La vraie liberté se trouve dans l’amour
La vraie liberté se trouve dans l’amour
La vraie liberté se trouve dans l’amour
En octobre 2024, le projet Together WE connect a démarré à Bethléem. Il s’agit d’une formation du mouvement des Focolari qui s’adresse aux jeunes et aux adolescents dans le but de les former à un avenir meilleur en renforçant le tissu social fragilisé. Le programme, d’une durée de trois ans, a débuté avec la participation de cinq écoles du district de Bethléem et de Jérusalem-Est. Environ 300 jeunes âgés de 13 à 15 ans y participent.
Des sessions de formation sont prévues, ainsi que des activités utilisant des méthodes interactives capables d’impliquer et de stimuler les jeunes avec des langages qui leur sont familiers, tels que des ateliers de théâtre, de musique, de photographie et de sport. Au cours de la première année, trois thèmes sont développés : la connaissance de soi, l’estime de soi et le développement personnel. Ensuite, la gestion des conflits, l’ouverture à la rencontre dans le travail de groupe. Enfin, le dialogue intergénérationnel. Chaque thème est associé à une action du dé de la paix afin que chaque thème abordé ait pour effet de le mettre en pratique en créant de nouvelles relations.
Les groupes internationaux Gen Rosso et Gen Verde ont apporté leur contribution grâce à leur expérience dans les domaines de l’art, de la musique, de la danse et du théâtre.
Au cours de la première semaine de mai 2025, un événement a été organisé pour célébrer ces mois de travail. Gen Verde et Gen Rosso, ainsi qu’une centaine de ces jeunes, ont participé à trois jours d’ateliers avant l’événement final qui s’est tenu à Bethléem quelques jours plus tard. « Ce fut une expérience extraordinaire, et nous sommes reconnaissants à Dieu et à tous ceux qui ont collaboré pour ses fruits », racontent les participants.
Comment le projet est-il né ?
De Terre Sainte, ils racontent : « Depuis longtemps, nous avions envie d’apporter notre contribution, afin que notre action ait un impact sur la société, en promouvant des activités qui aient une continuité. Il y a quelque temps, le patriarche de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, a déclaré : « Nous devons vraiment nous engager pour que dans les écoles, les institutions, les médias, les lieux de culte, le nom de Dieu, de frère et de compagnon de vie retentisse ». Cela nous a encouragés à nous concentrer sur les écoles, avec les jeunes. Nous sommes tous conscients de la situation dans laquelle nous nous trouvons, dans laquelle se trouve l’humanité aujourd’hui. Combien de difficultés, combien de souffrances : nous voulons apporter notre contribution afin que les jeunes puissent avoir une perspective différente de celle qu’ils voient chaque jour ».
Photo: https://www.focolare-hl.org/
C’est ainsi qu’est né le projet Together WE connect. L’objectif est de réveiller l’espoir, de nourrir la foi et de promouvoir une spiritualité enracinée dans l’Évangile, chez les jeunes générations, et de former les femmes et les hommes de demain, capables d’être des promoteurs de réconciliation et de dialogue. De jeunes leaders d’une nouvelle culture de coopération, de fraternité, de partage, de citoyenneté active. Une culture de la bienveillance et de la rencontre.
Voici quelques impressions des jeunes : « Je vous remercie de tout cœur car ce que nous faisons nous fait sentir importants, et que notre existence et nos opinions comptent. » « La première chose que nous avons apprise, ce sont les valeurs : l’amour, l’humilité, le pardon et l’entraide. En classe, nous nous sentions comme une seule famille, nous nous comprenons mieux et nous nous aidons davantage. J’ai moi aussi compris comment je pouvais être une lumière pour les autres et j’ai compris que le focolare n’est pas un mot mais un mode de vie ». « J’ai beaucoup aimé l’activité « Together We connect », il y avait de nouvelles personnes, c’était sympa et cela m’a renforcé ». « J’ai mieux appris à me connaître et à connaître les autres grâce à ce projet ». « J’ai appris des méthodes pour résoudre les conflits, écouter et dialoguer ». « Je suis personnellement très sensible, et ce projet m’a fait aimer davantage la vie ». « C’était un projet utile et amusant, par exemple le dialogue entre les générations, quand je l’ai fait avec ma grand-mère, j’ai appris des choses que je ne savais pas auparavant ».
Lorenzo Russo
Revenir à une vie authentique
En regardant la retransmission en direct de la veillée à Tor Vergata, dans la banlieue de Rome, et en voyant ces images d’une immense foule, une question peut se poser : qu’est-ce que ces jeunes sont venus chercher ici ? Être près du pape Léon XIV ? Cela ne me semble pas être une motivation suffisante. Découvrir Rome ? Peut-être, mais ils n’auraient certainement pas choisi ces conditions d’hébergement, de nourriture et de transport. Mais c’est dans le silence profond et prolongé pendant l’heure d’adoration que se trouve la réponse. Ces jeunes venus du monde entier ont été attirés par Jésus, peut-être à leur insu, pour cette rencontre personnelle et communautaire, où Il a sans doute parlé au cœur de chacun d’entre eux, qui rentrent chez eux transformés, avec une foi plus solide, avec une expérience du divin qu’ils n’oublieront jamais.
La semaine du Jubilé dédiée aux jeunes a commencé le 28 juillet et s’est terminée le dimanche 3 août 2025. De nombreuses activités ont été organisées pour accueillir ceux qui venaient à Rome pour vivre ces journées : visites de lieux historiques, de basiliques, événements culturels, concerts, catéchèse.
Le Mouvement des Focolari a également proposé quatre parcours spéciaux à Rome, suivant le Pèlerinage des Sept Églises, conçu par Saint Philippe Néri : un itinéraire historique qui accompagne les pèlerins depuis le XVIe siècle. Un chemin de foi et de communion fraternelle, fait de prières, de chants et de réflexions sur la vie chrétienne, avec des activités de groupe, des catéchèses et des témoignages, aidés par un livret de méditations pour un approfondissement spirituel à la lumière du charisme de l’unité. Le groupe nombreux qui a adhéré à la proposition était composé de jeunes de langue anglaise, hongroise, néerlandaise, italienne, allemande, roumaine, coréenne, espagnole et arabe.
Tout le « voyage » s’est articulé autour de quatre idées clés : pèlerinage (un chemin), porte sainte (une ouverture), espérance (regarder vers l’avenir), réconciliation (faire la paix).
« Espérance » est la parole qui résonne dans le témoignage de Samaher, une jeune Syrienne de 28 ans : « Les années de mon enfance ont été douloureuses, sombres et solitaires. La maison n’était pas un lieu sûr pour une enfant à cause des conflits, ni la société, à cause du harcèlement. J’affrontais tout seule, sans pouvoir en parler à personne, en allant jusqu’à tenter de mettre fin à mes jours à cause d’une forte dépression et de la peur. L’Évangile m’a changée, après que la vie en moi s’était éteinte et que tout était devenu sombre… il m’a redonné la lumière ».
Les catéchèses ont eu lieu au Focolare meeting point et ont été animées par Tommaso Bertolasi (philosophe), Anna Maria Rossi (linguiste) et Luigino Bruni (économiste). « Un regard qui part de l’amour et suscite l’amour, n’est-ce pas là le visage le plus concret de l’espérance ? » est la question provocante posée par Anna Maria Rossi aux jeunes pèlerins.
José, un jeune Panaméen de 18 ans, l’a confirmé dans le témoignage qu’il a partagé au sujet de la période de sa maladie : : « Mon expérience montre que lorsque tu mets en pratique l’art d’aimer, qui consiste à voir Jésus en chacun, à aimer tout le monde, à aimer tes ennemis, à aimer comme toi-même, à s’aimer les uns les autres…, non seulement ta vie change, mais celle des autres aussi. C’est précisément cet art d’aimer, que beaucoup de personnes ont partagé avec moi, qui a créé un équilibre si fort qu’il m’a aidé à ne pas m’effondrer dans les moments difficiles, me soutenant et me renforçant à travers chaque obstacle que j’ai rencontré ».
Laís, du Brésil, n’a pas non plus caché les difficultés rencontrées à cause de la séparation de ses parents : « Il y a eu des moments où je ne comprenais pas pourquoi ils vivaient séparés et où je souhaitais qu’ils se remettent ensemble. Cependant, lorsque j’ai mieux compris ce qui s’était passé entre eux, j’ai pu leur poser des questions sincères, et aucun des deux n’a caché la vérité. Cela m’a aidée à accepter la réalité de notre famille. Aujourd’hui, ils entretiennent une relation amicale et cela, pour moi, est un exemple de maturité, de pardon et d’amour véritable, qui va au-delà des difficultés et des erreurs. Il est possible de recommencer quand on s’engage vraiment ».
Le pape Léon a fait à plusieurs reprises des interventions et des saluts imprévus, comme lors de la messe de bienvenue, où il a tenu à être présent à la fin en parcourant, à bord de la « papamobile », la place Saint-Pierre et la via della Conciliazione, bondées de jeunes, pour les saluer. S’exprimant spontanément, il a déclaré : « Nous espérons que vous serez tous toujours des signes d’espérance. (…) Marchons ensemble avec notre foi en Jésus-Christ et notre cri doit aussi être pour la paix dans le monde ».
Puis, le samedi 2 août, alors que la nature offrait un magnifique coucher de soleil, répondant aux questions des jeunes à Tor Vergata, il a réitéré son appel : « Chers jeunes, aimez-vous les uns les autres ! S’aimer dans le Christ. Savoir voir Jésus dans les autres. L’amitié peut vraiment changer le monde. L’amitié est un chemin vers la paix ». Et il a ajouté : « Pour être libres, il faut partir d’une base solide, du roc qui soutient nos pas. Ce roc, c’est un amour qui nous précède, nous surprend et nous dépasse infiniment : c’est l’amour de Dieu. (…) Nous trouvons le bonheur lorsque nous apprenons à nous donner, à donner notre vie pour les autres ». Et il a indiqué la voie à suivre pour suivre Jésus : « Voulez-vous vraiment rencontrer le Seigneur ressuscité ? Écoutez sa parole, qui est l’Évangile du salut ! Recherchez la justice, en renouvelant votre mode de vie, pour construire un monde plus humain ! Servez les pauvres, en témoignant du bien que nous aimerions toujours recevoir de notre prochain ! ».
Lors de la messe dominicale, le pape Léon XIV a dit aux jeunes que nous sommes faits « pour une existence qui se régénère constamment dans le don, dans l’amour. Et ainsi, nous aspirons continuellement à un « plus » qu’aucune réalité créée ne peut nous donner ; nous ressentons une soif si grande et si brûlante qu’aucune boisson de ce monde ne peut l’étancher ». Il a conclu son homélie par une invitation poignante : « Très chers jeunes, notre espérance, c’est Jésus. (…) Aspirez à de grandes choses, à la sainteté, où que vous soyez. Ne vous contentez pas de moins ».
En les saluant à la fin, il a qualifié ces journées de « cascade de grâce pour l’Église et pour le monde entier ». Réitérant encore son appel à la paix : « Nous sommes avec les jeunes (…) de toutes les terres ensanglantées par les guerres. (…) Vous êtes le signe qu’un monde différent est possible : un monde de fraternité et d’amitié, où les conflits ne sont pas résolus par les armes mais par le dialogue ».
L’expérience unique et irremplaçable du Jubilé des jeunes 2025 touche à sa fin. Au cours de ce voyage incroyable, nous avons marché, chanté, dansé, ri, prié, marché, ri et marché encore… portés par un objectif commun et accompagnés de nombreux compagnons de route. Oui, car au-delà du programme merveilleux qui nous a enrichis culturellement et spirituellement, l’image de milliers de jeunes comme nous qui marchaient restera à jamais gravée dans nos yeux. Si nous avions demandé à certains d’entre eux quel était leur but, ils auraient peut-être répondu quelque chose comme : « Nous allons à l’église Sainte-Marie-Majeure » ou « Nous allons enfin nous reposer », mais je suis tout aussi convaincu que si nous leur avions également demandé comment ils s’y prenaient, ils auraient raconté avec des yeux pleins d’énergie les chansons qu’ils ont chantées, les jeunes avec lesquels ils se sont liés d’amitié et la plénitude d’esprit que cette marche leur a apportée. Au fond, pour nous, le Jubilé a été cela, un chemin comme aucun autre, dans une ville comme aucune
autre, où se rejoignent les rêves, les espoirs, les joies et les peines d’une foule immense, où même si vous marchez seul, vous avez toujours un compagnon à vos côtés, où le monde est à la fois minuscule et immense, où tout crie l’Unité. Nous rentrons chez nous avec un souvenir qui ne s’effacera pas facilement, le souvenir d’un Monde Uni qui se tient par la main et marche, la tête haute et le cœur rempli d’un esprit plus grand.
Mattia, Calabria (Italie)
Carlos Mana (avec la collaboration de Paola Pepe)
Photo © Joaquín Masera – CSC Audiovisivi
Ne pas avoir peur
Œuvrer pour le bien
Être vigilants dans l’amour
Confiance en la Providence
Cet enseignement de Jésus est rapporté par l’évangéliste Luc qui nous le montre avec les disciples en route vers Jérusalem, vers sa Pâque de mort et de résurrection. Sur la route, il s’adresse à eux en les appelant « le petit troupeau »[1], confiant ce qu’il porte lui-même dans son coeur, les attitudes profondes de son âme. Parmi celles-ci, le détachement des biens terrestres, la confiance dans la Providence du Père et la vigilance intérieure, l’attente active du Royaume de Dieu.
Dans les versets précédents, Jésus les encourage à se détacher de tout, même de leur propre vie, et à ne pas s’inquiéter des besoins matériels car le Père sait ce dont ils ont besoin. Il les invite plutôt à rechercher le Royaume de Dieu, les encourageant à accumuler « un trésor sûr dans les cieux »[2]. Certes, Jésus n’exhorte pas à la passivité pour les choses terrestres ou à une conduite irresponsable au travail. Son intention est de nous débarrasser de notre anxiété, de notre inquiétude, de notre peur.
« Car, où est votre trésor, là aussi sera votre coeur » (Lc 12,34)
Le « coeur » désigne ici le centre unificateur de la personne qui donne un sens à tout ce qu’elle vit. C’est le lieu de la sincérité, où l’on ne peut ni tromper ni dissimuler. Il indique généralement les véritables intentions d’une personne, ce qu’elle pense, croit et veut vraiment. Le « trésor » est ce qui a le plus de valeur à nos yeux et donc notre priorité, ce qui, nous le croyons, donne sécurité au présent et l’avenir.
« Aujourd’hui, dit le Pape François, tout s’achète et se paie, et il semble que le sens même de la dignité dépende de ce que l’on obtient par le pouvoir de l’argent. Nous ne sommes poussés qu’à accumuler, consommer et nous distraire, emprisonnés par un système dégradant qui ne nous permet pas de regarder au-delà de nos besoins immédiats ».[3] Mais, au plus profond de chaque femme et de chaque homme, il y a une recherche pressante de ce vrai bonheur qui ne déçoit pas, qu’aucun bien matériel ne peut satisfaire.
Chiara Lubich écrivait : « Oui, il y a ce que tu cherches : il y a dans ton coeur un désir infini et immortel, une espérance qui ne meurt pas, une foi qui traverse les ténèbres de la mort et qui est lumière pour ceux qui croient : ce n’est pas pour rien que tu espères, que tu crois ! Ce n’est pas pour rien ! Tu espères, tu crois pour Aimer ».[4]
« Car, où est votre trésor, là aussi sera votre coeur » (Lc 12,34)
Cette Parole nous invite à faire un examen de conscience : quel est mon trésor, la réalité à laquelle je tiens le plus ? Il peut revêtir diverses nuances comme le statut économique, mais aussi la célébrité, le succès, le pouvoir. L’expérience nous dit qu’il faut sans cesse se remettre dans la vraie vie, celle qui ne passe pas, celle radicale et exigeante de l’amour évangélique :
« Il ne suffit pas au chrétien d’être bon, miséricordieux, humble, doux, patient… Il doit avoir pour ses frères la charité que Jésus nous a enseignée. Car la charité n’est pas une intention de donner la vie. C’est donner la vie »[5].
Chaque prochain que nous rencontrons dans notre journée (dans la famille, au travail, partout), nous devons l’aimer avec cette mesure. Ainsi, nous ne vivons pas en pensant à nous-mêmes, mais en pensant aux autres, en faisant l’expérience de la vraie liberté.
Augusto Parody Reyes et l’équipe de la Parole de Vie
[1] Lc 12, 32
[2] Lc 12,33
[3] Cf. Papa Francesco DILEXIT NOS n° 218.
[4] Cf. C. Lubich Lettere dei primi tempi, Giugno 1944, Città Nuova Editrice 2010, p. 49.
[5] Cf. C. Lubich Conversazione in collegamento telefonico, Città Nuova Editrice 2019, p. 152.
Photo: © Valéria Rodrigues – Pixabay
Le « cœur » est le noyau le plus intime et le plus authentique, le centre unificateur de la personne; c’est ce qui donne sens à tout ce que l’on vit, le lieu de désirs et de choix vitaux qui guident l’existence ; c’est le lieu de la sincérité, où l’on ne peut ni tromper ni dissimuler. Il indique généralement les véritables intentions, ce que l’on pense, ce que l’on croit et ce que l’on veut vraiment.
Cette idée nous invite à nous demander : quelle est la réalité la plus chère à mon cœur? Où est-ce que je place mon espérance, mon énergie, ma vie, mon cœur? La réponse peut prendre différentes nuances : l’amour, le don, les relations avec les autres, mais aussi le statut économique, la renommée, le succès, le pouvoir ou la sécurité personnelle.
La vraie liberté part avant tout du cœur. Les biens purement matériels, tout comme ils s’accumulent, peuvent être anéantis par les aléas de la vie. S’en détacher peut aider à vivre avec un engagement plus profond son travail et son implication quotidienne dans la société, en surmontant l’anxiété, l’agitation et la peur du lendemain.
«Aujourd’hui, disait le pape François, tout s’achète et se paie, et il semble que le sens même de la dignité dépende de ce que l’on obtient par le pouvoir de l’argent. Nous ne sommes poussés qu’à accumuler, consommer et nous distraire, emprisonnés par un système dégradant qui ne nous permet pas de regarder au-delà de nos besoins immédiats » [1]
L’expérience nous dit que nous devons nous remettre sans cesse dans la vie réelle, qui est le meilleur « investissement » dans lequel s’engager. Ne pas penser à soi, mais aux autres, et faire ainsi l’expérience de la vraie liberté.
Le philosophe et humaniste Erich Fromm nous le rappelle en affirmant que «le don est la plus haute expression du pouvoir. Dans l’acte même de donner, je fais l’expérience de ma force, de ma richesse, de mon pouvoir. Cette expérience d’une plus grande vitalité et d’une plus grande puissance me remplit de joie ».[2]
Avant chaque action, demandons-nous quel est le motif qui me pousse à agir de la sorte? Et si nous voyons que nous devons réorienter notre intention, faisons-le résolument. Nous verrons que notre cœur sera libéré des liens et des conditionnements.
[1]Cf. Pape François “Dilexit Nos” no. 218
[2]Erich Fromm The Art of Loving (1956)
Photo: © Alejandra-Ezquerro-Unsplash
Détachement des biens terrestres
Cultivons l’amitié
(…)
La joie des premiers chrétiens (comme du reste celle des chrétiens de tous les temps, de tous les siècles, lorsque le christianisme est compris dans son essence et vécu dans sa radicalité), la joie des premiers chrétiens était une joie vraiment nouvelle, jamais connue jusque-là. Elle n’avait rien à voir avec l’hilarité, l’allégresse, la bonne humeur, elle n’avait rien à voir avec « la joie exaltante de la vie, de l’existence » – comme disait Paul VI -, ni avec « la joie pacifiante – disait-il encore – de la nature », ni avec « la joie du silence ». Ce n’était pas celle-là. Toutes ces joies sont belles…
Mais celle des premiers chrétiens était différente : c’était une joie semblable à cette ivresse qui avait envahi les disciples lors de la venue de l’Esprit Saint.
C’était la joie de Jésus. Parce que, comme Jésus a sa paix, Il a aussi sa joie.
Et la joie des premiers chrétiens, venant spontanément du plus profond de leur être, les comblait entièrement.
Ils avaient trouvé vraiment ce que l’homme d’hier, d’aujourd’hui et de toujours cherche : Dieu, qui – comme nous l’avons vu – le satisfait pleinement. Ils avaient trouvé Dieu, la communion avec Dieu, et cet élément les comblait totalement et les menait à leur pleine réalisation. Ils étaient hommes.
En effet, l’amour, la charité, dont le Christ, grâce au baptême et aux autres sacrements, enrichit le coeur des chrétiens, peut être représenté par une petite plante. Plus elle enfonce ses racines dans le terrain, c’est-à-dire, plus on aime le prochain et plus sa tige pointe vers le ciel : c’est-à-dire, plus les hommes aiment leurs frères, plus augmente en eux l’amour pour Dieu, mais ce n’est pas un amour auquel on croit seulement par la foi, une communion avec Dieu à laquelle on croit seulement par la foi, c’est une communion expérimentée.
Et c’est cela le bonheur, oui, c’est le bonheur : on aime et on se sent aimé. C’était cela la joie des premiers chrétiens (Appl.), c’était cela le bonheur des premiers chrétiens, adultes et jeunes comme vous, qui s’exprimait dans des liturgies merveilleuses, joyeuses et débordantes d’hymnes de louange et d’action de grâces.
(…)
Chiara Lubich
(Pour accéder au texte complet : https://chiaralubich.org/archivio-video-it/la-gioia/)
Photo : © Archivio CSC Audiovisivi
Privilégier les personnes simples et humbles
Choisir l’espérance
Entrer dans la logique de la gratuité
Nous portons en nous un trésor précieux
Le dialogue est fécond
Gratitude et reconnaissance envers Dieu. Ces mots peuvent résumer la multitude de messages reçus du monde entier pour Paolo Rovea. Le 3 juillet 2025, Paolo a terminé sa vie terrestre dans un accident de montagne. Marié à Barbara, ils ont cinq enfants : Stefano, Federico, Francesco, Miriam et Marco.
C’est en 1975 qu’il a découvert l’idéal de l’unité du mouvement des Focolari. « Cela a radicalement changé ma vie », disait-il. Cette année-là, il participe au Genfest à Rome et revient avec le désir de s’engager pleinement avec les Gen, les jeunes des Focolari ; et pendant 14 ans, il s’engage sans ménager son temps ni ses forces, faisant de l’Évangile son mode de vie.
Avec Barbara, elle aussi une gen, ils commencent à envisager de fonder une famille. Les couples de fiancés ou les jeunes familles ont commencé à les considérer de plus en plus comme des points de référence. L’une d’entre elles écrit : « Très attristés par cette perte, nous sommes profondément reconnaissants pour l’amour, l’estime et la confiance que nous avons reçus de Paolo. Reconnaissants pour les nombreuses années de « folies » extraordinaires que nous avons vécues tous ensemble. Avec Barbara, il a marqué l’histoire des Familles Nouvelles – la branche des Focolari qui accompagne les familles -, l’histoire de nombreux couples, dont le nôtre ».
Paolo s’affirme de plus en plus dans sa profession, avec compétence et sensibilité. Il était diplômé en médecine de l’Université de Turin (Italie), avec une spécialisation en oncologie et en radiothérapie oncologique. Dans la même université, il était professeur dans un master pluriannuel. Il avait travaillé comme médecin hospitalier, puis était devenu responsable du Service d’Oncologie et de Radiothérapie oncologique à Turin, jusqu’à sa retraite en 2021. Il avait également obtenu un Master et suivi des cours de perfectionnement en Bioéthique.
En 1989, il sent que Dieu l’appelle sur la voie du focolare et se confie à Danilo Zanzucchi, l’un des premiers focolarini mariés : « Je suis à un moment très important de ma vie : mon travail de médecin devrait devenir définitif ; je me suis marié il y a cinq mois. (…) Je remercie Dieu pour tous les dons qu’il m’a faits : tout d’abord pour l’idéal de l’unité (…), pour ma famille (…) la vie gen (…) ; pour Barbara, ma femme, avec laquelle je vis des mois merveilleux (…) Je t’assure que je pars avec un désir renouvelé de sainteté sur cette voie si unique qu’est le focolare ».
Une vie qui trouve ses racines dans une croissance constante de sa relation avec Dieu.
Beaucoup se souviennent que Paolo refusait rarement une demande ou un besoin ; il était aux côtés de tous ceux qui avaient besoin de lui avec un amour concret. Ses talents et son professionnalisme étaient au service de ceux qui l’entouraient : s’il fallait chanter ou jouer, il chantait et jouait, s’il fallait écrire un texte, il écrivait, s’il fallait donner un avis médical, il était prêt, s’il fallait donner un conseil, il le donnait avec détachement, encourageant les timides et stimulant les indécis. Sa capacité à se rapprocher de la vie de chacun de ceux qui passaient à côté de lui fait qu’au fil du temps, il est perçu par beaucoup comme un véritable frère, un membre de la famille, un ami fidèle.
« Je remercie Dieu pour tous les dons qu’il m’a faits :
tout d’abord pour l’idéal de l’unité (…),
pour ma famille (…) la vie gen (…);
pour Barbara, ma femme, avec laquelle
je vis des mois merveilleux (…)
Je t’assure que je pars avec un désir renouvelé
de sainteté sur cette voie
si unique qu’est le focolare ».
L’engagement de Paolo et Barbara dans les Focolari se développe surtout au sein des Familles Nouvelles (FN). L’un des domaines qui les passionne particulièrement est l’éducation à l’affectivité et à la sexualité. C’est grâce à eux qu’en 2011, en synergie avec les différentes instances de formation du Mouvement des Focolari, un parcours dans ce sens a vu le jour, Up2Me, fondé à partir de la vision anthropologique des Focolari.
Maria et Gianni Salerno, responsables des Familles Nouvelles, racontent : « Même si nous connaissions Paolo et Barbara depuis notre jeunesse, nous avons travaillé en étroite collaboration, quotidiennement, au cours des dix dernières années, au Secrétariat international des Familles Nouvelles. La passion, la générosité, la créativité, l’engagement infatigable avec lesquels Paolo menait tout à bien, toujours attentif aux relations avec chacun, restent pour nous un témoignage formidable et ont toujours été une incitation à aller de l’avant ensemble, pour chercher toujours plus et toujours mieux à être au service des familles dans le monde. Souvent, lorsque nous discutions avec lui de la manière d’aborder les défis de la famille aujourd’hui, afin d’être toujours plus proches de tous, il suggérait des idées innovantes, utiles pour rester en phase avec son temps et les besoins des personnes. Il a beaucoup voyagé avec Barbara et a laissé partout dans le monde une traînée de lumière ».
« Bon nombre des récentes initiatives de Familles Nouvelles – poursuivent les Salerno – ont été suggérées et coordonnées par lui, en collaboration avec Barbara. Le programme Up2me, Format Famille, un programme d’échange et de croissance avec d’autres familles dans la cité pilote internationale des Focolari à Loppiano, et enfin la Loppiano Family Experience, une école de trois semaines pour les animateurs de « Familles Nouvelles » venus du monde entier, toujours à Loppiano.
Merci Paolo !
Lorenzo Russo
Éviter les attitudes de supériorité
Dans l’immeuble
Je montais les escaliers de chez moi quand j’ai pensé à ma voisine d’en face, qui a de gros problèmes de santé. Je n’arrivais jamais à trouver un moment pour elle et, cette fois encore, j’étais tentée de reporter, mais l’idée de le faire pour Jésus m’a donné l’élan nécessaire. En partant, la dame était ravie d’avoir pu discuter un moment avec moi. Ensuite, quelques voisins m’ont retenue : en me voyant, ils voulaient connaître mon avis sur un vieux différend dans la copropriété, toujours non résolu. J’aurais aimé couper court, je devais encore préparer le déjeuner, mais je me suis arrêtée pour écouter les raisons des uns et des autres ; en même temps, je cherchais une solution qui ramènerait l’harmonie dans l’immeuble, mais aucune ne me paraissait réalisable. Peut-être que ce que je pouvais faire, c’était simplement aimer, en les écoutant. Finalement, ce sont eux qui ont trouvé la solution qui convenait à tous. Après les salutations, comme pour me remercier, l’un d’eux est revenu sur ses pas et m’a offert une médaille. Mais pour moi, le plus important, c’était d’avoir tissé une relation avec ces personnes qui n’existait pas auparavant.
(Fulvia – Italie)
Dix ans plus tard
Ce soir-là, j’ai trouvé ma femme affairée à faire la vaisselle. Comment lui dire que la valve mitrale qui me maintenait en vie ne fonctionnait plus, qu’il fallait opérer à nouveau, dix ans après ? La première fois, il y avait eu la douleur de l’idée de la séparation, les enfants que je voyais déjà orphelins… Puis l’acceptation, et enfin la sérénité, prêt à « partir » à tout moment. L’opération avait eu lieu, douloureuse, mais avec une bonne récupération. Mais le plus grand cadeau avait été de sentir Dieu toujours proche de nous, justement à travers la limitation physique qui avait suivi. Entre-temps, contrairement aux pronostics médicaux, le miracle d’une santé « à moitié » stable s’était prolongé. Mais à présent, tout à coup, les palpitations et la fatigue m’avaient ramené à la réalité. Pourtant, je ne perdis pas mon calme, j’embrassai Adita et lui parlai de certaines analyses que le médecin m’avait prescrites. C’était suffisant pour qu’elle comprenne. Elle me regarda avec un sourire. Je lui souris aussi. C’était notre « oui » à ce que Dieu nous demandait. Nous n’avions rien d’autre à faire qu’à nous abandonner encore à lui.
(Annibale – Argentine)
Il n’est plus seul
Depuis mon adolescence, j’ai toujours eu une attention particulière pour les pauvres, les malades, les personnes seules. J’en ai connu beaucoup, parmi eux une dame avec deux fils, rejetés par tous à cause de troubles psychiques. Quand elle est décédée, ils sont restés encore plus seuls, mais ont continué à me considérer comme une personne de la famille : en effet, j’allais les voir de temps à autre, en leur apportant diverses aides. Plus tard, l’un d’eux est aussi parti rejoindre sa mère au Ciel. Il restait F., le frère, que les voisins considéraient comme infréquentable parce que violent. Il ne sortait jamais, et je ne pouvais pas me faire accompagner lors de mes visites, car il n’acceptait personne. Vraie image de Jésus crucifié, j’ai décidé d’aller le voir. Mais avant, j’ai appelé une amie pour qu’elle vienne me chercher si je ne la rappelais pas après 30 minutes. La joie de F. fut immense de me voir chez lui, sans aucune peur : pour lui, c’était le plus beau cadeau qu’il ait jamais reçu, avoir quelqu’un avec qui parler. Depuis ce jour-là, presque chaque soir, il m’envoie un message. Je lui réponds en essayant de lui transmettre de l’espoir. Maintenant, F. n’est plus seul.
(G. – Italie)
Par Maria Grazia Berretta
(extrait de L’Évangile du jour, Città Nuova, année X – n°1, juillet-août 2025)
Photo © Mihaly-Koles-Unsplash
Gratitude
Témoins d’espérance
Intensifier notre prière
Faire le premier pas vers l’autre
L’amour ne calcule pas !
Se mettre au service de chacun
Le groupe artistique international féminin Gen Verde revient avec un nouvel album composé de chansons inédites, de nouveaux titres, de morceaux réarrangés et même de quelques chansons lancées ces dernières années.
« Tutto parla di te – Preghiera in musica » est le titre du nouvel album du groupe né du charisme de l’unité du mouvement des Focolari.
« Tout nous parle de Dieu : la nature qui nous entoure, l’air que nous respirons, les personnes qui passent à côté de nous, les joies et les difficultés, les moments de bonheur profond, mais aussi ceux d’obscurité et de douleur dont Jésus s’est chargé sur la croix. Cet album est le fruit d’une expérience centrale pour le Gen Verde. Chaque note, chaque mot et chaque silence veulent exprimer leur relation avec Dieu, le cœur de tout ce que le Gen Verde est et fait », tels sont les mots qui décrivent l’album et qui résument la raison d’être et l’âme de l’œuvre.
Nancy Uelmen (États-Unis), chanteuse, pianiste et compositrice du Gen Verde, affirme : « Comme le dit Chiara Lubich, fondatrice des Focolari : « La prière : c’est le souffle de l’âme, l’oxygène de toute notre vie spirituelle, l’expression de notre amour pour Dieu, le carburant de toutes nos activités » (Chiara Lubich, Cercando le cose di lassù). Nous voulons donc inviter tout le monde à faire un voyage intérieur ensemble, guidé par chaque morceau de l’album, en espérant qu’il puisse être un instrument de prière en musique, comme il l’est pour nous ».
Comment est née l’idée de cet album ?
« Pour nous, plus qu’un album, c’est une expérience très spéciale, souligne Nancy, car nous avons voulu aller au cœur du Gen Verde, pour ce qu’il est et ce qu’il fait. C’est ce qui inspire notre musique : notre relation avec Dieu. Nous avons donc voulu créer un album sur la prière et la musique, à travers des chansons et quelques morceaux instrumentaux, pour exprimer notre cœur et tout ce que nous sommes et faisons. L’idée est de faire un voyage intérieur : chaque morceau parle d’un aspect de la relation que l’on peut vivre avec Dieu et les uns avec les autres. Comme l’indique le titre, nous pouvons trouver Dieu partout – dans la nature, dans notre prochain, dans notre cœur – ; cet album est donc comme un voyage qui peut nous aider à découvrir cette présence. C’est le fruit d’une expérience centrale pour nous.
Le Gen Verde a son siège à Loppiano, la cité-pilote des Focolari près de Florence (Italie), et est composé de vingt focolarines provenant de 14 pays différents. Un mélange d’internationalité, un entraînement continu à aimer la culture, les traditions et les différents types de musique qui caractérisent les membres de l’équipe. Depuis plus de 50 ans, le groupe voyage à travers le monde pour témoigner que la paix, la fraternité, le dialogue et l’unité sont possibles. Aujourd’hui, avec ce nouveau projet, le voyage se fait à l’intérieur de chacun de nous pour se retrouver soi-même, Dieu et les autres.
L’album est disponible depuis le 6 juin sur toutes les plateformes numériques (Spotify, YouTube, Apple Music, Amazon music, Deezer, Tidal). L’album physique, qui contient un livret avec les paroles des chansons et des méditations pour aider à la prière, est disponible sur le site Made in Loppiano.
Lorenzo Russo
Redécouvrir la valeur de l’autre
Aller vers ceux qui souffrent
Donner sa vie pour Dieu et le prochain
Avoir le courage de dépasser les préjugés
Le 16 juillet est une date significative pour le Mouvement des Focolari. C’est en effet l’anniversaire du Pacte d’unité entre Chiara Lubich, la fondatrice des Focolari, et Igino Giordani, qu’elle considérait comme le Co-fondateur du Mouvement.
C’était le 16 juillet 1949.
Voici le message que la Présidente des Focolari, Margaret Karram, a adressé aux membres du Mouvement dans le monde, à l’occasion de cette célébration.
Pour en savoir plus sur l’origine et la signification du Pacte d’unité, cliquez ici.
Perdre du temps pour le prochain
Un homme, un époux, un père ; un professionnel infatigable, un chrétien : ce ne sont là que quelques-unes des qualités qui décrivent Giulio Ciarrocchi, focolarino marié qui, il y a quelques jours, après des années de maladie, est monté au Ciel. Un exemple de grande confiance dans le dessein que Dieu avait imaginé pour lui.
Giulio naît à Brooklyn (USA), d’Andrea et Romilda. Sa sœur Maria Teresa l’attend déjà. Après un an, la famille retourne à Petritoli, un charmant village des Marches, région du centre de l’Italie. Giulio poursuit ensuite ses études à Fermo, une ville voisine. Son père lui transmet sa passion pour le chant, ce qui l’amènera à composer des chansons dans sa jeunesse. Il est actif dans la chorale et d’autres activités locales, entouré de nombreux amis. C’est l’époque de 1968-69, en pleine contestation étudiante. Giulio raconte :
« Tout était remis en question en moi. Je contestais ouvertement tout et tout le monde, rien ne me satisfaisait. »
À 22 ans, il découvre la spiritualité de l’unité de Chiara Lubich : « Une lumière très forte m’a ouvert les yeux à l’amour évangélique », disait-il. « J’ai commencé par les choses simples, comme saluer les gens : l’autre n’était plus un inconnu, Jésus vivait en lui. Avant, je fréquentais seulement des personnes ayant les mêmes intérêts que moi. À présent, je voyais aussi les pauvres, les marginalisés. Je me souviens d’une vieille femme très pauvre, évitée par tous car elle répétait toujours les mêmes choses et ne se lavait jamais. Maintenant, je la saluais, je la prenais en voiture pour l’amener où elle devait aller. Quand elle est tombée malade, j’allais la voir chaque jour à l’hôpital jusqu’à sa mort. »
Ou ce jeune homme handicapé, rejeté par sa famille et hospitalisé après une tentative de suicide. « Je lui ai montré de l’amitié, l’ai aidé peu à peu à retrouver confiance en la vie, à renouer avec sa famille, à trouver un emploi. Je ressentais une telle joie, une telle liberté, que tout le reste passait au second plan. »
Giulio vit ensuite des années d’engagement intense au sein du Mouvement Gen, les jeunes des Focolari, où il fait de l’Évangile son style de vie. Il est fasciné par les valeurs auxquelles il croit et pour lesquelles il s’engage aux côtés des autres jeunes : la justice, l’égalité, l’amitié.
Diplômé en économie, il rencontre Pina à 26 ans. Ils se marient et s’installent à Ancône (région des Marches). Trois ans plus tard, on leur propose de déménager à Grottaferrata (près de Rome) pour soutenir le Secrétariat international de Familles Nouvelles. Giulio passe un concours pour une banque à Rome, et dès qu’il le réussit, il part avec Pina et leurs filles Francesca et Chiara (Sara naîtra plus tard) pour Grottaferrata. C’est en 1979.
Tandis que Pina, également focolarine mariée, travaille à plein temps au Secrétariat de Familles Nouvelles, Giulio, en parallèle de son travail, s’implique dans de nombreuses activités : aide lors de rencontres internationales, témoignage de leur vie conjugale et spirituelle avec Pina auprès de fiancés, jeunes couples, enfants, jeunes ou lors de conférences œcuméniques. Leur maison est souvent ouverte pour accueillir des familles venues du monde entier de passage au centre international des Focolari — une expérience enrichissante pour toute la famille.
En 1993, l’ensemble du Secrétariat FN lui demande unanimement de présenter le Familyfest, grand événement mondial organisé au Palaeur de Rome, grâce à son empathie chaleureuse et sa prestance.
Avec Pina, ils sont cofondateurs de l’AMU (Action Monde Uni) et d’AFN (Action pour Familles Nouvelles). Ils participent également, pendant deux ans, au Bureau national pour la pastorale familiale de la Conférence épiscopale italienne (CEI).
En mai 1995, tout bascule. Giulio est victime d’un AVC. Il s’en sort grâce à des soins rapides et à une force d’âme remarquable pour supporter les longues hospitalisations et séances de rééducation. Quelques mois plus tard, il écrit à des amis:
« Le jour où je suis entré dans cette clinique, la lecture de la messe parlait d’Abraham, invité par Dieu à quitter sa terre pour aller là où Il le conduirait. J’ai ressenti que cet appel m’était adressé. Pendant toutes ces années, j’avais réussi, non sans peine, à trouver un équilibre. Cette maladie l’a détruit. Je dois en trouver un nouveau, et j’ai demandé à Dieu où Il voulait me mener. Recommencer à zéro m’effrayait un peu. Mais Jésus m’a donné la réponse et la force d’avancer. »
L’expérience de la maladie devient une redécouverte de la relation avec le Père :
« Je vis une magnifique expérience de relation avec Dieu et avec la communauté, même dans la douleur physique, qui, je t’assure, est vraiment secondaire par rapport aux immenses dons que j’ai reçus. »
Giulio ne s’est jamais remis. Ses conditions se sont détériorées jour après jour. Sa vie, ainsi que celle de sa famille, a été mise à rude épreuve, mais leur unité, en particulier celle du couple, est restée si réelle et inébranlable, si joyeuse et féconde, que Chiara Lubich elle-même l’a scellée par ces paroles du Psaume: « En Lui nos coeurs trouvent leur joie» (Ps 33,21).
Pendant sept ans, Giulio continue à travailler à la banque malgré les difficultés, jusqu’à la retraite, soutenu par ses collègues. Mais son engagement pour les familles ne s’arrête pas : il continue, avec Pina, à œuvrer, prier et offrir jusqu’au bout, convaincu que Pina est expression de la réalité d’unité entre eux.
« L’analyse a révélé un cancer à traiter par radiothérapie. Je redis mon “oui” à Jésus. Certains diront que Dieu s’acharne sur moi, étant donné que cela fait déjà 12 ans que je vis une période difficile de l’après AVC. Je pense au contraire qu’Il m’aime beaucoup et je Le remercie pour le privilège de participer à son mystère d’amour pour le bien de l’humanité. »
En mai 2025, Giulio et Pina célèbrent 30 ans de maladie. Oui, célèbrent — non parce que tout serait surmonté, mais parce que, selon les mots de Giulio, « ce furent des années de grâces ». Sa mémoire commence à décliner, mais sa vie spirituelle reste intense :
« Je vis dans le présent, disait-il le 2 février 2025, et je regarde vers le haut. Jésus me dit : “Ne t’inquiète pas, je suis là, derrière toi.” »
Et le 25 juin, jour d’anniversaire de Pina, dans un moment de lucidité, il lui dit : « Tu as toujours tout fait très bien, je te souhaite de faire encore mieux ! »
Le dernier jour, alors qu’ils attendent l’ambulance, après avoir récité trois Ave Maria ensemble, Giulio conclut : « Marie très pure, toi, aide-nous. »
Giulio a été un cadeau pour tous ceux qui l’ont rencontré, de très nombreux messages de gratitude sont arrivés de parents, collègues, amis de plusieurs coins du monde.
Ses filles, après les funérailles, témoignent des nombreux dons grâce auxquels, Giulio, de par son existence, a comblé les autres:
« Ce que nous aimerions partager, c’est sa capacité à reconnaître la beauté. Pas la beauté esthétique ou superficielle, mais celle qu’on découvre en profondeur, quand on dépasse la peur d’accueillir la vie avec le cœur. Cette beauté invisible mais puissante, qui se cache dans les mailles de l’existence, qui est lumière dans la douleur, joie dans la maladie.
C’est cette beauté que papa nous a fait expérimenter à travers ses nombreuses passions — l’art, la photographie, la musique, le théâtre, les voyages, la mer… Des passions qui sont aujourd’hui les nôtres, et qui nous permettent de regarder le monde avec ouverture et confiance, comme il l’a fait jusqu’au bout.
Cher papa, souvent nous avons pensé que la vie n’a pas été gentille avec toi, mais cette gentillesse que tu n’as pas reçue, c’est toi qui l’as donnée à ta vie et à la nôtre.
Dans ces dernières années, ton monde physique s’est rétréci, mais ton monde intérieur s’est dilaté, nous apprenant la gratitude pour chaque jour vécu. »
La redazione con la collaborazione di Anna e Alberto Friso
Nous partageons ci-dessous une vidéo-interview réalisée par le Centre audiovisuel Santa Chiara de Giulio et Pina : « Retomber amoureux jour après jour »
Disponibles pour écouter
Prêt(e)s à aimer
Savoir prendre des risques pour l’autre
Apprendre des autres
Regarder au-delà de nous-mêmes
“Toucher“ les blessures des personnes
Se faire proche
Pardonner les torts subis
Voir nouvelles les personnes avec lesquelles nous vivons
Tous les cinq ans a lieu l’Assemblée Générale de l’Œuvre de Marie, le Mouvement des Focolari.
La prochaine aura lieu du 1er au 21 mars 2026.
Une occasion pour répondre à la vocation des Focolari : vivre pour l’unité. Il s’agit d’un des événements les plus importants : au cours de l’Assemblée, seront choisis les nouveaux dirigeants des Focolari et les travaux donneront l’occasion de dialoguer sur des idées, des propositions et des motions qui constitueront les lignes directrices du Mouvement pour le prochain quinquennat.
Le parcours de préparation commence : nous sommes tous appelés à apporter notre contribution.
Margaret Karram, Présidente des Focolari, explique dans ce message vidéo comment nous pouvons nous préparer de façon synodale.
Pour mieux comprendre ce qu’est l’Assemblée, comment elle se déroulera et comment se préparer à ce rendez-vous important, voici une vidéo accompagnée d’infographies.
L’amour donne un sens à tout
Viens, frère exilé, embrassons-nous. Où que tu sois, quel que soit ton nom, quoi que tu fasses, tu es mon frère. Que m’importe que la nature et les conventions sociales s’efforcent de te détacher de moi, avec des noms, des spécifications, des restrictions, des lois ?
Le cœur ne se retient pas, la volonté ne connaît pas de limites, et par un effort d’amour, nous pouvons franchir toutes ces cloisons et être réunis en famille.
Ne me reconnais-tu pas ? La nature t’a placé ailleurs, autrement fait, dans d’autres frontières, tu es peut-être allemand, roumain, chinois, indien… Tu es peut-être jaune, olivâtre, noir, bronze, cuivreux… mais qu’importe.
Tu es d’une autre patrie, mais quelle importance ? Lorsque ce petit globe encore incandescent s’est consolidé, personne n’aurait pu imaginer que pour ces excroissances fortuites, les êtres s’entretueraient pendant longtemps.
Et aujourd’hui encore, face à nos arrangements politiques, il te semble que la nature ne cesse de nous demander la permission de s’exprimer à travers les volcans, les tremblements de terre, les inondations ? Et te semble-t-il qu’elle se soucie de nos disparités, de nos apparences et de nos hiérarchies ?
Frère inconnu, aime ta terre, ton fragment d’écorce commune qui nous tient debout, mais ne déteste pas la mienne. Sous tous les oripeaux, sous toutes les classifications sociales aussi codifiées soient-elles, tu es l’âme que Dieu a créée sœur de la mienne, de celle de tout autre (unique est le Père), et tu es comme tout autre homme qui souffre et que peut-être tu fais souffrir, tu as besoin d’énergie, tu vacilles, tu es fatigué, tu as faim, tu as soif, tu as sommeil, comme moi, comme tout le monde.
« Frère inconnu, aime ta terre, ton fragment d’écorce commune qui nous tient debout, mais ne déteste pas la mienne. (…)
En toi je reconnais le Seigneur. Lève-toi, et désormais, frères que nous sommes, embrassons-nous. «
Tu es un pauvre pèlerin à la poursuite d’un mirage. Tu te crois le centre de l’univers, et tu n’es qu’un atome de cette humanité qui avance péniblement plus entre les douleurs qu’entre les joies, de millénaires en millénaires.
Tu es une non-entité mon frère, alors unissons nos forces au lieu de chercher l’affrontement. Ne flatte pas, ne sépare pas, n’accentue pas les marques de différenciation imaginées par l’homme.
Ne gémiras-tu pas en naissant comme moi ? Ne gémiras-tu pas en mourant comme moi ? L’âme reviendra, quelle que soit l’enveloppe terrestre, nue, égale. Viens ! De l’au-delà de toutes les mers, de tous les climats, de toutes les lois, de l’au-delà de tous les compartiments sociaux, politiques, intellectuels, de l’au-delà de toutes les limites (l’homme ne sait que circonscrire, subdiviser, isoler), viens, mon frère.
En toi je reconnais le Seigneur. Lève-toi, et désormais, frères que nous sommes, embrassons-nous.
Igino Giordani
in: Rivolta cattolica, Città Nuova, 1997 (ed. Piero Gobetti, Torino, 1925)
Edité par Elena Merli
Photo: © CM – CSC Audiovisivi
Découvrir dans la journée l’amour du Père
Être capable de proximité
Martine est dans une rame de métro d’une grande ville européenne. Tous les passagers sont concentrés sur leur téléphone portable. Elle s’interroge : « Mais ne sommes-nous plus capables de nous regarder dans les yeux ? »
C’est une expérience courante, surtout dans les sociétés riches en biens matériels, mais de plus en plus pauvres en relations humaines, alors que l’Évangile revient toujours avec sa proposition originale et créative, capable de » faire toutes choses nouvelles « [1].
Dans le long dialogue avec le docteur de la loi qui lui demande ce qu’il faut faire pour hériter de la vie éternelle[2], Jésus répond par la célèbre parabole du bon Samaritain : un prêtre et un lévite, figures éminentes de la société de l’époque, voient un homme attaqué par des voleurs sur le bord de la route, mais ils passent leur chemin.
« Mais un Samaritain qui était en voyage arriva près de l’homme : il le vit et fut pris de pitié »
Au docteur de la Loi, qui connaît bien le commandement divin de l’amour du prochain[3], Jésus propose comme modèle un étranger, considéré comme un schismatique et un ennemi : il voit le voyageur blessé, mais il est envahi par la compassion, un sentiment qui naît de l’intérieur, des profondeurs du cœur humain. Il interrompt donc son voyage, s’approche de lui et prend soin de lui.
Jésus sait que chaque personne humaine est blessée par le péché, et c’est précisément sa mission : guérir les cœurs avec la miséricorde de Dieu et le pardon gratuit, afin qu’ils soient à leur tour capables de proximité et de partage.
« […] Pour apprendre à être miséricordieux comme le Père, parfait comme lui, il faut se tourner vers Jésus, pleine révélation de l’amour du Père. […] L’amour est la valeur absolue qui donne sens à tout le reste, […] qui trouve sa plus haute expression dans la miséricorde. La miséricorde qui nous aide à voir les personnes avec lesquelles nous vivons chaque jour en famille, à l’école, au travail, sans nous souvenir de leurs fautes, de leurs erreurs ; qui nous fait non pas juger, mais pardonner les torts que nous avons subis. Et même jusqu’à les oublier »[4]
« Mais un Samaritain qui était en voyage arriva près de l’homme : il le vit et fut pris de pitié »
La réponse finale et décisive s’exprime dans une invitation claire : « Allez et faites de même »[5]. C’est ce que Jésus répète à quiconque accueille sa Parole : se faire proche, en prenant l’initiative de « toucher » les blessures des personnes rencontrées chaque jour sur les routes de la vie.
Pour vivre la proximité évangélique, demandons d’abord à Jésus de nous guérir de la cécité des préjugés et de l’indifférence, qui nous empêchent de voir au-delà de nous-mêmes.
Ensuite, apprenons du Samaritain cette capacité de compassion qui le pousse à mettre sa propre vie en jeu. Imitons sa capacité à faire le premier pas vers l’autre et sa disponibilité pour l’écouter, pour faire nôtre sa douleur, sans jugement et sans le souci de « perdre du temps ».
C’est l’expérience d’une jeune Coréenne qui raconte ceci : « J’ai essayé d’aider un adolescent qui n’était pas de ma culture et que je ne connaissais pas bien. Pourtant, même si je ne savais ni quoi ni comment faire, j’ai eu le courage d’essayer. Et, à ma grande surprise, j’ai découvert qu’en offrant cette aide, je me suis trouvée « guérie » de mes blessures intérieures ».
Cette Parole est une clé d’or pour mettre en œuvre l’humanisme chrétien. Elle nous fait prendre davantage conscience de notre humanité commune dans laquelle se reflète l’image de Dieu. Elle nous invite à aller au-delà de la proximité seulement physique et culturelle. Il devient alors possible d’élargir les frontières pour arriver à « tous » et redécouvrir les fondements mêmes de la vie sociale.
D’après Letizia Magri et l’équipe de la Parole de vie
Photo © John-Lockwood – Unsplash
[1] Cf. Ap 21,5.
[2] Cf. Lc 10, 25-37.
[3] Dt 6,5; Lv 19,18.
[4] C. Lubich, Parola di Vita giugno 2002, in eadem, Parole di Vita, a cura di Fabio Ciardi, (Opere di Chiara Lubich 5), Città Nuova, Roma, 2017, p.659.
[5] Lc 10,37.