Mouvement des Focolari
Sophia à Trente : créativité et innovation

Sophia à Trente : créativité et innovation

20150301-aUn expérimentation : placer en montagne une initiative académique inter-disciplinaire et inter-culturelle, selon la méthodologie et l’apprentissage caractéristique de l’IUS. C’est ce qui a donné vie à la première Winter School internationale de lInstitut Universitaire Sophia (IUS), qui s’est terminée le dimanche 15 février, organisée avec le soutien de la Province Autonome de Trente et la collaboration des Caisses rurales et de la Fédération de Trente de la Coopération. Les jeunes participants, provenant de 18 pays, accueillis au Centre Mariapolis intitulé à Chiara Lubich, dans sa terre natale, ils se sont sentis accueillis d’une manière superlative par la ville de Trente.

Dans un contexte dans lequel le changement est guidé par la technologie et par les défis politico-économiques, on a cherché à comprendre la créativité et l’innovation, à la lumière de la ”culture de l’unité”, et sa possible valeur ajoutée. Par exemple, donner espace et reconnaissance aux diversités même lorsqu’elles sont génératrices potentielles de conflit.

A côté des leçons en auditoire et des travaux de groupes qui ont rythmé le programme, avant et après les excursions et les activités sportives, la réflexion sur le sport et la corporéité a offert une ultérieure et originale clé de lecture aux thèmes proposés. D’un particulier impact fut la soirée ouverte à la ville ”Capitaine, mon capitaine”, conduite par Paolo Crepaz de Sportmeet, en dialogue avec trois capitaines d’équipes sportives de haut niveau.

Un regard donc sur les questions et les ressources de notre temps, regard qui pousse à penser en grand et à agir avec cohérence.

A la fin, quelques participants ont offert quelques observations personnelles.

F.S. diplômée en Communication d’entreprise, avec un doctorat sur le microcrédit et la microfinance: ”J’emporte deux choses avec moi : la méthodologie de l’interdisciplinarité – les savoirs ne peuvent plus se penser comme des fragments isolés – et la nécessité de construire des relations qui partent de la profonde connaissance de soi-même et de la propre discipline, pour aller vers l’autre et revenir enrichis de la discipline de l’autre. J’essaierai de reporter la dynamique de ces jours-ci – écoute, réciprocité, partage – dans la vie de chaque jour”.

G.F. qui étudie Sciences sociales :”Elle est nouvelle cette recherche dont vous nous avez parlé de mettre en évidence la relation entre sport et culture de l’unité, dans la perspective d’une vision intégrale de la personne et de la société : nous avons encore beaucoup, énormément à découvrir”.

M.P. diplômé en Sciences naturelles :”Je ne connaissais pas Sophia…je trouve que c’est une réponse adéquate à notre époque. Je pense que, comme cela se passe dans l’écosystème, où tout est interconnecté, et quoi que nous fassions, tout a des conséquences personne n’étant exclu et sous n’importe quelle latitude. Nous sommes appelés au dialogue, conscients des conséquences de notre façon d’agir”.

C.G., au terme du doctorat en Droit Constitutionnel : ” C’est beau de commencer la journée avec le moment du ”starting point” – l’approfondissement d’un bref passage de l’Écriture à traduire en vie – et donner ainsi un cadre à toute la journée, un point de départ. Maintenant je suis aussi là…pour construire Sophia dans mon université”.

 

Source : Sophia online

Ukraine: regard sur l’Economie de Communion

Ukraine: regard sur l’Economie de Communion

150202-07_Sumy_01_ridPour différentes raisons, il est plutôt rare que des étudiants ukrainiens se déplacent dans d’autres villes pour y rencontrer des collègues d’autres universités. L’École d’hiver qui s’est tenue à Sumy (Ukraine) du 2 au 7 février a donc été une occasion unique pour se rencontrer et connaître les particularités culturelles des diverses régions du pays, dans une ambiance amicale de coopération et d’entraide. Le principal résultat de cette école a effectivement été la possibilité pour des jeunes de toute l’Ukraine de se rencontrer, créer des liens, discuter de leurs projets, organiser des projets communs et bien d’autres choses encore.

En ce dur temps de crise et de guerre qui touche actuellement le pays, on comprend l’importance de tels moments de communion entre jeunes de l’Est et de l’Ouest.

Les 42 participants arrivés à Sumy avaient déclaré avoir une certaine connaissance des sujets annoncés par le titre de cette session : “Values in Economy and Business“, mais à la fin chacun admettait la grande nouveauté des contenus des cours et des ateliers, et affirmait que les exemples concrets illustrant les enseignements lui avaient permis d’approfondir l’intéressante question de la responsabilité sociale des entreprises.

L’école s’est déroulée à l’Ukrainian Academy of Banking. Elle a débuté avec la conférence du Prof. Petrushenko sur l’éthique dans le monde des entreprises. Il en a dessiné les principes philosophiques de base et a défini les domaines de la responsabilité sociale des entreprises dans la société.

Cristian Loza Adaui professeur à l’Ingolstadt School of Management (Allemagne) a ensuite introduit les concepts de base de l’ÉdeC. Le titre de sa leçon “Le Business du business est la personne humaine” a dans un premier temps surpris et décontenancé les étudiants. Il a alors approfondi son approche théorique du monde des affaires dans une perspective plus humaine et socialement responsable. Le lendemain il a développé ce sujet en focalisant l’attention sur l’application pratique des valeurs dans l’économie sociale et de marché.

Autre expérience nouvelle pour les participants : la leçon par skype de l’entrepreneure philippine Teresa Ganzon, qui a présenté son expérience de gestion de Bangko Kabajan, institution financière rurale basée sur la culture du don et sur l’Économie de Communion. Beaucoup se sont dits surpris de connaître une banque qui ne se base pas uniquement sur le principe de la maximalisation du profit, et qui réussit sa gestion  bancaire en respectant chaque client en tant que personne et en prenant spécialement en compte sa situation.

La professeure Tatiana Vasylieva, a parlé de l’entrepreneuriat socialresponsable dans le contexte ukrainien. Elle a passé toute la quatrième journée avec les étudiants, faisant intervenir des représentants d’institutions bancaires et de compagnies d’assurances de Sumy en dialogue ouvert avec les jeunes : ils ont communiqué leurs expériences, aussi bien positives que négatives, et expliqué qu’en Ukraine beaucoup d’obstacles à une économie plus socialement responsable pourraient être surmontés. Les étudiants ont beaucoup apprécié cette présentation et ont longuement discuté avec les intervenants des problématiques actuelles de l’Ukraine.

Chaque jour l’école d’hiver prévoyait des ateliers en groupes de travail sur de petits projets concernant la responsabilité sociale, l’éthique et les valeurs dans la gestion d’entreprise. Des représentants de l’Académie Sociale “Caritas in Veritate”, promotrice de cette école, étaient chaque jour présents pour discuter avec les participants, les aider dans la réalisation de leurs travaux, et pour présenter leurs idées de façon nouvelle à ce public externe.

Le dernier jour a été consacré à la présentation des fruits des travaux de groupe. Mais le plus intéressant a été l’analyse du compte-rendu de l’opposition entre la gestion traditionnelle des entreprises qui visent le profit maximal, et un type d’entreprises socialement responsables, basées sur l’éthique et sur les valeurs du bien commun.

Source: http://edc-online.org/fr/accueil/evenements/10179-ukraine-ecole-d-hiver-edec.html

Mars 2015

Au cours d’un voyage en Galilée, près de Césarée de Philippe, Jésus demande à ses disciples ce qu’ils pensent de lui. Au nom de tous, Pierre affirme qu’il est le Christ, le Messie attendu depuis des siècles. Pour éviter des équivoques, Jésus explique clairement comment il entend réaliser sa mission. Il libérera son peuple, certainement, mais d’une manière inattendue, en payant de sa personne : il devra beaucoup souffrir, être condamné, mis à mort et, au bout de trois jours, ressusciter.

Pierre n’accepte pas cette vision du Messie ; comme beaucoup d’autres de son temps, il l’imaginait comme quelqu’un qui agirait avec force et puissance, chassant les Romains et mettant la nation d’Israël à sa juste place dans le monde. Il en fait donc le reproche à Jésus qui le réprimande à son tour : «…tes vues ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes » (Marc 8,31-33).

Jésus se remet en chemin, cette fois vers Jérusalem où s’accomplira son destin de mort et de résurrection. Maintenant que ses disciples savent qu’il va mourir, accepteront-ils encore de le suivre ? Les conditions que pose Jésus sont claires et exigeantes. Il appelle la foule et ses disciples autour de lui et leur dit :

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive »

Sur les rives du lac alors qu’ils jetaient leurs filets pour la pêche, ou devant le bureau des impôts, lorsque Jésus les avait appelés à le suivre, ses disciples avaient alors été fascinés. Sans hésiter, ils avaient abandonné barques, filets, bureau, père, maison, famille pour courir à sa suite. Ils l’avaient vu accomplir des miracles et entendu ses paroles de sagesse. Jusqu’à aujourd’hui, ils l’avaient suivi remplis de joie et d’enthousiasme.

Cependant, suivre Jésus allait prendre maintenant un caractère nettement plus engageant, c’est-à-dire partager à fond sa vie et son destin : l’insuccès, l’hostilité et même la mort, et quelle mort ! La plus douloureuse et infamante, celle réservée aux assassins et aux délinquants les plus dangereux… Une mort que les Écritures qualifiaient de « maudite » (Deutéronome 21,23). Le seul nom de « croix » terrorisait, on n’osait même pas le prononcer. Cette parole apparaît pour la première fois dans l’Évangile. Qui sait quel choc elle a provoqué en ceux qui l’ont entendue !

Ayant affirmé clairement son identité, Jésus peut montrer avec la même clarté celle de son disciple. Si le Maître est celui qui aime son peuple jusqu’à mourir pour lui, en prenant sur lui la croix, le disciple, pour être tel, devra lui aussi mettre de côté sa propre façon de penser pour partager en tout, la voie du Maître, à commencer par celle de la croix :

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive ».

Être chrétien signifie être d’autres Christ : avoir « les mêmes sentiments que le Christ Jésus », il « s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix » (Philippiens 2,5-8) ; être crucifié avec le Christ au point de pouvoir dire avec Paul : «…je vis mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Galates 2,20) ; ne rien savoir « sinon Jésus Christ et Jésus Christ crucifié » (1 Corinthiens 2,2). Jésus continue à vivre, à mourir, à ressusciter en nous. C’est le plus grand désir, la plus grande ambition du chrétien, celle qui a modelé les grands témoins : être comme le Maître. Mais comment suivre Jésus pour devenir comme lui ?

Le premier pas est de « se renier soi-même », se distancer de sa propre façon de penser. C’est ce que Jésus a demandé à Pierre quand il l’a réprimandé pour avoir pensé selon les hommes et pas selon Dieu. Nous aussi, comme Pierre, nous voulons parfois nous affirmer de manière égoïste ou au moins selon nos propres critères. Nous recherchons le succès facile et immédiat, exempt de toute difficulté, nous regardons avec envie celui qui fait carrière, nous rêvons d’avoir une famille unie et de construire autour de nous une société fraternelle et une communauté chrétienne, sans devoir payer le prix requis.

« Se renier soi-même » signifie entrer dans la façon de penser de Dieu, telle que Jésus nous l’a montrée dans sa propre façon d’agir. C’est la logique du grain de blé qui doit mourir pour porter du fruit, la logique de trouver plus de joie à donner qu’à recevoir (Actes des Apôtres 20,35), à offrir sa vie par amour, en un mot, prendre sur soi sa propre croix :

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive ».

La croix – celle de « tous les jours », comme le dit l’évangile de Luc (Luc 9,23) – peut prendre bien des visages : maladie, chômage, incapacité de gérer les problèmes familiaux ou professionnels, échec pour créer des rapports authentiques, sens d’impuissance face aux grands conflits mondiaux, indignation devant les scandales répétés de notre société… La croix, inutile de la chercher. Elle nous arrive d’elle-même, peut-être de manière totalement inattendue et sous une forme que nous n’aurions jamais imaginée.

L’invitation de Jésus est de « prendre » la croix, sans la subir avec résignation comme un mal inévitable, sans la laisser nous écraser, sans la supporter non plus de façon stoïque et détachée… L’accueillir au contraire comme une possibilité de partager la sienne, de vivre en disciples aussi en cette situation et en communion avec lui dans cette souffrance, car c’est lui, le premier, qui a partagé notre croix. Quand Jésus s’est chargé de sa croix, il a pris avec elle sur ses épaules chacune de nos croix. Dans chaque souffrance, quelle qu’elle soit, nous pouvons rencontrer Jésus qui l’a déjà faite sienne.

Igino Giordani voit là le rôle inversé de Simon de Cyrène qui porte la croix de Jésus : la croix, dit-il, « est moins lourde si Jésus se fait notre Cyrénéen ». Et, dit-il, elle est encore moins lourde si nous la portons ensemble : « Une croix portée par une seule personne est écrasante ; portée ensemble par plusieurs, avec Jésus au milieu d’elles, c’est-à-dire en prenant comme Cyrénéen Jésus lui-même, elle devient légère, le joug n’est plus ressenti comme tel. L’escalade faite en cordée par beaucoup, d’un commun accord, devient une fête, et elle nous fait monter ».

Prendre la croix donc pour la porter avec lui, sachant que nous ne sommes pas seuls à la porter parce qu’il la porte avec nous, c’est se relier à Jésus, lui appartenir, jusqu’à la pleine communion avec lui, jusqu’à devenir d’autres ‘lui’. C’est ainsi que l’on suit Jésus et que l’on devient de vrais disciples. La croix sera alors vraiment pour nous, comme pour Christ « puissance de Dieu (1 Corinthiens 1-18), voie de résurrection. Dans chaque faiblesse, nous trouverons la force, dans chaque obscurité la lumière, dans chaque mort la vie, parce que nous trouverons Jésus.

Fabio Ciardi

“Chiara Lubich: l’unité et la politique”

“Chiara Lubich: l’unité et la politique”

20150227-01Pour Chiara Lubich il existe une vraie vocation à la politique, “C’est un appel personnel qui émerge des circonstances et parle à travers la conscience”. Appel dont la réponse « est avant tout un acte de fraternité : on agit dans la sphère publique, qui concerne les autres, en voulant leur bien comme si c’était le nôtre ». Cette action crée les conditions qui « permettent une relation continuelle avec tous les autres secteurs de la vie » – l’économie, la santé, la communication, l’art, la justice, pour ne citer que ceux-ci -, de sorte qu’ainsi, la société puisse elle-même, avec toutes ses composantes, réaliser pleinement son dessein ».

L’événement mondial consiste en une pluralité de manifestations qui se réaliseront en divers points de la planète et durant lesquelles seront mises en évidence les idéalités du charisme de Chiara Lubich en rapport avec l’agir politique, éclairées par des récits de changement personnel et d’engagement dans la chose publique, qui vont de l’expérience de se mettre ensemble pour affronter les problèmes du quartier à l’engagement politique au niveau national et international. Ce sont toutes des occasions pour se refocaliser avec une conscience renouvelée sur le « rêve » qui a animé la vie et la pensée de Chiara Lubich : « la fraternité universelle ».

Rendez-vous à Rome (Italie) le 12 mars au Parlement : le matin, dans la Petite salle des Groupes du Parlement italien, 300 jeunes des focolari en provenance du monde entier, entreront en dialogue avec des hommes politiques, des chercheurs et des représentants des institutions internationales. L’après-midi, dans la même salle, se déroulera le congrès intitulé : « Chiara Lubich : l’unité et la politique ».

A Strasbourg (France) du 13 au 15 mars, au siège du Conseil de l’Europe, le séminaire «Fraternité en politique: s’investir autrement dans la cité», invite à ouvrir de nouvelles pistes d’action pour favoriser le « vivre ensemble ».

Le 13 mars, au Glendon College de la York University de Toronto (Canada), un débat sur le thème : «Politics for Unity. Making a World of Difference». A Curitiba (Brésil), le congrès «Política pela unidade, fazendo toda a diferença no mundo» veut montrer qu’en politique le paradigme de l’unité fait toute la différence. A Séoul (Corée du Sud) la rencontre : « En voyage vers la fraternité universelle » aura lieu dans le Parlement qui fut dans le passé le théâtre de durs affrontements. D’autres congrès se tiendront à Nairobi (Kenya), Dar es Salaam (Tanzanie), Madrid (Espagne), Budapest (Hongrie), Prague (République Tchèque) et aussi dans d’autres villes : sur le site www.politicsforunity.com, la carte des événements programmés et les informations correspondantes. Une sélection de textes de Chiara Lubich, faite par le Comité scientifique de l’événement, est aussi disponible. Pour suivre les conversations en ligne, voici le mot-clic (hashtag) : #politics4unity.

La réflexion autour du thème “Chiara Lubich: l’unité et la politique” sera l’occasion, dans toutes ces aires culturelles et géographiques, d’inviter à approfondir toujours davantage le patrimoine que Chiara, dont la cause béatification a été ouverte le 27 janvier dernier, laisse à l’Histoire.

Philippines : Social Media pour la paix

Philippines : Social Media pour la paix

Mamasapano2

La nation est en train de vivre des moments très difficiles. De fait un bataillon de policiers, envoyé pour arrêter deux personnes soupçonnées de terrorisme, a été assailli par des combattants du Front National de Libération Islamique et 44 d’entre eux ont été tués. Le parlement était justement en train de délibérer sur le nouveau traité de paix entre le gouvernement et les musulmans de Mindanao, incluant de larges concessions dans beaucoup de domaines. Maintenant, cependant, tout s’est bloqué. Hier, à la télévision, ils ont montré la vidéo d’un policier blessé qui a ensuite été frappé plusieurs fois à mort par un militant du Front. On peut donc imaginer l’indignation des gens !”. Voilà ce que nous écrivent Carlo et Ding de Manille.

Oscar, par contre, travaille au Bureau des Communications du Gouvernement, il devait donc mettre par écrit ce qui s’était passé. Une tâche évidemment pas facile pour quelqu’un comme lui qui s’engage chaque jour à vivre la spiritualité de l’unité avec tout le monde. « Mon travail – écrit-il – me demande de voir ce qui se passe dans les médias sociaux. Ce matin j’ai vu la vidéo de nos hommes SAF (policiers) tués par les rebelles musulmans. J’ai été très frappé de voir un policier par terre, blessé mais encore en vie, frappé deux fois à la tête et un autre éventré, une faucille dans la poitrine… C’était lourd, presqu’irréel, je n’arrivais pas à respirer. Dans la vidéo on voit que les rebelles ramassent les armes et les effets personnels des policiers tués, ensuite, ils continuent à tirer. Il m’était difficile de penser à la paix pendant que je regardais ces images. Je voulais réagir, faire quelque chose. J’avais les larmes aux yeux.

Puis, je regardais les sessions du Parlement sur ces événements. Il y avait celui qui accusait un général pour son manque de précision, un autre pour son manque d’organisation. Une fois de plus, je pensais, comment peut-on parler de paix ?

SocialMedia

Au moins 4millions de personnes avaient déjà pu voir la vidéo sur internet. Une partie de mon travail consiste à comprendre les scénarios possibles et comment en sortir. Alors je me suis demandé quel pourrait être le pire scénario. Et j’ai pris peur. J’ai imaginé qu’après avoir regardé ces images, beaucoup de gens pourraient éprouver de la colère et se tourner vers la vengeance. Ils pourraient voir tout musulman comme un possible agresseur et se jeter sur lui. « Et si une guerre civile se déchaînait? », me suis-je demandé.

Au bureau, comme prévu, l’émotion des collègues étaient à son comble. J’ai essayé d’écouter ce que Dieu me disait dans le cœur : « C’est maintenant ou jamais que nous devons parler de paix. Si nous qui comprenons mieux la situation, nous éprouvons ces sentiments de vengeance, comment réagirons ceux qui sont plus émus et moins informés ? ».

L’un de mes collègues à l’improviste dit : « La paix n’est pas un mot imprononçable en ce moment. Nous devons avoir l’unité de tous les philippins comme point de mire, au-delà du credo religieux ». Et un autre : « Ce qui est arrivé a été un acte d’hommes violents, qui ne s’identifient pas avec toute la communauté musulmane ». La colère a lentement baissé de ton. Nous avons aussi rappelé ce que le député Mindanao avait dit : « Il est facile de se mettre en colère et de se laisser influencer par nos émotions, parce que vous n’avez pas vu de vos yeux les effets de la guerre à la porte de chez vous. La guerre n’est pas la réponse ». Je suis resté agréablement surpris et j’ai quitté la rencontre avec une certaine paix dans le cœur.

Ces temps-ci, plus que tout, je pense que nous devons travailler ensemble pour porter l’idéal de l’unité au plus grand nombre de gens possible. La menace de guerre est réelle. La menace que nos compatriotes se mettent en colère contre nos frères musulmans est réelle. Mais l’évangile nous indique la voie du dialogue et de la paix. Demain est un nouveau jour pour moi. Un autre jour d’écoute et de nombreuses conversations online. J’aurai la possibilité de construire de nouveaux rapports de confiance et de paix ».

Gen Rosso: CAMPUS – the musical

Gen Rosso: CAMPUS – the musical

Campus_Musical« Il est 7 heures du matin du 28 avril à la gare centrale. Un jour et un lieu que les étudiants du Campus n’oublieront jamais. Quelque chose d’imprévu est en train de se passer et…ils doivent faire leur choix : c’est l’heure ! ». Une scène à haut impact émotif et théâtral ouvre CAMPUS, le nouveau musical du Gen Rosso, en avant première les 14 et 15 mars prochains à Loppiano, dans l’Auditorium du Centre International.

La première mondiale de la Tournée sera présentée à Naples les 28 et 29 mars au Théâtre ”Mediterraneo Mostra d’Oltremare”.

Partie d’une idée originale de Chiara Lubich, l’œuvre s’inspire de faits réellement passés et arrive sur la scène après 10 ans de recherches aussi bien au niveau du contenu qu’au niveau artistique.

Le campus, comme notre ville

Valerio Cipri raconte : « Il m ‘est tout de suite apparu que l’ambiance du campus représente bien la métaphore du quotidien de nos cohabitations urbaines globalisées. Les villes aujourd’hui sont les contenants de lourdes contradictions qui vont de la dégradation de la délinquance, de la drogue, de la corruption, à la présence de lieux de ‘récupération’ dans lesquels les citoyens se réapproprient des espaces de solidarité, d’humanité. Et le message de Campus est justement celui-là : une société unie ne se réalise pas en annulant les différences, mais bien en regardant en face les défis, et en se retroussant les manches pour construire des rapports authentiques .Ayant en toile de fond, une époque, l’actuelle, marquée par les drames des peurs et des terrorismes, s’entremêlent les histoires d’un groupe d’étudiants, chacun avec ses rêves et ses projets pour le futur et avec un présent marqué par une charge laborieuse de blessures, d’angoisses, et de questions ».

Un spectacle courageux, entre sonorités passionnantes et actualité critique.

Le musical se compose de 23 morceaux, passages chorégraphiques qui interagissent avec des séquences filmées, des actions théâtrales et de mouvement. « Le projet artistique est le résultat de la coopération d’une équipe de professionnels internationaux » – explique Beni Enderle. «  Les sonorités sont fortes et riches de contaminations, d’entrelacements harmoniques passionnants, avec des lyriques qui vont de la légèreté des atmosphères latines, au pathos des rythmiques afro, en une synthèse sonore qui touche et captive ».

« Peu à peu on s’immerge dans l’histoire et dans l’atmosphère du spectacle – poursuit Josè Manuel Garcia – on sent le souffle global qui émerge d’un dispositif narratif qui va droit au cœur des défis de l’époque contemporaine, à l’intérieur d’une colonne sonore originale et rigoureusement live qui balaie des rythmes et des sonorités Rock, Pop, Reggae, Samba-axe, Électronique contemporaine, Hip-hop jusqu’au Dubstep…

L’impact scénique est d’avant-garde. Jean Paul Carradori explique : « J’ai beaucoup travaillé dans des productions à caractère international. Campus a représenté pour moi le premier défi inattendu pour son dispositif dramaturge et théâtral très fort. Il était nécessaire de créer un climat qui en valorise les contenus et en même temps qui conduise le spectateur à s’immerger dans l’histoire ».

Produit par le Gen Rosso International Performing Arts Group (16 artistes de 9 pays) en une nouvelle méthodologie du travail artistique, technique, directif et de management, le Musical est le fruit d’une convergence et synergie d’un team international.

Billets en pré-vente : CLIQUE ICI (tel. 0559051102 – mail genrosso.campus@loppiano.it)

On-line: l’événement est disponible sur internet aux adresses concerto 14/03 – concerto 15/03

Télécharge ici l’affiche

Kenya: Congrès international EdC

Kenya: Congrès international EdC

EdCKenya_Flyer« Rappelle-toi, Luigino, que c’est pour les pauvres que j’ai fait naître l’ÉdeC. Vous étudiez, c’est bien, mais rappelle-toi toujours les pauvres ». Chiara Lubich m’a répété souvent ces paroles au cours des dix dernières années pendant lesquelles je l’ai assistée, avec la commission internationale, pour coordonner l’ÉdeC.

Délivrer de la pauvreté subie (bien différente de la pauvreté choisie) continue d’être l’ultime but du projet, le sens de notre action. Tant qu’il y aura sur terre des personnes qui, faute de ressources, ne peuvent vivre une existence décente, aucun système économique et social ne peut se considérer juste, moins encore de communion.

Les pauvretés aimées et soulagées par l’ÉdeC en ces 23 ans de vie se sont diversifiées, amplifiées. Des favelas de San Paolo et du Brésil on est passé aux favelas de nombreuses villes, et puis on a compris, par l’action tenace d’entrepreneurs comme Paco Toro (Espagne), que pour réduire la pauvreté nous pouvions créer des emplois, et ensemble avec l’ONG Action Monde Uni (AMU), nous avons commencé à soutenir le développement de micro activités de production dans divers pays du monde. Enfin nous avons constaté que la crise actuelle avait aussi reproduit des pauvretés antiques et nouvelles dans la riche Europe. Parmi elles, la plaie des jeux de hasard, qui ruine des centaines de milliers de familles, surtout les plus pauvres. D’où l’engagement de l’ÉdeC en Italie pour soutenir la campagne Slotmob, qui en un an s’est réalisée dans plus de 70 villes, et est en train de changer la mentalité de beaucoup.

Et puis ces dernières années l’ÉdeC se répand en particulier dans le continent africain, dont les entreprises, qui ont commencé cette année à verser des parts de bénéfices pour l’aide aux pauvres dans le monde, sont désormais 10, tandis que 12 autres se sont rapprochées du projet. Plusieurs bourses d’études ont été attribuées à des jeunes africains, dont quelques uns fréquentent assidument l’Institut Universitaire Sophia.

Cette floraison de nouvelle vie nous a poussés à un acte de réciprocité : Pag 15 Africa EoC Logo Final ridorganiser à Nairobi, au Kenya, notre prochain congrès international, quatre ans après celui du Brésil en 2011.

Nous serons dans cette grande ville du 27 au 31 mai, après la première école panafricaine pour les jeunes qui se tiendra du 22 au 26.

L’Afrique – qui souffre aujourd’hui encore des rapports prédateurs que beaucoup de pays industrialisés ont instaurés et continuent d’avoir avec elle – en l’oubliant d’abord, puis en l’isolant pour éviter le péril de la contagion – est destinée à être la grande protagoniste de l’économie et de la société de demain.

Sa volonté de vivre, ses jeunes, ses cultures ancestrales, le disent avec force. L’ÉdeC veut aller en Afrique pour l’aimer, pour apprendre de sa culture de la vie, pour pratiquer la communion et la réciprocité. Et pour construire ensemble un nouveau modèle de développement et une nouvelle économie. Mais ensemble, en nous estimant mutuellement. Dans la fête des peuples.

Luigino Bruni

En savoir plus: EdC online

Inscriptions: www.eoc-nairobi-2015.info

Renseignements : info@eoc-nairobi-2015.info

Giordani: la tâche de l’écrivain

Giordani: la tâche de l’écrivain

IginoGiordani_scrittore-a«Dans un monde rationnel, l’écrivain devrait se sentir au centre de la vie collective : comme celui qui dirige et interprète l’âme du peuple.

Mais le monde est pour une part dirigé par la rationalité : d’un autre côté, il est dirigé par l’instinct, par des passions irrationnelles : par exemple par la peur, et alors, l’écrivain devient populaire en fonction de ce qu’il recueille et peut-être en fonction des instincts des masses qu’il exaspère.

Aujourd’hui sont souverains la technique, la mécanique, le sport, le cinéma d’une part, la démagogie, l’affairisme, la politique d’abord de l’autre : et l’écrivain – s’il ne veut pas se réduire à la fonction marginale – doit se mettre au service d’intérêts matériels et passionnels ; écrire pour un journalisme souvent nécessairement asservi, par son énorme coût, à des groupes industriels, à des partis politiques, à des idéologies et à des professions qui ne visent que la rentabilité. La liberté de presse se perd parce que la presse se raréfie sous la pression financière ; et la liberté de l’écrivain se perd. Ceci aide à expliquer la disparition du type de grand écrivain ; et cela aide à expliquer pourquoi plus d’un, transfère son exercice dans l’arène politique ou cherche un soulagement dans d’autres domaines.

Par ailleurs, si c’est la décadence rationnelle des peuples qui produit la raréfaction, l’épuisement de l’écrivain et le réduit à la marginalité, c’est également vrai que c’est aussi la décadence spirituelle, morale et intellectuelle de celui qui écrit qui produit l’éloignement des lecteurs. La vérité est que l’écrivain est la cause et l’effet de son milieu social. Il faudrait qu’il y ait plus de cause que d’effet. Que s’il était ce qu’il doit être : un maître ou presque dirais-je, un apôtre ou un prophète, le peuple le suivrait et le lapiderait : il montrerait en somme un vif intérêt aux manifestations de son esprit. La place de l’écrivain est d’avant-garde : presque de reconnaissance : dans tous les cas de risque. En effet, pour accomplir une mission apostolique, de formation et d’élévation, l’écrivain risque pauvreté et incompréhension.

La position de l’écrivain est relative à la valeur du message qu’il porte ainsi qu’à la force et aux façons de l’expression artistique avec lesquelles il le porte.

Dans un monde où la technique et l’organisation, la planification et le centralisme, l’esprit grégaire et la fatigue de la liberté ont submergé l’âme de l’homme, en l’accablant de bruits et d’ordres, un écrivain libre qui concourrait à la libération spirituelle – à la rédemption de l’homme – en aidant à surmonter le ”déséquilibre”entre monde extérieur immense et monde intérieur exigu, il accomplirait une tâche plus grande que celle des hommes d’État les plus en vogue.

Dans un monde lézardé par les scissions et tremblant de la peur produite par la haine, une parole de fraternité et d’humanité, c’est – à- dire de charité, dite avec clarté, beauté et puissance, consacrerait son auteur à la gratitude des peuples, en lui conférant une situation de centre dans l’orbite de la civilisation ».

(De : Igino Giordani, Il compito dello scrittore, « La Via », 2.2.1952, p.3)

Évangile et vie: toujours accueillir

Évangile et vie: toujours accueillir

“Notre fille, après une douloureuse et cuisante déception (l’échec de la relation avec son copain), vit chez nous avec sa fille. Elle est souvent peinée et agressive. Un matin, pour un rien, elle nous malmène, ses frères et moi, hurle et part au travail en claquant la porte. Je suis vexée, j’ai l’impression qu’elle a dépassé toute limite. Nous ne méritons pas ce traitement. Mais que faire pour qu’elle ressente mon amour? Je prépare un repas de fête, je fais un gâteau, je mets la plus belle nappe… Lorsqu’elle rentre, je la salue comme si de rien n’était. Elle sourit et je sens que non seulement j’ai pardonné, mais j’ai oublié. L’harmonie revient parmi nous.”

(R.B. – Italie)

20150221-01“Samedi. Mes parents et moi allions fermer notre magasin d’alimentation, lorsque deux types cagoulés sont entrés et nous ont ordonné d’ouvrir le coffre-fort. Papa, pensant à un vol avec des armes factices, leur a demandé de partir. Mais, un coup est parti et l’a blessé superficiellement. Après la fuite des malfrats, en un instant, je me suis rappelé qu’il existe des gens différents, qui œuvrent pour les jeunes d’un quartier à risque d’une autre ville sicilienne. J’ai alors décidé, avec des amis, de faire moi aussi quelque chose pour empêcher tout jeune d’entrer dans le giron de la pègre. Avec une certaine hésitation, je me suis rendu dans un quartier à risque et, une fois les vrais problèmes de l’endroit connus, j’ai pris contact avec l’administration communale, avec les familles de quelques policiers tués… Un groupe est né, et veut prouver, surtout aux plus jeunes, qu’il existe un monde sans violence, meilleur. Ce samedi a changé ma vie.”

M. – Sicile, Italie)

“J’avais douze ans lorsque mes parents se sont séparés. Au milieu de tant de douleurs, une en particulier ne m’apaisait pas: je ne réussissais pas à pardonner à papa de nous avoir quittés pour former une autre famille. Au début, lorsqu’il téléphonait, je ne voulais même pas lui répondre. Jusqu’au jour où, demandant de l’aide à Jésus, j’ai trouvé le courage de lui prouver que je ne lui en voulais plus. La fête des pères m’en a donné l’occasion. Quand je lui ai apporté mon cadeau, je l’ai vu ému. Il m’a confié que, au-delà de tout, pour lui la chose la plus importante étaient et restaient ses enfants. À partir de ce moment-là, c’était comme lui avoir rouvert la porte de mon cœur. Ensuite, le sachant très seul, je lui ai spontanément parlé de Dieu, qui aime chacun immensément. Il s’est apaisé et a exprimé le souhait d’approfondir le sujet. L’expérience avec papa me fait comprendre que tous peuvent se tromper, mais que chacun doit avoir la possibilité de se relever.”

(H. – Brésil)

 

Libye dans le chaos : une voix courageuse

« Mgr Giovanni Martinelli est un ”petit-grand homme”. Un homme de courage qui, malgré un grave problème de santé qui l’a touché il y a deux ans, continue obstinément à vouloir rester dans sa Libye, pour assister, comme un pasteur affectueux, ses brebis désormais réduites à une poignée de philippines qui travaillent dans les hôpitaux en tant qu’infirmières et qui ”ne peuvent” quitter le Pays. « Je n’ai rien de particulier à dire – commence-t-il – nous sommes devenus orphelins de l’ambassadeur qui est parti. Mais je le répète, je n’ai rien à dire, nous sommes ici parce que Jésus nous veut ici. Je suis au service du peuple, je ne suis pas ici pour je ne sais quel pouvoir ». Et la communauté catholique ? ” La communauté chrétienne existe encore, nous sommes tranquilles”. Vous êtes tranquilles ? ‘‘Nous avons à peine célébré la messe, Dieu est avec nous, pourquoi devrions-nous avoir peur ?”. Le père Sylvester est-il aussi encore à Bengasi ? ”Certainement – répond Mgr Martinelli – lui aussi dit qu’on peut encore rester pour être proches de ce peuple tellement éprouvé” Que supposez-vous qu’il pourrait arriver dans le futur ? ” Les prévisions sont très difficiles à faire, il est même préférable de ne pas en faire car bien trop souvent nous avons émis des hypothèses qui ne se sont ensuite pas réalisées. Il vaut mieux vivre jour après jour, je dirais même plus, moment par moment. Dans le moment présent, tout y est. En ce moment je rencontre Jésus, je rencontre les frères, j’aime ce peuple”. Comment la situation à Tripoli est-elle ? ” Elle me semble assez calme, ils ne nous ont rien interdit. L’atmosphère est tranquille et pacifique. Il n’y a pas de grand danger à circuler pendant le jour. Bien sûr, le soir, nous restons à la maison”. Peur ? ”Pour le moment, nous n’avons pas reçu de menaces directes. On est en train de voir comment se dérouleront les choses. Peut-être nous couperont-ils la tête…Mais je la leur donnerai sur un plateau, car je suis ici pour mourir pour mes gens”. Comment voyez-vous le rôle de l’Italie dans cette histoire ? ”Elle s’est beaucoup engagée, en particulier l’ambassadeur, pour garder ouvert le canal du dialogue entre les différentes tribus, entre les différentes factions. L’Italie a fait jusqu’à présent une propagande de paix”. Comment voyez-vous une intervention armée étrangère ? ”Je ne crois pas que ce soit la solution”. En 2011, quand soufflaient des menaces de guerre, vous disiez que si cela s’était passé, la Libye risquait d’exploser dans ses divisions tribales et politiques. Mais malheureusement les européens semblaient certains que la démocratie élective aurait contagionné positivement le Pays…” La prudence aurait été utile, à cette époque comme actuellement. La diplomatie internationale devrait faire sa part pour remettre ensemble les morceaux de la Libye. Ils ne doivent pas imposer des visions politiques qui n’appartiennent pas à ces gens”. Puis il reprend et conclut :” Si on vient ici seulement avec les armes et sans une forte volonté de dialogue, cela ne sert à rien. Il faut venir ici pour aimer ce peuple, non pour servir les intérêts des occidentaux, non pour exploiter le pétrole ou d’autres ressources. Ici, on ne peut venir que si on a la volonté de dialoguer avec les musulmans. Je suis ici pour cela et pour aucun autre but”. Source : Città Nuova online

#DoYouCare? Le dialogue, ça t’intéresse?

#DoYouCare? Le dialogue, ça t’intéresse?

20150219-01Un groupe de 80 jeunes chrétiens et musulmans. Un sujet : le multiculturalisme, les différentes religions, le dialogue. Une question : ça t’intéresse ? Une formule : celle de « Regenerate», deux jours dans l’Hertfordshire, dans un climat de détente où l’on peut affronter aussi des questions brûlantes. C’est une initiative des jeunes du Mouvement des Focolari de Grande-Bretagne et d’Irlande. Cette année ils se retrouvent avec un groupe de l’Islamic Unity Society avec lesquels depuis des mois l’amitié et l’estime réciproque grandissent grâce à des actions communes aussi diverses qu’organiser des sessions d’étude ou planter des arbres pour la paix.

Les participants ont écouté en direct l’expérience du Professeur Mohammad Ali Shomali, Imam et directeur du centre Islamic d’Angleterre, qui s’est adressé à eux par visioconférence depuis Paris. Il a encouragé le groupe à « créer des occasions de dialogue avec chacun : le dialogue est ce qui nous caractérise en tant qu’êtres humains. Accepter de dialoguer avec quelqu’un de différent ne nous diminue pas, mais nous rend plus vrais envers nous-mêmes ».

20150219-02Invitée d’honneur Angela Graham, journaliste qui a travaillé pour la BBC. A travers sa propre expérience de femme ayant grandi en Irlande du Nord, elle a encouragé les jeunes à devenir « des personnes de dialogue » dans leurs propre milieu et à chercher à construire des ponts avec des personnes de culture et de foi différentes.

Au cours du week-end du 14-15 février, au Focolar Center for Unity de Welwyn Garden City, se sont aussi déroulés des workshops sur des sujets allant du dialogue interreligieux aux réseaux sociaux, de la politique à l’engagement au sein de la société. « C’est impressionnant de voir qu’ici il y a des personnes aussi passionnées de vivre et de travailler avec Dieu », affirme Mohammed Mozaffari, un des jeunes musulmans de l’Islamic Unity Society. Et Lucia du groupe des Jeunes pour un Monde Uni : « Les différences ne sont pas un obstacle, mais une aide pour bâtir quelque chose ensemble ». « Même celui qui avait plus de difficulté à s’identifier avec une foi précise – racontent Nino e Mil, de l’équipe animatrice – s’est trouvé à l’aise et pleinement acteur».

Ce rendez-vous n’est pas passé inaperçu aux yeux des autorités civiles : « C’est encourageant de voir de jeunes adultes de diverses aires culturelles et religieuses s’engager de part et d’autre dans le dialogue – affirme le conseiller municipal Michal Siewniak – et chercher ensemble des réponses pour vivre en harmonie dans une société multiculturelle et multiconfessionnelle ».

Chiara Lubich, une autre conception du pouvoir et de son exercice.

Chiara Lubich, une autre conception du pouvoir et de son exercice.

PaoloGiusti

Paolo Giusta

«La vie et la pensée de Chiara Lubich ont introduit une nouveauté radicale qui dépasse une fois pour toutes la conception du pouvoir comme domination. L’idée, toujours présente, d’un pouvoir exercé seul au sommet d’une pyramide est largement répandue: souvent nous avons tendance à penser qu’un seul homme, ayant les idées claires et suffisamment de force pour les imposer, est solution la meilleure et la plus rassurante… Chiara a toujours eu un sens élevé et un total respect du pouvoir… Mais en même temps, ses rapports avec les personnes qui se trouvent au sommet de la hiérarchie civile (chefs l’Etat et de gouvernement, présidents d’institutions européennes) ou religieuses (pape, patriarches…) n’ont jamais rien eu de servile. Bien au contraire, son respect pour l’autorité s’exprimait de façon créative, en offrant des idées et des propositions dans une attitude de dialogue et de stimulant, et en mettant sa personne et les ressources du mouvement (des Focolari ndr) à disposition des projets en faveur de la société, surtout des plus pauvres.

Coresponsabilité. Dans l’exercice du pouvoir au sein du mouvement qu’elle a fondé, Chiara a voulu (…) une gestion collective de la responsabilité, dans la ligne de la spiritualité de communion, typique de son charisme. C’est seulement au niveau de la présidence du mouvement, en particulier pour des motifs juridiques, qu’il n’y a qu’une seule personne, et Chiara a voulu que ce soit une femme, sur le modèle de Marie, mère de Jésus, qui n’avait aucun pouvoir en dehors de l’amour (…). C’est une des idées-clés de son charisme: la hiérarchie existe, elle a un rôle irremplaçable, mais elle reste à l’arrière-plan ; ce qui émerge c’est qu’avant tout nous sommes tous frères et sœurs, tous enfants d’un unique Père, qui est amour (…). Tous à l’école de Jésus, le seul véritable maître.

Un leadership collectif. J’ai eu la chance d’assister personnellement à la manière dont Chiara exerçait son rôle de leader au cours de la préparation des deux rencontres des mouvements et communautés de diverses Eglises chrétiennes à Stuttgart en 2004 et 2007 (…). J’ai été frappé par sa manière de donner sa place à chaque personne, à ses idées et à son questionnement. C’était comme si elle était à l’écoute d’une parole que Dieu aurait pu prononcer par la bouche d’un des participants (…). Elle prenait chaque parole au sérieux et la soumettait à la décision commune, un véritable exemple de leadership collectif en action (…).

Exercer son propre rôle et faire de la place à l’autre. C’est l’essence de la conception de Chiara du pouvoir, avec sa dimension paradoxale : la personne qui se trouve dans une position de pouvoir doit exercer pleinement son rôle (être), et en même temps faire totalement place à l’autre, jusqu’à se placer au-dessous de lui (ne pas être). C’est une dynamique qui crée la communion, l’unité dans la diversité. L’unité en effet pour Chiara n’est jamais statique, quelque chose qui efface les composants, mais chaque fois nouvelle et surprenante parce que toujours dans un mouvement vital, à l’image de Dieu et du rapport d’amour entre les trois personnes de la Trinité (…).

Résoudre ensemble les conflits. Un exemple pratique de l’exercice du pouvoir en tant qu’amour, comme Chiara l’entend, est la gestion et la résolution des conflits. Face à un conflit diverses options se présentent : éviter d’affronter la difficulté, laisser décider le chef à la place des autres, ou bien décider de se mettre ensemble en chemin, avec toutes les personnes impliquées dans le conflit : une longue marche qui même peut être douloureuse, pour traverser le conflit et en sortir, non pas grâce à une décision individuelle, mais après avoir fait une expérience ensemble. Cette solution ne vient ni d’en haut ni simplement d’en bas, mais se trouve être le résultat d’un effort commun où chacun donne sa part de vérité, dans le but d’arriver à une solution commune ».

Lire le texte intégral

Chiara Lubich

Politcs for Unity

Making a world of difference

Mars 2015

Info: http://www.politicsforunity.com/

Prix Renata Borlone 2015

Prix Renata Borlone 2015

20150217-01

L’infiniment petit et l’infiniment grand qui nous interpellent pour expliquer l’univers, l’application des découvertes comme le “boson de Higgs” dans le domaine médical, technologique, social, ce sont les questions abordées par la scientifique Fabiola Gianotti, prochaine directrice du CERN de Genève, le 15 février à Loppiano, devant 800 scientifiques, de nombreuses personnes passionnées par les sciences, des artistes, des amis, des familles et environ deux cents étudiants d’écoles supérieures.

Il semble que la science revienne enfin à la mode en cette année 2015 où les gens sont encore sous le coup de la crise économique, mais en même temps en recherche « d’espaces d’infini, qui redéfinissent qui nous sommes, ce qu’est notre dignité et notre mission dans la vie », selon les dires d’un des présents. Le mérite en revient bien sûr aux scientifiques comme Gianotti, mais aussi grâce à des rendez-vous comme le prix ‘Renata Borlone, femme en dialogue’. Evénement de grande valeur éducative où foi et culture s’entrecroisent pour donner vie à une possibilité de croissance personnelle et sociale.

Beaucoup de messages de félicitations sont parvenus à la Doctoresse Gianotti, parmi lesquels celui de Maria Voce : L’association culturelle Renata Borlone et l’Institut Universitaire Sophia (IUS) ont fait chœur pour l’applaudir tous ensemble, et souligner en particulier les valeurs dont la doctoresse inspire sa vie de femme et de scientifique ». La présidente des Focolari souligne « la correspondance d’idéaux et de buts entre ces deux figures” (Gianotti et Borlone), même si leur champ d’action sont différents.

“On parle de Boson de Higgs en tant que lieu donnant consistance à toutes les autres particules, affirme Lida Ciccarelli, postulateur de la cause de béatification de Renata Borlone. Renata aussi, passionnée non seulement par la science mais encore par tout ce qui touche l’homme, avait trouvé le lieu, le terrain qui a donné saveur à toute sa vie et sens à ses journées : Dieu. Et de même que la scientifique se consacre à dévoiler pour nous les secrets du monde de la science – continue-t-elle – elle a trouvé en Dieu celui qui lui a révélé ‘le frère’ qui lui demande amour, accueil, compréhension, partage des joies et des peines, avec un cœur de chair. Elle a vécu dans cet espace divin et toute personne qui l’approchait, retrouvait la dignité de se découvrir enfant de Dieu ».

20150217-03La troisième édition du prix est destinée aux personnes oeuvrant dans le monde scientifique et vise à développer le dialogue, y compris dans les universités, avec ceux qui s’engagent pour une culture qui respecte la dignité de la personne humaine. Le motif de la remise du prix à Fabiola Gianotti, est lu par le professeur Sergio Rondinara de l’IUS : « Pour ses hautes capacités professionnelles, pour la passion qu’elle a exprimée dans la recherche scientifique et pour les capacités humaines qu’elle a montrées en coordonnant de manière fructueuse le nombre élevé de scientifiques et chercheurs présents au cours de l’expérience ATLAS au CERN ». La récompense est une œuvre de l’artiste chinois Hung et représente un accélérateur de particules en miniature.

L’intervention de la doctoresse Gianotti est une intense et passionnante exposition qui captive la salle et accompagne les participants dans un tour virtuel à l’intérieur de l’univers de l’infiniment petit. C’est celui des particules élémentaires et en particulier du boson de Higgs, découvert fin 2012 grâce au travail constant de 3.000 scientifiques de 38 pays et à la technologie de l’accélérateur de particules LHC (Large Hadron Collider), d’une longueur de 27 km, qui se déploie à une centaine de mètres sous terre entre la Suisse et la France.

« L’un d’entre vous se demandera : mais qu’est-ce qu’on en a à faire de la masse des particules ? affirme la scientifique. En réalité cette question est très proche de notre vie parce que si les particules n’avaient pas la masse qu’elles ont, nous ne serions pas ici. Si les électrons n’avaient pas de masse, l’atome n’aurait pas de consistance et donc la chimie n’existerait pas, il n’y aurait pas de matière comme nous la connaissons. Donc nous sommes ici grâce aussi à ce mécanisme de Higgs ». Et à propos des applications des accélérateurs de particules, elle explique qu’elles sont amplement utilisées dans le domaine médical pour soigner les tumeurs. La doctoresse conclut que la recherche au CERN affronte des questions fondamentales sur les particules élémentaires et donc sur la structure et l’évolution de l’univers, importantes pour ses conséquences sur la vie quotidienne. « Mais la connaissance fondamentale – conclut-elle – est importante en soi, parce que c’est un des droits-devoirs de l’homme auxquels on ne peut pas renoncer, au-delà des applications concrètes, un peu comme l’art qui est parmi les expressions les plus élevées de l’homme en tant qu’être pensant. Donc nier l’importance absolue de ces activités humaines, veut dire dénaturer la nature humaine elle-même ».


Flickr Photostream

Naples: des familles au grand coeur

Naples: des familles au grand coeur

20150216-01Tous les documents sont signés: désormais la filiation de l’enfant est établie. Il pourra bénéficier de ce surplus d’amour que ses parents adoptifs ont depuis toujours dans le cœur. Ni les années d’attente, ni la traversée des océans ne les ont arrêtés. Après une rapide entrevue où l’enfant et les parents se sont « reconnus », puis un bref séjour ensemble à l’hôtel, en terre étrangère, les voilà enfin à la maison. Une expérience passionnante et unique que celle de voir le parcours d’adoption terminé, mais c’est alors que vraiment tout commence. Une véritable ascension les attend. Une fois le premier impact passé, mille questions se posent à ces parents adoptifs tout juste « brevetés » ! Ils se trouvent souvent décontenancés. C’est pour eux qu’est né à Grazzanise (Italie) le projet « Familles de cœur ». Le projet a été conçu par Familles Nouvelles (AFN), avec la contribution de l’Institut Bancaire de Naples Fondation. Il prévoit l’ouverture d’un guichet de consultation gratuite pour les familles adoptives du territoire et offre les conseils d’experts ou simplement la possibilité de pour elles d’échanger avec d’autres familles. Des cours gratuits seront aussi mis en ligne : la formation théorique sera associée à des rencontres en groupes pour favoriser l’échange d’expériences entre familles et leur mise en réseau avec d’autres associations présentes sur le territoire. L’adoption demeure toujours un défi ouvert, car aujourd’hui encore trop d’enfants mineurs abandonnés continuent à végéter dans des maisons d’accueil au nord comme au sud de notre planète. Un défi que Chiara Lubich avait déjà voulu relever en 1967, en invitant les familles qui la suivaient à « vider les orphelinats ». C’est ainsi qu’une myriade de familles, avec ou sans enfants, ont ouvert leur maison et leur cœur à qui n’avait pas de foyer, favorisant ainsi, chez l’enfant accueilli comme fils à part entière, la cicatrisation de la blessure subie résultant de l’abandon. “Par cette initiative – expliquent les époux Gravante, responsables du Bureau AFN onlus en Campanie – on entend doter les familles d’outils qui, en potentialisant leurs ressources, les aide à grandir comme familles-monde, c’est à dire capables de s’ouvrir à la diversité que cet enfant venu de loin porte nécessairement en lui. Diversité de patrimoine génétique et culturel. C’est un parcours attrayant mais engageant comme peut l’être le fait de revivre avec l’enfant ses traumatismes et de l’aider à se réconcilier avec son passé ». Il est demandé à AFN, comme aux autres organismes habilités en matière d’adoptions internationales, de suivre les familles durant trois années après l’adoption, mais souvent ce délai n’est pas suffisant. Le processus d’intégration de l’enfant dans sa nouvelle famille et son insertion dans les structures sociales du pays peuvent exiger beaucoup plus de temps. Les familles adoptives, plutôt que d’être abandonnées à leur propre sort, ont besoin d’être en relation avec des familles comme elles, pour réussir à découvrir chaque jour la valeur du choix qu’elles ont fait et retrouver l’enthousiasme des débuts pour se projeter dans l’avenir, grâce à un parcours vécu dans le partage. Lors du lancement du projet, Andrea Turatti, Président de AFN, a insisté lui aussi sur ces notions de partage et de solidarité, en précisant que ce binôme était vraiment au cœur de la réalité qui anime l’association : « Nous sommes heureux de pouvoir offrir, grâce aussi à la participation généreuse de l’Institut Bancaire de Naples, cette chance à la région de Naples. Elle le mérite. En effet, parmi les 850 enfants qui ont trouvé une famille grâce à AFN, plus de 180 ont été accueillis dans cette région où le sérieux de ces engagements a permis de faire démarrer le projet. Nous voulons l’exporter aussi dans le reste de l’Italie, mais pas seulement, car il contribue à l’émergence d’une solidarité à l’échelle du monde ».

Le Salvador en fête pour Romero

Le Salvador en fête pour Romero

20150214-02“Une prédication qui ne dénonce pas le péché n’annonce pas l’Evangile”, affirmait Mgr Romero dans l’une de ses homélies. Son martyre, survenu le 24 mars 1980 tandis qu’il célébrait l’Eucharistie dans la chapelle de l’hôpital des malades en phase terminale où il habitait, a donné de la force aux familles du Salvador qui ont perdu des proches et des amis durant l’impitoyable guerre civile qui a suivi mort. Et aujourd’hui encore son témoignage est une forte invitation à la paix, à la fraternité et à la réconciliation dont le peuple a besoin.

“L’annonce de la signature du pape François approuvant le décret qui reconnaît le martyre « in odium fidei » de Mgr Oscar Arnulfo Romero, a fait exulter le peuple. Les évêques ont fait carillonner les cloches de toutes les églises du Salvador pour manifester cette immense joie” écrit écrit Filippo Casabianca depuis le siège des focolari en Amérique Centrale. “Depuis que Bergoglio est devenu pape, on a commencé à espérer que, connaissant les besoins urgents des pauvres et les sombres tractations de certaines dictatures latino-américaines, il débloquerait l’avancée de la cause. Et de fait, cette annonce solennelle dont la date reste à fixer à San Salvador, n’a pas tardé à venir”.

Quels sont les dessous de ce blocage?

“A l’époque la pastorale de l’Eglise était traversée par des courants qui allaient d’une authentique fidélité aux orientations du Concile appelant l’Eglise à être proche des plus pauvres, à la tentation de ceux qui considéraient légitime de s’associer à des mouvements de type marxiste. C’est ce dont on a voulu accuser Roméro, jusqu’au point d’arriver à réduire sa voix au silence”.

Au Salvador la spiritualité des focolari s’enracine aussi dans l’humus des horreurs de la guerre. Les premiers voyages des focolarini en Colombie remontent aux années 70 et les premières mariapoli ont eu lieu en 1982 dans la ville de Santiago di Maria.

20150214-01“Les grands axes routiers étaient alors parsemés de patrouilles tantôt de l’armée, tantôt de guérilleros – poursuit Filippo – au point qu’il fallait utiliser les moyens du bord pour se déplacer ou se soumettre à des interrogatoires qui pouvaient se terminer par une réclusion forcée. La guerre avait suivi la mort de Roméro et son message était présent au cœur de tous ». « Les paroles, l’enseignement et le témoignage de Mgr Romero – raconte Reynaldo, un des premiers jeunes du mouvement – résonnaient avec force en ceux qui eurent la chance de rencontrer l’Idéal de l’unité, en particulier à cause du rappel de l’option préférentielle des pauvres». C’était en effet un rappel à vivre le christianisme de manière cohérente, que certains voyaient d’un œil perplexe, que beaucoup ont accueilli et qui fut parfois manipulé. « L’exemple de Mgr Romero, associé à la rencontre de l’expérience de Chiara Lubich et de ses premières compagnes durant la seconde guerre mondiale à Trente, nous a permis d’accueillir de manière plus authentique le Charisme de l’unité et nous aida à avancer à contre-courant ».

Un contre-courant qui reste d’actualité à travers l’engagement social du Mouvement des Focolari au Salvador. L’accompagnement des prisonniers, par exemple, se déroule dans le cadre de la Pastorale de l’Eglise en milieu pénitencier et mobilise une équipe des Focolari : ils visitent régulièrement la prison de Mariona, tristement célèbre, où sont enfermés les plus dangereux cerveaux de la barbarie et du narcotrafic. Actuellement ils sont en contact avec environ 180 personnes qui purgent différentes peines et qui se retrouvent par groupes de 18 personnes autour de la Parole de Vie. Lors de la dernière rencontre quelqu’un disait : « Je demande pardon à mes camarades de cellule parce que je les ai traités avec violence, mais je veux changer ».

D’autres actions sont orientées vers l’insertion sociale dans un petit village à risques. La situation est devenue dangereuse et le curé a conseillé aux membres du Mouvement d’être prudents. Dans deux autres villes ceux-ci aident des écoles et font du soutien scolaire pour freiner l’abandon des études, un facteur qui favorise le recrutement criminel.

Au Salvador, mais pas seulement, l’exemple de Romero réveille chez beaucoup le désir d’être fidèle à l’Evangile qui nous pousse à vivre pour tous, en particulier pour les plus petits, les pauvres et les laissés pour compte.

Égypte, Angleterre, Allemagne: un éventail œcuménique

Égypte, Angleterre, Allemagne: un éventail œcuménique

20150213-01Les Églises égyptiennes célèbrent ces jours-ci – et non du 18 au 25 janvier comme dans plusieurs pays – leur semaine pour l’unité des chrétiens. Fadiah et Philippe, du Mouvement des Focolari en Égypte, racontent leur participation aux différentes initiatives des Églises locales et comment, au centre de leurs prières il y a l’invocation de la protection et de l’aide du Seigneur sur toute la nation égyptienne en cette phase délicate.

«Œcuménisme réceptif» : renverser la pensée qui bien souvent se cache dans la manière avec laquelle les membres des différentes églises s’accostent les uns aux autres. Le révérend doct. Callan Slipper est là pour l’expliquer, du Centre international d’études du Mouvement des Focolari au cours d’une rencontre œcuménique à Wellwyn Garden City (Londres) le 4 février dernier.

Slipper, qui est aussi Délégué régional pour toutes les Églises dans le comté de Hertfordshire , dans son discours [Chiara Lubich et l’œcuménisme réceptif: comment la spiritualité facilite l’unité entre les chrétiens] a expliqué comment «plutôt que de penser que tout irait mieux si les autres étaient un peu plus semblables à nous, et que donc nous avons à enseigner, nous pouvons aller vers les autres pour apprendre». En accostant les autres avec cette attitude, continue-t-il, «nous découvrons que nous n’avons besoin de cacher quoi que ce soit, mais nous pouvons reconnaître nos faiblesses et le besoin d’être guéris. Ceci ouvre à une nouvelle relation, et nous porte à une conversion nouvelle et plus profonde en Christ, dans lequel nous découvrons plus pleinement notre vraie identité ecclésiale».

C’est un public qualifié qui l’écoute: 14 évêques catholiques, anglicans, luthériens et de l’Église Copte orthodoxe, provenant de différentes parties de l’Angleterre, ensemble avec le Secrétaire général de Churches Togheter in England, l’organe œcuménique national des églises en Angleterre. Cela a représenté pour eux un avant-goût d’une nouvelle méthodologie œcuménique et une possibilité de partager les expériences dans les églises respectives.

Au cours des mêmes journées, du Centre œcuménique d’ Ottmaring en Allemagne, on rappelle l’importance de l’ authentique vie chrétienne pour contraster avec les phénomènes violents et liberticides auxquels on a assisté récemment à partir des attentats de Paris. Gérard Testard, français, membre du comité directif du réseau de ‘‘Ensemble pour l’Europe” et fondateur de l’initiative interreligieuse ”Efesia”, est l’invité d’honneur: «La rencontre de Jésus avec la femme samaritaine au puits de Jacob – affirme-t-il rappelant la phrase choisie pour la Semaine de Prière ”Donne-moi à boire’‘(Jn 4,7) – nous indique le chemin pour cette situation: Jésus abat les barrières, faites par les hommes et se manifeste en tant que sauveur du monde. Les événements de ces jours-ci nous obligent comme chrétiens à travailler pour l’unité, alors que la mission pour l’unité dépasse le monde chrétien, pour faire face aux dangers du terrorisme, à la violence et au fanatisme inacceptables».

Et Testard présente l’expérience positive du dialogue qui bénéficie de la promotion du Conseil des Musulmans de France et de la Conférence Épiscopale française: ”Efesia”, née en 2007 au Liban. Chrétiens et Musulmans se rencontrent régulièrement le 25 mars, fête de l’Annonciation, parce que Marie est aussi vénérée beaucoup par les musulmans. Après quatre ans, les autorités libanaises ont déclaré le 25 mars, fête nationale islamo-chrétienne de l’Annonciation. C’est la première fête commune dans l’histoire de ce pays».

 

 

 

Zoom sur l’Ukraine

Zoom sur l’Ukraine

20150212-aLe Père Mychayl est un prêtre grec-catholique qui vit la spiritualité des focolari. A travers la revue Città Nuova, il nous a aidés à suivre les vicissitudes de son cher pays aujourd’hui dévasté. Un an après l’explosion du conflit, nous lui avons demandé de faire une relecture des événements. « Presque une année s’est écoulée depuis la révolte de la place Maidan au conflit dans le sud-est et l’on compte aujourd’hui plus de 5000 morts et plus d’un million de réfugiés. La guerre dans le Donbass dure déjà depuis des mois. Les gens sont en train de mourir, les infrastructures de suffoquer et des centaines de milliers de personnes sont en déroute. Le patchwork de territoires contrôlés par les ukrainiens et les séparatistes, le chaos de bandes rivales, de commandants qui se font la guerre, d’armées mal équipées et très mal entraînées, pourraient avoir comme effet collatéral de déclencher une guerre de tous contre tous ». C’est la raison pour laquelle, selon le père Mychayl, l’Ukraine, aujourd’hui plus que jamais, a besoin d’une éducation à la paix qui implique le peuple tout entier: adultes et jeunes, éducateurs et adolescents, parents et enfants: “ Une pédagogie de la paix qui soit simple, mais qui mobilise, fondée sur la cohérence entre théorie et pratique, valeurs et expériences. Une éducation pour que s’affirme une culture de paix, la seule qui puisse respecter et répondre aux questions les plus vraies de l’ensemble de la population, sur le difficile chemin de la fraternité universelle en Ukraine ». A la question concernant les pas que doit faire l’Ukraine: «Je me permets de vous répondre en reprenant ce que Chiara Lubich a dit à Londres en 2004 : « … On devrait proposer à tous les acteurs politiques de souscrire un pacte de fraternité pour leur Pays, qui mette le bien commun au dessus de tout intérêt partial, qu’il soit individuel, de groupe, de classe ou de parti. Parce que la fraternité offre des possibilités surprenantes: elle permet de mettre ensemble et en valeur des exigences qui risquent, sinon, de dégénérer en d’interminables conflits. Elle concilie par exemple les expériences d’autonomie régionale avec le sens d’une histoire commune ; elle consolide la conscience du rôle important des organismes internationaux et de tous les processus qui tendent à faire dépasser les barrières et franchir des étapes décisives vers l’unité de la famille humaine ». Mais la crise ukrainienne a déclenché la plus grande vague de réfugiés après celle de la guerre des Balkans: plus de 900000 seulement à l’intérieur du pays. « Dans la ville assiégée de Donetsk une vie normale n’est plus possible. Les personnes âgées – témoins pour la seconde fois des horreurs de la guerre – meurent parce qu’elles sont privées de soins médicaux ou bien doivent quitter leur maison. Depuis l’été, beaucoup de personnes ne touchent plus leur pension de retraite. Dans les secteurs contrôlés par les séparatistes on trouve de tout dans es magasins et les pharmacies, mais il n’y a plus d’argent ! Les banques te les bureaux de poste ont fermé ». Comment reconstruire les maisons, les routes et des ponts pour rétablir la circulation, mais aussi des liens pour soigner les blessures invisibles? « Ce n’est pas chose facile. Accompagner psychologiquement les populations sinistrées c’est moins simple que de reconstruire des routes ou envoyer des aides humanitaires. Depuis quelques années déjà les chercheurs de l’Institut Universitaire Sophia, en collaboration avec Justice et Paix en Ukraine, donnent des cours pour former les jeunes à offrir leur propre contribution, en tant que citoyens, pour la construction du bien commun de l’Ukraine » « Après la vague de protestations et la guerre, le pays a besoin de ces « Ecoles de la participation » qui préparent à un engagement civil et politique bien enraciné dans le tissu social ; il a besoin de lieux où l’on puisse expérimenter une action politique fondée sur des valeurs partagées et nourrie par l’idéal de la « fraternité universelle ». L’Ukraine, grâce aux manifestations de la Place Maidan, est devenue une vraie nation, un peuple qui veut bâtir sa vie sur des valeurs chrétiennes. Il s’agit maintenant de transférer dans le vécu de l’action quotidienne les valeurs défendues sur la Place Maidan; de prendre en charge les attentes et les besoins les plus profonds du Pays, pour ne pas tomber définitivement dans l’apathie ». Les écoles de la Participation fournissent en effet des modèles d’interprétation et des propositions résolutives favorables à l’instauration d’une culture de paix: “L’un des principaux défis que doit relever l’Ukraine concerne la situation des immigrés sur son propre territoire, leur intégration dans les autres régions du pays, et les conséquences des hostilités. Offrir aux personnes des connaissances et des compétences flexibles pour promouvoir le dialogue interculturel et interreligieux, les droits de l’homme, la médiation, la prévention et la résolution des conflits, l’éducation à la non-violence, la tolérance, l’acceptation d’autrui, le respect réciproque et la réconciliation, tels sont les objectifs que nous voulons placer au centre de l’éducation à venir ».

Ukraine: le seul mot juste est « paix »

Frères et soeurs, lorsque j’entends les mots “victoire” ou “défaite” – a dit le pape François lors de l’audience générale du 4 février dernier – je ressens une grande douleur, une grande tristesse dans le cœur. Ce ne sont pas les mots justes : le seul mot juste est « paix ». C’est le seul mot juste. Je pense à vous, frères et sœurs ukrainiens…Pensez donc, c’est une guerre entre chrétiens ! Vous avez tous le même baptême ! Vous êtes en train de vous battre entre chrétiens. Réfléchissez à ce scandale. Et prions tous, parce que la prière est notre protestation devant Dieu en temps de guerre »

Tandis que la diplomatie mondiale se mobilise, les faits sembleraient démentir toute perspective de paix. Et pourtant il y a des personnes et des institutions qui mettent courageusement tout en œuvre pour la sauvegarder, même au risque de leur propre vie.

Notre question à Vera Fediva, du Mouvement des Focolari, qui habite en Ukraine: comment les gens du peuple vivent-ils cette situation?

« C’est une période très difficile pour notre Pays: pleine de douleurs et de frustrations. Presque 5000 civils tués, de nombreux blessés et handicapés, des milliers de réfugiés… on n’arrive pas à entrevoir la fin de cette tragédie. La façon dont est né notre mouvement, en pleine Seconde Guerre Mondiale, lorsque tout s’écroulait, nous vient souvent à l’esprit, …mais nous n’aurions jamais imaginé que cela puisse encore arriver au XXIème siècle, presque au cœur de l’Europe, dans un pays tranquille comme l’Ukraine. Notre communauté se trouve à Mukacevo, dans la partie occidentale du Pays, où il n’y a pas de conflits armés. Mais psychologiquement c’est difficile de tenir : aussi parce que beaucoup d’entre nous avons des amis, des parents, des voisins et même des jeunes enfants qui combattent. Beaucoup ont perdu des êtres chers. Nous vivons dans une situation où rien n’est stable. Il est difficile de programmer quelque chose. Personne ne sait ce qui peut arriver demain, un fils unique ou un mari peuvent partir au combat. Nous ne pouvons compter que sur Dieu, qui est Amour. Comme au début du Mouvement… Dans une telle situation nous sentons qu’il est très important de ne pas laisser entrer la haine dans notre cœur, pour être en mesure de pardonner et même de prier pour nos ennemis »

Comme dit le Pape, la prière est notre protestation. Une année après le début du conflit, comment vous êtes-vous mobilisés en tant que communauté des focolari et aussi avec d’autres chrétiens, pour faire sentir cette « protestation » ?

«Il y a déjà quelques années que nous menons des actions pour la défense de la vie sous toutes ses formes; cela nous a permis de tisser des liens avec des personnes appartenant aux différentes Eglises de notre ville. Nous avons organisé ensemble quelques événements comme « Marches pour la vie » et « Fêtes de la famille ». Nous avons été stimulés par l’exemple du groupe « Ecumena » de Kosice (Slovaquie) qui se nourrit de la spiritualité de l’unité. L’an dernier nous avons organisé, au centre ville, une grande manifestation de « Prière pour la paix en Ukraine », avec une dizaine d’Eglises différentes, beaucoup de gens y ont pris part. Par la suite nous avons continué à nous retrouver et nous avons vécu ensemble trois grands moments de « Prière pour la paix » depuis que la guerre a débuté. Il nous semble que cette unité entre nous tous soit particulièrement importante, en ce moment où des chrétiens se battent et s’entretuent dans cette guerre absurde. C’est notre petite et silencieuse réponse à la prière du Pape, pour dépasser ce scandale de la division et donner une contribution à la paix et à la réconciliation de notre Pays ».

Chiara Lubich: “Aucun moment de la vie n’est indigne d’être vécu”

Centro Chiara Lubich –  Video (en italien)

«Si nous mettons à la base des lois ou des initiatives sociales, un esprit de non-respect pour celui qui souffre, pour la personne handicapée, la personne âgée, nous créons petit à petit une société fausse, car nous ne donnons du poids qu’à certaines valeurs, comme la santé physique, la force, la productivité intensive, le pouvoir, et nous modifions complètement le but pour lequel vit un État, qui est le bien de l’homme et de la société.

On le sait bien, la santé est un don précieux qu’il convient de sauvegarder.

C’est pourquoi il est nécessaire de faire en sorte que notre physique et celui de nos frères se nourrisse, se repose, ne s’expose pas aux maladies, aux accidents, à une pratique sportive exagérée.

En effet, le corps aussi est important pour un chrétien.

Mais, si l’intégrité du corps venait à être compromise, nous devons nous souvenir qu’il y a une Vie qui n’est pas conditionnée par notre état de santé, mais par l’amour surnaturel qui brûle en notre cœur.

Et c’est cette Vie supérieure qui donne sa valeur à la vie physique, même dans la maladie.

En effet, si nous considérons les maladies seulement avec un regard humain, on ne peut qu’affirmer qu’elles sont des malheurs. Mais, si nous avons un regard chrétien, nous voyons qu’elles sont des épreuves qui peuvent nous permettent de nous entraîner pour la grande épreuve qui nous attend tous, quand nous devrons affronter le passage à l’Autre vie.

Le Saint Père n’a-t-il pas dit récemment que les maladies sont des exercices spirituels (des retraites) que Dieu lui-même nous prêche ?

Les malades ont une richesse de plus que les autres, d’un autre genre.

En ascétisme et en mystique, l’Église parle des maladies non seulement comme appartenant au domaine de la médecine, mais comme des purifications que Dieu envoie, donc comme des échelons vers l’union à Dieu.

La foi nous dit aussi que, dans la maladie, l’homme participe aux souffrances du Christ. C’est donc un autre Christ crucifié qui peut offrir sa souffrance pour ce qui vaut le plus : le salut éternel des hommes.

Nous, dans le tourbillon du travail et de la vie quotidienne, nous sommes parfois tentés de voir dans les personnes souffrantes uniquement des cas marginaux à aider pour qu’elles surmontent vite leur maladie et qu’elles reprennent rapidement leurs activités et nous ne pensons pas qu’elles sont celles qui, actuellement, peuvent faire davantage, agir davantage.

Cependant, les malades sont en mesure de bien remplir leur rôle en faveur de l’humanité s’ils sont compris et aimés. C’est grâce à l’amour qu’ils pourront être aidés à donner son sens à leur état, à être conscients de ce qu’ils représentent.

Et ce qui vaut pour les malades, vaut pour les handicapés. Celui qui est porteur de handicap a besoin d’amour lui aussi. Il a l’exigence d’être reconnu pour la valeur qu’a sa vie : (une vie) sacrée comme toute autre vie, avec toute la dignité qui en découle. Il a besoin d’être considéré comme une personne qui doit vivre le plus possible une ‘vie ensemble’, normale, au milieu des autres hommes.

Et que dire des personnes âgées ?

Chaque vie demande de l’amour. Les personnes âgées aussi ont besoin d’amour.

Aujourd’hui, les personnes âgées constituent même un problème, parce qu’on peut noter une forte augmentation de cette catégorie d’âge, en raison du prolongement de la moyenne du niveau de vie.

On observe, dans la société, une tendance à mettre les personnes âgées de côté, à les considérer comme un poids social, car ils ne sont pas productifs. On parle des vieux comme d’une catégorie à part, comme s’il ne s’agissait plus d’êtres humains. Ensuite, chez les personnes âgées eux-mêmes, à la déchéance physique s’ajoute souvent un grave malaise psychologique : se sentir dépassés.

Il faut redonner l’espérance aux personnes âgées. L’âge avancé n’est que la troisième saison de l’existence.

La vie qui naît, la vie qui croît, la vie qui décline ne sont que trois aspects du mystère de l’existence qui puise en Dieu-Amour.

En certains Pays asiatiques et africains, l’ancien est valorisé parce qu’il est considéré comme un guide de vie, parce qu’il possède la sagesse.

En effet, l’ancien est une personne qui met en évidence ce qui est essentiel, ce qu’il y a de plus important.

Souvenons-nous des paroles de Saint Jean l’Évangéliste, désormais octogénaire, alors qu’il visitait les communautés chrétiennes et qu’il lui était demandé quel avait été le message de Jésus, il répétait toujours : “Aimez-vous les uns les autres” comme s’il n’avait rien d’autre à ajouter. Mais, avec ces mots, il centrait vraiment la pensée du Christ.

Se priver des personnes âgées, c’est se priver d’un patrimoine.

Il convient de les valoriser, en les aimant. Et les valoriser aussi quand ils sont malades et malades graves, quand les espoirs humains n’existent plus et que la demande d’assistance se fait plus exigeante.

Pour Dieu, il n’y a pas de vies, pas de moments de vie indignes d’être vécus.

 

 

[:it]Chiara Lubich: «Non c’è porzione di vita indegna di essere vissuta»

[:it]Chiara Lubich: «Non c’è porzione di vita indegna di essere vissuta»

20140211ChiaraLubich1986

«Si nous mettons à la base des lois ou des initiatives sociales, un esprit de non-respect pour celui qui souffre, pour la personne handicapée, la personne âgée, nous créons petit à petit une société fausse, car nous ne donnons du poids qu’à certaines valeurs, comme la santé physique, la force, la productivité intensive, le pouvoir, et nous modifions complètement le but pour lequel vit un État, qui est le bien de l’homme et de la société.

On le sait bien, la santé est un don précieux qu’il convient de sauvegarder.

C’est pourquoi il est nécessaire de faire en sorte que notre physique et celui de nos frères se nourrisse, se repose, ne s’expose pas aux maladies, aux accidents, à une pratique sportive exagérée.

En effet, le corps aussi est important pour un chrétien.

Mais, si l’intégrité du corps venait à être compromise, nous devons nous souvenir qu’il y a une Vie qui n’est pas conditionnée par notre état de santé, mais par l’amour surnaturel qui brûle en notre cœur.

Et c’est cette Vie supérieure qui donne sa valeur à la vie physique, même dans la maladie.

En effet, si nous considérons les maladies seulement avec un regard humain, on ne peut qu’affirmer qu’elles sont des malheurs. Mais, si nous avons un regard chrétien, nous voyons qu’elles sont des épreuves qui peuvent nous permettent de nous entraîner pour la grande épreuve qui nous attend tous, quand nous devrons affronter le passage à l’Autre vie.

Le Saint Père n’a-t-il pas dit récemment que les maladies sont des exercices spirituels (des retraites) que Dieu lui-même nous prêche ?

Les malades ont une richesse de plus que les autres, d’un autre genre.

En ascétisme et en mystique, l’Église parle des maladies non seulement comme appartenant au domaine de la médecine, mais comme des purifications que Dieu envoie, donc comme des échelons vers l’union à Dieu.

La foi nous dit aussi que, dans la maladie, l’homme participe aux souffrances du Christ. C’est donc un autre Christ crucifié qui peut offrir sa souffrance pour ce qui vaut le plus : le salut éternel des hommes.

Nous, dans le tourbillon du travail et de la vie quotidienne, nous sommes parfois tentés de voir dans les personnes souffrantes uniquement des cas marginaux à aider pour qu’elles surmontent vite leur maladie et qu’elles reprennent rapidement leurs activités et nous ne pensons pas qu’elles sont celles qui, actuellement, peuvent faire davantage, agir davantage.

Cependant, les malades sont en mesure de bien remplir leur rôle en faveur de l’humanité s’ils sont compris et aimés. C’est grâce à l’amour qu’ils pourront être aidés à donner son sens à leur état, à être conscients de ce qu’ils représentent.

Et ce qui vaut pour les malades, vaut pour les handicapés. Celui qui est porteur de handicap a besoin d’amour lui aussi. Il a l’exigence d’être reconnu pour la valeur qu’a sa vie : (une vie) sacrée comme toute autre vie, avec toute la dignité qui en découle. Il a besoin d’être considéré comme une personne qui doit vivre le plus possible une ‘vie ensemble’, normale, au milieu des autres hommes.

Et que dire des personnes âgées ?

Chaque vie demande de l’amour. Les personnes âgées aussi ont besoin d’amour.

Aujourd’hui, les personnes âgées constituent même un problème, parce qu’on peut noter une forte augmentation de cette catégorie d’âge, en raison du prolongement de la moyenne du niveau de vie.

On observe, dans la société, une tendance à mettre les personnes âgées de côté, à les considérer comme un poids social, car ils ne sont pas productifs. On parle des vieux comme d’une catégorie à part, comme s’il ne s’agissait plus d’êtres humains. Ensuite, chez les personnes âgées eux-mêmes, à la déchéance physique s’ajoute souvent un grave malaise psychologique : se sentir dépassés.

Il faut redonner l’espérance aux personnes âgées. L’âge avancé n’est que la troisième saison de l’existence.

La vie qui naît, la vie qui croît, la vie qui décline ne sont que trois aspects du mystère de l’existence qui puise en Dieu-Amour.

En certains Pays asiatiques et africains, l’ancien est valorisé parce qu’il est considéré comme un guide de vie, parce qu’il possède la sagesse.

En effet, l’ancien est une personne qui met en évidence ce qui est essentiel, ce qu’il y a de plus important.

Souvenons-nous des paroles de Saint Jean l’Évangéliste, désormais octogénaire, alors qu’il visitait les communautés chrétiennes et qu’il lui était demandé quel avait été le message de Jésus, il répétait toujours : “Aimez-vous les uns les autres” comme s’il n’avait rien d’autre à ajouter. Mais, avec ces mots, il centrait vraiment la pensée du Christ.

Se priver des personnes âgées, c’est se priver d’un patrimoine.

Il convient de les valoriser, en les aimant. Et les valoriser aussi quand ils sont malades et malades graves, quand les espoirs humains n’existent plus et que la demande d’assistance se fait plus exigeante.

Pour Dieu, il n’y a pas de vies, pas de moments de vie indignes d’être vécus.

 

Centro Chiara Lubich

Video (en italien)

Education: le coffre au trésor

Education: le coffre au trésor

PUn pacte éducatif à reconstruire harmonieusement: entre la famille, l’école, les institutions civiles, la culture. C’est l’idée qui est à la base du projet des Scholas Occurrentes, [les écoles qui viennent à la rencontre, écoles proches] nées en Argentine à l’initiative de l’archevêque de l’époque de Buenos Aires J.M. Bergoglio et relancées aujourd’hui au niveau international. «Scholas veut d’une certaine manière réintégrer l’effort de tous pour l’éducation, veut refaire d’une manière harmonieuse le pacte éducatif, car c’est seulement ainsi que, si nous tous, responsables de l’éducation de nos enfants et jeunes, nous harmoniserons nos pratiques, que l’éducation pourra changer. C’est pour cela que Scholas recherche la culture, le sport, la science; c’est pour cela que Scholas cherche à créer des ponts, sort de ce qui est ‘petit’ et va les chercher plus loin. Elle est en train d’actualiser cette interaction dans tous les continents, confirme le pape François, à la conclusion du 4ème congrès mondial qui s’est déroulé au Vatican du 2 au 5 février derniers. Le moment fort de ces jours-ci, fut la liaison en video conférence avec quelques adolescents, chacun compétent à sa manière, qui participent au programme d’inclusion scolaire des 400.000 écoles liées au projet. Parmi eux, Isabel de 13 ans, non voyante, qui aime l’athlétisme et demande au Pape de dire à ceux qui sont en difficulté ”de ne pas abandonner car avec un peu d’effort, on peut arriver où on veut”. Oui, car ”en vous tous, il y a un coffre”, a dit François dans le message vidéo aux adolescents «et à l’intérieur, il y a un trésor. Votre travail consiste à ouvrir le coffre, en faire sortir le trésor, le faire grandir, le donner aux autres et recevoir le trésor des autres». Ils étaient au nombre de 250, parmi les plus grands experts en matière d’éducation et de responsabilité sociale, de fois et de cultures différentes, de délégations et organisations sportives, ainsi que des représentants du monde de l’art, du spectacle et de la culture, de sociétés de Technologie de l’information et de la communication (ITC) qui, à travers les technologies les plus avancées, permettent de «construire un lieu où tous trouvent une place», comme l’a déclaré José Maria del Corral, directeur des Scholas.   20150210-01Redécouvrir donc, le jeu comme matériel éducatif, éduquer à la beauté, retrouver l’harmonie entre le ”langage de la tête” et le ”langage du cœur”, ce sont les pistes de travail pour l’éducation définies par le Pape dans son intervention. Éléments déclencheurs pour les personnes intéressées, présentes au Congrès de Scholas, qui les jours précédents, avaient apporté des expériences, recherches et projets éducatifs dans lesquels l’apprentissage et la solidarité se fondent en une ligne pédagogique inclusive: élèves avec des besoins éducatifs particuliers, dépendances, pauvreté, soin de l’environnement. A ce propos, on a présenté, entre autre, quelques projets nés dans le cadre des Focolari, comme le projet Udishaen Inde, la mobilisation contre le jeu de hasard de Slot Mob en Italie, le projet Living Peace en Egypte. Deux matinées ont été consacrées en outre à approfondir la pédagogie de l’Apprentissage et du Service Solidaire: celle-ci, s’étant développée à partir des années ’60 aux Etats-Unis, dans les 20 dernières années, a été mise en œuvre par Maria Nieves Tapia des Focolari, avec beaucoup d’autres personnes les plus variées issues des réseaux et organisations les plus divers. Col CLAYSS (Centre latino- américain d’apprentissage et de service solidaire) on essaie aussi de le mettre en dialogue avec les recherches sur la fraternité et la pro socialité. Au Congrès, elle a été présentée dans ses principes théoriques par Carina Rossa d’ Eduquer à la Rencontre et à la Solidarité (EIS) LUMSA et d’ Eduquer à l’Unité (EDU); et le réseau de Scholas s’est engagé à l’ exécuter. «Ceux qui y gagnent ce sont les enfants», a conclu le pape François, en soulignant ainsi l’importance de ce travail qui porte à construire des ponts entre les jeunes de chaque nation et je crois, en éduquant à la paix et à la fraternité. Il a même encore affirmé: «Nous ne changerons pas le monde si nous ne changeons pas l’éducation». Un vrai et réel ”plan de sauvetage” en acte, comme il l’a défini en d’autres occasions, pour endiguer cette culture du rejet qui ne laisse pas de place dans la société pour toute une génération d’enfants et de jeunes. Et continuer à croire que ”la vie est un beau trésor, mais qu’ elle n’a de sens que si nous la donnons». Info pour adhérer au projet: www.scholasoccurrentes.org   Discours intégral du Pape

Un signe lumineux contre le trafic d’êtres humains

Un signe lumineux contre le trafic d’êtres humains

logo_randiSœur Tina Ventimiglia, Franciscaine des Pauvres, ainsi que Resi et Alessandra, volontaires de l’association Randi, trouvent dans leur engagement à vivre la spiritualité de l’unité des formes de rencontres et d’accompagnement insoupçonnées. Et aussi de libération. Sans oublier le rôle de la prévention : saisir les occasions et créer les conditions du développement dans le sud de notre planète.

Le 8 février, jour où la liturgie fait mémoire de sainte Giuseppina Bakhita, religieuse soudanaise qui depuis sa petite enfance fit la dramatique expérience de l’esclavage, on a célébré la première journée mondiale contre la traite des êtres humains. Une occasion de briser le silence qui entoure cette « plaie honteuse indigne d’une société civilisée ». C’est ainsi que l’a définie le pape François à l’Angélus, le cœur saisi d’angoisse devant la multitude « d’hommes, de femmes et d’enfants réduits à l’état d’esclaves, exploités, instrumentalisés au service du profit et du plaisir, souvent torturés et mutilés ». Il souhaite que « tous ceux qui ont des responsabilités gouvernementales mettent tout en œuvre pour en éliminer les causes »..

Il est significatif que ce soient les religieux, présents aux quatre coins de la planète, qui aient soulevé la question de cette forme d’esclavage « moderne » et inacceptable. Ils sont les premiers et parfois les seuls « bons samaritains » capables de se rendre proches des personnes à qui on a ôté violemment toute liberté personnelle en s’emparant de leur être tout entier, rendu ainsi esclave.

L’expérience de Tina Ventimiglia, sœur Franciscaine des Pauvres, est à cet égard très parlante. A Pistoia, depuis douze ans, avec sa communauté, elle prend en charge les filles qui viennent de la rue. « L’immigration clandestine et forcée – raconte-t-elle – prend souvent le visage de femmes, victimes de leurs prétendus protecteurs. Ces visages au regard craintif, méfiant ou méprisant – typiques de qui n’a plus confiance en personne – nous interpellent fortement. A la lumière de l’enseignement de notre fondatrice et du charisme de Chiara Lubich, nous ne les considérons pas comme des réalités à fuir, à écarter, à éloigner ou pire encore à condamner, mais comme les « plaies » du Christ à guérir. Il ne s’agit pas de « combattre » ce mal, mais de « passer à travers lui », en apprenant à « faire le vide en soi » pour accueillir la personne telle qu’elle est, digne d’être aimée, et cela indépendamment de la situation dans laquelle elle se trouve. L’amour ne calcule pas, il aime sans mesure et continue à le faire même lorsqu’il n’est pas accueilli ni compris. Et c’est encore l’amour qui nous suggère les gestes concrets que l’on peut faire, comme le parcours sanitaire, ou judiciaire pour restituer à la personne sa dignité en ayant ses papiers. Sans oublier l’accompagnement qui permet à la personne de reconstruire son passé et de découvrir ainsi ses ressources intérieures pour reprendre goût à la vie, tout en lui faisant sentir qu’elle est digne d’être aimée et capable d’aimer. Il est aussi très important de lui offrir un tissu relationnel sain qui favorisera son insertion dans un quartier et dans le monde du travail, pour pouvoir ensuite accéder à un logement personnel ».                                                                                                                                                                                             20150209-02

“Randi – raconte Alessandra – est le nom de la petite fille dont Rebecca a accouché il y a 22 ans dans l’hôpital où je travaillais. Immigrée clandestine à Livourne, elle ne savait pas un mot d’italien et l’on devinait son angoisse à l’idée qu’on puisse lui retirer sa petite car elle n’avait pas de carte de séjour. Après l’avoir accueillie sans raisonnements ni préjugés, nous avons trouvé une solution. Au bout de très peu de temps, plus de 70 jeunes filles, dans des situations encore plus dramatiques, savaient qu’elles pouvaient compter sur notre association… que nous avons appelée Randi »

“Mais de quoi nous occupons-nous au juste ? – reprend Resi – Nous sommes souvent confrontées à des situations de véritable esclavage à des fins économiques. C’est un business qui alimente un marché de 24 milliards d’euros et qui exploite entre 27 et 50 millions d’êtres humains dans le monde, surtout des femmes et des enfants. C’est une véritable traite qui engendre la peur, l’isolement, une incapacité totale à pouvoir se défendre. La moitié des personnes concernées sont des femmes contraintes de se prostituer. Il n’est vraiment pas facile d’approcher ces personnes « enchaînées », qu’on empêche d’entrer en contact avec le monde extérieur. Parfois cela s’avère possible à la faveur d’un incident, d’une hospitalisation ou d’une rencontre dans le train. La spiritualité de l’unité nous aide à établir une qualité de contact faire qu’elles puissent finalement se fier à quelqu’un. C’est alors que se produit le miracle parce que pour la première fois peut-être rien ne leur est demandé en retour ».

Guérir les blessures, tel est le grand pari proposé par l’Evangile. Mais aussi les prévenir autant que possible. C’est sur ce terrain que sont engagés de nombreuses équipes de religieux et de religieuses qui, partis sur des terres lointaines comme témoins de l’Evangile, mettent tout en œuvre pour faire grandir la dignité des personnes. C’est aussi ce que font les focolarini dans le sud de la planète : dans 53 pays et sur quatre continents plus de cent actions en faveur du développement sont en cours auprès de 15000 enfants et de leurs familles, suscitant ainsi des occasions concrètes de développement sur leurs propres terres, dans la liberté.

Gabon: une famille pour les autres

Gabon: une famille pour les autres

20150207-aVingt-huit ans de mariage, quatre enfants dont trois qui sont restés à Lubumbashi (Congo) pour étudier à l’université. La redécouverte de Dieu comme amour, Le mettre à la première place dans notre vie spirituelle et dans celle du couple. Ce sont ces aspirations spirituelles qui nous ont conduits à tout quitter pour suivre le Christ.

Depuis longtemps, la communauté du mouvement au Gabon demandait l’ouverture d’un focolare à Libreville, et c’est ainsi qu’en 2011 nous arrivons en tant que “focolare-famille”.

Un choix, le nôtre, qui nous a amené à nous mettre à disposition, laisser notre travail et partir pour une nouvelle terre. Nous ne nous sommes jamais séparés de nos enfants durant une aussi longue période. Evidemment, ce n’était pas facile, mais grâce à une entente familiale, nous avons senti que nous pouvions le faire. Il y avait beaucoup d’interrogations … Cependant la confiance en Dieu-Amour était plus grande que tout.

Quand nous sommes arrivés au Gabon, notre première préoccupation a été de renforcer notre amour en tant qu’époux. De cette façon, l’amour entre nous a grandi encore plus, et nous a amenés à renouveler notre amour réciproque et à aimer tous ceux que nous trouvions sur notre chemin.

Ici nous avons trouvé une communauté vraiment accueillante, réceptive et généreuse malgré les difficultés de la vie. Nous avons voyagé plusieurs fois à travers tout le pays pour rencontrer les communautés, mêmes les plus éloignées . Tout le mode nous a accueillis avec enthousiasme. Dans certains villages, les gens attendaient le long des routes pour exprimer leur joie avec des branches d’arbres plantées tout au long du parcours en signe de joie.

Ici comme dans toute l’Afrique, la famille chrétienne souffre des mutations socioculturelles et ceci nous a beaucoup remis en question. Nous accompagnons sur le chemin de la foi de nombreux couples et aujourd’hui beaucoup d’entre eux ont reçu le sacrement du mariage, d’autres font le chemin pour se préparer à la régularisation de leur union.

Nous avons fortement expérimenté la providence de Dieu, à commencer par la maison qui nous a été donnée par l’archevêque de Libreville pour les activités du mouvement. Pour l’aménager, chacun a amené ce qu’il pouvait : un lit, un matelas, une paire de draps, une cuisinière, une fourchette, une plaque … En même temps, toute la communauté du Gabon s’est organisée pour nous aider concrètement dans notre vie quotidienne. De temps à autre, nous recevons du manioc, du riz, des bananes,… Souvent quelqu’un sonne à la porte et c’est avec surprise que nous voyons qu’il a apporté ce dont on avait besoin.

L’unité, l’amour, et la foi dans l’Evangile nous ont permis de surmonter les inévitables difficultés que nous rencontrons ici : la précarité de l’emploi, la maladie, le manque de compréhension…

Après trois ans, sous sommes revenus à Lubumbashi. Nos enfants ont grandi en âge et en sagesse et nous avons vu en cela une réalisation de l’Evangile. Le fait de les revoir nous a procuré une extrême joie et nous avons ressenti avec chacun d’eux une profonde unité de cœur et d’âme.

Quand nous sommes repartis, ils ont renouvelé leur disposition à “nous envoyer” à nouveau en mission, ce qui consiste à faire rencontrer Dieu aux personnes à travers notre amour réciproque et réaliser, grâce à la chaleur familiale et à notre unité, ce grand désir d’un focolare ressenti par les communautés du Gabon ».

Jeanne et Augustin Mbwambu

Vivre l’Évangile: S’accueillir, malgré tout

Vivre l’Évangile: S’accueillir, malgré tout

20150206-01«A cause de ma formation professionnelle de militaire, et aussi de par mon caractère trop rigide, je rencontrais beaucoup de difficultés dans mon rapport avec mes enfants. J’étais conscient de devoir corriger mon attitude, mais je ne savais pas par où commencer. Les paroles de l’Évangile m’invitaient à mettre l’amour à la base de l’éducation des enfants et à changer radicalement mon rapport avec eux, un changement donc non fait à moitié mais complètement. En commençant et recommençant continuellement, la communication avec les enfants s’est peu à peu ouverte. J’ai essayé de rentrer dans leur monde, de m’intéresser davantage à leurs inquiétudes et à leurs aspirations. J’ai pu connaître leurs problèmes, nous nous sommes réjouis et avons souffert ensemble et ainsi, les distances se sont annulées, même avec celui avec qui c’était le plus difficile. Mon rôle de père a ainsi pris une autre dimension: je suis aussi pour eux, conseiller, ami et frère».
(F.U. – Pérou)

« J’ai 29 ans et je viens du Sri Lanka. Dans mon pays, je travaillais comme chef-coq et luttais pour une plus grande justice entre les différentes classes sociales, mais cela n’était pas bien vu et j’ai été contraint à quitter ma terre pour venir vivre dans une Europe où pour moi, tout est différent. A peine étais-je arrivé, que je me suis retrouvé terriblement seul et rempli de rage vis-à-vis de tous. Dans le camp de réfugiés, ensuite, au beau milieu de tant d’inconnus, quelqu’un m’a parlé de quelques jeunes chrétiens qui avaient le même idéal que moi: contribuer à rendre le monde meilleur. Émerveillé à l’idée que d’autres aient le même rêve que moi, je me suis senti réconforté et j’ai commencé à regarder autour de moi, à être plus cordial avec les autres, à les saluer: des rapports humains sont nés parmi les gens, au grand étonnement de l’assistante sociale. Je suis bouddhiste et à travers le rapport avec des chrétiens occidentaux, ma foi s’est accrue. Une maxime de Bouddha dit: «Partager pensée et esprit avec beaucoup d’autres».
(S. – Sri Lanka)

« Je croyais, en choisissant d’aller à Lourdes comme brancardier Unitalsi au service des malades, expérimenter un pèlerinage plein de surprises, avec des ”effets spéciaux”. En réalité, Dieu, acceptant ma bonne volonté et ces intentions pas complètement désintéressées, s’est servi de cette circonstance pour me faire comprendre ce que lui voulait et c’est-à-dire que mon service aux malades est, oui, important pour eux, mais qu’aussi et surtout, moi, ”j’ai besoin d’eux”. Car – je le dis comme résumé de l’expérience faite à Lourdes – si je suis chanceux de donner ce que j’ai reçu gratuitement de Dieu, les malades te donnent en échange le maximum de ce qu’ils peuvent te donner: cela peut être un sourire, un signe de gratitude, un bonjour chaleureux…».
(M.G. – Italie)

 

Source: L’Évangile du jour, février 2015 – Città Nuova Editrice

Cameroun, à l’école de la “nouvelle évangélisation”

Cameroun, à l’école de la “nouvelle évangélisation”

20150205-aÀ l’école de l’évangile : un rendez-vous qui se répète tous les deux mois et qui entraine derrière lui tout le village, y compris le curé et le Fon, l’autorité royale du lieu. Le programme ? Approfondir un passage de l’évangile, en découvrir les différents aspects qui se prêtent le plus à une application quotidienne, pour en faire le fil conducteur jusqu’au nouveau rendez-vous. Dans cet esprit de communion, la fois d’après c’est le partage sur ce qu’on a réussi à faire passer dans la vie et à s’encourager mutuellement à continuer l’expérience. Cette dynamique, débutée à Fontem – la cité pilote des Focolari du Cameroun – par la volonté du Fon, se reproduit aussi à Akum, un autre village bangwa à la frontière avec le Nigeria. La fréquence est au début en grande partie féminine. Mais petit à petit les hommes aussi y participent de plus en plus, frappés de la même manière (même s’ils ne l’admettent pas ouvertement) dont leur femme a changé. Essayons de capter ce qu’ils ont raconté. “ Je m’appelle Suh Nadia, déclare une fille. Avec quelques-uns de mes camarades d’école nous nous étions mis d’accord pour nous unir à la prière mondiale des jeunes des Focolari qui s’appelle le Time-out. Au début nous étions six puis douze. A un certain moment le directeur le sait, il m’appelle à la direction. Je pensais : maintenant nous allons avoir une punition pour interrompre les études durant quelques minutes. Mais je prends mon courage et je lui explique l’importance de cette prière. De fait, même si le Cameroun est en paix, il y a tellement de pays autour qui souffrent de la guerre, alors nous devons prier pour eux. Le directeur, après m’avoir écoutée, m’a remercié et a dit qu’il ferait en sorte de changer l’horaire des cours afin que les élèves puissent s’unir à nous. » C’est au tour d’Evangeline de prendre la parole : “En allant chez ma tante, je me suis rendu compte que des voisins maltraitaient une fille qui habitait chez eux, qui, pour fuir, était allée dormir à l’église. En la raccompagnant à la maison, le curé avait essayé de convaincre la famille de bien la traiter. Mais à peine était-il parti, que les deux ont crié sur elle. Elle pleurait à chaudes larmes. Je me suis approchée d’elle, je l’ai écoutée avec amour et j’ai décidé d’aller parler aux parents. Même si ma tante me l’avait déconseillé, en pensant à l’évangile, le lendemain j’y suis allée quand même. La femme m’a dit que ce n’était pas leur fille, mais une jeune qui leur servait d’infirmière. « Justement parce que c’est quelqu’un qui vous aide » – ai-je dit – vous devriez la traiter comme votre fille ». La femme ne semblait pas me prêter attention mais le mari m’écoutait : « Qui es-tu ? » m’a-t-il demandé. « Qui t’envoie ? ». Sachant que je le faisais de ma propre initiative, il m’a remerciée et m’a promis de ne plus la maltraiter. Et voyant que la fille n’avait presque rien à se mettre, je lui ai apporté quelques vêtements à moi. » Véronique fait normalement la cuisine aussi pour sa belle-mère. Un jour la femme lui dit qu’à cause d’un problème d’yeux elle ne réussit même plus à voir ce qu’elle mange et qu’il vaudrait mieux ne plus lui apporter à manger. Véronique prend un rendez-vous à l’hôpital et le soir elle va se coucher auprès d’elle. Dans cette ville habitent deux de ses enfants mais qui ne s’intéressent pas à son cas. Les médecins décident de l’opérer immédiatement et ainsi Véronique, malgré ses nombreux engagements au travail, reste auprès d’elle à l’hôpital pendant une semaine. A leur retour chez elle, les deux fils de la femme ne vont même pas voir leur mère, alors Véronique continue à y aller à la soigner et lui apporter à manger, sans s’occuper des fils qui commencent à voir leur mère uniquement quand elle est là, pour profiter de la nourriture. « C’est la quatrième fois que je viens à ces réunions de ‘nouvelle évangélisation’ – conclut Véronique – j’essaie seulement de mettre en pratique ce que j’apprends ici ».  “Il ne me restait que 2000 francs camerounais (3 Euro) et j’avais encore des courses à faire » raconte Marie à propos du passage de l’évangile ‘donnez et vous recevrez’. Afin d’économiser je suis allée au marché à 8 km de là, avec les 700 frs en main. En revenant je me suis rendu compte que je n’avais pas acheté l’huile. Je décide de l’acheter chez le voisin de chez nous : mes 700 frs m’auraient tout juste suffi. J’étais sur le point de traverser la route quand une fille me touche l’épaule : aide-moi à acheter les épices, me demande-t-elle. Une voix intérieure me dit : donne ! Je lui ai donc acheté ses épices pour 250 frs. Je ne pouvais donc acheter qu’un demi-litre d’huile avec le reste. Un homme que je connais me demande de lui acheter du sel pour 100 frs. A la fin un garçon me demande lui aussi des épices : encore 200 frs. Je regarde l’argent qui me reste dans les mains : je ne peux plus acheter une goutte d’huile. De retour à la maison je demande aux enfants de réchauffer les bidons pour voir si un peu d’huile peut en sortir, mais tout est vide. Alors je les envoie chez le marchand pour qu’il me donne de l’huile à crédit, il n’en avait pas. Même la voisine n’en a pas à me prêter. Comment faire la cuisine à mes enfants ? A ce moment-là arrive les fils de mon amie la plus chère avec un panier sur la tête. « Je viens te voir », m’a-t-il dit. « Ma mère n’avait pas réussi à venir pour la mort de ta mère et maintenant elle t’envoie ce panier ».Je l’ouvre et dedans je trouve des noix de coco, du poisson séché et… 5 litres d’huile ! ».

Pour témoigner que l’unité est possible

Pour témoigner que l’unité est possible

20150203-aLa Semaine de prière pour l’unité des chrétiens et l’année dédiée par l’église catholique. Deux heureuses coïncidences dans lesquelles la vocation de Heike Vesper, focolarine de l’église évangélique-luthérienne allemande, apparaît plus que jamais significative.

« J’avais seize ans lorsque mon frère jumeau, ayant un grave handicap mental, mourut – nous raconte-t-elle. A partir de cet événement tellement douloureux est né en moi le désir de vivre une vie qui ait réellement un sens. Mais je ne pensais certainement pas à une vie de consécration à Dieu. Dans les églises de la Réforme, la vie monastique avait quasiment disparu. Pour Luther, chaque chrétien baptisé a déjà en soi l’appel totalitaire à suivre Jésus, qui se réalise substantiellement dans le travail et dans la famille. Luther donc, ne voyait pas dans la consécration à Dieu, un état privilégié, justement parce que nous sommes tous appelés à la perfection, qui est seulement atteignable avec l’amour de Dieu, avec sa miséricorde. En ce qui me concernait, la consécration à Dieu m’ était donc complètement étrangère. Etrangère aussi par le milieu athée qui m’entourait avec le communisme de l’Allemagne de l’Est de l’époque.

Quelques mois après, au printemps 1977, j’ai connu les jeunes des Focolari, un mouvement né dans l’Église catholique, ouvert au dialogue avec les fidèles d’autres églises ou religions et avec les personnes de convictions non religieuses. Fortement attirée par la radicalité de leur choix évangélique, je me suis également engagée avec eux dans les nombreuses activités formatives et sociales qui étaient proposées ou que nous suscitions nous-mêmes. Nos animateurs étaient des personnes un peu plus âgées que nous, les focolarine et les focolarini. Ceux-ci avaient fait un choix totalitaire de Dieu, en vivant en communauté. Une vie, leur vie, qui suscitait une grande fascination mais que je voyais trop élevée pour moi, inaccessible.

A un moment donné, il y a eu une incompréhension entre le Focolare et mon pasteur, par le fait d’un choix personnel pris par l’un d’entre nous. Ce n’était rien de grave mais suffisamment pour me faire comprendre combien il fallait peu pour réveiller de vieux préjugés et ouvrir à nouveau des blessures qui semblaient en voie de guérison. Cela a été une très forte expérience à travers laquelle j’ai senti que Dieu m’appelait à donner, avec ma vie, un exemple que l’ unité est possible et que cela, je pouvais le réaliser à travers le Focolare. Face à cet appel, j’ai éprouvé de la joie mais aussi de la peur. Je ne me sentais en effet pas capable d’affronter 24 heures sur 24, la tension de la diversité entre nos églises. Pendant deux ans, j’ai tâché de faire taire en moi cet invitation de Dieu, mais de temps en temps, celle-ci remontait à la surface avec plus de force encore.

Lors d’une visite de Chiara Lubich en Allemagne, un groupe d’évangéliques lui posait des questions. C’est grâce à ces réponses que tous mes nœuds se sont dénoués. Par ses paroles, j’ai compris qu’entrer au focolare signifiait vivre l’Evangile aidés par des frères animés par la même proposition radicale; vouloir la vivre ensemble, en tant que chrétiens catholiques et évangéliques; ce qui signifiait choisir comme modèle Jésus dans son abandon du Père lorsqu’en criant un ”pourquoi” resté pour lui sans réponse, il a recomposé l’unité entre Dieu et les hommes, entre les peuples, entre les différentes églises, entre nous tous.

A ce moment-là, je n’ai pas pensé que tout cela pouvait signifier que je me consacre à Dieu, mais bien seulement répondre à son appel à témoigner avec ma vie que l’unité est possible. Cette passion pour l’unité m’a marquée cœur et âme et m’a toujours donné les ailes aussi dans les moments où je ne comprenais plus rien ou dans moments d’épreuve.

Lorsque je me trouvais au focolare de Lipsia, j’allais souvent à la Sainte Cène des frères de la Christusbruderschaft. Un jour, une personne parmi celles-ci me demanda comment nous faisions pour rester fidèles à notre église et pour vivre une vie spirituelle intense avec des catholiques. Alors j’ai compris la grande valeur de ce que Chiara nous a confié: Jésus abandonné. En l’aimant lui qui s’était fait pour nous, division, non seulement nous trouvons la force de ne pas nous sentir divisés en nous-mêmes, mais pour être unité pour les autres. En Lui, nous découvrons l’importance de vivre avec Jésus présent spirituellement au milieu de nous, attiré par notre amour réciproque. Une présence qui n’est liée à aucun sacrement, mais à la vie de la Parole».

 

 

 

Chiara Lubich et la famille

Chiara Lubich et la famille

20150202-01“La spiritualité de Chiara Lubich propose qu’on s’ouvre à la communion avant tout au sein de la famille, et, l’unité une fois construite, qu’on l’élargisse à d’autres familles. Aucune famille n’est une île. Nous avons besoin de partager nos biens spirituels et matériels, nos résolutions, nos connaissances, notre temps, nos compétences pour construire des réseaux en mesure de se mettre au service du monde qui attend de voir le témoignage d’un amour qui peut toujours recommencer »

C’est avec joie qu’Anna-Maria et Alberto Friso commentent l’ouverture de la cause de béatification de Chiara Lubich, mardi dernier [27 janvier] à Frascati. Ils sont encore jeunes mariés, quand de Padoue ils se rendent à Rocca di Papa pour participer à un congrès de familles avec leur fils premier né : c’est là qu’ils connaissent personnellement la fondatrice du Mouvement des Focolari. En 1967 Chiara fera naître « Familles Nouvelles », une des premières associations pour la famille, dont par la suite Anna et Alberto seront responsables pendant 12 ans.

“ Nous avons été frappés par le fait qu’une femme consacrée puisse avoir autant à cœur la famille et que son idéal puisse être appliqué aussi à notre vocation d’époux », rappellent-ils. Mais pas seulement : « Chiara était une femme moderne, belle sans souci de le faire voir, élégante mais sans affectation, dotée d’une élocution séduisante et harmonieuse – font remarquer les Friso – Nous arrivions de la province, tous deux simples employés, plutôt désorientés. Avec simplicité et conviction elle nous a dit que Jésus comptait aussi sur nous, comme personnes et comme famille » Chiara Lubich était en effet convaincue que la spiritualité de l’unité était particulièrement adaptée à la famille, parce qu’à l’origine c’est une petite communauté de personnes unies par l’Amour ».

Aujourd’hui Alberto et Anna s’occupent de l’ONLUS “Action pour familles nouvelles” au service des populations du Sud et des adoptions à distance. Quand ils étaient responsables de « Familles nouvelles » , ils se voyaient régulièrement avec la fondatrice : « Elle écoutait les difficultés rencontrées et les projets, mais surtout elle nous redonnait ce courage sans lequel il aurait été trop compliqué pour deux pauvres créatures d’accompagner un mouvement de familles aussi nombreuses et aux dimensions du monde. Elle nous indiquait le chemin, nous confirmait, elle rêvait avec nous. Mais le plus souvent elle exprimait sa confiance en nous les mariés ».

Membres du Conseil Pontifical pour la famille, les époux Friso étaient invités par Chiara Lubich à avoir une attention particulière envers les couples séparés, divorcés et remariés qu’elle définissait elle-même comme étant « le visage de Jésus crucifié et abandonné ». Le charisme de Chiara continue à annoncer à la famille et aux familles du Mouvement l’amour que Dieu a pour chacun, « une conviction qui émane non seulement de l’Ecriture, mais pour l’avoir éprouvé personnellement, dans notre propre vie. Une annonce qui s’avère efficace même pour celui qui désormais n’espère plus ou a perdu la foi, ou pense que la séparation est désormais inévitable. Et si Dieu m’aime, s’Il a donné sa vie pour moi, moi aussi je dois – je peux ! – répondre à cet amour, en aimant le prochain qui est à mes côtés. Et qui est plus mon prochain que mon conjoint, mes enfants et mes proches ? » se demandent Alberto et Anna, et de poursuivre : « Si en toute honnêteté nous nous mettons sur le rayon d’un amour qui vient de l’Absolu, tout devient possible : l’accueil, le service, l’écoute, l’amour désintéressé, la gratuité, le pardon… ».

Mexique, famille : accueil réciproque

Mexique, famille : accueil réciproque

20150131-01Les deux voix s’alternent dans un crescendo de souffrance et d’espérance, d’émotion et d’émerveillement. Jusqu’à nous faire découvrir le secret qui les a portés à recomposer l’unité qui semblait irrémédiablement éclatée. C’est Fili qui commence à nous raconter leur histoire : « Avec Nachio, nous sommes mariés depuis 24 ans et nous avons deux enfants. Je suis la sixième de onze enfants. Il y avait des souffrances dans notre famille comme le fait de savoir que mon père avait une autre femme et d’autres enfants et cela me faisait souffrir ».

« Moi aussi dès le plus jeune âge – intervient Nacho – j’ai souffert de l’absence de mon père et du peu d’attention de ma mère. C’était ma grand-mère maternelle qui s’occupait de moi. Avec Fili, nous nous sommes mariés et étions amoureux, mais il y avait un grand vide existentiel dans lequel chacun d’entre nous s’identifiait avec l’autre. Nous avons uni nos solitudes, mais nous ne nous connaissions pas intérieurement et nous nous sommes rapidement rendu compte de ne pas savoir aimer, ni ce que c’est l’amour ».

« Nos problèmes ont commencé dès le début de notre mariage – poursuit Fili -. Moi j’étais très jalouse et possessive, à un tel point que Nacho devait changer continuellement de travail ». «Son attitude, – poursuit Nacho – qui provoquait en moi, rancœur, colère et frustation et les discussions entre nous n’en finissaient jamais. Nos enfants sont nés dans cet environnement aussi peu hospitalier. Aussi bien Fili que moi, nous avions un amour très fort pour eux, mais étant donné qu’il n’y avait pas d’amour entre nous, nous pensions suppléer ce manque par des choses matérielles au lieu de leur donner écoute et tendresse. Quinze ans sont donc passés ainsi. Déçu par cette situation, j’ai quitté la maison. Je l’avais déjà fait d’autres fois, mais chaque tentative de retourner et reconstruire notre rapport échouait. Je me demandais comment faire quand une relation est complètement éclatée ? »

Fili reprend : « En effet, pour moi, c’était impossible de la reconstruire, mais j’ai tout de même accepté qu’il revienne juste parce que je voyais la souffrance des enfants qui avaient besoin de lui. ». « Un samedi soir – reprend Nachio – je regardais un match de boxe à la télévision. Cela ne me semblait pas si intéressant que cela et j’ai donc changé de chaîne. Je suis tombé sur un programme religieux et par curiosité j’ai continué à le regarder. Il y avait une femme (j’ai su après que c’était Chiara Lubich) qui parlait de l’Amour. Ses paroles ont eu un fort impact sur moi. A la fin de son discours, ils ont fait passer quelques images de la citadelle du Mouvement des Focolari au Mexique, qui se trouvait proche de notre région mais que je ne connaissais pas ».

« Ainsi, le lendemain – reprend Fili – nous sommes allés à la messe à El Diamante (c’est le nom de la citadelle) avec toute la famille. Nous avons été touchés par la manière avec laquelle ils nous ont accueillis, c’était comme s’ils nous avaient connus depuis toujours. On était à une semaine de la Mariapoli, une rencontre qui allait justement se passer là, et nous avons décidé d’y aller. La proposition du premier jour était la phrase de l’Evangile : « Pardonne jusqu’à septante fois sept fois ». Je me suis demandée : mais comment est-ce possible de pardonner toujours ? L’explication, je l’ai eue lorsqu’ils ont parlé de Jésus dans son abandon : Il avait non seulement pardonné mais avait donné sa vie pour nous. Je me suis rendu compte que face à un tel amour, mes souffrances étaient très petites. Cela n’a pas été facile de recommencer mais la Parole ” Pardonne septante fois sept fois” m’a toujours aidée à le faire».

«A moi aussi, – nous confie Nacho – cette Mariapolis a changé la vie. J’ai appris à faire confiance à ce Dieu pour qui tout est possible. Avec Fili, nous avons appris à nous aimer dans la diversité. Peu à peu, nous sommes tombés amoureux l’un de l’autre. Nous avons découvert une plénitude d’amour jamais expérimentée, même lorsque nous étions fiancés, car maintenant, nous nous aimons dans la liberté, en Dieu».

Bangko Kabayan: un « business » indispensable

Bangko Kabayan: un « business » indispensable

BN-GP002_Ganzon_G_20150123124652 Térésa Ganzon et son mari ont acquis en 1989 la majorité des actions de la Bangko Kabayan: celle-ci avait alors une seule filiale tandis qu’aujourd’hui elle se positionne parmi l’une des plus grandes banques rurales des Philippines. Ils sont aussi leader au sein de l’Economie de Communion, un réseau international de plus de 800 entreprises décidées à mettre en pratique la Doctrine Sociale de l’Eglise. Lors d’une conférence de presse donnée au cours de son dernier voyage aux Philippines, le Pape a condamné la corruption, il est même allé jusqu’à dire de donner d’un coup de pied « à l’endroit que le soleil n’atteint pas », aux fonctionnaires corrompus. Quels sont les principaux points de friction pour une entreprise qui veut se conformer aux principes de la Doctrine Sociale catholique aux Philippines ? “Le respect des lois est le problème principal dont nous parlons. Chez nous, payer ses impôts c’est aller à contre-courant, spécialement lorsqu’il s’agit de petites et moyennes entreprises. On assiste à une croissance de la corruption et des malversations et ce sont hélas des pratiques courantes dans quelques administrations publiques. C’est ainsi que pour un entrepreneur il semble que la seule façon de permettre à son entreprise de survivre soit de faire comme tout le monde et de considérer les pots de vin comme entrant dans les « coûts normaux ». Ceci contredit la Doctrine Sociale et le Pape François. Comment affrontez-vous cette corruption congénitale ? “ Une entreprise de l’Economie de Communion s’engage à respecter les normes éthiques et elle est consciente d’avoir vocation à changer la façon dont les choses se passent, pour être plus en accord avec les valeurs chrétiennes. Il y a quelques années, nous étions prêts à offrir un certain type de prêt qui, nous en étions sûrs, aurait déclenché une demande importante et dégagé de bonnes marges bénéficiaires. Mais lorsque nous nous sommes retrouvés en présence d’un employé du Gouvernement qui nous a demandé un pourcentage sur les intérêts, nous avons dû penser à un autre type de prêt. Aux Philippines, le paiement des impôts dus par des entreprises, grandes ou petites, a presque toujours été inexistant. Nous avons reçu un prix qui nous qualifie comme l’une des cinq premières entreprises pour les impôts versés, dans une région où il y a quelques industries manufacturières beaucoup plus importantes que notre banque ». Vous avez donc renoncé à l’opportunité de bonnes affaires plutôt que de céder à la corruption ? “ Oui, mais nous avons alors découvert la micro finance. On cible les besoins financiers d’une catégorie sociale considérée « hors circuit bancaire ». Nous avons développé ainsi un programme de microcrédit et découvert comment répondre aux besoins d’une tranche de population encore plus grande, même si elle n’est pas aussi simple à gérer que la précédente ». En quoi les critiques du Pape sur la spéculation financière ont-elles touché votre entreprise? “Il dit qu’il faut avoir une plus grande empathie envers les personnes les plus nécessiteuses de la société, et pour nous, dans le secteur du microcrédit, cela nous incite à plus de détermination. C’est un domaine où les affaires sont très difficiles parce que cela exige beaucoup de travail sur le terrain et les jeunes, quand ils font une recherche d’emploi dans le secteur bancaire, imaginent venir travailler dans un cadre très confortable, dans une filiale avec l’air conditionné. Au bout de quelques mois ils décident de ne plus faire un travail aussi exigent. Il reste que pour nous, trouver les personnes adaptées qui restent et aiment leur travail, précisément en raison de cette empathie envers les pauvres, est un grand défi. Nous n’atteignons pas si facilement la norme d’efficacité mais, si l’on veut rester sur le marché on ne peut pas faire moins que de viser au moins celle d’une bonne prestation. Mais le message du Pape est très clair : la seule « affaire » à laquelle nous ne pouvons pas renoncer, c’est le service vital des pauvres ». Source: http://www.wsj.com/articles/BL-252B-6096

Février 2015

Avant de se rendre à Rome – et de là continuer pour l’Espagne – l’apôtre Paul annonce sa visite par une lettre aux communautés chrétiennes de la ville. Bientôt, celles-ci témoigneront par de nombreux martyrs leur profonde adhésion à l’Évangile. Elles connaissent cependant, comme ailleurs, tensions, incompréhensions et même rivalités, provenant d’origines sociales, culturelles et religieuses des plus variées.

Les chrétiens de Rome viennent, en effet, du judaïsme ou du monde grec, de l’antique religion romaine et parfois même du stoïcisme ou d’autres courants philosophiques. Ils portent en eux leurs propres traditions de pensée et de convictions éthiques. Certains sont définis « faibles » en raison de leurs coutumes alimentaires particulières : nourriture végétarienne par exemple ou jours de jeûne prévus sur un calendrier. D’autres, libres de ces conditionnements, sont dits « forts » car exempts de tabous alimentaires ou de rites particuliers. À tous, Paul adresse un appel pressant :

« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu ».

Au début de cette lettre, Paul avait abordé le sujet en s’adressant d’abord aux « forts », les invitant à accueillir les « faibles » sans discuter leurs opinions ; puis aux « faibles » pour qu’ils accueillent à leur tour les « forts » sans les juger, puisqu’eux aussi ont été « accueillis » par Dieu.

Paul est en effet convaincu que chacun, malgré la diversité des opinions et des coutumes, agit par amour du Seigneur. Il n’y a donc aucune raison de mal juger celui qui pense différemment, encore moins de le scandaliser par un comportement arrogant et supérieur. Il faut, au contraire, viser le bien de tous, l’« édification mutuelle », c’est-à-dire la construction de la communauté, son unité (cf. Romains 14,1-23)

Dans ce cas aussi, il s’agit d’appliquer la norme de la vie chrétienne, rappelée au début de la lettre de Paul : « L’amour est (…) le plein accomplissement de la Loi » (Romains 13,10). En ne se comportant plus « selon l’amour » (Romains 14,15), les chrétiens de Rome avaient laissé s’affaiblir l’esprit de fraternité qui doit animer les membres de toute communauté.

L’apôtre propose comme modèle d’accueil réciproque celui de Jésus quand, à sa mort, il prit sur lui nos faiblesses (Romains 15,1-3). Du haut de la croix, il attira tous les hommes à lui, et aussi bien le juif Jean que le centurion romain, Marie-Madeleine ou le malfaiteur crucifié avec lui.

« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu ».

Dans nos communautés chrétiennes aussi, tout en étant tous « bien-aimés de Dieu (…) et saints par l’appel de Dieu » (Romains 1,7), comme dans celles de Rome, les désaccords ne manquent pas, les oppositions entre des façons de voir différentes et des cultures souvent éloignées les unes des autres.

Souvent s’opposent traditionalistes et innovateurs – pour utiliser un langage peut-être un peu simpliste, mais tout de suite compréhensible – des personnes plus ouvertes et d’autres plus fermées, certaines s’intéressant à un christianisme plus social ou plus spirituel. Les différences sont alimentées par des convictions politiques et par des origines sociales différentes. Le phénomène d’immigration actuel ajoute à nos assemblées liturgiques et aux groupes ecclésiaux variés des composantes nouvelles de diversification culturelle et de provenance géographique.

Les mêmes dynamiques peuvent éclater dans les relations entre chrétiens d’Églises diverses mais également en famille, dans les milieux de travail et en politique.

Alors s’insinue la tentation de juger celui qui ne pense pas comme nous et de se considérer supérieurs, dans un affrontement stérile et avec parfois des réactions d’exclusion réciproque.

Le modèle proposé par Paul n’est pas l’uniformité qui nivelle, mais la communion entre diversités qui enrichit. Ce n’est pas par hasard qu’il parle dans la même lettre, deux chapitres avant, de l’unité du corps et de la diversité des membres, ainsi que de la variété des charismes qui enrichissent et animent la communauté (Romains 12,3-13).

Si nous prenons une image donnée par le Pape François, « Le modèle n’est pas la sphère, qui n’est pas supérieure aux parties, où chaque point est équidistant du centre et où il n’y a pas de différence entre un point et un autre. Le modèle est le polyèdre, qui reflète la confluence de tous les éléments partiels qui, en lui, conservent leur originalité. (…) Même les personnes qui peuvent être critiquées pour leurs erreurs ont quelque chose à apporter qui ne doit pas être perdu. C’est la conjonction des peuples qui, dans l’ordre universel, conservent leur propre particularité ; c’est la totalité des personnes, dans une société qui cherche un bien commun, qui les incorpore toutes en vérité ».

« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu ».

Cette parole de vie est une invitation pressante à reconnaître le positif qui existe dans l’autre, au moins par le fait que Christ a donné sa vie aussi pour cette personne que l’on serait porté à mal juger. C’est une invitation à écouter en laissant tomber les mécanismes de défense, à rester ouvert au changement, prêt à accueillir les différences avec respect et amour, afin d’arriver à former une communauté à la fois pluraliste et unie.

Cette parole a été choisie par l’Église protestante d’Allemagne pour être vécue par ses membres et devenir pour eux une lumière tout au long de l’année 2015. La partager au moins durant ce mois-ci entre membres de différentes Églises veut être déjà un signe d’accueil réciproque.

Nous pourrons ainsi rendre gloire à Dieu d’un même cœur et d’une seule voix (Romains 15,6) car, ainsi que l’a dit Chiara Lubich dans la cathédrale protestante de St Pierre à Genève : « Le temps présent (…) exige de chacun de nous amour, unité, communion, solidarité. Il appelle aussi les Églises à recomposer l’unité brisée depuis des siècles. C’est cela la réforme par excellence que le Ciel nous demande. C’est le premier pas, indispensable, vers la fraternité universelle avec tous les hommes et les femmes du monde. En effet, le monde croira si nous sommes unis » .

Fabio Ciardi

Un moine bouddhiste qui annonce la fraternité universelle

Un moine bouddhiste qui annonce la fraternité universelle

201501PeppuccioZanghi(C)CSC

Natalia Dallapiccola, Peppuccio Zanghì, Luce Ardente

Lorsque Luce Ardente a commencé à témoigner de l’Idéal de l’unité aux moines bouddhistes, Giuseppe Maria Zanghì – Peppuccio pour beaucoup, récemment disparu – l’a défini comme “Un nouveau saint Paul pour le bouddhisme.”

Sachant combien il était difficile pour un moine de faire partie d’un mouvement chrétien et étranger, j’avais nourri des doutes à propos de la réalisation concrète de son affirmation. Après exactement 20 ans, je peux dire que ces paroles s’accomplissent.

Tout a commencé en 1995, lorsqu’un moine bouddhiste arrivait pour la première fois au centre du Mouvement des Focolari: il s’appelait, à cette époque, Phra Mahathongrattanathavorn. Il était venu à Rome pour accompagner un disciple, Somjit, qui faisait l’expérience en tant que moine pour une brève période avant le mariage, suivant la tradition de tous les jeunes bouddhistes. Phra Mahathongrat, qui signifie ‘or fin’, a rencontré Chiara Lubich à cette occasion et a été très impressionné. Elle aussi a été touchée par cette personne et lui a donné, à sa demande, un nom nouveau: Luce Ardente (Lumière Ardente).

Jamais je n’avais remarqué chez lui, le connaissant depuis des années, une force et un enthousiasme aussi fort que durant ces jours-là, dans l’annonce la fraternité universelle, l’idéal de ‘maman Chiara’ (comme il l’appelle encore aujourd’hui). Aujourd’hui, lors d’une cérémonie importante, à laquelle il m’a invité, Luce Ardente a demandé la parole devant plus de 120 moines, dont les plus hautes autorités bouddhistes de la région. Il a donné spontanément, mais très clairement, le témoignage de son expérience avec Chiara Lubich et avec le Focolare, et a ouvertement déclaré qu’il est un membre de la grande famille de Chiara, présente dans plus de 120 nations, avec des millions de membres.

20150130LuceArdenteLButoriLes moines ont écouté, pas du tout ennuyés: certains amusés, d’autres intéressés, quelques-uns aussi perplexes, comme il est normal dans n’importe quelle ‘communauté religieuse’. Avant, durant et après la cérémonie, Luce Ardente, souvent au-delà des règles, a voulu saluer chacun, manifestant le plus grand respect et attachement envers les moines les plus âgés.

Luce Ardente aime répéter ces jours-ci: “Le moment est arrivé pour moi de dire à tous les bouddhistes tout le bien que maman Chiara a fait à ma vie comme moine. Je sens qu’elle continue à me donner une impulsion intérieure et une force pour apporter à tous l’idéal de la fraternité entre tous”.

La mort de Peppuccio – qui a beaucoup fait pour le dialogue interreligieux – le début du processus de béatification de Chiara, sont des moments forts et importants, non seulement pour nous chrétiens, mais pour tous les membres du Mouvement. Luce Ardente a déclaré, le lendemain du 14 mars 2008, jour où Chiara quittait cette terre: “Chiara n’appartient plus seulement à vous chrétiens, mais maintenant elle et son idéal sont l’héritage de l’humanité entière”. Ces derniers jours, que je qualifierais de spéciaux, ces faits témoignent que les paroles de Peppuccio s’accomplissent sous nos yeux.

Suivant sur internet la cérémonie d’ouverture de la cause de béatification de Chiara Lubich, Luce Ardente commente: “Maintenant, nous devons témoigner, encore plus, ensemble, de la sainteté de Chiara”.

 

Gabon: une famille pour les autres

Où cela va-t-il bien finir ?

a Villa Achillia

Sœur Mariella Giannini (deuxième à gauche) au centre des religieuses du Mouvement des Focolari à Grottaferrata, Roma

Défendre la vie humaine en situation de fragilité. C’est ce qui anime les Sœurs Hospitalières du Sacré Cœur de Jésus, la famille de sœur Mariella Giannini, une religieuse qui vit de la spiritualité du mouvement des Focolari qui nous livre ici son histoire. « A travers la rencontre avec le charisme de l’unité de Chiara Lubich, raconte-t-elle, j’ai pu retrouver mon identité de religieuse, habitée par le charisme de l’hospitalité, spécifique à notre institut.»

Les Philippines, l’Espagne et l’Italie sont les étapes qui ont marqué mon cheminement. La découverte que « Dieu nous aime immensément » l’a fortement marquée ; et malgré cela arrive assez vite une période de tristesse qu’on voudrait éviter à tout prix, surtout quand on a choisi de donner sa vie d’une façon aussi radicale.

« Il s’agissait d’une forte douleur morale nous confie sœur Mariella, d’un moment d’épreuve et peut-être aussi de tentation ; en tous cas, d’un moment de lutte contre Dieu. L’obscurité est arrivée à l’improviste ; la nuit s’est installée en même temps que le silence d’une mer obscure et profonde … comme un fleuve boueux à traverser. Je me demandais où cela allait finir ; je n’avais plus d’avenir. »

Elle se rappelle avec émotion ces moments terribles et nous confie que malgré l’obscurité, elle n’a pas cessé de se donner aux autres. « Puis, d’une façon inattendue, la rencontre avec le cri de Jésus sur la croix : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Lui qui, de façon absurde est sans réponse, c’est Lui la clef de ma douleur et de toute souffrance humaine. »

Un passage délicat qui a trouvé une issue non pas par la force de la volonté mais dans l’abandon confiant à Dieu. « Dans chaque famille religieuse -continue sr Mariella-, il est inévitable qu’il y ait des problèmes car l’égoïsme n’est jamais pour toujours déraciné. Mais c’est dans ton for intérieur que changent certaines choses. Je l’ai expérimenté d’une façon spéciale avec nos collaborateurs laïcs que je ne regarde plus comme des étrangers ou même comme des personnes qui dépendent de moi, mais comme des frères et des sœurs, avec qui je partage le charisme de l’unité pour réaliser ensemble de nouveaux projets. En outre, Dieu m’a donné aussi une nouvelle famille avec le mouvement des Focolari. Mon cœur s’est dilaté. Le charisme de l’hospitalité et celui de l’unité sont devenus pour moi une unique force, une dynamite qui renouvelle la maison de Dieu : l’Église. »

Elle parle en connaissance de cause, étant donné les responsabilités diverses et délicates qui lui ont été confiées en tant que conseillère provinciale et dans ses déplacements à travers le monde. « L’amour appelle toujours l’amour,  dit-elle avec conviction. J’ai pu le constater et le vivre, puisque, après la charge de provinciale pour l’Italie que la congrégation lui a confiée, elle a été envoyée aux Philippines comme formatrice du juniorat. Cette première formation est une tâche délicate, fascinante et prenante, mais lorsqu’on prend le temps de dialoguer et d’établir un rapport de cœur à cœur, alors je deviens le giron où se déverse toute souffrance passée et présente. Vivre ainsi me fait dépasser les barrières de langue, de culture et de génération ».

Des Philippines elle se rend en Espagne pour préparer les jeunes sœurs aux vœux perpétuels. De retour en Italie, à Viterbo, elle est au service d’un groupe de malades psychiques, alcooliques et de personnes présentant des troubles de comportement. Elle visite régulièrement les détenus dans la grande maison d’arrêt de la ville. Jésus donne beaucoup de joie aussi à ces derniers puisque c’est Lui qui, le premier, a choisi d’être le dernier. Lorsque se rencontrent ces deux pôles : Dieu et l’homme, le rapport s’illumine mystérieusement et les cœurs se réchauffent. »

Pape François : Chiara Lubich, lumineux exemple de vie

Pape François : Chiara Lubich, lumineux exemple de vie

20150127_CarisMendesPX5A2726_800x600L’atmosphère, tintée de solennité et de prière a cependant un air de fête. Après l’intonation des vêpres et des chants, le célébrant annonce, à la surprise pleine de joie des participants, l’arrivée d’un message du Pape François. La missive pontificale porte la signature du Secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin. Elle est adressée à Mgr Raffaello Martinelli, évêque de Frascati, chargé d’ouvrir officiellement le “Procès sur la vie, les vertus, la renommée de sainteté et les signes” de Chiara Lubich. Le diocèse de Frascati est en fait le territoire sur lequel est implanté le Centre international du mouvement des Focolari où Chiara a vécu une grande partie de sa vie et où elle est morte (le 14 mars 2008).

« À l’occasion de l’ouverture de la Cause de béatification et canonisation de Chiara Lubich – dit le message du Pape –, qui a lieu dans la cathédrale de Frascati, Sa Sainteté le Pape François, adresse ses cordiales pensées. Il souhaite que le lumineux exemple de vie de la fondatrice du Mouvement des Focolari suscite en tous ceux qui gardent son précieux héritage spirituel, de nouvelles résolutions d’adhésion fidèle au Christ et de généreux service à l’unité de l’Église.

Le Saint Père invoque d’abondants dons de l’Esprit divin sur tous ceux qui sont engagés dans la postulation. Il exhorte à faire connaître au peuple de Dieu la vie et les œuvres de celle qui, accueillant l’invitation du Seigneur, a allumé pour l’Église une lumière nouvelle sur le chemin de l’unité. Alors qu’il demande de prier pour soutenir son ministère universel de successeur de l’Apôtre Pierre, il envoie, par l’intercession de la Vierge sainte, à vous, Excellence, à la Postulation, à l’Œuvre de Marie tout entière et à tous ceux qui participent à cet événement plein de joie, sa bénédiction apostolique. Du Vatican, 27 janvier 2015 ».

Maria Voce, au nom de tout le mouvement des Focolari dans le monde qui suit l’événement via internet, exprime la gratitude de tous : « Nous voulons avant tout exprimer notre joie, notre émotion, notre surprise pour ce message du Saint Père auquel nous voulons envoyer notre remerciement et l’assurance de notre prière, prière qu’il nous a demandée ; mais aussi l’assurance de notre engagement à continuer la diffusion de cette “lumière nouvelle” qu’il a présentée comme un don de Chiara à l’Église et à l’humanité ».

L’applaudissement des participants a souligné l’immense joie et la gratitude de tout le “peuple focolarino”.

 

 

Chiara Lubich: une nouvelle lumière pour l’Eglise.

Chiara Lubich: une nouvelle lumière pour l’Eglise.

20150127-01

Card. João Braz de Aviz, Jesús Morán et Maria Voce, co-président et présidente des Focolari

En ce mardi 27 janvier, jour où partout dans le monde on fait Mémoire de la tragédie de la Shoah et de toutes celles qui continuent d’ensanglanter notre planète, la cathédrale de Frascati est bondée, malgré l’heure de pointe d’un jour ouvrable. C’est pour que «l’humanité et notre histoire puissent connaître de nouveaux développements de la paix» que Maria Voce souhaite la reconnaissance de la vie exemplaire de Chiara Lubich : précisément parce que son regard et son cœur étaient animés par un amour universel, capable d’embrasser tous les hommes au-delà de toutes les différences, toujours orienté vers la réalisation du testament de Jésus, « Que tous soient Un ».

Un long applaudissement exprime la reconnaissance envers le pape François qui, dans son message, exhorte “à faire connaître au peuple de Dieu la vie et les œuvres de celle qui, en accueillant l’invitation du Seigneur, a suscité pour l’Eglise une nouvelle lumière sur son chemin vers l’unité ». Maria Voce, au nom du peuple des Focolari, assure « l’engagement à continuer de répandre cette lumière nouvelle que le pape a indiquée » en parlant de Chiara.

La retransmission en streaming a permis de suivre l’événement en direct, avec une traduction simultanée en anglais, en français, en espagnol et en portugais : plus de 18000 points ont été reliés, dont certains ont rassemblé des centaines de personnes (comme la Mariapoli Ginetta au Brésil ou la Cité pilote de Loppiano en Toscane – Italie).

Vescovo_di_Frascati

Mons. Raffaello Martinelli, évêque de Frascati

“La tâche qui nous attend n’est pas facile”, déclare l’évêque de Frascati, Mgr Rafaello Martinelli, « mais c’est un service que nous voulons rendre à l’Eglise pour offrir un témoignage de foi, d’espérance et de charité à travers l’œuvre et la vie d’une de ses filles ».

On a pu voir une large représentation internationale, à commencer par les cardinaux Tarcisio Bertone, Ennio Antonelli, Joao Braz De Aviz, Miloslav Vlk, de nombreux évêques parmi lesquels Carlos Tissera de l’Argentine et Brendan Leahy de l’Irlande ; une présence œcuménique avec l’Archimandrite Siméon Catsinas, de l’Eglise orthodoxe de Rome, représentant le Patriarcat œcuménique de Constantinople, et le Père Gabriel, curé de la paroisse orthodoxe roumaine de Rocca di Papa, envoyé par Siluan, l’évêque orthodoxe roumain d’Italie.

Parmi les amis de Chiara Lubich sont présents les fondateurs et représentants d’autres mouvements. Le monde musulman ne manque pas, avec la présence du Directeur de l’Institut Tevere, Cenap Mustafa Aydin (Turquie), témoignant ainsi d’une volonté de poursuivre le dialogue en ce moment difficile. Le Professeur Mizumo, du Japon, est venu représenter le mouvement Bouddhiste Rissho Kosei-Kai. Le drapeau tricolore signale la présence de plusieurs maires des communes limitrophes, une délégation est venue de Trente, la ville natale de Chiara, ainsi que des membres de la famille de la Servante de Dieu.

20150127-02“Chiara nous invite à vivre l’Evangile et à être fidèles à Dieu », raconte Joao, un jeune brésilien, « je pense que nous ne pouvons pas être fidèles sans viser à la sainteté, c’est ce que Dieu veut ». Et Francesca, 13 ans : « Chiara m’a frappée par sa grande foi : il semblerait difficile de transmettre à des jeunes, et pourtant elle nous la communiquait avec une simplicité étonnante »

La cérémonie. C’est par une série d’actes juridiques que l’on ouvre une cause de canonisation, mais, souligne l’évêque de Frascati – « nous voulons les transformer en une méditation ». C’est la raison pour laquelle la cérémonie a commencé par la récitation des Vêpres. La mise en place du Tribunal s’est déroulée dans un climat empreint de ferveur et de solennité. Elle a été précédée de la lecture du « supplice libello », l’acte par lequel le Mouvement des Focolari a demandé en décembre 2013 l’ouverture de la cause. Au cours des six années qui nous séparent de la mort de Chiara Lubich – précise le document – « L’estime de la pureté et de l’intégrité de la vie de la Servante de Dieu, de sa pratique héroïque des vertus, ainsi que des grâces et des faveurs reçues de Dieu à travers son intercession, a grandi de manière continuelle et régulière, elle s’est diffusée toujours davantage parmi les fidèles du monde entier». Ont suivi la lecture du « nihil obstat » de la Congrégation des Causes des Saints et l’installation du tribunal.

C’est Mgr Angelo Amati, délégué de l’évêque, qui conduira l’étape de l’enquête diocésaine, aidé par le Rév. Emmanuele Faweh Kazah, nigérian, comme Promoteur de Justice et par la notaire Patrizia Sabatini, qui a déjà travaillé au cours de ces derniers mois à recueillir une cinquantaine de témoignages, afin de ne pas perdre ceux des premiers « qui, depuis le début, ont permis de témoigner de la beauté et de la possibilité de parcourir ensemble, en unité, le chemin vers l’unique but », tels sont les propos de Maria Voce qui a rappelé au souvenir de tous les premiers compagnons et compagnes de Chiara. Certains étaient présents à la cérémonie.

La postulation désignée par la présidente des Focolari est composée du postulateur, don Silvestre Marques, portugais, et des vice-postulateurs, l’italienne Lucia Abignente et la hollandaise Waldery Hilgeman. Le Tribunal a déjà fixé sa prochaine audience, pour écouter, le 12 février prochain, le témoignage de Maria Voce, la première d’une liste d’environ 100 personnes.

Communiqué de press

La prière d’intercession

Pour revoir la transmission:http://live.focolare.org/reply.asp

 

 

Chiara Lubich Servante de Dieu

Chiara Lubich Servante de Dieu

Cattedrale_FrascatiC’est dans une grande joie, « multipliée par les échos de joie parvenus du monde entier » que Maria Voce, présidente des Focolari, a accueilli la nouvelle de l’ouverture de la cause de béatification de Chiara.L’annonce en a été faite par l’évêque de Frascati, Mgr Raffaello Martinelli, qui a indiqué le 27 janvier comme date pour la cérémonie d’ouverture du procès dans la cathédrale de Frascati. C’est dans son diocèse que Chiara Lubich a vécu une grande partie de sa vie. Elle y est morte en 2008.

C’est ce qu’a expliqué Maria Voce aux micros de Radio Vatican : « J’ai tout de suite communiqué cette joie à tous ainsi que notre gratitude à l’évêque qui s’est vraiment efforcé de suivre avec attention tout le travail préliminaire nécessaire pour arriver à ce moment. Une grande gratitude aussi envers l’Église qui nous permet de montrer la beauté d’une vie engagée comme celle de Chiara. ».

Maria Voce continue, dans l’interview : « elle a toujours rêvé du jour où l’on puisse vraiment parler d’une sainteté de peuple, car elle voyait que l’on devient saints en faisant la volonté de Dieu, ce que Dieu demande à toute personne née sur terre. Son désir n’était pas tant de devenir sainte, personnellement – même si elle avait évidemment présent à l’esprit que la volonté de Dieu est “votre sanctification” – mais son désir était que beaucoup, de nombreuses personnes s’acheminent sur cette voie de sainteté ». Travailler pour que soit reconnue la sainteté de Chiara signifie donc, pour Maria Voce, « travailler pour que soit reconnue cette possibilité, ouverte à tous, de devenir saints ».

Comment le Mouvement des Focolari est-il impliqué sur ce chemin ? « Par un engagement renouvelé afin que l’Église voie dans les disciples de Chiara le témoignage vivant de ce modèle que Chiara a été pour nous et qui continue à l’être ».

MariaVoce_2014« Le témoignage d’affection de si nombreuses personnes envers Chiara Lubich, continue inchangé », commente-t-on de Radio Vatican. « Inchangé et grandissant, pourrais-je dire : c’est un témoignage d’affection qui vient aussi de ceux qui ne l’ont pas connue personnellement. C’est sûr que ceux qui l’ont connue perçoivent que c’est un moment particulier de grâces : je parle aussi bien des autorités de l’Église que des présidents et fondateurs d’autres Mouvements et des personnes d’autres religions et d’autres Églises ».

Et pour les personnes qui devront examiner les documents écrits, les discours, les vidéos, leur mission ne sera pas simple : « Il existe une mer de documents et d’écrits qui ont déjà été remis pour cet examen. Et il y a les vidéos, les enregistrements audio faits par Chiara ; des lettres que Chiara a écrites… Il y a énormément de ‘matériel’ et ce sera sûrement un gros travail pour tout le Tribunal, un engagement qui nous implique nous aussi dans la préparation de ces documents, le mieux possible, afin que l’Église puisse tout examiner ».

En résumé, un mot pour dire la sainteté de Chiara ? « Je dirais, la normalité : on peut être saint en conduisant une vie normale. Les fruits extraordinaires de cette vie normale sont des fruits qui viennent de Dieu, du rapport de Chiara avec Dieu et du rapport normal de Chiara avec son peuple. Vivre normalement une vie extraordinaire : Chiara nous en a donné l’exemple même si, logiquement, il y a eu des moments extraordinaires dans sa vie. Cependant, elle nous a donné l’exemple de la sainteté dans la normalité et non seulement dans les moments extraordinaires ».

Et sur Chiara Lubich, “femme du dialogue”, tellement nécessaire ces jours-ci, elle affirme : « Je pense que dans ce domaine, Chiara a encore beaucoup à dire pour construire des rapports authentiques et profonds entre les civilisations, entre les ethnies, entre les religions, pour s’opposer à cette vague de violence qui semble avoir envahi le monde. Ainsi, l’affirmation de la sainteté d’une personne qui a fait de sa vie un symbole de dialogue, pourrait être un signe en ce moment ».

Interview complète sur Radio Vaticana

Une sainteté  “socialisée”

Une sainteté “socialisée”

IginoGiordaniChiaraLubich

« Ce qui m’était apparu, dans les hagiographies, un résultat d’ascèse laborieuse, réservée à de rares chercheurs, devint patrimoine commun et on comprenait pourquoi Jésus avait pu inviter tous ceux qui le suivaient, à devenir parfaits à la manière du Père : parfaits comme Dieu !

Tout vieux et tout neuf.

C’était une nouvelle disposition, un nouvel esprit. La clé du mystère avait été trouvée : c’est-à-dire qu’on avait fait place à l’amour, trop souvent barricadé : et celui-ci jaillissait, tout comme la flamme, en se dilatant, et grandissait jusqu’à se faire incendie.

Cette ascension à Dieu, pensée inaccessible, était facilitée et ouverte à tous, s’étant retrouvée pour tous, la voie de la maison, avec le sens de la fraternité. Cette ascèse qui paraissait terrifiante (cilices, chaînes, nuits obscures, renoncements), devint facile, car faite en compagnie, avec l’aide des frères, avec l’amour du Christ.

Une sainteté collectivisée, socialisée renaissait (pour utiliser deux expressions qui seront popularisées plus tard par Vatican II) ; tirée de l’individualisme qui habituait chacun à se sanctifier pour soi, en cultivant méticuleusement, avec une analyse sans fond, la propre âme, au lieu de la perdre. Une piété, une vie intérieure, qui sortait des réduits des maisons religieuses, exclusivisme des classes privilégiées, – séparées parfois jusqu’à en être en-dehors, sinon contre, la société, qui est ensuite en grande partie, l’Église vivante – se dilatait sur les places, dans les ateliers et les bureaux, dans les maisons et dans les champs, comme dans les couvents et les cercles de l’Action catholique, partout, en rencontrant des hommes, on rencontrait des candidats à la perfection.

Et donc, l’ascèse était résolue en une aventure universelle de l’amour divin : et l’amour génère lumière ».

« La vie est une unique occasion à exploiter. A exploiter sur terre pour la prolonger dans l’éternité. Pour faire de la terre une anticipation au ciel, en l’insérant dans la vie de Dieu, ici, comme là. Ne pas l’abîmer par des préoccupations d’ambitions et d’avarices, ne pas l’abrutir avec des rancœurs et des hostilités : en la divinisant – en l’élargissant dans le sein de l’ Eternel – avec l’Amour. Et là où est l’amour, là est Dieu. Et chaque moment est exploité par amour, et donc, donner Dieu : c’est en fait absorber Dieu pour soi et pour les autres.

Et dans cette façon de vivre, réside la liberté des enfants de Dieu, pour laquelle l’esprit n’est pas immobilisé par des préjugés. Divisions, oppositions, les barrages à l’esprit de Dieu.

Celui qui vit ainsi ne pense pas à se sanctifier, il pense à sanctifier. Il s’oublie soi-même : il s’en désintéresse. Il se sanctifie en sanctifiant : il s’aime en aimant ; il se sert en servant.

Ainsi, l’œuvre- même de se sanctifier a une tendance sociale : ce continuel fait de donner et de se donner fait de l’élévation des âmes, une œuvre communautaire.

« Soyez parfaits comme mon Père » commande Jésus : et on devient parfaits dans la volonté du Père en s’unifiant entre nous pour s’unifier avec Lui, à travers Christ ».

Source : Centre Igino Giordani

Gabon: une famille pour les autres

Eucharistie et divorcés dans une nouvelle union

20150524-01Nous nous étions préparés au mariage, sûrs de nous engager pour toute la vie. Mais déjà après la naissance de notre fille, il a commencé à sortir seul et moi, qui étais fatiguée à cause du travail et de la maternité, mais aussi amoureuse, je ne me suis pas aperçue immédiatement que quelque chose n’allait pas.

S’en suivront treize ans de mensonges et de disputes, en alternance avec de pseudos éclaircissements et des désillusions continues. Épuisée et au bord de la dépression (je ne pesais plus que 36 kg), j’ai finalement abandonné et j’ai redonné sa liberté à mon mari.

Trois ans après, j’ai retrouvé un de mes amis d’école, lui aussi père séparé. Au début, j’essayais de résister au sentiment que je sentais naître en moi, parce que, si d’un côté le fait de me sentir aimée m’apportait un grand bonheur, d’un autre il me mettait face au problème de ma vie chrétienne. Ce furent des moments très difficiles. Mais, ensuite, les doutes se dissipèrent, parce que je me disais: c’est vrai que je m’étais mariée, convaincue du ‘pour toujours’, mais si l’amour n’est plus réciproque, pourquoi ne pas pouvoir continuer avec une autre personne dans cette vocation à la vie de famille que j’avais depuis toujours ressentie?

Sûrs de notre amour, nous avons décidé de joindre nos deux vies brisées. Après environ deux ans de cohabitation, nous avons eu un enfant, que nous avons fait baptiser et que nous essayons d’éduquer chrétiennement.

Pour mon compagnon – une personne très droite qui se déclare non croyante – le problème de l’intégration dans l’Église n’existe pas. Moi, au contraire, j’ai continué à fréquenter la messe dominicale et, malgré la souffrance, je me suis adaptée aux instructions de l’Église en m’interdisant les sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie. J’aurais pu aller dans une église où je ne suis pas connue, mais, par allégeance, je ne l’ai jamais fait.

Cependant, après quelque temps, cette auto-exclusion a commencé à me peser et je me suis éloignée de la messe et de la vie de la communauté. J’éprouvais, en effet, une forte gêne en voyant les autres se diriger vers l’autel et moi devant rester assise sur le banc. Je me sentais abandonnée, répudiée, coupable.

Après quelques années, grâce au soutien du Focolare, j’ai repris le chemin de foi. ‘Dieu t’aime immensément’, me répétaient-ils. Avec eux, je comprenais que Jésus est mort et ressuscité pour moi aussi, que Lui, dans son amour infini, avait déjà comblé ce gouffre dans lequel j’étais tombé et qu’il n’attendait rien d’autre que je le suive pour le reste de ma vie.

J’ai ainsi découvert que, au-delà de l’Eucharistie, il existe d’autres sources à travers lesquelles rencontrer Jésus. Il se cache dans chaque personne que je rencontre, me parle à travers son Évangile et est présent dans la communauté réunie en son nom. Je le trouve surtout quand je réussis à transformer en amour la douleur causée par l’éloignement de l’Eucharistie.

Je me souviens de la première communion de notre fils. J’étais l’unique parent à ne pas aller jusqu’à l’autel avec lui: une souffrance indéfinissable. En revanche, je peux dire que c’était justement lorsque j’ai perdu l’Eucharistie que j’ai redécouvert le grand don, qui est comme quand tu te rends compte de la valeur de la santé quand on tombe malade.

Le jour où je me présenterai au Père, j’espère que, plus que mes échecs, il regarde ma petite, mais quotidienne tentative d’aimer les autres comme Jésus nous l’a enseigné.”

 

Merci Peppuccio!

Merci Peppuccio!

Peppuccio

Connu tout simplement sous le nom de Peppuccio, longtemps responsable de l’Ecole Abba, le centre culturel des Focolari, Giuseppe Maria Zanghì s’est éteint à l’improviste à l’âge de 85 ans, après une brève maladie, l’après-midi du 23 janvier 2015.

« Lui, qui nous a si souvent parlé du paradis, peut maintenant en profiter pleinement », affirme Maria Voce, présidente des Focolari, au moment de donner la nouvelle de son départ.

Nous rappelons son souvenir par quelques bribes d’une interview qu’il a donnée en 2009 à la revue Città Nuova :

Tu as partagé avec Chiara Lubich les débuts du mouvement Gen, qui rassemblait les jeunes des Focolari. Comment se fait-il qu’elle ait décidé de communiquer aussi à la nouvelle génération ces réalités mystiques connues sous le nom de « Paradis de 49 » ?

“Au fond qu’est-ce que ce ‘Paradis de 49’ ? C’est ce que racontait Chiara par écrit à Igino Giordani sur ce qui se passait en elle durant l’été 1949 à Fiera di Primiero, une période de contemplation au cours de laquelle Dieu imprimait dans son âme, comme au fer rouge, le projet de l’œuvre qui devait naître. Dieu fait de même avec tous les mystiques qui deviennent fondateurs de réalités dans l’Eglise. La caractéristique de 49 est que cette expérience contemplative s’est faite – par participation – avec Chiara et un groupe de focolarines et focolarini qui passaient avec elle une période de vacances et que l’amour de Dieu avait « fondus» en une seule réalité : une fusion, cependant, qui laissait intactes les diverses individualités.

Il s’agit d’une expérience tout à fait originale même sous l’aspect culturel, parce qu’il concerne ce que j’appelle un « sujet collectif ». Toute culture, de fait, naît d’un sujet ; et l’homme d’aujourd’hui est à la recherche justement d’un sujet pour la culture qui doit naître. C’est à mon avis la contribution la plus grande de Chiara à la naissance d’une nouvelle culture, mais tout est encore à découvrir,

Mais, laissons de côté cet aspect sur lequel nous devrons travailler et étudier. Dieu avait ouvert à Chiara la réalité de l’immensité de sa vie en lui faisant comprendre en même temps beaucoup d’aspects de l’Oeuvre qui devait naître. En elle ce n’était pas seulement un souvenir mais une vie toujours présente. Et tu le sentais en restant à côté d’elle ; tu sentais que suivre l’idéal de l’unité ne voulait pas tellement dire connaître une doctrine ou entendre parler de l’expérience faite par une personne, non ; mais entrer dans la réalité où Chiara avait vécu en 49 et qui continuait.

Alors à son avis, les jeunes du mouvement devaient entrer dans le vif de cette expérience à la fois humaine et divine, spirituelle et culturelle, et y rester, en la développant et en la faisant avancer ».

Source : Città Nuova

Albert Rauch: bâtisseur de ponts avec les Eglises orientales et orthodoxes

Albert Rauch: bâtisseur de ponts avec les Eglises orientales et orthodoxes

Ddr.-albert-rauchans la ligne des multiples ouvertures souhaitées par Vatican II, vers la fin des années 60, l’épiscopat allemand entrevoit l’exigence de renforcer les rapports avec l’Orthodoxie. L’évêque Graber de Ratisbonne – qui l’a chargé de développer un tel dialogue – sait qu’il peut compter sur une personne d’une grande compétence qui pourra assumer brillamment un tel rôle : Albert Rauch. Ordonné prêtre et après avoir fini ses études de théologie à la Grégorienne de Rome, grâce à sa sensibilité aiguë pour les rites d’Orient, Albert décide d’ajouter un doctorat au Collège Russicum, où il apprend, entre autres, le grec moderne et le russe. Sa permanence à Rome est une occasion pour lui de connaitre le mouvement des Focolari. Il fait sienne la spiritualité en y découvrant aussi la profonde dimension œcuménique. Très vite il demande d’en faire partie en tant que prêtre focolarino. Pour approfondir la connaissance de l’Orient, Albert fait de longs voyages en Grèce, en Turquie, au Liban, en Syrie, en Israël. Il fait aussi partie d’une délégation officielle qui se rend à Constantinople, à Sofia, Belgrade : ce sont les premières marches d’approche importantes entre ces Eglises sœurs. Le Patriarche Athénagoras est frappé de le voir si jeune, il souligne l’importance, pour les jeunes de l’Orient de pouvoir eux aussi aller en Occident pour s’enrichir mutuellement. C’est ainsi que démarre la possibilité pour les jeunes de diverses Eglises d’Orient de se rendre en Allemagne. On lui confie l’institut des Eglises Orientales qui vient de naitre : Ostkirchliches Institut à Ratisbonne. L’évêque demande à Chiara Lubich qu’à Ratisbonne s’ouvre aussi un focolare féminin, pour l’aider dans cette tâche. 20150123-02Albert, aidé d’un autre prêtre, se prodigue en mille initiatives, en tissant des rapports importants et fructueux panorthodoxes et entre orthodoxes et catholiques. Un dialogue qui, étant donné sa préparation, est profondément théologique et en même temps un « dialogue de la vie », comme lui-même aime l’appeler. En souvenir de l’encouragement d’Athénagoras, il amène souvent ses étudiants, qui viennent de différentes Eglises orientales, en visite à Rome, en organisant des tours en collaboration avec le Centre Un des Focolari. Durant plus de 35 ans, ces étudiants prendront part aux « Semaines œcuméniques » au programme du Centre Mariapoli. Plusieurs parmi eux au cours des années, occuperont des postes de responsabilité dans leur Eglise. Au cours de l’été, en vacances, proche de Rome, il ne manque pas de rendre visite au Centre Un pour partager ses projets et être informé sur les activités du mouvement. Au fur et à mesure, Albert ou mieux le professeur Albert Rauch, commence aussi sa collaboration avec l’Ecole Abba et avec l’Institut Universitaire Sophia. Sa passion dévorante pour la recomposition de l’unité l’avait poussé à apprendre une quinzaine de langues, qui lui ont permis de semer la graine de l’unité en beaucoup de cœurs des nations les plus variées. Son départ est une grande perte pour le monde œcuménique. Son exemple et sa passion pour l’unité des chrétiens sont un stimulant pour tous ceux qui veulent contribuer à la réalisation de la prière de Jésus « que tous soient un ».

Loppiano – Le premier Doctorat h.c. de l’Institut Universitaire Sophia décerné au Patriarche Bartholomée 1er.

Loppiano – Le premier Doctorat h.c. de l’Institut Universitaire Sophia décerné au Patriarche Bartholomée 1er.

Live streaming – Loppiano, 26.10.2015, 17:00 CET PatriarchBartholomewDans la motivation officielle de l’attribution du Doctorat, le président de IUS, le professeur Piero Coda, explique que le Patriarche s’est révélé être un protagoniste convaincu et actif dans le chemin œcuménique vers la pleine unité des chrétiens et dans le dialogue entre personnes de religions et de convictions différentes. En outre il s’est distingué par ses actions en faveur de la justice, de la paix, du respect de l’environnement et de la nature, et cela conformément à la vision de l’humanité, de l’histoire et du cosmos que la tradition spirituelle et théologique de l’Orient chrétien a toujours défendue et continue de défendre. L’histoire des relations fraternelles entre le Mouvement des Focolari et les Orthodoxes remonte à la rencontre extraordinaire de Chiara Lubich avec le patriarche de Constantinople Athénagoras 1er. «C’était le 13 juin 1967 – raconte Chiara. Il m’a accueillie comme s’il m’avait toujours connue. “Je vous attendais”, s’est-il exclamé et il a voulu que je lui raconte les contacts du Mouvement avec les luthériens et les anglicans » Chiara a eu vingt-cinq audiences avec Athénagoras 1er. Ces relations ont ensuite continué avec le Patriarche Démétrios 1er. Et les contacts avec l’actuel patriarche œcuménique Bartholomée 1er participent du même esprit d’estime et d’amitié. Entre-temps la spiritualité du Mouvement a été aussi accueillie par des chrétiens des Anciennes Eglises d’Orient, c’est ainsi que le dialogue s’est développé avec les chrétiens syro-orthodoxes, coptes, éthiopiens, arméniens et assyriens. Cet événement vient compléter la mosaïque des relations d’amitié et de communion avec le Mouvement des Focolari et prend place dans les festivités du 50ème anniversaire de la naissance de la Cité pilote de Loppiano qui ont débuté en septembre 2014 avec LoppianoLab. www.loppiano.it

A Cannes le “Prix Chiara Lubich pour la Fraternité”

A Cannes le “Prix Chiara Lubich pour la Fraternité”

La ville de Cannes a emporté la sixième édition du “Prix Chiara Lubich pour la fraternité. C’est le projet “Vivre ensemble à Cannes” qui a suscité cette logo_cittaperlafraternitareconnaissance en raison d’une série d’initiatives en faveur d’une convivialité pacifique qui a mobilisé des citoyens laïcs et croyants de plusieurs religions. La signature du maire de Cannes en vue de la candidature de sa ville pour le prix arrive le 7 janvier, jour de l’attentat du siège de Charlie Hebdo à Paris. « Il y a le symbole de la haine et il y a le symbole de la paix : nous voulons mettre en valeur celui de la paix » déclare Vladimir Gaudrat, le Père Abbé cistercien, présent avec la délégation française à la remise du Prix. La cérémonie s’est déroulée à Rome, le 17 janvier dernier, au cours d’un congrès sur le thème “Dialogue et communauté, quel lien avec la fraternité?”, organisé par l’Association « Città per la Fraternità » (Ville pour la Fraternité) qui a promu le prix. Le lieu choisi, le Capitole, rappelle l’histoire qui relie la ville de Rome à la personne dont le nom est associé à ce Prix. Le 22 janvier 2000, jour de son 80ème anniversaire, Chiara Lubich recevait en effet la citoyenneté romaine. En 1949, Chiara, établie depuis peu dans la capitale – où elle a vécu pendant dix ans – dans un article intitulé « Résurrection de Rome », décrivait cette ville défigurée par la guerre et par la misère qui mettait à l’épreuve la dignité de ses habitants. Dans cet écrit elle exprimait la volonté de contribuer à ramener la lumière et l’amour dan les maisons, les rues, les établissements scolaires, les lieux de travail, au Parlement, partout. Un souhait qu’elle formula à nouveau en juin 2000. Pour y parvenir elle indiqua une voie, celle de l’art d’aimer, en parfait accord avec le nom de la capitale « ROMA » qui devient « AMOR » si on le lit à l’envers. Un art qui résulte des valeurs de l’Evangile. DSC_1507-560x292De ces intuitions naîtra la conception que Chiara Lubich a de la ville et dont s’inspire l’Association qui regroupe actuellement 140 communes italiennes : autant de lieux de croissance communautaire, tous susceptibles de dilater leurs confins intérieurs et extérieurs à travers le jeu complexe des relations entre habitants et aussi entre citoyens et institutions. « Les villes – explique lors de son intervention Pasquale Ferrara, secrétaire général de L’Institut Européen de Florence – sont depuis toujours des lieux de pluralisme et de diversités, où les différentes associations collaborent avec les institutions locales en vue de résoudre les problèmes » Le cardinal Joao Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée, a aussi témoigné de l’importance de la fraternité pour la vie citoyenne, en rappelant ses expériences au Brésil. « Le Mouvement des Focolari – a-t-il rappelé – m’a appris à m’ouvrir à la diversité, une chose que j’ai pu ensuite expérimenter à Brasilia…jusqu’au moment de mon arrivée à Rome où cette fraternité m’invite à établir des contacts ouverts avec tous » “En ces jours où nous voyons de nombreux conflits ouverts, il nous semblait très important de réfléchir sur le dialogue et la fraternité, dans une communauté en pleine transformation et traversée par de nombreuses sensibilités, de dédier un après-midi à cette question pour envisager comment susciter une nouvelle cohésion sociale », déclare devant les micros de Radio Vatican Lina Ciampi, secrétaire de l’association Città per la Fraternità. « Cannes a présenté un projet à caractère multiculturel et interreligieux, qui mobilise des bouddhistes, des juifs, des musulmans… ce qui semblait très bien correspondre à tout ce que l’Association se propose de faire ». Outre la ville française de Cannes, les communes de San Severino et Tolentino (Marches) ont été primées pour leurs projets en faveur des couches les plus fragiles de leur population, tandis qu’une Mention très honorable a été attribuée à la ville de Trieste pour son projet Education à la Paix qui a permis l’installation du dé de la Paix dans un parc public.

Témoignages des Philippines: une expérience inoubliable!

Témoignages des Philippines: une expérience inoubliable!

20150121-03Les images des récents voyages du pape au Sri Lanka d’abord, et aux Philippines ensuite, ont fait le tour du monde. Ses discours, gestes, phrases, ont été rapportés par beaucoup de journaux dans de nombreuses langues et par les réseaux sociaux qui sont devenus de puissants multiplicateurs de son message de “miséricorde et compassion”, les thèmes centraux qu’il a choisis pour ce voyage historique.

Nous avons encore marqué l’histoire – écrivent-ils depuis Manille – en battant le record d’affluence à l’inoubliable Journée mondiale de la Jeunesse en 1995 avec Jean-Paul II. En effet, durant la messe au Luneta Park, les presque 7 millions de personnes présentes ont à nouveau démontré leur foi et leur amour pour le Saint-Père.”

Le deuxième jour, 40 000 personnes ont participé à la rencontre avec les familles au Mall of Asia, près de la baie de Manille. François a encouragé les familles philippines à “être des sanctuaires de respect pour la vie” et à proclamer la sacralité de la vie de la naissance à la mort.

J’attendais une célébrité – explique Nidj, jeune des Focolarije me suis au contraire retrouvé devant un ‘serviteur’. J’ai ressenti son amour pur, simple et qui parlait avec authenticité. Il est resté humble et lui-même, malgré toute l’attention rivée sur lui.”

Loli Funk: “Avec sa sagesse, il nous a encouragés à vivre une vie chrétienne authentique. Je crois qu’il n’est pas nécessaire d’être catholique pour apprécier son message. Il a touché notre cœur, là où cela fait mal et se ressent le plus. J’ai compris que si nous sommes une famille, une communauté qui prend soin les uns des autres, nous avons plus de possibilités d’y arriver.”

Romé Vital: “Lorsqu’il a parlé aux jeunes à l’Université St-Thomas, il nous a exhortés à vivre la réciprocité: pas seulement donner, mais aussi apprendre à recevoir l’amour de Dieu et des autres. Mettre en évidence la valeur de la réciprocité dans notre vie chrétienne me semble être quelque chose de nouveau.”

20150121-01 Enfin, Jan Co Chua: “En réfléchissant aux événements de ces jours, je me sens comme les disciples d’Emmaüs qui se demandaient ‘N’y avait-il pas comme un feu qui brûlait au-dedans de nous quand il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures?’ (Lc 24,32).”

L’étape la plus émouvante a été la visite aux survivants des zones touchées par les typhons, à Tacloban. “Nous sommes encore dans cette euphorie que l’historique venue de notre Saint-Père le pape François nous a laissée”, écrivent les membres de la communauté locale des Focolari.

“François est le premier pape à avoir visité Tacloban. Sa venue nous a fait ressentir l’amour maternel de Dieu à travers l’Église. Nous nous sommes sentis compris, consolés, après avoir beaucoup souffert ces dernières années. Sa spontanéité dans l’amour nous a surpris: sa décision, malgré le typhon, de célébrer la messe en plein air, avec le vent qui soufflait très fort. Nous avons été très touchés par son homélie, par son humilité, lorsqu’il a dit qu’il n’avait pas de mots face à ces souffrances, et lorsqu’il nous a demandé pardon d’être arrivé un peu en retard…”

La communauté des Focolari a été pleinement impliquée dans la préparation. “L’Église locale nous a confié la préparation du lieu où la messe a été célébrée: la grande esplanade qui pouvait accueillir 120 000 personnes. Face à cette tâche ardue, nous nous sommes fait aider par des adhérents, sympathisants, amis, parents, aussi des autres provinces, et nous avons organisé un plan sur lequel nous avons travaillé pendant trois mois.”

20150121-02Von confesse qu’elle n’allait plus à la messe depuis des années: “Lorsque j’ai été invitée à travailler pour l’événement, j’ai mis tout mon être pour aider. J’ai retrouvé la foi et la famille du Focolare.” Quelques bénévoles préposées à la préparation des lieux écrivent: “Nous pouvions choisir une meilleure place pour voir le pape. Mais nous avons pris les places les plus éloignées pour laisser les premières à d’autres. Mais, à la fin, nous avons quand même pu saluer le pape de très près!”

Aussi les jeunes Gen ont travaillé dans le service d’ordre: “Nous avons cherché à ce que l’amour prévale sur tout: en donnant la préférence aux personnes âgées, à ceux qui venaient de loin (en parcourant beaucoup de kilomètres à pied)… Nous étions très touchés par les paroles du Saint-Père. Nous l’avons salué de près et il nous a souri. Tant de joie pour cette rencontre!”

“La visite du pape François – concluent-ils – a été une expérience unique: être là avec toute la population, en travaillant ensemble 24 heures sous la pluie, le vent violent et beaucoup d’autres désagréments. Ses paroles et l’expérience vécue ne s’effaceront jamais de nos cœurs!”

Chiara Lubich: l’évêque de Frascati ouvre la cause de béatification.

Chiara Lubich: l’évêque de Frascati ouvre la cause de béatification.

Une conception de la sainteté enracinée dans l’évangile, voilà ce qui a nourri sa vie. Chiara Lubich écrivait :« Nous trouvons la sainteté en Jésus, elle fleurit en nous ChiaraLubichparce que nous aimons….Si nous cherchions la sainteté pour elle-même, nous ne l’atteindrions jamais. Aimer, donc, et rien d’autre. Perdre tout, même l’attachement à la sainteté, pour ne tendre qu’à aimer ».

Le choix de la cathédrale de Frascati, fait par Mgr Raffaello Martinelli, souligne l’importance ecclésiale de cet acte pour ouvrir « le Procès concernant la vie, la vertu, les signes et la réputation de sainteté » de Chiara Lubich. Le diocèse de Frascati est le territoire sur lequel se trouve le Centre International du Mouvement des Focolari, à côté duquel Chiara Lubich a passé une grande partie de sa vie et où elle est morte. Sa dépouille repose dans la chapelle du Centre, à Rocca di Papa.

La cérémonie d’ouverture de la “Cause de béatification et canonisation”, appelée Prima Sessio, aura lieu le mardi 27 janvier 2015 ; elle commencera à 16h par la récitation des Vêpres. Elle comportera la lecture du Décret de l’introduction à la Cause et celle du Rescrit du Nihil obstat du Saint Siège, l’installation du trubunal nommé par l’Evêque, suivie des Serments prononcés par l’Evêque, par les membres du tribunal et par ceux de la postulation. A partir de ce moment Chiara Lubich pourra être appélée servante de Dieu.

L’événement pourra être suivi en direct via internet.

C’est par une lettre adressée au Mouvement des Focolari que la présidente Maria Voce annonce avec une grande joie l’ouverture de cette cause, en invitant tous ceux qui vivent la spiritualité de l’unité à être « un témoignage vivant » de tout ce que Chiara a vécu, annoncé et partagé avec de nombreuses personnes, dans un engagement commun sur le chemin d’une « sainteté vécue ensemble ».

L’acheminement de la Cause avait débuté la 7 décembre 2013, jour du 70ème anniversaire de la Fondation des Focolari, avec l’annonce faite par la Présidente Maria Voce de la décision de présenter la requête en bonne et due forme auprès de l’Evêque de Frascati, Mgr Martinelli. Elle exprimait ainsi le souhait de nombreuses personnes désireuses qu’une telle demande soit présentée, dans le but de faire faire grandir chez beaucoup un engagement spirituel et moral en faveur du bien de l’humanité. Les actes canoniques prévus ont été rédigés au cours des mois qui ont suivi.

Le nombre impressionnant de visiteurs venus sur les lieux où elle a vécu et où elle est morte montre à quel point son témoignage continue à rayonner : au cours des six années qui nous séparent de son décès, plus de 120000 personnes y sont passées, provenant de tous les continents et de nombreuses traditions religieuses, des cardinaux, des évêques, des académiciens, des hommes politiques, des familles, des jeunes, des membres d’associations et de mouvements, des personnes sans références religieuses, des enfants et des ados, des adultes en quête d’espérance.

Nous parviendrons à la sainteté, expliquait encore Chiara “Si à la base de notre sainteté (avant toute chose, y compris celle-ci) nous vivons l’amour réciproque: la présence de Jésus au milieu de nous comme condition, moyen et but de notre sanctification.»

Streaming: mardi 27 janvier 2015 ; elle commencera à 16h: http://live.focolare.org
Communiqué de presse

Chiara Lubich, cause de béatification et de canonisation

Nigéria, voyage parmi les réfugiés à Yola

Nigéria, voyage parmi les réfugiés à Yola

20150120-01

Selon les Nations Unies 700000 personnes sont contraintes d’abandonner leur maison à cause des violences qui sévissent dans les Etats nigérians du nord-est. C’est précisément au moment des attentats meurtriers de Paris que le Nigéria a de nouveau occupé l’actualité avec une escalade criminelle dans l’Etat de Borno à l’initiative des extrémistes de Boko Haram. Il a été question de petites-filles kamikazes qui se sont fait exploser sur deux marchés du Pays. La population n’est pas défendue et par ailleurs on se livre à des analyses politiques contrastées où les puissants intérêts économiques liés à l’exploitation du pétrole sont peu démasqués. On attend les élections présidentielles de février ;

Au Nigéria le Mouvement des focolari est présent avec la présence de deux centres à Onitsha (dans le sud du pays) et d’un à Abuja, la capitale. « Après le premier voyage que nous avons fait pour aller à la rencontre des réfugiés issus de la guerre intérieure, nous avons pris davantage connaissance de la réalité de la situation : misère, maladies, famine, sans-abris, manque de vêtements mais surtout des enfants sans lendemains » nous écrivent Georges et Ruth, responsables du Mouvement dans cette nation africaine. Aussi organisent-ils un second voyage au moment de Noël en mobilisant amis, parents et collègues de travail : « Nous avons touché du doigt la générosité de notre peuple : au focolare sont arrivés toutes sortes de dons : argent, nourriture, vêtements, médicaments… et même une voiture avec son chauffeur expert dans l’art d’éviter les zones dangereuses » Ils sont partis à trois : une focolarine infirmière, une autre personne et le chauffeur. Chargés de cadeaux « pour porter la joie de Noël à ces personnes qui, plus que partout ailleurs, ressemblent à l’Enfant-Jésus qui n’a même pas trouvé un endroit digne pour naître »

La situation est précaire et les médicaments ne suffisent pas à couvrir les nombreuses nécessités: “Je suis infirmière professionnelle – raconte Imma – j’ai visité des centaines et des centaines de malades : malnutrition, anémie, malaria et diverses maladies. Nous avons ensuite aidé l’évêque à distribuer de la nourriture à plus de 5000 réfugiés. C’est une situation très douloureuse, et chaque jour de nouveaux réfugiés arrivent » 

“Que ce soit l’année du Oui”, avait souhaité Maria Voce pour 2015, “un oui répété à l’infini, oui à Dieu qui nous demande de répondre à un imprévu, oui à ce prochain qui a besoin de notre amour concret, oui à une douleur inattendue, oui à Jésus qui nous attend dans l’humanité pour être écouté, en transformant la douleur en joie, en vie et résurrection »

Mais qu’est ce que cela signifie dans des situations si tragiques qu’elles ne semblent laisser aucun espoir, comme c’est le cas au Nigéria? « Pour nous c’est un lot quotidien – écrivent encore Ruth et George – en raison des circonstances dramatiques que vit notre Pays. Il y a de nombreuses sources du Mal. Devant ces situations, impossible de rester indifférents. En arrivant dans ces lieux où se trouvent les populations qui souffrent le plus, nous avons comme touché Jésus qui nous répète encore aujourd’hui : « C’est à moi que vous l’avez fait »

Et ils nous font parvenir les remerciements de toute la communauté des Focolari du Nigéria  pour les prières et le soutien qui s’est traduit de nombreuses façons, “surtout en ce moment, et aussi pour l’avant et l’après des prochaines élections présidentielles et législatives ».

Liberté d’expression et ses limites

Liberté d’expression et ses limites

20150119MariaVoceTG1

Tg1, édition de 8 heures- 19 janvier 2015 ( à partir de 8’10” environ)

 A propos des récents massacres survenus à Paris, au Niger et au Pakistan, la présidente des Focolari a publié une déclaration et le 19 janvier, elle est intervenue sur ”Uno mattina” sur le thème du terrorisme, ensuite elle a donné une interview pour le Tg1 de 8 heures. « Le dialogue entre les religions est la vraie réponse gagnante contre la violence », a-t-elle dit en répondant à Letizia Cioffarelli. « Et non seulement le dialogue avec l’Islam, mais, pensons-nous, le dialogue avec n’importe quel homme que nous rencontrons, au-delà de ses convictions religieuses, de toute idéologie qui est la sienne. Nous pensons qu’il faut diffuser une culture de la rencontre, du respect de l’autre comme d’un frère, car il est notre frère, car nous sommes, en tant qu’hommes, des enfants de Dieu. Si on répand cette culture, on peut lutter efficacement contre le terrorisme, autrement, c’est une plante que nous avons désormais laissé trop grandir, justement avec une culture de la méfiance, de la lutte violente, du manque de confiance l’un de l’autre ».   La question des caricatures a reproposé le thème de la liberté d’expression. Comment doit-on la défendre en réalité ? Demande encore la journaliste du Tg1. « Il n’existe pas une liberté qui permette d’offenser les autres, il ne s’agit pas là, de vraie liberté. La liberté est celle qui permet d’aimer l’autre en se donnant complètement. Et donc, si nous voyons dans la limite, la possibilité d’un amour plus grand, nous laissons les autres libres et nous sommes libres nous aussi ».  
20150119MariaVoceUnoMattina

Uno Mattina du 19 janvier – à partir de la minute 21’38” et de la minute 28’33”

Un concept déjà exprimé pendant l’intervention sur Uno Mattina le confirme donc lorsque l’animateur fait référence à l’expression du Pape ” si tu insultes ma mère, tu dois t’attendre à recevoir un coup de poing” : « La forme un peu extrême avec laquelle le Pape s’est exprimé dit bien une chose fondamentale – affirme Maria Voce – c’est-à-dire qu’on ne peut penser avoir une liberté sans limite, car la liberté de la personne a de la valeur dans la mesure avec laquelle elle sert le bien commun ». « Personne parmi nous – continue-t-elle – veut être limité dans sa liberté, mais si cette limite représente un exercice d’amour plus grand, parce que, par amour de l’autre, je me limite dans ce que je pourrais faire (personne ne m’en empêche, mais je me limite par amour), je suis alors vraiment libre ».      

Chiara Lubich: ouverture de la cause de canonisation

Chiara Lubich: ouverture de la cause de canonisation

Chiara-Lubich-01C’est par une lettre adressée au Mouvement des Focolari que la présidente Maria Voce annonce avec une grande joie l’ouverture de cette cause, en invitant tous ceux qui vivent la spiritualité de l’unité à être « un témoignage vivant » de tout ce que Chiara a vécu, annoncé et partagé avec de nombreuses personnes, dans un engagement commun sur le chemin d’une « sainteté vécue ensemble ».

La décision de demander l’ouverture de la cause de canonisation avait été annoncée par Maria Voce le 7 décembre 2013, avec le souhait qu’une telle reconnaissance puisse encourager de nombreuses personnes à s’engager moralement et spirituellement pour le bien de l’humanité.

L’événement du 27 janvier pourra aussi être suivi sur internet: http://live.focolare.org