Mouvement des Focolari
Souvenir de Chiara :  vue panoramique sur le monde

Souvenir de Chiara : vue panoramique sur le monde

Istanbul1494-e1427894905562Un événement international constitué de rencontres et de séminaires en diverses capitales du monde, afin de réfléchir sur les perspectives qui émergent aujourd’hui du message d’unité apporté par Chiara pour la politique. Voilà le fil conducteur de nombreux rendez-vous qui ont rappelé son souvenir. Mais le rapport entre le charisme de l’unité et la politique n’est pas l’unique aspect souligné durant le 7ième anniversaire de Chiara Lubich.

A Istanboul le Patriarche Bartholomée fait honneur au rendez-vous – la présentation des livres de Chiara traduits en grec – en présence de plus d’une centaine de représentants du monde orthodoxe et catholique. Dans son discours, il l’indique comme une des « saintes femmes, qui par leur exemple, leur amour qui repose sur la philanthropie divine et la parole inspirée par l’Esprit Saint, sollicitent continuellement une metanoia », une conversion du cœur pour toute l’humanité souffrante ».

congo-kinshasaÀ l’intérieur des crises – Une réponse à la crise politique en acte au Congo semble s’être profilée lors de deux rencontres qui se sont tenues dans le pays. A Lubumbashi 370 personnes sont intervenues, chrétiens et musulmans. Les jeunes des Focolari ont présenté sous forme artistique l’amour de Chiara envers les pauvres, sa rencontre avec Igino Giordani, son « rêve » : l’unité de la famille humaine. La messe a été animée par une cinquantaine de séminaristes. A Goma la journée a vu la participation de 400 personnes, avec un bon groupe de politiciens de la province du Nord-Kivu et des représentants de la société civile. Après la rencontre la RTNC a diffusé l’événement en quatre langues locales. Des initiatives courageuses n’ont pas manqué dans certains points chauds de la planète. Au Nigeria, par exemple, différents événements se sont passés : à Yola, où se trouvent de nombreux réfugiés, l’évêque a célébré la messe pour Chiara en priant pour la paix. À Abuja et Lagos des journées ont été organisées par les jeunes et pour les jeunes ; à Onitsha une rencontre avec plus de 300 personnes parmi lesquelles des adultes, des jeunes et des enfants ; à Jos, où il n’a pas été possible d’organiser une grande journée à cause d’une explosion quelques jours avant, un groupe des Focolari est allé rendre visite à un institut pénal pour mineurs.

Le thème de la paix fut de même le centre de la journée organisée à Bujumbura (Burundi) avec plus de mille participants. Au programme, beaucoup de témoignages ont mis en relief la possibilité de vivre en harmonie et de construire la paix même là où ce n’est pas facile. Le matin était présent l’archevêque Mgr. Evariste Ngoyagoye.

En Amérique Centrale, le thème de la politique reste chaud. Ils écrivent du Honduras : « fatigués d’une politique corrompue et bombardés par les nouvelles violentes qui engendrent le découragement de la population, nous avons organisé cet événement pour donner ce que peut apporter de caractéristique le charisme de l’unité, par des idées et des témoignages ». Au Salvador qui attend la béatification de Romero, on s’est demandé comment vivre l’unité même en pleine violence. Parmi les témoignages, celui de François, assailli par deux garçons armés. Il a réussi à entamer un dialogue avec eux sur Dieu. Les deux délinquants, pris à contre-pied, ont rangé leurs armes et sont partis.

Au Pakistan, à Karachi, Lahore, Rawalpindi, Dalwal – plus de mille personnes en tout – 4 célébrations avec la force de l’espoir après les événements tragiques du 15 mars à Yohannabad.

20150412-01Aux sièges des institutions – A Séoul de nombreux députés et personnes engagées dans l’administration publique se sont donné rendez-vous au parlement pour faire un bilan du parcours vers une politique de fraternité entrepris il y a dix ans. A Madrid c’est le siège du parlement européen qui a été l’hôte d’un séminaire sur « Un monde, beaucoup de peuples qui étreignent la diversité » ; alors que Strasbourg (France), siège des institutions européennes, a accueilli trois jours d’événements sur le thème de la fraternité en tant que catégorie politique.

A Rome le congrès « Chiara Lubich : l’unité et la politique » s’est déroulé dans la salle du Palais des Groupes parlementaires de la Chambre des Députés. Nombreux étaient les politiciens présents à la table ronde organisée à Toronto, centrée sur la vision de la politique proposée par Chiara. A Solingen (Allemagne), par contre, le thème du congrès a été centré sur la culture de la fraternité dans trois domaines très actuels : les réfugiés, la paix, le dialogue avec les autres cultures. Plus de cent participants de différentes confessions chrétiennes et religions et de diverses nationalités. « La pensée et l’agir politique de Chiara Lubich » fut le thème autour duquel se sont déroulés les travaux d’un autre événement dédié à Chiara : le congrès de Curitiba (Brésil), où un timbre commémoratif a été imprimé. Le parlement de la province de Córdoba (Argentine) a rappelé Chiara par l’approbation de la reconnaissance posthume de son œuvre.

Approfondissements sur la politique de la même manière en d’autres villes d’Italie, en Hongrie, République Tchèque, Portugal, Suède, Usa, Honduras, Mexique, Colombie, Tanzanie, Kenya.

Dans différents milieux – Cependant, à l’occasion du 14 mars 2015, pour rappeler Chiara on n’a pas uniquement parlé de politique. Art et culture ont été au centre de nombreux événements et même originaux. A Durban (République d’Afrique du Sud) la troisième édition du « Chiara Lubich Memorial Lecture » s’est déroulé avec la participation de Ela Gandhi, nièce du Mahatma Gandhi ; alors qu’à Maracaibo (Venezuela) l’université catholique « Cecilio Acosta » (UNICA) a réalisé un concours pour la IV° biennale d’Art Chiara Lubich. Adressé aux artistes professionnels, étudiants et amateurs, il a donné la possibilité d’exposer les propres œuvres sur la place de la République. En différents pays, préparer et réaliser les événements liés au 14 mars, a donné l’occasion de se réunir. Comme exemple les deux rendez-vous de Cuba : à la Havane avec plus de 200 personnes et à Santiago de Cuba avec 150 : les communautés locales ont préparé les journées pour présenter le mouvement des Focolari et ont offert leur témoignage sur l’incidence que la spiritualité de l’unité peut avoir dans de nombreux milieux de la vie personnelle et sociale. A Cochabamba en Bolivie avec 120 personnes. Dans la ville de Mexico et le territoire de Netzahualcóyotl le souvenir de Chiara s’est fait au cours de la mariapolis.

Au Vietnam, aussi bien à Ho Chi Minh ville, que dans le petit village de Ngo Khe (Ha Noi), au nord, les gens ont entouré l’autel pour renouveler « devant Dieu et Chiara, notre engagement à faire avancer avec fidélité sa consigne », écrivent-ils. Au Myanmar, à Yangon, où la majorité des membres des Focolari n’a jamais connu Chiara en personne, mais se sent attirée par son charisme. De même qu’en Thaïlande, aussi bien à Bangkok qu’à Chiang Mai, la famille des Focolari s’est réunie. 600 personnes en Slovaquie, entre Kosice et Bratislava. « Les témoignages des membres des autres Eglises – racontent-ils – et des personnes qui n’ont pas de référence religieuse, ont fait voir combien Chiara appartenait à tout le monde. Le recteur de l’Université de Trnava, le Prof. Peter Blaho, qui a remis à Chiara le doctorat honoris causa en théologie, a partagé ses souvenirs de sa rencontre avec elle.

À Fontem (Cameroun) ils étaient 500 de tous les villages avoisinant la cité-pilote à rappeler « Mafua Ndem », Chiara Lubich. Le thème choisi était « l’impact de l’Idéal de l’Unité dans les différents aspects de la vie sociale ». Les jeunes du collège ont présenté leurs expériences sur le « dé de la paix » : « Depuis que nous avons introduit le dé dans nos classes – écrivent-ils – les vols ont diminué, ainsi que l’absentéisme, et le rendement scolaire s’est amélioré, chacun prend soin des affaires de l’autre, il y a plus de tolérance et nous nous pardonnons plus facilement. Le partage entre les étudiants a augmenté… ».

Moments de prière – De nombreuses personnalités civiles et religieuses étaient présentes aux célébrations eucharistiques dans les différents coins du monde. Parmi les nombreuses interventions d’évêques et de cardinaux dans les diverses célébrations, citons celle du card. Angelo Scola de Milan qui a dit entre autre : « Notre engagement d’aujourd’hui est de cueillir avec une conscience renouvelée le rêve qui a animé la vie et la pensée de Chiara, en construisant des espaces de fraternité partout où nous nous trouvons et en privilégiant les besoins du prochain qui se trouve à côté de nous et de celui qui est loin et vit dans des pays où guerre et violence font rage. Nous voudrions, de cette manière, être des témoins authentiques du charisme que Dieu a donné à Chiara, en étant au service de l’Eglise et de l’humanité ».

Pâques orthodoxe

Pâques orthodoxe

Christos anesti! Alithos anesti!
Христос воскресе!Christ is Risen! Indeed He is risen!
Khrishti unjal! Vertet unjal!
Hristos voskrese! Vo istina voskrese!
Khrystos uvaskros! Sapraudy uvaskros!
Le Christ est ressuscité! En verité il est ressuscité!
Kriste ahzdkhah! Chezdmaridet!
Christus ist erstanden! Er ist wahrhaftig erstanden!
Cristo è risorto! Veramente è risorto!
Cristos a inviat! Adevarat a inviat!
Khristos voskrese! Voistinu voskrese!
Cristos vaskres! Vaistinu vaskres!Christ is risen from the dead,
trampling down death by death,
and on those in the tombs bestowing life!Христос воскресе из мертвых,
смертию смерть поправ,
и сущим во гробех живот даровав!

Un B&B ouvert aux migrants

Un B&B ouvert aux migrants

https://vimeo.com/131778935 César, un jeune du Ghana, âgé de 18 ans, a été sauvé alors qu’il était en train de se noyer après avoir ingurgité de l’eau et du carburant. 72 personnes de cette même traversée ont été tirées d’affaire, 32 n’en sont pas revenues. Marie, nigériane enceinte de sept mois, en route avec son mari et leur jeune enfant, reçoit un coup de fil de son père. C’est pour leur dire de ne pas rentrer à la maison parce que l’église a été incendiée et leur mère tuée. Ils ont fui avec ce qu’ils avaient et, arrivés en Libye, n’ayant de l’argent que pour un billet vers l’Italie, seule Marie est partie. Son mari et leur enfant sont restés de l’autre côté de la Méditerranée en attendant un prochain embarquement. « Ce sont des vies déchirées qui brisent le cœur. Nous souvenant des paroles de Jésus « J’étais étranger et vous m’avez accueilli », nous voudrions être des bras et un cœur pour chacun de ces réfugiés ». C’est ce que nous disent Carla et David de Florence (Italie) qui ont décidé de s’ouvrir, en tant que famille, aux immigrés. “Au cours de l’été 2013 nous avons participé avec nos trois enfants aux Journées Mondiales de la Jeunesse au Brésil. Nous avons profité de ce voyage pour vivre un temps de mission à Salvador Bahia. Une expérience forte qui a ouvert notre cœur au partage avec de nombreuses personnes dans le besoin. De retour à la maison, nous avons décidé de réserver à l’accueil des migrants une partie du B&B que nous gérons. A partir de ce moment-là c’est la mission qui est venue vers nous! 20150410-02Depuis sont passées 756 personnes en provenance de la Syrie, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et de quelques pays d’Afrique. Quelques uns s’arrêtent juste le temps de se restaurer avant de reprendre la route vers d’autres destinations européennes, d’autres y séjournent plus longtemps. C’est alors que des liens se tissent jusqu’à devenir plus que fraternels. Une famille d’Erythrée, en ce moment en route vers la Norvège, est restée chez nous pendant deux mois: lui est musulman, elle chrétienne. Le père laisse leurs six enfants libres de choisir leur religion. A peine arrivés, la maman et son fils ont dû être hospitalisés pour déshydratation, puis ce fut au tour du père pour cause d’infection. Nous avons encore en mémoire leur joie quand nous leur avons mis dans les mains notre téléphone portable pour qu’ils puissent avertir leurs parents qu’ils étaient tous sains et saufs. Le dimanche nous avons été à la messe avec eux et dans la minuscule église, à la périphérie de Florence, il y avait le Cardinal Betori en visite pastorale. Son homélie était entièrement centrée sur l’accueil. A la fin il a embrassé et béni toute la famille. 20150410-01Trois jeunes filles: une du Mali et l’autre de Libye, toutes deux musulmanes, arrivées avec une jeune réfugiée en provenance du Nigéria qui avait vu tuer ses parents à cause de leur foi chrétienne. Elles se sont tout de suite entendues comme des sœurs et avec nous comme avec des parents. Un dimanche on était en train de nous promener avec elles et Mersi était très triste parce que ce jour-là la TV avait annoncé un nouveau massacre au Nigéria. Finalement un coup de fil : sa petite sœur avait réussi à fuir en Libye avec un ami de son père. Et notre jeune libyenne de se mettre aussitôt en contact avec sa propre famille : la fillette – chrétienne – a été accueillie dans cette famille musulmane. Autre situation: Joy et Lorenz qui a vu tuer son père à cause de sa foi chrétienne. Moi, David, je peux, en tant qu’acteur social, monter dans le bus à l’arrivée des réfugiés. Je le fais au risque d’attraper des maladies, mais je sais que le premier contact est fondamental et que c’est à ce moment-là qu’on peut repérer les groupes qui se sont formés. J’ai vu que Joy était enceinte et ainsi je les ai invités à venir chez nous. Même lorsque la Préfecture les a déplacés nous avons continué à aller les voir. Et à la naissance de l’enfant nous leur avons apporté la poussette et les vêtements pour bébé que les Familles Nouvelles des Focolari avaient recueillis pour eux. Joy et Lorenz nous ont demandé d’être parrain et marraine de leur petit John. Cette famille réside actuellement dans les Pouilles. La séparation a été dure, mais notre relation se poursuit. Ils nous appellent papa et maman. Quand ils auront leur permis de séjour définitif, ils désirent venir vivre près de nous ».

Nouvelle église réalisée par le Centre Ave en Italie et “Dialogues en architecture” à Barcelone

Nouvelle église réalisée par le Centre Ave en Italie et “Dialogues en architecture” à Barcelone

20150409-01Le 20 mars la nouvelle église paroissiale de Mendicino (Cosenza) a été inaugurée, elle est dédiée au Christ Sauveur. Un événement célébré justement en l’anniversaire de l’archevêque Mgr Nunnari qui a couronné le rêve des 10000 habitants de toute la communauté ecclésiale. Elle dispose maintenant d’un lieu de culte à la structure vraiment originale, avec une quinzaine de salles pour la catéchèse, une salle de rencontre, le presbytère.Le projet, réalisé avec le support technique d’experts de la ville, a été conçu par le Centre Ave Art de Loppiano et a permis cette étonnante construction, fruit de l’inspiration et de la recherche effectuée par l’équipe des architectes de la Cité pilote des focolari au cours des années.

20150409-02En plus d’une réflexion continuelle partagée entre ses membres, une telle équipe instaure aussi une relation synergique culturelle avec des architectes du monde entier. C’est en décembre dernier, par exemple, qu’un congrès international a été organisé par l’Ordre des Architectes de Catalogne (Espagne) à Barcelone, sur le thème du patrimoine sacré. L’équipe y a participé non seulement pour représenter le centre de Loppiano, mais le plus vaste groupe « Dialogues en architecture », la toile internationale des Focolari composée de chercheurs et de professionnels dont l’activité et les intérêts culturels tournent autour du domaine de l’architecture.

A l’occasion de ce congrès en Espagne il a été demandé à trois d’entre eux, Mario Tancredi et Iole Parisi de l’Italie et Tobias Klodwig de l’Allemagne, de présenter ensemble un exposé sous le titre : ‘Christianisme flexible, entre vie de la communauté et espaces sacrés’ ; dont l’approche a suscité, parmi les 150 architectes venant d’Espagne et autres pays européens, un intérêt non négligeable.

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Les trois intervenants, partant du fait que formes et espaces en architecture changent en fonction de l’expérience de la vie des communautés chrétiennes, ils ont proposé quelques réflexions et défis sur le fait que l’architecture s’enrichit justement des éléments ‘immatériels’ que le concept de « sacré » peut assumer dans les divers contextes culturels. Ils mentionnent la forte valeur sociale que l’on perçoit en Amérique latine, la prophétie du signe ancestral dans les réalisations en terre africaine ; l’aspect des expressions symboliques contenues dans les cathédrales européennes et dans les églises des métropoles mondiales. Afin d’exprimer toutes ces idées, ils se sont inspirés de quelques exemples concrets : l’église Maria Théotokos de Loppiano, en tant qu’expression d’un charisme contemporain ; l’église Ste Claire à Fontem en Afrique qui communique les valeurs de la culture locale ; quelques projets de transformation d’églises désaffectées en Allemagne.

A propos de « Dialogues en architecture » la recherche est en continuelle évolution, poussée par l’exigence de conjuguer – justement parce qu’elle entre dans le monde de l’absolu – continuité et innovation. Dans un dialogue toujours plus fécond aussi bien avec la base que le monde académique.

Regard sur le Mexique : la politique et les jeunes

Regard sur le Mexique : la politique et les jeunes

20150408-03Ciao, je m’appelle Abraham, je viens du Mexique : un peuple composé de personnes nobles qui a une grande foi, un peuple ouvert au monde ». Ainsi commence son récit devant un auditoire de 300 jeunes dans la salle du parlement italien, réunis en souvenir de Chiara Lubich et de sa vision prophétique sur la politique. Abraham porte avec lui le poids d’un pays déchiré par le trafic de drogue et par les seigneurs de la mort. Lui-même s’est retrouvé un pistolet de la police à la tempe : on l’avait pris pour un trafiquant. « En 2006 – poursuit-il – la lutte a commencé contre les trafiquants de drogue, une guerre qui en 8 ans a fait plus de victimes que la guerre du Vietnam, parmi lesquelles beaucoup d’innocents et de gens qui se battent au nom de leur engagement civil : des journalistes, des activistes… Souvent le peuple décide de manifester et le gouvernement perd de sa crédibilité dans une forte crise économique et sociale ». « J’habite la ville de Mexico où chaque jour un nouveau défi se présente ; malgré cela je crois en un monde uni et dans l’idéal de la fraternité universelle. Mais je sais que le changement doit commencer par moi-même, sans l’attendre des autres, même pas des autorités ».

“Si j’étais vous qui avez à cœur le bien commun au Mexique – affirme Luigino Bruni en s’adressant aux jeunes – j’essaierais de regarder les causes de cette maladie, et parmi celles-ci le capitalisme financier qui creuse le fossé de l’inégalité. Ce sont des formes de richesses qui ne marchent plus ». « Le premier pas à faire lorsqu’on veut changer un pays est de l’aimer », souligne encore l’économiste, poussé par le témoignage d’Abraham. « Chaque pays a une vocation vers la beauté, a son génie, son identité, avec ambivalence ». Et puis un conseil : étudiez davantage, apprenez un métier correctement ! « Vous êtes la minorité ? Peu importe. Il suffit d’être peu nombreux, mais bien motivés. Ce sont les minorités prophétiques qui changent le monde. Il ne faut jamais cesser de croire qu’un monde différent est possible. La première lutte à faire quand on est jeune est de ne pas perdre la foi dans l’idéal. Il faut croire en l’impossible pour obtenir quelque chose de bon possible ».

20150408-01“Bien des fois on m’a offert de la drogue, d’autres fois on m’a volé, continue Abraham. Il y a quelque temps alors que je rentrais à la maison après l’école, un garçon s’est approché de moi pour me demander une cigarette ; au même moment la police est arrivée pour nous prendre. Lui avait la drogue en poche et moi uniquement mes livres dans le sac à dos. Ils ont commencé à le frapper, l’autre a pointé son pistolet sur ma tempe me demandant où j’avais la drogue. Quand les policiers sont partis, j’ai aidé ce garçon à se relever, je lui ai donné le peu d’argent que j’avais. Il m’a embrassé et m’a dit : tu sais qu’avec cet argent ma famille va pouvoir manger aujourd’hui ? Je me suis rendu compte qu’avec un petit acte d’amour tu peux dégager une force très grande et nous ne savons pas jusqu’où elle peut arriver. Malgré mon impuissance, je voudrais essayer de voir mon voisin de palier et les personnes que je rencontre dans la rue avec des yeux neufs et, avec d’autres amis, je voudrais aider concrètement ».

Dans le désir d’un meilleur engagement pour le bien de notre pays, malgré les nombreuses difficultés et le découragement de la plupart, le 20 mars dernier des jeunes de diverses organisations se sont retrouvés au Sénat mexicain pour passer une journée avec les politiciens sur le dialogue, une démarche très importante dans un monde qui attend une réponse à ses plus grands défis ».

L’Argentine honore la mémoire de Chiara Lubich

L’Argentine honore la mémoire de Chiara Lubich

20150407-a“ Chiara Lubich a prodigué délicatesse et douceur, mais fondamentalement elle nous a transmis, à travers sa simplicité, un grand courant d’amour envers le prochain. Vivre ensemble, savoir partager, travailler au bien commun, et réussir à construire la fraternité même à travers la diversité des opinions politiques, tel est son message ». Ce sont les propos d’Alicia Monica Pregno, vice gouverneur de la Province de Cordoba (Argentine), dans le cadre de la reconnaissance, toutes nations confondues, de l’héritage que nous laissent la pensée et l’action de Chiara Lubich. Au cours de la session parlementaire du 25 mars 2015, la Chambre de cette Province a approuvé le décret de reconnaissance posthume de l’Œuvre de la fondatrice du Mouvement des Focolari.

La cérémonie s’est déroulée au Parlement, dans la même salle, en présence d’un public venu nombreux : des députés de divers courants politiques, des représentants du Comipaz (Comité Interreligieux pour la Paix), des jeunes participant aux Ecoles de formation du Mouvement Politique pour l’Unité, des universitaires, des membres d’organisations sociales etc.…

dsc0035es responsables des Focolari à Cordoba ont présenté le profil de Chiara Lubich et tout de suite après le Vice-gouverneur a invité les députés des diverses formations à accomplir un geste symbolique en leur remettant le décret accompagné de la plaque commémorative.

Alicia Monica Pregno a ensuite expliqué les motifs de cette reconnaissance: la contribution qu’offre la spiritualité de l’unité à la construction de la communauté et elle a ajouté que « le message de Chiara Lubich fait surgir des questions qui nous poussent à réfléchir sur la raison des conflits et de notre incapacité à penser ensemble. Je crois que le monde est appelé à cheminer vers un destin meilleur, dans la mesure où nous laissons de côté nos intérêts personnels et où nous sommes disposés à résoudre les problèmes avec un regard commun. Il s’agit d’un grand défi à une époque caractérisée par beaucoup d’individualisme ».

Ont suivi les interventions du Pasteur Raffa, représentant du Comipaz, qui a souligné la contribution du Charisme de Chiara Lubich « à la naissance de cette commission depuis ses débuts » et celle de Soher El Sucaría, aujourd’hui militant politique, qui a découvert, à travers l’expérience vécue dans le Comité Interreligieux pour la Paix – sa valeur de service.

dsc0043Il faut ajouter quelques expériences de citoyens qui ont raconté leur évolution personnelle et leur engagement au service du bien commun, que ce soit en se mettant d’accord entre voisins pour résoudre les problèmes de quartier ou à travers un engagement politique au niveau d’une province ou de la nation. Cette partie du programme s’est déroulée sous la forme de deux tables rondes. La première s’intitulait : « Fraternité, semence de transformation sociale », à laquelle ont participé Estela Daima, directrice de la Caritas dans le département du Rio III, où l’on gère une entreprise de production de pain qui emploie quarante femmes, Paola Chávez, secrétaire de l’association Fazenda de la Esperanza (avec le témoignage d’Augustine, une jeune sortie d’affaire grâce à la Fazenda) et Riccardo Galli, économiste et entrepreneur de l’Economie de Communion.

Lors de la table ronde intitulée “Contribution de la fraternité à la politique. Expériences et défis », Laura Blanco, militante socialiste, a présenté les Ecoles de formation à la Politique réalisées dans ce Parlement, une façon pour lui de s’engager à vivre la fraternité dans l’action politique. Sont ensuite intervenus Julio Bañuelos, maire de Mina Clavero et Guillermo Castillo, fonctionnaire militant dans la Démocratie Chrétienne.

Chez tous les participants une conviction s’est fait jour : la fraternité vécue comme “catégorie politique” peut donner des réponses aux défis actuels pour favoriser la construction de sociétés plus justes et plus fraternelles. En conclusion le Vice Gouverneur s’est félicité de ce que le Parlement de Cordoba soit le siège d’Ecoles de formation à la Politique pour les jeunes et il a souligné les efforts déjà en cours pour mettre en œuvre cette fraternité au sein même de ce Parlement.

Évangile vécu: joie et douleur

Évangile vécu: joie et douleur

20150505-01Comme le fils de la parabole

« Notre fils aîné, 17 ans, un soir, n’est pas rentré à la maison. Que penser ? Il ne nous avait jamais donné ce genre de préoccupation. Nous pouvions seulement prier. Le jour après, des parents de deux de ses amis nous ont fait savoir qu’ils étaient partis tous les trois pour Florence. Des parents voulaient faire intervenir la police et les autres soutenaient qu’ils allaient mettre leur fils à la porte. Ma femme et moi-même au contraire, avons essayé de rester tranquilles : nous avions tout mis dans les mains de Dieu. De temps en temps seulement, nous arrivaient quelques nouvelles. Malgré la souffrance, nous nous sentions plus unis en famille. Nous étions tous d’accord sur une chose : nous l’aurions accueilli avec joie, comme dans la parabole du fils prodigue, sans faire peser trop sur lui cette gaminerie. Après une semaine, les trois sont rentrés au nid. Le nôtre, se sentant aimé, nous a assuré en pleurant qu’il n’aurait plus jamais fait une chose pareille. Lorsqu’il vint à savoir que ses autres compagnons d’aventure avaient été traités bien différemment il comprit mieux la chance qu’il avait d’avoir une famille dans laquelle on essaie de vivre selon l’Évangile ». F.A. –Rome

 

Une douleur partagée

« Le père et la sœur d’une amie de ma fille étaient morts dans un accident. Moi aussi, j’avais perdu mon père de cette façon. Je connaissais la maman seulement de vue, mais quand j’ai appris le fait tragique, j’ai senti que je devais aller la trouver. Pour ne pas me limiter à une simple visite, et sachant la maman en difficultés économiques, je lui ai apporté quelques vivres, et j’ai essayé de la consoler. Je suis retournée plusieurs fois chez elle. Je lui ai aussi offert une somme d’argent que j’avais mise de côté. Au fur et à mesure que les jours passaient, elle devint plus forte, plus confiante dans la vie et reconnaissante pour l’amitié née entre nous grâce à la souffrance partagée ». B.G. – Bolivie

Le bonnet

« C’était l’hiver et avec mes copains, je jouais dans la cour de l’école. Il faisait très froid. Tout-à-coup, une fille s’est mise à pleurer : son bonnet ne lui couvrait pas bien les oreilles qui étaient ainsi froides au point d’en avoir mal. Alors, sachant que j’aimais Jésus en elle, je lui ai donné mon bonnet qui était plus chaud » – Belgique

La collation

« J’étais dans la cour et je prenais ma collation. Je voyais à un moment donné une de mes copines qui tirait les cheveux d’une autre, alors j’ai laissé ma collation sur le muret et je suis allée dire de ne pas faire comme ça parce que Jésus a dit qu’il fallait toujours aimer. Mais comme elles se sont mises à pleurer, je suis allée prendre ma collation et j’en ai donné un bout à chacune. C’est vrai qu’après j’avais encore un peu faim mais j’étais heureuse parce que j’avais réussi à aimer ». Valentina – Italie

Sources : L’Évangile du jour – Avril 2015 – Città Nuova editrice

La force généreuse de Pâques!

La force généreuse de Pâques!

20150403-02

“ Lumière de Pâques… Je souhaite que nous ayons tous un regard,

Capable de scruter

La mort jusqu’à voir la vie,

La faute jusqu’à voir le pardon,

La séparation jusqu’à voir l’unité,

Les blessures jusqu’à voir la gloire,

L’homme jusqu’à voir Dieu,

Dieu jusqu’à voir l’homme,

Notre Moi jusqu’à voir l’Autre.

Et de surcroît, la force généreuse de Pâques ! »

(Pâques 1993)

Klaus Hemmerle, La luce dentro le cose (La lumière au-dedans des choses)

Città Nuova, Roma 1998 p. 110.

Une lumière avec des clous dessus

Une lumière avec des clous dessus

26“Oh, une lumière avec des clous dessus!.

S’exclame un enfant devant le cierge pascal.

Les clous nous les sentons.

Mais la lumière, nous la voyons ? Et nous, sommes-nous lumière dans ce monde?

Nous, nous sommes cloués :

À nous-mêmes et aux autres,

À notre temps et à notre responsabilité.

Quelqu’un s’est laissé clouer sur notre croix

Et c’est d’elle qu’Il a été descendu.

Cloué jusqu’à ce qu’Il meure.

C’est de cette façon qu’Il est devenu lumière pour tous.

Lumière qui passe à travers les portes closes.

Il est Ressuscité

Et Il montre la trace des clous

Lumière qui était clouée.

Les clous, nous les sentons

Mais la lumière, nous la voyons? Et nous, sommes-nous lumière dans ce monde ?

Pâques 1984, lettre pastorale (extrait)

Klaus Hemmerle, La luce dentro le cose (La lumière au-dedans des choses)

Città Nuova, Rome 1998, p.109.

Giordani : Le mystère pascal

Giordani : Le mystère pascal

20150401-01« Dans la liturgie pascale, on remercie Dieu pour avoir fait resplendir « en pleine lumière, Christ, qui, après avoir sauvé les hommes avec son mystère pascal, remplit l’Église d’Esprit Saint et l’enrichit admirablement de dons célestes », parmi lesquels le sacerdoce royal conféré à tous les fidèles. L’Église donc est sainte, car pleine d’Esprit Saint ; c’est le corps du Christ qui est la sainteté totale. Christ l’a instituée pour continuer avec elle à racheter et il en a fait l’instrument de libération du mal et de l’attraction au bien. L’Évangile réalisé, l’humanité récupérée, la vie avec Dieu en unité éternelle, la grâce communiquée d’une façon ininterrompue : voilà l’Église.

Et l’Église, c’est nous, coéquipiers, avec les sacrements et la doctrine, autour du pape et des évêques composant un corps social, dont les artères portent le sang du Christ, dont l’âme est l’Esprit Saint, origine de sanctification. Ainsi l’Église est la digne chambre de la Trinité sur terre. Manzoni l’appelle « mère des saints, image de la ville éternelle ».

Sa tâche est notre sanctification. Et le mystère pascal résume le but pour lequel nous sommes sur cette planète et le but pour lequel il est descendu sur cette planète, à être crucifié, lui, le Fils de Dieu ».

Giordani continue en soulignant combien l’homme a soif de sainteté et de vérité et refuse de traîner une existence insignifiante et sans couleur : il veut vivre et non se languir. C’est pour cette raison que nous nous trompons si nous proposons un christianisme illuminé, ambigu, en se faisant des illusions d’attirer ainsi les personnes.

« Ce fait de dire et de ne pas dire génère un ”no man’s land”, une zone désertique.

Ce n’est pas un service au Seigneur, dont la parole fut toujours explicite ; cela ne sert pas à Dieu et provoque le dégoût de ceux-là mêmes auxquels on pense rendre l’idée religieuse plus appétissante .

Celui qui a rendu la vérité plus molle, celui qui a camouflé la croix avec des décorations, a soustrait au peuple la beauté et la puissance du commandement divin, qui invite à donner à Dieu le corps, l’âme, tout, en prenant position pour Christ, jusqu’à se faire Lui. Que ton oui soit oui et ton non soit non, voilà ce qu’enseigne l’Évangile et exige l’Église.

Le ”ni oui ni non” défigure la foi et rend nulle l’Église. Sanctifie-les dans la vérité ; ta parole est vérité ! C’est ce que Jésus demanda au père alors qu’il était en train de consumer le sacrifice suprême. Dans la vérité, non dans la neutralité ou la médiocrité ou dans la banalité…

Si on accueille Jésus entier, alors toute la journée, pour n’importe quel travail que nous fassions, celui-ci sert à professer la foi. La vie alors devient une opération merveilleuse, presqu’une liturgie ininterrompue, où les riches et les pauvres, les malades et les personnes saines, les hommes ou les femmes, les vieux ou les jeunes, tous ont à faire ; tous peuvent édifier. Édifier un destin éternel avec des matériaux de l’époque.

Voilà la sanctification. Celle-ci n’est pas une désertion de la vie. C’est la vivre, la vie, entière et saine, en éliminant les toxines.

Christ demanda à tous, aussi à toi et à moi, de le suivre en rompant les ponts avec le passé, avec ce qui est mort, nous retrouvant dans une jeunesse éternelle. Ça c’est la liberté.

Regardée de cette façon, l’église, avec laquelle le Sauveur donne la santé, un divin ministère de la santé apparaît : sacrement qui résout la mort en résurrection ».

 

De Igino Giordani, Le mystère pascal, Città Nuova, Rome, n.6 du 25.3.1977, pp 24-25

 

Kiribati: vague de solidarité après le cyclone Pam

Kiribati: vague de solidarité après le cyclone Pam

CyclonePamLa route qui relie la capitale et le port au reste de l’île de Tarawa, la plus grande de l’archipel des Kiribati, en Océanie, est détruite. Les digues qui protégeaient les plages des marées n’existent plus et de nombreuses habitations traditionnelles ont été emportées. Le cyclone Pam, l’un des plus violents enregistrés dans le Pacifique méridional, a particulièrement touché les îles de Vanuatu, Salomon et Kiribati, avec de très hautes vagues renforcées par un vent qui a atteint les 250/300 kms heures. La Croix-Rouge locale signale qu’il y a pénurie d’abris d’urgence, de nourriture, d’eau potable pour un grand nombre des 253000 habitants et la population est en train de déserter les secteurs les plus touchés.

« Nous avons eu des nouvelles par la communauté locale du Mouvement des Focolari – écrit Mary Cass, correspondante du projet AMU depuis Perth, Australia – . Tous vont bien et sont engagés dans le travail de reconstruction, et d’approvisionnement en eau et en nourriture pour les familles du village de Buota (où le projet est en cours) et qui est en ce moment coupé du reste du pays : la route et le pont qui le relient au reste de Tarawa sont en effet détruits. Ils ont à l’esprit la Parole de Vie du mois qui invite à prendre sa croix et espèrent pouvoir se retrouver rapidement pour renforcer leur esprit d’unité en ce moment difficile ». « Le climat redevient normal – écrit l’un d’entre eux – les vagues sont à nouveau souriantes. Nous sommes heureux que tous aillent bien ».

Mais si l’esprit et la dignité des habitants de Tarawa sont admirables, la situation reste de toute façon très grave: l’eau potable devient rare parce qu’avec l’inondation de nombreux puits et réservoirs ont été contaminés par l’eau de mer ; la nourriture manque aussi à cause des récoltes détruites et des voies de communications coupées ; il y a pénurie d’essence et 80% des maisons traditionnelles ont été détruites…

La république de Kiribati doit par ailleurs faire face à un gros problème de fond : l’élévation progressive du niveau de la mer entraîne la disparition de terres cultivées, avec des répercussions négatives sur l’emploi et la qualité de l’alimentation. 10% seulement de la population a un travail stable, tous les autres vivent d’expédients. Ne pouvant pas arrêter l’avancée de la mer, à cause du réchauffement global, le gouvernement cherche à donner aux habitants la possibilité de s’installer à l’étranger ou dans d’autres régions du Pays. On prévoit que d’ici quelques années tout l’archipel sera submergé.

Kiribati_03Le projet de l’AMU (Action pour un Monde Uni), ONG qui s’inspire des principes du Mouvement des Focolari, a pour objectif d’améliorer les conditions de vie de la communauté de Buota, un des villages les plus pauvres de l’île de Tarawa, à travers des initiatives en faveur des femmes et des enfants. Une aide au développement de petites unités de production est engagée.

“La première – poursuit Mary Cass – consiste à produire et à vendre de la glace, grâce à un congélateur ; la seconde se concentre sur la vente d’objets artisanaux à l’aéroport de Tarawa. Avec les aides de l’AMU nous avons fait l’acquisition d’une machine à coudre. Il y a aussi une bonne production de pain vendu et dans trois magasins situés dans le village et les environs. Les recettes liées à ces activités – outre la rétribution du travail des femmes engagées – permettent de financer notre école maternelle « Love and Unity » et de subvenir à quelques besoins alimentaires des enfants et de leurs familles ».

Kiribati_02Comment est-ce que l’on vit sur une terre sans avenir? « La vie de la communauté locale des Focolari à Buota va de l’avant : les groupes Parole de Vie – disent-ils – réunissent les personnes de villages dispersés sur toute l’étroite frange de terre. L’évêque de Tarawa, avec l’aide des prêtres, traduit chaque mois le commentaire de la Parole de Vie dans la langue du lieu, le gilbertois . Les familles s’entraident à reconstruire les maisons détruites par les catastrophes naturelles et recommencent à se rencontrer pour partager leurs expériences une fois leur toit refait. La communauté a baptisé son propre centre, où se trouve une petite école, « Loppiano, Centre d’Unité et d’Amour » – qui reprend le nom de la première Cité pilote des Focolari – avec le désir d’être un exemple d’amour et d’unité pour tous ».

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EdC au Cameroun : une « proposition de vie »

EdC au Cameroun : une « proposition de vie »

20150330-01« L’Economie de Communion veut grandir en Afrique pour l’aimer, pour apprendre de sa culture de la vie, pour pratiquer la communion et la réciprocité », a affirmé Luigino Bruni, coordinateur international du projet EdC, en vue du rendez-vous international de mai.

En effet, à Nairobi, au Kenya, toutes les personnes impliquées au niveau mondial dans le rêve de l’Économie de Communion pour faire le point sur créativité et générativité, innovation et production, mais aussi travail, microcrédit, injustices et pauvreté se sont données rendez-vous. Les entreprises africaines qui depuis cette année, ont commencé à verser les bénéfices pour soutenir les pauvres dans le monde, sont montées au nombre de 10, tandis que 12 autres se sont approchées du projet. Ce développement est possible grâce à la diffusion d’une culture de l’Économie de Communion, qui en Afrique, trouve un terrain fertile.

La récente conférence internationale le démontre (9-13 février). Elle est organisée par une université camerounaise, la CUIB ( Catholic University Institute of Buea), à la demande du recteur de l’Université elle-même, Fr. George Nkeze, et de l’Évêque, Mons. Emmanuel Bushu.  Avec pour conférenciers : Benedetto Gui, enseignant à l’Institut Universitaire Sophia (Florence, Italie), et Brice Kemguem, Directeur national en République Centre Africaine de l’ONG internationale AHA (Agence Humanitaire Africaine) ; et pour intervenants accompagnateurs : Steve William Azeumo, de la Commission ÉdeC de la zone de l’Afrique centrale, Winnifred Nwafor, de la Commission ÉdeC de Fontem, Cameroun, Isabel Awungnjia Atem et Mabih Nji, tous deux diplômés de l’Institut Universitaire Sophia, et assumant le rôle de facilitateurs à la CUIB.

20150330-03Le programme a passé en revue : les thématiques économiques d’aujourd’hui, chères à la doctrine Sociale de l’Église, et que l’on retrouve dans les valeurs et les principes de l’ÉdeC ; les grands problèmes socio-économiques de notre temps ; la carence en eau potable ; les épidémies ; les conflits avec armes de destruction massive.

Grâce à des liaisons en vidéoconférence, il a été possible de connaître des expériences de diverses parties du monde. La liaison avec l’Institut Universitaire Sophia a permis un échange entre étudiants des deux instituts. Deux entrepreneurs ÉdeC ont ensuite fait part de leur expérience : Alberto Ferrucci, Administrateur délégué d’une entreprise de software pour des raffineries, a souligné plusieurs aspects d’une économie de partage, nouvelle proposition pour résoudre les problèmes économiques de notre époque. Et Teresa Ganzon (Administratrice de la Banque rurale philippine Bangko Kabayan) a rappelé les principes de la bonne gestion d’entreprise qui l’ont portée à reprendre les études à l’âge adulte, en vue des compétences nécessaires au développement de la banque dans le domaine de la  micro-finance en milieu rural (microcrédit pour agriculteurs et petits commerçants).

20150330-02Des expériences camerounaises ont aussi été partagées, comme celle de Fobella Morfaw et de sa femme, fondateurs en 2003 d’une école à Dschang, comprenant aujourd’hui une école maternelle, primaire et secondaire ; celle aussi du bureau d’études en Ingénierie Civile BSE (Bridge Structure Engineering Consulting), qui, fort de la grande compétence d’un associé “senior”, est parvenu à se faire une place dans une concurrence très aguerrie. Le bureau a obtenu le soutien financier et moral des époux Gimou, dont l’épouse, Marie-Madeleine, a quitté cette vie juste avant ce colloque, suscitant grande émotion parmi les participants ; le mari, Victor Gimou, ingénieur avec 23 ans d’expérience, continue de soutenir le jeune bureau d’études, mettant à sa disposition sa documentation, fruit de 30 années de travail.

Les ateliers, l’après-midi, ont été une partie importante du programme, en vue d’étudier des cas d’entreprise et de préparer des projets de microcrédit : ateliers très actifs et qui ont surpris par la qualité des travaux présentés en plénière ; en conclusion, le meilleur projet d’entreprise a reçu un prix.

Il s’est agi, en fin de compte, d’une semaine vraiment fructueuse, grâce au travail de préparation de l’Université, grâce à l’attitude très positive des jeunes, qui se sont personnellement engagés comme participants, encouragés par le crédit acquis en vue des résultats scolaires.

L’ ambiance était allègre, avec musique et danse pour animer les pauses ; et – ambiance garantie – les jeunes, à la soirée de fête qu’ils ont organisée, ont chanté et dansé à la lumière des portables, en raison d’une coupure du courant.

Les impressions des participants ont été très favorables : beaucoup ont réalisé que, outre la proposition d’un style de gestion d’entreprise, l’ÉdeC est une « proposition de vie » que l’on peut tout de suite mettre en pratique, et ils ont déclaré vouloir la suivre. En synthèse : grande positivité, désir d’agir et de s’engager pour un monde meilleur.

Voir aussi:edc-online.

Vidéo-Photo Galerie de la conférence:

https://www.youtube.com/watch?v=RxwKXsEvmn0

Avril 2015

Dans la première Lettre à la communauté de Corinthe (d’où est tirée la Parole de Vie de ce mois), Paul doit se défendre du peu de considération que certains chrétiens avaient pour lui. Ils mettaient en doute ou même niaient son identité d’apôtre. Après en avoir revendiqué à juste titre la qualification puisqu’il a « vu Jésus, notre Seigneur » (1 Corinthiens 9,1) Paul explique les motifs de son comportement humble et modeste, jusqu’à renoncer à toute forme de rétribution pour son travail. Bien qu’il puisse faire valoir l’autorité et les droits de l’apôtre, il préfère se faire « l’esclave de tous » (1 Corinthiens 9,19) . C’est cela sa stratégie évangélique.

Il se fait solidaire de chaque catégorie de personnes, au point de devenir l’un d’eux, dans le but d’y apporter la nouveauté de l’Évangile. Il répète, au moins cinq fois : « Je me suis fait un » avec l’autre. Avec les Juifs, par amour pour eux, il se soumet à la loi de Moïse, bien qu’il ne s’y sente plus assujetti. Avec les non-Juifs, qui ne suivent pas la loi de Moïse, il vit lui aussi comme affranchi de cette loi, alors qu’il a au contraire une loi exigeante, Jésus en personne. Avec ceux qui étaient définis « faibles » – probablement des chrétiens scrupuleux qui se posaient le problème de manger ou non les viandes sacrifiées aux idoles – il se fait lui aussi faible, bien qu’il soit « fort » et éprouve une grande liberté. En un mot, il se fait « tout à tous ».

À chaque fois, il répète qu’il agit ainsi pour « gagner » chacun au Christ, pour « sauver » à tout prix au moins quelques-uns. Il ne se fait pas d’illusion, il n’a pas d’attentes triomphalistes, il sait bien que seuls quelques-uns répondront à son amour, toutefois il aime tout le monde et il se met au service de tous selon l’exemple du Seigneur, venu «… pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Matthieu 20,28). Qui, plus que Jésus Christ, s’est fait un avec nous ? Lui qui était Dieu, «… il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes » (Philippiens 2,7).

« Je me suis fait tout à tous ».

Chiara Lubich a fait de cette parole l’un des points forts de son « art d’aimer », synthétisé par cette expression : « se faire un ». Elle y a vu une expression de la « diplomatie » de la charité. « Si quelqu’un pleure – a-t-elle écrit – pleurons avec lui. S’il rit, réjouissons-nous avec lui. Ainsi la croix est partagée et portée par de nombreuses épaules. La joie est multipliée et de nombreux cœurs y participent. (…) Nous ‘faire un’ avec le prochain pour et par l’amour de Jésus jusqu’au moment où, doucement touché par l’amour de Dieu en nous, il en viendra à se faire un avec nous dans un échange réciproque d’aides, de projets, d’idéaux, de sentiments.
(…) C’est la diplomatie de la charité, qui revêt des formes et des expressions de la diplomatie courante. Elle ne dit pas tout si cela doit peiner le frère et donc offenser Dieu ; elle sait attendre, trouver les mots justes, pour atteindre son but. Divine diplomatie du Verbe qui se fait homme pour nous diviniser » .

Avec une fine pédagogie, Chiara Lubich repère aussi les obstacles quotidiens pour « se faire un » : « Parfois ce sont les distractions ou la mauvaise habitude de vouloir dire tout de suite notre idée, de donner notre conseil de façon inopportune. En d’autres occasions, nous sommes peu disposés à nous ‘faire un’ avec le prochain, car nous croyons qu’il ne comprend pas notre amour, ou bien nous sommes freinés par d’autres jugements à son égard. Dans certains cas, il existe un désir caché de le conquérir à notre cause ». Aussi, « il est vraiment nécessaire de couper, de déplacer tout ce qui encombre notre esprit et notre cœur pour nous ‘faire un’ avec les autres ».
Il s’agit donc d’un amour continuel et infatigable, persévérant et désintéressé, qui se confie à son tour à l’amour plus grand et puissant de Dieu.

Ces indications précieuses nous aideront à vivre ce mois-ci la parole de vie en nous mettant sincèrement à l’écoute de l’autre, pour le comprendre de l’intérieur, nous identifiant à ce qu’il vit et ressent et partageant ses soucis et ses joies.

« Je me suis fait tout à tous ».

Cependant, nous ne pouvons pas prendre cette invitation évangélique dans le sens d’une invitation à renoncer à nos propres convictions, comme si nous approuvions sans esprit critique n’importe quelle façon d’agir de l’autre, comme si nous n’avions pas une ligne de conduite bien à nous ou une pensée personnelle.

Si l’on a aimé jusqu’à devenir l’autre et si ce que l’on partage a été un don d’amour et a créé un rapport sincère, on peut et on doit exprimer sa propre idée, même si elle risque peut-être de faire mal, mais en restant toujours dans cette attitude d’amour profond. Se ‘faire un’ n’est pas un signe de faiblesse, ni la recherche d’une vie avec l’autre tranquille et pacifique ; c’est l’expression d’une personne libre qui se met au service et cela demande courage et détermination.

Il est aussi important de ne pas perdre de vue le but de “se faire un”.
La phrase de Paul que nous vivrons ce mois-ci continue avec cette expression : «… afin d’en sauver à tout prix quelques-uns ». Paul justifie le fait de « se faire tout à tous » par son désir d’amener quelques-uns au salut. C’est un chemin pour entrer dans l’autre et pour faire émerger en plénitude le bien et la vérité qui déjà l’habitent, pour brûler les erreurs éventuelles et y déposer le germe de l’Évangile. Cette tâche, pour l’Apôtre, ne connaît ni limites, ni excuses, il ne peut s’y dérober car c’est Dieu lui-même qui la lui a confiée et il doit l’accomplir « à tout prix », avec cette créativité dont seul l’amour est capable.

Voilà l’intention de fond qui donne le motif essentiel de « se faire un ». La politique et le commerce eux-mêmes trouvent leur intérêt à se faire proches des gens, à entrer dans leur pensée, à en cueillir les exigences et les besoins, mais il y a souvent derrière la recherche d’un avantage, d’un profit. Par contre, la « diplomatie divine – dirait encore Chiara Lubich – a ceci de grand et de spécifique – et c’est peut-être vraiment unique – elle agit pour le bien de l’autre et est dépourvue de toute trace d’égoïsme ».

« Se faire un » donc, pour aider chacun à grandir dans l’amour et ainsi contribuer à réaliser la fraternité universelle, le rêve de Dieu sur l’humanité, le motif pour lequel Jésus a donné sa vie.

Fabio Ciardi

Palmira Frizzera: Dieu comme idéal

Palmira Frizzera: Dieu comme idéal

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Palmira avec Chiara Lubich

« Répandre l’amour de Dieu partout, selon le commandement de Jésus de nous aimer l’un l’autre ». C’était cela l’idéal de Chiara Lubich qui attire toujours des centaines de personnes dans le monde entier. Aujourd’hui, à l’occasion du septième anniversaire de la mort de la fondatrice du mouvement des Focolari célébré dans le monde entier et à quelques jours de l’ouverture de son procès de béatification et canonisation, il s’agit de Palmira Frizzera, qui l’a connue en 1945 et, frappée par l’idéal de la « fraternité universelle », décida de la suivre. Voici son témoignage :

« Le concept de fraternité universelle est justement ce que j’ai trouvé lorsque je suis entrée dans le premier focolare, il y a presque 70 ans : nous étions des sœurs avec Chiara, mais avec un « Maître », un guide, qui était Jésus au milieu de nous, Jésus qui vit là où deux ou plus sont unis en Son nom ».

Quel est le but qui vous a fait aller de l’avant ensemble pendant tant d’années ?

« Nous sommes allées de l’avant en ne pensant en réalité à rien… nous avions choisi Dieu comme idéal de notre vie, nous voulions L’aimer, conscientes que nous pouvions mourir d’un jour à l’autre sous les bombardements. Donc nous avons essayé de réaliser le Testament de Jésus, l’amour réciproque, jusqu’à arriver à l’unité entre nous. Ce que j’ai senti dans ma rencontre avec Chiara, et toutes ses premières compagnes en général, c’est qu’elle possédait une lumière, une nouveauté… – à ce moment-là nous ne l’appelions pas « le charisme » – avec laquelle nous avons été engendrées à une vie totalement nouvelle ! ».

Ce fut donc l’amour évangélique vécu entre vous, incarné et communiqué aux autres qui a fait naître tout le mouvement ?

« Mais Chiara n’a jamais pensé fonder quelque chose ! On dit maintenant que Chiara est la fondatrice du mouvement des Focolari qui s’est répandu dans le monde entier. Moi, cependant je ne l’ai jamais sentie comme une personne qui fondait quoi que ce soit, mais comme une personne qui donnait vie à quelque chose de nouveau. Chiara nous disait : « Nous ne voulons rien fonder. Nous voulons porter Dieu au fond des âmes, par l’amour ; porter l’amour partout ». Voilà justement ce message que Jésus nous a laissé ». Cela a conduit à la fraternité universelle ».

Depuis janvier de cette année, Chiara a été déclarée Servante de Dieu et un procès de béatification et de canonisation a commencé. Quel effet cela vous fait-il ?

« Je sens que Chiara n’appartient pas seulement à l’Eglise catholique : Chiara appartient aussi aux autres Eglises, aux autres religions et grâce aux dialogues ouverts dès les premiers temps, même avec des personnes qui n’ont pas de credo religieux. Sous cet aspect, je n’aime pas la restreindre uniquement à l’Eglise catholique, mais je comprends que cette béatification est un grand don pour l’Eglise et pour nous tous ».

Pourquoi les nouvelles générations que vous rencontrez et que vous formez, même si elles ne l’ont pas connue, et depuis longtemps, sont attirées par Chiara et sa spiritualité ?

« Chiara est partie, mais sa lumière est restée, son charisme demeure. Et c’est après cette lumière que les jeunes courent, pas après les personnes ».

Ce septième anniversaire aborde la dimension politique du charisme et montre comment la spiritualité de Chiara peut être vécue en politique. Qu’est-ce qu’elle peut nous enseigner dans ce domaine ?

« Elle peut nous enseigner l’art d’aimer, de comprendre, d’écouter… C’est un trait d’union avec tous : si l’on ne fait pas ça, comme alternative il n’y a que la violence et la guerre».

Source : Radio Vatican

En souvenir de Chiara sur les rives du Bosphore

En souvenir de Chiara sur les rives du Bosphore

Istanbul

Istanbul: le Patriarche Bartholomée fait les honneurs de la maison dans l’église orthodoxe de Aya Strati Taksiarhi pour plus d’une centaine de représentants du monde orthodoxe et catholique réunis à l’occasion du 7ème anniversaire du départ de Chiara Lubich, fondatrice des focolari. Sont présents les métropolites Irénéos, Apostolos et Elpidophoros; deux archimandrites, p. Vangeli qui traduit du grec au turc, et le Grand Archimandrite Vissarion. Il y a aussi, entre autres, l’archevêque des arméniens catholiques, Levon Zekiyan et l’évêque catholique, Louis Pelatre. La linguiste Maria Caterina Atzori, du Centre d’Etudes des Focolari, présente les ouvrages de Chiara traduits en grec. Le modérateur est le journaliste Nikos Papachristou d’ Athènes.

“Au cours des siècles, la divine épiphanie du Seigneur s’est manifestée de nombreuses façons, pour faire comprendre les choses de Dieu aux hommes » a déclaré le Patriarche après avoir introduit la rencontre par une prière pour Chiara et entonné l’hymne au Saint Esprit. « Il ne s’est pas lassé de faire surgir parmi nous des hommes et des femmes qui par l’exemple de leur sainteté, grâce à leur amour imprégné de philanthropie divine et à leur parole inspirée par l’Esprit Saint, nous invitent continuellement à une « métanoia », une conversion du cœur pour toute l’humanité qui souffre ».

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Vidéo: “Atenagora, Paolo VI et Chiara Lubich”

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Dans son discours, il a présenté le profil spirituel de Chiara, en qualité de témoin direct de ses rencontres avec le Patriarche Athénagoras : « Comment ne pascueillir la Sagesse de Dieu dans l’œuvre bénie que notre sœur Chiara a offerte à nos Eglises, à nos Sociétés et à tous les hommes de bonne volonté. Elle que notre Prédécesseur bien-aiméappelait cordialement Técla, nom de la disciple de St Paul, qui est l’égale des apôtres »

Il a ensuite retracé les points forts du chemin spirituel qu’elle a ouvert dans l’Eglise et au-delà: “ La douce Chiara a répondu à l’appel de Dieu en se faisant en tout semblable à son Maître, mais surtout en se laissant transformer en un vase qui offre des chemins de salut, afin de conduire tous les hommes au Christ. Elle a passé sa vie à chercher des voies de rencontre et de dialogue avec tous, avec le souci d’un profond respect envers chaque culture qu’elle savait orienter sur le chemin de la rencontre, de la connaissance réciproque et de la collaboration réciproque ».

“Chiara Lubich débute son parcours de vie consacrée au Seigneur dans les souffrances de la guerre. Dans cette souffrance vit le Christ crucifié et abandonné et elle comprend qu’il n’y a pas de Résurrection sans passer à travers la chute. La souffrance du Christ devient sa propre souffrance personnelle, sans jamais verser dans le désespoir ».

20150327Istanbul“Sa vie est caractérisée par un amour passionné de la Sainte Ecriture. Celle-ci devient en elle Parole vivante qui édifie et élève. Elle a vécu jusqu’au bout le commandement du Seigneur « (…) Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres » (Jean, 13,34). Jusqu’à entraîner de nombreuses personnes, toutes différentes les unes des autres, mais unies par un idéal concret de communion.

Chiara a toujours été fidèle à son Eglise. Profondément convaincue d’une communion partagée, elle a ressenti le drame de la division, de l’impossibilité de boire au même Calice.

Sensible au cri de douleur causé par ce déchirement, elle s’offre tout entière, en raison du charisme de l’unité, comme instrument dans les mains de Dieu et va à la rencontre des responsables d’ Eglises tout comme des simples fidèles. Mais elle ne se limite pas à cela : elle sollicite, encourage, invite, propose qu’on trouve des chemins de communion nouveaux »

“Chiara a un amour tout particulier pour la Sainte et Divine Eucharistie du Seigneur. Elle y perçoit le don d’amour de Celui qui s’est offert une fois et pour toujours, afin d’attirer l’homme à Lui. Nous pourrions affirmer qu’en elle se forme une conscience eucharistique de l’unité ». « Nous pouvons encore découvrir un autre aspect dans l’œuvre de Chiara : l’unité, à travers l’Eucharistie, passe de la Trinité sur la famille (…) lieu où resplendit davantage l’amour réciproque qui lie naturellement ses membres. (…) C’est dans ce contexte qu’on peut entrevoir l’unité de la famille humaine dans tous ses aspects, dans la société, dans la politique, l’économie, dans le respect de l’œuvre de Dieu pour chacun de nous personnellement et dans toute sa merveilleuse création. Aussi le message et l’œuvre de Chiara sont-ils toujours plus actuels, surtout dans le contexte mondial où nous vivons ».

De ce fait “ le don qu’offre aujourd’hui le Mouvement des Focolari en proposant l’œuvre de Chiara Lubich en grec s’avère très précieux... Nous l’accueillons comme un don entre frères qui fera assurément apprécier au public grec, aux fidèles grecs-orthodoxes, ce merveilleux message d’unité et d’amour ».

A la fin, avant de donner sa bénédiction, il s’adresse à Chiara afin qu’elle intercède “ Afin que puisse surgir rapidement l’aube d’un jour nouveau pour notre humanité blessée et divisée et que les sentiments pour lesquels elle a dépensé toute sa vie, produisent des fruits abondants là où aujourd’hui nous ne voyons rien sinon les ténèbres et le sang des martyrs ».

Espoir à Erbil, dans le Kurdistan irakien

Espoir à Erbil, dans le Kurdistan irakien

20150326-01«J’habite à Erbil, dans le nord de l’Irak, où, en 2010, j’ai démarré une école pour des enfants kurdes, raconte Malu Villafane, née aux Philippines. Ces dernières années, j’ai travaillé dans le sanctuaire local, à l’organisation de différentes activités. En aout dernier, le sanctuaire est devenu un camp de réfugiés. Les villes de Sinjar et Mossoul, ainsi que les villages voisins, comme Qaraqosh, Qaramlesh, Bartalla et d’autres, ont été envahis par l’ISIS. Les habitants ont fui en laissant tout et se sont réfugiés au Kurdistan, chez nous. Dans le camp on respirait une atmosphère très lourde, de grand pessimisme, les enfants étaient perdus… avec les responsables du centre, nous avons commencé quelques activités pour les jeunes, en faisant participer aussi certains collègues de mon école ».

Ces dernières années comment s’est passée l’entente entre les chrétiens, les musulmans, les Yazidis et les autres ethnies comme les Kurdes, les Turkmènes etc.?

« Ils se respectaient, faisaient beaucoup de choses ensemble. Je travaille avec les Kurdes, avec les Turkmènes, les arabes et d’autres étrangers. Quand la crise est survenue, beaucoup de Kurdes se sont proposés pour héberger les réfugiés chez eux. Le peuple du Kurdistan est opposé à ce massacre ».

Quand la crise des réfugiés a-t-elle commencée à Erbil ? Où ont-ils trouvé de la place ? Quelles sont les perspectives pour les prochains mois ?

« La crise qui a provoqué ces migrations forcées a déjà débuté en juin 2014 et s’est aggravée au début août. Les gens ont tout perdu : maison, travail, école ; nombre d’entre eux se sont réfugiés initialement dans les immeubles vides, dans les églises, le long des rues et quand ils ont pu, chez leurs parents à Erbil. Beaucoup d’ONG, avec l’Eglise, ont dû faire face à l’urgence sans aucune préparation. Ils avaient besoin de tout ! Ensemble nous avons récolté pas mal de choses de première nécessité. A ce moment-là la température durant la journée s’élevait à presque 50°, un enfer, et maintenant que c’est l’hiver, il fait froid. Les tentes ne suffisent pas pour donner un toit à des milliers de familles. Il y a des camps qui sont restés sans nourriture ni eau pendant un certain temps. Malgré cela, après quelques mois, les enfants ont commencé à sourire, à jouer, à faire d’autres expériences en dehors du camp, comme aller à la piscine ou dans le parc public. Les parents, voyant la joie de leurs enfants, ont retrouvé l’espoir. Ils ont commencé à nettoyer le camp, à cuisiner et à s’entraider.

Après avoir vécu avec eux cette dramatique situation, ma vie a complètement changé. Mon séjour ici en Irak a trouvé un sens profond : j’ai vécu pour la fraternité universelle ».

Mais cela a-t-il un sens de travailler pour la fraternité ? Qu’est-ce qui te pousse à continuer à travailler dans ce camp ? Si je regarde les circonstances du point de vue humain, je me décourage et il y a de quoi m’enfuir. Par contre si je regarde tout ce qui se passe à travers l’œil d’une espérance fondée sur la foi, j’arrive à aller au-delà des souffrances que je vois. J’ai pensé à la phrase de l’évangile : « Quand j’ai eu faim, tu m’as donné à manger ; quand j’étais triste tu m’as consolé… ». Ces paroles me donnent la force d’affronter les difficultés quotidiennes que je rencontre dans le camp. Il est difficile d’expliquer et de décrire la souffrance qui s’y trouve. Nombre d’entre eux ont perdu l’espoir parce qu’ils ont tout perdu. Cette expérience m’a élargi le cœur pour accueillir l’autre comme un frère, comme une sœur. Elle m’a donné la possibilité de sortir de mon monde « commode » pour me mettre au service des autres. Je veux vivre pour la fraternité universelle non parce que je peux résoudre les problèmes mais parce qu’en faisant de petits pas on peut laisser une semence. La paix grandit surtout à partir des petites choses que nous faisons tous les jours pour les autres ».

Que pouvons-nous faire d’ici pour vous aider et être proches de ces personnes ?

« Je crois qu’il faut affronter le thème de la « désinformation ». Ici nous sommes toujours confrontés à des urgences de tous ordres, mais on n’en parle presque pas. Diffuser dans nos villes une culture qui accueille, qui écoute, surtout entre les divers peuples et les différentes religions ; développer des initiatives et des projets qui fassent tomber les barrières. Je vous remercie pour votre aide et continuons à croire que la Paix est possible ».

Source : Humanité Nouvelle online http://www.umanitanuova.org/it/

Evangile Vécu : le paradoxe de la Croix

Evangile Vécu : le paradoxe de la Croix

20150224-01Travailler ici

« Médecins ici dans les Philipines, où la pauvreté est en constante progression, mon mari et moi-même avons récupéré un modeste cabinet médical privé dans notre habitation déjà assez exiguë. Certes, ce n’est pas facile : en pensant à nos collègues qui ont fait carrière en Occident nous nous demandons parfois si nous avons bien fait de rester. Mais la seule pensée de tant de besoins éprouvés par les gens autour de nous, nous retient ici : des enfants à aider à grandir sainement, des couples à aider à se former, des personnes âgées et des malades en fin de vie à assister…L’Évangile nous encourage à donner nous aussi une contribution pour rendre la société meilleure, en commençant par notre Pays ».  L. R.- Philippines

Moïse de la rue

« Une famille nombreuse : six enfants et un en attente mais qui meurt avant de naître. La maman a été sauvée mais pendant plusieurs jours, elle a lutté entre la vie et la mort. Juste en cette période, des militaires avaient amené dans l’hôpital où elle était hospitalisée, un nouveau-né abandonné dans la rue. Après des soins donnés, il s’était repris mais maintenant, il avait besoin d’une famille. Il l’a tout de suite trouvée dans l’autre, en prenant la place de l’enfant décédé. Il a été appelé Joseph – Moïse par ses nouveaux parents : Joseph car l’hôpital est dédié à saint Joseph, Moïse car il avait été abandonné et a été retrouvé ». H.E. – Congo

Je voulais me venger

« J’ai perdu ma mère, renversée par une voiture, à peine huit jours après mon mariage. Décidé à me venger, j’ai pris un bus pour rejoindre le village de résidence du responsable de l’accident. Pendant le trajet cependant, certaines paroles sur l’amour de Dieu et du prochain me sont revenues à l’esprit et petit à petit, ma rancœur s’est dissoute. Quand l’autre a vu qui j’étais, il a commencé à pâlir, mais je l’ai tranquillisé : j’étais seulement là pour comprendre la dynamique de l’accident. Après avoir écouté son histoire, racontée dans les larmes, j’ai essayé de lui donné la paix. La joie promise dans l’Évangile, m’a accompagnée tout au long du trajet du retour ». F.A. – Rome

Source : L’Evangile du jour – mars 2015 – Città Nuova editrice

Mouvements: transition et fidélité créative

Mouvements: transition et fidélité créative

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Le centre évangélique de formation “Haus Schoenblick” (Schwaebisch Gmuend)

150 responsables de mouvements évangéliques et églises libres, expression de la réalité très variée du monde évangélique, ainsi que quelques représentants de mouvements catholiques, se sont posé une question: comment rester fidèle à son propre charisme dans les moments de grands changements?

C’est la situation où se trouvent différents mouvements nés au cours du siècle dernier pour répondre à l’un ou l’autre des défis de l’idéal chrétien. Ils sont aujourd’hui à la recherche de nouvelles réponses, adaptées aux temps que nous vivons, dans la fidélité à la racine qui les a fait naître.

Au Congrès qui cette année réunit « les responsables », Gerhard Pross est modérateur et compte parmi les visages les plus connus dEnsemble pour l’Europe (le réseau de mouvements chrétiens qui travaillent ensemble pour le continent). Il a fortement souhaité la présence de Maria Voce, présidente des focolari, et la première qui a succédé à Chiara Lubich à la tête du Mouvement après sa disparition en 2008.

La réflexion de Maria Voce a aidé à comprendre la différence existant entre la phase de fondation d’un mouvement, sa “période charismatique”, “pleine de surprises, nouvelle, dynamique, lumineuse” et sa phase de maturation, “l’étape de la fidélité créative”. A ce stade, il s’agit de « faire grandir, développer et multiplier tout ce que le fondateur ou la fondatrice ont fait naître, avec originalité. Elle a poursuivi en décrivant l’engagement des Focolari dans un protagonisme diffusé et partagé par tous ceux qui vivent la spiritualité et en partagent les objectifs :« sortir » toujours davantage à l’extérieur « dans les divers milieux de la vie et de la société », sans se limiter à vivre et à témoigner au sein de son propre groupe, mais en portant l’esprit et l’expérience de l’unité dans le monde entier « Afin que tous soient une seule chose » (Gv, 17,21), ce qui est le but spécifique des focolari. « Aussi nous ne pouvons pas penser à nous – affirme Maria Voce – nous devons « sortir », nous donner pour être nous-mêmes ». Essentiel, pour aller au-delà de soi-même, le choix du Christ qui, dans son abandon va au-delà de lui-même pour recomposer l’unité entre les hommes et Dieu, un des points cardinaux de la spiritualité de l’unité.

Il y avait les evangelical, les pentecôtistes, les charismatiques, chacun étant engagé de façon différente, soit dans des œuvres sociales, soit dans le domaine de l’évangélisation, de la formation ou de l’engagement politique. Le « Congrès des responsables » existe déjà depuis 1974, bien avant que dans l’Eglise catholique Jean-Paul II donne son assentiment, lors de la Pentecôte 1998, à la communion entre les mouvements. Il y a donc une expérience de partage qui va de l’avant depuis des années. Tous les participants gardent en mémoire un moment important qui remonte à l’année 2000. C’était à Rothenburg, en présence de Chiara Lubich. Il y eut un pas décisif dans la réconciliation. On avait en effet abandonné désaccords et incompréhensions qui s’étaient dissipés « lors du moment sacré du pardon réciproque ». Maria Voce en parle « comme d’une expérience qui a fondé la communion entre mouvements et communautés de diverses Eglises, d’où naîtra plus tard Ensemble pour l’Europe ».

Maintenant nous visons ensemble un prochain rendez-vous commun : Munich 2016. Le réseau d’Ensemble pour l’Europe se retrouvera alors pour un rassemblement et une manifestation publique, une étape vers le cinquième centenaire de la Réforme de Luther, en se présentant comme signe prophétique d’une Europe réconciliée et unie. A son retour d’Allemagne, le 4 mars, Maria Voce s’est rendue à l’audience du Pape François avec les évêques amis du Mouvement des focolari et lui a transmis les salutations des 150 représentants des mouvements évangéliques et leur espérance dans leur engagement commun vers l’unité. « Bien » a dit le Pape en la remerciant, « Le travail œcuménique que vous portez de l’avant est très important ».

Congo: une guerre oubliée

Congo: une guerre oubliée

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Bukavu, République Démocratique du Congo

La République Démocratique du Congo: un grand pays avec d’immenses ressources naturelles. 72 millions d’habitants, quelques centaines d’ethnies différentes. Les relations difficiles avec l’Occident, la guerre pour l’exploitation des minerais, le drame d’une population oubliée.

Nous avons interviewé le biologiste congolais Pierre Kabeza, syndicaliste, père de famille, qui, depuis trois ans, a dû quitter sa ville, Bukavu, dans la région des Grands Lacs, et maintenant fréquente l’Institut universitaire Sophia.

Vous avez dû vous expatrier, quittant femme et enfants. Pour quelles raisons? “Parfois, il y a des choses que l’on ne peut comprendre, ni bien voir, sauf avec des yeux qui ont pleuré, disait Mgr Munzihirwa, évêque de Bukavu, tué en raison de sa lutte pour la justice. Après sa mort, nous étions tous découragés, mais Mgr Kataliko est arrivé. Il a choisi de suivre la même voie: parler pour les opprimés. Kataliko a essuyé les larmes d’un peuple qui n’était plus écouté. Le 24 décembre 1999, il a écrit un message dans lequel il dénonçait la guerre injuste, l’occupation du Congo par les pays voisins, l’exploitation et le pillage des ressources minières. En conséquence, il n’a pas pu faire son travail pastoral pendant sept mois et vingt jours. Les cloches n’ont plus sonné. Nous manifestions chaque jour pour qu’il revienne dans le diocèse. Musulmans et chrétiens de Bukavu, nous sommes allés ensemble à la cathédrale, où Mgr Kataliko a célébré une messe de pardon pour ceux qui l’avaient fait souffrir. Il est mort quelques semaines après en Italie.

Pour continuer l’œuvre de nos évêques – défense de la vérité, lutte pour la justice et pour la liberté – est né le groupe “Dauphin Munzihirwa Kataliko” (DMK). Les initiatives pour les honorer dérangeaient leurs ennemis. Avec le groupe DMK, dont j’étais responsable, nous nous sommes engagés dans le domaine de l’éducation, à commencer par la scolarisation des enfants. Les professeurs, en effet, ne sont pas payés par l’État et sont soutenus par les parents. Nous avons tout mis en œuvre pour que le gouvernement congolais assume ses responsabilités. Manifestations, sit-in, grèves… prison: nous étions considérés comme des personnes qui perturbent l’ordre public. J’ai rencontré tous les responsables du pays, même le président de la République, auquel j’ai rappelé l’article 43 de notre constitution, qui reconnaît la gratuité et l’obligation pour les enfants de fréquenter l’école élémentaire. Il m’a écouté, mais, malheureusement, rien n’a changé. Cependant, à cause de mon engagement, j’ai été menacé, arrêté et torturé. Ma maison a été attaquée deux fois. Ils ont tout détruit. C’est pour cela que j’ai dû partir pour sauver ma vie.”

Une guerre oubliée. Six millions de morts, deux millions de femmes et d’enfants fuyant leurs villes et villages. Pouvez-vous nous expliquer?

“Oui. Maria Voce, présidente des Focolari, a dit qu’il semble que les morts “des pays loin de l’Occident” ont moins de valeur en termes d’humanité et “moins de poids politique sur la conscience de la communauté internationale”. C’est le cas du Congo. Nos morts n’intéressent pas la communauté internationale, parce que nous sommes dans les périphéries du monde. Pourtant, aujourd’hui, la guerre est l’ennemi commun de tous. Mandela nous a enseigné que “nous sommes nés pour être frères”.

On parle peu de la guerre du Congo, ici en Europe, et sans dire toute la vérité. Il ne s’agit pas seulement de guerres ethniques. Il est vrai que nous avons beaucoup de problèmes en Afrique, mais je me demande: pourquoi le feu s’allume seulement dans les pays riches, où il y a des minerais et du pétrole? Il y a toujours le feu où se trouvent le coltan, l’or, les diamants. Et où terminent ces minerais de sang? Ils sont utilisés pour faire des smartphones, airbags, navigateurs, etc. On calcule que pour chaque kilo de coltan extrait au Congo, deux enfants meurent. D’autres sont obligés de devenir “des enfants soldats”. Il est important que nos enfants sachent qu’en jouant à leur jeu vidéo, un autre enfant perd la vie dans les périphéries du monde.”

Que signifie pour vous de faire cette expérience intellectuelle et humaine à l’Institut universitaire Sophia? Quelles sont vos attentes personnelles, et en vue du bien dans votre pays?

“Sophia a été un des dons que j’ai reçu en Italie. Je pense qu’il aurait été préférable de faire l’expérience de Sophia avant de m’engager comme syndicaliste, parce qu’ici j’ai compris l’importance de la fraternité. Je crois que la faillite de notre société congolaise provient du fait que nous avons oublié le principe de la fraternité, une force qui nous unit tous, qui n’exclut personne. Aujourd’hui, j’ai compris que l’autre fait partie de moi, que ses problèmes sont les miens. L’engagement politique devrait nous aider à comprendre que nous sommes responsables les uns des autres. À Sophia, j’ai compris aussi le sens de la diversité entre nous. Nous sommes égaux, mais différents, et si les hommes exploitaient cette richesse, ce serait un bien. Sophia m’a aussi enseigné à comprendre le chemin du dialogue. Le vrai dialogue est celui qui donne de l’espace à l’autre, où il y a toujours une part de vérité.”

Vidéo

 

Pâques orthodoxe

A petits pas

MariaVoce_Intervista_bLorsque le Pape les a rencontrés, en septembre dernier, il a parlé de Chiara Lubich comme “extraordinaire témoin” de l’unité, qui “a apporté le parfum de Jésus dans de nombreuses réalités humaines et pays du monde”. Et aujourd’hui, sept ans après la mort de sa fondatrice, le Mouvement des Focolari reconfirme sa vocation à être une école de communion et un foyer d’unité au service de toute l’Eglise, comme le redit sa présidente Maria Voce dans cette interview.

Croyez-vous que le charisme de l’unité de Chiara soit destiné à se réaliser ?

Pensez-vous que si je n’y croyais pas j’aurais donné ma vie au Mouvement ? Nous croyons qu’il se réalisera parce qu’il coïncide avec la prière que Jésus a adressée à son Père : Que tous soient Un. Et nous ne pouvons pas penser qu’une prière du Fils de Dieu ne puisse pas se réaliser. Certes, nous ne savons pas comment, ni quand, mais nous donnons notre vie pour qu’elle se réalise. Nous voulons qu’elle advienne et nous faisons les petits pas qu’aujourd’hui nous pouvons accomplir pour accélérer la venue du moment de sa réalisation complète.

Que signifie “être famille” selon le testament de Chiara?

A l’occasion de ma première élection j’ai dit que mon désir était que le Focolare privilégie les relations humaines. Je crois qu’au fond c’est ce que nous avons essayé de faire, même si l’on est toujours tenté par l’individualisme. Bâtir ces liens avec les personnes du Mouvement signifie s’intéresser vraiment aux autres et avoir un amour capable de comprendre, de pardonner, d’accueillir, d’aider quand cela est nécessaire : tout ce que l’on fait au sein d’une famille. Une vie de famille donc, mais intègre, parce que tissée de relations vraies, authentiques. […]

Les mouvements, quel rôle ont-ils aujourd’hui dans l’Eglise ?

Un double rôle: d’un côté les mouvements sont porteurs de charismes, dons de l’Esprit Saint pour l’Eglise et l’humanité. Ils ont donc une influence sur toute l’Eglise, parce qu’ils sont mis à la disposition de tous pour la construction du corps ecclésial. […] Il y a aussi, dans le cadre de chaque mouvement, un appel à une vie évangélique plus radicale.

Il y a le désir d’un engagement plus grand, d’une ouverture au monde qui nous entoure. Ce sont les caractéristiques que les mouvements cherchent à vivre, mais que devraient vivre tous les chrétiens. […] Dans les associations, dans les mouvements on peut s’aider : on peut découvrir la valeur d’être l’un à côté de l’autre, pour se donner un coup de main, s’encourager, se soutenir et aussi se relever lorsqu’on est tombé. […]

Lors de votre dernière assemblée le Pape François vous a confié trois verbes: contempler, sortir, se former. Comment les mettez-vous en pratique ?

Le Pape François a cité une phrase de Chiara Lubich: voici le grand attrait des temps modernes, pénétrer dans la plus haute contemplation et rester au milieu des hommes, homme parmi les hommes. Chiara nous a toujours enseigné qu’il faut devenir Jésus. Contempler signifie donc être Jésus, devenir Jésus, en vivant l’Evangile dans tous ses aspects, en parvenant à découvrir ce que Jésus est en train de faire dans l’histoire, ce qu’il veut nous dire à travers chaque homme que nous rencontrons. […]

Quant à « sortir », c’est l’une de nos priorités. Nous l’avons particulièrement ressentie lorsque le Pape François l’a soulignée et nous avons éprouvé la joie d’être à l’unisson avec ce qu’il nous demande aujourd’hui. « Se former », nous semble-t-il, nous invite à être particulièrement attentifs à revisiter continuellement notre charisme : non pas pour le transformer, mais pour voir comment répondre aujourd’hui aux signes des temps, en accueillant les langages, les styles, les questions nouvelles que l’humanité impose. Nous faisons en sorte que tout cela soit nôtre pour exprimer le charisme de toujours en l’ajustant à notre époque.

Comme présidente, quelles priorités indiquez-vous pour l’avenir du Mouvement?

Ce n’est pas moi qui décide des priorités. Je dois accueillir celles qui sont exprimées par le Mouvement dans le monde entier. L’exigence qui est ressortie de la dernière assemblée est celle d’être très ouverts et de sortir vers les périphéries, qui ne sont pas seulement géographiques, mais qui sont partout où manque l’amour et où les divisions empêchent que se réalise l’esprit d’unité du charisme que Chiara nous a laissé. […] Cela implique une attention particulière envers les lieux où ces divisions se manifestent davantage. Nous pensons aux Pays où la différence entre classes sociales est énorme, à ceux où les différences religieuses deviennent des motifs de lutte, de guerre, de terrorisme. En regardant particulièrement ces pays, nous voulons dépenser notre énergie, nos talents et faire tout notre possible pour les aider. Sans toutefois oublier l’Europe qui a perdu son âme religieuse parce qu’elle s’est coupée de ses racines. Nous portons aussi de l’avant le dialogue avec la culture postmoderne, avec cette nuit qui semble envelopper la vie des hommes d’aujourd’hui.

De Nicola Gori, Osservatore Romano le 18 mars 2015

Pour lire l’intégralité de l’interview en italien :

https://www.focolare.org/press/files/2015/03/20150318LAmoreSpiegato_OR.pdf

 

 

Brésil: fécondité de la pensée de Chiara Lubich

Brésil: fécondité de la pensée de Chiara Lubich

IMG_6024_CuritibaSamedi 14 mars. Le « Salão dos Atos » immergé dans le vert du Parc Barigui de Curitiba, était rempli de monde, des députés fédéraux, des membres du gouvernement, syndicats, employés, fonctionnaires publics, jeunes et académiciens venus d’Amazonie, du Nord-est, de Brasilia et autres villes du Brésil.

Dans cette salle ont résonné des paroles insolites : la politique présentée comme « l’amour des amours » qui permet aux administrateurs publics de faire des projets capables de répondre aux exigences de la communauté et aux citoyens de réaliser leurs propres aspirations ». Une phrase a été évoquée « Le pouvoir confère la force, mais c’est l’amour qui donne autorité ». Plusieurs fois le mot « fraternité » a été répété, non seulement en tant que principe éthique de la politique, mais comme « sa substance ». Ce sont les points centraux de la pensée de Chiara Lubich, que Maria Voce, présidente des Focolari, a cité dans son message et qui ont été approfondis dans les diverses interventions.

Cette vision de la politique que Chiara elle-même avait proposée, il y a quelques années, dans les parlements de différents pays, est apparue aujourd’hui comme une lumière dans le tunnel de la crise que traverse le Brésil. Elle a réveillé de nouvelles espérances, parce que de nombreuses personnes en ont été les témoins et en ont montré les réalisations, non seulement au Brésil mais aussi dans d’autres pays. Un panorama fait de nouveautés, a été présenté dans une vidéo-documentaire au début de l’événement organisé par le Mouvement Politique pour l’Unité (MPPU) expression des Focolari, pour le 7ième anniversaire de sa mort.

La rencontre a eu lieu en même temps que deux manifestations populaires de sens opposé et beaucoup des interventions ont mis en évidence la crise politique, économique et éthique, en soulignant le manque croissant de confiance dans les institutions. « Nous sommes ici comme des médiateurs, appelés à changer cette situation par le dialogue et la fraternité », a dit Sergio Previdi, président national du MPPU.

IMG_2873_Curitiba« C’est un grand défi. La démocratie n’est pas seulement un fait technique, elle a besoin d’une âme. Nous devons repenser la politique pour pouvoir la ré humaniser », a affirmé Gustavo Fruet, maire de Curitiba. Puis il a cité la culture politique innovante exprimée par Chiara, dont le programme 2010-2030 a été tiré pour faire de Curitiba « une ville de l’innovation globale », qui est déjà reconnue comme modèle de planification substantielle et comme « ville de la fraternité ».

Nombreuses interventions de députés et adeptes de différents partis qui essaient, non sans difficultés, de mettre en pratique une politique à contre-courant ont témoigné combien ils puisent dans MPPU « une nouvelle force et un nouvel engagement ».

“Fraternité veut dire mettre en pratique une stratégie d’unité, chercher le dialogue entre la majorité et l’opposition, entre les institutions et la société, dans la commune recherche du bien commun », a affirmé le maire de Sorocaba, Antonio Carlo Pannunzio.

Julio Carneiro du MPPU Brésil, a mentionné la cité-pilote fondée par Chiara Lubich (aujourd’hui plus d’une vingtaine) comme échantillon-modèle de ville, pour témoigner de l’impact de la fraternité dans la cohabitation civile.

« Une nouvelle culture politique demande des hommes nouveaux », a affirmé le professeur Marconi Aurélio Silva, mettant en évidence l’urgence de la formation des jeunes à la citoyenneté active, basée sur la fraternité : « Puisque nous sommes par nature des êtres en relation et non pas des individus isolés ». Il a parlé des nombreux fruits de l’école Civitas dans beaucoup d’Etats du Brésil et du monde.

Pour en savoir plus : www.mppu.org.br – www.focolares.org.br

 

 

 

 

 

De la Corée à la Mongolie

De la Corée à la Mongolie

Mongolia_chiesa-aDepuis Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, jusqu’à Daejeon en Corée du Sud, il y a plus de dix heures d’avion. Pourtant, ces deux villes font partie du même diocèse. Exception faite de la capitale, la densité de la population en Mongolie est de deux habitants par km2. Les chrétiens représentent le 2% de la population, sur un territoire à la tradition bouddhiste millénaire (53%) et à l’athéisme important (29%).

L’Église locale, réfléchissant au moyen de prendre soin de ces chrétiens minoritaires, a demandé de l’aide aux Familles Nouvelles du Mouvement des Focolari. Quelques familles coréennes se mettent à disposition pour apporter, avec l’annonce de l’Évangile, le témoignage de la spiritualité de l’unité vécue en famille. Dans les paroisses d’Oulan-Bator, se trouent un centre social qui accueille des enfants et des jeunes après l’école, une ferme communautaire et une clinique gratuite. C’est ici que se déroule principalement la “mission” des Focolari. Voyons en quoi cela consiste.

Depuis la Corée, deux ou trois couples à chaque fois se rendent régulièrement en Mongolie pour visiter les paroisses et rencontrer les familles. Les thèmes concernent principalement la famille, avec des références à l’Évangile appliqué à la vie quotidienne, qui aussi devient source de changement pour la vie de couple et de famille. Parfois ils rencontrent aussi les jeunes.

Une fois, nous avons apporté des médicaments“, raconte Cedam. “La joie de la sœur, lorsque nous lui avons donné le paquet, était indicible: c’étaient justement ceux dont elle avait besoin, car elle n’en avait plus. En Mongolie, pendant presque la moitié de l’année, c’est l’hiver. Pendant des mois, la température atteint -40°C, c’est pourquoi il est difficile, en admettant qu’ils en aient les moyens, de sortir de la maison pour se procurer le nécessaire. Lorsque la date du départ pour la Mongolie approche, les autres familles en Corée se mobilisent pour rassembler les choses utiles à apporter. Une fois, nous avions pensé apporter des ballons de football et de basket, pour que les jeunes puissent jouer dans la grande plaine. Mais il fallait les acheter et, ensuite, il y avait le problème de la place dans l’avion… Une famille avait mis une tirelire dans son magasin pour les familles mongoles. Ainsi, en plus des ballons, nous avons aussi pu acheter l’appareil pour les gonfler.”

L’évêque est notre chauffeur – poursuit Andrea. Il nous accueille à l’évêché, nous accompagne dans les paroisses et nous encourage à transmettre généreusement nos expériences en tant que familles chrétiennes. Et nous voyons que les familles ont vraiment soif de les entendre. Lorsque nous y retournons la fois suivante, ils nous accueillent avec une affection toujours plus grande. Eux aussi veulent raconter comment ils ont vécu l’Évangile. Dans une homélie, avec la présence de sœurs de différentes congrégations, l’évêque a dit que nous avons été invités par Dieu nous aussi comme missionnaires et, nommant chacun de nous, il nous a appelé: my friends. Lorsque nous quittons la Mongolie, nous sentons à chaque fois que nous laissons là aussi nos cœurs. Parce qu’à chaque fois, nous répétons avec eux l’expérience des premières communautés chrétiennes.”

Pâques orthodoxe

Maria Orsola: « Vive la vie »

MariaOrsola_aLa course vers le Ciel d’une jeune fille de 1968, dont la cause de béatification est en cours, qui a trouvé le secret du bonheur. Seize ans. De course. À perdre haleine. Destination : Paradis. Maria Orsola Bussone est une jeune fille piémontaise qui aime la musique beat, s’intéresse aux premières manifestations estudiantines de 1968, joue de la guitare et prend des cours de chant. Une adolescente comme les autres, pourrait-on dire, amoureuse de la nature, du sport et de la musique. Elle a quelques amourettes, consigne ses pensées dans son journal intime, a beaucoup d’amis et écrit des lettres aux plus proches d’entre eux. Elle est la fille simple d’un petit monde ancien qui semble sur le point d’être emporté par les vents de la modernité. Mais sa vie, apparemment sans sursauts, cache au contraire une âme extraordinaire. Une foi sincère et cristalline. Avec d’autres amies, poussée par une spiritualité qui lui donne une longueur d’avance et intégrée dans une paroisse qui met à profit les directives du Concile Vatican II, « Mariolina » passe la quatrième et, en peu de temps, franchit rapidement toutes les étapes. En 1968, sur invitation du prêtre don Vincenzo Chiarle, elle participe à l’un des premiers congrès gen, la génération nouvelle du Mouvement des Focolari. Là, Chiara Lubich présente à ces jeunes de 1968 un autre modèle révolutionnaire : celui d’un homme juste qui s’est immolé pour la liberté des autres. Lui aussi avait un programme : « Que tous soient un ». Maria Orsola est fascinée et ce choix illumine toute sa vie. À seize ans, sa course vers le Ciel s’arrête à cause d’un banal accident. Mais, derrière elle, elle laisse un sillon de lumière. Un jour, elle avait révélé qu’elle aurait donné sa vie pour faire découvrir la beauté de Dieu aux jeunes. « Et Dieu l’a prise au mot », dit le pape Jean-Paul II à des milliers de jeunes du même âge qu’elle, à Turin, en 1988, la désignant comme « un exemple lumineux de l’acceptation de sa propre vie comme un don reçu et non comme une possession égoïste ». « Vive la vie » était sa devise. MariaOrsola_cappellaEn 2007 a été publiée sa biographie, écrite par Gianni Bianco et publiée aux éditions San Paolo : « Vive la vie ». La course vers le Ciel d’une jeune fille de 1968. (“Evviva la vita”. La corsa verso il Cielo di una ragazza del ’68”.) « Elle m’a tout de suite semblée une adolescente terriblement actuelle – écrit l’auteur – qui a beaucoup à dire aux jeunes d’aujourd’hui et qui, en certains aspects, a anticipé les grandes idéalités de la génération d’aujourd’hui, celle de l’engagement écologiste et du service civil volontaire. De plus, j’aimais pouvoir suivre de près l’histoire de cette jeune fille simple, qui, de la perspective de Turin, où le 1968 italien est né, observait un monde en changement tant rapide qu’orageux. J’étais surtout poussé par la possibilité de pouvoir raconter son histoire, avec un langage frais et – je l’espère – touchant, aux jeunes d’aujourd’hui, aux adolescents, accusés trop souvent d’avoir perdu toute valeur, et qui maintenant la regardent comme un modèle. »

Moyen-Orient : la force de l’amour contre le terrorisme

Moyen-Orient : la force de l’amour contre le terrorisme

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Lara Abou Moussa et George Zahm

« Nous sommes deux jeunes libanais et sommes reconnaissants pour l’opportunité qui nous a été donnée aujourd’hui de pouvoir parler devant cette assemblée si spéciale appelée à accueillir les attentes et les problèmes du peuple pour les transformer en lois au service de l’homme ». C’est ainsi que commence l’histoire de Lara Abou Moussa et George Zahm, parmi les 400 jeunes présents le 12 mars à la Chambre des députés italienne, pour se souvenir de Chiara Lubich. Elle, 25 ans, diplômée en biochimie et employée dans un studio pour le contrôle de la qualité de la nourriture, lui, 22 ans, étudiant en marketing et publicité. « Comme vous le savez, ; le Moyen-Orient vit une des pages les plus sanglantes de l’histoire de l’humanité. Face à une telle horreur, l’exemple extraordinaire de personnes condamnées à mort qui refusent de renier leur religion, qui prient pour leurs persécuteurs et qui pardonnent ces massacres avant leur mort, comme cela s’est passé pour les vingt et un coptes morts en Libye au cours des événements de février dernier nous interpelle profondément, aussi bien pour les chrétiens et les musulmans qui vivent dans ces Pays, et cela nous rappelle la grandeur de l’amour, du pardon, qui un jour changeront la face du monde. Plusieurs exemples de la Syrie nous ont à nouveau confirmé que l’amour vainc tout également là où cela semble impossible. C’est le cas d’une famille syrienne qui a perdu deux de ses enfants, de 3 et de 9 ans. Alors qu’ils jouaient sur le balcon, un missile a touché leurs pauvres corps juste au moment où ils étaient contents de pouvoir finalement jouer en plein air profitant ainsi d’un soi-disant cessé-le-feu. Face au drame et à la douleur des parents, l’amour présent dans la communauté des Focolari et le partage de cette souffrance dans le quotidien tentent d’assainir cette profonde plaie et de redonner sens à leur existence. Un autre fait dramatique est arrivé à une famille en attente d’un enfant. Le papa avec son frère, s’étaient proposés comme volontaires pour assurer la sécurité de leur quartier. Les groupes armés, mécontents de leur présence, les ont enlevés pendant deux mois avant de les rendre à leurs familles, morts, découpés en morceaux. Là encore, l’amour de la communauté chrétienne autour de ces familles a pu offrir un peu de consolation. Ces mêmes personnes disent que la force de l’amour les aide à accepter cette souffrance tellement tragique et à surmonter leur drame, peu à peu. Un de nos amis qui voulait nous rejoindre a été arrêté à la frontière et s’est retrouvé par erreur dans l’obscurité de la prison. Ayant comme unique arme la prière et la confiance en Dieu, il a décidé de mettre son problème de côté afin d’offrir aux autres prisonniers, un sourire, une écoute, un conseil et aussi le peu d’aliments qu’il possédait. Il voulait témoigner de l’amour de Dieu dans cet endroit si obscur. Face à son attitude surprenante les autres prisonniers se sont mis à leur tour dans cette disposition d’aide réciproque. Quelques jours après, on l’a sorti de prison. Dans différents lieux, spécialement en Jordanie, on n’hésite pas à accueillir aussi dans les propres maisons et avec le peu de moyens existants, les familles irakiennes réfugiées, que nous découvrons être nos frères et sœurs. Nous partageons avec eux la faim, la honte, l’humiliation, la perte d’êtres chers et nous nous enrichissons des trésors enfouis derrière les souffrances. Les paroles de Jésus reportées dans l’Évangile nous interpellent : ”…J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m ‘avez donné à boire, j’étais étranger et vous m’avez accueilli dans votre maison, j’étais nu et vous m’avez donné des vêtements, j’étais malade et en prison et vous êtes venus me visiter !”. Avec beaucoup d’amis, nous expérimentons et croyons fermement que la violence n’aura pas le dernier mot. Si elle est capable de détruire, elle ne pourra jamais mettre fin à l’homme et à la force de l’amour qui habite en lui. Face à la haine, comme le dit Chiara Lubich, un acte d’amour est capable d’arrêter la main d’un terroriste ».

Chiara Lubich: comment suivre Jésus?

Chiara Lubich: comment suivre Jésus?

ChiaraLubich_GA«Très chers Gen,

Peut-être souhaiteriez-vous connaître une parole qui en vaut la peine : une parole qui exprime tout, qui résume la vérité, qui peut vous fournir une recette pour la vraie vie.

C’est ce sur quoi je médite ces jours-ci.

Eh bien, Gen, je suis arrivée à la conviction qu’il n’existe pas de chemin plus sûr, pour parvenir à la vie parfaite, que celui de la souffrance que l’on étreint avec amour.

C’est ce qu’ont pensé les Saints, tout au long des siècles.

Chacun d’eux a voulu suivre Jésus, et Lui, il a parlé clairement : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive ». (Marc 8, 34)

«…Qu’il prenne sa croix ».

Pour Le suivre, Lui qui est Parfait, chacun n’a d’autre moyen que celui d’accueillir dans son cœur sa propre croix et ses propres souffrances.

Nous en avons tous. Eh bien ! Levons-nous le matin avec un cœur transformé. Nous le savons bien, nous voudrions tous éloigner la souffrance, la mettre de côté, l’oublier. L’être humain est ainsi fait. Mais pas le chrétien. Étant disciple de Jésus, il sait reconnaître que la souffrance est précieuse, qu’il lui faut l’accepter, comme l’a fait Jésus avec sa croix, et il l’étreint avec tout l’élan de son cœur.

Qu’en résultera-t-il ? Quel en sera le fruit ?

Toutes les vertus apparaîtront : la patience, la pureté, la douceur, la pauvreté, la tempérance etc.

Et avec toutes les vertus, la perfection et la vraie vie.

Vous êtes d’accord ?

Chaque personne qui veut atteindre un but, doit se soumettre à des entraînements, des sacrifices, des efforts.

Notre objectif est Jésus.

Pour Le suivre il nous faut découvrir la valeur de la souffrance et l’aimer.

Ciao Gen, tous mes souhaits pour que vous sachiez être dignes de Lui».

Chiara Lubich

(extrait de l’éditorial de “Gen”, octobre – novembre 1979)

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Mumbai: tout petits artistes en musical

Mumbai: tout petits artistes en musical

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6 semaines de préparation, 34 acteurs sur scène, et 250 spectateurs. 36 mille roupies récoltées, l’équivalent d’environ 500 euros, pas si mal si l’on pense que la somme permettra à plus ou moins 10 enfants de la ville de participer au programme de 5 jours qui se déroulera à Mumbai.

Le mouvement des Focolari est présent en Inde depuis 1980. Aujourd’hui des centres sont ouverts à Mumbai, Bangalore, Goa et New Delhi avec leurs activités propres : mariapoli, rencontres mensuelles pour adultes, familles et jeunes. Dans différentes villes – Vasai, Pune, Panjim, Margao, Vasco, Trichy – des groupes de personnes s’activent autour de l’esprit des Focolari.

Cette année, un grand but se dessine à l’horizon : la Semaine Monde Uni (SMU), rendez-vous annuel des Jeunes pour un Monde Uni qui a comme objectif de rendre visibles les nombreux pas réalisés sur le chemin vers la fraternité dans les différentes parties du monde.

La SMU 2015 passe par l’Inde. Comme l’année dernière en Afrique, autour du concept de Ubuntu, cette fois-ci c’est le subcontinent berceau d’une énorme variété ethnique et religieuse qui accueillera l’événement central de la semaine à Mumbai, du 27 avril au 1er mai, et la conclusion à Coimbatore, dans le Tamil Nadu (sud de l’Inde), le 4 mai.

Coimbatore avait déjà accueilli en 2009 le “Super congrès Gen 3”, avec des adolescents du monde entier et la collaboration du mouvement gandhien Shanti Ashram.

On peut imaginer le travail énorme de préparation des moindres détails. Cette fois-ci toute la communauté des Focolari sur place a décidé de se retrousser les manches et de soutenir les jeunes dans cette initiative.

Une première réalisation justement a été le musical « le ruisseau dans la forêt », représenté le 22 février dernier. Une histoire écrite à partir du message d’unité que les Gen4 (les enfants du mouvement des Focolari) transmettent aussi dans leurs chansons. Des heures de répétitions, avec l’enthousiasme et l’engagement des enfants, et quelques inconvénients : la veille du musical deux d’entre eux tombent malade avec une forte fièvre et les auteurs ont dû changer le texte !

“Mes enfants sont super contents ! – explique une maman – ils ont rencontré de nouveaux amis et me disent qu’ils ont déjà la nostalgie des répétitions. Ça leur manque plus que les amis d’école parce que, me disent-ils, nous avions tellement de joie à nous retrouver, si différente de celle quand nous rencontrons les copains de classe ».

« Même si les enfants ont des talents, pour chanter ou pour danser – raconte une maman – il est beau de voir ces talents utilisés pour une activité aussi belle, avec des valeurs ».

भारत की ओर से आप सभी को बधाई (Bharat ki ora se aap sabhi ko badhai)

À tous une grande salutation de l’Inde !

Maroc, journal de bord

Maroc, journal de bord

MoroccoLa “Règle d’or” « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse à toi-même » « Mt VII,12), que propose l’Evangile, est présente aussi dans l’Islam et dans les autres religions. Lorsqu’elle est mise à la base de chaque relation, elle engendre – comme cela s’est produit sur ces terres – un amour qui suscite un fécond « dialogue de la vie » avec chaque personne que l’on rencontre. Un dialogue tissé de petits gestes, d’attention à l’autre, de respect, d’écoute. C’est cet amour concret du prochain qui a permis que naisse au Maroc quelques communautés focolari, où l’amour et le respect l’emportent sur les différences de culture, de tradition et de religion. Voici quelques extraits du Journal de bord écrit par Claude, accompagné de Ivano, en visite auprès de ces communautés, fin janvier et début février dernier.Février 2015

“Nous sommes à Fez, ville impériale, très fière de sa tradition hautement spirituelle. De nombreux étudiants subsahariens viennent y faire leurs études supérieures. Ils fréquentent volontiers la paroisse francophone et son curé, le Père Matteo, qui m’a demandé de faire la catéchèse sur les sacrements à une vingtaine d’entre eux, l’occasion de vivre ensemble un échange profond et convivial.

Le groupe Parole de Vie (focolari) de la paroisse a réuni une trentaine d’étudiants en médecine, chimie, informatique, y compris les cinq venus de Rabat. Ensuite dîner chez les Petites Sœurs de Jésus qui vivent en plein cœur de la médina : Lucile raconte son expérience à l’hôpital.

20150316-04Arrivée à Tanger pour rencontrer le petit groupe d’une quinzaine de personnes, musulmans et chrétiens, qui vivent la spiritualité de l’unité.

Soirée avec un couple qui nous considère désormais plus proches que leurs frères de sang. Lui a été affecté par son travail cette année loin de sa femme, à 24h de route, mais cet éloignement a été finalement bénéfique car ils ont découvert le positif l’un de l’autre.

Amaury m’appelle pour voir le bureau où il donne des cours d’informatique à trois jeunes migrants…

Déjeuner chez Mohamed, sa femme souhaite approfondir la spiritualité de l’unité. Elle raconte son expérience avec le gardien de l’immeuble où elle travaille qui ne la saluait plus : il voulait qu’elle lui rapporte de l’huile de sa patronne espagnole quand elle n’était pas là. Refus de sa part, car l’huile ne lui appartient pas. Mais peu après elle reçoit un litre d’huile d’olive de sa mère, le « mot du jour » invite à partager : elle lui apporte la bouteille en lui expliquant que cette huile est à elle et qu’elle peut donc en faire ce qu’elle veut. L’homme n’en revient pas et se confond en excuses. La réconciliation est faite.

Fawzia nous rejoint : elle a fondé une petite école dans un quartier pauvre de la périphérie. Elle raconte que l’épicier d’à côté se met devant l’entrée pour dire aux mamans d’inscrire leurs enfants dans une autre école qui vient d’ouvrir, alors que l’an dernier elle avait accueilli son fils. Elle ne lui en veut pas : un jour elle lui demande ce qu’il avait contre elle, mais pas de réponse. Elle a su qu’il agissait ainsi parce qu’il avait obtenu deux places pour ses enfants dans cette nouvelle école, dont une gratuite, à condition de ramener les enfants qui voudraient s’inscrire chez Fawzia.

Fawzia est toute contente des fruits de son travail : ce premier semestre, ses élèves de l’an passé, qui ont rejoint l’école primaire publique du quartier, comptent tous parmi les meilleurs. On l’accompagne au garage de son mari associé avec le propriétaire du local, tout content de nous le montrer. Puis on rencontre son frère qui vient d’avoir une voiture d’occasion, mais il doit remplacer le pare-brise : il a voulu aider une femme âgée en prenant ses sacs du marché. Au retour il la retrouve sur la route en train de lancer une pierre pour éloigner un chien, mais celle-ci vient casser le pare-brise de sa voiture. La vieille dame est désolée et veut lui donner le peu d’argent qui lui reste, mais il lui pardonne et lui dit qu’il trouvera un moyen pour le remplacer.

Soirée rencontre avec des familles …. Avant de se quitter Ahmed nous invite à rester dormir chez lui. On accepte, Ahmed est très content. On passe la soirée avec sa famille, il va chercher un tagine viande.

20150316-03Dimanche après-midi, rencontre détente chez Fawzia avec toute sa famille. Promenade autour de la maison, projection de quelques photos des amis d’Algérie. Fawzia nous raconte que sa grand-mère accueille tout le monde chez elle. Même si elle n’a pas grand-chose, elle partage tout. Elle reçoit aussi beaucoup de cadeaux. Ses propres enfants ne viennent presque pas la voir à cause de leur père qui a perdu la tête, mais elle prend un jour par trimestre pour leur rendre visite malgré l’avis contraire de ses voisins. Elle dit qu’elle fait tout pour Dieu et pour elle-même.

Visite à l’école de Fawzia. Le quartier grouille d’enfants qui jouent dans des rues boueuses et chaotiques. Les maisons y poussent comme des champignons. Toute joyeuse elle raconte que deux enfants lui demandent de s’inscrire à son école qui a très bonne réputation dans le quartier. Six jours après, trois autres nouvelles inscriptions !

Retour par Casablanca. Soirée avec Susana, Mohammed et Nadedj. Demain je rentre en Algérie et Ivan rejoindra l’Italie, tous deux enrichis de la rencontre avec ces personnes qui s’engagent à vivre au quotidien pour un monde plus uni”.

Philippines : la prophétie de la S.O.R.

Philippines : la prophétie de la S.O.R.

SOR 4SOR pour School for Oriental Religions ( Ecole pour les religions orientales). Cela a été une des idées typiques de l’aspect génial du charisme de Chiara Lubich », écrit sur son blog, Roberto Catalano, co-responsable du Centre pour le dialogue interreligieux du Mouvement des Focolari.

Arrivée presque au terme de son voyage en Asie en janvier 1982, la fondatrice du Mouvement des Focolari lança une idée qui paraissait être presque un rêve. Il s’agissait de commencer , dans la citadelle des Philippines, Tagaytay, point de référence pour les Focolari en Asie, des cours de formation qui permettent aux catholiques de s’ouvrir, préparés d’une façon adéquate, au dialogue avec des fidèles d’autres religions. Chiara Lubich arrivait du Japon où elle avait eu l’occasion, sur invitation du rev. Nikkyo Niwano, fondateur de la Rissho- Kosei-kai, mouvement de renouvellement bouddhiste japonais, de parler de son expérience chrétienne à des milliers de bouddhistes. L’impact avait été fort, non seulement pour les bouddhistes qui écoutaient une femme catholique qui parlait dans le Temple Sacré en face de la grande statue de Bouddha, mais pour Chiara elle-même. A l’arrivée dans les Philippines, pays chrétien de l’Asie, elle avait eu l’intuition de la nécessité de lancer le Mouvement des Focolari, particulièrement celui de ce continent, à dialoguer avec les bouddhistes, les musulmans et les hindous. Mais elle avait aussi cueilli la nécessité de se préparer d’une manière adéquate pour une tâche engageante qui ne devait pas aller au détriment des identités religieuses de chacun. Après avoir communiqué son rêve à quelques-uns des responsables du Mouvement, une personne avait offert une maison qui pouvait accueillir des professeurs et de brefs cours.

20150315-01C’est ainsi qu’est née la S.O.R. qui, au cours de ces trois décennies, a proposé des week-end de formation à des chrétiens de l’Asie à propos de sujets qui concernent les différentes religions. A partir de 2009, ensuite, avec la diffusion de tensions religieuses et du fondamentalisme, on a pensé affronter des thèmes spécifiques, transversaux : Dieu dans les traditions asiatiques, le commandement de l’amour, le rôle des Écritures Saintes, et cette année, la place et la signification de la souffrance.

Du 26 février au 1er mars, la Citadelle Pace (Tagaytay) a accueilli ainsi environ 300 personnes provenant pour la plus grande partie, des Philipines, mais aussi avec des délégations du Pakistan, de l’Inde, Myanmar, Thaïlande, Vietnam, Hong Kong, Taïwan, Indonésie, Japon et Corée. Ils sont presque tous catholiques, mais trois bouddhistes, membres actifs des Focolari, ont voulu être présents, venant du Japon et de la Thaïlande. Le sujet : Le sens de la souffrance dans les religions asiatiques : hindouisme, bouddhisme, islam, christianisme. L’objectif : mettre en évidence la valeur et la signification que les traditions respectives donnent à la douleur en général, celle physique, comme celle spirituelle et psychique ou celle provoquée par des désastres naturels.

 

Les présentateurs étaient experts des différents secteurs, trois évêques aussi étaient présents (Roberto Mallari, de S. José Nueva Ecija dans les Philippines, Brenan Leahy, de Limerick en Irlande et Felix Anthony Machado de Vasai en Inde) et un professeur américain expert en bouddhisme ( Donald Michell de la Purdue University) relié via skype. L’école a ensuite offert l’occasion de partager des expériences de dialogue dans des pays où les chrétiens sont une petite minorité, comme en Inde, en Thaïlande, au Japon, ou à Taïwan.

 

« Ils sont venus pour apprendre à dialoguer avec les autres religions, mais ce qu’ils ont découvert a été le christianisme dans sa dimension la plus profonde et en même temps, ouvert à tous ceux qui se rencontrent, peu importe à quelle foi ils appartiennent » conclut Catalano. Chiara a compris la nécessité de former les chrétiens au dialogue dans un continent qui vit dans un kaléidoscope de fois. Un dialogue qui ne relativise pas ni n’aplatit, où chacun doit être lui-même et, en rencontrant l’autre, doit redécouvrir ses propres racines.

 

 

Chiara Lubich et l’Amérique Latine: politique, identité et projet

Chiara Lubich et l’Amérique Latine: politique, identité et projet

Margarita-Stolbizer

Margarita Stolbizer

L’Amérique Latine est faite d’unité et de diversité et ce qui la rend forte, c’est son parcours vers l’intégration. Cet objectif, qui n’est sans doute pas encore atteint, repose sur une unité de sentiments, d’émotions, de liens fraternels, relevant tous d’une histoire commune.

C’est la vision prophétique dont Chiara Lubich a eu l’intuition pour cette région du monde et c’est vers elle que nous nous acheminons tant bien que mal.

En Amérique Latine les démocraties, même si elles se sont peu à peu consolidées grâce à des processus de démocratisation post-dictatoriaux et d’intégration régionale, n’ont pas suivi, pour ce qui est de la qualité, une courbe de progression linéaire. L’Amérique Latine doit affronter un avenir incertain et complexe. La croissance économique des dernières années n’est pas parvenue à éradiquer complètement la pauvreté, ni à résoudre les problèmes d’inégalité sociale et d’insécurité.

Et c’est ici que vient en évidence le lien étroit qui existe entre la politique et l’idée de fraternité. L’idée de fraternité, dont Chiara Lubich a particulièrement témoigné et qu’elle a enseignée, est en rapport avec deux éléments essentiels de la politique. Le premier est l’idée d’une politique conçue comme un projet collectif de l’Amérique Latine qui aille au-delà de nos individualités, qui implique une démarche de communion, un acte de fraternité, parce que fondé sur la reconnaissance de l’autre, sur le respect de la diversité. Le dialogue est l’outil principal pour faire avancer un tel projet.

Le second élément est la perspective à moyen terme. L’idée de travailler à des actions dont on ne verra peut-être jamais les fruits est la plus noble attitude qui témoigne de la grandeur de la politique.

ChristinaCalvo

Cristina Calvo

Chiara Lubich a fait naître, non seulement en Amérique Latine mais dans le monde entier, de nombreuses initiatives dans quatre domaines : L’Etat, les organismes sociaux, le secteur privé et celui de la connaissance.

L’accès aux droits fondamentaux, à l’éducation et au travail, ont été et doivent à nouveau être les piliers de la construction d’une identité nationale.

Les institutions doivent être considérées non comme des monuments, mais comme des milieux où sont garantis les droits des personnes, où l’on rend opérationnel l’exercice de ces mêmes droits, afin qu’ils ne se réduisent pas à de belles déclarations de principe, mais puissent être réellement appliqués.

Chiara Lubich a aussi contribué à mettre en évidence la dimension éthique de la politique. L’éthique implique la transparence et elle est directement liée à l’idée de fraternité : elle permet de s’indigner autant de la corruption que de la pauvreté ou des inégalités.

Nous sommes certains que l’Amérique Latine, du point de vu politique, doit retrouver un modèle et un projet de développement économique productif basé sur l’intégration sociale, qui garantisse l’accès aux droits humains dans leur intégralité, qui promeuve et favorise des conditions de vie dignes.

Nous avons besoin de retrouver un leadership fiable, clairvoyant et exemplaire. Nous insistons particulièrement sur l’idée d’exemplarité qui ne se règle ni avec de l’argent, ni en achetant les consciences, mais au contraire par un choix de conduite. Une exemplarité qui ne peut être le fait des individus seulement, mais qui doit tout autant aussi se doter d’un leadership favorisant les dynamiques collectives et participatives.

Un projet de développement qui ne se donne pas comme priorité la résolution des problèmes des secteurs les plus vulnérables et les plus pauvres n’en n’est pas un.

Il faut aussi retrouver l’idée de fraternité comme valeur prioritaire au regard de la gestion du bien public. Il est impératif de retrouver une politique de convictions. Cela suppose d’accepter la diversité.

En Argentine et dans le reste de l’Amérique Latine nous avons besoin de retrouver confiance et tout particulièrement une culture des valeurs, des valeurs éthiques qui s’incarnent dans la pratique et dans la réflexion politique. Et nous rejoignons ici les principes et le témoignage de vie de Chiara Lubich dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire. Pour l’Amérique Latine, Chiara conjugue charisme, savoir, leadership, action et destinée des peuples. Une destinée et un engagement qui nous mobilisent.

Margarita Stolbizer (1) et Cristina Calvo (2)

(1) Avocate argentine, députée nationale, présidente du Parti Génération pour la Rencontre Nationale – GEN et candidate du centre-gauche à l’élection présidentielle 2015 de la République Argentine.

(2) Economiste argentine, dirige la parti Génération pour la Rencontre Nationale – GEN

L’Italie honore la mémoire de Chiara Lubich

L’Italie honore la mémoire de Chiara Lubich

20150312_pom_2220-03Existe-t-il “une politique qui en vaille la peine”, à un moment de l’histoire qui la voit en pleine crise, souvent identifiée à un pouvoir corrompu ou à des intérêts particuliers ?

La question a été abordée le 12 mars après-midi, dans le cadre de l’un des nombreux événements mondiaux à l’occasion du 7ème anniversaire du décès de Chiara Lubich (1920-2008). « Sa foi simple et courageuse – affirme dans son message Sergio Mattarella, Président de la République italienne – , unie à une extraordinaire capacité de lire la modernité et d’en accepter les défis, inspire la vie de milliers de personnes dans le monde entier, en exhortant constamment les institutions nationales et internationales à promouvoir les valeurs de fraternité et de respect réciproque, en faveur du dialogue dans la famille, dans la communauté, entre les peuples ».

20150312_pom_2378-04Pour la fondatrice du mouvement des Focolari s’engager en politique signifiait répondre à une vocation, « L’amour des amours », c’était sa définition de la politique. Répondre à cet appel « est avant tout un acte de fraternité : on agit pour le bien public, pour la collectivité, en désirant le bien de chacun comme si c’était le sien propre ». Pour atteindre ce but, a affirmé la présidente des Focolari, Maria Voce, à l’ouverture du congrès « Chiara Lubich : l’unité et la politique », « il est indispensable de partir précisément de l’unité qui seule peut donner à la liberté et à l’égalité leur juste valeur ».

Que signifie vivre la fraternité universelle dans un milieu aussi sensible? Iole Mucciconi, qui joue un rôle important auprès de la Présidence du Conseil des Ministres, témoigne : « Chaque matin il est important de s’engager à bien accomplir jusqu’au bout son propre travail ; j’ai toujours à l’esprit les conseils de Chiara Lubich pour vivre la 20150312_pom_2523-05fraternité : mener une vie honnête, bien se conduire sur le plan moral, être détaché de l’argent et partager les joies et les peines de nos frères ».

Le problème de la corruption qui, hélas, gangrène l’Etat, est aussi très ressenti par Raffaele Scamardì, assesseur aux travaux publics du XIIème arrondissement de Rome, à un moment où les magistrats et les forces de l’ordre cherchent à démanteler les réseaux des malversations qui ont pris au piège la capitale. « Malgré tout, dit-il, une politique orientée au bien des autres est possible : en réparant une route endommagée, en écoutant les citoyens et leur besoin de légalité, en travaillant avec une 20150312_pom_2498-06transparence qui tienne éloignée la corruption ».

Dieudonné Upira Sumguma confirme la chose, lui qui fut ministre de la Fonction Publique de la République Démocratique du Congo et qui s’est trouvé, lors de son mandat, à devoir refuser des pots de vin.

Les jeunes des Focolari au Parlement. Le matin, dans la salle des parlementaires, pleins feux, avec Lara et George, sur la tragédie des réfugiés syriens au Liban et en Jordanie: une intervention vraie, simple, directe et confiante, à l’image de leurs vingt ans. La guerre qui déchire la Syrie a toutes les caractéristiques d’un drame. Abraham, quant à lui, aborde le problème du narcotrafic qui sévit dans son Pays, le Mexique. Cette célébration du 7ème anniversaire de Chiara Lubich est largement marquée par l’engagement et des actions conduites par les jeunes des Focolari dans les pays les plus éprouvés. Pour eux ces actions ont une dimension politique. Ils se sont donné rendez-vous à plus de 300 à Rome, pour donner visibilité à des actions de dialogue, de solidarité, de paix qui vont d’un bout à l’autre de la planète. La Présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, interpellée sur le rôle de la politique pour résoudre les conflits et protéger les droits humains, les remercie pour avoir le courage de « raccourcir les distances entre les institutions et les citoyens » et leur demande « de ne pas céder à qui veut changer l’ADN de notre peuple fait d’accueil et de solidarité ». Elle encourage les jeunes à se mettre à « la disposition du bien commun avec générosité, pour influencer les décisions et les choix », à rendre service à leur Pays en ne s’aplatissant pas devant les oppositions et la logique de l’ennemi parce que « dans les valeurs de Chiara Lubich il y a une vision de la société qui relève du politique et invite à ne pas se mettre en dehors ».

Le dialogue se poursuit en abordant les blessures propres à notre époque: le rapport au monde musulman, la guerre et les épidémies africaines, les catastrophes naturelles du Sud-Est asiatique. Le politologue Pasquale Ferrara insiste en disant « que le dialogue n’est pas l’arme des faibles » et l’économiste Luigino Bruni rappelle, à propos des énormes inégalités sociales, que « le bonheur le plus important n’est pas le nôtre mais celui des autres et qu’il est donc utile de s’engager avec un esprit créatif pour résoudre les problèmes et se mettre ensemble pour réaliser des choses nouvelles ».

Le sens communautaire des projets mis en œuvre par les jeunes des Focolari et accompagnés par l’Observatoire de la Fraternité prévu par United world project explicite, selon Paolo Frizzi, la “perspective anthropologique et civile du charisme de l’unité capable de façonner une humanité nouvelle en mesure de partager des actions de vie à partir des différences et de construire des projets durables ayant pour horizon le monde”. En synthèse, « La fraternité en chemin », titre choisi pour cette manifestation, exige des pas concrets de la part des politiques et des citoyens.

Projet ”Baluchon permanent”

Projet ”Baluchon permanent”

20150313-02« Le Réseau ‘Baluchon Permanent’ veut être une initiative concrète et immédiate adressée à beaucoup de personnes en difficulté due à la situation de crise économique dans laquelle nous vivons ». C’est ainsi que commence le texte qui illustre le projet qui, depuis le mois de mai dernier a donné naissance à l’initiative.

Le terme baluchon, qui rappelle la récolte de peu et pauvres choses dans un foulard et qui est donc synonyme de pauvreté, a voulu signifier, pour Chiara Lubich et le premier noyau naissant des Focolari, au milieu des années ’40, le sens de partage, de dons et de redistribution de biens matériels. Une pratique est ainsi née, qui consiste à se priver librement du superflu et parfois de ce que l’on croit nécessaire, pour le partager et en faire don à celui qui en a besoin.

Ce sont celles-là les racines du baluchon qui a trouvé sa place auprès du Pôle Lionello Bonfanti, près de Loppiano qui est devenu un centre de rencontre entre celui qui a à partager des biens et celui qui en a besoin. « Environ 3000 personnes sont déjà passées par ici – racontent Roberta Menichetti et Araceli Bigoni, de l’équipe qui coordonne l’initiative – , surtout des familles qui habitent sur le territoire. Aujourd’hui, ce sont des milliers de vêtements, de meubles pour la maison, de livres, de petits ustensiles, de jeux, de services immatériels comme le temps, les talents, et la disponibilité qui sont arrivés et repartis avec les nouveaux propriétaires ».

20150313-01« Ce n’est pas par hasard que ce soit le pôle Lionello Bonfanti qui accueille l’initiative – continue Eva Gullo, présidente de l’EdC, société qui gère le Pôle – cet espace étant la ‘maison’ de tous les membres de l’Économie de Communion, celle-ci ayant parmi ses motivations, celle de diffuser la ‘culture du donner’, possibilité qui permet de contribuer au bien-être social à partir de soi-même ».

Les histoires de générosité nées à partir de cette initiative sont nombreuses. Comme celle de la famille logée dans les locaux paroissiaux d’une petite ville des environs qui, ayant reçu la possibilité de se transférer dans une petite habitation, a trouvé au ‘baluchon’ les meubles pour arranger sa maison. Le réseau d’amis a organisé aussi le transport et le montage des meubles pour un coût zéro.

Des voix comme ”providence” et ”confiance” sont des éléments irremplaçables de cette expérience : comme cette après-midi-là au cours de laquelle un petit lit de nouveau-né était à peine parti du ‘baluchon’, qu’une demande était arrivée pour le même genre d’article. Même pas une demi-heure après, un autre petit lit était arrivé !

Le projet baluchon a remporté le titre ”Entreprendre dans le social”, activé par la Fondation Catholique Assurances pour la section ”Nouvelles pauvretés” qui élargit les fonds à des organes qui s’occupent de projets d’aide à des personnes indigentes. Les fonds seront utilisés pour une organisation plus fonctionnelle des locaux.

A partir de cette pratique du partage et du don, sont nées des soirées d’approfondissement sur les thèmes comme la consommation, biens relationnels et confiance, avec des experts qualifiés, de plus, des parcours de formation, sur les styles économiques qui mettent au centre, l’homme et sa dignité. Et puis, à l’entrée du local, on y trouve la ‘boite aux contributions’ à disposition de celui qui veut laisser un euro ou l’autre en échange de ce qu’il a trouvé. Le contenu de la boite a permis de couvrir les dépenses de l’assurance des locaux et, parfois, les premières nécessités de quelqu’un.

Source : Loppiano online

Igino Giordani: du Parlement italien au monde

Igino Giordani: du Parlement italien au monde

48-3-1-09Giordani

Du Parlement italien (Montecitorio) au monde : le parcours d’Igino Giordani remonte vers la fin des années quarante, lorsqu’il est arrivé à une étape de sa vie un peu problématique. Le monde le reconnaît comme un grand intellectuel chrétien, un brillant connaisseur des Pères de l’Eglise, un écrivain apologète et cohérent, mais il sent qu’il vit un certain « ennui de l’âme ». Ce qui va réveiller sa foi et sa charité, c’est la rencontre avec Chiara Lubich, la fondatrice du mouvement des Focolari.
La rencontre entre les deux fut quelque chose d’extraordinaire et les circonstances spéciales où cela se passa le démontrent : Igino Giordani était marié, il avait 54 ans, quatre enfants déjà grands.
Chiara était une jeune fille qui avait à peu près la moitié de son âge et elle demandait une audience pour un besoin concret : trouver un appartement à Rome.
Giordani, déjà membre de l’Assemblée constituante, était aussi député de la Démocratie chrétienne. Il compte parmi l’un de ses premiers membres puisque dès les années vingt il travaille pour Parti Populaire, d’inspiration chrétienne, à peine fondé par un prêtre, Don Luigi Sturzo.
Chiara était une jeune laïque, et la rencontre advint bien avant le concile Vatican II. A l’époque il n’était pas fréquent qu’on reconnaisse aux demoiselles laïques un rôle quelconque dans l’Eglise.
Et pourtant, malgré ces différences considérables, la rencontre avec Chiara transforma Giordani qui désormais vivra et communiquera l’Idéal de l’unité dans le monde de la politique. Il prend position dans un parlement en proie à de très fortes luttes idéologiques. Le 16 mars 1949 le Pacte Atlantique est en jeu.
“ Je connaissais Chiara depuis quelques mois – ce sont les paroles de Giordani – lorsque s’éleva une discussion sur le Pacte Atlantique. Deux blocs étaient en train de se former : l’un se mettait derrière l’Amérique, les Etats Unis, l’autre derrière la Russie. Tous les ingrédients étaient réunis pour engager les préliminaires d’une nouvelle guerre, un massacre, la guerre définitive. Et un jour une discussion acharnée et des plus âpres s’est élevée à la Chambre ; je me souviens que nous étions tellement en colère ce soir-là que je craignais que l’un ou l’autre des députés ne sorte son révolver et tire, tellement la haine séparait les deux groupes.
J’avais demandé d’intervenir et voilà qu’avant de parler un député chrétien, catholique, vient s’asseoir à côté de moi : Pacati, le député Pacati. Il me dit : ‘Gardons Jésus au milieu de nous maintenant que tu parles’. Je prends la parole. Au début brouhaha, hurlements… petit à petit le silence se fait, à la fin la Chambre semble s’être transformée en église, c’était un silence parfait et j’exprimais les idées que nous apprenons dans notre mouvement, c’est-à-dire que la guerre ne sert à rien, que la guerre est la plus grande stupidité, que la guerre est au service de la mort ; nous ne voulons pas la mort, nous voulons la vie et la vie se trouve dans l’amour, dans la recherche d’un accord. (…)
Tous, nous devons réagir, de tous les coins du pays, de quelque parti ou croyance que nous soyons, parce qu’il s’agit vraiment de redécouvrir sous tant de larmes larmes, sous tant de des laideurs accumulées par la guerre et la boue, le visage de l’homme, dans lequel se reflète le visage de Dieu ».
Le greffier du parlement conclut le compte-rendu de la discussion en décrivant les applaudissements et les félicitations qui arrivèrent à Giordani des quatre coins de l’hémicycle.
Très rapidement se rassemblent autour d’Igino de nombreux parlementaires désireux de suivre l’idéal de l’unité. Rappelons seulement quelques noms : Gaetano Ambrico, Palmiro Foresi, Tarcisio Pacati, Enrico Roselli, Angelo Salizzoni e Tommaso Sorgi, celui qui deviendra le principal biographe de Giordani. Avec eux, Giordani entreprend des actions à contre-courant si l’on considère le climat qui règne à cette époque. Par exemple, en 1951, il travaille à « l’entente interparlementaire pour la défense de la paix », avec une quarantaine d’autres parlementaires venant du parti libéral, du parti républicain, socio-démocrate et chrétien-démocrate.
Toujours à contre-courant, en pleine « guerre froide », son esprit pacifique le mène en 1949 à soutenir avec un parlementaire socialiste, Calosso, la première loi sur l’objection de conscience proposée à la Chambre ! On imagine bien les difficultés que Giordani rencontra lorsque, en tant que rapporteur, il présenta la proposition à la Chambre ! Mais ses convictions étaient inébranlables : tuer l’homme, fait à l’image et ressemblance de Dieu, veut dire commettre un déicide.
“ Une nouvelle conscience civique naît – écrit Giordani – qui abat les divisions entre les partis, les factions ou courants et privilèges de caste, de race, de classe, et en se dilatant, dépasse les frontières nationales. L’impulsion communautaire suscitée par l’amour chrétien qui va jusqu’à y insérer Jésus, est un réveil religieux et social qui, s’il réussit, comme nous croyons, change l’histoire de l’humanité ».
Evidemment, proclamer aujourd’hui les idéaux d’amour et de communion en politique semble plus que jamais téméraire … mais du temps de Giordani cela l’était tout autant et même peut-être plus. Oui, Giordani vivait dans la prophétie ; et même s’il vivait de manière profondément engagée les défis de son temps, il ne s’y laissait pas piéger.
Sa solide prophétie résultait d’un Idéal immense, celui de l’unité, soutenu par une spiritualité moderne et fascinante, que Chiara Lubich a donnée au monde, et qu’Igino Giordani a vécue même en politique.
Alberto Lo Presti (Directeur du Centre Igino Giordani)

Brésil: périphéries violentes et puissance de l’amour.

Brésil: périphéries violentes et puissance de l’amour.

20150311-02” Hier un homme a été tué par treize coups de pistolet”. C’est ce que raconte la première personne qui ouvre sa porte à quelques jeunes qui se présentent à elle tout souriants en ce week-end du 20-22 février.

Nous sommes un quartier à risques de la banlieue de Juiz de Fora (Etat du Minas Gérais, Brésil). Après quelques heures passées avec elle, cette même personne dit à ces jeunes: “Si hier nous avons vécu la terreur, aujourd’hui nous éprouvons de l’amour ».

Ce sont des jeunes du Mouvement des Focolari, du Renouveau de l’Esprit, de Shalom et aussi des groupes de jeunes des paroisses, une centaine en tout. En un peu plus d’un an, ils ont visité dix villes et rencontré environ 5000 familles avec lesquelles ils partagent joies et douleurs, en leur annonçant avec courage que Dieu les aime immensément. La population se réjouit de leur présence: les prêtres sont peu nombreux et ne parviennent pas à rencontrer tous ceux qui en ont besoin.

“Tout commence au cours des Journées Mondiales de la Jeunesse de 2013, et la rencontre de millions de jeunes avec le pape à la plage de Copacabana – racontent les Gen de Minas Gérais – . Au cours de la dernière célébration une jeune de notre groupe ressent très fort dans son cœur le message central de ces journées: “Allez et faites de tous les peuples mes disciples”.

De retour dans leur ville, Juiz de Fora, Leticia – c’est son nom – partage ce qu’elle a ressenti aux autres Gen et ensemble ils décident que ce serait bien d’en parler avec leur archevêque, le Père Gil Antônio Moreira.

Leticia va donc le trouver, encouragée par ses amis. De son côté l’archevêque avait prié pour que les JMJ ne se limitent pas à une grande manifestation, mais pour que cette intense expérience spirituelle vécue collectivement par de nombreux jeunes venus du monde entier puisse se prolonger.

20150311-01C’est ainsi qu’est né le projet ” Jeunes Missionnaires du Continent”, nom proposé par l’archevêque lui-même, avec l’objectif que les jeunes se lancent à la rencontre des autres, pour vivre une Église qui ” va vers les autres, ensemble et préparée”, trois mots repris par que les trois principaux axes du projet: mission, prière, formation.

C’est très beau d’aller tous ensemble, jeunes des paroisses et des divers mouvements, mais comme des frères, – explique Vinicius – en respectant les différences de chacun dans la manière de prier et de parler dans l’intimité avec Dieu. Le dialogue que l’on établit aussi avec quelques familles d’autres religions est important”.”En arrivant chez les personnes (beaucoup nous ouvrent et nous font entrer) – ajoute Ana Paula – nous découvrons des « perles », comme le jour où nous avons rencontré une femme évangélique qui venait de perdre son mari quelques jours avant. Après qu’on soit restés ensemble elle a dit:” Je ne peux pas m’enfermer dans ma tristesse parce qu’il est avec le Père, au paradis.”

“Nous allons dans les banlieues des villes sans savoir ce qui nous attend – conclut Cristiano – mais en faisant confiance à Dieu; nous sentons qu’Il nous redit encore aujourd’hui “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés”. Aimer en particulier ceux qui en ont le plus besoin, même lorsque nous sommes fatigués ou que nous nous trompons. Nous pouvons toujours recommencer!”

Sr. Benedetta Carnovali

Sr. Benedetta Carnovali

OLYMPUS DIGITAL CAMERAEn Thaïlande sœur Benedetta, ou “Sister Bene” comme on aimait l’appeler, était connue de toute l’Eglise: prêtres, religieux et religieuses, évêques, laïcs, du nord au sud du Pays. Même quelques moines bouddhistes qui fréquentent le focolare la connaissaient bien. Benedetta était une femme qui se laissait approcher et connaître, sans crainte et avec délicatesse. Elle savait accueillir et on pouvait aller chez elle à n’importe quel moment : que ce soit pour un problème, important ou non, un besoin urgent, une chose belle à partager. Elle ne se scandalisait de rien, elle connaissait bien le cœur des hommes et des femmes et savait les aimer. Un évêque a dit une fois à son sujet qu’elle était « une sœur d’or et d’argent » à cause de tout l’argent qu’elle savait trouver pour les pauvres. En allant à l’extrême nord de la Thaïlande on ne pouvait pas ne pas passer chez elle et « bavarder un peu» comme elle disait. Elle se réjouissait de toutes les nouvelles du Mouvement qu’elle considérait comme « sa grande famille » et elle transmettait cette vie à de nombreuses autres personnes. Aussi était-il fréquent de rencontrer lors d’une des mariapolis d’été des personnes à qui elle avait parlé de la spiritualité de l’unité ou bien d’accueillir au focolare quelqu’un à qui Sister Bene en avait parlé. Bref, Benedetta était une vraie « mère spirituelle » qui a transmis la vie surnaturelle à de nombreuses personnes. Beaucoup étaient présentes à ses obsèques, parmi elles des évêques, des prêtres et la foule compacte du « peuple de Dieu » qui ont réussi l’exploit de tenir dans la petite église de Wien Pa Pao, juste à côté du couvent où elle habitait. 1966-08-CG-A-Suor-Benedetta-Birmania-4Sister Bene, Benedetta Carnovali selon l’Etat civil, née en 1925, a été une colonne pour le Mouvement: de nombreux membres de la communauté actuelle des focolari en Thaïlande ont été contactés par elle, y compris des bouddhistes. « Une vraie sœur et une vraie focolarina », comme l’a définie quelqu’un : une sœur « hors du commun », toujours en train de porter quelque chose à quelqu’un et en même temps toujours là, aimant personnellement la personne rencontrée. C’était une amie qui t’appelait pour te souhaiter ta fête, même si chaque année sa voix se faisait toujours plus frêle, mais non pas sa force intérieure. En l’approchant on n’avait jamais l’impression de la déranger : elle semblait n’attendre que toi et n’avoir rien d’autre à faire. Mais tel n’était pas le cas quand on pense, par exemple, à toutes les adoptions à distance qu’elle suivait personnellement, et cela jusqu’à ses derniers jours. Sister Bene a connu la spiritualité de l’unité par un religieux, en 1963, et à partir de ce moment elle a donné sa vie pour que de nombreuses personnes puissent connaître et commencer à vivre cette vie d’unité : d’abord à Myanmar où elle se trouvait alors, puis en Thaïlande, après l’expulsion de tous les religieux par le régime. Une fois en Thaïlande, elle a poursuivi et approfondi son amitié avec les focolari. Les rares fois où elle a eu l’occasion de pouvoir passer quelques jours avec nous, elle écoutait avec grand intérêt les discours de Chiara lubich. Comme tous ceux qui suivent réellement Dieu, sœur Benedetta a elle aussi vécu sa nuit, « sa tempête » en suivant Jésus et elle l’a affrontée en vraie disciple du Christ, avec une charité héroïque. Profondément unie à Vale Ronchetti, une des premières focolarine, elle est allée de l’avant, confrontée à de nombreuses incompréhensions : « Comment une sœur peut-elle faire partie d’un mouvement de laïcs ? » s’est-elle souvent entendu dire ; sans parler d’autres petites ou grandes persécutions, humainement absurdes. Et pourtant Dieu s’est certainement et mystérieusement servi aussi de ces épreuves pour rendre sœur Benedetta toujours davantage sœur et aussi toujours davantage « fille spirituelle de Chiara » (comme elle le disait souvent) : cette apôtre de l’unité n’a pas d’égal dans tout le Sud-est asiatique si l’on en juge par les fruits qu’elle a portés ! Elle nous laisse un héritage de douceur, de tendresse, et de grande force d’âme, d’amour et de service envers les plus démunis : par exemple les membres de la tribu Akha. Et aussi le sourire typique de ceux qui expérimentent qu’il est possible de transformer la douleur en Amour et en font leur raison de vivre. Sœur Benedetta s’est envolée au ciel à l’âge de 90 ans, après avoir écouté la chanson qu’elle aimait beaucoup : « Solo Grazie » (Seulement Merci). Elle est morte toute consumée, mais sereine, comme elle avait toujours vécu ; dans la paix parce que certaine que « ces bras » qui l’ont accueillie depuis sa petite enfance (elle n’a pas connu ses parents) et portée de l’avant dans sa vie religieuse, l’attendaient pour une dernière étreinte et pour la dernière partie du voyage : la plus importante. Ce fut donc une femme merveilleuse qui témoigne qu’aujourd’hui aussi la sainteté est possible. Luigi Butori

Chiara Lubich: Politics for Unity

Chiara Lubich: Politics for Unity

Invitation_(fr)La première manifestation, par ordre de date, se déroulera en Italie, à Rome, le 12 mars, dans la salle du Palais des groupes parlementaires à Montecitorio. Le matin, au cours d’un dialogue avec la présidente de la Chambre des Députés, Mme Laura Boldrini, Pasquale Ferrara, secrétaire général de l’Institut Universitaire Européen et Luigino Bruni, professeur d’Economie politique à la LUMSA de Rome, 300 jeunes du mouvement des focolari (chrétiens, fidèles d’autres religions, non-croyants), provenant de divers points de la planète, s’expriment individuellement ou en groupe sur la situation sociale et politique de leur propre Pays et sur la fraternité vécue comme réponse aux conflits en cours. L’après-midi 300 autres personnes engagées dans la vie politique et dans la fonction publique prennent poursuivent la réflexion, les témoignages et le dialogue à la lumière des principales idées force de la pensée de Chiara Lubich.

En France, à Strasbourg, un séminaire de trois jours réfléchit, du 13 au 15 mars, sur le thème de la fraternité comme concept politique, avec un intérêt particulier pour les problèmes concernant la ville: intervention de Jean-Louis Sanchez, Délégué général de l’ODAS (Observatoire National de l’Action Sociale) ; Jo Spiegel, maire de Kingersheim et Antonio Baggio, politologue et chercheur de l’Institut Universitaire Sophia (Loppiano).

mppu-madrid-2015En Espagne, deux événements à Madrid, les 13 et 14 mars. Le premier est un Séminaire sur le Rôle de l’Union Européenne concernant la Paix et la justice mondiale qui se déroule au siège du Parlement Européen et de la Commission Européenne, là où Chiara Lubich était intervenue le 3 décembre 2002. Le lendemain, au Centre Mariapoli, approfondissements thématiques, parmi lesquels Le choix des « derniers », critère prioritaire de l’action politique.

En Corée du Sud, le 14 mars à Séoul, rencontre au siège du Parlement entre députés et personnes engagées dans l’Administration pour faire le bilan du chemin parcouru en faveur d’une politique de fraternité, une orientation prise il y a dix ans.

Le même jour, à Curitiba (Brésil), des députés, des maires et de simples citoyens proposent un forum pour approfondir la pensée et l’action politique de Chiara Lubich. Interviendront, entre autres, le maire de la ville, Gustavo Fruet, le député fédéral Luiz Carlos Hauly, le Secrétaire de la Justice et des Droits de l’Homme de l’Etat de l’Acre, Nilson Mourão et le maire de Sorocaba (San Paolo), Antônio Carlos Pannunzio.

D’autres congrès se tiendront au Canada, en Colombie, au Honduras, en Allemagne, au Portugal, en République tchèque,en Irlande, en Espagne, en Tanzanie, en Hongrie, aux USA… mais pas seulement.

Lors des nombreuses manifestations qui, dans le monde entier, composent cet événement, on propose un dialogue qui entend mettre l’accent sur la valeur essentielle de l’unité : celle-ci ne consiste pas en une simple adhésion mais résulte d’une confrontation. « J’ai un rêve – affirmait Chiara Lubich – . Pensez à ce que serait le monde si, non seulement entre personnes, mais aussi entre peuples, ethnies, Etats on mettait en pratique la règle d’or : aimer, par exemple, la patrie de l’autre comme la nôtre ». Ses propos sont vérifiés dans la vie personnelle et dans l’action politique de tous ceux qui, dans le monde entier, ont fait leur ce rêve.

“Cette prochaine commémoration nous donnera justement l’occasion de mettre en lumière de nombreuses expériences positives en cours de réalisation dans le monde entier – précise la présidente des Focolari Maria Voce – où des hommes politiques, des personnels de l’Administration et de simples citoyens travaillent ensemble au service du bien commun ».

Et elle souhaite que « les jeunes – qui aujourd’hui considèrent souvent la politique avec crainte ou s’en désintéressent – autant que les adultes, la redécouvrent comme une vocation élevée qui sensibilise chacun au sort de tous les êtres, aux personnes les plus défavorisées, les plus isolées, les plus malheureuses ou marginalisées, non seulement dans son propre Pays, mais dans l’humanité ». « Que la participation à ces événements – conclut-elle dans un de ses messages – donne à tous le signal d’un engagement nouveau et plus conscient, d’une mobilisation personnelle pour bâtir, avec beaucoup d’autres personnes de bonne volonté, un monde meilleur, un monde nouveau ».

Sur le site officiel de l’événement www.politicsforunity.com il sera possible de suivre en direct quelques uns de ces rassemblements. Une carte online des manifestations est disponible, ainsi qu’une sélection de textes de Chiara Lubich, réalisée par le Comité scientifique de l’événement. Le mot-clic (hashtag):          #politics4unity.

Le 7ème anniversaire de la mort de Chiara, survenue le 14 mars 2008, suscite des modes d’expression aussi divers que la biennale artistique Chiara Lubich de Maracaibo (Venezuela), la lecture du charisme de l’unité à travers quelques chefs d’œuvre de l’art européen à Crémone (Italie) ou encore la 3ème édition du Chiara Lubich Memorial Lecture à Durban (République Sud-Africaine). Sans oublier les nombreuses célébrations eucharistiques, Actions de Grâce et prières pour Chiara Lubich, dont la cause de béatification a été ouverte le 27 janvier dernier.

Philippines: des jeunes leaders pour la paix

Philippines: des jeunes leaders pour la paix

21050309-05Le chemin pour un monde de paix est long. L’entreprendre demande du courage, sans vaciller face à la souffrance, à la douleur et à la défaite.” Ce sont les paroles de Val Fajardo, un jeune des Focolari, au terme des cinq jours du “Projet Unis pour la Paix 2015“, mi-février, à la cité-pilote ‘Mariapolis Pace’, à Tagaytay City (Philippines).

La conférence, promue par YSEALI (Young Southeast Asian Leaders Initiative) – qui vise à fortifier le développement du leadership des jeunes et des réseaux en Asie du Sud-Est – avec la collaboration du Mouvement des Focolari, a réuni 30 jeunes leaders de Thaïlande, des Philippines et d’Indonésie pour discuter des conflits religieux et culturels dans la région de l’ANASE (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) et pour partager les meilleures moyens aptes à les apaiser.

Les délégués provenaient de différents milieux – blogueurs de mode, conseillers de présidents, enseignants, journalistes, étudiants, responsables d’ONG et travailleurs sociaux – tous engagés à travailler pour la paix. Le groupe a cherché à comprendre les conflits pour se laisser ensuite guider par la perspective du dialogue interreligieux et interculturel. De là, il est passé à l’analyse du paradigme de la fraternité, qui mène à l’unité et à la réciprocité, et met en évidence le pouvoir de l’action collective, qui sont des composants essentiels à la construction de la paix.

21050309-04Poussés par le besoin désespéré de paix dans le monde, les jeunes délégués ont travaillé intensément, aussi sur des propositions de projets pour aborder l’atténuation et la résolution des conflits, à faire simultanément dans leur pays: “Peace Attack” en Indonésie; “Youth Leaders for Peace Camp” en Thaïlande; et “Peace for real” aux Philippines. Les différents workshops ont mis en évidence la force, la créativité et l’engagement de chaque participant. En tous émergeait l’exigence d’engager les jeunes et les adultes, chacun comme protagoniste de paix. “La construction d’un monde uni implique nécessairement que nous quittions notre confort pour sortir à découvert. Mais nous ne sommes pas seuls dans nos efforts. Nous pouvons partager ces objectifs avec d’autres personnes. Le moment est arrivé de nous engager tous ensemble.”

21050309-02Nikko Yumul, des Focolari, parmi les coordinateurs du programme, affirme: “Les jeunes sont dans la phase de leur vie durant laquelle l’attrait pour réaliser des projets, aussi des grands, est au sommet. Ainsi, la construction de la paix sera en eux comme une étincelle qui devient incendie. C’est seulement une question de temps.”

En conclusion, un “Parc de la Paix” a été inauguré, comme symbole du projet 2015, et les délégués ont planté des arbres dans une école publique près de la Mariapolis Pace. Au centre du parc, se trouve le “Dé de l’amour“, dont les côtés représentent les principes pour la construction de la paix. Des autorités civiles locales, proviseurs, enseignants et étudiants ont participé à l’inauguration.

Il a été demandé au Mouvement des Focolari d’être partenaire dans ce projet jusqu’en septembre 2015. Un comité s’est ainsi constitué, afin de concevoir le contenu du programme et de sélectionner des ressources humaines adéquates, dans la conviction que poursuivre l’objectif de la fraternité universelle est la voie pour résoudre les conflits.

Source: New City Press Philippines

Des étudiantes chiites iraniennes à Loppiano

Des étudiantes chiites iraniennes à Loppiano

20150309-a“En ces temps de haine et de peur je remercie Dieu parce qu’Il nous a choisies pour nous faire connaître une spiritualité comme celle de Chiara Lubich, capable de faire goûter à l’humanité la paix et la vraie joie de l’unité. Ici à Loppiano nous sommes en train d’expérimenter une sorte d’avant-goût de la vie du royaume de Dieu ».

C’est le témoignage d’une des six étudiantes musulmanes iraniennes qui sont en train de passer un mois à Loppiano, en participant à la vie de la Cité pilote 24 heures sur 24. « Une expérience nouvelle pour nous tous – affirme Rita Moussallem, coresponsable, avec Roberto Catalano, du Centre du dialogue interreligieux des Focolari – un signe prophétique porteur d’espérance qui nous dit que c’est l’amour qui gagne ».

Les étudiantes proviennent du “séminaire” de jeunes filles Jami’at al-Zahra de la ville de Qum (Iran), à environ 200 km de la capitale, Téhéran. Il s’agit d’un pôle universitaire d’excellence pour l’Islam chiite et c’est le plus grand au monde avec environ 6000 étudiantes dont un millier proviennent d’autres pays.

En raison de la présence de nombreux sanctuaires, Qum est l’une des villes saintes chiites, destination de dizaines de milliers de pèlerins chaque année et siège de nombreuses universités ; on estime le nombre d’étudiants à environ 100000.

Cette visite est le fruit de la relation fraternelle et du dialogue engagé depuis plusieurs années entre le Centre du Dialogue Interreligieux des Focolari et le professeur Mohammed Ali Shomali, attaché à la section internationale du “séminaire” féminin de Qum, fondateur et directeur de l’Institut International d’Etudes Islamiques (toujours à Qum), et aussi membre de diverses institutions académiques. Il réside actuellement à Londres et dirige le Centre Islamique de Grande Bretagne. « En avril dernier nous sommes allés à Qum avec quelques focolarini, sur invitation du professeur Shomali – explique Roberto Catalano – pour visiter divers instituts universitaires et approfondir notre connaissance réciproque. C’est à cette occasion qu’a commencé à se concrétiser la possibilité pour un groupe d’étudiantes de faire l’expérience de la spiritualité de l’unité ».

A Loppiano, le professeur Shomali, ainsi que sa femme et les étudiantes, ont visité les diverses Ecoles de formation et les ateliers de travail. Ils ont connu les habitants et leurs expériences et se sont plongés dans la vie et les activités de la Cité pilote. Très lumineux le moment de rencontre du professeur Shomali avec l’équipe enseignante et les étudiants de l’Institut Universitaire Sophia. En se référant au terme qui a donné son nom à l’Institut, il a souligné que le concept de sagesse signifie beaucoup plus que la connaissance : « Nous pouvons entendre des paroles de connaissance venant de la bouche de nombreuses personnes, mais les paroles de sagesse ne peuvent venir que de Dieu ».

En ce moment les étudiantes iraniennes poursuivent l’expérience en approfondissant la spiritualité de l’unité et ses aspects concrets.

Pâques orthodoxe

8 mars, journée internationale de la femme

MariaVoce_2014_aEn ce jour chacun aura à cœur le souvenir des innombrables figures féminines qui ont marqué sa vie, depuis la femme à qui il doit la vie à celle qui est devenue sa fiancée, puis son épouse… les sœurs, les grand’mères, les baby-sitter, les catéchistes, les camarades de classe, les enseignantes, les infirmières, les caissières, les femmes de ménage, et aujourd’hui les astronautes. Aujourd’hui nous voulons célébrer la femme en partageant quelques pensées de Maria Voce, présidente des Focolari, extraites de deux interviews qu’elle a accordées à la chaîne de télévision brésilienne TV Nazaré et à la revue Cidade Nova, en avril 2014, lors de son voyage au Brésil.

“Le rôle de la femme au sein de l’Eglise a commencé avec Marie dans la première communauté de Jérusalem, où elle avait un rôle tout particulier auprès des apôtres. Si l’on parcourt l’histoire de l’Eglise on constate que par la suite la place des hommes l’emporte, surtout dans les fonctions de gouvernement, aussi du fait que le ministère sacerdotal leur est réservé. Ceci a fait que les prêtres se sont particulièrement identifiés à la hiérarchie de l’Eglise et que la femme représentait, d’une certaine façon, une présence moins importante dans l’Eglise.

Il y a eu depuis une évolution, non seulement dans l’Eglise mais dans l’humanité, dans la société où petit à petit les femmes ont conquis des rôles importants. Il se peut que dans certains contextes et cultures ces rôles leur étaient déjà reconnus, mais dans la culture occidentale la femme a dû se frayer un chemin toute seule ».
« Dieu en faisant l’homme à son image l’a créé homme et femme, ce qui signifie qu’Il n’a pas créé un seul être, unique, mais deux créatures différentes. Il les a créées ainsi pour qu’elles soient complémentaires l’une de l’autre, et témoignent, même dans la diversité des fonctions, dans la diversité des rôles, de cette filiation divine de l’homme voulue par Dieu. Ce sont donc deux créatures égales en dignité. Il me semble que cette réalité commence à se manifester petit à petit dans le domaine politique et social. Aujourd’hui nous assistons comme jamais à l’émergence de figures féminines qui assument la présidence d’Etats et de Pays importants.
La présence de la femme dans l’Eglise doit grandir surtout à travers le témoignage de son charisme spécifique, qui est de démontrer que l’amour est plus important que le gouvernement; qu’on ne peut pas gouverner sans amour ».

« Un plus grand impact de la présence féminine pourrait avoir des effets positifs non seulement dans l’Eglise, mais aussi dans la société. Au niveau d’une entreprise, par exemple, d’un Etat, d’un gouvernement, la présence féminine, lorsqu’elle est effective, se manifeste clairement du fait qu’elle permet une saine confrontation, ainsi qu’une collaboration qui naît de la complémentarité du don que représente l’homme et de celui que représente la femme. Le pape François donne l’exemple de quelqu’un qui sait apprécier l’apport des femmes. La douceur, la tendresse auxquelles il se réfère toujours, sont des caractéristiques plus féminines que masculines ».

“La capacité de supporter, d’accueillir, de donner, sont caractéristiques de la mère qui met au monde son enfant et qui, le moment venu, sait le laisse aller. Cette capacité de savoir s’attacher et tout à la fois de se détacher a une influence positive sur la façon de gouverner. Quelqu’un m’a demandé : « Comment fais-tu pour concilier amour et gouvernement ? “ J’ai répondu qu’on ne peut pas gouverner sans amour. C’est impossible. Exercer le pouvoir sans amour, ce n’est plus gouverner, mais opprimer ».

Chiara Lubich : “Aimer la patrie de l’autre comme la sienne”

“Grâce à cette spiritualité, aujourd’hui, des hommes et des femmes de presque toutes les nations du monde, lentement mais résolument, tentent d’être, au moins dans leur milieu, les germes d’un peuple nouveau, d’un monde de paix, plus solidaire surtout des plus faibles, des plus pauvres, d’un monde plus uni.

Grâce à elle, nous pensons devoir apporter notre contribution ici aussi, dans cette “maison” de rencontre des peuples, pour soutenir avec une plus grande force d’âme les efforts qui sont faits pour que l’ONU devienne un instrument adéquat aux attentes de l’humanité.

D’ailleurs, la nécessité de redécouvrir le sens de la réciprocité fait désormais partie du “sentiment commun” des leaders de la vie internationale. C’est un des points fondamentaux des rapports internationaux et la réciprocité est aussi à la base de notre spiritualité et donc de notre action. Elle requiert que l’on dépasse les anciennes et nouvelles logiques d’alliance, établissant au contraire des relations avec tous, comme l’exige le véritable amour. Elle demande que l’on agisse en premier, sans conditions et délai. Elle porte à considérer l’autre comme un autre soi-même et donc à concevoir, suivant cette ligne, tout type d’initiative : désarmement, développement, coopération.

Cette réciprocité est en mesure d’amener chaque leader de la vie internationale à vivre l’autre, à connaître ses besoins et ses capacités, non seulement dans les situations d’urgence, mais à en partager chaque jour l’existence.

La paix, comme en témoignent aussi les finalités et l’action des Nations unies a des noms nouveaux et demande, en premier lieu, un effort que l’ONU – avec votre apport spécial et la contribution de tous ‑ peut soutenir : dépasser la catégorie de l’ennemi, de n’importe quel ennemi.

Exclure la guerre ne suffit pas, il faut créer les conditions pour que chaque peuple puisse aimer la patrie de l’autre comme la sienne, dans un échange de dons, réciproque et désintéressé.

Que Dieu, le Père de tous, rende nos efforts féconds ainsi que ceux de toutes les personnes qui se vouent à la réalisation du noble objectif de la paix”.

Chiara Lubich

Vie consacrée, vocation prophétique

Vie consacrée, vocation prophétique

P1000614«Un grave accident et je me retrouve à l’hôpital. C’était la première fois que j’éprouvais une telle souffrance ». Raconte Sr Felicitas, qui vient des Philippines. Malade avec les autres. Pourtant c’est justement à l’hôpital que j’ai fait “l’expérience de l’amour de Dieu à travers ces personnes qui sont venues me rendre visite. Quelqu’un m’a apporté l’Eucharistie, c’était « tout » pour moi à ce moment-là. L’aumônier m’a manifesté son accueil et sa disponibilité. Entourée de l’amour de tous, j’ai répondu par mon amour : c’était une chaîne d’amour réciproque ». L’expérience de Sr Felicitas souligne l’impact de la spiritualité de communion en tant que réponse possible aux exigences de vie de communauté et d’apostolat au milieu du monde : « Il existe une extraordinaire coïncidence entre ce que l’Eglise et le monde demandent à la vie consacrée », affirme Sr Antonia Moioli, responsable des consacrées du mouvement des Focolari. « La graine que Chiara a semée en nous germe, quelquefois elle fleurit et devient une voix prophétique qui indique le chemin pour l’humanité qui s’est perdue et devient « château extérieur » irradiant l’amour ». “Grandir dans la spiritualité de l’unité et la vivre – demande le préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique, le cardinal João Braz de Aviz, aux religieuses et religieux adhérents des Focolari – parce que lorsque les charismes se rencontrent, ils prennent vie et l’œuvre de Marie (mouvement des Focolari) fait briller les charismes, les illumine. On n’a pas besoin de grands discours – continue-t-il – il suffit d’être témoins de l’évangile vécu ; c’est la route du changement. La vocation spécifique des consacrés et des consacrées est celle d’ouvrir des routes prophétiques en même temps qu’ils témoignent des valeurs du Royaume. Voilà ce qu’attend l’Eglise et l’humanité d’aujourd’hui, et pour cela il faut retourner à son charisme propre et le vivifier ». Giuseppe Zanghi (Peppuccio), chercheur et philosophe, voit en Chiara Lubich celle qui a apporté une lumière, qui a créé les conditions pour une nouvelle culture, jaillie de Jésus abandonné: c’est Lui le Dieu de l’homme contemporain. « Sa réflexion – explique encore Sr Antonia – nous pousse à être des phares dans la nuit, sentinelles qui annoncent le matin. Sera-t-il possible de réaliser la vocation typiquement prophétique de la vie consacrée ? Des monastères et des communautés dans le passé, ont été des centres prestigieux de culture et de spiritualité ; est-il possible de considérer encore aujourd’hui cette réalité antique et nouvelle comme un défi ? ». “Ici nous sommes vraiment en présence « d’un écrin » empli de dons , affirme Maria Voce, présidente des Focolari. Puis ensemble, nous pouvons donner des trésors à toute l’Eglise et au monde entier qui a besoin de voir comment s’aiment les chrétiens pour croire au Christ. Cette richesse que Dieu nous donne, en nous faisant sa famille, est pour l’humanité. Voilà le sens de ce que le pape François continue à souligner en disant de sortir ». « La fraternité universelle de l’humanité commence par la fraternité entre nous, dans chaque couvent, dans chaque communauté, dans chaque congrégation, chaque ordre et puis dans l’Eglise tout entière ». Le congrès des consacrées s’ouvre sur un futur à construire, pas seules, mais avec beaucoup d’autres, pour être les témoins d’un amour qui défie les différences.

La guerre en Syrie : interpelle -t- elle encore ?

La guerre en Syrie : interpelle -t- elle encore ?

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«Elles ne cessent, malheureusement, d’arriver, les nouvelles dramatiques de la Syrie et de l’Irak, relatives à des violences, à des enlèvements de personnes, et à des injustices aux dépens de chrétiens et d’autres groupes. Nous voulons assurer à ceux qui vivent dans ces situations que nous ne les oublions pas, mais que nous leur sommes proches et que nous prions avec insistance pour qu’on mette fin au plus vite à cette intolérable brutalité dont ils sont victimes ». C’était le dernier appel pressant du Pape François lors de l’audience générale du dimanche 1er mars. La multitude de gens qui remplissait la Place St Pierre s’est recueillie en profonde prière pendant une minute, rappelant ainsi ces deux pays martyrs du Moyen Orient.

Ils nous écrivent de la Syrie : « Désormais, beaucoup se sont faits à l’idée que la guerre est un état de fait et la nouvelle que des centaines de personnes y meurent chaque jour passe presque inaperçue. Les gens sont poussés à bout et l’hiver est froid et long, sans gasoil de chauffage ni électricité et sans eau. Les obus continuent à semer la mort dans les grandes villes ; tandis que les batailles se perpétuent dans les périphéries et dans les villages. L’économie est à terre et beaucoup de familles n’ont plus de travail; les voies légales pour sortir du pays sont fermées. Un évêque syrien a dit que notre peuple est humilié et touché dans sa dignité ».

20150206_161931Les communautés des Focolari en Syrie malgré tout le mal qui se propage, continuent à croire « qu’ici, un meilleur futur est possible ; nous continuons à trouver la force dans la vie de l’Évangile, aussi avec des témoignages courageux ». Ils savent qu’ils ne sont pas seuls, mais qu’ils font partie d’une grande famille dans le monde qui prie pour eux et œuvrent pour la paix. « Et pourtant, la fatigue, après 4 années de guerre, et la perspective d’un futur obscur pour le pays, pèsent beaucoup. Et ils sont nombreux désormais ceux qui cherchent à émigrer pour mettre fin à ce cercle infernal ».

C’est dans ce contexte que le 23 février dernier, les focolarini sont rentrés à Alep. Ils écrivent : « Après trois mois d’absence, nous sommes rentrés composer notre focolare à Alep, avec Sami notre focolarino marié qui habite au littoral avec sa famille, il en fait partie et vient chez nous une fois par mois. Rester ici est un défi , parce que nous sommes conscients que seul, Jésus présent au milieu de nous, par l ‘amour réciproque, est source d’espérance et de soulagement pour la communauté et pour les gens qui sont autour de nous ».

« Au cours de notre voyage, -concluent-ils – nous nous sommes arrêtés à Damas, chez les focolarine qui ont soutenu la communauté pendant notre absence ; et une autre semaine dans la communauté de Kfarbou, au centre du pays. Il y a une grande joie pour notre retour : maintenant la famille est au complet ! Nous sommes tous reconnaissants pour les prières de tant de gens dans le monde qui nous soutiennent dans cette dure épreuve ».

François aux évêques amis des Focolari

François aux évêques amis des Focolari

L’évêque ne rassemble pas le peuple autour de sa propre personne ou de ses propres idées mais autour du Christ, c’est ce qu’a dit le pape François en rencontrant ce matin les évêques amis des Focolari. Le charisme de l’unité propre au mouvement des Focolari – a dit le pape – « est fortement ancré dans l’Eucharistie, qui lui confère son caractère chrétien et ecclésial ».

« Sans l’Eucharistie l’unité perdrait son pôle d’attraction divine et se réduirait à un sentiment et à une dynamique purement humaine, psychologique, sociologique. Par contre l’Eucharistie garantie qu’au centre il y ait le Christ, et qu’il y ait son Esprit, l’Esprit Saint qui fait avancer nos pas et nos initiatives de rencontre et de communion ».

Le service fondamental des évêques – a ajouté le pape François – est celui de rassembler « les communautés autour de l’Eucharistie, à cette table doublée de la Parole et du Pain de vie ».

« L’évêque est principe d’unité dans l’Eglise, mais cela ne peut arriver sans l’Eucharistie : l’évêque ne rassemble pas le peuple autour de sa propre personne, ou de ses propres idées, mais autour du Christ présent dans sa Parole et dans le Sacrement de son Corps et de son Sang ».

“Ainsi l’évêque, qui s’est conformé au Christ – a affirmé le pape – devient évangile vivant, il devient Pain rompu pour la vie de beaucoup par sa prédication et son témoignage. Celui qui se nourrit avec foi du Christ Pain vivant est poussé par son amour à donner sa vie pour les frères, à sortir, à partir à la rencontre de qui se trouve marginalisé et déprécié ».

20150304VescoviAmiciFocolarEnsuite le pape remercie de manière particulière les évêques venant « des terres ensanglantées de la Syrie et de l’Irak, de même que ceux de l’Ukraine ».

« Dans la souffrance où vous vivez avec votre peuple, vous faites l’expérience de la force qui vient de Jésus Eucharistie, force d’avancer unis dans la foi et l’espérance. Dans la célébration quotidienne de la messe nous sommes unis à vous, nous prions pour vous en offrant le sacrifice du Christ ; et à partir de là même les multiples initiatives de solidarité en faveur de vos Eglises prennent force et signification ».

A la fin, le pape François encourage les évêques amis des Focolari à développer l’engagement « en faveur du cheminement œcuménique et du dialogue interreligieux » et les remercie pour l’apport qu’ils ont donné « pour une meilleure communion entre les divers mouvements ecclésiaux ».

Le néo cardinal Francis Xavier Kriengsak Kovithavanij, archevêque de Bangkok, modérateur de la rencontre s’était adressé au pape François au nom du groupe en disant entre autre : « Dans la situation du monde d’aujourd’hui nous sentons que nous-mêmes aussi bien que nos Eglises particulières doivent être capables d’écoute et de dialogue. Nous sentons que ce n’est pas le fruit du hasard que Dieu nous a mis en contact avec une humanité blessée par de nombreux maux. Nous portons dans notre cœur et aujourd’hui devant vous les signes de tant de larmes, des cris de désespoir, des signes de recherche.

Et encore : “face aux énormes défis d’aujourd’hui nous nous sentons petits et parfois impuissants. Mais nous mettons notre confiance en un amour plus grand qui nous a appelés et nous a tellement aimés qu’il nous a donné la mesure divine de l’amour, celle d’être prêts à donner la vie et, s’il le faut, de mourir pour les autres. C’est ce pas que notre frère, évêque ami de la Libye, Mgr Innocenzo Martinelli est en train de faire, lui qui n’est pas parmi nous pour être resté là malgré le danger réel de mort. C’est ce pas qu’ont fait aussi les deux évêques amis de la Syrie, Mgr Gregorios Yohanna Ibrahim, Syro-orthodoxe, et le Métropolite Boulos Yazigi, Gréco-orthodoxe du Patriarcat d’Antioche, séquestré il y a environ deux ans et presque oublié de l’opinion publique ».

Le pape a voulu saluer particulièrement Maria Voce, présidente des Focolari, présente dans la salle Paul VI avec les évêques. Revenue d’une rencontre en Allemagne avec 150 représentants de mouvements évangéliques, elle a apporté au pape leur salutation et l’espoir dans l’engagement commun vers l’unité. Le pape l’a remerciée : « bien. Très important le travail œcuménique que vous accomplissez ».

Le pape François avait devant lui un éventail du monde: 35 pays, de l’Asie (Thaïlande, Myanmar, Inde), aux pays du Moyen Orient (Liban, Syrie, Irak, Algérie), à l’Afrique (Cameroun, Ethiopie, Uganda, Madagascar, Tanzanie, Afrique du Sud), aux Amériques (USA, Haïti, Panama, Equateur, Brésil, Uruguay), à l’Europe (Allemagne, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Hollande, Autriche, Suisse, Rép. Tchèque, Rép. de Moldavie, Roumanie, Slovénie, Slovaquie, Ukraine).

A la rencontre (3-6 février2015 à Castelgandolfo), interviendront aussi la présidente du mouvement des Focolari, Maria Voce, et le coprésident Jesús Morán. On entendra de même des expériences et des projets pour une pastorale plus attentive aux rapports entre les évêques et les fidèles, à l’engagement pour l’unité des différents mouvements existant autant dans l’Eglise catholique que dans les autres Eglises, au dialogue avec les autres chrétiens et avec les différentes religions

Évangile vécu: faire le premier pas

Évangile vécu: faire le premier pas

 

20150304-01Revivre la douleur d’autrui
“Notre fils Mattia est né avec de graves problèmes aux voies respiratoires. Pour cette raison, nous avons passé ses six premiers mois de vie à l’hôpital. Comment exprimer l’angoisse éprouvée durant ses crises ou lorsque les médecines ne réussissaient pas à trouver la thérapie adaptée à son cas? Pourtant, nous n’avons jamais douté de l’amour du Père: grâce aussi au soutien de nos familles et de beaucoup d’amis. Surmontant la tentation de nous enfermer sur notre problème, nous avons pu partager les préoccupations d’autres parents d’enfants hospitalisés, discuter avec eux du mystère de la douleur et de la foi. Maintenant, Mattia va beaucoup mieux. Dernièrement, le personnel du service de l’hôpital nous a proposé de faire partie d’un groupe qui réfléchit sur des thématiques relatives à des cas de petits patients (la voix des parents est importante pour des choix souvent difficiles): une invitation que nous avons acceptée, même s’il s’agit de revivre, à travers les autres, la douleur déjà expérimentée.”
M. et S. – Lazio – (Italie)

Le dé de l’amour
“Maman et papa ne s’entendent pas très bien. Ils se disputent souvent. Parfois elle ne cède pas et il s’énerve. Pour les aider, même si je suis la plus petite, l’idée m’est venue de faire à la maison un jeu que nous faisons à l’école: apprendre à nous aimer en jetant un dé en carton avec les dessins de six gestes d’amour. Comme je n’avais pas le dé, j’ai pris des pages d’un cahier et j’y ai inscrit les six phrases. J’ai demandé à maman et à papa de jouer avec moi. Chacun devait prendre une petite feuille et faire ce qui était écrit. Si quelqu’un ne le faisait pas, je consignais les points dans un cahier. Maman a tiré le papier “aimer tout le monde” et papa, “aimer les ennemis”. Ils ont recommencé, en jouant avec moi, à s’aimer.”
D.H. – Philippine

Une fille inattendue
“Notre fille Solange, infirmière dans une clinique de Rio de Janeiro, s’est retrouvée un jour devant une jeune fille qui insistait pour être hospitalisée au moins jusqu’à l’accouchement, mais elle n’avait ni papiers, ni argent pour payer l’hospitalisation. Comme personne ne l’écoutait, Solange s’est adressée au directeur de la clinique et aux autres médecins. Finalement, la jeune fille a été acceptée sous sa responsabilité. Tout s’est bien passé. Une belle petite fille est née, Barbara. Mais quelques jours après, la mère a disparu, abandonnant le nouveau-né. Le directeur et les médecins se sont fâchés contre Solange, si bien que, même si mon mari et moi ne sommes plus très jeunes, nous nous sommes offerts pour accueillir Barbara comme notre cinquième fille, quinze ans après notre cadet.”
A. – Brésil

 

 

 

Loppiano – Vers une économie pour le bien commun

Loppiano – Vers une économie pour le bien commun

150306-08_Loppiano_T4E_Common_Good_volantinoL’Europe continue à lutter avec une incertitude économique qui pose de graves défis aux entreprises, aux responsables des politiques économiques et aux citoyens. Des chrétiens provenant de divers domaines de l’économie et du monde entrepreneurial se sont donné rendez-vous à Loppiano (près de Florence), du 6 au 8 mars, pour partager expériences et visions, pour donner la contribution d’une voix prophétique d’espérance.

Jusqu’alors en Europe, seule la voix des institutions a parlé – affirme le professeur Luigino Bruni. Notre rêve est que dans les ministères de l’économie il y ait des franciscains, des focolarini, des personnes qui ont choisi les derniers… La voix de la gratuité est nécessaire. Depuis quelques décennies, ces voix se sont complètement tues. Une économie sans âme, sans charismes capables d’inclure aussi les pauvres, n’a pas de futur. Qu’ont à dire les mouvements chrétiens, aujourd’hui, sur le plan économique? Nous avons commencé le chemin d’«Ensemble pour l’Europe» avec Chiara Lubich au début du millénaire. Après 15 ans de travail ensemble sur le plan de la connaissance, il nous semble que ce chemin est devenu un être ensemble pour une économie différente, pour une politique différente. Le moment de dire quelque chose est arrivé.”

L’initiative du congrès naît en novembre 2012 à Munich en Bavière, durant la rencontre des ‘Amis d’Ensemble pour l’Europe’ (Together for Europe). À cette occasion, des experts en économie de quelques mouvements et communautés de différents pays et Églises se sont mis d’accord pour s’accorder un moment d’approfondissement commun, avec l’intention de donner une contribution spécifique dans le domaine économique, à partir des charismes.

Le programme prévoit un espace pour approfondir les “signes des temps” que nous vivons, avec le partage des expériences. Et un espace pour la réflexion sur les “signes d’espérance” avec une table ronde sur l’économie du partage et la “culture du don“. Une expérimentation du “travail avec les mains, pas seulement avec la tête” est aussi prévue, à la “Ferme Loppiano Prima“; et un atelier artistique avec le groupe musical Gen Verde. “Ensemble vers une économie du bien commun” est le titre choisi et s’articulera autour de trois domaines de travail: pauvreté, entreprises et institutions. Une exposition sera organisée avec les réalisations de chaque communauté.

Non seulement des banques de détail et d’investissement – continue Bruni – mais aussi une contribution du bas, de la solidarité, pour donner une voix à tous, aux pauvres, aux exclus. Nous essayons de parcourir un chemin ensemble, avec quelques mouvements catholiques et évangéliques (Jean XXIII, Schönstatt, Focolari, YMCA et Vineyard), comme comité préparatoire, et avec la spécificité d’écouter la voix des charismes sur la crise économique que vit l’Europe.” L’idée, donc, est de donner une vision sur l’Europe à partir de l’économie comme réciprocité et comme don, et pas seulement comme intérêt et profit. L’Économie qui naît des coopératives, du social, du civil.

“L’Europe économique – explique le professeur Bruni – a aussi été faite par les charismes de Benoît, de Dominique, de François (nous pensons à l’institution des monts-de-piété), pour ne pas parler des charismes sociaux qui ont inventé les écoles, les hôpitaux, parallèlement au monde du commerce qui décollait avec les entreprises et les marchands. La nouvelle Europe qui naîtra de cette crise, pour qu’elle soit une Europe bonne, a encore aujourd’hui besoin de la contribution des charismes, charismes modernes, qui parlent le langage de l’économie; il y a toute une vie des mouvements chrétiens européens qui a son mot à dire, différent de celui de la Banque centrale européenne. Nous commencerons humblement, mais notre objectif est d’aller à Bruxelles pour nous adresser aux institutions avec une contribution spécifique.”

 

Politique : des citoyens actifs et non passifs !

Politique : des citoyens actifs et non passifs !

20150302-01Un conseiller communal, chef de file du parti de la majorité de la ville argentine de Mar del Plata (Argentine), voit entrer dans son bureau deux jeunes qui se présentent comme des activistes de l’opposition. Le conseiller, curieux, les reçoit. Avec simplicité les deux jeunes expliquent qu’ils désirent le respecter pour ses positions, mais qu’ils veulent exercer de manière constructive leur rôle politique d’opposition. Le conseiller, étonné de cette déclaration insolite, leur demande où ils ont appris à faire de la politique de cette manière. Les deux jeunes lui expliquent qu’ils font partie d’un petit groupe de l’école de formation du Mouvement Politique pour l’Unité (MPPU). Quelque temps après, même le conseiller communal commence à fréquenter l’école politique locale du MPPU.
Chiara Lubich n’aura sans doute pas connu ce tout petit épisode, perdu dans l’océan des milliers d’autres faits que nombre de membres du MPPU venant de tant de pays auraient pu évoquer.

Malgré cela, on peut sans aucun doute le considérer comme un effet typique de la rencontre avec la pensée et l’esprit du charisme de l’unité dont Chiara était porteuse et qui a comme paradigme l’idéal de fraternité universelle. Comment ? En préparant les citoyens et donc une société civile, sensible à la vie de la communauté politique dans laquelle ils sont insérés. Une citoyenneté active, en somme.
Un plongeon dans l’histoire. Au cours de l’été 1959, pendant deux mois, un total de 12000 personnes ont séjourné quelques jours ou plus à la mariapoli qui s’est tenue dans la vallée de Primiero (Dolomites). Elles venaient de 27 pays des cinq continents. Ces jours-là Chiara affirmait : “Le moment est arrivé… où chaque peuple doit dépasser ses propres frontières et regarder au-delà; il est arrivé le temps où l’on doit aimer la patrie de l’autre comme la sienne ». Paroles courageuses à une époque où les effets du terrible conflit mondial pouvaient encore se voir ; paroles inspiratrices de nouveaux rapports entre peuples et gouvernements. Aimer la patrie de l’autre comme la sienne est encore aujourd’hui une idée forte, une ligne directrice d’action, qui part des plus faibles et des plus pauvres.

Philadelphie (USA), 2003. Durant la “journée de l’interdépendance” qui s’est déroulée dans cette ville, Chiara écrit dans son message : “ De plusieurs points de la terre, aujourd’hui, monte le cri d’abandon de millions de réfugiés, de millions d’affamés, de millions d’opprimés, de millions de chômeurs qui sont exclus et comme « coupés » du corps politique. C’est cette séparation, et pas uniquement les privations et les difficultés économiques qui les rendent encore plus pauvres, qui augmente leur désespoir. La politique n’aura pas rejoint son but, elle n’aura pas gardé la foi en sa vocation tant qu’elle n’aura pas reconstitué cette unité et guéri ces plaies ouvertes dans le corps politique de l’humanité ». Mais pour arriver à ce but on aura besoin de la fraternité, parce que « liberté et égalité, face aux défis du présent et du futur de l’humanité, ne sont pas suffisantes à elles seules(…). Egalité et liberté seront toujours incomplètes et précaires, tant que la fraternité ne fera partie intégrante des programmes et des processus politiques dans toutes les régions du monde ».
Ce ne sont pas de simples paroles celles de Chiara, mais le fruit de l’expérience d’un mouvement qui au cours de son développement a étendu son regard sur le monde en s’appropriant “les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes d’aujourd’hui”.
Ce sera donc la société civile, qui se basera sur des citoyens animés par l’esprit de fraternité, comme l’a souhaité Chiara Lubich, qui précisera les limites et le contenu de la liberté et de l’égalité, les trois piliers de notre civilisation.
Texte intégral : Politics for Unity