Mouvement des Focolari
Le choix de Vincenzo: prendre soin des patients les plus petits

Le choix de Vincenzo: prendre soin des patients les plus petits

Vincenzoā€œDepuis plus de trois mois je fais un stage en onco-hĆ©matologie pĆ©diatrique, un service où on ne saiT jamais si les enfants qu’on soigne aujourd’hui seront encore lĆ  demain. Il n’est pas du tout facile de vivre continuellement en contact avec la souffrance des innocents, et cela remet constamment en question mon choix de devenir infirmier en pĆ©diatrie. Le premier jour je me sens prĆŖt Ć  tout. Mais, Ć  peine entrĆ© dans le service, on me prĆ©sente une merveilleuse petite fille. Elle est affectĆ©e d’une des pires tumeurs malignes, en phase terminale. Je n’ai pas la moindre idĆ©e de comment affronter cette situation. Jamais comme en cet instant je me suis senti aussi inutile et incapable, convaincu de ne rien pouvoir faire de bon pour elle. Il y a aussi beaucoup d’autres enfants dans le service et la journĆ©e semble passer rapidement, mais chaque fois que j’entre dans la chambre de cette petite, j’éprouve le mĆŖme sentiment d’impuissance et d’inaptitude. C’est bientĆ“t 14h, l’heure où finit mon service. Je ne puis m’en aller sans faire quelque chose pour elle. Mai quoi? En essayant de mettre en pratique la spiritualitĆ© de l’unitĆ©, j’avais expĆ©rimentĆ© que dans l’amour ce qui compte c’est d’aimer. Qu’il ne faut pas faire des actions Ć©clatantes, mais qu’il suffit de commencer par une petite chose, sans avoir de grandes prĆ©tentions. Mais tout ce que je pouvais faire pour cette enfant, je l’avais dĆ©jĆ  fait. Mais comment donc suis-je poussĆ© Ć  faire davantage? Le matin, en entrant Ć  l’hĆ“pital, j’avais vu une petite chapelle. Aimer cette jeune enfant, me dis-je, consiste peut-ĆŖre Ć  prier pour elle. Je m’assois sur l’un des derniers bancs, mais je ne sais comment ni quoi demander. Je reste lĆ , en silence. IntĆ©rieurement je n’éprouve qu’une grande douleur qui m’opprime. Et petit Ć  petit je sens que JĆ©sus prend sur lui toute ma souffrance. Le coeur libre, je peux alors lui confier cette petite fille et aller encore une fois la saluer, ainsi que sa maman, pour leur faire sentir ma proximitĆ© et ma compassion. Depuis je continue Ć  aller souvent dans cette chapelle. C’est lĆ  que je trouve la lumiĆØre pour affronter, et aussi pour comprendre un peu, le mystĆØre de la souffrance de l’innocent, qui se prĆ©sente si frĆ©quemment. Et c’est en JĆ©sus crucifiĆ© et rĆ©ssuscitĆ© que je trouve la force et l’attitude juste pour approcher ces enfants et leurs proches. Souvent je ne sais pas quoi faire pour eux, mais ensuite la rĆ©ponse arrive, toujours au bon moment. Un jour arrive dans notre service une enfant de dix ans qui avait Ć©tĆ© transportĆ©e d’un hĆ“pital Ć  l’autre. Les soupƧons d’une grave maladie du sang qui planaient sur elle sont confirmĆ©s et tout d’un coup le diagnostic sans espoir tombe. Pour elle et pour sa mĆØre c’est comme un coup de massue. Je sens toute l’importance d’être proche d’elles, de me mettre Ć  leur place en les aidant comme je peux, mĆŖme si cela me vaut quelques heures de plus Ć  l’hĆ“pital. Au cours de la journĆ©e je ne peux pas faire beaucoup, mais dĆØs que j’ai un moment de libre, je vais dans leur chambre, un peu pour Ć©couter la maman et la rassurer, un peu pour divertir son enfant. Et chaque fois je perƧois dans leur regard un fond de sĆ©rĆ©nitĆ© qui n’y Ć©tait pas juste avant, un nouvel Ć©lan d’espĆ©rance pour affronter la difficile Ć©preuve qui les attend. Et il en va de mĆŖme dans de nombreuses autres situations...je saisis chaque occasion pour passer un peu de temps avec ā€œmes enfantsā€, non seulement pour leur administrer un traitement, mais pour les voir sourire et affronter avec un peu plus de sĆ©rĆ©nitĆ© leur difficile parcoursā€

GlolĆ©, CĆ“te d’Ivoire: chez nous, il y a de la place

GlolĆ©, CĆ“te d’Ivoire: chez nous, il y a de la place

20150905-03S’enfonƧant sept kilomĆØtres dans la forĆŖt, on arrive Ć  GlolĆ© Ć  pied ou avec une fourgonnette (la baka) qui franchit toutes les orniĆØres creusĆ©es durant la saison des pluies. Dans ce village, un des 18 du Canton (dans la rĆ©gion du Tonkpi, Ć  Man, au nord-est de la CĆ“te d’Ivoire), il n’y a pas d’électricitĆ©, donc pas de tĆ©lĆ©vision, pas d’internet, et pas non plus de magasins. Nombre de ses habitants ont Ć©tĆ© touchĆ©s par l’idĆ©al de fraternitĆ© de Chiara Lubich. Ils le vivent au quotidien, Ć  commencer par la parole de l’Évangile mise en pratique. La structure sociale et politique, qui les maintient ensemble, est progressivement enrichie et illuminĆ©e par cette expĆ©rience. Gilbert Gba Zio est un responsable communautaire naturel, catĆ©chiste, chef d’une des familles: “Un jour, nous nous sommes demandĆ© que faire pour notre petit village”, raconte-t-il durant le rĆ©cent congrĆØs de l’Économie de Communion Ć  Nairobi (Kenya). “Nous voyions que la Parole de l’Évangile vĆ©cue pouvait nous donner des indications.” Et voici quelques-unes des concrĆ©tisations qui en ont dĆ©coulĆ©. La case pour “l’étranger” (invitĆ©) – L’expression locale “Kwayeko” – “Chez nous, il y a de la place” – n’est pas qu’une faƧon de parler Ć  GlolĆ©. “Ici, il y a souvent des Ć©trangers de passage – explique Gilbert – des gens qui font des kilomĆØtres Ć  pied, contraints de dormir en route avant d’arriver dans leur village. ƀ chaque fois, c’est notre lit qu’on cĆØde Ć  l’étranger. Ƈa aussi, c’est l’Évangile, mais nous nous sommes demandĆ©: “Ne pouvons-nous pas faire plus? Pourquoi ne pas construire des cases? Ainsi, lorsque quelqu’un arrive, nous pouvons lui offrir un toit pour dormir.” Nous avons commencĆ© Ć  fabriquer des briques, en chantant. Dans le groupe, il y avait des maƧons et nous avons construit douze cases composĆ©es d’une chambre et d’un petit salon. Maintenant, nous disons aux Ć©trangers qui arrivent: “On a la maison, venez dormir”. La nourriture ne manque pas, nous sommes paysans. Ce furent nos premiers pas”. 20150905-04La case des soins – La difficultĆ© d’accĆØs Ć  la route goudronnĆ©e durant la saison des pluies et les 30Ā km suivants pour rejoindre la ville de Man, la ville la plus proche, rendent impossible un secours rapide en cas d’urgence mĆ©dicale. “Un jour, une femme devait accoucher d’urgence – raconte encore Gilbert. Nous l’avons transportĆ©e avec une brouette jusqu’à la route goudronnĆ©e pour trouver un vĆ©hicule. Dieu merci, la femme a Ć©tĆ© sauvĆ©e; mais ce fut dur. Il a donc fallu construire une case des soins et mettre au travail quelques “sages-femmes traditionnelles”. Mais où trouver l’argent?Ā Chez nous, il y a le mĆ©tayage: le propriĆ©taire d’un champ peut permettre Ć  un paysan de le cultiver pour une saison. Le montant de la rĆ©colte est divisĆ© en deux. Notre communautĆ© a pris une plantation de cafĆ©: les hommes ont dĆ©frichĆ© le terrain, les femmes ont rĆ©coltĆ© le cafĆ©. Avec cet argent, nous avons achetĆ© le ciment et construit la case des soins”. 20150905-02La malnutrition des enfants – “Il y avait des enfants qui mouraient au village et nous ne savions pas comment les sauver. À la citĆ©-pilote Victoria du Mouvement des Focolari, il y a un Centre nutritionnel qui s’occupe d’eux. Nous leur avons expliquĆ© le problĆØme et commencĆ© Ć  emmener les enfants. Nous Ć©tions surpris de voir que, chez eux, les enfants guĆ©rissaient sans mĆ©dicaments. Ils nous ont montrĆ© comment leur donner Ć  manger. Un jour, la responsable nous a dit: “Si vous voulez, nous pouvons aller chez vous”. Nous Ć©tions d’accord. Dans notre culture, l’enfant appartient Ć  tout le village! Ils nous ont expliquĆ© comment Ć©viter la malnutrition et la soigner. Nous avons commencĆ© Ć  changer nos habitudes alimentaires et appris Ć  conserver les aliments, pour nourrir nos enfants en temps de pĆ©nurie”. La banque du riz – “Nous conservons le riz dans de petits greniers, qui sont souvent la proie des voleurs et des souris. Nous avons alors construit un entrepĆ“t et chacun a envoyĆ© ce qu’il avait. Au dĆ©but, nous Ć©tions 30 personnes. Aujourd’hui, les paysans qui ne faisaient pas partie du groupe se sont joints Ć  nous et 110 personnes apportent leurs sacs de riz pour les conserver dans cette banque. En mars-avril, durant les semailles, chacun vient prendre ce qu’il faut pour labourer et met de cĆ“tĆ© ce que ses enfants vont manger. Au moment opportun, quand les prix sont bons, ils prennent le riz pour la vente. Chacun, selon sa conscience, donne une part de sa rĆ©colte et la dĆ©pose Ć  la banque pour contribuer aux besoins de la communautĆ© et pour les gardiens de la banque”. Un village ne suffit pas – “Vous ne pouvez pas venir chez nous avec “votre affaire”?, demandent les villages voisins. Aujourd’hui, 13 villages vivent comme Ć  GlolĆ©. “L’unitĆ© est notre richesse”, affirme Gilbert. “Un jour, quelqu’un de l’extĆ©rieur voulait nous aider Ć  construire un puits dans le village. Mais il n’y a pas eu d’accord sur l’endroit. Si nous avions insistĆ©, ce puits aurait divisĆ© le village. Nous avons prĆ©fĆ©rĆ© ne pas accepter ce don et maintenir l’unitĆ© entre nous.” Voir “Ɖconomie de Communion – une nouvelle culture” n.41 – SupplĆ©ment de la revue CittĆ  Nuova n.13/14 – 2015 – juillet 2015 Voir Nouvelle CitĆ© Afrique Juillet 2015 Voir ƉdeC en ligne GlolĆ©, CĆ“te-d’Ivoire: CongrĆØs de l’Economie de Communion en 2015 Ā 

Moi, londonienne, anglicane, focolarine

Moi, londonienne, anglicane, focolarine

CathyLimebear« Sur l’autobus qui me porte Ć  Harefield (Grande Bretagne)- l’hĆ“pital où j’Ć©tudie pour ĆŖtre infirmiĆØre – je suis touchĆ©e par la maniĆØre de faire d’une collĆØgue. L’approche n’est pas des plus simples, vu que je suis plutĆ“t timide et souvent entourĆ©e d’amis aussi ”sauvages” que moi. Mais elle ne dĆ©daigne pas ma compagnie, au contraire, un jour, elle me propose de prendre ensemble le petit-dĆ©jeuner. Nous devenons amies. Depuis un certain temps, mon christianisme ne me satisfait plusĀ : je frĆ©quente l’Ć©glise pour un sens du devoir, pour avoir la conscience tranquille. Elle au contraire, me parle d’une foi joyeuse, authentique, qu’elle partage avec d’autres jeunes comme elle, une foi Ć©clairĆ©e par l’amour. Un jour, elle arrive Ć  l’hĆ“pital avec une guitareĀ : c’est pour fĆŖter une infirmiĆØre avec laquelle tout le monde sait qu’il est difficile de se mettre d’accord. Mais alors, si cette fille arrive Ć  faire Ƨa, cela vaut peut-ĆŖtre la peine de savoir ce qui la pousse Ć  agir de cette faƧon. Elle me parle alors de la spiritualitĆ© de l’unitĆ© qui l’anime. Ainsi, comme elle, je commence Ć  frĆ©quenter les personnes du Focolare, et chaque fois, je dĆ©couvre toujours de nouvelles occasions de me donnerĀ : mettre en commun les vĆŖtements ou la nourriture avec ceux qui en ont besoin, me proposer pour des soins ou d’autres services, etc…Ces petits gestes, fruits de l’Evangile que je commence moi aussi Ć  mettre en pratique, me donnent beaucoup de joie. MĆŖme si je ne sais pas encore trĆØs bien ce qu’est le Mouvement des Focolari, je sens que j’y ai trouvĆ© ma maison. Mais est-ce que moi je peux faire le choix radical des focolarine ? Elles sont catholiques, moi anglicane… Mais une voix rĆ©sonne en moiĀ : « Pourquoi pasĀ ? Il suffit que tu me dises ton ouiĀ Ā». Je me sens comme quelqu’un qui est en train de faire un saut dans le vide, mais peu m’importe, je dis quand mĆŖme mon oui Ć  Dieu, heureuse de vouloir le suivre pour toujours. J’Ć©tais devenue infirmiĆØre, spĆ©cialisĆ©e comme sage-femme, pour un profond dĆ©sir d’apporter un changement dans la sociĆ©tĆ©. Je pensais qu’avec ce diplĆ“me, j’aurais pu travailler Ć  l’Ć©tranger et j’avais dĆ©jĆ  mis de l’argent de cĆ“tĆ© pour le voyage. Lorsque je suis entrĆ©e au focolare, j’ai donnĆ© cet argent Ć  quelqu’un qui en avait besoin et j’ai commencĆ© ma formation pour devenir focolarine. Ma premiĆØre destination a Ć©tĆ© le focolare de Leeds pendant 5 ans. LĆ , j’ai travaillĆ© dans un quartier Ć  risques. Venant d’un milieu aisĆ©, j’avais une idĆ©e romantique des pauvresĀ : je ne savais pas comment les gens vivaient rĆ©ellement ”dans” la pauvretĆ©. Je soignais une jeune mĆØre. Chaque fois qu’elle venait pour les contrĆ“les, je remarquais qu’elle avait toujours les mĆŖmes vĆŖtements et les bas collants pleins de trous. J’ai essayĆ© d’Ć©tablir avec elle un bon contact afin qu’elle puisse me parler de sa situation, de lĆ  où elle habitait etc. Ainsi, un jour, je suis allĆ©e lui rendre visite. Son partenaire se tenait devant la porte, une personne agressive et rebutante. ChoquĆ©e par cet homme, par la saletĆ© et le dĆ©sordre de ce lieu, je ne savais pas par où commencer pour Ć©tablir la relation avec eux. Puis je me suis rendu compte qu’il y avait lĆ  dans la maison, un grand rĆ©servoir qui servait Ć  lĀ ‘Ć©levage de poissons. J’ai donc commencĆ© Ć  parler de poissons et la tension s’est calmĆ©e. Une autre fois j’ai apportĆ© des vĆŖtements et la fois suivante, la femme portait sur elle ces habits pour me les montrer. Maintenant je vis dans le focolare de Welwyn Garden City (prĆØs de la capitale) et je continue Ć  travailler pour le Service Sanitaire National (NHS). Ces derniĆØres annĆ©es, ici chez nous, il y a eu de grands bouleversements en ce qui concerne la politique de la santĆ© et ce n’est pas facile d’y apporter ce dĆ©sir de changement qui animait le dĆ©but de ma carriĆØre. Mais mĆŖme dans ce bouleversement, j’essaie de faire de chaque chose, comme un acte d’amour Ć  Dieu et aux frĆØres. Vivre en communautĆ© avec des personnes qui ont fait le mĆŖme choix de vie est une chance trĆØs importante, aussi pour mon travail. Mais Ć©galement pour grandir ensemble dans l’unitĆ© entre nous et dans la foi en Dieu Amour, en se donnant aux autres au-delĆ  du fait d’ĆŖtre catholiques ou anglicanesĀ Ā».

USA : Dialogue et questions difficiles

USA : Dialogue et questions difficiles

20150901-02En 1998, Chiara Lubich inaugure le ”Centre pour l’Éducation au Dialogue”, ayant son siĆØge dans la Mariapolis Luminosa, citĆ© des Focolari proche de New York. A cette occasion, elle Ć©crit : Ā« Que tous les participants Ć  ces activitĆ©s se sentent tous Ć©galement constructeurs de cette nouvelle rĆ©alitĆ© en collaborant avec amour, patience, comprĆ©hension mutuelle et solidaritĆ©, Ć  crĆ©er une Ć®le de paix et un signe d’unitĆ© pour le monde d’aujourd’hui… que ce soit surtout une Ć©cole où l’on apprend Ć  vivre cet amour qui seul peut faire des femmes et des hommes de cette terre, une unique famille Ā». Ce souhait de Chiara Ć©tait bien prĆ©sent lors de la rencontre qui s’est dĆ©roulĆ©e les 15 et 16 aoĆ»t derniers, dans la citadelle des Ɖtats-Unis, intitulĆ©e ” Le Dialogue et les questions difficiles”. Un dĆ©fi accueilli par une centaine, environ, de participants et Ā« centrĆ© – comme l’Ć©crivent les organisateurs – sur la maniĆØre avec laquelle nous pouvons dialoguer et communiquer lorsque des thĆ©matiques importantes s’affrontent et lorsque les personnes qui y participent ont de profondes divergences de pensĆ©e Ā». 20180901-01Le programme s’est dĆ©roulĆ© avec la contribution de quatre experts en thĆ©ologie morale et thĆ©ories politiques, issus des UniversitĆ©s de Fordham (New York), Providence College (Rhode Island) et Georgetown (Washington). Ā« Nous avons commencĆ© – racontent-ils – avec la pensĆ©e de Chiara Lubich sur le dialogue, d’où Ć©merge la spĆ©cificitĆ© de la spiritualitĆ© de l’unitĆ© qui, si elle est vĆ©cue, aide Ć  transformer les relations entre les personnes Ā». Charlie Camosy (Fordham) et Amy Uelmen (Georgetown) ont approfondi Ā« les motifs pour lesquels la sociĆ©tĆ© dans les Ɖtats-Unis est tellement polarisĆ©e sur des positions opposĆ©es et comment on pourrait rompre ces murs entre les personnes, par l’Ć©coute et l’attitude ouverte Ć  apprendre de l’autre Ā». Dana Dillon (Providence College) a affrontĆ© le dĆ©licat rapport entre ”amour et vĆ©ritĆ©”, Ć  partir d’un des points forts de la spiritualitĆ© de l’unitĆ© : JĆ©sus abandonnĆ©. La thĆ©ologie l’a prĆ©sentĆ© comme le vrai modĆØle pour le dialogue dans la mesure où Ā« Lui qui – dans le moment au cours duquel il se sent abandonnĆ© par le PĆØre – est entrĆ© dans la dĆ©sunitĆ©, en unifiant la plus grande division possible entre ciel et terre Ā». 20180901-03Au cours de l’aprĆØs-midi, un moment interactif : Claude Blanc, leadership coach (consultant qui organise le travail en Ć©quipe), a guidĆ© les personnes prĆ©sentes Ć  rĆ©aliser quelques exercices Ā« pour apprendre Ć  Ć©couter en profondeur et sans prĆ©tentions Ā». Une rĆ©flexion sur ” DiffĆ©rentes maniĆØres de communiquer” (imposer, discuter, essayer de convaincre l’autre, ou bien miser sur le bien commun), animĆ©e par Bill Gould (Fordham), a complĆ©tĆ© le sujet. Autour de la table ronde du dimanche, dans les questions posĆ©es aux professeurs par les participants, Ć©mergeait la nĆ©cessitĆ© d’ĆŖtre prĆ©parĆ©s Ć  affronter des thĆ©matiques brĆ»lantes telles que la procrĆ©ation artificielle, les mariages homosexuels et les autres dĆ©fis qui se prĆ©sentent dans la vie de chaque jour. Ā« Le workshop sur l’Ć©coute m’a aidĆ© Ć  comprendre combien celle-ci peut ĆŖtre importante dans les relations quotidiennes Ā». Ā« Je suis reparti trĆØs enrichi de cette expĆ©rience Ā». Deux impressions parmi tant d’autres.

Religions pour la Paix : campagne en faveur de l’environnement

Religions pour la Paix : campagne en faveur de l’environnement

Religions_for_Peace logoLe changement climatique est l’un des dĆ©fis majeurs de notre temps. Les leaders des diverses Religions s’unissent pour promouvoir une campagne mondiale. Leur objectif : atteindre les 100% d’énergies renouvelables avant 2050. Ā« Religions pour la Paix (RPP) – comme le prĆ©cise sa prĆ©sentation – travaille Ć  la rĆ©solution des conflits violents, Ć  la construction d’une sociĆ©tĆ© plus juste et harmonieuse et Ć  la protection de la terre. RPP dispose d’un Conseil mondial de leaders religieux de haut niveau, issus de toutes les Religions du monde, de nombreuses instances interreligieuses nationales et aussi rĆ©gionales Ā». La PrĆ©sidente du Mouvement des Focolari, Maria Voce, fait partie des coprĆ©sidents de Ā« Religions pour la Paix Ā». Consciente de la responsabilitĆ© morale que reprĆ©sente la protection de notre planĆØte, elle a souscrit Ć  cette pĆ©tition et invite tous ceux qui le veulent Ć  se joindre Ć  cette campagne qui s’adresse aux Chefs d’Etat de chaque Pays. Pour signer la pĆ©tition on-line : http://faithsforearth.org (choisir votre propre Pays)

Journée mondiale de prière pour la protection de la Création.

Journée mondiale de prière pour la protection de la Création.

20150831-aCette initiative du Pape FranƧois qui instaure “une journĆ©e de priĆØre mondiale pour la protection de la CrĆ©ation” revĆŖt un caractĆØre rĆ©solument œcumĆ©nique. En effet, non seulement il a vu dans la crise Ć©cologique que nous traversons l’une des urgences les plus pressantes de notre temps, mais il a aussi voulu mettre en valeur l’incontournable exigence d’agir – en matiĆØre d’Ć©cologie comme pour d’autres dĆ©fis qui interpellent l’humanitĆ© – non plus sĆ©parĆ©ment et isolĆ©s, mais Ā« ensemble Ā». L’idĆ©e d’une ā€œJournĆ©e de priĆØreā€, c’est l’orthodoxe Yoannis de Pergame qui la lui avait suggĆ©rĆ©e lors de son intervention au cours de la prĆ©sentation de l’encyclique ā€œLaudato sĆ¬ā€ en juin dernier. L’Evangile prĆ©cise: ā€œSi deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose…ā€ et le Pape souligne cette valeur ajoutĆ©e Ć  la priĆØre dans sa lettre du 6 aoĆ»t 2015 où il institue cette ā€œJournĆ©eā€: ā€œPartageant avec notre frĆØre bien aimĆ© le Patriarche oecumĆ©nique BartholomĆ©e les prĆ©occupations concernant le futur de la CrĆ©ation, et accueillant la suggestion de son reprĆ©sentant le MĆ©tropolite Yoannis…ā€. Comme pour dire: peu importe qui a eu l’idĆ©e, on peut tojours apprendre les uns des autres! Et vers la fin du document, il va dans le mĆŖme sens lorsqu’il sollicite le cardinal Koch, prĆ©sident du dicastĆØre pour l’unitĆ© des chrĆ©tiens, afin ā€œd’être bien en lien avec les initiatives semblables conduites par le Conseil OecumĆ©nique des Eglisesā€. En effet, le Conceil OecumĆ©nique des Eglises (CEC), a fixĆ© ā€œ Le temps pour la CrĆ©ationā€ qui va du 1er septembre (premier jour de l’annĆ©e liturgique dans la tradition orthodoxe) au 4 octobre (jour de la St FranƧois d’Assise dans la tradition catholique): une pĆ©riode où sont encouragĆ©es les initiatives en faveur de l’environnement et de son interaction avec la justice et la paix. Le choix de la date du 1er septembre par le Pape est donc significatif puisqu’elle coĆÆncide avec celle de nos frĆØres orthodoxes et que ce mĆŖme jour commence le ā€œtempsā€ choisi par le CEC. Tout aussi significatif son souhait que s’y joignent aussi les autres Eglises et CommunautĆ©s Ć©cclĆ©siales, une bonne occasion pour ā€œ tĆ©moigner de notre communion qui progresse”. Cette ā€œJournĆ©eā€ offre Ć  chacun ā€œune occasion prĆ©cieuse de renouveler son adhĆ©sion personnelle Ć  sa vocation de gardien de la crĆ©ation, et de rendre grĆ¢ce Ć  Dieu pour l’oeuvre merveilleuse qu’Il a confiĆ©e Ć  nos soinsā€. Par ailleurs, prĆ©cisĆ©ment parce qu’elle est destinĆ©e Ć  mobiliser des chrĆ©tiens appartenant Ć  diverses dĆ©nominations, mais qui parlent d’une mĆŖme voix, elle constitue une avancĆ©e concrĆØte: un message commun Ć  tous les chrĆ©tiens et qui s’adresse au monde entier. Les Focolari sont engagĆ©s et prĆ©sents dans le domaine de l’éologie et de l’envirronnement. Leur rĆ©seau international EcoOne offre Ć  tous ceux qui travaillent dans ces domaines un espace permettant de confronter aussi bien des idĆ©es que des initiatives concrĆØtes. Le Mouvement travaille aussi Ć  faire avancer l’oecumĆ©nisme, surtout dans les rĆ©gions du monde où la concentration de personnes appartenant Ć  des Eglises diffĆ©rentes est plus Ć©levĆ©e. Pour les Focolari la ā€œJournĆ©eā€ reprĆ©sente donc un magnifique rendez-vous planĆ©taire qui unit tous ses membres par la priĆØre pour demande Ć  Dieu de sauver la Maison qui abrite la grande Famille Humaine. Mais aussi pour mettre au point, avec des personnes de bonne volontĆ©, quelle que soit leur foi ou leur conviction, de nouvelles stratĆ©gies et de nouvelles rĆ©ponses pour prĆ©server l’environnement et contribuer, Ć  partir de lĆ , Ć  la rĆ©alisation d’un monde plus uni.

Chiara Lubich : J’ai un rĆŖve

Ā« Si j’observe, ce que l’Esprit Saint a fait en nous et en de nombreuses autres ā€œaffairesā€ spirituelles et sociales Ć  l’œuvre actuellement dans l’Église, je ne peux qu’espĆ©rer qu’il agira encore et toujours avec la mĆŖme gĆ©nĆ©rositĆ© et magnanimitĆ©. Il le fera Ć  travers des œuvres qui naĆ®tront ex-novo de son amour et en dĆ©veloppant celles qui existent dĆ©jĆ , comme la nĆ“tre. En attendant, je rĆŖve que notre Ɖglise soit enveloppĆ©e d’une atmosphĆØre qui corresponde davantage Ć  son ĆŖtre Ɖpouse du Christ ; qu’elle se prĆ©sente au monde plus belle, plus une, plus sainte, plus charismatique, plus conforme Ć  son modĆØle Marie, donc plus mariale, plus dynamique, plus familiale, plus intime, et qu’elle se modĆØle davantage sur le Christ son Ɖpoux. Je rĆŖve qu’elle soit un phare pour l’humanitĆ©. Et je rĆŖve qu’elle suscite un peuple saint, d’une saintetĆ© jamais vue jusqu’à prĆ©sent. Je rĆŖve que l’aspiration Ć  une fraternitĆ© vĆ©cue, diffusĆ©e sur la terre, rĆ©clamĆ©e – comme on le constate aujourd’hui – par les consciences de millions de personnes, devienne dans l’avenir, au cours du troisiĆØme millĆ©naire, gĆ©nĆ©rale, universelle. Je rĆŖve donc d’une diminution des guerres, des conflits, de la faim, des innombrables maux dont le monde est affligĆ©. Je rĆŖve d’un dialogue d’amour plus intense entre les Ɖglises qui rapproche l’heure où nous formerons une unique Ɖglise. Je rĆŖve que le dialogue soit vivant et fĆ©cond entre les religions et qu’il s’accroisse ; que les personnes des religions les plus variĆ©es soient liĆ©es entre elles par l’amour, cette ā€œrĆØgle d’orā€ qui se trouve dans leurs livres sacrĆ©s. Je rĆŖve que les diverses cultures du monde se rapprochent et s’enrichissent rĆ©ciproquement, pour former une culture mondiale basĆ©e sur les valeurs permanentes, vĆ©ritable richesse des peuples, qui doivent s’imposer comme sagesse globale. Je rĆŖve que l’Esprit Saint continue Ć  ĆŖtre la source d’eau vive des Ɖglises ; qu’il consolide, au-delĆ  de leurs frontiĆØres, les ā€œsemences du Verbeā€. Ainsi l’avĆØnement de quelque chose de ā€œnouveauā€ – lumiĆØre, vie, œuvres nouvelles que seul Lui peut susciter – ne cessera d’inonder le monde. Et toujours davantage d’hommes et de femmes suivront le droit chemin, convergeront vers leur CrĆ©ateur, se mettront cœur et Ć¢me Ć  son service. Je rĆŖve que les relations basĆ©es sur l’Ć©vangile s’étendent des personnes aux groupes, aux mouvements, aux associations religieuses et laĆÆques ; aux peuples, aux Ɖtats… Ainsi, il sera naturel d’aimer la patrie de l’autre comme la sienne et de tendre Ć  une communion des biens universelle : au moins en prospective. (…) Je rĆŖve donc que les Cieux nouveaux et les terres nouvelles commencent Ć  se rĆ©aliser sur la terre, autant que possible. Je rĆŖve beaucoup mais nous avons devant nous un millĆ©naire pour rĆ©aliser tout cela Ā». Chiara Lubich Traduit deĀ : AttualitĆ . Leggere il proprio tempo, CittĆ  Nuova, Roma 2013, pp. 102-103

Don Foresi: comment vivre l’humilitĆ©

Don Foresi: comment vivre l’humilitĆ©

Pasquale Foresi est intervenu de trĆØs nombreuses fois, oralement et par Ć©crit, pour prĆ©senter la thĆ©ologie du charisme de Chiara Lubich dans sa dimension sociale et spirituelle. Il en souligne, avec la compĆ©tence qui est la sienne, la nouveautĆ©, tant sur le plan de la vie que celui de la pensĆ©e. Les annĆ©es 1990-1998 ont Ć©tĆ© particuliĆØrement intenses pour lui et il a rĆ©pondu trĆØs frĆ©quemment Ć  de nombreuses questions des membres du Mouvement de toutes vocations et en provenance d’aires gĆ©ographiques et culturelles les plus variĆ©es. Lors d’une de ses interventions, il rĆ©pond Ć  une personne qui lui demande conseil sur la faƧon de vivre l’humilité¹. ā€œVivre l’humilitĆ© signifie simplement accepter d’être ce que l’on est – rĆ©pond Don Foresi – . Et nous sommes tous pĆ©cheurs. Si quelqu’un dit ā€œ Moi je ne suis pas un pĆ©cheurā€, il ment. L’humilitĆ©, nous pouvons donc toujours la mettre en pratique. La faƧon dont Saint Benoit prĆ©sente cette vertu m’a paru pleine de sagesse et m’a aidĆ© Ć  la vivre. Elle pourrait se rĆ©sumer ainsi: Le premier pas Ć  faire pour ĆŖtre humble consiste Ć  accepter les humiliations, les mortifications. A un certain moment il se peut que quelqu’un parle mal de toi dans ton bureau, dans ton milieu de travail: ce peut ĆŖtre Ć  cause d’une incomprĆ©hension de la part de quelqu’un ou une vraie calomnie… Il faut savoir accepter ces Ć©preuves et ces difficultĆ©s. Le deuxiĆØme pas consiste non seulement Ć  accepter ces humiliations, mais Ć  les aimer. C’est par exemple le cas lorsque nous nous sommes beaucoup donnĆ© et que dans la communautĆ© surviennent des accusations, des jugements, en particulier de la part de personnes pour lesquelles on a beaucoup fait. Ce sont souvent des critiques qui ont quelque chose de vrai, mais elles sont exagĆ©rĆ©es. Il est difficile d’aimer de telles humiliations, mais elles sont importantes pour grandir dans la vie spirituelle. Le troisiĆØme pas consiste Ć  les prĆ©fĆ©rer, c’est Ć  dire non seulement les aimer, mais s’en rĆ©jouir: lorsque par exemple quelqu’un parle mal de toi, tu te dis: ā€œC’est une grĆ¢ce de Dieu que je reƧois en ce moment…ā€ C’est le niveau le plus haut, auquel nous devons tous tendre, parce qu’il nous met dans cette humilitĆ© qui nous rapproche . Evidemment les calomnies, doivent, autant que possible, ĆŖtre rectifiĆ©es, mais toujours dans le dĆ©tachement, en vivant l’Evangile qui nous dit: ā€œHeureux ĆŖtes-vous, lorsque l’on dira faussement contre vous toute sorte de mal Ć  cause de moi. RĆ©jouissez-vous alors et soyez dans l’allĆ©gresse car votre rĆ©compense est grande dans le royaume des Cieuxā€ (Matthieu V, 11) ( ) Pasquale Foresi – COLLOQUI, domande e risposte sulla spiritualitĆ  dell’unitĆ , CittĆ  Nuova Editrice, Roma 2009, p.64.

Rencontre des dƩlƩguƩs du Mouvement des Focolari dans le monde

Cette annĆ©e, pour leur habituel rendez-vous de l’automne, les dĆ©lĆ©guĆ©s de 36 rĆ©gions du monde et les responsables de six citĆ©s pilotes se rĆ©uniront pendant deux semaines. Ils feront le point sur de la vie du Mouvement dans les nombreux pays où il est prĆ©sent et examineront, pour mieux les aborder, les nouveaux dĆ©fis de l’annĆ©e qui commence.

Parole de vie Septembre 2015

C’est une de ces paroles de l’Évangile Ć  vivre sans attendre. TrĆØs claire mais exigeante Ć  la fois, elle requiert peu de commentaires. Pour saisir la force qu’elle contient, replaƧons-la dans son contexte. Un scribe, donc expert de la Bible, interroge JĆ©sus : Quel est le plus grand commandement ? Question restant ouverte depuis l’identification dans les Livres Saints de 613 prĆ©ceptes Ć  observer. Quelques annĆ©es auparavant, Rabbi Shammaj, un des grands maĆ®tres, s’Ć©tait refusĆ© Ć  indiquer le commandement suprĆŖme. D’autres, cependant, comme le fera JĆ©sus, s’étaient orientĆ©s sur l’amour comme point central. Rabbi Hillel, par exemple, affirmait : Ā« Ne fais pas Ć  ton prochain tout ce qui est odieux pour toi ; en cela rĆ©side toute la loi. Le reste n’est qu’explication Ā». JĆ©sus, lui, reprend l’enseignement sur le caractĆØre central de l’amour, mais il unit Ć©galement en un seul commandement, l’amour de Dieu (Dt 6, 4) et l’amour du prochain ( Lv 19, 18). De fait, la rĆ©ponse qu’il donne au scribe est : Ā« Le premier (commandement), c’est : Ɖcoute, IsraĆ«l ! Le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton Ć¢me, de toute ta pensĆ©e et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-mĆŖme. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-lĆ  Ā». Ā« Tu aimeras ton prochain comme toi-mĆŖme Ā» Cette seconde partie de l’unique commandement est l’expression de la premiĆØre : l’amour de Dieu. Dieu aime tellement chacune de ses crĆ©atures que, pour Lui donner de la joie, pour Lui manifester notre amour pour Lui, le meilleur moyen est d’ĆŖtre envers tous expression de Son amour. De mĆŖme que des parents se rĆ©jouissent de constater l’entente, l’entraide, l’unitĆ© entre leurs enfants, ainsi Dieu, qui est envers nous comme un pĆØre et une mĆØre, est heureux de nous voir aimer le prochain comme nous-mĆŖmes, contribuant ainsi Ć  construire l’unitĆ© de la famille humaine. Depuis des siĆØcles, les ProphĆØtes expliquaient au peuple d’IsraĆ«l que Dieu veut l’amour et non les sacrifices et les holocaustes (OsĆ©e 6,6). JĆ©sus lui-mĆŖme rappelle leur enseignement lorsqu’il affirme : Ā« Allez apprendre ce que veut dire : C’est la misĆ©ricorde que je veux et non le sacrifice Ā» (Mt 9,13). En effet, comment peut-on aimer Dieu qu’on ne voit pas, si on n’aime pas le frĆØre qu’on voit ? (1 Jn 4, 20). Nous L’aimons, nous Le servons, nous L’honorons, dans la mesure où nous aimons, servons, honorons chaque personne, amie ou inconnue, de notre peuple ou d’un autre peuple, et surtout les plus Ā« petits Ā», les plus nĆ©cessiteux . C’est l’invitation – adressĆ©e aux chrĆ©tiens de tous les temps – Ć  transformer le culte en vie, Ć  sortir des Ć©glises où l’on a adorĆ©, aimĆ©, louĆ© Dieu, pour aller Ć  la rencontre des autres, de faƧon Ć  rĆ©aliser ce que nous avons appris dans la priĆØre et dans la communion avec Dieu. Ā« Tu aimeras ton prochain comme toi-mĆŖme Ā» Alors, comment vivre ce commandement du Seigneur ? Rappelons-nous avant tout qu’il fait partie d’un diptyque qui comprend aussi l’amour de Dieu. Il faut du temps pour comprendre ce qu’est l’amour et comment aimer… il nous faut donc prendre des moments de priĆØre, de “contemplation”, de dialogue avec Dieu : et Lui, qui est Amour, nous l’apprend. On ne vole pas de temps au prochain quand on est avec Dieu, au contraire, on se prĆ©pare Ć  aimer de faƧon toujours plus gĆ©nĆ©reuse et comme l’autre le requiert. Et lorsque nous revenons vers Dieu aprĆØs avoir aimĆ© les autres, notre priĆØre est plus authentique, plus vraie, peuplĆ©e de toutes les personnes rencontrĆ©es, que nous Lui portons. Pour aimer le prochain comme soi-mĆŖme, il faut aussi le connaĆ®tre comme on se connaĆ®t soi-mĆŖme. Il nous faudrait aimer l’autre comme il le voudrait et non comme il nous plaĆ®t de le faire ! De nos jours, nos sociĆ©tĆ©s deviennent de plus en plus multiculturelles par la prĆ©sence de personnes venant de mondes trĆØs divers, d’où un dĆ©fi encore plus grand. Celui qui s’Ć©tablit dans un nouveau pays doit appendre Ć  en connaĆ®tre les traditions et les valeurs ; c’est le seul moyen pour comprendre et aimer ses habitants. Il en est de mĆŖme pour ceux qui accueillent les nouveaux immigrĆ©s, souvent dĆ©paysĆ©s, ignorant la langue et en difficultĆ©s d’insertion. Et mĆŖme entre personnes de mĆŖme culture, Ć  l’intĆ©rieur d’une famille, d’un milieu de travail ou de voisinage, que de diversitĆ©s ! Nous souhaiterions parfois trouver une personne disponible, prĆŖte Ć  nous Ć©couter, Ć  nous aider Ć  trouver un travail, Ć  prĆ©parer un examen, Ć  nous donner un coup de main pour la maison… L’autre a peut-ĆŖtre les mĆŖmes exigences…Cherchons-nous Ć  les deviner, en Ć©tant attentifs, dans une attitude d’écoute sincĆØre, en essayant de nous mettre Ć  sa place ? La qualitĆ© de l’amour compte aussi. Dans son cĆ©lĆØbre hymne Ć  la charitĆ©, l’apĆ“tre Paul en Ć©numĆØre plusieurs caractĆ©ristiques importantes Ć  rappeler : Ā«l’amour prend patience, lā€˜amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intĆ©rĆŖt, il ne s’irrite pas, il n’entretient pas de rancune, il excuse tout, il croit tout, il espĆØre tout, il endure toutĀ». (1 Co 13,4,7). Que d’occasions et que de nuances pour vivre : Ā« Tu aimeras ton prochain comme toi-mĆŖme Ā» Il existe aussi cette norme de l’existence Ć  la base de la cĆ©lĆØbre “rĆØgle d’or” prĆ©sente dans toutes les religions et chez certains intellectuels reconnus, sans rĆ©fĆ©rence religieuse explicite. A l’origine de chaque tradition culturelle ou du credo de chacun, on pourrait trouver des invitations analogues Ć  aimer le prochain et Ć  nous aider Ć  les vivre ensemble. Et cela, que nous soyons hindouistes, musulmans, bouddhistes, fidĆØles des religions traditionnelles, chrĆ©tiens ou tout simplement hommes et femmes de bonne volontĆ©. Travaillons ensemble en vue de crĆ©er une nouvelle mentalitĆ© qui valorise et respecte la personne, soucieuse des minoritĆ©s, porte attention aux plus faibles, et nous dĆ©centre de nos propres intĆ©rĆŖts, pour donner la prioritĆ© Ć  ceux de l’autre. Si nous Ć©tions tous vraiment conscients qu’il nous faut aimer le prochain comme nous-mĆŖmes, au point de ne pas faire Ć  l’autre ce que nous ne voudrions pas qu’on nous fasse, conscients de devoir faire Ć  l’autre ce que nous voudrions que l’autre fasse pour nous, alors les guerres cesseraient, la corruption disparaĆ®trait, la fraternitĆ© universelle ne serait plus une utopie et la civilisation de l’amour deviendrait bientĆ“t une rĆ©alitĆ©. Fabio Ciardi

Argentine: Ć  propos de chevaux et de gauchos

Argentine: Ć  propos de chevaux et de gauchos

Chaque jour, dans le monde entier, des milliers de personnes se mobilisent pour vivre l’expĆ©rience d’une Ć©conomie solidaire. A Santiago del Estero, au Nord de l’Argentine, Aldo Calliera dirige son entreprise d’élevage de bĆ©tail, El Alba, insĆ©rĆ©e dans le projet de l’Economie de Communion (EdC). Pour les ouvriers agricoles de la rĆ©gion le travail commence trĆØs tĆ“t et mĆŖme avant l’aube pour ceux qui viennent de loin. La matera est pour eux un rite incontournable. Avant de commencer la journĆ©e on prĆ©pare le matĆ©, une infusion caractĆ©ristique de l’AmĆ©rique du Sud que l’on boit assis en cercle. A chaque tournĆ©e on parle des derniers Ć©vĆ©nements, on partage problĆØmes et succĆØs ainsi que les histoires des uns et des autres une faƧon de se rĆ©chauffer tout en tissant des liens d’amitiĆ© entre compagnons de travail. L’entrepreneur ne voulait pas que cette ancienne tradition des ses gauchos argentins se perde. Il commenƧa Ć  frĆ©quenter lui aussi la matera trĆØs tĆ“t le matin, mais il vit avec surprise qu’à son arrivĆ©e la conversation s’estompait et que le silence emplissait le cercle. Et ainsi jour aprĆØs jour. Les gauchos sont le fruit d’une Ć©ducation et d’une culture: lorsque le patron arrive, on s’arrĆŖte automatiquement de parler, non parce qu’il dĆ©range, mais parce que depuis l’époque de la ConquĆŖte jusqu’à nos jours, on a inculquĆ© Ć  de nombreuses gĆ©nĆ©rations que l’ouvrier est infĆ©rieur Ć  son patron. Aussi chaque fois Aldo repartait-il avec la sensation d’avoir reƧu un coup de poing dans l’estomac et dƩƧu de ne pas avoir Ć©tĆ© capable de briser la glace. Mais grĆ¢ce Ć  sa tĆ©nacitĆ©, petit Ć  petit, tous se sont ouverts: il a pu connaĆ®tre leurs noms et les entendre s’exprimer. Tous, sauf un: Ernesto. Un jour il Ć©tait en train de programmer ā€œle serviceā€, autrement dit le lieu et le moment de l’accouplement pour avoir des veaux. AprĆØs cette programmation, l’ingĆ©nieur qui Ć©tait avec lui s’apprĆŖtait Ć  donner des ordres aux ouvriers; mais Aldo Calliera l’a devancĆ© en lui disant: ā€œLaisse-moi parler Ć  mes hommesā€. Il a expliquĆ© ce qu’on voulait faire et, au lieu de se limiter Ć  donner des instructions, il leur a demandĆ© leur avis. Ernest, dont le patron connaissait Ć  peine la voix, lui a parlĆ© pour la premiĆØre fois: ā€œJe crois que l’an prochain nous n’aurons pas de veauxā€. Double surprise pour Calliera qui lui a demandĆ© pourquoi. Sa rĆ©ponse a Ć©tĆ© simple: sur le terrain où ils avaient programmĆ© le service il n’y avait pas assez d’eau pour tous les bestiaux. On peut penser que n’importe qui aurait pu le dire, mais, dans ces cultures, on a l’habitude de rĆ©pondre au patron: ā€œOui monsieurā€, mĆŖme si on est d’avis contraire. ā€œJ’ai compris que c’est seulement en ayant une vision anthropologique positive de l’autre – rapporte Calliera – qu’il est possible de faire ressortir le meilleur de chacun. Que c’est la seule maniĆØre de dĆ©couvrir les richesses qui Ć©chappent au regard habituel et de chercher Ć  les faire Ć©merger du mieux possible. Que les qualitĆ©s de chacun sont des vertus que l’on dĆ©couvre grĆ¢ce Ć  une confiance rĆ©ciproqueā€. Inutile de prĆ©ciser qu’Aldo Calliera a Ć©coutĆ© le conseil d’Ernest en changeant le lieu du ā€œserviceā€ et que tout a marchĆ© pour le mieux… La ā€œmateraā€ a Ć©tĆ© l’occasion d’un bond culturel qui a aidĆ© tout le monde Ć  construire des relations de rĆ©ciprocitĆ© que ni ces ouvriers agricoles, ni leurs parents, ni leurs grands parents n’auraient pu imaginer. Source: EdC online

Ɖvangile vĆ©cu: marcher dans la charitĆ©

Ɖvangile vĆ©cu: marcher dans la charitĆ©

Une maladie Mon mari est malade depuis deux ans. Une tumeur au cerveau l’a transformĆ©. Parfois, il se plaint parce que les objets lui tombent des mains. Avec les enfants, nous avons convenu de ne jamais lui faire ressentir qu’il s’est passĆ© quelque chose d’étrange. Souvent, en observant la dĆ©licatesse avec laquelle ils traitent leur pĆØre, je me rends compte des sacrifices et des renoncements qu’ils font pour aider la famille et je vois en eux une maturitĆ© plus grande de l’adolescence. Nous vivons une pĆ©riode en famille que nous n’avions jamais vĆ©cue auparavant. MalgrĆ© la douleur inavouable qui pĆØse sur nos journĆ©es, nous expĆ©rimentons une grande sĆ©rĆ©nitĆ©. (B.S. – Pologne) Le vieil homme Il n’y avait plus rien Ć  manger Ć  la maison. J’ai pris un sac de maĆÆs et 1000 francs: moitiĆ© pour le transport et moitiĆ© pour le moulin. J’arrĆŖte le premier taxi. ƀ cĆ“tĆ© du chauffeur, un homme Ć¢gĆ© dormait profondĆ©ment. J’ai remarquĆ© que le chauffeur essayait de lui prendre son porte-monnaie dans son sac, alors, quand je suis arrivĆ©e Ć  destination, j’ai expliquĆ©: “C’est mon pĆØre: il doit descendre avec moi”. Le chauffeur me rĆ©pĆ©tait que ce n’était pas l’endroit qu’il lui avait indiquĆ©, mais, suite Ć  mon insistance pour faire descendre cet homme, il m’a demandĆ© 1000 fr. Je lui ai immĆ©diatement donnĆ© l’argent et, prenant le sac, j’ai sorti le vieil homme qui continuait Ć  dormir. Chez nous, il arrive souvent que les chauffeurs droguent leurs clients pour les voler. Le vieil homme s’est rĆ©veillĆ© lorsque je lui ai jetĆ© de l’eau sur la tĆŖte. Il a cherchĆ© son sac et a contrĆ“lĆ© que tout son argent Ć©tait lĆ . Il m’a dit: “Tu m’as sauvĆ© la vie” et m’a donnĆ© 5000 fr. J’ai cherchĆ© un chauffeur de taxi de confiance qui l’a accompagnĆ© sain et sauf jusqu’à son village. (M.A. – Cameroun) 20150827-01Pantalons Ć  la mode ƀ l’Ć©cole, on se moquait de moi parce que je ne m’habillais pas Ć  la mode comme les autres. Famille nombreuse, nous vivions Ć  la campagne. Un jour, j’ai aidĆ© un camarade qui avait des difficultĆ©s en mathĆ©matiques et nous sommes devenus amis. Un autre jour, les autres ont commencĆ© Ć  critiquer mes pantalons et il m’a dĆ©fendu. ƀ partir de ce moment-lĆ , il n’y a plus eu de problĆØmes. Il faut ĆŖtre au moins deux pour lutter contre les idĆ©es fausses. En peu de temps, nous sommes tous devenus plus amis, et lorsqu’il a fallu choisir le nouveau dĆ©lĆ©guĆ© de classe, ils m’ont choisi. (E.C. – Italie) Le mendiant En communautĆ©, nous demandons chaque jour Ć  Dieu de bĆ©nir notre nourriture et de savoir la partager avec qui n’en a pas. ƀ l’heure du dĆ©jeuner, comme d’habitude, le mĆŖme mendiant frappe Ć  la porte. Nous avions juste un peu de polenta pour le dĆ©jeuner et le dĆ®ner. Et nous n’avions pas d’argent. Je lui dis que, malheureusement, nous n’avons rien. Lorsque je m’assieds Ć  table, je n’ai pas faim. Peu aprĆØs, j’entends dans ma tĆŖte “Donnez et vous recevrez”. Alors j’ai pris ce que nous avions et je l’ai donnĆ© au mendiant qui attendait toujours. Pas longtemps aprĆØs, on frappe Ć  la porte. Une jeune fille apportait une grande assiette de polenta: “De la part de ma maman”. Incroyable, la ponctualitĆ© de Dieu. (Sœur Madeleine – Burkina Faso)

Une vallée renaît grâce aux migrants

Une vallée renaît grâce aux migrants

20150826-01Cinq ans auparavant, la commune figurait en bonne place dans le classement des villages avec le plus fort taux de “marginalitĆ©” sociale et Ć©conomique du PiĆ©mont. Mais la communautĆ© entiĆØre a appris Ć  accueillir. Aujourd’hui, 30 rĆ©fugiĆ©s, presque tous Africains, ainsi qu’une famille du Kosovo avec trois enfants, vivent depuis huit mois dans un immeuble, propriĆ©tĆ© de l’institut Cottolengo. “Nous les avons adoptĆ©s”, confient deux octogĆ©naires assises sur le banc de la place de la mairie. Nous l’avions aussi fait durant la guerre, fait remarquer le prĆ©sident de l’association “Pro Loco”, avec les juifs et les rĆ©sistants. L’histoire se rĆ©pĆØte. Le maire, Giacomo Lisa, n’a pas dĆ» convaincre les 180Ā habitants du village, dont seuls 90 vivent Ć  Lemie Ć  l’annĆ©e. C’était dĆ©jĆ  arrivĆ© en 2011, lorsque le problĆØme de l’accueil des migrants dĆ©barquĆ©s sur les cĆ“tes italiennes Ć  bord de bateaux dĆ©labrĆ©s Ć©tait moins fort. Pour Lemie dĆ©jĆ  alors, cette arrivĆ©e d’”amis” avait reprĆ©sentĆ© un renouveau de la communautĆ©. Douze enfants, suivis par des formateurs et par le prĆŖtre, avaient Ć©tĆ© baptisĆ©s dans l’église paroissiale durant une cĆ©rĆ©monie destinĆ©e Ć  entrer dans la petite histoire du village. Une fĆŖte. Toutes des familles avec enfants, accueillis par des familles et par d’autres enfants de ces vallĆ©es alpines. “Bien sĆ»r, au dĆ©but, nous Ć©tions un peu surpris – explique Lisa – la population ici a une moyenne d’âge trĆØs Ć©levĆ©e et ne s’ouvre pas facilement, du moins auparavant. Je n’ai pas dĆ» donner beaucoup d’explications, parce que personne ne m’a questionnĆ©e. Accueillir ces personnes nous a semblĆ© naturel.” En 2011, comme aujourd’hui. Comme avant, des hommes et des femmes arrivĆ©s de Libye et d’autres pays de l’Afrique sub-saharienne aimeraient travailler, se rendre utiles. “Avec la Province de Turin en 2011, nous avions aussi mis sur pied des bourses de travail. Maintenant, certains dĆ©posent une demande pour offrir un ā€˜bĆ©nĆ©volat en retour’ qui fait du bien Ć  eux et Ć  nous”, commente le premier citoyen. Il n’y a pas que ces “amis rĆ©fugiĆ©s” qui aimeraient rester en Italie, la communautĆ© aussi leur demande de rester. “Les citoyens les ont immĆ©diatement acceptĆ©s, je dirais mĆŖme plus, accueillis – confirme Giacomo Lisa – et quelques personnes du lieu ont trouvĆ© du travail comme formateurs, d’entente avec une association liĆ©e Ć  une coopĆ©rative. Les problĆØmes? “Seulement d’ordre bureaucratique. Ils ont dĆ©posĆ© une demande de protection, comme rĆ©fugiĆ©s, mais les dĆ©lais pour les rĆ©ponses sont trĆØs longs.” Ensuite, les transports: “Je demanderai Ć  qui gĆØre les bus vers Turin, de les aider; je trouve inutile de leur faire payer le billet pour les courses qu’ils font vers le chef-lieu”. Lorsqu’on demande au maire si le village renaĆ®t grĆ¢ce aux rĆ©fugiĆ©s africains, il sourit et ouvre les bras. “Regarde cette vallĆ©e. Elle est pleine de rĆ©sidences secondaires, ouvertes seulement quelques semaines en Ć©tĆ©. Beaucoup de jeunes continuent Ć  partir, mĆŖme si le lien avec le village reste fort. Les nouvelles personnes arrivĆ©es ont apportĆ© beaucoup de vitalitĆ©. Il suffit de descendre Ć  l’aire de jeux un aprĆØs-midi ensoleillĆ© pour voir enfin des enfants qui jouent, hurlent, s’amusent. Ils ont aussi sauvĆ© l’école.” Pardon? “Bien sĆ»r. Cinq enfants de plus dans l’école ont permis de maintenir plus d’enseignants et une meilleure qualitĆ© de formation. Que pouvons-nous vouloir de plus de ces amis que nous avons accueillis? La famille s’est agrandie et Lemie n’est plus aussi petit et marginal. Nous voulons ĆŖtre un village diffĆ©rent, nouveau, ouvert Ć  tous.” Source: CittĆ  Nuova online

Argentine: la citƩ pilote Lia submergƩe par les eaux

Argentine: la citƩ pilote Lia submergƩe par les eaux

20150825-01D’intenses pluies ont rĆ©cemment frappĆ© les provinces argentines de Buenos Aires et Santa Fe. Les mĆ©dias locaux parlent de 20 000 personnes touchĆ©es et de 4000 Ć©vacuĆ©es. Des routes ont Ć©tĆ© fermĆ©es et sur d’autres la circulation est limitĆ©e. La pluie ne cesse de tomber et l’alerte mĆ©tĆ©o est toujours en vigueur, mĆŖme si dans certains secteurs le niveau de l’eau a commencĆ© Ć  baisser lentement. La citĆ© pilote ā€œMariapolis Liaā€, en plein cœur de la Pampa argentine, a Ć©tĆ© littĆ©ralement submergĆ©e par les eaux. Ainsi que le Ā« Polo Solidaridad Ā» où sont installĆ©es quelques entreprises de l’Economie de Communion. ā€œL’eau est entrĆ©e dans deux maisons du PĆ“le et aussi dans le garage d’une troisiĆØme – Ć©crit Jorge PerrĆ­n, du PĆ“le Solidaridad – . Deux autres sont menacĆ©es : le niveau de l’eau est Ć  quelques centimĆØtres. Pour ce qui est autres maisons, l’eau a pĆ©nĆ©trĆ© dans les caves de certaines, mais pour l’instant les habitations sont Ć©pargnĆ©es. MĆŖme les serres de Ā« Primicias Ā» proches de la route ont Ć©tĆ© inondĆ©es et la production est perdue, sauf pour une partie des tomates ; les autres souffrent d’une terre excessivement humide. Ā« Pasticino Ā» (biscuits pour le cafĆ©) est en train de livrer ses produits avec le tracteur de Primicias . Pour le moment l’eau n’a pas pĆ©nĆ©trĆ© dans les habitations de la CitĆ© Pilote Ā». 20150825-03Comme c’est le cas dans une bonne partie de la province de Buenos Aires, les lagunes communiquent entre elles ; les Ć©gouts d’évacuation ne sont pas suffisants et les Ć©tangs se transforment en mer. ā€œL’égout de la Mariapolis et du PĆ“le avait Ć©tĆ© nettoyĆ© rĆ©cemment et fonctionne trĆØs bien – explique PerrĆ­n -. S’il s’arrĆŖte de pleuvoir, en quelques jours le niveau de l’eau s’abaissera dans toute la citĆ© pilote. Tel n’est pas le cas de la route qui relie la citĆ© pilote au village voisin qui est drainĆ©e par un autre cĆ“tĆ©. L’accĆØs entre la Mariapolis et le village voisin est complĆØtement inondĆ© et on ne peut circuler qu’avec des vĆ©hicules spĆ©ciaux Ā». ā€œLa solidaritĆ© entre nous est extraordinaire – ajoute-t-il. En raison de la boue, les seules voitures qui peuvent circuler sont l’unique tracteur que nous avons et le minibus de la citĆ© pilote. Aussi ces deux vĆ©hicules sont-ils constamment en service pour porter des personnes au travail, Ć  l’école, pour faire les achats pour tous ou transporter les marchandises Ć  livrer etc. Ces jours-ci – conclut-il – les nombreux appels tĆ©lĆ©phoniques, la communion entre tous, la sĆ©rĆ©nitĆ© avec laquelle chaque difficultĆ© est affrontĆ©e me font encore plus comprendre que nous sommes une grande famille ! Ā». Pour ceux qui dĆ©sirent venir concrĆØtement en aide, toutes les initiatives seront coordonnĆ©es Ć  travers l’adresse mail suivante : polosolidaridad@gmail.com En Ć©crivant Ć  cette adresse vous recevrez les indications appropriĆ©es selon la provenance et le type d’aide proposĆ©e.

Traits de lumiĆØre Ć  Loppiano

Traits de lumiĆØre Ć  Loppiano

Ciro CipolloneDes milliers de personnes se ā€œrencontrentā€ avec les sculptures de l’artiste originaire des Abruzzes, trĆØs en accord avec la lettre ā€œLaudato sĆ¬ā€ du Pape FranƧois: pour rĆ©aliser ses oeuvres, depuis de nombreuses annĆ©es il recycle et utilise des matĆ©riaux mis au rebut. Mais Roberto Cipollone, Ciro de son nom d’artiste, accueille non seulement les visiteurs, mais il rĆ©alise aussi de vĆ©ritables workshops pour grands et petits afin de transmettre une nouvelle faƧon de voir et de sentir le monde au contact de la matiĆØre qui est tout Ć  la fois travaillĆ©e et modelĆ©e: ā€œUne faƧon de voir limpide, simple, un contact avec la beautĆ© sans fiorituresā€, confie l’artiste avec le naturel qui le caractĆ©rise. Lo-SbarcoA Loppiano,en plus de la ā€œBottegaā€ qui est son vĆ©ritable laboratoire de crĆ©ation, une exposition permanente a Ć©tĆ© conƧue par Sergio Pandolfi. Tandis que durant tout ce mois d’aoĆ»t Ciro en tient une au monastĆØre de Camaldoli: une quarantaine d’oeuvres, dont la plupart traitent d’un thĆØme sacrĆ©, exposĆ©es dans une petite Ć©glise romane situĆ©e Ć  l’intĆ©rieur du monastĆØre et dĆ©diĆ©e Ć  l’Esprit Saint. ā€œCes crĆ©ations – prĆ©cise Ciro – s’accordent trĆØs bien avec le style roman, j’ai choisi des oeuvres en grĆØs de Florence, en bois. De plus l’architecture romane, grĆ¢ce Ć  sa sobriĆ©tĆ©, permet aux oeuvres de vivreā€ Ciro5Dans le silence du monastĆØre et de la nature environnante, les nombreux visiteurs de Camaldoli peuvent admirer, savourer, et, d’une certaine maniĆØre, prier avec ces oeuvres. Mais ce n’est pas tout. En cet Ć©tĆ© 2015 Ciro s’est risquĆ© dans la mise en scĆØne d’un spectacle thĆ¢tral itinĆ©rant qui se produira Ć  PĆ©rouse dans le site exceptionnel de la Rocca Paolina. Le spectacle – qui relate un Ć©pisode connu de l’histoire de PĆ©rouse au XVIIIĆØme siĆØcle – aura lieu chaque fin de semaine du 21 aoĆ»t au 13 septembre. Fotogallery Ā 

La mesure exacte

La mesure exacte

20150823-aĀ« Sans la force de l’amour qui le porte en dehors de lui, l’homme tient avant tout Ć  se distinguer des autres. Il trouve mille raisons, y compris religieuses, pour se couper d’eux. De ce fait il abolit la libertĆ© de circulation rĆ©tablie par JĆ©sus qui a abattu les murs de la division, Lui en qui il n’y a plus ni grec ni juif, ni esclave ni maĆ®tre, ni homme ni femme, mais seulement Dieu, qui est tout et qui est en tous Ā» […] Tel est le but de l’amour, le but de l’existence : faire que tous soient un. Tous devenir Un, cet Un qui est Dieu. En raison de l’impulsion que leur donne l’amour de Dieu, toute existence et l’histoire toute entiĆØre sont appelĆ©es Ć  un retour Ć  l’unitĆ©. Nous sommes tous issus de Dieu et tous nous retournons vers Lui. Se faire un avec le frĆØre c’est se perdre en lui, de sorte qu’entre Dieu, moi et le frĆØre, s’établisse, grĆ¢ce Ć  cet effacement, un passage direct, une pente sans obstacle, – de l’Un vers l’autre : et voilĆ  que je trouve Dieu dans mon frĆØre. Le frĆØre est pour moi comme un temple où jaillit la lumiĆØre de Dieu. Ainsi Dieu, par l’effet de l’amour, se trouve-t-il tout Ć  la fois dans l’Eucharistie et dans la personne de mon frĆØre. Le frĆØre permet que les barriĆØres soient brisĆ©es et que la vie passe Ć  travers cette brĆØche: la vie qui est Dieu. Le frĆØre est ianua coeli, la porte du ciel, la porte du paradis. Il y a des chrĆ©tiens qui se mettent au service des plus pauvres, des classes sociales les plus basses, non pas pour les convertir, mais pour se convertir eux-mĆŖmes: en aimant concrĆØtement les malades, les chĆ“meurs, les personnes Ć¢gĆ©es, tous ceux que la sociĆ©tĆ© rejette, ils trouvent le Christ et reƧoivent ainsi beaucoup plus qu’ils ne donnent ! Ils donnent un pain et ils trouvent le PĆØre. Ceux qui viennent en aide Ć  leurs frĆØres se convertissent ainsi que ceux qu’ils assistent. Ils se sanctifient eux-mĆŖmes et ils sanctifient leurs prochains. Autrement dit on monte vers Dieu en descendant, en se mettant au-dessous du niveau de chacun : Ć  partir de cette position infĆ©rieure, servir tous les hommes, quelque soit leur niveau. Ainsi le samaritain a trouvĆ© Dieu en descendant de son cheval et en recueillant son frĆØre qui saignait sur la terre brĆ»lĆ©e ; tandis que le grand prĆŖtre, qui ne voyait pas le pauvre homme Ć©tendu par terre parce qu’il cherchait Dieu dans le ciel, n’a trouvĆ© ni Dieu ni son frĆØre : il n’a pas trouvĆ© Dieu parce qu’il ne s’est pas penchĆ© vers son frĆØre. Et c’est une faƧon de faire propre Ć  notre PĆØre du ciel. Il proclame sa gloire au plus haut des cieux en envoyant son Fils naĆ®tre dans un des lieux les plus repoussants : une Ć©table. DĆØs lors le fil invisible de l’amour divin relie directement Ć©toiles et Ć©tables : les derniers seront les premiers. C’est un renversement des valeurs. Par sa faƧon de calculer Dieu compte Ć  partir du bas, alors que nous, nous commenƧons par le haut : ce qui est premier Ć  nos yeux vient en dernier pour Lui et inversement ; pour nous richesse, puissance, gloire arrivent en tĆŖte de liste, pour Lui elles sont Ć  la fin, rĆ©duites Ć  zĆ©ro. Avec cette Ć©chelle de valeurs, on a la mesure exacte des hommes et des choses Ā». (Extrait de Igino Giordani, Il fratello, CittĆ  Nuova, Roma 2011, pp.78-80)

Cuba: j’étais prisonnier et vous ĆŖtes venus me voir

Cuba: j’étais prisonnier et vous ĆŖtes venus me voir

Prison“Depuis 1994, je suis engagĆ©e dans la Pastorale des prisons de l’archidiocĆØse de Santiago de Cuba, qui comprend Ć©galement la ville de Guantanamo. Avec d’autres bĆ©nĆ©voles, nous prenons soin des dĆ©tenus et de leur famille, parce qu’ils sont les plus pauvres parmi les pauvres. En 2007, lorsque j’ai connu la spiritualitĆ© de l’unitĆ©, un rayon de lumiĆØre m’a traversĆ©, qui a encore plus illuminĆ© mon service en prison et m’a fait comprendre que, dans la vie, il faut rechercher ce qui unit et pas ce qui divise. Partager avec d’autres cette maniĆØre de vivre m’a beaucoup aidĆ©. Quelqu’un m’a demandĆ©: “Comment fais-tu pour cĆ“toyer des assassins et des violeurs, en sachant que la plupart d’entre eux ne font mĆŖme pas attention aux personnes qui les suivent sur leur chemin…” C’est vrai, cela arrive parfois, mais la spiritualitĆ© de Chiara Lubich m’aide Ć  voir en chacun d’eux le visage de JĆ©sus crucifiĆ© et abandonnĆ©. Nous devons seulement semer cette petite graine de l’Évangile, sans rien attendre en retour. Cette conviction me donne de la force, me soutient et ne me fait pas sentir seule. Elle m’empĆŖche de succomber Ć  la tentation de quitter ce service et je dĆ©couvre qu’à la fin, je reƧois toujours plus que ce que j’ai donnĆ©. Depuis quelque temps, tous les mois, nous avons commencĆ© Ć  apporter la Parole de Vie, pour la donner aux prisonniers et Ć  leur famille. Un peu aprĆØs, nous avons Ć©tĆ© trĆØs surpris d’apprendre que dans le secteur des rĆ©gimes spĆ©ciaux est nĆ©e une petite communautĆ© de dĆ©tenus, dirigĆ©e par un jeune. Ensemble, ils commentent le texte et, durant le mois, ils essayent de le mettre en pratique pour ensuite faire des expĆ©riences vraiment significatives. “Durant ma jeunesse – raconte Y., l’un d’eux – j’ai commis des dĆ©lits pour lesquels je purge une peine de rĆ©clusion Ć  perpĆ©tuitĆ©. Je suis incarcĆ©rĆ© dans la prison de la ville de Guantanamo (pas loin de la tristement cĆ©lĆØbre prison amĆ©ricaine de haute sĆ©curitĆ©). J’ai trouvĆ© la foi en Dieu grĆ¢ce aux personnes du Mouvement des Focolari qui, depuis plusieurs annĆ©es, viennent rĆ©guliĆØrement me rendre visite. J’ai aussi Ć©crit mon histoire, où je raconte ma rencontre avec Dieu et la faƧon dont l’espĆ©rance dans la Vie qui ne finit pas est nĆ©e Ć  nouveau. Chaque jour, je m’engage Ć  mettre en pratique la Parole de Vie du mois.” Un jour, au tĆ©lĆ©phone, Y. nous disait: “J’ai de la fiĆØvre et un fort mal de tĆŖte. J’avais besoin de vous entendre et j’ai profitĆ© de ce moment de permission pour le faire. Parler avec vous est un baume pour moi”. Nous lui assurons que nous prions pour lui, que JĆ©sus est venu nous sauver pour toujours, au-delĆ  de notre vie terrestre. Il rĆ©pond qu’il en est certain et ajoute que “c’est ce qui chaque jour me donne la force pour aller de l’avant en aimant tout le monde”. (Carmen, Santiago de Cuba)

En Jordanie, un an après la tragédie de Ninive

En Jordanie, un an après la tragédie de Ninive

(AP Photo/Raad Adayleh)

Le 7 aoĆ»t dernier l’Eglise catholique en Jordanie a voulu rappeler par une veillĆ©e œcumĆ©nique de priĆØre, la tragĆ©die survenue il y a un an qui a contraint plus de 100000 chrĆ©tiens Ć  quitter leur pays. ā€œPlus de 2000 fidĆØles, en majoritĆ© des rĆ©fugiĆ©s irakiens, ont priĆ©, profondĆ©ment affectĆ©s, avec dignitĆ© Ā», nous font savoir nos correspondants Ć  Amman. ā€œLa lecture de la lettre Ć©crite par le Pape FranƧois leur a apportĆ© un grand rĆ©confort, ainsi que l’annonce de l’aide concrĆØte que la ConfĆ©rence Episcopale Italienne (CEI) a dĆ©cidĆ© de faire arriver, ce qui permettra Ć  1400 enfants irakiens d’être scolarisĆ©s cette annĆ©e Ā» A cette veillĆ©e de priĆØre Ć©taient prĆ©sents le SecrĆ©taire GĆ©nĆ©ral de la CEI, Mgr Galantino, accompagnĆ© par le PĆØre Ivan Maffeis ; le Patriarche chaldĆ©en de l’Irak Mgr Louis Sako, ainsi que ses vicaires Mgr Salomone Warduni et Mgr Bazil Yaldo ; le Patriarche de l’Eglise latine, Mgr Fuad Twal ; l’évĆŖque actuel de l’Eglise latine en Jordanie, Mgr Marun Lahham ; et l’évĆŖque Ć©mĆ©rite de l’église latine Mgr Salim Sayegh. PrĆ©sence aussi du SecrĆ©taire de la Nonciature, Mgr Roberto Cona, ainsi que quelques prĆŖtres de divers rites, y compris de l’Eglise Orthodoxe, prĆ©sents en Jordanie et en Irak, avec quelques personnalitĆ©s civiles. Un Ć©vĆ©nement Ć  l’initiative des chrĆ©tiens qui se rĆ©unissent pour prier ensemble. PrayerServiceFuheis_bā€œAprĆØs ce temps de priĆØre – Ć©crivent les focolarines de Fheis – un dĆ®ner, offert par la Caritas locale (Secours Catholique), Ć©tait prĆ©vu chez les sœurs du Rosaire pour les autoritĆ©s religieuses prĆ©sentes. Mais, sans qu’on s’y attende, l’évĆŖque latin d’Amman, en accord avec le SecrĆ©taire de la Nonciature, a souhaitĆ© que ce repas ait lieu chez nous ! On a donc tout mis en œuvre au dernier moment, dans la joie et l’émotion de cette bĆ©nĆ©diction de Dieu inattendue: pouvoir devenir une maison qui accueille l’Eglise Ā». Ā« Environ 40 personnes sont venues, parmi lesquelles le Maire de la ville, accompagnĆ© de quelques personnalitĆ©s. Cardinaux, patriarches et Ć©vĆŖques ont voulu prier dans notre chapelle : un moment empreint de sacrĆ© Ā». ā€œEn ces temps d’incertitude et de grande menace pour la paix et la prĆ©sence des chrĆ©tiens au Moyen-Orient, cette priĆØre des chrĆ©tiens rĆ©unis ensemble, dans un climat de paix et d’unitĆ©, a Ć©tĆ© un temps fort de commĆ©moration. Un soulagement pour ces terres meurtries Ā».

Surmonter la prĆ©caritĆ© de l’emploi

Surmonter la prĆ©caritĆ© de l’emploi

20150819-01“Je m’appelle Marco et j’ai 35Ā ans. Depuis 2008, je suis enseignant remplaƧant de religion catholique. Malheureusement – en raison de tracasseries administratives – je suis appelĆ© Ć  travailler de maniĆØre sporadique et irrĆ©guliĆØre: trois jours dans une Ć©cole, ensuite des mois passent, et je suis appelĆ© ailleurs pendant une semaine. Puis, quelques jours lĆ  et quelques jours ailleurs. J’enseigne en moyenne deux mois par annĆ©e. En qualitĆ© de fonctionnaire de l’État, je ne peux pas avoir deux emplois et je dois toujours ĆŖtre disponible lorsqu’on m’appelle pour enseigner, autrement, si je refuse, je suis remplacĆ© par d’autres. Ayant du temps Ć  disposition, je me consacre Ć  diffĆ©rentes tĆ¢ches Ć  la maison – je vis avec mes parents – ensuite quelques engagements en paroisse, de la formation des jeunes et adultes du centre paroissial Ć  la coordination de la Parole de Vie une fois par mois. Je fais aussi du bĆ©nĆ©volat dans une maison de retraite et je fais partie du bureau diocĆ©sain pour l’œcumĆ©nisme et le dialogue interreligieux. GrĆ¢ce Ć  toutes ces activitĆ©s, mes activitĆ©s, je reste engagĆ© et actif. Mais lorsque le travail manque, une sensation voilĆ©e d’insuffisance, de faible estime de soi, commence Ć  grandir, et tout semble toujours et progressivement plus difficile. Un jour, un ami, connaissant ma situation professionnelle, me tĆ©lĆ©phone pour me dire qu’il avait rencontrĆ© un jeune du LycĆ©e classique qui avait besoin de cours particuliers de latin et de grec. Mon ami comptait sur ma propension aux Ć©tudes et Ć©tait certain que je puisse trĆØs bien le faire. En effet, aprĆØs le lycĆ©e, je n’ai jamais abandonnĆ© les langues anciennes. En fait, pour mieux comprendre l’Ancien Testament, j’étudiais mĆŖme l’hĆ©breu biblique derniĆØrement. Toutefois, mon premier Ć©tat d’esprit a Ć©tĆ© de refuser cette proposition. J’avais dix jours pour dĆ©cider. Ensuite, le jeune garƧon se serait adressĆ© Ć  d’autres professeurs particuliers. Qui est familiarisĆ© avec l’art de la traduction et des langues anciennes sait parfaitement que traduire pour soi-mĆŖme ou s’amuser Ć  traduire par jeu est bien diffĆ©rent de donner des cours particuliers Ć  quelqu’un qui a besoin de progresser et qui doit rapporter des bonnes notes. J’avais besoin de travailler, mĆŖme si cela signifiait pour moi de devoir reprendre les rĆØgles grammaticales de la langue grecque et de la langue latine en dix jours, les comprendre Ć  nouveau et savoir communiquer avec. J’aurais dĆ» abandonner tous mes engagements pendant sept jours et Ć©tudier entre huit et dix heures par jour, assis devant des livres pour y arriver. Je devais faire un saut dans l’inconnu. C’est ce qu’il s’est passĆ©: j’ai commencĆ© Ć  Ć©tudier comme un forcenĆ©. Quelques jours aprĆØs, ce mĆŖme ami me propose d’étudier chez lui et me donne ses clĆ©s! Un autre ami, qui a appris pour mon “nouveau travail”, m’annonce que son fils aussi a besoin de cours particuliers. Mais, plus qu’un professeur, il a besoin d’un prĆ©cepteur: non seulement des cours particuliers de latin et de grec, mais aussi de philosophie, littĆ©rature italienne et anglaise. En somme, il faut couvrir toutes les sciences humaines. Son cas Ć©tait dĆ©sespĆ©rĆ©. En plus, le comportement relationnel de ce jeune Ć©tait trĆØs problĆ©matique. En derniĆØre annĆ©e de lycĆ©e, il Ć©tait non promu, en janvier, dans toutes les matiĆØres. Je me suis remis Ć  Dieu et j’ai rĆ©pondu positivement. Aujourd’hui, le jeune a commencĆ© Ć  collectionner plusieurs 8,5 et 9 (sur un maximum de 10), et il y a pris goĆ»t. Ses rapports personnels commencent aussi Ć  s’amĆ©liorer. RĆ©cemment, j’ai fait un mois entier de remplacement. J’ai continuĆ© Ć  donner des cours particuliers l’aprĆØs-midi et Ć  maintenir les engagements que j’avais avant.”

Trente, une ville toujours ardente!

Trente, une ville toujours ardente!

MPMD_06En scrutant du regard la composition de la salle du Centre Chiara Lubich de Trente, on pourrait ĆŖtre surpris cette annĆ©e par son Ć©tonnante hĆ©tĆ©rogĆ©nĆ©itĆ© : 250 jeunes Ć¢gĆ©s de 16 Ć  30 ans venus de plus de 20 nations, 70 prĆŖtres et sĆ©minaristes et une vingtaine d’adultes engagĆ©s dans la vie de la spiritualitĆ© des Focolari au niveau paroissial et diocĆ©sain. Quelle idĆ©e Ć  l’origine de cette rencontre prĆ©vue du 2 au 8 aoĆ»t Ć  Trente ? Quel lien entre des rĆ©alitĆ©s culturelles si nombreuses et si diffĆ©rentes ? Un premier Ć©lĆ©ment de rĆ©ponse se trouve dans le titre choisi: ā€œAujourd’hui aussi comme hierā€. Et un second dans la ville mĆŖme de Trente. Ces jeunes, ces adultes et ces prĆŖtres se rĆ©unissent pour rĆ©flĆ©chir Ć  partir de la vie du premier groupe qui a donnĆ© naissance Ć  leur charisme et pour parcourir Ć  nouveau, y compris physiquement, l’itinĆ©raire qui, depuis 1943, a inspirĆ© et donnĆ© forme au Mouvement des Focolari. ā€œNous avons commencĆ© la rencontre dans un climat de joie explosive – racontent Ludovic et ElĆ©onore -. Au programme une immersion dans la vie des premiers temps, en vivant la Parole avec la mĆŖme radicalitĆ© Ā». MPMD_03Les temps de rĆ©flexion thĆ©matique ont alternĆ© avec des promenades où les Focolari ont fait leurs premiers pas : Piazza Cappuccini, Fiera di Primiero, Tonadico, Goccia d’Oro … Ā« Au cours de la messe dans l’église des Capucins – Ć©crit Zbiszek – nous nous sommes dĆ©clarĆ©s prĆŖts, avec la grĆ¢ce du Christ, Ć  donner notre vie l’un pour l’autre, en commenƧant par les petites choses du quotidien. Dans ce lieu où Dieu a scellĆ© le pacte d’unitĆ© entre Chiara et Foco (Igino Giordani), nous avons voulu nous aussi renouveler cet amour rĆ©ciproque, que nous voulons vivre Ā« Aujourd’hui comme hier Ā». Les interventions des experts en communication, dialogue interreligieux et aussi en matiĆØre de coopĆ©ration et dĆ©veloppement (AMU, Action Monde Uni) ont Ć©tĆ© enrichissantes pour tous. Ces contributions ont permis de rĆ©flĆ©chir sur la communication et les dĆ©fis de notre sociĆ©tĆ© multiethniques et pluriconfessionnelle. Par ailleurs un large temps a Ć©tĆ© consacrĆ© Ć  approfondir la question de l’immigration et de l’accueil, Ć  travers la prĆ©cieuse collaboration offerte par ā€œProgetto Cinformiā€, qui a prĆ©sentĆ© le modĆØle proposĆ© et appliquĆ© par la ville de Trente : des ateliers ont permis deux visites dans les camps d’accueil ; moments inoubliables de rencontre avec une centaine de rĆ©fugiĆ©s en quĆŖte d’avenir. MPMD_04 Quelques uns sont venus nous voir au Centre. Rita nous confie : Ā« J’ai Ć©tĆ© trĆØs frappĆ©e par Lamin, un jeune musulman du Ghana qui a Ć©crit une poĆ©sie Ć  sa maman et a voulu nous la lire Ć  tous. Un poĆØme plein de nostalgie mais aussi d’espĆ©rance. Les yeux de ces personnes expriment tant de choses, on ne peut les oublier Ā». En conclusion deux objectifs, l’un Ć  brĆØve Ć©chĆ©ance, c’est le rendez-vous Ć  la JournĆ©e Mondiale de la Jeunesse (JMJ) qui se tiendra l’an prochain Ć  Cracovie (Pologne); l’autre est Ć  long terme et c’est l’unitĆ© du monde – selon la priĆØre de JĆ©sus ā€œQue tous soient Unā€ – pour laquelle nous sommes convaincus qu’il vaut la peine de donner sa vie. ā€œNous partons avec l’engagement d’être ā€œParole vivanteā€ – Ć©crivent Danilo et Emanueleā€ – et de porter Ā« l’eau pure de la source Ā» dans nos pays et dans le quotidien de nos pĆ©riphĆ©ries, en nous donnant Ć  chaque prochain qui passera Ć  nos cĆ“tĆ©s Ā».

Gen Verde: ON THE OTHER SIDE

Gen Verde: ON THE OTHER SIDE

Gen Verde On the Other Side Onze morceaux chantĆ©s en cinq langues: anglais, italien, espagnol, portugais et corĆ©en. 47 minutes de pop-rock et world music qui regorgent de passion, de force et de vitalitĆ©. Paroles et musique signĆ©es Gen Verde. Selon Sally McAllister, manager du groupe, “il s’agit d’un album tout Ć  la fois biographique et autobiographique”. Une affirmation dans laquelle toutes les artistes du groupe se reconnaissent. En effet, les jeunes femmes expliquent que “c’est biographique, parce que la protagoniste incontestable de cet album est l’humanitĆ© qui se raconte: personnes confrontĆ©es aux dĆ©fis d’aujourd’hui, drames et rĆ©ussites, Ć©vĆ©nements qui marquent l’évolution du monde, peuples itinĆ©rants sur les routes de la planĆØte Ć  la recherche d’une terre, d’une dignitĆ©, d’un lieu qu’ils aimeraient appeler leur maison”. Mais c’est aussi un travail autobiographique “imprĆ©gnĆ© de nos histoires et des cultures musicales dont nous venons”. “Nous nous sommes impliquĆ©es – expliquent les membres du Gen Verde – et nous avons voulu raconter des instants et des faits qui ont marquĆ© un tournant dans notre vie. Des parcours diffĆ©rentes dont les points de dĆ©part physiques et spirituels sont parfois diamĆ©tralement opposĆ©s, mais qui visent tous l’unique horizon de la fraternitĆ©”. En effet, “chaque morceau raconte une histoire, comme la Voz de la verdad (la voix de la vĆ©ritĆ©), hommage Ć  Oscar Romero, racontĆ© par Xochitl RodrĆ­guez, Salvadorienne. Ou bien Chi piange per te? (Qui pleure pour toi ?): le cri de milliers de migrants Ć  travers la voix d’une fillette qui n’atteindra jamais l’autre rive de la MĆ©diterranĆ©e : son Ć©cho retentit de l’Afrique Ć  l’Europe et dans chaque continent où des personnes sont contraintes de partir pour survivre. Quant Ć  You’re Part of Me, (Vous ĆŖtes une partie de moi), c’est l’histoire brisĆ©e du peuple corĆ©en, qui n’entend pas s’accommoder du scandale de la scission. L’arrangement musical K-pop, genre aujourd’hui trĆØs en vogue auprĆØs des jeunes corĆ©ens, dit que la soif d’unitĆ© n’est pas une affaire qui date de soixante-dix ans, mais qu’elle concerne notre Ć©poque, les jeunes d’aujourd’hui: ceux-ci ne veulent pas capituler”.

Mariapolis 2015: Ā« Des routes qui se rencontrent Ā»

Mariapolis 2015: Ā« Des routes qui se rencontrent Ā»

Astorga Mariapoliā€œUne rencontre de cœur Ć  cœurā€, c’est ainsi qu’une personne, venue pour la premiĆØre fois, a dĆ©fini la Mariapolis d’Astorga, l’une des nombreuses du mĆŖme genre qui ont eu lieu ou sont en cours dans toute l’Europe et dans beaucoup d’autres pays. L’évĆ©nement s’est dĆ©roulĆ© du 2 au 6 aoĆ»t et a dĆ©clenchĆ© l’invasion paisible de la ville par 800 personnes venues des diverses rĆ©gions d’Espagne mais aussi de France, d’Italie, d’Allemagne et du BrĆ©sil. A l’issue de la visite de monuments et des musĆ©es de la ville, ou de la messe cĆ©lĆ©brĆ©e dans cathĆ©drale gothique chargĆ©e d’histoire ou des soirĆ©es musicales de toutes sortes de genres, elles remplissaient les rues et les places. Et les habitants de la ville, Ć  la vue de toutes ces relations tissĆ©es de fraternitĆ©, rĆ©pondaient, interpellĆ©s, Ć  leurs salutations. Une dame a mĆŖme arrĆŖtĆ© une jeune qui se promenait dans la rue pour la remercier de la prĆ©sence d’un groupe aussi rayonnant dans la ville. Les participants ont apprĆ©ciĆ© l’équilibre entre les temps consacrĆ©s Ć  la rĆ©flexion et Ć  la formation et ceux dĆ©diĆ©s au dialogue, aux tĆ©moignages et Ć  la dĆ©tente et aux jeux. Ce bon dosage a contribuĆ© aux objectifs de la Mariapolis : faciliter la rencontre avec soi-mĆŖme, avec Dieu et avec les autres. Ā« Cela n’a pas Ć©tĆ© un crescendo – a fait remarquer un participant -, nous n’avons pas dĆ©butĆ© Ć  un certain niveau pour ensuite progresser en qualitĆ© et en intensitĆ©. Chaque journĆ©e a Ć©tĆ© pleine, complĆØte, chacune d’une grande valeur en soi Ā». Parmi les divers rendez-vous proposĆ©s aux adolescents et aux enfants, une marche dans la ville, entrecoupĆ©e de haltes avec animation dans certaines rues ou sur certaines places. https://www.facebook.com/mariapolisastorga2015 La Mariapoli d’Astorga Ć©tait relayĆ©e par facebook grĆ¢ce Ć  un espace virtuel de rencontre destinĆ© aussi bien aux participants eux-mĆŖmes qu’aux personnes qui n’avaient pas pu venir. Les apports en photos et en commentaires ne manquent pas et l’on peut toujours y accĆ©der. Quelques impressions : https://www.facebook.com/mariapolisastorga2015 Ā«C’est ma premiĆØre mariapolis Ć©crit – Caty –. Ces journĆ©es ont Ć©tĆ© sous le signe de la fraternitĆ©, de l’amour et de l’unitĆ©. Ma fille et moi remercions tous ceux qui ont rendu possible cette rencontre Ā» ; Ā« De retour vers TolĆØde – Ć©crit Paco – j’en profite pour remercier tout le monde pour ces journĆ©es. Je peux dire que ce fut une mariapolis riche en grĆ¢ces Ā». 20150816-01Pour incarner l’esprit de la mariapolis dans la vie quotidienne, le projet Ā« Nous sommes tous mĆ©diterranĆ©ens Ā» http://tousmediterraneens.com/en/#, a Ć©tĆ© proposĆ© aux participants : il vise Ć  sensibiliser les citoyens europĆ©ens au drame de l’immigration qui touche le sud de la mĆ©diterranĆ©e, une mer qui leur est commune, depuis les pays qui sont en guerre ou dĆ©savantagĆ©s Ć©conomiquement, en quĆŖte de meilleures conditions de vie. Ce projet, en accord avec le thĆØme de la mariapolis Ā« Des routes qui se rencontrent Ā», se concrĆ©tise en recueillant des signatures pour demander Ć  l’Union EuropĆ©enne un changement significatif de la politique migratoire. Le dernier jour, au moment de l’évaluation, les participants se sont dĆ©clarĆ©s tous satisfaits, en particulier de l’accueil que chacun avait expĆ©rimentĆ© depuis le dĆ©but, mĆŖme s’il venait pour la premiĆØre fois. La ville d’Astorga, en raison de sa taille humaine et de son climat tempĆ©rĆ©, rĆ©unit de nombreux critĆØres qui ont facilitĆ© les possibilitĆ©s de rencontre. En ce sens, Ā« Le Mouvement des Focolari – Ć©crivent les organisateurs – remercie vivement l’EvĆŖchĆ© et la MunicipalitĆ© pour l’excellente qualitĆ© de leurs services Ā».

Marie, transparence de Dieu

Marie, transparence de Dieu

A.Cerquetti Mater Christi

Ave Cerquetti, ‘Mater Christi’ – Roma, 1971

Entre toutes les paroles prononcĆ©es par le PĆØre dans Sa CrĆ©ation, il en fut une, tout Ć  fait singuliĆØre. Celle-ci ne pouvait pas tant ĆŖtre objet de l’intelligence que de l’intuition. Non pas splendeur du soleil divin, mais ombre suave et douce. LĆ©ger nuage blanc qui, dans sa course, vient adoucir la lumiĆØre du soleil trop vive pour nos yeux. C’était dans les plans de la Providence que le Verbe se fĆ®t chair. Une parole, la Parole, devait s’écrire ici-bas en chair et en sang, et cette Parole avait besoin d’une toile de fond. Les harmonies cĆ©lestes dĆ©siraient ardemment, par amour pour nous, transporter leur concert unique sous nos tentes. Il leur fallait un silence sur lequel retentir. Celui qui allait conduire l’humanitĆ©, donner sens aux siĆØcles passĆ©s, Ć©clairer et entraĆ®ner Ć  Sa suite les siĆØcles Ć  venir, devait apparaĆ®tre sur la scĆØne du monde. Mais il Lui fallait un Ć©cran immaculĆ© où Il pĆ»t resplendir. Le plus grand des projets que l’Amour-Dieu pouvait imaginer devait se tracer en lignes majestueuses et divines. Toute la palette des vertus devait se trouver rĆ©unie dans un cœur humain disposĆ© Ć  Le servir. Cette ombre admirable, qui porte en elle le soleil, lui cĆØde la place et en lui se retrouve ; cette toile immaculĆ©e, cet abĆ®me insondable, qui contient la Parole, le Christ, et en Lui se perd, lumiĆØre dans la LumiĆØre ; ce sublime silence qui ne se tait plus puisque chantent en lui les divines harmonies du Verbe et qui devient, en Lui, la note entre toutes les notes, le Ā« la Ā» du chant Ć©ternel s’élevant du Paradis ; ce dĆ©cor majestueux et splendide comme la nature, où se concentre la beautĆ© rĆ©pandue Ć  profusion dans l’univers par le CrĆ©ateur ; cet univers rĆ©servĆ© au Fils de Dieu, qui s’oublie lui-mĆŖme, n’ayant d’autre part et d’autre intĆ©rĆŖt qu’en Celui qui devait venir et qui est venu, en Celui qui devait accomplir Son œuvre et l’a accomplie ; cet arc-en-ciel de vertus qui dit Ā« paix Ā» au monde entier, ayant donnĆ© au monde la Paix ; cette crĆ©ature, que la TrinitĆ©, dans son mystĆØre insondable, a inventĆ©e et nous a donnĆ©e : c’est Marie. On ne saurait parler d’elle : on la chante. Difficile de raisonner Ć  son sujet : on l’aime et on l’invoque. Elle est objet non de spĆ©culations de l’esprit, mais de poĆ©sie. Les plus grands gĆ©nies de l’univers ont mis leurs pinceaux et leurs plumes Ć  son service. Si JĆ©sus incarne le Verbe, le Logos, la LumiĆØre, la Raison, elle personnifie l’Art, la BeautĆ©, l’Amour. Marie, chef-d’œuvre du CrĆ©ateur, est celle en qui l’Esprit Saint a donnĆ© libre cours Ć  Son gĆ©nie, celle en qui il a dĆ©versĆ© le flot de Ses inspirations. Comme elle est belle, Marie ! Jamais on ne pourra assez la chanter. (In Marie transparence de Dieu, 2003, Nouvelle CitĆ©, Paris, p.11 Ć  14) Source: Chiara Lubich Centre

Cuba se prƩpare Ơ accueillir FranƧois

Cuba se prƩpare Ơ accueillir FranƧois

Plaza de la Revolución

Plaza de la Revolución, José Martí.

La visite du premier pape nĆ© en AmĆ©rique latine, prĆ©vue du 19 au 23 septembre, est trĆØs attendue dans lā€™ĆŽle. Une attente qui s’exprime de diffĆ©rentes maniĆØres, selon la conscience et la connaissance de qui est le pape et ce qu’il reprĆ©sente. Si on interroge les personnes dans la rue, on entend, en effet, des rĆ©ponses de toutes sortes: “Je crois qu’il s’agit d’une grande personne, j’espĆØre qu’il se sente chez nous comme chez lui”; “Nous espĆ©rons que sa visite apporte des changements bĆ©nĆ©fiques pour les personnes”; “On dirait un rĆŖve! Nous nous sentons privilĆ©giĆ©s”; “C’est une bĆ©nĆ©diction pour ce petit peuple, au grand cœur, d’accueillir trois papes en seulement 13Ā ans”. En effet, seuls Cuba et le BrĆ©sil ont eu ce privilĆØge. De mĆŖme, beaucoup de Cubains, croyants ou non, ne cachent pas leur orgueil concernant la troisiĆØme visite d’un souverain pontife. Les travaux d’installation sont dĆ©jĆ  en cours dans les rues, et les faƧades des Ć©difices de La Havane se trouvant le long de l’itinĆ©raire prĆ©vu et, en particulier, ceux de la cĆ©lĆØbre “Plaza de la Revolución”, où le pape FranƧois cĆ©lĆ©brera la messe, ont Ć©tĆ© rĆ©novĆ©es. Pareil dans la ville de HolguĆ­n, jamais visitĆ©e par un pape; dans le Sanctuaire national de “La Vierge de la CharitĆ© du Cuivre”; et aussi Ć  Santiago de Cuba, deuxiĆØme ville du pays dans la partie orientale de lā€™ĆŽle, où la restauration de la belle et historique cathĆ©drale (1522) est dĆ©sormais terminĆ©e. Ɖglise catholique et Ɖtat. Avec le triomphe de “La Revolución” (1959), Ć  partir de 1961, les rapports entre ces deux rĆ©alitĆ©s ont toujours Ć©tĆ© plus difficiles et traumatisants. “La pensĆ©e marxiste dĆ©rivĆ©e du matĆ©rialisme dialectique, que les jeunes rebelles du gouvernement rĆ©volutionnaire ont soutenu vers la fin des annĆ©es 60, a menĆ© au sĆ©cularisme”[1]. En effet, durant le Premier CongrĆØs d’Éducation et Culture (1971), les bases pour la sĆ©cularisation de la sociĆ©tĆ© cubaine ont Ć©tĆ© posĆ©es, imposant comme doctrine officielle de l’État le marxisme orthodoxe, “l’axe recteur des enseignements primaires, secondaires et universitaires”. Dans la Constitution de 1976, la rĆ©glementation des activitĆ©s religieuses a Ć©tĆ© dĆ©terminĆ©e et les croyants du Parti Communiste cubain (PCC) ont Ć©tĆ© exclus. Durant les annĆ©es 80, l’étau du rĆ©gime s’est desserrĆ©, aussi pour “la participation de prĆŖtres catholiques aux diffĆ©rents mouvements de libĆ©ration en AmĆ©rique latine, dans les guĆ©rillas du Salvador, Honduras et Guatemala”, ainsi que pour la visite, entre autres, de personnalitĆ©s religieuses du calibre de MĆØre Teresa de Calcutta, du Grand Rabbin Israel Meir Lau et des membres de la ConfĆ©rence Ć©piscopale latino-amĆ©ricaine (CELAM). Durant le IVe CongrĆØs du PCC (1991), la participation a aussi Ć©tĆ© ouverte aux croyants Ć  l’unique parti politique. Mentionnons les importantes et historiques visites de Jean-PaulĀ II (1998) et, ensuite, de BenoĆ®tĀ XVI (2012), qui ont marquĆ© d’autres pas importants vers la rĆ©conciliation et la dĆ©tente qui laissent espĆ©rer dans la dĆ©sormais prochaine venue du pape FranƧois.
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Le Sanctuaire national de “La Vierge de la CharitĆ© du Cuivre”;

DĆ©gel entre La Havane et Washington. MĆŖme si le pape FranƧois essaye de minimiser son rĆ“le dans la dĆ©tente des rapports entre les deux pays, tant Barack Obama que RaĆŗl Castro l’ont reconnu, non sans gratitude. Le 20Ā juillet, les ambassades dans les deux pays ont Ć©tĆ© ouvertes et la prĆ©sence sur lā€™ĆŽle, le 14Ā aoĆ»t prochain, du SecrĆ©taire d’État amĆ©ricain, John Kerry, est prĆ©vue pour l’inauguration officielle de l’ambassade des Ɖtats-Unis. Il faut encore l’approbation du CongrĆØs amĆ©ricain, et ce n’est pas un hasard si le souverain pontife se rendra aux Ɖtats-Unis aprĆØs Cuba, pour la VIIIe rencontre mondiale des Familles (World Meeting of Families: WMOF) qui se tiendra Ć  Philadelphie, aprĆØs ĆŖtre passĆ© par Washington et New York. Il sera, en effet, le premier pape Ć  parler devant le CongrĆØs des Ɖtats-Unis. Dans une interview accordĆ©e aux nombreux journalistes prĆ©sents dans l’avion qui le ramenait Ć  Rome, aprĆØs le long voyage dans trois pays latino-amĆ©ricains, Ć  la question des avantages ou dĆ©savantages que pourrait produire ce “dĆ©gel” entre Cuba et les Ɖtats-Unis, FranƧois a rĆ©pondu: “Tous deux gagneront quelque chose et perdront quelque chose, parce que c’est ainsi dans une nĆ©gociation. Ce qu’ils gagneront tous deux c’est la paix. C’est certain. La rencontre, l’amitiĆ©, la collaboration: Ƨa c’est le gain!” Les Ć©vĆŖques catholiques cubains. En rappelant les visites des prĆ©dĆ©cesseurs du pape FranƧois “qui arrivera comme Missionnaire de la MisĆ©ricorde”, et en traƧant une continuitĆ© spirituelle entre les trois visites, la ConfĆ©rence des Ć©vĆŖques catholiques s’adresse, dans un message, “aux fils de l’Église catholique, aux frĆØres d’autres confessions religieuses et Ć  tout notre peuple”. Il est fait mention de la rĆ©cente Lettre pastorale du pape FranƧois en prĆ©paration Ć  l’AnnĆ©e de la MisĆ©ricorde, qui s’ouvrira le 8Ā dĆ©cembre prochain. Les Ć©vĆŖques exhortent les personnes Ć  se prĆ©parer Ć  la venue du pape, en faisant “des gestes de misĆ©ricorde dans notre vie quotidienne, comme rendre visite aux malades, partager ce que nous avons, pardonner et demander pardon, consoler le malheureux, aimer davantage et mieux les autres. Souhaitons – continuent-ils – qu’en ces jours et pour toujours, nos foyers deviennent des lieux de paix et d’accueil pour tous ceux qui arrivent en cherchant la misĆ©ricorde!”. Ensuite, ils invitent Ć  “avoir des initiatives qui prĆ©parent le cœur des Cubains Ć  Ć©couter et Ć  accueillir le message d’espĆ©rance et misĆ©ricorde que nous apportera le pape FranƧois”. Un signal positif qui ne peut certainement pas passer inaperƧu est la publication, le 17 juillet, dans “Granma” – principal journal cubain et quotidien officiel du ComitĆ© central du Parti communiste de Cuba – du texte intĆ©gral de ce document. Un tel geste n’était pas arrivĆ© depuis plus de 50Ā ans. 20150813-01La contribution du Mouvement des Focolari. Les membres des Focolari, dans les diffĆ©rentes communautĆ©s dispersĆ©es sur lā€™ĆŽle, essayent de donner – avec l’Église – leur contribution spĆ©cifique orientĆ©e principalement vers la formation des personnes aux valeurs de la fraternitĆ©, contre la “culture du gaspillage”, privilĆ©giant les plus nĆ©cessiteux, promouvant l’unitĆ© dans la diversitĆ© et proposant le dialogue comme mĆ©thode indispensable pour une cohabitation pacifique dans un pays multiculturel. Enfin. Le message des Ć©vĆŖques catholiques aux Cubains se conclut par la priĆØre Ć  la “Vierge de la CharitĆ©, Patronne de Cuba, que nous appelons aussi ā€˜Reine et MĆØre de la misĆ©ricorde”, afin qu’elle “accorde sa sollicitude maternelle Ć  cette visite tant attendue. Souhaitons qu’elle, qui a accompagnĆ© notre peuple dans les bons et mauvais moments, obtienne du ciel une grande bĆ©nĆ©diction pour Cuba et ses fils, où qu’ils soient, quoi qu’ils pensent et quelle que soit leur croyance”. Par notre envoyĆ© spĆ©cial, Gustavo ClariĆ” __________________________ [1] Dennys Castellano Mogena y Sergio L. Fontanella Monterrey, Sin pecado concebidas, La Caridad del Cobre en las artes visuales cubanas. Editorial UH, 2014, La Habana, pag. 66.

Ce que je ne t’ai pas dit

Ce que je ne t’ai pas dit

Federico_de_Rosa

Federico avec son pĆØre

“Je rĆŖve souvent et beaucoup. Un rĆŖve rĆ©current est une journĆ©e ensoleillĆ©e durant laquelle mes sentiments et mes pensĆ©es se transforment en une source de paroles pour tous mes amis. Ƈa doit ĆŖtre beau de pouvoir parler!” Federico ne parle pas, mĆŖme s’il sait que la communication ne passe pas seulement par le langage. Les premiers symptĆ“mes sont observĆ©s dĆ©jĆ  autour de son premier anniversaire. Plus il grandit, plus sa capacitĆ© d’interaction avec la rĆ©alitĆ© diminue. ƀ troisĀ ans, le diagnostic est posĆ©. Il est totalement incapable de communiquer. Il a une des plus sĆ©vĆØres formes du Trouble envahissant du dĆ©veloppement, un trouble trĆØs grave, imputable Ć  l’univers vaste et bigarrĆ© de l’autisme. ƀ 8Ā ans, survient un fait qui change la trajectoire de son manque de communication. Il apprend Ć  Ć©crire avec l’ordinateur et peut finalement taper ses premiers mots, Ć©motions, sentiments. Le mur de silence, avec ceux qu’il appelle les “neurotypiques”, est brisĆ©. En aoĆ»t 2002, la famille est en vacances Ć  Palinuro. Federico a toujours exprimĆ© quelques mots, de brĆØves phrases, mais intenses. “Maman, qu’est-ce que j’ai?” “Pourquoi moi?” Et il Ć©crit sur son ordinateur le mot ā€˜autisme’. Il en est parfaitement conscient. Le 20 fĆ©vrier 2010, il Ć©crit Ć  son ami Gabriele: “J’ai besoin que vous m’aidiez Ć  sortir de ma prison. Tu vois, je suis trĆØs seul, parce que ne pas rĆ©ussir Ć  communiquer oralement est une sĆ©rieuse limitation. Je ne comprends pas comment vous faites, vous les non-autistes, pour trouver dans votre tĆŖte tous ces mots en vol, aussi justes, pour les dire aussi rapidement et aussi avec des expressions du visage qui expriment ce que vous voulez communiquer. Pour vous, c’est normal, mais, pour moi, c’est un miracle. Je rĆ©ussis Ć  Ć©crire difficilement une lettre Ć  la fois et seulement si papa est prĆØs de moi.” Quello_che_non_ho_dettoMaintenant qu’il sait Ć©crire, son estime de soi grandit, au point de publier un livre Ce que je n’ai jamais dit où, pour la premiĆØre fois, nous pouvons observer le point de vue d’un jeune qui explique son syndrome avec des observations rares et prĆ©cieuses. Il sort ainsi de son isolement, il Ć©prouve finalement la joie de partager ses Ć©motions, il conclut avec succĆØs ses Ć©tudes jusqu’à atteindre la MaturitĆ© scientifique. Encore aujourd’hui, Federico ne dit presque rien. Je vous assure – Ć©crit-il – que je suis presque incapable de m’exprimer verbalement, je parle avec des mots uniques, rarement avec une petite phrase. Je sais Ć©crire Ć  la main seulement en caractĆØres d’imprimerie, trĆØs grand et irrĆ©guliĆØrement. C’est grĆ¢ce Ć  l’ordinateur qu’il joue pour la premiĆØre fois avec un ami, qu’il se prĆ©sente Ć  ses camarades de l’école primaire et que, des annĆ©es aprĆØs, il participe “activement” aux rĆ©unions du groupe de confirmation. “Petit Ć  petit – raconte-t-il – mon ordinateur portable est devenu un compagnon insĆ©parable. Avec mon ordinateur et avec le soutien d’une personne prĆ©parĆ©e Ć  m’assister, je peux vraiment m’exprimer dans chaque situation.” Aujourd’hui, Federico Ć©tudie les percussions, il a beaucoup d’amis, il aide des personnes autistes en famille avec des conseils de vie quotidienne, il a beaucoup de projets pour l’avenir. “Maintenant, ma vie a trouvĆ© son cours”, Ć©crit-il, “grĆ¢ce aux personnes qui m’ont enseignĆ© la mĆ©thode, Ć  mes parents qui se sont lancĆ©s avec enthousiasme dans cette aventure. Aujourd’hui, je suis satisfait de ma vie et le mĆ©rite leur revient en grande partie.” Mais il ne pense pas qu’à lui: Combien d’autistes mentalement perdus auraient pu ĆŖtre d’autres Federico s’ils avaient Ć©tĆ© diagnostiquĆ©s rapidement, bien aidĆ©s Ć  l’âge du dĆ©veloppement et trĆØs aimĆ©s?” Son rĆŖve, lorsqu’il sera grand, est: “Je voyagerai dans le monde entier pour voir des femmes enceintes, pour comprendre si leurs enfants sauront parler et soigner l’autisme. Je jouerai avec leurs enfants pour les aider Ć  grandir et Ć  apprendre Ć  parler. Lorsqu’un enfant aura besoin de moi, je serai lĆ  pour l’aider.” Source: CittĆ  Nuova online

ThaĆÆlande: le souvenir d’une amie hors du commun

ThaĆÆlande: le souvenir d’une amie hors du commun

OLYMPUS DIGITAL CAMERAMĆŖme quelques moines bouddhistes qui frĆ©quentent le focolare la connaissaient bien. Benedetta Ć©tait une femme qui se laissait approcher et connaĆ®tre, sans crainte et avec dĆ©licatesse. Elle savait accueillir et on pouvait aller chez elle Ć  n’importe quel moment : que ce soit pour un problĆØme, important ou non, un besoin urgent, une chose belle Ć  partager. Elle ne se scandalisait de rien, elle connaissait bien le cœur des hommes et des femmes et savait les aimer. Un Ć©vĆŖque a dit une fois Ć  son sujet qu’elle Ć©tait Ā« une sœur d’or et d’argent Ā» Ć  cause de tout l’argent qu’elle savait trouver pour les pauvres. En allant Ć  l’extrĆŖme nord de la ThaĆÆlande on ne pouvait pas ne pas passer chez elle et Ā« bavarder un peuĀ» comme elle disait. Elle se rĆ©jouissait de toutes les nouvelles du Mouvement qu’elle considĆ©rait comme Ā« sa grande famille Ā» et elle transmettait cette vie Ć  de nombreuses autres personnes. Aussi Ć©tait-il frĆ©quent de rencontrer lors d’une des mariapolis d’étĆ© des personnes Ć  qui elle avait parlĆ© de la spiritualitĆ© de l’unitĆ© ou bien d’accueillir au focolare quelqu’un Ć  qui Sister Bene en avait parlĆ©. Bref, Benedetta Ć©tait une vraie Ā« mĆØre spirituelle Ā» qui a transmis la vie surnaturelle Ć  de nombreuses personnes. Beaucoup Ć©taient prĆ©sentes Ć  ses obsĆØques, parmi elles des Ć©vĆŖques, des prĆŖtres et la foule compacte du Ā« peuple de Dieu Ā» qui ont rĆ©ussi l’exploit de tenir dans la petite Ć©glise de Wien Pa Pao, juste Ć  cĆ“tĆ© du couvent où elle habitait. 1966-08-CG-A-Suor-Benedetta-Birmania-4Sister Bene, Benedetta Carnovali selon l’Etat civil, nĆ©e en 1925, a Ć©tĆ© une colonne pour le Mouvement: de nombreux membres de la communautĆ© actuelle des focolari en ThaĆÆlande ont Ć©tĆ© contactĆ©s par elle, y compris des bouddhistes. Ā« Une vraie sœur et une vraie focolarina Ā», comme l’a dĆ©finie quelqu’un : une sœur Ā« hors du commun Ā», toujours en train de porter quelque chose Ć  quelqu’un et en mĆŖme temps toujours lĆ , aimant personnellement la personne rencontrĆ©e. C’était une amie qui t’appelait pour te souhaiter ta fĆŖte, mĆŖme si chaque annĆ©e sa voix se faisait toujours plus frĆŖle, mais non pas sa force intĆ©rieure. En l’approchant on n’avait jamais l’impression de la dĆ©ranger : elle semblait n’attendre que toi et n’avoir rien d’autre Ć  faire. Mais tel n’était pas le cas quand on pense, par exemple, Ć  toutes les adoptions Ć  distance qu’elle suivait personnellement, et cela jusqu’à ses derniers jours. Sister Bene a connu la spiritualitĆ© de l’unitĆ© par un religieux, en 1963, et Ć  partir de ce moment elle a donnĆ© sa vie pour que de nombreuses personnes puissent connaĆ®tre et commencer Ć  vivre cette vie d’unitĆ© : d’abord Ć  Myanmar où elle se trouvait alors, puis en ThaĆÆlande, aprĆØs l’expulsion de tous les religieux par le rĆ©gime. Une fois en ThaĆÆlande, elle a poursuivi et approfondi son amitiĆ© avec les focolari. Les rares fois où elle a eu l’occasion de pouvoir passer quelques jours avec nous, elle Ć©coutait avec grand intĆ©rĆŖt les discours de Chiara lubich. Comme tous ceux qui suivent rĆ©ellement Dieu, sœur Benedetta a elle aussi vĆ©cu sa nuit, Ā« sa tempĆŖte Ā» en suivant JĆ©sus et elle l’a affrontĆ©e en vraie disciple du Christ, avec une charitĆ© hĆ©roĆÆque. ProfondĆ©ment unie Ć  Vale Ronchetti, une des premiĆØres focolarine, elle est allĆ©e de l’avant, confrontĆ©e Ć  de nombreuses incomprĆ©hensions : Ā« Comment une sœur peut-elle faire partie d’un mouvement de laĆÆcs ? Ā» s’est-elle souvent entendu dire ; sans parler d’autres petites ou grandes persĆ©cutions, humainement absurdes. Et pourtant Dieu s’est certainement et mystĆ©rieusement servi aussi de ces Ć©preuves pour rendre sœur Benedetta toujours davantage sœur et aussi toujours davantage Ā« fille spirituelle de Chiara Ā» (comme elle le disait souvent) : cette apĆ“tre de l’unitĆ© n’a pas d’égal dans tout le Sud-est asiatique si l’on en juge par les fruits qu’elle a portĆ©s ! Elle nous laisse un hĆ©ritage de douceur, de tendresse, et de grande force d’âme, d’amour et de service envers les plus dĆ©munis : par exemple les membres de la tribu Akha. Et aussi le sourire typique de ceux qui expĆ©rimentent qu’il est possible de transformer la douleur en Amour et en font leur raison de vivre. Sœur Benedetta s’est envolĆ©e au ciel Ć  l’âge de 90 ans, aprĆØs avoir Ć©coutĆ© la chanson qu’elle aimait beaucoup : Ā« Solo Grazie Ā» (Seulement Merci). Elle est morte toute consumĆ©e, mais sereine, comme elle avait toujours vĆ©cu ; dans la paix parce que certaine que Ā« ces bras Ā» qui l’ont accueillie depuis sa petite enfance (elle n’a pas connu ses parents) et portĆ©e de l’avant dans sa vie religieuse, l’attendaient pour une derniĆØre Ć©treinte et pour la derniĆØre partie du voyage : la plus importante. Ce fut donc une femme merveilleuse qui tĆ©moigne qu’aujourd’hui aussi la saintetĆ© est possible. Luigi Butori

USA: Terre, Foi, Paix 2015

USA: Terre, Foi, Paix 2015

20150810-01Des jeunes de cinq religions et de diffĆ©rentes dĆ©nominations chrĆ©tiennes, spĆ©cialement sĆ©lectionnĆ©s comme responsables Ć©mergeants dans le domaine environnemental, se sont donnĆ© rendez-vous Ć  la citĆ©-pilote Luminosa des Focolari (Ɖtat de New York-USA) pour rĆ©flĆ©chir sur la sauvegarde de la planĆØte entendue comme maison commune. GuidĆ©s par les idĆ©alitĆ©s de Religions for Peace (RFP) et des Focolari, le Teach-in a commencĆ© par une analyse sur la rĆ©alitĆ© actuelle de l’environnement et le fort lien entre la stabilitĆ© mondiale et le changement climatique. Ce dernier requiert une nouvelle prise de conscience aussi dans l’optique, sous-tendue par le titre donnĆ© Ć  ces trois jours, de la paix dans le monde. Peut-ĆŖtre qu’une solution sera trouvĆ©e grĆ¢ce Ć  la synergie entre les membres des diffĆ©rents contextes religieux. C’est ce que souhaitaient les organisateurs du Teach-in qui s’est dĆ©roulĆ© fin juillet. MalgrĆ© la variĆ©tĆ© de leur credo, ils sont parvenus au fait que chaque effort pour l’environnement sera beaucoup plus efficace s’il est rĆ©alisĆ© ā€˜ensemble’. 20150810-03Parmi les interventions, celle du RĆ©vĆ©rend Richard Cizik (New Evangelical Partnership) et du Rabbin Lawrence Troster, bioĆ©thicien, qui a affirmĆ© que:“D’ici 2050, nous pourrions avoir 50Ā millions de rĆ©fugiĆ©s climatiques, avec de graves consĆ©quences sur la cohabitation pacifique entre les peuples”. Asma Mahdi, ocĆ©anographe et membre de Green Muslims, a fait Ć©cho Ć  ces paroles en mettant en Ć©vidence que ce sont les pays Ć  majoritĆ© islamique les plus vulnĆ©rables: “Au Bangladesh, par exemple, si le niveau de la mer devait continuer Ć  s’élever, d’ici 2050, 17% du territoire sera inondĆ©, contraignant 18Ā millions de personnes Ć  se dĆ©placer”. Des chiffres alarmants, tout comme certaines Ć®les polynĆ©siennes risquent d’être submergĆ©es. Parmi les intervenants, il y avait aussi Mgr Joseph Grech, de la ReprĆ©sentation officielle du Saint-SiĆØge aux Nations Unies, qui, citant quelques extraits de l’encyclique de FranƧois “Laudato sƬ”, a soulignĆ© comment l’économie et l’écologie vont de pair, parce que chacune de nos actions a toujours un impact sur la nature. Trois chercheurs environnementaux de trois diffĆ©rentes universitĆ©s amĆ©ricaines se sont dĆ©clarĆ©s du mĆŖme avis: Robert Yantosca (Harvard), Valentine Nzengung (GĆ©orgie) et Tasrunji Singh (Ohio), pour lesquels les convictions religieuses respectives sont devenues des facteurs motivants et un guide dans l’engagement scientifique en faveur de l’environnement. 20150810-04ā€˜Prochainement’ est le mot-clĆ© qui a menĆ© la seconde partie du Teach-in et qui a permis de dĆ©finir une sĆ©rie de comportements Ć  mettre en œuvre. John Mundell, des Focolari, propriĆ©taire d’une sociĆ©tĆ© de conseils sur l’environnement, a fourni un panorama d’initiatives, dont le “Cube de la Terre“, dont les six faces prĆ©sentent des suggestions quotidiennes efficaces pour renouveler et conserver un environnement sain. Les participants ont Ć©galement visitĆ© des projets d’assainissement Ć  la Federal Reserve Estuarine toute proche. Aaron Stauffer, directeur exĆ©cutif de RFP, a affirmĆ© en conclusion: “C’était un tĆ©moignage du pouvoir de coopĆ©ration multireligieuse et de paix”. Et Raiana Lira, BrĆ©silienne, qui termine son doctorat en Ć©cologie: “Nous savons que nous avons au moins deux choses en commun: un profond intĆ©rĆŖt pour le dĆ©veloppement durable de la planĆØte et une croyance religieuse qui nous offre les justes motivations pour en prendre soin. Chacun de nous Ć©tait venu avec ses convictions et idĆ©es personnelles et, maintenant, nous nous retrouvons tous unis dans l’objectif commun de beaucoup: la protection de la terre et de ses habitants”.

Giordani:  pensƩes au quotidien

Giordani: pensƩes au quotidien

Foco 3Ā« Travailler dans les champs, subvenir Ć  la vie des plantes, ĆŖtre associĆ©, au cœur des amples silences rythmĆ©s par les cycles du soleil et de la lune, Ć  l’œuvre crĆ©atrice de la nature, est une action, elle aussi, presque sacerdotale, qui exige recueillement et sacrifice : elle suppose le courage de se sentir Ć  l’unisson avec sa propre Ć¢me, au cœur de l’attente de l’univers et, au contact de la nature, cette prodigieuse source de vie, de savoir se tenir, sans flĆ©chir, en prĆ©sence de Dieu Ā». (FIDES, juillet 1938) Ā« Pour que l’homme s’élĆØve jusqu’à la contemplation de Marie, il lui faut l’aide d’une beautĆ© et d’une puretĆ© supĆ©rieures. C’est Elle qui a permis cette Ć©lĆ©vation de l’âme humaine d’où jaillirent les plus belles aspirations: les œuvres d’art qui en sont nĆ©es ont rejoint des sommets jamais atteints. La maternitĆ©, la tendresse fĆ©minine, l’effacement et la piĆ©tĆ© ont trouvĆ© en Marie leur modĆØle, et aussi un aliment qui nourrit la plus belle passion de l’homme lorsque, Ć©levĆ© au-dessus de sa brutalitĆ©, il se laisse aspirer par un Ć©lan qui divinise Ā». (FIDES, mars 1938) Ā« La rĆ©volution chrĆ©tienne ne fit pas de complots, elle ne renversa pas les institutions, elle ne tua pas les tyrans : mais elle introduisit dans l’organisation dĆ©labrĆ©e de la sociĆ©tĆ© antique, dans la famille abĆ®mĆ©e, dans les instances juridiques gangrĆ©nĆ©es, dans les relations sociales perverties par la cupiditĆ©, un ferment nouveau, celui de l’amour qui les rĆ©gĆ©nĆ©ra : grĆ¢ce Ć  lui, d’un seul coup, l’esclave eut un nouveau visage aux yeux de son maĆ®tre, la femme une valeur nouvelle aux yeux de l’homme et, aux yeux du grec ou du romain, s’amenuisa la distance infinie qui les sĆ©parait du barbare ou du travailleurĀ» (FIDES, fĆ©vrier 1943) ā€œLe chrĆ©tien qui a conscience de l’être – le saint – est quelqu’un qui vit en prenant soin de chaque instant, en rĆ©alisant le plus d’actions possibles en peu de temps, pour l’honneur du MaĆ®tre de maison, pour la bonne rĆ©putation des siens, pour la santĆ© de ses frĆØres. Dans le langage courant le mot Ā« apostolat Ā» pour dĆ©signe cette contribution, cette faƧon d’agir. Un chrĆ©tien qui s’en dispense lorsqu’il en a le temps et le moyen, est un chrĆ©tien qui ignore sa place dans l’Eglise : il ignore l’Eglise. Celle-ci agit Ć  chaque instant de sa vie: elle rĆ©alise une action. Aussi nous parlons d’action catholique. Celle-ci peut advenir de mille faƧons : il y a de la place pour tous. Elle est aussi bien Ć  la portĆ©e d’un poĆØte que d’un handicapĆ©, d’un anachorĆØte que d’un cĆ©nobite, d’un pĆØre de famille que d’un chef de service, du passager qui est dans le mĆ©tro que du cordonnier dans sa boutique Ā». (FIDES, octobre 1938) Source : Centre Igino Giordani.

Au Jardin de Montbrillant

Au Jardin de Montbrillant

GenĆØve, 3 rue de Montbrillant. Comme chaque vendredi je me rends au ā€œJardin de Montbrillantā€, un lieu d’accueil et de rencontre pour les personnes en situation de prĆ©caritĆ© dans cette ville cosmopolite. Elles peuvent y prendre des repas. Aujourd’hui, comme Ć  l’accoutumĆ©e, nous accueillons environ 150 personnes de toutes nationalitĆ©s. La salle est dĆ©jĆ  pleine et tout semble se passer au mieux. Parmi les habituĆ©s de cette assistance bigarrĆ©e, je remarque toujours quelques nouveaux visages. Mon travail consiste Ć  trouver une place pour chacun, Ć  nĆ©gocier avec l’un ou l’autre la prĆ©sence d’un nouveau voisin de table, Ć  Ć©viter que les tensions dĆ©gĆ©nĆØrent pour que le repas puisse ĆŖtre pris en toute tranquillitĆ©, ce qui n’est pas toujours facile compte tenu de l’état physique et psychologique de la majeure partie de nos hĆ“tes. Mais ce qui m’intĆ©resse le plus, c’est de rĆ©ussir Ć  crĆ©er un contact fraternel, conforter celui qui semble triste, dĆ©primĆ©, Ć©couter celui qui se sent angoissĆ©, redonner l’espĆ©rance…En somme crĆ©er un climat de famille afin que tous se sentent aimĆ©s tels qu’ils sont, au-delĆ  de la diversitĆ© des Ć¢ges, des nationalitĆ©s et des religions. Tandis que nous sommes Ć  table, la porte de la salle s’ouvre et arrivent trois de nos amis arabes, accompagnĆ©s de deux nouveaux venus. Je remarque tout de suite l’expression dure et menaƧante de leurs visages. A peine entrĆ©s, ils hurlent en disant qu’ils veulent Ć©gorger tous ceux qui sont lĆ  et mettre le feu au local. Le motif : ils se sentent gravement offensĆ©s par les caricatures du ProphĆØte publiĆ©es dans la presse les jours prĆ©cĆ©dents, Ć  la une des journaux. L’atmosphĆØre devient soudainement tendue et des propos violents circulent. Je vois dĆ©jĆ  les assiettes voler en l’air et les coups pleuvoir. Il faut intervenir sans tarder parce que la situation peut dĆ©gĆ©nĆ©rer dangereusement. Mais que dire, que faire ? Je me sens impuissante, mais je reconnais dans cette souffrance ainsi que et dans notre sociĆ©tĆ© qui dĆ©fend la libertĆ© absolue, aux dĆ©pens des valeurs profondes, le cri de l’Homme-Dieu sur la croix : Ā« Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonnĆ© ? Ā». C’est Lui qui se prĆ©sente maintenant, Ć  travers la rĆ©action de ces deux fidĆØles de l’Islam. Je remets tout entre ses mains et je me lĆØve pour aller Ć  leur rencontre. Je leur dis que je partage leur peine et leur propose de parler, mais aprĆØs avoir mangĆ©, s’ils pensent que c’est important. AprĆØs cette invitation paisible, ils se laissent convaincre de se mettre Ć  table; l’agressivitĆ© diminue d’un coup et la tranquillitĆ© revient, comme si chacun avait compris les motivations qui avaient causĆ© cet accĆØs de colĆØre.Le repas se termine dans le calme. Je reste auprĆØs des deux pour leur faire faire sentir toute la chaleur humaine dont je suis capable. AprĆØs le repas ils s’excusent pour les mots prononcĆ©s et manifestent leur regret pour leurs propos vengeurs. On poursuit un moment notre Ć©change sur notre foi respective, dans un respect total et une comprĆ©hension rĆ©ciproque. Avant de partir ils m’embrassent, pleins de reconnaissance pour avoir Ć©tĆ© Ć©coutĆ©s. Leurs visages dĆ©sormais dĆ©tendus expriment des sentiments tout autres qu’au dĆ©but. (Paquita Nosal – GenĆØve) Source: CittĆ  Nuova – n° 13/14 – 2015

Chiara Lubich: JĆ©sus Ć  l’« Expo Ā» de ’58

Chiara Lubich: JĆ©sus Ć  l’Ā« Expo Ā» de ’58

Expo58_2Il en est ainsi de l’Ć©ditorial du 20 avril 1958. Dans cet Ć©crit incisif et efficace, Chiara Lubich dĆ©crit Ć  grands traits les impressions qu’elle a reportĆ©es de sa visite Ć  l’Ā« Expo Ā» de Bruxelles au printemps de cette annĆ©e-lĆ . Chiara s’Ć©tait rendue en Belgique pour la semaine de PĆ¢ques : le Mouvement commenƧait alors Ć  faire ses premiers pas au-delĆ  de la ceinture des Alpes, au cœur de l’Europe. On comprend alors la forte impression que cette visite a suscitĆ©e en Chiara. Ā«Le 17 avril – elle Ć©crit –, s’est ouverte l’exposition internationale de Bruxelles. […] C’est quelque chose de colossal. Les plus grandes puissances, les plus grands Ɖtats des cinq continents se sont efforcĆ©s de dĆ©ployer ce que leur gĆ©nie avait de meilleur. […] On ne peut que demeurer admiratifs en voyant ces constructions trĆØs modernes, aux lignes, aux couleurs et aux lumiĆØres trĆØs audacieuses, mais bien souvent assemblĆ©es en un Ć©quilibre harmonieux, dans des expressions architecturales les plus variĆ©es, les plus Ć©tranges aussi. […] Cependant, le pavillon qui a attirĆ© notre attention d’une maniĆØre toute particuliĆØre, fut celui du Saint-SiĆØge. Il se dresse presque en face du pavillon soviĆ©tique et Ć  cĆ“tĆ© du pavillon amĆ©ricain. Il est appelĆ© : Ā« Civitas Dei Ā» (CitĆ© de Dieu). Au centre de ce pavillon se dresse une Ɖglise au style Ć©lancĆ© et harmonieux, peut-ĆŖtre parce que riche de contenu, Ć©lĆ©gant et trĆØs moderne. […] Au-dessous, se dresse un autel où seront cĆ©lĆ©brĆ©es des messes en continu. […] JĆ©sus vivant, donc, qui s’immole continuellement pour tous, et la Parole de vĆ©ritĆ© d’un Roi qui n’est pas de ce monde ; ce sont les richesses exposĆ©es Ć  Bruxelles par la “CitĆ© de Dieu”, alors qu’Ć  cĆ“tĆ©, entre autre, un brise-glace atomique, le Spoutnik II, une monumentale statue de LĆ©nine occuperont le Pavillon soviĆ©tique. Et pour le Pavillon amĆ©ricain, un théâtre gonflable et de nombreuses expressions de l’art moderne. Oui, JĆ©sus Ć  l’Exposition de Bruxelles, comme un jour, JĆ©sus aux noces de Cana. Le Fils de l’Homme ne dĆ©daigne pas de se mĆŖler Ć  toutes les affaires humaines et, Ć  travers le son harmonieux des cloches, il fera arriver le souvenir de l’Ć©ternel et du divin Ć  tous ceux qui se sont rĆ©unis lĆ , pour mettre en valeur les capacitĆ©s des peuples qu’Il a crƩƩs. JĆ©sus qui meurt sur l’autel pour tous, y compris pour ceux qui ne s’intĆ©ressent pas Ć  Lui, fiers peut-ĆŖtre de leur science, de leurs dĆ©couvertes ou mĆŖme qui Le combattent. JĆ©sus, qui enseigne encore la VĆ©ritĆ© Ć  travers ceux dont Il a dit : “Qui vous Ć©coute, m’Ć©coute”. VoilĆ  les dons, le Ā« produit Ā» offert par l’Ɖglise Catholique qui continue l’œuvre de JĆ©sus. JĆ©sus Eucharistie, fruit de l’Église, comme autrefois JĆ©sus de Nazareth, fruit du sein trĆØs pur de la Vierge Marie. LĆ , Ć  l’Ā« Expo ’58 Ā», comme dans toutes nos Ć©glises, JĆ©sus cherchera Ć  Ć©tancher la soif de lumiĆØre, d’amour, de courage, de puissance, qu’ont les hommes. JĆ©sus s’expose Lui-mĆŖme, ou mieux, son amour concret ; Il s’offre pour sauver les hommes lĆ  aussi où tout parle d’Ć©nergie atomique, de technique, d’inventions, de nouveautĆ©. C’est Lui la plus grande nouveautĆ©, l’Ć©ternelle dĆ©couverte, jamais dĆ©couverte. Il demeurera, mĆŖme lorsqu’au cours des siĆØcles personne ne se rappellera plus de dĆ©tails de l’Expo de Bruxelles, de mĆŖme qu’aujourd’hui, personne ne connaĆ®t le nom des Ć©poux de Cana. Il est lĆ  pour que les personnes ne restent pas dƩƧues, pour remplir le vide qui se crĆ©era en elles – malgrĆ© toute la divulgation des richesses les plus belles qui existent actuellement – lorsqu’elles feront l’expĆ©rience de la vanitĆ© de tout, mĆŖme du meilleur, s’il n’est pas enracinĆ© en Dieu. Sources : Centre Chiara Lubich. Lire le texte intĆ©gral.

Cours pour Ɖducateurs dans les SĆ©minaires

Cours pour Ɖducateurs dans les SĆ©minaires

VineaMea_01Avec la rĆ©alisation de la seconde partie s’est conclu le Cours pour Ɖducateurs dans les SĆ©minaires de la session 2014-2015 Ć  Loppiano, frĆ©quentĆ© par une vingtaine de prĆŖtres du BrĆ©sil, Kenya, NigĆ©ria, Tanzanie, IndonĆ©sie, ThaĆÆlande, Italie, Pays-Bas, Espagne et Malte. “En regardant l’ensemble du cours, je peux dire que l’objectif de projeter la lumiĆØre du charisme de l’unitĆ© sur le monde de la formation dans les sĆ©minaires a globalement rĆ©ussi.” “La participation au cours m’a rendu plus attentif Ć  la signification et Ć  la valeur de mon service spirituel comme formateur, particuliĆØrement dans la perspective d’une Ć©glise-communion: le visage de l’Église de demain dĆ©pend aussi du type de formation que l’on vit dans les sĆ©minaires.” “Ce cours m’interpelle pour vivre ce modĆØle de vie contemplĆ© ensemble; pour me laisser faƧonner par les circonstances, par les frĆØres, pour changer ma maniĆØre de prier, de penser. Rester liĆ© spirituellement et autant que possible concrĆØtement dans les Ć©changes virtuels et directs avec l’Ć©quipe qui le promeut et avec tous les participants.” Ce sont quelques impressions des participants. Le Cours Ć©tait structurĆ© en quatre semaines Ć©talĆ©es sur deux ans. Dans la seconde partie, rĆ©alisĆ©e cette annĆ©e, la formation est passĆ©e au concret, en la subdivisant en sept grands points: Don de soi et communion; Ouverture Ć  l’autre: dialogue et tĆ©moignage; Union avec Dieu: intĆ©rioritĆ© et sanctification; Vie Ć  corps mystique et corporĆ©itĆ©; Harmonie personnelle et Ć©dification de la communautĆ©; Sagesse, Ć©tude et culture; Communication et mĆ©dias au service de la communion. En gardant toujours comme fil conducteur du cours le trinĆ“me priĆØre-vie-pensĆ©e, les participants et les intervenants ont travaillĆ© avec un engagement rĆ©ciproque. En outre, de tels cours ont eu lieu Ć  Bangkok, en 2013, avec une soixantaine de participants provenant des pays au sud de la Chine. Et d’autres sont prĆ©vus aux Philippines, Kenya, CĆ“te d’Ivoire, BrĆ©sil et Colombie. Ces huit derniĆØres annĆ©es, environ 200Ā formateurs de sĆ©minaires, provenant d’une trentaine de pays de quatre continents, ont suivi ces cours. Ā 

Rome: j’ai trouvĆ© la joie Ć  Baobab

Rome: j’ai trouvĆ© la joie Ć  Baobab

baobabBaobab est l’un des nombreux centres d’accueil pour rĆ©fugiĆ©s, prĆØs de la gare de Rome-Tiburtina. Il accueille environ 400 ÉrythrĆ©ens, Somaliens et Soudanais, hommes et femmes, chrĆ©tiens et musulmans. “LĆ , le bĆ©nĆ©volat est libre, heureux, chaleureux, chaotique et anarchique – raconte S.: chacun arrive quand il veut, voit ce qu’il faut, aide, appelle des amis… Et cela fonctionne trĆØs bien! Une fois l’approbation des Responsables de la Banque alimentaire de Rome obtenue, avec un jeune qui coordonne tout le bĆ©nĆ©volat du Centre Baobab, nous sommes allĆ©s Ć  Fiano Romano et nous avons chargĆ© environ deux tonnes d’excellente nourriture (pĆ¢te, sucre, huile, viande en conserve, 600Ā yaourts, 120Ā ananas, 30Ā caisses de pĆŖches et de nectarines, 100Ā morceaux de parmesan, et plus encore). ƀ 10h, il faisait dĆ©jĆ  40°C environ! Nous sommes arrivĆ©s au Centre vers 13h, où au moins 500Ā jeunes filles et garƧons faisaient la queue pour le repas, alignĆ©s et patients, Ć  majoritĆ© des ErythrĆ©ens, tous arrivĆ©s Ć  bord de ces tristement cĆ©lĆØbres bateaux que nous voyons au journal tĆ©lĆ©visĆ©. Il faisait au moins 42°C Ć  cette heure-lĆ . En une dizaine de minutes, les jeunes, sans avoir eu besoin de leur demander, ont fait une chaĆ®ne humaine et ont dĆ©chargĆ©, de maniĆØre trĆØs coordonnĆ©e, la camionnette surchargĆ©e, apportant tout le matĆ©riel dans le dĆ©pĆ“t. Aucun yaourt ni boisson n’a disparu, le tout parfaitement dĆ©posĆ© au bon endroit. Ensuite, tous sont retournĆ©s dans la file d’attente pour le repas. On m’a aussi servi une assiette, que j’ai partagĆ©e avec beaucoup de joie avec eux. Le Centre d’accueil ne vise pas que l’assistance, mais surtout l’engagement et l’intĆ©gration des rĆ©fugiĆ©s mĆŖmes. Cela garantit le respect de la dignitĆ© de chacune et chacun des personnes accueillies. Ensuite, dĆØs qu’ils peuvent, beaucoup rejoignent parents et amis dans d’autres pays europĆ©ens. Le nombre de citoyens romains qui apportent de l’aide en tout genre est constant et aussi touchant. Tant d’aide arrive que, souvent, nous apportons des caisses de marchandises Ć  d’autres centres d’assistance. Alors que je serrais des mains et liait connaissance, la premiĆØre fillette nĆ©e d’une jeune rĆ©fugiĆ©e accueillie dans le Centre est arrivĆ©e de l’hĆ“pital, Ć¢gĆ©e de 20 jours. MĆ©decins, infirmiers, bĆ©nĆ©voles, tous autour d’elle pour lui faire un sourire et au moins la voir. Un signe que la vie continue, toujours. Je suis rentrĆ© chez moi fatiguĆ©, suant comme jamais… Mais, dans mon cœur et dans mon Ć¢me, une joie trĆØs spĆ©ciale, une sĆ©rĆ©nitĆ© inestimable, la vraie rĆ©compense pour un petit geste en faveur de ces magnifiques personnes qui en ce moment sont appelĆ©es “rĆ©fugiĆ©s”… ƀ la fin du mois, nous sommes dĆ©jĆ  d’accord de supporter une autre charge. En effet, grĆ¢ce Ć  un ami dont la famille gĆØre cinq supermarchĆ©s, nous organisons aussi une rĆ©colte rĆ©guliĆØre de produits bientĆ“t pĆ©rimĆ©s qui, amenĆ©s au Centre, peuvent ĆŖtre en revanche consommĆ©s les jours suivants. Je remercie les rĆ©fugiĆ©s Ć©rythrĆ©ens et les bĆ©nĆ©voles du Camp Baobab de m’avoir donnĆ© l’opportunitĆ© de vivre un moment vraiment beau, prĆ©cieux, qui, j’en suis sĆ»r, se rĆ©pĆ©tera ces prochains jours et dans le futur. Je me sens privilĆ©giĆ© et je le suis vraiment!” (S.D. Italie)

Argentine: le butin insolite d’un vol

Argentine: le butin insolite d’un vol

anita (300 x 300)En 2012, alors que j’étais invitĆ©e chez la famille d’un ami, trois hommes armĆ©s ont fait irruption. AprĆØs nous avoir frappĆ©s et allongĆ©s sur le sol, ils hurlaient sans arrĆŖt en pointant leurs armes sur nous: “où est l’argent?” Le pĆØre de famille, s’adressant Ć  l’un d’eux, a essayĆ© de lui dire qu’il lui pardonnait, mais que ce n’était pas la bonne maniĆØre d’agir. Ces paroles l’ont encore plus Ć©nervĆ© et nous avions tous peur qu’il fasse quelque chose de terrible. Au contraire, le voleur s’est, Ć  notre grand Ć©tonnement, mis Ć  pleurer et Ć  demander pardon. Les deux autres, qui avaient entretemps rassemblĆ© le butin, sont sortis pour s’enfuir avec la voiture de la famille. L’homme – qui semblait ĆŖtre le chef du groupe – a demandĆ©, avant de les rejoindre, si parmi ce qu’ils avaient pris il y avait quelque chose d’important, parce que, dans ce cas, il le rapporterait. Le papa a dit de tout garder, que c’était bien ainsi, mais qu’il avait besoin de la voiture pour travailler. Le voleur a alors promis qui allait bientĆ“t la restituer. Avant de s’enfuir, il a demandĆ© pardon Ć  chacun. Une demi-heure aprĆØs, la voiture est apparue intacte, rapportĆ©e par la police. Personnellement, mĆŖme si cet homme avait demandĆ© pardon, j’avais quelques difficultĆ©s Ć  pardonner. Je n’arrivais pas Ć  accepter qu’il existe des personnes qui puissent dĆ©cider de mon sort ou de celui de mes proches. J’avais probablement besoin de temps. En mĆŖme temps, je sentais que je devais faire quelque chose, du moins essayer de comprendre l’origine de toute cette violence. Avec quelques amis des Jeunes pour un Monde Uni (JPMU), j’ai commencĆ© Ć  frĆ©quenter un refuge pour sans abri. Peut-ĆŖtre que partager la douleur et les difficultĆ©s de qui se trouve dans les pĆ©riphĆ©ries du monde pouvait m’aider Ć  ‘comprendre’. Nous allons tous les samedis dans ce refuge: nous faisons des jeux, nous jouons de la guitare, nous regardons un match de football (la Coupe du Monde Ć©tait incroyable!), parfois nous dĆ®nons ensemble. Ainsi, nous connaissons leurs histoires, certaines vraiment hallucinantes. Ce sont des personnes qui ont besoin de beaucoup de force, tant pour pardonner Ć  qui leur a fait du mal, que pour se pardonner Ć  eux-mĆŖmes. Mais, plus que tout, ce sont des personnes qui ont besoin de recommencer. Un groupe de spĆ©cialistes les aide dans le processus de rĆ©cupĆ©ration, alors que notre rĆ“le est de grandir avec eux, sans jamais arrĆŖter de leur montrer de l’affection. Qui dĆ©sormais, nous l’expĆ©rimentons, est devenue rĆ©ciproque. En Ć©tant avec eux, je me suis rendu compte que pour beaucoup d’entre eux, qui ont depuis toujours Ć©tĆ© traitĆ©s comme des personnes qui n’existent pas, voler est le dernier recours. Je me suis moi-mĆŖme demandĆ©: “Que ferais-je Ć  leur place, si – comme cela leur arrive – personne ne me regarde, personne ne me rĆ©pond, personne ne me considĆØre?” C’est ainsi que j’ai rĆ©ussi Ć  pardonner aux trois voleurs de ce soir-lĆ . Et je me suis rendu compte que ma rĆ©conciliation avec eux mettait une brique pour la construction de la paix de mon pays. En dĆ©cembre 2013, Ć  cause d’une grĆØve de la police, beaucoup de personnes en ont profitĆ© pour saccager des entreprises et des magasins. Ils ont mĆŖme volĆ© une ONG qui rĆ©colte et distribue de la nourriture aux pauvres. C’était une petite guerre entre les personnes, avec dĆ©sordres et chaos. Le jour suivant, nous avons mobilisĆ© avec les JPMU, sur les rĆ©seaux sociaux, nos amis pour nettoyer la ville et aussi pour rĆ©colter de la nourriture pour l’ONG. Nous sommes passĆ©s de 15 personnes au dĆ©but, Ć  plus de 100 (en plus de celles qui ont apportĆ© de la nourriture). Le soir, les tĆ©lĆ©visions, qui avaient couvert l’initiative, ont expliquĆ© qu’il y a aussi un autre cĆ“tĆ© du fait divers et que non seulement tout avait Ć©tĆ© nettoyĆ©, mais aussi les enfants d’un quartier trĆØs pauvre avaient pu manger. https://www.youtube.com/watch?v=9WX_TbWHvVw&feature=youtu.be Depuis lors, pendant que nous continuons Ć  nous rendre au refuge pour sans-abri, un autre groupe de JPMU a fait connaissance avec le refuge ā€˜Coin de lumiĆØre’ qui avait reƧu les aliments que nous avions rĆ©coltĆ©s. Pour commencer, Ć  l’approche de NoĆ«l, les JPMU ont cherchĆ© des cadeaux pour tous les enfants et organisĆ© une crĆØche vivante. Ensuite, il fallait penser Ć  amĆ©liorer l’infrastructure, prĆ©caire et insuffisante. Ils ont donc organisĆ© une rĆ©colte de fonds auprĆØs d’amis, collĆØgues d’universitĆ© et proches, ainsi que diffĆ©rentes activitĆ©s et des ventes de gĆ¢teaux. Certains jeunes aident aussi dans les workshops d’hygiĆØne buccale et d’horticulture, alors que le projet continue avec la construction des salles de bain et la rĆ©fection de l’installation Ć©lectrique. Les JPMU se sont vraiment donnĆ© de la peine. Mais le refuge participe aussi, selon leurs dires: “Le refuge nous a donnĆ© la possibilitĆ© de rĆŖver de grandes choses et de croire qu’autour de nous, il y a toutes les mains dont nous avons besoin pour poursuivre les projets. Il suffit de faire le premier pas”. Source: United World Project

Cuba: rƩcupƩration de la mƩmoire historique

Cuba: rƩcupƩration de la mƩmoire historique

chiesaĀ« Nous avons appris avec une grande joie la nouvelle de la visite que le pape FranƧois fera Ć  notre pays du 19 au 22 septembre. Le Saint-PĆØre veut nous manifester sa proximitĆ© en ce moment où, grĆ¢ce aussi Ć  sa mĆ©diation, l’on respire ici un climat d’espĆ©rance de par les possibilitĆ©s nouvelles de dialogue entre Cuba et les Ɖtats-Unis. Ce qu’il est en train de faire en tant que pasteur de l’Église universelle est trĆØs trĆØs important pour la recherche de la rĆ©conciliation et de la paix entre les peuples ! Ā» Ainsi Ć©crivent, dans un message aux cubains, les Ć©vĆŖques catholiques du pays. Alors que l’île des CaraĆÆbes s’apprĆŖte Ć  recevoir le premier pape originaire d’AmĆ©rique Latine, nous nous entretenons Ć  La Havane avec JosĆ© AndrĆ©s Sardina Pereira, architecte espagnol spĆ©cialisĆ© en arts sacrĆ©s et liturgie, et passionnĆ© de culture cubaine. Ā« Le projet que nous dĆ©veloppons – explique Sardina Pereira – veut ĆŖtre une contribution de l’archevĆŖchĆ© de Santiago au travail initiĆ© par les institutions civiles, dans le but de faire inscrire le centre historique de Santiago (avec l’ensemble d’églises coloniales et de quartiers qui le composent) dans la liste du patrimoine mondial de l’humanitĆ© qu’établit l’UNESCO, comme c’est dĆ©jĆ  le cas des centres historiques de La Havane, Trinidad, Camagüey et Cienfuegos. Ā» NĆ© de pĆØre cubain, Sardina Pereira, est un passionnĆ© de l’histoire de Cuba. Cette nation, connue aussi sous le nom de Ā« Grande Ć®le Ā», a Ć©tĆ© Ā« l’une des derniĆØres colonies espagnoles Ć  obtenir l’indĆ©pendance (1898), ce qui explique que la processus de ā€œtransculturationā€ ait durĆ© plus qu’ailleurs. Les Ć©tudes des origines de la culture cubaine, lorsqu’elle s’est diffĆ©renciĆ©e de la culture espagnole, en situent la cristallisation au cours du XVIIIe siĆØcle, au moment où se rĆ©veillent, avec un certain antagonisme vis-Ć -vis des modĆØles et des intĆ©rĆŖts espagnols, une sĆ©rie d’inquiĆ©tudes sociales, Ć©conomiques et culturelles qui caractĆ©risent les natifs de l’île (crĆ©oles) de ceux qui provenaient de l’autre cĆ“tĆ© de l’Atlantique Ā». Sardina Pereira explique que Ā« dans les processus ethniques et culturels qui ont engendrĆ© la ā€œcubanitĆ©ā€, les espagnols et les africains arrivĆ©s sur l’île ont portĆ© avec eux leurs cultures, qui Ć©taient bien plus complexes que ce que l’on entend habituellement par culture ā€œespagnoleā€ et culture ā€œafricaineā€ Ā».gente Ā« Cuba a vu arriver sur son sol des hommes et des femmes de groupes linguistiques, sociaux et religieux diffĆ©rents, ayant des niveaux de dĆ©veloppement Ć©conomique diffĆ©rents. Ils provenaient de ce qui est aujourd’hui le SĆ©nĆ©gal, la Gambie, le Mali, la GuinĆ©e, la CĆ“te d’Ivoire, le BĆ©nin, le NigĆ©ria, le Congo et l’Angola. Ā» Ainsi que des personnes en provenance d’autres pays d’Europe, d’Asie et mĆŖme du continent amĆ©ricain. Ā« La prĆ©sence franƧaise Ć  Cienfuegos ou dans les plantations de cafĆ© de l’est de l’île en est une illustration. Ā» C’est dans le mĆ©lange de cet Ā« Ć©ventail riche et bariolĆ© d’individus provenant d’aires gĆ©ographiques diverses que naĆ®t la culture cubaine, une des derniĆØres que l’humanitĆ© ait engendrĆ©e : audacieuse, intĆ©grative, crĆ©ative et en mĆŖme temps ouverte, accueillante et respectueuse de la diversitĆ© Ā». Sardina Pereira souligne le rĆ“le clĆ© du message Ć©vangĆ©lique dans cette Ā« genĆØse Ā», dans la mesure où Ā« cette patrie nouvelle a Ć©tĆ© fondĆ©e grĆ¢ce Ć  la cohabitation d’individus trĆØs diffĆ©rents les uns des autres : blancs, noirs, mĆ©tis, esclaves et hommes libres ; beaucoup d’entre eux Ć©tant unis par l’amour que JĆ©sus est venu enseigner sur la terre, un amour qui va jusqu’à donner sa vie. Il suffit d’évoquer l’hĆ©roĆÆsme, la cohĆ©rence et l’amour de tant de pĆØres de la nation cubaine et de tant d’hommes et de femmes qui, Ć  leur suite, l’ont engendrĆ©e en donnant leur vie Ā». Des personnes unies par leur foi qui Ā« voyagent ensemble dans un navire nouveau, sur la mer agitĆ©e de l’histoire Ā». ƀ ce moment de notre conversation, notre expert ajoute un autre Ć©lĆ©ment, qu’il considĆØre comme essentiel. Les cubains sont Ā« un peuple bĆ©ni par une rencontre extraordinaire avec la mĆØre de JĆ©sus Ā». Cette affirmation fait allusion Ć  ce que la tradition a appelĆ© Ā« la dĆ©couverte Ā». On raconte qu’en 1612, trois chercheurs de sel (un mĆ©tis, un noir et un blanc, trois ethnies jusque-lĆ  en conflit) trouvĆØrent une tablette de bois qui flottait sur la mer et où Ć©tait reprĆ©sentĆ©e une image de la Vierge accompagnĆ©e de l’inscription : Ā« Je suis la Vierge de la charitĆ© Ā». Ā« Cette rencontre avec une mĆØre – poursuit avec conviction l’architecte – constitue l’un des Ć©lĆ©ments qui permettent au peuple cubain de dĆ©couvrir la vĆ©ritable fraternitĆ©, qui se convertira en un symbole identificateur de leur nationalitĆ©. MĆØre de tous, de marins de toute provenance, couleur et credo. Ā» Sardina Pereira aime comparer ce mĆ©lange d’ethnies Ć  un plat typique du centre de l’île appelĆ© Ā« ajiaco Ā». Ā« Dans un monde globalisĆ© et toujours plus interdĆ©pendant – ajoute notre architecte – trĆØs souvent l’intolĆ©rance envers les diffĆ©rences ethniques, culturelles et religieuses continue d’être la cause premiĆØre des conflits les plus graves. Chiara Lubich, cette grande personnalitĆ© de l’Église catholique, dans son intervention au palais des Nations-Unies en 1997, a pu affirmer que pour construire aujourd’hui un monde plus uni et en paix, il est nĆ©cessaire d’arriver Ć  aimer la patrie d’autrui comme la sienne. Ā» Sardina Pereira conclut par un aveu personnel : Ā« En rĆ©alisant ce travail, j’ai pu me rendre compte de ce que la connaissance et la diffusion de la culture cubaine peuvent apporter Ć  la paix dans le monde, dans la mesure où elle parviendra Ć  rĆ©cupĆ©rer et Ć  maintenir une mĆ©moire historique authentique et ses profondes racines chrĆ©tiennes. Ā» Par Gustavo ClariĆ”

Nigeria. Yakoko et le don de la pluie

Nigeria. Yakoko et le don de la pluie

2 Au Nigeria, il y a une grande diffĆ©rence de dĆ©veloppement entre les villes et les villages ruraux où il n’ y a presque pas d’infrastructures et où manquent l’Ć©lectricitĆ©, les soins mĆ©dicaux, les routes, etc. Yakoko est un de ces villages – proche du dĆ©sert, au milieu de la montagne – dans lequel la communautĆ© chrĆ©tienne et celle musulmane vivent depuis toujours dans une grande entente rĆ©ciproque. Le soir, aprĆØs le travail dans les champs, les hommes se rencontrent sur la place pour discuter autour d’un verre d’alcool qu’ils produisent de leur Guinea corn. Il y a quelques annĆ©es, une missionnaire, Sœur Patricia Finba, avait apportĆ© la spiritualitĆ© des Focolari Ć  Yokoko et ainsi, FĆ©lix, Abubacar, Nicodemus, Loreto, Father Giorge Jogo et d’autres, l’ont faite leur. L’annĆ©e passĆ©e, ils ont accueilli dans leur village, plus de 200 personnes venues de diffĆ©rentes rĆ©gions du Nigeria afin d’approfondir la connaissance l’un de l’autre. Cette annĆ©e, un groupe de jeunes et d’adultes d’Onitsha a dĆ©cidĆ© d’y passer quelques jours. AprĆØs 24 heures de voyage, – parfois dangereux – dans les bus publics surchargĆ©s, pleins de sacs et de paquets, ils ont Ć©tĆ© chaleureusement accueillis par la communautĆ©, dans leurs maisons. « Nous participons Ć  leur vie – raconte Luce – nous partageons toutĀ Ā», « et – ajoute Cike – nous nous sommes rendus compte que ce qui intĆ©ressait les jeunes n’Ć©tait pas tant les biens matĆ©riels, les habits et les mĆ©dicaments que nous avions apportĆ©s, mais bien ceux spirituelsĀ : notre amitiĆ© et le trĆ©sor de notre vieĀ : la dĆ©couverte de Dieu AmourĀ Ā». C’est ainsi qu’ils ont dĆ©cidĆ© de passer ensemble une journĆ©e de rĆ©flexion en faisant une randonnĆ©e en montagne qui, avec son aride beautĆ©, invite Ć  la mĆ©ditation. « Cela a Ć©tĆ© une journĆ©e importante – raconte Imma -. Dans une atmosphĆØre d’amitiĆ© profonde, nous avons partagĆ© les valeurs dans lesquelles nous croyons et sur lesquelles nous avons basĆ© notre vieĀ Ā». Pour ensuite, les jours suivants, apporter ensemble les aides Ć  ceux qui en avaient besoin, surtout les personnes Ć¢gĆ©es et les enfants et aux nombreux rĆ©fugiĆ©s arrivĆ©s des rĆ©gions du Nord. En visitant ainsi cinq villages.5 Une communautĆ© musulmane les a accueillis avec une joie toute particuliĆØre. Quelques-uns parmi eux vivent dĆ©jĆ  pour l’unitĆ© du monde et avec eux, un climat de famille s’est tout de suite crƩƩ, avec lequel on a pu partager des joies et des souffrances du lieu. Les villages Ć©taient en train en effet, de passer une pĆ©riode trĆØs difficile pour la sĆ©cheresse et, d’aprĆØs la tradition, ils avaient demandĆ© Ć  un notable du village de prier pour la pluie. Mais la pluie n’Ć©tait pas arrivĆ©e et donc, ils avaient dĆ©cidĆ© de tuer cette personne. « En entendant une telle dĆ©cision, nous nous sommes Ć©pouvantĆ©s et nous avons priĆ© Dieu pour qu’il pleuve – raconte encore Luce – et effectivement, le troisiĆØme jour, Il nous a bĆ©ni avec une belle pluieĀ ! Mais en plus de la pluie en elle-mĆŖme, nous Ć©tions contents d’avoir sauvĆ© la vie d’une personneĀ Ā».

Parole de vie, Aoƻt 2015

Lisons la phrase d’où est tirĆ©e cette parole qui va nous accompagner durant tout ce moisĀ : « Imitez Dieu, puisque vous ĆŖtes des enfants qu’il aimeĀ ; suivez la voie de l’amour, Ć  l’exemple du Christ qui nous a aimĆ©s et s’est livrĆ© lui-mĆŖme Ć  Dieu pour nous, en offrande et victime, comme un parfum d’agrĆ©able odeurĀ Ā». Toute l’éthique chrĆ©tienne est contenue dans ceĀ : “suivez la voie de l’amour”. L’action humaine – comme Dieu l’a pensĆ©e quand il nous a crƩƩsĀ : une vie authentiquement humaine – doit ĆŖtre animĆ©e par l’amour. Pour atteindre son but, le cheminement – image de la vie – suivre la voie, doit ĆŖtre guidĆ© par l’amour, rĆ©sumĆ© de toute la loi. L’apĆ“tre Paul s’adresse aux chrĆ©tiens d’ÉphĆØse, en conclusion et synthĆØse de ce qu’il vient de leur Ć©crire sur la maniĆØre de vivre en chrĆ©tienĀ : passer du “vieil homme” Ć  “l’homme nouveau”, ĆŖtre vrais et sincĆØres les uns avec les autres, ne pas voler, savoir pardonner, faire des œuvres de bien… en un mot “suivre la voie de l’amour”. Paul est convaincu que chacun de nos comportements doit se conformer Ć  celui de Dieu. Si l’amour est le signe distinctif de Dieu, il doit l’être aussi de ses enfants qui doivent l’imiter en cela. Cependant, comment pouvons-nous connaĆ®tre l’amour de DieuĀ ? Pour Paul, c’est trĆØs clairĀ : il se rĆ©vĆØle en JĆ©sus qui montre comment et combien Dieu aime. L’apĆ“tre l’a vĆ©cu personnellementĀ : il « m’a aimĆ© et s’est livrĆ© pour moiĀ Ā» (Ga, 2,20), et maintenant, il le rĆ©vĆØle Ć  tous pour que toute la communautĆ© puisse en faire l’expĆ©rience. « Suivez la voie de l’amourĀ Ā» Et quelle est la mesure de l’amour de JĆ©sus Ć  laquelle conformer la nĆ“treĀ ? Nous le savons, cet amour sans limites ne connaĆ®t ni exclusions, ni prĆ©fĆ©rences de personnes. JĆ©sus est mort pour tous, mĆŖme pour ses ennemis, pour ceux qui le crucifiaient. Cet amour est comme celui du PĆØre qui, dans son amour universel, fait briller son soleil et tomber la pluie sur tous les hommes, bons ou mĆ©chants, justes ou pĆ©cheurs. Il a su prendre soin avec prĆ©dilection des petits et des pauvres, des malades et des exclusĀ ; il a aimĆ© avec intensitĆ© ses amisĀ ; il a Ć©tĆ© particuliĆØrement proche de ses disciples… Dans son amour il ne s’est pas Ć©pargnĆ©, allant mĆŖme jusqu’Ć  donner sa vie. Et maintenant, JĆ©sus nous appelle tous Ć  partager ce mĆŖme amour, Ć  aimer comme lui-mĆŖme a aimĆ©. Cet appel peut Ć©videmment nous faire peur car trop exigeant. Comment pouvons-nous imiter Dieu qui aime tous les hommes, toujours et en premierĀ ? Comment aimer avec la mesure de l’amour de JĆ©susĀ ? Comment ĆŖtre “dans l’amour”, comme la parole de vie nous le demandeĀ ? Cela nĆ©cessite d’avoir d’abord nous-mĆŖmes fait l’expĆ©rience d’être aimĆ©s. Dans la phrase « vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimĆ©sĀ Ā», le comme peut se traduire aussi par parce que. « Suivez la voie de l’amourĀ Ā» Suivre la voie de l’amour signifie laisser l’amour inspirer et animer chacune de nos actions. Ce n’est peut-ĆŖtre pas par hasard que Paul utilise cette parole dynamique pour nous rappeler qu’aimer s’apprend, que tout un chemin reste Ć  parcourir pour atteindre la largesse du cœur de Dieu. Il utilise aussi d’autres images pour souligner la nĆ©cessitĆ© d’un progrĆØs constant, telles que la croissance d’un nouveau-nĆ© qui mĆØne Ć  l’âge adulte (1 Co, 3, 1-2), la croissanceĀ d’une plantation, la construction d’un Ć©difice, la compĆ©tition dans le stade pour s’emparer du premier prix (1 Co 9, 24). Nous ne sommes jamais ā€˜arrivĆ©s’. Il faut du temps et de la constance pour atteindre le but, sans cĆ©der face aux difficultĆ©s, sans se laisser dĆ©courager par les Ć©checs et les erreurs, toujours prĆŖts Ć  recommencer Ć  aimer, sans se rĆ©signer Ć  la mĆ©diocritĆ©. Augustin d’Hippone Ć©crivait Ć  ce propos, en pensant peut-ĆŖtre Ć  sa propre recherche tourmentĆ©eĀ : « Si tu veux parvenir Ć  ce que tu n’es pas encore, considĆØre comme dĆ©plaisant ce que tu es. En effet, quand tu te sens bien, tu t’arrĆŖtesĀ ; s’il t’arrive de direĀ : “c’est assezĀ !” tu t’enfonces. Augmente et progresse toujoursĀ ; garde-toi de t’arrĆŖter, ne te retourne pas, ne dĆ©vie pas. Celui qui n’avance pas reculeĀ Ā». (Sermon 169) « Suivez la voie de l’amourĀ Ā» Comment avancer plus rapidement dans ce chemin de l’amourĀ ? Puisque cette invitation – suivez la voie – est adressĆ©e Ć  toute la communautĆ©, il sera utile de s’aider rĆ©ciproquement. Il est en effet triste et difficile d’entreprendre un voyage tout seul. Nous pourrions commencer en nous redisant entre nous – amis, parents, membres de la mĆŖme communautĆ© chrĆ©tienne…- notre volontĆ© de cheminer ensemble. Nous pourrions partager les expĆ©riences positives sur la faƧon dont nous avons aimĆ©, afin de nous enrichir mutuellement. ƀ qui peut nous comprendre, nous pouvons aussi confier les erreurs commises et les dĆ©viations de notre cheminement, afin de nous en corriger. La priĆØre en commun pourra aussi nous donner lumiĆØre et force pour avancer. Ainsi, unis entre nous et avec la prĆ©sence de JĆ©sus au milieu de nous – lui, la VoieĀ ! – nous pourrons parcourir jusqu’au bout notre “saint voyage”Ā : nous sĆØmerons de l’amour autour de nous et nous atteindrons notre butĀ : l’Amour. Fabio Ciardi

Roms, de l’évacuation Ć  l’inclusion

Depuis quelques annĆ©es, le camp devait ĆŖtre Ć©vacuĆ© pour des raisons sanitaires et environnementales, mais ce n’était pas un travail simple, vu qu’une communautĆ© de trente familles habitait lĆ . Mario Bruno, maire d’Alghero, a dĆ©cidĆ© de le faire, en impliquant ces mĆŖmes familles roms dans le choix de leur nouveau lieu d’habitation. Alghero compte beaucoup de chĆ“meurs et il y a aussi beaucoup de personnes sur la liste d’attente pour avoir un logement. Donc, comme le maire l’explique, il peut ĆŖtre difficile de faire comprendre aux citoyens “qu’il existe des financements ad hoc, que nous devons tous nous prĆ©occuper de l’inclusion sociale et parfois prendre aussi des dĆ©cisions qui sont impopulaires, qui ne sont pas toujours comprises”. “Les 30 mineurs roms sont pour moi aussi importants que chaque Algherese, et je dois essayer de le montrer avec des faits concrets”, continue le maire, “et aussi aider les Algheresi Ć  faire ce pas en sachant trĆØs bien que je me prĆ©occupe de tous les problĆØmes et pas seulement de ceux d’une partie de la population”. ConcrĆØtement, trouver des solutions pour les Algheresi est une maniĆØre de dĆ©montrer cette mĆŖme valeur pour les personnes. Et il l’a fait en annonƧant un financement de 3Ā 600Ā 000Ā euros pour rĆ©aliser 28Ā logements pour des citoyens d’Alghero. M.Bruno, comme homme politique, se retrouve aussi parfois dans des situations difficiles qu’il essaye d’aborder, explique-t-il, “avec bon sens, en entrant dans les mesures administratives avec attention, parce que vraiment nous devons dĆ©fendre les biens qui sont Ć  tous et ne sont pas Ć  nous. Nous sommes seulement des administrateurs”. Dans la fonction de maire, il y a “l’exigence de faire une synthĆØse face Ć  la complexitĆ© du moment dans lequel nous vivons (…) où tu peux faire partie d’une rĆ©ponse, et je crois que nous pouvons donner cette rĆ©ponse individuellement, mais aussi collectivement. Donner une rĆ©ponse collective signifie vivre pour un bien qui nous dĆ©passe”. Des rĆ©ponses inspirĆ©es, prĆ©cise-t-il, par Chiara Lubich et par sa pensĆ©e politique. VisĆ©o en italien https://vimeo.com/133758828

BurundiĀ : une douleur qui gĆ©nĆØre l’amour

BurundiĀ : une douleur qui gĆ©nĆØre l’amour

hope (350 x 249)« Jean-Paul frĆ©quente la derniĆØre annĆ©e de la facultĆ© d’ingĆ©nieur civil, et cela fait dĆ©jĆ  quelques annĆ©es qu’il a connu la spiritualitĆ© de l’unitĆ©. Le Burundi, comme beaucoup de monde le sait, traverse actuellement une situation politique difficile due aux prochaines Ć©lections. L’impasse politique a provoquĆ© beaucoup de controverses qui donnent lieu Ć  des manifestations et des heurts. Certaines personnes ont mĆŖme perdu la vie. Et c’est dans ce contexte de grande instabilitĆ© et de souffrance que Jean-Paul, avec un ami, rentrant Ć  la maison Ć  pied, n’ayant pas trouvĆ© de moyen de transport public, se trouvent tous deux face Ć  un nouveau visage inattendu de JĆ©sus Abandonné ». C’est Marcellus qui nous Ć©crit cela avec toute la communautĆ© du Burundi et du Rwanda. « C’Ć©tait le soir du 2 mai lorsque les deux jeunes ont Ć©tĆ© assaillis par un groupe de malfaiteurs. Ils les ont frappĆ©s brutalement au point qu’ils en perdent connaissance. AidĆ©s par quelques policiers qui les ont trouvĆ©s dans une bouche d’Ć©gout, ils sont conduits Ć  l’hĆ“pital. L’ami a de lĆ©gĆØres lĆ©sions, mais la situation de Jean-Paul est graveĀ : fracture de la colonne vertĆ©brale avec paralysie des membres infĆ©rieurs. MalgrĆ© la gravitĆ© de son Ć©tat, Jean-Paul sourit toujours et espĆØre guĆ©rir. Il se fie de Dieu et de Chiara [Lubich]. « Si je suis encore vivant, c’est dĆ©jĆ  un miracle que je lui attribueĀ Ā» affirme-t-il. La nouvelle de ce qui est arrivĆ© Ć  Jean-Paul parvient en peu de temps Ć  toute la communautĆ© qui, en plus de prier pour lui, se met en action pour trouver l’argent nĆ©cessaire et aussi une ambulance pour l’emmener au Rwanda, où il pourrait recevoir les soins appropriĆ©s. AccompagnĆ© d’un infirmier et de SĆ©verin, un jeune de son groupe Gen, il part le 12 mai pour Kigali au Rwanda. La chaĆ®ne d’amour et de priĆØres pour Jean-Paul s’Ć©largit, impliquant la famille du Mouvement des Focolari du Rwanda et dans le monde, surtout les Gen. A Kigali/Rwanda, Jean-Paul et SĆ©verin donnent d’une maniĆØre impressionnante, un tĆ©moignage de l’amour rĆ©ciproque. A l’hĆ“pital, les gens sont trĆØs Ć©tonnĆ©s par les nombreuses visites faites Ć  ce garƧon par rapport Ć  celles faites aux autres malades. Ils s’Ć©merveillent encore davantage par le fait que Jean-Paul et SĆ©verin ne sont pas frĆØres, ne viennent pas du mĆŖme village et ne sont pas non plus issus de la mĆŖme ethnie. Eux expliquent Ć  tous que le moteur de leur agissement est un autreĀ : la spiritualitĆ© de l’unitĆ© basĆ©e sur l’amour rĆ©ciproque, demandĆ© par JĆ©sus. AprĆØs divers examens mĆ©dicaux, Jean-Paul est opĆ©rĆ© de la colonne vertĆ©brale et du thorax, le 10 juin, Ć  l’hĆ“pital ”Roi FayƧal”. Le coĆ»t dans cet hĆ“pital est trĆØs Ć©levĆ©, mais l’intervention de Dieu avec sa providence n’a pas manquĆ©. Jean-Paul, qui ne s’est jamais dĆ©couragĆ©, voit dans cette expĆ©rience un vĆ©ritable miracle. L’intervention chirurgicale s’est bien passĆ©e et cela reprĆ©sente un rĆ©el encouragement pour tous. Maintenant, Jean-Paul a Ć©tĆ© transfĆ©rĆ© dans une autre structure où il a commencĆ© la physiothĆ©rapie, suivi de prĆØs par le mĆ©decin et par l’Ć©quipe qui l’ ont opĆ©rĆ©. Sa santĆ© donne des signes de rĆ©tablissement incroyables. Il recommence Ć  ressentir la faim, les besoins physiologiques, la douleur, la sensibilitĆ© aux pieds. Il peut maintenant quitter son lit et se balader dans l’hĆ“pital en chaise roulante. Il affirme que si ce n’Ć©tait pas grĆ¢ce Ć  l’amour de cette famille Ć©largie, il ne serait plus en vie. Jean-Paul est trĆØs reconnaissant vis-Ć -vis de la communautĆ© des Focolari au Rwanda, de tous les Gen Ć©parpillĆ©s dans le monde, des Centres Gen internationaux, de tous ceux qui ont fait parvenir leur soutien en argent et en priĆØres. Maintenant, jaillit de notre cœur un immense merci Ć  Dieu, pour nous avoir donnĆ© la possibilitĆ© de vivre cette forte expĆ©rience qui a suscitĆ© une attention, une communion, un amour vrai entre ses enfants, un fort tĆ©moignage de l’amour qui vainc toutĀ Ā».

Pays Basques: un laboratoire pour apprendre la paix

Pays Basques: un laboratoire pour apprendre la paix

RrelatoriĆ©pondre Ć  la situation de violence vĆ©cue dans les Pays Basques rĆ©sultant de la lutte armĆ©e de l’ETA. Objectif: chercher Ć  panser les blessures encore ouvertes et tenter d’assurer un avenir de paix. C’est l’axe de parcours du Mouvement politique pour l’UnitĆ© en Espagne. Il y a une dizaine d’annĆ©es, des reprĆ©sentants du Mouvement Politique pour l’UnitĆ© (MppU), venus d’Italie, parlent de la fraternitĆ© comme catĆ©gorie politique Ć  quelques membres du Conseil Provincial du Guipuscoa. Ceux-ci y trouvent une forte raison d’espĆ©rer : Ā« C’est une utopie, mais c’est peut-ĆŖtre l’unique solution pour notre peuple Ā».Une perspective presque choquante en raison du climat que les activistes de l’ETA font rĆ©gner dans les Pays Basques. Voulant obtenir Ć  tout prix l’indĆ©pendance du peuple basque, les groupes armĆ©s de l’ETA entretiennent continuellement une atmosphĆØre de violence et de terreur. La tension est en effet trĆØs forte. A cette Ć©poque – nous sommes au dĆ©but de l’annĆ©e 2005 – un groupe d’engagĆ©s politiques appartenant non seulement Ć  des partis, mais aussi Ć  des courants de pensĆ©e diffĆ©rents, se rĆ©unit pour commencer Ć  chercher ensemble la voie qui puisse redonner Ć  la politique sa vraie dimension. Une voie fondĆ©e sur l’accueil rĆ©ciproque entre les peuples, sans exclusion. S’ouvre alors un espace de dĆ©bat, d’acceptation mutuellement consentie qui regroupe des engagĆ©s politiques de sensibilitĆ©s diverses, des fonctionnaires, des syndicalistes, de simples citoyens… tous dĆ©sireux de revenir Ć  des relations normales et assoiffĆ©s d’une paix authentique. Parmi les participants il y a ceux qui ont subi des menaces en raison de leur appartenance politique et qui arrivent escortĆ©s, ceux qui craignent de ne pas ĆŖtre compris au sein de leur propre parti, ou, mĆŖme d’en ĆŖtre plateaexclus ; mais tous s’encouragent et, dĆ©passant toute mĆ©fiance, veulent tĆ©moigner que la fraternitĆ© est possible, Ć  commencer par eux. Au fil du temps, l’occasion se prĆ©sente d’échanger des expĆ©riences avec des Ć©lus d’autres territoires, d’autres communautĆ©s. C’est ainsi que quelques membres du groupe se rendent Ć  Madrid. Ils participent Ć  plusieurs rencontres où ils connaissent d’autres expĆ©riences et invitent tout le monde Ć  se rĆ©unir Ć  Euskadi avec le groupe de Guipuscoa. C’est un moment historique : quatre heures de dialogue, aprĆØs avoir dĆ©jeunĆ© ensemble, pour se connaĆ®tre, s’écouter, se demander pardon. Le besoin se fait alors sentir d’élaborer un document proposant une alternative Ć  la crise : chacun le remettra Ć  son propre parti pour l’étudier. Beaucoup Ć©prouvent encore le besoin de partager son contenu et d’organiser des sĆ©minaires et des tables rondes dans d’autres communautĆ©s autonomes, en prĆ©sentant aussi l’expĆ©rience d’une paix sociale basĆ©e prĆ©cisĆ©ment sur la fraternitĆ©. Avec l’arrĆŖt de la lutte armĆ©e de l’ETA (2011), commence un nouveau processus, porteur d’une grande espĆ©rance, mĆŖme si tout n’est pas simple : de nombreuses personnes, des familles, des groupes, tout en partageant la mĆŖme identitĆ©, demeurent divisĆ©s, vivent des conflits permanents et ont de sĆ©rieuses difficultĆ©s Ć  dialoguer. Le laboratoire politique – familiĆØrement appelĆ© Ā« laboratoire pour apprendre la paix Ā» – qui avait vu le jour aux moments les plus durs, poursuit son travail de rĆ©conciliation et de recherche de la paix en confrontant les divers points de vue concernant les faits historiques et en pansant les blessures encore ouvertes. Il rĆ©dige un texte intitulĆ© Ā« Pour un chemin vers la rĆ©conciliation de la sociĆ©tĆ© basque Ā» (janvier 2013), qui fixe les bases sur lesquelles poursuivre l’avancĆ©e ; ce document est connu sous le nom de Ā« La terre que nous foulons Ā». Chaque fois que le dialogue semble compromis, on cherche Ć  le rĆ©tablir : on s’aide Ć  croire que chaque homme est un frĆØre et que l’on peut construire quelque chose avec tous. Cela ne signifie pas ignorer les dĆ©lits ni le grand nombre de personnes qui ont payĆ© de leur vie. Au contraire, en acceptant le passĆ© et en reconnaissant le caractĆØre injuste et inacceptable de la violence subie, on s’efforce de regarder l’histoire comme un lent et pĆ©nible chemin vers la rĆ©conciliation, vers la paix, où chacun peut et doit donner sa propre contribution. gruppoLe 13 mars dernier, prĆ©cisĆ©ment la veille du jour anniversaire de la mort de Chiara Lubich, où, dans le monde entier on approfondissait sa vision de la politique, ce groupe s’est rĆ©uni Ć  ā€œLas Juntas Generales de Gipuzkoaā€ (le Parlement provincial) Ć  San SĆ©bastian, en invitant divers experts, intellectuels et personnalitĆ©s politiques. Le dĆ©bat portait sur Ā« Rapport entre le bien commun et les biens communs Ć  l’ère de la globalisation Ā». Le document de travail pour cet Ć©change, envoyĆ© Ć  l’avance et trĆØs apprĆ©ciĆ© de tous, avait Ć©tĆ© Ć©laborĆ© par le Ā« laboratoire pour apprendre la paix Ā». Dans un climat d’accueil rĆ©ciproque, des apports consĆ©quents ont Ć©mergĆ© et ont Ć©tĆ© intĆ©grĆ©s au document final qui a Ć©tĆ© ensuite diffusĆ© en vue de promouvoir Ć  tous les niveaux la valeur de la fraternitĆ©. Ā  Ā 

Pour vivre l’Évangile

Pour vivre l’Évangile

sbarre (350 x 233)Dans la salle d’attente – Notre fils et sa compagne Ć©taient en prison pour trafic de drogue. Lors des longs moments d’attente avant les entretiens entre les dĆ©tenus et leurs familles, nous avons fait la connaissance d’une jeune Ć©trangĆØre au visage triste. Depuis trois ans, elle faisait rĆ©guliĆØrement un long chemin Ć  pied pour rendre visite Ć  son compagnon en prison. Lorsque nous lui avons dit qu’elle pouvait dĆ©sormais compter sur nous pour la prendre en voiture, elle s’est enfin mise Ć  sourire et elle n’en finissait plus de nous remercier. La fois suivante, pour rendre l’attente plus supportable, surtout pour les enfants venus avec leurs mamans, nous leur avons apportĆ© des jouets, des gĆ¢teaux et des fruits. Quand notre fils a su ce qui se passait dans la salle d’attente où rĆ©gnait un climat plus serein, il a lui aussi changĆ© d’attitude envers nous.Ā Ā» (Italie) Pardon – « J’étais parti vivre avec une collĆØgue, abandonnant ma femme et mes quatre enfants. Tandis que l’aĆ®nĆ© l’a mal vĆ©cu et a quittĆ© la maison, ma femme et nos autres enfants ont commencĆ© Ć  demander Ć  Dieu la grĆ¢ce de mon retour. Peu Ć  peu, j’ai trouvĆ© la force de me sĆ©parer de cette femme. Pour Ć©viter de la revoir, car nous travaillions dans la mĆŖme entreprise, j’ai quittĆ© aussi cet emploi. Je suis retournĆ© auprĆØs des miens et je suis restĆ© au chĆ“mage jusqu’au moment où j’ai trouvĆ© un emploi tout simple. Vivre l’humilitĆ© me faisait du bien. Je remercie Dieu du soutien que j’ai reƧu de la part d’autres familles, mais aussi et surtout du pardon de ma femme et de mes enfants, avec lesquels j’ai tissĆ© une nouvelle relation.Ā Ā» (Ɖtats-Unis) Au tĆ©lĆ©phone – « Mon fils est mort Ć  23 ans dans un accident de voiture, il y a plusieurs annĆ©es. Depuis lors, j’éprouvais une sourde rancœur envers son ami qui Ć©tait au volant et qui est restĆ© indemne, car je le jugeais responsable de cette mort. Aujourd’hui, il est mariĆ© et il a des enfants. Mais un jour, Ć  la messe, le prĆŖtre a parlĆ© de rĆ©conciliation et de pardon. Il me semblait que ces mots s’adressaient Ć  moi. D’une main tremblante, je compose le numĆ©ro de l’ami de mon fils. C’est sa femme qui rĆ©pond, surprise et embarrassĆ©e lorsque je lui explique qui je suis. Je lui ouvre mon cœurĀ : ā€œJ’ai beaucoup pensĆ© Ć  vous ces derniers jours. J’ai envie de vous voir, de connaĆ®tre vos enfants… Cela me ferait trĆØs plaisir que vous me rendiez visite.ā€ Ɖmue, elle me promet qu’ils viendront bientĆ“t… Je me sens heureuse et j’ai le cœur lĆ©ger.Ā Ā» (Suisse) liberty1 (350 x 263)Le compte est bon – « MĆØre de cinq enfants qui connaissent des problĆØmes de santĆ©, de drogue et d’alcoolisme, et qui ont presque tous fondĆ© des familles sans se marier suite Ć  leurs choix de vie, au milieu des tensions et des querelles, je suis aujourd’hui veuve. Seule et aux prises avec des problĆØmes dont les gens n’ont mĆŖme pas idĆ©e parce que je leur parais toujours trĆØs sereine, je dois dire que mon caractĆØre m’aide. Mais c’est surtout grĆ¢ce au don de la foi et au soutien de mes amis que j’ai pu faire face Ć  certaines situations. Aujourd’hui, bien que je n’aie que ma retraite pour vivre, tous les mois je parviens Ć  aider quelques personnes dans le besoin. Parfois, je serais tentĆ©e de me dire que c’est assez, qu’au fond, j’aimerais bien mettre un peu d’argent de cĆ“tĆ© pour mes vieux jours. Pourtant, c’est plus fort que moi. Finalement, Ć  chaque fois le compte est bon car la providence arrive toujours au bon moment.Ā Ā» (Italie) Ā 

Paraguay: notre merci au Pape FranƧois

Paraguay: notre merci au Pape FranƧois

giovani_paraguay“Ore aguije Papa Francisco pe, ha peeme avei pe Ʊembo’ehaguere ore rehe (GuaranĆ­)“:Ā  Ā« Notre merci au Pape FranƧois et Ć  vous tous pour vos priĆØres durant ces journĆ©esĀ». ā€œComme nous l’avions imaginĆ©, et plus encore, les grĆ¢ces ont surabondĆ© pour tout le peuple paraguayen lors de la prĆ©sence du Saint PĆØre parmi nous Ā», Ć©crivent Nelson BenĆ­tes et Margarita Avalos, responsables des Focolari au Paraguay, aprĆØs la visite du Pape dans leur Pays. Ā« Les enfants, les malades, les plus pauvres et les jeunes ont Ć©tĆ© les principaux protagonistes de cette visite. Plus de 80 000 Ā« servidores Ā» (presque tous des jeunes) venus de tout le pays ont travaillĆ© jour et nuit pendant trois jours. Mais les prĆ©paratifs ont durĆ© au moins trois mois. Un fait concret qui permet vraiment d’espĆ©rer ! Ā» Ā« J’ai Ć©tĆ© un servidor du Pape – raconte Nahuel Espinola – ce fut gĆ©nial ! J’ai 15 ans et je ne sais pas quand je pourrai revivre une chose pareille ! J’espĆØre que ses messages parviendront Ć  tous les jeunes Ā». ā€œUn feeling immĆ©diat avec les gensā€, et quelques images que nous ne sommes pas prĆØs d’oublier : les enfants du chœur de Luque qui accourent vers FranƧois pour une embrassade collective, les milliers de personnes descendues dans les rues, le temps d’arrĆŖt en face de la prison des femmes. Ā« Quand ils ont su que le Pape venait dans leur hĆ“pital, les enfants atteints du cancer ne voulaient plus rentrer chez eux ! Ā» Sans parler de la visite au ā€œBaƱado Norteā€, un des quartiers les plus pauvres de la capitale, où le Pape s’est entretenu dans la maison d’une femme malade. Ā« Pour l’occasion elle avait prĆ©parĆ© la chipa et la soupe paraguayenne, des plats typiques qui plaisent au Pape. Et sans oublier son passage non programmĆ© Ć  la paroisse du Christ Roi, pour voir le cœur, restĆ© intact, du premier martyr et saint paraguayen : saint Roque GonzĆ”lez de Santa CruzĀ». A CaacupĆ© FranƧois a consacrĆ© Ć  Marie tout le Paraguay. Puis ce fut la rencontre avec la sociĆ©tĆ© civile. Un des moments les plus forts où il donne un enseignement sur le dialogue, en invitant Ć  dialoguer en perdant tout pour comprendre l’autre, pour entrer dans sa peau. Ā« Des expressions m’ont frappĆ©e comme dĆ©veloppement Ć  visage humain, mettre la personne Ć  la premiĆØre place, ne pas instrumentaliser les pauvres Ā», dĆ©clare Julia Dominguez, du groupe Economie de Communion du Paraguay, Ā« dĆ©sormais nous ne devons pas en rester au niveau des sentiments mais mettre chaque jour en pratique ces rĆ©solutions Ā». Et CĆ©sar Romero, engagĆ© dans le monde de la famille, ajoute : Ā« A travers la fraĆ®cheur et le dynamisme de ce programme j’ai vu une Eglise qui fait un effort Ć©norme pour renouveler ses mĆ©thodes et ses messages Ā». Ā« Dans ces trois pays Ć  la pĆ©riphĆ©rie de sa chĆØre AmĆ©rique Latine FranƧois s’est rĆ©solument rangĆ© du cĆ“tĆ© des plus dĆ©laissĆ©s, des victimes de l’injustice et des inĆ©galitĆ©s. Mais pour cela il n’a attaquĆ© personne si ce n’est la misĆØre humaine, unique source des graves et dramatiques problĆØmes de ces pays (corruption, Ć©goĆÆsme, dĆ©mocratie insuffisante) Ā», Ć©crit Silvano Malini, journaliste au Paraguay. Ā« Les exhortations du Pape sont tombĆ©es sur le terrain bien prĆ©parĆ© de l’Eglise du Paraguay, comme on a pu l’apprĆ©cier lors du meeting avec les reprĆ©sentants des 1500 organisations de la sociĆ©tĆ© civile Ā». Ā« FranƧois – poursuit Malini – leur a dispensĆ© un vĆ©ritable cours sur comment pratiquer le dialogue, celui qui coĆ»te mais qui permet d’avancer lentement mais sĆ»rement vers un projet commun Ā». nu_guazuā€œAu camp de Ƒu GuasĆŗ au moins un million de fidĆØles l’ont attendu. Le soleil brille sur la foule où certains ont patientĆ© jusqu’Ć  15 heures dans la boue, Ć  cause des pluies des jours prĆ©cĆ©dents. Mais rien n’arrĆŖte la fĆŖteā€. ā€œ Ni la boue, ni la fatigue ne nous ont fait perdre la joie immense que nous Ć©prouvionsā€, raconte Esteban Echagüe, ā€œ j’ai Ć©tĆ© impressionnĆ© en entendant le Pape dire que les paroisses doivent ĆŖtre de vĆ©ritables lieux de rencontre avec le frĆØre, des lieux d’accueil, de fraternitĆ©. Parce que s’il n’en est pas ainsi, nous ne sommes pas de vrais chrĆ©tiensā€. ā€œAprĆØs un moment bref mais intense avec les Ć©vĆŖques du Paraguay, le Pape se reprend comme par miracle au cours de ce voyage pastoral trĆØs intense! On pouvait percevoir la fatigue normale d’un homme de 78 ans !…mais tout le monde Ć©tait convaincu qu’au contact des jeunes FranƧois serait transformĆ© Ā». Plus de 20000 en effet l’attendent le long du fleuve Paraguay ! Son invitation Ć  avoir toujours un cœur libre, suivie de sa boutade Ā« Continuez Ć  faire du bruit…mais un bruit organisĆ© Ā». Le Pape a rĆ©veillĆ© chez les jeunes et chez tout le monde le dĆ©sir d’être meilleur…parce qu’il a vu notre devoir ĆŖtre – confie Leonardo Navarro – et Ć  travers son regard le monde nous a dĆ©couverts. DĆ©sormais nous dĆ©sirons tous reflĆ©ter ce que ses yeux ont vu ! Ā». Sur le chemin du retour, en direction de l’aĆ©roport, il s’émeut en bĆ©nissant un lieu qui Ć©voque pour toute la nation le souvenir d’un grand deuil : les ruines d’un supermarchĆ© où, il y a dix ans, 400 personnes ont pĆ©ri dans un incendie. ā€œA travers Mgr Adalberto MartĆ­nez, SecrĆ©taire GĆ©nĆ©ral de la ConfĆ©rence Episcopale Paraguayenne, nous avons fait savoir au Pape que le Mouvement des Focolari prie pour lui. Nous lui avons envoyĆ© comme cadeau un livre sur la culture guaranĆ­ et sur le dĆ©veloppement de l’Economie de Communion dans le Paysā€, prĆ©cisent Nelson et Margarita. Ā« Cette visite – concluent-ils – tout comme celle de Jean-Paul II il y a 27 ans, portera de nombreux fruits et bienfaits spirituels, y compris dans la sociĆ©tĆ© civile du Pays. FranƧois nous a parlĆ© clairement mais avec la tendresse d’un PĆØre ! C’est maintenant Ć  nous de faire fructifier ces moments de grĆ¢ce, de faire qu’il y ait un Ā« avant et un aprĆØs Ā» cette visite du premier Pape latino-amĆ©ricain au Paraguay Ā».

Crise du couple : irréversible ?

Crise du couple : irréversible ?

coppia_tramonto (350 x 233)Le manque de communication et l’incapacitĆ© Ć  accueillir l’autre, Ć  voir le positif dans sa diffĆ©rence et Ć  dĆ©finir la bonne distance vis-Ć -vis des familles d’origine, sont souvent des facteurs de crise conjugale dans une sociĆ©tĆ© individualiste qui ne croit pas que l’on peut s’engager pour la vie sur la voie du mariage et dans une relation. L’expĆ©rience du cours organisĆ© Ć  Loppiano (20-27 juin) par la branche Familles Nouvelles, destinĆ© Ć  renforcer l’unitĆ© au sein du couple et qui en est cette annĆ©e Ć  sa septiĆØme Ć©dition, montre que la volontĆ© de se remettre en question, conjuguĆ©e Ć  un Ć©change profond avec les animateurs et les autres familles, ainsi qu’à l’aide d’experts, peuvent redonner un nouvel Ć©lan Ć  une relation qui s’est grippĆ©e. Ainsi, on peut venir Ć  bout mĆŖme des difficultĆ©s les plus graves, comme le prouve un couple qui s’est ressoudĆ© aprĆØs neuf ans de sĆ©paration, offrant ainsi un tĆ©moignage Ć©mouvant de pardon inconditionnel. Cependant, le chemin pour « se retrouverĀ Ā» est ardu. « Lorsque les couples arrivaient, leurs visages tendus et leur expression triste exprimaient mieux que des mots une profonde souffranceĀ Ā», racontent Marina et Gianni Vegliach, animateurs de Familles Nouvelles. « Les uns Ć©voquaient leur quĆŖte de sens, les autres disaient ne pas connaĆ®tre leur conjoint, d’autres doutaient de pouvoir envisager l’avenir ensemble, d’autres encore Ć©voquaient l’impossibilitĆ© de dialoguer ou confiaientĀ : ā€˜Je ne rĆ©ussirai jamais Ć  me pardonner.’ » « À mesure que nous approfondissions le programme du cours intitulĆ© (Par)cours de lumiĆØre au sein du couple, la spiritualitĆ© de l’unitĆ© des Focolari, associĆ©e Ć  une aide psychologique, Ć  des expĆ©riences, Ć  des exercices pratiques, Ć  des entretiens et Ć  des moments de dĆ©tente, a permis aux cœurs et aux Ć¢mes de se transformer. Cela transparaissait Ć  travers les changements dans les visages et dans les regards qui avaient gagnĆ© en sĆ©rĆ©nité », poursuivent les Vegliach. « Alors que nous Ć©tions arrivĆ©s vidĆ©s, obsĆ©dĆ©s par le mot fin, nous repartons avec le mot dĆ©butĀ Ā», confiait un couple. Parmi les familles animatrices, deux couples qui, aprĆØs avoir suivi ce cours dans les annĆ©es passĆ©es, souhaitent Ć  prĆ©sent se mettre au service des autres. GrĆ¢ce Ć  leur investissement, leur sĆ©rieux et leur compĆ©tence, ils ont su accompagner ceux qui Ć©taient dans le brouillard, encourager et soutenir les couples par leur tĆ©moignage. Le cours aborde plusieurs sujetsĀ : la connaissance de soi, la diffĆ©rence, le conflit et l’accueil de l’autre. On essaie d’identifier justement la blessure particuliĆØre qui demande Ć  ĆŖtre regardĆ©e en face, y compris, si besoin est, grĆ¢ce Ć  un soutien psychologique adaptĆ©. Le partage avec d’autres couples aide chacun Ć  considĆ©rer sa situation personnelle sous diffĆ©rents angles, mais aussi Ć  trouver la force et le courage nĆ©cessaires pour reconstruire une relation de qualitĆ©, en sortant de cette solitude qui lui fait croire que la crise est irrĆ©versible. Le rendez-vous quotidien au sanctuaire de la « TheotokosĀ Ā» et l’atmosphĆØre spĆ©ciale que l’on respire Ć  Loppiano, la citĆ©-pilote internationale des Focolari, Ć  Incisa Valdarno (prĆØs de Florence), où l’on apprend spontanĆ©ment Ć  se mettre Ć  la place de l’autre en vivant la fraternitĆ©, ont contribuĆ© Ć  la rĆ©ussite de ce cours. Celui-ci a ouvert de nouvelles possibilitĆ©s pour « envisager l’avenir ensemble, en partageant les bons et les mauvais moments, pour « redĆ©couvrir le dialogue et l’espĆ©rance et pour recommencer Ć  s’occuper l’un de l’autreĀ Ā». Comme disait l’un des participantsĀ : « Maintenant, nous avons les moyens de sortir de notre coquille, et nous espĆ©rons pouvoir continuer Ć  nous en servir au moment opportun.Ā Ā» Afin de consolider les rĆ©sultats, un week-end de contrĆ“le et d’évaluation est prĆ©vu l’hiver prochain. En outre, une rencontre internationale, qui se tiendra Ć  Castelgandolfo du 24 au 27 septembre 2015, ouverte Ć  pas plus de 60 animateurs et experts, permettra de dĆ©velopper les possibilitĆ©s de multiplier ces (par)cours de lumiĆØre y compris Ć  l’échelle locale.

Giordani et la famille

« La fonction principale de la famille est de croĆ®tre et de se multiplierĀ : augmenter la vieĀ ; coopĆ©rer Ć  l’œuvre crĆ©atrice du CrĆ©ateur. Son unitĆ© ne s’interrompt pas mais augmente et se prolonge dans la progĆ©niture. Dans les enfants, l’amour des deux Ć©poux s’incarneĀ ; l’unitĆ© se fait personneĀ : pĆØre, mĆØre, fils forment une vie Ć  image et ressemblance, d’une certaine maniĆØre, de la divinitĆ©, de laquelle ils furent crƩƩs et sont vivifiĆ©s. Trois points par lesquels passe le circuit de l’unique amour, qui part et s’alimente de l’amour de DieuĀ Ā». (Giordani, 1942) Ici Giordani, par le fait de tracer le profil divin de la famille, anticipe d’une certaine faƧon ce qui sera dĆ©clarĆ© par la suite dans les textes de Vatican II, que ce soit dans le fait de souligner le privilĆØge des Ć©poux Ć  « coopĆ©rer Ć  l’œuvre crĆ©atrice du CrĆ©ateurĀ Ā» que dans le fait de voir la famille comme un miroir de la vie trinitaire, de laquelle elle en tire le dessein. Ce fut-lĆ  une doctrine chĆØre Ć  S. Jean-Paul II, qui donnera Ć  ses catĆ©chĆØses historiques, le thĆØme de l’amour humain dans les annĆ©es ’80. Le 23 juin dernier, la Commission prĆ©paratoire du Synode a divulguĆ© l’Instrumentum Laboris, Ć  partir duquel, le mois d’octobre prochain, les pĆØres synodaux seront appelĆ©s Ć  rĆ©flĆ©chir, pour proposer ensuite au Saint PĆØre de possibles solutions Ć  mettre en œuvre en faveur des familles. Le document, centrĆ© sur la vocation et la mission de la famille, commence avec un regard sur les multiples problĆ©matiques qui investissent la famille aujourd’hui ainsi que sur les graves dĆ©fis culturels et sociaux qui la minent. Mais ce que l’on perƧoit d’aussi critique ne concerne pas seulement cette Ć©poque-ci. En ’75, il y eut une lettre Ć©mise par l’Ć©piscopat du QuĆ©bec qui contenait une analyse prĆ©occupante en ce sens-lĆ . Giordani en fut trĆØs touchĆ©, au point qu’il en reporta quelques passages dans un de ses Ć©crits, afin d’offrir aux familles son message ‘haut et lumineux’Ā : « Les difficultĆ©s de la vie n’Ć©crasent pas une famille ancrĆ©e en DieuĀ ; alors que bien trop souvent, elles la balaient car elle est ancrĆ©e sur l’argent. L’union des conjoints fait leur forceĀ : mais l’union est le fruit de l’amour. C’est pour cela que dans l’intĆ©rĆŖt qu’ils portent Ć  la maniĆØre de s’aimer, ils mettent Ć  profit les Ć©preuves, les douleurs, les dĆ©sillusions pour se sanctifier. Le mariage n’unit pas seulement les Ć©poux l’un Ć  l’autre, en tant qu’Ć©poux, pĆØre et mĆØreĀ : il les unit Ć  Dieu. Cette unitĆ© en Dieu, de l’homme et de la femme, des parents et des enfants, est le sens le plus profond du mariage et de la familleĀ Ā». (Giordani, 1975) Texte prĆ©parĆ© par : Centre Igino Giordani Passages extraits deĀ : Igino Giordani, Famille communautĆ© d’amour, CittĆ  Nuova, Rome 2001 et Igino Giordani, La sociĆ©tĆ© chrĆ©tienne, CittĆ  Nuova, Rome, 2010

Le Pape FranƧois en Bolivie: l’harmonie multiforme qui attire.

Le Pape FranƧois en Bolivie: l’harmonie multiforme qui attire.

Al II incontro mondiale dei movimenti popolari - (C) Copyright Osservatore Romano J’ai dĆ©couvert la faƧon dont le Pape privilĆ©gie les exclus. C’est en quelque sorte un choix que j’ai fait moi aussi, mais j’ai compris comment parfois je continue Ć  exclure ou me retrouve dans le groupe de ceux qui se taisent en face des exclusions et des injustices Ā», dit Anne-Marie Ceballos, assistante sociale en Bolivie. Son tĆ©moignage parle d’une vĆ©ritable conversion envers les exclus, un des thĆØmes les plus forts abordĆ© par le Pape FranƧois dans cette Ć©tape de son voyage en AmĆ©rique Latine. MĆŖme Ć©cho de Nestor AriƱez di Cochabamba, qui vit dans la Casa de los NiƱos, un projet social qui s’inspire de la spiritualitĆ© de l’unitĆ©: ā€œA Palmasola le Pape a dit: la rĆ©clusion ce n’est pas la mĆŖme chose que l’exclusion Ā» Dans ce Centre de rĆ©tention pĆ©nitentiaire, le plus grand de la Bolivie, c’est son Ć©coute qui frappe avant tout et aussi de l’entendre dire que lui aussi est un homme qui commet des erreurs et doit faire pĆ©nitence. Un message d’espĆ©rance pour tous les dĆ©tenus Ā». ā€œLa visite du Pape en Bolivie nous donne beaucoup Ć  rĆ©flĆ©chir – continue-t-il – mais je crois que l’option prĆ©fĆ©rentielle pour les pauvres, lancĆ©e en 1979 par l’Eglise latino-amĆ©ricaine Ć  Puebla, demeure trĆØs claire pour lui et nous rappelle que la Bonne Nouvelle de l’Evangile est destinĆ©e Ć  tous, mais surtout aux exclus et aux personnes dĆ©laissĆ©es par la sociĆ©tĆ©. J’ai senti que le pape s’adressait directement Ć  nousā€. ā€œSes paroles sont un appel Ć  la conversion – nous confie Pat, une focolarine bolivienne, aprĆØs la rencontre avec les prĆŖtres, les religieux et les consacrĆ©s – mais c’est aussi beaucoup plus que cela : sa seule prĆ©sence parmi ces Ā« nombreuses fleurs rares de tous Ć¢ges Ā» qui un jour ont dit leur oui Ć  Dieu, m’a poussĆ©e Ć  m’engager plus Ć  fond sur la voie de la saintetĆ©, ce qui implique de vivre en cohĆ©rence avec le choix que j’ai fait Ā». ā€œDepuis la Bolivie le Pape FranƧois a parlĆ© au monde entierā€, Ć©crit Lucas Cerviňo, en Bolivie depuis 11 ans, professeur de ThĆ©ologie missionnaire et interculturelle. Ā« De nombreux latino-amĆ©ricains, venus des pays voisins, Ć©taient prĆ©sents Ć  la messe de Santa Cruz et ont entendu son appel Ć  ne pas dĆ©sespĆ©rer en face des situations difficiles que le monde prĆ©sente et Ć  rĆ©sister Ć  la tentation de l’exclusion Ā». Lors de sa deuxiĆØme rencontre avec les mouvements populaires, le pape FranƧois – en prĆ©sence des reprĆ©sentants des divers continents qui l’ont Ć©coutĆ© avec enthousiasme et attention – a clairement indiquĆ© la voie du renouveau social, au plan local et globalĀ« Terre, Toit et Travail – poursuit Cerviňo, – sont des droits sacrĆ©s qui nous permettent de dialoguer avec tous pour contribuer au bien de notre maison commune. FranƧois a clairement soulignĆ©, en s’adressant aux membres des mouvements sociaux et populaires, que la chose fondamentale est le processus de changement, il s’agit de mettre en route des mĆ©canismes de transformation en vue d’une Ć©conomie au service des peuples, pour les unir au service de la paix, de la justice et de la protection de notre planĆØte Ā». ā€œEnfin – conclut Cerviňo – il a laissĆ© au peule bolivien une exhortation claire et attrayante: ā€œ La Bolivie est en train de vivre un moment historique: la politique, le monde de la culture, les religions sont concernĆ©s et appelĆ©s Ć  relever ce beau dĆ©fi de l’unitĆ©. Aujourd’hui, sur cette terre dont l’histoire a Ć©tĆ© obscurcie par l’exploitation, l’aviditĆ©, les nombreux Ć©goĆÆsmes et les ambitions sectaires, le temps de l’intĆ©gration peut advenir. Il faut avancer sur cette voie. Aujourd’hui la Bolivie est en mesure d’innover, elle a les moyens de mettre en œuvre de nouvelles dynamiques culturelles. Comme ils sont beaux les Pays capables de dĆ©passer la mĆ©fiance malsaine et d’intĆ©grer les diffĆ©rences en faisant de cette intĆ©gration un facteur de dĆ©veloppement ! Que c’est beau lorsqu’ils grouillent d’espaces qui relient, interagissent, favorisent la reconnaissance d’autrui! La Bolivie, grĆ¢ce Ć  son effort d’intĆ©gration et Ć  sa recherche d’unitĆ©, est appelĆ©e Ć  vivre Ā« cette harmonie multiforme et attrayante Ā», qui attire sur la route qui conduit vers la consolidation de la grande patrie Ā».