Mouvement des Focolari
Vers une pédagogie de la paix

Vers une pédagogie de la paix

Je suis Anibelka Gómez, volontaire du Mouvement des Focolari de Santiago de los Caballeros (République dominicaine), enseignante et actuelle directrice d’une école publique.

L’éducation n’est pas seulement un droit, mais un puissant levier de transformation pour nos communautés. En tant qu’éducateurs, nous avons la possibilité d’influencer la construction d’une société plus juste et fraternelle. Ainsi, une grande préoccupation est née en moi : comment puis-je contribuer à construire le “rêve” d’unité que Jésus a demandé au Père ? Quelles actions concrètes puis-je entreprendre pour faire de l’éducation un moteur de changement vers la paix dans nos communautés ?

C’est ainsi que l’an dernier est née l’idée de faire quelque chose qui va au-delà de la simple échelle de notre école. Sachant que nos moyens étaient limités, mais croyant en la promesse de Jésus d’être présent parmi ceux qui s’aiment, nous avons organisé un congrès international intitulé : « Promouvoir la pédagogie de la paix » à Santiago de los Caballeros. Nous avons décidé de préparer ce congrès sur la base de l’amour réciproque entre les organisateurs, membres des Focolari de la République dominicaine et de Porto Rico. 140 enseignants, psychologues, directeurs et professionnels de l’éducation ont participé, représentant 55 établissements scolaires, dont l’école Café con Leche de Saint-Domingue, une école engagée à vivre l’art d’aimer proposé par Chiara Lubich.

Photo : Congrès international « Favoriser la pédagogie de la paix » (Photo : Anibelka Gómez)

Pour réaliser ce grand événement, la providence de Dieu s’est manifestée à travers l’aide, le soutien et la collaboration du directeur Rafael Liriano et du conseiller Ysmailin Collado du district éducatif 08-04, de l’Association nationale des directeurs (ASONADEDI), de certains entrepreneurs et de la communauté de Santiago, qui nous ont aidés pour la logistique.

Grâce à ce congrès, un nouvel intérêt est né pour découvrir les propositions et initiatives éducatives du Mouvement des Focolari, comme le Dé de la paix et la méthode 6×1 (six étapes pour un objectif). C’est pourquoi, quelques mois plus tard, nous avons organisé le séminaire « Culture de la paix et méthode 6×1 ». Vingt écoles y ont participé, représentées par leurs directeurs et enseignants, avec l’objectif de diffuser ensuite ces contenus à d’autres écoles.

À gauche : atelier sur FormaT, à droite : atelier sur le cube de la paix et la méthodologie « 6 x 1 » (Photo : Anibelka Gómez)

Cet atelier a mis en lumière l’urgence, ressentie par les participants, d’implanter dans les écoles la nouveauté du Dé de la paix et de la méthode 6×1. Certains directeurs et enseignants ont affirmé que la mise en œuvre de ces programmes aidera les enfants à promouvoir une culture de paix pour le bien d’une société meilleure.
De plus, pour donner une continuité à ce projet, une nouvelle formation appelée FormaT a été proposée : un cours en ligne destiné aux formateurs qui accompagnent enfants, adolescents et jeunes dans divers environnements éducatifs. L’objectif est de partager expériences, compétences et outils pour la formation et l’accompagnement. Ce programme est animé en ligne depuis la Colombie, avec la participation d’enseignants de 14 établissements scolaires. La formation a lieu chaque mois à partir de septembre, elle est composée de 9 modules et se conclura par la remise d’un diplôme aux participants.

La mise en œuvre de ces modules a créé un lien fort entre les écoles, à tel point qu’en période de Carême, nous avons organisé une retraite pour les participants à FormaT, suivie d’un week-end avec les directeurs participants.
C’est impressionnant pour nous de voir comment Jésus multiplie les talents, touche les cœurs et produit des fruits bien au-delà de ce que nous pouvions imaginer, donnant vie à de véritables expériences d’unité.

Anibelka Gómez
Photo de couverture : © Alicja-Pixabay

10 ans après Laudato Si’, le “projet Amazonie”

10 ans après Laudato Si’, le “projet Amazonie”

Je m’appelle Letícia Alves et je vis dans le nord du Brésil, à Pará.

En 2019, j’ai participé au Projet Amazonie, et pendant 15 jours, moi et un groupe de volontaires avons consacré nos vacances à vivre avec les habitants de la basse Amazonie, dans la ville d’Óbidos.

Avant de me lancer dans cette aventure, je me demandais si j’allais pouvoir me consacrer entièrement à cette expérience, qui se déroulait dans une réalité si différente de la mienne. Au cours du projet, nous avons visité des communautés riveraines de l’Amazone, et tous nous ont accueillis avec un amour inégalé.

Nous avons fourni des services de santé, de soutien juridique et familial, mais la chose la plus importante était d’écouter profondément et de partager la vie, les histoires et les difficultés des personnes que nous avons rencontrées. Les histoires étaient aussi diverses que possible : le manque d’eau potable, l’enfant qui avait une brosse à dents pour toute la famille, ou encore le fils qui voulait tuer sa mère… Plus nous écoutions, plus nous comprenions le sens de notre présence.

Et parmi tant d’histoires, j’ai pu voir à quel point nous pouvons faire la différence dans la vie des gens : à quel point le simple fait d’écouter fait la différence, à quel point une bouteille d’eau potable fait la différence.

Le projet était plus que spécial. Nous avons pu planter une graine d’amour au milieu de tant de douleur et “construire ensemble” nous a fait grandir. Lorsque Jésus est présent parmi nous, tout devient inspirant, plein de lumière et de joie.

Ce n’est pas quelque chose que j’ai vécu pendant 15 jours et puis c’est fini, mais c’est une expérience qui a vraiment transformé ma vie, j’ai senti une forte présence de Dieu et cela m’a donné la force d’embrasser les peines de l’humanité autour de moi dans cette construction quotidienne d’un monde uni.

Je m’appelle Francisco. Je suis né à Juruti en Amazonie, une ville près d’Óbidos. J’ai été surpris d’apprendre que des personnes de différentes régions du Brésil traversaient le pays pour donner de leur personne afin de s’occuper de mon peuple et j’ai voulu me joindre à eux.

Ce qui m’a le plus frappé, c’est le bonheur de tous, des volontaires et des habitants, qui, bien que vivant avec si peu de biens matériels, ont fait l’expérience de la grandeur de l’amour de Dieu.

Après avoir vécu le projet Amazonia à Óbidos, je suis retournée à Juruti avec un nouveau regard et l’envie de continuer cette mission, mais dans ma propre ville. J’y ai vu les mêmes besoins qu’à Óbidos. Ce désir est devenu non seulement le mien, mais celui de toute notre communauté, qui s’est ralliée à la cause. Ensemble, nous avons pensé et donné naissance au projet Amazonia dans la communauté de São Pedro, aux fins d’écouter et de répondre au « cri » de ceux qui en ont le plus besoin et qui, souvent, ne sont pas entendus. Nous avons choisi une communauté sur le continent, nous avons commencé à suivre ses besoins et nous sommes partis à la recherche de professionnels bénévoles.

Avec la collaboration de plusieurs personnes, nous avons apporté la vie de l’Evangile, des soins médicaux, psychologiques, des médicaments et des soins dentaires à toute cette communauté. Surtout, nous avons essayé de nous arrêter et d’écouter les difficultés et les joies des personnes rencontrées.

J’ai une certitude : pour construire un monde plus fraternel et plus solidaire, nous sommes appelés à écouter les cris de ceux qui souffrent autour de nous et à agir, avec la certitude que tout ce qui est fait avec amour n’est pas petit et peut changer le monde !

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Bruxelles : 75 ans après la déclaration Schuman

Bruxelles : 75 ans après la déclaration Schuman

L’Europe continue de faire parler d’elle, au centre de tensions internationales et de débats animés dont l’issue a un impact sur la vie de ses citoyens : près d’un demi-milliard dans l’Union européenne. Paix contre défense, guerre ou paix commerciale, choix énergétiques, politiques de développement et justice sociale, identité et diversité, ouverture et frontières : les thèmes à l’ordre du jour sont nombreux et, face aux changements du contexte interne et externe – en premier lieu la guerre en Ukraine -, la relecture et l’actualisation de la prophétie de Robert Schuman et des pères fondateurs sont non seulement d’actualité, mais nécessaires.

Cela fait 75 ans que le ministre français des Affaires étrangères de l’époque, le 9 mai 1950, prononçait son discours révolutionnaire à Paris, jetant ainsi les bases du processus d’intégration européenne. Le 15 mai 2025, au siège du Parlement Européen à Bruxelles, un panel d’experts, de représentants de divers mouvements chrétiens et de jeunes militants ont donné voix à la vision de l’unité européenne comme instrument de paix.

L’événement était organisé à l’initiative de Ensemble pour l’Europe (EpE), en collaboration avec plusieurs députés européens, à l’invitation de la députée slovaque Miriam Lexmann, absente pour raisons familiales. Il a réuni, dans la matinée du 15 mai, une centaine de personnes venues de Belgique, d’Italie, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Slovaquie, d’Autriche, de France, de Grèce et de Roumanie. Des catholiques, des orthodoxes et des membres des Églises de la Réforme étaient présents, ainsi que des représentants de la Communauté Immanuel, du YMCA, des Focolari, de Schoenstatt, de Sant’Egidio, de Quinta Dimensione et de la Communauté Pape Jean XXIII : une diversité caractéristique du réseau EpE. C’est le modérateur de Ensemble, Gerhard Pross, témoin des débuts, qui a pris la parole : « Pour nous, il est important d’exprimer la force de la foi dans la construction de la société. Cependant, nous ne sommes pas intéressés par le pouvoir ou la domination, mais nous voulons apporter l’espoir, l’amour et la force de la réconciliation et de l’unité inhérents à l’Évangile ».

Parmi le public – et parmi les intervenants – la forte présence des jeunes est remarquable : ils sont 20 à venir du lycée Spojená škola Svätá rodina de Bratislava. Ils étudient la citoyenneté active et le droit européen. Ils sont à Bruxelles avec leurs professeurs pour vivre une expérience qui pourrait marquer leur parcours professionnel et leur vie. Parmi eux, Maria Kovaleva : « Je viens de Russie et pour moi, l’Europe signifie pouvoir être ici, indépendamment de mon origine ou de la situation politique dans mon pays ou en Slovaquie, et parler librement, ici même, au cœur de l’Europe. Pour moi, l’Europe a toujours été un endroit où peu importe votre religion ou votre nationalité. Tout le monde a le droit de s’exprimer, et de s’exprimer sans censure. C’est le genre d’Europe dont rêvait Robert Schuman ».

Peter, 16 ans, se dit sincèrement surpris de se retrouver pour la première fois dans un lieu institutionnel où se prennent des décisions importantes. Il est délégué des élèves et son expérience à Bruxelles est pour lui une source d’inspiration pour l’avenir, où il espère jouer un rôle de leader dans le domaine du management ou de la politique.

Samuel a 17 ans. Il décrit ces derniers jours comme « une expérience extraordinaire qui lui a permis d’en savoir plus sur le reste de l’Europe, sur le fonctionnement de la politique et du Parlement. Je pense pouvoir parler au nom de toute la classe : c’était extraordinaire ! ».

Une autre délégation étudiante vient d’Italie. Elle est composée de 10 étudiants en sciences politiques et relations internationales de la LUMSA, à Rome. Daniele, étudiant en première année de sciences politiques, est particulièrement impressionné par le moment de l’après-midi : la prière œcuménique dans la « Chapelle pour l’Europe ». « J’aime le travail de Chiara Lubich, qui consiste à créer des ponts pour rassembler tout le monde, et on pouvait voir l’engagement de chacun des participants. Ce n’est pas une rencontre entre rêveurs, mais une recherche concrète qui mène à quelque chose de solide ». Pour Diego, c’est un moment où la mémoire se renouvelle et conduit à la continuité. Il est inspiré par la mondialité qui règne à Bruxelles, « un point de départ pour de futurs développements », et il a particulièrement apprécié les interventions des députés européens.

Photo: H. Brehm / K. Brand / M. Bacher

En effet, Antonella Sberna (Conservateurs et Réformistes européens), vice-présidente du Parlement européen et responsable de la mise en œuvre de l’article 17 TFUE, Leoluca Orlando et Cristina Guarda (Verts) étaient présents dans la matinée. « Vous êtes l’exemple de ce que l’UE peut faire pour nos peuples et nos civilisations », a déclaré la vice-présidente, s’adressant à Ensemble pour l’Europe. Elle invite les jeunes présents à « être critiques, mais passionnés », à « bien étudier l’Europe », afin d’être « ensemble au service de la correction de ce qui ne nous plaît pas et de la garantie de la paix à l’intérieur de nos frontières, comme exemple d’union des peuples dans le respect des souverainetés ».

Leoluca Orlando invite à « saisir le projet d’avenir qui était dans l’action de Schumann, en cultivant une mémoire inquiète » et rappelle le principe de fraternité, qui permet de dépasser les polarisations historiques entre la droite et la gauche sur la liberté et l’égalité. Et comme exemple de fraternité, il cite « l’expérience prophétique d’unité entre catholiques et luthériens, grâce à l’intuition de Chiara Lubich, à Ottmaring, en Bavière, un lieu au cœur de la guerre de Trente Ans ».

Pour Cristina Guarda, la paix est le mot clé : « En tant que Mouvements chrétiens, je vous demande de prendre part à cette discussion et d’exiger notre cohérence dans la recherche de la paix. Et donc de faire les bons choix et de voter correctement, pour respecter la paix ».

Et c’est précisément à un projet de paix que la Déclaration Schuman aspire : Jeff Fountain, du Centre Schuman, propose une lecture des fondements spirituels de la Déclaration, de son « courageux discours de trois minutes » : « son projet n’était pas seulement politique ou économique. Lue à un niveau plus profond, la Déclaration Schuman révèle que le projet est profondément moral, spirituel, enraciné dans les valeurs du cœur ». « Les institutions qu’elle a contribué à inspirer, aussi imparfaites soient-elles, constituent une défense contre le retour à la politique de domination et d’exclusion, de peur et de haine ».

Mais qui devrait donner une âme à l’Europe ? Alberto Lo Presti invite à la réflexion. « Nous ne devrions pas attendre que cette âme soit produite par les institutions politiques européennes et transmise à ses citoyens. Je ne voudrais pas vivre dans une société où l’institution m’inculque une vision du monde. Ce sont généralement les organisations politiques totalitaires que nous avons bien connues ici en Europe, comme le nazisme et le communisme, qui agissent ainsi. L’âme de l’Union européenne sera visible lorsque cette âme se reflétera dans les choix quotidiens de ses citoyens. En tant que Ensemble pour l’Europe, nous voulons accompagner l’Europe dans la réalisation de sa vocation ».

Maria Chiara De Lorenzo
(de https://www.together4europe.org/)

Le Concile de Nicée : une page historique et actuelle de la vie de l’Église

Le Concile de Nicée : une page historique et actuelle de la vie de l’Église

Beaucoup a déjà été dit – et le sera encore – sur l’importance œcuménique de l’année 2025. Le 1700ᵉ anniversaire du Concile de Nicée n’est que l’un – même s’il est fondamental – des nombreux anniversaires importants pour l’ensemble de la chrétienté célébrés cette année. Pourquoi est-il essentiel de se souvenir de Nicée encore aujourd’hui ? Quelle est son actualité ? Pour bien le comprendre, il faut remonter au IVᵉ siècle.

Entre 250 et 318 évêques venus de tout l’Empire se rendirent à Nicée. L’objectif principal était de défendre et de confirmer la foi et la doctrine transmises par les apôtres sur la personne divine et humaine de Jésus-Christ, face à une autre doctrine qui se répandait parmi les chrétiens : celle du prêtre Arius d’Alexandrie d’Égypte et de ses partisans, qui soutenaient que Jésus-Christ n’était pas Dieu de toute éternité, mais la première et plus sublime créature de Dieu.En 313, l’empereur Constantin accorda la liberté de culte aux chrétiens, mettant fin aux persécutions religieuses dans tout l’Empire. Plus tard, en 324, Constantin devint l’unique autorité sur l’ensemble de l’Empire, tant occidental qu’oriental, mais il comprit qu’une controverse doctrinale risquait de troubler la paix dans ses territoires. Il décida donc de convoquer un Concile de toute l’Église afin de trancher cette question. Il était en effet conscient qu’il s’agissait d’un problème religieux, mais également convaincu que l’unité religieuse était un facteur important de stabilité politique.

Il est compréhensible qu’un tel mystère – celui de la personne de Jésus-Christ – ait représenté un défi pour l’intelligence humaine. Mais en même temps, le témoignage des apôtres et de nombreux chrétiens, prêts à mourir pour défendre cette foi, était plus fort. Même parmi les évêques présents au Concile, beaucoup portaient encore les marques des tortures et souffrances subies pour cette raison.

Ainsi, ce Concile définit la foi sur laquelle repose le christianisme et que toutes les Églises chrétiennes professent : le Dieu révélé par Jésus-Christ est un Dieu unique mais non solitaire : le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu en trois Personnes distinctes, existant de toute éternité.

Se souvenir de Nicée aujourd’hui est donc d’une grande importance et d’une grande actualité : c’est un Concile qui a posé les bases de la structure synodale de l’Église, que nous cherchons aujourd’hui à concrétiser davantage ; un Concile qui a unifié pour toute l’Église la date de la célébration de Pâques (des siècles plus tard – jusqu’à aujourd’hui – en raison du changement de calendriers, cette date est devenue différente pour les Églises d’Occident et d’Orient) et qui a fixé les points clés de la foi chrétienne. Ce dernier point, en particulier, nous interpelle fortement aujourd’hui. Peut-être que la tendance à ne pas croire en la divinité de Jésus-Christ n’a jamais complètement disparu. Aujourd’hui, pour beaucoup, il est plus facile et plus confortable de parler de Jésus en mettant en avant ses qualités humaines – homme sage, exemplaire, prophète – plutôt que de le croire Fils unique de Dieu, de même nature que le Père.

Iznik, l’ancienne Nicée, aujourd’hui une petite ville de Turquie

Face à ces défis, nous pouvons penser que Jésus-Christ nous adresse encore aujourd’hui la même question qu’un jour il posa aux apôtres : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16,13-17).

Accepter et professer ensemble le Credo de Nicée est donc œcuméniquement important, car la réconciliation des chrétiens signifie une réconciliation non seulement entre les Églises aujourd’hui, mais aussi avec la tradition de l’Église primitive et apostolique.

En considérant le monde actuel, avec toutes ses angoisses, ses problèmes et ses attentes, nous prenons encore davantage conscience que l’unité des chrétiens n’est pas seulement une exigence évangélique, mais aussi une urgence historique.

Si nous voulons confesser ensemble que Jésus est Dieu, alors ses paroles – et surtout ce qu’il a défini comme son commandement nouveau, le critère par lequel le monde pourra nous reconnaître comme ses disciples – prendront une grande valeur pour nous. Vivre ce commandement « sera le seul moyen, ou du moins le plus efficace, de parler de Dieu aujourd’hui à ceux qui ne croient pas, de rendre la Résurrection du Christ traduisible en des catégories compréhensibles pour l’homme d’aujourd’hui » [1].

Centro “Uno”

La vidéo est disponible pour en savoir plus : De Nicée en cheminant ensemble ver l’unité


Amour, unité, mission : en route avec le pape Léon XIV

Amour, unité, mission : en route avec le pape Léon XIV

Plus de 150 délégations venues du monde entier, des responsables politiques, des chefs de diverses Églises chrétiennes, des représentants de différentes religions et plus de 200 000 fidèles de tous les coins de la planète ont participé à la célébration du début du ministère du Pape Léon XIV au Vatican, aujourd’hui, 18 mai 2025. Et c’est précisément par la rencontre avec les pèlerins que le Souverain Pontife a voulu commencer, en traversant la Place Saint-Pierre jusqu’au bout de la Via della Conciliazione, dans un long salut joyeux et émouvant. Puis la pause sur la tombe de Pierre, dont il est le successeur, et le début de la célébration eucharistique.

Un groupe du Centre international des Focolari était également présent, représentant la présidente du mouvement, Margaret Karram, et le coprésident Jesús Morán, actuellement en voyage aux États-Unis.

« J’ai fait l’expérience de l’universalité de l’Église », a déclaré Silvia Escandell (Argentine), déléguée centrale du mouvement des Focolari, lors de sa visite sur la place Saint-Pierre, « j’ai senti comment le pape Léon XIV, certainement aussi grâce à son charisme, a rassemblé cette profonde diversité dans l’unité. J’ai été impressionnée par le fait qu’il a immédiatement utilisé les deux mots amour et unité et que tout son discours s’est inscrit dans ce sillage ». « J’ai également été impressionnée lorsque, a poursuivi Silvia, il a fait référence à Pierre, à qui Jésus a dit de jeter les filets, et qu’il nous a appelés à le faire à nouveau. Mais en sachant qu’il s’agit des filets de l’Évangile, qui va à tout homme. Il me semble que c’est un signe d’espérance pour l’Église et pour l’humanité ».

Nelle foto: piazza San Pietro gremita di fedeli, un momento della celebrazione ed il gruppo del Centro Internazionale dei Focolari

« Pour moi, la journée d’aujourd’hui a été une expérience forte sur le chemin d’un monde uni », a déclaré Ray Asprer (Philippines), délégué central du Mouvement des Focolari. Voir cette place bondée et, surtout, entendre l’appel du pape exprimant sa vision d’une Église instrument d’unité, il m’a semblé que c’était exactement ce qui était vécu ici, dans toute la solennité, mais aussi comme une expérience. Des personnes du monde entier étaient réunies autour du pape pour proclamer que la mission de l’Église est l’amour et l’unité. J’ai entendu à nouveau un appel à l’unité comme signe des temps ».

Chiara Cuneo (Italie), conseillère au centre international des Focolari et coresponsable du dialogue entre les mouvements et les nouvelles communautés au sein de l’Église catholique, parle d’espoir.Dans ce monde, en ces temps sombres, dit-elle, l’espérance est une lumière qui nous guide. Pendant la messe, j’ai pensé que, parfois, il faut vraiment le désert pour que des germes d’espérance apparaissent. Et aujourd’hui, c’est l’un de ces germes : il y a quelque chose qui pousse ». ”.

« Même les paroles du pape sur le fait de marcher ensemble, observe-t-elle, sont très inclusives, il a vraiment cité tout le monde, nous étions tous dans son cœur, tous sans exception

« J’ai pu saluer – conclut-elle – de nombreux fondateurs et présidents de divers mouvements de l’Église. Ce fut un moment de fête, de joie et d’espérance renouvelée pour tous. Avec le désir de continuer ce chemin ensemble, en souhaitant vraiment que nous nous aimions de plus en plus, comme l’a dit le Pape ».

Enno Dijkema (Pays-Bas) est conseiller du Centre international des Focolari et codirecteur du Centre One pour l’unité des chrétiens. « Il y avait aussi beaucoup de responsables d’autres Églises chrétiennes, note-t-il, et le pape a vraiment dit qu’il voulait dialoguer avec tout le monde et qu’il voulait être au service de l’unité de l’Église du Christ. » « J’ai également été très touché, poursuit-il, lorsqu’il a parlé de son ministère et l’a décrit comme n’étant pas au-dessus de tous, mais en dessous, comme amour, comme un service guidé par la joie et la foi pour tous les chrétiens et pour le monde entier. Devant tant de chefs d’État, cela m’a semblé être un beau témoignage, une belle indication du « pouvoir » compris comme amour, comme service ». ».

Anna Lisa Innocenti

Photo: Vatican Media Live e © A.L.I.-CSC Audiovisivi

Une ville ne suffit pas. Chiara Lubich, citoyenne du monde

Une ville ne suffit pas. Chiara Lubich, citoyenne du monde

Vendredi 9 mai, au “Focolare meeting point”, au cœur de Rome (Italie), et en direct en ligne, s’est tenue la remise des prix du concours pour les écoles intitulé «Une ville ne suffit pas. Chiara Lubich, citoyenne du monde .» Le concours est dédié à la fondatrice du mouvement des Focolari, une femme qui a su allier éducation, politique et dialogue pour la paix.

Le thème proposé pour la cinquième édition était : « Explorer le concept de paix, en relation avec la pensée de Chiara Lubich ». 118 œuvres (individuelles et collectives) ont été présentées par 35 établissements scolaires de 15 régions italiennes.

Le concours est promu par New Humanity, le Centre Chiara Lubich et la Fondation Musée historique du Trentin, en collaboration avec le ministère italien de l’Éducation et du Mérite. Il se confirme comme une occasion pour les enseignants et les élèves de réfléchir sur les valeurs de fraternité, d’accueil et de dialogue entre les cultures, thèmes centraux dans la pensée et l’action de Chiara Lubich.

Les travaux primés

École secondaire de deuxième cycle

Premier prix : Construire l’infini, classe 5^ A Linguistique, Lycée A. Maffei – Riva del Garda (Trente). À l’aide d’images pertinentes, les élèves ont su présenter avec créativité leur réflexion sur le thème de la paix en la conjuguant avec des éléments caractéristiques de la pensée de Chiara Lubich, qui accordait une grande importance aux relations de proximité : là où il y a de l’amour, il y a l’unité, et là où il y a l’unité, il y a la paix.

Second prix ex æquo : Vivre la paix, de la classe 2^ H, Lycée classique Quinto Orazio Flacco – Bari. Dans le travail écrit, on apprécie l’accent particulier mis sur la paix, comme une œuvre à vivre au quotidien. Les références choisies dans la pensée de Chiara Lubich, qui laisse un héritage de fraternité et d’engagement concret pour un monde plus uni, sont significatives.

Second prix ex aequo : Regard, d’Elena Scandarelli, 3^ AU, Lycée Maria Ausiliatrice – Riviera San Benedetto (Padoue). De manière simple et efficace, l’image communique explicitement l’importance que Chiara Lubich accordait à la capacité de regarder le monde au-delà des défis humains, en les vivant avec un regard d’espoir.

École secondaire de premier cycle

Premier prix : 1920-2011, par Alessia Tombacco, 3^e C, IC Elisabetta « Betty » Pierazzo – Noale (Venise). Le texte présenté offre une réflexion originale qui met en évidence l’actualité de la pensée de Chiara Lubich et la possibilité d’une rencontre vitale avec elle, même à une époque différente de celle qu’elle a vécue. Riche de confiance dans le présent et d’espoir pour l’avenir, l’image de l’homme-cellule est porteuse de nouvelles relations pour un monde sans frontières.

Second prix : Voix de fraternité, de la classe 3^ D, IC Giovanni XXIII – Villa San Giovanni (Reggio Calabria). Dans ce travail multimédia, on apprécie particulièrement l’implication active des élèves, premiers témoins d’un fragment de monde plus uni et plus fraternel. La référence à la possibilité d’être « artisans de paix » à partir des relations les plus proches est particulièrement significative.

École primaire

Premier prix : Une graine d’unité, Aurora Pellegrino, 5^e A, IC Radice-Alighieri – Catona (Reggio de Calabre). La composition poétique exprime une réflexion originale sur le thème de la paix à la lumière de la contribution spécifique de Chiara Lubich, femme du dialogue.

Second prix : Une ville ne suffit pas, classe 4^ A, IC Antonio Gramsci – Tissi (Sassari). Le travail multimédia présente, de manière originale et efficace, les espaces et les valeurs d’un monde idéal où, grâce à l’amour, toute forme de discrimination peut être surmontée.

Pour les mentions d’honneur et pour plus d’informations sur le contenu des travaux, cliquez ici

Lorenzo Russo

Luciana Scalacci, témoin du dialogue

Luciana Scalacci, témoin du dialogue

Le 18 mars 2025, Luciana Scalacci nous a quittés; une femme extraordinaire, témoignage vivant d’un engagement concret et actif dans le dialogue à 360°. Luciana, mariée à Nicola, tous deux de convictions non religieuses, ont toujours considéré le dialogue comme un aspect fondamental de la société contemporaine, caractérisée par de nombreuses formes de divisions et de conflits. « Mon mari et moi sommes non-croyants – racontait Luciana il y a quelques années lors d’une rencontre des Focolari –, ou plutôt, nous ne croyons pas en Dieu, car nous croyons en l’homme et en son potentiel ».

Luciana est née à Abbadia San Salvatore, un village italien de la province de Sienne. Depuis son enfance, elle s’est toujours dépensée pour les plus démunis, les plus faibles, transmettant à tous les valeurs d’honnêteté, d’intégration et d’égalité. Avec son mari, ils se sont engagés dans la politique et le syndicalisme, dans une militance de gauche toujours centrée sur les valeurs de justice, de dialogue et de liberté. La rencontre avec le mouvement des Focolari s’est faite grâce à leur fille Mascia.

« Un jour, raconte Luciana, notre fille nous a écrit une lettre dans laquelle elle nous disait en substance : « Chers parents, j’ai trouvé un endroit où mettre en pratique les valeurs que vous m’avez toujours transmises ». Elle avait découvert le mouvement des Focolari. Afin de mieux comprendre la décision de leur fille, Luciana et Nicola ont décidé de participer à une journée organisée par les Focolari. « C’était une rencontre entre des personnes de convictions différentes, mais nous ne le savions pas. Afin d’éviter tout malentendu, nous avons donc tenu à préciser immédiatement notre position politique et religieuse. La réponse fut : « Mais qui vous a demandé quoi que ce soit ? ». Nous avons ainsi immédiatement eu l’impression de nous trouver dans un environnement où les idées des autres étaient respectées, nous avons trouvé une ouverture que nous n’avions jamais rencontrée dans d’autres associations ou mouvements religieux ».

À partir de ce moment et au cours des années suivantes, la contribution de Luciana Scalacci au Mouvement des Focolari a été essentielle. C’est en 1995 qu’elle a rencontré pour la première fois Chaira Lubich, fondatrice des Focolari. À ses côtés, elle s’est toujours engagée à faire naître et approfondir le dialogue avec des personnes de convictions non religieuses, qui a pris de l’ampleur grâce à l’intelligence éclairée de Luciana.

Depuis 2000, elle faisait partie de la Commission internationale pour le dialogue avec les personnes de convictions non religieuses, contribuant ainsi à l’organisation de conférences telles que En dialogue pour la paix, Conscience et pauvreté, Femmes et hommes vers une société solidaire et bien d’autres encore. Luciana avait trouvé une pleine harmonie avec l’Idéal de l’unité, dans sa rencontre personnelle avec Chiara et avec la communauté des Focolari. Elle racontait à une amie : « Ce dialogue (entre personnes de convictions différentes) n’est pas né pour convertir les non-croyants, mais parce qu’avec Chiara, nous avions compris que le monde uni se fait avec tous. Que tous soient un. Si nous en excluons ne serait-ce qu’un seul, nous ne sommes plus tous ».

Le 26 septembre 2014, lors d’une audience accordée aux Focolari, elle salue le Pape François. « En cette journée extraordinaire, j’ai eu le privilège d’échanger avec vous quelques paroles que je n’oublierai jamais », a-t-elle raconté cette année dans une lettre adressée au Pape alors qu’il était hospitalisé à la polyclinique Gemelli. « Aujourd’hui, cher Pape François, vous êtes dans un lit d’hôpital, et moi aussi je suis dans la même situation. Tous deux face à la fragilité de notre humanité. Je tenais à vous assurer que je ne cesse de penser à vous et de prier laïquement pour vous. Priez chrétiennement pour moi ».

Les larmes de gratitude ont coulé à flot et les mots de remerciement ont été très profonds le jour de ses funérailles. Parmi tous ceux qui ont pris la parole, Vita Zanolini, focolarine et amie de Luciana et Nicola, a déclaré : « Amie, sœur, compagne aux frontières du nouveau, mais dans le respect de l’histoire et des racines, maîtresse de vie et bien plus encore. En pensant à elle « Luciana : amie, sœur, compagne aux frontières du nouveau, mais dans le respect de l’histoire et des racines, maîtresse de vie et bien plus encore », a déclaré Vita en se souvenant d’elle. « En pensant à elle, à sa liberté, je vois des ciels lumineux et limpides, aux couleurs intenses ; une source claire qui, dans son écoulement doux et silencieux, se transforme en cascade tumultueuse. Une cheminée allumée dans une maison accueillante qui témoigne d’un cœur toujours ouvert. Mais aussi un menu raffiné et riche, avec des recettes délicieuses et toujours créatives. Résilience, respect, écoute, ténacité dans toutes ses nuances ».

« Il y a des années, poursuit Vita, lors d’une conférence sur le dialogue, quelqu’un a posé une question un peu originale : « Quelle est la différence entre un croyant et un non-croyant ? » Et la réponse de Luciana, peut-être inattendue pour beaucoup, a été : « Les croyants croient en Dieu, les non-croyants… Dieu croit en eux ». Et je pense que nous pouvons dire que Luciana n’a pas déçu ni trahi cette foi que Dieu avait en elle ! »

Luciana a passé les derniers jours de sa vie terrestre dans un hospice où elle était hospitalisée. Elle était toujours très vigilante et active pour communiquer ce qu’elle avait dans le cœur, avec une force extraordinaire qui contrastait avec son souffle court. Elle a fait ses recommandations (même en menaçant en plaisantant) entrecoupées du récit et du souvenir de nombreuses expériences vécues ensemble. « C’était comme si elle nous passait le relais, raconte encore Vita. Avant de nous dire au revoir, son étreinte était poignante et en même temps très sereine, avec un goût d’éternité ».

Lorenzo Russo

Rimarishun » : Dialoguons. Une option interculturelle en Amérique Latine

Rimarishun » : Dialoguons. Une option interculturelle en Amérique Latine

L’Amérique latine compte 826 peuples indigènes, pour une population d’environ 50 millions d’habitants, soit 8 % de la population totale, et l’on estime que 200 autres vivent dans un isolement volontaire. Dans ce contexte, depuis l’arrivée du mouvement des Focolari sur ces terres, l’accent a été mis sur la recherche du dialogue entre les personnes et les groupes appartenant aux trois grandes matrices culturelles qui composent la région : les cultures originelles du continent américain, les cultures hispano-portugaise-française et les cultures africaines des peuples qui ont été amenés aux Amériques. Les nombreux membres du Mouvement qui appartiennent à ces groupes ethniques en sont la preuve.

Une centaine de personnes, représentant presque tous les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, se sont réunies à Atuntaqui, au nord de l’Équateur, du 1er au 4 mai 2025, pour participer au « Rimarishun », une expérience d’interculturalité basée sur un exercice de dialogue entre la cosmovision andine et caribéenne des peuples indigènes et le charisme de l’Unité. Cet espace est né il y a quelques années en Équateur et s’étend progressivement à tous les pays d’Amérique latine.

«« Nous sommes conscients de la douleur qui, tout au long de l’histoire, a marqué nos relations en tant que Latino-Américains » – expliquent-ils – en raison du racisme et de la séparation qui ont entravé la relation symétrique entre les cultures et ont conduit à la rupture des relations entre les personnes de différents groupes culturels, donnant lieu à des relations sociales injustes. C’est pourquoi, en Équateur, en 2017, nous avons commencé un chemin de fraternité, que nous appelons en langue quichwa « Rimarishun » (dialoguons), en faisant de l’interculturalité une option de vie et en utilisant le dialogue fraternel comme méthode. »

Le congrès, conçu comme un voyage, un « pèlerinage » vital, a commencé par le déplacement des participants vers la communauté quichua de Gualapuro. Il est apparu immédiatement que l’objectif était de créer des espaces interculturels qui jettent des ponts entre des groupes de peuples, de nationalités ou de cultures différentes, où il est fondamental de rencontrer l’autre, de l’accueillir et de s’occuper de lui en tant que frère et sœur. Manuel Lema, de la communauté Quichua, a accueilli les participants sous une grande tente dressée pour l’occasion : « Nous pouvons générer une façon différente de penser, de voir le monde de différentes manières, mais, en même temps, être un ». Jesús Morán, coprésident du mouvement des Focolari, arrivé d’Italie pour participer au congrès avec un petit groupe du conseil général des Focolari et porteur des salutations de la présidente Margaret Karram, a ajouté : « Nous sommes en train de construire quelque chose de nouveau. Face à une société sur-développée, nous découvrons ici une sagesse plus profonde qui nous vient des peuples autochtones ». .» Tout le monde est donc monté sur la colline pour participer au « Guatchacaram », le rituel d’action de grâce à la Terre Mère. Plus tard, après avoir partagé le déjeuner, tout est devenu un moment de célébration exprimant la fraternité : musique, danse. À la fin de la journée, quelques arbres ont été plantés en mémoire de ceux qui ont donné l’impulsion à ce dialogue et qui ne sont plus parmi nous, dont un dédié au pape François.

Une autre étape de ce voyage a été la visite de la maison de l’évêque Leonidas Proaño (1910-1988), « l’apôtre des Indiens ». Son dévouement pour les peuples indigènes les plus pauvres et les plus exploités est un exemple fort d’interculturalité. C’est dans cet environnement qu’ont commencé à se développer les « mingas », des groupes de réflexion et d’action commune, qui considèrent la réciprocité comme le principe central de la relation, sur divers sujets : économie, écologie, éducation, spiritualité, culture, racisme.

Les rituels des Afro-descendants des Caraïbes et d’Amérique centrale et le rituel maya sont partagés, avec un grand respect et en tenant compte de la diversité, et sont liés à un profond respect de la nature, de la « Terre mère » et de la transcendance. Et dans ce contexte, le partage de témoignages tels que celui des focolari dans les territoires des peuples indigènes, des écoles de récupération des savoirs et des cultures ancestrales, ou du système mathématique amérindien, permet un enrichissement mutuel.

La « pérégrination » se poursuit à l’Université catholique de l’Équateur à Ibarra ouverte pour un moment à la communauté universitaire et au public. Custodio Ferreira (Brésil), diplômé en pédagogie et en éducation, spécialisé dans l’histoire de l’Afrique, participe à la table ronde et parle des « blessures de la réalité » « le racisme qui existe aujourd’hui dans toute l’Amérique latine et les Caraïbes est une plaie ouverte qui saigne. Sa guérison et sa restauration nécessitent un dialogue fraternel et, en ce sens, l’interculturalité, telle qu’elle est vécue par Rimarishum, est une réponse concrète pour entamer ce processus de guérison ».


Osvaldo Barreneche (Argentine), docteur en histoire, responsable du Centre des Focolari pour le dialogue avec la culture contemporaine, a parlé de « la fraternité et de la protection de la terre à travers certains écrits du pape François ».

Jesus Moran (Espagne), coprésident du mouvement des Focolari, qui a vécu en Amérique latine depuis 27 ans, a déclaré : «Ce travail d’interculturalité est très important et il est réalisé avec une fidélité admirable dans diverses parties de l’Amérique latine. Pour nous, chrétiens, cela signifie que nous pouvons découvrir dans les cultures indigènes des aspects de la révélation du Christ qui n’ont pas été suffisamment mis en valeur jusqu’à présent ».

Maydy Estrada Bayona (Cuba), docteure en sciences philosophiques et professeure à l’Université de La Havane, a fait entrer les participants dans la « Cosmovision afro-caribéenne ». Monica Montes (Colombie), docteure en philologie hispanique, enseignante et chercheuse à l’Université de La Sabana, a évoqué « La fraternité et l’attention dans la pensée latino-américaine ». Jery Chavez Hermosa (Bolivie), fondateur, dans la ville de Cordoba, en Argentine, de l’organisation des migrants andins de culture aymara, quechua et guaranì, a conclu par une présentation dynamique qui a impliqué tous les participants.

La rencontre s’est terminée par une messe inculturée, avec des danses, des chants typiques et des tambours dans une église décorée de fleurs et de pétales de roses, célébrée par Mgr Adalberto Jiménez, évêque du vicariat d’Aguarico, qui a participé activement à la rencontre. Le Notre Père a été récité successivement en 12 langues, démontrant ainsi l’interculturalité vécue au cours de ces journées.

Dans son homélie, Mgr Adalbert, partant du récit évangélique de la multiplication des pains, a invité chacun à regarder vers l’avenir : «Ce Jésus, ce Dieu qui nous unit sous des noms différents, dans des rites différents, c’est l’histoire que nous avons à raconter, les rites de la vie, de l’unité. Aujourd’hui, nous repartons avec un peu plus de lumière, qui est un feu, qui éclaire. C’est ce que nous ont laissé Chiara Lubich et le pape François, qui sont présents et nous appellent à prendre soin de l’interculturalité. Merci Rimarishun’.»

Carlos Mana

Photo: © Carlos Mana – Ivan Izurieta

Joie et gratitude de Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari, pour l’élection du Pape Léon XIV

Joie et gratitude de Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari, pour l’élection du Pape Léon XIV

Au nom du Mouvement des Focolari dans le monde entier, j’exprime ma profonde joie pour l’élection du Pape Léon XIV comme nouveau Souverain Pontife de l’Église catholique. Nous remercions Dieu d’avoir écouté les prières de nombreuses personnes et d’avoir guidé de son Esprit les travaux des Cardinaux pour trouver le successeur de Pierre, en cette période qui présente de graves défis pour l’humanité.

Nous assurons dès à présent le Saint-Père de notre proximité filiale, de nos prières et de notre engagement à être des bâtisseurs de paix, comme il l’a souligné à plusieurs reprises lors de sa première bénédiction.

Aujourd’hui, le monde a un besoin extrême de paix, de lumière et d’espérance. C’est pourquoi nous lui promettons de continuer à nous engager, avec les communautés ecclésiales dans lesquelles nous sommes insérés, à porter l’amour de Dieu à tous, à être ouverts au dialogue, pour être « un seul peuple toujours en paix », témoignant que l’unité demandée par Jésus dans son Testament est plus forte que toute division.

Nous nous engageons également à incarner toujours plus fidèlement le parcours synodal, afin de pouvoir l’appliquer également dans les différents domaines de la société ; à apporter notre contribution pour que l’Église soit une maison ouverte et accueillante pour tous les hommes et toutes les femmes et pour les nouvelles générations, surtout pour ceux qui sont les plus fragiles, les plus souffrants et les exclus, afin d’offrir à tous le message toujours nouveau du Christ.

Meilleurs vœux, Pape Léon XIV, avec toute notre affection !

Margaret Karram – Présidente du Mouvement des Focolari,

Scaricare qui la Dichiarazione della Presidente

Sur le même bateau : un voyage vers la paix

Sur le même bateau : un voyage vers la paix

Il y a quelques semaines, j’ai participé au projet MED25, un bateau-école pour la paix. Nous étions 20 jeunes de toute la Méditerranée – Nord, Sud, Est et Ouest – à bord d’un bateau appelé « Bel Espoir ». Nous sommes partis de Barcelone, et comme le temps n’était pas au rendez-vous, nous nous sommes arrêtés à Ibiza avant d’atteindre Ceuta, d’où nous avons voyagé par voie terrestre jusqu’à Tétouan, puis nous sommes retournés à Malaga. Ce n’était pas seulement un voyage – c’était un voyage dans les vies, les mentalités et les cultures des autres.

Vivre sur un bateau avec tant de personnes différentes était magnifique, mais pas toujours facile. Chaque jour, nous devions nous partager les tâches : cuisiner, servir les repas, nettoyer, faire la vaisselle. Nous avons alterné les équipes, de sorte que chacun a pu vivre au rythme de la vie à bord. Nous avons également appris à naviguer, ce qui était un peu fou au début. J’aimerais pouvoir dire que tout est devenu naturel à la fin, mais c’était en fait plus difficile que prévu. On commence à se rendre compte de l’ampleur du travail d’équipe qu’il faut vraiment pour aller de l’avant.

Mais nous n’étions pas seulement là pour cuisiner et naviguer. Nous étions là pour parler, pour vraiment parler. Nous avons abordé huit grands thèmes : la culture, l’éducation, le rôle des femmes, la religion, l’environnement, les migrations, les traditions chrétiennes et, bien sûr, la paix. Il ne s’agissait pas de discussions théoriques. Il s’agissait de questions profondément personnelles. Nous avons partagé nos points de vue et parfois nous nous sommes confrontés l’un l’autre. Parfois, les discussions étaient animées. Il y a eu des moments de frustration. Certaines conversations se sont transformées en véritables disputes.

Mais la vérité, c’est que sur un bateau, on ne peut pas partir comme ça. On ne peut pas rentrer chez soi et dormir dessus. On vit ensemble. On mange ensemble. On navigue ensemble. On est littéralement dans le même bateau. Cela change tout. Il est impossible de rester en colère longtemps. Nous avons dû en parler. Nous avons dû nous écouter les uns les autres et parfois admettre que nous avions tort.

Pour moi, c’est ce qui a été le plus fort dans cette expérience. J’ai compris que la plupart des conflits – entre personnes ou entre pays – ne naissent pas de la haine. Ils naissent d’un manque de connaissances, de stéréotypes, d’informations erronées. Et tout comme nous avons appris à nous connaître sur ce bateau, le monde peut faire de même. Si nous avons réussi à surmonter des années d’incompréhension en seulement deux semaines, imaginez ce qui serait possible si les gens étaient vraiment prêts à s’écouter les uns les autres.

J’ai également découvert beaucoup de choses inattendues. Par exemple, le Carême est célébré différemment en Europe et au Moyen-Orient. Ou comment la religion joue un rôle complètement différent dans la politique et la vie publique, selon l’endroit où l’on se trouve. En Europe, il s’agit souvent d’une affaire privée, alors que dans de nombreux pays du Moyen-Orient, la religion façonne les lois, la politique et la vie quotidienne. Il ne s’agit pas seulement de notions : j’ai ressenti la différence à travers les personnes avec lesquelles j’ai vécu.

Ce qui m’a le plus frappé, c’est que, malgré toutes nos différences, nous avions tant de choses en commun. Nous avons beaucoup ri. Nous dansions. Nous avons eu le mal de mer ensemble. Nous avons même eu l’occasion de jeûner ensemble, car nous étions en période de carême et de ramadan. Nous avons fait de l’art, lu des livres, plaisanté, prié dans de nombreuses langues différentes en même temps, découvert des religions comme le christianisme, l’islam, l’hindouisme, le judaïsme, dormi à la belle étoile et partagé des moments silencieux et sacrés. Et à travers tout cela, j’ai réalisé que la paix n’est pas quelque chose de lointain ou d’inaccessible. C’est quelque chose de très humain. Elle est chaotique et nécessite un engagement. Mais elle est possible.

Je suis revenue changée. Non pas parce que je crois que nous avons résolu tous nos problèmes, mais parce que je crois maintenant que la paix n’est pas un rêve – c’est un choix. Un choix qui commence réellement par le fait de se voir et de s’écouter les uns les autres.

Et si 20 étrangers ont réussi à le faire sur un bateau au milieu de la mer, alors il y a de l’espoir pour le reste du monde.

Bertha El Hajj, jeune ambassadrice de la paix.

Pour écouter cette expérience et d’autres, cliquez sur:

Par Maria Grazia Berretta

S’abandonner à la force de l’amour

S’abandonner à la force de l’amour

La vie nous conduit souvent dans des situations où, peu à peu et sans le vouloir, nous nous refermons sur nous-mêmes : une dispute, nos certitudes, notre ego ou nos peurs.

Mais il suffit parfois de s’arrêter devant une question simple, faite de mots simples, pour observer des possibilités de changement inattendues : « Qui es-tu pour moi ? » ou, en d’autres termes, « Qui suis-je pour toi ? » Des questions qui, comme le dit Margaret Karram, ouvrent la voie à des gestes concrets : « Faire le premier pas, écouter, ne pas lésiner sur le temps, se laisser toucher par la souffrance[1]. » C’est une évidence : si nous pensons aux autres, nous ne pensons pas à nous-mêmes, ni à nos faiblesses, à nos échecs ou à nos blessures. Penser aux autres nous amène à nous mettre à leur place, dans une attitude de réciprocité : « Que ressentirais-je si l’autre me disait ce que je lui dis ? » ou « Que puis-je faire pour lui ? »

Si nos actions naissent du désir de privilégier le bien-être de la personne à côté de nous, tout peut acquérir une dimension plus ample, jusqu’à pouvoir dire à l’autre que nous l’aimons gratuitement et sans rien attendre en retour.

Mais il arrive aussi que nous soyons envahis par le découragement, la frustration, la fatigue. Le médecin américain Ira Robert Byock affirme que les moments de plus grand désespoir surviennent lorsque nous nous sentons emprisonnés dans « une cage de colère, de peur, de méfiance [2] ». Dans ces moments-là, abandonnons-nous à la puissance de l’amour qui peut tout résoudre, qui nous libère de tous les liens et nous encourage à recommencer sans crainte. C’est ainsi que le groupe musical Gen Rosso l’exprime dans l’une de ses chansons : « Recommencer, c’est comme dire oui à la vie, se libérer et voler vers des horizons sans frontières, où la pensée n’a pas de crainte. Et voir sa maison devenir aussi grande que le monde. Recommencer, c’est croire en l’amour et sentir que même dans la douleur, l’âme peut chanter et ne jamais s’arrêter. »

Une telle attitude peut entraîner un changement personnel, mais aussi communautaire, lorsque nous partageons, dans un dialogue sincère et constructif, nos difficultés. Dans ce climat d’amitié véritable, nous pouvons reconstruire un tissu social qui remplace la colère par la réflexion, la peur par la recherche de nouvelles voies et la méfiance par l’espérance. Nous deviendrons ainsi le signe d’une nouvelle façon de construire la société.

Parfois, un simple mot suffit :

« Tu es important pour moi… parce que tu es toi ! »

Photo: © Pixabay


[1] M. Karram: “Prossimità” – 2024

[2] in: The Economist – The 2015 Quality of Death Index. Ranking palliative care acrosstheworld

L’IDÉE DU MOIS est actuellement réalisée par le “Centre pour le dialogue avec les personnes de croyance non religieuse” du Mouvement des Focolari. Il s’agit d’une initiative née en 2014 en Uruguay pour partager avec des amis non croyants les valeurs de la Parole de Vie, c’est-à-dire la phrase de l’Écriture que les membres du Mouvement s’engagent à mettre en œuvre dans la vie quotidienne. Actuellement L’IDÉE DU MOIS est traduite en 12 langues et distribuée dans plus de 25 pays, avec des adaptations du texte pour s’adapter aux différentes sensibilités culturelles. dialogue4unity.focolare.org

« Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. » (Jn 21, 17).

« Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. » (Jn 21, 17).

Le dernier chapitre de l’Évangile de Jean nous emmène en Galilée, sur le lac de Tibériade. Pierre, Jean et les autres disciples, après la mort de Jésus, reprennent leur travail de pêcheurs, mais la nuit est malheureusement infructueuse.

Le Ressuscité se manifeste alors pour la troisième fois, il les incite à jeter à nouveau leurs filets et, cette fois, ils ramassent beaucoup de poissons. Puis il les invite à partager la nourriture sur le rivage. Pierre et les autres l’ont reconnu, mais ils n’osent pas lui parler.

Jésus prend l’initiative et s’adresse à Pierre avec une question très exigeante : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Le moment est solennel : par trois fois, Jésus renouvelle l’appel de Pierre [1] à prendre soin de ses brebis, dont il est lui-même le pasteur [2].

« Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. »

Mais Pierre sait qu’il a trahi et cette expérience tragique ne lui permet pas de répondre positivement à la question de Jésus. Il répond avec humilité : « Tu sais que je t’aime ».

Tout au long du dialogue, Jésus ne retient pas la trahison contre Pierre, il ne perd pas son temps à souligner l’erreur commise. Il le rejoint au niveau de ses possibilités, il l’introduit dans sa douloureuse blessure, pour la guérir avec son amitié. La seule chose qu’il demande est de reconstruire la relation dans la confiance réciproque.

Et de Pierre jaillit une réponse qui est un acte de conscience de sa propre faiblesse et, en même temps, de confiance illimitée dans l’amour accueillant de son Maître et Seigneur :

« Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. »

Jésus pose à chacun de nous la même question : m’aimes-tu ? Veux-tu être mon ami ?

Il sait tout : il connaît les dons que nous avons reçus de Lui-même, ainsi que nos faiblesses et nos blessures, parfois saignantes. Pourtant, il renouvelle sa confiance, non pas dans nos forces, mais dans notre amitié avec lui.

Dans cette amitié, Pierre trouvera aussi le courage de témoigner de son amour pour Jésus jusqu’à donner sa vie.

« Les moments de faiblesse, de frustration, de découragement, nous les vivons tous : […] adversité, situations douloureuses, maladie, mort, épreuves intérieures, incompréhensions, tentations, échecs […] C’est précisément ceux qui se sentent incapables de surmonter certaines épreuves qui affectent le corps et l’âme, et qui ne peuvent donc pas compter sur leurs propres forces, qui sont amenés à s’en remettre à Dieu. Et Il intervient, attiré par cette confiance. Là où Il agit, Il réalise de grandes choses, qui paraissent plus grandes encore, précisément parce qu’elles sont issues de notre petitesse » .[3]

Dans notre vie quotidienne, nous pouvons nous présenter à Dieu tels que nous sommes et demander son amitié bienfaisante. Dans cet abandon confiant à sa miséricorde, nous pourrons retrouver l’intimité avec le Seigneur et reprendre notre route avec lui.

« Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime. »

Cette Parole de Vie peut aussi devenir une prière personnelle, notre réponse pour nous confier à Dieu avec nos peu de forces et le remercier pour les signes de son amour :

« […] Je t’aime parce que tu es entré dans ma vie plus que l’air dans mes poumons, plus que le sang dans mes veines. Tu es entré là où personne ne pouvait entrer, quand personne ne pouvait m’aider, quand personne ne pouvait me consoler. […] Donne-moi de t’être reconnaissant – au moins un peu – dans le temps qui me reste, pour cet amour que tu as déversé sur moi, et qui me pousse à te dire : je t’aime. » [4]

Dans nos relations au sein de la famille, de la société et de l’Eglise, nous pouvons apprendre le style de Jésus : aimer tout le monde, aimer en premier, « laver les pieds » [5] de nos frères et sœurs, en particulier les plus petits et les plus fragiles. Nous apprendrons à accueillir chacun avec humilité et patience, sans juger, ouverts pour demander et accueillir le pardon, pour comprendre ensemble comment marcher côte à côte dans la vie.

D’après Letizia Magri et l’équipe de la Parole de vie


©Photo: Canva

[1] Cf. Mt 16,18-19.

[2] Gv 10,14.

[3] C.Lubich, Parola di Vita juillet 2000, in Parole di Vita, d’après Fabio Ciardi,(Opere di Chiara Lubich 5),Città Nuova, Roma, 2017,p.629.

[4] Gratitude, in C. Lubich, La dottrina spirituale, Mondadori 2001, p.176.

[5] Cf. Gv 13,14.

PREMIER MAI À LOPPIANO 2025 : LE COURAGE DE FLEURIR

PREMIER MAI À LOPPIANO 2025 : LE COURAGE DE FLEURIR

L’édition 2025 du festival traditionnel de la jeunesse dans la cité pilote des Focolari met en scène les fragilités et les conflits vécus par les jeunes d’aujourd’hui et les transforme en une expérience artistique d’immersion et porteuse d’espoir. De nombreux ateliers et un spectacle final en direct pour dire à tous : « Tu es né pour fleurir ».

« Rappelle-toi que tu es né pour fleurir, pour être heureux.» Tel est le message que, en cette année du Jubilé de l’Espérance, les jeunes organisateurs du Primo Maggio di Loppiano Premier Mai à Loppiano (Figline et Incisa Valdarno – Florence, Italie) veulent transmettre à leurs pairs qui participeront à l’édition 2025 de la fête traditionnelle qui se tient, depuis 1973, dans cittadella internazionale del Movimento dei Focolari (la cité pilote internationale des Focolari), à l’occasion de la Fête des Travailleurs.

Le thème

Au cœur de « Tu es né pour fleurir, le courage de fleurir », c’est le titre de l’événement, il y a les fragilités, les blessures et les conflits vécus par les enfants et les jeunes aujourd’hui, sublimés dans une expérience artistique, d’immersion et de croissance.

« Nous croyons que le conflit qui nous traverse souvent dans les phases les plus difficiles de la vie peut devenir une opportunité pour renaître plus fort et plus conscient de qui nous sommes », expliquent Emily Zeidan, de Syrie, et Marco D’Ercole, d’Italie, de l’équipe internationale de jeunes organisateurs du festival. – Comme nous l’a dit le pape François, « le conflit est comme un labyrinthe », il ne faut pas avoir peur de le traverser, parce que « les conflits nous font grandir ». Mais « nous ne pouvons pas sortir seuls du labyrinthe, nous en sortons en compagnie d’une autre personne qui nous aide. Ainsi, le 1er mai à Loppiano, nous voulons rappeler à tous la beauté de l’autre, même dans les moments de vulnérabilité ».

Le thème du 1er mai à Loppiano est tout à fait d’actualité si l’on considère qu’en Italie, 1 mineur sur 5 souffre d’un trouble mental (dépression, retrait social, rejet scolaire, automutilation, anxiété, troubles alimentaires, tendances suicidaires), selon les données de la Société italienne de neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence. Les moins de 35 ans, quant à eux, connaissent l’insécurité de l’emploi, sont sous-payés, souffrent d’inégalités territoriales et de genre (“Giovani 2024: il bilancio di una generazione”, EURES« Jeunesse 2024 : le bilan d’une génération», EURES), ne se sentent pas compris par les adultes dans leurs besoins et leurs expériences, en particulier en ce qui concerne les peurs et les fragilités, les aspirations et les rêves.

« Le pape François a eu une grande confiance en nous, les jeunes. Il n’a pas manqué l’occasion de nous rappeler que le monde a besoin de nous, de nos rêves, de grands horizons vers lesquels regarder ensemble, pour jeter les bases de la solidarité sociale et de la culture de la rencontre », soulignent Emily et Marco. C’est pourquoi « You are Born to Bloom » sera un spectacle construit ensemble, où le public ne sera pas seulement spectateur mais partie intégrante de la narration : chaque participant sera appelé à devenir le protagoniste du spectacle, en donnant le meilleur de lui-même avec les autres.

Le programme

Le matin, les participants au festival du 1er mai de Loppiano auront l’occasion d’explorer leurs propres fragilités et leur beauté à travers des workshop artistiques, faisant appel aux motivations et aux expériences, animés par des psychologues, des formateurs, des conseillers, des artistes et des interprètes.

Parmi eux, le Gen Verde International Performing Arts Group préparera les jeunes à monter sur scène et à faire partie de la distribution des chorégraphies, des chœurs, de la compagnie théâtrale et de l’orchestre lors de la représentation finale. Les ateliers du Gen Verde sont organisés dans le cadre du projet « M.E.D.I.T.erraNEW : Médiation, Émotions, Dialogue, Interculturalité, Talents pour favoriser l’inclusion sociale des jeunes dans la Mare Nostrum », partenariat de cooopétaion Erasmus Plus – Jeunesse.

Le festival culminera dans l’après-midi avec la construction collective du spectacle en direct : tous les participants seront une partie active de l’histoire, il n’y aura pas de distance entre la scène et le public.

Parmi les artistes qui ont confirmé leur participation figurent Martinico et le groupe AsOne.

Le projet « You are born to bloom, the courage to bloom » est réalisé grâce à la contribution de la Fondazione CR Firenze.

Le 1er mai à Loppiano est un événement de la Semaine du Monde Uni 2025 (1-7 mai 2025) Settimana Mondo Unito 2025, un atelier mondial et une exposition pour sensibiliser à la fraternité et à la paix.

Pour toute information ou réservation, veuillez contacter : primomaggio@loppiano.it – +39 055 9051102 www.primomaggioloppiano.it

Tamara Pastorelli

Comme frère et sœur

Comme frère et sœur

Le chemin partagé par le pape François avec les Focolari est un chemin de dialogue et d’accueil enraciné dans l’Évangile. Maria Voce Emmaus qui a été Présidente du Mouvement pendant les huit premières années de son Pontificat, nous le raconte

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Photo © Vatican Media

Évangile vécu : faire toutes choses nouvelles

Évangile vécu : faire toutes choses nouvelles

Accepter le changement

En tant que « distributrice de missions », j’avais réussi en dix ans, en collaboration avec notre curé, à former le conseil pastoral de la paroisse et le groupe des sacristains. Au fil du temps, je me suis rendu compte que mon rôle se réduisait. Plusieurs personnes, auparavant moins actives, se sont proposées pour diverses tâches et j’ai choisi de m’effacer pour leur laisser la place. Dans un premier temps, j’ai accepté calmement mon rôle plus marginalisé. Mais plus tard, me sentant exclue, j’ai réalisé combien il est facile de se lier à son propre rôle, mais aussi combien il est important de savoir lâcher prise. Parfois, le Seigneur nous invite à prendre du recul pour préparer quelque chose de nouveau. Ce n’est pas facile, car cela implique d’accepter le changement et de faire confiance. Aujourd’hui, même si je me sens un peu en retrait, je reste disponible pour apporter ma contribution si et quand on me le demande. Je suis convaincue que chaque service, même le plus petit, a de la valeur et que chaque étape de la vie est une occasion de grandir dans la foi et l’amour des autres.

(Luciana – Italie)

Dieu me voit

Lorsque je vivais à Bruxelles, j’allais parfois à la messe dans l’église du Collège Saint-Michel. Pour y accéder, il fallait marcher dans de longs couloirs avec, de part et d’autre, une série interminable de salles de classe. Au-dessus de la porte de chacune d’entre elles, un panneau indiquait : « Dieu te voit ». C’était un avertissement aux enfants, reflétant une pensée du passé, exprimée par la négative : « Ne pèche pas car, même si les hommes ne te voient pas, Dieu, lui, te voit ». Pour moi, en revanche, peut-être parce que je suis né à une autre époque ou parce que je crois en son amour, elle résonnait positivement : « Je ne dois pas faire de bonnes choses devant les hommes pour qu’ils me voient, pour qu’on me dise bravo ou qu’on me remercie, mais pour vivre en présence de Dieu ». Dans l’Évangile de Matthieu 23, 1-12, Jésus, s’adressant aux scribes et aux pharisiens qui aiment se mettre en valeur, les invite à ne pas s’appeler « maîtres », à n’avoir qu’ un seul souci : agir sous le regard de Dieu qui lit dans les cœurs. Voilà, c’est ce que j’aime : Dieu me voit, comme le disent les affiches du collège ; Dieu lit dans les cœurs et cela doit me suffire.

(G.F.- Belgique)

Faire le premier pas

Pour une question d’héritage, le silence s’était installé entre ma mère et sa sœur. Elles ne se voyaient plus depuis longtemps et le fossé qui s’était creusé ne faisait que s’élargir, d’autant plus que nous habitions en ville et la tante dans un village de montagne assez éloigné. Cet état de choses a duré jusqu’au jour où j’ai pris mon courage à deux mains, provoquée par la Parole de Jésus : « Si tu es sur le point de présenter ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens et présente ton offrande ». Cherchant le bon moment, j’ai abordé le sujet avec ma mère et j’ai réussi à la convaincre de m’accompagner chez ma tante. Pendant le trajet, nous sommes restées assez silencieuses ; je n’ai alors fait que prier pour que tout se passe bien. Les choses se sont effectivement bien passées : surprise, la tante nous a accueillis à bras ouverts. Mais il fallait faire le premier pas.

(A.G. – Italie)

Par Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année X- n° 1 mars-avril 2025)

©Photo: Gerson Rodriguez – Pixabay

Pape François : l’Église est l’Évangile

Pape François : l’Église est l’Évangile

Un Pape qui a rêvé et nous a fait rêver… de quoi ? Que – comme il l’a dit lui-même un jour : « L’Église est l’Évangile. » Non pas dans le sens où l’Évangile est la propriété exclusive de l’Église. Mais dans le sens où Jésus de Nazareth, celui qui a été crucifié hors du campement comme un maudit et que Dieu Abba a ressuscité d’entre les morts comme son Fils premier-né parmi de nombreux frères et sœurs, continue ici et maintenant, à travers ceux qui se reconnaissent en son nom, à apporter la Bonne Nouvelle que le Royaume de Dieu est venu et vient… pour tous, à commencer par les « derniers » qui sont rejoints par l’Évangile pour ce qu’ils sont aux yeux de Dieu : les « premiers ». Réellement et pas seulement au sens figuré. Voici l’Évangile que l’Église annonce et contribue à faire entrer dans l’histoire, dans la mesure où elle se laisse transformer par l’Évangile. Comme c’est arrivé, dès le début, à Pierre et Jean qui, montant au temple, rencontrèrent à la porte dite « la Belle » l’homme estropié de naissance. Ils fixèrent ensemble leur regard sur lui, qui à son tour les regarda dans les yeux. Et Pierre lui dit : « Je n’ai ni argent ni or, mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ, le Nazaréen, marche ! »

L’Évangile de Jésus et la mission de l’Église. S’investir pour que l’on se lève et que l’on marche. C’est ainsi que le Père nous voit, nous veut et nous accompagne. Jorge Maria Bergoglio – avec toute la force et la fragilité de son humanité, qui nous a permis de sentir qu’il était notre frère – c’est pour cela qu’il a consacré sa vie et son service comme évêque de Rome. Depuis sa première apparition depuis la loggia de Saint-Pierre, lorsqu’il s’est incliné pour demander au peuple de Dieu d’invoquer la bénédiction sur lui ; jusqu’à la dernière, le jour de Pâques, lorsqu’il a donné de sa voix faible la bénédiction du Christ ressuscité avant de descendre sur la place pour croiser le regard des personnes. Son rêve était celui d’une Église « pauvre et des pauvres ». Dans l’esprit de Vatican II qui a rappelé l’Église à son unique modèle, Jésus : « qui s’est dépouillé lui-même, se faisant serviteur ».

Le nom de François qu’il a choisi exprime l’âme de ce qu’il a voulu faire, et avant tout être : témoin de l’Évangile « sine glossa », c’est-à-dire sans commentaires et sans compromis. Car l’Évangile n’est ni un ornement, ni un bouche-trou, ni un analgésique : il est annonce de vérité et de vie, de joie, de justice, de paix et de fraternité. Voilà le programme de réforme de l’Église dans Evangelii gaudium, et voilà les manifestes d’un nouvel humanisme planétaire dans Laudato sì et Fratelli tutti. Voilà le Jubilé de la miséricorde et le Jubilé de l’espérance. Voilà le document sur la fraternité universelle, signé à Abu Dhabi avec le grand Imam d’Al Ahzar et voilà les innombrables occasions de rencontre vécues avec les membres des différentes religions et convictions. Voilà l’œuvre infatigable en faveur des exclus, des migrants, des victimes d’abus. Voilà le refus catégorique de la guerre.

François a bien compris qu’il ne suffit pas de faire entendre à nouveau l’Évangile, avec toute sa charge subversive, dans l’aréopage complexe et même contradictoire de notre temps. Il faut quelque chose de plus : car nous ne sommes pas seulement dans une époque de changements, nous sommes au milieu du gué d’un changement d’époque. Il nous faut regarder avec un regard nouveau. Celui avec lequel Jésus nous a regardés et nous regarde, depuis le Père. Ce regard qui, avec des accents tendres et émouvants, est décrit dans son testament spirituel et théologique, l’encyclique Dilexit nos. C’est le regard – simple et radical – qui consiste à aimer le prochain comme soi-même et à s’aimer les uns les autres dans une réciprocité libre, gratuite, hospitalière, ouverte à tous, à tous, à tous. Le processus synodal auquel l’Église catholique – et, pour leur part, toutes les autres Églises - a été convoquée, indique la voie à parcourir en ce troisième millénaire : au-delà de l’image d’une Église cléricale, hiérarchique, masculine… Un chemin nouveau parce qu’ancien comme l’Évangile. Un chemin pas facile, qui coûte et semé d’embûches. Mais une grande prophétie, confiée à notre responsabilité créative et tenace.

Merci François ! Ton corps reposera désormais auprès de Celle qui t’a accompagné pas à pas, comme une mère, dans ton saint voyage. Avec elle, à présent, accompagne-nous tous, depuis le sein de Dieu, sur le chemin qui nous attend.

Piero Coda

Photo: © CSC Audiovisivi