“« L’unité est possible » : est-ce une affirmation absurde aujourd’hui, dans une Europe marquée par le terrorisme global, par la multiplication des guerres, par des migrations aux dimensions bibliques, par une intolérance grandissante ? Parlons-nous d’un rêve, d’une utopie ? Non. Nous parlons d’une expérience que divers mouvements et communautés chrétiennes vivent déjà depuis plus de 15 ans, témoignant que l’unité est possible. Nous avons fait l’expérience qu’il existe quelque chose qui est toujours à la mode, quelque chose d’indestructible qui nous unit : c’est l’Amour, c’est Dieu Amour. Cet amour nous a tout grand ouvert les yeux et le cœur pour embrasser les peurs, les larmes, les espérances de ce continent. Dans tout ce négatif qui voudrait nous dominer, nous reconnaissons la douleur que Dieu, fait homme, a soufferte sur la croix. Il nous a ainsi prouvé son amour sans mesure et nous a ouvert à l’espérance de la résurrection. Trois mots-clés caractérisent notre manifestation : rencontre – réconciliation – avenir. Nous pouvons nous rencontrer car Dieu, le premier, est venu à notre rencontre en s’incarnant. Nous pouvons nous réconcilier car Jésus, sur la croix nous a réconciliés avec Dieu et entre nous. Nous pouvons avancer, de façon sûre, vers l’avenir car Lui, qui a vaincu la mort, marche au milieu de nous et nous conduit vers l’unité de l’Europe et du monde jusqu’à la réalisation de sa prière : « Que tous soient un » (Jn 17, 21). Pour un but aussi élevé, cela vaut sans aucun doute la peine d’engager son existence. Nous voulons ensemble, demander pardon pour les divisions du passé qui ont déclenché des guerres et des morts en Europe. Nous voulons ensemble, témoigner aujourd’hui de notre unité dans le respect et la beauté des diversités de nos Églises et de nos communautés. Nous voulons, ensemble, nous mettre au service d’une nouveauté qui, aujourd’hui sert à reprendre le chemin de l’Europe. Ce que nous pouvons offrir – en engageant notre vie – est la nouveauté de l’Évangile. Avant de mourir, Jésus a prié : « Père que tous soient un ». Il a montré que nous sommes tous frères, qu’une unique « famille humaine » est possible, que l’unité est possible, des ue l’unité est notre destin. Aujourd’hui, ici, nous nous engageons à être des instruments de ce tournant, des instruments d’une nouvelle vision de l’Europe, des instruments d’une accélération sur le chemin vers l’unité en ouvrant un dialogue profond avec tous et pour tous les hommes et les femmes de notre planète. Dialogue possible grâce à la « Règle d’or », qui dit : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse » [« Comme vous voulez que les hommes agissent envers vous, agissez de même envers eux »] (cf. Lc 6, 31). Règle d’or qui, au fond, veut dire : aime. Et si l’amour devient réciproque, il fait fleurir, entre tous, la fraternité. Dans le fraternité universelle l’Europe peut redécouvrir sa vocation. Chiara Lubich écrivait déjà dans les années cinquante : « Si un jour, les peuples sauront se placer eux-mêmes après les autres, mettre de côté l’idée qu’ils se font de leur patrie (…) en vertu de l’amour réciproque entre les États que Dieu demande comme il demande l’amour réciproque entre les frères, ce jour-là sera le début d’une ère nouvelle ». Vivons donc en vue de cette ère nouvelle ! L’unité est possible !” Maria VoceManifestation Ensemble pour l’EuropeMunich (Bavière), 2 juillet 2016
“Chers amis d’Ensemble pour l’Europe, Je sais que vous êtes de nombreux Mouvements et groupes de différentes Églises et Communautés réunis à Munich (de Bavière). Vous avez raison. C’est le moment de se mettre ensemble pour affronter les problématiques de notre temps dans un véritable esprit européen.” C’est ainsi que commence le message vidéo que le pape François a envoyé aux participants de Ensemble pour l’Europerassemblés aujourd’hui à la Karlsplatz (Stachus) de Munich, Allemagne. Après avoir mis en évidence les défis auxquels l’Europe fait face, le pape Bergoglio encourage les participants à “porter à la lumière des témoignages d’une société civile qui travaille en réseau pour l’accueil et la solidarité envers les plus faibles et les plus défavorisés, pour construire des ponts, pour surmonter les conflits déclarés ou latents.” Puis de conclure : “Maintenez la fraîcheur de vos charismes ; gardez vivant votre « Ensemble » et élargissez-le ! Faites en sorte que vos maisons, vos communautés et vos villes soient des laboratoires de communion, d’amitié et de fraternité capables d’intégrer, ouvertes au monde entier.”
(c) MfE, Foto: Brehm
Le patriarche de Constantinople Bartholomé I a lui aussi voulu se rendre présent par un message personnel, où entre autres il dit : « Même lorsque la tentation nous suggère de ne pas rester ensemble, les chrétiens en particulier sont appelés à montrer le principe fondamental de l’Eglise, qui est communion (koinonia). C’est seulement lorsque nous partageons nos dons que Dieu a mis en nous librement et de manière si généreuse, que nous sommes capables d’en faire pleinement l’expérience ».La manifestation qui conclut la 4ième édition de Ensemble pour l’Europe, a pour titre « 500 ans de divisions, ça suffit – l’unité est possible ! », rappelant ainsi les 500 ans de séparation entre l’Eglise catholique et les Eglises de la Réforme protestante. Maria Voce, présidente des Focolari, est intervenue en abordant le thème de l’unité : « Ce que nous pouvons offrir – en engageant notre vie – est la nouveauté de l’évangile. Avant de mourir, Jésus a prié : ‘Père, que tous soient un’. Il nous a montré que nous sommes tous frères, qu’une unique ‘famille humaine’ est possible, que l’unité est possible, que l’unité est notre destin. Aujourd’hui, nous, ici, nous engageons à être des instruments de ce tournant, des instruments d’une nouvelle vision de l’Europe, instruments d’une accélération du chemin vers l’unité, en ouvrant avec tout le monde et pour tous les hommes et les femmes de notre planète un dialogue profond ».
(c) MfE, Foto: Brehm
D’autres sont intervenus comme Gerhard Pross (CVJM Esslingen) : “ l’unité dans une diversité réconciliée” et Andrea Riccardi (Communauté de Sant’ Egidio) : “Plus aucun mur ! ». A propos du thème “La réconciliation ouvre sur le futur – 500 ans de divisions, ça suffit”, ce sont le cardinal Kurt Koch (Conseil Pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens), l’évêque Frank Otfried July (Fédération Luthérienne mondiale), le métropolite Serafim Joanta (Métropolite roumain-orthodoxe pour l’Allemagne et l’Europe du Centre et du Nord) ainsi que le Secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises, le rév. Olav Fykse Tveit qui sont montés sur scène. Une interview sur « Mission et futur » a permis un dialogue intéressant entre l’évêque évangélique Heinrich Bedford-Strohm et le cardinal Reinhard Marx. Le message final, lu par des membres du comité d’orientation et distribué en milliers d’exemplaires aux personnes présentes, affirmait que « la vision d’un ensemble en Europe est plus forte que toute peur ou tout égoïsme ». Il a en plus manifesté l’engagement commun de tous ceux qui adhèrent à Ensemble pour l’Europe à « suivre la voie de la réconciliation », à « aller à la rencontre de personnes de convictions et de religions différentes avec respect et en cherchant le dialogue », et à promouvoir dans le monde « humanité et paix ».
(c) MfE, Foto: Fischer
Les deux jours précédents, un congrès s’est tenu au Circus-Krone-Bau, articulé autour de 36 forum et tables rondes, avec 1700 responsables et collaborateurs de plus de 300 communautés et mouvements qui adhèrent à Ensemble pour l’Europe. « Réconciliation sera notre mot-clé », a affirmé Martin Wagner (CVJM Munich) en ouverture, « Nous l’avons déjà expérimentée et c’est cela notre futur. Nous voulons partager, travailler ensemble pour l’unité et surtout contribuer, en tant que chrétiens, à soutenir les défis de l’Europe d’aujourd’hui ». Des tables rondes et des forums se sont focalisés sur intégration et réconciliation, solidarité envers les plus faibles, soutien et préservation de l’environnement, œcuménisme, chrétiens et musulmans en dialogue, mariage et famille, économie. Partage et expériences, idées et projets, mais aussi témoignages de foi. Au cours du forum bondé « le prix et la récompense de l’unité », le cardinal Walter Kasper a affirmé que « la fatigue qui ressort d’une authentique réconciliation est l’un des obstacles majeurs au mouvement œcuménique. Le pardon est nécessaire pour continuer le chemin ensemble ». La table ronde « chrétiens et musulmans en dialogue » a mis au jour le besoin de se connaître, se rencontrer et travailler ensemble, conscients, comme l’a souligné Pasquale Ferrara, nouvel ambassadeur d’Italie en Algérie, que « le dialogue, ce ne sont pas les cultures qui le font, mais les personnes ». Le débat sur les changements climatiques et les défis écologiques « Vers une action soutenable en Europe » au cours du dialogue entre sciences et religions, a été développé par le cardinal Peter Turkson avec l’ingénieur pour l’environnement Daniele Renzi et d’autres experts. Durant la table ronde où l’on se posait la question « Quelle âme pour l’Europe ? », Jesús Morán, coprésident des Focolari, a montré que « la perspective que l’Europe peut et doit encore, et plus que jamais, donner au monde est celle de former une culture d’unité dans la diversité à tous les niveaux, à partir du niveau personnel et quotidien jusqu’au niveau institutionnel ». Les textes et photos des interventions sont disponibles sur www.together4europe.org/live Le soleil s’est déjà couché sur la scène de la Karlsplatz lorsqu’on lit le message final d’Ensemble pour l’Europe 2016. Le programme, animé par différents orchestres et par l’enthousiasme créatif des jeunes, se poursuit avec un concert rock. Source : Communiqué de presse SIF 2 juillet 2016
Ensemble pour l’Europe Rencontre. Réconciliation. Avenir. Message le 2/7/2016 à MunichIl n’y a pas d’alternative au vivre ensemble « Unis dans la diversité ». Cet espoir européen est aujourd’hui plus actuel que jamais. L’Europe ne doit pas devenir une « forteresse » et ériger de nouvelles frontières. Il n’y a pas d’alternative au vivre ensemble. Une vie ensemble dans la diversité réconciliée est possible. L’Évangile – une source d’espoir Jésus-Christ a prié pour l’unité et il a donné sa vie pour cela. C’est l’Évangile qui nous le dit ; depuis 2000 ans, il est une force créative pour la culture en Europe. Jésus-Christ nous enseigne l’amour sans limite pour tous les hommes. Il nous montre le chemin de la miséricorde et de la réconciliation : nous pouvons demander pardon et nous pardonner les uns aux autres. L’Évangile est une puissante source dans laquelle nous pouvons puiser de l’espoir pour l’avenir. L’Europe – une culture du respect et de l’estime Les terribles expériences des guerres mondiales nous ont enseigné que la paix est un don précieux que nous devons préserver. Notre avenir sera façonné par une culture du respect et de l’estime de l’autre, y compris de l’étranger. L’unité est possible – surmonter les divisions Nous demandons à tous les chrétiens, en particulier aux responsables des Églises, de surmonter les divisions. Les divisions ont provoqué la souffrance, la violence, l’injustice et miné la crédibilité de l’Évangile. En tant que chrétiens, nous voulons vivre ensemble dans la réconciliation et en pleine communion. Notre engagement Nous vivons avec l’Évangile de Jésus-Christ et nous le témoignons en paroles et en actes. Nous suivons la voie de la réconciliation et nous aidons nos communautés, Églises, peuples et cultures, qu’ils puissent vivre « unis dans la diversité ». Nous rencontrons les personnes qui ont d’autres religions et d’autres convictions avec respect et nous recherchons avec elles un dialogue ouvert. Nous nous engageons à faire grandir la bienveillance et la paix dans le monde. Nous avons la vision d’un vivre ensemble en Europe, qui est plus fort que toute peur et tout égoïsme. Nous faisons confiance à l’Esprit Saint, qui renouvelle et vivifie sans cesse le monde. Message final
Quels défis pour l’Europe d’aujourd’hui ? Quelle est sa responsabilité sociale, politique envers les autres continents ? Quelle contribution peuvent apporter les mouvements chrétiens ? Axée sur la situation actuelle du continent, sur ses défis locaux et mondiaux, la seconde journée du Congrès (1er juillet) s’est ouverte sur de nombreuses questions. “Il faut passer de l’Europe des pères à celle des fils – a commencé par dire Marco Impagliazzo, président de la Communauté de Sant Egidio – les chrétiens doivent à nouveau choisir l’Europe, ensemble, nous ne pouvons pas la réaliser seuls. Elle ne peut pas vivre pour elle-même, elle doit vivre un christianisme pour les autres et avec les autres. Le temps d’un « humanisme spirituel » est arrivé, la vie des Eglises et des communautés doit émerger et apporter sa propre contribution ». Gérard Testard de Efesia (Paris) met l’accent sur la nécessité pour les chrétiens d’agir au sein de l’espace public. Il ne peut pas y avoir d’un côté la citoyenneté du ciel et de l’autre celle de la terre. Il faut vivre ensemble. Michael Hochschild, sociologue et spécialiste de la pensée post-moderne au Time-Lab de Paris, a souligné l’importance socio-politique des Mouvements et des Communautés spirituelles en Europe. Mais pour que cela advienne, il déclare : « Vous devez considérer et démontrer avec plus de détermination que vous êtes en mesure de façonner le panorama culturel. Vous devez devenir des mouvements « socio-civils ». Il a en outre affirmé qu’en ce temps d’incertitude, pauvre en grandes perspectives, les Communautés comme celles engagées dans Ensemble pour l’Europe offrent des modèles de vie alternatifs. “Ce peut être justement la peur de l’avenir qui nous oblige à tout faire pour qu’il soit meilleur” a affirmé Herbert Lauenroth, spécialiste des questions interculturelles auprès du Centre Œcuménique de Ottmaring (Augsburg). Son analyse voit la situation actuelle en Europe comme une réaction à la peur et à l’insécurité causée par une sensation de suffocation existentielle. Une situation qui, en même temps, représente un défi : la peur pourrait générer une expérience d’apprentissage. « Il s’agit de préférer ce qui est inconnu, étranger, ce qui se présente comme une situation extrême pour apprendre à croire ». En présence des abîmes auxquels la société est en train de se confronter, nous comprenons qu’une nouvelle orientation fondée sur la foi est possible. “L’Europe traverse la nuit de ses principes, la nuit de son rôle dans le monde, la nuit de ses rêves », a déclaré la Présidente des Focolari, Maria Voce, lors de son intervention. Ensemble pour l’Europe nous semble précisément le « sujet » capable d’inspirer des individus ou des associations dans leur engagement pour une Europe libre, réconciliée, démocratique, solidaire et fraternelle, susceptible d’être un don pour l’humanité ». Steffen Kern de la Fédération évangélique du Wurtemberg poursuit la réflexion sur Europe et espérance : “ Où mettons-nous notre espérance nous qui sommes chrétiens ? Il faut un sens de la responsabilité et prendre sur nous les douleurs et les obscurités de nos villes. Nous avons fondé à Stuttgart la Maison de l’Espérance qui accueille les femmes et les personnes seules pour témoigner par notre engagement que Dieu n’abandonne personne ». Thomas Roemer (YMCA, Munich) précise que si nous ne remplaçons pas l’Europe de la peur par celle de l’Espérance, celle-ci risque de mourir. L’Europe aussi, comme autrefois les disciples, est sur la barque avec Jésus. « Jésus se trouve aussi dans les tempêtes, il faut avoir la foi. Il est monté sur la barque pour nous sauver». L’après-midi, « Ensemble pour l’Europe » a ouvert ses propres lieux de dialogue, d’échanges et de projets pour tous ceux qui désiraient rencontrer les protagonistes et les thématiques de ces journées. A la table ronde “Chrétiens et musulmans en dialogue » il est apparu nécessaire de se connaître, de se rencontrer et de travailler ensemble autour des défis sociaux et culturels. Pasquale Ferrara, nouvel ambassadeur italien à Alger a souligné que ce ne sont pas les cultures et les religions qui font le dialogue, mais les personnes. Il est nécessaire de se plonger dans le concret et le réel. Et l’imam Batami a invité à la rencontre et à la connaissance de l’autre. De nombreuses idées et des projets sont nés lors du débat entre la philosophe des Religions Beate Beckmann-Zoeller, le professeur Thomas Amberg de l’Eglise Evangélique et l‘évêque français Mgr Dubost. Au cours de la table ronde “Vers un développement durable en Europe », le cardinal Tukson, l’ingénieur en environnement Daniele Renzi, Hans-Hermann Böhm et d’autres experts ont répondu à l’invitation du pape François à engager un débat sérieux et ouvert sur les changements climatiques et les défis écologiques. « Sciences et religions devraient dialoguer – a dit le cardinal Tukson – pour donner une contribution commune à la société ». “La mystique de la rencontre” permis un dialogue entre des représentants de la gauche européenne et des théologiens et philosophes de mouvements chrétiens. « Pour ce qui relève des questions portant sur le sens ultime des choses : nous sommes proches que nous ne le pensons », a déclaré Walter Baier, membre du parti communiste autrichien et coordinateur du réseau européen « Transform Europe ! ». Jesús Moran, coprésident du Mouvement des Focolari s’est déclaré favorable à des approches nouvelles et inclusives en vue d’intégrer des personnes de convictions diverses. Et de conclure : « L’harmonie vécue entre nous aujourd’hui est un motif de grande espérance ». Le cardinal Kurt Koch, président du Conseil Pontifical pour la promotion d l’unité des chrétiens parle de Rencontre, réconciliation, avenir (les trois mots du titre de la manifestation). « C’est Dieu qui vient vers nous et fait le premier pas ». « Et l’on ne peut pardonner que si l’on reconnaît le mal, le négatif : une démarche difficile et laborieuse des cœurs ». Les mouvements chrétiens sont ainsi « appelés à être des missionnaires de la réconciliation en commençant par la prière, pour ensuite la traduire dans la vie quotidienne ». Source: www.together4europe.org
Transmission directe en streaming: de 14h à 22hLe streaming sera transmis en allemand, anglais, français, italien, portugais, espagnol et hongrois. Après 18h le programme sera transmis seulement dans la langue d’origine jusqu’à 22H.
“C’est paradoxal de voir que l’Europe d’aujourd’hui, née de l’écroulement du mur de Berlin, soit tentée, en proie à la peur, de se replier derrière de nouvelles barrières, en construisant d’autres murs, avec l’illusion de croire pouvoir arrêter l’histoire qui frappe une fois encore à ses portes », affirme la présidente des Focolari, Maria Voce, au cours du congrès Ensemble pour l’Europe en présence de 1700 représentants des Mouvements et Communautés, qui précède la manifestation publique du 2 juillet au centre de Munich. Et elle cite deux exemples qui montrent à quel point les idéaux d’union politique, identité , solidarité et partage sont lointains: “D’une part les graves lenteurs et les débats enflammés qui ont suivi la crise de la dette en Grèce ont fortement miné les bases de la solidarité entre les Pays membres de l’Union, allant jusqu’à envisager la sortie de la Grèce de l’Euro; et d’autre part la question du Brexit et autres tendances séparatistes similaires qui mettent aussi la solidarité en crise, parce qu’on ne sort pas de l’Union comme on quitte un club, car cela équivaut, bien plus radicalement, à abandonner des partenaires avec lesquels on ne partage plus les mêmes raisons d’être ensemble, le pacte fondateur ». “L’Europe traverse la nuit de ses principes, la nuit de son rôle dans le monde, la nuit de ses rêves », affirme-t-elle, en l’absence de repères liée à la manifestation d’une crise qui est tout à la fois migratoire, économique et démographique. Quelles sont les causes profondes de l’état de faiblesse de l’Europe actuelle? Maria Voce les situe « dans la négation de Dieu et de la transcendance, fruit de l’affirmation et de la diffusion progressives du laïcisme dans la culture, qui veut faire abstraction de toute référence à Dieu. L’Europe, dans sa recherche d’une totale liberté, oublie que sa culture s’est formée à travers 2000 ans de tradition chrétienne ; la renier signifie se couper de ses propres racines et se retrouver comme un arbre sans vie ». “Tout s’écroule donc? Le rêve d’unité du continent est-il en train de se briser? “, se demande-t-elle, mais l’espérance vient précisément du fait que “nous sommes ici ensemble, mouvements et communautés chrétiennes d’Europe, parce que nous croyons qu’il y a quelque chose qui ne s’écroule pas. C’est l’Amour. C’est Dieu Amour”. “Nous tous – continue-t-elle – nous pouvons témoigner, ensemble, qu’un jour nous avons rencontré le Christ et que nous nous sommes laissé fasciner et entraîner par son Evangile. Vivre ses paroles nous a poussés à nous changer nous-mêmes et à aller vers les autres, en bâtissant des relations d’amour évangélique et en donnant ainsi vie à des communautés qui deviennent levain partout où elles agissent. Nous avons redécouvert une nouvelle disponibilité à l’ouverture envers tous, en dépassant les frontières entre les Églises, les religions, les races et les cultures, dans un dialogue à 360°, jusqu’au point de nous découvrir tous frères. Nous avons ainsi redécouvert la racine de notre culture européenne et, sur cette base, nous avons essayé d’interpréter le temps que nous vivons, qui, comme jamais jusqu’ici, concerne toute la planète et l’humanité toute entière, dans une perspective qui tend vers le monde uni. De fait, actualiser aujourd’hui les idéaux de paix, de justice, de liberté, d’égalité, suppose d’entrer dans une dimension universelle qui rend possible la fraternité. Il faut cultiver la vision consciente et responsable d’un futur d’intégration créative, où les identités ne s’effacent pas mais grandissent ensemble, s’enrichissent, agissent en vue d’un monde plus juste et plus équitable. Il faut dépasser le paradigme de la sécurité entendue comme retranchement et refus, d’une sécurité illusoire, pour entrer dans celui plus grand de la « sécurité humaine », autrement dit une sécurité qui donne la priorité aux personnes et à leur destin, à la protection de la vie, à la perspective de l’espérance ». Une intégration créative, conclut-elle, qui “peut être aussi vue dans le réseau de nos Mouvements, comme dans une maquette du monde à venir : tous fils de Dieu, unis et distincts, liés par l’amour réciproque qui engendre la présence de Dieu parmi nous (« Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux (Mt 18, 20) ». C’est Lui le don le plus grand que ce réseau de mouvements et communautés peut faire à l’Europe. C’est là notre réponse : le Ressuscité parmi nous qui, à travers nos charismes, console, réanime, renouvelle. Ensemble pour l’Europe nous semble précisément le « sujet » capable d’inspirer des personnes ou des associations dans leur engagement pour une Europe libre, réconciliée, démocratique, solidaire et fraternelle: non pas un « vieux continent », mais un continent vivant et dynamique, qui découvre avoir un projet à réaliser et qui peut être un don pour toute l’humanité ». Congrès Ensemble pour l’Europe – Munich (Bavière), 1er juillet 201 Intervention de Maria Voce (texte intégral)
« Les communautés et mouvements chrétiens peuvent recomposer l’Europe qui se polarise de plus en plus. Telle est la certitude de l’évêque évangélique-luthérien Heinrich Bedford-Strohm, en cette première matinée du congrès pour les participants engagés dans le réseau œcuménique Ensemble pour l’Europe, à Munich ». C’est ce qu’on peut lire dans le communiqué de presse en conclusion de la première journée de travail d’Ensemble pour l’Europe. 1 700 personnes appartenant à 200 mouvements et communautés de 40 pays y sont réunies jusqu’à vendredi au Circus Krone. « Si nous ne mettons pas au clair les questions urgentes de l’Europe, elles nous balayeront – a déclaré en ouverture Gerhard Pross, du Comité d’orientation international – « l’Europe doit apprendre à partager ! ». Au cours de ces 15 ans, l’expérience des communautés et mouvements dans « le processus de la réconciliation vers une communion, où la différence est vue comme une richesse, rend les communautés capables d’opposer aux forces centrifuges en Europe une voie vers un nouveau vivre ensemble », affirme encore Ensemble pour l’Europe. “Une communion au service”, c’est ainsi que l’a définie la présidente des Focolari Maria Voce lors de la conférence de presse qui a ouvert la manifestation le 30 juin à Munich. « Et dans ce but », elle a insisté en rappelant les 7 Oui de 2007, « on prend des engagements concrets » pour soutenir la vie, la famille, l’environnement, pour promouvoir rune économie solidaire, la paix, la responsabilité personnelle et collective. « Au cours de ces dernières années nous nous sommes entraînés », explique Maria Voce « et nous avons découvert qu’il y a plus de force et d’impact si nous réalisons ces choses ensemble. En dépassant nos différences, en dépassant les frontières et tout type d’obstacle. Et nous avons découvert que les institutions en ont aussi besoin, parce que trop souvent elle se trouvent seules à affronter de graves problèmes ». Le cardinal Reinhard Marx et l’évêque protestant Heinrich Bedford-Strohm ont donné un exemple convaincant de leur amitié et du chemin parcouru ensemble. L’œcuménisme du cœur est beaucoup plus prometteur qu’on ne pense pour l’avenir des Églises, a dit le président du Conseil de l’Église évangélique en Allemagne. L’unité est un but que l’on ne peut atteindre qu’en se réconciliant en profondeur, a souligné le cardinal Marx. Pour y parvenir, la force vient de la rencontre : « L’autre nous rend fort et nous aide sur la voie de la réconciliation ». Dans l’après-midi, 19 forums aux sujets très divers ont donné aux participants l’occasion d’entrer en dialogue. Projets et initiatives exposés par des communautés, mais aussi témoignages personnels de foi. « Les obstacles à l’œcuménisme » étaient le sujet d’un forum très suivi, dans lequel est intervenu le cardinal Kasper, président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. « En matière d’expériences d’apprentissage et d’expériences sur la réconciliation, vous occupez vraiment une position avancée ! » a dit cet expert en œcuménisme. Il a émis la possibilité qu’il pourrait y avoir dans un futur proche une déclaration conjointe sur les doctrines concordantes entre l’Église évangélique-luthérienne et l’Église catholique sur ce sujet : Église, ministère et Eucharistie. Enfin, sur la question des courants qui semblent désagréger le continent, sujet apparu lors de la conférence de presse, Maria Voce intervient encore en affirmant que « les tendances nationalistes, séparatistes qui parcourent l’Europe, résultent du fait qu’elle a oublié ses valeurs. Les déclarations des représentants des Églises ne suffisent pas, il faut encore la vie des chrétiens, et c’est dans ce sens que nous nous sentons particulièrement engagés à donner notre contribution».
Appel pour sauvegarder la Nature et l’Humanité “Encouragés par les prises de position de nos responsables – rappelons, par exemple, l’institution de la Journée de Prière pour la protection de la Création (Patriarche Démétrios, 1989), l’Evangelical Climate initiative (2006) et l’encyclique Laudato Si’ (Pape François, 2015) ; Reconnaissant la dette que nous, peuples de longue tradition chrétienne, avons contractée envers les pauvres de la Terre et les générations futures à cause de la pollution de la biosphère, essentiellement fruit de notre progrès irresponsable au cours de ces derniers siècles ; Conscients que l’urgence résultant du changement climatique peut devenir l’occasion d’un nouveau développement global pour tous les peuples ; Nous chrétiens, ouverts à la contribution de tous, quelles que soient leurs convictions, nous nous engageons à prier et à agir pour éviter la destruction de la nature et une nouvelle guerre mondiale, en nous mobilisant pour relever les dix défis qui suivent :
Reconvertir les armes, surtout atomiques, disséminées autour de nous, en fonction d’un projet de paix.
Développer la recherche dans le domaine des sciences et des applications relatives à la biosphère, de manière à les rendre plus fiables.
Trier et recycler les déchets domestiques et industriels.
Intensifier l’usage des sources d’énergie renouvelable.
Mettre en œuvre des programmes de reforestation ainsi que des politiques forestières à tous les niveaux (du local à l’international)
Développer les transports écologiques, comme les voitures électriques et à hydrogène, ainsi que les initiatives de transport public local.
Destiner toujours davantage les hydrocarbures à la production de substances et de matériaux utiles à l’humanité, plutôt que de les utiliser comme combustibles.
Eviter le gaspillage de précieux biens communs comme l’eau et la nourriture en assurant leur distribution de manière plus équitable.
Respecter les autres êtres vivants, en reconnaissant que chaque chose est en relation avec la planète.
Transformer nos maisons, nos quartiers et nos villes pour en faire des lieux qui reflètent le beau, l’harmonie et la fraternité. Comment ?
En adoptant les positions prises par nos responsables et en promouvant des lois cohérentes avec elles, comme l’Accord de Paris ;
En prenant des initiatives conformes à la « Règle d’Or » et en allant à la rencontre de celles prises par d’autres, quelles que soient leurs convictions ;
En prenant conseil auprès de nos communautés et en travaillant avec elles pour promouvoir des actions visant à la sauvegarde de la nature et de l’humanité.
Nous pouvons atteindre ces objectifs si nous commençons dès maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Nous pourrons en particulier contribuer à faire en sorte que les gaz à effet de serre ne dépassent pas les seuils dangereux, comme prévu par l’Accord de Paris et recommandé par la communauté scientifique ». EcoOne (www.ecoone.org/) Civiltà dell’amore (www.civiltadellamore.org/)
Gulu, au nord de l’Ouganda, est la deuxième ville du pays, après la capitale, Kampala. Beaucoup de gens se déplacent dans cette ville pour des raisons de travail ou d’études, et parmi ceux-ci, Gloria Mukambonera, qui travaille dans le domaine de l’informatique. Lorsqu’elle est arrivée en 2013 à Gulu, elle s’est mise en contact avec la communauté locale des Focolari, cherchant ainsi des personnes avec lesquelles elle pouvait partager son idéal de paix qui prend ses racines dans l’Évangile vécu. « J’ai trouvé là une vraie famille – raconte-t- elle -, où pouvoir partager les joies et les souffrances. Nous tâchons aussi de vivre la communion des biens, en suivant l’exemple des premiers chrétiens, selon les possibilités de chacun. Ce que nous récoltons, nous l’utilisons pour les personnes qui sont dans le besoin et pour soigner les membres malades de la communauté ». C’est une expérience qui porte à regarder les besoins de ceux qui vivent autour de nous, et ils sont nombreux, aussi à cause des marques de la guerre qui sont encore bien présentes. « Un jour – raconte Gloria – un prêtre nous a demandé d’aller rendre visite à des personnes d’une paroisse à une distance de 4 heures, parce que – nous a-t-il expliqué, il y avait des conflits inter-tribaux et nous pouvions essayer d’aider ces personnes à se réconcilier. Il nous a suggéré de leur parler de notre engagement à vivre l’Évangile et des expériences de paix et d’unité qui en découlent. Nous avons donné en particulier notre expérience sur le pardon, de la manière avec laquelle nous nous sommes entraidés à surmonter les divisions entre nous à travers ”l’art d’aimer” qui naît de l’Évangile. Il y a eu une rencontre tout-à-fait spéciale avec les jeunes du coin. Nous avons lu ensemble la Parole de Vie et partagé les expériences du comment nous avons essayé de la mettre en pratique, en nous ouvrant ensuite à la communion ; donc, des chants, des jeux, et des pièces de théâtre… Dans le dialogue ouvert qui s’en est suivi, on pouvait percevoir leur désir de commencer à vivre réconciliés ». Une possibilité de « devenir des constructeurs de paix », comme l’évêque a invité à le faire, « en choisissant la voie de l’amour évangélique pour être en mesure de reconstruire le pays, après la destruction causée par la guerre les années précédentes ». Ibanda se trouve au contraire dans l’Ouganda occidental. Un groupe animé par la spiritualité des Focolari depuis des années vit là et le travail qui se fait consiste à se transformer soi-même pour transformer le milieu, en commençant par la prison. « Notre regard a radicalement changé sur les choses et sur notre manière d’agir surtout en ce qui concerne l’attitude négative vis-à-vis des prisonniers », raconte Sara Matziko. « La phrase de l’Evangile : « Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux » (Mt, 7,12) nous a encouragé à aller leur rendre visite et à prier avec eux. Nous nous sommes rendus compte que certains ne recevaient plus les sacrements depuis plusieurs années. Le prêtre de notre communauté est venu avec nous et a pu rendre ce service important ». Ils ont ainsi lentement gagné la confiance de leurs familles et un rapport d’amitié est né, jusqu’à aller ensemble visiter les prisonniers. Au cours de ces visites, ils connaissent un jeune, Ambrogio, qui, après avoir expiré sa peine, voulait continuer à étudier. « Nous l’avons aidé à compléter le lycée» , raconte encore Sara. « Vivre la parole de Vie jour après jour a amélioré le rapport entre nous et avec toute la communauté. Le curé nous aide aussi dans tout ce parcours que nous essayons de partager avec les autres communautés paroissiales. Quelques-uns parmi nous ont eu la possibilité de participer à la rencontre internationale de l’Économie de Communion qui s’est déroulée au Kenya, dans la cité-pilote ”Mariapolis Piero” (27/31 mai 2015). Cela nous a aidé à aller de l’avant dans les projets en cours ».
S’entendre dire : « Je t’aime », qu’y a-t-il de plus beau ? Alors nous ne nous sentons plus seuls et pouvons affronter difficultés et situations critiques. Et, si cet amour devient réciproque, l’espérance et la confiance se renforcent. Les enfants pourraient-ils grandir sans le soutien, sans l’amour des autres ? D’ailleurs cela s’observe aussi à tout âge. Pour cette raison, la Parole de vie de ce mois nous invite à être « bons les uns pour les autres », c’est-à-dire à nous aimer. Et elle nous donne Dieu même pour modèle. C’est son exemple justement qui nous rappelle qu’aimer n’est pas un simple sentiment. C’est vouloir le bien de l’autre de manière concrète et exigeante. Jésus s’est fait proche des malades et des pauvres, il a éprouvé de la compassion envers les foules, il a été miséricorde envers les pécheurs, pardonnant même à ceux qui l’avaient crucifié. Si nous désirons le bien de l’autre, écoutons-le, accordons-lui une attention sincère, partageons ses joies et ses peines, prenons soin de lui, accompagnons-le sur son chemin. L’autre n’est jamais un étranger, mais un frère, une sœur à servir. Tout le contraire de ce qu’on éprouve en le percevant comme un rival, voire un ennemi, jusqu’à lui vouloir du mal ou même le supprimer, comme la presse nous en donne malheureusement tant d’exemples chaque jour ! Et nous-mêmes, n’accumulons-nous jamais rancœurs, méfiance, hostilité ou même simplement indifférence envers les personnes qui nous font du mal ou qui nous sont antipathiques ou viennent d’un autre milieu ? Vouloir le bien des autres, comme l’enseigne la Parole de vie, signifie prendre un chemin de miséricorde, prêts à nous pardonner les uns les autres chaque fois que nous avons fait fausse route. Chiara Lubich raconte, à ce propos, qu’elle et ses compagnes s’étaient promis de s’aimer mutuellement les unes les autres, au tout début de leur expérience communautaire, pour mettre en pratique le commandement de Jésus. Malgré tout, « surtout dans un premier temps, il n’était pas toujours facile pour notre groupe de jeunes filles de vivre l’amour de manière radicale. Nous étions comme les autres, même si un don spécial de Dieu nous soutenait. Entre nous, dans nos relations quotidiennes, il arrivait qu’il y ait des “grains de sable dans les rouages” et l’unité pouvait s’affaiblir. C’était le cas, par exemple, quand nous prenions conscience des défauts des autres et les jugions, au lieu de maintenir l’amour réciproque. « Pour réagir dans ces cas-là, nous avons imaginé un jour de faire entre nous un “pacte de miséricorde”, c’est-à-dire de voir chaque matin notre prochain – au focolare, à l’école, au travail, etc. – comme nouveau, en ayant oublié ses erreurs, ses défauts, en recouvrant tout d’amour. Ce pardon universel revenait à une amnistie complète de notre part. C’était un engagement fort, pris par nous toutes ensemble, qui nous aidait à être toujours les premières à aimer, comme le fait Dieu miséricordieux, qui pardonne et oublie*. » Un pacte de miséricorde ! Ne serait-ce pas une façon de grandir en bienveillance ?
Commentaire du P. Fabio Ciardi
D’après L’amour réciproque, Conversation avec des amis musulmans, Castel Gandolfo, 1er novembre 2002.
Les résultats du récent référendum britannique est l’un des symptômes de la fragmentation de l’Europe, comme s’il était nécessaire de confirmer ultérieurement que des mesures fonctionnelles ne suffisent pas pour donner un sens à une appartenance commune. Temps de crise qui appelle à de nouvelles réflexions et propositions courageuses. Moment propice pour Ensemble pour l’Europe, signal clair et publique de renouvellement du continent, avec étape à Munich en Bavière du 30 juin au 2 juillet 2016. Celui qui connaît Ensemble pour l’Europesait que ce n’est pas un événement, mais un chemin d’unité dans la diversité qui, après avoir débuté en 1999, entraine un nombre toujours croissant – aujourd’hui plus de 300 – de mouvements et communautés de différentes Eglises de divers pays d’Europe, conscients de faire partie d’une minorité confiante. Un processus qui, par la rencontre et la réconciliation, a produit ses effets : communautés et mouvements ressentent le goût de se rencontrer, se découvrent complémentaires. La confiance réciproque change les personnes. Programme. Les 30 juin et 1er juillet, un congrès au Circus-Krone-Bau pour 1500 responsables et collaborateurs, qui s’articulera autour de 36 forum et tables rondes. Parmi les participations de haut niveau, celle du cardinal Peter Turkson. Le 2 juillet une manifestation à la Karlsplatz centrale (Stachus) de Munich, ouvert à la population. Parmi les intervenants sont prévus entre autres, le Secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises Olav Fykse Tveit, des cardinaux catholiques Kurt Koch et Reinhard Marx, des évêques évangéliques Frank Otfried July et Heinrich Bedford-Strohm, du métropolite orthodoxe Serafim Joanta, pour représenter les différentes Eglises. Pour les mouvements et communautés interviendront Maria Voce (Mouvement des Focolari), Gerhard Pross (YMCA Esslingen), Andrea Riccardi (Sant’Egidio), Michelle Moran (ICCRS), Walter Heidenreich (FCJG Lüdenscheid), P. Heinrich Walter (Mouvement Schoenstatt). Dès la préparation, les jeunes ont fourni une participation active, convaincue et créative. Le pape François et le patriarche œcuménique Bartolomé 1 seront présents par un message vidéo personnel de chacun. Une transmission directe internet en 7 langues permettra de suivre le programme (www.togheter4europe.org). Seront abordés des thèmes comme intégration et réconciliation, solidarité envers les plus faibles, soutien et préservation de l’environnement, chrétiens et musulmans en dialogue, mariage et famille, économie. L’idée est de centrer sur la responsabilité qui dépasse l’Europe, parce que, pour employer les mots de Maria Voce, « elle doit donner au monde l’expérience de ces deux mille ans de christianisme, qui a fait murir des idées, une culture, une vie, des actions qui servent au monde d’aujourd’hui mais qui, malheureusement, jusqu’à maintenant, n’ont pas bien été mises en valeur ». L’édition de Munich repose sur un parcours consistant de réflexions, de débat et partages, d’approches et d’expériences. A noter la table ronde le 21 avril dernier à Genève, organisée par le Conseil Œcuménique des Eglises et le mouvement des Focolari, sous le titre : « Europe, quelle identité, quelles valeurs ». Pour l’occasion, Pasquale Ferrara, diplomate et professeur d’université, a soutenu qu’en Europe aujourd’hui, plus que de parler de références aux propres racines chrétiennes, il faut produire ensemble « des fruits chrétiens ». Il faut aussi présenter comme élément de solution « la règle d’or », qui nous invite à faire aux autres ce que nous voudrions que l’on nous fasse à nous-mêmes ». Une telle règle – a affirmé Ferrara – « est non seulement une valeur éthique, mais assume une dimension politique, pour le fait qu’il s’agisse de repenser la nature et le caractère de la communauté politique ».Ensemble pour l’Europe a tout l’air d’être un des sujets capables d’interpréter cette dimension, en inspirant et en motivant les personnes de différentes générations et communautés qui appartiennent transversalement aux peuples de l’Europe, à incarner dans le quotidien les valeurs de justice, d’accueil, de réconciliation, de paix. Un élément pour mettre sur pied cette « Europe actrice » qui, pour reprendre les paroles du pape François au Parlement européen de novembre 2014, « contemple le ciel et suit des idéaux, regarde, défend et seconde l’homme, chemine sur la terre sure et solide, précieux point de référence pour toute l’humanité ».La manifestation de Munich est parrainée par l’UNESCO, le Conseil de l’Europe, du Parlement Européen et de la Commission européenne.Communiqué de presse SIF
Jésus Abandonné, point culminant de la Miséricorde du Père. C’est Jésus Christ qui révèle le vrai visage de Dieu (cf. MV 1), qui est pour nous tous l’image du Père, son expression, sa splendeur, sa beauté, beauté de son amour (cf. Jn 14, 8-9) Mais jusqu’à quel point Jésus nous a-t-il aimés ? Jusqu’à mourir pour nous. C’est en fait par la croix qu’advient le plus grand abaissement de Dieu vers l’homme (cf. DM 8). Dans l’accomplissement du mystère pascal, Jésus est vainqueur de la souffrance, du péché, de la mort et transforme tout en miséricorde (cf. Rm 5, 20). Dieu s’est fait homme pour aimer – affirme Chiara – non seulement avec l’Amour mais aussi avec la Souffrance : Il a pris sur Lui toutes les douleurs du monde, toutes les désaccords de l’univers et Il les a faits devenir Amour, Dieu ! » Lui qui s’est recouvert de nos péchés, transforme la douleur en amour, la misère en Miséricorde ». Dans une brève lettre datée de 1945 Chiara confie : « Moi aussi je tombe et souvent et toujours. Mais, lorsque j’élève mon regard vers Lui que je vois incapable de se venger parce qu’Il est fixé à la croix par surcroît d’Amour, je me laisse caresser par Son Infinie Miséricorde et je sais que c’est elle seule qui doit triompher en moi. A quoi aurait-Il servi, Lui, infiniment miséricordieux ? A quoi, si ce n’est à nos péchés ? Et dans un élan vital, qui nous renvoie à son choix initial et à sa consécration à Dieu dans son Abandon, Chiara s’exclame : ” Je voudrais témoigner au monde que Jésus Abandonné a comblé chaque vide, éclairé chaque ténèbre, accompagné chaque solitude, anéanti chaque douleur, effacé chaque péché ». Tels sont, en synthèse, les quelques points de la spiritualité tracée par Chiara Lubich, vus sous l’angle de la Miséricorde vers laquelle l’Année Sainte nous invite à tourner les yeux. Nous ne pouvons pas conclure sans évoquer brièvement Marie, mère de miséricorde et mère de l’œuvre, fondée par Chiara, qui porte son nom : « Œuvre de Marie ». « Une mère – affirme Chiara – ne cesse pas d’aimer son fils s’il tourne mal, elle ne cesse de l’attendre s’il s’éloigne, elle ne désire rien d’autre que de le revoir, lui pardonner, le serrer à nouveau dans ses bras : parce que l’amour d’une mère parfume tout de miséricorde. (…) Cet amour, du fait qu’il est au-dessus de tout, désire tout protéger, tout recouvrir. (…) L’amour d’une mère est naturellement plus fort que la mort. (…) Eh bien ! si les mères sont ainsi faites, on peut facilement imaginer ce qu’il en est de Marie, Mère de l’Enfant-Dieu, et notre mère spirituelle à tous ! (…) En Elle se trouve déposé le dessein de Dieu pour l’humanité (cf. Lc 1, 49) ; en Marie Il révèle toute sa miséricorde envers les hommes ». Source : Centro Chiara Lubich Première partie: La miséricorde dans la spiritualité de Chiara Lubich Deuxième partie : Chiara Lubich, l’amour envers le prochain et les œuvres de miséricorde.Testo integrale di Alba Sgariglia (italiano)
“Ici, j’ai écouté de bons conseils sur comment dialoguer avec mes enfants. Je reviendrai”, observe, convaincue, une maman enveloppée dans son sari. Et un papa: “J’ai décidé de consacrer plus de temps à mes enfants”. Ce sont quelques-uns des commentaires des 60 participants au cours sur la parentalité présenté à Udisha et intitulé: “Les enfants, futur de notre nation”. Dans les mêmes locaux, leurs enfants, une fois l’école terminée, partagent chaque jour un goûter, des jeux et des activités extrascolaires. Pour certains parents, les sujets traités ont été d’une nouveauté surprenante, pour d’autres, l’occasion d’ouvrir les yeux sur leurs erreurs et aussi sur les dangers et risques auxquels leurs enfants sont exposés. Mais le cours n’a pas été l’unique activité adressée aux parents. En effet, c’est désormais la cinquième année qu’à Udisha – un des projets sociaux des Focolari qui s’adresse à des jeunes et des familles en difficulté – est offerte la possibilité du microcrédit, grâce auquel la situation de beaucoup de familles s’est clairement améliorée. Ce sont surtout les femmes qui en bénéficient, encouragées par un financement initial. De plus en plus nombreuses, elles ont réussi à créer de petites activités artisanales ou commerciales, comme confectionner des sacs au crochet ou cuisiner des plats pour les vendre. Déjà 52 mamans, une fois par mois, se rencontrent en groupes, pour échanger des expériences sur leur entreprise et pour résoudre ensemble les problèmes qu’elles rencontrent. Une autre activité poursuivie avec succès cette année aussi a été la prévention contre le typhus, dont ont bénéficié 107 enfants et adultes et la vaccination contre le tétanos et la rubéole de 72 adultes et 95 enfants. Mais les plus grandes énergies du projet sont réservées aux jeunes, engagés toujours dans de nouvelles initiatives. L’indépendance du pays a été commémorée le 15 août avec la cérémonie de levée du drapeau, des chants patriotiques et des poésies. En septembre, à l’occasion de la foire de Bandra – parmi les plus importants événements de la ville – enfants et parents sont allés visiter en bus la basilique du Mount Mary Church. Toujours en septembre, en Inde est célébré le jour de l’enseignant, et les enfants ont voulu remercier leurs animateurs avec un spectacle de danses, chants et saynètes. Le 2 octobre est la fête du père de la nation: le Mahatma Gandhi. La célébration a commencé par des pensées de Gandhi sur la non-violence et la paix, pour ensuite réfléchir sur la pauvreté de beaucoup de mineurs qui vivent dans la rue et sur l’importance du partage. Les enfants d’Udisha sont aussi très pauvres, mais, malgré tout, ils ont voulu partager le peu qu’ils avaient: un vêtement, un petit jouet, un bonbon. En parlant entre eux, ils énuméraient aussi les nombreuses autres choses qui peuvent être partagées: les bonnes idées, la joie, le sourire. La fête la plus importante de l’Inde tombe chaque année entre octobre et novembre et dure quatre jours: c’est le Diwali (Fête de la Lumière), durant lequel les enfants d’Udisha ont fait étalage de leur créativité en peignant des vases en terre cuite et en faisant des dessins avec de la poudre colorée. C’est leur façon de contribuer au projet, en grande partie financé par le soutien à distance d’AFN onlus. L’intensité avec laquelle les enfants d’Udisha assimilent la ‘culture du donner’ est vraiment émouvante. Ce principe inspirateur est au cœur du projet et de la formation qu’ils reçoivent. Cette valeur les touche non seulement en parole, mais aussi à travers l’amour concret des volontaires sur place et des personnes qui, par delà l’océan, sans jamais les avoir rencontrés, prennent soin d’eux.
Deux mois environ sont passés depuis que l’Équateur a été touché par un tremblement de terredésastreux. Le Mouvement des Focolari avait tout de suite lancé une récolte de fonds à travers une coordination d’urgence, dans le but de faire face sur place, aux demandes de premières nécessités et a organisé un groupe de travail coordonné par l’AMU et AFNonlus. La solidarité des gens, de toutes les coins du globe, n’a pas tardé à répondre et nous sommes maintenant en mesure de pouvoir envoyer les premiers fonds pour l’assistance à la population équatorienne, sous l’aspect alimentaire, sanitaire et psychologique. Les aides seront surtout attribuées en soutien aux familles présentes dans les provinces de Manabi et Esmeraldas, les plus touchées par le tremblement de terre. Les activités de soutien dans cette première phase auront une durée de 6 mois (de juin à novembre) et durant cette période, en partenariat avec l’ ONG locale FEPP (Fonds Equatorien Popularum Progressio), on étudiera les possibilités de reconstruction des infrastructures endommagées et de réactivation des activités productives locales. L’étude des prochaines interventions de reconstruction et de réhabilitation aura lieu aussi en collaboration avec le réseau international d’architecture ”Arquitecturalimite’‘, spécialisé dans les services de planification dans les contextes d’exclusion socio-économique. Du 9 au 13 novembre prochain, contemporainement à une école de paix pour les jeunes, se dérouleront à Quito, une série de workshop d’architecture ayant pour objet justement les possibles interventions de reconstruction post tremblement de terre. Comment aider Source : AMU – AFN Onlus
Renaissance “Je travaille comme médecin aux urgences. Un matin, j’ai été appelé pour soigner un homme âgé qui s’était senti mal. Il vivait au milieu d’un grand désordre, détruit par la douleur causée par la mort de son fils unique dans de mystérieuses circonstances. Après un instant de confusion (j’ai pu constater, d’après ses papiers, que je me trouvais face à une personne qui, durant le régime communiste, avait fait beaucoup de mal), j’ai mis de côté tout jugement et je me suis engagé à aider cet homme souffrant et ayant surtout besoin d’affection. Par ailleurs, c’était pour moi un prochain que Jésus me demandait d’aimer. À l’hôpital, où je suis allé lui rendre visite plusieurs fois, il me racontait souvent son passé. Parfois, c’était difficile pour moi de l’écouter, mais, lorsque j’ai pu lui parler de ma foi, j’ai vu une espérance s’éveiller chez cet homme: il semblait renaître.” (M.U. – République tchèque) L’adjudication “Je suis le responsable des ventes d’une entreprise. Nous étions en compétition pour obtenir l’adjudication d’un important marché et nous remplissions tous les critères pour l’emporter: projet, prix avantageux… Mais, pour obtenir l’adjudication, nous aurions dû payer un pot-de-vin. Avec un collègue, chrétien comme moi, j’ai décidé de ne pas poursuivre cette négociation, au risque de perdre un pourcentage considérable sur les ventes du mois. Cependant, le mois suivant, les ventes ont dépassé les projections et couvert le déficit précédent: pour nous, c’était la confirmation qu’il faut toujours avoir confiance en Dieu.” (J.P. – Panama) Une traduction “Je devais finir, le soir même, la traduction d’une présentation pour un congrès, lorsqu’un ami m’a téléphoné pour me dire qu’il avait urgemment besoin d’aide pour traduire une lettre. Comme il venait d’être engagé, bien faire ce travail était important pour lui. Je lui ai garanti mon aide. Or, une fois la lettre reçue, je me rends compte que certains termes techniques étaient difficiles aussi pour moi, ne connaissant pas le domaine. C’est seulement grâce à internet et différents appels téléphoniques à des spécialistes que j’ai réussi à terminer la traduction, au détriment de mon travail, mais j’étais heureux d’avoir aidé mon ami. J’ai alors téléphoné à la société qui m’avait confié ce travail pour expliquer que j’enverrais la traduction le matin suivant, pensant travailler toute la nuit. La réponse: ‘Tu peux dormir tranquille. La présentation a été repoussée’.” (T.M. – Slovaquie)
Une lettre en provenance de Amman, en Jordanie. Signée par Wael Suleiman, directeur de la Caritas Jordanie, responsable de l’accueil de centaines de milliers de réfugiés venus d’Iraq, de Syrie et de Palestine : « La vie n’a plus de sens pour personne au Moyen-Orient. Partout on est dans le noir. Partout c’est la peur, la mort, la haine. Partout des réfugiés, des camps. Mais la lumière qui nous pousse à aller de l’avant, par-delà ce contexte, c’est de découvrir chaque jour que Dieu est encore et toujours présent ; qu’Il nous aime immensément, que l’amour est plus fort ». C’est une foi solide qui soutient le directeur de Caritas Jordanie. Et cette foi s’accompagne d’œuvres concrètes : l’engagement quotidien de nombreux bénévoles, mais aussi les aides et les projets internationaux. Parmi ceux-ci « HOST SPOT », la proposition de New Humanity avec d’autres associations de 9 pays d’Europe et du Moyen Orient pour diffuser une culture de la compréhension et des droits humains. Désireux d’avoir une profonde conscience des réelles difficultés qu’affrontent les réfugiés, un groupe de jeunes de diverses nationalités se rendra du 7 au 19 août 2016 en Jordanie, auprès des centres d’accueil des réfugiés, pour une expérience de bénévolat. Des jeunes venant de formations diverses, disposés à acquérir des compétences et des connaissances pour défendre le droit à la liberté d’expression et à être associés à la production de documentaires qui visent à raconter les parcours des réfugiés. Le projet prévoit qu’ils rencontrent les réfugiés qui fuient le conflit syrien et irakien et qui trouvent asile en Jordanie. Cette activité s’insère au sein d’un projet financé par la Communauté Européenne (programme Erasmus +) appelé « HOST SPOT ». Le titre choisi reflète les deux aspects du projet. Il joue sur le concept européen de « l’approche Hot spot » – terme utilisé par l’UE pour désigner les points de premier accueil où on sépare les réfugiés des migrants économiques – et reprend les mots host, qui souligne au contraire l’aspect de l’accueil, de l’hospitalité et spot, qui évoque une brève présentation publicitaire à la TV ou à la radio entre les principaux programmes, car le projet prévoit la réalisation d’un film documentaire. Après le stage en Jordanie, le projet prévoit un cours de formation en Turquie (octobre 2016) visant à améliorer les capacités journalistiques et de storytelling (mise en récit) des participants, pour la promotion des droits humains et en particulier de la liberté d’expression. Cette formation comporte aussi un stage en Allemagne (mars 2017) ayant pour objectif de développer les compétences techniques dans la production de documentaires à caractère social, en exploitant les images recueillies au cours des premières expériences ; en même temps seront organisées des rencontres avec les réfugiés accueillis en Allemagne, avec la possibilité de faire une comparaison entre les divers systèmes d’accueil. La proposition est donc de recueillir et d’enregistrer les parcours personnels et la vie quotidienne dans les camps de réfugiés, dans un esprit de rencontre et de réciprocité : il s’agit d’offrir à l’opinion publique de plus amples informations pour comprendre le phénomène des flux migratoires et sensibiliser les consciences. Info: info@new-humanity.org Maria Chiara De Lorenzo
Dès qu’ils comprennent qu’il s’agit d’une maladie grave, les amis d’Andrea, ainsi que les jeunes de son âge et les adultes d’Appignano, commencent à se retrouver autour de sa famille dans la petite église de la Vierge des Douleurs. A chaque rendez-vous ils sont plus nombreux et leur prière se fait toujours plus insistante : la guérison d’Andrea. Et au fur et à mesure que se prolonge l’hospitalisation, ils demandent avec foi que ses parents aussi trouvent la force et la paix, qu’Andrea ne se trouve jamais seul, même lorsqu’il doit subir des examens et des soins, qu’il n’ait pas trop à souffrir. C’est précisément l’année où sa classe se prépare à la Première Communion. Ses camarades et ses parents, d’un commun accord, décident de la reporter à l’année suivante, pour permettre à Andrea de la célébrer avec tous. Finalement Andrea rentre chez lui. Ses amis, sachant qu’il avait perdu ses cheveux en raison des traitements, l’accueillent avec eux aussi les cheveux coupés pour qu’il ne se sente pas gêné. En attendant Andrea, en vrai champion de la sérénité, continue les soins sans jamais perdre son merveilleux sourire. Au bout de deux ans il semble désormais guéri, au point de pouvoir participer à une école d’été organisée par le Mouvement diocésain des Focolari, puis aux rencontres qui ont lieu chaque semaine. En février 2016 les contrôles médicaux préconisent une nouvelle série de traitements, qui cette fois aussi semblent donner de bons résultats. Mais à son retour d’une rencontre Gen 3, une grave crise l’oblige à être hospitalisé en urgence. Il est difficile de décrire ce qui se passe alors à Appignano. Trois fois par semaine ses camarades de classe mais aussi de toute son école, ainsi que les jeunes amis de sa sœur Federica et de nombreuses autres personnes proches de la famille, remplissent à nouveau la petite église de la Vierge des Douleurs. Ce sont ses camarades eux-mêmes qui animent la prière dans un climat extraordinaire de foi en Dieu-Amour, certains que tout ce qu’Il envoie ou permet conduit toujours au Bien. Une certitude telle que même lorsqu’Andrea, âgé de 13 ans, quitte cette terre, sa présence au sein de la communauté d’Appignano se fait toujours sentir. Pendant deux jours une file de jeunes et d’adultes se rend à la chapelle de la Vierge des Douleurs – où le corps d’Andrea est exposé – pour se serrer autour de la famille en assurant une permanence pour ne jamais le laisser seul. Lors des funérailles, célébrées dans la paroisse, l’église ne réussit pas à contenir toutes les personnes qui s’y rendent. Le célébrant parle d’Andrea comme d’un « guerrier » et d’un « maître de vie » et, en rappelant la force avec laquelle il a affronté la maladie, il souligne avec admiration le grand sens d’humanité, de fraternité et de foi que le jeune garçon a su réveiller dans la communauté toute entière. A la sortie, les enfants et les jeunes lancent au ciel des centaines de ballons blancs, pour signifier à la famille de toute la communauté leur grande proximité leur certitude qu’Andrea est au paradis : une image qui fait le tour des réseaux sociaux. Un ouvrier, père de famille, fait remarquer : “Ce qui me frappe le plus, c’est cette grande participation des personnes, de nationalités et de religions différentes. Un véritable enseignement pour nous les adultes qui oublions souvent cette humanité qui nous unit tous. Andrea et ses amis sont vraiment nos maîtres de vie ». Et une jeune fille : « Nous avons beaucoup prié pour demander le miracle. Et le miracle s’est produit : un enfant qui a réussi à unir un village entier autour de lui est une chose qu’on n’arrive pas à expliquer ». Au cimetière une petite fille voyant une femme inconsolable en train de pleurer s’approche d’elle pour lui dire : « Ne pleure pas. Andrea est maintenant avec Jésus » Deux mois se sont écoulés depuis ces faits et, chose incroyable, chaque mercredi les rencontres de prière continuent à Appignano : « Il est juste qu’il en soit ainsi – disent les jeunes –, nous devons aller de l’avant, afin que les fruits d’Andrea – c’est ainsi que j’aime les appeler, dit une jeune du groupe – continuent à mûrir entre nous ».
Dès les débuts du Mouvement, surtout en raison des circonstances douloureuses de la guerre, Chiara et ses compagnes furent très soucieuses d’aimer les pauvres de leur ville, en les accueillant chez elles, en leur rendant visite, en leur apportant le nécessaire et en les aidant de toutes les manières. En s’entraînant ainsi à aimer et à servir les prochains les plus défavorisés, elles comprirent par la suite que leur cœur ne devait pas se tourner seulement vers les pauvres mais vers tous les hommes sans distinction (…) Chiara insiste sur les œuvres de miséricordes dans diverses lettres envoyées, dès les premiers temps, à tous ceux qui s’approchaient du Mouvement. Parmi ces nombreuses lettres, nous rapportons ce qu’elle écrit à son amie Anne : elle l’encourage à vivre à chaque instant de la journée l’œuvre de miséricorde que Dieu lui présente et à l’accomplir envers elle-même, envers Jésus en elle : « Rappelle-toi qu’à la fin de la vie on te demandera les 7×7 œuvres de Miséricorde. Si tu les as accomplies, tu as tout fait. Et je voudrais que tu vives avec nous l’instant présent et l’œuvre de Miséricorde que Dieu te demande dans le moment. Tu étudies ? Tu instruis l’ignorante. On te pose une question ? (Une compagne ?) = tu conseilles une personne qui doute. Tu manges ou tu donnes à manger ? = tu rassasies les affamés. (…) etc. Les 14 œuvres de Miséricorde sont ainsi en mesure d’orienter chacune de tes actions. Et chacune d’elles peut être adressée à Jésus qui doit vivre et grandir en toi et dans ton prochain ». L’amour réciproque, le pacte de miséricorde et le pardon Le commandement nouveau de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés… » (cf. Jn 13, 34), – qui souligne la spécificité des relations interpersonnelles des chrétiens et le but ultime de la miséricorde -, représente un autre pilier de la spiritualité de Chiara. C’est l’amour réciproque qui, vécu avec un cœur disposé à « aimer en premier », à se donner sans réserve et dans la gratuité des uns envers les autres, a caractérisé la vie du premier focolare. Chiara elle-même décrit son rôle fondamental en parlant à un groupe d’amis musulmans du « pacte de miséricorde ». (…) En d’autres circonstances Chiara insiste sur le bien-fondé de cette pratique, en soulignant la valeur du pardon, et en le définissant comme un acte authentique de liberté : « Pardonner. Toujours pardonner. Le pardon n’est pas l’oubli qui signifie souvent le refus de regarder la réalité en face. Le pardon n’est pas une faiblesse qui, par peur, ne tiendrait pas compte du tort commis par un plus fort que soi. Le pardon ne consiste pas à considérer sans importance ce qui est grave, ni à déclarer bien ce qui est mal. Le pardon n’est pas l’indifférence. C’est un acte de volonté et de lucidité, et donc de liberté, qui consiste à accueillir le frère tel qu’il est, malgré le mal qu’il nous a fait, à la manière de Dieu qui nous accueille comme pécheurs, malgré nos défauts. Le pardon consiste à ne pas répondre à l’offense par l’offense, mais à faire ce que dit St Paul : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien ». Le pardon consiste à offrir à qui te fait du tort la possibilité d’une relation nouvelle avec toi, donc la possibilité pour lui et pour toi de recommencer à vivre, d’avoir un avenir où le mal n’a pas le dernier mot. (…) Chiara revient sur la nécessité d’être dans cette disposition envers chaque frère, elle conseille vivement de toujours recommencer : « Peut-être que ce frère, comme nous tous, a commis des erreurs, mais Dieu comment le voit-il ? Quelle est en réalité sa condition, la vérité de son état ? S’il est en grâce aux yeux de Dieu, Dieu ne se souvient plus de rien, il a tout effacé par son sang. Et nous, pourquoi nous souvenir encore ? Qui est dans l’erreur en ce moment ? Moi qui juge ou mon frère ? Moi. Et alors je dois me mettre à voir les choses avec le regard de Dieu, dans la vérité, et traiter ce frère en conséquence, parce que, si par malheur il n’était pas encore en paix avec le Seigneur, la chaleur de mon amour, qui est le Christ en moi, pourrait le porter à se repentir, comme le soleil qui réabsorbe et cicatrise de nombreuses plaies. La charité se maintient avec la vérité et la vérité est miséricorde pure, dont nous devons être revêtus de la tête aux pieds pour pourvoir nous dire chrétiens. Mon frère revient-il ? Je dois le voir d’un regard neuf, comme si rien ne s’était passé et recommencer la vie ensemble, dans l’unité du Christ, comme la première fois, parce qu’il n’y a plus rien. Cette confiance le sauvera des autres chutes et m’en préservera aussi et si j’use de cette mesure envers lui, je peux espérer être un jour jugé ainsi par Dieu ». Source: Centre Chiara Lubich Première partie : La miséricorde dans la spiritualité de Chiara LubichTexte integrale di Alba Sgariglia (en italien)
« Alors que je rentre à la maison – raconte Ofelia d’un quartier marginal de Valencia, troisième ville du Venezuela – je vois un couple se diriger à pied chez eux. Je ralentis, et leur demande s’il veulent monter dans la voiture. Épuisés, n’ayant même pas la force de me répondre, ils montent tout de suite dans la voiture. Après s’être repris, ils me racontent qu’ils s’étaient levés tôt pour se procurer de la farine et d’autres aliments de première nécessité pour leurs enfants mais la file était si longue que, lorsque c’était à leur tour, il n’y avait plus rien. Désappointés, ils disaient que la seule chose qu’ils ramenaient à la maison, c’était un fort mal de tête parce qu’ils n’avaient pris ni le petit-déjeuner ni le déjeuner ». Ce sont des situations douloureuses et pourtant récurrentes, auxquelles il n’y a bien souvent pas de réponse. En effet, Ofelia elle-même n’avait rien à leur donner. Son sac était également vide et elle aussi était sans travail. La pénurie de moyens, partout répandue, pousse les communautés des Focolari, présentes au Venezuela, à s’entraider et à aider de toutes les manières possibles. Par exemple, les dames se font la mise en plis et la coupe des cheveux l’une l’autre et arrangent de vieux vêtements en les partageant selon les nécessités, de manière à être présentables et harmonieuses malgré la pauvreté, témoignant ainsi visiblement l’amour évangélique qu’elles essaient de vivre entre elles. « Un jour, – raconte un père de famille – je vais acheter de la nourriture mais on n’en trouvait nul part : tout semblait avoir disparu. En allant à droite et à gauche, je vois du ‘foruro’ (maïs grillé). Nous, en général, on ne le mange pas, mais me rappelant qu’une de nos familles amies en mangeait, j’ai pensé que c’était mieux que rien. Au courant de l’après-midi, en passant devant chez eux, je me suis arrêté et leur ai demandé : ‘Avez-vous mangé ?’ Non, m’a répondu la femme, et ce matin non plus. Nous n’avons plus d’argent et mon mari, n’a plus de forces à cause de la faim. Je leur ai dit qu’ils ne pouvaient pas aller dormir sans rien manger et j’ai couru jusqu’à la maison pour aller chercher le foruro que j’avais acheté. Pour moi, cette soirée-là, j’ai ressenti une grande joie car ils ont pu manger le soir même si c’était du simple maïs grillé ». Un jour, Laura est arrêtée par une dame qui lui confie sa préoccupation de ne plus réussir à trouver le médicament pour l’hypertension. Elle, par contre, avait réussi à s’en procurer à travers des connaissances à l’étranger. Dans des temps qui courent comme ceux-ci, la prudence conseillerait de les garder précieusement car on ne sait pas si on en trouvera encore. Mais dans l’Évangile, Jésus dit « Donnez et il vous sera donné » et sans y penser à deux fois, elle ouvre son sac et lui donne une plaquette entière de comprimés. Dans cette difficile situation du pays, la visite (21-25 mai) de Cecilia Di Lascio, argentine, coordinatrice régionale du Mouvement Politique pour l’Unité, ne pouvait pas tomber mieux. A Caracas, l’échange fut intéressant entre elle et 75 personnes intéressées par l’engagement au bien commun, parmi lesquelles plusieurs jeunes présents ; l’annonce de l’idéal de la fraternité à un petit groupe de personnes intéressées par la politique dans une salle de l’Assemblée Nationale ; et avant de quitter le pays, la rencontre avec un petit groupe de professeurs universitaires avec comme thème la formation des jeunes selon le paradigme de la fraternité dans les différents milieux du savoir et de l’activité humaine. Deux événements également importants à Maracaibo : la rencontre avec le Docteur Lombardi, recteur de l’Université Cecilio Acosta, et une réunion avec la commission RUEF (Réseau Universitaire de l’Étude de la Fraternité). Tout cela a contribué à acquérir une plus grande compréhension du processus politique en acte dans le pays. « Il faut miser sur l’équité comme objectif central à partir du paradigme de la fraternité – affirme Di Lascio lors de ses différentes interventions – . Dans cette situation difficile, je crois fermement dans l’importance de s’engager ensemble pour le bien commun ».
“Lorsque dimanche matin le téléphone a sonné, à l’autre bout du fil il y avait le fils de mon mari qui criait et pleurait : un de ses amis faisait partie des victimes de la tuerie d’Orlando. Nous étions paralysés et nous aussi nous pleurions sans retenue. La tragédie était entrée chez nous ». Kathie a senti que l’unique réponse possible à cette douleur absurde était l’amour : réunir la famille. « A 18h nous nous sommes arrêtés en même temps que toute la ville et l’État, tous unis dans un moment de silence, ensuite nous sommes allés à la messe parce que Dieu seul pouvait consoler les familles, les blessés, les amis et notre fils ». Le centre de soins esthétiques de Eva n’est pas loin du club et les employés connaissaient bien quelques-unes des personnes qui le fréquentaient. « Je n’avais pas allumé la télévision et je ne m’étais pas particulièrement inquiétée des sirènes pendant la nuit. Ce n’est qu’au cours de la messe que j’ai appris qu’un de nos paroissiens avait été tué. Nous le connaissions. Avant d’être gays, ces victimes étaient des personnes, des professionnels, des amis. Ce qui leur est arrivé aurait pu m’arriver à moi ou à d’autres parmi mes proches. Je me suis demandé si j’avais fait de mon mieux pour aimer ceux que je côtoie chaque jour. Ces balles avaient tué des jeunes, mais moi je ne pouvais faire mourir l’amour ». Ils sont nombreux les témoignages échangés entre les membres des Focolari au cours des heures qui ont suivi la tuerie d’Orlando, où 49 personnes ont perdu la vie dans un night-club LGBT très connu, tuées par Omar Matee, un homme affecté de graves problèmes psychologiques, qui a voulu donner à son geste mortifère une revendication religieuse. Les enquêtes de ces dernières heures montrent que l’Islam compte pour bien peu dans cet homicide, étant donné que l’assassin avait été signalé depuis longtemps en raison de son caractère belliqueux et agressif. “Les nouvelles de ce genre d’homicide brutal comme celui de dimanche semblent entrer dans la normalité et du coup je tendais à devenir indifférent – confie Martin. Pourquoi continuer à croire à la fraternité et à l’amour devant l’impossibilité de renverser le mal, une mission perdue ? Lorsqu’à la place de ces pensées abstraites me sont apparus les visages de nombreux amis musulmans, j’ai éprouvé physiquement l’angoisse et la douleur qu’ils ressentaient à force d’être taxés une fois de plus de terrorisme. Je ne pouvais oublier les nombreuses heures passées à dialoguer, à nous connaître, ni les nombreuses occasions d’aide réciproque. Je ne peux et je ne veux ignorer le bien qui existe et qui permet d’améliorer ce monde ». Le risque est grand de voir à nouveau les musulmans accusés de favoriser les actes de violence, mais la réalité est bien différente parce qu’ils ont été parmi les premiers à offrir leur sang pour les nombreux blessés et dans beaucoup de villes la prière en fin de journée de Ramadan est dédiée aux morts d’Orlando. Sandra, Milagros et Joyce totalisent à tous les trois moins de 70 ans. Ils se sont redit que l’Évangile est l’unique arme qui ne blesse pas autrui, que c’est notre propre orgueil et notre propre égoïsme qui blessent. « Tout ce que nous vivons est complètement insensé, mais nous ne pouvons pas nous laisser arrêter par la peur. Nous devons montrer que l’amour, précisément parce qu’il commence par ce qui est petit, par la paix dans notre milieu de travail, avec nos voisins, peut changer beaucoup de choses, peut apporter pardon et espérance ». “Lorsque dimanche matin j’ai appris cette tragédie survenue loin de chez moi et qui affecte des gens dont les choix sont différents des miens, j’ai pensé que la diversité ne peut pas nous diviser : ce sont nos frères et nos sœurs”. C’est par ce témoignage que Celi a lancé cette chaîne de prières et de communion. « L’unique réponse à la haine et au terrorisme consiste à continuer de vivre avec cette foi et surtout avec tous ceux qui ne cessent d’offrir une caresse de Dieu, malgré les nombreuses fragilités ».
“Chrétiens en fête”, c’est le titre d’une grande rencontre oecuménique à Nice (France), où Martin Hoegger, pasteur réformé suisse, a été invité à donner son témoignage sur “Christ, lumière de ma vie », et sur la façon dont celle-ci l’a conduit de l’athéisme à la foi. Nous en relatons une synthèse. On peut lire en français (sur son blog) la version intégrale de son intervention. « A l’âge de 18 ans je me posais beaucoup de questions sur le sens de ma vie. Je me demandais quelles études commencer. J’étais en particulier féru de philosophie et de littérature. Mais je ne cherchais pas seulement la sagesse. Je voulais aussi connaître Dieu. Un jour j’ai annoncé, à la surprise de ma famille et de mes amis, que je m’étais inscris en faculté de théologie à Lausanne. J’étais attiré par l’étude de la religion et pensais que j’allais trouver ma voie dans la théologie. Mais au cours de cette année d’études, plus j’avançais, plus les questions s’accumulaient et moins je recevais de réponses. J’avais commencé agnostique ; après dix mois je suis devenu athée. Je me souviens qu’un jour je suis entré dans une église et j’ai écrit ma révolte sur le pupitre de la chaire : « Dieu n’existe pas » ! J’ai décidé alors d’arrêter ces études qui n’avaient plus de sens pour moi. Cependant la question du sens continuait à m’habiter. Quelques temps plus tard, j’ai rencontré un chaleureux provençal qui m’a invité à participer à une rencontre à Aix-en-Provence, dans une faculté de théologie protestante qui venait d’ouvrir ses portes. J’ai accepté de m’y rendre, à vrai dire plus attiré par le soleil de Provence que par le soleil de Dieu. Pourtant c’est là qu’il m’attendait. J’étais touché par l’atmosphère de fraternité de cette rencontre. Lors d’un exposé, une parole de l’Evangile a transpercé mon cœur. Le soir je me suis mis à genoux dans ma chambre et un seul mot est sorti de ma bouche : « pardon ». J’étais surpris : à qui avais-je dit ce petit mot ? A cette époque j’étais en conflit avec beaucoup de personnes et en avais blessé plusieurs. Au fond de moi, je savais pourquoi j’avais dit ces six lettres. De retour à la maison je me suis rendu chez les personnes que j’avais blessées et je leur ai dit ce petit mot que j’avais prononcé dans ma chambre à Aix-en-Provence : « pardon ». A chaque fois, c’était une nouvelle expérience de lumière. J’avais compris que le Christ m’attendait chez les autres, en particulier dans les plus démunis et les plus blessés. Ensuite j’ai cherché le contact avec d’autres chrétiens. Jusqu’à ce jour j’avais vécu en solitaire. Dorénavant j’avais besoin de rencontrer d’autres croyants. Je découvrais la lumière de Jésus ressuscité éclairant ceux qui se rassemblent en son nom. Le fruit de la communion en lui est la lumière. Dès le début de mon chemin spirituel avec Jésus, j’ai découvert la lumière de son Evangile. Je voudrais maintenant vous partager trois expériences avec la Parole de Dieu, avec une forte dimension œcuménique. D’abord l’Ecole de la Parole en Suisse romande. Quand j’étais directeur de la Société biblique suisse, j’étais entré en contact avec l’archevêque de Milan, le cardinal Carlo-Maria Martini. Il rassemblait des milliers de jeunes en leur proposant la lectio divina. Des responsables de jeunesse des Eglises catholique, réformée et évangélique en Suisse romande se sont intéressés à cette expérience. Je les ai invité à visiter le cardinal Martini qui nous a encouragés à lancer une Ecole de la Parole œcuménique. Je me souviendrai toujours de la première célébration dans une cathédrale de Lausanne remplie de jeunes. Aujourd’hui l’Ecole de la Parole propose chaque année un livret de lectio divina pour méditer et prier à travers la Parole de Dieu. Se mettre ensemble à l’écoute du Christ nous unit en profondeur. Sa lumière est d’autant plus forte lorsque nous sommes ensemble à la rechercher dans un esprit d’accueil réciproque. La deuxième expérience de la Parole comme « lumière sur mon chemin » (Psaume 119,105) est celle de la «Parole de Vie », publiée par le mouvement des Focolari avec lequel je suis entré en contact il y a une vingtaine d’années. C’est prendre un verset biblique et le garder à l’esprit durant tout un mois. Le méditer et l’approfondir. Surtout chercher à le vivre dans les mille et unes circonstances de la vie quotidienne. D’en partager aussi les fruits avec d’autres, que cela soit dans un petit groupe, par l’écriture ou dans les relations interpersonnelles. Dans les paroisses où j’ai exercé mon ministère, j’ai proposé cette Parole de Vie. Elle est discutée dans les groupes de partage, approfondie et jouée dans les groupes de catéchisme. Dans le culte, elle est chantée : j’ai demandé à un jeune musicien de la mettre en musique. Elle sert de thème pour mes messages. Bref la Parole de Vie travaille les cœurs et nous ouvre les uns aux autres. Elle renouvelle la paroisse. La vivre c’est donner un espace au Ressuscité qui communique sa lumière à travers son Evangile, comme il le faisait sur les chemins de Judée ou de Galilée. J’aimerais conclure en vous parlant des célébrations de la Parole à la cathédrale de Lausanne, où le premier dimanche soir de chaque mois, nous pouvons prier ensemble. La Communauté des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud, dont j’étais le secrétaire, y a invité ses vingt Eglises membres et bien d’autres. Elles appartiennent aux diverses familles protestante, catholique, orthodoxe, évangélique-pentecôtiste. Mais y participent également plusieurs Eglises issues des la migrations, des mouvements, des communautés et des œuvres ecclésiales. Dès 2004, plus de 100 célébrations nous ont rassemblés dans ce lieu. Durant ces célébrations, nous avons découvert notre diversité et nous nous en réjouissons. Ces célébrations sont un bel apprentissage oecuménique ; elles nous encouragent à ne pas avoir peur de ce qui est différent, à ne pas nous replier sur nous-mêmes, ni à juger. Mais elles nous stimulent à rendre grâce pour tous les dons accordés aux autres, dons qui ne cessent de nous enrichir. Cette initiative est précieuse pour aider les chrétiens à cheminer ensemble vers l’unité. Nous retrouver ensemble en présence de Dieu dans l’écoute de sa Parole, le silence et la louange, c’est déjà anticiper une pleine communion. A travers la prière l’Esprit saint déjà nous unit. Voilà pourquoi le Christ est lumière dans ma vie ». Maria Chiara De LorenzoBlog de Martin HoeggerDiscours du pape François au comité directeur de la Communion mondiale des Églises réformées
La lettre “Iuvenescit Ecclesia”, signée par le cardinal Ludwig Muller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et par Mgr Luis Ladaria, le secrétaire archevêque, approuvée par le pape François, est adressée aux évêques de l’Eglise catholique et se penche sur « les dons hiérarchiques et charismatiques au service la vie et la mission de l’Eglise ». Insérée dans le parcours de l’Eglise qui se lance à l’extérieur, en cette nouvelle étape de l’histoire, la Lettre est un motif de joie et de gratitude pour les nouvelles réalités ecclésiales dont le Mouvement des Focolari est une expression.Cette réciprocité entre dons hiérarchiques et dons charismatiques, à laquelle invite la Lettre, traduit pleinement l’expérience qui a accompagné le Mouvement des Focolari jusqu’à ce jour. Celui-ci s’est trouvé plongé dans le courant de “la vague des mouvements” suscité par l’Esprit-Saint pour le renouvellement de l’Eglise en synergie avec ses pasteurs, comme l’avait déjà affirmé le cardinal Ratzinger en mai 1998 lors de la préparation du Jubilé de l’an 2000. Le Mouvement des Focolari se sent encouragé par la Lettre “Juvenescit Ecclesia” à correspondre de manière authentique à ce que les dons hiérarchiques et les dons charismatiques soient co-essentiels, selon l’orientation donnée par St Jean-Paul II, dans le sillage du Concile Vatican II. Aujourd’hui ce caractère co-essentiel apparaît plus que jamais nécessaire à la vie et à la mission de l’Eglise au service de l’humanité, de ses attentes, de ses blessures et de ses exigences, avec l’objectif engageant, mais réaliste, de bâtir tous ensemble la civilisation de l’amour. Lire la version intégralesource:Service d’Information Focolari -SIF
La crise des réfugiés en Europe a interpellé le monde entier, avec ses chiffres et ses morts, la fermeture des frontières et en même temps la grande générosité de nombreuses personnes. Cette nouvelle nous arrive de l’Indonésie avec les témoignages des Jeunes pour Un Monde Uni de la ville de Medan (4 millions d’habitants). “Les nombreux réfugiés des camps de la Grèce nous interpellent. Nous voulions faire quelque chose. Aussi avons-nous décidé de vivre notre Semaine Monde Uni 2016 en organisant un concert pour recueillir des fonds qui leur sont destinés. C’était une manière forte d’affirmer que la paix est possible et commencer par nous-mêmes, par des gestes concrets ». Nous avions deux mois à notre disposition ; ce n’était pas beaucoup, mais nous nous sommes dit que nous y arriverions et nous nous sommes mis à travailler en allant au-delà de notre fatigue physique et des difficultés économiques. Pour couvrir les frais d’organisation nous sommes allés sonner aux portes des restaurants, mais par ailleurs la Providence de Dieu n’a pas manqué et nous sommes arrivés à payer la location de la salle, une partie de la sonorisation ainsi que d’autres frais divers ». “Lorsque j’ai vu tous ces jeunes devant moi – raconte Ika -, j’ai cherché à ne pas penser à moi-même mais aux réfugiés et j’ai pris courage ». Sur le plan technique – avouent-ils en toute simplicité – il y a eu de nombreuses erreurs, mais l’atmosphère d’enthousiasme et de joie des 350 participants nous a convaincus que cela en valait la peine ! ». Le chœur d’une université catholique et quatre chanteurs ont aussi voulu donner leur contribution au concert pour la paix ». “Les 600 euros de bénéfice correspondent, en Indonésie, au salaire minimum de trois ou quatre mois de travail. Ce n’est pas beaucoup, mais nous avons été heureux parce que nous avons pu apporter notre goutte d’eau pour nos frères en difficulté ». “Ce fut une expérience extraordinaire – ajoute Randi –. J’ai senti que les différences de religion tout autant que d’ethnies, sont vraiment belles. J’espère que de nombreux cœurs ont été touchés et commencent à aimer par des actes concrets ». “Sur une fresque murale intitulée “Let’s bridge”, les participants ont écrit leur engagement pour construire la paix ».
Prêtre de la miséricorde “Pour commencer l’Année de la Miséricorde par un geste concret, j’ai demandé pardon à mes paroissiens s’ils ne s’étaient pas toujours sentis aimés par moi. J’ai ensuite invité qui le souhaitait, à venir me serrer la main pour sceller le pacte de se voir avec des yeux nouveaux. Une très longue file s’est formée; j’ai pu échanger quelques mots avec chacun. Le jour suivant, une paroissienne qui n’était pas présente est venue me demander si je pouvais répéter avec elle ce geste qui avait tellement touché les habitants du village et qui a encore beaucoup de conséquences positives.” (I.S. – Hongrie) Partage “Je suis presque aveugle. La personne qui m’aide à étudier m’avait donné 1220 shillings pour acheter le médicament contre la malaria. En chemin vers la pharmacie, j’ai rencontré une femme pauvre qui m’a expliqué ses besoins. Pour l’aider, je lui ai laissé 200 shillings. Peu après, devant la pharmacie, j’ai rencontré une autre femme, elle aussi ayant des difficultés économiques: elle n’avait pas de quoi acheter un médicament dont elle avait besoin. En elle, j’ai aussi reconnu Jésus qui me demandait de l’aide. Ainsi, je lui ai donné 200 shillings. Mais il me manquait alors 400 shillings pour acheter mon médicament. Certain que Dieu allait m’aider, je suis aussi entré dans la pharmacie. Et là j’ai trouvé un ami que je ne voyais plus depuis longtemps. Dès que je lui ai confié mon souci, il a insisté pour m’offrir 500 shillings: plus que ce dont j’avais besoin.” (R.S. – Tanzanie) Au lavoir public “Nous étions nombreuses à laver le linge au lavoir public, lorsqu’un homme est arrivé, presque aveugle, avec deux draps, une chemise et un turban à laver. Il nous a demandé de lui faire un peu de place. Comme personne ne voulait se pousser, je me suis adressée à lui: ‘Baba, donne-moi tes affaires: je te les lave.’ Les autres se sont mises à rire. Avant de s’éloigner, content avec ses effets lavés, il m’a donné sa bénédiction et aussi un morceau de savon qu’il gardait jalousement. Plus aucune ne riait. Elles ont même commencé à se prêter leurs affaires et à s’entraider.” (F.R. – Pakistan) Divorce manqué “Faire accepter à Susanna ma décision de demander le divorce n’avait pas été facile. Surtout parce que je voulais déménager dans une autre ville avec ma nouvelle compagne. Après un premier refus, l’attitude de ma femme avait changé: sa grande dignité m’étonnait et je ne comprenais pas d’où venait cette énergie qui lui permettait de bien me traiter, malgré ma trahison. Cette pensée me rongeait. Un jour, je l’ai invitée à diner au restaurant: je voulais savoir. Avec simplicité, elle m’a confié qu’elle avait ressenti, à travers la proximité de quelques amis chrétiens, l’amour de Dieu. Dieu qui aime toujours, malgré nos infidélités, et est proche de nous aussi dans les événements douloureux de la vie. Cela a suffi pour me faire changer d’idée. Susanna et moi avons recommencé.” (L.M. – USA)
« Cochabamba se situe au cœur du pays, la troisième ville de Bolivie, immergée dans une vallée fertile, entourée par la Cordillère des Andes. Tout d’abord le voyage m’a préparé à escalader mes montagnes personnelles pour faire le pas de laisser derrière moi ma culture, mes catégories, mes préjugés afin d’être suffisamment libre pour accueillir la beauté de cette expérience où chacun sera un don pour l’autre ». « Le 26 au matin nous visitons la vieille ville, qui respire le traditionnel et la culture, et garde un bon nombre d’images coloniales conservées dans les innombrables temples et les grandes villas. L’après-midi, nous nous rendons à l’ « Université Catholique Bolivienne San Pablo » pour une rencontre avec 70 jeunes de différentes facultés. Après les exposés théoriques, suivent les expériences, précédées par une dynamique de groupe d’Aldo Calliera qui nous propose de chercher le « Nord », puisque – dit-il – le monde l’a perdu, déboussolé ». Pour l’Economie de communion, nous le savons, le nord c’est l’Autre ». “ Le 27 mai débute le 1er congrès de chefs d’entreprises de l’EdC en Bolivie, que j’ai eu la chance de préparer directement, en observant, écoutant, pour raconter un événement extraordinaire, fait de tant d’épisodes qui parient sur la communion quotidienne ». « Ramón Cerviño, chef d’entreprise argentin, en nous accueillant, nous rappelle que nous sommes venus pour faire une expérience de communion, parce que la communion est précisément la richesse la plus importante de l’EdC ». “Le programme nous porte à nous immerger dans les racines du charisme de l’unité pour redécouvrir les origines de l’EdC. Puis, nous allons visiter le “Centro Rincón de Luz”, une œuvre sociale qui offre un soutien scolaire à des enfants d’un quartier très pauvre. Les familles n’arrivent pas toujours à les suivre quand ils ont des devoirs de l’école, ils habitent entassés dans de petites cabanes d’une ou deux pièces, souvent sous-alimentés et ils sont même quelquefois frappés… Maricruz, une des directrices actuelles, faisait elle aussi partie de ces enfants. Solidarité qui génère plus de solidarité. Le cercle vertueux de la réciprocité est la clé pour répondre aux problème sociaux concrets ». “Nous visitons aussi la “Casa de los Niños”. Chiara Lubich a exprimé le désir qu’un jour tous les orphelinats soient fermés, dans l’espoir que chaque enfant puisse jouir de la chaleur et de l’amour d’une famille. A la suite de ce rêve, beaucoup de personnes, commeAristides, se sont mobilisées, là où c’était possible, avec les moyens du bord, pour réunir ces familles, leur donner un toit provisoire et soutenir les enfants qui souffrent du plus grand abandon, ceux qui sont contaminés par le virus du sida. Ces dernières années, avec l’aide de nombreuses personnes, ils ont réussi à accueillir presqu’une centaine de familles en leur offrant un domicile digne. Malgré la souffrance de ces familles, dont un bon nombre est séropositif, la beauté de la cité-pilote montre que l’on peut étreindre la souffrance innocente et la combler de joie, de jeux, de fleurs et d’espérance ». “ La rencontre entre chefs d’entreprises mexicains, paraguayens, argentins et boliviens, est un partage de nos rêves, erreurs, succès, difficultés et espoirs. Le 28 mai une rencontre spéciale a lieu dans le « Grand Hôtel Cochabamba », à laquelle participent environ 120 personnes : chefs d’entreprises, étudiants, professeurs, fonctionnaires et personnes intéressées à « une nouvelle culture économique ». Le dimanche 29 est un jour de fête : le 25ème anniversaire de l’Economie de communion ! Chants, danses, plats typiques, et beaucoup de partages. Merci Bolivie pour m’avoir fait redécouvrir « le nord », là où on n’arrive plus à distinguer le ciel de la terre ». Source : site du Cône Sud
“Miséricordieux comme le Père”, c’est le programme de vie proposé par le Pape François pour l’Année Sainte. « Dans la miséricorde, en fait – lit-on dans la Bulle d’indiction -, nous avons la preuve de la façon dont Dieu aime. Il se donne tout entier, pour toujours, gratuitement, et sans rien demander en retour. Il vient à notre secours lorsque nous l’invoquons (…) Son aide consiste à rendre accessible sa présence et sa proximité » (MV 14). Et tel est le visage de l’Amour – Miséricorde qui révèle la plénitude de la Paternité de Dieu. Dieu est Amour : c’est l’étincelle inspiratrice qui est à l’origine du charisme de l’unité dont l’Esprit-Saint a fait don à Chiara Lubich pour notre époque. (…) Chiara découvre donc non pas un Dieu lointain, inaccessible, étranger à sa vie, mais Son visage paternel (…). Tout ce qui arrive est donc vu comme la réalisation de son plan d’amour sur chacun, comme une preuve tangible de son regard bienveillant, de sa présence toute proche. « Même les cheveux de votre tête sont tous comptés » (Mt, 10, 30). C’est un amour paternel qui pourvoit à toutes les nécessités, même les plus petites, jusqu’à combler les vides laissés par nos imperfections, nos manques, nos péchés. C’est le visage du Père miséricordieux qui – par l’intermédiaire de son Fils incarné – se manifeste, qui révèle la plénitude de son amour de miséricorde. Passages de l’Evangile sur la miséricorde Dans les divers documents du Magistère dédiés au thème de la miséricorde, on fait toujours référence aux passages de l’Evangile qui l’illustrent le mieux. Un exemple classique est la parabole de l’Enfant prodigue (Lc 15, 11-32). (…) Un jour Chiara a commenté cette parabole devant un important groupe de jeunes rassemblés dans la Cathédrale de Paderborn, en Allemagne. C’était le 12 juin 1999. Voici ce qu’elle disait : “Le père du fils prodigue avait certainement beaucoup à faire : suivre les travaux de la ferme, ses ouvriers, sa famille ; mais son attitude de fond était celle de l’attente, l’attente du fils parti. Il montait sur la petite tour de sa maison et il regardait au loin. Il en est ainsi de notre Père du Ciel : chers jeunes, imaginez, si vous le pouvez, sa divine, sa très haute et très dynamique vie trinitaire, son engagement pour soutenir la création, pour donner une place à qui arrive au Paradis. Et pourtant il fait surtout une chose : il attend. Qui ? Nous, moi, vous, en particulier dans le cas où nous nous trouverions loin de Lui. Un beau jour ce fils, que son père terrestre aimait tant revient après avoir dilapidé sa fortune. Son père l’embrasse, le recouvre d’un vêtement précieux, lui met une bague au doigt, fait préparer un veau gras pour la fête.Que devons-nous penser ? Il désire voir son fils de façon toute nouvelle, il ne veut plus le voir comme il était avant. Non seulement il veut lui pardonner, mais il arrive même à oublier son passé. Tel est son amour pour lui, dans cette parabole. Il en va de même de l’amour du Père pour nous dans notre vie : il nous pardonne et oublie ». Source: Centro Chiara LubichTesto integrale di Alba Sgariglia (italiano)
“J’ai dû tout laisser : ma patrie, mon épouse et nos deux enfants en bas âge. D’autre part je n’avais pas le choix. Etant enseignant et un homme encore jeune, j’aurais été contraint à suivre l’ISIS et à diffuser ses idées. Mais comme je m’y suis opposé, si j’étais resté là-bas, ils m’auraient tué ». Arrivé à Graz (Autriche), Mohamed, comme de nombreux autres immigrés, est « parqué » dans un camp de réfugiés, à ne rien faire pendant des mois, privé de contacts avec le monde extérieur. « Nous nous sentions isolés et déprimés – raconte-t-il – lorsqu’à un certain moment quelqu’un a commencé à s’intéresser à nous ». Il s’agit de la communauté locale des Focolari qui, par l’intermédiaire d’une amie syrienne établie à Graz depuis trois ans, invite les réfugiés syriens du camp – environ une quarantaine – à se retrouver dans une salle paroissiale. Ils peuvent ainsi faire part de leurs besoins les plus urgents : apprendre la langue et trouver un travail. La communauté se mobilise et réussit en peu de temps à organiser un cours d’allemand. Certains financent l’acquisition des manuels, une dame trouve auprès de divers amis une quinzaine de bicyclettes qu’elle fait réparer à ses frais pour les élèves qui doivent faire une dizaine de kilomètres pour se rendre aux cours ; d’autres encore font des travaux de restauration dans les maisons et se proposent d’entretenir les jardins. “Nous avions enfin quelque chose d’utile à faire – dit Mohamed avec un soupir de satisfaction – et quelqu’un s’occupait enfin de nous et nous appréciait ». Une amitié naît, de plus en plus ressentie. Aussi devient-il normal de se retrouver, de manger ensemble et aussi de s’ouvrir à un dialogue culturel et religieux. Le premier pas consiste à aller ensemble à la mosquée où ils rencontrent beaucoup d’autres personnes ; un jour ils s’y retrouvent même à 400 : « Une chose très importante pour nous – confie Mohamed -. Finalement on se sentait nous-mêmes, là nous pouvions oublier ce qui nous arrivait et entrer en contact direct avec Dieu. Partager ce moment ensemble, chrétiens et musulmans, nous a encore davantage rapprochés les uns des autres ». Au cours de l’été ils sont quatre à participer à la mariapoli, dont la date coïncide précisément avec la fin du Ramadan, fêtée tous ensemble avec musiques arabes, danses à ciel ouvert et pâtisseries syriennes. C’est au cours de ces journées que Mohamed apprend le décès de sa mère : c’est une occasion émouvante de prier ensemble pour elle en récitant quelques Psaumes choisis en respectant la sensibilité de tous. Comprendre la souffrance de l’autre est aussi une façon de dialoguer en profondeur. Mohamed fait ensuite une demandeauprès des Autorités pour que sa famille le rejoigne en Autriche, une démarche qui se révèle compliquée au possible. Son épouse se met au moins 22 fois en route pour rejoindre la frontière à pied (sept heures de marche, en affrontant la faim, le froid et les dangers). Elle est régulièrement refoulée. Il lui arrive même un jour de se retrouver en prison. Mais voilà qu’enfin elle réussit à passer la frontière. C’est alors que la recomposition tant attendue de la famille, à qui on conseille de ne pas s’établir à Graz mais à Vienne, se fait proche. A grand regret Mohamed doit quitter ses amis de Graz, mais il ne sait pas qu’il va trouver un accueil aussi chaleureux auprès de la communauté des Focolari de la capitale qui entre temps a été avertie de son arrivée. Une communauté qui se mobilise pour trouver un toit convenable pour cette famille, ce qui n’est pas simple, compte tenu du manque de logements. Ils ont l’idée de s’adresser à des religieuses amies qui tiennent une maison de retraite pour personnes âgées. Au bout d’un jour une première réponse positive arrive déjà, après un échange rassurant avec les membres du Focolare. C’est ainsi que depuis deux mois la famille de Mohamed vit dans la maison de ces religieuses chrétiennes sans qu’il n’y ait aucune gêne de part et d’autre : les sœurs tiennent compte des habitudes de leurs hôtes musulmans et la famille vit dans un cadre où se trouvent de nombreux signes chrétiens. Cela aussi fait partie du dialogue et, comme l’affirme Mohamed : « Chrétiens et musulmans nous sommes vraiment frères ».
Le 4 juin à Viterbo, chef-lieu de la Tuscie, le Jardin de la « Porta della Verità » a été dédié à Chiara Lubich pour souligner l’accueil de son message d’unité entre les peuples, de la part de la ville : « Un message d’interculturalité vécu en tant que richesse dans la diversité et le respect réciproque », comme on peut le lire sur l’un des quotidiens locaux, qui ont largement commenté la nouvelle. Le Jardin de « Porta della Verità » est un petit espace de verdure juste à l’intérieur des murs du centre historique de la ville de Viterbo. Le 4 juin beaucoup d’enfants des écoles et quelques personnes importantes pour l’histoire de la ville, y étaient présents en plus des autorités : le maire Leonardo Michelini et l’évêque Lino Fumagalli.Le projet, lancé par la Commune en 2014, conçu et concrétisé par les Acli en collaboration avec l’Institut Compréhensif « L. Fantappiè », avait prévu la mise en place du Dé Solidaire. « Nous le voulions dans notre ville parce que c’est un exemple concret de solidarité. La réalisation en a été possible grâce à la collaboration de tous les secteurs de l’administration communale », explique le président des Acli de Viterbo, Renzo Alvatori. « Le thème de la solidarité s’adresse à notre vie à tous, souligne l’évêque Lino Fumagalli. On peut mesurer de degré d’avancement d’une société par le nombre des œuvres de solidarité. Les phrases que l’on peut lire sur les faces du dé, si elles sont concrétisées, soudent les cœurs ». Les étudiants racontent leurs expériences quotidiennes de solidarité en ajoutant ce qui les a conduits à élaborer les six phrases choisies pour le Dé de Solidarité (par un concours dans l’école où ont été évaluées plus de 120 phrases présentées). « Le Dé Solidaire est un projet qui donne sens au travail de l’école en commençant par les quatre murs des classes et continue ensuite après le son de la cloche, ajoute Alexandre Ernestini de l’Institut Fantappiè. L’école est un élément important pour la communauté, elle est capable de travailler sur le territoire avec les diverses associations comme les Acli et les autres organes administratifs ». « Cette journée est une date qui entre dans l’histoire de la ville, conclut le maire Leonardo Michelini. Le projet semblait irréalisable au début, mais les messages que le Dé Solidaire transmet sont d’une valeur universel ». Source: ViterboPost
“Malgré ses pérégrinations à travers le monde, ses attaches romaines et, en un certain sens, vaticanes, son exploration desdoctrines politiques et sociales, Igino Giordani n’a jamais coupé le cordon ombilical avec sa ville natale : Tivoli Il suffit de parcourir les pages où il parle de sa ville, ou de lire le roman Lacittà murata dont le cadre est Tivoli, pour constater à quel point Giordani a aimé cette ville. Dans “Mémoires d’un chrétien ingénu”il présente le cadre de sa ville avec des mots qui laissent transparaître la relation intense, et, en un certain sens, il semble presque se justifier lui-même, ainsi que ses choix fondamentaux, en les resituant à l’intérieur du caractère typiquement tiburtin : enjoué et insoumis, courageux et entier, avec des accents impétueux, mais réceptif à l’amour de Dieu et à la sagesse. Igino Giordani naît dans une famille d’origine modeste. A plusieurs reprises il a témoigné de l’admiration qu’il nourrissait envers ses deux parents, soulignant la dignité de leur vie quotidienne et la foi chrétienne qui rythmait les étapes de leur vie. A Tivoli, Giordani a grandi humainement et intellectuellement. Il n’a certes pas bénéficié des occasions qu’un enfant intelligent comme lui aurait pu espérer avoir : ses études, il se les gagne. En fait son père l’oriente vers un travail manuel, celui d’aide-maçon. Entre temps, depuis tout jeune, il est attiré, au cours des célébrations religieuses, par la Messe, et, même si elle est dite en latin, le jeune Giordani en apprend des passages par cœur et lorsqu’il est seul ou même au travail, au lieu de siffloter quelque air à la mode, il se met à réciter par cœur des phrases de la messe en latin. La providence se sert de Sor Facchini (l’entrepreneur pour qui travaillaient les Giordani) qui comprend qu’Igino n’est assurément pas fait pour la truelle, ni pour le sac de ciment, mais pour les études. Sor Facchini décide de lui payer des études au Séminaire de Tivoli, l’institution qui à cette époque pouvait le mieux pourvoir à la formation intellectuelle et spirituelle d’un jeune de 13 ans. Il y restera jusqu’en 1912, date à laquelle, au lieu de se transférer au Séminaire d’Anagni, il préfère rester dans sa chère ville de Tivoli et s’inscrire au lycée classique où il obtient son diplôme en 1914. Il est probable que sa passion pour l’argumentation claire et précise, pour le passage en revue des raisons de croire se soit forgée dès sa plus tendre enfance, lorsque, du haut de la chaire de l’Eglise Saint André de Tivoli, le père Mancini, jésuite, « haussait la voix pour convaincre son auditoire ». Giordani le décrit comme un homme dont la foi est inflexible et sans failles. Il annonçait l’Evangile avec un esprit volontiers combatif. Un vrai modèle pour Giordani. Ainsi pouvons-nous déjà percevoir dans cette formation initiale quelques traits de caractère qui porteront Giordani à s’affirmer comme polémiste et défenseur de la Foi. Peu de temps après l’obtention de son diplôme de fin d’études au lycée, l’Italie aussi entre en guerre. Igino prend part à la vie publique italienne, dans le climat du débat controversé autour de la guerre et de la paix : résolument convaincu, il est pour la paix, à une époque où il n’était pas facile de prendre son parti. Il est probable que la figure charismatique du Père Mancini, à laquelle s’ajoutent une solide expérience de foi mûrie au séminaire et le bain de pluralisme politique et idéologique du lycée, ont aidé Giordani – même s’il semblait à cette époque moins passionné par les questions religieuses – à garder la dimension de l’amour envers le prochain, ce qui l’a porté à exclure toute forme de comportement violent envers une autre homme, quel qu’il soit. Il le dira de façon simple et lumineuse quelques années plus tard, en exprimant son aversion pour cette guerre : “Lorsque pendant la première guerre mondiale j’assurais la garde de nuit dans la tranchée, j’étais travaillé en pensant au commandement de Dieu : “Cinquième : tu ne tueras pas”. Une formation à la paix donc, qu’il a mûrie dans sa chère Tivoli. Et beaucoup plus tard, marqué par l’expérience dévastatrice de la guerre, mais aussi par la foi et l’espérance jaillies de la rencontre avec la spiritualité de l’unité, il écrit : « Le mépris de l’homme et sa dépréciation résultent du fait qu’on ne voit plus le Christ en lui ; c’est alors qu’à l’amour se substitue la haine, la spiritualité du prince de la mort. Rien ne sert de protester, ni de recourir aux armes, l’histoire gravée dans notre chair est là qui le démontre. Contre la haine c’est la charité qui vaut : contre le mépris la personne, seul compte de voir en elle un autre christ ; contre l’extermination, la déportation, le génocide, seul vaut l’amour grâce auquel on aime son frère comme on s’aime soi-même, jusqu’à l’unité. Se faire donc un avec lui, quel que soit son nom ». Alberto Lo Presti Cfr. Igino Giordani, La divina avventura, Città Nuova, Rome, 1993, p. 141
« Que l’on rende gloire à mon Seigneur, Lui l’Adorable, l’unique qu’on peut adorer, l’Eternel, existant pour toujours, qui nous aime, dont la Clémence et la Puissance étreignent l’univers (…). Tu es l’Adoré, Ô mon Seigneur, Tu es le Maître qui aime et pardonne. Ton pardon et Ta miséricorde sont infinis, Ô mon Seigneur, Tu es l’aide pour l’affligé, le Consolateur de tout découragement, le Refuge de celui qui a le cœur brisé » (De Laprière de ‘Ali ibn Abi Talib’, cousin et gendre du Prophète de l’Islam).
La vaste salle “Centre Transfert de la connaissance” de l’Université Catholique Jean Paul II de Lublin, a accueilli le congrès Conflicts, Dialogue and Culture of Unity (3-4 juin 2016). Il s’est déroulé sous l’enseigne de la « transmission » de connaissances par le dialogue académique entre les 180 participants, professeurs et chercheurs de diverses disciplines dans le domaine des sciences sociales, avec l’apport de 95 interventions extérieures. Une interaction faite de questions et de sollicitations pour partager l’effort d’une recherche. Des échanges entre spécialisations différentes, mais aussi entre générations et zones géographiques de l’Europe qui s’ouvre aux défis du monde. Le congrès, ouvert par l’exposé de Jesús Morán, coprésident des Focolari, au titre « la culture de l’unité et quelques-uns des grands défis de l’humanité d’aujourd’hui », partait du 20ème anniversaire de la remise du doctorat honoris causa en sciences sociales à Chiara Lubich, de la part de l’Université Catholique de Lublin en juin 1996. Le discours que fit alors le prof. Adam Biela en précise la motivation : le charisme de l’unité « est une actualisation concrète et pratique d’une nouvelle vision des structures sociales, économiques, éducatives et développe l’unité » entre les personnes. Puis il relève, dans l’inspiration révolutionnaire de Chiara Lubich qui s’est manifestée à partir des années 40, les éléments d’un nouveau paradigme des sciences sociales au point de créer le concept inédit de paradigme de l’unité. Ce congrès à Lublin, 20 ans après, fut “complexe et intéressant”, de l’avis du prof. Italo Fiorin, président du cours de spécialisation en Sciences de la Formation, Université de Lumsa, Rome. « Surtout pour le thème, construit autour de trois mots qui sont liés entre eux. Conflit : avec la réflexion sur la situation dans le monde, non pas catastrophique mais problématique, qui stimule la responsabilité. Dialogue : chemin pour conduire et traduire le conflit en quelque chose de nouveau, avec une action positive. Unité : résultat d’un dialogue, qui n’est pas la manifestation d’une pensée unique, mais la conquête d’une conscience plus grande de sa propre identité ». “Depuis 200-300 ans le savoir s’est subdivisé en un grand nombre de domaines, affirme la neuro-scientifique Catherine Belzung, Université de Tours, France. « Mais la fragmentation actuelle ne permet pas le progrès. Le temps du dialogue interdisciplinaire est arrivé, je l’ai vu possible ici et même désiré et efficace. Dans mon domaine, des découvertes ont été faites et montrent que le progrès n’est possible que si le savoir est amplifié par le dialogue interdisciplinaire. La pensée de Chiara Lubich me semble être le paradigme à garder sous les yeux lorsque je m’intéresse à la recherche interdisciplinaire parce que c’est un « paradigme trinitaire » : chaque discipline reste distincte, mais elle doit avoir en elle les connaissances des autres disciplines pour être transformée à son tour et poursuivre le dialogue de cette manière. Je pense que le modèle d’unité et distinction, déjà proposé dans le domaine spirituel, peut être transposé très facilement dans le domaine du dialogue interdisciplinaire ». Le prof. Marek Rembierz, pédagogue de l’Université de Silésie, Katowice, Pologne, le confirme : « J’ai trouvé très intéressant le fait de penser à un niveau interdisciplinaire. Cela demandait un changement de mentalité notoire : modifier le langage de la science, de la culture, par le langage du cœur. C’était une source d’inspiration pour les participants et peut l’être pour la vie sociale des personnes ». Gianvittorio Caprara, professeur titulaire de psychologie et neuroscience sociale, Université la Sapienza, Rome : « Chiara Lubich a eu des intuitions particulièrement heureuses et fécondes. Fécondes parce qu’elles ont inspiré un travail, un mouvement ; maintenant elles sont source d’inspiration pour ce congrès ainsi que des projets de recherche. C’est une réflexion qui continue et qui devient inspiration. Une découverte particulière pour moi fut la catégorie de la fraternité qui s’est montrée pleine de sens, justement dans une société comme la nôtre, où le risque de ne plus avoir de frères est grave. J’encourage les Focolari à insister encore plus sur la recherche systématique de la connaissance pour que l’action devienne plus transformante et efficace ». « A propos de la fraternité – reprend Fiorin – le prof. Stefano Zamagni faisait une lecture tout à fait attrayante de l’Economie de Communion et qu’il rapprochait aussi de la politique. Je pense que cette lecture peut aussi être appliquée à l’éducation pour inspirer le lien éducatif et didactique et mener à des solutions didactiques importantes. C’est un terrain qui mérite d’être approfondi et sur lequel je vais porter mon attention ». La conclusion du congrès est confiée au prof. Biela, à Daniela Ropelato, vice-présidente de la IUS et à Ranata Simon du centre international des Focolari. Afin de donner une continuité au dialogue interdisciplinaire, qui a imprégné le congrès, une pensée de Chiara Lubich a transmis une orientation toute particulière : « Afin d’accueillir en soi le Tout, il faut être rien comme Jésus abandonné(…). Devant toute personne que l’on rencontre, il faut se mettre en position d’apprendre, parce qu’il s’agit vraiment d’apprendre. Et seul ce “non être” recueille tout en soi et étreint toute chose en unité ». Un encouragement à coopérer avec compétence, sagesse et capacité dialogique aussi et justement au niveau universitaire.
Seongnam, Corée du Sud, plus d’un million d’habitants, à la périphérie sud-est de Séoul. Une ville en croissance, avec la présence de grandes entreprises, qui stimulent le prochain développement économique de la zone. Une grande richesse à côté d’une grande pauvreté, bien séparées dans la ville. “En Corée, il y a une forte immigration féminine, pour se marier ou pour fuir la misère, de différents pays d’Asie:Chine, Vietnam, Cambodge, Japon, etc. Elles forment ainsi des familles multiculturelles. La majorité d’entre elles vit dans la partie pauvre de notre ville”, raconte le groupe coréen des Focolari présent au congrès international OnCity (Castelgandolfo, Italie). Parmi les principaux besoins identifiés à Seongnam, il y a donc celui de l’intégration. Dans le Centre multiculturel, où certains d’entre nous travaillent, une personne enseigne le coréen aux femmes immigrées, et une autre a proposéd’ouvrir une sorte de “garderie” pour occuper les enfants pendant que les mamans apprennent la nouvelle langue. “Mais, au bout d’un moment, le gouvernement a stoppé le financement et on ne pouvait pas continuer cette activité”, poursuivent-ils. “Nous avons expliqué cette situation à quelques amis qui, comme nous, s’engagent à vivre les idéaux de paix et d’unité dans la ville. Certains se sont proposés pour former des équipes pour s’occuper des enfants. Chacun a donné ce qu’il pouvait: le temps, ses capacités, assumant ainsi aussi l’histoire, les difficultés de beaucoup de personnes.” En effet, des situations très douloureuses se présentaient: s’acclimater dans un pays étranger n’est pas facile. Pour beaucoup, le Centre représentait une bouffée d’oxygène, un lieu où partager ses problèmes, dont, les grandes difficultés économiques. “En 2012, pour répondre à ces situations, nous avons ouvert un petit marché où on pouvait acheter ce dont on avait besoin avec très peu d’argent. Nous avons donné le nom de Marie de Nazareth à ce petit projet temporaire. Beaucoup nous ont aidés, en amenant vêtements, jouets, fournitures de bureau, linges.” Que faire avec la petite somme récoltée de 470’000 won (environ 353 euros)? “Nous avons pensé nous inspirer de la méthode de l’Économie de Communion, sur la distribution des bénéfices: 1/3 pour une famille en difficulté (une famille cambodgienne que la communauté a ensuite pris en charge jusqu’à ce qu’elle puisse s’en sortir seule); 1/3 pour tous (fêter l’anniversaire des immigrés dont la famille est restée au pays); 1/3 pour acheter les nouvelles choses dont on pourrait avoir besoin.” Finalement, le “Maria Market” reçoit une contribution du gouvernement. Ainsi, le responsable du Centre décide de refaire les locaux du magasin. Mais la réouverture a seulement lieu en 2014, après une longue attente. L’année suivante, ils reçoivent aussi la visite du maire. En juin 2015, avec la propagation de l’épidémie MERS dans toute la Corée, 2900 écoles ont été fermées et 4000 personnes ont été mises à l’isolement. Comme beaucoup d’autres lieux publics, le Centre a aussi dû fermer. Mais, durant la période de fermeture, “nous allions rendre visite aux personnes à aider, les soutenant dans les petites choses. À la fin, le Centre nous a donné une plaque de remerciement”. Aujourd’hui, le Maria Market est actif et développe toujours de nouvelles idées, comme la distribution grâce au service postal, pour couvrir les grandes distances. C’est, pour le groupe qui l’anime, “une expérience concrète de répondre aux exigences des frères les plus nécessiteux”.
« J’ai connu Bella, une femme juive, dans un centre des Focolari à Jérusalem. Je lui ai raconté l’histoire de mon mari torturé dans une prison israélienne. Elle m’a écoutée même si je remarquais un certain conflit intérieur. Elle se trouvait devant un croisement. Etre israélienne et pour ce motif rejeter tout ce que je lui racontais, ou éprouver de la compassion pour ce qui m’arrivait. Au premier abord elle n’a pas réussi à m’accepter et elle est sortie de la pièce où nous nous sommes rencontrées. Je l’ai suivie et lui ai dit que j’étais désolée pour l’avoir choquée. Bella m’a expliqué que ce n’était pas de ma faute mais du système. Alors je lui ai demandé de revenir (à ce pointelle s’est émue Ndr). C’est ainsi qu’est née notre amitié. Un mur sépare ma ville, Bethléem, de la sienne, Jérusalem. Mais entre nous deux aucun mur n’existe. Je prie pour que beaucoup de juifs d’Israël puissent se rendre compte de notre amitié. Bella vit l’esprit des Focolari dans le sens que nous sommes tous enfants de Dieu et c’est uniquement l’amour et la compassion qui nous portent à vivre ensemble. Nous, les hommes, avons construit le mur autour de Bethléem, on ne peut pas construire tout seul. Dieu nous a donné la liberté de le construire ou de l’abattre. Même à l’intérieur de nous ». C’est ainsi que Vera Baboun, première femme et première chrétienne catholique à devenir maire de Bethléem, répond à la question de savoir s’il est possible d’instaurer une véritable amitié entre palestiniens et israéliens. L’occasion pour la rencontrer : la remise du 7ème prix Chiara Lubich, Manfredonia ville pour la fraternité universelle » en mars 2016. Bethléem est une ville de Cisjordanie, sous la juridiction de Bethléem de l’autorité nationale palestinienne. 40000 habitants, dont 28% de chrétiens, et 72% de musulmans. C’est la ville où est né Jésus, à environ 10 km au sud de Jérusalem. L’église de la Nativité à Bethléem est une des plus antiques au monde. Cependant « le mur conditionne aussi notre foi, parce dès notre enfance, nous avons été habitués à visiter les lieux où Jésus a vécu. Maintenant une génération entière de jeunes palestiniens chrétiens n’a jamais prié au saint sépulcre de Jérusalem », déclare encore Vera Baboun. « Nous sommes la capitale de la nativité, nous célébrons et envoyons au monde un message de paix, alors qu’à Bethléem justement la paix est absente. Après une baisse de 40% des visites cette année, avec le conseil communal, nous avons décidé une réduction de 80% les impôts sur les licences et les propriétés pour ceux qui vivent et travaillent dans le secteur touristique. Nous l’avons fait pour les soutenir même si cela veut dire un manque de rentrées financières pour la commune. Mais nous, qui nous soutient ? Qui soutient notre double identité ? Notre identité chrétienne universelle et la palestinienne”. Mais qu’est-ce qui vous pousse à le faire ? « Uniquement l’amour de Dieu. Je le sens de manière très forte. Pour moi peu importe le pouvoir, la réputation ; pour moi le travail de maire est un poids qui a un coût et pas des moindres. Après la mort de mon mari et avoir travaillé toute la vie dans l’éducation, j’ai décidé de prendre sa place parce qu’il était engagé politiquement pour la libération de la Palestine ». Vous avez souvent déclaré : « Le monde pourra-t-il vivre en paix tant que la ville de la paix sera murée ? »… « Tant que la ville de Bethléem sera murée, il y aura un mur autour de la paix. Nous sommes assiégés. Et pour le monde il vaut mieux travailler pour libérer la paix, non seulement pour Bethléem, mais pour nous libérer du sens du mal, de l’utilisation de la religion comme masque pour couvrir les méchancetés et la guerre ». Interview d’Aurelio Molé pour Città Nuova (cf Città Nuova n° 5 – mai 2016)
“Une expérience réussie, qui a adressé un message d’espérance: une personne ouverte au don de soi, peut en fait être la réponse aux défis que lance aujourd’hui l’environnement à l’ensemble de l’humanité ». C’est Lucas Fiorani, coordinateur international de EcoOne, qui le déclare en concluant le congrès « Etre en relation : entre conscience de l’environnement et défis sociaux » (Budapest, Hongrie) qui s’est tenu du 27 au 29 mai à la Pázmány Péter Catholic University, avec la participation de 80 responsables d’ONG pour la protection de l’environnement, universitaires, fonctionnaires de l’Etat, professionnels de l’environnement, étudiants d’écoles supérieures et universitaires de divers pays. Des exposés scientifiques de haut niveau ont laissé une large place à des expériences concrètes et des réflexions transdisciplinaires, entre autres dans le domaine de l’économie, de l’éthique et de la politique. Divers apports : celui d’un garçon de 15 ans mais aussi celui d’une dame âgée qui se consacre à la protection de l’environnement dans la Cité pilote hollandaise des Focolari ; trois étudiants italiens ont présenté leur expérience qui concernait tout à la fois l’économie d’énergie et la « culture du donner », un étudiant Erasmus de Budapest, un de Rome et un brésilien ont donné leurs propres expériences. Le jeune venu du Brésil a financé son voyage en fabriquant et en vendant des objets et aussi grâce à l’obtention d’une aide exceptionnelle de son université. Cinq jeunes chercheurs ont reçu le « Prix Piero Pasolini » pour la qualité de leur exposé, grâce aux fonds mis à disposition par l’Economie de Communion. La préparation s’est faite en collaboration et en synergie avec quelques instances du Mouvement des Focolari : Action pour Un Monde Uni, Economie de Communion, Humanité Nouvelle, Jeunes pour un Monde Uni, Mouvement politique pour l’unité ainsi que New Humanity et l’Institut universitaire Sophia, sans oublier “l’excellente logistique mise en place par le groupe EcoOne hongrois », précise Fiorani. C’est Zsusa Román, coordinatrice d’EcoOne en Hongrie qui a introduit le congrès en posant cette question : « Quel genre de personne est en mesure de protéger l’environnement ? » Quant à Fiorani, il a illustré les objectifs et les caractéristiques d’EcoOne : « Une initiative culturelle au niveau international, promue par des universitaires, des chercheurs et des professionnels qui travaillent dans le secteur des sciences de l’environnement. C’est le désir d’enrichir notre connaissance scientifique par une lecture humaniste des problèmes écologiques et naturels qui nous rassemble. En lien avec d’autres partenaires, tous orientés vers l’objectif de la destination universelle des biens et de l’étroite interdépendance entre pays, EcoOne essaie d’appliquer ces principes au niveau social, politique, économique, autant de secteurs touchés par les questions que soulève l’environnement ».Mgr János Székely, évêque auxiliaire de Esztergom-Budapest, a rappelé l’importance de la “sobriété et du don”, en référence à l’encyclique Laudato si’ du Pape François. Après l’intervention du professeur Miguel Panão, centré sur une nouvelle vision anthropologique où la personne est considérée sous l’angle de sa donation aux autres et à la nature, s’est ouvert un débat très vivant. Fort intéressante la table ronde où les défis que l’environnement pose à nos sociétés ont été abordés du point de vue théologique, climatologique, économique et politique. Il en est ressorti que la problématique environnementale demande la contribution de nombreuses disciplines, à commencer par la politique qui oriente les choix et l’économie qui impose des paradigmes de développement. “Le congrès n’est pas un point d’arrivée mais de départ – conclut Fiorani -. Il faut maintenant se préparer à de nouveaux défis. Le prochain congrès aura lieu en Asie ! » Infos: EcoOne.
Alors qu’il étudiait la médecine dans sa ville natale (Padoue), Giorgio connaît une étudiante de Trente qui venait de débarquer dans son amphithéâtre. C’est une des premières jeunes filles qui avait débuté l’aventure du Focolare avec Chiara Lubich. Giorgio est dirigeant diocésain de l’Action Catholique, mais il n’a aucun complexe à lui confier sa continuelle recherche et ses doutes sur le plan de la foi et de la doctrine. Un jour, alors qu’une amie et elle lui parlent de l’évangile, Giorgio leur répond que toutes ces choses-là, il les connaît déjà. « C’est bon – lui lancent-elles – mais toutes ces choses, vous les mettez en pratique ? ». Giorgio en reste bouche bée. Dès lors, raconte-t-il lui-même, sa recherche passe « des livres à la vie ». Puis, après une journée entière vécue en pensant « aux autres et jamais à moi-même », il ressent « une grande joie ». Il décide de se rendre à Trente pour connaître, en plus des premières filles, les premiers focolarini et il entend dire que Gino Bonadimani, lui aussi de Padoue et étudiant dans la même faculté, se prépare à devenir focolarino. Un appel qui a aussi touché le cœur de Giorgio, même s’il continue à nourrir des doutes sur l’existence de Dieu. Durant l’été 52, au cours d’une des premières mariapoli dans les Dolomites, il ouvre son âme à Chiara. Et elle, évangile en main, lui lit ce que Jésus avait dit à Marthe dans le récit de la résurrection de Lazare : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il est mort vivra. Crois-tu cela ? » (Jn 11,25-26). « Voilà – lui dit Chiara – prends cette Parole de Vie pour toi : « Crois-tu cela ? ». Elle lui suggère que si les doutes reviennent, de répéter, comme Marthe : « Oui, Seigneur, je crois ». Durant cette entrevue avec Chiara, tout s’est clarifié, simplifié pour Giorgio. Il se rend compte avec surprise d’avoir la foi. Pour cette raison on l’appellera ensuite : Fede (Foi). A peine diplômé – avec le maximum des points et les félicitations du jury – Fede entre au focolare de Trente. Il débute alors comme dentiste, activité qu’il continuera même lorsqu’il déménage à Rome. Le départ pour le service militaire le mène à Florence où il demande de pouvoir être dispensé de petit déjeuner afin d’aller à la messe. Après quelques mois, plusieurs de ses collègues participent à la messe matinale. Bien qu’étant au service militaire, il suit la communauté qui commence à se former en Toscane. Il fait de même lorsqu’il est transféré à Trapani. Il conjugue tout à la fois service militaire, responsabilité du mouvement et les études de philosophie qu’il débute. En 1961 il arrive à Recife (Brésil). Depuis la fenêtre du focolare on peut voir toute une étendue des mocambos, baraques très pauvres faites en bois, en métal, en carton. « J’aurais voulu aller vivre avec ces gens – confiera-t-il plus tard – afin de faire quelque chose pour eux, peut-être comme médecin », mais sa tâche est de mettre les bases du mouvement naissant d’où seraient nées des années après de très nombreuses œuvres sociales au Brésil et dans le monde. En avril 64 il est ordonné prêtre à Recife. A Noël 64 Chiara l’appelle alors que se construit la cité-pilote de Loppiano proche de Florence. Pour Fede et pour la vingtaine de jeunes arrivés là de tous les coins du monde pour se préparer à la vie de focolare, c’est une période pleine « d’imprévus, de progrès, de contretemps, mais aussi de fou-rires, de grande joie ; puis de sagesse, de prière, de contemplation ». Il est responsable de la Section des focolarini depuis 1957, il le sera encore plus tard jusqu’en 2000. Tâche qu’il accomplit avec un profond dévouement, faisant grandir comme chrétiens et comme hommes, des générations de jeunes. Son attention se tourne aussi vers les focolarini mariés, dans la spécificité de leur vocation. Bien que fortement engagé pour les autres, Fede ne cesse d’approfondir diverses disciplines grâce à sa passion pour la recherche. A partir de 1995 il fait partie de « Ecole Abbà », le centre d’études interdisciplinaires du mouvement, et joue un rôle actif en tant que théologien expert en éthique, mais aussi en tant que philosophe et psychologue. Les dernières années, à cause des difficultés de santé, commence pour Fede une période qu’il aime définir « une des plus belles de ma vie, au point que souvent je m’étonne de répéter à Jésus : je ne savais pas que la vieillesse pouvait être une aventure aussi belle ! », dont la caractéristique est un « rapport avec Jésus toujours plus intime et profond ». A celui qui lui demande comment il va, il répond : « physiquement, mal, mais spirituellement très bien ! ». Fede laisse comme héritage sa foi indéfectible en Dieu et dans le charisme de l’unité. Il pourrait être l’image type d’un bâtisseur sage et efficace d’une œuvre de Dieu – le mouvement des Focolari – qu’il a aidé à développer et à rendre active et visible aux yeux de l’Eglise et du monde.
Les Philippines, théâtre d’une disparité séculaire entre riches et pauvres, sont un contexte très indiqué pour fêter les 25 ans de l’Économie de Communion. Les manifestations se terminent par un forum de deux jours à l’Université de St Thomas (UST) de Manille, avec 200 économistes et étudiants de divers Pays, qui se conclut avec la signature d’un Mémorandum d’entente pour renforcer la solidarité entre l’Université et l’EdC. On revient aux premières intuitions de Chiara Lubich, lorsque, le 29 mai 1991, il y a 25 ans, elle lançait au Brésil cette initiative, précisément pour contribuer à résoudre les inégalités sociales, en mettant au cœur du projet économique les personnes, spécialement les plus pauvres. Un projet qui mobilise aujourd’hui plus de 800 entreprises dans le monde. L’événement se déplace ensuite à Tagatay, à la Cité Pilote des Focolari, la Mariapolis Pace, où débute un Congrès pan-asiatique de 300 personnes intitulé : Économie de Communion, une économie pour tous. C’est aussi l’occasion de présenter quelques entreprises qui participent au projet en Asie. Par exemple le Bagko Kabayan, une banque rurale qui, dans la province de Batangas (Philippines) assigne un micro-crédit à plus de 11000 clients ; la menuiserie des Focolari à Manille ; une entreprise de conseil pour le développement des entreprises ; la Kalayaan Engeneering, une entreprise de conditionnement d’air qui emploie plus de 2000 salariés. On présente aussi le groupe Sumsimidang, l’un des meilleurs restaurants et pâtisseries de la Corée. Autant de réalités économiques conduites par des entrepreneurs qui entendent respecter la légalité et le développement durable, en mettant la personne au centre et en affectant librement une partie des bénéfices aux pauvres. Les divers exposés sont confiés à plusieurs économistes, dont la française Anouck Grévin, Lucas Crivelli de la Suisse italienne, Anette Pelksman-Baloing, une philippine qui enseigne en Hollande, l’irlandaise Lorna Gold et d’autres, supervisés par le professeur Luigi Bruni, coordinateur international du projet, en charge de conduire la réflexion sur les 25 ans de l’EdC. Il explique que chaque charisme, pour prospérer, doit rester fidèle à ses premiers questionnements : les entreprises peuvent-elles être des instruments de communion ? Le marché peut-il être un lieu de fraternité ? Peut-on imaginer une société sans pauvres ? En rappelant ce que Chiara Lubich a dit en fondant l’EdC, Bruni fait remarquer que les besoins des pauvres n’ont pas encore trouvé de solution : l’EdC doit donc avancer sur une voie qui se présente comme une authentique vocation. L’Asie, continue Bruni, a été choisie comme le siège de cet événement international en raison de la présence dans la société d’éléments identiques à ceux qui avaient frappé Chiara lorsqu’elle était au Brésil en 1991. « Dans quinze ans – fait-il observer – le PIB de l’Asie sera le double de celui des États-Unis et de l’Europe occidentale. L’avenir du monde dépend donc du type d’économie qui se développera en Asie. Célébrer ici les 25 ans de l’EdC signifie reconnaître que la présence sur le continent asiatique de cette forme d’économie est fondamentale ». “Il s’agit d’une économie – écrit Maria Voce dans son message envoyé depuis le Kenya – qui concerne la relation entre les personnes, fondée sur l’amour réciproque pour assainir les inégalités ». Et de poursuivre ensuite : « C’est pour cela que soutenus aussi par la confiance et le courage du pape François il faut en ce moment ressentir l’urgence qui avait poussé Chiara à fédérer personnes et groupes pour construire une société où la communion des biens dans la liberté soit mise en œuvre et toujours plus partagée ». Le congrès se conclut sur trois résolutions importantes : 1. Établir un réseau international « d’incubateurs d’entreprises » pour soutenir les jeunes entrepreneurs et les femmes. 2. Créer un observatoire de la pauvreté, pour garantir que la lutte contre la pauvreté soit toujours centrale et en cohérence avec l’esprit de l’EdC. 3. Multiplier les Lab-school, laboratoires techniques, professionnels et d’entreprise qui s’adressent particulièrement aux jeunes. https://vimeo.com/168297829
Adam Biela – à cette époque recteur de la faculté des Sciences Sociales de l’Université Catholique de Lublin – est à l’origine de la remise du premier doctorat h.c à la fondatrice des Focolari Chiara Lubich (1920-2008). Par la suite 15 autres lui seront remis dans le monde et dans diverses disciplines. Dans son Laudatiole prof. Biela avait parlé de « révolution copernicienne », introduisant l’idée de nouveau paradigme pour les sciences sociales. Nous lui avons demandé les raisons qui l’ont poussé à créer ce doctorat. “ Dans mon Laudatio j’avais expliqué les principaux motifs de la remise du doctorat Honoris Causa en Sciences Sociales à la fondatrice du mouvement des Focolari, Chiara Lubich, de la part de l’université catholique de Lublin en juin 1996. Un américain,Thomas Kuhn (1962), philosophe de la science, voyait la révolution copernicienne comme celle qui, de toute l’histoire de la science, illustre le mieux la nature de la révolution scientifique. L’essence du paradigme, dans la vision de Kuln, est un changement de mentalité au sein même de son propre espace. Copernic dut transformer le solide système géocentrique qui prévalait non seulement dans la science de son époque, mais aussi dans la culture, la tradition, les perceptions sociales, et même dans la mentalité des autorités religieuses et politiques. Il le fit en utilisant un chemin bien préparé, empirique, méthodologique et psychologique. De manière identique Chiara Lubich a créé par son activité sociale une inspiration révolutionnaire pour construire un paradigme dans les sciences sociales. A trente, en 1943, la situation était extrêmement difficile et périlleuse lorsqu’elle a décidé non seulement de sortir de l’émergence de sa propre vie, mais, d’aider, avec ses amis, d’autres personnes qui se trouvaient dans des conditions de survie beaucoup plus difficiles. Elle a décidé d’affronter le risque des bombardements de la guerre pour rester avec les enfants seuls et les personnes âgées qui avaient besoin d’aide. Ce genre d’expérience a fait redécouvrir la communauté en tant que modèle de vie réelle et a permis de réaliser et d’éclairer le charisme de l’unité. De toute façon le développement de ce charisme montre qu’il est l’actualisation concrète et pratique d’une nouvelle vision des structures sociales, économiques, politiques, d’éducation et de rapports religieux, qui conseille, recommande, suggère, éduque et fait vivre l’unité avec d’autres personnes. Dans mon discours j’ai utilisé le concept de paradigme de l’unité pour souligner l’activité sociale de Chiara Lubich et du mouvement des Focolari dans le fait de construire des structures psychosociales pour l’unité dans différents milieux. Par exemple, dans l’Économie de communion, dans la politique (Mouvement Politique pour l’Unité), dans les médias (journalistes pour l’unité – Net One ndr), dans les rapports œcuméniques et interreligieux (les centres pour l’œcuménisme et pour le dialogue interreligieux) ». Les 3 et 4 juin à Lublin, à l’université aujourd’hui qui porte le nom de Jean Paul II, se déroule un congrès académique au titre « Conflit, dialogue et culture de l’unité ». Quel en est le but ? « En juin 1996, l’Université Catholique Jean Paul II de Lublin a vraiment trouvé une méthodologie pour exprimer la nouveauté, l’originalité, la valeur heuristique et appliquée du charisme de l’unité, non seulement dans les sciences sociales mais aussi dans d’autres disciplines. Nous sommes vraiment heureux que notre message sur la valeur méthodologique du charisme de l’unité ait trouvé compréhension auprès de tant de centres académiques du monde qui ont conféré à Chiara Lubich des diplômes honoris causa. Le concept de paradigme de l’unité est une grande inspiration qui incitera les sciences sociales à construire leur propre paradigme de recherche avec une force et une potentialité mentale et méthodologique susceptibles d’engendrer une nouvelle vision du monde social. Le congrès Conflits, Dialogue and Culture of Unity analysera donc ce que la recherche et la pratique inspirée du paradigme de l’unité fondé sur la spiritualité de l’unité peuvent résoudre comme questions théoriques et appliquées concernant la construction de l’intégration sociale, économique et politique dans l’Europe contemporaine et dans le monde ».
« Chiara Lubich, par l’action du mouvement des Focolari, a créé un nouveau phénomène d’intégration sociale inspiré par le charisme de l’unité évangélique qui met en évidence de nouvelles dimensions psychologiques, sociales, économiques et religieux- spirituels », affirme le prof. Adam Biela dans son discours lors de la remise du doctorat h.c. en Sciences Sociales à l’Université Catholique de Lublin Jean Paul II en juin 1996. Il expliquait alors comment un tel message « constitue un vivant exemple de la manière dont un nouveau paradigme dans les sciences sociales non seulement est possible, mais qu’il est nécessaire de lui faire prendre forme ». Il l’a défini « le paradigme de l’unité » en lui attribuant un rôle inspirateur pour les sciences sociales qu’il compare « à la révolution copernicienne pour les sciences naturelle ». 15 autres reconnaissances suivront après celui-ci de la part de différentes universités dans le monde. 20 ans plus tard, l’Université Catholique de Lublin Jean Paul II veut faire le point et, en partenariat avec le centre pour le Dialogue avec la Culture des Focolari et l’Institut Universitaire Sophia, organise un congrès pourune réflexion et une recherche sur « Conflit, dialogue et culture de l’unité ». En partant de la psychologie, de l’économie, de la pédagogie, politologie, sociologie et communication, ce colloque, déclare aujourd’hui le prof. Adam Biela, « analysera ce que la recherche et la pratique inspirée du paradigme de l’unité, fondée sur la spiritualité de l’unité, peuvent offrir aux questions conceptuelles et appliquées sur la construction de l’intégration sociale, économique, et politique dans l’Europe contemporaine et dans le monde ». Tout particulièrement dans la ligne de mire, affirme encore le prof. Biela, « l’activité sociale de Chiara Lubich et du mouvement des Focolari qui construisait des structures psychosociales pour l’unité dans les différents milieux sociaux ». Au cours d’un call for papers, plus de 90 chercheurs et savants de nombreuses régions du monde ont répondu ont répondu avec un résumé en rapport avec les cinq thèmes autour desquels s’articulera le congrès : dialogue dans les communautés : entre charisme et institution ; solution aux conflits par le dialogue ; acteurs du changement politique et processus de participation ; processus individuels, interpersonnels et intergroupes dans la gestion et la prévention des conflits ; dialogue entre les disciplines et transdisciplinarité. Les conférenciers principaux, en plus du prof. Adam Biela et Jesús Morán, coprésident des Focolari qui offre la première conférence, sont les professeurs Bernhard Callebaut (Institut Universitaire Sophia Loppiano, Italie), Mauro Magatti (Université Catholique de Milan, Italie), Bogusław Śliwerski (Université di Lodz, Pologne), Marek Rembierz (Université de Slesia, Pologne), Stefano Zamagni, (Université de Bologne, Italie), Krzysztof Wielecki (Université Wyszynski de Varsovie, Pologne), Catherine Belzung (Université de Tours, France), John Raven (Université de Manchester, Royaume Uni).
Le congrès débute le jour de la fête du Sacré Cœur de Jésus, patron de l’Université. L’Académie célébrera cette fête pour ouvrir la cérémonie officielle, présidée par le Recteur, le prof. Antoni Dębiński, la participation du Nonce apostolique, l’archevêque Celestino Migliore et d’autres personnalités civiles et religieuses.
Un dialogue entre personnes de deux groupes ethniques en conflit permanent : Johnson Duba en est l’animateur, lui qui vit à Marsabit au nord du Kenya. Johnson a essayé de convaincre les anciens du village de dialoguer afin de ramener la paix dans la communauté. Quant aux jeunes, il les unit par le moyen du sport : un tournoi de football sans gagnants pour renforcer la cohabitation pacifique. C’est l’un des fruits de réconciliation que le charisme de l’unité a fait mûrir, vécu par Johnson depuis des années dans son village. Cette expérience a été présentée avec d’autres le 27 mai dernier aux délégués de différentes Eglises d’Afrique de l’Est et d’Europe, réunis pour la conférence régionale de l’International Ecumenical Movement – Kenya (IEM-K). Parmi les orateurs invités, le docteur Samuel Kobia, ex-Secrétaire Général du Conseil Œcuménique des Eglises, et ex-président de l’IEM-K, ainsi que Maria Voce, présidente des Focolari, en visite au Kenya du 14 mai au 1er juin. “Le mouvement des Focolari est œcuménique de par sa nature, a affirmé Kobia, après avoir souligné les bonnes relations avec Chiara Lubich, qu’il a connue personnellement, ainsi que la famille du Focolare. Dans son intervention il a, par la suite, encouragé à toujours pardonner, pour ne pas se laisser emprisonner par le passé, et ne pas transmettre le conflit aux nouvelles générations. Il a ensuite exhorté le mouvement œcuménique à soutenir les projets de paix, de dialogue et de réconciliation développés par les gouvernements respectifs. Même le cœur de Chiara Lubich brûlait d’un ardent désir : « Répondre au besoin le plus urgent et le plus dramatique de l’humanité, ce besoin de paix », rappelle Maria Voce dès les premières répliques de son discours. Et de continuer, « nous nous sommes retrouvés à construire des lieux et des occasions de rencontre à l’intérieur des Eglises auxquelles nous appartenons, pour que grandisse toujours plus la ‘’communion’’. Nous avons ensuite fait l’expérience d’être un peuple uni avec les chrétiens de diverses dénominations en partageant les dons spécifiques de chacune de nos Eglises, dans l’espoir d’arriver aussi un jour à l’unité doctrinale ».Le dialogue, donc, comme route privilégiée à parcourir. C’est l’expérience du mouvement des Focolari durant ces 73 ans : « Un dialogue de la vie, qui n’oppose pas les hommes entre eux, mais encourage la rencontre entre les personnes, même de confessions ou de convictions différentes et les rend capables de s’ouvrir l’une à l’autre, de trouver des points communs et de les vivre ensemble ». En rappelant que l’unité (« Que tous soient un » de Jésus) est l’horizon et le but spécifique des Focolari, Maria Voce a confirmé combien le dialogue est un style de vie, une nouvelle culture, que le mouvement désire offrir aux femmes et aux hommes d’aujourd’hui. « L’Esprit Saint, lien d’amour, fera grandir dans le peuple chrétien la conscience de vivre un moment précieux et indispensable, conclut Maria Voce. Ce seraun passage des ténèbres vers la lumière de la résurrection, vers une plénitude plus grande, où la diversité veut dire enrichissement, capable d’engendrer la communion : là où les blessures de l’humanité des uns seront les blessures des autres ; là où ensemble, avec humilité et détachement, on essaiera de pénétrer jusqu’à la substance et aux origines de l’unique foi en Jésus, dans l’écoute de Sa Parole ». Willy Niyonsaba
« L’expérience la plus importante que j’ai vécue lors de ces deux journées passées avec le Gen Rosso a été de voir se réaliser mon rêve : me sentir forte, tonifiée, sans besoin de recourir à la violence », c’est ce qu’a dit Véronique, l’une des 200 ados qui ont participé aux trois jours de workshop organisés par le groupe international lors de son passage à Montevideo (Uruguay), lors d’ une tournée qui inclut aussi l’Argentine, la Bolivie et le Paraguay. Une action promue par la Fazenda da Esperança. «“Forts sans violence”- expliquent les artistes du Gen Rosso – est un projet qui s’adresse aux ados et aux jeunes pour une formation à la culture de la paix, de la légalité; une prévention au phénomène dévastateur de la violence dans les écoles sous toutes ses formes: vengeance, harcèlement, malaise des jeunes, suicide, décrochage scolaire ». Déjà expérimenté et suivi d’ un résultat positif dans divers pays, ce projet a mobilisé, à Montevideo aussi, environ 200 ados et jeunes des quartiers sensibles de la capitale uruguayenne. Une de ces associations est le Centre Nueva Vida : « Je me souviens de notre arrivée dans ce quartier périphérique, en mars 2001 – raconte Luis Mayobre, le directeur actuel – ; nous avons été accueillis à coups de pierres par les jeunes. Voir aujourd’hui nos jeunes en pleine action sur scène, avec de nombreux autres jeunes de leur âge, en train de lancer un message en faveur de la non-violence m’a ému ». En fait la grande nouveauté du projet artistique “Forts sans violence” consiste à mobiliser des ados et des jeunes qui, après les workshop de danse, musique , le travail de mise en scène et de préparation avec les artistes, montent ensemble sur le plateau et deviennent tous protagonistes. “Impressionnant! Ce fut merveilleux – confie Inès encore prise par l’émotion -. Deux concerts ont eu lieu les 21 et 22 mai, faisant salle comble au Théâtre Clara Jakson (1200 places), ce qui chez nous est peu commun ; et on ne distinguait pas nos jeunes des artistes du Gen Rosso : ils étaient pleinement intégrés ». Inès a vu grandir ces jeunes et connaît bien l’action importante conduite par le Centre Nueva Vida des Focolari et par d’autres associations du quartier, pour offrir à ces jeunes des perspectives d’avenir positives, loin de la drogue et autres dangers. Le spectacle “Streetlight”, nous plonge dans le Chicago des années 60 et relate une histoire vraie, celle de Charles Moatz, un jeune afro-américain du Mouvement des Focolari tué par une bande adverse à cause de son engagement pour la construction d’un monde plus uni. Charles, en choisissant la non-violence, signera son destin. Mais sa cohérence jusqu’à l’extrême fera découvrir à ses amis des horizons nouveaux et jusque-là impensables pour leur vie. « Des phrases du type « si tu le veux, tu le peux », « l’amour l’emporte sur tout », « l’amour peut tout », « si tu veux conquérir une ville à l’amour, rassemble des amis animés des mêmes intentions… » – continue Inès -, semblaient des perles de rosée enveloppant le cœur des personnes présentes. Le tout exprimé avec une telle force qu’on en restait bouleversé. Il y avait une grande empathie entre la scène et le public. J’avais invité une amie qui après un peu pleurait d’émotion. Je crois que Dieu a frappé fort à nos portes ». La presse uruguayenne, fortement marquée par la laïcité, a répercuté cet événement inhabituel. « 200 jeunes uruguayens se préparent dans des workshop intensifs en vue d’une représentation musicale avec le groupe international Gen Rosso », de quoi être fier en lisant ce titre dans l’un des nombreux journaux de la capitale ! « Heureuse de voir mon fils sur scène ! – écrit la maman d’un des jeunes devenus artistes – . Je remercie le Centre Vida Nueva qui a toujours visé à lui offrir des occasions pour qu’il grandisse en tant que personne ». E Patty : « Ce “si tu le veux, tu le peux » restera inscrit à jamais dans le cœur de chacun de ces jeunes et de toutes les personnes présentes. Merci ! Vous avez rechargé nos batteries et transmis une énergie contagieuse ». https://www.youtube.com/watch?v=s5eR25VL53M&feature=youtu.be
«J’étais employé comme inspecteur de la production, c’est-à-dire chargé du contrôle de la qualité, de la quantité, du poids, mais pour des raisons tenant à l’entreprise, j’ai été licencié. J’ai tout perdu : mon emploi, ma famille, ma dignité. Après quelques mois ma femme m’a envoyé une lettre de séparation, emmenant avec elle notre fille unique, âgée de cinq ans. Comme si cela ne suffisait pas, pour avoir écouté quelques années auparavant le conseil de mon beau-père, j’ai été arrêté pour escroquerie, trafic d’influence, association de malfaiteurs. Mais en réalité je n’avais rien fait ! J’ai éprouvé une immense honte, en pensant aussi à mes proches, et une colère démesurée ! Où est-il, me demandais-je, ce Dieu dont on proclamait la bonté et qui, au contraire, permettait de telles injustices ? J’ai été incarcéré pendant 15 jours, dont cinq en isolement, enfermé dans une cellule de deux mètres sur deux et privé de toute liberté : je ne pouvais pas ouvrir la fenêtre, ni voir quelqu’un, ni parler avec qui que ce soit. Ensuite, une fois sorti de l’isolement, j’ai été confronté à des trafiquants de drogue, des toxicomanes, des voleurs, des violeurs, des braqueurs. C’était des hommes. En prison tous me respectaient parce qu’ils avaient la certitude – même s’ils ne me connaissaient pas – que j’étais complètement innocent et que ce n’était pas ma place. C’était leur façon de me restituer la dignité qu’on m’avait enlevée. J’ai beaucoup appris de ces prisonniers. J’étais en liberté provisoire lorsque mes proches m’ont convaincu de participer à une mariapolis en me disant que nous allions nous repose quatre jours. J’ai rencontré une grand’mère aux cheveux tout blancs qui m’a parlé de Dieu Amour. Justement à moi qui avais fortement douté de la bonté de Dieu. Un monde nouveau et immense m’est apparu, comme si je le connaissais déjà, mais je ne l’avais jamais expérimenté auparavant. J’ai compris que pour avancer sur la voie de l’amour, on ne peut faire abstraction de ce que j’appelais alors la douleur et que j’identifie maintenant aux souffrances de Jésus sur la Croix. Lors que nous vivons dans la douleur la plus profonde nous sommes davantage disposés à écouter Dieu, qui nous donne une vie plus pleine et plus grande. Aujourd’hui je n’ai plus de rancune envers mon ex-épouse, ni envers mon beau-père, ni envers ma fille qui, au cours de ces dernières années, n’avait plus voulu me voir. J’ai été pleinement acquitté, parce qu’au bout de trois ans il a été établi que j’étais totalement étranger aux faits qui m’étaient reprochés. Je ne pouvais garder pour moi ce que la vie m’avait enseigné et intérieurement je sentais un très grand besoin de me donner aux autres, en particulier aux jeunes. J’ai commencé avec cinq garçons de 11/12 ans, qui ne savaient rien de la foi, ni eux ni leurs parents. J’ai commencé par jouer au foot avec eux pendant des heures et en les raccompagnant chez eux, je leur demandais juste de faire un simple geste d’amour envers leur famille. Aujourd’hui ces jeunes ont grandi, quelques-uns sont entrés dans le monde du travail, mais surtout, eux aussi ont voulu donner à leur tour ce qu’ils avaient reçu, en transmettant à beaucoup la certitude de l’amour de Dieu. Je ne finirai jamais de remercier Dieu de m’avoir accordé d’aimer sans préjugés, de reconnaître qu’Il est Amour, qu’Il aime chacun de nous personnellement et que nous sommes tous égaux, tous ses enfants ». Érasme – Italie
Nonce au Kenya depuis janvier 2013, Mgr. Balvo est aussi le premier nonce apostolique nommé au Soudan du Sud, état indépendant seulement à partir de 2011, éprouvé par la guerre, la pauvreté et les migrations. Le 20 mai dernier Maria Voce et Jesús Morán, présidente et coprésident du mouvement des Focolari, l’ont rencontré au siège de la nonciature à Nairobi, au cours de leur visite au Kenya (14 mai – 1er juin). Rencontre cordiale dans une atmosphère immédiate de famille, voilà la toile de fond d’un échange de nouvelles variées mais aussi de partage de préoccupations et d’espérances sur les défis de la région, surtout dans la zone du Soudan du Sud. Parmi les sujets traités, sa connaissance de Chiara Lubich qui remonte à son voyage au Moyen Orient en 1999 lorsque Mgr. Balvo était en service en Jordanie ; l’école d’inculturation à la mariapoli Piero, en cours ces jours-ci ; l’aventure qu’a été l’accueil du pape au Kenya, puis sa visite en République Centre-africaine, où « chrétiens et non chrétiens », a-t-il dit, « ont été impressionnés du fait que le pape n’a pas fui leurs difficultés, et, en dépit des règles de sécurité, a passé une nuit dans ce pays ». Puis, la mise au courant sur les nouvelles des Focolari, comme la récente visite surprise du pape François à la mariapoli de Rome. « Le pape François est le pape des surprises », a commenté Mgr. Balvo. Mais l’attention se déplace vite sur le drame du Soudan du Sud. En parlant de la crise de cette région, le nonce a souligné les nombreux défis : pauvreté et analphabétisme parmi tant d’autres, que le manque de paix a fait empirer. En 2007, le mouvement des Focolari par l’intermédiaire de l’AMU, avait lancé un projet dans le désert autour de Khartoum pour la construction d’une école destinée justement aux enfants réfugiés du Soudan du Sud, qui habitaient dans un camp de la paroisse d’Omdurman. Le projet qui avait duré quelques années, était inséré dans une action du diocèse appelée « Sauver ce qui peut être sauvé ». L’école a été construite, mais par la suite beaucoup de familles sont rentrées au Soudan du Sud avant qu’il ne devienne un état autonome. “ Dans une région si riche en ressources, il sera difficile de pouvoir les faire fructifier tant que la paix ne règnera pas de manière stable », a affirmé Mgr Balvo. « Il est très difficile de faire progresser la société avec des générations de personnes qui n’ont connu que la violence ». Il est parti de là pour un tour d’horizon sur l’histoire de ce pays, où il voyage souvent, ce qui démontre combien le sort du peuple soudanais du sud lui tient à cœur. Le Sud s’est séparé du Nord le 9 juillet 2011, à la suite du référendum de janvier de la même année, qui a vu la victoire du oui des soudanais du sud à une large majorité. Le référendum était un des points-clé de l’accord de paix qui en 2005 a mis fin à 21 ans de guerre civile entre le gouvernement de Khartoum et le groupe qui luttait pour l’indépendance du Soudan du Sud. La séparation du Sud reste une source de tensions et de situations difficiles. A l’intérieur du Soudan du Sud, ensuite, des groupes armés menacent la paix, et des affrontements ethniques pour des questions de terre, d’eau, de bétail, sont à l’ordre du jour. En décembre 2013 un conflit a éclaté entre les forces gouvernementales et les forces restées loyales à l’ex vice-président Riek Machar. En janvier 2014 le premier cessez-le-feu a été signé et le 26 avril Riek Machar est retourné à la capitale pour prononcer son serment en tant que vice-président. Maria Voce a exprimé son grand espoir que cette démarche ramène le Soudan du Sud sur le chemin de l’unité et de la prospérité.
“La nouvelle du départ de Giorgio Marchetti, cette nuit à une heure du matin, nous a rejoints ici en Afrique, en ce 29 mai, jour de la Fête-Dieu. Il avait à plusieurs reprises exprimé son désir de rejoindre Chiara Lubich au Ciel. Avec lui nous nous réjouissons et nous prions ». C’est ce qu’écrit Maria Voce aux membres du Mouvement des Focolari dans le monde entier, depuis sa visite au Kenya (du 14 mai au 1er juin). Giorgio Marchetti (Fede), était né à Padoue (Italie) le 16 octobre 1929, où il est l’un des premiers à s’engager dans l’aventure de l’unité, pour reprendre l’expression utilisée par Chiara pour caractériser les débuts du Mouvement, et aussi le parcours sur lequel s’engagent aujourd’hui les Focolari répandus dans le monde entier. “Beaucoup se souviennent – écrit Michele Zanzucchi, Directeur de Città Nuova – de son ardente adhésion à la spiritualité de Chiara Lubich sur la voie du charisme de l’unité lorsque démarre la Cité Pilote de Loppiano en Toscane : en plein dans la boue, mais animé du plus grand enthousiasme. Ou bien au Brésil où il se confrontera à la dure réalité des favelas qu’il voulut regarder en face. On le revoit soutenant le Mouvement, toujours en première ligne, le regard tourné vers l’avant ». Et Ángel Bartol, qui a été avec lui lors de ses derniers moments : « Fede s’est donné entièrement, corps et âme, jusqu’à la fin ». Médecin, psychologue et théologien, il a accompagné des centaines de jeunes sur le chemin du Focolare. Ses traits caractéristiques : l’intelligence et la générosité. Il y aura beaucoup à écrire sur lui et nous le ferons ces prochains jours. Aujourd’hui nous disons seulement: Merci Fede pour ta vie tout entière orientée vers l’unité de la famille humaine ! Ses obsèques auront lieu au Centre Mariapoli de Castelgandolfo, le mercredi 1er juin à 11 heures.
Donner à la loi un visage humain et larecherche d’une justice basée sur la valeur de la fraternité : c’est le message fort que Maria Voce, avocate et présidente du mouvement des Focolari, a donné à un public de 300 personnes réunies le 25 mai dernier à la Faculté de Jurisprudence de la Catholic University of Eastern Africa (CUEA), à Nairobi (Kenya). Il s’agissait d’étudiants en droit et en sciences sociales, professeurs, membres de la Faculté et ‘staff’ de l’université. Dans son discours intitulé : « Le Droit dans la société contemporaine », Maria Voce explique qu’avec l’évolution de la société, le faits de se comporter correctement a été systématisé dans la communauté. Lorsque des États parviennent à établir leur identité politique, cette correction a été incorporée dans les Constitutions, dans leurs codes ou dans d’autres lois. Avec l’arrivée du christianisme – selon la présidente des Focolari – « comme valeur de référence, une loi supérieure vient en lumière. Cette loi vient de Dieu, le seul Juste, et elle est communiquée à l’humanité, en Jésus : la loi de l’amour ».
Maria Voce s’arrête alors sur le développement du système législatif en Afrique. Elle constate que là, « la tendance communautaire est très forte si bien que l’individu n’est jamais considéré de façon isolée mais toujours comme membre d’une communauté (famille, clan, lignée, tribu) envers laquelle elle a des devoirs et des responsabilités et de laquelle elle reçoit aide, soutien et protection ». En outre, elle soutient que laspiritualité de communion vécue par les membres des Focolari, commence à influencer la construction du tissu social et par conséquent les règles qui gouvernent toute communauté humaine. Pour l’expliquer, elle reprend quelques points de la spiritualité de l’unité. Le premier : la découverte de Dieu comme Amour. « Cette compréhension nous porte à vivre la ‘plus grande justice’. Si la justice est de donner à chacun ce qui lui est dû – ce que nous nous disions – puisque tout est de Dieu, donne tout à Dieu et tu seras juste ! ». Le second : l’engagement à accomplir la Volonté de Dieu « conduit à la découverte du fondement de la légalité, entendue comme cohérence entre notre action et le choix fondamental que nous avons fait, à savoir le choix de Dieu-Amour ». Et le troisième : l’amour du prochain. Pour Maria Voce, « on ne peut faire abstraction de lui si nous voulons reconnaître efficacement la dignité de tout homme (de toute femme) et ses droits inviolables ». Parlant del’amour réciproque, elle rappelle que « l’homme naît ‘social’ par nature et qu’il a besoin des autres de même que les autres ont besoin de lui ». Elle ajoute que « l’amour réciproque est une loi de collaboration qui, en nous faisant découvrir un don d’amour en chacun, est le ciment de la société et l’équilibre du droit ».
Elle conclut : « L’expérience du mouvement des Focolari nous encourage. Elle nous apparaît comme la vérification d’une hypothèse de vie tissée de relations personnelles basées sur le principe de l’unité. Elle témoigne qu’il est possible de fonder la légalité sur le commandement nouveau, norme fondamentale de la vie de relation ». À la suite de son intervention, le Doyen de la Faculté de Droit, le prof. Maurice Owuor, souligne l’actualité du discours de Maria Voce car « l’amour est une valeur capable de soutenir nos lois ». Il affirme que « nous devrions développer davantage l’éducation des citoyens aux valeurs telles que l’amour, la fraternité, la mise en pratique des lois non pas par peur des sanctions mais parce que c’est quelque chose de bon en soi ». À la fin, un forum ouvert aux commentaires et aux questions. Répondant à qui lui demande quels effets la justice peut avoir sur le bien commun, Maria Voce affirme que « ce n’est pas la loi qui contribue au bien commun mais la personne lorsqu’elle contribue à promouvoir des lois justes ». Et elle lance un défi aux étudiants : « Je souhaite que de beaucoup d’entre vous puissent naître de bonnes et nombreuses lois ».