Mouvement des Focolari
7 Mai  1995: un dialogue qui a 20 ans et plus!

7 Mai 1995: un dialogue qui a 20 ans et plus!

20150523-04Mai 1995. Cité Pilote de Loppiano (Italie). C’est le soir. Au cours du dîner, un groupe de personnes de convictions et d’origines culturelles diverses discute avec vivacité. Elles sont restées ensemble une journée entière pour vérifier s’il est possible de se comprendre, de s’accepter et de s’estimer entre chrétiens et non-croyants, en dépassant les clivages idéologiques et les préjugés millénaires. Cet échange, entre personnes aussi différentes par le langage et les convictions, a débuté à la fin de l’année 1978, avec la création par Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, du « Centre pour le dialogue avec les non-croyants », dans le cadre plus vaste de l’expérience conduite par les Focolari. La rencontre qui a eu lieu à Loppiano est donc un bilan et un défi: celui de se regarder dans les yeux pour s’assurer que oui, s’estimer est possible. Au cours des années, en fait, on est devenus vraiment des « amis ». Se confronter et rester ensemble n’est plus seulement un stimulant, c’est devenu un plaisir. Mais à ce dîner, il manque l’un d’eux, peut-être le plus actif : Ugo Radica, un focolarino un peu spécial, a eu une idée. Il est allé se poster près de la maison de Chiara qui devait arriver ce soir-là à Loppiano. Sa patience l’a récompensé : voilà que la voiture arrive. Ugo s’en approche. Chiara, surprise, abaisse la vitre et lui demande : « Ugo, que fais-tu ici ? » Il répond sans hésiter: “ Je suis avec un groupe d’amis de convictions diverses. Pourquoi ne viens-tu pas nous voir demain ? Je pense qu’il serait important pour eux d’avoir un échange direct avec toi ». Chiara, après un instant d’hésitation, accepte. Elle demande que soient préparées quelques questions auxquelles elle répondra. Ugo, enthousiaste, rejoint ses amis.

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Loppiano, 7 mai 1995

C’est ainsi que le lendemain, le 7 mai 1995, Chiara Lubich passe une demi-heure avec quelques uns de ceux qui vont devenir les colonnes d’une expérience toute particulière, délicate mais forte : le dialogue entre personnes qui normalement ont de la difficulté à se parler et à s’estimer. Ce qu’on appelle le « Quatrième dialogue » du Mouvement des Focolari naît officiellement dans ce lieu et au cours de cette demi-heure, avec ces réponses adressées à un petit groupe auquel Chiara parle de respect réciproque, de « non-prosélytisme » (un concept presque révolutionnaire à l’époque !), d’amour réciproque possible entre personnes d’idées et de cultures différentes. Une expérience enthousiasmante, digne d’être poursuivie et diffusée avec détermination et conviction parce que, si le but du Mouvement est « Que tous soient un », sans les non-croyants il manquerait une partie essentielle et irremplaçable de l’humanité. Ce soir-là Tito, un des amis arrivés à Loppiano juste au dernier moment, téléphone à sa femme, « une catholique ad hoc », membre du mouvement depuis des années, pour lui annoncer, tout content, qu’il venait de parler en personne à Chiara. Elle qui, au cours de toutes ces années, n’avait jamais réussi à voir Chiara, même de loin! 20150523-03Mai 2015, vingt ans après. C’est de nouveau la fête à Loppiano. Une commémoration nostalgique? Assurément pas. Armando, Morena, Tito, Dolores, Piero, Luciana, Roberto, Silvano et de nombreuses autres personnes se succèdent sur la scène pour rappeler ces moments, faire le bilan des vingt années écoulées et mettre le cap sur les vingt à venir. Une chose est bien claire pour tous: ce type de dialogue est extrêmement précieux. 20150523-01 A la différence des moments d’échange entre croyants, on ne sait jamais où va nous conduire une rencontre du “quatrième dialogue”. Mais c’est justement là un gage d’authenticité, parce que chacun doit forcément mettre en jeu toute sa personne, prêt à offrir sa propre idée, mais aussi à accueillir celle de l’autre dans un échange exigeant, mais fructueux. Un dialogue qui, au cours des années, non sans difficultés, est devenu international et touche de nombreux pays. Sa diffusion est ressentie par les participants comme une responsabilité encore plus urgente. Un style de vie à promouvoir avant tout entre les membres du Mouvement, pour être ensuite offert à toute l’humanité.

Évangile vécu. “Et si c’était une arnaque?”

Évangile vécu. “Et si c’était une arnaque?”

20150522-01“La maison qui abrite notre communauté est à proximité de la place Saint-Pierre, à Rome. Il est presque 21 heures. Ma supérieure est sortie depuis peu pour admirer la colonnade de Bernini de nuit avec quelques collègues. Le téléphone sonne. C’est elle: ‘Un homme, environ 35 ans, s’est fait voler ses papiers, son argent et son téléphone dans le métro’. Je descends pour voir ce que je peux faire. Luciano, comme il dit s’appeler, raconte être arrivé à Rome cet après-midi-là, après 27 heures de bus. Il avait réussi à réunir 1300 euros, prévoyant utiliser cette somme jusqu’à ce qu’il trouve un travail en Italie. Je lui demande s’il veut téléphoner à quelqu’un et il me donne le numéro de sa mère dans son pays d’origine. Je compose le numéro et lui passe le téléphone. Il se fait tard. J’appelle une sœur qui travaille à Caritas, à la gare Termini, pour lui demander si elle connaît un endroit où passer la nuit, mais elle dit que ce n’est pas possible sans papiers. Il décide de dormir à la belle étoile et d’aller le lendemain à l’ambassade, pour ensuite retourner au plus vite dans son pays. Je lui demande s’il veut manger, boire, mais il a l’estomac noué par le stress. Il dit avoir encore des sandwichs du voyage. Je propose de l’accompagner chez les sans-abri de place Pie-XII, pour le confier à eux (il y a aussi des compatriotes). Avant de les rejoindre, nous rencontrons B., une sans-abri qui dort dans les niches de façades. Parfois, nous lui apportons quelque chose à manger. Je lui raconte l’histoire de Luciano, sans lui dire, cependant, qu’avec les temps qui courent, je ne sais pas si j’ai raison de le croire. Et si c’était une arnaque? Mais la conviction qu’il s’agit avant tout d’un frère à aimer concrètement est plus forte. La femme lui dit: ‘Prends beaucoup de cartons dans la benne, parce qu’il fait très froid la nuit. Je dormirai tout près, personne ne te fera de mal’. Nous laissons les bagages et allons chercher les cartons, pas faciles à trouver: dans la zone, beaucoup dorment par terre au pied des bâtiments. Entretemps, ma supérieure nous rejoint. Nous retournons auprès de B. avec les cartons et laissons Luciano sous sa garde. Surtout, nous le confions à la Sainte Vierge et aux Anges Gardiens. Je n’arrive pas à dormir. Il fait très froid dehors et il y a beaucoup d’humidité. Le matin, je lui amène au moins du lait chaud et du café. Il dit qu’à cause du froid, de l’inconfort et du bruit des voitures, il n’a pas dormi. Je rentre pour la messe. Les lectures parlent du jeûne, qui consiste non seulement à s’abstenir de manger, mais ‘à partager ton pain avec l’affamé, à ouvrir ta maison aux pauvres, aux sans-abri, à fournir un vêtement à ceux qui n’en ont pas…’ (Es 58,1-9). Je n’arrive pas à lire, je n’arrive pas à répondre au prêtre, j’ai la gorge nouée, les larmes coulent toutes seules… Je comprends – surtout moi qui ne pleure jamais – ce que signifie le ‘don des larmes’ dont le pape François a récemment parlé. Après la messe, je dis à la supérieure: “Nous devons nous occuper de lui jusqu’au bout”. Craignant l’arnaque, elle est hésitante, mais ensuite accepte. Luciano est encore là. Il s’était rappelé que, dans la poche intérieure de son sac à dos, il avait sa carte d’identité. Nous mettons un de ses sacs dans un caddie et nous portons l’autre avec lui. À la gare routière, nous découvrons qu’il y a justement un bus aujourd’hui pour son pays. Nous lui achetons un billet. La caissière nous conseille d’attendre le départ, parce qu’il est arrivé que des types comme lui retournent ensuite à la caisse pour se le faire rembourser. Il manque encore deux heures jusqu’au départ, mais nous continuons à avoir confiance. Nous devons rentrer à la maison et lui payons le déjeuner. Je l’étreins fort et lui laisse mon numéro de téléphone, ainsi qu’un peu d’argent pour le voyage et de l’argent de son pays pour rentrer en train dans sa ville. L’après-midi, nous recevons, d’une personne qui a entendu parler de cette histoire, un don correspondant à ce que nous avons dépensé. Le jour suivant, arrive un SMS reconnaissant de Luciano. “Je vous remercie pour le billet et pour tout. Je suis arrivé chez moi sain et sauf.”

République Dominicaine, le rêve d’un orchestre

République Dominicaine, le rêve d’un orchestre

DSC09942.JPG“J’avais dit tout haut que je pourrais aller deux semaines en République Dominicaine enseigner la musique à « l’Ecole Café con Leche » (Café au Lait) sans penser que mes propos seraient à ce point pris au sérieux. Et ce voyage inattendu s’est transformé en l’une des plus riches expériences que j’aie jamais vécue – raconte Diane Gregory qui fut membre du Groupe international Gen Verde et qui vit actuellement aux USA – . J’avais à peine eu le temps de me préparer que j’étais déjà dans l’avion pour Saint-Domingue. Il faisait froid en ce matin du 9 avril dernier. Il neigeait au moment où je m’envolais de l’aéroport JFK de New-York vers cette île qui m’a accueillie avec son climat tropical et sa mer bleu turquoise. Au cours du trajet qui nous conduisait dans le quartier colonial de la capitale, où je devais être hébergée, je regardais de belles plages et leurs cocotiers, les transports publics bondés de personnes entassées les unes contre les autres, les faubourgs miséreux le long de la route… Le lendemain matin j’étais à bord de la “Guaguita” (un minibus de 9 places qui transportait 23 personnes!), en compagnie de Cathy une jeune allemande venue elle aussi pour donner sa contribution à l’école. Nous descendons à « El Café » un quartier pauvre mais qui garde toute sa dignité. On nous a tout de suite parlé de la violence dans ce secteur, mais aussi rassurées quant à notre sécurité « parce que les gens savent que vous êtes venues pour l’école ». Nous nous retrouvons en effet dans un environnement où violence, chômage et enfants abandonnés font partie du quotidien. Marisol,Diane,gen che aiutano.JPGL’école ‘Café con leche”, l’une des nombreuses œuvres sociales du Mouvement des Focolari, nous surprend par son ambiance chaleureuse, sa vitalité et ses couleurs. Les salles de classe ne sont pas comme celles que j’avais connues aux USA, mais plus originales. Et juste en mesure d’accueillir 570 élèves, âgés de 6 à 14 ans ! Et dire qu’il y a seulement 20 ans cette école démarrait sous une simple toiture en bois avec seulement 20 élèves ! Aujourd’hui, grâce à l’aide de nombreuses personnes, une construction aux normes a vu le jour et permet à ces enfants d’être éduqués et d’avoir chaque jour un repas consistant. Mais il y a plus : il règne dans cette école un climat difficile à décrire, une harmonie entre tous qui offre aux élèves un cadre propice à leurs études et à leur croissance. Les dix jours que j’ai passés là-bas ont été plus que dynamiques! Avec Marisol Jiménez, fondatrice et Directrice de l’Ecole, ce fut un continuel foisonnement d’idées immédiatement mises en pratique dans les classes : cours de saxophone, de piano, création d’un chœur, jeux et exercices musicaux, leçons de solfège ; nous avons fabriqué des instruments à percussion, inventé des scénettes, dansé et même mis en place un cours de « macramè », un art que j’ai appris toute petite et qui consiste à faire des « nœuds » pour créer des colliers ou d’autres objets. Mais le rêve de Marisol est de mettre sur pied un orchestre : les instruments sont déjà arrivés de la Suisse, les jeunes ont une grande envie d’apprendre (ils ont le rythme dans les veines et beaucoup d’enthousiasme !). Il manque seulement des fonds pour embaucher des professeurs de musique…espérons qu’ils arrivent ! “Café con Leche”, autrement dit “Café au lait”… voilà qui rappelle les belles teintes de la très grande majorité de la population dominicaine, «ni café, ni lait ». Désormais cette île n’est plus pour moi ce lieu spécial dont les journaux parlent beaucoup, mais une expérience vivante : l’école, les étudiants, les enseignants, tous ont à mes yeux un nom, un visage, une histoire. Je suis partie avec la conviction que tout est possible lorsque l’on sait cueillir l’occasion et que l’on donne tout de soi-même ».

Asie : nouveau visage de la vie consacrée

Asie : nouveau visage de la vie consacrée

20150518ReligiosiIndiaOblates in Une vocation en expansion, celle de la vie consacrée en Inde, qui touche différents points du subcontinent : Andra Pradesh, Orissa, les Etats du Nord Est. « Le sens de la foi et le regard sur la vie religieuse est apprécié, et le désir qui anime le plus les jeunes qui viennent au noviciat est d’entrer en contact intime avec le Seigneur ». C’est le père Attulli qui le déclare au cours d’une interview qu’il a donnée à « Unité et Charismes », du groupe d’édition de Città Nuova. « Ils le cherchent dans l’expérience de la prière, élément premier – continue-t-il – et ils veulent se dédier plus aux œuvres de charité. L’exemple de Mère Teresa de Calcutta est très fort. Elle, par son expérience concrète de l’Inde, réussit à se découvrir elle-même et sa propre vocation en passant par une prière profonde ; de là naît sa nouvelle vocation ». Les jeunes qui arrivent au noviciat viennent d’un contexte qui ne cache pas les inégalités sociales, la pauvreté, bien que le subcontinent indien se situe au rang des nouvelles économies mondiales. Mais ils ne perdent pas la dimension spirituelle, et même, « ils cherchent la solution en Dieu », en trouvant en même temps une implication dans l’engagement social, de fait, « ils ont une forte aspiration à faire des œuvres de charité pour résoudre les problèmes de pauvreté matérielle, d’éducation et ainsi de suite. Ils viennent avec une expérience de Dieu qui ensuite les mène à des œuvres apostoliques en faveur des nécessiteux ». Nous sommes dans l’année que l’Eglise catholique dédie à la Vie consacrée. Quels pas entreprendre pour améliorer ? « Dans le contexte indien – explique P. Attulli – l’Eglise en général et les religieux en particulier peuvent donner un témoignage de la présence du Seigneur Jésus, en étant plus proche des pauvres, autant en esprit que dans leurs besoins concrets. C’est un défi dans le monde sécularisé, où nous sommes tellement intoxiqués par le bien-être ! Les gens veulent redécouvrir le visage de Dieu en nous, en se détachant de la drogue du bien-être ». 20150517ReligiosiIndia2“Comment se fait-il que les gens s’éloignent de Dieu? Pourquoi ne sentent-ils pas la nécessité de se tourner vers Lui ? », s’interroge le religieux. Il trouve la réponse dans sa propre expérience de vie : « Si nous sommes proches des pauvres, de ceux qui sont dans le besoin, nous découvrons le visage de Dieu en eux. Les missionnaires qui vivent avec les pauvres, vivent en contact avec des gens qui ont la foi, même s’il faut les aider à grandir dans la « culture de la foi », par la catéchèse, la prière et les sacrements ». « Dans le continent indien – conclut-il – il n’existe pas uniquement la pauvreté matérielle mais aussi les périphéries existentielles où la pauvreté spirituelle est forte. Nous sommes créés par amour et dans l’amour, appelés à vivre une vie sereine, pacifique, joyeuse. La foi n’est pas faite pour alourdir la tête, mais pour vivre joyeusement, non seulement dans la vie eschatologique, mais ici et maintenant. Voilà pourquoi notre présence dans les périphéries et avec les pauvres est importante ».

Vers une nouvelle saison de l’Eglise en Italie

Vers une nouvelle saison de l’Eglise en Italie

logo« Florence, en partant de qui le vit : cela veut être l’esprit du congrès ecclésial », c’est ce que le secrétaire général de la CEI (conférence épiscopale italienne) déclare en ouverture, Mgr Nunzio Galantino, soulignant combien cette rencontre en est la preuve puisqu’elle rassemble des réalités ecclésiales qui œuvrent dans le social. « Le congrès ecclésial de novembre démarrera à Prato, périphérie idéale de Florence, où se rendra le pape ». “Offrir l’apport d’une réflexion et d’un témoignage à partir d’expériences que certaines réalités vivantes de l’Eglise en Italie conduisent en terrain sensible, comme le service des plus petits et le dialogue à 360° » : c’est la synthèse que fait le prof. Piero Coda dans une interview où il précise l’objectif des deux journées de travail : approfondir le thème « le Serviteur du Seigneur et l’humanité des hommes » (15 et 16 mai), organisées par le groupe Abele avec la revue Le Royaume, en collaboration avec l’Action Catholique Italienne, la Caritas, le CNCA, les réseaux de la Caritas et le Mouvement des Focolari. Avec les autres, ce sont des expériences, poursuit Piero Coda, “qui s’ouvrent sur toutes les frontières existentielles de notre société, comme dit le Pape François ». « Dans Evangelii Gaudium il emploie une belle expression : oui aux relations nouvelles engendrées par Jésus.Toutes les réalités concernées par cet événement actualisent de façons diverses, ce « oui à des relations nouvelles », à travers les diversités culturelles, sociales, les sociétés en marge, le monde qui nous entoure, la Création, notre maison à tous, qui sont précisément autant d’expressions de notre être-en-relation ». La présence de Maria Voce souligne l’adhésion des Focolari à ce parcours, qui veut surtout faire ressortir la vie de ceux qui chaque jour se donnent pour un « nouvel humanisme ». « L’Eglise va au-delà des limites des édifices de culte et, dans la pleine communion entre clercs et laïcs, l’humanité d’aujourd’hui se rend plus proche », a-t-elle affirmé dans son intervention. Ce congrès « veut rythmer une nouvelle saison de vie et de mission de l’Eglise en Italie : non seulement en référence à la « conversion pastorale » qui la pousse, mais aussi au rôle et à l’action publique des chrétiens par rapport à la réalité sociale, économique, politique de notre pays, sans oublier de garder un œil ouvert sur l’Europe et le monde ». Une référence a été aussi faite au défi du pluralisme et à la nécessité d’harmoniser les multiples diversités qui traversent le domaine public. « Cette nouvelle saison signifie transformer le monde, en partant de la conversion radicale du cœur et de l’esprit afin d’être prêts à rencontrer Jésus en chacun. Dieu ne peut nous accepter tous seuls, il veut que nous allions à Lui avec les frères… Donner le nom chrétien de la fraternité au lien social veut dire nous engager à harmoniser l’enchevêtrement des relations, en reconnaissant notre appartenance commune et réciproque et les liens de responsabilité qui en dérivent, en orientant aussi l’agir personnel et collectif au bien de tous ». Voilà pourquoi « il faut donner parole et dignité à ceux qui sont à l’écart, élargir les cercles de l’inclusion, soigner et reconstruire le tissu social en miettes. Avant tout ce sont les jeunes qui demandent d’apporter leur aide. Combien d’initiatives répandues localement, comme de nombreux fragments de fraternité, au cœur de la société civile ! ». Et pour confirmer les paroles de Maria Voce, environ 200 personnes du mouvement des Focolari étaient présentes au congrès, engagées d’une manière ou d’une autre dans les organismes d’Eglise et actives dans les domaines du dialogue interreligieux, de l’accueil des immigrants, de la politique, de la culture et de la légalité, de l’école, de véritables chantiers ouverts pour le bien de l’Italie. Une participation qui veut montrer un nouvel engagement concret pris ensemble, avec d’autres réalités associatives qui sont déjà à l’œuvre.

Chiara Lubich: Prendre l’initiative

Chiara Lubich: Prendre l’initiative

Audio mp3 en italien «Mais Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que nous étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ » (Eph 2,4-5). 20150517-01«Cette Parole de l’apôtre Paul souligne deux caractéristiques de l’amour de Dieu à notre égard. La première est que son amour a pris l’initiative et nous a aimés, nous qui étions loin d’en être dignes – « morts à cause de nos fautes ». La seconde est que Dieu, dans son amour, ne s’est pas contenté de pardonner nos péchés, mais, nous aimant d’un amour sans limites, il a été poussé à nous faire participer à sa vie même – « il nous a donné la vie avec le Christ ». Cela me rappelle les débuts de notre mouvement, lorsque Dieu a allumé en notre cœur l’étincelle de notre grand idéal. À la lumière de cette si belle Parole, je réalise combien cette étincelle ou ce feu n’étaient que participation à l’amour même qui est Dieu. Car, à cette époque, dans la désolation de la guerre et dans le désert qui nous entourait, nous n’avions pas attendu que quelqu’un d’autre prenne l’initiative de nous aimer. Grâce à un don particulier de Dieu, c’est nous qui allumions en beaucoup la flamme de l’amour, avec le désir de la voir se propager partout. Pour pouvoir les aimer, nous ne nous demandions pas si nos prochains en étaient dignes, mais nous étions plutôt attirés par les plus pauvres, qui nous rappelaient le plus le visage du Christ, ou par les pécheurs, qui avaient le plus besoin de sa miséricorde. Par un miracle divin – comme ceux qui se produisent chaque fois qu’un charisme prend naissance sur cette terre –, notre cœur, malgré son étroitesse, pouvait lui aussi s’affirmer riche en miséricorde. Pour nous, aimer le prochain signifiait l’entraîner dans notre révolution d’amour, partager avec lui notre idéal. Tous les hommes sont candidats à l’unité ; ils pouvaient donc participer, et participaient de fait, à cette dynamique de vie divine que Dieu avait fait jaillir en un point de son Église. Cela se passait ainsi. Il faut qu’il en soit de même aujourd’hui. Il est évident que les temps ont changé, mais il nous faut bien admettre que, si alors le monde semblait un désert du fait des destructions dues à la guerre, il n’en est pas moins un aujourd’hui, même si les raisons n’en sont plus les mêmes. De nombreux facteurs ont contribué à niveler notre société moderne, nous amenant à vivre dans une équivoque dangereuse. Autrefois la société, fondamentalement chrétienne, distinguait très nettement le bien du mal. Aujourd’hui c’est différent : au nom d’une liberté factice, bien et mal, observance ou manquement à la loi de Dieu sont mis sur le même plan. Nous vivons dans un nouveau désert, où ce ne sont ni les maisons, ni les églises, ni les monuments qui ont été bombardés, mais les lois morales et, de ce fait, les consciences. Alors que faire ? Nous ne sommes pas pour autant désarmés pour livrer notre bataille, pour porter aux hommes le pardon et l’amour du Christ, même s’ils tiennent si peu compte du péché. Car ce monde désacralisé a pour nous un visage : celui de Jésus abandonné en qui le sacré et le divin se sont voilés. En lui jésus abandonné – Dieu qui se sent abandonné de Dieu – se reflète toute situation négative. C’est en son nom et par amour pour lui que nous trouverons la force d’aimer ce qui est aujourd’hui difficile à aimer. Le cœur brûlant, prenant à notre tour l’initiative, comme notre Dieu, nous approcherons ceux qui se trouvent sur notre route. À travers nous, Dieu réveillera, illuminera les consciences, poussera au repentir, redonnera l’espérance, suscitera l’enthousiasme, jusqu’à mettre au cœur d’un grand nombre, alors qu’ils étaient morts, le désir de revivre avec le Christ, de vivre le Christ. Ce sont donc trois décisions que la Parole provoque en nous : maintenir en notre cœur le feu allumé ; prendre l’initiative, c’est-à-dire aimer en premier ; aimer non pas de façon limitée mais sans limites, c’est-à-dire de façon à amener tout le monde à vivre notre Idéal qui est : vivre le Christ. C’est seulement ainsi que nous pourrons être à la hauteur de ce que l’Écriture nous demande de vivre ce mois-ci». […] (Chiara Lubich Rocca di Papa, le 3 Janvier 1985) (Sur les pas du Ressuscité, Nouvelle Cité, Paris 1992, pp 59 – 61) Source: Centre Chiara Lubich

Living Peace 2015: paroles et images en provenance du Caire

Living Peace 2015: paroles et images en provenance du Caire

20150515Egitto2“Le Forum de la Paix a été une expérience unique en son genre. J’ai apprécié chaque moment du programme. Une telle rencontre (…) nous fait espérer que se profile un avenir meilleur et qu’un jour la pauvreté, la faim, les discriminations et les guerres prendront fin ». C’est ainsi que Rasha, professeur d’anglais au Rowad American College, décrit Living Peace 2015 qui s’est déroulé au Caire du 4 au 6 mai, précédé par un congrès de trois jours à Alexandrie (Egypte) : une étape fondamentale pour permettre aux jeunes et aux étudiants venus du monde entier de se connaître, afin d’assurer le plein succès du Forum. A Alexandrie se sont succédé des moments d’échange, de connaissance réciproque et de partage des joies et des souffrances propres aux divers Pays représentés. Ensuite accueil magnifique au Caire avec une fête très saisissante sur le Nil, à bord d’un grand bateau, avec des jeux, des chants et des danses qui ont laissé place au Forum proprement dit, le Forum Mondial des étudiants pour la Paix. Le projet a été promu par l’ONG New Humanity, à travers le projet Cayrus, approuvé par l’Union Européenne: huit autres partenaires, en provenance de divers Pays du monde, y ont adhéré et envoyé en Egypte une représentation de jeunes et d’étudiants. Trois jours, 1300 participants, parmi lesquels des étudiants et des enseignants de nombreuses écoles et universités nationales et internationales, dont quelques universités du Caire, ont témoigné de leur engagement commun pour la paix à travers divers types d’expression: témoignages, recommandations de bonnes pratiques, présentation de plus de 50 projets éducatifs pour la paix, workshop, séminaires, expositions et moments artistiques. Présence d’ambassadeurs et de représentants diplomatiques de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay, du Guatemala, de Cuba, de la République Démocratique du Congo, du Cameroun, du Pakistan, du Portugal, de la Croatie, du Mexique, de l’Allemagne et du Soudan. Cette action a démarré en 2011, à l’initiative d’un professeur d’anglais, comme projet d’éducation à la paix, au Road American College du Caire. Living Peace mobilise aujourd’hui plus de 25000 étudiants dans le monde entier et se caractérise par la participation personnelle des étudiants et des enseignants à des initiatives d’éducation à la paix, en lien avec un réseau mondial de personnes et d’établissements. L’adhésion permet à chaque école de lancer des projets selon ses possibilités, en développant la créativité des jeunes et leur conscience de contribuer à un objectif commun. Il en résulte une participation active de tous qui dynamise les différentes composantes de l’école en renforçant la solidarité entre élèves, enseignants, direction et parents, avec des retombées positives sur la société. Le Forum 2015 a été l’occasion de présenter Scholas Occurrentes, le grand réseau mondial voulu par le Pape François lorsqu’il était encore archevêque de Buenos Aires et qui relie plus de 40 000 établissements dans le monde entier. La présence de Dominicus Rohde, Président du Forum Mondial de la Paix, venu d’Allemagne, a donné poids et valeur à chaque instant du Forum. En effet, en tant que premier Forum mondial s’adressant aux jeunes, l’événement a assurément ouvert les portes d’une nouvelle voie. Le Forum mondial pour la paix a attribué à New Humanity le prix pour la paix Luxembourg, en remettant à Cécilia Landucci, représentante de l’ONG, la prestigieuse médaille” Nelson Mandela”, précisément au Caire. Voir la vidéo: Living Peace 2015 https://www.youtube.com/watch?v=nugDbxgoccg&feature=youtu.be Source: ONG New Humanity, AMU et Humanité Nouvelle Actualisé le 27 mai 2015  

Giordani: “C’est l’heure de Marie”

Giordani: “C’est l’heure de Marie”

20150513CentroAveSculturaMaria« Lorsque Marie se présente, l’Eglise universelle chante. Au milieu de la grisaille et de l’ennui, son nom surgit, et l’atmosphère se clarifie, des lueurs sans nombre s’illuminent. Elle est soleil où Dieu introduisit sa demeure ». C’est ainsi qu’Igino Giordani (dans Marie, modèle de perfection, Città Nuova, Rome, 2012) chante avec l’Eglise, s’insérant parmi les nombreux artistes, théologiens, saints qui se surpassent pour illustrer les vertus de la Mère de Dieu, sa beauté, la grandeur de sa fonction dans l’économie de la rédemption. Dans le livre mentionné un chemin se conclut : Giordani progresse dans sa compréhension du mystère de Marie, dans son attitude intérieure envers elle. Il avait déjà souvent écrit sur elle dans des articles et de nombreuses pages de ses livres. Il lui avait même dédié un volume : Marie de Nazareth, en 1944. Mais le sujet tournait toujours autour de contempler, louer, invoquer Marie. Dans Marie modèle de perfection on y trouve une différence, qui reflète le bond accompli dans sa maturation : maintenant le sujet est, oui contempler, mais surtout imiter Marie. Le rapport intellectuel et vital de Giordani avec la Mère de Jésus prend une dimension plus profonde suite à sa rencontre en 1948 avec Chiara Lubich et le mouvement auquel elle a donné naissance, connu sous le nom de mouvement des Focolari, mais dont le nom réel est Œuvre de Marie. L’expérience de Chiara et des personnes qui sont entrées en communion avec elle, centrée sur la Parole et en particulier sur la prière de Jésus pour l’unité, a pris dès le début un « aspect marial ». Tout s’est clarifié et s’est développé par étapes successives. En voilà quelques-unes : la disponibilité à faire germer la présence de Marie dans la vie spirituelle personnelle et communautaire ; l’engagement à être un reflet de sa vie autant qu’il est possible, en parcourant sa route – la Via Mariae – comme elle nous l’est présentée dans l’évangile ; un choix particulier de Marie en tant que mère. Tout le discours de Giordani est imprégné de cette réalité. Il l’enrichit de sa culture théologique et littéraire et avec l’ardeur caractéristique qui en fait un témoin particulier d’un amour enthousiaste envers la Mère de Dieu. Marie incarne la force parce qu’elle incarne l’amour : et l’amour est plus fort que la mort. En lui seul se dissout en nouvelle vie le désespoir du monde, de ce calvaire où la faute universelle nous a tous plongés. (…) Poésie, science, sagesse, amour, se concentrent en Marie, refuge dans la désolation, étoile dans la tempête, beauté dans l’horreur ; elle montre la voie pour aller au Fils, de sorte que par elle de manière plus amoureuse il arrive à nous. Nous ne sommes pas seuls parce que la mère est là : il suffit d’allumer son nom dans la nuit du désert. (…) Tout saint, tout chrétien avisé, se tient sur la croix, comme le Christ, mais avec la Mère à ses côtés : au moment le plus horrible il remarque ses yeux implorants, il sent son unité, alors il remet, confiant, l’esprit dans les mains du Père ». « L’imitation de Marie » est indiquée comme objectif bon pour femmes et hommes, vierges, prêtres et laïcs avec applications dans le spirituel comme dans le social. “C’est l’heure de Marie”, écrit Giordani, où elle veut revivre au sein des âmes qui, « devenues mystiquement elle », réussissent à engendrer le nouveau Jésus au milieu des hommes d’aujourd’hui, qui ont de plus en plus besoin de Lui. Et il la voit, spécialement dans la profondeur abyssale de sa désolation, devenir mère des sauvés, âme de celui qui sait la recevoir, route praticable pour la sanctification de chacun d’entre nous. Tommaso Sorgi www.iginogiordani.info

Semaine Monde Uni et Run4Unity 2015

Semaine Monde Uni et Run4Unity 2015

SMU2015 Jeunes et enfants des Focolari avec une quantité de leurs amis. Signes de ceux qui n’épargnent aucun effort tant que tout le monde ne vivra en paix. Un focus sur quelques-unes de leurs initiatives, non pas parmi les plus participées en nombre ou réalisées dans de grande villes, mais significatives parce qu’elles disent que n’importe qui, dans n’importe quelle situation, peut donner un coup de pouce à la paix. Kinshasa, Congo. Un millier de jeunes, chrétiens et musulmans ont manifesté devant les autorités civiles : maires, gouverneurs, députés, ambassadeurs. La conviction était de mise (un jeune garçon a invité à lui seul 70 amis et reçu à l’avance leur participation financière). La course d’environ une heure, au milieu du trafic chaotique de Kinshasa, avait comme but « Petite Flamme », l’organisation scolaire des Focolari dans le quartier Ndolo, qui offre à beaucoup d’enfants la possibilité de se construire un futur dans leur propre pays sans devoir émigrer. D’autres jeunes ont couru dans la région instable de l’Est, à Bukavu, Kikwit et Goma. Damas, Syrie. De beaucoup d’endroits les jeunes avaient demandé à leurs camarades syriens d’exprimer quelques mots par le moyen des réseaux sociaux : « Je m’appelle M. et je me trouve à Damas après que nous avons fui la maison. Durant la nuit se sont succédés de forts bombardements dans notre quartier. Sur la maison d’autres amis, des roquettes sont tombées… les familles des Focolari se sont engagées à trouver les logements pour eux. Quelques-uns d’entre nous ont perdu des parents, des amis, l’école… Malgré tout nous croyons à la paix, nous vivons pour la paix et prions Dieu qu’elle revienne. Nous sommes allés rencontrer des enfants dans un orphelinat. Par groupes, nous avions préparé des gâteaux, des biscuits salés, des bracelets… nous avons joué avec eux et nous avons passé une belle journée ensemble ». 65 autres jeunes de différentes villes du pays, malgré les risques du voyage, ont voulu se retrouver ensemble deux jours : « une oasis comme l’était pour le peuple d’Israël qui, au milieu de mille efforts, a traversé le désert pendant 40ans ». Run4Unity2015 (3)Cascais, Portugal. Les 900 jeunes du Portugal arrivés dans la cité-pilote de Cascais ont pris au sérieux ce que les jeunes de la Syrie ont demandé : prier pour la paix et être tous des endroits de paix dans la vie quotidienne, pour que l’amour se répande et la paix se diffuse. « Ils nous ont donné force et détermination, en relativisant nos petites difficultés et nos défis ». L’adjoint aux politiques pour la jeunesse les a encouragés : « Continuez à croire en ce que vous croyez. Continuez à être ce que vous êtes. Le monde a besoin de vous ! ». Bahia Blanca, Argentina. Une pluie de “petits tracts dans la ville” avec des messages positifs distribués un peu partout : sur les bancs de l’école, sur les portes, dans les ascenseurs, dans les boites à lettres, sur les motos, les voitures, les vélos… L’idée : « mettre un peu de joie dans la journée de tout le monde et essayer de diminuer la violence », inspiré par la règle d’or des livres sacrés et autres textes. Diffusée sur Whatsapp et Facebook, l’initiative a impliqué d’autres groupes (scout, ect.) et même suscité des opinions contrastées, qui ont renforcé la détermination à « écrire ces phrases avec la vie ». Hamm, Allemagne. Les jeunes catholiques et évangéliques ont traversé la ville touchant certains lieux de prière symboliques, parmi lesquels la mosquée et le temple indou. Slovaquie. Une ville sur la frontière était le but pour les enfants et les jeunes slovaques et ukrainiens autour de divers sujets, mais surtout pour partager la souffrance d’un conflit qui perdure et sème mort et destruction. Hong Kong et Macao. Le rendez-vous : un des quartiers les plus commerciaux et de trafic de HK pour sensibiliser les passants sur la nécessité de la paix et sa priorité absolue. Bethleem. Cette année le rendez-vous du relai pour la paix des jeunes chrétiens et musulmans de Jérusalem, Nazareth et Haïfa, s’est passé à Bethleem, sur la place de la basilique de la Nativité. Une marche qui les a menés jusqu’au monastère salésien dans la vallée de Cresima, où la lutte non violente de la population locale a évité la construction d’un pan de mur entre Israël et les Territoire palestiniens. Source: Communiqués de presse

Il y a 100 ans naissait Roger Schutz

Il y a 100 ans naissait Roger Schutz

Chiara Lubich, Gabri Fallacara, Frère Roger Schutz (1978).

Chiara Lubich, Gabri Fallacara, Frère Roger Schutz (1978).

Le 12 mai marque le centenaire de la naissance de Frère Roger Schutz, fondateur de la Communauté de Taizé. Quand l’as-tu rencontré pour la première fois? “C’était en août 1974, à Taizé, en Bourgogne (France), où se tenait le Concile des Jeunes. Chiara Lubich m’avait invitée à y participer avec quelques jeunes français. Pour accueillir les 40 000 participants de nombreuses banderoles où il était écrit « Silence » en différentes langues. Une façon simple mais directe de nous introduire dans un extraordinaire climat de prière, un « espace de créativité » comme l’appelait Frère Roger : ni alcool ni cigarettes, mais prière et dialogue entre tous, liberté et confiance. Il y avait des catholiques, des protestants, des anglicans, des orthodoxes, des juifs, des agnostiques…une composition qui reflétait celle des frères qui habitaient avec Frère Roger, réformé calviniste. Schutz était toujours présent. Il saluait chacun un à un, avec des propos empreints de douceur, qui parlaient de Dieu. En apprenant que nous étions envoyés par Chiara, il a dit en me tenant la main : « Je suis heureux de vous voir ici, dites à Chiara que je la porte dans mon cœur ». Et à un autre moment : « Embrassez Chiara de ma part » Dans le document final tous s’engageaient avec force à vivre, sans reculades, les béatitudes et à être « ferment d’une société sans classes et sans privilèges » Une incitation à vivre l’inespéré, à vivre la paix, dans la concorde » Etait-ce la première fois que le Prieur de Taizé rencontrait quelqu’un du Mouvement des Focolari? “Non. Sa rencontre avec le Mouvement des focolari remonte aux années 1950. Il en parle lui-même dans la préface du livre « Méditations » de Chiara, imprimé à Paris en 1966 : « Il y a plus de dix ans que j’ai accueilli à Taizé quelques jeunes, garçons et filles. Je les ai écoutés paisiblement et plus je les écoutais, plus je percevais en eux la Lumière du Christ. Qui étaient ces jeunes ? Les focolarini. Par la suite nous nous sommes revus à plusieurs reprises, non seulement à Taizé, mais à Rome, à Florence, à Milan, ou encore ailleurs, et ce fut toujours la même lumière du Christ. Un jour où j’étais à Rome, j’ai invité Chiara Lubich, celle qui a fondé la famille spirituelle des focolarini. Ce fut une rencontre mémorable. J’ai ensuite souvent revu Chiara, et la transparence de cette femme est toujours la même page d’Evangile ouverte. Je n’oublie pas que Chiara a été choisie parmi les humbles, les travailleurs, pour confondre les forts, les puissants de ce monde. Je sais qu’à travers des femmes comme Chiara, Dieu nous donne un incomparable instrument d’unité pour nous, chrétiens séparés depuis des siècles par un long divorce ». Un témoignage d’estime et de respect réciproque entre deux mouvements et deux fondateurs…
Chiara Lubich, Eli Folonari,

Chiara Lubich, Eli Folonari, Frei Roger Schutz

“Ces propos de Frère Roger sans sa préface montrent qu’il a vu Chiara comme instrument d’unité pour la réconciliation entre chrétiens de diverses dénominations, une réalité à laquelle il aspirait profondément. Chiara l’a toujours tenu en grande estime en soutenant son œuvre de façon concrète. Par exemple, elle a demandé à un focolarino d’aider pendant un an à l’organisation du grand Concile. Plus tard il y a eu la collaboration pour le projet « Ensemble pour l’Europe », auquel Frère Roger tenait beaucoup. La communauté de Taizé a toujours été présente aux divers rassemblements et elle sera aussi à celui qui se prépare à Munich pour 2016. Pour la première fois des Mouvements d’Eglises différentes se mettaient d’accord pour grandir ensemble en vivant l’Evangile. Vu que chacun d’eux touche de nombreuses personnes, cette initiative a revêtu une signification historique importante, qui ne passe pas inaperçue ». Toi qui l’as connu personnellement, que peux-tu nous dire de Frère Roger en tant que promoteur de l’œcuménisme? “Frère Roger inaugure une nouvelle ère. On priait les uns pour les autres, on partageait les difficultés et les espérances. Roger Schutz nous laisse un message de certitude. Il a commencé son œuvre en accueillant des réfugiés et des personnes en souffrance, en réunissant de nombreux jeunes. Au cours de sa longue vie – il est mort à 90 ans, d’une mort particulière comme on le sait – il a vraiment expérimenté l’amour du Père pour l’humanité : il a été transparence de cet amour divin. La prière était pour lui une clé qui lui permettait, pour ainsi dire, d’ouvrir le mystère de Dieu et Roger avait ce sens divin de la prière, comme en dehors du temps. Il croyait à l’unité entre les chrétiens, il y croyait de façon absolue. Il a donc commencé à réaliser avec d’autres personnes ce qu’il pouvait faire tout de suite : prier. L’unité viendra comme un don de Dieu ».

Journée d’amitié entre coptes et catholiques

Journée d’amitié entre coptes et catholiques

PapaFrancesco-PapaTwadrosII (2)10 mai 2013. Le Pape François et le Pape Tawadros II se rencontrent au Vatican, en souvenir du rendez-vous historique d’il y a 40 ans, entre leurs prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Pape Shenouda III. C’est de là qu’est partie une déclaration commune sur l’unique foi professée par des églises de traditions différentes. « Je suis convaincu – avait affirmé le Pape François – avec l’aide de l’Esprit Saint, de notre prière persévérante, de notre dialogue, et de la volonté de construire jour après jour la communion dans l’amour réciproque, qu’ ils nous permettront de faire de nouveaux et importants pas vers l’unité pleine ». « Je crois dans l’unité dans la diversité – avait déclaré le Pape Tawadros II lors d’une interview – C’est vraiment ennuyeux d’entrer dans un jardin où il n’y a que des fleurs rouges qui ont la même taille . Si j’entre au contraire dans un jardin et que je trouve une rose rouge, une autre jaune et une troisième blanche, et que je vois des arbres de hauteurs différentes, cette diversité exprime beauté mais aussi, force. Alors que je suis assis ici avec vous, je suis riche de mes frères dans le Christ ». ChiesaCopta (4)« Ce sont les paroles de quelqu’un qui a le courage d’aimer les frères – commente Sherin, focolarine copte – et de raccourcir les distances et les temps pour une nouvelle compréhension et un nouveau partage après des années d’éloignement, permettant ainsi aux deux églises, d’entreprendre une voie de paix et de fraternité. Ce sera impossible d’effacer ces paroles de la mémoire et de l’histoire de l’ œcuménisme et ce, jusqu’à ce que l’église jouisse un jour de l’unité pleine de ses enfants ». Ce moment du mois de mai 2013, a été le premier voyage du Pape Tawadros II après son élection, voyage qui eut comme objectif de rendre visite au successeur de Saint Pierre, le Pape François. C’était la deuxième visite historique du Pape des Coptes au Pape de Rome, écourtant ainsi toujours plus la distance entre les deux Églises. « Cette rencontre m’est toujours très présente à l’esprit : entre ces deux grands hommes de Dieu, guidés par l’Esprit Saint, qui conduisent leurs troupeaux vers l’unique Église, qui sera réalisée dans les temps de Dieu. Ce souvenir du baiser fraternel et de l’amour réciproque visible entre eux, m’envahit d’une immense joie. Je fête ce temps du souvenir avec les frères des deux églises, je regarde avec enthousiasme vers le futur et j’ai confiance dans les pas qui nous rapprocheront toujours plus, c’est une grande joie pour toute l’Église ! Ceci m’encourage à vivre davantage pour l’unité, perspective qui m’a fascinée il y a plusieurs années, lorsque j’ai connu le Mouvement des Focolari, où j’ai trouvé la ”Perle précieuse” de l’Évangile pour laquelle on vend tout. Au focolare, je partage cette vie avec des sœurs de différentes églises, où nous expérimentons la joie du Ressuscité, signe de ce que sera l’Église dans la pleine unité. Dans la vie quotidienne, nous prions, travaillons et partageons aussi des moments de souffrance – comme le disait le Pape François en parlant de l’œcuménisme de la souffrance – qui nous aident à grandir dans l’amour et dans le respect réciproque, croyant que Jésus sur la croix a surmonté chaque division et a comblé chaque vide. Je suis heureuse de partager cette expérience avec beaucoup d’autres dans le monde qui prient et vivent afin que cette unité soit expérimentée et vécue par tous ». Sherin, Focolare de Sohag (Egypte)

Graziella De Luca nous a quittés

Graziella De Luca nous a quittés

1954.05« L’aventure de l’unité » : c’est ainsi que Chiara Lubich et ses premières compagnes aimaient définir leur choix de Dieu comme Idéal de leur vie ce qui les a conduites à vivre pour l’unité de la famille humaine. Graziella De Luca était avec elle dès le début. Il est impossible de raconter en quelques lignes sa vie pleine, très riche, qu’elle a vécue pour diffuser la spiritualité de l’unité en nombre de lieux et de cœurs. « C’est le feu que je suis venu apporter sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé » (Lc 12, 49) : c’est la Parole de Jésus que Chiara Lubich lui avait indiquée comme but à atteindre, en raison de son esprit apostolique très marqué qui la conduisait à rencontrer députés ou simples ouvriers afin de leur raconter la découverte qui avait transformé sa vie : sa rencontre avec l’amour de Dieu. Graziella De Luca, née à Trente le 21 mars 1925, s’est éteinte le 9 mai à 15 h 35 alors que les focolarines qui étaient avec elle récitaient une prière à l’Esprit-Saint : “Viens Esprit-Saint”; c’est ce que la présidente des Focolari, Maria Voce, écrit pour informer les communautés du mouvement du monde entier. « En remerciant Dieu de sa vie très riche ! – continue-t-elle – Prions pour elle dans la joie de penser qu’elle est maintenant dans le sein du Père avec Marie et avec tous ceux qui nous sont chers. Avec confiance, nous lui confions l’Œuvre “en sortie”, sûrs qu’elle nous aidera à embraser le monde par l’amour ».

1400 jeunes au Meeting de Loppiano

1400 jeunes au Meeting de Loppiano

20150509Loppiano3« Ces temps-ci où nous sommes littéralement bombardés de violence, de guerres, au milieu de tant d’indifférence, nous voulons témoigner avec force qu’il existe un autre monde, parce qu’il est là ! ». C’est l’exhortation qui vient de l’estrade de l’Auditorium de Loppiano, où Nino, Nahomi, Luigi et Anna ont conduit avec chaleur et profondeur deux heures de dialogue avec les 1400 jeunes présents. La 42ème édition du Meeting des jeunes italiens des Focolari, s’est déroulée – comme chaque année – le 1ier mai dans la cité-pilote de loppiano (Florence), elle a choisi comme titre : “OUTSIDE, Look, Choose, Be” (sortir, regarder autour, choisir, être). Beaucoup de propositions des Jeunes Pour un Monde Uni en vue de soutenir une culture de la fraternité : méthode pour sortir de l’inertie personnelle et sociale et pour s’engager à changer le monde. Avec l’Expo des « Fragments de Fraternité », ils ont mis en vitrine la solidarité et la participation sociale par un réseau d’organisations gérées par des jeunes. 20150509Loppiano4“Je m’appelle Kareen, je suis palestinien. J’ai 23 ans et suis diplômé en administration. Après la chute du gouvernement d’Arafat les difficultés ont commencé pour nous chrétiens de la bande de Gaza. Nous étions en ce temps-là sur le million et demi d’habitants. Ensuite nous avons beaucoup diminué. Deux églises ont même été bombardées ». C’est un des témoignages forts du 1er mai. « La guerre a commencé en 2008 – continue Kareen – un jour une bombe est tombée à côté de moi, au point que l’explosion m’a projeté à terre. Tellement de destruction, des personnes mortes ! Au début j’ai essayé de rejoindre mon père à son bureau des Nations Unies, parce que cela me semblait l’endroit le plus sûr, mais ce n’a pas été possible. Ce n’est qu’après 4 heures que j’ai pu arriver chez moi, j’ai même dû passer sur les corps des morts. Ma mère pleurait parce qu’elle n’avait plus de nouvelles de moi. Nous avons vécu 28 jours de cette tension constante. Puis nous avons réussi à quitter la Bande de Gaza pour aller en Jordanie. Avec les gens du Focolare, en faisant l’expérience d’une vie fraternelle, petit à petit j’ai dépassé ce fort traumatisme que j’avais et à croire qu’avec l’amour nous pouvons construire un monde de paix. Depuis 7 mois je suis à Loppiano. Vivre avec des jeunes de cultures et de religions différentes est une nouvelle expérience pour moi, parce qu’à Gaza je n’avais pas de contacts extérieurs. En essayant de m’ouvrir, d’accepter les autres, maintenant je me sens chez moi, j’ai trouvé le trésor que je cherchais ». “Après le tremblement de terre de Haïti en 2010 qui a causé la mort de plus de 220 mille personnes, des milliers de haïtiens ont émigré au Brésil ». Joao di Florianópolis, au sud du Brésil, ouvre une brèche sur la réalité sociale : “Beaucoup d’entre eux sont diplômés mais ne parlent pas bien le portugais, ils ne trouvent du travail que comme maçons et souvent ils sont peu payés et traités avec dédain. Nous nous sommes demandé quoi faire. Pour avoir un premier contact nous avons récolté des vêtements et de la nourriture. Nous ne savions pas comment nous comporter : ils parlaient français et leur dialecte le « Créole », et nous ne connaissions pas leur culture. Mais le désir de mettre en pratique ce passage de l’évangile « J’étais étranger et vous m’avez écouté » a dépassé tout obstacle. Petit à petit nous avons fait connaissance et nous avons compris quelles étaient leurs principales difficultés. La première était la langue. Nous avons démarré des cours de portugais, avec images, vidéos et musiques. Ensuite nous les avons aidés pour les démarches quant à la demande de documents et pour l’inscription aux cours publics gratuits pour techniciens, afin qu’ils soient en mesure d’obtenir un travail, pour une vie meilleure. Nous avons organisé des soirées culturelles, avec des plats, des danses et des chants typiques de leur terre, nous sommes allés à la plage et nous avons joué au foot ensemble… Maintenant nous voulons constituer une association pour utiliser toutes les possibilités que les institutions offrent pour favoriser leur insertion sociale et culturelle. Tout n’est pas résolu et nous avons encore beaucoup de travail, mais il nous semble qu’une graine de fraternité a été plantée ». 20150509Loppiano2Voilà un coup d’œil sur le Meeting 2015, riche en témoignages et nombreuses propositions concrètes afin de répondre aux nécessités urgentes de beaucoup de gens. Entre temps, un réseau de jeunes, d’associations, d’organisations, est déjà actif depuis des années en Italie qui œuvre à différents niveaux du tissu social, ce que le pape François appelle les périphéries existentielles : « Nous voulons faire sortir à la lumière cette solidarité cachée qui existe et qui construit un présent et un futur de paix, mais que les gens ne connaissent pas suffisamment », expliquent une fois de plus les jeunes des Focolari.

Prévention sanitaire? A nous d’y aller!

Prévention sanitaire? A nous d’y aller!

Sensibilisation dans une salle paroissialeBobo Dioulasso est la seconde ville du Burkina Faso, la plus proche de Bamako, capitale du Mali, où avaient été signalés quelques cas de virus Ebola. Entre les deux villes il y a de nombreux échanges commerciaux et sociaux, avec un va et vient continuel de biens et de personnes. « Il fallait agir en urgence pour réduire au maximum le risque de voir le virus atteindre aussi le Burkina – écrit l’équipe du mouvement des focolari investie dans la campagne de sensibilisation contre la maladie du virus Ebola à Bobo Dioulasso – Concrètement il s’agissait d’expliquer au maximum de personnes les mesures préventives, mais la situation politique du Pays est telle qu’il n’est pas toujours possible que le gouvernement agisse ». “Nous avons alors décidé d’agir de nous-mêmes. Félicité est une volontaire, médecin épidémiologiste auprès de l’OOAS (Organisation de la Santé pour l’Afrique de l’Ouest). Son rôle est précisément de former le personnel sanitaire à la lutte contre les épidémies. Elle-même a travaillé dans des Pays comme la Guinée Conakry, le Libéria, le Sierra Leone. Elle s’est tout de suite mise à disposition. “La première chose à faire était d’avertir l’évêque qui à ce moment-là n’était pas sur place. Nous sommes alors allés parler avec le vicaire général, l’Abbé Sylvestre qui nous a assurés du plein appui du diocèse pour inciter le clergé et les fidèles à s’informer sur les mesures nécessaires à prendre. Carlo, un focolarino médecin du dispensaire de la mariapoli Victoria (Man), en Côte d’Ivoire, nous a envoyé les montages audio-visuels que nous avons ensuite dupliqués à l’intention des groupes de jeunes et d’adultes chargés de sensibiliser les personnes. Nous avons aussi fait parvenir ce matériel à un prêtre et à un enseignant de deux autres villes (Dedougou et Toussiana), intéressés par notre action. Félicité s’est chargée de la formation des groupes, aidée par 15 étudiants de Pays d’Afrique de l’Ouest mandatés par l’OOAS, parmi lesquels quelques musulmans ». “La campagne a commencé en Novembre 2014, d’abord au sein des rencontres du Mouvement des Focolari, pour s’élargir ensuite aux divers quartiers, aux paroisses ainsi qu’à un grand rassemblement de jeunes organisé précisément par le diocèse de Bobo Dioulasso. Le dimanche nous sommes intervenus dans les églises. Nous avons parlé au micro d’une radio privée, à la radio diocésaine et aussi nationale, en utilisant les trois langues les plus parlées : français, dioula et moré » Sensibilisation à la radio national du Burkina“Cette campagne a été l’occasion de connaître de nombreuses personnes. Lorsque Jean-Bernard a expliqué à ses voisins ce qu’il pensait faire dans le quartier, chacun a voulu offrir quelque chose : qui a prêté un ampli, qui a invité un chanteur pour l’animation, assuré le transport du matériel ou fourni de l’eau à boire. Environ 200 personnes ont assisté à la présentation. La voix s’est répandue dans les quartiers voisins et Jean-Bernard a dû répéter plusieurs fois la présentation. A l’occasion de l’une d’entre elles, un infirmier professionnel a offert ses services en répondant aux questions ; dans une autre était présent un spécialiste des langues locales, excellent traducteur. Les employés municipaux, auxquels on avait demandé l’autorisation de faire ces manifestations, se sont montrés très reconnaissants ». “Entre temps on a su par le Mali que la maladie avait été éradiquée. Du coup le risque diminuait sérieusement au Burkina Faso. La chose importante aujourd’hui est de continuer à respecter les mesures de prévention. Ce fut une belle occasion pour nos gens d’apprendre à travailler ensemble. Il s’agit maintenant de poursuivre dans ce sens ».

Baltimore le jour d’après

Baltimore le jour d’après

20150507-01« Ce qui est arrivé a réveillé la solidarité dans la communauté citadine. Beaucoup de leaders et de groupes religieux, ainsi que des organisations civiles, se sont mis à travailler ensemble pour nettoyer rues et bâtiments et aider par tous les moyens pour faire voir l’aspect positif de la ville, malgré la blessure profonde ressentie », écrit Lucia, coresponsable du mouvement des Focolari, depuis Washington. Les faits dont on parle sont bien connus, c’est-à-dire les manifestations populaires qui se sont déchaînées à Baltimore, le mois dernier et qui durent encore, après la mort du 25ième afro-américain Freddie Gray alors qu’il était en état d’arrestation. Baltimore, la plus grande ville du Maryland avec plus de 600.000 habitants, est un creuset de groupes ethniques en particulier afro-américains. Léonie et Jennifer, deux volontaires des Focolari, habitent au centre-ville. « La situation reste très tendue ; hier le maire avait fermé les écoles et le gouverneur de l’état a envoyé les forces armées. Cependant tous ceux que nous connaissons vont bien ». Léonie est justement proche des endroits d’affrontements et enseigne dans une école élémentaire où presque tous sont afro et la pauvreté règne. “A la TV j’ai vu l’un de mes élèves de 3ième élémentaire participer à une mise à sac d’édifices et de propriétés ». Nous ne pouvons rester indifférents, nous voulons faire quelque chose de concret, sachant bien que notre aide pour établir des rapports vrais entre les personnes est plus urgent que jamais. Et pas seulement, mais que chaque acte d’amour construit des rapports nouveaux et permet de faire grandir la fraternité entre les personnes », écrivent Marilena et Mike. « Entre temps nous participerons au différents moments de prière organisés par les autorités religieuses, à commencer par la messe que l’archevêque Lori célèbrera dans notre quartier, en invoquant la paix ». “Aujourd’hui je suis retournée à l’école – raconte Léonie – j’ai essayé de voir mes élèves (qui ont participé à la mise à sac) d’un « œil nouveau”. J’ai pris contact avec une enseignante afro-américaine musulmane qui connaît deux représentants religieux noirs dans l’école pour offrir notre solidarité et nous nous sommes mises d’accord pour travailler ensemble ». Jennifer travaille dans une usine où presque tous sont blancs. « Une de mes collègues, qui habite proche des lieux des violences, est venue aujourd’hui me trouver et me disait combien elle souffrait de voir ce qui se passe, mais elle n’avait pas le courage de le dire à personne par crainte d’être mise de côté par ses collègues. Ce fut l’occasion de dire que nous pouvons commencer nous à construire le dialogue avec tout le monde, une personne à la fois, et diffuser ainsi une nouvelle mentalité. Ma collègue n’est pas pratiquante, mais son visage s’est éclairé et elle m’a dit que c’est justement ce qu’elle voulait elle aussi ». En attendant, les leaders des diverses communautés religieuses commencent à travailler ensemble pour la paix. “J’ai été invitée par l’Imam Talib de la mosquée de Washington à offrir, le 5 mai, mon témoignage en tant que focolarine, et l’idéal qui m’anime », continue Lucia. « Il veut que je parle au cours d’une rencontre ouverte au public et qu’ils organisent avec le Procurateur du district, pour intégrer la perspective religieuse comme dimension essentielle pour calmer la violence. Le titre de l’événement est : « Heal the Hurt, Heal the Heart » (Soigne la blessure, soigne le cœur). Cela nous semble une excellente possibilité de dialogue entre religions, mais en même temps une chance pour faire voir, plus qu’un affrontement, la richesse de la diversité ethnique de notre société ».

Afrique du Sud: Religion au service de la Paix

Afrique du Sud: Religion au service de la Paix

Ela Gandhi-01“Ces jours-ci en Afrique du Sud aussi il y a beaucoup de troubles sociaux, de violences, de violations des droits humains… quelques Sud-africains ne veulent plus dans leur Pays leurs frères d’autres nations africaines. On ne comprend pas comment ces foyers de violence éclatent de façon aussi forte. Il y a vraiment besoin de promouvoir la tolérance des diversités au sein des groupes, des communautés, partout. Les migrants vivent dans la peur et beaucoup sont déjà rentrés dans leurs pays d’origine », écrit Jacira, de Johannesburg. C’est dans ce contexte que s’est déroulé, en ce 7ème anniversaire de la mort de Chiara Lubich (22/01/1920 – 14/03/2008), un séminaire intitulé « Religion au service de la Paix ».Très intéressante la contribution de Ela Gandhi, nièce du Mahatma : à plusieurs occasions, au cours de ses voyages en Italie, elle a été impressionnée par la personnalité de Chiara Lubich et par la spiritualité de l’unité qu’elle cite amplement dans son exposé bien construit. Elle y affirme entre autres: « En reconnaissant, comme le fit Gandhi, qu’on ne peut rien atteindre lorsque les gens n’ont pas de travail, de logement, ni de quoi se nourrir et se vêtir, Chiara a conçu l’idée de l’Economie de Communion dans la liberté. Prendre soin les uns des autres, tel est l’appel qu’elle lance avec force et éloquence! » Elle explique encore : « C’est l’amour pour les autres sous forme de miséricorde, l’amour qui ouvre les cœurs et les mains pour étreindre les délaissés, les pauvres, les pécheurs repentis et ceux que la vie marginalise ». “Si nous pensons pratiquer fidèlement notre religion, alors pourquoi tant de luttes, de guerres, de vexations et de souffrances perpétrées par l’homme contre l’homme et d’indicibles atrocités commises par l’homme en ce monde ? », se demande-t-elle. Et d’affirmer avec force : « Que chaque communauté de fidèles prenne la responsabilité de corriger les interprétations erronées de sa propre foi et de ne pas abandonner la foi ». “Ici, en Afrique du Sud, durant l’apartheid qui était fondé sur une interprétation erronée de la Bible – selon Mme Ela Gandhi – nos frères et sœurs chrétiens se mirent ensemble pour publier le Kairos Document. Ce texte affirme que le problème…en Afrique du Sud n’est pas simplement celui d’une faute au niveau personnel, mais une question de structures injustes ». Aussi conclut-elle en disant: “Aujourd’hui lorsque le monde et aussi notre propre Pays expérimente un taux élevé de violence et de comportements déréglés, de rage et de destruction, de pauvreté et d’indigence, il est nécessaire de nous pencher avec un regard nouveau sur notre pensée Ubuntu et de voir comment chacun de nous peut commencer à introduire dans sa vie l’agapè, bhavana, et beaucoup d’autres termes semblables qui se réfèrent à l’amour pur, de façon à faciliter l’avènement d’un monde meilleur ». Et aujourd’hui plus que jamais, pour donner leur propre contribution, les membres des Focolari, dans ce pays de grandes distances, vont à la rencontre des communautés les plus éloignées pour partager et approfondir le message de paix et d’unité, fruit de l’Evangile vécu.

Congo: Petite Flamme récompensée

Congo: Petite Flamme récompensée

8160df2d75“J’étais un des enfants de Petite Flamme. L’école m’a permis de réaliser quelque chose dans la vie”, raconte Trésor, 29 ans, actuellement étudiant en mathématique à l’université, à travers une vidéo diffusée durant la cérémonie qui s’est déroulée le 29 avril dernier au Musée juif de Berlin. “Lorsque j’étais petit, mon père était à la guerre, ma mère n’avait rien à nous donner pour nous nourrir”, ajoute Jean-Paul Ngandu Masamuna, 31 ans et septième de neuf enfants, aujourd’hui ingénieur. “Je devais lutter pour ma survie. Petite Flamme m’a donné à manger et la possibilité d’étudier. Mes amis sont allés en Europe, mais chaque fois que je parle avec eux, ils me disent qu’ils n’ont rien, qu’ils n’ont pas de travail et pas de papiers, et qu’ils n’ont pas la liberté que j’ai. Leurs rêves ne se sont pas réalisés. J’aime vivre à Kinshasa avec mes compatriotes congolais, je veux rester et travailler en Afrique pour sauver la vie de beaucoup de personnes qui souffrent.” Petite Flamme est une organisation scolaire des Focolari au Congo, qui offre à beaucoup de jeunes la possibilité de se construire un futur dans leur pays d’origine, sans la nécessité de devoir émigrer. b1d51cd67c L’immigration, la nécessité d’empêcher les tragédies en mer, l’urgence d’initiatives politiques de la communauté internationale en faveur de certaines régions de l’Afrique subsaharienne et du Nord ont été au centre du débat qui s’est déroulé à l’occasion de “The Roland Berger Human Dignity Award”, à Berlin. Étaient présents à l’événement: le Ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier, Romano Prodi, ex-président de la Commission européenne, et d’autres représentants du monde économique et politique. Le prix est promu par la “Fondation Roland Berger“, basée en Allemagne, qui soutient les étudiants provenant de situations défavorisées et œuvre pour la défense des droits humains. La fondation a remis à l’école Petite Flamme le prix 2015, consacré à l’engagement pour défendre la vie et la dignité des réfugiés, et à la prévention des problématiques liées à l’immigration. Parmi les vainqueurs, outre Petite Flamme, deux femmes courageuses qui s’engagent pour les réfugiés: le Docteur Katrine Camilleri, de Malte, active depuis des années dans le soutien juridique aux réfugiés, et le Docteur Alganesh Fessaha, présidente de l’ONG “Gandhi”, qui offre une aide humanitaire aux réfugiés africains.522600f491 “Tout a commencé par une idée de Chiara Lubich – raconte Dada Diambu qui, avec Odon Makela, coordonne le projet sur place – lorsque, pour faire face à la situation difficile dans laquelle se trouvaient beaucoup d’enfants dans le monde, elle a lancé le projet de ‘soutien à distance’ de Familles NouvellesPetite Flamme naît en 1996 pour offrir l’instruction aux enfants de Ndolo, un quartier de Kinshasa dans une situation de pauvreté extrême. Les enfants étant mal nourris, la priorité est un plat chaud et des soins médicaux adéquats. Les années suivantes, de nouveaux centres sont ouverts, le cycle scolaire s’élargit, l’aide s’étend aux adolescents et aux familles, des classes pour enfants malvoyants et malentendants sont créées. Ensuite, commence l’expérience de ‘l’accueil extrascolaire sous l’arbre’: 14 classes sous 14 arbres, vu le manque d’autres structures. Les filiales du projet, toujours en évolution, se trouvent dans les quartiers plus défavorisés de la périphérie de Kinshasa, ensuite à Idiofa, dans le Bandundu, à 750 km de la capitale, à Kisantu, dans le Bas-Congo, et à Kikwit. Le projet est soutenu par différents organismes et ONG, et par l’Associazione per Famiglie Nuove onlus, qui assurent éducation, soins de santé, alimentation, à 2400 enfants et jeunes, les aidant à devenir des personnes responsables, afin qu’ils puissent sortir de la misère et être en mesure de construire une vie digne pour eux-mêmes et pour la communauté.” “C’est durant l’opération militaire de la Force de l’Union européenne (EUFOR), qui avait pour mission de sécuriser les élections au Congo en 2006 – explique Monika-Maria Wolff, depuis de nombreuses années au Congo – que le contre-amiral Henning Bess, responsable des soldats allemands et vice-commandant de la mission, a connu “Petite Flamme”. Il s’est alors engagé, avec son escouade, dans de nombreuses et importantes aides. Après la fin de la mission, le contre-amiral a continué, avec sa femme Julie Müller, à soutenir Petite Flamme – ainsi que le projet du “soutien à distance” de Familles Nouvelles – avec un réseau de plus de 350 contributeurs allemands.” Durant la cérémonie, une table ronde a été organisée sur les résultats du récent Sommet spécial de l’Union européenne sur l’immigration. Ont participé: Romano Prodi, Frank-Walter Steinmeier, un représentant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, des journalistes et des membres de différents organismes humanitaires. Deux solutions, semblant être les seules qui peuvent apporter un remède durable, ont émergé: que la communauté internationale collabore de manière plus unie et décidée pour la paix et que des initiatives visant à résoudre – à l’exemple de Petite Flamme – le problème aux racines soient soutenues, donnant aux jeunes le moyen de mener une vie digne dans leur pays sans recourir à la fuite vers le nord et leur bien-être. 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Run4Unity sur les lignes de départ !

Run4Unity sur les lignes de départ !

Run4Unity_WorldUne vidéo des Juniors pour un Monde Uni de Syrie raconte comment ils vivent pour tenir allumée la flamme de l’espérance dans ce pays martyrisé. Elle sera vue par leurs camarades d’autres nations, mobilisés pour témoigner, par des gestes de fraternité, leur engagement pour la construction d’un présent de paix.

Les jeunes de Slovaquie se rendront en Ukraine, aux portes de Mucachevo:” Même si la guerre se déroule dans une autre partie du pays – nous écrivent-ils – ici on ressent la grande crise économique et une atmosphère privée d’espérance ». Un petit groupe ira ensuite à Kiev pour soutenir les amis ukrainiens. A Bethléem, la ville de la paix, des jeunes chrétiens et musulmans de Bethléem, Jérusalem, Nazareth et Haïfa courront ensemble. On part de la place de la Nativité où « on déclarera à la maire de la ville – Vera Baboun – et aux personnes qui seront présentes, notre engagement à vivre la Règle d’Or pour construire la fraternité », nous disent les juniors de la Terre Sainte. A Arequipa, au Pérou, à 2300 m au-dessus du niveau de la mer, on lance une chaîne de solidarité : chaque junior apportera des denrées alimentaires et du matériel scolaire destinés à deux centres, l’un où vivent des enfants abandonnés et l’autre des enfants handicapés. . Run4Unity_01Le premier groupe qui ouvre la course est celui de Wellington, en Nouvelle Zélande, celui qui la ferme est à Los Angeles (Etats Unis). A Malte, c’est la Présidente de la République, Mme Luise Coleiro Preca, qui donne le signal de départ. Des lieux symboliques : à Budapest, en Hongrie, on ira toucher la statue de la liberté sur la colline de saint Gellert, tandis qu’en Bolivie, à Cochabamba, les juniors monteront aux pieds du Christ de la Concorde où il est écrit « Que tous soient un ». A Trelew, en Argentine, une peinture murale pour la paix au centre ville et à Huston (Texas) une collecte de denrées alimentaires pour les réfugiés. Quant aux actions engagées dans le Cône Sud et au Brésil, elles sont toutes très expressives et à forte connotation sociale. En Lituanie, à Caunas, et en Allemagne, à Hamm, des manifestations à caractère interreligieux. Sous le patronage du maire Thomas Hunsteger-Petermann, la Run4Unity de Hamm prévoit un « Reli-Rally », qui reliera les divers lieux de prière de la ville, entre autres la mosquée et le temple hindou. Les jeunes Bahai attireront l’attention par un flashmob. Il s’agit de contribuer ensemble à un projet social local qui aide les enfants des pays en guerre (www.hammer-forum.de). A Goma aussi, au Congo, des jeunes de toute la ville, chrétiens de diverses églises et musulmans, se mobilisent. A 12h dans chaque fuseau horaire, le Time-Out reliera les différents points du monde: on priera pour tous les jeunes qui vivent dans des contextes de souffrance : les victimes du récent tremblement de terre au Népal, de tous les conflits en cours, ceux qui sont obligés de quitter leur Pays. Mais Run4Unity court aussi sur les réseaux sociaux: à travers l’hashtag #run4unity tous les liens de paix et d’unité qui seront construits ou reconstruits seront partagés avec photos et vidéos, et convergeront sur le site de l’événement http://www.run4unity.net/2015/. . Run4Unity se déroule dans le cadre de la Semaine Monde Uni – Discovering fraternity” est le titre choisi pour 2015 – proposition annuelle des jeunes pour promouvoir la paix à tous les niveaux et dont l’événement central aura lieu cette année en Inde.

Brésil : Eucharistie et défi social

Brésil : Eucharistie et défi social

Istituto don VilsonUn travail d’organisation “en réseau” et une présence généreuse et concrète, « le père Vilson » encourage la vie et la dignité des plus exclus. Nous lui avons demandé ce que signifie l’Eucharistie comme source d’unité pour son travail dans les périphéries. Nous offrons ici quelques passages de son récit, bien plus riche et ample. “L’autre jour j’ai rencontré une personne qui vit dans la rue, journaliste et poète. A un certain point de notre conversation il m’a demandé : « Pourquoi êtes-vous dans la rue avec nous ? » Je lui ai répondu que pour moi c’était une grande contradiction de célébrer la messe tous les dimanches à la cathédrale et en sortant de me trouver face à face avec 70-80 personnes sans toit ni nourriture. Comment aurai-je pu rentrer chez moi ? Sur la colline de la ville de Florianopolis, où s’est multipliée une multitude de maisons pauvres, se trouve aussi ma maison, simple et sans clé. Pendant la journée il arrive toujours quelqu’un pour prendre un café ou pour manger : à table on met chaque fois une assiette en plus. Cette porte toujours ouverte veut dire l’ouverture à la communauté du quartier : il y a toujours une place pour qui frappe à la porte. C’est aussi une manière de rappeler que l’Eucharistie « ne ferme jamais » : elle est « à disposition » de tous 24 heures sur 24. En pratique cela veut dire : notre frigo doit toujours être le frigo des gens, notre pain, leur pain, notre linge les vêtements des pauvres. Istituto don Vilson2Chez moi, j’ai la possibilité d’avoir une chapelle avec le tabernacle et un prie-Dieu. Rentrer à la maison, en fin de journée, et aller dormir là où m’attend Jésus dans l’Eucharistie, est pour moi poser ma tête à côté de Lui au lieu de m’adonner à la TV ou à internet qui nous porte à tant d’autres choses. Sur la patène que j’utilise pour la messe la phrase de mon ordination est écrite : “J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire », jusqu’à la fin du texte évangélique : « Tout ce que vous aurez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Ainsi quand je dispose sur la patène le pain pour l’Eucharistie, je vois ces paroles et cela m’aide à ne pas perdre la journée. Une femme du quartier m’a demandé un jour : « Vous savez, père Vilson, pourquoi Jésus a voulu rester dans l’Eucharistie ? Afin que les gens ne sentent plus la solitude ni d’être orphelins. » P.Vilson 4L’Eucharistie et le cri de l’humanité. « Il ne peut pas y avoir de séparation entre la table de l’Eucharistie d’un côté et la table de la justice sociale de l’autre. Par nos gestes, nos bras, notre manière d’organiser, nous prolongeons la réalité de Jésus Eucharistie et nous envoyons au monde un signe de partage et de soutien. Guidés par cette conviction, au fil des années et avec les autres, nous avons mis sur pied un réseau de 340 personnes rétribuées mensuellement, 7 organisateurs et un institut. Il y a 5.000 enfants, garçons et filles, ados, qui gravitent tous les jours autour de notre réseau de relations. Nous investissons chaque année 15 millions de réais (environ 5 millions d’Euros) et nous collaborons avec 80 autres institutions et organisations non gouvernementales. Pour jeter des ponts, nous avons décidé d’ouvrir une église, qui était presque toujours fermée, au cœur de la ville ; et là nous avons suscité une grande communauté locale à laquelle participent des intellectuels, des personnes de classe moyenne et des responsables d’entreprises qui s’engagent sous des formes différentes dans nos activités. Nous célébrons la messe sur place tous les samedis et les dimanches et nous créons ainsi comme un « contrepoint » entre périphérie et centre ». (Publié sur Rivista di vita ecclesiale Gen’s, janv/mars 2015, p. 28-32).

Evangile vécu. Deux histoires en filigrane

Evangile vécu. Deux histoires en filigrane

20150502-aSur la route « Je fais plus ou moins les mêmes routes en croisant chaque jour une multitude de gens. Il y a celui qui traverse quand il ne peut pas le faire, celui qui klaxonne parce que je n’ai pas encore démarré au feu vert, celui qui essaie de me couper la route….Heureusement que quelquefois je réussis à me rappeler que chacun d’eux est mon frère et alors, même le trafic le plus chaotique devient moins compliqué. Un jour, il faisait particulièrement chaud. Je me suis rendu compte qu’un clochard, que j’avais très souvent vu, était inanimé sur le trottoir, replié sur lui-même. C’était son angle de rue, ce carton, sa maison. En général, il n’allait pas mal, et je ne m’étais jamais arrêté avant, mais en voyant que quelque chose n’allait pas, malgré le fait que j’étais en retard avec les livraisons de mes commandes, je ne pouvais pas passer outre. Ma camionnette, cependant garée dans une zone de trafic intense, s’est tout de suite fait repérer par la police locale qui, de loin, me faisait signe de m’en aller immédiatement. J’ai fait signe que je voulais aider cette personne en difficulté. Mais ils continuaient à me demander de m’en aller, me montrant le bloc de feuillets des contraventions. Je pensais qu’ils auraient dû eux-mêmes prendre soin de lui, mais vu qu’ils ne le faisaient pas, je me suis précipité dans un bar pour prendre une boisson fraîche pour ce pauvre. De retour près de lui, je lui ai caressé délicatement la joue pour ne pas le réveiller en sursaut. Grâce à Dieu, il reprenait connaissance mais il était fatigué et épouvanté. Je lui ai approché le verre de la bouche et il m’a répondu avec un sourire, en me remerciant plusieurs fois. A la fin, les policiers sont également arrivés et en voyant la scène, ils ont mis en poche le bloc des contraventions et m’ont salué en souriant ». Alexander – Grèce 20150502-02Portier « J’alterne les études et le travail comme portier dans un pub : travail ingrat et parfois même non exempt de risques, surtout ayant à faire à des gens qui ont souvent trop bu. Un mois, la Parole de Vie invitait à aimer en premier. Comment la mettre en pratique dans un milieu de travail comme le mien ? En attentant, j’essaie de sourire et de saluer en premier les clients, même si je ne reçois pas de réponse.Après une semaine, à ma grande joie, je vois qu’ils commencent à me sourire à leur tour. Donc, ça fonctionne ! Non seulement : si avant, avec les types plus ”difficiles”, j’utilisais des méthodes brusques, maintenant, voyant Jésus en chacun, j’essaie d’être cordial de m’intéresser à lui. Ainsi, dans les moments plus critiques, je réussis à éviter les bagarres et à calmer les esprits. C’est dans un certain sens, une tactique préventive qui entre autre m’aide à gagner l’estime des clients mais aussi du patron. Et si quelqu’un me demande la raison de ma façon de faire, c’est l’occasion pour lui parler de Dieu Amour ! Dans le pub, on y respire maintenant une autre atmosphère, qui entre autre, attire de nouveaux clients ».  M- Polynésie

Inde : Semaine Monde Uni 2015

Inde : Semaine Monde Uni 2015

UWW_2015_aPlus de 120 jeunes représentent 25 pays : du Japon à l’Italie, de la Corée à la Colombie, du Népal à la Roumanie. Un laboratoire qui, dans l’atmosphère de la Semaine Monde Uni qui se déroule dans le monde entier, est le véritable témoignage que les différences culturelles et religieuses ne font pas obstacle au dialogue entre les peuples, mais qu’elles représentent un tremplin pour un monde plus uni et plus fraternel. Le titre de cette édition, “Fabric, Flavour, Festival – discovering fraternity”, est entièrement centré sur un dialogue à 360° ; Fabric (Tissu) : Affronter les défis du dialogue pour construire un Monde Uni par la découverte de sa propre identité, l’accueil, et le respect de l’autre, le courage de prendre l’initiative. Flavour (Saveur) : dialogue en acte en vivant la Règle d’or « fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse à toi-même » point de départ d’un chemin vers la réciprocité et le partage. Festival : joie de se découvrir frères et de vivre en paix. La multi culturalité est le leitmotiv de ces journées à Mumbai. Des représentants du Shanti Ashram (mouvement indouiste) et du Rissho Kosei-Kai (mouvement bouddhiste), s’unissent aux jeunes chrétiens pour vivre des moments de fraternité en étant aussi au service des jeunes indiens et de la communauté civile. UWW_EqualStreets_4Lawrence, représentant de Religions for Peace, nous dit qu’il est là parce « qu’il faut montrer au monde des réalités positives. Nous devons montrer au monde que la fraternité peut changer l’histoire ». Crisfan, jeune indien, raconte qu’il a connu les Jeunes pour un Monde Uni il y a quelques années et depuis lors « je sens le désir de construire des ponts de fraternité. En Inde, la religion n’est jamais un obstacle. Chacun suit son parcours, mais tous nous sommes frères ». Marié depuis quelques mois, il a entraîné aussi sa femme dans cette aventure. Ce sont des journées intenses au cours desquelles les jeunes partagent aussi les tragédies comme celle du Népal voisin, où le tremblement de terre – comme on le sait – a fait des milliers de victimes et de blessés. Ici à Mumbai Sana et Roshan sont parmi nous, ils n’arrivent pas à se mettre en contact avec leur famille. Cependant ils ont l’air sereins : « Nous sommes sûrs que Dieu pense à eux », nous disent-ils. En attendant, tout le monde prie. A la fin de la journée, voilà la bonne nouvelle : leur famille va bien. Ils ont dû être évacués, mais l’amour de Dieu ne s’est pas fait attendre. Maria Chiara, italienne, nous raconte que depuis longtemps elle désirait vivre une expérience de ce genre. « Lorsque Christian m’a invitée, j’ai senti que je ne pouvais pas laisser échapper cette occasion. Je suis ici pour connaître les autres jeunes et pour apprendre à vivre la culture de l’autre comme la mienne ». Christian, par contre, est roumain, il étudie à l’Institut Universitaire Sophia, qui a son siège en Italie. Après s’être rendu en Terre Saint en 2013 et au Kenya en 2014, cette année il a décidé de ranger ses livres « pour savoir comment est vécue la fraternité dans une culture différente de la mienne ». La fraternité vécue concrètement est déjà l’expérience de ces premiers jours de chantier international en Inde tandis que, dans tous les coins du monde, se déroulent des initiatives en tous genres en faveur de la paix. Programma SMU in India

Loppiano – 43° meeting dei giovani

Chiara Lubich : une conscience de solidarité universelle

Chiara Lubich : une conscience de solidarité universelle

Chiara Lubich e Nikkyo Niwano«On parle beaucoup de la construction d’une maison européenne commune, mais nous sommes convaincus que cette œuvre tellement nécessaire, ne pourra être complète que si on pense à elle en tant que partie de ce “village global” qu’est la Terre sur laquelle nous vivons. Cette pensée m’a également été suggérée par la préoccupation que vous exprimez dans votre lettre au sujet des conditions précaires de notre environnement naturel. (…) En effet, les analyses alarmantes de scientifiques, de politiques, d’organismes internationaux, se multiplient par rapport à notre écosystème. De divers côtés, des propositions sont lancées pour guérir notre monde malade. (…) L’écologie, au fond, représente un défi dont on ne peut être vainqueur qu’en changeant de mentalité et en formant les consciences. Des sérieuses études scientifiques ont désormais démontré qu’il ne manquerait ni les ressources techniques ni les ressources économiques pour améliorer l’environnement. En revanche, ce qui manque, est un supplément d’âme, un nouvel amour de l’homme qui fait que nous nous sentons tous responsables de tous dans l’effort commun de gérer les ressources de la terre de façon intelligence, juste, mesurée (…). l’aspect de la distribution des biens dans le monde, de l’aide aux populations les plus pauvres, de la solidarité du Nord envers le Sud, des riches envers les pauvres est l’autre face du problème écologique. Si les immenses ressources destinées aux industries de la guerre et à une superproduction qui exige de plus en plus de super-consommateurs – sans parler du gaspillage des biens dans les pays riches – si ces énormes ressources servaient au moins en partie à aider les pays les plus pauvres à trouver une voie de développement décente, le climat serait combien plus respirable ; et combien de forêt pourraient-elles être épargnées, combien de zones pourraient être soustraites à la désertification et combien de vies humaines pourraient être sauvées ! (…) Pourtant, sans cette nouvelle conscience de solidarité universelle on ne fera jamais un pas en avant. (…) Si l’homme n’est pas en paix avec Dieu, la terre elle-même n’est pas en paix. Les personnes fidèles à une religion perçoivent la “souffrance” de la terre lorsque l’homme ne l’utilise pas selon le projet de Dieu mais qu’ils l’utilisent seulement par égoïsme, dans un désir insatiable de possession. C’est cet égoïsme et ce désir qui contaminent l’environnement, plus encore et avant tout autre pollution qui n’en est que la conséquence. (…) Aujourd’hui, de telles conséquences désastreuses obligent à regarder tous ensemble la réalité dans la perspective d’un monde uni : si nous n’affrontons pas tous ensemble ce problème, nous ne le résoudrons pas. (…) Si on découvre que la création est le don d’un Père qui nous aime, ce sera bien plus facile de trouver un rapport harmonieux avec la nature. Et si on découvre que ce don est pour tous les membres de la famille humaine, et non seulement pour quelques-uns, nous serons plus attentifs et plus respectueux pour ce qui appartient à toute l’humanité présente et future ».

Sauvegarde de la création : sourire au monde

Sauvegarde de la création : sourire au monde

    FotoAnsaPapaBanKimoon Aucune anticipation sur l’encyclique du pape François sur la Création, mais une grande attente du document qui sera publié début juin. « Le monde attend d’écouter son enseignement et ce qu’il dira aussi bien sur l’encyclique que son discours à l’Assemblée des Nations Unies le 25 septembre prochain », déclare Jeffrey Sachs, directeur de l’agence ONU pour le développement durable (UN sustainable Development Solutions Netwworks) promoteur du sommet, avec l’Académie pontificale des Sciences et Religions for Peace, dont Maria Voce est une des co-présidents. Y seront présents le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, le président de la République italienne Sergio Mattarella et de la République de l’Équateur, Rafael Vicente Correa. IMG_8049 Un congrès qui a rassemblé des scientifiques, des écologistes, des prix Nobel, des leaders politiques et religieux, pour approfondir le débat sur les changements climatiques et le développement durable, justement en préparation de la sortie de l’encyclique. Focus de la journée : les dimensions morales de l’engagement pour le développement durable. Pour cette raison la participation des communautés religieuses, très diverses les unes des autres, semble une nouveauté de bon augure. Pour Maria Voce, à partir de ce sommet il en ressort une « nouvelle conscience que pour obtenir quelque chose de positif il faut se mettre ensemble, parce que personne, tout seul, n’a la recette pour sortir des situations les plus dramatiques. Cela révèle que l’humanité en soi a la capacité de sortir des crises, mais elle ne peut le faire qu’à l’intérieur d’une synergie de toutes les composantes. Le besoin réciproque de s’écouter et de travailler ensemble est en train d’émerger ».   TheEarthCube (1) Et les réponses que l’on trouve ne peuvent pas être uniquement d’ordre technique, elles doivent s’enraciner dans les dimensions morales et orientées vers le bien-être de l’humanité : ainsi s’exprime le card. Turkson, président du décastère Justice et Paix. Le progrès économique, scientifique, technologique a introduit des styles de vie inimaginables pour nos prédécesseurs, mais il a aussi « des côtés obscurs et des coûts inacceptables ». « Alors que la société globale se définit sur des valeurs de consommation et sur les indicateurs économiques, le privilégié du moment est paralysé face au cri des pauvres ». « Sur 7 milliards de personnes, 3 vivent en condition de pauvreté, alors qu’une élite consomme la grande partie des ressources ». Et le sujet finit inévitablement sur l’alimentation, au centre de l’Expo mondiale de 2015, qui se trouve maintenant à nos portes. Turkson dénonce avec force l’exploitation du travail, le trafic d’êtres humains et les formes modernes d’esclavage. Le pape François déplore cette « culture du déchet », rappelle le cardinal, dans la mondialisation de l’indifférence ». « L’Eglise n’est pas une experte en science, en technologie ni en économie » – déclare-t-il – « mais elle est experte en humanité ». Pour vaincre le défi du développement durable « il faut la même conversion, la même transformation personnelle et le même renouvellement exprimés par Paul VI il y a 50 ans et encouragés par le pape François aujourd’hui ». “Une possibilité d’agir concrètement nous est offerte par une initiative qui s’inspire du projet de Eco One », explique Maria Voce dans une interview. « Il s’agit du ’Dé de la Terre’ (http:/theearthcube.org/). Sur les six faces, des phrases aident à vivre l’attention à l’environnement : souris au monde ! Découvre les belles choses ! Enseigne à vivre aussi la sobriété, à n’utiliser que ce dont tu as besoin, comme font les arbres. Il s’agit de gestes quotidiens, d’actes concrets : ne pas gaspiller l’eau, recycler les déchets, la réutilisation. La dernière face dit : c’est maintenant le moment, n’attends pas demain. Ces initiatives simples peuvent soutenir celui qui veut mettre en pratique ce que dit le pape, mais ne sait pas comment faire ».

Parole de vie de mai 2015

Sur le mont Sinaï, Dieu avait révélé à Moïse son identité en se proclamant : « Le Seigneur, le Seigneur, Dieu miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté » (Exode 34, 6). Pour indiquer la nature de cet amour de miséricorde, la Bible hébraïque utilise le mot (raḥămîm) qui évoque le sein maternel, le lieu d’où vient la vie. Dieu, en se faisant connaître comme “miséricordieux”, montre son attention pour chacune de ses créatures, semblable à celle d’une maman pour son enfant : il l’aime, il est proche de lui, le protège, prend soin de lui. La Bible utilise encore un autre terme (ḥesed) pour exprimer d’autres aspects de l’amour-miséricorde : fidélité, bienveillance, bonté, solidarité. Marie, dans son Magnificat, chante elle aussi la miséricorde du Tout-Puissant, qui s’étend d’âge en âge (cf. Luc 1, 50). Jésus lui-même a parlé de l’amour de Dieu ; il nous l’a révélé comme un “Père” proche de nous, attentif à tous nos besoins, prompt à pardonner, à nous donner tout ce dont nous avons besoin : « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. » (Mt 5, 45) L’amour de Dieu est vraiment un amour “riche” et “grand”, comme le décrit la lettre aux Éphésiens, d’où est tirée cette parole de vie : “Mais Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que nous étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ” C’est presque un cri de joie que Paul lance, en contemplant l’action extraordinaire que Dieu a accomplie pour nous : nous étions morts, et il nous a fait revivre en nous donnant une vie nouvelle. La phrase commence par “mais”, pour marquer le contraste avec ce que Paul constatait dans le passage précédent : la condition tragique de l’humanité, écrasée par ses fautes et ses péchés, prisonnière de ses désirs égoïstes et mauvais, soumise à l’influence des forces du mal, en rébellion ouverte contre Dieu. Dans cette situation, elle avait mérité le déchaînement de la colère de Dieu (cf. Ep 2, 1-3). Or, au lieu de la punir – ce qui provoque la stupeur de Paul – il lui redonne la vie ; il ne se laisse pas guider par la colère, mais par la miséricorde et par l’amour. Jésus avait déjà laissé entrevoir cette façon d’agir de Dieu, dans le récit de la parabole du fils prodigue, c’est à bras ouverts qu’il accueille le plus jeune fils, tombé dans une vie dissolue. De même dans la parabole du bon pasteur, parti à la recherche de la brebis perdue, qu’il ramène sur ses épaules à la maison ; ou encore, dans celle du bon Samaritain, qui soigne les blessures de l’homme tombé entre les mains de brigands (cf. Lc 15, 11-32 ; 3-7 ; 10, 30-37). Dieu, Père miséricordieux, symbolisé dans ces paraboles, ne nous a pas seulement pardonné ; il nous a donné la vie même de son fils Jésus, il nous a donné la plénitude de la vie divine. D’où cet hymne de gratitude : “Mais Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que nous étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ” Cette parole de vie devrait susciter en nous la même joie et la même gratitude que chez Paul et au sein de la première communauté chrétienne. Envers nous aussi, Dieu se montre “riche en miséricorde” et nous aime d’un “grand amour”, prêt à pardonner et à nous redonner sa confiance. Il n’y a pas de situation de péché, de souffrance, de solitude, où il ne se rende présent, à nos côtés nous accompagnant, nous accordant sa confiance, la possibilité de nous relever et la force de toujours recommencer. Dans son premier “Angélus” du 17 mars, il y a deux ans, le Pape François avait commencé à parler de la miséricorde de Dieu, un thème qui lui est ensuite devenu habituel. Ce jour-là, il avait dit : « Le visage de Dieu est celui d’un père miséricordieux qui a toujours de la patience… il nous comprend, nous attend, il ne se fatigue pas de nous pardonner ». Il concluait cette brève salutation en nous rappelant que : « Il est, Lui, le Père plein d’amour qui toujours pardonne, qui a ce cœur de miséricorde pour nous tous. Et nous aussi, apprenons à être miséricordieux avec tous. » Comment vivre concrètement cette parole de vie ? À l’image de Dieu, riche en miséricorde envers nous, qui nous aime d’un grand amour, soyons miséricordieux envers les autres. Apprenons, comme Dieu, à aimer nous aussi tous ceux qui ne sont pas “aimables”, et même nos ennemis. Jésus ne nous a-t-il pas dit : « Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde » (Mt 5, 7) ? Ne nous a-t-il pas demandé d’être « miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36) ? Paul, lui aussi, invitait ses communautés, choisies et aimées par Dieu, à revêtir « des sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience » (Col 3, 12). En ayant cru à l’amour de Dieu, nous pourrons à notre tour aimer de cet amour qui se fait proche de quiconque vit une situation de souffrance ou de besoin, un amour qui excuse tout, qui protège et sait apporter son soutien. En vivant de cette manière, nous pourrons être témoins de l’amour de Dieu et aider ceux que nous rencontrons à découvrir que Dieu est, pour eux aussi, riche en miséricorde et qu’il les aime d’un grand amour. Fabio Ciardi

République Dominicaine, le rêve d’un orchestre

Ecologie durable: projet Preset en Argentine

Diapositiva12342 personnes en provenance de huit pays d’Europe et d’Amérique Latine ont répondu à l’invitation. Le rendez-vous était à la Cité du Pilote Lia, près de Buenos Aires. Il s’agissait pour elle non seulement d’accueillir, 9 au 21 mars, ce séminaire financé par l’Union Européenne, mais aussi d’être elle-même objet d’étude pour l’élaboration d’un modèle de gestion et de développement durable en matière d’habitat. A une époque où il n’a jamais été plus urgent de s’interroger sur l’environnement et de promouvoir la recherche de nouvelles technologies – il y va de la survie de notre planète – l’initiative, inspirée par la spiritualité des Focolari, à laquelle a adhéré Dialogues en Architecture, le réseau de chercheurs et d’experts dans ce domaine, est d’une actualité pressante. Plongés dans l’observation du territoire et de ses structures, les jeunes se sont tout d’abord consacrés à l’étude de PRESET (“Participation, Resilience and Employability through Sustainability, Entrepreneurship and Training”), un projet d’étude – promu par l’association Starkmacher – sur le caractère durable des cités pilotes des Focolari et d’autres partenaires comme la Fazenda de Esperança (Brésil), la Fondation Unisol (Bolivie), Economy for tomorrow (Slovénie), New Humanity  (ONG du Mouvement des Focolari). Pour ensuite travailler plus spécifiquement sur une proposition globale éco-durable pour la Cité Pilote Lia. Les jeunes, répartis en cinq laboratoires thématiques centrés sur la fraternité comme style de vie, sont parvenus à une proposition intégrale éco-durable (Ecocity Mariapoli) à laquelle ils ont associé tous les habitants de la cité pilote. Et aussi les jeunes du quartier, en allant les voir un après-midi pour leur faire part du projet et leur parler d’environnement. Diapositiva097Ecocity Mariapoli, qui devra se réaliser dans le respect de l’histoire de la Cité pilote et en dialogue avec ses habitants, a réalisé au cours de ce séminaire une installation biogaz pour une des habitations de la cité, une vulgarisation sur la façon d’obtenir du compost, une étude pour l’installation d’un système photovoltaïque, pour l’isolation des constructions en vue de réduire les dépenses d’énergie et pour le remplacement des ampoules par un éclairage Led et d’autres choses encore. Tout cela allant de pair avec l’éducation à l’environnement. C’est pourquoi il y aura une production de matériel didactique pour les habitants et les visiteurs de la Mariapoli, à diffuser aussi dans les écoles et à travers le Web. Les artistes aussi ont contribué à rendre la proposition attrayante en créant une ligne de produits (chapeaux etc.…) réalisés avec un matériau écologique et des décorations reflétant les diverses cultures, et aussi une expression théâtrale appropriée au thème. Heureuse coïncidence: il y avait au cours de ces journées à la Cité pilote le Président de l’Institut Universitaire Sophia de Loppiano, le professeur Piero Coda: “Je ne pense pas que ce soit une simple coïncidence – a-t-il dit – . Il se peut que ce soit le projet de l’Amour de Dieu qui conduit à quelque chose de nouveau, il se peut que se crée entre nous un réseau de communion, de travail au service de la solidarité, pour la justice ». Très significatif le témoignage de Francesco (Udine) : « Je travaille comme architecte et je suis en train de faire un master en Constructions énergie presque zéro » Ce qui m’a le plus intéressé dans cet atelier c’est le fait d’être ensemble entre personnes qui ont des capacités et des spécialisations diverses. Ce ne sont pas seulement des architectes comme nous, et c’est je pense le côté enrichissant pour tout le groupe : partir avec des talents divers pour atteindre un objectif commun qui pour nous est le caractère durable appliqué l’environnement, mais qui s’étend aussi à l’économie et à la société ». Riccardo, architecte italien, est lui aussi convaincu de l’importance d’un travail réalisé ensemble : « Je crois fermement que ce que je peux faire n’est qu’une petite partie, tandis que si nous sommes ensemble nous pouvons réaliser des objectifs qui donnent un résultat positif pour tous, pour toute la société. Ces talents bien employés créent du bien-être et de la satisfaction pour tous, pour les professionnels comme pour la collectivité ». www.eco-navigation.eu https://www.youtube.com/watch?v=uR9LbLbBfFI

Solidarité avec le Népal

Solidarité avec le Népal

20150427-02 « La situation est désastreuse. Personnellement, je suis vivant mais maintenant nous restons en-dehors de la maison, de jour comme de nuit. Beaucoup sont morts, d’autres en train de mourir et de très nombreuses personnes sont blessées. Il y a constamment des secousses qui créent des destructions continuelles », nous écrivent quelques amis du Népal. En plus du nombre de victimes qui continue à augmenter, l’UNICEF estime à 940 mille le nombre d’enfants à risque, ayant un urgent besoin d’assistance sanitaire. Le Mouvement des Focolari s’unit dans la prière pour les personnes touchées, pour leurs familles, pour demander consolation au milieu de cette gigantesque tragédie et se mobilise pour la collecte d’aides. Depuis Mumbai, où les jeunes du Mouvement des Focolari sont réunis en préparation à la Semaine Monde Uni, où sont également présents 3 jeunes originaires du Népal, ils lancent un appel aux Jeunes pour un Monde Uni du monde entier pour lancer immédiatement une action de soutien aux personnes touchées par le séisme : « La Semaine Monde Uni – écrivent-ils – peut être une occasion immédiate d’exprimer concrètement notre soutien ». Le Pape François, après avoir prié à l’Angélus pour les victimes du tremblement de terre, en exhortant « le soutien de la solidarité fraternelle », a exprimé sa propre proximité à la population népalaise lors d’un message envoyé au nonce apostolique du Népal. Caritas Népal en attendant, s’est activée pour faire face à l’urgence, mais des renforts sont nécessaires. On distribue des tentes et de la nourriture : le problème principal en ce moment est d’offrir un refuge, pour protéger du froid et de la pluie.


  Les aides financières peuvent être versées sur le compte des Jeunes pour un Monde Uni : Compte courant du secrétariat central des Jeunes pour un Monde Uni (JPMU) Communication : Urgence Népal Compte adressé à : PIA ASSOCIAZIONE MASCHILE OPERA DI MARIA Via Frascati 306, Rocca di Papa, 00040 Rome, Italie Adresse bancaire : BANCA PROSSIMA Piazza Paolo Ferrari 10 20121 Milano Italia.   CODE IBAN POUR TRANSACTION NATIONALE ET INTERNATIONALE : IBAN       IT62 W033 5901 6001 0000 0113 348 BIC          BCITITMX

Mexique: une fleur qui ne se fane pas

Mexique: une fleur qui ne se fane pas

2015-03-28 15.45.07Qui arrive pour la première fois à Santa Cruz de la Sierra trouve un contexte inattendu: une nature luxuriante et accueillante, une langue inconnue, la culture locale si différente, la pauvreté avec toutes ses conséquences, la simplicité et générosité sans limites des personnes.

Un groupe de jeunes et de familles des Focolari a choisi de passer la Semaine sainte à Santa Cruz, avec beaucoup d’amis Nahua. En effet, l’Église locale, en raison des énormes nécessités pastorales, accorde un permis spécial durant les jours saints aux laïcs, dûment préparés, pour exercer comme ministres à disposition des prêtres.

Mais laissons la parole aux protagonistes de l’événement:

“Le soleil pointe à l’horizon et l’autobus serpente sur les routes de montagne de la Sierra Madre orientale, avec à son bord 43 jeunes et familles des Focolari. Le voyage est long et excitant; la fatigue ne se ressent pas, parce qu’il y a beaucoup de joie. À l’arrivée, sont présents des frères, familles et amis de 33 communautés nahuas prêts à vivre avec nous la Semaine sainte.

Huit heures après le départ de la ville de Mexico, nous sommes accueillis à Santa Cruz par une population humble et généreuse qui habite dans le cœur de la huasteca hidalguense (‘Fleur qui ne se fane pas’): une région humide et avec des températures élevées, recouverte par des cèdres, ébéniers et acajous.

Là, dans une paroisse de la ‘Misión Javeriana’, nous nous séparons en sept groupes pour être avec la population et aider – avec les catéchistes locaux – lors des services liturgiques dans autant de communautés, où la semence de la spiritualité de l’unité est arrivée depuis quelques années.

2015-03-29 12.59.01La rencontre est très émouvante: la foi, la vie et le pain commencent à être partagés. Quelques témoignages de vie évangélique sont racontés, petits et grands cadeaux sont échangés. Après la célébration du ‘lavement des pieds’, un des jeunes participants s’exclame: ‘C’est fantastique de se sentir chrétiens!’ Une jeune dit avoir participé à beaucoup de missions, mais ‘avec Jésus parmi nous c’est différent; en effet, c’est Lui qui attire les personnes et c’est pour cela que nous voulons participer aux rassemblements et aux célébrations liturgiques’.

Parmi les nombreuses rencontres personnelles, une nous touche particulièrement: nous rendons visite à un homme âgé vivant seul, qui n’est pas sorti depuis longtemps. Ses conditions d’hygiène sont déplorables. Nous le lavons et nettoyons sa minuscule chambre; nous l’aidons à se préparer à recevoir Jésus eucharistie et nous le lui apportons. Il décède le jour suivant.

Après une Semaine sainte vécue intensément et après avoir expérimenté la donation mutuelle dans la simplicité et générosité, arrive l’heure de rentrer à Mexico. Durant le voyage, certains se souviennent des paroles de Chiara Lubich prononcées dans la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe en juin 1997: ‘L’inculturation exige un échange de dons’.

Vu l’enthousiasme des jeunes ‘misioneros’ et des membres des communautés visitées, naît l’espérance que la ‘Misión’ à Santa Cruz ne reste pas un événement isolé, mais marque le début d’un processus de donation grandissant des Focolari au Mexique.”

 

 

Giordani: Histoire de Light

Giordani: Histoire de Light

Giordani-11“A l’origine, comme toujours lorsqu’il s’agit des choses de Dieu, il y a une simple semence. Silvia Lubich était la fille d’un commerçant en vin, devenu, à cause de la crise économique déclenchée par la seconde guerre mondiale, un modeste employé municipal, et de son épouse, une femme de Trente, sans profession, mais qui, dans sa jeunesse, avait travaillé à la typographie de Cesare Battisti. Deux chrétiens typiquement trentins: simples, droits, sans histoires. Ils ont eu quatre enfants, un garçon, l’aîné, et trois filles, dont Silvia, née le 22 janvier 1920, était la plus grande ; ils avaient donné à chacun une éducation chrétienne qui dès l’enfance développa chez Silvia une piété très droite. Droite en ce sens qu’elle refusait tout compromis : elle n’admettait pas que son désir soit partagé entre Dieu et le monde, que l’on pense au bien et au mal, que l’on dise une chose et qu’on en cache une autre. Il y avait Dieu : Dieu était tout et il fallait donc tous appartenir à Dieu : faire Sa volonté, toujours, comme le rayon de soleil qui se détache du ciel pour aller se poser sur la terre ». Ainsi commence Storia di Light (Histoire de Light), c’est à dire l’histoire de Chiara Lubich écrite par l’un des protagonistes des événements relatés: Igino Giordani, personnalité qui a marqué la culture et la politique italienne, cofondateur du Mouvement des Focolari. “Etre un chef d’œuvre n’est jamais facile pour aucune œuvre”, écrit Alberto Lo Presti, Directeur du Centre Igino Giordani, dans l’introduction du premier épisode. « A plus forte raison pour un livre qui doit s’imposer comme le meilleur parmi la centaine d’autres parus sous le nom de Giordani. Avec cette différence que Storia di Light (Histoire de Light) n’a jamais vu le jour. Non seulement, mais cette œuvre est restée pratiquement inconnue, y compris de ceux qui – au cours de toutes ces années – l’ont préservée. Ce fut Giordani lui-même qui a demandé d’attendre, un souhait tout à fait contraire à celui de n’importe quel écrivain qui aspire généralement à la notoriété, surtout à travers ses meilleures œuvres ». Storia di Light (Histoire de Light) ne cherche pas à suivre les règles ni la méthode de l’historiographie. Nous pourrions définir cette œuvre comme le récit de l’intervention prodigieuse suscitée par l’Esprit Saint – et visible à travers la personne et l’action de Chiara Lubich – dans l’histoire du XXème siècle. Autrement dit, il est constitué d’une série de tableaux narratifs où la trajectoire de Chiara Lubich s’entrecroise avec le dessein de Dieu sur une humanité meurtrie dans sa pensée et socialement bouleversée par les divisions et par les guerres mondiales. Voilà pourquoi, dans la trame subtile de Storia di Light (Histoire de Light), nous reconnaissons quelques traits fondamentaux de la personnalité complexe de Giordani. Sa blessure de guerre, les persécutions idéologiques qu’il a subies, sa mise à l’écart de la société civile témoignent de son engagement au sein de tous les principaux drames qui ont affecté le XXème siècle. Ce fut un homme de foi, un promoteur de la vie de l’Eglise et de la culture, convaincu que le mal radical sera déraciné par un renouveau de l’Esprit chrétien qu’il s’efforça de rechercher avec ténacité. Il rencontra Chiara Lubich en 1948, et trouva en elle la lumière (light) qu’il recherchait. Il la suivit en mettant à la disposition de la fondatrice des focolari toute son intelligence et toute sa volonté. Il ne douta jamais de la force et de l’apport décisif de Chiara Lubich à l’Eglise, à la société, au monde contemporain et à venir. Aussi Giordani ne pouvait-il pas, quand bien même l’aurait-il voulu, écrire une histoire de Chiara Lubich achevée et distanciée, irréprochable sur le plan méthodologique. Son implication humaine et spirituelle ne le lui permettait pas ». “L’auteur avait écrit de nombreux ouvrages sur les plus grandes figures spirituelles: Catherine de Sienne, Ignace de Loyola, Madeleine de Canossa, Contardo Ferrini, François de Paule, Vincent de Paul, François de Sales, François d’Assise, pour ne citer que les monographies. Il s’agit d’une mosaïque de personnalités extraordinaires, ayant vécu à des époques et dans des contextes différents. La place d’honneur, dans ce riche panorama, est attribuée à Chiara Lubich. Il considère la biographie qu’il a faite d’elle comme son « chef d’œuvre ». Quand, à l’âge de 54 ans, l’Histoire lui donne rendez-vous avec Chiara, il était loin d’être sous-équipé spirituellement. Il savait apprécier la valeur religieuse d’un idéal, et possédait aussi les outils pour mesurer l’amplitude d’une intuition mystique. Pour cette raison…il est vraisemblable que Giordani ait eu la conviction intime de devoir donner son témoignage personnel pour dire qui était réellement Chiara. Il a d’ailleurs assumé ce rôle dès qu’il a commencé à la fréquenter ainsi le premier groupe des focolarine. Grâce à son érudition, il était en mesure de révéler l’importance et la nouveauté de la personnalité de Chiara aux jeunes qui la suivaient ». Giordani vécut la période difficile où Chiara Lubich et les Focolari étaient examinés à la loupe par la Congrégation du Saint Office. A partir de cette époque – et encore de nombreuses années après – une attitude prudente s’est généralisée, conduisant à la plus grande discrétion autour de la personne de Chiara. S’il était nécessaire de contenir les marques d’affection et d’estime envers elle, pour Giordani il ne faisait aucun doute que la vérité sur elle devait être écrite et transmise. D’où, Storia di Light (Histoire de Light), son chef d’œuvre. Introduction à Storia di Light (texte intégral) – publié sur la revue Nuova Umanità, janvier-mars 2015.

Méditerranée: l’urgence d’initiatives politiques cohérentes

Méditerranée: l’urgence d’initiatives politiques cohérentes

Migrants_boat crossing

Photo: Francesco Pecoraro/AP

Le Mouvement politique pour l’unité (MPPU), expression du Mouvement des Focolari dans le domaine politique, fait entendre sa voix au sujet du drame des flux migratoires en direction de l’Europe, voix qui s’ajoute à celles des nombreuses associations et personnes sensibles à ce problème dans le monde entier.

“Le plan lancé par le sommet européen sur l’immigration – écrivent-ils – convoqué en urgence après la énième tragédie survenue dans le Canal de Sicile et son très lourd bilan de vies emportées, élargit l’aire d’intervention de Triton et de Poséidon, de façon à ce que les bateaux, en nombre plus important grâce à un financement triplé, puissent aller à plus de 30 miles au-delà des côtes des pays de l’Union Européenne. Mais cela reste des actions à l’intérieur de Frontex dont la logique est la défense les frontières européenne et non une politique affrontant l’ensemble du phénomène migratoire ».

Le MPPU dénonce une forte contradiction au cœur même de ce plan : « En effet, les Etats de l’Union n’ont absolument pas démontré la même disponibilité pour ce qui est de l’accueil des migrants, comme s’il ne devait plus en arriver. Et pourtant tout le monde sait que la destruction des péniches, si elle réussit (peut-être), en partie, à décourager les trafiquants d’êtres humains, ne permettra certainement pas de sauver toutes les victimes des immigrations illégales, ni à en arrêter les flux ». En effet on vient d’apprendre que récemment, en Macédoine, sur les itinéraires terrestres, un train a heurté et tué 14 migrants qui marchaient le long d’une voie de chemin de fer.

“Une politique sérieuse de l’Union Européenne (mais pas seulement) en matière de migration – continue l’appel – devrait avoir une tout autre perspective et distinguer trois secteurs différents d’initiative et d’action publique et politique. En premier lieu il faut donner un signal fort visant à mettre en œuvre toutes les ressources institutionnelles, infrastructurelles, humaines et financières disponibles dans les Pays d’accueil, afin d’engager une vaste mobilisation qui réponde à l’urgence de la situation, à l’aide de moyens adaptés et de manière concrète, immédiate et efficace. L’accueil temporaire des migrants et des réfugiés doit être également réparti sur le territoire, en tenant compte des structures d’accueil disponibles, de la composition des habitants du lieu, de leurs capacités et de la présence de réseaux locaux en mesure d’intervenir de façon solidaire, organisée et responsable ».

L’appel continue en citant des exemples d’accueil et de solidarité déjà en cours et affirme que « le Mouvement politique pour l’unité soutiendra pleinement, tant sur le plan humain que politique, tous les responsables de l’Administration appelés en ce moment à assumer des choix difficiles, souvent impopulaires (…) Il incombe à chaque administrateur public, tant au niveau local que national et international, de faire comprendre l’urgence des mesures prises pour accueillir ces personnes, mesures adoptées dans le plein respect des droits et des attentes des communautés civiles, sans toutefois se soustraire aux devoirs d’humanité pour répondre aux besoins immédiats et élémentaires d’autres êtres humains ».

« En second lieu – poursuit le texte du MPPU – il faut que l’Union Européenne clarifie l’équivoque fondamentale qui sape les fondements de toute politique sérieuse de gestion des flux migratoires. En effet on ne peut pas invoquer un rôle plus décisif des institutions de Bruxelles sans en même temps doter l’Union Européenne des compétences nécessaires et des ressources humaines et financières correspondantes pour assumer des charges que les Etats membres , y compris ceux de la Méditerranée, n’ont pas voulu partager dans une perspective commune de véritable intégration ».

« En troisième lieu – conclut l’appel – les phénomènes migratoires qui se manifestent en Méditerranée ont des causes géographiques et politiques plus amples liées aussi aux crises gouvernementales en Lybie, en Somalie, dans les grandes régions de l’Afrique subsaharienne. Sans parler du démembrement en cours des contextes régionaux du Moyen-Orient, en particulier de la Syrie et de l’Irak. L’étendue et la complexité des questions politiques, économiques, sociales et culturelles qui caractérisent ces régions exigerait une mobilisation de la communauté internationale, à commencer par les Nations Unies, pour mettre en œuvre un vaste plan d’interventions et de mesures d’urgence, en dépassant les oppositions et les veto qui s’entrecroisent ».

Appel du Mouvement  Politique pour l’Unité (texte intégral en italien)

www.mppu.org

République Dominicaine, le rêve d’un orchestre

Syrie, état d’urgence

Emergency Syria

Foto: WFP/Abeer Etefa

En Syrie de nombreuses villes sont détruites et privées d’électricité une bonne partie de la journée. A Alep, le Conseil des responsables des confessions chrétiennes, alors que la ville voit les violences s’intensifier, appelle la communauté internationale à dire : « Il faut en finir avec la destruction et la désolation. Plus question d’être un laboratoire pour les armes d’une guerre dévastatrice ». « Nous voulons assurer à tous ceux qui sont concernés par cette situation que nous ne les oublions pas – avait dit le Pape François à l’Angélus du 1er Mars – mais que nous sommes proches d’eux et que nous prions avec insistance pour qu’au plus vite on mette fin à l’intolérable brutalité dont ils sont victimes ».

“Nous sommes là-bas avec vous – voudrions-nous pouvoir dire, en reprenant les paroles d’une amie qui était à Damas il y a encore quelques mois – et nous nous mobilisons pour vous aider, non seulement en priant, mais aussi en prenant toutes sortes d’initiatives. Je sais et nous savons que vous êtes en train de vivre une des plus grandes souffrances aussi à cause du froid, du manque d’électricité, du manque de travail ! Nous nous devons d’agir vite, très vite. Nous sommes avec vous et nous vous remercions ».

Cette mobilisation n’a pas tardé à se manifester, mais pour qui le voudrait, il est encore possible de contribuer à cette action en effectuant un versement de quelque montant que ce soit, sur l’un des comptes-courants suivants:

Motif: Syrie, état d’urgence en Syrie

c/c postal n. 81065005

code IBAN: IT74 D076 0103 2000 0008 1065 005

code SWIFT/BIC: BPPIITRRXXX

c/c bancaire n. 120434 auprès de

Banca Popolare Etica – Filiale di Roma

code IBAN: IT16 G050 1803 2000 0000 0120 434

code SWIFT/BIC: CCRTIT2184D

Adressé à:

Associazione “Azione per un Mondo Unito – Onlus”

Via Frascati, 342 – 00040 Rocca di Papa (Roma, Italy)

Débat à l’ONU :  “l’extrémisme”  du dialogue

Débat à l’ONU : “l’extrémisme” du dialogue

https://vimeo.com/125812270


Qu’est-ce que les religions dans le monde d’aujourd’hui ? Bon nombre de gens les voient comme des obstacles à la paix, résidus du temps passé, maintenant causes d’un extrémisme violent. Mais le monde serait-il véritablement plus pacifique sans les religions ? Le débat thématique de Haut Niveau « Promouvoir la tolérance et la réconciliation », s’anime tout d’un coup. Le second jour de la rencontre à l’ONU donne, de fait, des directives. Le secrétaire général Ban Ki-moon, en ouverture propose un comité consultatif avec les leaders des religions afin d’aider les Nations Unies à trouver des solutions aux conflits en cours, souvent justement entre disciples de religions différentes. En salle plénière se succèdent les témoignages de 15 leaders religieux. Tous les participants s’accordent sur le fait que les religions devraient aider à construire la paix, à aller au-delà de la simple tolérance, au simple fait de s’accepter, et ils soulignent qu’il existe dans le monde entier des personnes qui vivent déjà de cette manière dans le quotidien. Dans son discours Maria Voce rappelle l’expérience vécue par de nombreux membres du mouvement des Focolari : « La rencontre entre culture et religion est une expérience continuelle et féconde, qui ne se limite pas à la tolérance ou à la simple reconnaissance de la diversité, qui va au-delà de la pure réconciliation fondamentale, et crée pour ainsi dire une nouvelle identité, plus ample, commune et partagée ». On le trouve dans des contextes qui ont été frappés ou sont encore caractérisés par de graves crises, comme en Algérie, en Syrie, Irak, Liban, République Démocratique du Congo, Nigeria, Philippines. ScreenshotBanKiMoonPour répondre aux défis de la violence, elle propose un « extrémisme du dialogue », c’est-à-dire un dialogue qui demande le maximum d’engagement, « qui est risqué, exigent, un défi, vise à arracher les racines de l’incompréhension, de la peur, du ressentiment ». A partir de là elle invite à s’orienter vers une « civilisation de l’alliance », « une civilisation universelle qui fait en sorte que les peuples se considèrent partie intégrante du grand événement, pluriel et fascinant, du cheminement de l’humanité vers l’unité ». Elle invite l’ONU elle-même à repenser à sa propre vocation, à reformuler sa propre mission, pour être « une institution qui vraiment se dédie à l’unité des nations, dans le respect de leur très riche identité ». Dire que les religions sont la cause des tensions est, selon Maria Voce une vision trop étroite de la situation : « Ce à quoi nous assistons dans de nombreuses régions de la planète, du Moyen Orient en Afrique, a si peu à voir avec la religion, au contraire cela regarde les habituelles recettes de la domination des oligarchies et des structures marquées par la culture belliqueuse ». La vocation donc des religions est bien déterminée : “Être fidèles à la propre inspiration fondamentale, à la Règle d’or que toutes possèdent, à l’idée de l’unique famille humaine universelle ». Tout le monde était d’accord sur cette ligne : les religions mènent à la paix, si elles ne sont pas instrumentalisées pour d’autres fins. ONU-UN-screenshot_debate_mariavoceAu cours de la table ronde plénière de l’après-midi, dont la modératrice était la journaliste Laura Trevelyan de la BBC, le Rabbin David Rosen se demande pourquoi tant de jeunes se sentent attirés par l’extrémisme : « Peut-être parce qu’ils sont à la recherche de leur propre identité, ou de quelque chose qui donne sens à leur vie ». « Aux Nations Unies, normalement on ne mentionne pas Dieu », ose demander le rabbin Arthur Schneier : « Comment affrontons-nous ce problème –l’ONU devrait-elle être neutre – lorsque 5 sur les 7 milliards de personnes sur la terre appartiennent à une religion ? ». Pour Bhai Sahib Mohinder Singh, Sikh de Birmingham : « Dieu est tout-puissant, en chacun de nous, donc il est impossible de dire que Dieu n’est pas ici ». Et pour Maria Voce « On parle de Dieu quand on parte de justice, de partage de tous les biens de la terre, d’un développement soutenable, on parle de Dieu quand on pense à ce que nous préparons pour les générations futures. Voilà ce qu’est parler de Dieu, il n’est pas nécessaire d’en parler de manière abstraite ». Comment conserver l’intégrité du dialogue interreligieux ? Les leaders religieux présents ne sont-ils pas en train de renoncer à quelque chose, en venant ici à l’ONU pour parler de résolution des conflits ? « Moi, je ne renonce à rien », affirme Maria Voce. « Je suis venue par amour, pensant apporter ma contribution d’amour à l’humanité. Je me suis sentie enrichie par cette possibilité ». A la fin, un regard sur les nouvelles générations : « En rentrant à la maison, ce que je ferai – déclare-t-elle – sera de soutenir toutes les activités de jeunes et très jeunes, parce que je crois en leur puissance prophétique ». Elle laisse alors la parole à Ermano Perotti, jeune italien qui l’a accompagnée pour cette étape américaine. Agé de 25 ans, master en économie du développement, il cueille l’occasion pour présenter la carte de la fraternité, un dossier qui rassemble les initiatives pour la fraternité présentes sous toutes les latitudes. « Avec l’espoir – ajoute Maria Voce – qu’un jour, même ces « fragments de fraternité » puissent être présentés aux Nations Unies », et que les Nations Unies puissent les accueillir. Il est clair qu’avec une vision pareille les religions ont une grande possibilité, mais aussi une grande tâche : construire la paix et répondre aux défis par un « dialogue extrême » au lieu de s’enfermer dans son propre groupe. Susanne Jansen, New York Intégralité de l’intervention : Maria Voce (texte) Intervention Maria Voce (video) Communiqué de presse Presse

Maria Voce à l’ONU : Inventer la paix

Maria Voce à l’ONU : Inventer la paix

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Risquer sa vie pour soulager les souffrances des pauvres : Maria Voce commence par le récit de la phase finale de la seconde guerre mondiale lorsqu’à Trente, en 1943 « un groupe de jeunes filles se réunit dans la petite ville de Trente, en Italie du Nord. Sous les bombardements, ces jeunes filles, guidées par une toute jeune enseignante, Chiara Lubich et animées d’une compréhension nouvelle de l’aspect radical de l’Évangile décident de risquer leur vie ».

Un geste, répété par de nombreuses personnes, encore aujourd’hui, conduit à régénérer le tissu social : Maria Voce évoque les camps de réfugiés au Liban, en Syrie, Jordanie, Irak ainsi que les périphéries délabrées des mégapoles et la force de tous ceux qui introduisent « dans le circuit destructeur du conflit, un engagement pour régénérer le tissu social, en accomplissant une action de peace-building, (de construction de la paix). Ces jeunes filles, affirme-t-elle « décidèrent de briser le cercle vicieux de la violence en répondant par des gestes et des actions qui, dans ce climat de conflit auraient pu apparaître velléitaires ou même insignifiants. Il n’en fut rien, il n’en est pas ainsi ! ».

« Aujourd’hui encore, nous sommes dans une situation de très grave désagrégation politique, institutionnelle, économique, sociale, qui exige des réponses tout aussi radicales, capables de changer le paradigme dominant. Le conflit et la violence semblent, en effet, dominer de vastes régions de la planète, impliquant des personnes innocentes, coupables uniquement de se trouver dans un territoire disputé, d’appartenir à une ethnie déterminée ou de professer une religion précise ».

 

UN_ReligiousLeadersLa rencontre entre cultures crée une identité nouvelle : « Dans le mouvement des Focolari, que j’ai l’honneur de représenter – explique Maria Voce -, la rencontre entre cultures et religions (Christianisme, Islam, Judaïsme, Bouddhisme, Hindouisme, religions traditionnelles) est une expérience permanente et féconde qui ne se limite pas à la tolérance ou à la simple reconnaissance de la diversité. Elle va au-delà de la réconciliation, pourtant fondamentale, et elle crée – pour ainsi dire – une nouvelle identité, plus large, commune, et partagée. C’est un dialogue efficace qui implique des personnes de convictions les plus variées et même non religieuses. Ce dialogue les pousse à prendre en considération les besoins concrets, à relever ensemble les défis les plus difficiles sur le plan social, économique, culturel, politique, en s’engageant pour une humanité plus unie et plus solidaire.

Cela se passe dans des contextes qui ont été – ou qui sont aujourd’hui encore – marqués par de graves crises comme en Algérie, en Syrie, au Liban, en République Démocratique du Congo, au Nigeria, aux Philippines ».

La présidente des Focolari bannit les demi-mesures : « S’il existe un extrémisme de la violence – affirme-t-elle – nous lui répondons (…) de manière tout aussi radicale, mais d’une façon structurellement différente, par l’« extrémisme du dialogue » ! Un dialogue qui exige un maximum d’implication, ce qui est risqué et exigeant : un véritable défi qui vise à couper les racines de l’incompréhension, de la peur, du ressentiment ».

Civilisation de l’alliance :en rappelant l’initiative de l’« Alliance des Civilisations », parmi les promoteurs de l’événement, Maria Voce se demande « s’il n’est pas possible aujourd’hui d’aller plus profondément à la racine de cette nouvelle perspective, en visant non seulement à une alliance des civilisations, mais à ce que nous pourrions appeler la “civilisation de l’alliance”; une civilisation universelle telle que les peuples considèrent qu’ils font partie de la grande histoire, plurielle et fascinante, du cheminement de l’humanité vers l’unité. Une civilisation qui fait du dialogue la voie pour se reconnaître libres, égaux et frères ».

Parmi les nombreuses initiatives représentées ici, elle rappelle l’ONG New Humanity qui représente le mouvement des Focolari à l’ONU. Et sur cette dernière, elle s’interroge :

« L’ONU ne devrait-elle pas repenser sa vocation, reformuler sa mission fondamentale ? Que signifie aujourd’hui, être l’organisation des “Nations Unies”, si ce n’est une institution qui met vraiment tout en œuvre en vue de l’unité des nations, dans le respect de leurs très riches identités ? Il est absolument fondamental de travailler pour le maintien de la sécurité internationale ; cependant, la sécurité, bien qu’indispensable, n’est pas nécessairement l’équivalent de la paix.

Les conflits internes et internationaux, les profondes divisions que nous enregistrons à l’échelle mondiale, ainsi que les grandes injustices locales et planétaires, exigent en effet une véritable conversion qui doit se traduire dans les actes et dans les choix de la gouvernance globale, afin que puisse se réaliser le slogan créé par Chiara Lubich : “aimer la patrie de l’autre comme la sienne” jusqu’à l’édification de la fraternité universelle ».

La guerre est l’irréligion : « La guerre est, par définition, irréligion. Le militarisme, l’hégémonie économique, l’intolérance à tous niveaux, sont cause de conflits ainsi que beaucoup d’autres facteurs sociaux et culturels dont la religion ne constitue souvent qu’un tragique prétexte. Ce à quoi nous assistons en de nombreuses régions de la planète, du Moyen-Orient à l’Afrique – parmi d’autres la tragédie des centaines de morts qui ont fui la guerre et les naufrages dans la Méditerranée – a bien peu à voir avec la religion. En tout état de cause et dans ces cas-là, on ne devrait pas tant parler de guerres de religions mais plus concrètement de façon réaliste et prosaïque, de religion de la guerre ».

Alors que faire ? En citant Chiara Lubich, elle lance ce défi : avoir le courage “d’inventer la paix” : « Nombreux sont les signes qui montrent que, de la grave conjoncture internationale, peut finalement émerger une conscience nouvelle de la nécessité de travailler ensemble pour le bien commun, (…) avec le courage “d’inventer la paix”. Le temps des “guerres saintes” est terminé. La guerre n’est jamais sainte et ne l’a jamais été. Dieu ne la veut pas. Seule la paix est vraiment sainte car Dieu lui-même est la paix ».

Elle conclut par l’appel à la règle d’or, qui nous reporte à l’inspiration fondamentale que les religions ont en commun, afin qu’elles soient « non pas un instrument utilisé par d’autres pouvoirs, même si ces derniers ont de très nobles objectifs. Ni même une formule étudiée intellectuellement dans un bureau pour résoudre crises ou conflits. Mais un processus spirituel qui s’incarne et devient une communauté. Une communauté qui partage et donne du sens aux joies et aux souffrances de l’homme d’aujourd’hui en orientant tout vers la réalisation de l’unique famille humaine universelle ».

Texte intégral

New York – Siège de l’ONU, 22 avril 2015

Débat thématique de haut niveau “Promouvoir la tolérance et la réconciliation”.

Les  Nations Unies vues par un jeune

Les Nations Unies vues par un jeune

unitednationsbuildingQuartier général des Nations Unies: des milliers de personnes y travaillent, des personnalités importantes et des chefs d’Etat – qui n’a jamais rêvé d’y aller un jour ? Ermanno Perotti, 25 ans, étudiant en Economie du développement à Florence (Italie), est ici mais pas comme l’un des nombreux visiteurs qui suivent leur guide dans les longs couloirs. Il accompagne Maria Voce, la Présidente du Mouvement des Focolari, invitée parmi les leaders religieux qui interviennent lors du Débat de Haut Niveau sur « La Promotion de la tolérance et de la réconciliation : en favorisant les sociétés pacifiques et inclusives et en s’opposant à l’extrémisme violent ».

L’impression de Perotti est partagée par beaucoup: “Chaque représentant d’un état apporte sa contribution, beaucoup de beaux discours et d’initiatives positives, mais elles semblent isolées, chacun voyant la chose comme une plateforme pour promouvoir ses propres pensées ».

“La chose qui me gêne un peu c’est précisément ce manque d’écoute. Ce qui m’attire, au contraire, c’est l’effort qui consiste à combler cette lacune grâce à une écoute et un dialogue authentiques ». Avec cet objectif qu’il a hérité de son expérience avec les jeunes des Focolari, il a saisi la valeur de l’engagement politique, en vue de susciter des relations plus vraies.

Sur la façon de prévenir la violence et l’extrémisme, presque tous les interlocuteurs étaient d’accord pour dire qu’il n’y a pas d’autre voie que le dialogue entre les cultures. « J’aimerais faire une école du dialogue à l’ONU » dit Perotti. De fait, 90% des rapporteurs ont souligné le besoin de formation et beaucoup ont parlé de la nécessité de donner la parole aux femmes et de combattre la pauvreté.

IMG_1276Nombreux aussi sont ceux qui ont dit mettre leur espoir dans les jeunes : on devrait partir d’eux, disent-ils. Perotti n’est pas tout à fait d’accord : « Ce sont toujours les adultes qui parlent des jeunes, où sont les jeunes qui parlent des jeunes ? », se demande-t-il. Il voit sa génération comme déjà préparée à vivre un futur multiculturel : « J’ai toujours grandi de cette façon : dans des salles de classe et des amphi de dix nationalités et de quatre religions différentes. Nous pouvons montrer au monde comment nous vivons au quotidien et spontanément ».

Le 22 avril c’est le jour de la table ronde des Nations Unies. Ermanno Perotti prend la chose avec calme : « Je me suis proposé, et Maria Voce aussi, de vivre ces journées avant tout comme une expérience de Dieu ». Même aujourd’hui, à l’ONU, ce sera une expérience de Dieu. Comme certains speakers l’ont dit : « En définitive tout se résume à la Règle d’or, « aimer son prochain . Et c’est finalement simple d’être ici avec la Présidente, parce que je suis venu pour aimer et être un seul corps avec tous les autres jeunes du monde ».

Maria Voce aux Nations Unies

Maria Voce aux Nations Unies

20150421-01Aujourd’hui s’ouvre le débat de l’ONU sur la « Promotion de la tolérance et de la réconciliation : en favorisant les sociétés pacifiques et inclusives et en s’opposant à l’extrémisme violent ». Parmi les leaders religieux invités à donner leur apport se trouve Maria Voce, présidente du mouvement des Focolari. Trois questions avant d’entrer au siège central des Nations Unies :

Comment vous sentez-vous avant de participer à cet événement de haut niveau avec des représentants des 193 états membres ?

« Je suis assez paisible. Il manque quelquefois à ces organisations justement le témoignage de ce qui se fait déjà dans le monde pour la paix. J’ai l’impression que souvent ceux qui y travaillent se sentent seuls et ont besoin que quelqu’un soit avec eux sur le terrain et travaille pour les mêmes buts. Avec un idéal aussi grand, comme l’est celui que Chiara Lubich nous a donné, nous ne travaillons pas seulement pour la réconciliation et la justice sociale, mais celles-ci sont des pas pour arriver à l’unité ».

Si l’on regarde le monde, aujourd’hui quelqu’un peut penser que les religions apportent plus de division que de paix…

« Il est bien évident que la faute de la guerre n’incombe à aucune religion. Le mot religion veut dire lien, c’est un lien entre les hommes. Comment une religion peut-elle engendrer la guerre ? La guerre naît dans le cœur des hommes, et les hommes, quelle que soit leur religion, peuvent être bons ou méchants. La religion est bon nombre de fois prise comme prétexte pour justifier des motifs beaucoup plus terrestres et antihumains : la volonté de puissance, d’écraser les plus faibles, de vendre ses propres produits, y compris les armes. La racine de la guerre ne se trouve sûrement pas dans les religions, mais dans ces autres motivations qui au fond sont toujours le fruit de l’égoïsme ».

Face à des conflits comme par exemple ceux du Moyen Orient ou du Nigeria, vous êtres encore optimiste, la paix est encore possible ?

Je ne peux pas ne pas être optimiste parce que Jésus est la paix. Et comme nous suivons Jésus, nous devons croire que la paix est possible. Il est vrai que lui-même a dit ‘je suis venu porter le glaive’, ce qui veut dire prendre aussi des positions précises. Je crois que ce que les religions peuvent aider à faire c’est de réveiller la conscience de l’humanité : la paix n’est pas uniquement un bien parmi tant d’autres, mais sans la paix, tous les autres biens ne servent à rien. On peut travailler pour la paix si l’on s’y met tous ensemble, le riche comme le pauvre, le puissant comme le moins puissant, le religieux comme celui qui ne se reconnaît en aucune religion. Nous devons travailler pour des relations de paix au sein de la famille humaine, là nous sommes véritablement tous égaux et nous devons témoigner de cette égalité ».

Le débat de haut niveau au Palais de Verre de New-York a été lancé par le président de l’Assemblée Générale Sam Kutesa, par le secrétaire général Ban Ki-moon et par le haut représentant de l’Alliance des Civilisations Nassir Abdulaziz Al-Nasser. Le 21 avril on parlera des stratégies qui mènent à une société qui inclut tout le monde. Le 22 avril les leaders des différentes religions sont invités à témoigner du potentiel pour construire la tolérance et la réconciliation.

Susanne Janssen, New York

Live streaming de la web TV des Nations Unies: http://m.webtv.un.org

Pourquoi j’ai demandé à retourner en Syrie

Pourquoi j’ai demandé à retourner en Syrie

20150421-01Le regard vif, un sourire doux qui se voile de tristesse mais qui reste même quand on raconte les événements tragiques du pays devenu maintenant sa patrie d’élection. Ghada, qu’est-ce qui t’a poussée à retourner en Syrie ?

A 20 ans, j’ai laissé famille et patrie pour suivre Dieu. En septembre 2013, lorsque j’ai décidé de retourner en Syrie, mon ardeur était la même, intacte. Je n’avais pas peur même à l’idée que j’aurais pu mourir. J’étais plus attirée par le fait d’aller vivre aux côtés de personnes que j’avais connues quelques années auparavant et leur faire sentir qu’elles ne sont pas abandonnées. J’ai été poussée à partager leur vie, leurs peurs, la précarité de leur quotidien. Là, de fait, les bombes tombent quand tu t’y attends le moins.

Mais il n’y a aucun moyen d’être averti des bombardements pour se protéger d’une manière ou d’une autre ?

Non il n’y a aucune sirène qui annonce les raids et l’on ne peut pas non plus se baser sur une stratégie qui fasse supposer quand et où les obus frapperont. D’un autre côté c’est maintenant la 5ième année de guerre et l’on ne peut pas toujours rester barricadés. On peut s’arrêter un jour, un mois mais ensuite, même si les canons retentissent, la vie doit continuer : les enfants vont à l’école et les parents au travail pour maintenir la famille. Tout avance, dans la précarité et le risque le plus absolu. J’avais vécu le même drame lorsque j’étais au focolare au Liban, mais ici tout est plus grave, plus difficile. Ici on respire terreur et violence dans tous les coins.

20150421-02Tu étais déjà en Syrie dans le passé. Peux-tu nous dire quelque chose du changement que tu as trouvé ?
Quand j’étais au focolare au Liban, je me rendais à Alep, à Homs et même à Damas parce que de nombreuses personnes désiraient déjà garder le contact avec les focolares. Grâce à la sensibilité et la profondeur intérieure du peuple syrien, on pouvait lier de véritables rapports avec les gens. On partageait les valeurs chrétiennes, auxquelles ils sont très sensibles ici. Même dans la pluralité des Eglises, typique de cette terre, il y avait et il existe encore une grande harmonie entre tous. Lorsqu’en 94 on a pensé ouvrir un focolare à Alep, j’ai été envoyée avec deux autres focolarines. J’y suis restée 9 ans. La Syrie était en pleine prospérité : le pays n’avait pas de dette publique et le PIB était en continuelle croissance. Le soir nous, les filles, nous pouvions sortir librement.
Maintenant c’est la tempête. Mais le pire c’est qu’on ne voit pas quand cette guerre finira. Je suis rentrée pour dire, avec les autres focolarini qui sommes en Syrie, que nous ne l’avons pas oubliée, que Jésus nous a fait une seule famille et pour cela nous voulons courir les mêmes risques. Nous aussi de fait, comme tout le monde, nous allons au travail, à l’église, au marché, sans savoir si nous reviendrons à la maison. Nous sommes là grâce à l’amour qui nous lie et la communauté en Syrie sait que nous sommes prêts à donner même la vie pour eux. De même qu’eux vis-à-vis de nous. Cette réciprocité est vraiment exceptionnelle. Ils rivalisent pour que nous soyons à l’aise, pour partager avec nous tout ce qu’ils ont.
Vous, focolarines vous êtes à Damas, une ville fascinante, riche du point de vue artistique, historique, un but touristique bien connu. Comment vit-on là-bas aujourd’hui ?
En ville, mais aussi dans les villages, la mort est un défi quotidien. Les transports font souvent tilt par manque de gasoil et les blocages routiers continuels. On sait quand on sort mais on ne sait pas quand on arrive. Dans les maisons, pas d’électricité pendant des heures, de même pour l’eau. On risque de s’exaspérer. La preuve, l’exode – pour celui qui peut quitter le pays – est en augmentation. On calcule que l’émigration, elle aussi non sans risques très graves, a dépassé les 6 millions de personnes. Mais la religiosité est toujours dans le cœur. Au chemin de croix du vendredi saint, même si les chrétiens étaient conscients que les bombes pouvaient exploser d’un moment à l’autre, ils étaient tous à la procession, emmenant avec eux même les enfants. Récemment les enfants que nous suivons, ont parlé par skype avec un groupe de leur âge du Portugal. Ces derniers voulaient s’organiser pour leur envoyer de l’aide et leur demandaient ce dont ils avaient le plus besoin. Et eux, malgré la nécessité de tant de choses matérielles, continuaient à répéter : « Priez pour nous, priez pour la paix, priez pour que s’arrête cette spirale de haine ».
Votre choix de rester en Syrie est fort, courageux…                                                                                                                                                                             20150421-03Nous ne nous sentons pas des héros. De même que nous ne sommes pas là à titre personnel. Avant de partir j’avais pu rencontrer le pape François : son                encouragement m’a montré tout l’amour de l’Eglise qui se fait proche de ce peuple si éprouvé. Nous nous sentons soutenus, aussi par l’amour de tout le mouvement des Focolari répandu dans le monde. Nous en avons besoin pour continuer à espérer, nous qui sommes impuissants face à la suprématie des intérêts économiques et à la prolifération des armes. Notre mission est de participer et de partager la vie quotidienne des gens. Nous participons aux fêtes ensemble, nous créons des moments de détente entre adultes et enfants pour essayer d’alléger le stress. Nous organisons des moments de spiritualité, nous prions ensemble pour la paix. A Noël nos jeunes ont organisé un concert : 300 personnes y ont participé, dont des amis musulmans. Récemment nous avons participé à un mariage. Dans la famille deux fils avaient été tués et à cause du deuil la fille ne pouvait pas sortir en robe de mariée. Elle est alors sortie du focolare, accompagnée à l’église par nous tous. Nous essayons de nous insérer dans les initiatives de l’Eglise locale, et avec les autres expressions ecclésiales qui sont ici nous nous aidons à essuyer les souffrances et les privations des gens. Nous continuons ensemble à espérer et à croire en soutenant tout effort pour que s’impose la paix.

Nouvelle Zélande: l’amour, le plus grand don qui soit au monde

Nouvelle Zélande: l’amour, le plus grand don qui soit au monde

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Dans le détroit de Rotorua (Nouvelle Zélande) l’épaisseur de l’écorce terrestre est seulement de 4 km. On peut y admirer le jaillissement de spectaculaires geysers et, même dans la ville, des flaques d’eau fumante dont la surface est en ébullition. Le sol dégage une chaleur qui peut monter à 200 degrés. C’est dans ce lieu que les colons anglais avaient cherché à recréer les bains romains.

Aujourd’hui encore le thermalisme constitue un intérêt touristique majeur pour Roturoa, une ville verdoyante et entourée de collines. Sur les rives du lac qui porte le même nom se trouve le Keswick Christian Camp, une structure pour l’accueil estival. C’est là que, dans le cadre du meeting promu par les Focolari, se sont donné rendez-vous 156 personnes provenant des différentes villes des deux principales îles qui composent la Nouvelle Zélande. Objectif : passer trois jours ensemble, loin du train-train quotidien, pour approfondir la spiritualité de l’unité.

20150420-02Maori, Philippins, Chinois, Coréens, Hollandais, Anglo-saxons, Italiens, Maltais, Taiwanais, Singapouriens, Futuniens, Français, Indiens, Pakistanais, Tokelaous … formaient un échantillon d’humanité d’une étonnante variété ethnique. Malgré cette diversité, dès le premier instant on respirait un climat de famille.

En plus des moments consacrés à l’approfondissement spirituel et aux ateliers créatifs, le programme prévoyait d’amples espaces pour favoriser la connaissance réciproque et les échanges entre tous. Très frappant le récit de la famille Picaithly, de Christchurch, la seconde ville du Pays, récemment dévastée par deux forts tremblements de terre. Une tragédie qui a uni la population dans un élan de solidarité rythmé par le leitmotiv « Kia kaha, stay strong Christchurch ! » que des collectes organisées par les Focolari ont relayé en divers points du monde.

Gisborne, la ville qui a le privilège d’être la première à voir le soleil qui se lève, a présenté l’action « Fish & Chips Club ». Parmi ses objectifs, recueillir des fonds en faveur de la formation des jeunes, une action conduite par des chrétiens de différentes Eglises, associés à des personnes de convictions non religieuses : ensemble ils cherchent à faire quelque chose d’utile pour les autres. Malgré cette diversité, jeunes et adultes se retrouvent une fois par mois pour réfléchir sur l’Evangile et partager les expériences vécues en le mettant en pratique. Une façon vraiment intéressante pour grandir en tant que personnes et puiser la force pour porter de l’avant les diverses activités artisanales et sportives d’un club où chacun peut être soi-même et où l’on cherche à souligner non pas tant ce qui différencie ces personnes, mais les valeurs qu’elles peuvent partager.

20150420-01Même si la Nouvelle Zélande peut apparaître comme une terre accueillante et où l’on vit bien, une famille indo-pakistanaise a raconté combien il lui a été difficile de s’intégrer à cette société. Martis, père de deux enfants, travaillait dans une maison de personnes âgées et son épouse Antoneta dans une petite unité qui transforme la viande. Tout d’un coup chacun d’eux a perdu son travail. La recherche d’un nouvel emploi se prolongeait sans aboutir, au point qu’ils envisageaient de rentrer dans leur Pays. Juste dix jours avant l’échéance de leur visa, quelqu’un d’une ville voisine a réussi à obtenir un entretien d’embauche pour Martins et donc la possibilité de renouveler leur permis de séjour, pour la plus grande joie de tous et de cette famille qui a donné un fort témoignage de l’amour de Dieu qui se manifeste à travers la communauté.

Thérèse, porte-parole des jeunes qui étaient présents, a dit: “L’expérience de ces journées nous a donné du tonus pour revenir dans nos villes et recommencer à zéro ». Anne une femme âgée Maori, très estimée de sa tribu, a conclu : « Aroha te mea nui o te ao Katoa », ce qui dans sa langue veut dire : « L’amour est le plus grand don qui puisse exister au monde ».

Igino Giordani : parfait dans l’amour

Igino Giordani : parfait dans l’amour

20150518-a « On ne peut pas exprimer ici qui a été Igino Giordani pour le mouvement des Focolari. Il suffit de penser qu’il est cofondateur du mouvement lui-même. Eh bien, être fondateur ou même cofondateur d’une œuvre que l’Eglise reconnaît sienne, comporte une action multiple et complexe de la grâce de Dieu, des impulsions très variées et sûres de l’Esprit Saint, des comportements de la part du sujet, vraiment décisifs pour l’œuvre et le plus souvent imprévus parce que suggérés d’en Haut, la nécessité de souffrir souvent de manière pénétrante et prolongée dans le temps, l’accueil de grâces lumineuses et d’amour peu ordinaires. Alors il est meilleur de confier la révélation de cette figure à l’histoire de l’Eglise et des mouvements spirituels qui l’embellissent de siècle en siècle. On peut dire quelque chose d’Igino Giordani focolarino, même si ce n’est pas facile. Le focolarino fait tout, il prie, il travaille,  il souffre, pour arriver à ce but : être parfait dans l’amour. Eh bien, il nous semble devoir affirmer que Giordani a atteint ce but. Pour autant que l’on puisse juger, il a été parfait dans l’amour.Il a donc personnifié le nom qui lui avait été attribué dans le mouvement : Foco, feu. C’est-à-dire cet amour envers Dieu et le prochain, surnaturel et naturel, qui se trouve à la base et au sommet de la vie chrétienne, concourant ainsi de manière unique à garder vivante au milieu de nous tous la réalité de la « parole de vie » qui lui avait été indiquée à son entrée dans le mouvement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Ceux qui ont bien connu Igino Giordani, sont d’accord pour constater et affirmer qu’il a vécu les béatitudes. A commencer par « Heureux les cœurs purs »,  qu’il a vécue de manière exceptionnelle: il a ouvert aux personnes mariées des deux sexes, en divers points du monde, la possibilité d’une consécration originale à Dieu, tout en étant  mariés, grâce à  une virginité spirituelle, effet de la plus ardente charité. Cette pureté de cœur affina en lui les sentiments les plus sacrés et les a développés. Il avait un amour très tendre envers sa femme. A la fin de sa vie l’intensité de son affection pour ses quatre enfants était émouvante et impressionnante. De même pour ses petits-enfants. C’était un père parfait, un grand-père parfait et un homme tout entier donné à  Dieu. Il fut “pauvre en esprit”, complètement détaché non seulement de tout ce qu’il possédait, mais surtout de tout ce qu’il était. Il était plein de miséricorde. A côté de lui, même le pécheur le plus misérable se sentait pardonné, et le plus pauvre se sentait roi. Une des caractéristiques les plus prononcées, comme le décrit même son histoire d’homme politique, fut celle d’être  «artisan de paix ». Il était arrivé à un tel niveau d’humilité qu’il faisait comprendre ce que l’évangile dit de celui qui vit cette vertu : il possède la terre. Grâce à sa  sa gentillesse la plus noble, à sa manière de s’adresser aux personnes, à ses paroles toutes spéciales pour chacun, il gagnait l’estime de tous ceux qu’il côtoyait. Avec lui n’importe qui se sentait à son aise, considéré avec dignité, même les jeunes réussissaient à établir avec lui un rapport d’égal à égal. Et l’on constatait, surtout les dernières années, combien il communiquait le surnaturel en parlant. “J’avais faim et soif de justice”… il s’est battu toute la vie pour cette phrase. Il en a subi des persécutions au nom de Dieu, voilà pourquoi aujourd’hui nous le croyons en possession de Son Royaume. Mais beaucoup d’autres paroles de l’évangile nous font penser à lui. En le voyant, on comprend ce que veut dire cette conversion que Jésus demande, pour laquelle il faut redevenir enfants. Chrétien de première catégorie, érudit, apologète, lorsqu’il lui a semblé avoir trouvé une source d’eau pure qui jaillissait de l’Eglise, il a su « tout vendre » pour suivre Jésus qui l’appelait à s’y désaltérer. Pour avoir beaucoup souffert du manque de considération dont les laïcs, à son avis, faisaient l’objet dans l’Eglise de son temps, il aspirait de tout son grand cœur à abattre les cloisons entre les personnes qui se trouvaient dans un état de perfection et les autres – ajoutait-il en riant – qui se trouvaient en  état d’imperfection. Autrement dit, il était très sensible aux signes des temps, il était lui-même un signe des temps, de ces temps où l’Esprit Saint appelle tout le peuple de Dieu à la sainteté. Lorsqu’Igino Giordani rencontra le mouvement, celui-ci n’était formé que de personnes consacrées dans la virginité. C’est lui qui l’a ouvert aux mariés, qui, à sa suite, ont éprouvé la soif de sainteté et de consécration, en concrétisant le projet, jusque là seulement entrevu, d’un partage de vie entre vierges et mariés, pour autant que possible, à l’image de la famille de Nazareth. Giordani fut l’un des plus grands dons que le ciel ait pu faire au mouvement des Focolari ». (extrait de Chiara Lubich, Igino Giordani focolarino, “Città Nuova” n° 9-10 mai 1980)

Famille : le “prix” pour rester unis

Famille : le “prix” pour rester unis

20150417-01«En 2014 l’entreprise où je travaille – raconte Rosette – m’a confié la région du Kurdistan irakien (KRI). Pour faciliter l’insertion de mon mari Éric au travail, lui aussi avec un excellent CV, nous avons pensé nous installer à Dubaï, un riche émirat arabe où l’on vit agréablement avec tout le confort nécessaire. A cause de cette richesse beaucoup d’étrangers viennent à Dubaï pour avoir une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leur famille, même si cela implique de laisser sa famille dans son pays d’origine.

Durant un de mes voyages au Kurdistan, même si j’étais arrivée deux heures en avance, j’ai été effacée de la liste des passagers. J’étais agitée parce que cela voulait dire prendre un avion plus petit qui ne partait qu’à une heure du matin. Il restait encore un bon bout de temps avant l’embarquement, mais je suis allée quand même au nouveau terminal : on ne sait jamais. Là bizarrement, je vois déjà beaucoup de gens, parmi eux un bon nombre qui dort par terre. Je leur demande combien de temps on devait attendre. Une femme me répond : « Cela dépend : ça peut être tout de suite comme plusieurs jours”. De fait elle attendait depuis presque deux jours à cause d’une erreur d’orthographe sur son visa. Alors ils ne la faisaient pas sortir. Pour démarrer une conversation je lui ai demandé si elle avait de quoi manger : « Oui, j’ai encore quelques crackers et un peu d’eau ». Je l’invite à un repas avec moi et à la fin elle accepte après maintes hésitations.

Alors que nous étions en train de bavarder, son directeur de travail l’appelle pour vérifier comment elle allait et savoir s’il lui restait encore de l’argent. Elle n’avait plus un sou. Elle avait envoyé tout son salaire à son fils pour ses frais d’université. Le coup de fil terminé elle me raconte son histoire : séparée de son mari, ses deux enfants vivent avec leur grand-mère dans leur pays d’origine. Elle est venue travailler à Dubaï parce que sa fille est en train de préparer le bac et il faut de l’argent pour l’université.

Un peu plus tard j’entends qu’on appelle mon vol. Mais pour elle combien devra-t-elle encore attendre. Je l’encourage à prendre l’argent que je lui offre. Je lui promets que je prierai pour sa famille.

C’est seulement une des nombreuses histoires que vivent les immigrés. Certaines familles sont à Dubaï parce que chez eux c’est la guerre (palestiniens, syriens, irakiens): Dubaï se présente comme un refuge plus sûr où pouvoir vivre une vie normale. Pour eux le travail c’est tout, le début, la fin, parce que sans travail ils n’auront pas le visa et sans visa ils ne peuvent pas rester à Dubaï. Surtout pour ceux qui sont seuls ici, à la longue, la distance physique et la solitude dans un pays étranger arrivent souvent à voiler même la plus pure des intentions. Nous connaissons des gens qui ont commencé des relations extraconjugales, détruisant ainsi la famille pour laquelle ils sont venus ici, ils en sont réduits à ne plus fournir que de l’argent et ne sont même plus présents à ceux qui leur sont chers. Malheureusement la majorité d’entre eux se résigne à une telle solution comme étant inéluctable, même si le prix à payer est fort. Ce même “prix” a frappé à notre porte. Mes fréquents voyages à Dubaï m’éloignaient toujours plus fréquemment d’Éric. Nous avons alors décidé de déménager au Kurdistan, même si cela voulait dire pour Éric de renoncer au bon travail qu’il avait à Dubaï. Au début mon entreprise a accepté, mais après d’ultérieurs entretiens et quelques épisodes violents au Kurdistan, l’entreprise nous a fait savoir qu’elle ne pouvait plus garantir la sécurité d’Éric et qu’il ne pouvait donc pas s’y transférer. Un de mes responsables m’a glissé à l’oreille : « … Vous vous habituerez à être séparés…”.

Face à cette perspective, nous avons immédiatement décidé de donner notre démission. En aucun cas nous devions vivre séparés, même si cela voulait dire renoncer à un travail bien payé et à une carrière pour laquelle j’avais tellement étudié. J’avoue que ce ne fut pas du tout un choix facile. Mais dans notre cœur nous sentions chacun que c’était le bon choix. Mon dernier jour de travail remonte au 31 décembre 2014.

En janvier dernier le pape est venu aux Philippines, et durant la rencontre avec les familles il a affirmé avec force la valeur de la famille : « Nous devons être forts pour dire non à toute tentative de colonisation idéologique qui veut détruire la famille ». Ces paroles, faites sur mesure, semblaient s’adresser à nous et confirmer notre décision d’aller à contre-courant ».

Chiara Lubich:  J’ai partagé la faiblesse des faibles

Chiara Lubich: J’ai partagé la faiblesse des faibles

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L’apôtre Paul a une manière de se comporter dans son extraordinaire mission, que l’on pourrait résumer ainsi : se faire tout à tous. Il cherche en effet à comprendre tout le monde, à pénétrer dans la mentalité de chacun. C’est pourquoi il se fait Juif avec les Juifs, et avec les non Juifs – c’est-à-dire avec ceux qui ne suivaient pas une loi révélée par Dieu – il devient semblable à quelqu’un qui vit sans loi.

Il adhère aux coutumes juives chaque fois que cela sert à surmonter les obstacles et à réconcilier les esprits. Comme il agit dans le monde gréco-romain, il fait siennes les façons de vivre et la culture de cet univers. Il dit :

« J’ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. »

L’Apôtre a vu s’ouvrir devant lui, comme un éventail, le vaste horizon de liberté qu’offre l’Évangile du Christ ; cet Évangile qui libère du péché, de la loi, de la mort, de l’emprise de Satan, des barrières imposées par la nation, la classe sociale, le sexe ; qui libère de tout despotisme humain, des tabous alimentaires et autres…

Paul vit ces libertés dans sa personne et les offre en même temps que l’Évangile aux communautés qu’il a fondées.

Cependant, dans la liberté du christianisme qu’il annonce, il ressent l’exigence, l’impératif même, de se faire l’esclave de quelqu’un : de ses frères, de chaque prochain. C’est dans le Christ qu’il puise ce devoir impérieux, dans le Christ qui s’est fait crucifier pour rejoindre chaque homme là où il se trouve, pour se faire serviteur de tous. En s’incarnant, Dieu s’est rendu proche de chaque homme mais, sur la croix, il s’est solidarisé avec chacun de nous, pécheurs, avec notre faiblesse, notre souffrance, nos angoisses, notre ignorance, nos abandons, nos interrogations, nos poids…

Paul aussi veut vivre de cette façon. Il affirme donc :

« J’ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. »

La raison d’être de ta vie, tu le sais, c’est d’arriver à Dieu. Et pas tout seul, mais avec tes frères. Toi aussi, en tant que chrétien, tu as reçu un appel de Dieu semblable à celui de Paul. Toi aussi, comme l’Apôtre, tu dois « gagner » quelqu’un., sauver quelqu’un à tout prix.

Il y a ceux que tu côtoies au cours de la journée, que tu rencontres dans la rue avec qui tu parles au téléphone, pour qui tu travailles…

Aime tout le monde.

Mais cette fois-ci, avec une préférence pour les plus faibles. Fais-toi « faible avec les faibles, pour gagner les faibles ». Tourne-toi vers ceux dont la foi vacille, vers les indifférents, vers ceux qui sont loin de tes convictions, vers ceux qui s’affirment athées, vers ceux qui dénigrent la religion.

Si tu te fais un avec eux, même dans leurs « faiblesses », tu expérimenteras l’infaillible méthode apostolique de Paul : tu les « gagneras » !

Ta femme ne porte aucun intérêt pour ta foi. Elle aime rester des heures et des heures devant la télévision ? Tiens-lui compagnie, comme tu le peux, quand tu le peux, en t’intéressant aux émissions qu’elle préfère…

Ton fils a fait du football son idole et se désintéresse de tout autre sujet. Il a bien oublié ce que signifie prier ?

Passionne-toi pour le sport encore plus que lui.

Ton ami aime voyager, lire, s’instruire ; il a balayé tout principe religieux ?

Essaie de comprendre ses goûts, ses exigences et, si tu le peux, donne-lui un coup de main…

Fais-toi un, un avec tous, en tout, autant que tu le peux, sauf dans le péché. Si quelqu’un pèche, affirme ton refus.

Tu verras qu’en te faisant un avec les autres, tu ne perds pas ton temps. Tu en gagnes.

Un jour – et ce ne sera pas dans trop longtemps – ils voudront savoir ce qui t’intéresse.

Alors, avec reconnaissance, ils découvriront, adoreront et aimeront ce Dieu qui motive ton comportement chrétien.

Chiara Lubich

audio en italien

Fonte: www.centrochiaralubich.org

Sierra Leone: dans l’attente que la vie reprenne

  Encore des mises en quarantaine au Sierra Leone: du 27 au 29 mars quelques quartiers de la capitale Freetown et d’autres localités au nord du Pays ont été à nouveau isolés à la suite de cas d’Ebola enregistrés les jours précédents. Des groupes de personnes préparées sont allés de maison en maison dans les secteurs les plus à risque pour sensibiliser et identifier les malades ainsi que ceux qui pourraient être contaminés par le virus. “On espérait arriver à n’avoir plus aucun cas pour la fin février – écrit le père Carlo depuis le Sierra Leone – les écoles étaient prêtes à ouvrir, mais la date a été reporté à la mi-avril. L’incertitude demeure, les gens ont vraiment envie de reprendre une vie normale, mais le virus reste aux aguets ». “Au début de l’épidémie j’étais à Makéni pour étudier – raconte Antoinette, une jeune au service d’une ONG – . La crise s’est avérée d’emblée si sérieuse que j’ai pensé revenir dans ma ville, épargnée par le virus. Mais ensuite j’ai décidé de rester comme volontaire pour aider les personnes contaminées. J’ai été affectée dans un village qui s’appelle Rosanda », où 54 cas étaient enregistrés, dont 42 décès. « La première période a été très triste, chaque jour une quinzaine de personnes mouraient. J’étais chargée d’informer les familles et, même si je cherchais à le faire avec le plus d’amour possible, ce n’était pas une expérience facile. Deux enfants me demandaient quand leurs parents reviendraient. Je n’étais pas capable de leur dire la vérité. Je cherchais à les consoler par ma présence et avec quelques des petits cadeaux ». « Chaque jour, durant un mois, je me suis rendue dans ce village – poursuit Antoinette – apprenant à ouvrir mon cœur à qui était dans le besoin, même s’il ne faisait pas partie de ma famille ni de mon cercle d’amis. Maintenant Rosanda a fini ses 21 jours de quarantaine. Il n’y a plus eu de nouveaux cas et je remercie Dieu d’avoir pu être pour toutes ces personnes un instrument de Son amour que je recevais chaque matin dans l’Eucharistie ». Comme Antoinette, d’autres aussi ont mis toute leur énergie à combattre ensemble ce terrible fléau. Des familles ont adopté des enfants restés orphelins, religieux et prêtres n’ont pas ménagé leurs forces. Parmi ceux-ci le Père Peter qui a travaillé dans quelques villages. Grâce à sa vigoureuse intervention il a été possible d’arrêter la contamination et de réduire le nombre de victimes. Son expérience concerne Small Bumbuna, un village du diocèse de Makéni, situé à 200 km de Kailahum, la ville d’où est partie l’épidémie. « La maladie s’et propagée dans le Sierra Leone comme un incendie en saison sèche. Quand il y a eu les premières victimes on a pensé au choléra, aux mauvais sorts ou à d’autres superstitions. La réponse du bureau médical a été lente : il a fallu deux semaines pour confirmer qu’il s’agissait du virus Ebola. Depuis la paroisse, située dans un autre village, nous aurions voulu rendre visite aux personnes, mais la peur d’être contaminé était trop forte. L’équipe médicale du district ne réussissait pas à maîtriser la situation ni à faire parvenir les approvisionnements. Les routes étaient difficilement accessibles ». En présence de si nombreuses difficultés, le Père Peter, suivi par ses paroissiens, prend « une décision radicale qui nous a conduits à faire face à l’Ebola », précise-t-il. A notre arrivée nous avons trouvé une ville déserte. Le chef du village nous a fait un tableau terrible de la situation. On pouvait lire dans les visages l’absence d’espérance et l’impossibilité de faire quelque chose ». C’est alors que commence une action non-stop qui mobilise la plus haute autorité locale. Le père Peter est envoyé comme « guide » pour parler avec la population et expliquer comment faire pour endiguer la contamination et se laisser soigner. En l’espace de deux semaines le danger a disparu et les personnes ont pu retourner à leurs activités agricoles. « J’ai pris tous les risques, conclut le Père Peter – parce que c’était ma communauté. Comment pouvais-je déserter durant ces moments de souffrance ? Cette question m’a aidé à m’identifier à eux, à présenter la situation aux autorités, et à me proposer comme « guide ». J’ai appris que rien n’est trop petit qui ne soit digne d’être offert ni même trop lourd pour ne pas être pris en charge. Nous continuons à prier pour que l’épidémie soit complètement éradiquée et qu’on puisse revenir à une vie normale ».

Les moines du désert

Les moines du désert

20150416-01Beaucoup ont essayé d’expliquer les racines et les raisons des débuts de la vie monastique, mais les récits des Pères et leur expérience de vie nous montrent que le moine est ‘le martyr vivant’, et qu’ils ‘ont quitté le monde pour l’unique réalité qui a de la valeur: Dieu.” C’est comme vouloir répondre à l’amour de Dieu, bien exprimé dans un verset de la Sainte Messe copte, que nous appelons Divine Liturgie, qui s’adresse à Dieu: “De toutes les paroles dites, rien ne peut décrire Ton amour pour l’humanité”. Saint Jérôme dit que leur vie d’ascètes et d’ermites proclame: “L’amour divin nous a touchés avec ses flèches”; et chacun répétait: “J’ai trouvé ce à quoi mon âme aspire, je le garderai précieusement et ne le laisserai jamais”. Le désir de ces moines était, donc, de se donner complètement à cet amour et, pour se consacrer à Lui, ils ont dû quitter les villes.

Saint Basile annonce clairement: “Qui aime Dieu quitte tout et va vers Lui”. On dit du disciple de saint Pacôme, saint Théodore, que “son unique intérêt dans le monde était d’aimer Dieu de tout son cœur, en suivant le commandement de Jésus-Christ”. La racine de la vie ascétique c’est de ressembler au Christ: le dépouillement complet de soi, suivre la volonté du Père, la virginité, en contact continu avec Dieu le Père à travers la prière. Le Père Matta El Meskin l’explique bien: “La garantie de notre consécration (être moine) est dans le rattachement au Christ personnellement, et de bien suivre la Bible. Donc, avec le Christ et la Bible, nous pourrons marcher dans notre voie, en croissance continue, jusqu’à la fin”.

Le choix du consacré est de suivre Jésus “Voie, Vérité et Vie”. Vivre en Christ et pour Lui seulement. Le suivre dans le style de vie qu’il a vécu. Il a choisi de vivre pauvre, vierge et obéissant. Alors le moine ne choisit pas la pauvreté, mais le Christ pauvre. Le choix est de la personne même de Jésus, et par conséquent de ce qu’a vécu le Christ, comment il l’a vécu et pourquoi il l’a vécu ainsi.

Concernant l’aspect communautaire dans la vie ascétique des moines du désert, nous pouvons rappeler comment – par exemple dans les monastères qui suivent saint Pacôme – la vie de communion devenait l’extension de l’Église primitive à l’époque des apôtres. En regardant la vie des Pères, nous pouvons tracer quelques caractéristiques communautaires: l’amour réciproque (saint Pacôme sollicite toujours les siens à s’aimer, et c’est en raison de la charité entre les moines que cette vie s’est répandue et continue jusqu’à aujourd’hui); la vie ensemble (le “tout était en commun” des premières communautés chrétiennes est la caractéristique dominante dans tous les aspects de la cohabitation des moines).

Les enseignements des Pères du désert me rappellent la méditation de Chiara Lubich “L’attractivité des temps modernes”, qui exprime bien ce que j’éprouve: “Pénétrer dans la plus haute contemplation, tout en restant mêlés aux autres”. Cette contemplation actualise la vie des Pères durant ce siècle, mais au milieu du monde.

La présence spirituelle de Jésus au milieu de nous avec les focolarines catholiques avec lesquelles je vis dans le focolare de Sohag, l’engagement de nous aimer, nous a vraiment rendues sœurs et nous fait expérimenter la joie du Ressuscité au-delà de nos différences. Dans la vie quotidienne, tout est en commun: nous prions, travaillons, jouons et partageons les moments de souffrance des personnes qui nous entourent. Nous essayons de témoigner, avec notre vie, que Dieu est amour.

Vivre pour l’unité pleine dans l’Église du Christ “que tous soient un”, me fascine toujours plus. Je jouis de la beauté et la variété des dons de Dieu que je retrouve dans les différentes Églises, ainsi que l’aspiration et l’émotion de voir que nous sommes unis en Christ entre nous et dans le futur de l’Église dans le dessein de Dieu.

Les petits et grands pas sur le chemin œcuménique, aussi dans mon pays, en sont les témoignages. Depuis quelques années, par exemple, une commission œcuménique avec des personnes de chaque confession chrétienne présente à Sohag a été constituée. On se rencontre chaque fois dans une église différente: cette année dans l’église copte orthodoxe. Le 5 mars, presque tous les responsables locaux des églises étaient présents. Le thème principal était “la victoire sur le mal”, en partant de la situation de persécution des chrétiens en Libye et en retraçant les étapes du peuple d’Israël qui quitte l’Égypte. “Le drapeau qui flotte sur nous est l’amour de Dieu”, a affirmé l’évêque copte orthodoxe Mgr Bakhoum, souhaitant aux personnes présentes “que nous nous retrouvions toujours dans l’Amour”.

 

Kenya: la douleur d’un peuple

“C’est le jour du Vendredi Saint qu’a eu lieu le massacre de Garissa (Kenya). Je me suis rendue à la morgue où on était en train de transporter les corps des étudiants pour qu’ils puissent être reconnus. Ce n’est pas loin de chez moi à Nairobi et j’y suis allée avec mon appareil photo. Impossible d’échapper au bruit des sirènes. J’ai trouvé d’un côté les parents des étudiants tués qui s’évanouissaient…et de l’autre des collègues avec leur caméra. J’aurais certainement pu réaliser quelque interview, mais je n’y suis pas arrivée ; je me suis trouvée tout de suite en train de pleurer avec ces familles. Il y avait une forte pression de l’opinion publique tout autour, les gens voulaient avoir des nouvelles, attendaient quelque chose…mais moi j’avais besoin de temps pour assumer et digérer une situation si douloureuse, pour être en mesure de dire quelque chose de constructif. Je sentais que j’avais à rester en silence en présence de cette douleur et à résister aux pressions ». C’est le témoignage émouvant de Liliane Mugombozi, journaliste Kényane.

Le nombre des victimes de l’attaque des extrémistes somaliens contre le Garissa University College, dans le Nord-Est du Kenya (à la frontière avec la Somalie et à 350 km de la capitale Nairobi) atteint presque les 150. An cours de la journée du 3 avril les terroristes avaient en effet attaqué le Collège en prenant de mire les étudiants chrétiens. Seule l’intervention des forces armées du gouvernement, qui ont affronté les assaillants tout au long de la journée, a évité que ce carnage prenne encore davantage d’ampleur. Mais la peur de nouvelles attaques reste partout si élevée que n’importe quel incident peut déchaîner la panique avec de lourdes conséquences, comme ce fut le cas le 12 avril au “Kikuyu Campus” (un autre collège universitaire) de Uthiru, à 30 km de Nairobi): un transformateur électrique du quartier a explosé provoquant un bruit semblable à celui de l’explosion d’une bombe. Un étudiant est mort en se jetant du  5ème étage et 150 ont été blessés dans leur folle course pour fuir. 

“Dès les premiers jours, avec de nombreuses personnes de la communauté, nous nous sommes rendus à la chambre mortuaire, où avaient été transportés les 148 corps des étudiants tués, pour consoler les personnes qui avaient perdu leurs enfants – raconte Charles Besigye de la communauté locale des focolari – Aujourd’hui, 11 avril, nous avons passé l’après-midi à la morgue avec nos jeunes. De quoi fendre le cœur !… Des personnes dans l’incertitude absolue qui, au bout d’une semaine, ne savent pas encore où sont leurs propres enfants ! Certains corps ont déjà été identifiés et sont conduits à l’extérieur en vue d’être transportés et enterrés chacun dans leur propre village. La douleur est immense… on assiste à des scènes angoissantes de la part des parents. C’est déchirant de les voir s’écrouler après une si longue attente. Nous sommes restés là pour partager leur souffrance, pour les aider à porter cette lourde croix. Pour pleurer avec ceux qui le peuvent encore, parce que certains n’ont plus de larmes. L’une d’entre nous s’est offerte pour aider à préparer les corps des jeunes défunts avant qu’ils soient présentés aux parents. Une expérience très forte ! Il y a un grand esprit de solidarité de la part des différentes associations et de tout le peuple kényan : on apporte du pain, du lait, des boissons…Et tous les médias appellent à l’unité et au dialogue. C’est aussi émouvant de ressentir l’atmosphère sacrée qu’on respire dans ce lieu. Les personnes se recueillent : certains prient Dieu, d’autres consolent ».

Le soir du Vendredi Saint, au cours du Chemin de Croix au Colisée de Rome, le Pape a eu des mots très durs : « La soif de ton Père Miséricordieux – a dit François – qui en toi a voulu embrasser, pardonner et sauver toute l’humanité, nous fait penser à la soif de nos frères persécutés, décapités et crucifiés à cause de leur foi en Toi, et cela sous nos yeux et souvent avec notre silence complice ». C’est un avertissement fort qui nous incite à ne pas nous taire.

Ukraine: une guerre entourée de silence

Ukraine: une guerre entourée de silence

20150413-03Au cours de son émouvant appel en faveur de nos nombreux frères qui dans le monde « souffrent injustement des conséquences des conflits et des violences en cours », le pape François ne pouvait pas oublier de prier pour « la bien-aimée Ukraine », « afin qu’elle puisse retrouver paix et espérance grâce à l’engagement de toutes les parties concernées ».

Car en effet celle qui se déroule en Ukraine est une guerre qui continue encore dans une violence absurde. Nous en parlons avec Robert Catalano, invité à donner des conférences sur le dialogue à l’université de Léopoli, Ivanova Franzisksva et Termopil. Il est significatif qu’en plein milieu de la « crise » les jeunes (et leurs enseignants), au lieu de se retrancher dans la sphère du privé, se mobilisent pour approfondir le dialogue comme unique ressource digne de focaliser toutes les énergies.

Robert, quel climat as-tu perçu en rencontrant les gens?

20150413-02“A la fin d’une conférence, une assistante scolaire m’a montré les photos d’anciens étudiants de l’Université tués dans le conflit du Sud-est du Pays. Elle m’a raconté, les larmes aux yeux, que chaque soir, à la fin des cours, un groupe d’étudiants se retrouve à la cafétéria de l’université pour cuisiner des plats typiques de l’Ukraine qui sont ensuite congelés et expédiés aux soldats. Une autre dame m’a dit que son fils âgé d’à peine 6 ans fait des dessins qu’il envoie aux soldats pour les remercier de l’effort qu’ils font pour défendre leur Pays. Chez nous hélas, à la différence de l’an dernier où les journaux télévisés en parlaient, aujourd’hui les événements d’Ukraine sont passés sous silence. Et pourtant, en Ukraine occidentale une véritable guerre est en cours ».

Une situation qui semble sans issue, qui produit de l’angoisse et de la souffrance dans le cœur des personnes…

“J’ai pu me rendre compte de cette profonde douleur à chaque instant de mon séjour en Ukraine. Des étudiants et des professeurs m’ont demandé ce que je pensais de la situation de leur Pays et, surtout, ce qu’on en dit dans le reste de l’Europe. Je n’ai pas eu le courage d’exprimer des jugements. En présence de la douleur et de la peur j’ai préféré écouter et rester en silence. J’ai été impressionné par la force et la dignité de ce peuple, mais j’ai été en même temps saisi de peur en voyant que le reste de l’Europe et du monde ait pratiquement laissé ce pays à son propre sort, aggravé, entre autres, par un nationalisme qui va grandissant, un phénomène qui peut toujours cacher de grands dangers à venir ».

20150413-01C’est exactement ce qu’a dit le Pape en parlant du massacre des étudiants au Kenya. En face de ces atrocités, il semble que la communauté internationale détourne le regard. Et pourtant le peuple ukrainien est aussi un peuple frère, en raison d’une humanité commune et de la foi chrétienne qui l’anime.

“Je suis entré dans une grande église où l’on était en train de célébrer la liturgie en rite oriental. On est alors frappé par l’iconostase, très moderne et d’une grande beauté, mais c’est encore plus étonnant de voir la piété des personnes, leur participation attentive, recueillie, sacrée. Sans parler de la longue file de ceux qui attendent leur tour pour se confesser. Soixante dix ans de marxisme n’ont pas réussi à éteindre la foi du peuple ».

A ton avis y-a-t-il quelque espérance pour une paix possible?

« J’ai visité seulement la moitié de l’Ukraine, et je n’ai pas pu, comme j’aurais aimé, rencontrer des personnes du camp opposé. Elles aussi éprouvent des souffrances qu’il est peut-être difficile de comprendre. Ici l’histoire se fait présente avec ses cycles, mais aussi avec ses problèmes actuels, dictés par les intérêts internationaux liés au gaz et au carburant. Le silence qui entoure cette situation gomme la souffrance de millions de personnes, de quelque bord qu’elles soient. Comme l’a souhaité le pape, il y a besoin de l’engagement de toutes les parties concernées. C’est le seul moyen pour parvenir à une paix durable ».

Souvenir de Chiara :  vue panoramique sur le monde

Souvenir de Chiara : vue panoramique sur le monde

Istanbul1494-e1427894905562Un événement international constitué de rencontres et de séminaires en diverses capitales du monde, afin de réfléchir sur les perspectives qui émergent aujourd’hui du message d’unité apporté par Chiara pour la politique. Voilà le fil conducteur de nombreux rendez-vous qui ont rappelé son souvenir. Mais le rapport entre le charisme de l’unité et la politique n’est pas l’unique aspect souligné durant le 7ième anniversaire de Chiara Lubich.

A Istanboul le Patriarche Bartholomée fait honneur au rendez-vous – la présentation des livres de Chiara traduits en grec – en présence de plus d’une centaine de représentants du monde orthodoxe et catholique. Dans son discours, il l’indique comme une des « saintes femmes, qui par leur exemple, leur amour qui repose sur la philanthropie divine et la parole inspirée par l’Esprit Saint, sollicitent continuellement une metanoia », une conversion du cœur pour toute l’humanité souffrante ».

congo-kinshasaÀ l’intérieur des crises – Une réponse à la crise politique en acte au Congo semble s’être profilée lors de deux rencontres qui se sont tenues dans le pays. A Lubumbashi 370 personnes sont intervenues, chrétiens et musulmans. Les jeunes des Focolari ont présenté sous forme artistique l’amour de Chiara envers les pauvres, sa rencontre avec Igino Giordani, son « rêve » : l’unité de la famille humaine. La messe a été animée par une cinquantaine de séminaristes. A Goma la journée a vu la participation de 400 personnes, avec un bon groupe de politiciens de la province du Nord-Kivu et des représentants de la société civile. Après la rencontre la RTNC a diffusé l’événement en quatre langues locales. Des initiatives courageuses n’ont pas manqué dans certains points chauds de la planète. Au Nigeria, par exemple, différents événements se sont passés : à Yola, où se trouvent de nombreux réfugiés, l’évêque a célébré la messe pour Chiara en priant pour la paix. À Abuja et Lagos des journées ont été organisées par les jeunes et pour les jeunes ; à Onitsha une rencontre avec plus de 300 personnes parmi lesquelles des adultes, des jeunes et des enfants ; à Jos, où il n’a pas été possible d’organiser une grande journée à cause d’une explosion quelques jours avant, un groupe des Focolari est allé rendre visite à un institut pénal pour mineurs.

Le thème de la paix fut de même le centre de la journée organisée à Bujumbura (Burundi) avec plus de mille participants. Au programme, beaucoup de témoignages ont mis en relief la possibilité de vivre en harmonie et de construire la paix même là où ce n’est pas facile. Le matin était présent l’archevêque Mgr. Evariste Ngoyagoye.

En Amérique Centrale, le thème de la politique reste chaud. Ils écrivent du Honduras : « fatigués d’une politique corrompue et bombardés par les nouvelles violentes qui engendrent le découragement de la population, nous avons organisé cet événement pour donner ce que peut apporter de caractéristique le charisme de l’unité, par des idées et des témoignages ». Au Salvador qui attend la béatification de Romero, on s’est demandé comment vivre l’unité même en pleine violence. Parmi les témoignages, celui de François, assailli par deux garçons armés. Il a réussi à entamer un dialogue avec eux sur Dieu. Les deux délinquants, pris à contre-pied, ont rangé leurs armes et sont partis.

Au Pakistan, à Karachi, Lahore, Rawalpindi, Dalwal – plus de mille personnes en tout – 4 célébrations avec la force de l’espoir après les événements tragiques du 15 mars à Yohannabad.

20150412-01Aux sièges des institutions – A Séoul de nombreux députés et personnes engagées dans l’administration publique se sont donné rendez-vous au parlement pour faire un bilan du parcours vers une politique de fraternité entrepris il y a dix ans. A Madrid c’est le siège du parlement européen qui a été l’hôte d’un séminaire sur « Un monde, beaucoup de peuples qui étreignent la diversité » ; alors que Strasbourg (France), siège des institutions européennes, a accueilli trois jours d’événements sur le thème de la fraternité en tant que catégorie politique.

A Rome le congrès « Chiara Lubich : l’unité et la politique » s’est déroulé dans la salle du Palais des Groupes parlementaires de la Chambre des Députés. Nombreux étaient les politiciens présents à la table ronde organisée à Toronto, centrée sur la vision de la politique proposée par Chiara. A Solingen (Allemagne), par contre, le thème du congrès a été centré sur la culture de la fraternité dans trois domaines très actuels : les réfugiés, la paix, le dialogue avec les autres cultures. Plus de cent participants de différentes confessions chrétiennes et religions et de diverses nationalités. « La pensée et l’agir politique de Chiara Lubich » fut le thème autour duquel se sont déroulés les travaux d’un autre événement dédié à Chiara : le congrès de Curitiba (Brésil), où un timbre commémoratif a été imprimé. Le parlement de la province de Córdoba (Argentine) a rappelé Chiara par l’approbation de la reconnaissance posthume de son œuvre.

Approfondissements sur la politique de la même manière en d’autres villes d’Italie, en Hongrie, République Tchèque, Portugal, Suède, Usa, Honduras, Mexique, Colombie, Tanzanie, Kenya.

Dans différents milieux – Cependant, à l’occasion du 14 mars 2015, pour rappeler Chiara on n’a pas uniquement parlé de politique. Art et culture ont été au centre de nombreux événements et même originaux. A Durban (République d’Afrique du Sud) la troisième édition du « Chiara Lubich Memorial Lecture » s’est déroulé avec la participation de Ela Gandhi, nièce du Mahatma Gandhi ; alors qu’à Maracaibo (Venezuela) l’université catholique « Cecilio Acosta » (UNICA) a réalisé un concours pour la IV° biennale d’Art Chiara Lubich. Adressé aux artistes professionnels, étudiants et amateurs, il a donné la possibilité d’exposer les propres œuvres sur la place de la République. En différents pays, préparer et réaliser les événements liés au 14 mars, a donné l’occasion de se réunir. Comme exemple les deux rendez-vous de Cuba : à la Havane avec plus de 200 personnes et à Santiago de Cuba avec 150 : les communautés locales ont préparé les journées pour présenter le mouvement des Focolari et ont offert leur témoignage sur l’incidence que la spiritualité de l’unité peut avoir dans de nombreux milieux de la vie personnelle et sociale. A Cochabamba en Bolivie avec 120 personnes. Dans la ville de Mexico et le territoire de Netzahualcóyotl le souvenir de Chiara s’est fait au cours de la mariapolis.

Au Vietnam, aussi bien à Ho Chi Minh ville, que dans le petit village de Ngo Khe (Ha Noi), au nord, les gens ont entouré l’autel pour renouveler « devant Dieu et Chiara, notre engagement à faire avancer avec fidélité sa consigne », écrivent-ils. Au Myanmar, à Yangon, où la majorité des membres des Focolari n’a jamais connu Chiara en personne, mais se sent attirée par son charisme. De même qu’en Thaïlande, aussi bien à Bangkok qu’à Chiang Mai, la famille des Focolari s’est réunie. 600 personnes en Slovaquie, entre Kosice et Bratislava. « Les témoignages des membres des autres Eglises – racontent-ils – et des personnes qui n’ont pas de référence religieuse, ont fait voir combien Chiara appartenait à tout le monde. Le recteur de l’Université de Trnava, le Prof. Peter Blaho, qui a remis à Chiara le doctorat honoris causa en théologie, a partagé ses souvenirs de sa rencontre avec elle.

À Fontem (Cameroun) ils étaient 500 de tous les villages avoisinant la cité-pilote à rappeler « Mafua Ndem », Chiara Lubich. Le thème choisi était « l’impact de l’Idéal de l’Unité dans les différents aspects de la vie sociale ». Les jeunes du collège ont présenté leurs expériences sur le « dé de la paix » : « Depuis que nous avons introduit le dé dans nos classes – écrivent-ils – les vols ont diminué, ainsi que l’absentéisme, et le rendement scolaire s’est amélioré, chacun prend soin des affaires de l’autre, il y a plus de tolérance et nous nous pardonnons plus facilement. Le partage entre les étudiants a augmenté… ».

Moments de prière – De nombreuses personnalités civiles et religieuses étaient présentes aux célébrations eucharistiques dans les différents coins du monde. Parmi les nombreuses interventions d’évêques et de cardinaux dans les diverses célébrations, citons celle du card. Angelo Scola de Milan qui a dit entre autre : « Notre engagement d’aujourd’hui est de cueillir avec une conscience renouvelée le rêve qui a animé la vie et la pensée de Chiara, en construisant des espaces de fraternité partout où nous nous trouvons et en privilégiant les besoins du prochain qui se trouve à côté de nous et de celui qui est loin et vit dans des pays où guerre et violence font rage. Nous voudrions, de cette manière, être des témoins authentiques du charisme que Dieu a donné à Chiara, en étant au service de l’Eglise et de l’humanité ».