue à Trente (Italie) du 24 au 25 septembre 2020, à l’occasion du Centenaire de la naissance de Chiara Lubich. La proposition de publier ce livre « a été accueillie avec enthousiasme et sans réserve car elle correspond parfaitement aux lignes directrices de la collection ‘Iride’ de l’éditeur, créée dans l’intention de ‘devenir un point de rencontre pour les chercheurs italiens et étrangers afin de répondre à un besoin d’informations dialectiques’ sur ce qui se fait de mieux dans le domaine de la critique littéraire, de la linguistique et de la philologie », déclare Rocco Mario Morano, Directeur de la collection. « Le volume consacré à Chiara Lubich – poursuit-il – ajoute à cette ligne de recherche le mérite de l’ampleur et de la profondeur d’analyse des essais des 25 chercheurs qui, dans diverses régions du monde, ont mis à profit leur expérience de la lecture, leur sensibilité et leurs compétences dans les différents secteurs des disciplines étudiées. » En décrivant sa propre expérience spirituelle, Chiara Lubich, l’auteur, précise Morano, prend soin d’utiliser « des modèles d’écriture appropriés à la nécessité première de communiquer ses propres mouvements intérieurs et ses propres pensées imprégnées d’une haute spiritualité et d’une grande foi (…) Et de là découle la nécessité de soumettre ses textes à une révision continue pour permettre à ceux qui en bénéficient d’en pénétrer les significations les plus profondes dans toutes leurs nuances (…), une finesse qui ne laisse jamais de côté (…) son désir vivant et sa joie immense d’offrir la Parole comme un acte d’amour envers tous les hommes de bonne volonté du monde entier, quelles que soient leurs convictions religieuses, politiques et philosophiques. » Le livre, qui sera présenté le 21 janvier 2022 au Siège International du Mouvement des Focolari, approfondit en effet, dans une première partie, la lecture de ces textes écrits par Chiara Lubich entre 1949 et 1951, plus connus sous le nom de “Paradis de 1949”. Grâce à une analyse textuelle minutieuse et à une étude détaillée du langage mystique, la parole transmet le message d’une expérience très profonde qui, « à travers des images et des métaphores”, dit Anna Maria Rossi, offre des pistes pour des comparaisons intertextuelles. » Mais la parole est aussi considérée comme un moyen menant à un idéal, à l’unité. La deuxième partie du livre, en effet, analyse les écrits de Chiara Lubich, en la révélant comme une “femme de dialogue”, toujours à l’écoute de l’autre, attentive à la dimension multiculturelle de ses interlocuteurs ; une femme capable de bâtir grâce au langage, de construire en dépassant les différences, de vivre pleinement l’amour évangélique. Un amour qui, même dans le passage d’une langue à l’autre, à travers la tâche très délicate de la traduction, implique la confrontation, l’échange avec l’autre, l’existence d’une relation entre le traducteur et l’auteur, comme l’explique Regina Célia Pereira da Silva, professeur de langue portugaise à l’Université pour étrangers de Sienne (Italie), spécialisée dans la Traduction, les Stratégies et les Technologies de l’information linguistique : « Les paroles de Chiara ne résultent pas d’un simple discours religieux, mais sont le fruit d’une vie réelle, concrète, jaillissant de la rencontre avec le divin. Ce n’est que si le traducteur fait la même expérience, qui consiste à se donner à travers l’expression, qu’il pourra comprendre ces réalités, en les vivant, non pas individuellement, mais collectivement. » Pour restituer une expérience aussi forte, en respectant la volonté de l’auteur et en éliminant toute possibilité d’ambiguïté au niveau du langage, il n’est pas seulement utile de s’exprimer dans la même langue, mais il est nécessaire que le traducteur donne sa propre idée, qu’il se désencombre, qu’il soit disposé à la perdre ; il est nécessaire d’établir un dialogue entre “l’auteur, le traducteur et les utilisateurs du texte final qui – poursuit Regina Pereira – présuppose une nouvelle dynamique, celle qui caractérise Chiara Lubich (…) à savoir pénétrer les besoins de l’autre afin de les partager et si possible de faire le premier pas. Cela demande humilité et amour. La relation auteur-traducteur fait partie de cette nouvelle façon d’entrer en communication qui présuppose qu’on fasse le vide pour accueillir totalement l’autre avec son identité et son bagage culturel. Le traducteur ou le lecteur entre alors dans le texte, s’imprègne de son auteur et fait sienne son expérience, ce qui l’enrichit. »
Maria Grazia Berretta
[1] Rossi, Anna Maria dans “Chiara Lubich en Dialogue avec le monde, perspectives interculturelles, linguistiques et littéraires dans ses écrits”, Anna Maria Rossi, Vincenzo Crupi, publié chez Rubbettino Éditeur, 2021, p.11
La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (18-21 janvier 2022) débute dans l’hémisphère nord. Les chrétiens du Moyen-Orient qui ont préparé des propositions pour cette semaine, disent :« La voie nouvelle pour les Églises est la voie de l’unité visible que nous poursuivons avec abnégation, courage, audace pour que, jour après jour, “Dieu règne vraiment en tous’’ » (1 Co 15, 28). Dans une interview réalisée par la télévision bavaroise à Montet (Suisse), en 1988, Chiara Lubich a parlé précisément de la manière d’avancer sur le chemin de l’unité des chrétiens. Si nous parlons de l’unité entre les Chrétiens, nous devons penser que le premier qui en a été à l’origine n’a pas été un Chrétien d’une Église ou d’une autre Église : c’est l’Esprit Saint qui pousse les Chrétiens à l’unité. Avant d’être en nous, le programme est donc en Dieu. Alors, nous nous conduisons vraiment en personnes prudentes et remplies de sagesse, si nous Le suivons et si nous écoutons sa voix qui parle en nous et qui nous dit : « Fais ce pas, fais cet autre pas. » Les Églises se sont mises sur ces deux rails : faire une unité dans la charité, caractéristique d’Athënagoras et du Pape Paul VI, par exemple, et établir ensuite le dialogue dans la vérité entre les Églises ou entre des groupes d’Églises. Nous pensons qu’il serait bon de maintenir à la base l’idée de la charité car, grâce à la charité, s’établit la présence de Jésus au milieu de nous. Là où il y a la charité et l’amour, il y a Dieu. Or s’Il est au milieu de nous, Il peut faire des suggestions, éclairer aussi les théologiens afin qu’ils trouvent les chemins pour s’unir et qu’ils trouvent une unique vérité ; une unique vérité vue peut-être sous différents angles. Donc que faut-il faire ? Continuer dans cette voie, suivant la ligne qu’ont prise les Églises de vivre le dialogue de la charité ; et à partir celui-là, le dialogue de la vérité. Pour ce qui concerne l’unité de l’humanité, je remarque qu’il y a tous ces élans vers l’unité et le nôtre, aussi petit soit-il, en est un aussi. […] Ce que je sens, c’est que beaucoup de barrières doivent tomber ; si les barrières tombent, beaucoup de choses seront résolues. […] Si nous diffusons le Christianisme et si nous le ravivons dans nos Églises […], et si nous parvenons à mieux témoigner du Christ et si nous répandons les principes chrétiens, à travers le dialogue avec les autres religions et avec les hommes de bonne volonté, il est sûr que nous deviendrons toujours plus unis ; Jésus est venu sur la terre pour construire la fraternité universelle. Mais la finale, c’est Dieu qui la connaît.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, Una spiritualità per l’unità dei cristiani, Città Nuova, 2020, p. 122-123)
Se donner et donner aux autres ce qui nous est cher est le plus grand geste que l’homme, sortant de lui-même, puisse accomplir ; c’est faire l’expérience des Rois Mages qui, de l’Orient lointain, sont venus à la grotte en apportant de précieux cadeaux pour honorer le Roi des Rois.Les effets du partage Je suis médecin, à la retraite depuis trois ans. Dans les dernières années de ma vie professionnelle, avant la pandémie, j’ai travaillé dans un centre de vaccination. Le travail était très exigeant. J’étais assez fatigué et j’avais hâte de prendre ma retraite. L’arrivée de la pandémie, la mise en place de la campagne de vaccination de masse, la demande de mise à disposition de tant de forces nécessaires (personnel médical et infirmier, y compris des retraités), ont suscité en moi un appel fort à retourner sur le terrain, à m’engager concrètement pour aider à endiguer cette vague qui nous balayait. J’ai commencé la campagne de vaccination dans un grand Hub. C’est une entreprise passionnante. En tant que médecin, je dois principalement recueillir les antécédents médicaux et donner la possibilité de recevoir un vaccin sûr. Il s’agit d’ouvrir mon cœur, ainsi que mon esprit et mes connaissances scientifiques, d’écouter profondément la personne en face de moi, de la comprendre et de l’accompagner dans un choix éclairé vers la meilleure chose à faire pour son propre bien et celui de la communauté. J’ai pu partager de nombreuses situations douloureuses de maladies personnelles, d’histoires et d’événements familiaux, de peurs, d’anxiété, de déceptions, d’idéaux et de projets brisés par la pandémie, de décès d’êtres chers, mais aussi de joies, d’espoir, de libération, d’encouragement et de confiance dans la science et la communauté. Les expressions que j’entends sont : « Merci, vous nous avez sauvés, vous nous donnez la paix… Je ne pouvais pas attendre pour venir me faire vacciner… Je suis excité… Je fais le vaccin non seulement pour moi, mais aussi pour les autres. » L’expression d’un monsieur en particulier m’a donné la mesure de ce que peut être mon service à l’humanité. Il m’a dit : « Je suis non-croyant, mais si Dieu existe, je l’ai rencontré aujourd’hui en vous. » J’ai remercié Dieu pour cette rencontre avant tout parce que j’ai fait l’expérience de la force de l’unité dans tout ce que je fais, et ce témoignage est celui du Dieu-Trinité qui se manifeste à travers ce “focolare ambulant” que j’ai voulu emporter avec moi. (M.P. – Italie)Du sucre et des chaussures Un soir, en rentrant chez moi, j’ai vu mes filles inquiètes : un parent qui était venu demander du sucre avait emporté le peu qu’il nous restait. Je les ai calmées en leur disant qu’elle en avait plus besoin. Quelques minutes plus tard, une connaissance est arrivée avec un sac rempli de nourriture pour nous : à l’intérieur, entre autres choses, il y avait deux fois plus de sucre que ce que nous avions donné. Quelque temps plus tard, avec nos premiers revenus, nous avons enfin réussi à acheter une paire de chaussures pour notre fille aînée. Un jour, elle est revenue de l’école et m’a dit qu’elle avait l’intention de les donner à l’une de ses camarades de classe qui portait des chaussures en très mauvais état : « Maman, tu nous as appris que nous devions donner les meilleures choses aux pauvres », a-t-elle dit. Sachant combien de sacrifices elles nous avaient coûté, j’étais perplexe mais je n’avais pas envie de la contredire. Trois jours plus tard, une dame nous a apporté une nouvelle paire de chaussures de la même taille. Elle les avait achetées pour sa fille mais ils étaient trop petits. Notre fille m’a regardé, surprise et heureuse. Depuis que nous essayons de vivre les paroles de Jésus, nous faisons l’expérience que Dieu est Père et nous conduit par la main. (C.E. – Mexique)
Publié sous la direction de Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VIII, n°1, janvier-février 2022)
L’expérience de l’Église en Amérique latine dans la réalisation de l’Assemblée Ecclésiale a été sans précédent : le cheminement du Peuple de Dieu dans un processus qui a connu son point culminant à la fin du mois de novembre dernier mais qui continue maintenant à mettre en œuvre les orientations pastorales prioritaires qui en sont ressorties. « Nous avons vécu une véritable expérience de synodalité, dans l’écoute mutuelle et le discernement communautaire de ce que l’Esprit veut dire à son Église. Nous avons marché ensemble, en reconnaissant notre diversité multiforme mais surtout ce qui nous unit et, dans le dialogue, nos cœurs de disciples ont regardé la réalité que vit le continent dans ses peines et ses espoirs ». Tels sont les mots des 885 membres de l’Assemblée Ecclésiale d’Amérique latine et des Caraïbes qui s’est tenue du 21 au 28 novembre de manière virtuelle et présentielle au Mexique avec des représentants de tous les pays du continent américain. « Le pape François – explique Susana Nuin, focolarine uruguayenne, coordinatrice de Cebitepal, l’organe de la Conseil Épiscopale d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAM) dédié à la formation – a ouvert le 24 janvier 2021 le processus de cette première assemblée ecclésiale en indiquant que tout le Saint peuple de Dieu devait y participer, c’est-à-dire les cardinaux, les évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses, les laïcs, toutes générations et toutes cultures confondues ». Un parcours qui a impliqué diocèses, paroisses, communautés et mouvements dans un temps « d’écoute ». Un total de 70 000 réponses collectives ou individuelles sont arrivées et composeront un livre. De ce matériel sont nées les grandes lignes sur lesquelles les différents groupes ont travaillé. À mon avis – poursuit Nuin – les groupes ont constitué un espace très intéressant en raison de l’engagement et de l’intérêt des participants. Nous avons travaillé pendant trois heures sans interruption, avec une grande liberté d’expression, avec un désir de changement. Sandra Ferreira Ribeiro, focolarine brésilienne, coresponsable du Centre ‘Uno’, le secrétariat pour le dialogue entre les chrétiens des différentes Églises des Focolari, a déclaré : « Pour moi, ce fut une véritable expérience de synodalité. Chaque jour, pendant le travail en groupe, il y avait une question différente à laquelle il fallait répondre en fonction du thème qui avait été traité pendant la matinée. Dans notre groupe, il y avait 14 personnes de différents pays, vocations et âges, toutes reliées par zoom. Dans un premier temps, nous avons écouté les pensées de chacun, puis nous avons essayé de hiérarchiser ce qui avait émergé en faisant une synthèse. Il s’agissait d’un travail intense et fructueux, entrecoupé de courtes pauses, qui étaient même parfois laissées de côté afin que le dialogue puisse se poursuivre et que l’équipe de coordination puisse toujours recevoir quelques réflexions personnelles. Les moyens télématiques ont permis une plus grande participation, même s’il s’agissait d’un frein à la connaissance mutuelle qui se crée spontanément dans les « couloirs », dans les intervalles, et qui fait aussi partie de la synodalité. Les moments de prière, très bien organisés surtout par les religieux et religieuses, ont exprimé les différentes contributions culturelles avec des symboles et des expressions musicales toujours basées sur la Parole. Comme dans tout parcours synodal, il y avait aussi de la place pour le désaccord, pour l’échange de points de vue différents, parfois divergents, mais qui n’ont jamais conduit à des heurts ou à des ruptures. Un document final n’a délibérément pas été produit, car il reste encore beaucoup à mettre en pratique dans le Document d’Aparecida (2007). En outre, cette Assemblée n’est qu’une étape sur le chemin parcouru, qui doit et va se poursuivre. Le choix a été de lancer un message au Peuple de Dieu d’Amérique latine et des Caraïbes, contenant les défis et les orientations pastorales prioritaires, allant d’un nouvel élan en tant qu’Église sortante au protagonisme des jeunes et des femmes ; de la promotion de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle, à la formation à la synodalité. Des défis qui comprennent l’écoute et l’accompagnement des pauvres, des exclus et des laissés-pour-compte, dans le but de redécouvrir la valeur des peuples originels, l’inculturation et l’interculturalité ; la priorité à la mise en œuvre des rêves de « Querida Amazonia [1]» pour la défense de la vie, de la terre et des cultures originelles et afro-descendantes. Enfin et surtout, accorder une attention particulière aux victimes d’abus dans le contexte ecclésial et travailler à la prévention. Parmi les invités, le cardinal Marc Ouelet, préfet de la Congrégation pour les évêques et Président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, le cardinal Mario Grech, Secrétaire Général du Synode des évêques et les représentants des conférences épiscopales régionales qui ont suivi les travaux avec grand intérêt. Sandra conclut : « Ce fut un moment privilégié de rencontrer l’Église d’Amérique latine. Dans mon groupe, il y avait des évêques, des prêtres, des religieux, des laïcs. J’ai retrouvé cette Église précisément dans ses membres, dans les personnes qui ont exprimé leurs inquiétudes et leurs préoccupations. C’était passionnant de voir l’Église latino-américaine vivante, dynamique et son désir d’apporter la fraternité, le Royaume de Dieu ; le désir d’apporter vraiment Jésus à tous ».
Les condoléances et les mots de Margaret Karram et du Mouvement des Focolari à l’occasion du décès du Président du Parlement européen. « “La nuit, nous devons ouvrir le siège du Parlement européen aux sans-abri car il est douloureux de voir tant de personnes cherchant à se mettre à l’abri du froid intense dans les renfoncements de notre bâtiment à Bruxelles. Les pauvres ne peuvent pas attendre.” Ces mots du Président Sassoli en 2019 me donnent la mesure de sa stature humaine et civile, et de son idée de l’Europe. Aujourd’hui, en même temps que l’émotion pour cette grande perte, c’est avec une profonde gratitude que nous voulons accueillir ces valeurs que nous sentons nôtres et nous engager toujours plus à les réaliser”. Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari, s’est exprimée ainsi ce matin en apprenant le décès du Président du Parlement européen. « Sa vie – a-t-elle ajouté – d’une grande profondeur humaine et politique, se présente aujourd’hui à nous comme le signe et le témoignage autorisé de quelqu’un qui a vécu la politique comme un service et a travaillé à une vision de l’Europe comprise comme un continent de peuples frères. » David Sassoli et les jeunes En mai 2021, lors d’un échange avec les Jeunes pour un Monde Uni du Mouvement des Focolari, le Président Sassoli disait à propos de #daretocare, (Oser prendre soin) un projet international auquel les jeunes l’avaient invité comme témoin d’une politique qui prend en charge le soin du monde, en commençant par ses blessures : « Cette image de “prendre soin ” est très belle, parce que la politique a cet horizon, elle ne peut pas en avoir d’autres ; prendre soin des personnes, de sa propre communauté, de ses villes. Je pense que c’est une expression qui représente vraiment le désir de miser sur l’avenir. » « Je suis un des jeunes Européens qui ont eu le privilège de dialoguer avec le Président Sassoli », se souvient Conleth Burns, chercheur irlandais et l’un des organisateurs de l’événement. Deux choses nous ont frappés dans ce qu’il nous a dit : sa conviction qu’une politique profondément enracinée dans le souci des personnes et des communautés est la meilleure politique, capable de transformer la société. Et ensuite, sa volonté de rapprocher la politique et les institutions elles-mêmes des citoyens pour renforcer notre démocratie européenne. La vision du Président Sassoli et son témoignage au service du bien commun, en tant que journaliste et homme politique, continueront à nous inspirer tous. » Clara Verhegge, une jeune belge qui s’est entretenue également avec le Président, raconte : « Son engagement sur le front de l’accueil européen des migrants – malgré son sentiment d’impuissance – a touché mon cœur et celui de nombreux autres jeunes. Lorsque nous avons parlé avec lui, j’ai compris que je n’étais pas seule. Au contraire, j’ai eu encore plus la conviction qu’un jour l’Europe parlera d’une seule voix aussi en ce qui concerne les réfugiés. » Interrogé par Mátyás Németh, jeune Hongrois qui lui demandait si, pour les peuples d’Europe, la question du climat pouvait être une occasion de s’unir, le Président Sassoli avait répondu que le Covid avait fait prendre conscience à l’Europe que c’était là l’occasion de relancer une politique commune sur laquelle fonder le redressement de l’Europe après la pandémie, ajoutant : « Je pense que, dans les difficultés, nous aurons besoin de sociétés ouvertes qui coopèrent et nous devons être fiers des jeunes qui demandent des comptes au monde de la politique. »
Palmira Frizzera, l’une des premières compagnes de Chiara Lubich, qui nous a quittés le 5 janvier 2022, vivra dans la mémoire et dans la vie de beaucoup – focolarines, focolarini, jeunes, familles – qu’elle a accompagnés dans leur formation à la Mariapolis Foco (Montet, Suisse), la cité-pilote des Focolari où elle a vécu pendant plus de 40 ans. En s’inspirant de ses paroles, nous évoquons quelques moments qui ont marqué son parcours de vie. « Mademoiselle, il n’y a rien de plus que nous puissions faire pour vos yeux ». Le médecin a posé un diagnostic très sévère sur la santé des yeux de Palmira Frizzera quelques mois après son arrivée au premier focolare de la Piazza Cappuccini à Trente. Palmira avait 18 ans lorsqu’elle a rencontré le premier groupe de focolarines trois ans plus tôt, en 1945. Elle avait des problèmes oculaires depuis longtemps, et à cause d’eux, son rêve de partir comme sœur missionnaire en Inde s’était effondré. Mais maintenant, ils devenaient plus sérieux. Ce jour-là, après diverses visites chez des spécialistes, elle s’est rendue chez un ophtalmologue de Trente, accompagnée d’une autre des premières compagnes de Chiara Lubich, Natalia Dallapiccola. « Le médecin m’a examinée très scrupuleusement – raconte Palmira à un groupe de jeunes filles en 2004 – et puis il a dit : l’œil droit est perdu et vous êtes en train de perdre l’œil gauche ».
Quelle douche froide ! « Dès que j’ai quitté le médecin, toujours dans l’escalier, j’ai éclaté en sanglots et je me suis dit : j’ai seulement 21 ans et je deviens aveugle, et maintenant que j’ai trouvé le plus bel idéal de ma vie, que personne ne peut m’enlever. Maintenant que j’ai trouvé la joie de vivre et que je voudrais la crier au monde entier, je vais devoir devenir aveugle. Et j’ai pleuré ». Il pleuvait, et sous le parapluie, Natalia tenait son bras et l’accompagnait silencieusement. « À un moment donné – poursuit-elle – je me suis arrêtée au milieu de la route et j’ai dit : Mais Natalia, pourquoi est-ce que je pleure autant parce que je vais perdre la vue ? Pour voir Jésus dans mon frère, je n’ai pas besoin de ces yeux, j’ai besoin des yeux de mon âme et je ne les perdrai jamais si je ne le veux pas (…). Je fais maintenant un pacte avec Jésus et tu en es mon témoin. Si je donne à Dieu plus de gloire avec mes yeux, qu’il me les laisse, mais si je lui donne plus de gloire sans yeux, qu’il les prenne, car je ne veux que faire sa volonté. Puis j’ai pensé : Jésus n’a-t-il pas dit dans l’Évangile qu’il vaut mieux aller au ciel sans yeux qu’en enfer avec deux yeux ? À partir de ce moment-là, je n’ai plus souffert ». « Ensuite, j’ai écrit à Chiara Lubich – poursuit Palmira – pour lui raconter mon expérience, toute ma joie, parce que j’étais heureuse, je ne manquais de rien ». Entre-temps, d’autres spécialistes ont été consultés, dont un qui, après l’avoir examinée attentivement, lui a dit que la maladie était grave, mais unilatérale, c’est-à-dire qu’elle n’avait touché que l’œil droit et qu’elle l’aurait probablement perdu, mais que l’œil gauche était sain et sans danger. « C’est ainsi que cela s’est passé – poursuit Palmira – j’ai perdu le droit, mais le gauche ne m’a jamais posé le moindre problème pendant toutes ces années. Vous pouvez voir que j’aurais donné plus de gloire à Dieu avec mes yeux. Et je vous dis la vérité qu’avec cet œil gauche j’ai toujours vu pour deux ». Et elle conclut : « Bien souvent, nous avons peur de donner quelque chose à Jésus, une affection, un attachement, quelque chose dans nos études. Au contraire, cela vaut la peine de tout lui donner, car il ne se laisse pas vaincre par notre générosité qui est toujours moindre par rapport à la sienne, car Dieu est Amour et il répond toujours au centuple ».
Dans les années qui suivent, Palmira assume diverses responsabilités pour le Mouvement des Focolari en Italie. En 1981, Chiara Lubich lui demande de se rendre, avec d’autres focolarini, à Montet, en Suisse, où une cité-pilote est en cours de construction. Elle ne devait rester que trois jours pour évaluer les rénovations nécessaires. Après trois jours, les autres sont partis et elle est restée seule dans un appartement à Estavayer, la ville voisine. À un moment donné, dépassée par l’ampleur de ce qui l’attendait, elle s’est agenouillée et a récité le Notre Père. Elle se souvient : « Quand je suis arrivée à la phrase ‘’Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel’’, je l’ai dite à haute voix et une paix m’a envahie, que je n’ai toujours pas perdue ». Ces trois jours sont devenus 40 ans. Palmira a construit la cité-pilote avec d’autres, a accompagné et formé des générations de jeunes. Avec la simplicité et le franc-parler qui la caractérisent, elle s’est demandé en 2017 : « Est-ce que j’ai réussi ? Je ne sais pas. J’ai toujours essayé d’aimer avec le cœur pour ne pas me tromper, parce qu’avec la tête je peux toujours me tromper, mais si on aime avec le cœur, prêt à donner notre vie, je pense que ceux qui aiment, ne se trompent jamais ».
La vie chrétienne vécue est une lumière aujourd’hui aussi pour porter les personnes à Dieu. Les croyants, individuellement et en tant que communauté, ont une fonction à remplir, que Chiara Lubich explique dans ce passage : révéler, par leur vie, la présence de Dieu, qui se manifeste là où deux ou trois sont unis en son nom, présence promise à l’Église jusqu’à la fin des temps. Le chrétien ne peut pas fuir le monde, se cacher ni considérer la religion comme une affaire privée. Il vit dans le monde parce qu’il a une responsabilité, une mission devant tous les hommes : être la lumière qui éclaire. Toi aussi tu as ce devoir, et si tu ne l’accomplis pas, ton inutilité est comme celle du sel qui a perdu sa saveur ou comme celle de la lumière qui est devenue ombre. […] La lumière se manifeste dans les « œuvres bonnes ». Elle brille à travers les œuvres bonnes accomplies par les chrétiens. Tu me diras : mais il n’y a pas que les chrétiens qui font des œuvres bonnes. D’autres collaborent au progrès, construisent des maisons, promeuvent la justice… Tu as raison. Certes le chrétien fait et doit faire tout cela, mais ce n’est pas sa seule fonction spécifique. Le chrétien doit faire des œuvres bonnes avec un esprit nouveau, un esprit qui opère ceci : ce n’est plus le chrétien qui vit en lui-même mais le Christ qui vit en lui. […] Si le chrétien agit ainsi, il est ‘’transparent’’, la louange qui lui sera donnée pour ses actions ne l’atteindra pas, mais parviendra au Christ en lui. Dieu à travers lui sera présent dans le monde. Le devoir du chrétien est donc de faire resplendir cette lumière qui l’habite, d’être le ‘’signe’’ de cette présence de Dieu parmi les hommes. […] Si l’œuvre bonne d’une personne croyante a cette caractéristique, la communauté chrétienne qui se trouve au milieu du monde doit, elle aussi, avoir la même fonction spécifique : révéler par sa vie la présence de Dieu qui se manifeste là où deux ou trois sont unis en son nom. Et cette présence est promise à l’Eglise jusqu’à la fin des temps.
Chiara Lubich
Chiara Lubich, in Parole di Vita, préparé par Fabio Ciardi, Opere di Chiara Lubich, Città Nuova, 2017, p. 145
Suivre l’Étoile qui mène à l’Enfant Jésus et devenir des pèlerins. A l’instar des Rois Mages, ce temps est une occasion précieuse de repartir ensemble, en témoignant chaque jour de la merveille qui habite cette grotte et vient faire toutes choses nouvelles.Le positif dans le changement En passant en revue la vie d’une année entière marquée par cette pandémie inattendue, j’ai l’impression de regarder un film d’action qui nous a tous un peu secoués, parents et enfants. Le fait de devoir changer de plans et de rythme de vie a souvent été difficile, fatigant, mais il est également vrai que cela a apporté un vent de fraîcheur dans notre famille. Nous avons pris conscience de nouveaux modes de relation entre nous, de besoins auxquels nous ne faisions pas attention auparavant. Si la foi avait été un tabou avec nos enfants, nous voici maintenant confrontés à nos propres fragilités, à des peurs de dimension mondiale, à des questions restées jusque-là sans réponse. Le véritable changement, cependant, a commencé lorsque nous nous sommes interrogés sur la signification de ce qui se passait. Habitués à avoir des réponses à toutes les questions, nous étions cettefois-ci déroutés par l’inconnu. En bref, nous nous sommes retrouvés plus solidaires non seulement les uns des autres dans la famille, mais nous avons élargi notre regard sur les autres. Nous nous sommes retrouvés à considérer l’humanité comme une seule famille. (R.F. – France) L’amour circule entre les prisonniers Je fais du bénévolat à la prison de ma ville et je participe au « Projet de lecture de Città Nuova » auquel de nombreux détenus prennent part chaque semaine ; j’anime également la messe dominicale. L’un d’eux semble désolé de ne pas pouvoir s’approcher de l’Eucharistie parce qu’il n’a pas de formation catéchétique; je lui propose alors de le préparer. Heureux, il me remercie et avec l’aumônier nous établissons un programme de leçons. Spontanément, d’autres détenus se joignent à nous. En quelques mois, nous sommes prêts; à ma grande surprise, à la date choisie pour recevoir le sacrement, l’église est pleine ; ses camarades de section tirés à quatre épingles, qui assistent rarement aux services religieux, viennent à la messe. Et ce n’est pas tout : déterrant des souvenirs d’enfance, ils prennent en main les chants, les lectures et les prières des fidèles. Enthousiastes comme nous tous, ils apprécient l’atmosphère familiale qui se créée où personne ne se sent seul. (Antonietta – Italie) A genoux Ce pauvre homme vivait seul dans un taudis sale, à moitié paralysé, la peau sur les os. Il devait avoir un peu plus de 60 ans, mais il semblait en avoir plus. Il avait abandonné la foi et les sacrements depuis des années. La première fois que je suis allé lui apporter de la nourriture et des vêtements, je lui ai suggéré de prier ensemble. Il ne se souvenait plus du « Notre Père », il ne connaissait que le « Je vous salue Marie ». En partant, je lui ai demandé la bénédiction, même si j’étais plus jeune que lui, j’étais un étranger et, à ses yeux, un riche étranger. J’ai pris sa main paralysée pour faire le signe de croix sur ma tête. Il me regardait avec des yeux pleins de joie, de surprise et de larmes. Notre rendez-vous est maintenant devenu hebdomadaire. Chaque fois, nous disons ensemble quelques prières qui lui reviennent à l’esprit. Il les récite à voix haute. La seule façon de m’approcher de lui est de m’agenouiller près de son lit, et pendant ce temps, je pense : « Me voici, Seigneur, à genoux devant toi ». (L.B. – Thaïlande)
Sous la direction de Maria Grazia Berretta
(Extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VIII, n.1, janvier-février 2022)
Palmira Frizzera, l’une des premières compagnes de Chiara Lubich, nous a quittés aujourd’hui, 5 janvier 2022.Merci Palmira ! Aujourd’hui, 5 janvier 2022, Palmira Frizzera, l’une des premières compagnes de Chiara Lubich, nous a quittés. Née à Terlago (Trente) le 9 avril 1927, Palmira Frizzera rencontre Chiara Lubich en 1945 à Trente (Italie) à la maison de Piazza Cappuccini, qui deviendra le premier focolare. Elle est saisie par l’idéal de « fraternité universelle » et décide de suivre Chiara. En 1947, elle rejoint le focolare de Trente ; elle y reste plusieurs années avant de se rendre en Sicile, à Turin et à Rome. Elle vit ensuite plus de 40 ans à Montet (Broye, Suisse) à la cité pilote Foco du mouvement des Focolari. Elle en est la responsable et assure le suivi de la formation des futures focolarines. https://www.youtube.com/watch?v=bAePK0NN9WI&list=PLKhiBjTNojHoPfT9syIwfyLI4sPeqBV0P&index=4
À Parintins, au cœur de la forêt amazonienne, le projet “Protéger l’enfance et l’adolescence” à l’intention des enfants, des parents, des éducateurs et des enseignants vise à prévenir la violence à l’égard des mineurs. https://www.youtube.com/watch?v=xqCDHDmZxCs&t=41s
Qu’a laissé la visite du pape François en Grèce et à Chypre, près d’un mois plus tard ? Nous avons interrogé la communauté des Focolari des deux pays.Un mois après le voyage de François en Grèce et à Chypre, ce quadrant du globe continue d’être sous le feu des projecteurs internationaux. Ces derniers jours, nous avons lu l’histoire d’espoir de Grace Enjei, une Camerounaise de 24 ans qui, grâce à la visite du pape et à l’aide de la Communauté de Sant’Egidio, est arrivée à Rome depuis le « no man’s land » de Chypre avec 10 autres demandeurs d’asile. Mais nous avons également appris l’énième naufrage en mer Égée, celui qui s’est produit le jour de Noël, dans lequel 13 migrants ont perdu la vie. Grèce et Chypre. Deux pays avec une population relativement faible (les catholiques sont une minorité religieuse) mais qui sont le miroir des principales crises mondiales : des forts courants migratoires, à la crise financière et sanitaire. Ils souffrent en particulier des influences politiques inquiétantes de leurs voisins turcs. Nous avons demandé à la communauté des Focolari de ces pays ce que ce voyage apostolique leur a laissé, quels sont les pas à accomplir vers la paix et une coexistence plus humaine pour tous. Lina Mikellidou, orthodoxe et responsable de la communauté des Focolari à Chypre, n’a aucun doute : « Lorsque le pape François a déclaré que nous devions faire de cette île ‘’ un laboratoire de la fraternité’’, il a mis le doigt sur le problème. Chypre est occupée par les Turcs depuis 1974 et la capitale Nicosie est la dernière ville européenne à être divisée par des barbelés. Les tentatives de recomposition de ces fractures n’ont pas abouti à des résultats concrets malgré les efforts de la communauté internationale et des deux parties ces dernières années. Je pense qu’il est nécessaire de développer ou de renforcer les plateformes, les lieux de dialogue entre les différentes réalités qui existent à Chypre, c’est-à-dire entre les chrétiens de différentes confessions (comme les Arméniens, les Latins, les Maronites et les Orthodoxes) et aussi avec les Musulmans. Il est ensuite nécessaire de cultiver l’esprit d’ ‘’unité dans la diversité’’ entre les deux Églises sœurs, catholique et orthodoxe. Et enfin, il y a le chapitre des migrants. Leur nombre n’est pas supportable pour notre pays, tant sur le plan logistique qu’économique. Mon peuple est connu pour sa générosité et son esprit d’accueil : beaucoup a déjà été fait pour les réfugiés, mais nous pouvons certainement nous améliorer, en essayant de sensibiliser, de trouver des fonds et des structures pour que ces frères à nous vivent dans des conditions plus humaines et plus dignes ». « Le pape nous a encouragés à avoir un nouveau regard – conclut Lina – une vive attention aux questions brûlantes telles que les migrants et le dialogue œcuménique. La recherche d’unité entre le pape François et le patriarche œcuménique de Constantinople, S. B. Bartholomée, nous donne une grande espérance : une relation fraternelle, faite de gestes concrets et d’un dialogue profond ». Alexandros Oshana, un jeune d’Athènes issu de la communauté locale des Focolari, soutient que le chemin vers le dialogue œcuménique est encore long : « En ce sens – dit-il – la visite du pape a offert la possibilité d’un nouveau départ. Dans ses discours, il utilisait souvent les mots ‘’unité’’, ‘’fraternité’’, ‘’dialogue’’. Le pape a appelé à une Église inclusive, ouverte à ceux qui souffrent. François nous a tous exprimé, nous Grecs catholiques, à 100%, notre intention d’être proches de nos frères et sœurs orthodoxes et de nous sentir avant tout ‘’chrétiens’’. À cet égard, le propre exemple que le pape François a voulu donner n’a échappé à personne. Afin de souligner que l’unité n’est possible que par un acte complet d’humilité, il a lui-même demandé à nouveau pardon à l’archevêque orthodoxe Ieronimos pour les erreurs commises dans le passé par les catholiques envers les orthodoxes. L’archevêque lui-même a déclaré qu’il était sûr qu’il serait possible de « se débarrasser des fardeaux du passé, en particulier ceux liés aux événements de la guerre d’indépendance grecque ». En signe de fraternité, il a également déclaré vouloir rejoindre François ‘’dans l’énorme défi’’ concernant le sort des migrants et entreprendre ‘’une action commune pour l’environnement’’.
Lorenzo Russo avec la collaboration de la communauté des Focolari de Grèce et de Chypre
Le 1er janvier dernier, à l’occasion de la 55°Journée Mondiale de la Paixle Pape François affirmait dans son message : « Le dialogue consiste à s’écouter, à discuter, se mettre d’accord et cheminer ensemble. Favoriser tout cela entre les générations signifie labourer le sol dur et stérile du conflit et du rejet pour cultiver les semences d’une paix durable et partagée. » Dans ce passage, Chiara Lubich nous invite également à établir des rapports de dialogue afin de parvenir à une paix véritable. Jésus est venu pour construire des relations totalement nouvelles entre les personnes, entre homme et femme, garçon et fille, époux et épouse, parents et enfants, enseignants et élèves, travailleurs et employeurs, employés et dirigeants, citoyens et gouvernants, entre les races, les peuples et les États. Jésus veut construire un nouvel ordre social, fondé sur la justice, le respect et une authentique fraternité humaine. Il veut nous donner, en tant qu’individus et que collectivité, la paix véritable, cette paix divine que lui seul peut donner. Mais pour que cela arrive, il faut le suivre, même si, à première vue, il semble trop exigeant. Il faut vivre sa parole, chacun dans l’état de vie où il a été appelé.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, in Parole di Vita, préparé par Fabio Ciardi, Opere di Chiara Lubich, Cittá Nuova, 2017, p. 362)
Dans son message pour la Journée Mondiale de la Paix aujourd’hui, 1er janvier, le pape François lance un avertissement sévère aux politiciens qui investissent dans l’armement plutôt que dans l’éducation. Que peut-on faire pour donner de l’espoir aux jeunes et inverser la tendance ? Nous avons interrogé le professeur Buonomo, recteur de l’Université pontificale du Latran, à ce sujet. Aujourd’hui, selon la Banque mondiale, près de 100 millions de personnes supplémentaires vivent dans un état d’appauvrissement à cause de la pandémie de la Covid-19. Et en 2020 les dépenses militaires dans le monde, malgré la Covid, ont augmenté à près de 2 000 milliards de dollars (en 2019, elles étaient de 1650 milliards), selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Des données qui ont incité le pape François à délivrer un message dur mais plein d’espoir pour la 55e Journée Mondiale de la Paix, qui a lieu aujourd’hui 1er janvier 2022. Le Pape propose trois éléments : le dialogue entre les générations, l’éducation et le travail : des outils pour construire une paix durable. Comment pouvons-nous contextualiser ce message dans les défis auxquels la société actuelle est confrontée ? Nous avons interrogé le professeur Vincenzo Buonomo, recteur de l’Université pontificale du Latran. Comment engager le dialogue entre les générations pour construire la paix ? Sur quelle confiance repose-t-elle aujourd’hui, alors que la pandémie et le développement de la technologie ont créé tant de solitude et d’indifférence ? «Tout d’abord, le message du Pape présente le dialogue non seulement comme un objectif pour les relations entre les générations mais aussi comme une méthode. Et ceci, je crois, est l’aspect le plus important que l’on peut saisir, c’est celui qui nous permet aussi de faire du dialogue un instrument efficace pour la paix, parce que très souvent nous réduisons le dialogue uniquement à la possibilité de communiquer. En réalité, le dialogue présuppose quelque chose de plus : il existe un pacte entre les générations, un pacte dans lequel la parole donnée a un sens. Très souvent, nous avons fait du dialogue un simple outil technique et non une réalité que nous partageons et qui devient donc une méthode ou une “action quotidienne”». Ces dernières années, l’éducation et la formation ont été considérées comme des dépenses plutôt que des investissements. Et les dépenses militaires ont augmenté. Quelles mesures les responsables politiques devraient-ils prendre pour promouvoir une culture du “soin” plutôt que de la “guerre” ? « La relation entre l’éducateur et celui qui est éduqué doit être construite quotidiennement sur la base du renoncement de la part des deux. Ce type de méthodologie éducative devrait également servir les grands enjeux de l’humanité. Le problème de la course aux armements, et donc du détournement des ressources vers d’autres domaines, est avant tout le lien entre les armements et un concept de puissance. C’est donc par l’éducation que nous devons essayer de faire circuler des valeurs partagées. C’est cet aspect que le message du Pape met en avant, car s’il y a des valeurs partagées – la paix par exemple – cela devient un moyen de surmonter les conflits. Mais les conflits sont surmontés en éliminant les armements, c’est donc un concept qui s’inscrit ensuite dans un processus. »Le travail est le lieu où nous apprenons à apporter notre contribution à un monde plus vivable et plus beau et constitue un facteur de préservation de la paix. Mais l’insécurité de l’emploi et l’exploitation ont augmenté avec la pandémie. Alors que faire pour donner de l’espoir aux jeunes en luttant contre la précarité et l’exploitation ? « Le travail n’est pas simplement quelque chose qui garantit la paix sociale comme on le dit traditionnellement. Le travail est une chose qui garantit la paix. Si la condition préalable du travail fait défaut, il n’y a pas d’éducation, pas de relation intergénérationnelle, pas de dialogue. Parce qu’en travaillant, la personne ne trouve pas seulement de quoi vivre, mais exprime sa dignité. Nous trouvons cela dans le Magistère de l’Église et le Pape François, qui l’a souligné à plusieurs reprises. Par conséquent, aujourd’hui, les hommes politiques, ou plutôt ceux qui ont des responsabilités, les “décideurs”, doivent faire du travail une priorité et non un point parmi d’autres de l’agenda politique. Je crois que les jeunes générations ont besoin non seulement d’un emploi, mais d’un emploi qui exprime leurs qualifications et, surtout, qui leur donne le sentiment d’être des protagonistes dans les décisions relatives à l’emploi. L’élément qui relie les trois rubriques – dialogue, éducation, travail – est donc le mot pacte. Le pacte entre les générations, le pacte éducatif, le pacte du travail : voilà le mot clé qui les situe en fonction de la paix. Sans quoi ce serait trois réalités sans lien entre elles. » Cliquez sur Clicca qui pour lire le message du Pape (en plusieurs langues) pour la 55ème Journée Mondiale de la Paix.