Mouvement des Focolari
MilONGa : un réseau de jeunes volontaires à l’impact mondial

MilONGa : un réseau de jeunes volontaires à l’impact mondial

Dans le monde surgissent des espaces où la fraternité se cultive avec détermination. L’un d’entre eux est MilONGa, un projet qui s’est imposé comme une initiative clé dans le domaine du volontariat international, avec l’objectif de promouvoir la paix et la solidarité par des actions concrètes.

Avec ces actions, MilONGa propose l’alternative suivante : faire l’expérience de la solidarité à la première personne, dans le cadre d’actions qui transcendent les frontières culturelles, sociales et géographiques.

Son nom, qui dérive de « Mille organisations non-gouvernementales actives », est bien plus que celui d’un projet. Il s’agit d’un réseau qui réunit des jeunes d’organisations de différentes parties du monde, leur donnant la possibilité de s’ impliquer activement dans des actions sociales, éducatives, environnementales et culturelles. Depuis sa création, le programme s’est développé en tissant une communauté mondiale qui se reconnaît en des valeurs partagées : paix, réciprocité et citoyenneté active.

Ce qui distingue MilONGa est non seulement la diversité de ses missions ou la richesse de ses activités, mais aussi le type d’expérience qu’elle propose : une profonde immersion dans les réalités locales, où chaque volontaire n’est pas là, en premier lieu, pour « aider », mais pour apprendre, échanger, construire ensemble. Il s’agit d’un chemin de formation intégrale : il transforme à la fois ceux qui le vivent et les communautés qui les accueillent.

Les pays, où ces actions peuvent être réalisées, sont aussi divers que les jeunes qui y participent, ils couvrent différentes latitudes : Mexique, Argentine, Brésil, Bolivie, Colombie, Équateur, Paraguay, Uruguay et Pérou en Amérique, Kenya en Afrique, Espagne, Italie, Portugal et Allemagne en Europe, Liban et Jordanie au Moyen-Orient.

Dans chacun d’eux, MilONGa collabore avec des organisations locales engagées dans le développement social et la construction d’une culture de paix, en offrant aux volontaires des opportunités de service qui ont un impact réel et durable.

Derrière MilONGa, il y a une solide trame d’alliances internationales. Le projet est soutenu par AFR.E.S.H., project, cofinancé par l’Union européenne, ce qui lui permet de consolider sa structure et d’étendre son impact. De plus, il fait partie de l’écosystème de New Humanity, organisation internationale engagée dans la promotion d’une culture d’unité et de dialogue entre les peuples.

Une histoire qui laisse son empreinte

Francesco Sorrenti était l’un des volontaires qui ont voyagé en Afrique pour le programme MilONGa. Sa motivation n’était pas seulement le désir d’« aider », mais un besoin plus profond de comprendre et de se rapprocher d’une réalité qu’il sentait lointaine. « C’était quelque chose qui était en moi depuis des années : une profonde curiosité, presque une urgence de voir de mes propres yeux une réalité que je sentais lointaine et d’essayer de m’en rapprocher », dit Francesco à propos de son expérience au Kenya.

Celle-ci fut marquée par des moments qui le transformèrent. L’un d’entre eux fut sa visite à Mathare, un bidonville de Nairobi. « Lorsque quelqu’un m’a dit : ‘Regardez, mes parents vivent ici. Je suis né ici, mes enfants aussi. J’ai rencontré ma femme ici, et nous mourrons probablement ici’, j’en ai ressenti une très forte impuissance. J’ai compris qu’avant de faire quoi que ce soit, il fallait prendre du temps. Que je n’étais pas là pour arranger les choses, mais pour observer, pour ne pas leur tourner le dos. »

Il a également vécu des moments de lumière dans son travail avec les enfants d’une école du lieu. « La joie de ces enfants était contagieuse, physique. Il ne fallait pas beaucoup de mots : il suffisait d’être là, de jouer, partager. C’est alors que je compris qu’il ne s’agissait pas de faire de grandes choses, sinon simplement d’être présent », raconte-t-il.

Deux ans après cette expérience, Francesco en ressent encore l’impact. « Ma façon de voir les choses a changé : maintenant je valorise davantage ce qui compte vraiment, en appréciant la simplicité. Cette expérience m’a aussi laissé une sorte de force, une ténacité intérieure. En toi demeure une espèce de résistance, comme celle que j’ai vue dans les yeux de ceux et celles qui, à l’aube, voulaient tout faire, tout en n’ayant rien ».

Des rencontres qui multiplient l’engagement

En avril 2025, MilONGa a participé au congrès international “Solidarity in Action, Builders of Peace” qui s’est tenu dans la ville de Porto, au Portugal. Cette rencontre fut organisée conjointement par AMU (Azione per un Mondo Unito), New Humanity NGO et le Mouvement des Focolari du Portugal, réunissant de jeunes leaders du monde entier liés aux programmes Living Peace International et MilONGa.

Pendant trois jours, Porto est devenu un laboratoire de dialogue et d’action, au cours duquel les jeunes participant-e-s échangèrent leurs expériences, partagèrent leurs bonnes pratiques et construisirent des stratégies communes pour renforcer leur engagement d’agent-e-s de paix. MilONGa joua un rôle clé, non seulement par la participation active de ses volontaires, mais aussi par la création de synergies avec d’autres réseaux de jeunes, engagés en faveur de la transformation sociale.

L’un des moments les plus marquants du congrès fut l’espace pour des ateliers de collaboration, où les participant-e-s conçurent des projets concrets à impact local et mondial.

MilONGa se définit non seulement par ce qu’il fait, mais par l’horizon qu’il propose : un monde plus juste, plus uni, plus humain. Un monde où la solidarité n’est pas un slogan, mais une pratique quotidienne ; où la paix n’est pas une utopie, mais une responsabilité partagée.

Manuel Nacinovich

Renaître des ténèbres : un appel à l’unité

Renaître des ténèbres : un appel à l’unité

Je viens d’une famille divisée, je suis née de la liaison extraconjugale de mon père. De ce fait, il a gardé mon existence secrète et, pendant longtemps, j’ai vécu, surtout en tant qu’enfant, un abandon temporaire de sa part.

Je sentais que mon histoire avait quelque chose d’obscur. Ce que je ne savais pas, c’est que Jésus allait entamer un processus de conversion radicale dans la vie de mon père, le conduisant à devenir un pasteur pentecôtiste.

Mon histoire et mon sentiment d’abandon auraient sans doute pu être une raison pour moi de me détourner de la foi. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Face à l’expérience de l’abandon, je ne pouvais m’empêcher de m’interroger sur l’amour qui, même face à la douleur d’un enfant, avait atteint la vie de mon père. Parfois, je me demandais : « De quel amour s’agit-il, capable de supporter la douleur que j’éprouve ? À 16 ans, lors d’une croisière de fin d’études, j’ai trouvé cet amour. Un soir, assise sur le toit du bateau, la voix du Seigneur a parlé clairement à mon cœur : « Tu n’es pas née pour faire ce que font tes amis, Mayara, tu es à moi ». Grâce à ce qui a commencé là, je suis devenue une jeune pentecôtiste convaincue.

À 19 ans, je suis entrée à l’Université catholique pontificale de São Paulo (Brésil) pour étudier la théologie. Dans une histoire que seul l’Esprit peut écrire, je suis devenue présidente du Centre académique et de la Commission des étudiants en théologie de l’État de São Paulo. J’étais très amie avec certains séminaristes et j’avais des contacts avec divers diocèses et ordres religieux, et certains prêtres venaient souvent chez moi. Au début, ma mère disait en plaisantant : « Je n’aurais jamais imaginé avoir autant de prêtres chez moi, Mayara ».

Grâce à cette expérience, j’ai décidé d’écrire mon mémoire de fin d’études sur l’unité des chrétiens, mais lorsque j’ai commencé à étudier quelle voie à suivre, beaucoup de choses se sont produites qui m’ont amenée à réfléchir à l’histoire de ma famille ; j’ai effectué un profond parcours de pardon et de réconciliation. Ainsi, pendant que je pardonnais, j’écrivais. À tout moment, ma mémoire me rappelait combien il était douloureux d’avoir une famille divisée, mais c’est dans ces moments-là que le Seigneur m’a aussi demandé : « Et ma famille, l’Église ? » J’ai pu, et j’ai senti qu’il était nécessaire, d’unir mon abandon à celui de Jésus.

« J’ai décidé d’écrire mon mémoire de fin d’études sur l’unité des chrétiens (…) et beaucoup de choses se sont produites qui m’ont amenée à réfléchir à l’histoire de ma famille ; j’ai effectué un profond parcours de pardon et de réconciliation ».

Sur la photo : Mayara lors du Congrès œcuménique
à Castel Gandolfo en mars 2025

À partir du patrimoine commun de l’Écriture Sainte, j’ai conclu cette étape douloureuse en écrivant sur le thème : « L’Esprit et l’Épouse disent : viens ! La figure de l’Épouse comme réponse prophétique à l’unité de l’Église ». C’est cette démarche qui m’a conduite au dialogue catholique-pentecôtiste : à la Commission pour l’Unité – Renouveau Charismatique Catholique – SP et à Mission Nous sommes Un. Fondée par des laïcs dans le cadre d’une communauté catholique (Coração Novo-RJ), Mission Nous sommes Un repose sur une lettre d’intention signée par des responsables catholiques et évangéliques, dans laquelle sont définis les quatre piliers du chemin de dialogue : le respect des identités confessionnelles, l’ecclésialité, le non-prosélytisme et la culture de la rencontre. Dans le calendrier officiel de la ville de Rio de Janeiro, il y a même une semaine intitulée « We Are One Week » (Semaine Nous sommes Un) et nous avons été surpris de recevoir la reconnaissance de Patrimoine culturel et immatériel. En pratique, la mission réunit des responsables évangéliques, catholiques et pentecôtistes dans un but commun : proclamer l’unité des chrétiens. Le dialogue théologique a été rendu possible par la création d’un groupe de travail national catholique-pentecôtiste. Son objectif est de mener une réflexion théologique et pastorale sur l’expérience charismatique-pentecôtiste, à partir de la réalité latino-américaine. Nous avons récemment publié le premier rapport, fruit de nos rencontres, sur les dons de l’Esprit Saint. En 2022, a commencé le travail de Mission des Jeunes We Are One, un groupe dans lequel je suis totalement impliquée de tout mon cœur et de tout mes forces. Pour ces raisons, je vois Mission We Are One (Mission Nous sommes Un) comme un signe d’espérance. D’une part, pour toute la communion que j’ai vécue et, d’autre part, parce que mon histoire personnelle y est indubitablement mêlée.

Chargée d’être « pèlerin de l’espérance », je voudrais terminer ce partage par une phrase de mon père lorsqu’il raconte l’histoire de notre famille. Il répète sans cesse qu’elle est née dans la douleur et les blessures, mais qu’elle a été inondée par l’amour infini de Dieu : « La tribulation est devenue une vocation ». Lorsque mon père entrevoit cette réalité, il cite toujours la lettre de saint Paul aux Romains : « Là où le péché a abondé, la Grâce a surabondé. » (Rm 5, 20) Paraphraser ce texte biblique, en cette « Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2025 » , en cette année du Jubilé et de la célébration de tant d’anniversaires importants comme celui du Concile de Nicée, me donne du courage et me fait penser que : au milieu de tant de blessures abondantes tout au long de l’histoire

Mayara Pazetto
Photo: © CSC Audivisivi

Up2Me Enfants : une nouvelle opportunité de formation

Up2Me Enfants : une nouvelle opportunité de formation

Up2Me est un programme de formation et d’éducation à l’affectivité et à la sexualité proposé par le mouvement des Focolari. Il est né en 2015 pour répondre aux défis éducatifs des jeunes générations du troisième millénaire. Aujourd’hui, il est présent dans 35 pays du monde et propose des cours spécifiquement destinés à chaque groupe d’âge : les enfants et leurs familles, les préadolescents et les adolescents (avec un cours parallèle pour leurs parents) et les jeunes.

Nous nous penchons sur le parcours adapté aux enfants de 4 à 8 ans, en compagnie de Paolo et Teresa Radere, qui s’occupent de formation depuis des années, en particulier pour les nouvelles générations de membres des Focolari.

Paolo, Teresa, en quoi consiste Up2Me Enfants ?

Il s’agit d’une expérience que les enfants vivent avec leurs parents, un itinéraire de formation intégrale qui part du développement des dimensions de l’affectivité, de l’émotivité et de la sexualité, en sollicitant également la sphère spirituelle et l’intelligence existentielle, afin de porter un regard ouvert et profond sur le monde et les personnes dès l’enfance. Le cours vise une relation positive, créativement ouverte au dialogue, à l’acceptation, au respect des dimensions d’unicité et d’irrépétabilité de la personne humaine, pour générer le berceau nécessaire à une expérience de croissance personnelle et communautaire, et d’ouverture à l’autre de notre part.

À qui s’adresse-t-il ?

Il s’adresse à toutes les familles ayant des enfants, de préférence dans la tranche d’âge 4-8 ans. Si, comme c’est le cas dans toutes les familles, il y a des enfants plus âgés ou plus jeunes, la participation à Up2Me n’est pas un problème mais une opportunité, car c’est toute la famille qui fait l’expérience. Le parcours peut également être proposé aux enfants de familles d’accueil, séparées ou monoparentales. Dans ce cas, les enfants seront accompagnés dans le cours par la figure adulte que l’enfant vit comme référence (l’un des deux parents naturels ou adoptifs ou les deux, un oncle, un grand-parent, etc.)

Le projet peut également être proposé et réalisé dans des groupes familiaux, dans la paroisse ou dans le milieu scolaire.

Quels sont les objectifs ?

Pour les enfants, le but final est de vivre des expériences partagées avec leurs parents et d’autres figures de référence, nécessaires au développement de leur identité et à une croissance intégrale et harmonieuse. Reconnaître, accueillir et exprimer les émotions primaires de manière appropriée au contexte avec une valence positive ; expérimenter une communication bonne et efficace avec les parents ; développer l’intériorité, la connaissance de soi, grandir dans la dimension spirituelle – entendue comme la capacité de contempler et de transcender, apprendre à prendre soin de son corps, des autres, de la nature.

Pour les parents, en revanche, le cours est utile pour favoriser le développement de la capacité de dialogue entre les générations au sein du noyau familial, entre les familles et avec la culture contemporaine afin de valoriser son potentiel latent ; pour approfondir la connaissance du développement sociocognitif et psychologique de l’enfant et du type de relations qui le favorisent ; pour comprendre comment les modes d’action et de relation des parents avec leurs enfants affectent leur croissance et apprendre de bonnes pratiques éducatives pour la régulation émotionnelle ; pour connaître l’influence des nouvelles technologies dans l’éducation des enfants et le rôle des parents à cet égard.

Quel est le contenu du cours ?

A partir de l’expérience et de l’étude de ces années et pour donner de l’organicité au parcours, nous avons choisi la métaphore du « voyage ensemble vers le bonheur ». Nous avons choisi de travailler sur l’éducation émotionnelle et relationnelle des enfants parce qu’elle constitue la base de leur relation affective et sexuelle ; les émotions permettent ensuite au corps et à l’esprit de s’articuler et favorisent ainsi la croissance personnelle intégrale. La méthode d’éducation expérientielle permet aux parents et aux enfants de partager leurs expériences quotidiennes lors de réunions communautaires, de dialoguer, d’approfondir et d’éclairer, construisant ainsi un nouveau savoir issu de leur propre sagesse et de celle des autres.

Les contenus sont présentés à travers une pluralité de langages : le jeu, le mouvement, la sensorialité, la représentation iconique, la narration, les images et la danse sont les caractéristiques de l’approche des différents thèmes.

L’idée est celle d’un voyage en avion qui donne à l’enfant l’image de la continuité du voyage, le sens de l’attente et de la découverte, la nécessité du travail pour se préparer au voyage. Après chaque étape, l’expérience se poursuit à la maison, car chaque famille reçoit une proposition qui l’aide à poursuivre le dialogue et le climat créés dans le but de rechercher des espaces de croissance en famille.

Pour plus d’informations, cliquer ici ou envoyez un e-mail à teresa.radere@focolare.org

Lorenzo Russo
Photo: © Archivio Up2Me

Famille : pardonner et être pardonné

Famille : pardonner et être pardonné

Nous sommes Aureliana et Julián du Paraguay, mariés depuis 36 ans et nous avons cinq enfants et six petits-enfants.

JULIAN : Aureliana avait 18 ans et moi 19 lorsque nous nous sommes mariés. Nous étions très amoureux et enthousiastes à l’idée de construire notre vie ensemble. Les cinq premières années ont été très bonnes, nous étions de bons compagnons, nous travaillions ensemble, nous nous aidions et nous nous complétions bien. Après sept ans de mariage, nous sommes entrés dans une crise très forte qui a failli déboucher sur une séparation. La communication est devenue difficile : nous ne pouvions pas parler de nous-mêmes, de notre relation, ce qui nous a progressivement éloignés l’un de l’autre. Cependant, nous avions tous les deux le désir de faire au mieux pour nos filles et de progresser économiquement. Nous vivions chacun de notre côté, nous nous disputions beaucoup, mais nous arrivions à nous en sortir.

AURELIANA : Lorsque nos filles ont atteint l’adolescence, l’une d’entre elles a eu des attitudes rebelles et, à 17 ans, elle est tombée enceinte et s’en est allée vivre avec son ami. C’est à ce moment -là que nous avons commencé à demander de l’aide pour nous renforcer spirituellement en tant que parents. Nous avons assisté à des réunions entre familles et à des retraites spirituelles. C’est ainsi que nous avons réussi à surmonter des défis difficiles, chacun y mettant beaucoup de bonne volonté.

JULIAN : Nous avions une bonne situation, une belle famille, la santé et une entreprise familiale solide – nous avions tout ! Un jour, j’ai commencé à avoir des contacts via les réseaux sociaux avec une personne, nous nous sommes rencontrés et j’ai entamé une relation extraconjugale avec elle. À l’époque, mon père malade était à la maison avec nous et il était très difficile pour notre fille de s’adapter à la maternité; par conséquent, Aureliana devait se mettre en dix pour être avec elle, travailler et s’occuper de la maison. J’étais très impliqué dans cette affaire extraconjugale et je n’ai pas du tout aidé Aureliana, au contraire, je lui ai dit que je n’avais pas de temps à lui consacrer, elle s’est plainte et je me suis mis en colère. À cette époque, nous avons voyagé ensemble en Europe et c’est là qu’Aureliana a découvert que je la trompais. Tout s’est effondré, nous étions loin de tout le monde, seuls entre les quatre murs d’une chambre d’hôtel.

AURELIANA : Le monde s’est écroulé sur moi ! Je ne savais pas quoi faire, je ne pouvais pas croire qu’une telle chose puisse arriver. Au début, je me suis tue, pensant que nous pourrions terminer le voyage, mais au bout d’un moment, j’ai explosé : j’ai brisé le silence en criant, en pleurant et en exigeant une réponse. De son côté, il s’est mis à implorer désespérément la pitié, à demander pardon à Dieu et à moi, et cela, malgré la terrible douleur que je ressentais, a touché mon cœur. Je savais que je devais faire un pas et j’ai mis toute ma confiance dans l’aide de Dieu pour y parvenir. J’ai enfin pu voir le visage de Jésus crucifié en Julián. Je lui ai tendu les bras et nous nous sommes un peu calmés. Cependant, malgré ce pas intérieur, j’étais souvent envahie par la douleur et la tristesse.


« Et c’est cela que nous voulons annoncer au monde :
nous sommes ici pour être “un” comme le Seigneur veut que nous soyons “un”,
dans nos familles et là où nous vivons,
travaillons et étudions : différents, mais un, nombreux,
mais un, toujours, en toutes circonstances
et à tous les âges de la vie. (…)
Et n’oublions pas : c’est dans les familles
que se construit l’avenir des peuples. »


Homélie du Pape Léon XIV
Jubilé des familles, des enfants, des grands-parents et des personnes âgées
1er juin 2025

JULIAN : La nuit, Aureliana ne dormait pas, elle pleurait. Le médecin a diagnostiqué une dépression. Je me sentais impuissant et coupable. J’ai beaucoup prié : je sentais que ma femme et ma famille étaient un bien très précieux, mais le mal était fait et je devais accepter mon erreur, mais je voulais aussi mettre tous mes efforts et ma confiance en Dieu.

AURELIANA : Notre famille était divisée, les enfants ne savaient pas à qui s’en prendre et se sont révoltés. Puis Julián est tombé malade : on lui a découvert une tumeur au cerveau. Ce fait m’a beaucoup ébranlée et m’a presque fait sortir de mon état dépressif. Après avoir reçu les résultats du scanner, nous nous sommes réunis avec les enfants et avons cherché la meilleure solution pour l’opération. Nous avons senti que l’unité de la famille était notre bien le plus précieux, qu’elle était au-dessus de toutes nos souffrances, et j’ai réalisé que j’étais à nouveau capable de donner ma vie pour mon mari et de vivre pleinement en confiance avec lui, « qu’il soit malade ou en bonne santé ».

JULIAN : Je me suis senti aimé et j’ai réussi à surmonter deux opérations du cerveau en un temps record. Dès ma sortie de l’hôpital, nous avons eu l’occasion de participer à une réunion pour les couples en crise, car nous avions encore besoin de panser nos plaies.

AURELIANA : Lors de cette réunion, j’ai pu dissiper de nombreux doutes. Nous avons reçu beaucoup d’affection de la part des participants, nous avons bénéficié de la présence de professionnels et de couples ayant une longue expérience, et nous avons découvert une nouvelle voie.

JULIAN : J’ai réalisé que la volonté de pardonner est une chose, mais que la guérison du traumatisme nécessite un processus ; la blessure que je lui ai causée était très profonde et elle avait besoin de temps, de patience et d’amour de ma part. J’ai reçu le plus grand cadeau de Dieu, à savoir le pardon. Nous avons renouvelé notre mariage, Aureliana m’a redit son OUI pour toujours et nous avons recommencé.

AURELIANA : Notre vie a complètement changé, après 35 ans de mariage, nous avons cessé de nous disputer. Nous vivons pleinement notre vie de couple et pouvons nous regarder dans les yeux
et nous aimer comme jamais auparavant.

Photo © pexels-scottwebb

Que puis-je faire?

Que puis-je faire?

Chaque jour des événements terribles se produisent, d’une telle ampleur que nous nous sentons impuissants : des migrants qui affrontent des voyages mortels dans des conditions désespérées, des populations qui vivent la tragédie quotidienne de la guerre ou les injustices sociales dramatiques qui frappent la planète.

« Que puis-je faire ? » : il est possible que cette question nous paralyse et nous pousse à nous enfermer dans un individualisme résigné. Le premier défi pour la conscience est de se laisser interroger vraiment par cette question «Que puis-je faire ?»

En Italie, les pêcheurs des côtes de Lampedusa se sont posé cette question, formant, avec les généreux habitants du lieu, de véritables chaînes humaines, pour tendre la main et tenter de sauver au moins un à la fois (puis dix, cent, mille…) des naufragés désespérés abandonnés aux flots de la Méditerranée. Les communautés situées aux frontières des zones de guerre (en Europe, en Afrique, en Asie…) se sont posé cette question, en ouvrant les portes de leurs maisons, non pas sur la base d’un calcul politique ou économique, mais sur un choix naturel de compassion et d’accueil. C’est précisément dans ces situations que l’on peut observer des « miracles » quotidiens, petits ou grands, qui ne sont pas des rêves utopiques, mais des gestes qui construisent la société de demain.

Chercher à garder l’espérance, ne pas attendre qu’elle vienne à nous : c’est ce que souligne le professeur Russell Pearce [1], de la “FordhamSchool of Law” de New York. Il a mené des entretiens dans deux organisations promouvant le dialogue et la paix entre Israéliens et Palestiniens – Parents Circle et Combatants for Peace- afin de comprendre comment leurs membres ont réussi à maintenir des relations entre eux au lendemain du 7 octobre 2023 et pendant la guerre qui s’en est suivie à Gaza.

Pourquoi ces groupes ont-ils maintenu leurs liens et les ont même renforcés ? Tant les Palestiniens que les Israéliens affirment que leur dialogue a été un grand facteur de transformation. Ils affirment qu’il s’agit d’un dialogue de l’amour. Un participant palestinien observe : « La transformation que nous avons vécue a été une expérience très sacrée pour chacun d’entre nous et a laissé un impact et un lien profond dans nos âmes. C’est un voyage et un processus qui transforme l’autre en frère ».

Un Israélien a également fait remarquer : « Nous travaillons pour construire la confiance et devenir une famille, ce sont des années de travail sacré avec tous les défis, les dynamiques et les doutes ». Pearce conclut : « les sages juifs enseignent que “si tu sauves une vie, tu sauves le monde entier” » ; un Palestinien qui dirige le programme pour les jeunes du “Parentscircle”renchérit : « Si tu changes une personne, tu changes le monde entier ».

Chiara Lubich disait : « L’aspect le plus visible de l’unité, est la fraternité. Cela me semble certainement la voie la plus appropriée pour remonter le courant (…) afin d’atteindre plus pleinement la liberté et l’égalité. (…) C’est une voie valable pour ceux qui tiennent le destin de l’humanité entre leurs mains, mais aussi pour les mères de famille, pour les personnes de bonne volonté qui apportent des gestes de solidarité au monde, pour ceux qui mettent à disposition une partie des bénéfices de leur entreprise pour éliminer les espaces de pauvreté, pour ceux qui ne se résignent pas à la guerre. La fraternité “d’en haut” et la fraternité “d’en bas” se rencontreront ainsi dans la paix »[2]

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L’IDÉE DU MOIS est actuellement réalisée par le “Centre pour le dialogue avec les personnes de croyance non religieuse” du Mouvement des Focolari. Il s’agit d’une initiative née en 2014 en Uruguay pour partager avec des amis non croyants les valeurs de la Parole de Vie, c’est-à-dire la phrase de l’Écriture que les membres du Mouvement s’engagent à mettre en œuvre dans la vie quotidienne. Actuellement L’IDÉE DU MOIS est traduite en 12 langues et distribuée dans plus de 25 pays, avec des adaptations du texte pour s’adapter aux différentes sensibilités culturelles. dialogue4unity.focolare.org


[1] R. Pearce: “Dialogo e Pace sostenibili” [Ekklesia-Sentieri di Comunione e Dialogo- n.4 ottobre dicembre 2024].
[2] C. Lubich, No alla sconfitta della pace, in «Città Nuova» n. 24/2003
Foto: © Rineshkumar Ghirao – Unsplash

« Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Lc 9,13)

« Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Lc 9,13)

Nous sommes dans un endroit isolé près de Bethsaïde, en Galilée. Jésus parle du Royaume de Dieu à une foule nombreuse. Le maître était allé là avec les apôtres pour les laisser se reposer après leur longue mission dans cette région, au cours de laquelle ils avaient prêché la conversion « en annonçant partout la bonne nouvelle et en opérant des guérisons »[1]. Fatigués, mais le cœur plein, ils racontent ce qu’ils ont vécu.

Cependant, les gens, l’ayant entendu, se joignent à eux. Jésus les accueille : il écoute, il parle, il guérit. La foule augmente. Le soir approche et la faim se fait sentir. Les apôtres s’en inquiètent et proposent au maître une solution logique et réaliste : « Renvoyez la foule, afin qu’elle aille dans les villages pour y rester et y trouver de la nourriture ». Après tout, Jésus a déjà tant fait… Mais il répond :

« Donnez-leur vous-mêmes à manger »

Ils sont étonnés. C’est irréalisable : ils n’ont que cinq pains et deux poissons pour quelques milliers de personnes. Il n’est pas possible de trouver ce qu’il faut dans la petite ville de Bethsaïde, et ils n’auraient pas l’argent pour l’acheter.

Jésus veut leur ouvrir les yeux. Les besoins et les problèmes des gens le touchent et il s’efforce de les résoudre. Il le fait en partant de la réalité et en tirant le meilleur parti de ce qui existe. Certes, ce qu’ils ont est peu, mais il les appelle à une mission : être les instruments de la miséricorde de Dieu qui pense à ses enfants. Le Père intervient, et pourtant il a « besoin » d’eux.

Le miracle « a besoin » de notre initiative et de notre foi pour s’accomplir.

« Donnez-leur vous-mêmes à manger »

À l’objection des apôtres, Jésus répond donc en prenant les choses en main, mais il leur demande de faire leur part, même si elle est minime. Il ne la dédaigne pas. Il ne résout pas le problème à leur place ; le miracle a lieu, mais il exige leur participation avec tout ce qu’ils ont et pourraient fournir, mis à la disposition de Jésus pour tous. Cela implique un certain sacrifice et une certaine confiance en lui.

Le maître part de ce qui nous arrive pour nous apprendre à prendre soin les uns des autres, ensemble. Face aux besoins des autres, il n’y a pas d’excuse (« ce n’est pas notre problème », « je n’y peux rien », « ils doivent se débrouiller comme nous tous… »). Dans la société que Dieu a conçue, heureux ceux qui donnent à manger aux affamés, qui habillent les pauvres, qui visitent ceux qui sont dans le besoin[1].

« Donnez-leur vous-mêmes à manger »

Le récit de cet épisode rappelle l’image du banquet décrit dans le livre d’Isaïe, offert par Dieu lui-même à toutes les nations, lorsqu’il « essuiera les larmes sur tous les visages »[3]. Jésus fait s’asseoir les gens par groupes de cinquante, comme dans les grandes occasions. En tant que Fils, il agit comme le Père, ce qui souligne sa divinité.

Lui-même donnera tout, jusqu’à se faire nourriture pour nous, dans l’Eucharistie, le nouveau banquet du partage.

Face à l’ampleur des besoins suscités par la pandémie du Covid-19, la communauté des Focolari de Barcelone a créé, via les réseaux sociaux, un groupe de partage des besoins et de mise en commun des biens et des ressources. Et il a été impressionnant de voir comment ont circulé meubles, nourriture, médicaments, appareils électroménagers… Parce que « seul, on ne peut pas grand-chose », disaient-ils, « mais ensemble, on peut faire beaucoup ». Aujourd’hui encore, le groupe « Fent família » veille à ce que, comme dans les premières communautés chrétiennes, personne ne soit dans le besoin[4].

D’après Silvano Malini et l’équipe de la Parole de Vie.


[1] Lc 9, 6.

[2]Cf. Mt 25, 35-40.

[3]Is 25, 8.

[4]Cf. At 4, 34.

©Phot: Congerdesign – Pixabay

Évangile vécu : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime » (Jn 21, 17).

Évangile vécu : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime » (Jn 21, 17).

Un message

C’est l’anniversaire d’un ami très cher avec qui nous avons partagé des idéaux, des joies et des peines. Mais il y a longtemps que je ne lui ai pas écrit et que nous ne nous sommes pas vus. J’hésite un peu : je pourrais lui envoyer un message, mais je ne sais pas comment il le prendra. Je suis encouragé par la Parole de Vie : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime » (Jn 21,17). Peu après, il me répond : « Quelle joie de recevoir ton salut ». Un dialogue s’instaure : les messages se succèdent. Il me parle de lui. Il est satisfait de son travail, a un bon salaire et me confie qu’il a le désir de venir me rendre visite. Je l’encourage et me mets à sa disposition pour l’accueillir et organiser son séjour. Raison de plus pour qu’il soit présent… et ne pas attendre un an de plus pour lui envoyer un message.
(C. A.- Italie)

(C. A.- Italie)

Ecrasée par l’orgueil

Je pouvais pardonner à Miguel les soirées passées à la taverne, mais pas l’infidélité qu’il a avouée un jour. J’étais la bonne épouse et la bonne mère, j’étais la victime. Mais depuis qu’il fréquentait le père Venancio et d’autres personnes de la paroisse, mon mari semblait être une personne différente : il était plus présent à la maison, plus affectueux avec moi, qui, en revanche, je restais hostile lorsqu’il proposait de lire l’Evangile ensemble pour essayer de le mettre en pratique. Une fois, cependant, parce que c’était son anniversaire, j’ai accepté de l’accompagner à une réunion de famille. Ce fut la première d’une longue série. Un jour, une phrase m’a fait réfléchir : « Construire la paix ». Comment pouvais-je le faire, moi qui, entre-temps, m’étais découverte égoïste, plein de misère et de ressentiment ? Mon orgueil m’empêchait de demander pardon à Miguel, alors qu’il me l’avait demandé plusieurs fois en 28 ans de mariage. Mais je cherchais le bon moment pour le faire. Jusqu’à ce que, lors d’une réunion avec le groupe des familles, je demande l’aide de Dieu et que je puisse raconter notre expérience de couple et demander pardon à Miguel. Ce jour-là, j’ai senti renaître un nouvel et véritable amour pour lui.

(R. – Mexique)

S’occuper des autres

Depuis que je passe du temps à La Havane, plongé jusqu’au cou dans les problèmes de survie des habitants de notre barrio aux prises avec la grave crise économique du pays, je ne me suis toujours pas habitué aux interventions opportunes de la Providence. Parmi tant d’autres, celle-ci est la dernière en date. Auparavant, j’avais été alerté par quelqu’un de notre communauté de l’arrivée d’un don important de bons médicaments, tous liés au traitement de maladies nerveuses. Je suis allé les chercher, un peu perplexe, car ils n’entraient pas dans les catégories de médicaments dont ont besoin les pauvres qui nous fréquentent. Mais je me suis souvenu qu’une fois par mois, le lundi matin, un psychiatre vient visiter gratuitement les habitants du quartier qui ont besoin d’un traitement. À la première occasion, je l’ai donc contacté et lui ai apporté la liste des médicaments. En la parcourant, son visage s’est illuminé : « C’est exactement ce que je cherchais », s’est-il exclamé, stupéfait.

(R.Z. – Cuba)

Édité par Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année X- no.1 mai-juin 2025)

Photo: ©Mohamed Hassan – Wälz / Pixabay

Rechercher la paix : un parcours entre les mains de chacun

Rechercher la paix : un parcours entre les mains de chacun

« Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu. » (Mt 5, 9)

Qui sont ces artisans de paix dont parle Jésus ?

Ce ne sont pas les gens que l’on considère comme pacifiques, ceux qui aiment la tranquillité, qui ne supportent pas les disputes et manifestent une nature conciliante, et qui souvent d’ailleurs révèlent le désir caché de ne pas être dérangés, de ne pas avoir d’ennuis.

Les artisans de paix, ce ne sont pas non plus ces braves personnes qui, s’en remettant à Dieu, ne réagissent pas lorsqu’elles sont provoquées ou offensées. Les artisans de paix, ce sont ceux qui aiment tellement la paix qu’ils ne craignent pas d’intervenir dans les conflits pour la procurer à ceux qui vivent dans la discorde. […]

Pour porter la paix, il faut la posséder en soi.

Il faut être porteur de paix avant tout à travers son comportement personnel de chaque instant, en vivant en accord avec Dieu et sa volonté.

Les artisans de paix s’efforcent ensuite de créer des liens, d’établir des rapports entre les personnes, en calmant les tensions, en désamorçant la situation de « guerre froide » qu’ils rencontrent souvent dans les familles, au travail, à l’école, dans les milieux sportifs, entre nations, etc. […]

La télévision, le journal, la radio te répètent chaque jour que le monde est un immense hôpital et que les nations sont souvent de grands malades qui auraient un besoin extrême d’artisans de paix pour apaiser des rapports tendus ou insoutenables qui font peser la menace de la guerre, quand elle n’a pas déjà éclaté. […]

La paix est un aspect caractéristique des rapports typiquement chrétiens que le croyant cherche à établir avec les personnes qu’il fréquente régulièrement ou qu’il rencontre à l’occasion. Ce sont des rapports d’amour sincère sans fausseté ni tromperie, sans aucune forme de violence cachée ni de rivalité, de concurrence ni d’égocentrisme.

Travailler à établir de tels rapports dans le monde est un acte révolutionnaire. En effet les relations qui existent normalement dans la société relèvent d’une tout autre nature et demeurent malheureusement souvent les mêmes.

Jésus savait que les relations humaines en étaient là. C’est pourquoi il a demandé à ses disciples de faire toujours le premier pas sans attendre l’initiative et la réponse de l’autre, sans prétendre à la réciprocité : « Et moi je vous dis : aimez vos ennemis… Si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? » […]

Jésus est venu porter la paix. Tout son message et tout son comportement vont dans ce sens.

Mais c’est justement ce rapport nouveau entre les personnes qui démasque souvent les rapports sociaux faux, qui révèle la violence cachée dans les relations humaines.

L’homme est irrité lorsque l’on découvre cette vérité et il y a le risque, dans les cas extrêmes, qu’il réponde par la haine et la violence à celui qui ose déranger l’ordre social et les structures établies.

Jésus, le porteur de paix, a été tué par la violence de l’homme. […] « Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu. »

Alors comment vivre cette parole ?

Avant tout en répandant partout dans le monde l’amour. […] Quant à toi, tu interviendras avec prudence lorsque, autour de toi, la paix est menacée. Souvent, il suffit d’écouter avec amour, jusqu’au bout, les parties en désaccord et l’on trouve la solution de la paix.

D’autre part, pour réduire les tensions qui peuvent naître entre les personnes, un moyen à ne pas sous-évaluer est l’humour. Un texte rabbinique affirme : « Le règne futur appartient à ceux qui plaisantent volontiers parce qu’ils sont artisans de paix entre les hommes qui s’opposent. »

Tu n’auras pas la paix tant que des rapports rompus, souvent pour une bêtise, n’auront pas été rétablis.

Peut-être pourras-tu être artisan de paix en donnant naissance, au sein de quelque association dont tu fais partie, à des initiatives particulières orientées à développer une plus grande conscience de la nécessité de la paix. […]

L’important, c’est que tu ne restes pas inactif à voir passer le peu de jours que tu as à disposition sans conclure quelque chose pour tes prochains, sans te préparer convenablement à la vie qui t’attend.

Chiara Lubich

(da Parole di Vita, Opere di Chiara Lubich, Citta Nuova Editrice, Roma 2017, pp. 196-197)

Vers une pédagogie de la paix

Vers une pédagogie de la paix

Je suis Anibelka Gómez, volontaire du Mouvement des Focolari de Santiago de los Caballeros (République dominicaine), enseignante et actuelle directrice d’une école publique.

L’éducation n’est pas seulement un droit, mais un puissant levier de transformation pour nos communautés. En tant qu’éducateurs, nous avons la possibilité d’influencer la construction d’une société plus juste et fraternelle. Ainsi, une grande préoccupation est née en moi : comment puis-je contribuer à construire le “rêve” d’unité que Jésus a demandé au Père ? Quelles actions concrètes puis-je entreprendre pour faire de l’éducation un moteur de changement vers la paix dans nos communautés ?

C’est ainsi que l’an dernier est née l’idée de faire quelque chose qui va au-delà de la simple échelle de notre école. Sachant que nos moyens étaient limités, mais croyant en la promesse de Jésus d’être présent parmi ceux qui s’aiment, nous avons organisé un congrès international intitulé : « Promouvoir la pédagogie de la paix » à Santiago de los Caballeros. Nous avons décidé de préparer ce congrès sur la base de l’amour réciproque entre les organisateurs, membres des Focolari de la République dominicaine et de Porto Rico. 140 enseignants, psychologues, directeurs et professionnels de l’éducation ont participé, représentant 55 établissements scolaires, dont l’école Café con Leche de Saint-Domingue, une école engagée à vivre l’art d’aimer proposé par Chiara Lubich.

Photo : Congrès international « Favoriser la pédagogie de la paix » (Photo : Anibelka Gómez)

Pour réaliser ce grand événement, la providence de Dieu s’est manifestée à travers l’aide, le soutien et la collaboration du directeur Rafael Liriano et du conseiller Ysmailin Collado du district éducatif 08-04, de l’Association nationale des directeurs (ASONADEDI), de certains entrepreneurs et de la communauté de Santiago, qui nous ont aidés pour la logistique.

Grâce à ce congrès, un nouvel intérêt est né pour découvrir les propositions et initiatives éducatives du Mouvement des Focolari, comme le Dé de la paix et la méthode 6×1 (six étapes pour un objectif). C’est pourquoi, quelques mois plus tard, nous avons organisé le séminaire « Culture de la paix et méthode 6×1 ». Vingt écoles y ont participé, représentées par leurs directeurs et enseignants, avec l’objectif de diffuser ensuite ces contenus à d’autres écoles.

À gauche : atelier sur FormaT, à droite : atelier sur le cube de la paix et la méthodologie « 6 x 1 » (Photo : Anibelka Gómez)

Cet atelier a mis en lumière l’urgence, ressentie par les participants, d’implanter dans les écoles la nouveauté du Dé de la paix et de la méthode 6×1. Certains directeurs et enseignants ont affirmé que la mise en œuvre de ces programmes aidera les enfants à promouvoir une culture de paix pour le bien d’une société meilleure.
De plus, pour donner une continuité à ce projet, une nouvelle formation appelée FormaT a été proposée : un cours en ligne destiné aux formateurs qui accompagnent enfants, adolescents et jeunes dans divers environnements éducatifs. L’objectif est de partager expériences, compétences et outils pour la formation et l’accompagnement. Ce programme est animé en ligne depuis la Colombie, avec la participation d’enseignants de 14 établissements scolaires. La formation a lieu chaque mois à partir de septembre, elle est composée de 9 modules et se conclura par la remise d’un diplôme aux participants.

La mise en œuvre de ces modules a créé un lien fort entre les écoles, à tel point qu’en période de Carême, nous avons organisé une retraite pour les participants à FormaT, suivie d’un week-end avec les directeurs participants.
C’est impressionnant pour nous de voir comment Jésus multiplie les talents, touche les cœurs et produit des fruits bien au-delà de ce que nous pouvions imaginer, donnant vie à de véritables expériences d’unité.

Anibelka Gómez
Photo de couverture : © Alicja-Pixabay

10 ans après Laudato Si’, le “projet Amazonie”

10 ans après Laudato Si’, le “projet Amazonie”

Je m’appelle Letícia Alves et je vis dans le nord du Brésil, à Pará.

En 2019, j’ai participé au Projet Amazonie, et pendant 15 jours, moi et un groupe de volontaires avons consacré nos vacances à vivre avec les habitants de la basse Amazonie, dans la ville d’Óbidos.

Avant de me lancer dans cette aventure, je me demandais si j’allais pouvoir me consacrer entièrement à cette expérience, qui se déroulait dans une réalité si différente de la mienne. Au cours du projet, nous avons visité des communautés riveraines de l’Amazone, et tous nous ont accueillis avec un amour inégalé.

Nous avons fourni des services de santé, de soutien juridique et familial, mais la chose la plus importante était d’écouter profondément et de partager la vie, les histoires et les difficultés des personnes que nous avons rencontrées. Les histoires étaient aussi diverses que possible : le manque d’eau potable, l’enfant qui avait une brosse à dents pour toute la famille, ou encore le fils qui voulait tuer sa mère… Plus nous écoutions, plus nous comprenions le sens de notre présence.

Et parmi tant d’histoires, j’ai pu voir à quel point nous pouvons faire la différence dans la vie des gens : à quel point le simple fait d’écouter fait la différence, à quel point une bouteille d’eau potable fait la différence.

Le projet était plus que spécial. Nous avons pu planter une graine d’amour au milieu de tant de douleur et “construire ensemble” nous a fait grandir. Lorsque Jésus est présent parmi nous, tout devient inspirant, plein de lumière et de joie.

Ce n’est pas quelque chose que j’ai vécu pendant 15 jours et puis c’est fini, mais c’est une expérience qui a vraiment transformé ma vie, j’ai senti une forte présence de Dieu et cela m’a donné la force d’embrasser les peines de l’humanité autour de moi dans cette construction quotidienne d’un monde uni.

Je m’appelle Francisco. Je suis né à Juruti en Amazonie, une ville près d’Óbidos. J’ai été surpris d’apprendre que des personnes de différentes régions du Brésil traversaient le pays pour donner de leur personne afin de s’occuper de mon peuple et j’ai voulu me joindre à eux.

Ce qui m’a le plus frappé, c’est le bonheur de tous, des volontaires et des habitants, qui, bien que vivant avec si peu de biens matériels, ont fait l’expérience de la grandeur de l’amour de Dieu.

Après avoir vécu le projet Amazonia à Óbidos, je suis retournée à Juruti avec un nouveau regard et l’envie de continuer cette mission, mais dans ma propre ville. J’y ai vu les mêmes besoins qu’à Óbidos. Ce désir est devenu non seulement le mien, mais celui de toute notre communauté, qui s’est ralliée à la cause. Ensemble, nous avons pensé et donné naissance au projet Amazonia dans la communauté de São Pedro, aux fins d’écouter et de répondre au « cri » de ceux qui en ont le plus besoin et qui, souvent, ne sont pas entendus. Nous avons choisi une communauté sur le continent, nous avons commencé à suivre ses besoins et nous sommes partis à la recherche de professionnels bénévoles.

Avec la collaboration de plusieurs personnes, nous avons apporté la vie de l’Evangile, des soins médicaux, psychologiques, des médicaments et des soins dentaires à toute cette communauté. Surtout, nous avons essayé de nous arrêter et d’écouter les difficultés et les joies des personnes rencontrées.

J’ai une certitude : pour construire un monde plus fraternel et plus solidaire, nous sommes appelés à écouter les cris de ceux qui souffrent autour de nous et à agir, avec la certitude que tout ce qui est fait avec amour n’est pas petit et peut changer le monde !

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Bruxelles : 75 ans après la déclaration Schuman

Bruxelles : 75 ans après la déclaration Schuman

L’Europe continue de faire parler d’elle, au centre de tensions internationales et de débats animés dont l’issue a un impact sur la vie de ses citoyens : près d’un demi-milliard dans l’Union européenne. Paix contre défense, guerre ou paix commerciale, choix énergétiques, politiques de développement et justice sociale, identité et diversité, ouverture et frontières : les thèmes à l’ordre du jour sont nombreux et, face aux changements du contexte interne et externe – en premier lieu la guerre en Ukraine -, la relecture et l’actualisation de la prophétie de Robert Schuman et des pères fondateurs sont non seulement d’actualité, mais nécessaires.

Cela fait 75 ans que le ministre français des Affaires étrangères de l’époque, le 9 mai 1950, prononçait son discours révolutionnaire à Paris, jetant ainsi les bases du processus d’intégration européenne. Le 15 mai 2025, au siège du Parlement Européen à Bruxelles, un panel d’experts, de représentants de divers mouvements chrétiens et de jeunes militants ont donné voix à la vision de l’unité européenne comme instrument de paix.

L’événement était organisé à l’initiative de Ensemble pour l’Europe (EpE), en collaboration avec plusieurs députés européens, à l’invitation de la députée slovaque Miriam Lexmann, absente pour raisons familiales. Il a réuni, dans la matinée du 15 mai, une centaine de personnes venues de Belgique, d’Italie, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Slovaquie, d’Autriche, de France, de Grèce et de Roumanie. Des catholiques, des orthodoxes et des membres des Églises de la Réforme étaient présents, ainsi que des représentants de la Communauté Immanuel, du YMCA, des Focolari, de Schoenstatt, de Sant’Egidio, de Quinta Dimensione et de la Communauté Pape Jean XXIII : une diversité caractéristique du réseau EpE. C’est le modérateur de Ensemble, Gerhard Pross, témoin des débuts, qui a pris la parole : « Pour nous, il est important d’exprimer la force de la foi dans la construction de la société. Cependant, nous ne sommes pas intéressés par le pouvoir ou la domination, mais nous voulons apporter l’espoir, l’amour et la force de la réconciliation et de l’unité inhérents à l’Évangile ».

Parmi le public – et parmi les intervenants – la forte présence des jeunes est remarquable : ils sont 20 à venir du lycée Spojená škola Svätá rodina de Bratislava. Ils étudient la citoyenneté active et le droit européen. Ils sont à Bruxelles avec leurs professeurs pour vivre une expérience qui pourrait marquer leur parcours professionnel et leur vie. Parmi eux, Maria Kovaleva : « Je viens de Russie et pour moi, l’Europe signifie pouvoir être ici, indépendamment de mon origine ou de la situation politique dans mon pays ou en Slovaquie, et parler librement, ici même, au cœur de l’Europe. Pour moi, l’Europe a toujours été un endroit où peu importe votre religion ou votre nationalité. Tout le monde a le droit de s’exprimer, et de s’exprimer sans censure. C’est le genre d’Europe dont rêvait Robert Schuman ».

Peter, 16 ans, se dit sincèrement surpris de se retrouver pour la première fois dans un lieu institutionnel où se prennent des décisions importantes. Il est délégué des élèves et son expérience à Bruxelles est pour lui une source d’inspiration pour l’avenir, où il espère jouer un rôle de leader dans le domaine du management ou de la politique.

Samuel a 17 ans. Il décrit ces derniers jours comme « une expérience extraordinaire qui lui a permis d’en savoir plus sur le reste de l’Europe, sur le fonctionnement de la politique et du Parlement. Je pense pouvoir parler au nom de toute la classe : c’était extraordinaire ! ».

Une autre délégation étudiante vient d’Italie. Elle est composée de 10 étudiants en sciences politiques et relations internationales de la LUMSA, à Rome. Daniele, étudiant en première année de sciences politiques, est particulièrement impressionné par le moment de l’après-midi : la prière œcuménique dans la « Chapelle pour l’Europe ». « J’aime le travail de Chiara Lubich, qui consiste à créer des ponts pour rassembler tout le monde, et on pouvait voir l’engagement de chacun des participants. Ce n’est pas une rencontre entre rêveurs, mais une recherche concrète qui mène à quelque chose de solide ». Pour Diego, c’est un moment où la mémoire se renouvelle et conduit à la continuité. Il est inspiré par la mondialité qui règne à Bruxelles, « un point de départ pour de futurs développements », et il a particulièrement apprécié les interventions des députés européens.

Photo: H. Brehm / K. Brand / M. Bacher

En effet, Antonella Sberna (Conservateurs et Réformistes européens), vice-présidente du Parlement européen et responsable de la mise en œuvre de l’article 17 TFUE, Leoluca Orlando et Cristina Guarda (Verts) étaient présents dans la matinée. « Vous êtes l’exemple de ce que l’UE peut faire pour nos peuples et nos civilisations », a déclaré la vice-présidente, s’adressant à Ensemble pour l’Europe. Elle invite les jeunes présents à « être critiques, mais passionnés », à « bien étudier l’Europe », afin d’être « ensemble au service de la correction de ce qui ne nous plaît pas et de la garantie de la paix à l’intérieur de nos frontières, comme exemple d’union des peuples dans le respect des souverainetés ».

Leoluca Orlando invite à « saisir le projet d’avenir qui était dans l’action de Schumann, en cultivant une mémoire inquiète » et rappelle le principe de fraternité, qui permet de dépasser les polarisations historiques entre la droite et la gauche sur la liberté et l’égalité. Et comme exemple de fraternité, il cite « l’expérience prophétique d’unité entre catholiques et luthériens, grâce à l’intuition de Chiara Lubich, à Ottmaring, en Bavière, un lieu au cœur de la guerre de Trente Ans ».

Pour Cristina Guarda, la paix est le mot clé : « En tant que Mouvements chrétiens, je vous demande de prendre part à cette discussion et d’exiger notre cohérence dans la recherche de la paix. Et donc de faire les bons choix et de voter correctement, pour respecter la paix ».

Et c’est précisément à un projet de paix que la Déclaration Schuman aspire : Jeff Fountain, du Centre Schuman, propose une lecture des fondements spirituels de la Déclaration, de son « courageux discours de trois minutes » : « son projet n’était pas seulement politique ou économique. Lue à un niveau plus profond, la Déclaration Schuman révèle que le projet est profondément moral, spirituel, enraciné dans les valeurs du cœur ». « Les institutions qu’elle a contribué à inspirer, aussi imparfaites soient-elles, constituent une défense contre le retour à la politique de domination et d’exclusion, de peur et de haine ».

Mais qui devrait donner une âme à l’Europe ? Alberto Lo Presti invite à la réflexion. « Nous ne devrions pas attendre que cette âme soit produite par les institutions politiques européennes et transmise à ses citoyens. Je ne voudrais pas vivre dans une société où l’institution m’inculque une vision du monde. Ce sont généralement les organisations politiques totalitaires que nous avons bien connues ici en Europe, comme le nazisme et le communisme, qui agissent ainsi. L’âme de l’Union européenne sera visible lorsque cette âme se reflétera dans les choix quotidiens de ses citoyens. En tant que Ensemble pour l’Europe, nous voulons accompagner l’Europe dans la réalisation de sa vocation ».

Maria Chiara De Lorenzo
(de https://www.together4europe.org/)

Le Concile de Nicée : une page historique et actuelle de la vie de l’Église

Le Concile de Nicée : une page historique et actuelle de la vie de l’Église

Beaucoup a déjà été dit – et le sera encore – sur l’importance œcuménique de l’année 2025. Le 1700ᵉ anniversaire du Concile de Nicée n’est que l’un – même s’il est fondamental – des nombreux anniversaires importants pour l’ensemble de la chrétienté célébrés cette année. Pourquoi est-il essentiel de se souvenir de Nicée encore aujourd’hui ? Quelle est son actualité ? Pour bien le comprendre, il faut remonter au IVᵉ siècle.

Entre 250 et 318 évêques venus de tout l’Empire se rendirent à Nicée. L’objectif principal était de défendre et de confirmer la foi et la doctrine transmises par les apôtres sur la personne divine et humaine de Jésus-Christ, face à une autre doctrine qui se répandait parmi les chrétiens : celle du prêtre Arius d’Alexandrie d’Égypte et de ses partisans, qui soutenaient que Jésus-Christ n’était pas Dieu de toute éternité, mais la première et plus sublime créature de Dieu.En 313, l’empereur Constantin accorda la liberté de culte aux chrétiens, mettant fin aux persécutions religieuses dans tout l’Empire. Plus tard, en 324, Constantin devint l’unique autorité sur l’ensemble de l’Empire, tant occidental qu’oriental, mais il comprit qu’une controverse doctrinale risquait de troubler la paix dans ses territoires. Il décida donc de convoquer un Concile de toute l’Église afin de trancher cette question. Il était en effet conscient qu’il s’agissait d’un problème religieux, mais également convaincu que l’unité religieuse était un facteur important de stabilité politique.

Il est compréhensible qu’un tel mystère – celui de la personne de Jésus-Christ – ait représenté un défi pour l’intelligence humaine. Mais en même temps, le témoignage des apôtres et de nombreux chrétiens, prêts à mourir pour défendre cette foi, était plus fort. Même parmi les évêques présents au Concile, beaucoup portaient encore les marques des tortures et souffrances subies pour cette raison.

Ainsi, ce Concile définit la foi sur laquelle repose le christianisme et que toutes les Églises chrétiennes professent : le Dieu révélé par Jésus-Christ est un Dieu unique mais non solitaire : le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu en trois Personnes distinctes, existant de toute éternité.

Se souvenir de Nicée aujourd’hui est donc d’une grande importance et d’une grande actualité : c’est un Concile qui a posé les bases de la structure synodale de l’Église, que nous cherchons aujourd’hui à concrétiser davantage ; un Concile qui a unifié pour toute l’Église la date de la célébration de Pâques (des siècles plus tard – jusqu’à aujourd’hui – en raison du changement de calendriers, cette date est devenue différente pour les Églises d’Occident et d’Orient) et qui a fixé les points clés de la foi chrétienne. Ce dernier point, en particulier, nous interpelle fortement aujourd’hui. Peut-être que la tendance à ne pas croire en la divinité de Jésus-Christ n’a jamais complètement disparu. Aujourd’hui, pour beaucoup, il est plus facile et plus confortable de parler de Jésus en mettant en avant ses qualités humaines – homme sage, exemplaire, prophète – plutôt que de le croire Fils unique de Dieu, de même nature que le Père.

Iznik, l’ancienne Nicée, aujourd’hui une petite ville de Turquie

Face à ces défis, nous pouvons penser que Jésus-Christ nous adresse encore aujourd’hui la même question qu’un jour il posa aux apôtres : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16,13-17).

Accepter et professer ensemble le Credo de Nicée est donc œcuméniquement important, car la réconciliation des chrétiens signifie une réconciliation non seulement entre les Églises aujourd’hui, mais aussi avec la tradition de l’Église primitive et apostolique.

En considérant le monde actuel, avec toutes ses angoisses, ses problèmes et ses attentes, nous prenons encore davantage conscience que l’unité des chrétiens n’est pas seulement une exigence évangélique, mais aussi une urgence historique.

Si nous voulons confesser ensemble que Jésus est Dieu, alors ses paroles – et surtout ce qu’il a défini comme son commandement nouveau, le critère par lequel le monde pourra nous reconnaître comme ses disciples – prendront une grande valeur pour nous. Vivre ce commandement « sera le seul moyen, ou du moins le plus efficace, de parler de Dieu aujourd’hui à ceux qui ne croient pas, de rendre la Résurrection du Christ traduisible en des catégories compréhensibles pour l’homme d’aujourd’hui » [1].

Centro “Uno”

La vidéo est disponible pour en savoir plus : De Nicée en cheminant ensemble ver l’unité


Amour, unité, mission : en route avec le pape Léon XIV

Amour, unité, mission : en route avec le pape Léon XIV

Plus de 150 délégations venues du monde entier, des responsables politiques, des chefs de diverses Églises chrétiennes, des représentants de différentes religions et plus de 200 000 fidèles de tous les coins de la planète ont participé à la célébration du début du ministère du Pape Léon XIV au Vatican, aujourd’hui, 18 mai 2025. Et c’est précisément par la rencontre avec les pèlerins que le Souverain Pontife a voulu commencer, en traversant la Place Saint-Pierre jusqu’au bout de la Via della Conciliazione, dans un long salut joyeux et émouvant. Puis la pause sur la tombe de Pierre, dont il est le successeur, et le début de la célébration eucharistique.

Un groupe du Centre international des Focolari était également présent, représentant la présidente du mouvement, Margaret Karram, et le coprésident Jesús Morán, actuellement en voyage aux États-Unis.

« J’ai fait l’expérience de l’universalité de l’Église », a déclaré Silvia Escandell (Argentine), déléguée centrale du mouvement des Focolari, lors de sa visite sur la place Saint-Pierre, « j’ai senti comment le pape Léon XIV, certainement aussi grâce à son charisme, a rassemblé cette profonde diversité dans l’unité. J’ai été impressionnée par le fait qu’il a immédiatement utilisé les deux mots amour et unité et que tout son discours s’est inscrit dans ce sillage ». « J’ai également été impressionnée lorsque, a poursuivi Silvia, il a fait référence à Pierre, à qui Jésus a dit de jeter les filets, et qu’il nous a appelés à le faire à nouveau. Mais en sachant qu’il s’agit des filets de l’Évangile, qui va à tout homme. Il me semble que c’est un signe d’espérance pour l’Église et pour l’humanité ».

Nelle foto: piazza San Pietro gremita di fedeli, un momento della celebrazione ed il gruppo del Centro Internazionale dei Focolari

« Pour moi, la journée d’aujourd’hui a été une expérience forte sur le chemin d’un monde uni », a déclaré Ray Asprer (Philippines), délégué central du Mouvement des Focolari. Voir cette place bondée et, surtout, entendre l’appel du pape exprimant sa vision d’une Église instrument d’unité, il m’a semblé que c’était exactement ce qui était vécu ici, dans toute la solennité, mais aussi comme une expérience. Des personnes du monde entier étaient réunies autour du pape pour proclamer que la mission de l’Église est l’amour et l’unité. J’ai entendu à nouveau un appel à l’unité comme signe des temps ».

Chiara Cuneo (Italie), conseillère au centre international des Focolari et coresponsable du dialogue entre les mouvements et les nouvelles communautés au sein de l’Église catholique, parle d’espoir.Dans ce monde, en ces temps sombres, dit-elle, l’espérance est une lumière qui nous guide. Pendant la messe, j’ai pensé que, parfois, il faut vraiment le désert pour que des germes d’espérance apparaissent. Et aujourd’hui, c’est l’un de ces germes : il y a quelque chose qui pousse ». ”.

« Même les paroles du pape sur le fait de marcher ensemble, observe-t-elle, sont très inclusives, il a vraiment cité tout le monde, nous étions tous dans son cœur, tous sans exception

« J’ai pu saluer – conclut-elle – de nombreux fondateurs et présidents de divers mouvements de l’Église. Ce fut un moment de fête, de joie et d’espérance renouvelée pour tous. Avec le désir de continuer ce chemin ensemble, en souhaitant vraiment que nous nous aimions de plus en plus, comme l’a dit le Pape ».

Enno Dijkema (Pays-Bas) est conseiller du Centre international des Focolari et codirecteur du Centre One pour l’unité des chrétiens. « Il y avait aussi beaucoup de responsables d’autres Églises chrétiennes, note-t-il, et le pape a vraiment dit qu’il voulait dialoguer avec tout le monde et qu’il voulait être au service de l’unité de l’Église du Christ. » « J’ai également été très touché, poursuit-il, lorsqu’il a parlé de son ministère et l’a décrit comme n’étant pas au-dessus de tous, mais en dessous, comme amour, comme un service guidé par la joie et la foi pour tous les chrétiens et pour le monde entier. Devant tant de chefs d’État, cela m’a semblé être un beau témoignage, une belle indication du « pouvoir » compris comme amour, comme service ». ».

Anna Lisa Innocenti

Photo: Vatican Media Live e © A.L.I.-CSC Audiovisivi

Une ville ne suffit pas. Chiara Lubich, citoyenne du monde

Une ville ne suffit pas. Chiara Lubich, citoyenne du monde

Vendredi 9 mai, au “Focolare meeting point”, au cœur de Rome (Italie), et en direct en ligne, s’est tenue la remise des prix du concours pour les écoles intitulé «Une ville ne suffit pas. Chiara Lubich, citoyenne du monde .» Le concours est dédié à la fondatrice du mouvement des Focolari, une femme qui a su allier éducation, politique et dialogue pour la paix.

Le thème proposé pour la cinquième édition était : « Explorer le concept de paix, en relation avec la pensée de Chiara Lubich ». 118 œuvres (individuelles et collectives) ont été présentées par 35 établissements scolaires de 15 régions italiennes.

Le concours est promu par New Humanity, le Centre Chiara Lubich et la Fondation Musée historique du Trentin, en collaboration avec le ministère italien de l’Éducation et du Mérite. Il se confirme comme une occasion pour les enseignants et les élèves de réfléchir sur les valeurs de fraternité, d’accueil et de dialogue entre les cultures, thèmes centraux dans la pensée et l’action de Chiara Lubich.

Les travaux primés

École secondaire de deuxième cycle

Premier prix : Construire l’infini, classe 5^ A Linguistique, Lycée A. Maffei – Riva del Garda (Trente). À l’aide d’images pertinentes, les élèves ont su présenter avec créativité leur réflexion sur le thème de la paix en la conjuguant avec des éléments caractéristiques de la pensée de Chiara Lubich, qui accordait une grande importance aux relations de proximité : là où il y a de l’amour, il y a l’unité, et là où il y a l’unité, il y a la paix.

Second prix ex æquo : Vivre la paix, de la classe 2^ H, Lycée classique Quinto Orazio Flacco – Bari. Dans le travail écrit, on apprécie l’accent particulier mis sur la paix, comme une œuvre à vivre au quotidien. Les références choisies dans la pensée de Chiara Lubich, qui laisse un héritage de fraternité et d’engagement concret pour un monde plus uni, sont significatives.

Second prix ex aequo : Regard, d’Elena Scandarelli, 3^ AU, Lycée Maria Ausiliatrice – Riviera San Benedetto (Padoue). De manière simple et efficace, l’image communique explicitement l’importance que Chiara Lubich accordait à la capacité de regarder le monde au-delà des défis humains, en les vivant avec un regard d’espoir.

École secondaire de premier cycle

Premier prix : 1920-2011, par Alessia Tombacco, 3^e C, IC Elisabetta « Betty » Pierazzo – Noale (Venise). Le texte présenté offre une réflexion originale qui met en évidence l’actualité de la pensée de Chiara Lubich et la possibilité d’une rencontre vitale avec elle, même à une époque différente de celle qu’elle a vécue. Riche de confiance dans le présent et d’espoir pour l’avenir, l’image de l’homme-cellule est porteuse de nouvelles relations pour un monde sans frontières.

Second prix : Voix de fraternité, de la classe 3^ D, IC Giovanni XXIII – Villa San Giovanni (Reggio Calabria). Dans ce travail multimédia, on apprécie particulièrement l’implication active des élèves, premiers témoins d’un fragment de monde plus uni et plus fraternel. La référence à la possibilité d’être « artisans de paix » à partir des relations les plus proches est particulièrement significative.

École primaire

Premier prix : Une graine d’unité, Aurora Pellegrino, 5^e A, IC Radice-Alighieri – Catona (Reggio de Calabre). La composition poétique exprime une réflexion originale sur le thème de la paix à la lumière de la contribution spécifique de Chiara Lubich, femme du dialogue.

Second prix : Une ville ne suffit pas, classe 4^ A, IC Antonio Gramsci – Tissi (Sassari). Le travail multimédia présente, de manière originale et efficace, les espaces et les valeurs d’un monde idéal où, grâce à l’amour, toute forme de discrimination peut être surmontée.

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Lorenzo Russo