Mouvement des Focolari
Jubilé des jeunes : itinéraires de marche, d’espoir et de réconciliation

Jubilé des jeunes : itinéraires de marche, d’espoir et de réconciliation

À l’occasion du Jubilé des jeunes, du 29 juillet au 1er août 2025, les jeunes du Mouvement des Focolari proposent à leurs camarades pèlerins qui se rendront à Rome quatre jours de spiritualité, de partage, de témoignages, de prières, de catéchèse, de joie et de cheminement ensemble !

Une occasion unique de se mettre en route à travers des lieux chargés d’histoire et de spiritualité, avec de nombreuses personnes qui se rencontreront en chemin, pour grandir dans la foi et l’espérance.

Chaque jour, un mot clé est proposé, une étape avec un moment de réflexion et de prière, un approfondissement spirituel lié au charisme de l’unité avec des témoignages et des chants, afin de vivre le Jubilé des jeunes comme un voyage basé sur 4 idées clés : pèlerinage (un chemin), porte sainte (une ouverture), espérance (regarder vers l’avenir), réconciliation (faire la paix). Pour ceux qui le souhaitent, il y aura quelques catéchèses au Focolare meeting point, animées par Tommaso Bertolasi (philosophe), Anna Maria Rossi (linguiste) et Luigino Bruni (économiste).

Le pèlerinage des sept églises

L’offre propose un parcours qui suit un itinéraire historique qui accompagne les pèlerins depuis le XVIe siècle : le Pèlerinage des Sept Églises, conçu par Saint Philippe Néri. Un chemin de foi et de communion fraternelle, fait de prières, de chants et de réflexions sur la vie chrétienne.

Les étapes de ce pèlerinage coïncident avec sept lieux symboliques de Rome : la basilique Saint-Sébastien, la basilique Saint-Paul hors les murs, la basilique Sainte-Marie-Majeure, la basilique Saint-Pierre, la basilique Saint-Laurent, la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem et la basilique Saint-Jean-de-Latran. Un parcours total de 20 km, une expérience vécue depuis des siècles par des milliers de jeunes et d’adultes. La participation aux grands événements du Jubilé des jeunes est prévue : le moment de réconciliation au Cirque Maxime, les rencontres avec le Pape Léon XIV pendant la veillée et la messe finale sur l’esplanade de Torvergata, qui a accueilli la veillée et la messe des jeunes lors du Jubilé de 2000. Pour ceux qui pourront rester quelques jours de plus, le 4 août, il sera possible de visiter le Centre International des Focolari à Rocca di Papa (Rome).

De nombreux rendez-vous sont donc prévus pour vivre le Jubilé, découvrir Rome et partager un moment de foi et de spiritualité. Tout au long du parcours, les jeunes disposeront d’un Passeport du Pèlerin : dans chaque église visitée, ils pourront décrire, en un seul mot, ce qu’ils ont vécu ou ce qui les a marqués. À la fin, ils auront ainsi un souvenir de cette expérience exceptionnelle.

Êtes-vous prêts à partir ? Bon voyage!

Pour plus d’informations : sgmu@focolare.org – +39 338 159 3455.

Lorenzo Russo

Télécharger le livret de méditation “Les étapes de la spiritualité”

Télécharger le programme du pèlerinage

Emmaüs tout simplement

Emmaüs tout simplement

En juillet 2008, s’est tenue la première Assemblée Générale du Mouvement des Focolari, sans la fondatrice. En effet, Chiara Lubich nous avait quittés quelques mois auparavant, le 14 mars. Une inconnue planait dans l’atmosphère déjà dense d’émotions et d’interrogations : qui allait succéder à Chiara à la tête du Mouvement ? Il semblait évident de penser aux premières compagnes de Chiara, désormais âgées, mais encore en mesure de conduire une première phase post-fondation, du moins pour certaines d’entre elles.

Lors de la première session de l’Assemblée, Carlos Clariá, avocat et Conseiller général argentin, et María Voce, secrétaire de la déléguée centrale Gisella Cagliari, pendant de nombreuses années ont prononcé un discours de nature juridique sur un thème important pour l’Assemblée. Je me souviens que j’étais assis à côté du théologien Piero Coda. Lorsqu’ils ont conclu leur intervention, je lui ai dit avec une certaine impertinence : « Voilà notre nouvelle Présidente. » En réalité, j’avais été très impressionné par la manière dont elle avait expliqué les choses.

Maria Voce (Emmaüs) a été élue au troisième tour de scrutin, non sans un certain “suspense”. Une nouvelle étape s’ouvrait pour l’Œuvre de Marie. J’ai également été élu Conseiller.

Un après-midi, après les élections, alors que nous quittions le Centre Mariapolis de Castel Gandolfo, Emmaüs s’est approchée de moi et m’a dit à peu près ces mots : « J’ai pensé te confier le suivi des études et de la culture dans le nouveau Conseil. Tu es un homme de réflexion et j’ai toujours apprécié les comptes-rendus annuels que tu faisais lorsque tu étais responsable régional en Amérique latine. » Les six années qui ont suivi, la relation avec elle a été caractérisée par la normalité.

Lors de l’Assemblée de 2014, Emmaüs a été réélue et les participants ont placé leur confiance en moi en tant que Coprésident. À partir de ce moment, la relation s’est beaucoup intensifiée, sans pour autant perdre sa normalité. Je me souviens qu’au début, j’ai ressenti une certaine appréhension à l’idée de devoir travailler aux côtés d’une Présidente qui appartenait à la génération qui suivait directement la première, mais ce sentiment n’a pas duré. Elle m’a toujours témoigné beaucoup de respect et d’estime, ce qui me donnait une grande liberté. J’arrivais avec une poignée d’idées nouvelles et elle me soutenait avec sa sagesse et son expérience. Dans nos interventions communes, nous préparions l’essentiel et nous nous complétions avec simplicité. Je lui ai dit un jour : « Contrairement à ce qu’on pourrait penser, je ne me sens en confiance pour exposer quelques idées créatives que lorsque tu es à mes côtés. » Nous avons effectué de longs et importants voyages en Inde et en Chine, où j’ai pu constater sa capacité à pénétrer les situations les plus complexes et à entrer en relation avec les personnalités les plus différentes.

Maria Voce, Emmaüs, restera dans l’histoire du Mouvement des Focolari comme la première Présidente de la phase “post-Chiara Lubich”. Si nous pensons qu’au moment où elle a pris ses fonctions, de nombreux compagnons et compagnes de Chiara étaient encore en vie, nous pouvons comprendre la « résilience spirituelle » avec laquelle elle a œuvré durant ces premières années ; non pas parce que c’étaient des personnes difficiles, mais simplement parce qu’ils étaient les premiers, les bras de la fondatrice, des personnes qui, d’une certaine manière, participaient au charisme fondateur.

Emmaüs passera aussi à l’histoire du Mouvement des Focolari comme la Présidente de la « nouvelle configuration », premier pas organisationnel innovant du Mouvement de “l’ère post-Chiara”, dans la fidélité créative au charisme. Lors de son premier mandat, alors que l’absence de Chiara se faisait sentir et pouvait être source de découragement, elle a parcouru le monde pour confirmer les membres et les adhérents des communautés des Focolari dans leur engagement pour un monde plus fraternel et uni, en conformité au charisme de la fondatrice. Au cours de son second mandat, elle a commencé à préparer le Mouvement à la phase des “crises” inévitables qui se profilait à l’horizon et que le pape François identifiait comme une grande opportunité. Par ailleurs, la haute estime que le Pape argentin lui a accordée, en la lui exprimant à chaque occasion, démontre une autre de ses caractéristiques : son esprit ecclésial.

J’ai toujours admiré chez Emmaüs sa sobriété, sa liberté intérieure, sa détermination et sa capacité de discernement, qui étaient favorisées par sa formation juridique.

Maria Voce restera dans l’histoire du Mouvement comme “Emmaüs”, rappelant la centralité de Jésus au milieu des siens, un principe absolument non négociable pour elle.

Merci, Emmaüs, d’avoir prononcé un “oui” solennel au moment le plus difficile de notre histoire encore brève. Marie t’aura pris dans ses bras, elle t’aura présentée à son Fils et ensemble ils t’auront portée dans le sein du Père qui a été la source inépuisable de ton inspiration.

Jesús Morán
Coprésident du Mouvement des Focolari

Photo @ CSC Audiovisivi

Maria Voce est retournée à la maison du Père

Maria Voce est retournée à la maison du Père

Maria Voce, la première Présidente du Mouvement des Focolari (Œuvre de Marie) après la fondatrice, Chiara Lubich, nous a quittés hier, à l’âge de 87 ans, dans sa maison de Rocca di Papa (Italie), entourée de l’affection et des prières de beaucoup.

C’est ce que Margaret Karram, actuelle Présidente, a annoncé hier soir à tous les membres des Focolari dans le monde.

Elle a ensuite exprimé l’immense tristesse que son départ a suscitée et le lien fraternel et filial qui la liait à Maria Voce. « En tant que première Présidente du Mouvement des Focolari, après notre fondatrice, elle a su gérer avec intelligence, clairvoyance et la nécessaire détermination, le passage difficile de notre Œuvre de la phase de fondation à celle de l’après-fondation. Elle a su conjuguer sa fidélité rayonnante au Charisme de l’Unité avec le courage face aux nombreux défis d’une association mondiale comme la nôtre, qui agit à de nombreux niveaux de la vie humaine, sociale et institutionnelle.

Le nom “Emmaüs”, reçu de Chiara Lubich comme programme de vie, est devenu le programme de son gouvernement : marcher ensemble, de manière synodale, en faisant confiance – malgré les questions et les perplexités qui peuvent surgir sur le chemin – à la présence de Dieu au milieu des siens.

Lorsque je lui ai succédé à la Présidence des Focolari en 2021, elle m’a toujours accompagnée par sa proximité discrète mais vivante, me soutenant de ses conseils pleins de sagesse. Outre sa préparation spirituelle, théologique et juridique, elle était également dotée d’une humanité profonde et accueillante et d’un humour communicatif et toujours respectueux. Sa stature humaine et sapientielle a été reconnue par des personnalités religieuses et civiles de tous horizons : par le pape Benoît XVI et le pape François ; des responsables de différentes Églises, de même que des représentants d’autres religions et cultures.

Quelques heures avant son départ pour l’autre vie, Jesús Morán et moi avons pu lui rendre visite une dernière fois. Elle était sereine. La pensée que la Vierge Marie, à laquelle elle était liée par une relation très profonde, que je qualifierais d’existentielle, l’attend au ciel me console. »

Jesús Morán, qui a vécu aux côtés de Maria Voce les six premières années de son service en tant que Coprésident des Focolari, reconnaît qu’avec son élection une nouvelle étape a commencé pour les Focolari. Il écrit : « Emmaüs passera à l’histoire du Mouvement non seulement comme la première Présidente de la phase après-Chiara Lubich, mais aussi comme celle qui a posé le premier pas innovateur-organisationnel du Mouvement dans l’ère de l’après-fondation, en parfaite fidélité créative au charisme. Lors de son premier mandat, alors que l’absence de Chiara se faisait sentir et pouvait provoquer un certain découragement, elle a fait le tour du monde pour confirmer les membres et adhérents des communautés des Focolari dans leur engagement pour un monde plus fraternel et uni – selon le charisme de la fondatrice. Au cours de son second mandat, elle a commencé à préparer le Mouvement à la phase des “crises” inévitables qui se profilait à l’horizon et que le pape François identifiait comme une grande opportunité. À ce propos, la grande estime que le Pape argentin lui a accordée, en la lui exprimant à chaque occasion, démontre une autre de ses caractéristiques : son esprit ecclésial.

J’ai toujours admiré chez Emmaüs sa sobriété, sa liberté intérieure, sa détermination et sa capacité de discernement, qui étaient favorisées par sa formation juridique.

Merci, Emmaüs, d’avoir prononcé un “oui” solennel au moment le plus difficile de notre histoire encore brève. Marie t’aura accueillie dans ses bras, elle t’aura présenté son Fils et ensemble ils t’auront portée dans le sein du Père qui a été la source éternelle de ton inspiration”.

I funerali si terranno lunedì prossimo, 23 giugno 2025, alle ore 15.00 presso il Centro internazionale dei Focolari a Rocca di Papa (Roma), via di Frascati, 306 – Rocca di Papa (Roma).(*)

Stefania Tanesini

Note biografique

Maria Voce naît à Ajello Calabro (Cosenza – Italie) le 16 juillet 1937, l’aînée d’une famille de sept enfants. Son père est médecin et sa mère femme au foyer. Au cours de sa dernière année d’études de droit à Rome (1959), elle rencontre un groupe de jeunes focolarini à l’université et commence à suivre leur spiritualité. Après avoir terminé ses études, elle commence à exercer à Cosenza, devenant la première femme avocate au barreau de la ville. Elle étudie ensuite la théologie et le droit canon.

En 1963, l’appel de Dieu à suivre la voie de Chiara Lubich auquel elle répond aussitôt. Dans le Mouvement, Maria Voce est connue sous le nom d'”Emmaüs”, un nom qui fait référence à l’épisode bien connu des deux disciples en chemin avec Jésus après la Résurrection. Elle-même raconte comment Chiara le lui a proposé : « Chiara confirma une intuition que j’avais ressentie fortement au fond de moi : je devais dépenser ma vie de manière telle que ceux qui auraient l’occasion de me rencontrer puissent faire l’expérience de Jésus au milieu. » À partir de ce moment, son engagement a été de construire des ponts d’unité, afin de mériter la présence de Dieu parmi les personnes.

De 1964 à 1972, elle participe à la vie des communautés des Focolari de Sicile (Italie), à Syracuse et à Catane, et de 1972 à 1978, elle fait partie du secrétariat personnel de Chiara Lubich.

En 1977, Chiara Lubich fait un voyage important à Istanbul, en Turquie, où elle cultivait depuis des années une relation profonde avec le Patriarcat Œcuménique de Constantinople. Durant ces années, Maria Voce est au focolare précisément dans cette ville ; elle raconte : « Cela a été une expérience forte, à la fois en raison des contacts précieux avec les différentes Églises, avec l’Islam, et aussi parce que nous sentions que seul Jésus au milieu de nous nous rendait forts devant les nombreux problèmes de ce pays. »

À Istanbul, elle noue des relations œcuméniques avec le Patriarche de Constantinople de l’époque, Démétrius Ier, et de nombreux Métropolites, dont l’actuel Patriarche Bartholomée Ier, ainsi qu’avec des représentants de différentes Églises.

En 1988, Chiara demande à Emmaüs de retourner en Italie pour travailler au Centre international de Rocca di Papa et à l’École Abbà, le Centre d’Études interdisciplinaires des Focolari, dont elle devient membre en 1995 en tant qu’experte en droit. À partir de 2000, elle est également coresponsable de la Commission internationale « Communion et Droit », un réseau de professionnels et d’universitaires qui travaillent dans le domaine de la justice. De 2002 à 2007, elle collabore directement avec Chiara à la mise à jour des Statuts généraux du Mouvement.

Le 7 juillet 2008, quelques mois après la mort de Chiara Lubich, elle est élue Présidente du Mouvement des Focolari et reconduite pour un second mandat le 12 septembre 2014. Elle a toujours indiqué comme style de sa Présidence l’engagement de « privilégier les relations » et de tendre avec toutes les forces vers le but pour lequel le Mouvement est né : promouvoir l’unité à tous les niveaux, dans tous les domaines, en parcourant les voies du dialogue. Elle même revient souvent sur l’importance du dialogue : « S’il existe un extrémisme de la violence, déclarait-elle en 2015 aux Nations Unies, à New York – nous répondons à présent de manière tout aussi radicale, mais structurellement différente, c’est-à-dire avec l’extrémisme du dialogue. »

Elle effectue de nombreux voyages sur tous les continents pour rencontrer les communautés du Mouvement disséminées dans le monde et poursuivre les contacts avec des personnalités du monde civil et ecclésial, culturel et politique, œcuménique et interreligieux ; des étapes importantes pour renforcer les liens d’amitié et la collaboration entrepris par le Mouvement des Focolari et pour encourager les développements sur le chemin de la fraternité entre les peuples.

Durant sa Présidence, tant avec le pape Benoît XVI qu’avec le pape François, Maria Voce a eu des rencontres et des audiences d’où s’exprimaient de part et d’autre des marques d’estime et d’affection fraternelle. Le 23 avril 2010, le pape Benoît XVI l’a reçue en audience privée. À propos de la spiritualité du Mouvement des Focolari, le Pape parle d’un « charisme qui construit des ponts, qui crée unité » et il invite à continuer à le mettre en œuvre avec un amour toujours plus profond et dans la tension constante à la sainteté. En octobre 2008, elle participe et prend la parole au Synode des évêques sur le thème « La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église. » Le 24 novembre 2009, le pape Benoît la nomme Consulteur du Conseil Pontifical pour les Laïcs et, le 7 décembre 2011, Consulteur du Conseil Pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Évangélisation.

Le 13 septembre 2013, le pape François la reçoit en audience avec le Coprésident de l’époque, Giancarlo Faletti. Emmaüs évoque ainsi ce moment : « Il nous a tout de suite très bien accueillis. Il m’a fait sentir comme chez moi. » J’ai ressenti une grande joie : de me sentir devant un père, mais avant tout devant un frère. Je me suis sentie comme sa sœur et ce sentiment est toujours resté. »

À une autre occasion, elle a dit : « Le pape François nous a toujours encouragés à aller de l’avant, à accueillir les signes des temps afin – disait-il – d’actualiser le charisme reçu pour le bien de beaucoup, en en donnant un joyeux témoignage. » L’une de ces occasions a été la visite du Saint-Père à la cité-pilote internationale de Loppiano (près de Florence) en 2018. Maria Voce l’accueille par ces mots : « Saint-Père, nous avons un objectif élevé, nous voulons “viser haut”. Nous voudrions que l’amour réciproque devienne la loi de la vie ensemble, ce qui signifie expérimenter la joie de l’Évangile et nous sentir protagonistes d’une nouvelle page d’histoire. »

Merci Emmaüs !

Merci Emmaüs !

Très chers tous

C’est avec une grande tristesse et une profonde émotion que je vous écris pour vous annoncer qu’aujourd’hui, à 17h22, Dieu a rappelé à Lui notre Emmaüs, Maria Voce, première Présidente du Mouvement des Focolari après Chiara Lubich.

Son Saint Voyage s’est accompli à Rocca di Papa, dans sa maison, entourée des soins et de l’amour des focolarines de son focolare et des prières de nous tous. Aujourd’hui, en début d’après-midi, Jesús et moi avons pu lui rendre visite une dernière fois. Elle était sereine.

Je suis liée à elle par une grande affection et une immense estime pour sa donation à Dieu dans l’Œuvre de Marie jusqu’à la fin.

Depuis mon élection comme Présidente, par sa proximité, si discrète mais vivante, elle m’a toujours accompagnée, me soutenant de ses conseils si pleins de Sagesse. Elle était présente dans les occasions les plus variées, fêtes, anniversaires, voyages ; elle m’assurait de ses prières, de l’offrande de sa vie, et souvent me faisait parvenir un cadeau, une fleur, un de ses poèmes.

Le nom “Emmaüs”, reçu de Chiara, qui rappelle l’expérience du Ressuscité en chemin avec nous, a marqué toute sa vie. Elle affirmait en effet : « Comment l’Œuvre de Dieu se construit-elle ? Avec Jésus au milieu de nous ! »

Sa fidélité rayonnante au charisme de Chiara, son courage face aux nombreux défis et sa foi dans l’unité, dans la communion, restent gravés dans nos cœurs.

On ne compte plus les reconnaissances pour sa stature humaine, spirituelle et sapientielle de la part des personnalités religieuses et civiles les plus diverses : du pape Benoît XVI au pape François, des responsables des différentes Églises jusqu’aux représentants d’autres religions et cultures.

Les funérailles auront lieu lundi prochain, 23 juin, à 15 heures (heure italienne) au Centre international de Rocca di Papa.

Restons unis dans l’amour qui lie Ciel et terre !

Margaret Karram
Rocca di Papa, 20 juin 2025

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A quoi sert la guerre ?

A quoi sert la guerre ?

La guerre est un meurtre à grande échelle, revêtu d’une sorte de culte sacré, comme l’était le sacrifice des premiers-nés au dieu Baal, et ce en raison de la terreur qu’elle inspire, de la rhétorique dont elle s’habille et des intérêts qu’elle implique. Lorsque l’humanité aura progressé spirituellement, la guerre sera cataloguée à côté des rites sanglants, des superstitions de sorcellerie et des phénomènes de barbarie.

Elle est pour l’homme comme la maladie pour la santé, comme le péché pour l’âme : elle est destruction et ravage, elle affecte le corps et l’âme, l’individu et la collectivité.

[…]

« Toutes choses ont un appétit de paix », selon saint Thomas. En fait, toutes les choses ont un appétit de vie. Seuls les fous et les incurables peuvent désirer la mort. Et la mort, c’est la guerre. Elle n’est pas faite par les peuples, elle est faite par des minorités pour qui la violence physique sert à obtenir des avantages économiques ou même à satisfaire des passions néfastes. Surtout aujourd’hui, avec le coût, les morts et les ruines, la guerre se manifeste comme un « massacre inutile ». Un massacre, et un massacre inutile. Une victoire sur la vie, qui devient un suicide de l’humanité.

[…] En disant que la guerre est un « massacre inutile », Benoît XV a donné la définition la plus précise. Le cardinal Schuster l’a qualifiée de « boucherie d’hommes ». C’est des régions entières détruites, des milliers et des milliers de pauvres gens sans maison ni biens, réduits à errer dans les campagnes désolées jusqu’à ce que la mort vienne les faucher par la faim ou le froid.

[…] Les bénéfices matériels que l’on peut tirer d’une guerre victorieuse ne peuvent jamais compenser les dommages qu’elle cause ; si bien qu’il faut plusieurs générations successives pour reconstruire difficilement toute la somme des valeurs spirituelles et morales qui ont été détruites au cours d’un excès de frénésies guerrières[1]. […]


[…]

e génie humain, destiné à des fins bien différentes, a aujourd’hui conçu et mis en place des instruments de guerre d’une puissance telle qu’ils suscitent l’horreur dans l’âme de tout honnête homme, d’autant plus qu’ils ne frappent pas seulement les armées, mais mais accablent souvent encore les simples citoyens, les enfants, les femmes, les vieillards, les malades, et en même temps les édifices sacrés et les monuments les plus distingués de l’art ! Qui n’est pas horrifié à la pensée que de nouveaux cimetières viendront s’ajouter à ceux, si nombreux, du récent conflit, et que de nouvelles ruines fumantes de villages et de villes viendront s’accumuler à d’autres tristes ruines ?[2]. […]

Edité par Elena Merli

Igino Giordani, L’inutilità della Guerra, Città Nuova, Roma, 2003, (terza edizione), p. 3
Photo: Copertina: © RS via Fotos Públicas, Igino Giordani © CSC-Audiovisivi


[1] Card. Schuster, messaggio natalizio 1950.
[2] Pio XII, «Mirabile illud», 1950.

Don Foresi : des années de travail pour incarner le charisme

Don Foresi : des années de travail pour incarner le charisme

Après la publication de la première partie de la biographie de Don Foresi consacrée à la période initiale de sa vie, la deuxième partie intitulée « La regola e l’eccesso » (La règle et l’excès, éditeur Città Nuova) est également sortie. Elle est la deuxième des trois parties prévues et traite des années 1954 à 1962. Selon vous, qu’est-ce qui, dans ce volume, caractérise cette période de la vie de Foresi ?

Une caractéristique qui marque profondément la vie et l’expérience de Pasquale Foresi au cours des années indiquées peut s’exprimer ainsi : il s’agissait d’un esprit libre, d’une personne animée par une tension créatrice entre charisme et culture, mue par le besoin de traduire spirituellement et opérationnellement l’inspiration de Chiara Lubich (le charisme de l’unité) et le besoin, d’une certaine manière, de lui conférer une profondeur théologique, philosophique et institutionnelle, dans un contexte ecclésial encore largement préconciliaire. Le livre le décrit très bien comme étant continuellement engagé, aux côtés de Lubich, à « incarner » le charisme sous des formes compréhensibles pour l’Église de l’époque, pour le monde culturel et laïc en général. En ce sens, on peut le définir non seulement comme un cofondateur, mais aussi comme un interprète ecclésial du charisme, celui qui cherchait à le rendre « explicable » dans les codes de l’Église et qui a essayé d’être le bâtisseur de ponts entre la dimension mystique de Lubich et la théologie classique, la rendant accessible à beaucoup sans la diluer.

En même temps, Foresi était un intellectuel atypique et un penseur original. Bien qu’il n’ait pas laissé de grandes œuvres systématiques (il ne s’était pas donné cette tâche spécifique), il a eu un fort impact sur l’Œuvre de Marie (Mouvement des Focolari), précisément pendant la période décrite dans le livre. Ce deuxième livre documente une existence dynamique, traversée par un sentiment d’urgence, comme si les paroles de l’Évangile propres au développement du Mouvement des Focolari devaient être incarnées « immédiatement », sans délai.

“Don Foresi, un esprit libre, une personne animée par une tension créatrice entre charisme et culture”.

Notre interlocuteur, le professeur Marco Luppi, chercheur en histoire contemporaine à l’Institut universitaire Sophia de Loppiano (Italie).

Les 600 pages du texte abordent non seulement les événements qui ont marqué la vie de Foresi pendant la période considérée, mais elles retracent également la vie et l’histoire de Chiara Lubich et du Mouvement des Focolari au cours de ces années, en s’attardant également sur des récits et des épisodes auxquels Foresi n’a pas assisté, comme l’affirme l’auteur lui-même. Pourquoi, selon vous, ce choix éditorial ?

Zanzucchi inclut des événements et des faits qui n’ont pas été directement vécus par Foresi parce que sa figure est indissociable de l’histoire du mouvement des Focolari. Raconter le contexte, les protagonistes et les dynamiques collectives permet de saisir la signification de la contribution de Foresi, en l’insérant dans la trame vivante d’une expérience communautaire. Comme il l’affirme clairement dans son introduction, Zanzucchi voit en Foresi non seulement un protagoniste, mais aussi un cofondateur, c’est-à-dire l’un des éléments structurels et constitutifs du mouvement des Focolari. Par conséquent, la biographie de Foresi est indissociable de celle du mouvement. En d’autres termes, l’auteur adopte une perspective que l’on pourrait qualifier de « biographie immergée » : il ne s’agit pas d’une simple reconstruction individuelle, mais d’un récit relationnel et contextuel, où le sens de la personnalité de Foresi émerge de son dialogue avec d’autres acteurs (Chiara Lubich, Igino Giordani, des acteurs du monde ecclésial, etc.) et avec l’histoire collective du Mouvement.

L’ouvrage de Michele Zanzucchi est la première biographie consacrée à Foresi. Selon vous, quels sont les aspects de la vie de Foresi qui mériteraient d’être approfondis et étudiés d’un point de vue historique ?

Zanzucchi aime souvent dire qu’il n’est pas un historien au sens strict du terme, mais plutôt un narrateur et un vulgarisateur attentif et scrupuleux, et qu’il a donc pris quelques libertés à certains moments afin de clarifier certains passages qui n’étaient pas très explicites. Mais il s’agit certainement d’un travail très important et d’un premier effort pour nous restituer la personnalité et l’expérience de Foresi avec un regard complet. Il s’agit d’un regard, et il peut y en avoir beaucoup d’autres, à travers ce même esprit critique, ouvert à de multiples interprétations, qui doit animer la reconstruction de l’histoire de tout le mouvement des Focolari et de ses figures de référence. Parmi les nombreuses pistes de réflexion concernant d’éventuelles recherches futures sur Foresi, j’en citerais trois. La première concerne la pensée théologique et philosophique de Foresi. Zanzucchi souligne que Foresi n’était pas un théologien académique, mais un « visionnaire culturel », dont la production est dispersée dans des articles, des discours et des notes. On regrette donc l’absence d’une exposition organique de sa pensée sur des thèmes clés tels que l’Église, les sacrements, le rapport entre foi et raison, etc. Il conviendrait en outre d’étudier l’originalité de sa pensée ecclésiologique, qui anticipe certaines intuitions conciliaires. Une deuxième recherche pourrait porter sur le rôle « politique » de Foresi et ses relations avec le monde ecclésiastique romain. L’auteur fait plusieurs fois allusion aux liens de Foresi avec la curie vaticane et certaines personnalités ecclésiastiques. Cependant, le poids de Foresi dans les médiations politiques ou ecclésiastiques de l’après-guerre n’est pas encore très clair et il serait donc utile de l’explorer, en particulier dans les moments de tension avec la hiérarchie. Enfin, un troisième aspect stimulant pourrait être la saison éditoriale et le « laboratoire culturel » de Città Nuova. Zanzucchi souligne le rôle de Foresi en tant que fondateur, directeur et inspirateur de la revue « Città Nuova ». Quel type de « culture » Foresi cherchait-il à proposer ? Comment se positionnait-il par rapport aux autres publications catholiques (Civiltà Cattolica, L’Osservatore Romano, Il Regno) ? Tôt ou tard, une monographie sur l’œuvre de Foresi en tant qu’éditeur et journaliste, dans le contexte de la presse catholique du XXe siècle, sera nécessaire.

Propos recueillis par Anna Lisa Innocenti
Photo: © Archivio CSC audiovisivi

MilONGa : un réseau de jeunes volontaires à l’impact mondial

MilONGa : un réseau de jeunes volontaires à l’impact mondial

Dans le monde surgissent des espaces où la fraternité se cultive avec détermination. L’un d’entre eux est MilONGa, un projet qui s’est imposé comme une initiative clé dans le domaine du volontariat international, avec l’objectif de promouvoir la paix et la solidarité par des actions concrètes.

Avec ces actions, MilONGa propose l’alternative suivante : faire l’expérience de la solidarité à la première personne, dans le cadre d’actions qui transcendent les frontières culturelles, sociales et géographiques.

Son nom, qui dérive de « Mille organisations non-gouvernementales actives », est bien plus que celui d’un projet. Il s’agit d’un réseau qui réunit des jeunes d’organisations de différentes parties du monde, leur donnant la possibilité de s’ impliquer activement dans des actions sociales, éducatives, environnementales et culturelles. Depuis sa création, le programme s’est développé en tissant une communauté mondiale qui se reconnaît en des valeurs partagées : paix, réciprocité et citoyenneté active.

Ce qui distingue MilONGa est non seulement la diversité de ses missions ou la richesse de ses activités, mais aussi le type d’expérience qu’elle propose : une profonde immersion dans les réalités locales, où chaque volontaire n’est pas là, en premier lieu, pour « aider », mais pour apprendre, échanger, construire ensemble. Il s’agit d’un chemin de formation intégrale : il transforme à la fois ceux qui le vivent et les communautés qui les accueillent.

Les pays, où ces actions peuvent être réalisées, sont aussi divers que les jeunes qui y participent, ils couvrent différentes latitudes : Mexique, Argentine, Brésil, Bolivie, Colombie, Équateur, Paraguay, Uruguay et Pérou en Amérique, Kenya en Afrique, Espagne, Italie, Portugal et Allemagne en Europe, Liban et Jordanie au Moyen-Orient.

Dans chacun d’eux, MilONGa collabore avec des organisations locales engagées dans le développement social et la construction d’une culture de paix, en offrant aux volontaires des opportunités de service qui ont un impact réel et durable.

Derrière MilONGa, il y a une solide trame d’alliances internationales. Le projet est soutenu par AFR.E.S.H., project, cofinancé par l’Union européenne, ce qui lui permet de consolider sa structure et d’étendre son impact. De plus, il fait partie de l’écosystème de New Humanity, organisation internationale engagée dans la promotion d’une culture d’unité et de dialogue entre les peuples.

Une histoire qui laisse son empreinte

Francesco Sorrenti était l’un des volontaires qui ont voyagé en Afrique pour le programme MilONGa. Sa motivation n’était pas seulement le désir d’« aider », mais un besoin plus profond de comprendre et de se rapprocher d’une réalité qu’il sentait lointaine. « C’était quelque chose qui était en moi depuis des années : une profonde curiosité, presque une urgence de voir de mes propres yeux une réalité que je sentais lointaine et d’essayer de m’en rapprocher », dit Francesco à propos de son expérience au Kenya.

Celle-ci fut marquée par des moments qui le transformèrent. L’un d’entre eux fut sa visite à Mathare, un bidonville de Nairobi. « Lorsque quelqu’un m’a dit : ‘Regardez, mes parents vivent ici. Je suis né ici, mes enfants aussi. J’ai rencontré ma femme ici, et nous mourrons probablement ici’, j’en ai ressenti une très forte impuissance. J’ai compris qu’avant de faire quoi que ce soit, il fallait prendre du temps. Que je n’étais pas là pour arranger les choses, mais pour observer, pour ne pas leur tourner le dos. »

Il a également vécu des moments de lumière dans son travail avec les enfants d’une école du lieu. « La joie de ces enfants était contagieuse, physique. Il ne fallait pas beaucoup de mots : il suffisait d’être là, de jouer, partager. C’est alors que je compris qu’il ne s’agissait pas de faire de grandes choses, sinon simplement d’être présent », raconte-t-il.

Deux ans après cette expérience, Francesco en ressent encore l’impact. « Ma façon de voir les choses a changé : maintenant je valorise davantage ce qui compte vraiment, en appréciant la simplicité. Cette expérience m’a aussi laissé une sorte de force, une ténacité intérieure. En toi demeure une espèce de résistance, comme celle que j’ai vue dans les yeux de ceux et celles qui, à l’aube, voulaient tout faire, tout en n’ayant rien ».

Des rencontres qui multiplient l’engagement

En avril 2025, MilONGa a participé au congrès international “Solidarity in Action, Builders of Peace” qui s’est tenu dans la ville de Porto, au Portugal. Cette rencontre fut organisée conjointement par AMU (Azione per un Mondo Unito), New Humanity NGO et le Mouvement des Focolari du Portugal, réunissant de jeunes leaders du monde entier liés aux programmes Living Peace International et MilONGa.

Pendant trois jours, Porto est devenu un laboratoire de dialogue et d’action, au cours duquel les jeunes participant-e-s échangèrent leurs expériences, partagèrent leurs bonnes pratiques et construisirent des stratégies communes pour renforcer leur engagement d’agent-e-s de paix. MilONGa joua un rôle clé, non seulement par la participation active de ses volontaires, mais aussi par la création de synergies avec d’autres réseaux de jeunes, engagés en faveur de la transformation sociale.

L’un des moments les plus marquants du congrès fut l’espace pour des ateliers de collaboration, où les participant-e-s conçurent des projets concrets à impact local et mondial.

MilONGa se définit non seulement par ce qu’il fait, mais par l’horizon qu’il propose : un monde plus juste, plus uni, plus humain. Un monde où la solidarité n’est pas un slogan, mais une pratique quotidienne ; où la paix n’est pas une utopie, mais une responsabilité partagée.

Manuel Nacinovich

Renaître des ténèbres : un appel à l’unité

Renaître des ténèbres : un appel à l’unité

Je viens d’une famille divisée, je suis née de la liaison extraconjugale de mon père. De ce fait, il a gardé mon existence secrète et, pendant longtemps, j’ai vécu, surtout en tant qu’enfant, un abandon temporaire de sa part.

Je sentais que mon histoire avait quelque chose d’obscur. Ce que je ne savais pas, c’est que Jésus allait entamer un processus de conversion radicale dans la vie de mon père, le conduisant à devenir un pasteur pentecôtiste.

Mon histoire et mon sentiment d’abandon auraient sans doute pu être une raison pour moi de me détourner de la foi. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Face à l’expérience de l’abandon, je ne pouvais m’empêcher de m’interroger sur l’amour qui, même face à la douleur d’un enfant, avait atteint la vie de mon père. Parfois, je me demandais : « De quel amour s’agit-il, capable de supporter la douleur que j’éprouve ? À 16 ans, lors d’une croisière de fin d’études, j’ai trouvé cet amour. Un soir, assise sur le toit du bateau, la voix du Seigneur a parlé clairement à mon cœur : « Tu n’es pas née pour faire ce que font tes amis, Mayara, tu es à moi ». Grâce à ce qui a commencé là, je suis devenue une jeune pentecôtiste convaincue.

À 19 ans, je suis entrée à l’Université catholique pontificale de São Paulo (Brésil) pour étudier la théologie. Dans une histoire que seul l’Esprit peut écrire, je suis devenue présidente du Centre académique et de la Commission des étudiants en théologie de l’État de São Paulo. J’étais très amie avec certains séminaristes et j’avais des contacts avec divers diocèses et ordres religieux, et certains prêtres venaient souvent chez moi. Au début, ma mère disait en plaisantant : « Je n’aurais jamais imaginé avoir autant de prêtres chez moi, Mayara ».

Grâce à cette expérience, j’ai décidé d’écrire mon mémoire de fin d’études sur l’unité des chrétiens, mais lorsque j’ai commencé à étudier quelle voie à suivre, beaucoup de choses se sont produites qui m’ont amenée à réfléchir à l’histoire de ma famille ; j’ai effectué un profond parcours de pardon et de réconciliation. Ainsi, pendant que je pardonnais, j’écrivais. À tout moment, ma mémoire me rappelait combien il était douloureux d’avoir une famille divisée, mais c’est dans ces moments-là que le Seigneur m’a aussi demandé : « Et ma famille, l’Église ? » J’ai pu, et j’ai senti qu’il était nécessaire, d’unir mon abandon à celui de Jésus.

« J’ai décidé d’écrire mon mémoire de fin d’études sur l’unité des chrétiens (…) et beaucoup de choses se sont produites qui m’ont amenée à réfléchir à l’histoire de ma famille ; j’ai effectué un profond parcours de pardon et de réconciliation ».

Sur la photo : Mayara lors du Congrès œcuménique
à Castel Gandolfo en mars 2025

À partir du patrimoine commun de l’Écriture Sainte, j’ai conclu cette étape douloureuse en écrivant sur le thème : « L’Esprit et l’Épouse disent : viens ! La figure de l’Épouse comme réponse prophétique à l’unité de l’Église ». C’est cette démarche qui m’a conduite au dialogue catholique-pentecôtiste : à la Commission pour l’Unité – Renouveau Charismatique Catholique – SP et à Mission Nous sommes Un. Fondée par des laïcs dans le cadre d’une communauté catholique (Coração Novo-RJ), Mission Nous sommes Un repose sur une lettre d’intention signée par des responsables catholiques et évangéliques, dans laquelle sont définis les quatre piliers du chemin de dialogue : le respect des identités confessionnelles, l’ecclésialité, le non-prosélytisme et la culture de la rencontre. Dans le calendrier officiel de la ville de Rio de Janeiro, il y a même une semaine intitulée « We Are One Week » (Semaine Nous sommes Un) et nous avons été surpris de recevoir la reconnaissance de Patrimoine culturel et immatériel. En pratique, la mission réunit des responsables évangéliques, catholiques et pentecôtistes dans un but commun : proclamer l’unité des chrétiens. Le dialogue théologique a été rendu possible par la création d’un groupe de travail national catholique-pentecôtiste. Son objectif est de mener une réflexion théologique et pastorale sur l’expérience charismatique-pentecôtiste, à partir de la réalité latino-américaine. Nous avons récemment publié le premier rapport, fruit de nos rencontres, sur les dons de l’Esprit Saint. En 2022, a commencé le travail de Mission des Jeunes We Are One, un groupe dans lequel je suis totalement impliquée de tout mon cœur et de tout mes forces. Pour ces raisons, je vois Mission We Are One (Mission Nous sommes Un) comme un signe d’espérance. D’une part, pour toute la communion que j’ai vécue et, d’autre part, parce que mon histoire personnelle y est indubitablement mêlée.

Chargée d’être « pèlerin de l’espérance », je voudrais terminer ce partage par une phrase de mon père lorsqu’il raconte l’histoire de notre famille. Il répète sans cesse qu’elle est née dans la douleur et les blessures, mais qu’elle a été inondée par l’amour infini de Dieu : « La tribulation est devenue une vocation ». Lorsque mon père entrevoit cette réalité, il cite toujours la lettre de saint Paul aux Romains : « Là où le péché a abondé, la Grâce a surabondé. » (Rm 5, 20) Paraphraser ce texte biblique, en cette « Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2025 » , en cette année du Jubilé et de la célébration de tant d’anniversaires importants comme celui du Concile de Nicée, me donne du courage et me fait penser que : au milieu de tant de blessures abondantes tout au long de l’histoire

Mayara Pazetto
Photo: © CSC Audivisivi

Up2Me Enfants : une nouvelle opportunité de formation

Up2Me Enfants : une nouvelle opportunité de formation

Up2Me est un programme de formation et d’éducation à l’affectivité et à la sexualité proposé par le mouvement des Focolari. Il est né en 2015 pour répondre aux défis éducatifs des jeunes générations du troisième millénaire. Aujourd’hui, il est présent dans 35 pays du monde et propose des cours spécifiquement destinés à chaque groupe d’âge : les enfants et leurs familles, les préadolescents et les adolescents (avec un cours parallèle pour leurs parents) et les jeunes.

Nous nous penchons sur le parcours adapté aux enfants de 4 à 8 ans, en compagnie de Paolo et Teresa Radere, qui s’occupent de formation depuis des années, en particulier pour les nouvelles générations de membres des Focolari.

Paolo, Teresa, en quoi consiste Up2Me Enfants ?

Il s’agit d’une expérience que les enfants vivent avec leurs parents, un itinéraire de formation intégrale qui part du développement des dimensions de l’affectivité, de l’émotivité et de la sexualité, en sollicitant également la sphère spirituelle et l’intelligence existentielle, afin de porter un regard ouvert et profond sur le monde et les personnes dès l’enfance. Le cours vise une relation positive, créativement ouverte au dialogue, à l’acceptation, au respect des dimensions d’unicité et d’irrépétabilité de la personne humaine, pour générer le berceau nécessaire à une expérience de croissance personnelle et communautaire, et d’ouverture à l’autre de notre part.

À qui s’adresse-t-il ?

Il s’adresse à toutes les familles ayant des enfants, de préférence dans la tranche d’âge 4-8 ans. Si, comme c’est le cas dans toutes les familles, il y a des enfants plus âgés ou plus jeunes, la participation à Up2Me n’est pas un problème mais une opportunité, car c’est toute la famille qui fait l’expérience. Le parcours peut également être proposé aux enfants de familles d’accueil, séparées ou monoparentales. Dans ce cas, les enfants seront accompagnés dans le cours par la figure adulte que l’enfant vit comme référence (l’un des deux parents naturels ou adoptifs ou les deux, un oncle, un grand-parent, etc.)

Le projet peut également être proposé et réalisé dans des groupes familiaux, dans la paroisse ou dans le milieu scolaire.

Quels sont les objectifs ?

Pour les enfants, le but final est de vivre des expériences partagées avec leurs parents et d’autres figures de référence, nécessaires au développement de leur identité et à une croissance intégrale et harmonieuse. Reconnaître, accueillir et exprimer les émotions primaires de manière appropriée au contexte avec une valence positive ; expérimenter une communication bonne et efficace avec les parents ; développer l’intériorité, la connaissance de soi, grandir dans la dimension spirituelle – entendue comme la capacité de contempler et de transcender, apprendre à prendre soin de son corps, des autres, de la nature.

Pour les parents, en revanche, le cours est utile pour favoriser le développement de la capacité de dialogue entre les générations au sein du noyau familial, entre les familles et avec la culture contemporaine afin de valoriser son potentiel latent ; pour approfondir la connaissance du développement sociocognitif et psychologique de l’enfant et du type de relations qui le favorisent ; pour comprendre comment les modes d’action et de relation des parents avec leurs enfants affectent leur croissance et apprendre de bonnes pratiques éducatives pour la régulation émotionnelle ; pour connaître l’influence des nouvelles technologies dans l’éducation des enfants et le rôle des parents à cet égard.

Quel est le contenu du cours ?

A partir de l’expérience et de l’étude de ces années et pour donner de l’organicité au parcours, nous avons choisi la métaphore du « voyage ensemble vers le bonheur ». Nous avons choisi de travailler sur l’éducation émotionnelle et relationnelle des enfants parce qu’elle constitue la base de leur relation affective et sexuelle ; les émotions permettent ensuite au corps et à l’esprit de s’articuler et favorisent ainsi la croissance personnelle intégrale. La méthode d’éducation expérientielle permet aux parents et aux enfants de partager leurs expériences quotidiennes lors de réunions communautaires, de dialoguer, d’approfondir et d’éclairer, construisant ainsi un nouveau savoir issu de leur propre sagesse et de celle des autres.

Les contenus sont présentés à travers une pluralité de langages : le jeu, le mouvement, la sensorialité, la représentation iconique, la narration, les images et la danse sont les caractéristiques de l’approche des différents thèmes.

L’idée est celle d’un voyage en avion qui donne à l’enfant l’image de la continuité du voyage, le sens de l’attente et de la découverte, la nécessité du travail pour se préparer au voyage. Après chaque étape, l’expérience se poursuit à la maison, car chaque famille reçoit une proposition qui l’aide à poursuivre le dialogue et le climat créés dans le but de rechercher des espaces de croissance en famille.

Pour plus d’informations, cliquer ici ou envoyez un e-mail à teresa.radere@focolare.org

Lorenzo Russo
Photo: © Archivio Up2Me

Famille : pardonner et être pardonné

Famille : pardonner et être pardonné

Nous sommes Aureliana et Julián du Paraguay, mariés depuis 36 ans et nous avons cinq enfants et six petits-enfants.

JULIAN : Aureliana avait 18 ans et moi 19 lorsque nous nous sommes mariés. Nous étions très amoureux et enthousiastes à l’idée de construire notre vie ensemble. Les cinq premières années ont été très bonnes, nous étions de bons compagnons, nous travaillions ensemble, nous nous aidions et nous nous complétions bien. Après sept ans de mariage, nous sommes entrés dans une crise très forte qui a failli déboucher sur une séparation. La communication est devenue difficile : nous ne pouvions pas parler de nous-mêmes, de notre relation, ce qui nous a progressivement éloignés l’un de l’autre. Cependant, nous avions tous les deux le désir de faire au mieux pour nos filles et de progresser économiquement. Nous vivions chacun de notre côté, nous nous disputions beaucoup, mais nous arrivions à nous en sortir.

AURELIANA : Lorsque nos filles ont atteint l’adolescence, l’une d’entre elles a eu des attitudes rebelles et, à 17 ans, elle est tombée enceinte et s’en est allée vivre avec son ami. C’est à ce moment -là que nous avons commencé à demander de l’aide pour nous renforcer spirituellement en tant que parents. Nous avons assisté à des réunions entre familles et à des retraites spirituelles. C’est ainsi que nous avons réussi à surmonter des défis difficiles, chacun y mettant beaucoup de bonne volonté.

JULIAN : Nous avions une bonne situation, une belle famille, la santé et une entreprise familiale solide – nous avions tout ! Un jour, j’ai commencé à avoir des contacts via les réseaux sociaux avec une personne, nous nous sommes rencontrés et j’ai entamé une relation extraconjugale avec elle. À l’époque, mon père malade était à la maison avec nous et il était très difficile pour notre fille de s’adapter à la maternité; par conséquent, Aureliana devait se mettre en dix pour être avec elle, travailler et s’occuper de la maison. J’étais très impliqué dans cette affaire extraconjugale et je n’ai pas du tout aidé Aureliana, au contraire, je lui ai dit que je n’avais pas de temps à lui consacrer, elle s’est plainte et je me suis mis en colère. À cette époque, nous avons voyagé ensemble en Europe et c’est là qu’Aureliana a découvert que je la trompais. Tout s’est effondré, nous étions loin de tout le monde, seuls entre les quatre murs d’une chambre d’hôtel.

AURELIANA : Le monde s’est écroulé sur moi ! Je ne savais pas quoi faire, je ne pouvais pas croire qu’une telle chose puisse arriver. Au début, je me suis tue, pensant que nous pourrions terminer le voyage, mais au bout d’un moment, j’ai explosé : j’ai brisé le silence en criant, en pleurant et en exigeant une réponse. De son côté, il s’est mis à implorer désespérément la pitié, à demander pardon à Dieu et à moi, et cela, malgré la terrible douleur que je ressentais, a touché mon cœur. Je savais que je devais faire un pas et j’ai mis toute ma confiance dans l’aide de Dieu pour y parvenir. J’ai enfin pu voir le visage de Jésus crucifié en Julián. Je lui ai tendu les bras et nous nous sommes un peu calmés. Cependant, malgré ce pas intérieur, j’étais souvent envahie par la douleur et la tristesse.


« Et c’est cela que nous voulons annoncer au monde :
nous sommes ici pour être “un” comme le Seigneur veut que nous soyons “un”,
dans nos familles et là où nous vivons,
travaillons et étudions : différents, mais un, nombreux,
mais un, toujours, en toutes circonstances
et à tous les âges de la vie. (…)
Et n’oublions pas : c’est dans les familles
que se construit l’avenir des peuples. »


Homélie du Pape Léon XIV
Jubilé des familles, des enfants, des grands-parents et des personnes âgées
1er juin 2025

JULIAN : La nuit, Aureliana ne dormait pas, elle pleurait. Le médecin a diagnostiqué une dépression. Je me sentais impuissant et coupable. J’ai beaucoup prié : je sentais que ma femme et ma famille étaient un bien très précieux, mais le mal était fait et je devais accepter mon erreur, mais je voulais aussi mettre tous mes efforts et ma confiance en Dieu.

AURELIANA : Notre famille était divisée, les enfants ne savaient pas à qui s’en prendre et se sont révoltés. Puis Julián est tombé malade : on lui a découvert une tumeur au cerveau. Ce fait m’a beaucoup ébranlée et m’a presque fait sortir de mon état dépressif. Après avoir reçu les résultats du scanner, nous nous sommes réunis avec les enfants et avons cherché la meilleure solution pour l’opération. Nous avons senti que l’unité de la famille était notre bien le plus précieux, qu’elle était au-dessus de toutes nos souffrances, et j’ai réalisé que j’étais à nouveau capable de donner ma vie pour mon mari et de vivre pleinement en confiance avec lui, « qu’il soit malade ou en bonne santé ».

JULIAN : Je me suis senti aimé et j’ai réussi à surmonter deux opérations du cerveau en un temps record. Dès ma sortie de l’hôpital, nous avons eu l’occasion de participer à une réunion pour les couples en crise, car nous avions encore besoin de panser nos plaies.

AURELIANA : Lors de cette réunion, j’ai pu dissiper de nombreux doutes. Nous avons reçu beaucoup d’affection de la part des participants, nous avons bénéficié de la présence de professionnels et de couples ayant une longue expérience, et nous avons découvert une nouvelle voie.

JULIAN : J’ai réalisé que la volonté de pardonner est une chose, mais que la guérison du traumatisme nécessite un processus ; la blessure que je lui ai causée était très profonde et elle avait besoin de temps, de patience et d’amour de ma part. J’ai reçu le plus grand cadeau de Dieu, à savoir le pardon. Nous avons renouvelé notre mariage, Aureliana m’a redit son OUI pour toujours et nous avons recommencé.

AURELIANA : Notre vie a complètement changé, après 35 ans de mariage, nous avons cessé de nous disputer. Nous vivons pleinement notre vie de couple et pouvons nous regarder dans les yeux
et nous aimer comme jamais auparavant.

Photo © pexels-scottwebb

Que puis-je faire?

Que puis-je faire?

Chaque jour des événements terribles se produisent, d’une telle ampleur que nous nous sentons impuissants : des migrants qui affrontent des voyages mortels dans des conditions désespérées, des populations qui vivent la tragédie quotidienne de la guerre ou les injustices sociales dramatiques qui frappent la planète.

« Que puis-je faire ? » : il est possible que cette question nous paralyse et nous pousse à nous enfermer dans un individualisme résigné. Le premier défi pour la conscience est de se laisser interroger vraiment par cette question «Que puis-je faire ?»

En Italie, les pêcheurs des côtes de Lampedusa se sont posé cette question, formant, avec les généreux habitants du lieu, de véritables chaînes humaines, pour tendre la main et tenter de sauver au moins un à la fois (puis dix, cent, mille…) des naufragés désespérés abandonnés aux flots de la Méditerranée. Les communautés situées aux frontières des zones de guerre (en Europe, en Afrique, en Asie…) se sont posé cette question, en ouvrant les portes de leurs maisons, non pas sur la base d’un calcul politique ou économique, mais sur un choix naturel de compassion et d’accueil. C’est précisément dans ces situations que l’on peut observer des « miracles » quotidiens, petits ou grands, qui ne sont pas des rêves utopiques, mais des gestes qui construisent la société de demain.

Chercher à garder l’espérance, ne pas attendre qu’elle vienne à nous : c’est ce que souligne le professeur Russell Pearce [1], de la “FordhamSchool of Law” de New York. Il a mené des entretiens dans deux organisations promouvant le dialogue et la paix entre Israéliens et Palestiniens – Parents Circle et Combatants for Peace- afin de comprendre comment leurs membres ont réussi à maintenir des relations entre eux au lendemain du 7 octobre 2023 et pendant la guerre qui s’en est suivie à Gaza.

Pourquoi ces groupes ont-ils maintenu leurs liens et les ont même renforcés ? Tant les Palestiniens que les Israéliens affirment que leur dialogue a été un grand facteur de transformation. Ils affirment qu’il s’agit d’un dialogue de l’amour. Un participant palestinien observe : « La transformation que nous avons vécue a été une expérience très sacrée pour chacun d’entre nous et a laissé un impact et un lien profond dans nos âmes. C’est un voyage et un processus qui transforme l’autre en frère ».

Un Israélien a également fait remarquer : « Nous travaillons pour construire la confiance et devenir une famille, ce sont des années de travail sacré avec tous les défis, les dynamiques et les doutes ». Pearce conclut : « les sages juifs enseignent que “si tu sauves une vie, tu sauves le monde entier” » ; un Palestinien qui dirige le programme pour les jeunes du “Parentscircle”renchérit : « Si tu changes une personne, tu changes le monde entier ».

Chiara Lubich disait : « L’aspect le plus visible de l’unité, est la fraternité. Cela me semble certainement la voie la plus appropriée pour remonter le courant (…) afin d’atteindre plus pleinement la liberté et l’égalité. (…) C’est une voie valable pour ceux qui tiennent le destin de l’humanité entre leurs mains, mais aussi pour les mères de famille, pour les personnes de bonne volonté qui apportent des gestes de solidarité au monde, pour ceux qui mettent à disposition une partie des bénéfices de leur entreprise pour éliminer les espaces de pauvreté, pour ceux qui ne se résignent pas à la guerre. La fraternité “d’en haut” et la fraternité “d’en bas” se rencontreront ainsi dans la paix »[2]

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L’IDÉE DU MOIS est actuellement réalisée par le “Centre pour le dialogue avec les personnes de croyance non religieuse” du Mouvement des Focolari. Il s’agit d’une initiative née en 2014 en Uruguay pour partager avec des amis non croyants les valeurs de la Parole de Vie, c’est-à-dire la phrase de l’Écriture que les membres du Mouvement s’engagent à mettre en œuvre dans la vie quotidienne. Actuellement L’IDÉE DU MOIS est traduite en 12 langues et distribuée dans plus de 25 pays, avec des adaptations du texte pour s’adapter aux différentes sensibilités culturelles. dialogue4unity.focolare.org


[1] R. Pearce: “Dialogo e Pace sostenibili” [Ekklesia-Sentieri di Comunione e Dialogo- n.4 ottobre dicembre 2024].
[2] C. Lubich, No alla sconfitta della pace, in «Città Nuova» n. 24/2003
Foto: © Rineshkumar Ghirao – Unsplash

« Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Lc 9,13)

« Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Lc 9,13)

Nous sommes dans un endroit isolé près de Bethsaïde, en Galilée. Jésus parle du Royaume de Dieu à une foule nombreuse. Le maître était allé là avec les apôtres pour les laisser se reposer après leur longue mission dans cette région, au cours de laquelle ils avaient prêché la conversion « en annonçant partout la bonne nouvelle et en opérant des guérisons »[1]. Fatigués, mais le cœur plein, ils racontent ce qu’ils ont vécu.

Cependant, les gens, l’ayant entendu, se joignent à eux. Jésus les accueille : il écoute, il parle, il guérit. La foule augmente. Le soir approche et la faim se fait sentir. Les apôtres s’en inquiètent et proposent au maître une solution logique et réaliste : « Renvoyez la foule, afin qu’elle aille dans les villages pour y rester et y trouver de la nourriture ». Après tout, Jésus a déjà tant fait… Mais il répond :

« Donnez-leur vous-mêmes à manger »

Ils sont étonnés. C’est irréalisable : ils n’ont que cinq pains et deux poissons pour quelques milliers de personnes. Il n’est pas possible de trouver ce qu’il faut dans la petite ville de Bethsaïde, et ils n’auraient pas l’argent pour l’acheter.

Jésus veut leur ouvrir les yeux. Les besoins et les problèmes des gens le touchent et il s’efforce de les résoudre. Il le fait en partant de la réalité et en tirant le meilleur parti de ce qui existe. Certes, ce qu’ils ont est peu, mais il les appelle à une mission : être les instruments de la miséricorde de Dieu qui pense à ses enfants. Le Père intervient, et pourtant il a « besoin » d’eux.

Le miracle « a besoin » de notre initiative et de notre foi pour s’accomplir.

« Donnez-leur vous-mêmes à manger »

À l’objection des apôtres, Jésus répond donc en prenant les choses en main, mais il leur demande de faire leur part, même si elle est minime. Il ne la dédaigne pas. Il ne résout pas le problème à leur place ; le miracle a lieu, mais il exige leur participation avec tout ce qu’ils ont et pourraient fournir, mis à la disposition de Jésus pour tous. Cela implique un certain sacrifice et une certaine confiance en lui.

Le maître part de ce qui nous arrive pour nous apprendre à prendre soin les uns des autres, ensemble. Face aux besoins des autres, il n’y a pas d’excuse (« ce n’est pas notre problème », « je n’y peux rien », « ils doivent se débrouiller comme nous tous… »). Dans la société que Dieu a conçue, heureux ceux qui donnent à manger aux affamés, qui habillent les pauvres, qui visitent ceux qui sont dans le besoin[1].

« Donnez-leur vous-mêmes à manger »

Le récit de cet épisode rappelle l’image du banquet décrit dans le livre d’Isaïe, offert par Dieu lui-même à toutes les nations, lorsqu’il « essuiera les larmes sur tous les visages »[3]. Jésus fait s’asseoir les gens par groupes de cinquante, comme dans les grandes occasions. En tant que Fils, il agit comme le Père, ce qui souligne sa divinité.

Lui-même donnera tout, jusqu’à se faire nourriture pour nous, dans l’Eucharistie, le nouveau banquet du partage.

Face à l’ampleur des besoins suscités par la pandémie du Covid-19, la communauté des Focolari de Barcelone a créé, via les réseaux sociaux, un groupe de partage des besoins et de mise en commun des biens et des ressources. Et il a été impressionnant de voir comment ont circulé meubles, nourriture, médicaments, appareils électroménagers… Parce que « seul, on ne peut pas grand-chose », disaient-ils, « mais ensemble, on peut faire beaucoup ». Aujourd’hui encore, le groupe « Fent família » veille à ce que, comme dans les premières communautés chrétiennes, personne ne soit dans le besoin[4].

D’après Silvano Malini et l’équipe de la Parole de Vie.


[1] Lc 9, 6.

[2]Cf. Mt 25, 35-40.

[3]Is 25, 8.

[4]Cf. At 4, 34.

©Phot: Congerdesign – Pixabay

Évangile vécu : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime » (Jn 21, 17).

Évangile vécu : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime » (Jn 21, 17).

Un message

C’est l’anniversaire d’un ami très cher avec qui nous avons partagé des idéaux, des joies et des peines. Mais il y a longtemps que je ne lui ai pas écrit et que nous ne nous sommes pas vus. J’hésite un peu : je pourrais lui envoyer un message, mais je ne sais pas comment il le prendra. Je suis encouragé par la Parole de Vie : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime » (Jn 21,17). Peu après, il me répond : « Quelle joie de recevoir ton salut ». Un dialogue s’instaure : les messages se succèdent. Il me parle de lui. Il est satisfait de son travail, a un bon salaire et me confie qu’il a le désir de venir me rendre visite. Je l’encourage et me mets à sa disposition pour l’accueillir et organiser son séjour. Raison de plus pour qu’il soit présent… et ne pas attendre un an de plus pour lui envoyer un message.
(C. A.- Italie)

(C. A.- Italie)

Ecrasée par l’orgueil

Je pouvais pardonner à Miguel les soirées passées à la taverne, mais pas l’infidélité qu’il a avouée un jour. J’étais la bonne épouse et la bonne mère, j’étais la victime. Mais depuis qu’il fréquentait le père Venancio et d’autres personnes de la paroisse, mon mari semblait être une personne différente : il était plus présent à la maison, plus affectueux avec moi, qui, en revanche, je restais hostile lorsqu’il proposait de lire l’Evangile ensemble pour essayer de le mettre en pratique. Une fois, cependant, parce que c’était son anniversaire, j’ai accepté de l’accompagner à une réunion de famille. Ce fut la première d’une longue série. Un jour, une phrase m’a fait réfléchir : « Construire la paix ». Comment pouvais-je le faire, moi qui, entre-temps, m’étais découverte égoïste, plein de misère et de ressentiment ? Mon orgueil m’empêchait de demander pardon à Miguel, alors qu’il me l’avait demandé plusieurs fois en 28 ans de mariage. Mais je cherchais le bon moment pour le faire. Jusqu’à ce que, lors d’une réunion avec le groupe des familles, je demande l’aide de Dieu et que je puisse raconter notre expérience de couple et demander pardon à Miguel. Ce jour-là, j’ai senti renaître un nouvel et véritable amour pour lui.

(R. – Mexique)

S’occuper des autres

Depuis que je passe du temps à La Havane, plongé jusqu’au cou dans les problèmes de survie des habitants de notre barrio aux prises avec la grave crise économique du pays, je ne me suis toujours pas habitué aux interventions opportunes de la Providence. Parmi tant d’autres, celle-ci est la dernière en date. Auparavant, j’avais été alerté par quelqu’un de notre communauté de l’arrivée d’un don important de bons médicaments, tous liés au traitement de maladies nerveuses. Je suis allé les chercher, un peu perplexe, car ils n’entraient pas dans les catégories de médicaments dont ont besoin les pauvres qui nous fréquentent. Mais je me suis souvenu qu’une fois par mois, le lundi matin, un psychiatre vient visiter gratuitement les habitants du quartier qui ont besoin d’un traitement. À la première occasion, je l’ai donc contacté et lui ai apporté la liste des médicaments. En la parcourant, son visage s’est illuminé : « C’est exactement ce que je cherchais », s’est-il exclamé, stupéfait.

(R.Z. – Cuba)

Édité par Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année X- no.1 mai-juin 2025)

Photo: ©Mohamed Hassan – Wälz / Pixabay

Rechercher la paix : un parcours entre les mains de chacun

Rechercher la paix : un parcours entre les mains de chacun

« Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu. » (Mt 5, 9)

Qui sont ces artisans de paix dont parle Jésus ?

Ce ne sont pas les gens que l’on considère comme pacifiques, ceux qui aiment la tranquillité, qui ne supportent pas les disputes et manifestent une nature conciliante, et qui souvent d’ailleurs révèlent le désir caché de ne pas être dérangés, de ne pas avoir d’ennuis.

Les artisans de paix, ce ne sont pas non plus ces braves personnes qui, s’en remettant à Dieu, ne réagissent pas lorsqu’elles sont provoquées ou offensées. Les artisans de paix, ce sont ceux qui aiment tellement la paix qu’ils ne craignent pas d’intervenir dans les conflits pour la procurer à ceux qui vivent dans la discorde. […]

Pour porter la paix, il faut la posséder en soi.

Il faut être porteur de paix avant tout à travers son comportement personnel de chaque instant, en vivant en accord avec Dieu et sa volonté.

Les artisans de paix s’efforcent ensuite de créer des liens, d’établir des rapports entre les personnes, en calmant les tensions, en désamorçant la situation de « guerre froide » qu’ils rencontrent souvent dans les familles, au travail, à l’école, dans les milieux sportifs, entre nations, etc. […]

La télévision, le journal, la radio te répètent chaque jour que le monde est un immense hôpital et que les nations sont souvent de grands malades qui auraient un besoin extrême d’artisans de paix pour apaiser des rapports tendus ou insoutenables qui font peser la menace de la guerre, quand elle n’a pas déjà éclaté. […]

La paix est un aspect caractéristique des rapports typiquement chrétiens que le croyant cherche à établir avec les personnes qu’il fréquente régulièrement ou qu’il rencontre à l’occasion. Ce sont des rapports d’amour sincère sans fausseté ni tromperie, sans aucune forme de violence cachée ni de rivalité, de concurrence ni d’égocentrisme.

Travailler à établir de tels rapports dans le monde est un acte révolutionnaire. En effet les relations qui existent normalement dans la société relèvent d’une tout autre nature et demeurent malheureusement souvent les mêmes.

Jésus savait que les relations humaines en étaient là. C’est pourquoi il a demandé à ses disciples de faire toujours le premier pas sans attendre l’initiative et la réponse de l’autre, sans prétendre à la réciprocité : « Et moi je vous dis : aimez vos ennemis… Si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? » […]

Jésus est venu porter la paix. Tout son message et tout son comportement vont dans ce sens.

Mais c’est justement ce rapport nouveau entre les personnes qui démasque souvent les rapports sociaux faux, qui révèle la violence cachée dans les relations humaines.

L’homme est irrité lorsque l’on découvre cette vérité et il y a le risque, dans les cas extrêmes, qu’il réponde par la haine et la violence à celui qui ose déranger l’ordre social et les structures établies.

Jésus, le porteur de paix, a été tué par la violence de l’homme. […] « Heureux ceux qui font œuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu. »

Alors comment vivre cette parole ?

Avant tout en répandant partout dans le monde l’amour. […] Quant à toi, tu interviendras avec prudence lorsque, autour de toi, la paix est menacée. Souvent, il suffit d’écouter avec amour, jusqu’au bout, les parties en désaccord et l’on trouve la solution de la paix.

D’autre part, pour réduire les tensions qui peuvent naître entre les personnes, un moyen à ne pas sous-évaluer est l’humour. Un texte rabbinique affirme : « Le règne futur appartient à ceux qui plaisantent volontiers parce qu’ils sont artisans de paix entre les hommes qui s’opposent. »

Tu n’auras pas la paix tant que des rapports rompus, souvent pour une bêtise, n’auront pas été rétablis.

Peut-être pourras-tu être artisan de paix en donnant naissance, au sein de quelque association dont tu fais partie, à des initiatives particulières orientées à développer une plus grande conscience de la nécessité de la paix. […]

L’important, c’est que tu ne restes pas inactif à voir passer le peu de jours que tu as à disposition sans conclure quelque chose pour tes prochains, sans te préparer convenablement à la vie qui t’attend.

Chiara Lubich

(da Parole di Vita, Opere di Chiara Lubich, Citta Nuova Editrice, Roma 2017, pp. 196-197)