Mouvement des Focolari
Evangile Vécu : le paradoxe de la Croix

Evangile Vécu : le paradoxe de la Croix

20150224-01Travailler ici

« Médecins ici dans les Philipines, où la pauvreté est en constante progression, mon mari et moi-même avons récupéré un modeste cabinet médical privé dans notre habitation déjà assez exiguë. Certes, ce n’est pas facile : en pensant à nos collègues qui ont fait carrière en Occident nous nous demandons parfois si nous avons bien fait de rester. Mais la seule pensée de tant de besoins éprouvés par les gens autour de nous, nous retient ici : des enfants à aider à grandir sainement, des couples à aider à se former, des personnes âgées et des malades en fin de vie à assister…L’Évangile nous encourage à donner nous aussi une contribution pour rendre la société meilleure, en commençant par notre Pays ».  L. R.- Philippines

Moïse de la rue

« Une famille nombreuse : six enfants et un en attente mais qui meurt avant de naître. La maman a été sauvée mais pendant plusieurs jours, elle a lutté entre la vie et la mort. Juste en cette période, des militaires avaient amené dans l’hôpital où elle était hospitalisée, un nouveau-né abandonné dans la rue. Après des soins donnés, il s’était repris mais maintenant, il avait besoin d’une famille. Il l’a tout de suite trouvée dans l’autre, en prenant la place de l’enfant décédé. Il a été appelé Joseph – Moïse par ses nouveaux parents : Joseph car l’hôpital est dédié à saint Joseph, Moïse car il avait été abandonné et a été retrouvé ». H.E. – Congo

Je voulais me venger

« J’ai perdu ma mère, renversée par une voiture, à peine huit jours après mon mariage. Décidé à me venger, j’ai pris un bus pour rejoindre le village de résidence du responsable de l’accident. Pendant le trajet cependant, certaines paroles sur l’amour de Dieu et du prochain me sont revenues à l’esprit et petit à petit, ma rancœur s’est dissoute. Quand l’autre a vu qui j’étais, il a commencé à pâlir, mais je l’ai tranquillisé : j’étais seulement là pour comprendre la dynamique de l’accident. Après avoir écouté son histoire, racontée dans les larmes, j’ai essayé de lui donné la paix. La joie promise dans l’Évangile, m’a accompagnée tout au long du trajet du retour ». F.A. – Rome

Source : L’Evangile du jour – mars 2015 – Città Nuova editrice

Mouvements: transition et fidélité créative

Mouvements: transition et fidélité créative

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Le centre évangélique de formation “Haus Schoenblick” (Schwaebisch Gmuend)

150 responsables de mouvements évangéliques et églises libres, expression de la réalité très variée du monde évangélique, ainsi que quelques représentants de mouvements catholiques, se sont posé une question: comment rester fidèle à son propre charisme dans les moments de grands changements?

C’est la situation où se trouvent différents mouvements nés au cours du siècle dernier pour répondre à l’un ou l’autre des défis de l’idéal chrétien. Ils sont aujourd’hui à la recherche de nouvelles réponses, adaptées aux temps que nous vivons, dans la fidélité à la racine qui les a fait naître.

Au Congrès qui cette année réunit « les responsables », Gerhard Pross est modérateur et compte parmi les visages les plus connus dEnsemble pour l’Europe (le réseau de mouvements chrétiens qui travaillent ensemble pour le continent). Il a fortement souhaité la présence de Maria Voce, présidente des focolari, et la première qui a succédé à Chiara Lubich à la tête du Mouvement après sa disparition en 2008.

La réflexion de Maria Voce a aidé à comprendre la différence existant entre la phase de fondation d’un mouvement, sa “période charismatique”, “pleine de surprises, nouvelle, dynamique, lumineuse” et sa phase de maturation, “l’étape de la fidélité créative”. A ce stade, il s’agit de « faire grandir, développer et multiplier tout ce que le fondateur ou la fondatrice ont fait naître, avec originalité. Elle a poursuivi en décrivant l’engagement des Focolari dans un protagonisme diffusé et partagé par tous ceux qui vivent la spiritualité et en partagent les objectifs :« sortir » toujours davantage à l’extérieur « dans les divers milieux de la vie et de la société », sans se limiter à vivre et à témoigner au sein de son propre groupe, mais en portant l’esprit et l’expérience de l’unité dans le monde entier « Afin que tous soient une seule chose » (Gv, 17,21), ce qui est le but spécifique des focolari. « Aussi nous ne pouvons pas penser à nous – affirme Maria Voce – nous devons « sortir », nous donner pour être nous-mêmes ». Essentiel, pour aller au-delà de soi-même, le choix du Christ qui, dans son abandon va au-delà de lui-même pour recomposer l’unité entre les hommes et Dieu, un des points cardinaux de la spiritualité de l’unité.

Il y avait les evangelical, les pentecôtistes, les charismatiques, chacun étant engagé de façon différente, soit dans des œuvres sociales, soit dans le domaine de l’évangélisation, de la formation ou de l’engagement politique. Le « Congrès des responsables » existe déjà depuis 1974, bien avant que dans l’Eglise catholique Jean-Paul II donne son assentiment, lors de la Pentecôte 1998, à la communion entre les mouvements. Il y a donc une expérience de partage qui va de l’avant depuis des années. Tous les participants gardent en mémoire un moment important qui remonte à l’année 2000. C’était à Rothenburg, en présence de Chiara Lubich. Il y eut un pas décisif dans la réconciliation. On avait en effet abandonné désaccords et incompréhensions qui s’étaient dissipés « lors du moment sacré du pardon réciproque ». Maria Voce en parle « comme d’une expérience qui a fondé la communion entre mouvements et communautés de diverses Eglises, d’où naîtra plus tard Ensemble pour l’Europe ».

Maintenant nous visons ensemble un prochain rendez-vous commun : Munich 2016. Le réseau d’Ensemble pour l’Europe se retrouvera alors pour un rassemblement et une manifestation publique, une étape vers le cinquième centenaire de la Réforme de Luther, en se présentant comme signe prophétique d’une Europe réconciliée et unie. A son retour d’Allemagne, le 4 mars, Maria Voce s’est rendue à l’audience du Pape François avec les évêques amis du Mouvement des focolari et lui a transmis les salutations des 150 représentants des mouvements évangéliques et leur espérance dans leur engagement commun vers l’unité. « Bien » a dit le Pape en la remerciant, « Le travail œcuménique que vous portez de l’avant est très important ».

Congo: une guerre oubliée

Congo: une guerre oubliée

20150322-01

Bukavu, République Démocratique du Congo

La République Démocratique du Congo: un grand pays avec d’immenses ressources naturelles. 72 millions d’habitants, quelques centaines d’ethnies différentes. Les relations difficiles avec l’Occident, la guerre pour l’exploitation des minerais, le drame d’une population oubliée.

Nous avons interviewé le biologiste congolais Pierre Kabeza, syndicaliste, père de famille, qui, depuis trois ans, a dû quitter sa ville, Bukavu, dans la région des Grands Lacs, et maintenant fréquente l’Institut universitaire Sophia.

Vous avez dû vous expatrier, quittant femme et enfants. Pour quelles raisons? “Parfois, il y a des choses que l’on ne peut comprendre, ni bien voir, sauf avec des yeux qui ont pleuré, disait Mgr Munzihirwa, évêque de Bukavu, tué en raison de sa lutte pour la justice. Après sa mort, nous étions tous découragés, mais Mgr Kataliko est arrivé. Il a choisi de suivre la même voie: parler pour les opprimés. Kataliko a essuyé les larmes d’un peuple qui n’était plus écouté. Le 24 décembre 1999, il a écrit un message dans lequel il dénonçait la guerre injuste, l’occupation du Congo par les pays voisins, l’exploitation et le pillage des ressources minières. En conséquence, il n’a pas pu faire son travail pastoral pendant sept mois et vingt jours. Les cloches n’ont plus sonné. Nous manifestions chaque jour pour qu’il revienne dans le diocèse. Musulmans et chrétiens de Bukavu, nous sommes allés ensemble à la cathédrale, où Mgr Kataliko a célébré une messe de pardon pour ceux qui l’avaient fait souffrir. Il est mort quelques semaines après en Italie.

Pour continuer l’œuvre de nos évêques – défense de la vérité, lutte pour la justice et pour la liberté – est né le groupe “Dauphin Munzihirwa Kataliko” (DMK). Les initiatives pour les honorer dérangeaient leurs ennemis. Avec le groupe DMK, dont j’étais responsable, nous nous sommes engagés dans le domaine de l’éducation, à commencer par la scolarisation des enfants. Les professeurs, en effet, ne sont pas payés par l’État et sont soutenus par les parents. Nous avons tout mis en œuvre pour que le gouvernement congolais assume ses responsabilités. Manifestations, sit-in, grèves… prison: nous étions considérés comme des personnes qui perturbent l’ordre public. J’ai rencontré tous les responsables du pays, même le président de la République, auquel j’ai rappelé l’article 43 de notre constitution, qui reconnaît la gratuité et l’obligation pour les enfants de fréquenter l’école élémentaire. Il m’a écouté, mais, malheureusement, rien n’a changé. Cependant, à cause de mon engagement, j’ai été menacé, arrêté et torturé. Ma maison a été attaquée deux fois. Ils ont tout détruit. C’est pour cela que j’ai dû partir pour sauver ma vie.”

Une guerre oubliée. Six millions de morts, deux millions de femmes et d’enfants fuyant leurs villes et villages. Pouvez-vous nous expliquer?

“Oui. Maria Voce, présidente des Focolari, a dit qu’il semble que les morts “des pays loin de l’Occident” ont moins de valeur en termes d’humanité et “moins de poids politique sur la conscience de la communauté internationale”. C’est le cas du Congo. Nos morts n’intéressent pas la communauté internationale, parce que nous sommes dans les périphéries du monde. Pourtant, aujourd’hui, la guerre est l’ennemi commun de tous. Mandela nous a enseigné que “nous sommes nés pour être frères”.

On parle peu de la guerre du Congo, ici en Europe, et sans dire toute la vérité. Il ne s’agit pas seulement de guerres ethniques. Il est vrai que nous avons beaucoup de problèmes en Afrique, mais je me demande: pourquoi le feu s’allume seulement dans les pays riches, où il y a des minerais et du pétrole? Il y a toujours le feu où se trouvent le coltan, l’or, les diamants. Et où terminent ces minerais de sang? Ils sont utilisés pour faire des smartphones, airbags, navigateurs, etc. On calcule que pour chaque kilo de coltan extrait au Congo, deux enfants meurent. D’autres sont obligés de devenir “des enfants soldats”. Il est important que nos enfants sachent qu’en jouant à leur jeu vidéo, un autre enfant perd la vie dans les périphéries du monde.”

Que signifie pour vous de faire cette expérience intellectuelle et humaine à l’Institut universitaire Sophia? Quelles sont vos attentes personnelles, et en vue du bien dans votre pays?

“Sophia a été un des dons que j’ai reçu en Italie. Je pense qu’il aurait été préférable de faire l’expérience de Sophia avant de m’engager comme syndicaliste, parce qu’ici j’ai compris l’importance de la fraternité. Je crois que la faillite de notre société congolaise provient du fait que nous avons oublié le principe de la fraternité, une force qui nous unit tous, qui n’exclut personne. Aujourd’hui, j’ai compris que l’autre fait partie de moi, que ses problèmes sont les miens. L’engagement politique devrait nous aider à comprendre que nous sommes responsables les uns des autres. À Sophia, j’ai compris aussi le sens de la diversité entre nous. Nous sommes égaux, mais différents, et si les hommes exploitaient cette richesse, ce serait un bien. Sophia m’a aussi enseigné à comprendre le chemin du dialogue. Le vrai dialogue est celui qui donne de l’espace à l’autre, où il y a toujours une part de vérité.”

Vidéo

 

A petits pas

A petits pas

MariaVoce_Intervista_bLorsque le Pape les a rencontrés, en septembre dernier, il a parlé de Chiara Lubich comme “extraordinaire témoin” de l’unité, qui “a apporté le parfum de Jésus dans de nombreuses réalités humaines et pays du monde”. Et aujourd’hui, sept ans après la mort de sa fondatrice, le Mouvement des Focolari reconfirme sa vocation à être une école de communion et un foyer d’unité au service de toute l’Eglise, comme le redit sa présidente Maria Voce dans cette interview.

Croyez-vous que le charisme de l’unité de Chiara soit destiné à se réaliser ?

Pensez-vous que si je n’y croyais pas j’aurais donné ma vie au Mouvement ? Nous croyons qu’il se réalisera parce qu’il coïncide avec la prière que Jésus a adressée à son Père : Que tous soient Un. Et nous ne pouvons pas penser qu’une prière du Fils de Dieu ne puisse pas se réaliser. Certes, nous ne savons pas comment, ni quand, mais nous donnons notre vie pour qu’elle se réalise. Nous voulons qu’elle advienne et nous faisons les petits pas qu’aujourd’hui nous pouvons accomplir pour accélérer la venue du moment de sa réalisation complète.

Que signifie “être famille” selon le testament de Chiara?

A l’occasion de ma première élection j’ai dit que mon désir était que le Focolare privilégie les relations humaines. Je crois qu’au fond c’est ce que nous avons essayé de faire, même si l’on est toujours tenté par l’individualisme. Bâtir ces liens avec les personnes du Mouvement signifie s’intéresser vraiment aux autres et avoir un amour capable de comprendre, de pardonner, d’accueillir, d’aider quand cela est nécessaire : tout ce que l’on fait au sein d’une famille. Une vie de famille donc, mais intègre, parce que tissée de relations vraies, authentiques. […]

Les mouvements, quel rôle ont-ils aujourd’hui dans l’Eglise ?

Un double rôle: d’un côté les mouvements sont porteurs de charismes, dons de l’Esprit Saint pour l’Eglise et l’humanité. Ils ont donc une influence sur toute l’Eglise, parce qu’ils sont mis à la disposition de tous pour la construction du corps ecclésial. […] Il y a aussi, dans le cadre de chaque mouvement, un appel à une vie évangélique plus radicale.

Il y a le désir d’un engagement plus grand, d’une ouverture au monde qui nous entoure. Ce sont les caractéristiques que les mouvements cherchent à vivre, mais que devraient vivre tous les chrétiens. […] Dans les associations, dans les mouvements on peut s’aider : on peut découvrir la valeur d’être l’un à côté de l’autre, pour se donner un coup de main, s’encourager, se soutenir et aussi se relever lorsqu’on est tombé. […]

Lors de votre dernière assemblée le Pape François vous a confié trois verbes: contempler, sortir, se former. Comment les mettez-vous en pratique ?

Le Pape François a cité une phrase de Chiara Lubich: voici le grand attrait des temps modernes, pénétrer dans la plus haute contemplation et rester au milieu des hommes, homme parmi les hommes. Chiara nous a toujours enseigné qu’il faut devenir Jésus. Contempler signifie donc être Jésus, devenir Jésus, en vivant l’Evangile dans tous ses aspects, en parvenant à découvrir ce que Jésus est en train de faire dans l’histoire, ce qu’il veut nous dire à travers chaque homme que nous rencontrons. […]

Quant à « sortir », c’est l’une de nos priorités. Nous l’avons particulièrement ressentie lorsque le Pape François l’a soulignée et nous avons éprouvé la joie d’être à l’unisson avec ce qu’il nous demande aujourd’hui. « Se former », nous semble-t-il, nous invite à être particulièrement attentifs à revisiter continuellement notre charisme : non pas pour le transformer, mais pour voir comment répondre aujourd’hui aux signes des temps, en accueillant les langages, les styles, les questions nouvelles que l’humanité impose. Nous faisons en sorte que tout cela soit nôtre pour exprimer le charisme de toujours en l’ajustant à notre époque.

Comme présidente, quelles priorités indiquez-vous pour l’avenir du Mouvement?

Ce n’est pas moi qui décide des priorités. Je dois accueillir celles qui sont exprimées par le Mouvement dans le monde entier. L’exigence qui est ressortie de la dernière assemblée est celle d’être très ouverts et de sortir vers les périphéries, qui ne sont pas seulement géographiques, mais qui sont partout où manque l’amour et où les divisions empêchent que se réalise l’esprit d’unité du charisme que Chiara nous a laissé. […] Cela implique une attention particulière envers les lieux où ces divisions se manifestent davantage. Nous pensons aux Pays où la différence entre classes sociales est énorme, à ceux où les différences religieuses deviennent des motifs de lutte, de guerre, de terrorisme. En regardant particulièrement ces pays, nous voulons dépenser notre énergie, nos talents et faire tout notre possible pour les aider. Sans toutefois oublier l’Europe qui a perdu son âme religieuse parce qu’elle s’est coupée de ses racines. Nous portons aussi de l’avant le dialogue avec la culture postmoderne, avec cette nuit qui semble envelopper la vie des hommes d’aujourd’hui.

De Nicola Gori, Osservatore Romano le 18 mars 2015

Pour lire l’intégralité de l’interview en italien :

https://www.focolare.org/press/files/2015/03/20150318LAmoreSpiegato_OR.pdf

 

 

Brésil: fécondité de la pensée de Chiara Lubich

Brésil: fécondité de la pensée de Chiara Lubich

IMG_6024_CuritibaSamedi 14 mars. Le « Salão dos Atos » immergé dans le vert du Parc Barigui de Curitiba, était rempli de monde, des députés fédéraux, des membres du gouvernement, syndicats, employés, fonctionnaires publics, jeunes et académiciens venus d’Amazonie, du Nord-est, de Brasilia et autres villes du Brésil.

Dans cette salle ont résonné des paroles insolites : la politique présentée comme « l’amour des amours » qui permet aux administrateurs publics de faire des projets capables de répondre aux exigences de la communauté et aux citoyens de réaliser leurs propres aspirations ». Une phrase a été évoquée « Le pouvoir confère la force, mais c’est l’amour qui donne autorité ». Plusieurs fois le mot « fraternité » a été répété, non seulement en tant que principe éthique de la politique, mais comme « sa substance ». Ce sont les points centraux de la pensée de Chiara Lubich, que Maria Voce, présidente des Focolari, a cité dans son message et qui ont été approfondis dans les diverses interventions.

Cette vision de la politique que Chiara elle-même avait proposée, il y a quelques années, dans les parlements de différents pays, est apparue aujourd’hui comme une lumière dans le tunnel de la crise que traverse le Brésil. Elle a réveillé de nouvelles espérances, parce que de nombreuses personnes en ont été les témoins et en ont montré les réalisations, non seulement au Brésil mais aussi dans d’autres pays. Un panorama fait de nouveautés, a été présenté dans une vidéo-documentaire au début de l’événement organisé par le Mouvement Politique pour l’Unité (MPPU) expression des Focolari, pour le 7ième anniversaire de sa mort.

La rencontre a eu lieu en même temps que deux manifestations populaires de sens opposé et beaucoup des interventions ont mis en évidence la crise politique, économique et éthique, en soulignant le manque croissant de confiance dans les institutions. « Nous sommes ici comme des médiateurs, appelés à changer cette situation par le dialogue et la fraternité », a dit Sergio Previdi, président national du MPPU.

IMG_2873_Curitiba« C’est un grand défi. La démocratie n’est pas seulement un fait technique, elle a besoin d’une âme. Nous devons repenser la politique pour pouvoir la ré humaniser », a affirmé Gustavo Fruet, maire de Curitiba. Puis il a cité la culture politique innovante exprimée par Chiara, dont le programme 2010-2030 a été tiré pour faire de Curitiba « une ville de l’innovation globale », qui est déjà reconnue comme modèle de planification substantielle et comme « ville de la fraternité ».

Nombreuses interventions de députés et adeptes de différents partis qui essaient, non sans difficultés, de mettre en pratique une politique à contre-courant ont témoigné combien ils puisent dans MPPU « une nouvelle force et un nouvel engagement ».

“Fraternité veut dire mettre en pratique une stratégie d’unité, chercher le dialogue entre la majorité et l’opposition, entre les institutions et la société, dans la commune recherche du bien commun », a affirmé le maire de Sorocaba, Antonio Carlo Pannunzio.

Julio Carneiro du MPPU Brésil, a mentionné la cité-pilote fondée par Chiara Lubich (aujourd’hui plus d’une vingtaine) comme échantillon-modèle de ville, pour témoigner de l’impact de la fraternité dans la cohabitation civile.

« Une nouvelle culture politique demande des hommes nouveaux », a affirmé le professeur Marconi Aurélio Silva, mettant en évidence l’urgence de la formation des jeunes à la citoyenneté active, basée sur la fraternité : « Puisque nous sommes par nature des êtres en relation et non pas des individus isolés ». Il a parlé des nombreux fruits de l’école Civitas dans beaucoup d’Etats du Brésil et du monde.

Pour en savoir plus : www.mppu.org.br – www.focolares.org.br

 

 

 

 

 

De la Corée à la Mongolie

De la Corée à la Mongolie

Mongolia_chiesa-aDepuis Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, jusqu’à Daejeon en Corée du Sud, il y a plus de dix heures d’avion. Pourtant, ces deux villes font partie du même diocèse. Exception faite de la capitale, la densité de la population en Mongolie est de deux habitants par km2. Les chrétiens représentent le 2% de la population, sur un territoire à la tradition bouddhiste millénaire (53%) et à l’athéisme important (29%).

L’Église locale, réfléchissant au moyen de prendre soin de ces chrétiens minoritaires, a demandé de l’aide aux Familles Nouvelles du Mouvement des Focolari. Quelques familles coréennes se mettent à disposition pour apporter, avec l’annonce de l’Évangile, le témoignage de la spiritualité de l’unité vécue en famille. Dans les paroisses d’Oulan-Bator, se trouent un centre social qui accueille des enfants et des jeunes après l’école, une ferme communautaire et une clinique gratuite. C’est ici que se déroule principalement la “mission” des Focolari. Voyons en quoi cela consiste.

Depuis la Corée, deux ou trois couples à chaque fois se rendent régulièrement en Mongolie pour visiter les paroisses et rencontrer les familles. Les thèmes concernent principalement la famille, avec des références à l’Évangile appliqué à la vie quotidienne, qui aussi devient source de changement pour la vie de couple et de famille. Parfois ils rencontrent aussi les jeunes.

Une fois, nous avons apporté des médicaments“, raconte Cedam. “La joie de la sœur, lorsque nous lui avons donné le paquet, était indicible: c’étaient justement ceux dont elle avait besoin, car elle n’en avait plus. En Mongolie, pendant presque la moitié de l’année, c’est l’hiver. Pendant des mois, la température atteint -40°C, c’est pourquoi il est difficile, en admettant qu’ils en aient les moyens, de sortir de la maison pour se procurer le nécessaire. Lorsque la date du départ pour la Mongolie approche, les autres familles en Corée se mobilisent pour rassembler les choses utiles à apporter. Une fois, nous avions pensé apporter des ballons de football et de basket, pour que les jeunes puissent jouer dans la grande plaine. Mais il fallait les acheter et, ensuite, il y avait le problème de la place dans l’avion… Une famille avait mis une tirelire dans son magasin pour les familles mongoles. Ainsi, en plus des ballons, nous avons aussi pu acheter l’appareil pour les gonfler.”

L’évêque est notre chauffeur – poursuit Andrea. Il nous accueille à l’évêché, nous accompagne dans les paroisses et nous encourage à transmettre généreusement nos expériences en tant que familles chrétiennes. Et nous voyons que les familles ont vraiment soif de les entendre. Lorsque nous y retournons la fois suivante, ils nous accueillent avec une affection toujours plus grande. Eux aussi veulent raconter comment ils ont vécu l’Évangile. Dans une homélie, avec la présence de sœurs de différentes congrégations, l’évêque a dit que nous avons été invités par Dieu nous aussi comme missionnaires et, nommant chacun de nous, il nous a appelé: my friends. Lorsque nous quittons la Mongolie, nous sentons à chaque fois que nous laissons là aussi nos cœurs. Parce qu’à chaque fois, nous répétons avec eux l’expérience des premières communautés chrétiennes.”

A petits pas

Maria Orsola: « Vive la vie »

MariaOrsola_aLa course vers le Ciel d’une jeune fille de 1968, dont la cause de béatification est en cours, qui a trouvé le secret du bonheur. Seize ans. De course. À perdre haleine. Destination : Paradis. Maria Orsola Bussone est une jeune fille piémontaise qui aime la musique beat, s’intéresse aux premières manifestations estudiantines de 1968, joue de la guitare et prend des cours de chant. Une adolescente comme les autres, pourrait-on dire, amoureuse de la nature, du sport et de la musique. Elle a quelques amourettes, consigne ses pensées dans son journal intime, a beaucoup d’amis et écrit des lettres aux plus proches d’entre eux. Elle est la fille simple d’un petit monde ancien qui semble sur le point d’être emporté par les vents de la modernité. Mais sa vie, apparemment sans sursauts, cache au contraire une âme extraordinaire. Une foi sincère et cristalline. Avec d’autres amies, poussée par une spiritualité qui lui donne une longueur d’avance et intégrée dans une paroisse qui met à profit les directives du Concile Vatican II, « Mariolina » passe la quatrième et, en peu de temps, franchit rapidement toutes les étapes. En 1968, sur invitation du prêtre don Vincenzo Chiarle, elle participe à l’un des premiers congrès gen, la génération nouvelle du Mouvement des Focolari. Là, Chiara Lubich présente à ces jeunes de 1968 un autre modèle révolutionnaire : celui d’un homme juste qui s’est immolé pour la liberté des autres. Lui aussi avait un programme : « Que tous soient un ». Maria Orsola est fascinée et ce choix illumine toute sa vie. À seize ans, sa course vers le Ciel s’arrête à cause d’un banal accident. Mais, derrière elle, elle laisse un sillon de lumière. Un jour, elle avait révélé qu’elle aurait donné sa vie pour faire découvrir la beauté de Dieu aux jeunes. « Et Dieu l’a prise au mot », dit le pape Jean-Paul II à des milliers de jeunes du même âge qu’elle, à Turin, en 1988, la désignant comme « un exemple lumineux de l’acceptation de sa propre vie comme un don reçu et non comme une possession égoïste ». « Vive la vie » était sa devise. MariaOrsola_cappellaEn 2007 a été publiée sa biographie, écrite par Gianni Bianco et publiée aux éditions San Paolo : « Vive la vie ». La course vers le Ciel d’une jeune fille de 1968. (“Evviva la vita”. La corsa verso il Cielo di una ragazza del ’68”.) « Elle m’a tout de suite semblée une adolescente terriblement actuelle – écrit l’auteur – qui a beaucoup à dire aux jeunes d’aujourd’hui et qui, en certains aspects, a anticipé les grandes idéalités de la génération d’aujourd’hui, celle de l’engagement écologiste et du service civil volontaire. De plus, j’aimais pouvoir suivre de près l’histoire de cette jeune fille simple, qui, de la perspective de Turin, où le 1968 italien est né, observait un monde en changement tant rapide qu’orageux. J’étais surtout poussé par la possibilité de pouvoir raconter son histoire, avec un langage frais et – je l’espère – touchant, aux jeunes d’aujourd’hui, aux adolescents, accusés trop souvent d’avoir perdu toute valeur, et qui maintenant la regardent comme un modèle. »

Moyen-Orient : la force de l’amour contre le terrorisme

Moyen-Orient : la force de l’amour contre le terrorisme

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Lara Abou Moussa et George Zahm

« Nous sommes deux jeunes libanais et sommes reconnaissants pour l’opportunité qui nous a été donnée aujourd’hui de pouvoir parler devant cette assemblée si spéciale appelée à accueillir les attentes et les problèmes du peuple pour les transformer en lois au service de l’homme ». C’est ainsi que commence l’histoire de Lara Abou Moussa et George Zahm, parmi les 400 jeunes présents le 12 mars à la Chambre des députés italienne, pour se souvenir de Chiara Lubich. Elle, 25 ans, diplômée en biochimie et employée dans un studio pour le contrôle de la qualité de la nourriture, lui, 22 ans, étudiant en marketing et publicité. « Comme vous le savez, ; le Moyen-Orient vit une des pages les plus sanglantes de l’histoire de l’humanité. Face à une telle horreur, l’exemple extraordinaire de personnes condamnées à mort qui refusent de renier leur religion, qui prient pour leurs persécuteurs et qui pardonnent ces massacres avant leur mort, comme cela s’est passé pour les vingt et un coptes morts en Libye au cours des événements de février dernier nous interpelle profondément, aussi bien pour les chrétiens et les musulmans qui vivent dans ces Pays, et cela nous rappelle la grandeur de l’amour, du pardon, qui un jour changeront la face du monde. Plusieurs exemples de la Syrie nous ont à nouveau confirmé que l’amour vainc tout également là où cela semble impossible. C’est le cas d’une famille syrienne qui a perdu deux de ses enfants, de 3 et de 9 ans. Alors qu’ils jouaient sur le balcon, un missile a touché leurs pauvres corps juste au moment où ils étaient contents de pouvoir finalement jouer en plein air profitant ainsi d’un soi-disant cessé-le-feu. Face au drame et à la douleur des parents, l’amour présent dans la communauté des Focolari et le partage de cette souffrance dans le quotidien tentent d’assainir cette profonde plaie et de redonner sens à leur existence. Un autre fait dramatique est arrivé à une famille en attente d’un enfant. Le papa avec son frère, s’étaient proposés comme volontaires pour assurer la sécurité de leur quartier. Les groupes armés, mécontents de leur présence, les ont enlevés pendant deux mois avant de les rendre à leurs familles, morts, découpés en morceaux. Là encore, l’amour de la communauté chrétienne autour de ces familles a pu offrir un peu de consolation. Ces mêmes personnes disent que la force de l’amour les aide à accepter cette souffrance tellement tragique et à surmonter leur drame, peu à peu. Un de nos amis qui voulait nous rejoindre a été arrêté à la frontière et s’est retrouvé par erreur dans l’obscurité de la prison. Ayant comme unique arme la prière et la confiance en Dieu, il a décidé de mettre son problème de côté afin d’offrir aux autres prisonniers, un sourire, une écoute, un conseil et aussi le peu d’aliments qu’il possédait. Il voulait témoigner de l’amour de Dieu dans cet endroit si obscur. Face à son attitude surprenante les autres prisonniers se sont mis à leur tour dans cette disposition d’aide réciproque. Quelques jours après, on l’a sorti de prison. Dans différents lieux, spécialement en Jordanie, on n’hésite pas à accueillir aussi dans les propres maisons et avec le peu de moyens existants, les familles irakiennes réfugiées, que nous découvrons être nos frères et sœurs. Nous partageons avec eux la faim, la honte, l’humiliation, la perte d’êtres chers et nous nous enrichissons des trésors enfouis derrière les souffrances. Les paroles de Jésus reportées dans l’Évangile nous interpellent : ”…J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m ‘avez donné à boire, j’étais étranger et vous m’avez accueilli dans votre maison, j’étais nu et vous m’avez donné des vêtements, j’étais malade et en prison et vous êtes venus me visiter !”. Avec beaucoup d’amis, nous expérimentons et croyons fermement que la violence n’aura pas le dernier mot. Si elle est capable de détruire, elle ne pourra jamais mettre fin à l’homme et à la force de l’amour qui habite en lui. Face à la haine, comme le dit Chiara Lubich, un acte d’amour est capable d’arrêter la main d’un terroriste ».

Chiara Lubich: comment suivre Jésus?

Chiara Lubich: comment suivre Jésus?

ChiaraLubich_GA«Très chers Gen,

Peut-être souhaiteriez-vous connaître une parole qui en vaut la peine : une parole qui exprime tout, qui résume la vérité, qui peut vous fournir une recette pour la vraie vie.

C’est ce sur quoi je médite ces jours-ci.

Eh bien, Gen, je suis arrivée à la conviction qu’il n’existe pas de chemin plus sûr, pour parvenir à la vie parfaite, que celui de la souffrance que l’on étreint avec amour.

C’est ce qu’ont pensé les Saints, tout au long des siècles.

Chacun d’eux a voulu suivre Jésus, et Lui, il a parlé clairement : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive ». (Marc 8, 34)

«…Qu’il prenne sa croix ».

Pour Le suivre, Lui qui est Parfait, chacun n’a d’autre moyen que celui d’accueillir dans son cœur sa propre croix et ses propres souffrances.

Nous en avons tous. Eh bien ! Levons-nous le matin avec un cœur transformé. Nous le savons bien, nous voudrions tous éloigner la souffrance, la mettre de côté, l’oublier. L’être humain est ainsi fait. Mais pas le chrétien. Étant disciple de Jésus, il sait reconnaître que la souffrance est précieuse, qu’il lui faut l’accepter, comme l’a fait Jésus avec sa croix, et il l’étreint avec tout l’élan de son cœur.

Qu’en résultera-t-il ? Quel en sera le fruit ?

Toutes les vertus apparaîtront : la patience, la pureté, la douceur, la pauvreté, la tempérance etc.

Et avec toutes les vertus, la perfection et la vraie vie.

Vous êtes d’accord ?

Chaque personne qui veut atteindre un but, doit se soumettre à des entraînements, des sacrifices, des efforts.

Notre objectif est Jésus.

Pour Le suivre il nous faut découvrir la valeur de la souffrance et l’aimer.

Ciao Gen, tous mes souhaits pour que vous sachiez être dignes de Lui».

Chiara Lubich

(extrait de l’éditorial de “Gen”, octobre – novembre 1979)

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Mumbai: tout petits artistes en musical

Mumbai: tout petits artistes en musical

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6 semaines de préparation, 34 acteurs sur scène, et 250 spectateurs. 36 mille roupies récoltées, l’équivalent d’environ 500 euros, pas si mal si l’on pense que la somme permettra à plus ou moins 10 enfants de la ville de participer au programme de 5 jours qui se déroulera à Mumbai.

Le mouvement des Focolari est présent en Inde depuis 1980. Aujourd’hui des centres sont ouverts à Mumbai, Bangalore, Goa et New Delhi avec leurs activités propres : mariapoli, rencontres mensuelles pour adultes, familles et jeunes. Dans différentes villes – Vasai, Pune, Panjim, Margao, Vasco, Trichy – des groupes de personnes s’activent autour de l’esprit des Focolari.

Cette année, un grand but se dessine à l’horizon : la Semaine Monde Uni (SMU), rendez-vous annuel des Jeunes pour un Monde Uni qui a comme objectif de rendre visibles les nombreux pas réalisés sur le chemin vers la fraternité dans les différentes parties du monde.

La SMU 2015 passe par l’Inde. Comme l’année dernière en Afrique, autour du concept de Ubuntu, cette fois-ci c’est le subcontinent berceau d’une énorme variété ethnique et religieuse qui accueillera l’événement central de la semaine à Mumbai, du 27 avril au 1er mai, et la conclusion à Coimbatore, dans le Tamil Nadu (sud de l’Inde), le 4 mai.

Coimbatore avait déjà accueilli en 2009 le “Super congrès Gen 3”, avec des adolescents du monde entier et la collaboration du mouvement gandhien Shanti Ashram.

On peut imaginer le travail énorme de préparation des moindres détails. Cette fois-ci toute la communauté des Focolari sur place a décidé de se retrousser les manches et de soutenir les jeunes dans cette initiative.

Une première réalisation justement a été le musical « le ruisseau dans la forêt », représenté le 22 février dernier. Une histoire écrite à partir du message d’unité que les Gen4 (les enfants du mouvement des Focolari) transmettent aussi dans leurs chansons. Des heures de répétitions, avec l’enthousiasme et l’engagement des enfants, et quelques inconvénients : la veille du musical deux d’entre eux tombent malade avec une forte fièvre et les auteurs ont dû changer le texte !

“Mes enfants sont super contents ! – explique une maman – ils ont rencontré de nouveaux amis et me disent qu’ils ont déjà la nostalgie des répétitions. Ça leur manque plus que les amis d’école parce que, me disent-ils, nous avions tellement de joie à nous retrouver, si différente de celle quand nous rencontrons les copains de classe ».

« Même si les enfants ont des talents, pour chanter ou pour danser – raconte une maman – il est beau de voir ces talents utilisés pour une activité aussi belle, avec des valeurs ».

भारत की ओर से आप सभी को बधाई (Bharat ki ora se aap sabhi ko badhai)

À tous une grande salutation de l’Inde !

Maroc, journal de bord

Maroc, journal de bord

MoroccoLa “Règle d’or” « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse à toi-même » « Mt VII,12), que propose l’Evangile, est présente aussi dans l’Islam et dans les autres religions. Lorsqu’elle est mise à la base de chaque relation, elle engendre – comme cela s’est produit sur ces terres – un amour qui suscite un fécond « dialogue de la vie » avec chaque personne que l’on rencontre. Un dialogue tissé de petits gestes, d’attention à l’autre, de respect, d’écoute. C’est cet amour concret du prochain qui a permis que naisse au Maroc quelques communautés focolari, où l’amour et le respect l’emportent sur les différences de culture, de tradition et de religion. Voici quelques extraits du Journal de bord écrit par Claude, accompagné de Ivano, en visite auprès de ces communautés, fin janvier et début février dernier.Février 2015

“Nous sommes à Fez, ville impériale, très fière de sa tradition hautement spirituelle. De nombreux étudiants subsahariens viennent y faire leurs études supérieures. Ils fréquentent volontiers la paroisse francophone et son curé, le Père Matteo, qui m’a demandé de faire la catéchèse sur les sacrements à une vingtaine d’entre eux, l’occasion de vivre ensemble un échange profond et convivial.

Le groupe Parole de Vie (focolari) de la paroisse a réuni une trentaine d’étudiants en médecine, chimie, informatique, y compris les cinq venus de Rabat. Ensuite dîner chez les Petites Sœurs de Jésus qui vivent en plein cœur de la médina : Lucile raconte son expérience à l’hôpital.

20150316-04Arrivée à Tanger pour rencontrer le petit groupe d’une quinzaine de personnes, musulmans et chrétiens, qui vivent la spiritualité de l’unité.

Soirée avec un couple qui nous considère désormais plus proches que leurs frères de sang. Lui a été affecté par son travail cette année loin de sa femme, à 24h de route, mais cet éloignement a été finalement bénéfique car ils ont découvert le positif l’un de l’autre.

Amaury m’appelle pour voir le bureau où il donne des cours d’informatique à trois jeunes migrants…

Déjeuner chez Mohamed, sa femme souhaite approfondir la spiritualité de l’unité. Elle raconte son expérience avec le gardien de l’immeuble où elle travaille qui ne la saluait plus : il voulait qu’elle lui rapporte de l’huile de sa patronne espagnole quand elle n’était pas là. Refus de sa part, car l’huile ne lui appartient pas. Mais peu après elle reçoit un litre d’huile d’olive de sa mère, le « mot du jour » invite à partager : elle lui apporte la bouteille en lui expliquant que cette huile est à elle et qu’elle peut donc en faire ce qu’elle veut. L’homme n’en revient pas et se confond en excuses. La réconciliation est faite.

Fawzia nous rejoint : elle a fondé une petite école dans un quartier pauvre de la périphérie. Elle raconte que l’épicier d’à côté se met devant l’entrée pour dire aux mamans d’inscrire leurs enfants dans une autre école qui vient d’ouvrir, alors que l’an dernier elle avait accueilli son fils. Elle ne lui en veut pas : un jour elle lui demande ce qu’il avait contre elle, mais pas de réponse. Elle a su qu’il agissait ainsi parce qu’il avait obtenu deux places pour ses enfants dans cette nouvelle école, dont une gratuite, à condition de ramener les enfants qui voudraient s’inscrire chez Fawzia.

Fawzia est toute contente des fruits de son travail : ce premier semestre, ses élèves de l’an passé, qui ont rejoint l’école primaire publique du quartier, comptent tous parmi les meilleurs. On l’accompagne au garage de son mari associé avec le propriétaire du local, tout content de nous le montrer. Puis on rencontre son frère qui vient d’avoir une voiture d’occasion, mais il doit remplacer le pare-brise : il a voulu aider une femme âgée en prenant ses sacs du marché. Au retour il la retrouve sur la route en train de lancer une pierre pour éloigner un chien, mais celle-ci vient casser le pare-brise de sa voiture. La vieille dame est désolée et veut lui donner le peu d’argent qui lui reste, mais il lui pardonne et lui dit qu’il trouvera un moyen pour le remplacer.

Soirée rencontre avec des familles …. Avant de se quitter Ahmed nous invite à rester dormir chez lui. On accepte, Ahmed est très content. On passe la soirée avec sa famille, il va chercher un tagine viande.

20150316-03Dimanche après-midi, rencontre détente chez Fawzia avec toute sa famille. Promenade autour de la maison, projection de quelques photos des amis d’Algérie. Fawzia nous raconte que sa grand-mère accueille tout le monde chez elle. Même si elle n’a pas grand-chose, elle partage tout. Elle reçoit aussi beaucoup de cadeaux. Ses propres enfants ne viennent presque pas la voir à cause de leur père qui a perdu la tête, mais elle prend un jour par trimestre pour leur rendre visite malgré l’avis contraire de ses voisins. Elle dit qu’elle fait tout pour Dieu et pour elle-même.

Visite à l’école de Fawzia. Le quartier grouille d’enfants qui jouent dans des rues boueuses et chaotiques. Les maisons y poussent comme des champignons. Toute joyeuse elle raconte que deux enfants lui demandent de s’inscrire à son école qui a très bonne réputation dans le quartier. Six jours après, trois autres nouvelles inscriptions !

Retour par Casablanca. Soirée avec Susana, Mohammed et Nadedj. Demain je rentre en Algérie et Ivan rejoindra l’Italie, tous deux enrichis de la rencontre avec ces personnes qui s’engagent à vivre au quotidien pour un monde plus uni”.

Philippines : la prophétie de la S.O.R.

Philippines : la prophétie de la S.O.R.

SOR 4SOR pour School for Oriental Religions ( Ecole pour les religions orientales). Cela a été une des idées typiques de l’aspect génial du charisme de Chiara Lubich », écrit sur son blog, Roberto Catalano, co-responsable du Centre pour le dialogue interreligieux du Mouvement des Focolari.

Arrivée presque au terme de son voyage en Asie en janvier 1982, la fondatrice du Mouvement des Focolari lança une idée qui paraissait être presque un rêve. Il s’agissait de commencer , dans la citadelle des Philippines, Tagaytay, point de référence pour les Focolari en Asie, des cours de formation qui permettent aux catholiques de s’ouvrir, préparés d’une façon adéquate, au dialogue avec des fidèles d’autres religions. Chiara Lubich arrivait du Japon où elle avait eu l’occasion, sur invitation du rev. Nikkyo Niwano, fondateur de la Rissho- Kosei-kai, mouvement de renouvellement bouddhiste japonais, de parler de son expérience chrétienne à des milliers de bouddhistes. L’impact avait été fort, non seulement pour les bouddhistes qui écoutaient une femme catholique qui parlait dans le Temple Sacré en face de la grande statue de Bouddha, mais pour Chiara elle-même. A l’arrivée dans les Philippines, pays chrétien de l’Asie, elle avait eu l’intuition de la nécessité de lancer le Mouvement des Focolari, particulièrement celui de ce continent, à dialoguer avec les bouddhistes, les musulmans et les hindous. Mais elle avait aussi cueilli la nécessité de se préparer d’une manière adéquate pour une tâche engageante qui ne devait pas aller au détriment des identités religieuses de chacun. Après avoir communiqué son rêve à quelques-uns des responsables du Mouvement, une personne avait offert une maison qui pouvait accueillir des professeurs et de brefs cours.

20150315-01C’est ainsi qu’est née la S.O.R. qui, au cours de ces trois décennies, a proposé des week-end de formation à des chrétiens de l’Asie à propos de sujets qui concernent les différentes religions. A partir de 2009, ensuite, avec la diffusion de tensions religieuses et du fondamentalisme, on a pensé affronter des thèmes spécifiques, transversaux : Dieu dans les traditions asiatiques, le commandement de l’amour, le rôle des Écritures Saintes, et cette année, la place et la signification de la souffrance.

Du 26 février au 1er mars, la Citadelle Pace (Tagaytay) a accueilli ainsi environ 300 personnes provenant pour la plus grande partie, des Philipines, mais aussi avec des délégations du Pakistan, de l’Inde, Myanmar, Thaïlande, Vietnam, Hong Kong, Taïwan, Indonésie, Japon et Corée. Ils sont presque tous catholiques, mais trois bouddhistes, membres actifs des Focolari, ont voulu être présents, venant du Japon et de la Thaïlande. Le sujet : Le sens de la souffrance dans les religions asiatiques : hindouisme, bouddhisme, islam, christianisme. L’objectif : mettre en évidence la valeur et la signification que les traditions respectives donnent à la douleur en général, celle physique, comme celle spirituelle et psychique ou celle provoquée par des désastres naturels.

 

Les présentateurs étaient experts des différents secteurs, trois évêques aussi étaient présents (Roberto Mallari, de S. José Nueva Ecija dans les Philippines, Brenan Leahy, de Limerick en Irlande et Felix Anthony Machado de Vasai en Inde) et un professeur américain expert en bouddhisme ( Donald Michell de la Purdue University) relié via skype. L’école a ensuite offert l’occasion de partager des expériences de dialogue dans des pays où les chrétiens sont une petite minorité, comme en Inde, en Thaïlande, au Japon, ou à Taïwan.

 

« Ils sont venus pour apprendre à dialoguer avec les autres religions, mais ce qu’ils ont découvert a été le christianisme dans sa dimension la plus profonde et en même temps, ouvert à tous ceux qui se rencontrent, peu importe à quelle foi ils appartiennent » conclut Catalano. Chiara a compris la nécessité de former les chrétiens au dialogue dans un continent qui vit dans un kaléidoscope de fois. Un dialogue qui ne relativise pas ni n’aplatit, où chacun doit être lui-même et, en rencontrant l’autre, doit redécouvrir ses propres racines.

 

 

Chiara Lubich et l’Amérique Latine: politique, identité et projet

Chiara Lubich et l’Amérique Latine: politique, identité et projet

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Margarita Stolbizer

L’Amérique Latine est faite d’unité et de diversité et ce qui la rend forte, c’est son parcours vers l’intégration. Cet objectif, qui n’est sans doute pas encore atteint, repose sur une unité de sentiments, d’émotions, de liens fraternels, relevant tous d’une histoire commune.

C’est la vision prophétique dont Chiara Lubich a eu l’intuition pour cette région du monde et c’est vers elle que nous nous acheminons tant bien que mal.

En Amérique Latine les démocraties, même si elles se sont peu à peu consolidées grâce à des processus de démocratisation post-dictatoriaux et d’intégration régionale, n’ont pas suivi, pour ce qui est de la qualité, une courbe de progression linéaire. L’Amérique Latine doit affronter un avenir incertain et complexe. La croissance économique des dernières années n’est pas parvenue à éradiquer complètement la pauvreté, ni à résoudre les problèmes d’inégalité sociale et d’insécurité.

Et c’est ici que vient en évidence le lien étroit qui existe entre la politique et l’idée de fraternité. L’idée de fraternité, dont Chiara Lubich a particulièrement témoigné et qu’elle a enseignée, est en rapport avec deux éléments essentiels de la politique. Le premier est l’idée d’une politique conçue comme un projet collectif de l’Amérique Latine qui aille au-delà de nos individualités, qui implique une démarche de communion, un acte de fraternité, parce que fondé sur la reconnaissance de l’autre, sur le respect de la diversité. Le dialogue est l’outil principal pour faire avancer un tel projet.

Le second élément est la perspective à moyen terme. L’idée de travailler à des actions dont on ne verra peut-être jamais les fruits est la plus noble attitude qui témoigne de la grandeur de la politique.

ChristinaCalvo

Cristina Calvo

Chiara Lubich a fait naître, non seulement en Amérique Latine mais dans le monde entier, de nombreuses initiatives dans quatre domaines : L’Etat, les organismes sociaux, le secteur privé et celui de la connaissance.

L’accès aux droits fondamentaux, à l’éducation et au travail, ont été et doivent à nouveau être les piliers de la construction d’une identité nationale.

Les institutions doivent être considérées non comme des monuments, mais comme des milieux où sont garantis les droits des personnes, où l’on rend opérationnel l’exercice de ces mêmes droits, afin qu’ils ne se réduisent pas à de belles déclarations de principe, mais puissent être réellement appliqués.

Chiara Lubich a aussi contribué à mettre en évidence la dimension éthique de la politique. L’éthique implique la transparence et elle est directement liée à l’idée de fraternité : elle permet de s’indigner autant de la corruption que de la pauvreté ou des inégalités.

Nous sommes certains que l’Amérique Latine, du point de vu politique, doit retrouver un modèle et un projet de développement économique productif basé sur l’intégration sociale, qui garantisse l’accès aux droits humains dans leur intégralité, qui promeuve et favorise des conditions de vie dignes.

Nous avons besoin de retrouver un leadership fiable, clairvoyant et exemplaire. Nous insistons particulièrement sur l’idée d’exemplarité qui ne se règle ni avec de l’argent, ni en achetant les consciences, mais au contraire par un choix de conduite. Une exemplarité qui ne peut être le fait des individus seulement, mais qui doit tout autant aussi se doter d’un leadership favorisant les dynamiques collectives et participatives.

Un projet de développement qui ne se donne pas comme priorité la résolution des problèmes des secteurs les plus vulnérables et les plus pauvres n’en n’est pas un.

Il faut aussi retrouver l’idée de fraternité comme valeur prioritaire au regard de la gestion du bien public. Il est impératif de retrouver une politique de convictions. Cela suppose d’accepter la diversité.

En Argentine et dans le reste de l’Amérique Latine nous avons besoin de retrouver confiance et tout particulièrement une culture des valeurs, des valeurs éthiques qui s’incarnent dans la pratique et dans la réflexion politique. Et nous rejoignons ici les principes et le témoignage de vie de Chiara Lubich dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire. Pour l’Amérique Latine, Chiara conjugue charisme, savoir, leadership, action et destinée des peuples. Une destinée et un engagement qui nous mobilisent.

Margarita Stolbizer (1) et Cristina Calvo (2)

(1) Avocate argentine, députée nationale, présidente du Parti Génération pour la Rencontre Nationale – GEN et candidate du centre-gauche à l’élection présidentielle 2015 de la République Argentine.

(2) Economiste argentine, dirige la parti Génération pour la Rencontre Nationale – GEN

L’Italie honore la mémoire de Chiara Lubich

L’Italie honore la mémoire de Chiara Lubich

20150312_pom_2220-03Existe-t-il “une politique qui en vaille la peine”, à un moment de l’histoire qui la voit en pleine crise, souvent identifiée à un pouvoir corrompu ou à des intérêts particuliers ?

La question a été abordée le 12 mars après-midi, dans le cadre de l’un des nombreux événements mondiaux à l’occasion du 7ème anniversaire du décès de Chiara Lubich (1920-2008). « Sa foi simple et courageuse – affirme dans son message Sergio Mattarella, Président de la République italienne – , unie à une extraordinaire capacité de lire la modernité et d’en accepter les défis, inspire la vie de milliers de personnes dans le monde entier, en exhortant constamment les institutions nationales et internationales à promouvoir les valeurs de fraternité et de respect réciproque, en faveur du dialogue dans la famille, dans la communauté, entre les peuples ».

20150312_pom_2378-04Pour la fondatrice du mouvement des Focolari s’engager en politique signifiait répondre à une vocation, « L’amour des amours », c’était sa définition de la politique. Répondre à cet appel « est avant tout un acte de fraternité : on agit pour le bien public, pour la collectivité, en désirant le bien de chacun comme si c’était le sien propre ». Pour atteindre ce but, a affirmé la présidente des Focolari, Maria Voce, à l’ouverture du congrès « Chiara Lubich : l’unité et la politique », « il est indispensable de partir précisément de l’unité qui seule peut donner à la liberté et à l’égalité leur juste valeur ».

Que signifie vivre la fraternité universelle dans un milieu aussi sensible? Iole Mucciconi, qui joue un rôle important auprès de la Présidence du Conseil des Ministres, témoigne : « Chaque matin il est important de s’engager à bien accomplir jusqu’au bout son propre travail ; j’ai toujours à l’esprit les conseils de Chiara Lubich pour vivre la 20150312_pom_2523-05fraternité : mener une vie honnête, bien se conduire sur le plan moral, être détaché de l’argent et partager les joies et les peines de nos frères ».

Le problème de la corruption qui, hélas, gangrène l’Etat, est aussi très ressenti par Raffaele Scamardì, assesseur aux travaux publics du XIIème arrondissement de Rome, à un moment où les magistrats et les forces de l’ordre cherchent à démanteler les réseaux des malversations qui ont pris au piège la capitale. « Malgré tout, dit-il, une politique orientée au bien des autres est possible : en réparant une route endommagée, en écoutant les citoyens et leur besoin de légalité, en travaillant avec une 20150312_pom_2498-06transparence qui tienne éloignée la corruption ».

Dieudonné Upira Sumguma confirme la chose, lui qui fut ministre de la Fonction Publique de la République Démocratique du Congo et qui s’est trouvé, lors de son mandat, à devoir refuser des pots de vin.

Les jeunes des Focolari au Parlement. Le matin, dans la salle des parlementaires, pleins feux, avec Lara et George, sur la tragédie des réfugiés syriens au Liban et en Jordanie: une intervention vraie, simple, directe et confiante, à l’image de leurs vingt ans. La guerre qui déchire la Syrie a toutes les caractéristiques d’un drame. Abraham, quant à lui, aborde le problème du narcotrafic qui sévit dans son Pays, le Mexique. Cette célébration du 7ème anniversaire de Chiara Lubich est largement marquée par l’engagement et des actions conduites par les jeunes des Focolari dans les pays les plus éprouvés. Pour eux ces actions ont une dimension politique. Ils se sont donné rendez-vous à plus de 300 à Rome, pour donner visibilité à des actions de dialogue, de solidarité, de paix qui vont d’un bout à l’autre de la planète. La Présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, interpellée sur le rôle de la politique pour résoudre les conflits et protéger les droits humains, les remercie pour avoir le courage de « raccourcir les distances entre les institutions et les citoyens » et leur demande « de ne pas céder à qui veut changer l’ADN de notre peuple fait d’accueil et de solidarité ». Elle encourage les jeunes à se mettre à « la disposition du bien commun avec générosité, pour influencer les décisions et les choix », à rendre service à leur Pays en ne s’aplatissant pas devant les oppositions et la logique de l’ennemi parce que « dans les valeurs de Chiara Lubich il y a une vision de la société qui relève du politique et invite à ne pas se mettre en dehors ».

Le dialogue se poursuit en abordant les blessures propres à notre époque: le rapport au monde musulman, la guerre et les épidémies africaines, les catastrophes naturelles du Sud-Est asiatique. Le politologue Pasquale Ferrara insiste en disant « que le dialogue n’est pas l’arme des faibles » et l’économiste Luigino Bruni rappelle, à propos des énormes inégalités sociales, que « le bonheur le plus important n’est pas le nôtre mais celui des autres et qu’il est donc utile de s’engager avec un esprit créatif pour résoudre les problèmes et se mettre ensemble pour réaliser des choses nouvelles ».

Le sens communautaire des projets mis en œuvre par les jeunes des Focolari et accompagnés par l’Observatoire de la Fraternité prévu par United world project explicite, selon Paolo Frizzi, la “perspective anthropologique et civile du charisme de l’unité capable de façonner une humanité nouvelle en mesure de partager des actions de vie à partir des différences et de construire des projets durables ayant pour horizon le monde”. En synthèse, « La fraternité en chemin », titre choisi pour cette manifestation, exige des pas concrets de la part des politiques et des citoyens.

Projet ”Baluchon permanent”

Projet ”Baluchon permanent”

20150313-02« Le Réseau ‘Baluchon Permanent’ veut être une initiative concrète et immédiate adressée à beaucoup de personnes en difficulté due à la situation de crise économique dans laquelle nous vivons ». C’est ainsi que commence le texte qui illustre le projet qui, depuis le mois de mai dernier a donné naissance à l’initiative.

Le terme baluchon, qui rappelle la récolte de peu et pauvres choses dans un foulard et qui est donc synonyme de pauvreté, a voulu signifier, pour Chiara Lubich et le premier noyau naissant des Focolari, au milieu des années ’40, le sens de partage, de dons et de redistribution de biens matériels. Une pratique est ainsi née, qui consiste à se priver librement du superflu et parfois de ce que l’on croit nécessaire, pour le partager et en faire don à celui qui en a besoin.

Ce sont celles-là les racines du baluchon qui a trouvé sa place auprès du Pôle Lionello Bonfanti, près de Loppiano qui est devenu un centre de rencontre entre celui qui a à partager des biens et celui qui en a besoin. « Environ 3000 personnes sont déjà passées par ici – racontent Roberta Menichetti et Araceli Bigoni, de l’équipe qui coordonne l’initiative – , surtout des familles qui habitent sur le territoire. Aujourd’hui, ce sont des milliers de vêtements, de meubles pour la maison, de livres, de petits ustensiles, de jeux, de services immatériels comme le temps, les talents, et la disponibilité qui sont arrivés et repartis avec les nouveaux propriétaires ».

20150313-01« Ce n’est pas par hasard que ce soit le pôle Lionello Bonfanti qui accueille l’initiative – continue Eva Gullo, présidente de l’EdC, société qui gère le Pôle – cet espace étant la ‘maison’ de tous les membres de l’Économie de Communion, celle-ci ayant parmi ses motivations, celle de diffuser la ‘culture du donner’, possibilité qui permet de contribuer au bien-être social à partir de soi-même ».

Les histoires de générosité nées à partir de cette initiative sont nombreuses. Comme celle de la famille logée dans les locaux paroissiaux d’une petite ville des environs qui, ayant reçu la possibilité de se transférer dans une petite habitation, a trouvé au ‘baluchon’ les meubles pour arranger sa maison. Le réseau d’amis a organisé aussi le transport et le montage des meubles pour un coût zéro.

Des voix comme ”providence” et ”confiance” sont des éléments irremplaçables de cette expérience : comme cette après-midi-là au cours de laquelle un petit lit de nouveau-né était à peine parti du ‘baluchon’, qu’une demande était arrivée pour le même genre d’article. Même pas une demi-heure après, un autre petit lit était arrivé !

Le projet baluchon a remporté le titre ”Entreprendre dans le social”, activé par la Fondation Catholique Assurances pour la section ”Nouvelles pauvretés” qui élargit les fonds à des organes qui s’occupent de projets d’aide à des personnes indigentes. Les fonds seront utilisés pour une organisation plus fonctionnelle des locaux.

A partir de cette pratique du partage et du don, sont nées des soirées d’approfondissement sur les thèmes comme la consommation, biens relationnels et confiance, avec des experts qualifiés, de plus, des parcours de formation, sur les styles économiques qui mettent au centre, l’homme et sa dignité. Et puis, à l’entrée du local, on y trouve la ‘boite aux contributions’ à disposition de celui qui veut laisser un euro ou l’autre en échange de ce qu’il a trouvé. Le contenu de la boite a permis de couvrir les dépenses de l’assurance des locaux et, parfois, les premières nécessités de quelqu’un.

Source : Loppiano online

Igino Giordani: du Parlement italien au monde

Igino Giordani: du Parlement italien au monde

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Du Parlement italien (Montecitorio) au monde : le parcours d’Igino Giordani remonte vers la fin des années quarante, lorsqu’il est arrivé à une étape de sa vie un peu problématique. Le monde le reconnaît comme un grand intellectuel chrétien, un brillant connaisseur des Pères de l’Eglise, un écrivain apologète et cohérent, mais il sent qu’il vit un certain « ennui de l’âme ». Ce qui va réveiller sa foi et sa charité, c’est la rencontre avec Chiara Lubich, la fondatrice du mouvement des Focolari.
La rencontre entre les deux fut quelque chose d’extraordinaire et les circonstances spéciales où cela se passa le démontrent : Igino Giordani était marié, il avait 54 ans, quatre enfants déjà grands.
Chiara était une jeune fille qui avait à peu près la moitié de son âge et elle demandait une audience pour un besoin concret : trouver un appartement à Rome.
Giordani, déjà membre de l’Assemblée constituante, était aussi député de la Démocratie chrétienne. Il compte parmi l’un de ses premiers membres puisque dès les années vingt il travaille pour Parti Populaire, d’inspiration chrétienne, à peine fondé par un prêtre, Don Luigi Sturzo.
Chiara était une jeune laïque, et la rencontre advint bien avant le concile Vatican II. A l’époque il n’était pas fréquent qu’on reconnaisse aux demoiselles laïques un rôle quelconque dans l’Eglise.
Et pourtant, malgré ces différences considérables, la rencontre avec Chiara transforma Giordani qui désormais vivra et communiquera l’Idéal de l’unité dans le monde de la politique. Il prend position dans un parlement en proie à de très fortes luttes idéologiques. Le 16 mars 1949 le Pacte Atlantique est en jeu.
“ Je connaissais Chiara depuis quelques mois – ce sont les paroles de Giordani – lorsque s’éleva une discussion sur le Pacte Atlantique. Deux blocs étaient en train de se former : l’un se mettait derrière l’Amérique, les Etats Unis, l’autre derrière la Russie. Tous les ingrédients étaient réunis pour engager les préliminaires d’une nouvelle guerre, un massacre, la guerre définitive. Et un jour une discussion acharnée et des plus âpres s’est élevée à la Chambre ; je me souviens que nous étions tellement en colère ce soir-là que je craignais que l’un ou l’autre des députés ne sorte son révolver et tire, tellement la haine séparait les deux groupes.
J’avais demandé d’intervenir et voilà qu’avant de parler un député chrétien, catholique, vient s’asseoir à côté de moi : Pacati, le député Pacati. Il me dit : ‘Gardons Jésus au milieu de nous maintenant que tu parles’. Je prends la parole. Au début brouhaha, hurlements… petit à petit le silence se fait, à la fin la Chambre semble s’être transformée en église, c’était un silence parfait et j’exprimais les idées que nous apprenons dans notre mouvement, c’est-à-dire que la guerre ne sert à rien, que la guerre est la plus grande stupidité, que la guerre est au service de la mort ; nous ne voulons pas la mort, nous voulons la vie et la vie se trouve dans l’amour, dans la recherche d’un accord. (…)
Tous, nous devons réagir, de tous les coins du pays, de quelque parti ou croyance que nous soyons, parce qu’il s’agit vraiment de redécouvrir sous tant de larmes larmes, sous tant de des laideurs accumulées par la guerre et la boue, le visage de l’homme, dans lequel se reflète le visage de Dieu ».
Le greffier du parlement conclut le compte-rendu de la discussion en décrivant les applaudissements et les félicitations qui arrivèrent à Giordani des quatre coins de l’hémicycle.
Très rapidement se rassemblent autour d’Igino de nombreux parlementaires désireux de suivre l’idéal de l’unité. Rappelons seulement quelques noms : Gaetano Ambrico, Palmiro Foresi, Tarcisio Pacati, Enrico Roselli, Angelo Salizzoni e Tommaso Sorgi, celui qui deviendra le principal biographe de Giordani. Avec eux, Giordani entreprend des actions à contre-courant si l’on considère le climat qui règne à cette époque. Par exemple, en 1951, il travaille à « l’entente interparlementaire pour la défense de la paix », avec une quarantaine d’autres parlementaires venant du parti libéral, du parti républicain, socio-démocrate et chrétien-démocrate.
Toujours à contre-courant, en pleine « guerre froide », son esprit pacifique le mène en 1949 à soutenir avec un parlementaire socialiste, Calosso, la première loi sur l’objection de conscience proposée à la Chambre ! On imagine bien les difficultés que Giordani rencontra lorsque, en tant que rapporteur, il présenta la proposition à la Chambre ! Mais ses convictions étaient inébranlables : tuer l’homme, fait à l’image et ressemblance de Dieu, veut dire commettre un déicide.
“ Une nouvelle conscience civique naît – écrit Giordani – qui abat les divisions entre les partis, les factions ou courants et privilèges de caste, de race, de classe, et en se dilatant, dépasse les frontières nationales. L’impulsion communautaire suscitée par l’amour chrétien qui va jusqu’à y insérer Jésus, est un réveil religieux et social qui, s’il réussit, comme nous croyons, change l’histoire de l’humanité ».
Evidemment, proclamer aujourd’hui les idéaux d’amour et de communion en politique semble plus que jamais téméraire … mais du temps de Giordani cela l’était tout autant et même peut-être plus. Oui, Giordani vivait dans la prophétie ; et même s’il vivait de manière profondément engagée les défis de son temps, il ne s’y laissait pas piéger.
Sa solide prophétie résultait d’un Idéal immense, celui de l’unité, soutenu par une spiritualité moderne et fascinante, que Chiara Lubich a donnée au monde, et qu’Igino Giordani a vécue même en politique.
Alberto Lo Presti (Directeur du Centre Igino Giordani)

Brésil: périphéries violentes et puissance de l’amour.

Brésil: périphéries violentes et puissance de l’amour.

20150311-02” Hier un homme a été tué par treize coups de pistolet”. C’est ce que raconte la première personne qui ouvre sa porte à quelques jeunes qui se présentent à elle tout souriants en ce week-end du 20-22 février.

Nous sommes un quartier à risques de la banlieue de Juiz de Fora (Etat du Minas Gérais, Brésil). Après quelques heures passées avec elle, cette même personne dit à ces jeunes: “Si hier nous avons vécu la terreur, aujourd’hui nous éprouvons de l’amour ».

Ce sont des jeunes du Mouvement des Focolari, du Renouveau de l’Esprit, de Shalom et aussi des groupes de jeunes des paroisses, une centaine en tout. En un peu plus d’un an, ils ont visité dix villes et rencontré environ 5000 familles avec lesquelles ils partagent joies et douleurs, en leur annonçant avec courage que Dieu les aime immensément. La population se réjouit de leur présence: les prêtres sont peu nombreux et ne parviennent pas à rencontrer tous ceux qui en ont besoin.

“Tout commence au cours des Journées Mondiales de la Jeunesse de 2013, et la rencontre de millions de jeunes avec le pape à la plage de Copacabana – racontent les Gen de Minas Gérais – . Au cours de la dernière célébration une jeune de notre groupe ressent très fort dans son cœur le message central de ces journées: “Allez et faites de tous les peuples mes disciples”.

De retour dans leur ville, Juiz de Fora, Leticia – c’est son nom – partage ce qu’elle a ressenti aux autres Gen et ensemble ils décident que ce serait bien d’en parler avec leur archevêque, le Père Gil Antônio Moreira.

Leticia va donc le trouver, encouragée par ses amis. De son côté l’archevêque avait prié pour que les JMJ ne se limitent pas à une grande manifestation, mais pour que cette intense expérience spirituelle vécue collectivement par de nombreux jeunes venus du monde entier puisse se prolonger.

20150311-01C’est ainsi qu’est né le projet ” Jeunes Missionnaires du Continent”, nom proposé par l’archevêque lui-même, avec l’objectif que les jeunes se lancent à la rencontre des autres, pour vivre une Église qui ” va vers les autres, ensemble et préparée”, trois mots repris par que les trois principaux axes du projet: mission, prière, formation.

C’est très beau d’aller tous ensemble, jeunes des paroisses et des divers mouvements, mais comme des frères, – explique Vinicius – en respectant les différences de chacun dans la manière de prier et de parler dans l’intimité avec Dieu. Le dialogue que l’on établit aussi avec quelques familles d’autres religions est important”.”En arrivant chez les personnes (beaucoup nous ouvrent et nous font entrer) – ajoute Ana Paula – nous découvrons des « perles », comme le jour où nous avons rencontré une femme évangélique qui venait de perdre son mari quelques jours avant. Après qu’on soit restés ensemble elle a dit:” Je ne peux pas m’enfermer dans ma tristesse parce qu’il est avec le Père, au paradis.”

“Nous allons dans les banlieues des villes sans savoir ce qui nous attend – conclut Cristiano – mais en faisant confiance à Dieu; nous sentons qu’Il nous redit encore aujourd’hui “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés”. Aimer en particulier ceux qui en ont le plus besoin, même lorsque nous sommes fatigués ou que nous nous trompons. Nous pouvons toujours recommencer!”

Sr. Benedetta Carnovali

Sr. Benedetta Carnovali

OLYMPUS DIGITAL CAMERAEn Thaïlande sœur Benedetta, ou “Sister Bene” comme on aimait l’appeler, était connue de toute l’Eglise: prêtres, religieux et religieuses, évêques, laïcs, du nord au sud du Pays. Même quelques moines bouddhistes qui fréquentent le focolare la connaissaient bien. Benedetta était une femme qui se laissait approcher et connaître, sans crainte et avec délicatesse. Elle savait accueillir et on pouvait aller chez elle à n’importe quel moment : que ce soit pour un problème, important ou non, un besoin urgent, une chose belle à partager. Elle ne se scandalisait de rien, elle connaissait bien le cœur des hommes et des femmes et savait les aimer. Un évêque a dit une fois à son sujet qu’elle était « une sœur d’or et d’argent » à cause de tout l’argent qu’elle savait trouver pour les pauvres. En allant à l’extrême nord de la Thaïlande on ne pouvait pas ne pas passer chez elle et « bavarder un peu» comme elle disait. Elle se réjouissait de toutes les nouvelles du Mouvement qu’elle considérait comme « sa grande famille » et elle transmettait cette vie à de nombreuses autres personnes. Aussi était-il fréquent de rencontrer lors d’une des mariapolis d’été des personnes à qui elle avait parlé de la spiritualité de l’unité ou bien d’accueillir au focolare quelqu’un à qui Sister Bene en avait parlé. Bref, Benedetta était une vraie « mère spirituelle » qui a transmis la vie surnaturelle à de nombreuses personnes. Beaucoup étaient présentes à ses obsèques, parmi elles des évêques, des prêtres et la foule compacte du « peuple de Dieu » qui ont réussi l’exploit de tenir dans la petite église de Wien Pa Pao, juste à côté du couvent où elle habitait. 1966-08-CG-A-Suor-Benedetta-Birmania-4Sister Bene, Benedetta Carnovali selon l’Etat civil, née en 1925, a été une colonne pour le Mouvement: de nombreux membres de la communauté actuelle des focolari en Thaïlande ont été contactés par elle, y compris des bouddhistes. « Une vraie sœur et une vraie focolarina », comme l’a définie quelqu’un : une sœur « hors du commun », toujours en train de porter quelque chose à quelqu’un et en même temps toujours là, aimant personnellement la personne rencontrée. C’était une amie qui t’appelait pour te souhaiter ta fête, même si chaque année sa voix se faisait toujours plus frêle, mais non pas sa force intérieure. En l’approchant on n’avait jamais l’impression de la déranger : elle semblait n’attendre que toi et n’avoir rien d’autre à faire. Mais tel n’était pas le cas quand on pense, par exemple, à toutes les adoptions à distance qu’elle suivait personnellement, et cela jusqu’à ses derniers jours. Sister Bene a connu la spiritualité de l’unité par un religieux, en 1963, et à partir de ce moment elle a donné sa vie pour que de nombreuses personnes puissent connaître et commencer à vivre cette vie d’unité : d’abord à Myanmar où elle se trouvait alors, puis en Thaïlande, après l’expulsion de tous les religieux par le régime. Une fois en Thaïlande, elle a poursuivi et approfondi son amitié avec les focolari. Les rares fois où elle a eu l’occasion de pouvoir passer quelques jours avec nous, elle écoutait avec grand intérêt les discours de Chiara lubich. Comme tous ceux qui suivent réellement Dieu, sœur Benedetta a elle aussi vécu sa nuit, « sa tempête » en suivant Jésus et elle l’a affrontée en vraie disciple du Christ, avec une charité héroïque. Profondément unie à Vale Ronchetti, une des premières focolarine, elle est allée de l’avant, confrontée à de nombreuses incompréhensions : « Comment une sœur peut-elle faire partie d’un mouvement de laïcs ? » s’est-elle souvent entendu dire ; sans parler d’autres petites ou grandes persécutions, humainement absurdes. Et pourtant Dieu s’est certainement et mystérieusement servi aussi de ces épreuves pour rendre sœur Benedetta toujours davantage sœur et aussi toujours davantage « fille spirituelle de Chiara » (comme elle le disait souvent) : cette apôtre de l’unité n’a pas d’égal dans tout le Sud-est asiatique si l’on en juge par les fruits qu’elle a portés ! Elle nous laisse un héritage de douceur, de tendresse, et de grande force d’âme, d’amour et de service envers les plus démunis : par exemple les membres de la tribu Akha. Et aussi le sourire typique de ceux qui expérimentent qu’il est possible de transformer la douleur en Amour et en font leur raison de vivre. Sœur Benedetta s’est envolée au ciel à l’âge de 90 ans, après avoir écouté la chanson qu’elle aimait beaucoup : « Solo Grazie » (Seulement Merci). Elle est morte toute consumée, mais sereine, comme elle avait toujours vécu ; dans la paix parce que certaine que « ces bras » qui l’ont accueillie depuis sa petite enfance (elle n’a pas connu ses parents) et portée de l’avant dans sa vie religieuse, l’attendaient pour une dernière étreinte et pour la dernière partie du voyage : la plus importante. Ce fut donc une femme merveilleuse qui témoigne qu’aujourd’hui aussi la sainteté est possible. Luigi Butori

Chiara Lubich: Politics for Unity

Chiara Lubich: Politics for Unity

Invitation_(fr)La première manifestation, par ordre de date, se déroulera en Italie, à Rome, le 12 mars, dans la salle du Palais des groupes parlementaires à Montecitorio. Le matin, au cours d’un dialogue avec la présidente de la Chambre des Députés, Mme Laura Boldrini, Pasquale Ferrara, secrétaire général de l’Institut Universitaire Européen et Luigino Bruni, professeur d’Economie politique à la LUMSA de Rome, 300 jeunes du mouvement des focolari (chrétiens, fidèles d’autres religions, non-croyants), provenant de divers points de la planète, s’expriment individuellement ou en groupe sur la situation sociale et politique de leur propre Pays et sur la fraternité vécue comme réponse aux conflits en cours. L’après-midi 300 autres personnes engagées dans la vie politique et dans la fonction publique prennent poursuivent la réflexion, les témoignages et le dialogue à la lumière des principales idées force de la pensée de Chiara Lubich.

En France, à Strasbourg, un séminaire de trois jours réfléchit, du 13 au 15 mars, sur le thème de la fraternité comme concept politique, avec un intérêt particulier pour les problèmes concernant la ville: intervention de Jean-Louis Sanchez, Délégué général de l’ODAS (Observatoire National de l’Action Sociale) ; Jo Spiegel, maire de Kingersheim et Antonio Baggio, politologue et chercheur de l’Institut Universitaire Sophia (Loppiano).

mppu-madrid-2015En Espagne, deux événements à Madrid, les 13 et 14 mars. Le premier est un Séminaire sur le Rôle de l’Union Européenne concernant la Paix et la justice mondiale qui se déroule au siège du Parlement Européen et de la Commission Européenne, là où Chiara Lubich était intervenue le 3 décembre 2002. Le lendemain, au Centre Mariapoli, approfondissements thématiques, parmi lesquels Le choix des « derniers », critère prioritaire de l’action politique.

En Corée du Sud, le 14 mars à Séoul, rencontre au siège du Parlement entre députés et personnes engagées dans l’Administration pour faire le bilan du chemin parcouru en faveur d’une politique de fraternité, une orientation prise il y a dix ans.

Le même jour, à Curitiba (Brésil), des députés, des maires et de simples citoyens proposent un forum pour approfondir la pensée et l’action politique de Chiara Lubich. Interviendront, entre autres, le maire de la ville, Gustavo Fruet, le député fédéral Luiz Carlos Hauly, le Secrétaire de la Justice et des Droits de l’Homme de l’Etat de l’Acre, Nilson Mourão et le maire de Sorocaba (San Paolo), Antônio Carlos Pannunzio.

D’autres congrès se tiendront au Canada, en Colombie, au Honduras, en Allemagne, au Portugal, en République tchèque,en Irlande, en Espagne, en Tanzanie, en Hongrie, aux USA… mais pas seulement.

Lors des nombreuses manifestations qui, dans le monde entier, composent cet événement, on propose un dialogue qui entend mettre l’accent sur la valeur essentielle de l’unité : celle-ci ne consiste pas en une simple adhésion mais résulte d’une confrontation. « J’ai un rêve – affirmait Chiara Lubich – . Pensez à ce que serait le monde si, non seulement entre personnes, mais aussi entre peuples, ethnies, Etats on mettait en pratique la règle d’or : aimer, par exemple, la patrie de l’autre comme la nôtre ». Ses propos sont vérifiés dans la vie personnelle et dans l’action politique de tous ceux qui, dans le monde entier, ont fait leur ce rêve.

“Cette prochaine commémoration nous donnera justement l’occasion de mettre en lumière de nombreuses expériences positives en cours de réalisation dans le monde entier – précise la présidente des Focolari Maria Voce – où des hommes politiques, des personnels de l’Administration et de simples citoyens travaillent ensemble au service du bien commun ».

Et elle souhaite que « les jeunes – qui aujourd’hui considèrent souvent la politique avec crainte ou s’en désintéressent – autant que les adultes, la redécouvrent comme une vocation élevée qui sensibilise chacun au sort de tous les êtres, aux personnes les plus défavorisées, les plus isolées, les plus malheureuses ou marginalisées, non seulement dans son propre Pays, mais dans l’humanité ». « Que la participation à ces événements – conclut-elle dans un de ses messages – donne à tous le signal d’un engagement nouveau et plus conscient, d’une mobilisation personnelle pour bâtir, avec beaucoup d’autres personnes de bonne volonté, un monde meilleur, un monde nouveau ».

Sur le site officiel de l’événement www.politicsforunity.com il sera possible de suivre en direct quelques uns de ces rassemblements. Une carte online des manifestations est disponible, ainsi qu’une sélection de textes de Chiara Lubich, réalisée par le Comité scientifique de l’événement. Le mot-clic (hashtag):          #politics4unity.

Le 7ème anniversaire de la mort de Chiara, survenue le 14 mars 2008, suscite des modes d’expression aussi divers que la biennale artistique Chiara Lubich de Maracaibo (Venezuela), la lecture du charisme de l’unité à travers quelques chefs d’œuvre de l’art européen à Crémone (Italie) ou encore la 3ème édition du Chiara Lubich Memorial Lecture à Durban (République Sud-Africaine). Sans oublier les nombreuses célébrations eucharistiques, Actions de Grâce et prières pour Chiara Lubich, dont la cause de béatification a été ouverte le 27 janvier dernier.

Philippines: des jeunes leaders pour la paix

Philippines: des jeunes leaders pour la paix

21050309-05Le chemin pour un monde de paix est long. L’entreprendre demande du courage, sans vaciller face à la souffrance, à la douleur et à la défaite.” Ce sont les paroles de Val Fajardo, un jeune des Focolari, au terme des cinq jours du “Projet Unis pour la Paix 2015“, mi-février, à la cité-pilote ‘Mariapolis Pace’, à Tagaytay City (Philippines).

La conférence, promue par YSEALI (Young Southeast Asian Leaders Initiative) – qui vise à fortifier le développement du leadership des jeunes et des réseaux en Asie du Sud-Est – avec la collaboration du Mouvement des Focolari, a réuni 30 jeunes leaders de Thaïlande, des Philippines et d’Indonésie pour discuter des conflits religieux et culturels dans la région de l’ANASE (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) et pour partager les meilleures moyens aptes à les apaiser.

Les délégués provenaient de différents milieux – blogueurs de mode, conseillers de présidents, enseignants, journalistes, étudiants, responsables d’ONG et travailleurs sociaux – tous engagés à travailler pour la paix. Le groupe a cherché à comprendre les conflits pour se laisser ensuite guider par la perspective du dialogue interreligieux et interculturel. De là, il est passé à l’analyse du paradigme de la fraternité, qui mène à l’unité et à la réciprocité, et met en évidence le pouvoir de l’action collective, qui sont des composants essentiels à la construction de la paix.

21050309-04Poussés par le besoin désespéré de paix dans le monde, les jeunes délégués ont travaillé intensément, aussi sur des propositions de projets pour aborder l’atténuation et la résolution des conflits, à faire simultanément dans leur pays: “Peace Attack” en Indonésie; “Youth Leaders for Peace Camp” en Thaïlande; et “Peace for real” aux Philippines. Les différents workshops ont mis en évidence la force, la créativité et l’engagement de chaque participant. En tous émergeait l’exigence d’engager les jeunes et les adultes, chacun comme protagoniste de paix. “La construction d’un monde uni implique nécessairement que nous quittions notre confort pour sortir à découvert. Mais nous ne sommes pas seuls dans nos efforts. Nous pouvons partager ces objectifs avec d’autres personnes. Le moment est arrivé de nous engager tous ensemble.”

21050309-02Nikko Yumul, des Focolari, parmi les coordinateurs du programme, affirme: “Les jeunes sont dans la phase de leur vie durant laquelle l’attrait pour réaliser des projets, aussi des grands, est au sommet. Ainsi, la construction de la paix sera en eux comme une étincelle qui devient incendie. C’est seulement une question de temps.”

En conclusion, un “Parc de la Paix” a été inauguré, comme symbole du projet 2015, et les délégués ont planté des arbres dans une école publique près de la Mariapolis Pace. Au centre du parc, se trouve le “Dé de l’amour“, dont les côtés représentent les principes pour la construction de la paix. Des autorités civiles locales, proviseurs, enseignants et étudiants ont participé à l’inauguration.

Il a été demandé au Mouvement des Focolari d’être partenaire dans ce projet jusqu’en septembre 2015. Un comité s’est ainsi constitué, afin de concevoir le contenu du programme et de sélectionner des ressources humaines adéquates, dans la conviction que poursuivre l’objectif de la fraternité universelle est la voie pour résoudre les conflits.

Source: New City Press Philippines

Des étudiantes chiites iraniennes à Loppiano

Des étudiantes chiites iraniennes à Loppiano

20150309-a“En ces temps de haine et de peur je remercie Dieu parce qu’Il nous a choisies pour nous faire connaître une spiritualité comme celle de Chiara Lubich, capable de faire goûter à l’humanité la paix et la vraie joie de l’unité. Ici à Loppiano nous sommes en train d’expérimenter une sorte d’avant-goût de la vie du royaume de Dieu ».

C’est le témoignage d’une des six étudiantes musulmanes iraniennes qui sont en train de passer un mois à Loppiano, en participant à la vie de la Cité pilote 24 heures sur 24. « Une expérience nouvelle pour nous tous – affirme Rita Moussallem, coresponsable, avec Roberto Catalano, du Centre du dialogue interreligieux des Focolari – un signe prophétique porteur d’espérance qui nous dit que c’est l’amour qui gagne ».

Les étudiantes proviennent du “séminaire” de jeunes filles Jami’at al-Zahra de la ville de Qum (Iran), à environ 200 km de la capitale, Téhéran. Il s’agit d’un pôle universitaire d’excellence pour l’Islam chiite et c’est le plus grand au monde avec environ 6000 étudiantes dont un millier proviennent d’autres pays.

En raison de la présence de nombreux sanctuaires, Qum est l’une des villes saintes chiites, destination de dizaines de milliers de pèlerins chaque année et siège de nombreuses universités ; on estime le nombre d’étudiants à environ 100000.

Cette visite est le fruit de la relation fraternelle et du dialogue engagé depuis plusieurs années entre le Centre du Dialogue Interreligieux des Focolari et le professeur Mohammed Ali Shomali, attaché à la section internationale du “séminaire” féminin de Qum, fondateur et directeur de l’Institut International d’Etudes Islamiques (toujours à Qum), et aussi membre de diverses institutions académiques. Il réside actuellement à Londres et dirige le Centre Islamique de Grande Bretagne. « En avril dernier nous sommes allés à Qum avec quelques focolarini, sur invitation du professeur Shomali – explique Roberto Catalano – pour visiter divers instituts universitaires et approfondir notre connaissance réciproque. C’est à cette occasion qu’a commencé à se concrétiser la possibilité pour un groupe d’étudiantes de faire l’expérience de la spiritualité de l’unité ».

A Loppiano, le professeur Shomali, ainsi que sa femme et les étudiantes, ont visité les diverses Ecoles de formation et les ateliers de travail. Ils ont connu les habitants et leurs expériences et se sont plongés dans la vie et les activités de la Cité pilote. Très lumineux le moment de rencontre du professeur Shomali avec l’équipe enseignante et les étudiants de l’Institut Universitaire Sophia. En se référant au terme qui a donné son nom à l’Institut, il a souligné que le concept de sagesse signifie beaucoup plus que la connaissance : « Nous pouvons entendre des paroles de connaissance venant de la bouche de nombreuses personnes, mais les paroles de sagesse ne peuvent venir que de Dieu ».

En ce moment les étudiantes iraniennes poursuivent l’expérience en approfondissant la spiritualité de l’unité et ses aspects concrets.

A petits pas

8 mars, journée internationale de la femme

MariaVoce_2014_aEn ce jour chacun aura à cœur le souvenir des innombrables figures féminines qui ont marqué sa vie, depuis la femme à qui il doit la vie à celle qui est devenue sa fiancée, puis son épouse… les sœurs, les grand’mères, les baby-sitter, les catéchistes, les camarades de classe, les enseignantes, les infirmières, les caissières, les femmes de ménage, et aujourd’hui les astronautes. Aujourd’hui nous voulons célébrer la femme en partageant quelques pensées de Maria Voce, présidente des Focolari, extraites de deux interviews qu’elle a accordées à la chaîne de télévision brésilienne TV Nazaré et à la revue Cidade Nova, en avril 2014, lors de son voyage au Brésil.

“Le rôle de la femme au sein de l’Eglise a commencé avec Marie dans la première communauté de Jérusalem, où elle avait un rôle tout particulier auprès des apôtres. Si l’on parcourt l’histoire de l’Eglise on constate que par la suite la place des hommes l’emporte, surtout dans les fonctions de gouvernement, aussi du fait que le ministère sacerdotal leur est réservé. Ceci a fait que les prêtres se sont particulièrement identifiés à la hiérarchie de l’Eglise et que la femme représentait, d’une certaine façon, une présence moins importante dans l’Eglise.

Il y a eu depuis une évolution, non seulement dans l’Eglise mais dans l’humanité, dans la société où petit à petit les femmes ont conquis des rôles importants. Il se peut que dans certains contextes et cultures ces rôles leur étaient déjà reconnus, mais dans la culture occidentale la femme a dû se frayer un chemin toute seule ».
« Dieu en faisant l’homme à son image l’a créé homme et femme, ce qui signifie qu’Il n’a pas créé un seul être, unique, mais deux créatures différentes. Il les a créées ainsi pour qu’elles soient complémentaires l’une de l’autre, et témoignent, même dans la diversité des fonctions, dans la diversité des rôles, de cette filiation divine de l’homme voulue par Dieu. Ce sont donc deux créatures égales en dignité. Il me semble que cette réalité commence à se manifester petit à petit dans le domaine politique et social. Aujourd’hui nous assistons comme jamais à l’émergence de figures féminines qui assument la présidence d’Etats et de Pays importants.
La présence de la femme dans l’Eglise doit grandir surtout à travers le témoignage de son charisme spécifique, qui est de démontrer que l’amour est plus important que le gouvernement; qu’on ne peut pas gouverner sans amour ».

« Un plus grand impact de la présence féminine pourrait avoir des effets positifs non seulement dans l’Eglise, mais aussi dans la société. Au niveau d’une entreprise, par exemple, d’un Etat, d’un gouvernement, la présence féminine, lorsqu’elle est effective, se manifeste clairement du fait qu’elle permet une saine confrontation, ainsi qu’une collaboration qui naît de la complémentarité du don que représente l’homme et de celui que représente la femme. Le pape François donne l’exemple de quelqu’un qui sait apprécier l’apport des femmes. La douceur, la tendresse auxquelles il se réfère toujours, sont des caractéristiques plus féminines que masculines ».

“La capacité de supporter, d’accueillir, de donner, sont caractéristiques de la mère qui met au monde son enfant et qui, le moment venu, sait le laisse aller. Cette capacité de savoir s’attacher et tout à la fois de se détacher a une influence positive sur la façon de gouverner. Quelqu’un m’a demandé : « Comment fais-tu pour concilier amour et gouvernement ? “ J’ai répondu qu’on ne peut pas gouverner sans amour. C’est impossible. Exercer le pouvoir sans amour, ce n’est plus gouverner, mais opprimer ».

Chiara Lubich : “Aimer la patrie de l’autre comme la sienne”

“Grâce à cette spiritualité, aujourd’hui, des hommes et des femmes de presque toutes les nations du monde, lentement mais résolument, tentent d’être, au moins dans leur milieu, les germes d’un peuple nouveau, d’un monde de paix, plus solidaire surtout des plus faibles, des plus pauvres, d’un monde plus uni.

Grâce à elle, nous pensons devoir apporter notre contribution ici aussi, dans cette “maison” de rencontre des peuples, pour soutenir avec une plus grande force d’âme les efforts qui sont faits pour que l’ONU devienne un instrument adéquat aux attentes de l’humanité.

D’ailleurs, la nécessité de redécouvrir le sens de la réciprocité fait désormais partie du “sentiment commun” des leaders de la vie internationale. C’est un des points fondamentaux des rapports internationaux et la réciprocité est aussi à la base de notre spiritualité et donc de notre action. Elle requiert que l’on dépasse les anciennes et nouvelles logiques d’alliance, établissant au contraire des relations avec tous, comme l’exige le véritable amour. Elle demande que l’on agisse en premier, sans conditions et délai. Elle porte à considérer l’autre comme un autre soi-même et donc à concevoir, suivant cette ligne, tout type d’initiative : désarmement, développement, coopération.

Cette réciprocité est en mesure d’amener chaque leader de la vie internationale à vivre l’autre, à connaître ses besoins et ses capacités, non seulement dans les situations d’urgence, mais à en partager chaque jour l’existence.

La paix, comme en témoignent aussi les finalités et l’action des Nations unies a des noms nouveaux et demande, en premier lieu, un effort que l’ONU – avec votre apport spécial et la contribution de tous ‑ peut soutenir : dépasser la catégorie de l’ennemi, de n’importe quel ennemi.

Exclure la guerre ne suffit pas, il faut créer les conditions pour que chaque peuple puisse aimer la patrie de l’autre comme la sienne, dans un échange de dons, réciproque et désintéressé.

Que Dieu, le Père de tous, rende nos efforts féconds ainsi que ceux de toutes les personnes qui se vouent à la réalisation du noble objectif de la paix”.

Chiara Lubich

Vie consacrée, vocation prophétique

Vie consacrée, vocation prophétique

P1000614«Un grave accident et je me retrouve à l’hôpital. C’était la première fois que j’éprouvais une telle souffrance ». Raconte Sr Felicitas, qui vient des Philippines. Malade avec les autres. Pourtant c’est justement à l’hôpital que j’ai fait “l’expérience de l’amour de Dieu à travers ces personnes qui sont venues me rendre visite. Quelqu’un m’a apporté l’Eucharistie, c’était « tout » pour moi à ce moment-là. L’aumônier m’a manifesté son accueil et sa disponibilité. Entourée de l’amour de tous, j’ai répondu par mon amour : c’était une chaîne d’amour réciproque ». L’expérience de Sr Felicitas souligne l’impact de la spiritualité de communion en tant que réponse possible aux exigences de vie de communauté et d’apostolat au milieu du monde : « Il existe une extraordinaire coïncidence entre ce que l’Eglise et le monde demandent à la vie consacrée », affirme Sr Antonia Moioli, responsable des consacrées du mouvement des Focolari. « La graine que Chiara a semée en nous germe, quelquefois elle fleurit et devient une voix prophétique qui indique le chemin pour l’humanité qui s’est perdue et devient « château extérieur » irradiant l’amour ». “Grandir dans la spiritualité de l’unité et la vivre – demande le préfet de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique, le cardinal João Braz de Aviz, aux religieuses et religieux adhérents des Focolari – parce que lorsque les charismes se rencontrent, ils prennent vie et l’œuvre de Marie (mouvement des Focolari) fait briller les charismes, les illumine. On n’a pas besoin de grands discours – continue-t-il – il suffit d’être témoins de l’évangile vécu ; c’est la route du changement. La vocation spécifique des consacrés et des consacrées est celle d’ouvrir des routes prophétiques en même temps qu’ils témoignent des valeurs du Royaume. Voilà ce qu’attend l’Eglise et l’humanité d’aujourd’hui, et pour cela il faut retourner à son charisme propre et le vivifier ». Giuseppe Zanghi (Peppuccio), chercheur et philosophe, voit en Chiara Lubich celle qui a apporté une lumière, qui a créé les conditions pour une nouvelle culture, jaillie de Jésus abandonné: c’est Lui le Dieu de l’homme contemporain. « Sa réflexion – explique encore Sr Antonia – nous pousse à être des phares dans la nuit, sentinelles qui annoncent le matin. Sera-t-il possible de réaliser la vocation typiquement prophétique de la vie consacrée ? Des monastères et des communautés dans le passé, ont été des centres prestigieux de culture et de spiritualité ; est-il possible de considérer encore aujourd’hui cette réalité antique et nouvelle comme un défi ? ». “Ici nous sommes vraiment en présence « d’un écrin » empli de dons , affirme Maria Voce, présidente des Focolari. Puis ensemble, nous pouvons donner des trésors à toute l’Eglise et au monde entier qui a besoin de voir comment s’aiment les chrétiens pour croire au Christ. Cette richesse que Dieu nous donne, en nous faisant sa famille, est pour l’humanité. Voilà le sens de ce que le pape François continue à souligner en disant de sortir ». « La fraternité universelle de l’humanité commence par la fraternité entre nous, dans chaque couvent, dans chaque communauté, dans chaque congrégation, chaque ordre et puis dans l’Eglise tout entière ». Le congrès des consacrées s’ouvre sur un futur à construire, pas seules, mais avec beaucoup d’autres, pour être les témoins d’un amour qui défie les différences.

La guerre en Syrie : interpelle -t- elle encore ?

La guerre en Syrie : interpelle -t- elle encore ?

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«Elles ne cessent, malheureusement, d’arriver, les nouvelles dramatiques de la Syrie et de l’Irak, relatives à des violences, à des enlèvements de personnes, et à des injustices aux dépens de chrétiens et d’autres groupes. Nous voulons assurer à ceux qui vivent dans ces situations que nous ne les oublions pas, mais que nous leur sommes proches et que nous prions avec insistance pour qu’on mette fin au plus vite à cette intolérable brutalité dont ils sont victimes ». C’était le dernier appel pressant du Pape François lors de l’audience générale du dimanche 1er mars. La multitude de gens qui remplissait la Place St Pierre s’est recueillie en profonde prière pendant une minute, rappelant ainsi ces deux pays martyrs du Moyen Orient.

Ils nous écrivent de la Syrie : « Désormais, beaucoup se sont faits à l’idée que la guerre est un état de fait et la nouvelle que des centaines de personnes y meurent chaque jour passe presque inaperçue. Les gens sont poussés à bout et l’hiver est froid et long, sans gasoil de chauffage ni électricité et sans eau. Les obus continuent à semer la mort dans les grandes villes ; tandis que les batailles se perpétuent dans les périphéries et dans les villages. L’économie est à terre et beaucoup de familles n’ont plus de travail; les voies légales pour sortir du pays sont fermées. Un évêque syrien a dit que notre peuple est humilié et touché dans sa dignité ».

20150206_161931Les communautés des Focolari en Syrie malgré tout le mal qui se propage, continuent à croire « qu’ici, un meilleur futur est possible ; nous continuons à trouver la force dans la vie de l’Évangile, aussi avec des témoignages courageux ». Ils savent qu’ils ne sont pas seuls, mais qu’ils font partie d’une grande famille dans le monde qui prie pour eux et œuvrent pour la paix. « Et pourtant, la fatigue, après 4 années de guerre, et la perspective d’un futur obscur pour le pays, pèsent beaucoup. Et ils sont nombreux désormais ceux qui cherchent à émigrer pour mettre fin à ce cercle infernal ».

C’est dans ce contexte que le 23 février dernier, les focolarini sont rentrés à Alep. Ils écrivent : « Après trois mois d’absence, nous sommes rentrés composer notre focolare à Alep, avec Sami notre focolarino marié qui habite au littoral avec sa famille, il en fait partie et vient chez nous une fois par mois. Rester ici est un défi , parce que nous sommes conscients que seul, Jésus présent au milieu de nous, par l ‘amour réciproque, est source d’espérance et de soulagement pour la communauté et pour les gens qui sont autour de nous ».

« Au cours de notre voyage, -concluent-ils – nous nous sommes arrêtés à Damas, chez les focolarine qui ont soutenu la communauté pendant notre absence ; et une autre semaine dans la communauté de Kfarbou, au centre du pays. Il y a une grande joie pour notre retour : maintenant la famille est au complet ! Nous sommes tous reconnaissants pour les prières de tant de gens dans le monde qui nous soutiennent dans cette dure épreuve ».

François aux évêques amis des Focolari

François aux évêques amis des Focolari

L’évêque ne rassemble pas le peuple autour de sa propre personne ou de ses propres idées mais autour du Christ, c’est ce qu’a dit le pape François en rencontrant ce matin les évêques amis des Focolari. Le charisme de l’unité propre au mouvement des Focolari – a dit le pape – « est fortement ancré dans l’Eucharistie, qui lui confère son caractère chrétien et ecclésial ».

« Sans l’Eucharistie l’unité perdrait son pôle d’attraction divine et se réduirait à un sentiment et à une dynamique purement humaine, psychologique, sociologique. Par contre l’Eucharistie garantie qu’au centre il y ait le Christ, et qu’il y ait son Esprit, l’Esprit Saint qui fait avancer nos pas et nos initiatives de rencontre et de communion ».

Le service fondamental des évêques – a ajouté le pape François – est celui de rassembler « les communautés autour de l’Eucharistie, à cette table doublée de la Parole et du Pain de vie ».

« L’évêque est principe d’unité dans l’Eglise, mais cela ne peut arriver sans l’Eucharistie : l’évêque ne rassemble pas le peuple autour de sa propre personne, ou de ses propres idées, mais autour du Christ présent dans sa Parole et dans le Sacrement de son Corps et de son Sang ».

“Ainsi l’évêque, qui s’est conformé au Christ – a affirmé le pape – devient évangile vivant, il devient Pain rompu pour la vie de beaucoup par sa prédication et son témoignage. Celui qui se nourrit avec foi du Christ Pain vivant est poussé par son amour à donner sa vie pour les frères, à sortir, à partir à la rencontre de qui se trouve marginalisé et déprécié ».

20150304VescoviAmiciFocolarEnsuite le pape remercie de manière particulière les évêques venant « des terres ensanglantées de la Syrie et de l’Irak, de même que ceux de l’Ukraine ».

« Dans la souffrance où vous vivez avec votre peuple, vous faites l’expérience de la force qui vient de Jésus Eucharistie, force d’avancer unis dans la foi et l’espérance. Dans la célébration quotidienne de la messe nous sommes unis à vous, nous prions pour vous en offrant le sacrifice du Christ ; et à partir de là même les multiples initiatives de solidarité en faveur de vos Eglises prennent force et signification ».

A la fin, le pape François encourage les évêques amis des Focolari à développer l’engagement « en faveur du cheminement œcuménique et du dialogue interreligieux » et les remercie pour l’apport qu’ils ont donné « pour une meilleure communion entre les divers mouvements ecclésiaux ».

Le néo cardinal Francis Xavier Kriengsak Kovithavanij, archevêque de Bangkok, modérateur de la rencontre s’était adressé au pape François au nom du groupe en disant entre autre : « Dans la situation du monde d’aujourd’hui nous sentons que nous-mêmes aussi bien que nos Eglises particulières doivent être capables d’écoute et de dialogue. Nous sentons que ce n’est pas le fruit du hasard que Dieu nous a mis en contact avec une humanité blessée par de nombreux maux. Nous portons dans notre cœur et aujourd’hui devant vous les signes de tant de larmes, des cris de désespoir, des signes de recherche.

Et encore : “face aux énormes défis d’aujourd’hui nous nous sentons petits et parfois impuissants. Mais nous mettons notre confiance en un amour plus grand qui nous a appelés et nous a tellement aimés qu’il nous a donné la mesure divine de l’amour, celle d’être prêts à donner la vie et, s’il le faut, de mourir pour les autres. C’est ce pas que notre frère, évêque ami de la Libye, Mgr Innocenzo Martinelli est en train de faire, lui qui n’est pas parmi nous pour être resté là malgré le danger réel de mort. C’est ce pas qu’ont fait aussi les deux évêques amis de la Syrie, Mgr Gregorios Yohanna Ibrahim, Syro-orthodoxe, et le Métropolite Boulos Yazigi, Gréco-orthodoxe du Patriarcat d’Antioche, séquestré il y a environ deux ans et presque oublié de l’opinion publique ».

Le pape a voulu saluer particulièrement Maria Voce, présidente des Focolari, présente dans la salle Paul VI avec les évêques. Revenue d’une rencontre en Allemagne avec 150 représentants de mouvements évangéliques, elle a apporté au pape leur salutation et l’espoir dans l’engagement commun vers l’unité. Le pape l’a remerciée : « bien. Très important le travail œcuménique que vous accomplissez ».

Le pape François avait devant lui un éventail du monde: 35 pays, de l’Asie (Thaïlande, Myanmar, Inde), aux pays du Moyen Orient (Liban, Syrie, Irak, Algérie), à l’Afrique (Cameroun, Ethiopie, Uganda, Madagascar, Tanzanie, Afrique du Sud), aux Amériques (USA, Haïti, Panama, Equateur, Brésil, Uruguay), à l’Europe (Allemagne, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Hollande, Autriche, Suisse, Rép. Tchèque, Rép. de Moldavie, Roumanie, Slovénie, Slovaquie, Ukraine).

A la rencontre (3-6 février2015 à Castelgandolfo), interviendront aussi la présidente du mouvement des Focolari, Maria Voce, et le coprésident Jesús Morán. On entendra de même des expériences et des projets pour une pastorale plus attentive aux rapports entre les évêques et les fidèles, à l’engagement pour l’unité des différents mouvements existant autant dans l’Eglise catholique que dans les autres Eglises, au dialogue avec les autres chrétiens et avec les différentes religions

Évangile vécu: faire le premier pas

Évangile vécu: faire le premier pas

 

20150304-01Revivre la douleur d’autrui
“Notre fils Mattia est né avec de graves problèmes aux voies respiratoires. Pour cette raison, nous avons passé ses six premiers mois de vie à l’hôpital. Comment exprimer l’angoisse éprouvée durant ses crises ou lorsque les médecines ne réussissaient pas à trouver la thérapie adaptée à son cas? Pourtant, nous n’avons jamais douté de l’amour du Père: grâce aussi au soutien de nos familles et de beaucoup d’amis. Surmontant la tentation de nous enfermer sur notre problème, nous avons pu partager les préoccupations d’autres parents d’enfants hospitalisés, discuter avec eux du mystère de la douleur et de la foi. Maintenant, Mattia va beaucoup mieux. Dernièrement, le personnel du service de l’hôpital nous a proposé de faire partie d’un groupe qui réfléchit sur des thématiques relatives à des cas de petits patients (la voix des parents est importante pour des choix souvent difficiles): une invitation que nous avons acceptée, même s’il s’agit de revivre, à travers les autres, la douleur déjà expérimentée.”
M. et S. – Lazio – (Italie)

Le dé de l’amour
“Maman et papa ne s’entendent pas très bien. Ils se disputent souvent. Parfois elle ne cède pas et il s’énerve. Pour les aider, même si je suis la plus petite, l’idée m’est venue de faire à la maison un jeu que nous faisons à l’école: apprendre à nous aimer en jetant un dé en carton avec les dessins de six gestes d’amour. Comme je n’avais pas le dé, j’ai pris des pages d’un cahier et j’y ai inscrit les six phrases. J’ai demandé à maman et à papa de jouer avec moi. Chacun devait prendre une petite feuille et faire ce qui était écrit. Si quelqu’un ne le faisait pas, je consignais les points dans un cahier. Maman a tiré le papier “aimer tout le monde” et papa, “aimer les ennemis”. Ils ont recommencé, en jouant avec moi, à s’aimer.”
D.H. – Philippine

Une fille inattendue
“Notre fille Solange, infirmière dans une clinique de Rio de Janeiro, s’est retrouvée un jour devant une jeune fille qui insistait pour être hospitalisée au moins jusqu’à l’accouchement, mais elle n’avait ni papiers, ni argent pour payer l’hospitalisation. Comme personne ne l’écoutait, Solange s’est adressée au directeur de la clinique et aux autres médecins. Finalement, la jeune fille a été acceptée sous sa responsabilité. Tout s’est bien passé. Une belle petite fille est née, Barbara. Mais quelques jours après, la mère a disparu, abandonnant le nouveau-né. Le directeur et les médecins se sont fâchés contre Solange, si bien que, même si mon mari et moi ne sommes plus très jeunes, nous nous sommes offerts pour accueillir Barbara comme notre cinquième fille, quinze ans après notre cadet.”
A. – Brésil

 

 

 

Loppiano – Vers une économie pour le bien commun

Loppiano – Vers une économie pour le bien commun

150306-08_Loppiano_T4E_Common_Good_volantinoL’Europe continue à lutter avec une incertitude économique qui pose de graves défis aux entreprises, aux responsables des politiques économiques et aux citoyens. Des chrétiens provenant de divers domaines de l’économie et du monde entrepreneurial se sont donné rendez-vous à Loppiano (près de Florence), du 6 au 8 mars, pour partager expériences et visions, pour donner la contribution d’une voix prophétique d’espérance.

Jusqu’alors en Europe, seule la voix des institutions a parlé – affirme le professeur Luigino Bruni. Notre rêve est que dans les ministères de l’économie il y ait des franciscains, des focolarini, des personnes qui ont choisi les derniers… La voix de la gratuité est nécessaire. Depuis quelques décennies, ces voix se sont complètement tues. Une économie sans âme, sans charismes capables d’inclure aussi les pauvres, n’a pas de futur. Qu’ont à dire les mouvements chrétiens, aujourd’hui, sur le plan économique? Nous avons commencé le chemin d’«Ensemble pour l’Europe» avec Chiara Lubich au début du millénaire. Après 15 ans de travail ensemble sur le plan de la connaissance, il nous semble que ce chemin est devenu un être ensemble pour une économie différente, pour une politique différente. Le moment de dire quelque chose est arrivé.”

L’initiative du congrès naît en novembre 2012 à Munich en Bavière, durant la rencontre des ‘Amis d’Ensemble pour l’Europe’ (Together for Europe). À cette occasion, des experts en économie de quelques mouvements et communautés de différents pays et Églises se sont mis d’accord pour s’accorder un moment d’approfondissement commun, avec l’intention de donner une contribution spécifique dans le domaine économique, à partir des charismes.

Le programme prévoit un espace pour approfondir les “signes des temps” que nous vivons, avec le partage des expériences. Et un espace pour la réflexion sur les “signes d’espérance” avec une table ronde sur l’économie du partage et la “culture du don“. Une expérimentation du “travail avec les mains, pas seulement avec la tête” est aussi prévue, à la “Ferme Loppiano Prima“; et un atelier artistique avec le groupe musical Gen Verde. “Ensemble vers une économie du bien commun” est le titre choisi et s’articulera autour de trois domaines de travail: pauvreté, entreprises et institutions. Une exposition sera organisée avec les réalisations de chaque communauté.

Non seulement des banques de détail et d’investissement – continue Bruni – mais aussi une contribution du bas, de la solidarité, pour donner une voix à tous, aux pauvres, aux exclus. Nous essayons de parcourir un chemin ensemble, avec quelques mouvements catholiques et évangéliques (Jean XXIII, Schönstatt, Focolari, YMCA et Vineyard), comme comité préparatoire, et avec la spécificité d’écouter la voix des charismes sur la crise économique que vit l’Europe.” L’idée, donc, est de donner une vision sur l’Europe à partir de l’économie comme réciprocité et comme don, et pas seulement comme intérêt et profit. L’Économie qui naît des coopératives, du social, du civil.

“L’Europe économique – explique le professeur Bruni – a aussi été faite par les charismes de Benoît, de Dominique, de François (nous pensons à l’institution des monts-de-piété), pour ne pas parler des charismes sociaux qui ont inventé les écoles, les hôpitaux, parallèlement au monde du commerce qui décollait avec les entreprises et les marchands. La nouvelle Europe qui naîtra de cette crise, pour qu’elle soit une Europe bonne, a encore aujourd’hui besoin de la contribution des charismes, charismes modernes, qui parlent le langage de l’économie; il y a toute une vie des mouvements chrétiens européens qui a son mot à dire, différent de celui de la Banque centrale européenne. Nous commencerons humblement, mais notre objectif est d’aller à Bruxelles pour nous adresser aux institutions avec une contribution spécifique.”

 

Politique : des citoyens actifs et non passifs !

Politique : des citoyens actifs et non passifs !

20150302-01Un conseiller communal, chef de file du parti de la majorité de la ville argentine de Mar del Plata (Argentine), voit entrer dans son bureau deux jeunes qui se présentent comme des activistes de l’opposition. Le conseiller, curieux, les reçoit. Avec simplicité les deux jeunes expliquent qu’ils désirent le respecter pour ses positions, mais qu’ils veulent exercer de manière constructive leur rôle politique d’opposition. Le conseiller, étonné de cette déclaration insolite, leur demande où ils ont appris à faire de la politique de cette manière. Les deux jeunes lui expliquent qu’ils font partie d’un petit groupe de l’école de formation du Mouvement Politique pour l’Unité (MPPU). Quelque temps après, même le conseiller communal commence à fréquenter l’école politique locale du MPPU.
Chiara Lubich n’aura sans doute pas connu ce tout petit épisode, perdu dans l’océan des milliers d’autres faits que nombre de membres du MPPU venant de tant de pays auraient pu évoquer.

Malgré cela, on peut sans aucun doute le considérer comme un effet typique de la rencontre avec la pensée et l’esprit du charisme de l’unité dont Chiara était porteuse et qui a comme paradigme l’idéal de fraternité universelle. Comment ? En préparant les citoyens et donc une société civile, sensible à la vie de la communauté politique dans laquelle ils sont insérés. Une citoyenneté active, en somme.
Un plongeon dans l’histoire. Au cours de l’été 1959, pendant deux mois, un total de 12000 personnes ont séjourné quelques jours ou plus à la mariapoli qui s’est tenue dans la vallée de Primiero (Dolomites). Elles venaient de 27 pays des cinq continents. Ces jours-là Chiara affirmait : “Le moment est arrivé… où chaque peuple doit dépasser ses propres frontières et regarder au-delà; il est arrivé le temps où l’on doit aimer la patrie de l’autre comme la sienne ». Paroles courageuses à une époque où les effets du terrible conflit mondial pouvaient encore se voir ; paroles inspiratrices de nouveaux rapports entre peuples et gouvernements. Aimer la patrie de l’autre comme la sienne est encore aujourd’hui une idée forte, une ligne directrice d’action, qui part des plus faibles et des plus pauvres.

Philadelphie (USA), 2003. Durant la “journée de l’interdépendance” qui s’est déroulée dans cette ville, Chiara écrit dans son message : “ De plusieurs points de la terre, aujourd’hui, monte le cri d’abandon de millions de réfugiés, de millions d’affamés, de millions d’opprimés, de millions de chômeurs qui sont exclus et comme « coupés » du corps politique. C’est cette séparation, et pas uniquement les privations et les difficultés économiques qui les rendent encore plus pauvres, qui augmente leur désespoir. La politique n’aura pas rejoint son but, elle n’aura pas gardé la foi en sa vocation tant qu’elle n’aura pas reconstitué cette unité et guéri ces plaies ouvertes dans le corps politique de l’humanité ». Mais pour arriver à ce but on aura besoin de la fraternité, parce que « liberté et égalité, face aux défis du présent et du futur de l’humanité, ne sont pas suffisantes à elles seules(…). Egalité et liberté seront toujours incomplètes et précaires, tant que la fraternité ne fera partie intégrante des programmes et des processus politiques dans toutes les régions du monde ».
Ce ne sont pas de simples paroles celles de Chiara, mais le fruit de l’expérience d’un mouvement qui au cours de son développement a étendu son regard sur le monde en s’appropriant “les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes d’aujourd’hui”.
Ce sera donc la société civile, qui se basera sur des citoyens animés par l’esprit de fraternité, comme l’a souhaité Chiara Lubich, qui précisera les limites et le contenu de la liberté et de l’égalité, les trois piliers de notre civilisation.
Texte intégral : Politics for Unity

Sophia à Trente : créativité et innovation

Sophia à Trente : créativité et innovation

20150301-aUn expérimentation : placer en montagne une initiative académique inter-disciplinaire et inter-culturelle, selon la méthodologie et l’apprentissage caractéristique de l’IUS. C’est ce qui a donné vie à la première Winter School internationale de lInstitut Universitaire Sophia (IUS), qui s’est terminée le dimanche 15 février, organisée avec le soutien de la Province Autonome de Trente et la collaboration des Caisses rurales et de la Fédération de Trente de la Coopération. Les jeunes participants, provenant de 18 pays, accueillis au Centre Mariapolis intitulé à Chiara Lubich, dans sa terre natale, ils se sont sentis accueillis d’une manière superlative par la ville de Trente.

Dans un contexte dans lequel le changement est guidé par la technologie et par les défis politico-économiques, on a cherché à comprendre la créativité et l’innovation, à la lumière de la ”culture de l’unité”, et sa possible valeur ajoutée. Par exemple, donner espace et reconnaissance aux diversités même lorsqu’elles sont génératrices potentielles de conflit.

A côté des leçons en auditoire et des travaux de groupes qui ont rythmé le programme, avant et après les excursions et les activités sportives, la réflexion sur le sport et la corporéité a offert une ultérieure et originale clé de lecture aux thèmes proposés. D’un particulier impact fut la soirée ouverte à la ville ”Capitaine, mon capitaine”, conduite par Paolo Crepaz de Sportmeet, en dialogue avec trois capitaines d’équipes sportives de haut niveau.

Un regard donc sur les questions et les ressources de notre temps, regard qui pousse à penser en grand et à agir avec cohérence.

A la fin, quelques participants ont offert quelques observations personnelles.

F.S. diplômée en Communication d’entreprise, avec un doctorat sur le microcrédit et la microfinance: ”J’emporte deux choses avec moi : la méthodologie de l’interdisciplinarité – les savoirs ne peuvent plus se penser comme des fragments isolés – et la nécessité de construire des relations qui partent de la profonde connaissance de soi-même et de la propre discipline, pour aller vers l’autre et revenir enrichis de la discipline de l’autre. J’essaierai de reporter la dynamique de ces jours-ci – écoute, réciprocité, partage – dans la vie de chaque jour”.

G.F. qui étudie Sciences sociales :”Elle est nouvelle cette recherche dont vous nous avez parlé de mettre en évidence la relation entre sport et culture de l’unité, dans la perspective d’une vision intégrale de la personne et de la société : nous avons encore beaucoup, énormément à découvrir”.

M.P. diplômé en Sciences naturelles :”Je ne connaissais pas Sophia…je trouve que c’est une réponse adéquate à notre époque. Je pense que, comme cela se passe dans l’écosystème, où tout est interconnecté, et quoi que nous fassions, tout a des conséquences personne n’étant exclu et sous n’importe quelle latitude. Nous sommes appelés au dialogue, conscients des conséquences de notre façon d’agir”.

C.G., au terme du doctorat en Droit Constitutionnel : ” C’est beau de commencer la journée avec le moment du ”starting point” – l’approfondissement d’un bref passage de l’Écriture à traduire en vie – et donner ainsi un cadre à toute la journée, un point de départ. Maintenant je suis aussi là…pour construire Sophia dans mon université”.

 

Source : Sophia online

Ukraine: regard sur l’Economie de Communion

Ukraine: regard sur l’Economie de Communion

150202-07_Sumy_01_ridPour différentes raisons, il est plutôt rare que des étudiants ukrainiens se déplacent dans d’autres villes pour y rencontrer des collègues d’autres universités. L’École d’hiver qui s’est tenue à Sumy (Ukraine) du 2 au 7 février a donc été une occasion unique pour se rencontrer et connaître les particularités culturelles des diverses régions du pays, dans une ambiance amicale de coopération et d’entraide. Le principal résultat de cette école a effectivement été la possibilité pour des jeunes de toute l’Ukraine de se rencontrer, créer des liens, discuter de leurs projets, organiser des projets communs et bien d’autres choses encore.

En ce dur temps de crise et de guerre qui touche actuellement le pays, on comprend l’importance de tels moments de communion entre jeunes de l’Est et de l’Ouest.

Les 42 participants arrivés à Sumy avaient déclaré avoir une certaine connaissance des sujets annoncés par le titre de cette session : “Values in Economy and Business“, mais à la fin chacun admettait la grande nouveauté des contenus des cours et des ateliers, et affirmait que les exemples concrets illustrant les enseignements lui avaient permis d’approfondir l’intéressante question de la responsabilité sociale des entreprises.

L’école s’est déroulée à l’Ukrainian Academy of Banking. Elle a débuté avec la conférence du Prof. Petrushenko sur l’éthique dans le monde des entreprises. Il en a dessiné les principes philosophiques de base et a défini les domaines de la responsabilité sociale des entreprises dans la société.

Cristian Loza Adaui professeur à l’Ingolstadt School of Management (Allemagne) a ensuite introduit les concepts de base de l’ÉdeC. Le titre de sa leçon “Le Business du business est la personne humaine” a dans un premier temps surpris et décontenancé les étudiants. Il a alors approfondi son approche théorique du monde des affaires dans une perspective plus humaine et socialement responsable. Le lendemain il a développé ce sujet en focalisant l’attention sur l’application pratique des valeurs dans l’économie sociale et de marché.

Autre expérience nouvelle pour les participants : la leçon par skype de l’entrepreneure philippine Teresa Ganzon, qui a présenté son expérience de gestion de Bangko Kabajan, institution financière rurale basée sur la culture du don et sur l’Économie de Communion. Beaucoup se sont dits surpris de connaître une banque qui ne se base pas uniquement sur le principe de la maximalisation du profit, et qui réussit sa gestion  bancaire en respectant chaque client en tant que personne et en prenant spécialement en compte sa situation.

La professeure Tatiana Vasylieva, a parlé de l’entrepreneuriat socialresponsable dans le contexte ukrainien. Elle a passé toute la quatrième journée avec les étudiants, faisant intervenir des représentants d’institutions bancaires et de compagnies d’assurances de Sumy en dialogue ouvert avec les jeunes : ils ont communiqué leurs expériences, aussi bien positives que négatives, et expliqué qu’en Ukraine beaucoup d’obstacles à une économie plus socialement responsable pourraient être surmontés. Les étudiants ont beaucoup apprécié cette présentation et ont longuement discuté avec les intervenants des problématiques actuelles de l’Ukraine.

Chaque jour l’école d’hiver prévoyait des ateliers en groupes de travail sur de petits projets concernant la responsabilité sociale, l’éthique et les valeurs dans la gestion d’entreprise. Des représentants de l’Académie Sociale “Caritas in Veritate”, promotrice de cette école, étaient chaque jour présents pour discuter avec les participants, les aider dans la réalisation de leurs travaux, et pour présenter leurs idées de façon nouvelle à ce public externe.

Le dernier jour a été consacré à la présentation des fruits des travaux de groupe. Mais le plus intéressant a été l’analyse du compte-rendu de l’opposition entre la gestion traditionnelle des entreprises qui visent le profit maximal, et un type d’entreprises socialement responsables, basées sur l’éthique et sur les valeurs du bien commun.

Source: http://edc-online.org/fr/accueil/evenements/10179-ukraine-ecole-d-hiver-edec.html

Mars 2015

Au cours d’un voyage en Galilée, près de Césarée de Philippe, Jésus demande à ses disciples ce qu’ils pensent de lui. Au nom de tous, Pierre affirme qu’il est le Christ, le Messie attendu depuis des siècles. Pour éviter des équivoques, Jésus explique clairement comment il entend réaliser sa mission. Il libérera son peuple, certainement, mais d’une manière inattendue, en payant de sa personne : il devra beaucoup souffrir, être condamné, mis à mort et, au bout de trois jours, ressusciter.

Pierre n’accepte pas cette vision du Messie ; comme beaucoup d’autres de son temps, il l’imaginait comme quelqu’un qui agirait avec force et puissance, chassant les Romains et mettant la nation d’Israël à sa juste place dans le monde. Il en fait donc le reproche à Jésus qui le réprimande à son tour : «…tes vues ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes » (Marc 8,31-33).

Jésus se remet en chemin, cette fois vers Jérusalem où s’accomplira son destin de mort et de résurrection. Maintenant que ses disciples savent qu’il va mourir, accepteront-ils encore de le suivre ? Les conditions que pose Jésus sont claires et exigeantes. Il appelle la foule et ses disciples autour de lui et leur dit :

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive »

Sur les rives du lac alors qu’ils jetaient leurs filets pour la pêche, ou devant le bureau des impôts, lorsque Jésus les avait appelés à le suivre, ses disciples avaient alors été fascinés. Sans hésiter, ils avaient abandonné barques, filets, bureau, père, maison, famille pour courir à sa suite. Ils l’avaient vu accomplir des miracles et entendu ses paroles de sagesse. Jusqu’à aujourd’hui, ils l’avaient suivi remplis de joie et d’enthousiasme.

Cependant, suivre Jésus allait prendre maintenant un caractère nettement plus engageant, c’est-à-dire partager à fond sa vie et son destin : l’insuccès, l’hostilité et même la mort, et quelle mort ! La plus douloureuse et infamante, celle réservée aux assassins et aux délinquants les plus dangereux… Une mort que les Écritures qualifiaient de « maudite » (Deutéronome 21,23). Le seul nom de « croix » terrorisait, on n’osait même pas le prononcer. Cette parole apparaît pour la première fois dans l’Évangile. Qui sait quel choc elle a provoqué en ceux qui l’ont entendue !

Ayant affirmé clairement son identité, Jésus peut montrer avec la même clarté celle de son disciple. Si le Maître est celui qui aime son peuple jusqu’à mourir pour lui, en prenant sur lui la croix, le disciple, pour être tel, devra lui aussi mettre de côté sa propre façon de penser pour partager en tout, la voie du Maître, à commencer par celle de la croix :

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive ».

Être chrétien signifie être d’autres Christ : avoir « les mêmes sentiments que le Christ Jésus », il « s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix » (Philippiens 2,5-8) ; être crucifié avec le Christ au point de pouvoir dire avec Paul : «…je vis mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Galates 2,20) ; ne rien savoir « sinon Jésus Christ et Jésus Christ crucifié » (1 Corinthiens 2,2). Jésus continue à vivre, à mourir, à ressusciter en nous. C’est le plus grand désir, la plus grande ambition du chrétien, celle qui a modelé les grands témoins : être comme le Maître. Mais comment suivre Jésus pour devenir comme lui ?

Le premier pas est de « se renier soi-même », se distancer de sa propre façon de penser. C’est ce que Jésus a demandé à Pierre quand il l’a réprimandé pour avoir pensé selon les hommes et pas selon Dieu. Nous aussi, comme Pierre, nous voulons parfois nous affirmer de manière égoïste ou au moins selon nos propres critères. Nous recherchons le succès facile et immédiat, exempt de toute difficulté, nous regardons avec envie celui qui fait carrière, nous rêvons d’avoir une famille unie et de construire autour de nous une société fraternelle et une communauté chrétienne, sans devoir payer le prix requis.

« Se renier soi-même » signifie entrer dans la façon de penser de Dieu, telle que Jésus nous l’a montrée dans sa propre façon d’agir. C’est la logique du grain de blé qui doit mourir pour porter du fruit, la logique de trouver plus de joie à donner qu’à recevoir (Actes des Apôtres 20,35), à offrir sa vie par amour, en un mot, prendre sur soi sa propre croix :

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive ».

La croix – celle de « tous les jours », comme le dit l’évangile de Luc (Luc 9,23) – peut prendre bien des visages : maladie, chômage, incapacité de gérer les problèmes familiaux ou professionnels, échec pour créer des rapports authentiques, sens d’impuissance face aux grands conflits mondiaux, indignation devant les scandales répétés de notre société… La croix, inutile de la chercher. Elle nous arrive d’elle-même, peut-être de manière totalement inattendue et sous une forme que nous n’aurions jamais imaginée.

L’invitation de Jésus est de « prendre » la croix, sans la subir avec résignation comme un mal inévitable, sans la laisser nous écraser, sans la supporter non plus de façon stoïque et détachée… L’accueillir au contraire comme une possibilité de partager la sienne, de vivre en disciples aussi en cette situation et en communion avec lui dans cette souffrance, car c’est lui, le premier, qui a partagé notre croix. Quand Jésus s’est chargé de sa croix, il a pris avec elle sur ses épaules chacune de nos croix. Dans chaque souffrance, quelle qu’elle soit, nous pouvons rencontrer Jésus qui l’a déjà faite sienne.

Igino Giordani voit là le rôle inversé de Simon de Cyrène qui porte la croix de Jésus : la croix, dit-il, « est moins lourde si Jésus se fait notre Cyrénéen ». Et, dit-il, elle est encore moins lourde si nous la portons ensemble : « Une croix portée par une seule personne est écrasante ; portée ensemble par plusieurs, avec Jésus au milieu d’elles, c’est-à-dire en prenant comme Cyrénéen Jésus lui-même, elle devient légère, le joug n’est plus ressenti comme tel. L’escalade faite en cordée par beaucoup, d’un commun accord, devient une fête, et elle nous fait monter ».

Prendre la croix donc pour la porter avec lui, sachant que nous ne sommes pas seuls à la porter parce qu’il la porte avec nous, c’est se relier à Jésus, lui appartenir, jusqu’à la pleine communion avec lui, jusqu’à devenir d’autres ‘lui’. C’est ainsi que l’on suit Jésus et que l’on devient de vrais disciples. La croix sera alors vraiment pour nous, comme pour Christ « puissance de Dieu (1 Corinthiens 1-18), voie de résurrection. Dans chaque faiblesse, nous trouverons la force, dans chaque obscurité la lumière, dans chaque mort la vie, parce que nous trouverons Jésus.

Fabio Ciardi

“Chiara Lubich: l’unité et la politique”

“Chiara Lubich: l’unité et la politique”

20150227-01Pour Chiara Lubich il existe une vraie vocation à la politique, “C’est un appel personnel qui émerge des circonstances et parle à travers la conscience”. Appel dont la réponse « est avant tout un acte de fraternité : on agit dans la sphère publique, qui concerne les autres, en voulant leur bien comme si c’était le nôtre ». Cette action crée les conditions qui « permettent une relation continuelle avec tous les autres secteurs de la vie » – l’économie, la santé, la communication, l’art, la justice, pour ne citer que ceux-ci -, de sorte qu’ainsi, la société puisse elle-même, avec toutes ses composantes, réaliser pleinement son dessein ».

L’événement mondial consiste en une pluralité de manifestations qui se réaliseront en divers points de la planète et durant lesquelles seront mises en évidence les idéalités du charisme de Chiara Lubich en rapport avec l’agir politique, éclairées par des récits de changement personnel et d’engagement dans la chose publique, qui vont de l’expérience de se mettre ensemble pour affronter les problèmes du quartier à l’engagement politique au niveau national et international. Ce sont toutes des occasions pour se refocaliser avec une conscience renouvelée sur le « rêve » qui a animé la vie et la pensée de Chiara Lubich : « la fraternité universelle ».

Rendez-vous à Rome (Italie) le 12 mars au Parlement : le matin, dans la Petite salle des Groupes du Parlement italien, 300 jeunes des focolari en provenance du monde entier, entreront en dialogue avec des hommes politiques, des chercheurs et des représentants des institutions internationales. L’après-midi, dans la même salle, se déroulera le congrès intitulé : « Chiara Lubich : l’unité et la politique ».

A Strasbourg (France) du 13 au 15 mars, au siège du Conseil de l’Europe, le séminaire «Fraternité en politique: s’investir autrement dans la cité», invite à ouvrir de nouvelles pistes d’action pour favoriser le « vivre ensemble ».

Le 13 mars, au Glendon College de la York University de Toronto (Canada), un débat sur le thème : «Politics for Unity. Making a World of Difference». A Curitiba (Brésil), le congrès «Política pela unidade, fazendo toda a diferença no mundo» veut montrer qu’en politique le paradigme de l’unité fait toute la différence. A Séoul (Corée du Sud) la rencontre : « En voyage vers la fraternité universelle » aura lieu dans le Parlement qui fut dans le passé le théâtre de durs affrontements. D’autres congrès se tiendront à Nairobi (Kenya), Dar es Salaam (Tanzanie), Madrid (Espagne), Budapest (Hongrie), Prague (République Tchèque) et aussi dans d’autres villes : sur le site www.politicsforunity.com, la carte des événements programmés et les informations correspondantes. Une sélection de textes de Chiara Lubich, faite par le Comité scientifique de l’événement, est aussi disponible. Pour suivre les conversations en ligne, voici le mot-clic (hashtag) : #politics4unity.

La réflexion autour du thème “Chiara Lubich: l’unité et la politique” sera l’occasion, dans toutes ces aires culturelles et géographiques, d’inviter à approfondir toujours davantage le patrimoine que Chiara, dont la cause béatification a été ouverte le 27 janvier dernier, laisse à l’Histoire.

Philippines : Social Media pour la paix

Philippines : Social Media pour la paix

Mamasapano2

La nation est en train de vivre des moments très difficiles. De fait un bataillon de policiers, envoyé pour arrêter deux personnes soupçonnées de terrorisme, a été assailli par des combattants du Front National de Libération Islamique et 44 d’entre eux ont été tués. Le parlement était justement en train de délibérer sur le nouveau traité de paix entre le gouvernement et les musulmans de Mindanao, incluant de larges concessions dans beaucoup de domaines. Maintenant, cependant, tout s’est bloqué. Hier, à la télévision, ils ont montré la vidéo d’un policier blessé qui a ensuite été frappé plusieurs fois à mort par un militant du Front. On peut donc imaginer l’indignation des gens !”. Voilà ce que nous écrivent Carlo et Ding de Manille.

Oscar, par contre, travaille au Bureau des Communications du Gouvernement, il devait donc mettre par écrit ce qui s’était passé. Une tâche évidemment pas facile pour quelqu’un comme lui qui s’engage chaque jour à vivre la spiritualité de l’unité avec tout le monde. « Mon travail – écrit-il – me demande de voir ce qui se passe dans les médias sociaux. Ce matin j’ai vu la vidéo de nos hommes SAF (policiers) tués par les rebelles musulmans. J’ai été très frappé de voir un policier par terre, blessé mais encore en vie, frappé deux fois à la tête et un autre éventré, une faucille dans la poitrine… C’était lourd, presqu’irréel, je n’arrivais pas à respirer. Dans la vidéo on voit que les rebelles ramassent les armes et les effets personnels des policiers tués, ensuite, ils continuent à tirer. Il m’était difficile de penser à la paix pendant que je regardais ces images. Je voulais réagir, faire quelque chose. J’avais les larmes aux yeux.

Puis, je regardais les sessions du Parlement sur ces événements. Il y avait celui qui accusait un général pour son manque de précision, un autre pour son manque d’organisation. Une fois de plus, je pensais, comment peut-on parler de paix ?

SocialMedia

Au moins 4millions de personnes avaient déjà pu voir la vidéo sur internet. Une partie de mon travail consiste à comprendre les scénarios possibles et comment en sortir. Alors je me suis demandé quel pourrait être le pire scénario. Et j’ai pris peur. J’ai imaginé qu’après avoir regardé ces images, beaucoup de gens pourraient éprouver de la colère et se tourner vers la vengeance. Ils pourraient voir tout musulman comme un possible agresseur et se jeter sur lui. « Et si une guerre civile se déchaînait? », me suis-je demandé.

Au bureau, comme prévu, l’émotion des collègues étaient à son comble. J’ai essayé d’écouter ce que Dieu me disait dans le cœur : « C’est maintenant ou jamais que nous devons parler de paix. Si nous qui comprenons mieux la situation, nous éprouvons ces sentiments de vengeance, comment réagirons ceux qui sont plus émus et moins informés ? ».

L’un de mes collègues à l’improviste dit : « La paix n’est pas un mot imprononçable en ce moment. Nous devons avoir l’unité de tous les philippins comme point de mire, au-delà du credo religieux ». Et un autre : « Ce qui est arrivé a été un acte d’hommes violents, qui ne s’identifient pas avec toute la communauté musulmane ». La colère a lentement baissé de ton. Nous avons aussi rappelé ce que le député Mindanao avait dit : « Il est facile de se mettre en colère et de se laisser influencer par nos émotions, parce que vous n’avez pas vu de vos yeux les effets de la guerre à la porte de chez vous. La guerre n’est pas la réponse ». Je suis resté agréablement surpris et j’ai quitté la rencontre avec une certaine paix dans le cœur.

Ces temps-ci, plus que tout, je pense que nous devons travailler ensemble pour porter l’idéal de l’unité au plus grand nombre de gens possible. La menace de guerre est réelle. La menace que nos compatriotes se mettent en colère contre nos frères musulmans est réelle. Mais l’évangile nous indique la voie du dialogue et de la paix. Demain est un nouveau jour pour moi. Un autre jour d’écoute et de nombreuses conversations online. J’aurai la possibilité de construire de nouveaux rapports de confiance et de paix ».

Gen Rosso: CAMPUS – the musical

Gen Rosso: CAMPUS – the musical

Campus_Musical« Il est 7 heures du matin du 28 avril à la gare centrale. Un jour et un lieu que les étudiants du Campus n’oublieront jamais. Quelque chose d’imprévu est en train de se passer et…ils doivent faire leur choix : c’est l’heure ! ». Une scène à haut impact émotif et théâtral ouvre CAMPUS, le nouveau musical du Gen Rosso, en avant première les 14 et 15 mars prochains à Loppiano, dans l’Auditorium du Centre International.

La première mondiale de la Tournée sera présentée à Naples les 28 et 29 mars au Théâtre ”Mediterraneo Mostra d’Oltremare”.

Partie d’une idée originale de Chiara Lubich, l’œuvre s’inspire de faits réellement passés et arrive sur la scène après 10 ans de recherches aussi bien au niveau du contenu qu’au niveau artistique.

Le campus, comme notre ville

Valerio Cipri raconte : « Il m ‘est tout de suite apparu que l’ambiance du campus représente bien la métaphore du quotidien de nos cohabitations urbaines globalisées. Les villes aujourd’hui sont les contenants de lourdes contradictions qui vont de la dégradation de la délinquance, de la drogue, de la corruption, à la présence de lieux de ‘récupération’ dans lesquels les citoyens se réapproprient des espaces de solidarité, d’humanité. Et le message de Campus est justement celui-là : une société unie ne se réalise pas en annulant les différences, mais bien en regardant en face les défis, et en se retroussant les manches pour construire des rapports authentiques .Ayant en toile de fond, une époque, l’actuelle, marquée par les drames des peurs et des terrorismes, s’entremêlent les histoires d’un groupe d’étudiants, chacun avec ses rêves et ses projets pour le futur et avec un présent marqué par une charge laborieuse de blessures, d’angoisses, et de questions ».

Un spectacle courageux, entre sonorités passionnantes et actualité critique.

Le musical se compose de 23 morceaux, passages chorégraphiques qui interagissent avec des séquences filmées, des actions théâtrales et de mouvement. « Le projet artistique est le résultat de la coopération d’une équipe de professionnels internationaux » – explique Beni Enderle. «  Les sonorités sont fortes et riches de contaminations, d’entrelacements harmoniques passionnants, avec des lyriques qui vont de la légèreté des atmosphères latines, au pathos des rythmiques afro, en une synthèse sonore qui touche et captive ».

« Peu à peu on s’immerge dans l’histoire et dans l’atmosphère du spectacle – poursuit Josè Manuel Garcia – on sent le souffle global qui émerge d’un dispositif narratif qui va droit au cœur des défis de l’époque contemporaine, à l’intérieur d’une colonne sonore originale et rigoureusement live qui balaie des rythmes et des sonorités Rock, Pop, Reggae, Samba-axe, Électronique contemporaine, Hip-hop jusqu’au Dubstep…

L’impact scénique est d’avant-garde. Jean Paul Carradori explique : « J’ai beaucoup travaillé dans des productions à caractère international. Campus a représenté pour moi le premier défi inattendu pour son dispositif dramaturge et théâtral très fort. Il était nécessaire de créer un climat qui en valorise les contenus et en même temps qui conduise le spectateur à s’immerger dans l’histoire ».

Produit par le Gen Rosso International Performing Arts Group (16 artistes de 9 pays) en une nouvelle méthodologie du travail artistique, technique, directif et de management, le Musical est le fruit d’une convergence et synergie d’un team international.

Billets en pré-vente : CLIQUE ICI (tel. 0559051102 – mail genrosso.campus@loppiano.it)

On-line: l’événement est disponible sur internet aux adresses concerto 14/03 – concerto 15/03

Télécharge ici l’affiche

Kenya: Congrès international EdC

Kenya: Congrès international EdC

EdCKenya_Flyer« Rappelle-toi, Luigino, que c’est pour les pauvres que j’ai fait naître l’ÉdeC. Vous étudiez, c’est bien, mais rappelle-toi toujours les pauvres ». Chiara Lubich m’a répété souvent ces paroles au cours des dix dernières années pendant lesquelles je l’ai assistée, avec la commission internationale, pour coordonner l’ÉdeC.

Délivrer de la pauvreté subie (bien différente de la pauvreté choisie) continue d’être l’ultime but du projet, le sens de notre action. Tant qu’il y aura sur terre des personnes qui, faute de ressources, ne peuvent vivre une existence décente, aucun système économique et social ne peut se considérer juste, moins encore de communion.

Les pauvretés aimées et soulagées par l’ÉdeC en ces 23 ans de vie se sont diversifiées, amplifiées. Des favelas de San Paolo et du Brésil on est passé aux favelas de nombreuses villes, et puis on a compris, par l’action tenace d’entrepreneurs comme Paco Toro (Espagne), que pour réduire la pauvreté nous pouvions créer des emplois, et ensemble avec l’ONG Action Monde Uni (AMU), nous avons commencé à soutenir le développement de micro activités de production dans divers pays du monde. Enfin nous avons constaté que la crise actuelle avait aussi reproduit des pauvretés antiques et nouvelles dans la riche Europe. Parmi elles, la plaie des jeux de hasard, qui ruine des centaines de milliers de familles, surtout les plus pauvres. D’où l’engagement de l’ÉdeC en Italie pour soutenir la campagne Slotmob, qui en un an s’est réalisée dans plus de 70 villes, et est en train de changer la mentalité de beaucoup.

Et puis ces dernières années l’ÉdeC se répand en particulier dans le continent africain, dont les entreprises, qui ont commencé cette année à verser des parts de bénéfices pour l’aide aux pauvres dans le monde, sont désormais 10, tandis que 12 autres se sont rapprochées du projet. Plusieurs bourses d’études ont été attribuées à des jeunes africains, dont quelques uns fréquentent assidument l’Institut Universitaire Sophia.

Cette floraison de nouvelle vie nous a poussés à un acte de réciprocité : Pag 15 Africa EoC Logo Final ridorganiser à Nairobi, au Kenya, notre prochain congrès international, quatre ans après celui du Brésil en 2011.

Nous serons dans cette grande ville du 27 au 31 mai, après la première école panafricaine pour les jeunes qui se tiendra du 22 au 26.

L’Afrique – qui souffre aujourd’hui encore des rapports prédateurs que beaucoup de pays industrialisés ont instaurés et continuent d’avoir avec elle – en l’oubliant d’abord, puis en l’isolant pour éviter le péril de la contagion – est destinée à être la grande protagoniste de l’économie et de la société de demain.

Sa volonté de vivre, ses jeunes, ses cultures ancestrales, le disent avec force. L’ÉdeC veut aller en Afrique pour l’aimer, pour apprendre de sa culture de la vie, pour pratiquer la communion et la réciprocité. Et pour construire ensemble un nouveau modèle de développement et une nouvelle économie. Mais ensemble, en nous estimant mutuellement. Dans la fête des peuples.

Luigino Bruni

En savoir plus: EdC online

Inscriptions: www.eoc-nairobi-2015.info

Renseignements : info@eoc-nairobi-2015.info

Giordani: la tâche de l’écrivain

Giordani: la tâche de l’écrivain

IginoGiordani_scrittore-a«Dans un monde rationnel, l’écrivain devrait se sentir au centre de la vie collective : comme celui qui dirige et interprète l’âme du peuple.

Mais le monde est pour une part dirigé par la rationalité : d’un autre côté, il est dirigé par l’instinct, par des passions irrationnelles : par exemple par la peur, et alors, l’écrivain devient populaire en fonction de ce qu’il recueille et peut-être en fonction des instincts des masses qu’il exaspère.

Aujourd’hui sont souverains la technique, la mécanique, le sport, le cinéma d’une part, la démagogie, l’affairisme, la politique d’abord de l’autre : et l’écrivain – s’il ne veut pas se réduire à la fonction marginale – doit se mettre au service d’intérêts matériels et passionnels ; écrire pour un journalisme souvent nécessairement asservi, par son énorme coût, à des groupes industriels, à des partis politiques, à des idéologies et à des professions qui ne visent que la rentabilité. La liberté de presse se perd parce que la presse se raréfie sous la pression financière ; et la liberté de l’écrivain se perd. Ceci aide à expliquer la disparition du type de grand écrivain ; et cela aide à expliquer pourquoi plus d’un, transfère son exercice dans l’arène politique ou cherche un soulagement dans d’autres domaines.

Par ailleurs, si c’est la décadence rationnelle des peuples qui produit la raréfaction, l’épuisement de l’écrivain et le réduit à la marginalité, c’est également vrai que c’est aussi la décadence spirituelle, morale et intellectuelle de celui qui écrit qui produit l’éloignement des lecteurs. La vérité est que l’écrivain est la cause et l’effet de son milieu social. Il faudrait qu’il y ait plus de cause que d’effet. Que s’il était ce qu’il doit être : un maître ou presque dirais-je, un apôtre ou un prophète, le peuple le suivrait et le lapiderait : il montrerait en somme un vif intérêt aux manifestations de son esprit. La place de l’écrivain est d’avant-garde : presque de reconnaissance : dans tous les cas de risque. En effet, pour accomplir une mission apostolique, de formation et d’élévation, l’écrivain risque pauvreté et incompréhension.

La position de l’écrivain est relative à la valeur du message qu’il porte ainsi qu’à la force et aux façons de l’expression artistique avec lesquelles il le porte.

Dans un monde où la technique et l’organisation, la planification et le centralisme, l’esprit grégaire et la fatigue de la liberté ont submergé l’âme de l’homme, en l’accablant de bruits et d’ordres, un écrivain libre qui concourrait à la libération spirituelle – à la rédemption de l’homme – en aidant à surmonter le ”déséquilibre”entre monde extérieur immense et monde intérieur exigu, il accomplirait une tâche plus grande que celle des hommes d’État les plus en vogue.

Dans un monde lézardé par les scissions et tremblant de la peur produite par la haine, une parole de fraternité et d’humanité, c’est – à- dire de charité, dite avec clarté, beauté et puissance, consacrerait son auteur à la gratitude des peuples, en lui conférant une situation de centre dans l’orbite de la civilisation ».

(De : Igino Giordani, Il compito dello scrittore, « La Via », 2.2.1952, p.3)

Évangile et vie: toujours accueillir

Évangile et vie: toujours accueillir

“Notre fille, après une douloureuse et cuisante déception (l’échec de la relation avec son copain), vit chez nous avec sa fille. Elle est souvent peinée et agressive. Un matin, pour un rien, elle nous malmène, ses frères et moi, hurle et part au travail en claquant la porte. Je suis vexée, j’ai l’impression qu’elle a dépassé toute limite. Nous ne méritons pas ce traitement. Mais que faire pour qu’elle ressente mon amour? Je prépare un repas de fête, je fais un gâteau, je mets la plus belle nappe… Lorsqu’elle rentre, je la salue comme si de rien n’était. Elle sourit et je sens que non seulement j’ai pardonné, mais j’ai oublié. L’harmonie revient parmi nous.”

(R.B. – Italie)

20150221-01“Samedi. Mes parents et moi allions fermer notre magasin d’alimentation, lorsque deux types cagoulés sont entrés et nous ont ordonné d’ouvrir le coffre-fort. Papa, pensant à un vol avec des armes factices, leur a demandé de partir. Mais, un coup est parti et l’a blessé superficiellement. Après la fuite des malfrats, en un instant, je me suis rappelé qu’il existe des gens différents, qui œuvrent pour les jeunes d’un quartier à risque d’une autre ville sicilienne. J’ai alors décidé, avec des amis, de faire moi aussi quelque chose pour empêcher tout jeune d’entrer dans le giron de la pègre. Avec une certaine hésitation, je me suis rendu dans un quartier à risque et, une fois les vrais problèmes de l’endroit connus, j’ai pris contact avec l’administration communale, avec les familles de quelques policiers tués… Un groupe est né, et veut prouver, surtout aux plus jeunes, qu’il existe un monde sans violence, meilleur. Ce samedi a changé ma vie.”

M. – Sicile, Italie)

“J’avais douze ans lorsque mes parents se sont séparés. Au milieu de tant de douleurs, une en particulier ne m’apaisait pas: je ne réussissais pas à pardonner à papa de nous avoir quittés pour former une autre famille. Au début, lorsqu’il téléphonait, je ne voulais même pas lui répondre. Jusqu’au jour où, demandant de l’aide à Jésus, j’ai trouvé le courage de lui prouver que je ne lui en voulais plus. La fête des pères m’en a donné l’occasion. Quand je lui ai apporté mon cadeau, je l’ai vu ému. Il m’a confié que, au-delà de tout, pour lui la chose la plus importante étaient et restaient ses enfants. À partir de ce moment-là, c’était comme lui avoir rouvert la porte de mon cœur. Ensuite, le sachant très seul, je lui ai spontanément parlé de Dieu, qui aime chacun immensément. Il s’est apaisé et a exprimé le souhait d’approfondir le sujet. L’expérience avec papa me fait comprendre que tous peuvent se tromper, mais que chacun doit avoir la possibilité de se relever.”

(H. – Brésil)

 

Libye dans le chaos : une voix courageuse

« Mgr Giovanni Martinelli est un ”petit-grand homme”. Un homme de courage qui, malgré un grave problème de santé qui l’a touché il y a deux ans, continue obstinément à vouloir rester dans sa Libye, pour assister, comme un pasteur affectueux, ses brebis désormais réduites à une poignée de philippines qui travaillent dans les hôpitaux en tant qu’infirmières et qui ”ne peuvent” quitter le Pays. « Je n’ai rien de particulier à dire – commence-t-il – nous sommes devenus orphelins de l’ambassadeur qui est parti. Mais je le répète, je n’ai rien à dire, nous sommes ici parce que Jésus nous veut ici. Je suis au service du peuple, je ne suis pas ici pour je ne sais quel pouvoir ». Et la communauté catholique ? ” La communauté chrétienne existe encore, nous sommes tranquilles”. Vous êtes tranquilles ? ‘‘Nous avons à peine célébré la messe, Dieu est avec nous, pourquoi devrions-nous avoir peur ?”. Le père Sylvester est-il aussi encore à Bengasi ? ”Certainement – répond Mgr Martinelli – lui aussi dit qu’on peut encore rester pour être proches de ce peuple tellement éprouvé” Que supposez-vous qu’il pourrait arriver dans le futur ? ” Les prévisions sont très difficiles à faire, il est même préférable de ne pas en faire car bien trop souvent nous avons émis des hypothèses qui ne se sont ensuite pas réalisées. Il vaut mieux vivre jour après jour, je dirais même plus, moment par moment. Dans le moment présent, tout y est. En ce moment je rencontre Jésus, je rencontre les frères, j’aime ce peuple”. Comment la situation à Tripoli est-elle ? ” Elle me semble assez calme, ils ne nous ont rien interdit. L’atmosphère est tranquille et pacifique. Il n’y a pas de grand danger à circuler pendant le jour. Bien sûr, le soir, nous restons à la maison”. Peur ? ”Pour le moment, nous n’avons pas reçu de menaces directes. On est en train de voir comment se dérouleront les choses. Peut-être nous couperont-ils la tête…Mais je la leur donnerai sur un plateau, car je suis ici pour mourir pour mes gens”. Comment voyez-vous le rôle de l’Italie dans cette histoire ? ”Elle s’est beaucoup engagée, en particulier l’ambassadeur, pour garder ouvert le canal du dialogue entre les différentes tribus, entre les différentes factions. L’Italie a fait jusqu’à présent une propagande de paix”. Comment voyez-vous une intervention armée étrangère ? ”Je ne crois pas que ce soit la solution”. En 2011, quand soufflaient des menaces de guerre, vous disiez que si cela s’était passé, la Libye risquait d’exploser dans ses divisions tribales et politiques. Mais malheureusement les européens semblaient certains que la démocratie élective aurait contagionné positivement le Pays…” La prudence aurait été utile, à cette époque comme actuellement. La diplomatie internationale devrait faire sa part pour remettre ensemble les morceaux de la Libye. Ils ne doivent pas imposer des visions politiques qui n’appartiennent pas à ces gens”. Puis il reprend et conclut :” Si on vient ici seulement avec les armes et sans une forte volonté de dialogue, cela ne sert à rien. Il faut venir ici pour aimer ce peuple, non pour servir les intérêts des occidentaux, non pour exploiter le pétrole ou d’autres ressources. Ici, on ne peut venir que si on a la volonté de dialoguer avec les musulmans. Je suis ici pour cela et pour aucun autre but”. Source : Città Nuova online

#DoYouCare? Le dialogue, ça t’intéresse?

#DoYouCare? Le dialogue, ça t’intéresse?

20150219-01Un groupe de 80 jeunes chrétiens et musulmans. Un sujet : le multiculturalisme, les différentes religions, le dialogue. Une question : ça t’intéresse ? Une formule : celle de « Regenerate», deux jours dans l’Hertfordshire, dans un climat de détente où l’on peut affronter aussi des questions brûlantes. C’est une initiative des jeunes du Mouvement des Focolari de Grande-Bretagne et d’Irlande. Cette année ils se retrouvent avec un groupe de l’Islamic Unity Society avec lesquels depuis des mois l’amitié et l’estime réciproque grandissent grâce à des actions communes aussi diverses qu’organiser des sessions d’étude ou planter des arbres pour la paix.

Les participants ont écouté en direct l’expérience du Professeur Mohammad Ali Shomali, Imam et directeur du centre Islamic d’Angleterre, qui s’est adressé à eux par visioconférence depuis Paris. Il a encouragé le groupe à « créer des occasions de dialogue avec chacun : le dialogue est ce qui nous caractérise en tant qu’êtres humains. Accepter de dialoguer avec quelqu’un de différent ne nous diminue pas, mais nous rend plus vrais envers nous-mêmes ».

20150219-02Invitée d’honneur Angela Graham, journaliste qui a travaillé pour la BBC. A travers sa propre expérience de femme ayant grandi en Irlande du Nord, elle a encouragé les jeunes à devenir « des personnes de dialogue » dans leurs propre milieu et à chercher à construire des ponts avec des personnes de culture et de foi différentes.

Au cours du week-end du 14-15 février, au Focolar Center for Unity de Welwyn Garden City, se sont aussi déroulés des workshops sur des sujets allant du dialogue interreligieux aux réseaux sociaux, de la politique à l’engagement au sein de la société. « C’est impressionnant de voir qu’ici il y a des personnes aussi passionnées de vivre et de travailler avec Dieu », affirme Mohammed Mozaffari, un des jeunes musulmans de l’Islamic Unity Society. Et Lucia du groupe des Jeunes pour un Monde Uni : « Les différences ne sont pas un obstacle, mais une aide pour bâtir quelque chose ensemble ». « Même celui qui avait plus de difficulté à s’identifier avec une foi précise – racontent Nino e Mil, de l’équipe animatrice – s’est trouvé à l’aise et pleinement acteur».

Ce rendez-vous n’est pas passé inaperçu aux yeux des autorités civiles : « C’est encourageant de voir de jeunes adultes de diverses aires culturelles et religieuses s’engager de part et d’autre dans le dialogue – affirme le conseiller municipal Michal Siewniak – et chercher ensemble des réponses pour vivre en harmonie dans une société multiculturelle et multiconfessionnelle ».

Chiara Lubich, une autre conception du pouvoir et de son exercice.

Chiara Lubich, une autre conception du pouvoir et de son exercice.

PaoloGiusti

Paolo Giusta

«La vie et la pensée de Chiara Lubich ont introduit une nouveauté radicale qui dépasse une fois pour toutes la conception du pouvoir comme domination. L’idée, toujours présente, d’un pouvoir exercé seul au sommet d’une pyramide est largement répandue: souvent nous avons tendance à penser qu’un seul homme, ayant les idées claires et suffisamment de force pour les imposer, est solution la meilleure et la plus rassurante… Chiara a toujours eu un sens élevé et un total respect du pouvoir… Mais en même temps, ses rapports avec les personnes qui se trouvent au sommet de la hiérarchie civile (chefs l’Etat et de gouvernement, présidents d’institutions européennes) ou religieuses (pape, patriarches…) n’ont jamais rien eu de servile. Bien au contraire, son respect pour l’autorité s’exprimait de façon créative, en offrant des idées et des propositions dans une attitude de dialogue et de stimulant, et en mettant sa personne et les ressources du mouvement (des Focolari ndr) à disposition des projets en faveur de la société, surtout des plus pauvres.

Coresponsabilité. Dans l’exercice du pouvoir au sein du mouvement qu’elle a fondé, Chiara a voulu (…) une gestion collective de la responsabilité, dans la ligne de la spiritualité de communion, typique de son charisme. C’est seulement au niveau de la présidence du mouvement, en particulier pour des motifs juridiques, qu’il n’y a qu’une seule personne, et Chiara a voulu que ce soit une femme, sur le modèle de Marie, mère de Jésus, qui n’avait aucun pouvoir en dehors de l’amour (…). C’est une des idées-clés de son charisme: la hiérarchie existe, elle a un rôle irremplaçable, mais elle reste à l’arrière-plan ; ce qui émerge c’est qu’avant tout nous sommes tous frères et sœurs, tous enfants d’un unique Père, qui est amour (…). Tous à l’école de Jésus, le seul véritable maître.

Un leadership collectif. J’ai eu la chance d’assister personnellement à la manière dont Chiara exerçait son rôle de leader au cours de la préparation des deux rencontres des mouvements et communautés de diverses Eglises chrétiennes à Stuttgart en 2004 et 2007 (…). J’ai été frappé par sa manière de donner sa place à chaque personne, à ses idées et à son questionnement. C’était comme si elle était à l’écoute d’une parole que Dieu aurait pu prononcer par la bouche d’un des participants (…). Elle prenait chaque parole au sérieux et la soumettait à la décision commune, un véritable exemple de leadership collectif en action (…).

Exercer son propre rôle et faire de la place à l’autre. C’est l’essence de la conception de Chiara du pouvoir, avec sa dimension paradoxale : la personne qui se trouve dans une position de pouvoir doit exercer pleinement son rôle (être), et en même temps faire totalement place à l’autre, jusqu’à se placer au-dessous de lui (ne pas être). C’est une dynamique qui crée la communion, l’unité dans la diversité. L’unité en effet pour Chiara n’est jamais statique, quelque chose qui efface les composants, mais chaque fois nouvelle et surprenante parce que toujours dans un mouvement vital, à l’image de Dieu et du rapport d’amour entre les trois personnes de la Trinité (…).

Résoudre ensemble les conflits. Un exemple pratique de l’exercice du pouvoir en tant qu’amour, comme Chiara l’entend, est la gestion et la résolution des conflits. Face à un conflit diverses options se présentent : éviter d’affronter la difficulté, laisser décider le chef à la place des autres, ou bien décider de se mettre ensemble en chemin, avec toutes les personnes impliquées dans le conflit : une longue marche qui même peut être douloureuse, pour traverser le conflit et en sortir, non pas grâce à une décision individuelle, mais après avoir fait une expérience ensemble. Cette solution ne vient ni d’en haut ni simplement d’en bas, mais se trouve être le résultat d’un effort commun où chacun donne sa part de vérité, dans le but d’arriver à une solution commune ».

Lire le texte intégral

Chiara Lubich

Politcs for Unity

Making a world of difference

Mars 2015

Info: http://www.politicsforunity.com/

Prix Renata Borlone 2015

Prix Renata Borlone 2015

20150217-01

L’infiniment petit et l’infiniment grand qui nous interpellent pour expliquer l’univers, l’application des découvertes comme le “boson de Higgs” dans le domaine médical, technologique, social, ce sont les questions abordées par la scientifique Fabiola Gianotti, prochaine directrice du CERN de Genève, le 15 février à Loppiano, devant 800 scientifiques, de nombreuses personnes passionnées par les sciences, des artistes, des amis, des familles et environ deux cents étudiants d’écoles supérieures.

Il semble que la science revienne enfin à la mode en cette année 2015 où les gens sont encore sous le coup de la crise économique, mais en même temps en recherche « d’espaces d’infini, qui redéfinissent qui nous sommes, ce qu’est notre dignité et notre mission dans la vie », selon les dires d’un des présents. Le mérite en revient bien sûr aux scientifiques comme Gianotti, mais aussi grâce à des rendez-vous comme le prix ‘Renata Borlone, femme en dialogue’. Evénement de grande valeur éducative où foi et culture s’entrecroisent pour donner vie à une possibilité de croissance personnelle et sociale.

Beaucoup de messages de félicitations sont parvenus à la Doctoresse Gianotti, parmi lesquels celui de Maria Voce : L’association culturelle Renata Borlone et l’Institut Universitaire Sophia (IUS) ont fait chœur pour l’applaudir tous ensemble, et souligner en particulier les valeurs dont la doctoresse inspire sa vie de femme et de scientifique ». La présidente des Focolari souligne « la correspondance d’idéaux et de buts entre ces deux figures” (Gianotti et Borlone), même si leur champ d’action sont différents.

“On parle de Boson de Higgs en tant que lieu donnant consistance à toutes les autres particules, affirme Lida Ciccarelli, postulateur de la cause de béatification de Renata Borlone. Renata aussi, passionnée non seulement par la science mais encore par tout ce qui touche l’homme, avait trouvé le lieu, le terrain qui a donné saveur à toute sa vie et sens à ses journées : Dieu. Et de même que la scientifique se consacre à dévoiler pour nous les secrets du monde de la science – continue-t-elle – elle a trouvé en Dieu celui qui lui a révélé ‘le frère’ qui lui demande amour, accueil, compréhension, partage des joies et des peines, avec un cœur de chair. Elle a vécu dans cet espace divin et toute personne qui l’approchait, retrouvait la dignité de se découvrir enfant de Dieu ».

20150217-03La troisième édition du prix est destinée aux personnes oeuvrant dans le monde scientifique et vise à développer le dialogue, y compris dans les universités, avec ceux qui s’engagent pour une culture qui respecte la dignité de la personne humaine. Le motif de la remise du prix à Fabiola Gianotti, est lu par le professeur Sergio Rondinara de l’IUS : « Pour ses hautes capacités professionnelles, pour la passion qu’elle a exprimée dans la recherche scientifique et pour les capacités humaines qu’elle a montrées en coordonnant de manière fructueuse le nombre élevé de scientifiques et chercheurs présents au cours de l’expérience ATLAS au CERN ». La récompense est une œuvre de l’artiste chinois Hung et représente un accélérateur de particules en miniature.

L’intervention de la doctoresse Gianotti est une intense et passionnante exposition qui captive la salle et accompagne les participants dans un tour virtuel à l’intérieur de l’univers de l’infiniment petit. C’est celui des particules élémentaires et en particulier du boson de Higgs, découvert fin 2012 grâce au travail constant de 3.000 scientifiques de 38 pays et à la technologie de l’accélérateur de particules LHC (Large Hadron Collider), d’une longueur de 27 km, qui se déploie à une centaine de mètres sous terre entre la Suisse et la France.

« L’un d’entre vous se demandera : mais qu’est-ce qu’on en a à faire de la masse des particules ? affirme la scientifique. En réalité cette question est très proche de notre vie parce que si les particules n’avaient pas la masse qu’elles ont, nous ne serions pas ici. Si les électrons n’avaient pas de masse, l’atome n’aurait pas de consistance et donc la chimie n’existerait pas, il n’y aurait pas de matière comme nous la connaissons. Donc nous sommes ici grâce aussi à ce mécanisme de Higgs ». Et à propos des applications des accélérateurs de particules, elle explique qu’elles sont amplement utilisées dans le domaine médical pour soigner les tumeurs. La doctoresse conclut que la recherche au CERN affronte des questions fondamentales sur les particules élémentaires et donc sur la structure et l’évolution de l’univers, importantes pour ses conséquences sur la vie quotidienne. « Mais la connaissance fondamentale – conclut-elle – est importante en soi, parce que c’est un des droits-devoirs de l’homme auxquels on ne peut pas renoncer, au-delà des applications concrètes, un peu comme l’art qui est parmi les expressions les plus élevées de l’homme en tant qu’être pensant. Donc nier l’importance absolue de ces activités humaines, veut dire dénaturer la nature humaine elle-même ».


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Naples: des familles au grand coeur

Naples: des familles au grand coeur

20150216-01Tous les documents sont signés: désormais la filiation de l’enfant est établie. Il pourra bénéficier de ce surplus d’amour que ses parents adoptifs ont depuis toujours dans le cœur. Ni les années d’attente, ni la traversée des océans ne les ont arrêtés. Après une rapide entrevue où l’enfant et les parents se sont « reconnus », puis un bref séjour ensemble à l’hôtel, en terre étrangère, les voilà enfin à la maison. Une expérience passionnante et unique que celle de voir le parcours d’adoption terminé, mais c’est alors que vraiment tout commence. Une véritable ascension les attend. Une fois le premier impact passé, mille questions se posent à ces parents adoptifs tout juste « brevetés » ! Ils se trouvent souvent décontenancés. C’est pour eux qu’est né à Grazzanise (Italie) le projet « Familles de cœur ». Le projet a été conçu par Familles Nouvelles (AFN), avec la contribution de l’Institut Bancaire de Naples Fondation. Il prévoit l’ouverture d’un guichet de consultation gratuite pour les familles adoptives du territoire et offre les conseils d’experts ou simplement la possibilité de pour elles d’échanger avec d’autres familles. Des cours gratuits seront aussi mis en ligne : la formation théorique sera associée à des rencontres en groupes pour favoriser l’échange d’expériences entre familles et leur mise en réseau avec d’autres associations présentes sur le territoire. L’adoption demeure toujours un défi ouvert, car aujourd’hui encore trop d’enfants mineurs abandonnés continuent à végéter dans des maisons d’accueil au nord comme au sud de notre planète. Un défi que Chiara Lubich avait déjà voulu relever en 1967, en invitant les familles qui la suivaient à « vider les orphelinats ». C’est ainsi qu’une myriade de familles, avec ou sans enfants, ont ouvert leur maison et leur cœur à qui n’avait pas de foyer, favorisant ainsi, chez l’enfant accueilli comme fils à part entière, la cicatrisation de la blessure subie résultant de l’abandon. “Par cette initiative – expliquent les époux Gravante, responsables du Bureau AFN onlus en Campanie – on entend doter les familles d’outils qui, en potentialisant leurs ressources, les aide à grandir comme familles-monde, c’est à dire capables de s’ouvrir à la diversité que cet enfant venu de loin porte nécessairement en lui. Diversité de patrimoine génétique et culturel. C’est un parcours attrayant mais engageant comme peut l’être le fait de revivre avec l’enfant ses traumatismes et de l’aider à se réconcilier avec son passé ». Il est demandé à AFN, comme aux autres organismes habilités en matière d’adoptions internationales, de suivre les familles durant trois années après l’adoption, mais souvent ce délai n’est pas suffisant. Le processus d’intégration de l’enfant dans sa nouvelle famille et son insertion dans les structures sociales du pays peuvent exiger beaucoup plus de temps. Les familles adoptives, plutôt que d’être abandonnées à leur propre sort, ont besoin d’être en relation avec des familles comme elles, pour réussir à découvrir chaque jour la valeur du choix qu’elles ont fait et retrouver l’enthousiasme des débuts pour se projeter dans l’avenir, grâce à un parcours vécu dans le partage. Lors du lancement du projet, Andrea Turatti, Président de AFN, a insisté lui aussi sur ces notions de partage et de solidarité, en précisant que ce binôme était vraiment au cœur de la réalité qui anime l’association : « Nous sommes heureux de pouvoir offrir, grâce aussi à la participation généreuse de l’Institut Bancaire de Naples, cette chance à la région de Naples. Elle le mérite. En effet, parmi les 850 enfants qui ont trouvé une famille grâce à AFN, plus de 180 ont été accueillis dans cette région où le sérieux de ces engagements a permis de faire démarrer le projet. Nous voulons l’exporter aussi dans le reste de l’Italie, mais pas seulement, car il contribue à l’émergence d’une solidarité à l’échelle du monde ».

Le Salvador en fête pour Romero

Le Salvador en fête pour Romero

20150214-02“Une prédication qui ne dénonce pas le péché n’annonce pas l’Evangile”, affirmait Mgr Romero dans l’une de ses homélies. Son martyre, survenu le 24 mars 1980 tandis qu’il célébrait l’Eucharistie dans la chapelle de l’hôpital des malades en phase terminale où il habitait, a donné de la force aux familles du Salvador qui ont perdu des proches et des amis durant l’impitoyable guerre civile qui a suivi mort. Et aujourd’hui encore son témoignage est une forte invitation à la paix, à la fraternité et à la réconciliation dont le peuple a besoin.

“L’annonce de la signature du pape François approuvant le décret qui reconnaît le martyre « in odium fidei » de Mgr Oscar Arnulfo Romero, a fait exulter le peuple. Les évêques ont fait carillonner les cloches de toutes les églises du Salvador pour manifester cette immense joie” écrit écrit Filippo Casabianca depuis le siège des focolari en Amérique Centrale. “Depuis que Bergoglio est devenu pape, on a commencé à espérer que, connaissant les besoins urgents des pauvres et les sombres tractations de certaines dictatures latino-américaines, il débloquerait l’avancée de la cause. Et de fait, cette annonce solennelle dont la date reste à fixer à San Salvador, n’a pas tardé à venir”.

Quels sont les dessous de ce blocage?

“A l’époque la pastorale de l’Eglise était traversée par des courants qui allaient d’une authentique fidélité aux orientations du Concile appelant l’Eglise à être proche des plus pauvres, à la tentation de ceux qui considéraient légitime de s’associer à des mouvements de type marxiste. C’est ce dont on a voulu accuser Roméro, jusqu’au point d’arriver à réduire sa voix au silence”.

Au Salvador la spiritualité des focolari s’enracine aussi dans l’humus des horreurs de la guerre. Les premiers voyages des focolarini en Colombie remontent aux années 70 et les premières mariapoli ont eu lieu en 1982 dans la ville de Santiago di Maria.

20150214-01“Les grands axes routiers étaient alors parsemés de patrouilles tantôt de l’armée, tantôt de guérilleros – poursuit Filippo – au point qu’il fallait utiliser les moyens du bord pour se déplacer ou se soumettre à des interrogatoires qui pouvaient se terminer par une réclusion forcée. La guerre avait suivi la mort de Roméro et son message était présent au cœur de tous ». « Les paroles, l’enseignement et le témoignage de Mgr Romero – raconte Reynaldo, un des premiers jeunes du mouvement – résonnaient avec force en ceux qui eurent la chance de rencontrer l’Idéal de l’unité, en particulier à cause du rappel de l’option préférentielle des pauvres». C’était en effet un rappel à vivre le christianisme de manière cohérente, que certains voyaient d’un œil perplexe, que beaucoup ont accueilli et qui fut parfois manipulé. « L’exemple de Mgr Romero, associé à la rencontre de l’expérience de Chiara Lubich et de ses premières compagnes durant la seconde guerre mondiale à Trente, nous a permis d’accueillir de manière plus authentique le Charisme de l’unité et nous aida à avancer à contre-courant ».

Un contre-courant qui reste d’actualité à travers l’engagement social du Mouvement des Focolari au Salvador. L’accompagnement des prisonniers, par exemple, se déroule dans le cadre de la Pastorale de l’Eglise en milieu pénitencier et mobilise une équipe des Focolari : ils visitent régulièrement la prison de Mariona, tristement célèbre, où sont enfermés les plus dangereux cerveaux de la barbarie et du narcotrafic. Actuellement ils sont en contact avec environ 180 personnes qui purgent différentes peines et qui se retrouvent par groupes de 18 personnes autour de la Parole de Vie. Lors de la dernière rencontre quelqu’un disait : « Je demande pardon à mes camarades de cellule parce que je les ai traités avec violence, mais je veux changer ».

D’autres actions sont orientées vers l’insertion sociale dans un petit village à risques. La situation est devenue dangereuse et le curé a conseillé aux membres du Mouvement d’être prudents. Dans deux autres villes ceux-ci aident des écoles et font du soutien scolaire pour freiner l’abandon des études, un facteur qui favorise le recrutement criminel.

Au Salvador, mais pas seulement, l’exemple de Romero réveille chez beaucoup le désir d’être fidèle à l’Evangile qui nous pousse à vivre pour tous, en particulier pour les plus petits, les pauvres et les laissés pour compte.

Égypte, Angleterre, Allemagne: un éventail œcuménique

Égypte, Angleterre, Allemagne: un éventail œcuménique

20150213-01Les Églises égyptiennes célèbrent ces jours-ci – et non du 18 au 25 janvier comme dans plusieurs pays – leur semaine pour l’unité des chrétiens. Fadiah et Philippe, du Mouvement des Focolari en Égypte, racontent leur participation aux différentes initiatives des Églises locales et comment, au centre de leurs prières il y a l’invocation de la protection et de l’aide du Seigneur sur toute la nation égyptienne en cette phase délicate.

«Œcuménisme réceptif» : renverser la pensée qui bien souvent se cache dans la manière avec laquelle les membres des différentes églises s’accostent les uns aux autres. Le révérend doct. Callan Slipper est là pour l’expliquer, du Centre international d’études du Mouvement des Focolari au cours d’une rencontre œcuménique à Wellwyn Garden City (Londres) le 4 février dernier.

Slipper, qui est aussi Délégué régional pour toutes les Églises dans le comté de Hertfordshire , dans son discours [Chiara Lubich et l’œcuménisme réceptif: comment la spiritualité facilite l’unité entre les chrétiens] a expliqué comment «plutôt que de penser que tout irait mieux si les autres étaient un peu plus semblables à nous, et que donc nous avons à enseigner, nous pouvons aller vers les autres pour apprendre». En accostant les autres avec cette attitude, continue-t-il, «nous découvrons que nous n’avons besoin de cacher quoi que ce soit, mais nous pouvons reconnaître nos faiblesses et le besoin d’être guéris. Ceci ouvre à une nouvelle relation, et nous porte à une conversion nouvelle et plus profonde en Christ, dans lequel nous découvrons plus pleinement notre vraie identité ecclésiale».

C’est un public qualifié qui l’écoute: 14 évêques catholiques, anglicans, luthériens et de l’Église Copte orthodoxe, provenant de différentes parties de l’Angleterre, ensemble avec le Secrétaire général de Churches Togheter in England, l’organe œcuménique national des églises en Angleterre. Cela a représenté pour eux un avant-goût d’une nouvelle méthodologie œcuménique et une possibilité de partager les expériences dans les églises respectives.

Au cours des mêmes journées, du Centre œcuménique d’ Ottmaring en Allemagne, on rappelle l’importance de l’ authentique vie chrétienne pour contraster avec les phénomènes violents et liberticides auxquels on a assisté récemment à partir des attentats de Paris. Gérard Testard, français, membre du comité directif du réseau de ‘‘Ensemble pour l’Europe” et fondateur de l’initiative interreligieuse ”Efesia”, est l’invité d’honneur: «La rencontre de Jésus avec la femme samaritaine au puits de Jacob – affirme-t-il rappelant la phrase choisie pour la Semaine de Prière ”Donne-moi à boire’‘(Jn 4,7) – nous indique le chemin pour cette situation: Jésus abat les barrières, faites par les hommes et se manifeste en tant que sauveur du monde. Les événements de ces jours-ci nous obligent comme chrétiens à travailler pour l’unité, alors que la mission pour l’unité dépasse le monde chrétien, pour faire face aux dangers du terrorisme, à la violence et au fanatisme inacceptables».

Et Testard présente l’expérience positive du dialogue qui bénéficie de la promotion du Conseil des Musulmans de France et de la Conférence Épiscopale française: ”Efesia”, née en 2007 au Liban. Chrétiens et Musulmans se rencontrent régulièrement le 25 mars, fête de l’Annonciation, parce que Marie est aussi vénérée beaucoup par les musulmans. Après quatre ans, les autorités libanaises ont déclaré le 25 mars, fête nationale islamo-chrétienne de l’Annonciation. C’est la première fête commune dans l’histoire de ce pays».

 

 

 

Zoom sur l’Ukraine

Zoom sur l’Ukraine

20150212-aLe Père Mychayl est un prêtre grec-catholique qui vit la spiritualité des focolari. A travers la revue Città Nuova, il nous a aidés à suivre les vicissitudes de son cher pays aujourd’hui dévasté. Un an après l’explosion du conflit, nous lui avons demandé de faire une relecture des événements. « Presque une année s’est écoulée depuis la révolte de la place Maidan au conflit dans le sud-est et l’on compte aujourd’hui plus de 5000 morts et plus d’un million de réfugiés. La guerre dans le Donbass dure déjà depuis des mois. Les gens sont en train de mourir, les infrastructures de suffoquer et des centaines de milliers de personnes sont en déroute. Le patchwork de territoires contrôlés par les ukrainiens et les séparatistes, le chaos de bandes rivales, de commandants qui se font la guerre, d’armées mal équipées et très mal entraînées, pourraient avoir comme effet collatéral de déclencher une guerre de tous contre tous ». C’est la raison pour laquelle, selon le père Mychayl, l’Ukraine, aujourd’hui plus que jamais, a besoin d’une éducation à la paix qui implique le peuple tout entier: adultes et jeunes, éducateurs et adolescents, parents et enfants: “ Une pédagogie de la paix qui soit simple, mais qui mobilise, fondée sur la cohérence entre théorie et pratique, valeurs et expériences. Une éducation pour que s’affirme une culture de paix, la seule qui puisse respecter et répondre aux questions les plus vraies de l’ensemble de la population, sur le difficile chemin de la fraternité universelle en Ukraine ». A la question concernant les pas que doit faire l’Ukraine: «Je me permets de vous répondre en reprenant ce que Chiara Lubich a dit à Londres en 2004 : « … On devrait proposer à tous les acteurs politiques de souscrire un pacte de fraternité pour leur Pays, qui mette le bien commun au dessus de tout intérêt partial, qu’il soit individuel, de groupe, de classe ou de parti. Parce que la fraternité offre des possibilités surprenantes: elle permet de mettre ensemble et en valeur des exigences qui risquent, sinon, de dégénérer en d’interminables conflits. Elle concilie par exemple les expériences d’autonomie régionale avec le sens d’une histoire commune ; elle consolide la conscience du rôle important des organismes internationaux et de tous les processus qui tendent à faire dépasser les barrières et franchir des étapes décisives vers l’unité de la famille humaine ». Mais la crise ukrainienne a déclenché la plus grande vague de réfugiés après celle de la guerre des Balkans: plus de 900000 seulement à l’intérieur du pays. « Dans la ville assiégée de Donetsk une vie normale n’est plus possible. Les personnes âgées – témoins pour la seconde fois des horreurs de la guerre – meurent parce qu’elles sont privées de soins médicaux ou bien doivent quitter leur maison. Depuis l’été, beaucoup de personnes ne touchent plus leur pension de retraite. Dans les secteurs contrôlés par les séparatistes on trouve de tout dans es magasins et les pharmacies, mais il n’y a plus d’argent ! Les banques te les bureaux de poste ont fermé ». Comment reconstruire les maisons, les routes et des ponts pour rétablir la circulation, mais aussi des liens pour soigner les blessures invisibles? « Ce n’est pas chose facile. Accompagner psychologiquement les populations sinistrées c’est moins simple que de reconstruire des routes ou envoyer des aides humanitaires. Depuis quelques années déjà les chercheurs de l’Institut Universitaire Sophia, en collaboration avec Justice et Paix en Ukraine, donnent des cours pour former les jeunes à offrir leur propre contribution, en tant que citoyens, pour la construction du bien commun de l’Ukraine » « Après la vague de protestations et la guerre, le pays a besoin de ces « Ecoles de la participation » qui préparent à un engagement civil et politique bien enraciné dans le tissu social ; il a besoin de lieux où l’on puisse expérimenter une action politique fondée sur des valeurs partagées et nourrie par l’idéal de la « fraternité universelle ». L’Ukraine, grâce aux manifestations de la Place Maidan, est devenue une vraie nation, un peuple qui veut bâtir sa vie sur des valeurs chrétiennes. Il s’agit maintenant de transférer dans le vécu de l’action quotidienne les valeurs défendues sur la Place Maidan; de prendre en charge les attentes et les besoins les plus profonds du Pays, pour ne pas tomber définitivement dans l’apathie ». Les écoles de la Participation fournissent en effet des modèles d’interprétation et des propositions résolutives favorables à l’instauration d’une culture de paix: “L’un des principaux défis que doit relever l’Ukraine concerne la situation des immigrés sur son propre territoire, leur intégration dans les autres régions du pays, et les conséquences des hostilités. Offrir aux personnes des connaissances et des compétences flexibles pour promouvoir le dialogue interculturel et interreligieux, les droits de l’homme, la médiation, la prévention et la résolution des conflits, l’éducation à la non-violence, la tolérance, l’acceptation d’autrui, le respect réciproque et la réconciliation, tels sont les objectifs que nous voulons placer au centre de l’éducation à venir ».