Bobo Dioulasso est la seconde ville du Burkina Faso, la plus proche de Bamako, capitale du Mali, où avaient été signalés quelques cas de virus Ebola. Entre les deux villes il y a de nombreux échanges commerciaux et sociaux, avec un va et vient continuel de biens et de personnes. « Il fallait agir en urgence pour réduire au maximum le risque de voir le virus atteindre aussi le Burkina – écrit l’équipe du mouvement des focolari investie dans la campagne de sensibilisation contre la maladie du virus Ebola à Bobo Dioulasso – Concrètement il s’agissait d’expliquer au maximum de personnes les mesures préventives, mais la situation politique du Pays est telle qu’il n’est pas toujours possible que le gouvernement agisse ». “Nous avons alors décidé d’agir de nous-mêmes. Félicité est une volontaire, médecin épidémiologiste auprès de l’OOAS (Organisation de la Santé pour l’Afrique de l’Ouest). Son rôle est précisément de former le personnel sanitaire à la lutte contre les épidémies. Elle-même a travaillé dans des Pays comme la Guinée Conakry, le Libéria, le Sierra Leone. Elle s’est tout de suite mise à disposition. “La première chose à faire était d’avertir l’évêque qui à ce moment-là n’était pas sur place. Nous sommes alors allés parler avec le vicaire général, l’Abbé Sylvestre qui nous a assurés du plein appui du diocèse pour inciter le clergé et les fidèles à s’informer sur les mesures nécessaires à prendre. Carlo, un focolarino médecin du dispensaire de la mariapoli Victoria (Man), en Côte d’Ivoire, nous a envoyé les montages audio-visuels que nous avons ensuite dupliqués à l’intention des groupes de jeunes et d’adultes chargés de sensibiliser les personnes. Nous avons aussi fait parvenir ce matériel à un prêtre et à un enseignant de deux autres villes (Dedougou et Toussiana), intéressés par notre action. Félicité s’est chargée de la formation des groupes, aidée par 15 étudiants de Pays d’Afrique de l’Ouest mandatés par l’OOAS, parmi lesquels quelques musulmans ». “La campagne a commencé en Novembre2014, d’abord au sein des rencontres du Mouvement des Focolari, pour s’élargir ensuite aux divers quartiers, aux paroisses ainsi qu’à un grand rassemblement de jeunes organisé précisément par le diocèse de Bobo Dioulasso. Le dimanche nous sommes intervenus dans les églises. Nous avons parlé au micro d’une radio privée, à la radio diocésaine et aussi nationale, en utilisant les trois langues les plus parlées : français, dioula et moré » “Cette campagne a été l’occasion de connaître de nombreuses personnes. Lorsque Jean-Bernard a expliqué à ses voisins ce qu’il pensait faire dans le quartier, chacun a voulu offrir quelque chose : qui a prêté un ampli, qui a invité un chanteur pour l’animation, assuré le transport du matériel ou fourni de l’eau à boire. Environ 200 personnes ont assisté à la présentation. La voix s’est répandue dans les quartiers voisins et Jean-Bernard a dû répéter plusieurs fois la présentation. A l’occasion de l’une d’entre elles, un infirmier professionnel a offert ses services en répondant aux questions ; dans une autre était présent un spécialiste des langues locales, excellent traducteur. Les employés municipaux, auxquels on avait demandé l’autorisation de faire ces manifestations, se sont montrés très reconnaissants ». “Entre temps on a su par le Mali que la maladie avait été éradiquée. Du coup le risque diminuait sérieusement au Burkina Faso. La chose importante aujourd’hui est de continuer à respecter les mesures de prévention. Ce fut une belle occasion pour nos gens d’apprendre à travailler ensemble. Il s’agit maintenant de poursuivre dans ce sens ».
« Ce qui est arrivé a réveillé la solidarité dans la communauté citadine. Beaucoup de leaders et de groupes religieux, ainsi que des organisations civiles, se sont mis à travailler ensemble pour nettoyer rues et bâtiments et aider par tous les moyens pour faire voir l’aspect positif de la ville, malgré la blessure profonde ressentie », écrit Lucia, coresponsable du mouvement des Focolari, depuis Washington. Les faits dont on parle sont bien connus, c’est-à-dire les manifestations populaires qui se sont déchaînées à Baltimore, le mois dernier et qui durent encore, après la mort du 25ième afro-américain Freddie Gray alors qu’il était en état d’arrestation. Baltimore, la plus grande ville du Maryland avec plus de 600.000 habitants, est un creuset de groupes ethniques en particulier afro-américains. Léonie et Jennifer, deux volontaires des Focolari, habitent au centre-ville. « La situation reste très tendue ; hier le maire avait fermé les écoles et le gouverneur de l’état a envoyé les forces armées. Cependant tous ceux que nous connaissons vont bien ». Léonie est justement proche des endroits d’affrontements et enseigne dans une école élémentaire où presque tous sont afro et la pauvreté règne. “A la TV j’ai vu l’un de mes élèves de 3ième élémentaire participer à une mise à sac d’édifices et de propriétés ». Nous ne pouvons rester indifférents, nous voulons faire quelque chose de concret, sachant bien que notre aide pour établir des rapports vrais entre les personnes est plus urgent que jamais. Et pas seulement, mais que chaque acte d’amour construit des rapports nouveaux et permet de faire grandir la fraternité entre les personnes », écrivent Marilena et Mike. « Entre temps nous participerons au différents moments de prière organisés par les autorités religieuses, à commencer par la messe que l’archevêque Lori célèbrera dans notre quartier, en invoquant la paix ». “Aujourd’hui je suis retournée à l’école – raconte Léonie – j’ai essayé de voir mes élèves (qui ont participé à la mise à sac) d’un « œil nouveau”. J’ai pris contact avec une enseignante afro-américaine musulmane qui connaît deux représentants religieux noirs dans l’école pour offrir notre solidarité et nous nous sommes mises d’accord pour travailler ensemble ». Jennifer travaille dans une usine où presque tous sont blancs. « Une de mes collègues, qui habite proche des lieux des violences, est venue aujourd’hui me trouver et me disait combien elle souffrait de voir ce qui se passe, mais elle n’avait pas le courage de le dire à personne par crainte d’être mise de côté par ses collègues. Ce fut l’occasion de dire que nous pouvons commencer nous à construire le dialogue avec tout le monde, une personne à la fois, et diffuser ainsi une nouvelle mentalité. Ma collègue n’est pas pratiquante, mais son visage s’est éclairé et elle m’a dit que c’est justement ce qu’elle voulait elle aussi ». En attendant, les leaders des diverses communautés religieuses commencent à travailler ensemble pour la paix. “J’ai été invitée par l’Imam Talib de la mosquée de Washington à offrir, le 5 mai, mon témoignage en tant que focolarine, et l’idéal qui m’anime », continue Lucia. « Il veut que je parle au cours d’une rencontre ouverte au public et qu’ils organisent avec le Procurateur du district, pour intégrer la perspective religieuse comme dimension essentielle pour calmer la violence. Le titre de l’événement est : « Heal the Hurt, Heal the Heart » (Soigne la blessure, soigne le cœur). Cela nous semble une excellente possibilité de dialogue entre religions, mais en même temps une chance pour faire voir, plus qu’un affrontement, la richesse de la diversité ethnique de notre société ».
“Ces jours-ci en Afrique du Sud aussi il y a beaucoup de troubles sociaux, de violences, de violations des droits humains… quelques Sud-africains ne veulent plus dans leur Pays leurs frères d’autres nations africaines. On ne comprend pas comment ces foyers de violence éclatent de façon aussi forte. Il y a vraiment besoin de promouvoir la tolérance des diversités au sein des groupes, des communautés, partout. Les migrants vivent dans la peur et beaucoup sont déjà rentrés dans leurs pays d’origine », écrit Jacira, de Johannesburg. C’est dans ce contexte que s’est déroulé, en ce 7ème anniversaire de la mort de Chiara Lubich (22/01/1920 – 14/03/2008), un séminaire intitulé « Religion au service de la Paix ».Très intéressante la contribution de Ela Gandhi, nièce du Mahatma : à plusieurs occasions, au cours de ses voyages en Italie, elle a été impressionnée par la personnalité de Chiara Lubich et par la spiritualité de l’unité qu’elle cite amplement dans son exposé bien construit. Elle y affirme entre autres: « En reconnaissant, comme le fit Gandhi, qu’on ne peut rien atteindre lorsque les gens n’ont pas de travail, de logement, ni de quoi se nourrir et se vêtir, Chiara a conçu l’idée de l’Economie de Communion dans la liberté. Prendre soin les uns des autres, tel est l’appel qu’elle lance avec force et éloquence! » Elle explique encore : « C’est l’amour pour les autres sous forme de miséricorde, l’amour qui ouvre les cœurs et les mains pour étreindre les délaissés, les pauvres, les pécheurs repentis et ceux que la vie marginalise ». “Si nous pensons pratiquer fidèlement notre religion, alors pourquoi tant de luttes, de guerres, de vexations et de souffrances perpétrées par l’homme contre l’homme et d’indicibles atrocités commises par l’homme en ce monde ? », se demande-t-elle. Et d’affirmer avec force : « Que chaque communauté de fidèles prenne la responsabilité de corriger les interprétations erronées de sa propre foi et de ne pas abandonner la foi ».“Ici, en Afrique du Sud, durant l’apartheid qui était fondé sur une interprétation erronée de la Bible – selon Mme Ela Gandhi – nos frères et sœurs chrétiens se mirent ensemble pour publier le Kairos Document. Ce texte affirme que le problème…en Afrique du Sud n’est pas simplement celui d’une faute au niveau personnel, mais une question de structures injustes ». Aussi conclut-elle en disant: “Aujourd’hui lorsque le monde et aussi notre propre Pays expérimente un taux élevé de violence et de comportements déréglés, de rage et de destruction, de pauvreté et d’indigence, il est nécessaire de nous pencher avec un regard nouveau sur notre pensée Ubuntu et de voir comment chacun de nous peut commencer à introduire dans sa vie l’agapè, bhavana, et beaucoup d’autres termes semblables qui se réfèrent à l’amour pur, de façon à faciliter l’avènement d’un monde meilleur ». Et aujourd’hui plus que jamais, pour donner leur propre contribution, les membres des Focolari, dans ce pays de grandes distances, vont à la rencontre des communautés les plus éloignées pour partager et approfondir le message de paix et d’unité, fruit de l’Evangile vécu.
“J’étais un des enfants de Petite Flamme. L’école m’a permis de réaliser quelque chose dans la vie”, raconte Trésor, 29 ans, actuellement étudiant en mathématique à l’université, à travers une vidéo diffusée durant la cérémonie qui s’est déroulée le 29 avril dernier au Musée juif de Berlin. “Lorsque j’étais petit, mon père était à la guerre, ma mère n’avait rien à nous donner pour nous nourrir”, ajoute Jean-Paul Ngandu Masamuna, 31 ans et septième de neuf enfants, aujourd’hui ingénieur. “Je devais lutter pour ma survie. Petite Flamme m’a donné à manger et la possibilité d’étudier. Mes amis sont allés en Europe, mais chaque fois que je parle avec eux, ils me disent qu’ils n’ont rien, qu’ils n’ont pas de travail et pas de papiers, et qu’ils n’ont pas la liberté que j’ai. Leurs rêves ne se sont pas réalisés. J’aime vivre à Kinshasa avec mes compatriotes congolais, je veux rester et travailler en Afrique pour sauver la vie de beaucoup de personnes qui souffrent.” Petite Flamme est une organisation scolaire des Focolari au Congo, qui offre à beaucoup de jeunes la possibilité de se construire un futur dans leur pays d’origine, sans la nécessité de devoir émigrer. L’immigration, la nécessité d’empêcher les tragédies en mer, l’urgence d’initiatives politiques de la communauté internationale en faveur de certaines régions de l’Afrique subsaharienne et du Nord ont été au centre du débat qui s’est déroulé à l’occasion de “The Roland Berger Human Dignity Award”, à Berlin. Étaient présents à l’événement: le Ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier, Romano Prodi, ex-président de la Commission européenne, et d’autres représentants du monde économique et politique. Le prix est promu par la “Fondation Roland Berger“, basée en Allemagne, qui soutient les étudiants provenant de situations défavorisées et œuvre pour la défense des droits humains. La fondation a remis à l’école Petite Flamme le prix 2015, consacré à l’engagement pour défendre la vie et la dignité des réfugiés, et à la prévention des problématiques liées à l’immigration. Parmi les vainqueurs, outre Petite Flamme, deux femmes courageuses qui s’engagent pour les réfugiés: le Docteur Katrine Camilleri, de Malte, active depuis des années dans le soutien juridique aux réfugiés, et le Docteur Alganesh Fessaha, présidente de l’ONG “Gandhi”, qui offre une aide humanitaire aux réfugiés africains. “Tout a commencé par une idée de Chiara Lubich – raconte Dada Diambu qui, avec Odon Makela, coordonne le projet sur place – lorsque, pour faire face à la situation difficile dans laquelle se trouvaient beaucoup d’enfants dans le monde, elle a lancé le projet de ‘soutien à distance’ de Familles Nouvelles. Petite Flamme naît en 1996 pour offrir l’instruction aux enfants de Ndolo, un quartier de Kinshasa dans une situation de pauvreté extrême. Les enfants étant mal nourris, la priorité est un plat chaud et des soins médicaux adéquats. Les années suivantes, de nouveaux centres sont ouverts, le cycle scolaire s’élargit, l’aide s’étend aux adolescents et aux familles, des classes pour enfants malvoyants et malentendants sont créées. Ensuite, commence l’expérience de ‘l’accueil extrascolaire sous l’arbre’: 14 classes sous 14 arbres, vu le manque d’autres structures. Les filiales du projet, toujours en évolution, se trouvent dans les quartiers plus défavorisés de la périphérie de Kinshasa, ensuite à Idiofa, dans le Bandundu, à 750 km de la capitale, à Kisantu, dans le Bas-Congo, et à Kikwit. Le projet est soutenu par différents organismes et ONG, et par l’Associazione per Famiglie Nuove onlus, qui assurent éducation, soins de santé, alimentation, à 2400 enfants et jeunes, les aidant à devenir des personnes responsables, afin qu’ils puissent sortir de la misère et être en mesure de construire une vie digne pour eux-mêmes et pour la communauté.” “C’est durant l’opération militaire de la Force de l’Union européenne (EUFOR), qui avait pour mission de sécuriser les élections au Congo en 2006 – explique Monika-Maria Wolff, depuis de nombreuses années au Congo – que le contre-amiral Henning Bess, responsable des soldats allemands et vice-commandant de la mission, a connu “Petite Flamme”. Il s’est alors engagé, avec son escouade, dans de nombreuses et importantes aides. Après la fin de la mission, le contre-amiral a continué, avec sa femme Julie Müller, à soutenir Petite Flamme – ainsi que le projet du “soutien à distance” de Familles Nouvelles – avec un réseau de plus de 350 contributeurs allemands.” Durant la cérémonie, une table ronde a été organisée sur les résultats du récent Sommet spécial de l’Union européenne sur l’immigration. Ont participé: Romano Prodi, Frank-Walter Steinmeier, un représentant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, des journalistes et des membres de différents organismes humanitaires. Deux solutions, semblant être les seules qui peuvent apporter un remède durable, ont émergé: que la communauté internationale collabore de manière plus unie et décidée pour la paix et que des initiatives visant à résoudre – à l’exemple de Petite Flamme – le problème aux racines soient soutenues, donnant aux jeunes le moyen de mener une vie digne dans leur pays sans recourir à la fuite vers le nord et leur bien-être. 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Une vidéo des Juniors pour un Monde Uni de Syrie raconte comment ils vivent pour tenir allumée la flamme de l’espérance dans ce pays martyrisé. Elle sera vue par leurs camarades d’autres nations, mobilisés pour témoigner, par des gestes de fraternité, leur engagement pour la construction d’un présent de paix.
Les jeunes de Slovaquie se rendront en Ukraine, aux portes de Mucachevo:” Même si la guerre se déroule dans une autre partie du pays – nous écrivent-ils – ici on ressent la grande crise économique et une atmosphère privée d’espérance ». Un petit groupe ira ensuite à Kiev pour soutenir les amis ukrainiens. A Bethléem, la ville de la paix, des jeunes chrétiens et musulmans de Bethléem, Jérusalem, Nazareth et Haïfa courront ensemble. On part de la place de la Nativité où « on déclarera à la maire de la ville – Vera Baboun – et aux personnes qui seront présentes, notre engagement à vivre la Règle d’Or pour construire la fraternité », nous disent les juniors de la Terre Sainte. A Arequipa, au Pérou, à 2300 m au-dessus du niveau de la mer, on lance une chaîne de solidarité : chaque junior apportera des denrées alimentaires et du matériel scolaire destinés à deux centres, l’un où vivent des enfants abandonnés et l’autre des enfants handicapés. . Le premier groupe qui ouvre la course est celui de Wellington, en Nouvelle Zélande, celui qui la ferme est à Los Angeles (Etats Unis). A Malte, c’est la Présidente de la République, Mme Luise Coleiro Preca, qui donne le signal de départ. Des lieux symboliques : à Budapest, en Hongrie, on ira toucher la statue de la liberté sur la colline de saint Gellert, tandis qu’en Bolivie, à Cochabamba, les juniors monteront aux pieds du Christ de la Concorde où il est écrit « Que tous soient un ». A Trelew, en Argentine, une peinture murale pour la paix au centre ville et à Huston (Texas) une collecte de denrées alimentaires pour les réfugiés. Quant aux actions engagées dans le Cône Sud et au Brésil, elles sont toutes très expressives et à forte connotation sociale. En Lituanie, à Caunas, et en Allemagne, à Hamm, des manifestations à caractère interreligieux. Sous le patronage du maire Thomas Hunsteger-Petermann, la Run4Unity de Hamm prévoit un « Reli-Rally », qui reliera les divers lieux de prière de la ville, entre autres la mosquée et le temple hindou. Les jeunes Bahai attireront l’attention par un flashmob. Il s’agit de contribuer ensemble à un projet social local qui aide les enfants des pays en guerre (www.hammer-forum.de). A Goma aussi, au Congo, des jeunes de toute la ville, chrétiens de diverses églises et musulmans, se mobilisent. A 12h dans chaque fuseau horaire, le Time-Out reliera les différents points du monde: on priera pour tous les jeunes qui vivent dans des contextes de souffrance : les victimes du récent tremblement de terre au Népal, de tous les conflits en cours, ceux qui sont obligés de quitter leur Pays. Mais Run4Unity court aussi sur les réseaux sociaux: à travers l’hashtag #run4unity tous les liens de paix et d’unité qui seront construits ou reconstruits seront partagés avec photos et vidéos, et convergeront sur le site de l’événement http://www.run4unity.net/2015/. . Run4Unity se déroule dans le cadre de la Semaine Monde Uni – Discovering fraternity” est le titre choisi pour 2015 – proposition annuelle des jeunes pour promouvoir la paix à tous les niveaux et dont l’événement central aura lieu cette année en Inde.
Un travail d’organisation “en réseau” et une présence généreuse et concrète, « le père Vilson » encourage la vie et la dignité des plus exclus. Nous lui avons demandé ce que signifie l’Eucharistie comme source d’unité pour son travail dans les périphéries. Nous offrons ici quelques passages de son récit, bien plus riche et ample. “L’autre jour j’ai rencontré une personne qui vit dans la rue, journaliste et poète. A un certain point de notre conversation il m’a demandé : « Pourquoi êtes-vous dans la rue avec nous ? » Je lui ai répondu que pour moi c’était une grande contradiction de célébrer la messe tous les dimanches à la cathédrale et en sortant de me trouver face à face avec 70-80 personnes sans toit ni nourriture. Comment aurai-je pu rentrer chez moi ? Sur la colline de la ville de Florianopolis, où s’est multipliée une multitude de maisons pauvres, se trouve aussi ma maison, simple et sans clé. Pendant la journée il arrive toujours quelqu’un pour prendre un café ou pour manger : à table on met chaque fois une assiette en plus. Cette porte toujours ouverte veut dire l’ouverture à la communauté du quartier : il y a toujours une place pour qui frappe à la porte. C’est aussi une manière de rappeler que l’Eucharistie « ne ferme jamais » : elle est « à disposition » de tous 24 heures sur 24. En pratique cela veut dire : notre frigo doit toujours être le frigo des gens, notre pain, leur pain, notre linge les vêtements des pauvres.Chez moi, j’ai la possibilité d’avoir une chapelle avec le tabernacle et un prie-Dieu. Rentrer à la maison, en fin de journée, et aller dormir là où m’attend Jésus dans l’Eucharistie, est pour moi poser ma tête à côté de Lui au lieu de m’adonner à la TV ou à internet qui nous porte à tant d’autres choses. Sur la patène que j’utilise pour la messe la phrase de mon ordination est écrite : “J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire », jusqu’à la fin du texte évangélique : « Tout ce que vous aurez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Ainsi quand je dispose sur la patène le pain pour l’Eucharistie, je vois ces paroles et cela m’aide à ne pas perdre la journée. Une femme du quartier m’a demandé un jour : « Vous savez, père Vilson, pourquoi Jésus a voulu rester dans l’Eucharistie ? Afin que les gens ne sentent plus la solitude ni d’être orphelins. » L’Eucharistie et le cri de l’humanité. « Il ne peut pas y avoir de séparation entre la table de l’Eucharistie d’un côté et la table de la justice sociale de l’autre. Par nos gestes, nos bras, notre manière d’organiser, nous prolongeons la réalité de Jésus Eucharistie et nous envoyons au monde un signe de partage et de soutien. Guidés par cette conviction, au fil des années et avec les autres, nous avons mis sur pied un réseau de 340 personnes rétribuées mensuellement, 7 organisateurs et un institut. Il y a 5.000 enfants, garçons et filles, ados, qui gravitent tous les jours autour de notre réseau de relations. Nous investissons chaque année 15 millions de réais (environ 5 millions d’Euros) et nous collaborons avec 80 autres institutions et organisations non gouvernementales. Pour jeter des ponts, nous avons décidé d’ouvrir une église, qui était presque toujours fermée, au cœur de la ville ; et là nous avons suscité une grande communauté locale à laquelle participent des intellectuels, des personnes de classe moyenne et des responsables d’entreprises qui s’engagent sous des formes différentes dans nos activités. Nous célébrons la messe sur place tous les samedis et les dimanches et nous créons ainsi comme un « contrepoint » entre périphérie et centre ». (Publié sur Rivista di vita ecclesiale Gen’s, janv/mars 2015, p. 28-32).
Sur la route « Je fais plus ou moins les mêmes routes en croisant chaque jour une multitude de gens. Il y a celui qui traverse quand il ne peut pas le faire, celui qui klaxonne parce que je n’ai pas encore démarré au feu vert, celui qui essaie de me couper la route….Heureusement que quelquefois je réussis à me rappeler que chacun d’eux est mon frère et alors, même le trafic le plus chaotique devient moins compliqué. Un jour, il faisait particulièrement chaud. Je me suis rendu compte qu’un clochard, que j’avais très souvent vu, était inanimé sur le trottoir, replié sur lui-même. C’était son angle de rue, ce carton, sa maison. En général, il n’allait pas mal, et je ne m’étais jamais arrêté avant, mais en voyant que quelque chose n’allait pas, malgré le fait que j’étais en retard avec les livraisons de mes commandes, je ne pouvais pas passer outre. Ma camionnette, cependant garée dans une zone de trafic intense, s’est tout de suite fait repérer par la police locale qui, de loin, me faisait signe de m’en aller immédiatement. J’ai fait signe que je voulais aider cette personne en difficulté. Mais ils continuaient à me demander de m’en aller, me montrant le bloc de feuillets des contraventions. Je pensais qu’ils auraient dû eux-mêmes prendre soin de lui, mais vu qu’ils ne le faisaient pas, je me suis précipité dans un bar pour prendre une boisson fraîche pour ce pauvre. De retour près de lui, je lui ai caressé délicatement la joue pour ne pas le réveiller en sursaut. Grâce à Dieu, il reprenait connaissance mais il était fatigué et épouvanté. Je lui ai approché le verre de la bouche et il m’a répondu avec un sourire, en me remerciant plusieurs fois. A la fin, les policiers sont également arrivés et en voyant la scène, ils ont mis en poche le bloc des contraventions et m’ont salué en souriant ». Alexander – GrècePortier « J’alterne les études et le travail comme portier dans un pub : travail ingrat et parfois même non exempt de risques, surtout ayant à faire à des gens qui ont souvent trop bu. Un mois, la Parole de Vie invitait à aimer en premier. Comment la mettre en pratique dans un milieu de travail comme le mien ? En attentant, j’essaie de sourire et de saluer en premier les clients, même si je ne reçois pas de réponse.Après une semaine, à ma grande joie, je vois qu’ils commencent à me sourire à leur tour. Donc, ça fonctionne ! Non seulement : si avant, avec les types plus ”difficiles”, j’utilisais des méthodes brusques, maintenant, voyant Jésus en chacun, j’essaie d’être cordial de m’intéresser à lui. Ainsi, dans les moments plus critiques, je réussis à éviter les bagarres et à calmer les esprits. C’est dans un certain sens, une tactique préventive qui entre autre m’aide à gagner l’estime des clients mais aussi du patron. Et si quelqu’un me demande la raison de ma façon de faire, c’est l’occasion pour lui parler de Dieu Amour ! Dans le pub, on y respire maintenant une autre atmosphère, qui entre autre, attire de nouveaux clients ». M- Polynésie
Plus de 120 jeunes représentent 25 pays : du Japon à l’Italie, de la Corée à la Colombie, du Népal à la Roumanie. Un laboratoire qui, dans l’atmosphère de la Semaine Monde Uni qui se déroule dans le monde entier, est le véritable témoignage que les différences culturelles et religieuses ne font pas obstacle au dialogue entre les peuples, mais qu’elles représentent un tremplin pour un monde plus uni et plus fraternel. Le titre de cette édition, “Fabric, Flavour, Festival – discovering fraternity”, est entièrement centré sur un dialogue à 360° ; Fabric (Tissu) : Affronter les défis du dialogue pour construire un Monde Uni par la découverte de sa propre identité, l’accueil, et le respect de l’autre, le courage de prendre l’initiative. Flavour (Saveur) : dialogue en acte en vivant la Règle d’or « fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse à toi-même » point de départ d’un chemin vers la réciprocité et le partage. Festival : joie de se découvrir frères et de vivre en paix. La multi culturalité est le leitmotiv de ces journées à Mumbai. Des représentants du Shanti Ashram (mouvement indouiste) et du Rissho Kosei-Kai (mouvement bouddhiste), s’unissent aux jeunes chrétiens pour vivre des moments de fraternité en étant aussi au service des jeunes indiens et de la communauté civile. Lawrence, représentant de Religions for Peace, nous dit qu’il est là parce « qu’il faut montrer au monde des réalités positives. Nous devons montrer au monde que la fraternité peut changer l’histoire ». Crisfan, jeune indien, raconte qu’il a connu les Jeunes pour un Monde Uni il y a quelques années et depuis lors « je sens le désir de construire des ponts de fraternité. En Inde, la religion n’est jamais un obstacle. Chacun suit son parcours, mais tous nous sommes frères ». Marié depuis quelques mois, il a entraîné aussi sa femme dans cette aventure. Ce sont des journées intenses au cours desquelles les jeunes partagent aussi les tragédies comme celle du Népal voisin, où le tremblement de terre – comme on le sait – a fait des milliers de victimes et de blessés. Ici à Mumbai Sana et Roshan sont parmi nous, ils n’arrivent pas à se mettre en contact avec leur famille. Cependant ils ont l’air sereins : « Nous sommes sûrs que Dieu pense à eux », nous disent-ils. En attendant, tout le monde prie. A la fin de la journée, voilà la bonne nouvelle : leur famille va bien. Ils ont dû être évacués, mais l’amour de Dieu ne s’est pas fait attendre. Maria Chiara, italienne, nous raconte que depuis longtemps elle désirait vivre une expérience de ce genre. « Lorsque Christian m’a invitée, j’ai senti que je ne pouvais pas laisser échapper cette occasion. Je suis ici pour connaître les autres jeunes et pour apprendre à vivre la culture de l’autre comme la mienne ». Christian, par contre, est roumain, il étudie à l’Institut Universitaire Sophia, qui a son siège en Italie. Après s’être rendu en Terre Saint en 2013 et au Kenya en 2014, cette année il a décidé de ranger ses livres « pour savoir comment est vécue la fraternité dans une culture différente de la mienne ». La fraternité vécue concrètement est déjà l’expérience de ces premiers jours de chantier international en Inde tandis que, dans tous les coins du monde, se déroulent des initiatives en tous genres en faveur de la paix. Programma SMU in India
«On parle beaucoup de la construction d’une maison européenne commune, mais nous sommes convaincus que cette œuvre tellement nécessaire, ne pourra être complète que si on pense à elle en tant que partie de ce “village global” qu’est la Terre sur laquelle nous vivons. Cette pensée m’a également été suggérée par la préoccupation que vous exprimez dans votre lettre au sujet des conditions précaires de notre environnement naturel. (…) En effet, les analyses alarmantes de scientifiques, de politiques, d’organismes internationaux, se multiplient par rapport à notre écosystème. De divers côtés, des propositions sont lancées pour guérir notre monde malade. (…) L’écologie, au fond, représente un défi dont on ne peut être vainqueur qu’en changeant de mentalité et en formant les consciences. Des sérieuses études scientifiques ont désormais démontré qu’il ne manquerait ni les ressources techniques ni les ressources économiques pour améliorer l’environnement. En revanche, ce qui manque, est un supplément d’âme, un nouvel amour de l’homme qui fait que nous nous sentons tous responsables de tous dans l’effort commun de gérer les ressources de la terre de façon intelligence, juste, mesurée (…). l’aspect de la distribution des biens dans le monde, de l’aide aux populations les plus pauvres, de la solidarité du Nord envers le Sud, des riches envers les pauvres est l’autre face du problème écologique. Si les immenses ressources destinées aux industries de la guerre et à une superproduction qui exige de plus en plus de super-consommateurs – sans parler du gaspillage des biens dans les pays riches – si ces énormes ressources servaient au moins en partie à aider les pays les plus pauvres à trouver une voie de développement décente, le climat serait combien plus respirable ; et combien de forêt pourraient-elles être épargnées, combien de zones pourraient être soustraites à la désertification et combien de vies humaines pourraient être sauvées ! (…) Pourtant, sans cette nouvelle conscience de solidarité universelle on ne fera jamais un pas en avant. (…) Si l’homme n’est pas en paix avec Dieu, la terre elle-même n’est pas en paix. Les personnes fidèles à une religion perçoivent la “souffrance” de la terre lorsque l’homme ne l’utilise pas selon le projet de Dieu mais qu’ils l’utilisent seulement par égoïsme, dans un désir insatiable de possession. C’est cet égoïsme et ce désir qui contaminent l’environnement, plus encore et avant tout autre pollution qui n’en est que la conséquence. (…) Aujourd’hui, de telles conséquences désastreuses obligent à regarder tous ensemble la réalité dans la perspective d’un monde uni : si nous n’affrontons pas tous ensemble ce problème, nous ne le résoudrons pas. (…) Si on découvre que la création est le don d’un Père qui nous aime, ce sera bien plus facile de trouver un rapport harmonieux avec la nature. Et si on découvre que ce don est pour tous les membres de la famille humaine, et non seulement pour quelques-uns, nous serons plus attentifs et plus respectueux pour ce qui appartient à toute l’humanité présente et future ».
Aucune anticipation sur l’encyclique du pape François sur la Création, mais une grande attente du document qui sera publié début juin. « Le monde attend d’écouter son enseignement et ce qu’il dira aussi bien sur l’encyclique que son discours à l’Assemblée des Nations Unies le 25 septembre prochain », déclare Jeffrey Sachs, directeur de l’agence ONU pour le développement durable (UN sustainable Development Solutions Netwworks) promoteur du sommet, avec l’Académie pontificale des Sciences et Religions for Peace, dont Maria Voce est une des co-présidents. Y seront présents le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon, le président de la République italienne Sergio Mattarella et de la République de l’Équateur, Rafael Vicente Correa.Un congrès qui a rassemblé des scientifiques, des écologistes, des prix Nobel, des leaders politiques et religieux, pour approfondir le débat sur les changements climatiques et le développement durable, justement en préparation de la sortie de l’encyclique. Focus de la journée : les dimensions morales de l’engagement pour le développement durable. Pour cette raison la participation des communautés religieuses, très diverses les unes des autres, semble une nouveauté de bon augure. Pour Maria Voce, à partir de ce sommet il en ressort une « nouvelle conscience que pour obtenir quelque chose de positif il faut se mettre ensemble, parce que personne, tout seul, n’a la recette pour sortir des situations les plus dramatiques. Cela révèle que l’humanité en soi a la capacité de sortir des crises, mais elle ne peut le faire qu’à l’intérieur d’une synergie de toutes les composantes. Le besoin réciproque de s’écouter et de travailler ensemble est en train d’émerger ». Et les réponses que l’on trouve ne peuvent pas être uniquement d’ordre technique, elles doivent s’enraciner dans les dimensions morales et orientées vers le bien-être de l’humanité : ainsi s’exprime le card. Turkson, président du décastère Justice et Paix. Le progrès économique, scientifique, technologique a introduit des styles de vie inimaginables pour nos prédécesseurs, mais il a aussi « des côtés obscurs et des coûts inacceptables ». « Alors que la société globale se définit sur des valeurs de consommation et sur les indicateurs économiques, le privilégié du moment est paralysé face au cri des pauvres ». « Sur 7 milliards de personnes, 3 vivent en condition de pauvreté, alors qu’une élite consomme la grande partie des ressources ». Et le sujet finit inévitablement sur l’alimentation, au centre de l’Expo mondiale de 2015, qui se trouve maintenant à nos portes. Turkson dénonce avec force l’exploitation du travail, le trafic d’êtres humains et les formes modernes d’esclavage. Le pape François déplore cette « culture du déchet », rappelle le cardinal, dans la mondialisation de l’indifférence ». « L’Eglise n’est pas une experte en science, en technologie ni en économie » – déclare-t-il – « mais elle est experte en humanité ». Pour vaincre le défi du développement durable « il faut la même conversion, la même transformation personnelle et le même renouvellement exprimés par Paul VI il y a 50 ans et encouragés par le pape François aujourd’hui ». “Une possibilité d’agir concrètement nous est offerte par une initiative qui s’inspire du projet de Eco One », explique Maria Voce dans une interview. « Il s’agit du ’Dé de la Terre’ (http:/theearthcube.org/). Sur les six faces, des phrases aident à vivre l’attention à l’environnement : souris au monde ! Découvre les belles choses ! Enseigne à vivre aussi la sobriété, à n’utiliser que ce dont tu as besoin, comme font les arbres. Il s’agit de gestes quotidiens, d’actes concrets : ne pas gaspiller l’eau, recycler les déchets, la réutilisation. La dernière face dit : c’est maintenant le moment, n’attends pas demain. Ces initiatives simples peuvent soutenir celui qui veut mettre en pratique ce que dit le pape, mais ne sait pas comment faire ».
Sur le mont Sinaï, Dieu avait révélé à Moïse son identité en se proclamant : « Le Seigneur, le Seigneur, Dieu miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté » (Exode 34, 6). Pour indiquer la nature de cet amour de miséricorde, la Bible hébraïque utilise le mot (raḥămîm) qui évoque le sein maternel, le lieu d’où vient la vie. Dieu, en se faisant connaître comme “miséricordieux”, montre son attention pour chacune de ses créatures, semblable à celle d’une maman pour son enfant : il l’aime, il est proche de lui, le protège, prend soin de lui. La Bible utilise encore un autre terme (ḥesed) pour exprimer d’autres aspects de l’amour-miséricorde : fidélité, bienveillance, bonté, solidarité. Marie, dans son Magnificat, chante elle aussi la miséricorde du Tout-Puissant, qui s’étend d’âge en âge (cf. Luc 1, 50). Jésus lui-même a parlé de l’amour de Dieu ; il nous l’a révélé comme un “Père” proche de nous, attentif à tous nos besoins, prompt à pardonner, à nous donner tout ce dont nous avons besoin : « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. » (Mt 5, 45) L’amour de Dieu est vraiment un amour “riche” et “grand”, comme le décrit la lettre aux Éphésiens, d’où est tirée cette parole de vie : “Mais Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que nous étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ” C’est presque un cri de joie que Paul lance, en contemplant l’action extraordinaire que Dieu a accomplie pour nous : nous étions morts, et il nous a fait revivre en nous donnant une vie nouvelle. La phrase commence par “mais”, pour marquer le contraste avec ce que Paul constatait dans le passage précédent : la condition tragique de l’humanité, écrasée par ses fautes et ses péchés, prisonnière de ses désirs égoïstes et mauvais, soumise à l’influence des forces du mal, en rébellion ouverte contre Dieu. Dans cette situation, elle avait mérité le déchaînement de la colère de Dieu (cf. Ep 2, 1-3). Or, au lieu de la punir – ce qui provoque la stupeur de Paul – il lui redonne la vie ; il ne se laisse pas guider par la colère, mais par la miséricorde et par l’amour. Jésus avait déjà laissé entrevoir cette façon d’agir de Dieu, dans le récit de la parabole du fils prodigue, c’est à bras ouverts qu’il accueille le plus jeune fils, tombé dans une vie dissolue. De même dans la parabole du bon pasteur, parti à la recherche de la brebis perdue, qu’il ramène sur ses épaules à la maison ; ou encore, dans celle du bon Samaritain, qui soigne les blessures de l’homme tombé entre les mains de brigands (cf. Lc 15, 11-32 ; 3-7 ; 10, 30-37). Dieu, Père miséricordieux, symbolisé dans ces paraboles, ne nous a pas seulement pardonné ; il nous a donné la vie même de son fils Jésus, il nous a donné la plénitude de la vie divine. D’où cet hymne de gratitude : “Mais Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que nous étions morts à cause de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ” Cette parole de vie devrait susciter en nous la même joie et la même gratitude que chez Paul et au sein de la première communauté chrétienne. Envers nous aussi, Dieu se montre “riche en miséricorde” et nous aime d’un “grand amour”, prêt à pardonner et à nous redonner sa confiance. Il n’y a pas de situation de péché, de souffrance, de solitude, où il ne se rende présent, à nos côtés nous accompagnant, nous accordant sa confiance, la possibilité de nous relever et la force de toujours recommencer. Dans son premier “Angélus” du 17 mars, il y a deux ans, le Pape François avait commencé à parler de la miséricorde de Dieu, un thème qui lui est ensuite devenu habituel. Ce jour-là, il avait dit : « Le visage de Dieu est celui d’un père miséricordieux qui a toujours de la patience… il nous comprend, nous attend, il ne se fatigue pas de nous pardonner ». Il concluait cette brève salutation en nous rappelant que : « Il est, Lui, le Père plein d’amour qui toujours pardonne, qui a ce cœur de miséricorde pour nous tous. Et nous aussi, apprenons à être miséricordieux avec tous. » Comment vivre concrètement cette parole de vie ? À l’image de Dieu, riche en miséricorde envers nous, qui nous aime d’un grand amour, soyons miséricordieux envers les autres. Apprenons, comme Dieu, à aimer nous aussi tous ceux qui ne sont pas “aimables”, et même nos ennemis. Jésus ne nous a-t-il pas dit : « Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde » (Mt 5, 7) ? Ne nous a-t-il pas demandé d’être « miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36) ? Paul, lui aussi, invitait ses communautés, choisies et aimées par Dieu, à revêtir « des sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience » (Col 3, 12). En ayant cru à l’amour de Dieu, nous pourrons à notre tour aimer de cet amour qui se fait proche de quiconque vit une situation de souffrance ou de besoin, un amour qui excuse tout, qui protège et sait apporter son soutien. En vivant de cette manière, nous pourrons être témoins de l’amour de Dieu et aider ceux que nous rencontrons à découvrir que Dieu est, pour eux aussi, riche en miséricorde et qu’il les aime d’un grand amour. Fabio Ciardi
42 personnes en provenance de huit pays d’Europe et d’Amérique Latine ont répondu à l’invitation. Le rendez-vous était à la Cité du Pilote Lia, près de Buenos Aires. Il s’agissait pour elle non seulement d’accueillir, 9 au 21 mars, ce séminaire financé par l’Union Européenne, mais aussi d’être elle-même objet d’étude pour l’élaboration d’un modèle de gestion et de développement durable en matière d’habitat. A une époque où il n’a jamais été plus urgent de s’interroger sur l’environnement et de promouvoir la recherche de nouvelles technologies – il y va de la survie de notre planète – l’initiative, inspirée par la spiritualité des Focolari, à laquelle a adhéré Dialogues en Architecture, le réseau de chercheurs et d’experts dans ce domaine, est d’une actualité pressante. Plongés dans l’observation du territoire et de ses structures, les jeunes se sont tout d’abord consacrés à l’étude de PRESET (“Participation, Resilience and Employability through Sustainability, Entrepreneurship and Training”), un projet d’étude – promu par l’association Starkmacher – sur le caractère durable des cités pilotes des Focolari et d’autres partenaires comme la Fazenda de Esperança (Brésil), la Fondation Unisol (Bolivie), Economy for tomorrow (Slovénie), New Humanity (ONGdu Mouvement des Focolari). Pour ensuite travailler plus spécifiquement sur une proposition globale éco-durable pour la Cité Pilote Lia. Les jeunes, répartis en cinq laboratoires thématiques centrés sur la fraternité comme style de vie, sont parvenus à une proposition intégrale éco-durable (Ecocity Mariapoli) à laquelle ils ont associé tous les habitants de la cité pilote. Et aussi les jeunes du quartier, en allant les voir un après-midi pour leur faire part du projet et leur parler d’environnement. Ecocity Mariapoli, qui devra se réaliser dans le respect de l’histoire de la Cité pilote et en dialogue avec ses habitants, a réalisé au cours de ce séminaire une installation biogaz pour une des habitations de la cité, une vulgarisation sur la façon d’obtenir du compost, une étude pour l’installation d’un système photovoltaïque, pour l’isolation des constructions en vue de réduire les dépenses d’énergie et pour le remplacement des ampoules par un éclairage Led et d’autres choses encore. Tout cela allant de pair avec l’éducation à l’environnement. C’est pourquoi il y aura une production de matériel didactique pour les habitants et les visiteurs de la Mariapoli, à diffuser aussi dans les écoles et à travers le Web. Les artistes aussi ont contribué à rendre la proposition attrayante en créant une ligne de produits (chapeaux etc.…) réalisés avec un matériau écologique et des décorations reflétant les diverses cultures, et aussi une expression théâtrale appropriée au thème. Heureuse coïncidence: il y avait au cours de ces journées à la Cité pilote le Président de l’Institut Universitaire Sophia de Loppiano, le professeur Piero Coda: “Je ne pense pas que ce soit une simple coïncidence – a-t-il dit – . Il se peut que ce soit le projet de l’Amour de Dieu qui conduit à quelque chose de nouveau, il se peut que se crée entre nous un réseau de communion, de travail au service de la solidarité, pour la justice ». Très significatif le témoignage de Francesco (Udine) : « Je travaille comme architecte et je suis en train de faire un master en Constructions énergie presque zéro » Ce qui m’a le plus intéressé dans cet atelier c’est le fait d’être ensemble entre personnes qui ont des capacités et des spécialisations diverses. Ce ne sont pas seulement des architectes comme nous, et c’est je pense le côté enrichissant pour tout le groupe : partir avec des talents divers pour atteindre un objectif commun qui pour nous est le caractère durable appliqué l’environnement, mais qui s’étend aussi à l’économie et à la société ». Riccardo, architecte italien, est lui aussi convaincu de l’importance d’un travail réalisé ensemble : « Je crois fermement que ce que je peux faire n’est qu’une petite partie, tandis que si nous sommes ensemble nous pouvons réaliser des objectifs qui donnent un résultat positif pour tous, pour toute la société. Ces talents bien employés créent du bien-être et de la satisfaction pour tous, pour les professionnels comme pour la collectivité ». www.eco-navigation.eu https://www.youtube.com/watch?v=uR9LbLbBfFI
« La situation est désastreuse. Personnellement, je suis vivant mais maintenant nous restons en-dehors de la maison, de jour comme de nuit. Beaucoup sont morts, d’autres en train de mourir et de très nombreuses personnes sont blessées. Il y a constamment des secousses qui créent des destructions continuelles », nous écrivent quelques amis du Népal. En plus du nombre de victimes qui continue à augmenter, l’UNICEF estime à 940 mille le nombre d’enfants à risque, ayant un urgent besoin d’assistance sanitaire. Le Mouvement des Focolari s’unit dans la prière pour les personnes touchées, pour leurs familles, pour demander consolation au milieu de cette gigantesque tragédie et se mobilise pour la collecte d’aides. Depuis Mumbai, où les jeunes du Mouvement des Focolari sont réunis en préparation à la Semaine Monde Uni, où sont également présents 3 jeunes originaires du Népal, ils lancent un appel aux Jeunes pour un Monde Uni du monde entier pour lancer immédiatement une action de soutien aux personnes touchées par le séisme : « La Semaine Monde Uni – écrivent-ils – peut être une occasion immédiate d’exprimer concrètement notre soutien ». Le Pape François, après avoir prié à l’Angélus pour les victimes du tremblement de terre, en exhortant « le soutien de la solidarité fraternelle », a exprimé sa propre proximité à la population népalaise lors d’un message envoyé au nonce apostolique du Népal. Caritas Népal en attendant, s’est activée pour faire face à l’urgence, mais des renforts sont nécessaires. On distribue des tentes et de la nourriture : le problème principal en ce moment est d’offrir un refuge, pour protéger du froid et de la pluie.
Les aides financières peuvent être versées sur le compte des Jeunes pour un Monde Uni :Compte courant du secrétariat central des Jeunes pour un Monde Uni (JPMU) Communication : Urgence Népal Compte adressé à : PIA ASSOCIAZIONE MASCHILE OPERA DI MARIA Via Frascati 306, Rocca di Papa, 00040 Rome, Italie Adresse bancaire :BANCA PROSSIMA Piazza Paolo Ferrari 10 20121 Milano Italia.CODE IBAN POUR TRANSACTION NATIONALE ET INTERNATIONALE :IBAN IT62 W033 5901 6001 0000 0113 348 BIC BCITITMX
Qui arrive pour la première fois à Santa Cruz de la Sierra trouve un contexte inattendu: une nature luxuriante et accueillante, une langue inconnue, la culture locale si différente, la pauvreté avec toutes ses conséquences, la simplicité et générosité sans limites des personnes.
Un groupe de jeunes et de familles des Focolari a choisi de passer la Semaine sainte à Santa Cruz, avec beaucoup d’amis Nahua. En effet, l’Église locale, en raison des énormes nécessités pastorales, accorde un permis spécial durant les jours saints aux laïcs, dûment préparés, pour exercer comme ministres à disposition des prêtres.
Mais laissons la parole aux protagonistes de l’événement:
“Le soleil pointe à l’horizon et l’autobus serpente sur les routes de montagne de la Sierra Madre orientale, avec à son bord 43 jeunes et familles des Focolari. Le voyage est long et excitant; la fatigue ne se ressent pas, parce qu’il y a beaucoup de joie. À l’arrivée, sont présents des frères, familles et amis de 33 communautés nahuas prêts à vivre avec nous la Semaine sainte.
Huit heures après le départ de la ville de Mexico, nous sommes accueillis à Santa Cruz par une population humble et généreuse qui habite dans le cœur de la huasteca hidalguense (‘Fleur qui ne se fane pas’): une région humide et avec des températures élevées, recouverte par des cèdres, ébéniers et acajous.
Là, dans une paroisse de la ‘Misión Javeriana’, nous nous séparons en sept groupes pour être avec la population et aider – avec les catéchistes locaux – lors des services liturgiques dans autant de communautés, où la semence de la spiritualité de l’unité est arrivée depuis quelques années.
La rencontre est très émouvante: la foi, la vie et le pain commencent à être partagés. Quelques témoignages de vie évangélique sont racontés, petits et grands cadeaux sont échangés. Après la célébration du ‘lavement des pieds’, un des jeunes participants s’exclame: ‘C’est fantastique de se sentir chrétiens!’ Une jeune dit avoir participé à beaucoup de missions, mais ‘avec Jésus parmi nous c’est différent; en effet, c’est Lui qui attire les personnes et c’est pour cela que nous voulons participer aux rassemblements et aux célébrations liturgiques’.
Parmi les nombreuses rencontres personnelles, une nous touche particulièrement: nous rendons visite à un homme âgé vivant seul, qui n’est pas sorti depuis longtemps. Ses conditions d’hygiène sont déplorables. Nous le lavons et nettoyons sa minuscule chambre; nous l’aidons à se préparer à recevoir Jésus eucharistie et nous le lui apportons. Il décède le jour suivant.
Après une Semaine sainte vécue intensément et après avoir expérimenté la donation mutuelle dans la simplicité et générosité, arrive l’heure de rentrer à Mexico. Durant le voyage, certains se souviennent des paroles de Chiara Lubich prononcées dans la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe en juin 1997: ‘L’inculturation exige un échange de dons’.
Vu l’enthousiasme des jeunes ‘misioneros’ et des membres des communautés visitées, naît l’espérance que la ‘Misión’ à Santa Cruz ne reste pas un événement isolé, mais marque le début d’un processus de donation grandissant des Focolari au Mexique.”
“A l’origine, comme toujours lorsqu’il s’agit des choses de Dieu, il y a une simple semence. Silvia Lubich était la fille d’un commerçant en vin, devenu, à cause de la crise économique déclenchée par la seconde guerre mondiale, un modeste employé municipal, et de son épouse, une femme de Trente, sans profession, mais qui, dans sa jeunesse, avait travaillé à la typographie de Cesare Battisti. Deux chrétiens typiquement trentins: simples, droits, sans histoires. Ils ont eu quatre enfants, un garçon, l’aîné, et trois filles, dont Silvia, née le 22 janvier 1920, était la plus grande ; ils avaient donné à chacun une éducation chrétienne qui dès l’enfance développa chez Silvia une piété très droite. Droite en ce sens qu’elle refusait tout compromis : elle n’admettait pas que son désir soit partagé entre Dieu et le monde, que l’on pense au bien et au mal, que l’on dise une chose et qu’on en cache une autre. Il y avait Dieu : Dieu était tout et il fallait donc tous appartenir à Dieu : faire Sa volonté, toujours, comme le rayon de soleil qui se détache du ciel pour aller se poser sur la terre ». Ainsi commence Storia di Light(Histoire de Light), c’est à dire l’histoire de Chiara Lubich écrite par l’un des protagonistes des événements relatés: Igino Giordani, personnalité qui a marqué la culture et la politique italienne, cofondateur du Mouvement des Focolari. “Etre un chef d’œuvre n’est jamais facile pour aucune œuvre”, écrit Alberto Lo Presti, Directeur du Centre Igino Giordani, dans l’introduction du premier épisode. « A plus forte raison pour un livre qui doit s’imposer comme le meilleur parmi la centaine d’autres parus sous le nom de Giordani. Avec cette différence que Storia di Light (Histoire de Light) n’a jamais vu le jour. Non seulement, mais cette œuvre est restée pratiquement inconnue, y compris de ceux qui – au cours de toutes ces années – l’ont préservée. Ce fut Giordani lui-même qui a demandé d’attendre, un souhait tout à fait contraire à celui de n’importe quel écrivain qui aspire généralement à la notoriété, surtout à travers ses meilleures œuvres ». “Storia di Light (Histoire de Light) ne cherche pas à suivre les règles ni la méthode de l’historiographie. Nous pourrions définir cette œuvre comme le récit de l’intervention prodigieuse suscitée par l’Esprit Saint – et visible à travers la personne et l’action de Chiara Lubich – dans l’histoire du XXème siècle. Autrement dit, il est constitué d’une série de tableaux narratifs où la trajectoire de Chiara Lubich s’entrecroise avec le dessein de Dieu sur une humanité meurtrie dans sa pensée et socialement bouleversée par les divisions et par les guerres mondiales. Voilà pourquoi, dans la trame subtile de Storia di Light (Histoire de Light), nous reconnaissons quelques traits fondamentaux de la personnalité complexe de Giordani. Sa blessure de guerre, les persécutions idéologiques qu’il a subies, sa mise à l’écart de la société civile témoignent de son engagement au sein de tous les principaux drames qui ont affecté le XXème siècle. Ce fut un homme de foi, un promoteur de la vie de l’Eglise et de la culture, convaincu que le mal radical sera déraciné par un renouveau de l’Esprit chrétien qu’il s’efforça de rechercher avec ténacité. Il rencontra Chiara Lubich en 1948, et trouva en elle la lumière (light) qu’il recherchait. Il la suivit en mettant à la disposition de la fondatrice des focolari toute son intelligence et toute sa volonté. Il ne douta jamais de la force et de l’apport décisif de Chiara Lubich à l’Eglise, à la société, au monde contemporain et à venir. Aussi Giordani ne pouvait-il pas, quand bien même l’aurait-il voulu, écrire une histoire de Chiara Lubich achevée et distanciée, irréprochable sur le plan méthodologique. Son implication humaine et spirituelle ne le lui permettait pas ». “L’auteur avait écrit de nombreux ouvrages sur les plus grandes figures spirituelles: Catherine de Sienne, Ignace de Loyola, Madeleine de Canossa, Contardo Ferrini, François de Paule, Vincent de Paul, François de Sales, François d’Assise, pour ne citer que les monographies. Il s’agit d’une mosaïque de personnalités extraordinaires, ayant vécu à des époques et dans des contextes différents. La place d’honneur, dans ce riche panorama, est attribuée à Chiara Lubich. Il considère la biographie qu’il a faite d’elle comme son « chef d’œuvre ». Quand, à l’âge de 54 ans, l’Histoire lui donne rendez-vous avec Chiara, il était loin d’être sous-équipé spirituellement. Il savait apprécier la valeur religieuse d’un idéal, et possédait aussi les outils pour mesurer l’amplitude d’une intuition mystique. Pour cette raison…il est vraisemblable que Giordani ait eu la conviction intime de devoir donner son témoignage personnel pour dire qui était réellement Chiara. Il a d’ailleurs assumé ce rôle dès qu’il a commencé à la fréquenter ainsi le premier groupe des focolarine. Grâce à son érudition, il était en mesure de révéler l’importance et la nouveauté de la personnalité de Chiara aux jeunes qui la suivaient ». Giordani vécut la période difficile où Chiara Lubich et les Focolari étaient examinés à la loupe par la Congrégation du Saint Office. A partir de cette époque – et encore de nombreuses années après – une attitude prudente s’est généralisée, conduisant à la plus grande discrétion autour de la personne de Chiara. S’il était nécessaire de contenir les marques d’affection et d’estime envers elle, pour Giordani il ne faisait aucun doute que la vérité sur elle devait être écrite et transmise. D’où, Storia di Light(Histoire de Light), son chef d’œuvre. Introduction à Storia di Light (texte intégral) – publié sur la revue Nuova Umanità, janvier-mars 2015.
Le Mouvement politique pour l’unité (MPPU), expression du Mouvement des Focolari dans le domaine politique, fait entendre sa voix au sujet du drame des flux migratoires en direction de l’Europe, voix qui s’ajoute à celles des nombreuses associations et personnes sensibles à ce problème dans le monde entier.
“Le plan lancé par le sommet européen sur l’immigration – écrivent-ils – convoqué en urgence après la énième tragédie survenue dans le Canal de Sicile et son très lourd bilan de vies emportées, élargit l’aire d’intervention de Triton et de Poséidon, de façon à ce que les bateaux, en nombre plus important grâce à un financement triplé, puissent aller à plus de 30 miles au-delà des côtes des pays de l’Union Européenne. Mais cela reste des actions à l’intérieur de Frontex dont la logique est la défense les frontières européenne et non une politique affrontant l’ensemble du phénomène migratoire ».
Le MPPU dénonce une forte contradiction au cœur même de ce plan : « En effet, les Etats de l’Union n’ont absolument pas démontré la même disponibilité pour ce qui est de l’accueil des migrants, comme s’il ne devait plus en arriver. Et pourtant tout le monde sait que la destruction des péniches, si elle réussit (peut-être), en partie, à décourager les trafiquants d’êtres humains, ne permettra certainement pas de sauver toutes les victimes des immigrations illégales, ni à en arrêter les flux ». En effet on vient d’apprendre que récemment, en Macédoine, sur les itinéraires terrestres, un train a heurté et tué 14 migrants qui marchaient le long d’une voie de chemin de fer.
“Une politique sérieuse de l’Union Européenne (mais pas seulement) en matière de migration – continue l’appel – devrait avoir une tout autre perspective et distinguer trois secteurs différents d’initiative et d’action publique et politique. En premier lieu il faut donner un signal fort visant à mettre en œuvre toutes les ressources institutionnelles, infrastructurelles, humaines et financières disponibles dans les Pays d’accueil, afin d’engager une vaste mobilisation qui réponde à l’urgence de la situation, à l’aide de moyens adaptés et de manière concrète, immédiate et efficace. L’accueil temporaire des migrants et des réfugiés doit être également réparti sur le territoire, en tenant compte des structures d’accueil disponibles, de la composition des habitants du lieu, de leurs capacités et de la présence de réseaux locaux en mesure d’intervenir de façon solidaire, organisée et responsable ».
L’appel continue en citant des exemples d’accueil et de solidarité déjà en cours et affirme que « le Mouvement politique pour l’unité soutiendra pleinement, tant sur le plan humain que politique, tous les responsables de l’Administration appelés en ce moment à assumer des choix difficiles, souvent impopulaires (…) Il incombe à chaque administrateur public, tant au niveau local que national et international, de faire comprendre l’urgence des mesures prises pour accueillir ces personnes, mesures adoptées dans le plein respect des droits et des attentes des communautés civiles, sans toutefois se soustraire aux devoirs d’humanité pour répondre aux besoins immédiats et élémentaires d’autres êtres humains ».
« En second lieu – poursuit le texte du MPPU – il faut que l’Union Européenne clarifie l’équivoque fondamentale qui sape les fondements de toute politique sérieuse de gestion des flux migratoires. En effet on ne peut pas invoquer un rôle plus décisif des institutions de Bruxelles sans en même temps doter l’Union Européenne des compétences nécessaires et des ressources humaines et financières correspondantes pour assumer des charges que les Etats membres , y compris ceux de la Méditerranée, n’ont pas voulu partager dans une perspective commune de véritable intégration ».
« En troisième lieu – conclut l’appel – les phénomènes migratoires qui se manifestent en Méditerranée ont des causes géographiques et politiques plus amples liées aussi aux crises gouvernementales en Lybie, en Somalie, dans les grandes régions de l’Afrique subsaharienne. Sans parler du démembrement en cours des contextes régionaux du Moyen-Orient, en particulier de la Syrie et de l’Irak. L’étendue et la complexité des questions politiques, économiques, sociales et culturelles qui caractérisent ces régions exigerait une mobilisation de la communauté internationale, à commencer par les Nations Unies, pour mettre en œuvre un vaste plan d’interventions et de mesures d’urgence, en dépassant les oppositions et les veto qui s’entrecroisent ».
Appel du Mouvement Politique pour l’Unité (texte intégral en italien)
En Syrie de nombreuses villes sont détruites et privées d’électricité une bonne partie de la journée. A Alep, le Conseil des responsables des confessions chrétiennes, alors que la ville voit les violences s’intensifier, appelle la communauté internationale à dire : « Il faut en finir avec la destruction et la désolation. Plus question d’être un laboratoire pour les armes d’une guerre dévastatrice ». « Nous voulons assurer à tous ceux qui sont concernés par cette situation que nous ne les oublions pas – avait dit le Pape François à l’Angélus du 1er Mars – mais que nous sommes proches d’eux et que nous prions avec insistance pour qu’au plus vite on mette fin à l’intolérable brutalité dont ils sont victimes ».
“Nous sommes là-bas avec vous – voudrions-nous pouvoir dire, en reprenant les paroles d’une amie qui était à Damas il y a encore quelques mois – et nous nous mobilisons pour vous aider, non seulement en priant, mais aussi en prenant toutes sortes d’initiatives. Je sais et nous savons que vous êtes en train de vivre une des plus grandes souffrances aussi à cause du froid, du manque d’électricité, du manque de travail ! Nous nous devons d’agir vite, très vite. Nous sommes avec vous et nous vous remercions ».
Cette mobilisation n’a pas tardé à se manifester, mais pour qui le voudrait, il est encore possible de contribuer à cette action en effectuant un versement de quelque montant que ce soit, sur l’un des comptes-courants suivants:
Qu’est-ce que les religions dans le monde d’aujourd’hui ? Bon nombre de gens les voient comme des obstacles à la paix, résidus du temps passé, maintenant causes d’un extrémisme violent. Mais le monde serait-il véritablement plus pacifique sans les religions ? Le débat thématique de Haut Niveau « Promouvoir la tolérance et la réconciliation », s’anime tout d’un coup. Le second jour de la rencontre à l’ONU donne, de fait, des directives. Le secrétaire général Ban Ki-moon, en ouverture propose un comité consultatif avec les leaders des religions afin d’aider les Nations Unies à trouver des solutions aux conflits en cours, souvent justement entre disciples de religions différentes. En salle plénière se succèdent les témoignages de 15 leaders religieux. Tous les participants s’accordent sur le fait que les religions devraient aider à construire la paix, à aller au-delà de la simple tolérance, au simple fait de s’accepter, et ils soulignent qu’il existe dans le monde entier des personnes qui vivent déjà de cette manière dans le quotidien. Dans son discoursMaria Voce rappelle l’expérience vécue par de nombreux membres du mouvement des Focolari : « La rencontre entre culture et religion est une expérience continuelle et féconde, qui ne se limite pas à la tolérance ou à la simple reconnaissance de la diversité, qui va au-delà de la pure réconciliation fondamentale, et crée pour ainsi dire une nouvelle identité, plus ample, commune et partagée ». On le trouve dans des contextes qui ont été frappés ou sont encore caractérisés par de graves crises, comme en Algérie, en Syrie, Irak, Liban, République Démocratique du Congo, Nigeria, Philippines.Pour répondre aux défis de la violence, elle propose un « extrémisme du dialogue », c’est-à-dire un dialogue qui demande le maximum d’engagement, « qui est risqué, exigent, un défi, vise à arracher les racines de l’incompréhension, de la peur, du ressentiment ». A partir de là elle invite à s’orienter vers une « civilisation de l’alliance », « une civilisation universelle qui fait en sorte que les peuples se considèrent partie intégrante du grand événement, pluriel et fascinant, du cheminement de l’humanité vers l’unité ». Elle invite l’ONU elle-même à repenser à sa propre vocation, à reformuler sa propre mission, pour être « une institution qui vraiment se dédie à l’unité des nations, dans le respect de leur très riche identité ». Dire que les religions sont la cause des tensions est, selon Maria Voce une vision trop étroite de la situation : « Ce à quoi nous assistons dans de nombreuses régions de la planète, du Moyen Orient en Afrique, a si peu à voir avec la religion, au contraire cela regarde les habituelles recettes de la domination des oligarchies et des structures marquées par la culture belliqueuse ». La vocation donc des religions est bien déterminée : “Être fidèles à la propre inspiration fondamentale, à la Règle d’or que toutes possèdent, à l’idée de l’unique famille humaine universelle ». Tout le monde était d’accord sur cette ligne : les religions mènent à la paix, si elles ne sont pas instrumentalisées pour d’autres fins.Au cours de la table ronde plénière de l’après-midi, dont la modératrice était la journaliste Laura Trevelyan de la BBC, le Rabbin David Rosen se demande pourquoi tant de jeunes se sentent attirés par l’extrémisme : « Peut-être parce qu’ils sont à la recherche de leur propre identité, ou de quelque chose qui donne sens à leur vie ». « Aux Nations Unies, normalement on ne mentionne pas Dieu », ose demander le rabbin Arthur Schneier : « Comment affrontons-nous ce problème –l’ONU devrait-elle être neutre – lorsque 5 sur les 7 milliards de personnes sur la terre appartiennent à une religion ? ». Pour Bhai Sahib Mohinder Singh, Sikh de Birmingham : « Dieu est tout-puissant, en chacun de nous, donc il est impossible de dire que Dieu n’est pas ici ». Et pour Maria Voce « On parle de Dieu quand on parte de justice, de partage de tous les biens de la terre, d’un développement soutenable, on parle de Dieu quand on pense à ce que nous préparons pour les générations futures. Voilà ce qu’est parler de Dieu, il n’est pas nécessaire d’en parler de manière abstraite ». Comment conserver l’intégrité du dialogue interreligieux ? Les leaders religieux présents ne sont-ils pas en train de renoncer à quelque chose, en venant ici à l’ONU pour parler de résolution des conflits ? « Moi, je ne renonce à rien », affirme Maria Voce. « Je suis venue par amour, pensant apporter ma contribution d’amour à l’humanité. Je me suis sentie enrichie par cette possibilité ». A la fin, un regard sur les nouvelles générations : « En rentrant à la maison, ce que je ferai – déclare-t-elle – sera de soutenir toutes les activités de jeunes et très jeunes, parce que je crois en leur puissance prophétique ». Elle laisse alors la parole à Ermano Perotti, jeune italien qui l’a accompagnée pour cette étape américaine. Agé de 25 ans, master en économie du développement, il cueille l’occasion pour présenter la carte de la fraternité, un dossier qui rassemble les initiatives pour la fraternité présentes sous toutes les latitudes. « Avec l’espoir – ajoute Maria Voce – qu’un jour, même ces « fragments de fraternité » puissent être présentés aux Nations Unies », et que les Nations Unies puissent les accueillir. Il est clair qu’avec une vision pareille les religions ont une grande possibilité, mais aussi une grande tâche : construire la paix et répondre aux défis par un « dialogue extrême » au lieu de s’enfermer dans son propre groupe. Susanne Jansen, New YorkIntégralité de l’intervention : Maria Voce (texte) Intervention Maria Voce (video) Communiqué de pressePresse
Risquer sa vie pour soulager les souffrances des pauvres : Maria Voce commence par le récit de la phase finale de la seconde guerre mondiale lorsqu’à Trente, en 1943 « un groupe de jeunes filles se réunit dans la petite ville de Trente, en Italie du Nord. Sous les bombardements, ces jeunes filles, guidées par une toute jeune enseignante, Chiara Lubich et animées d’une compréhension nouvelle de l’aspect radical de l’Évangile décident de risquer leur vie ».
Un geste, répété par de nombreuses personnes, encore aujourd’hui, conduit à régénérer le tissu social : Maria Voce évoque les camps de réfugiés au Liban, en Syrie, Jordanie, Irak ainsi que les périphéries délabrées des mégapoles et la force de tous ceux qui introduisent « dans le circuit destructeur du conflit, un engagement pour régénérer le tissu social, en accomplissant une action de peace-building, (de construction de la paix). Ces jeunes filles, affirme-t-elle « décidèrent de briser le cercle vicieux de la violence en répondant par des gestes et des actions qui, dans ce climat de conflit auraient pu apparaître velléitaires ou même insignifiants. Il n’en fut rien, il n’en est pas ainsi ! ».
« Aujourd’hui encore, nous sommes dans une situation de très grave désagrégation politique, institutionnelle, économique, sociale, qui exige des réponses tout aussi radicales, capables de changer le paradigme dominant. Le conflit et la violence semblent, en effet, dominer de vastes régions de la planète, impliquant des personnes innocentes, coupables uniquement de se trouver dans un territoire disputé, d’appartenir à une ethnie déterminée ou de professer une religion précise ».
La rencontre entre cultures crée une identité nouvelle : « Dans le mouvement des Focolari, que j’ai l’honneur de représenter – explique Maria Voce -, la rencontre entre cultures et religions (Christianisme, Islam, Judaïsme, Bouddhisme, Hindouisme, religions traditionnelles) est une expérience permanente et féconde qui ne se limite pas à la tolérance ou à la simple reconnaissance de la diversité. Elle va au-delà de la réconciliation, pourtant fondamentale, et elle crée – pour ainsi dire – une nouvelle identité, plus large, commune, et partagée. C’est un dialogue efficace qui implique des personnes de convictions les plus variées et même non religieuses. Ce dialogue les pousse à prendre en considération les besoins concrets, à relever ensemble les défis les plus difficiles sur le plan social, économique, culturel, politique, en s’engageant pour une humanité plus unie et plus solidaire.
Cela se passe dans des contextes qui ont été – ou qui sont aujourd’hui encore – marqués par de graves crises comme en Algérie, en Syrie, au Liban, en République Démocratique du Congo, au Nigeria, aux Philippines ».
La présidente des Focolari bannit les demi-mesures : « S’il existe un extrémisme de la violence – affirme-t-elle – nous lui répondons (…) de manière tout aussi radicale, mais d’une façon structurellement différente, par l’« extrémisme du dialogue » ! Un dialogue qui exige un maximum d’implication, ce qui est risqué et exigeant : un véritable défi qui vise à couper les racines de l’incompréhension, de la peur, du ressentiment ».
Civilisation de l’alliance :en rappelant l’initiative de l’« Alliance des Civilisations », parmi les promoteurs de l’événement, Maria Voce se demande « s’il n’est pas possible aujourd’hui d’aller plus profondément à la racine de cette nouvelle perspective, en visant non seulement à une alliance des civilisations, mais à ce que nous pourrions appeler la “civilisation de l’alliance”; une civilisation universelle telle que les peuples considèrent qu’ils font partie de la grande histoire, plurielle et fascinante, du cheminement de l’humanité vers l’unité. Une civilisation qui fait du dialogue la voie pour se reconnaître libres, égaux et frères ».
Parmi les nombreuses initiatives représentées ici, elle rappelle l’ONG New Humanity qui représente le mouvement des Focolari à l’ONU. Et sur cette dernière, elle s’interroge :
« L’ONU ne devrait-elle pas repenser sa vocation, reformuler sa mission fondamentale ? Que signifie aujourd’hui, être l’organisation des “Nations Unies”, si ce n’est une institution qui met vraiment tout en œuvre en vue de l’unité des nations, dans le respect de leurs très riches identités ? Il est absolument fondamental de travailler pour le maintien de la sécurité internationale ; cependant, la sécurité, bien qu’indispensable, n’est pas nécessairement l’équivalent de la paix.
Les conflits internes et internationaux, les profondes divisions que nous enregistrons à l’échelle mondiale, ainsi que les grandes injustices locales et planétaires, exigent en effet une véritable conversion qui doit se traduire dans les actes et dans les choix de la gouvernance globale, afin que puisse se réaliser le slogan créé par Chiara Lubich : “aimer la patrie de l’autre comme la sienne” jusqu’à l’édification de la fraternité universelle ».
La guerre est l’irréligion : « La guerre est, par définition, irréligion. Le militarisme, l’hégémonie économique, l’intolérance à tous niveaux, sont cause de conflits ainsi que beaucoup d’autres facteurs sociaux et culturels dont la religion ne constitue souvent qu’un tragique prétexte. Ce à quoi nous assistons en de nombreuses régions de la planète, du Moyen-Orient à l’Afrique – parmi d’autres la tragédie des centaines de morts qui ont fui la guerre et les naufrages dans la Méditerranée – a bien peu à voir avec la religion. En tout état de cause et dans ces cas-là, on ne devrait pas tant parler de guerres de religions mais plus concrètement de façon réaliste et prosaïque, de religion de la guerre ».
Alors que faire ? En citant Chiara Lubich, elle lance ce défi : avoir le courage “d’inventer la paix” : « Nombreux sont les signes qui montrent que, de la grave conjoncture internationale, peut finalement émerger une conscience nouvelle de la nécessité de travailler ensemble pour le bien commun, (…) avec le courage “d’inventer la paix”. Le temps des “guerres saintes” est terminé. La guerre n’est jamais sainte et ne l’a jamais été. Dieu ne la veut pas. Seule la paix est vraiment sainte car Dieu lui-même est la paix ».
Elle conclut par l’appel à la règle d’or, qui nous reporte à l’inspiration fondamentale que les religions ont en commun, afin qu’elles soient « non pas un instrument utilisé par d’autres pouvoirs, même si ces derniers ont de très nobles objectifs. Ni même une formule étudiée intellectuellement dans un bureau pour résoudre crises ou conflits. Mais un processus spirituel qui s’incarne et devient une communauté. Une communauté qui partage et donne du sens aux joies et aux souffrances de l’homme d’aujourd’hui en orientant tout vers la réalisation de l’unique famille humaine universelle ».
Quartier général des Nations Unies: des milliers de personnes y travaillent, des personnalités importantes et des chefs d’Etat – qui n’a jamais rêvé d’y aller un jour ? Ermanno Perotti, 25 ans, étudiant en Economie du développement à Florence (Italie), est ici mais pas comme l’un des nombreux visiteurs qui suivent leur guide dans les longs couloirs. Il accompagne Maria Voce, la Présidente du Mouvement des Focolari, invitée parmi les leaders religieux qui interviennent lors du Débat de Haut Niveau sur « La Promotion de la tolérance et de la réconciliation : en favorisant les sociétés pacifiques et inclusives et en s’opposant à l’extrémisme violent ».
L’impression de Perotti est partagée par beaucoup: “Chaque représentant d’un état apporte sa contribution, beaucoup de beaux discours et d’initiatives positives, mais elles semblent isolées, chacun voyant la chose comme une plateforme pour promouvoir ses propres pensées ».
“La chose qui me gêne un peu c’est précisément ce manque d’écoute. Ce qui m’attire, au contraire, c’est l’effort qui consiste à combler cette lacune grâce à une écoute et un dialogue authentiques ». Avec cet objectif qu’il a hérité de son expérience avec les jeunes des Focolari, il a saisi la valeur de l’engagement politique, en vue de susciter des relations plus vraies.
Sur la façon de prévenir la violence et l’extrémisme, presque tous les interlocuteurs étaient d’accord pour dire qu’il n’y a pas d’autre voie que le dialogue entre les cultures.« J’aimerais faire une école du dialogue à l’ONU » dit Perotti. De fait, 90% des rapporteurs ont souligné le besoin de formation et beaucoup ont parlé de la nécessité de donner la parole aux femmes et de combattre la pauvreté.
Nombreux aussi sont ceux qui ont dit mettre leur espoir dans les jeunes : on devrait partir d’eux, disent-ils. Perotti n’est pas tout à fait d’accord : « Ce sont toujours les adultes qui parlent des jeunes, où sont les jeunes qui parlent des jeunes ? », se demande-t-il. Il voit sa génération comme déjà préparée à vivre un futur multiculturel : « J’ai toujours grandi de cette façon : dans des salles de classe et des amphi de dix nationalités et de quatre religions différentes. Nous pouvons montrer au monde comment nous vivons au quotidien et spontanément ».
Le 22 avril c’est le jour de la table ronde des Nations Unies. Ermanno Perotti prend la chose avec calme : « Je me suis proposé, et Maria Voce aussi, de vivre ces journées avant tout comme une expérience de Dieu ». Même aujourd’hui, à l’ONU, ce sera une expérience de Dieu. Comme certains speakers l’ont dit : « En définitive tout se résume à la Règle d’or, « aimer son prochain . Et c’est finalement simple d’être ici avec la Présidente, parce que je suis venu pour aimer et être un seul corps avec tous les autres jeunes du monde ».
Aujourd’hui s’ouvre le débat de l’ONU sur la « Promotion de la tolérance et de la réconciliation : en favorisant les sociétés pacifiques et inclusives et en s’opposant à l’extrémisme violent ». Parmi les leaders religieux invités à donner leur apport se trouve Maria Voce, présidente du mouvement des Focolari. Trois questions avant d’entrer au siège central des Nations Unies :
Comment vous sentez-vous avant de participer à cet événement de haut niveau avec des représentants des 193 états membres ?
« Je suis assez paisible. Il manque quelquefois à ces organisations justement le témoignage de ce qui se fait déjà dans le monde pour la paix. J’ai l’impression que souvent ceux qui y travaillent se sentent seuls et ont besoin que quelqu’un soit avec eux sur le terrain et travaille pour les mêmes buts. Avec un idéal aussi grand, comme l’est celui que Chiara Lubich nous a donné, nous ne travaillons pas seulement pour la réconciliation et la justice sociale, mais celles-ci sont des pas pour arriver à l’unité ».
Si l’on regarde le monde, aujourd’hui quelqu’un peut penser que les religions apportent plus de division que de paix…
« Il est bien évident que la faute de la guerre n’incombe à aucune religion. Le mot religion veut dire lien, c’est un lien entre les hommes. Comment une religion peut-elle engendrer la guerre ? La guerre naît dans le cœur des hommes, et les hommes, quelle que soit leur religion, peuvent être bons ou méchants. La religion est bon nombre de fois prise comme prétexte pour justifier des motifs beaucoup plus terrestres et antihumains : la volonté de puissance, d’écraser les plus faibles, de vendre ses propres produits, y compris les armes. La racine de la guerre ne se trouve sûrement pas dans les religions, mais dans ces autres motivations qui au fond sont toujours le fruit de l’égoïsme ».
Face à des conflits comme par exemple ceux du Moyen Orient ou du Nigeria, vous êtres encore optimiste, la paix est encore possible ?
Je ne peux pas ne pas être optimiste parce que Jésus est la paix. Et comme nous suivons Jésus, nous devons croire que la paix est possible. Il est vrai que lui-même a dit ‘je suis venu porter le glaive’, ce qui veut dire prendre aussi des positions précises. Je crois que ce que les religions peuvent aider à faire c’est de réveiller la conscience de l’humanité : la paix n’est pas uniquement un bien parmi tant d’autres, mais sans la paix, tous les autres biens ne servent à rien. On peut travailler pour la paix si l’on s’y met tous ensemble, le riche comme le pauvre, le puissant comme le moins puissant, le religieux comme celui qui ne se reconnaît en aucune religion. Nous devons travailler pour des relations de paix au sein de la famille humaine, là nous sommes véritablement tous égaux et nous devons témoigner de cette égalité ».
Le débat de haut niveau au Palais de Verre de New-York a été lancé par le président de l’Assemblée Générale Sam Kutesa, par le secrétaire général Ban Ki-moon et par le haut représentant de l’Alliance des Civilisations Nassir Abdulaziz Al-Nasser. Le 21 avril on parlera des stratégies qui mènent à une société qui inclut tout le monde. Le 22 avril les leaders des différentes religions sont invités à témoigner du potentiel pour construire la tolérance et la réconciliation.
Le regard vif, un sourire doux qui se voile de tristesse mais qui reste même quand on raconte les événements tragiques du pays devenu maintenant sa patrie d’élection. Ghada, qu’est-ce qui t’a poussée à retourner en Syrie ?
A 20 ans, j’ai laissé famille et patrie pour suivre Dieu. En septembre 2013, lorsque j’ai décidé de retourner en Syrie, mon ardeur était la même, intacte. Je n’avais pas peur même à l’idée que j’aurais pu mourir. J’étais plus attirée par le fait d’aller vivre aux côtés de personnes que j’avais connues quelques années auparavant et leur faire sentir qu’elles ne sont pas abandonnées. J’ai été poussée à partager leur vie, leurs peurs, la précarité de leur quotidien. Là, de fait, les bombes tombent quand tu t’y attends le moins.
Mais il n’y a aucun moyen d’être averti des bombardements pour se protéger d’une manière ou d’une autre ?
Non il n’y a aucune sirène qui annonce les raids et l’on ne peut pas non plus se baser sur une stratégie qui fasse supposer quand et où les obus frapperont. D’un autre côté c’est maintenant la 5ième année de guerre et l’on ne peut pas toujours rester barricadés. On peut s’arrêter un jour, un mois mais ensuite, même si les canons retentissent, la vie doit continuer : les enfants vont à l’école et les parents au travail pour maintenir la famille. Tout avance, dans la précarité et le risque le plus absolu. J’avais vécu le même drame lorsque j’étais au focolare au Liban, mais ici tout est plus grave, plus difficile. Ici on respire terreur et violence dans tous les coins.
Tu étais déjà en Syrie dans le passé. Peux-tu nous dire quelque chose du changement que tu as trouvé ? Quand j’étais au focolare au Liban, je me rendais à Alep, à Homs et même à Damas parce que de nombreuses personnes désiraient déjà garder le contact avec les focolares. Grâce à la sensibilité et la profondeur intérieure du peuple syrien, on pouvait lier de véritables rapports avec les gens. On partageait les valeurs chrétiennes, auxquelles ils sont très sensibles ici. Même dans la pluralité des Eglises, typique de cette terre, il y avait et il existe encore une grande harmonie entre tous. Lorsqu’en 94 on a pensé ouvrir un focolare à Alep, j’ai été envoyée avec deux autres focolarines. J’y suis restée 9 ans. La Syrie était en pleine prospérité : le pays n’avait pas de dette publique et le PIB était en continuelle croissance. Le soir nous, les filles, nous pouvions sortir librement. Maintenant c’est la tempête. Mais le pire c’est qu’on ne voit pas quand cette guerre finira. Je suis rentrée pour dire, avec les autres focolarini qui sommes en Syrie, que nous ne l’avons pas oubliée, que Jésus nous a fait une seule famille et pour cela nous voulons courir les mêmes risques. Nous aussi de fait, comme tout le monde, nous allons au travail, à l’église, au marché, sans savoir si nous reviendrons à la maison. Nous sommes là grâce à l’amour qui nous lie et la communauté en Syrie sait que nous sommes prêts à donner même la vie pour eux. De même qu’eux vis-à-vis de nous. Cette réciprocité est vraiment exceptionnelle. Ils rivalisent pour que nous soyons à l’aise, pour partager avec nous tout ce qu’ils ont. Vous, focolarines vous êtes à Damas, une ville fascinante, riche du point de vue artistique, historique, un but touristique bien connu. Comment vit-on là-bas aujourd’hui ? En ville, mais aussi dans les villages, la mort est un défi quotidien. Les transports font souvent tilt par manque de gasoil et les blocages routiers continuels. On sait quand on sort mais on ne sait pas quand on arrive. Dans les maisons, pas d’électricité pendant des heures, de même pour l’eau. On risque de s’exaspérer. La preuve, l’exode – pour celui qui peut quitter le pays – est en augmentation. On calcule que l’émigration, elle aussi non sans risques très graves, a dépassé les 6 millions de personnes. Mais la religiosité est toujours dans le cœur. Au chemin de croix du vendredi saint, même si les chrétiens étaient conscients que les bombes pouvaient exploser d’un moment à l’autre, ils étaient tous à la procession, emmenant avec eux même les enfants. Récemment les enfants que nous suivons, ont parlé par skype avec un groupe de leur âge du Portugal. Ces derniers voulaient s’organiser pour leur envoyer de l’aide et leur demandaient ce dont ils avaient le plus besoin. Et eux, malgré la nécessité de tant de choses matérielles, continuaient à répéter : « Priez pour nous, priez pour la paix, priez pour que s’arrête cette spirale de haine ». Votre choix de rester en Syrie est fort, courageux… Nous ne nous sentons pas des héros. De même que nous ne sommes pas là à titre personnel. Avant de partir j’avais pu rencontrer le pape François : son encouragement m’a montré tout l’amour de l’Eglise qui se fait proche de ce peuple si éprouvé. Nous nous sentons soutenus, aussi par l’amour de tout le mouvement des Focolari répandu dans le monde. Nous en avons besoin pour continuer à espérer, nous qui sommes impuissants face à la suprématie des intérêts économiques et à la prolifération des armes. Notre mission est de participer et de partager la vie quotidienne des gens. Nous participons aux fêtes ensemble, nous créons des moments de détente entre adultes et enfants pour essayer d’alléger le stress. Nous organisons des moments de spiritualité, nous prions ensemble pour la paix. A Noël nos jeunes ont organisé un concert : 300 personnes y ont participé, dont des amis musulmans. Récemment nous avons participé à un mariage. Dans la famille deux fils avaient été tués et à cause du deuil la fille ne pouvait pas sortir en robe de mariée. Elle est alors sortie du focolare, accompagnée à l’église par nous tous. Nous essayons de nous insérer dans les initiatives de l’Eglise locale, et avec les autres expressions ecclésiales qui sont ici nous nous aidons à essuyer les souffrances et les privations des gens. Nous continuons ensemble à espérer et à croire en soutenant tout effort pour que s’impose la paix.
Dans le détroit de Rotorua (Nouvelle Zélande) l’épaisseur de l’écorce terrestre est seulement de 4 km. On peut y admirer le jaillissement de spectaculaires geysers et, même dans la ville, des flaques d’eau fumante dont la surface est en ébullition. Le sol dégage une chaleur qui peut monter à 200 degrés. C’est dans ce lieu que les colons anglais avaient cherché à recréer les bains romains.
Aujourd’hui encore le thermalisme constitue un intérêt touristique majeur pour Roturoa, une ville verdoyante et entourée de collines. Sur les rives du lac qui porte le même nom se trouve le Keswick Christian Camp, une structure pour l’accueil estival. C’est là que, dans le cadre du meeting promu par les Focolari, se sont donné rendez-vous 156 personnes provenant des différentes villes des deux principales îles qui composent la Nouvelle Zélande. Objectif : passer trois jours ensemble, loin du train-train quotidien, pour approfondir la spiritualité de l’unité.
Maori, Philippins, Chinois, Coréens, Hollandais, Anglo-saxons, Italiens, Maltais, Taiwanais, Singapouriens, Futuniens, Français, Indiens, Pakistanais, Tokelaous … formaient un échantillon d’humanité d’une étonnante variété ethnique. Malgré cette diversité, dès le premier instant on respirait un climat de famille.
En plus des moments consacrés à l’approfondissement spirituel et aux ateliers créatifs, le programme prévoyait d’amples espaces pour favoriser la connaissance réciproque et les échanges entre tous. Très frappant le récit de la famille Picaithly, de Christchurch, la seconde ville du Pays, récemment dévastée par deux forts tremblements de terre. Une tragédie qui a uni la population dans un élan de solidarité rythmé par le leitmotiv « Kia kaha, stay strong Christchurch ! » que des collectes organisées par les Focolari ont relayé en divers points du monde.
Gisborne, la ville qui a le privilège d’être la première à voir le soleil qui se lève, a présenté l’action « Fish & Chips Club ». Parmi ses objectifs, recueillir des fonds en faveur de la formation des jeunes, une action conduite par des chrétiens de différentes Eglises, associés à des personnes de convictions non religieuses : ensemble ils cherchent à faire quelque chose d’utile pour les autres. Malgré cette diversité, jeunes et adultes se retrouvent une fois par mois pour réfléchir sur l’Evangile et partager les expériences vécues en le mettant en pratique. Une façon vraiment intéressante pour grandir en tant que personnes et puiser la force pour porter de l’avant les diverses activités artisanales et sportives d’un club où chacun peut être soi-même et où l’on cherche à souligner non pas tant ce qui différencie ces personnes, mais les valeurs qu’elles peuvent partager.
Même si la Nouvelle Zélande peut apparaître comme une terre accueillante et où l’on vit bien, une famille indo-pakistanaise a raconté combien il lui a été difficile de s’intégrer à cette société. Martis, père de deux enfants, travaillait dans une maison de personnes âgées et son épouse Antoneta dans une petite unité qui transforme la viande. Tout d’un coup chacun d’eux a perdu son travail. La recherche d’un nouvel emploi se prolongeait sans aboutir, au point qu’ils envisageaient de rentrer dans leur Pays. Juste dix jours avant l’échéance de leur visa, quelqu’un d’une ville voisine a réussi à obtenir un entretien d’embauche pour Martins et donc la possibilité de renouveler leur permis de séjour, pour la plus grande joie de tous et de cette famille qui a donné un fort témoignage de l’amour de Dieu qui se manifeste à travers la communauté.
Thérèse, porte-parole des jeunes qui étaient présents, a dit: “L’expérience de ces journées nous a donné du tonus pour revenir dans nos villes et recommencer à zéro ». Anne une femme âgée Maori, très estimée de sa tribu, a conclu : « Aroha te mea nui o te ao Katoa », ce qui dans sa langue veut dire : « L’amour est le plus grand don qui puisse exister au monde ».
« On ne peut pas exprimer ici qui a étéIgino Giordanipour le mouvement des Focolari. Il suffit de penser qu’il est cofondateur du mouvement lui-même. Eh bien, être fondateur ou même cofondateur d’une œuvre que l’Eglise reconnaît sienne, comporte une action multiple et complexe de la grâce de Dieu, des impulsions très variées et sûres de l’Esprit Saint, des comportements de la part du sujet, vraiment décisifs pour l’œuvre et le plus souvent imprévus parce que suggérés d’en Haut, la nécessité de souffrir souvent de manière pénétrante et prolongée dans le temps, l’accueil de grâces lumineuses et d’amour peu ordinaires. Alors il est meilleur de confier la révélation de cette figure à l’histoire de l’Eglise et des mouvements spirituels qui l’embellissent de siècle en siècle. On peut dire quelque chose d’Igino Giordani focolarino, même si ce n’est pas facile. Le focolarino fait tout, il prie, il travaille, il souffre, pour arriver à ce but : être parfait dans l’amour. Eh bien, il nous semble devoir affirmer que Giordani a atteint ce but. Pour autant que l’on puisse juger, il a été parfait dans l’amour.Il a donc personnifié le nom qui lui avait été attribué dans le mouvement : Foco, feu. C’est-à-dire cet amour envers Dieu et le prochain, surnaturel et naturel, qui se trouve à la base et au sommet de la vie chrétienne, concourant ainsi de manière unique à garder vivante au milieu de nous tous la réalité de la « parole de vie » qui lui avait été indiquée à son entrée dans le mouvement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Ceux qui ont bien connu Igino Giordani, sont d’accord pour constater et affirmer qu’il a vécu les béatitudes. A commencer par « Heureux les cœurs purs », qu’il a vécue de manière exceptionnelle: il a ouvert aux personnes mariées des deux sexes, en divers points du monde, la possibilité d’une consécration originale à Dieu, tout en étant mariés, grâce à une virginité spirituelle, effet de la plus ardente charité. Cette pureté de cœur affina en lui les sentiments les plus sacrés et les a développés. Il avait un amour très tendre envers sa femme. A la fin de sa vie l’intensité de son affection pour ses quatre enfants était émouvante et impressionnante. De même pour ses petits-enfants. C’était un père parfait, un grand-père parfait et un homme tout entier donné à Dieu. Il fut “pauvre en esprit”, complètement détaché non seulement de tout ce qu’il possédait, mais surtout de tout ce qu’il était. Il était plein de miséricorde. A côté de lui, même le pécheur le plus misérable se sentait pardonné, et le plus pauvre se sentait roi. Une des caractéristiques les plus prononcées, comme le décrit même son histoire d’homme politique, fut celle d’être «artisan de paix ». Il était arrivé à un tel niveau d’humilité qu’il faisait comprendre ce que l’évangile dit de celui qui vit cette vertu : il possède la terre. Grâce à sa sa gentillesse la plus noble, à sa manière de s’adresser aux personnes, à ses paroles toutes spéciales pour chacun, il gagnait l’estime de tous ceux qu’il côtoyait. Avec lui n’importe qui se sentait à son aise, considéré avec dignité, même les jeunes réussissaient à établir avec lui un rapport d’égal à égal. Et l’on constatait, surtout les dernières années, combien il communiquait le surnaturel en parlant. “J’avais faim et soif de justice”… il s’est battu toute la vie pour cette phrase. Il en a subi des persécutions au nom de Dieu, voilà pourquoi aujourd’hui nous le croyons en possession de Son Royaume. Mais beaucoup d’autres paroles de l’évangile nous font penser à lui. En le voyant, on comprend ce que veut dire cette conversion que Jésus demande, pour laquelle il faut redevenir enfants. Chrétien de première catégorie, érudit, apologète, lorsqu’il lui a semblé avoir trouvé une source d’eau pure qui jaillissait de l’Eglise, il a su « tout vendre » pour suivre Jésus qui l’appelait à s’y désaltérer. Pour avoir beaucoup souffert du manque de considération dont les laïcs, à son avis, faisaient l’objet dans l’Eglise de son temps, il aspirait de tout son grand cœur à abattre les cloisons entre les personnes qui se trouvaient dans un état de perfection et les autres – ajoutait-il en riant – qui se trouvaient en état d’imperfection. Autrement dit, il était très sensible aux signes des temps, il était lui-même un signe des temps, de ces temps où l’Esprit Saint appelle tout le peuple de Dieu à la sainteté. Lorsqu’Igino Giordani rencontra le mouvement, celui-ci n’était formé que de personnes consacrées dans la virginité. C’est lui qui l’a ouvert aux mariés, qui, à sa suite, ont éprouvé la soif de sainteté et de consécration, en concrétisant le projet, jusque là seulement entrevu, d’un partage de vie entre vierges et mariés, pour autant que possible, à l’image de la famille de Nazareth. Giordani fut l’un des plus grands dons que le ciel ait pu faire au mouvement des Focolari ». (extrait de Chiara Lubich, Igino Giordani focolarino, “Città Nuova” n° 9-10 mai 1980)
«En 2014 l’entreprise où je travaille – raconte Rosette – m’a confié la région du Kurdistan irakien (KRI). Pour faciliter l’insertion de mon mari Éric au travail, lui aussi avec un excellent CV, nous avons pensé nous installer à Dubaï, un riche émirat arabe où l’on vit agréablement avec tout le confort nécessaire. A cause de cette richesse beaucoup d’étrangers viennent à Dubaï pour avoir une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leur famille, même si cela implique de laisser sa famille dans son pays d’origine.
Durant un de mes voyages au Kurdistan, même si j’étais arrivée deux heures en avance, j’ai été effacée de la liste des passagers. J’étais agitée parce que cela voulait dire prendre un avion plus petit qui ne partait qu’à une heure du matin. Il restait encore un bon bout de temps avant l’embarquement, mais je suis allée quand même au nouveau terminal : on ne sait jamais. Là bizarrement, je vois déjà beaucoup de gens, parmi eux un bon nombre qui dort par terre. Je leur demande combien de temps on devait attendre. Une femme me répond : « Cela dépend : ça peut être tout de suite comme plusieurs jours”. De fait elle attendait depuis presque deux jours à cause d’une erreur d’orthographe sur son visa. Alors ils ne la faisaient pas sortir. Pour démarrer une conversation je lui ai demandé si elle avait de quoi manger : « Oui, j’ai encore quelques crackers et un peu d’eau ». Je l’invite à un repas avec moi et à la fin elle accepte après maintes hésitations.
Alors que nous étions en train de bavarder, son directeur de travail l’appelle pour vérifier comment elle allait et savoir s’il lui restait encore de l’argent. Elle n’avait plus un sou. Elle avait envoyé tout son salaire à son fils pour ses frais d’université. Le coup de fil terminé elle me raconte son histoire : séparée de son mari, ses deux enfants vivent avec leur grand-mère dans leur pays d’origine. Elle est venue travailler à Dubaï parce que sa fille est en train de préparer le bac et il faut de l’argent pour l’université.
Un peu plus tard j’entends qu’on appelle mon vol. Mais pour elle combien devra-t-elle encore attendre. Je l’encourage à prendre l’argent que je lui offre. Je lui promets que je prierai pour sa famille.
C’est seulement une des nombreuses histoires que vivent les immigrés. Certaines familles sont à Dubaï parce que chez eux c’est la guerre (palestiniens, syriens, irakiens): Dubaï se présente comme un refuge plus sûr où pouvoir vivre une vie normale. Pour eux le travail c’est tout, le début, la fin, parce que sans travail ils n’auront pas le visa et sans visa ils ne peuvent pas rester à Dubaï. Surtout pour ceux qui sont seuls ici, à la longue, la distance physique et la solitude dans un pays étranger arrivent souvent à voiler même la plus pure des intentions. Nous connaissons des gens qui ont commencé des relations extraconjugales, détruisant ainsi la famille pour laquelle ils sont venus ici, ils en sont réduits à ne plus fournir que de l’argent et ne sont même plus présents à ceux qui leur sont chers. Malheureusement la majorité d’entre eux se résigne à une telle solution comme étant inéluctable, même si le prix à payer est fort. Ce même “prix” a frappé à notre porte. Mes fréquents voyages à Dubaï m’éloignaient toujours plus fréquemment d’Éric. Nous avons alors décidé de déménager au Kurdistan, même si cela voulait dire pour Éric de renoncer au bon travail qu’il avait à Dubaï. Au début mon entreprise a accepté, mais après d’ultérieurs entretiens et quelques épisodes violents au Kurdistan, l’entreprise nous a fait savoir qu’elle ne pouvait plus garantir la sécurité d’Éric et qu’il ne pouvait donc pas s’y transférer. Un de mes responsables m’a glissé à l’oreille : « … Vous vous habituerez à être séparés…”.
Face à cette perspective, nous avons immédiatement décidé de donner notre démission. En aucun cas nous devions vivre séparés, même si cela voulait dire renoncer à un travail bien payé et à une carrière pour laquelle j’avais tellement étudié. J’avoue que ce ne fut pas du tout un choix facile. Mais dans notre cœur nous sentions chacun que c’était le bon choix. Mon dernier jour de travail remonte au 31 décembre 2014.
En janvier dernier le pape est venu aux Philippines, et durant la rencontre avec les familles il a affirmé avec force la valeur de la famille : « Nous devons être forts pour dire non à toute tentative de colonisation idéologique qui veut détruire la famille ». Ces paroles, faites sur mesure, semblaient s’adresser à nous et confirmer notre décision d’aller à contre-courant ».
L’apôtre Paul a une manière de se comporter dans son extraordinaire mission, que l’on pourrait résumer ainsi : se faire tout à tous. Il cherche en effet à comprendre tout le monde, à pénétrer dans la mentalité de chacun. C’est pourquoi il se fait Juif avec les Juifs, et avec les non Juifs – c’est-à-dire avec ceux qui ne suivaient pas une loi révélée par Dieu – il devient semblable à quelqu’un qui vit sans loi.
Il adhère aux coutumes juives chaque fois que cela sert à surmonter les obstacles et à réconcilier les esprits. Comme il agit dans le monde gréco-romain, il fait siennes les façons de vivre et la culture de cet univers. Il dit :
« J’ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. »
L’Apôtre a vu s’ouvrir devant lui, comme un éventail, le vaste horizon de liberté qu’offre l’Évangile du Christ ; cet Évangile qui libère du péché, de la loi, de la mort, de l’emprise de Satan, des barrières imposées par la nation, la classe sociale, le sexe ; qui libère de tout despotisme humain, des tabous alimentaires et autres…
Paul vit ces libertés dans sa personne et les offre en même temps que l’Évangile aux communautés qu’il a fondées.
Cependant, dans la liberté du christianisme qu’il annonce, il ressent l’exigence, l’impératif même, de se faire l’esclave de quelqu’un : de ses frères, de chaque prochain. C’est dans le Christ qu’il puise ce devoir impérieux, dans le Christ qui s’est fait crucifier pour rejoindre chaque homme là où il se trouve, pour se faire serviteur de tous. En s’incarnant, Dieu s’est rendu proche de chaque homme mais, sur la croix, il s’est solidarisé avec chacun de nous, pécheurs, avec notre faiblesse, notre souffrance, nos angoisses, notre ignorance, nos abandons, nos interrogations, nos poids…
Paul aussi veut vivre de cette façon. Il affirme donc :
« J’ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. »
La raison d’être de ta vie, tu le sais, c’est d’arriver à Dieu. Et pas tout seul, mais avec tes frères. Toi aussi, en tant que chrétien, tu as reçu un appel de Dieu semblable à celui de Paul. Toi aussi, comme l’Apôtre, tu dois « gagner » quelqu’un., sauver quelqu’un à tout prix.
Il y a ceux que tu côtoies au cours de la journée, que tu rencontres dans la rue avec qui tu parles au téléphone, pour qui tu travailles…
Aime tout le monde.
Mais cette fois-ci, avec une préférence pour les plus faibles. Fais-toi « faible avec les faibles, pour gagner les faibles ». Tourne-toi vers ceux dont la foi vacille, vers les indifférents, vers ceux qui sont loin de tes convictions, vers ceux qui s’affirment athées, vers ceux qui dénigrent la religion.
Si tu te fais un avec eux, même dans leurs « faiblesses », tu expérimenteras l’infaillible méthode apostolique de Paul : tu les « gagneras » !
Ta femme ne porte aucun intérêt pour ta foi. Elle aime rester des heures et des heures devant la télévision ? Tiens-lui compagnie, comme tu le peux, quand tu le peux, en t’intéressant aux émissions qu’elle préfère…
Ton fils a fait du football son idole et se désintéresse de tout autre sujet. Il a bien oublié ce que signifie prier ?
Passionne-toi pour le sport encore plus que lui.
Ton ami aime voyager, lire, s’instruire ; il a balayé tout principe religieux ?
Essaie de comprendre ses goûts, ses exigences et, si tu le peux, donne-lui un coup de main…
Fais-toi un, un avec tous, en tout, autant que tu le peux, sauf dans le péché. Si quelqu’un pèche, affirme ton refus.
Tu verras qu’en te faisant un avec les autres, tu ne perds pas ton temps. Tu en gagnes.
Un jour – et ce ne sera pas dans trop longtemps – ils voudront savoir ce qui t’intéresse.
Alors, avec reconnaissance, ils découvriront, adoreront et aimeront ce Dieu qui motive ton comportement chrétien.
Encore des mises en quarantaine au Sierra Leone: du 27 au 29 mars quelques quartiers de la capitale Freetown et d’autres localités au nord du Pays ont été à nouveau isolés à la suite de cas d’Ebola enregistrés les jours précédents. Des groupes de personnes préparées sont allés de maison en maison dans les secteurs les plus à risque pour sensibiliser et identifier les malades ainsi que ceux qui pourraient être contaminés par le virus. “On espérait arriver à n’avoir plus aucun cas pour la fin février – écrit le père Carlo depuis le Sierra Leone – les écoles étaient prêtes à ouvrir, mais la date a été reporté à la mi-avril. L’incertitude demeure, les gens ont vraiment envie de reprendre une vie normale, mais le virus reste aux aguets ». “Au début de l’épidémie j’étais à Makéni pour étudier – raconte Antoinette, une jeune au service d’une ONG – . La crise s’est avérée d’emblée si sérieuse que j’ai pensé revenir dans ma ville, épargnée par le virus. Mais ensuite j’ai décidé de rester comme volontaire pour aider les personnes contaminées. J’ai été affectée dans un village qui s’appelle Rosanda », où 54 cas étaient enregistrés, dont 42 décès. « La première période a été très triste, chaque jour une quinzaine de personnes mouraient. J’étais chargée d’informer les familles et, même si je cherchais à le faire avec le plus d’amour possible, ce n’était pas une expérience facile. Deux enfants me demandaient quand leurs parents reviendraient. Je n’étais pas capable de leur dire la vérité. Je cherchais à les consoler par ma présence et avec quelques des petits cadeaux ». « Chaque jour, durant un mois, je me suis rendue dans ce village – poursuit Antoinette – apprenant à ouvrir mon cœur à qui était dans le besoin, même s’il ne faisait pas partie de ma famille ni de mon cercle d’amis. Maintenant Rosanda a fini ses 21 jours de quarantaine. Il n’y a plus eu de nouveaux cas et je remercie Dieu d’avoir pu être pour toutes ces personnes un instrument de Son amour que je recevais chaque matin dans l’Eucharistie ». Comme Antoinette, d’autres aussi ont mis toute leur énergie à combattre ensemble ce terrible fléau. Des familles ont adopté des enfants restés orphelins, religieux et prêtres n’ont pas ménagé leurs forces. Parmi ceux-ci le Père Peter qui a travaillé dans quelques villages. Grâce à sa vigoureuse intervention il a été possible d’arrêter la contamination et de réduire le nombre de victimes. Son expérience concerne Small Bumbuna, un village du diocèse de Makéni, situé à 200 km de Kailahum, la ville d’où est partie l’épidémie. « La maladie s’et propagée dans le Sierra Leone comme un incendie en saison sèche. Quand il y a eu les premières victimes on a pensé au choléra, aux mauvais sorts ou à d’autres superstitions. La réponse du bureau médical a été lente : il a fallu deux semaines pour confirmer qu’il s’agissait du virus Ebola. Depuis la paroisse, située dans un autre village, nous aurions voulu rendre visite aux personnes, mais la peur d’être contaminé était trop forte. L’équipe médicale du district ne réussissait pas à maîtriser la situation ni à faire parvenir les approvisionnements. Les routes étaient difficilement accessibles ». En présence de si nombreuses difficultés, le Père Peter, suivi par ses paroissiens, prend « une décision radicale qui nous a conduits à faire face à l’Ebola », précise-t-il. A notre arrivée nous avons trouvé une ville déserte. Le chef du village nous a fait un tableau terrible de la situation. On pouvait lire dans les visages l’absence d’espérance et l’impossibilité de faire quelque chose ». C’est alors que commence une action non-stop qui mobilise la plus haute autorité locale. Le père Peter est envoyé comme « guide » pour parler avec la population et expliquer comment faire pour endiguer la contamination et se laisser soigner. En l’espace de deux semaines le danger a disparu et les personnes ont pu retourner à leurs activités agricoles. « J’ai pris tous les risques, conclut le Père Peter – parce que c’était ma communauté. Comment pouvais-je déserter durant ces moments de souffrance ? Cette question m’a aidé à m’identifier à eux, à présenter la situation aux autorités, et à me proposer comme « guide ». J’ai appris que rien n’est trop petit qui ne soit digne d’être offert ni même trop lourd pour ne pas être pris en charge. Nous continuons à prier pour que l’épidémie soit complètement éradiquée et qu’on puisse revenir à une vie normale ».
“Beaucoup ont essayé d’expliquer les racines et les raisons des débuts de la vie monastique, mais les récits des Pères et leur expérience de vie nous montrent que le moine est ‘le martyr vivant’, et qu’ils ‘ont quitté le monde pour l’unique réalité qui a de la valeur: Dieu.” C’est comme vouloir répondre à l’amour de Dieu, bien exprimé dans un verset de la Sainte Messe copte, que nous appelons Divine Liturgie, qui s’adresse à Dieu: “De toutes les paroles dites, rien ne peut décrire Ton amour pour l’humanité”. Saint Jérôme dit que leur vie d’ascètes et d’ermites proclame: “L’amour divin nous a touchés avec ses flèches”; et chacun répétait: “J’ai trouvé ce à quoi mon âme aspire, je le garderai précieusement et ne le laisserai jamais”. Le désir de ces moines était, donc, de se donner complètement à cet amour et, pour se consacrer à Lui, ils ont dû quitter les villes.
Saint Basile annonce clairement: “Qui aime Dieu quitte tout et va vers Lui”. On dit du disciple de saint Pacôme, saint Théodore, que “son unique intérêt dans le monde était d’aimer Dieu de tout son cœur, en suivant le commandement de Jésus-Christ”. La racine de la vie ascétique c’est de ressembler au Christ: le dépouillement complet de soi, suivre la volonté du Père, la virginité, en contact continu avec Dieu le Père à travers la prière. Le Père Matta El Meskin l’explique bien: “La garantie de notre consécration (être moine) est dans le rattachement au Christ personnellement, et de bien suivre la Bible. Donc, avec le Christ et la Bible, nous pourrons marcher dans notre voie, en croissance continue, jusqu’à la fin”.
Le choix du consacré est de suivre Jésus “Voie, Vérité et Vie”. Vivre en Christ et pour Lui seulement. Le suivre dans le style de vie qu’il a vécu. Il a choisi de vivre pauvre, vierge et obéissant. Alors le moine ne choisit pas la pauvreté, mais le Christ pauvre. Le choix est de la personne même de Jésus, et par conséquent de ce qu’a vécu le Christ, comment il l’a vécu et pourquoi il l’a vécu ainsi.
Concernant l’aspect communautaire dans la vie ascétique des moines du désert, nous pouvons rappeler comment – par exemple dans les monastères qui suivent saint Pacôme – la vie de communion devenait l’extension de l’Église primitive à l’époque des apôtres. En regardant la vie des Pères, nous pouvons tracer quelques caractéristiques communautaires: l’amour réciproque (saint Pacôme sollicite toujours les siens à s’aimer, et c’est en raison de la charité entre les moines que cette vie s’est répandue et continue jusqu’à aujourd’hui); la vie ensemble (le “tout était en commun” des premières communautés chrétiennes est la caractéristique dominante dans tous les aspects de la cohabitation des moines).
Les enseignements des Pères du désert me rappellent la méditation de Chiara Lubich “L’attractivité des temps modernes”, qui exprime bien ce que j’éprouve: “Pénétrer dans la plus haute contemplation, tout en restant mêlés aux autres”. Cette contemplation actualise la vie des Pères durant ce siècle, mais au milieu du monde.
La présence spirituelle de Jésus au milieu de nous avec les focolarines catholiques avec lesquelles je vis dans le focolare de Sohag, l’engagement de nous aimer, nous a vraiment rendues sœurs et nous fait expérimenter la joie du Ressuscité au-delà de nos différences. Dans la vie quotidienne, tout est en commun: nous prions, travaillons, jouons et partageons les moments de souffrance des personnes qui nous entourent. Nous essayons de témoigner, avec notre vie, que Dieu est amour.
Vivre pour l’unité pleine dans l’Église du Christ “que tous soient un”, me fascine toujours plus. Je jouis de la beauté et la variété des dons de Dieu que je retrouve dans les différentes Églises, ainsi que l’aspiration et l’émotion de voir que nous sommes unis en Christ entre nous et dans le futur de l’Église dans le dessein de Dieu.
Les petits et grands pas sur le chemin œcuménique, aussi dans mon pays, en sont les témoignages. Depuis quelques années, par exemple, une commission œcuménique avec des personnes de chaque confession chrétienne présente à Sohag a été constituée. On se rencontre chaque fois dans une église différente: cette année dans l’église copte orthodoxe. Le 5 mars, presque tous les responsables locaux des églises étaient présents. Le thème principal était “la victoire sur le mal”, en partant de la situation de persécution des chrétiens en Libye et en retraçant les étapes du peuple d’Israël qui quitte l’Égypte. “Le drapeau qui flotte sur nous est l’amour de Dieu”, a affirmé l’évêque copte orthodoxe Mgr Bakhoum, souhaitant aux personnes présentes “que nous nous retrouvions toujours dans l’Amour”.
“C’est le jour du Vendredi Saint qu’a eu lieu le massacre de Garissa (Kenya). Je me suis rendue à la morgue où on était en train de transporter les corps des étudiants pour qu’ils puissent être reconnus. Ce n’est pas loin de chez moi à Nairobi et j’y suis allée avec mon appareil photo. Impossible d’échapper au bruit des sirènes. J’ai trouvé d’un côté les parents des étudiants tués qui s’évanouissaient…et de l’autre des collègues avec leur caméra. J’aurais certainement pu réaliser quelque interview, mais je n’y suis pas arrivée ; je me suis trouvée tout de suite en train de pleurer avec ces familles. Il y avait une forte pression de l’opinion publique tout autour, les gens voulaient avoir des nouvelles, attendaient quelque chose…mais moi j’avais besoin de temps pour assumer et digérer une situation si douloureuse, pour être en mesure de dire quelque chose de constructif. Je sentais que j’avais à rester en silence en présence de cette douleur et à résister aux pressions ». C’est le témoignage émouvant de Liliane Mugombozi, journaliste Kényane.
Le nombre des victimes de l’attaque des extrémistes somaliens contre le Garissa University College, dans le Nord-Est du Kenya (à la frontière avec la Somalie et à 350 km de la capitale Nairobi) atteint presque les 150. An cours de la journée du 3 avril les terroristes avaient en effet attaqué le Collège en prenant de mire les étudiants chrétiens. Seule l’intervention des forces armées du gouvernement, qui ont affronté les assaillants tout au long de la journée, a évité que ce carnage prenne encore davantage d’ampleur. Mais la peur de nouvelles attaques reste partout si élevée que n’importe quel incident peut déchaîner la panique avec de lourdes conséquences, comme ce fut le cas le 12 avril au “Kikuyu Campus” (un autre collège universitaire) de Uthiru, à 30 km de Nairobi): un transformateur électrique du quartier a explosé provoquant un bruit semblable à celui de l’explosion d’une bombe. Un étudiant est mort en se jetant du 5ème étage et 150 ont été blessés dans leur folle course pour fuir.
“Dès les premiers jours, avec de nombreuses personnes de la communauté, nous nous sommes rendus à la chambre mortuaire, où avaient été transportés les 148 corps des étudiants tués, pour consoler les personnes qui avaient perdu leurs enfants – raconte Charles Besigye de la communauté locale des focolari – Aujourd’hui, 11 avril, nous avons passé l’après-midi à la morgue avec nos jeunes. De quoi fendre le cœur !… Des personnes dans l’incertitude absolue qui, au bout d’une semaine, ne savent pas encore où sont leurs propres enfants ! Certains corps ont déjà été identifiés et sont conduits à l’extérieur en vue d’être transportés et enterrés chacun dans leur propre village. La douleur est immense… on assiste à des scènes angoissantes de la part des parents. C’est déchirant de les voir s’écrouler après une si longue attente. Nous sommes restés là pour partager leur souffrance, pour les aider à porter cette lourde croix. Pour pleurer avec ceux qui le peuvent encore, parce que certains n’ont plus de larmes. L’une d’entre nous s’est offerte pour aider à préparer les corps des jeunes défunts avant qu’ils soient présentés aux parents. Une expérience très forte ! Il y a un grand esprit de solidarité de la part des différentes associations et de tout le peuple kényan : on apporte du pain, du lait, des boissons…Et tous les médias appellent à l’unité et au dialogue. C’est aussi émouvant de ressentir l’atmosphère sacrée qu’on respire dans ce lieu. Les personnes se recueillent : certains prient Dieu, d’autres consolent ».
Le soir du Vendredi Saint, au cours du Chemin de Croix au Colisée de Rome, le Pape a eu des mots très durs : « La soif de ton Père Miséricordieux – a dit François – qui en toi a voulu embrasser, pardonner et sauver toute l’humanité, nous fait penser à la soif de nos frères persécutés, décapités et crucifiés à cause de leur foi en Toi, et cela sous nos yeux et souvent avec notre silence complice ». C’est un avertissement fort qui nous incite à ne pas nous taire.
Au cours de son émouvant appel en faveur de nos nombreux frères qui dans le monde « souffrent injustement des conséquences des conflits et des violences en cours », le pape François ne pouvait pas oublier de prier pour « la bien-aimée Ukraine », « afin qu’elle puisse retrouver paix et espérance grâce à l’engagement de toutes les parties concernées ».
Car en effet celle qui se déroule en Ukraine est une guerre qui continue encore dans une violence absurde. Nous en parlons avec Robert Catalano, invité à donner des conférences sur le dialogue à l’université de Léopoli, Ivanova Franzisksva et Termopil. Il est significatif qu’en plein milieu de la « crise » les jeunes (et leurs enseignants), au lieu de se retrancher dans la sphère du privé, se mobilisent pour approfondir le dialogue comme unique ressource digne de focaliser toutes les énergies.
Robert, quel climat as-tu perçu en rencontrant les gens?
“A la fin d’une conférence, une assistante scolaire m’a montré les photos d’anciens étudiants de l’Université tués dans le conflit du Sud-est du Pays. Elle m’a raconté, les larmes aux yeux, que chaque soir, à la fin des cours, un groupe d’étudiants se retrouve à la cafétéria de l’université pour cuisiner des plats typiques de l’Ukraine qui sont ensuite congelés et expédiés aux soldats. Une autre dame m’a dit que son fils âgé d’à peine 6 ans fait des dessins qu’il envoie aux soldats pour les remercier de l’effort qu’ils font pour défendre leur Pays. Chez nous hélas, à la différence de l’an dernier où les journaux télévisés en parlaient, aujourd’hui les événements d’Ukraine sont passés sous silence. Et pourtant, en Ukraine occidentale une véritable guerre est en cours ».
Une situation qui semble sans issue, qui produit de l’angoisse et de la souffrance dans le cœur des personnes…
“J’ai pu me rendre compte de cette profonde douleur à chaque instant de mon séjour en Ukraine. Des étudiants et des professeurs m’ont demandé ce que je pensais de la situation de leur Pays et, surtout, ce qu’on en dit dans le reste de l’Europe. Je n’ai pas eu le courage d’exprimer des jugements. En présence de la douleur et de la peur j’ai préféré écouter et rester en silence. J’ai été impressionné par la force et la dignité de ce peuple, mais j’ai été en même temps saisi de peur en voyant que le reste de l’Europe et du monde ait pratiquement laissé ce pays à son propre sort, aggravé, entre autres, par un nationalisme qui va grandissant, un phénomène qui peut toujours cacher de grands dangers à venir ».
C’est exactement ce qu’a dit le Pape en parlant du massacre des étudiants au Kenya. En face de ces atrocités, il semble que la communauté internationale détourne le regard. Et pourtant le peuple ukrainien est aussi un peuple frère, en raison d’une humanité commune et de la foi chrétienne qui l’anime.
“Je suis entré dans une grande église où l’on était en train de célébrer la liturgie en rite oriental. On est alors frappé par l’iconostase, très moderne et d’une grande beauté, mais c’est encore plus étonnant de voir la piété des personnes, leur participation attentive, recueillie, sacrée. Sans parler de la longue file de ceux qui attendent leur tour pour se confesser. Soixante dix ans de marxisme n’ont pas réussi à éteindre la foi du peuple ».
A ton avis y-a-t-il quelque espérance pour une paix possible?
« J’ai visité seulement la moitié de l’Ukraine, et je n’ai pas pu, comme j’aurais aimé, rencontrer des personnes du camp opposé. Elles aussi éprouvent des souffrances qu’il est peut-être difficile de comprendre. Ici l’histoire se fait présente avec ses cycles, mais aussi avec ses problèmes actuels, dictés par les intérêts internationaux liés au gaz et au carburant. Le silence qui entoure cette situation gomme la souffrance de millions de personnes, de quelque bord qu’elles soient. Comme l’a souhaité le pape, il y a besoin de l’engagement de toutes les parties concernées. C’est le seul moyen pour parvenir à une paix durable ».
Un événement international constitué de rencontres et de séminaires en diverses capitales du monde, afin de réfléchir sur les perspectives qui émergent aujourd’hui du message d’unité apporté par Chiara pour la politique. Voilà le fil conducteur de nombreux rendez-vous qui ont rappelé son souvenir. Mais le rapport entre le charisme de l’unité et la politique n’est pas l’unique aspect souligné durant le 7ième anniversaire de Chiara Lubich.
A Istanboulle Patriarche Bartholomée fait honneur au rendez-vous – la présentation des livres de Chiara traduits en grec – en présence de plus d’une centaine de représentants du monde orthodoxe et catholique. Dans son discours, il l’indique comme une des « saintes femmes, qui par leur exemple, leur amour qui repose sur la philanthropie divine et la parole inspirée par l’Esprit Saint, sollicitent continuellement une metanoia », une conversion du cœur pour toute l’humanité souffrante ».
À l’intérieur des crises – Une réponse à la crise politique en acte au Congo semble s’être profilée lors de deux rencontres qui se sont tenues dans le pays. A Lubumbashi 370 personnes sont intervenues, chrétiens et musulmans. Les jeunes des Focolari ont présenté sous forme artistique l’amour de Chiara envers les pauvres, sa rencontre avec Igino Giordani, son « rêve » : l’unité de la famille humaine. La messe a été animée par une cinquantaine de séminaristes. A Goma la journée a vu la participation de 400 personnes, avec un bon groupe de politiciens de la province du Nord-Kivu et des représentants de la société civile. Après la rencontre la RTNC a diffusé l’événement en quatre langues locales. Des initiatives courageuses n’ont pas manqué dans certains points chauds de la planète. Au Nigeria, par exemple, différents événements se sont passés : à Yola, où se trouvent de nombreux réfugiés, l’évêque a célébré la messe pour Chiara en priant pour la paix. À Abuja et Lagos des journées ont été organisées par les jeunes et pour les jeunes ; à Onitsha une rencontre avec plus de 300 personnes parmi lesquelles des adultes, des jeunes et des enfants ; à Jos, où il n’a pas été possible d’organiser une grande journée à cause d’une explosion quelques jours avant, un groupe des Focolari est allé rendre visite à un institut pénal pour mineurs.
Le thème de la paix fut de même le centre de la journée organisée à Bujumbura (Burundi) avec plus de mille participants. Au programme, beaucoup de témoignages ont mis en relief la possibilité de vivre en harmonie et de construire la paix même là où ce n’est pas facile. Le matin était présent l’archevêque Mgr. Evariste Ngoyagoye.
En Amérique Centrale, le thème de la politique reste chaud. Ils écrivent du Honduras : « fatigués d’une politique corrompue et bombardés par les nouvelles violentes qui engendrent le découragement de la population, nous avons organisé cet événement pour donner ce que peut apporter de caractéristique le charisme de l’unité, par des idées et des témoignages ». Au Salvador qui attend la béatification de Romero, on s’est demandé comment vivre l’unité même en pleine violence. Parmi les témoignages, celui de François, assailli par deux garçons armés. Il a réussi à entamer un dialogue avec eux sur Dieu. Les deux délinquants, pris à contre-pied, ont rangé leurs armes et sont partis.
Au Pakistan, à Karachi, Lahore, Rawalpindi, Dalwal – plus de mille personnes en tout – 4 célébrations avec la force de l’espoir après les événements tragiques du 15 mars à Yohannabad.
Aux sièges des institutions – A Séoul de nombreux députés et personnes engagées dans l’administration publique se sont donné rendez-vous au parlement pour faire un bilan du parcours vers une politique de fraternité entrepris il y a dix ans. A Madrid c’est le siège du parlement européen qui a été l’hôte d’un séminaire sur « Un monde, beaucoup de peuples qui étreignent la diversité » ; alors que Strasbourg (France), siège des institutions européennes, a accueilli trois jours d’événements sur le thème de la fraternité en tant que catégorie politique.
A Romele congrès « Chiara Lubich : l’unité et la politique » s’est déroulé dans la salle du Palais des Groupes parlementaires de la Chambre des Députés. Nombreux étaient les politiciens présents à la table ronde organisée à Toronto, centrée sur la vision de la politique proposée par Chiara. A Solingen (Allemagne), par contre, le thème du congrès a été centré sur la culture de la fraternité dans trois domaines très actuels : les réfugiés, la paix, le dialogue avec les autres cultures. Plus de cent participants de différentes confessions chrétiennes et religions et de diverses nationalités. « La pensée et l’agir politique de Chiara Lubich » fut le thème autour duquel se sont déroulés les travaux d’un autre événement dédié à Chiara : le congrès de Curitiba (Brésil), où un timbre commémoratif a été imprimé. Le parlement de la province de Córdoba (Argentine) a rappelé Chiara par l’approbation de la reconnaissance posthume de son œuvre.
Approfondissements sur la politique de la même manière en d’autres villes d’Italie, en Hongrie, République Tchèque, Portugal, Suède, Usa, Honduras, Mexique, Colombie, Tanzanie, Kenya.
Dans différents milieux – Cependant, à l’occasion du 14 mars 2015, pour rappeler Chiara on n’a pas uniquement parlé de politique. Art et culture ont été au centre de nombreux événements et même originaux. A Durban (République d’Afrique du Sud) la troisième édition du « Chiara Lubich Memorial Lecture » s’est déroulé avec la participation de Ela Gandhi, nièce du Mahatma Gandhi ; alors qu’à Maracaibo (Venezuela) l’université catholique « Cecilio Acosta » (UNICA) a réalisé un concours pour la IV° biennale d’Art Chiara Lubich. Adressé aux artistes professionnels, étudiants et amateurs, il a donné la possibilité d’exposer les propres œuvres sur la place de la République. En différents pays, préparer et réaliser les événements liés au 14 mars, a donné l’occasion de se réunir. Comme exemple les deux rendez-vous de Cuba : à la Havane avec plus de 200 personnes et à Santiago de Cuba avec 150 : les communautés locales ont préparé les journées pour présenter le mouvement des Focolari et ont offert leur témoignage sur l’incidence que la spiritualité de l’unité peut avoir dans de nombreux milieux de la vie personnelle et sociale. A Cochabambaen Bolivie avec 120 personnes. Dans la ville de Mexico et le territoire de Netzahualcóyotl le souvenir de Chiara s’est fait au cours de la mariapolis.
Au Vietnam, aussi bien à Ho Chi Minh ville, que dans le petit village de Ngo Khe (Ha Noi), au nord, les gens ont entouré l’autel pour renouveler « devant Dieu et Chiara, notre engagement à faire avancer avec fidélité sa consigne », écrivent-ils. Au Myanmar, à Yangon, où la majorité des membres des Focolari n’a jamais connu Chiara en personne, mais se sent attirée par son charisme. De même qu’en Thaïlande, aussi bien à Bangkok qu’à Chiang Mai, la famille des Focolari s’est réunie. 600 personnes en Slovaquie, entre Kosice et Bratislava. « Les témoignages des membres des autres Eglises – racontent-ils – et des personnes qui n’ont pas de référence religieuse, ont fait voir combien Chiara appartenait à tout le monde. Le recteur de l’Université de Trnava, le Prof. Peter Blaho, qui a remis à Chiara le doctorat honoris causa en théologie, a partagé ses souvenirs de sa rencontre avec elle.
À Fontem (Cameroun) ils étaient 500 de tous les villages avoisinant la cité-pilote à rappeler « Mafua Ndem », Chiara Lubich. Le thème choisi était « l’impact de l’Idéal de l’Unité dans les différents aspects de la vie sociale ». Les jeunes du collège ont présenté leurs expériences sur le « dé de la paix » : « Depuis que nous avons introduit le dé dans nos classes – écrivent-ils – les vols ont diminué, ainsi que l’absentéisme, et le rendement scolaire s’est amélioré, chacun prend soin des affaires de l’autre, il y a plus de tolérance et nous nous pardonnons plus facilement. Le partage entre les étudiants a augmenté… ».
Moments de prière – De nombreuses personnalités civiles et religieuses étaient présentes aux célébrations eucharistiques dans les différents coins du monde. Parmi les nombreuses interventions d’évêques et de cardinaux dans les diverses célébrations, citons celle du card. Angelo Scola de Milan qui a dit entre autre : « Notre engagement d’aujourd’hui est de cueillir avec une conscience renouvelée le rêve qui a animé la vie et la pensée de Chiara, en construisant des espaces de fraternité partout où nous nous trouvons et en privilégiant les besoins du prochain qui se trouve à côté de nous et de celui qui est loin et vit dans des pays où guerre et violence font rage. Nous voudrions, de cette manière, être des témoins authentiques du charisme que Dieu a donné à Chiara, en étant au service de l’Eglise et de l’humanité ».
Christos anesti! Alithos anesti! Христос воскресе!Christ is Risen! Indeed He is risen! Khrishti unjal! Vertet unjal! Hristos voskrese! Vo istina voskrese! Khrystos uvaskros! Sapraudy uvaskros! Le Christ est ressuscité! En verité il est ressuscité! Kriste ahzdkhah! Chezdmaridet! Christus ist erstanden! Er ist wahrhaftig erstanden! Cristo è risorto! Veramente è risorto! Cristos a inviat! Adevarat a inviat! Khristos voskrese! Voistinu voskrese! Cristos vaskres! Vaistinu vaskres!Christ is risen from the dead, trampling down death by death, and on those in the tombs bestowing life!Христос воскресе из мертвых, смертию смерть поправ, и сущим во гробех живот даровав!
https://vimeo.com/131778935 César, un jeune du Ghana, âgé de 18 ans, a été sauvé alors qu’il était en train de se noyer après avoir ingurgité de l’eau et du carburant. 72 personnes de cette même traversée ont été tirées d’affaire, 32 n’en sont pas revenues. Marie, nigériane enceinte de sept mois, en route avec son mari et leur jeune enfant, reçoit un coup de fil de son père. C’est pour leur dire de ne pas rentrer à la maison parce que l’église a été incendiée et leur mère tuée. Ils ont fui avec ce qu’ils avaient et, arrivés en Libye, n’ayant de l’argent que pour un billet vers l’Italie, seule Marie est partie. Son mari et leur enfant sont restés de l’autre côté de la Méditerranée en attendant un prochain embarquement. « Ce sont des vies déchirées qui brisent le cœur. Nous souvenant des paroles de Jésus « J’étais étranger et vous m’avez accueilli », nous voudrions être des bras et un cœur pour chacun de ces réfugiés ». C’est ce que nous disent Carla et David de Florence (Italie) qui ont décidé de s’ouvrir, en tant que famille, aux immigrés.“Au cours de l’été 2013 nous avons participé avec nos trois enfants aux Journées Mondiales de la Jeunesse au Brésil. Nous avons profité de ce voyage pour vivre un temps de mission à Salvador Bahia. Une expérience forte qui a ouvert notre cœur au partage avec de nombreuses personnes dans le besoin. De retour à la maison, nous avons décidé de réserver à l’accueil des migrants une partie du B&B que nous gérons. A partir de ce moment-là c’est la mission qui est venue vers nous! Depuis sont passées 756 personnes en provenance de la Syrie, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et de quelques pays d’Afrique. Quelques uns s’arrêtent juste le temps de se restaurer avant de reprendre la route vers d’autres destinations européennes, d’autres y séjournent plus longtemps. C’est alors que des liens se tissent jusqu’à devenir plus que fraternels. Une famille d’Erythrée, en ce moment en route vers la Norvège, est restée chez nous pendant deux mois: lui est musulman, elle chrétienne. Le père laisse leurs six enfants libres de choisir leur religion. A peine arrivés, la maman et son fils ont dû être hospitalisés pour déshydratation, puis ce fut au tour du père pour cause d’infection. Nous avons encore en mémoire leur joie quand nous leur avons mis dans les mains notre téléphone portable pour qu’ils puissent avertir leurs parents qu’ils étaient tous sains et saufs. Le dimanche nous avons été à la messe avec eux et dans la minuscule église, à la périphérie de Florence, il y avait le Cardinal Betori en visite pastorale. Son homélie était entièrement centrée sur l’accueil. A la fin il a embrassé et béni toute la famille. Trois jeunes filles: une du Mali et l’autre de Libye, toutes deux musulmanes, arrivées avec une jeune réfugiée en provenance du Nigéria qui avait vu tuer ses parents à cause de leur foi chrétienne. Elles se sont tout de suite entendues comme des sœurs et avec nous comme avec des parents. Un dimanche on était en train de nous promener avec elles et Mersi était très triste parce que ce jour-là la TV avait annoncé un nouveau massacre au Nigéria. Finalement un coup de fil : sa petite sœur avait réussi à fuir en Libye avec un ami de son père. Et notre jeune libyenne de se mettre aussitôt en contact avec sa propre famille : la fillette – chrétienne – a été accueillie dans cette famille musulmane. Autre situation: Joy et Lorenz qui a vu tuer son père à cause de sa foi chrétienne. Moi, David, je peux, en tant qu’acteur social, monter dans le bus à l’arrivée des réfugiés. Je le fais au risque d’attraper des maladies, mais je sais que le premier contact est fondamental et que c’est à ce moment-là qu’on peut repérer les groupes qui se sont formés. J’ai vu que Joy était enceinte et ainsi je les ai invités à venir chez nous. Même lorsque la Préfecture les a déplacés nous avons continué à aller les voir. Et à la naissance de l’enfant nous leur avons apporté la poussette et les vêtements pour bébé que les Familles Nouvelles des Focolari avaient recueillis pour eux. Joy et Lorenz nous ont demandé d’être parrain et marraine de leur petit John. Cette famille réside actuellement dans les Pouilles. La séparation a été dure, mais notre relation se poursuit. Ils nous appellent papa et maman. Quand ils auront leur permis de séjour définitif, ils désirent venir vivre près de nous ».
Le 20 mars la nouvelle église paroissiale de Mendicino (Cosenza) a été inaugurée, elle est dédiée au Christ Sauveur. Un événement célébré justement en l’anniversaire de l’archevêque Mgr Nunnari qui a couronné le rêve des 10000 habitants de toute la communauté ecclésiale. Elle dispose maintenant d’un lieu de culte à la structure vraiment originale, avec une quinzaine de salles pour la catéchèse, une salle de rencontre, le presbytère.Le projet, réalisé avec le support technique d’experts de la ville, a été conçu par le Centre Ave Art de Loppiano et a permis cette étonnante construction, fruit de l’inspiration et de la recherche effectuée par l’équipe des architectes de la Cité pilote des focolari au cours des années.
En plus d’une réflexion continuelle partagée entre ses membres, une telle équipe instaure aussi une relation synergique culturelle avec des architectes du monde entier. C’est en décembre dernier, par exemple, qu’un congrès international a été organisé par l’Ordre des Architectes de Catalogne (Espagne) à Barcelone, sur le thème du patrimoine sacré. L’équipe y a participé non seulement pour représenter le centre de Loppiano, mais le plus vaste groupe « Dialogues en architecture », la toile internationale des Focolari composée de chercheurs et de professionnels dont l’activité et les intérêts culturels tournent autour du domaine de l’architecture.
A l’occasion de ce congrès en Espagne il a été demandé à trois d’entre eux, Mario Tancredi et Iole Parisi de l’Italie et Tobias Klodwig de l’Allemagne, de présenter ensemble un exposé sous le titre : ‘Christianisme flexible, entre vie de la communauté et espaces sacrés’ ; dont l’approche a suscité, parmi les 150 architectes venant d’Espagne et autres pays européens, un intérêt non négligeable.
Les trois intervenants, partant du fait que formes et espaces en architecture changent en fonction de l’expérience de la vie des communautés chrétiennes, ils ont proposé quelques réflexions et défis sur le fait que l’architecture s’enrichit justement des éléments ‘immatériels’ que le concept de « sacré » peut assumer dans les divers contextes culturels. Ils mentionnent la forte valeur sociale que l’on perçoit en Amérique latine, la prophétie du signe ancestral dans les réalisations en terre africaine ; l’aspect des expressions symboliques contenues dans les cathédrales européennes et dans les églises des métropoles mondiales. Afin d’exprimer toutes ces idées, ils se sont inspirés de quelques exemples concrets : l’église Maria Théotokos de Loppiano, en tant qu’expression d’un charisme contemporain ; l’église Ste Claire à Fontem en Afrique qui communique les valeurs de la culture locale ; quelques projets de transformation d’églises désaffectées en Allemagne.
A propos de « Dialogues en architecture » la recherche est en continuelle évolution, poussée par l’exigence de conjuguer – justement parce qu’elle entre dans le monde de l’absolu – continuité et innovation. Dans un dialogue toujours plus fécond aussi bien avec la base que le monde académique.
Ciao, je m’appelle Abraham, je viens du Mexique : un peuple composé de personnes nobles qui a une grande foi, un peuple ouvert au monde ». Ainsi commence son récit devant un auditoire de 300 jeunes dans la salle du parlement italien, réunis en souvenir de Chiara Lubich et de sa vision prophétique sur la politique. Abraham porte avec lui le poids d’un pays déchiré par le trafic de drogue et par les seigneurs de la mort. Lui-même s’est retrouvé un pistolet de la police à la tempe : on l’avait pris pour un trafiquant. « En 2006 – poursuit-il – la lutte a commencé contre les trafiquants de drogue, une guerre qui en 8 ans a fait plus de victimes que la guerre du Vietnam, parmi lesquelles beaucoup d’innocents et de gens qui se battent au nom de leur engagement civil : des journalistes, des activistes… Souvent le peuple décide de manifester et le gouvernement perd de sa crédibilité dans une forte crise économique et sociale ». « J’habite la ville de Mexico où chaque jour un nouveau défi se présente ; malgré cela je crois en un monde uni et dans l’idéal de la fraternité universelle. Mais je sais que le changement doit commencer par moi-même, sans l’attendre des autres, même pas des autorités ».
“Si j’étais vous qui avez à cœur le bien commun au Mexique – affirme Luigino Bruni en s’adressant aux jeunes – j’essaierais de regarder les causes de cette maladie, et parmi celles-ci le capitalisme financier qui creuse le fossé de l’inégalité. Ce sont des formes de richesses qui ne marchent plus ». « Le premier pas à faire lorsqu’on veut changer un pays est de l’aimer », souligne encore l’économiste, poussé par le témoignage d’Abraham. « Chaque pays a une vocation vers la beauté, a son génie, son identité, avec ambivalence ». Et puis un conseil : étudiez davantage, apprenez un métier correctement ! « Vous êtes la minorité ? Peu importe. Il suffit d’être peu nombreux, mais bien motivés. Ce sont les minorités prophétiques qui changent le monde. Il ne faut jamais cesser de croire qu’un monde différent est possible. La première lutte à faire quand on est jeune est de ne pas perdre la foi dans l’idéal. Il faut croire en l’impossible pour obtenir quelque chose de bon possible ».
“Bien des fois on m’a offert de la drogue, d’autres fois on m’a volé, continue Abraham. Il y a quelque temps alors que je rentrais à la maison après l’école, un garçon s’est approché de moi pour me demander une cigarette ; au même moment la police est arrivée pour nous prendre. Lui avait la drogue en poche et moi uniquement mes livres dans le sac à dos. Ils ont commencé à le frapper, l’autre a pointé son pistolet sur ma tempe me demandant où j’avais la drogue. Quand les policiers sont partis, j’ai aidé ce garçon à se relever, je lui ai donné le peu d’argent que j’avais. Il m’a embrassé et m’a dit : tu sais qu’avec cet argent ma famille va pouvoir manger aujourd’hui ? Je me suis rendu compte qu’avec un petit acte d’amour tu peux dégager une force très grande et nous ne savons pas jusqu’où elle peut arriver. Malgré mon impuissance, je voudrais essayer de voir mon voisin de palier et les personnes que je rencontre dans la rue avec des yeux neufs et, avec d’autres amis, je voudrais aider concrètement ».
Dans le désir d’un meilleur engagement pour le bien de notre pays, malgré les nombreuses difficultés et le découragement de la plupart, le 20 mars dernier des jeunes de diverses organisations se sont retrouvés au Sénat mexicain pour passer une journée avec les politiciens sur le dialogue, une démarche très importante dans un monde qui attend une réponse à ses plus grands défis ».
“ Chiara Lubich a prodigué délicatesse et douceur, mais fondamentalement elle nous a transmis, à travers sa simplicité, un grand courant d’amour envers le prochain. Vivre ensemble, savoir partager, travailler au bien commun, et réussir à construire la fraternité même à travers la diversité des opinions politiques, tel est son message ». Ce sont les propos d’Alicia Monica Pregno, vice gouverneur de la Province de Cordoba (Argentine), dans le cadre de la reconnaissance, toutes nations confondues, de l’héritage que nous laissent la pensée et l’action de Chiara Lubich. Au cours de la session parlementaire du 25 mars 2015, la Chambre de cette Province a approuvé le décret de reconnaissance posthume de l’Œuvre de la fondatrice du Mouvement des Focolari.
La cérémonie s’est déroulée au Parlement, dans la même salle, en présence d’un public venu nombreux : des députés de divers courants politiques, des représentants du Comipaz (Comité Interreligieux pour la Paix), des jeunes participant aux Ecoles de formation du Mouvement Politique pour l’Unité, des universitaires, des membres d’organisations sociales etc.…
es responsables des Focolari à Cordoba ont présenté le profil de Chiara Lubich et tout de suite après le Vice-gouverneur a invité les députés des diverses formations à accomplir un geste symbolique en leur remettant le décret accompagné de la plaque commémorative.
Alicia Monica Pregno a ensuite expliqué les motifs de cette reconnaissance: la contribution qu’offre la spiritualité de l’unité à la construction de la communauté et elle a ajouté que « le message de Chiara Lubich fait surgir des questions qui nous poussent à réfléchir sur la raison des conflits et de notre incapacité à penser ensemble. Je crois que le monde est appelé à cheminer vers un destin meilleur, dans la mesure où nous laissons de côté nos intérêts personnels et où nous sommes disposés à résoudre les problèmes avec un regard commun. Il s’agit d’un grand défi à une époque caractérisée par beaucoup d’individualisme ».
Ont suivi les interventions du Pasteur Raffa, représentant du Comipaz, qui a souligné la contribution du Charisme de Chiara Lubich « à la naissance de cette commission depuis ses débuts » et celle de Soher El Sucaría, aujourd’hui militant politique, qui a découvert, à travers l’expérience vécue dans le Comité Interreligieux pour la Paix – sa valeur de service.
Il faut ajouter quelques expériences de citoyens qui ont raconté leur évolution personnelle et leur engagement au service du bien commun, que ce soit en se mettant d’accord entre voisins pour résoudre les problèmes de quartier ou à travers un engagement politique au niveau d’une province ou de la nation. Cette partie du programme s’est déroulée sous la forme de deux tables rondes. La première s’intitulait : « Fraternité, semence de transformation sociale », à laquelle ont participé Estela Daima, directrice de laCaritas dans le département du Rio III, où l’on gère une entreprise de production de pain qui emploie quarante femmes, Paola Chávez, secrétaire de l’association Fazenda de la Esperanza (avec le témoignage d’Augustine, une jeune sortie d’affaire grâce à la Fazenda) et Riccardo Galli, économiste et entrepreneur de l’Economie de Communion.
Lors de la table ronde intitulée “Contribution de la fraternité à la politique. Expériences et défis », Laura Blanco, militante socialiste, a présenté les Ecoles de formation à la Politique réalisées dans ce Parlement, une façon pour lui de s’engager à vivre la fraternité dans l’action politique. Sont ensuite intervenus Julio Bañuelos, maire de Mina Clavero et Guillermo Castillo, fonctionnaire militant dans la Démocratie Chrétienne.
Chez tous les participants une conviction s’est fait jour : la fraternité vécue comme “catégorie politique” peut donner des réponses aux défis actuels pour favoriser la construction de sociétés plus justes et plus fraternelles. En conclusion le Vice Gouverneur s’est félicité de ce que le Parlement de Cordoba soit le siège d’Ecoles de formation à la Politique pour les jeunes et il a souligné les efforts déjà en cours pour mettre en œuvre cette fraternité au sein même de ce Parlement.
« Notre fils aîné, 17 ans, un soir, n’est pas rentré à la maison. Que penser ? Il ne nous avait jamais donné ce genre de préoccupation. Nous pouvions seulement prier. Le jour après, des parents de deux de ses amis nous ont fait savoir qu’ils étaient partis tous les trois pour Florence. Des parents voulaient faire intervenir la police et les autres soutenaient qu’ils allaient mettre leur fils à la porte. Ma femme et moi-même au contraire, avons essayé de rester tranquilles : nous avions tout mis dans les mains de Dieu. De temps en temps seulement, nous arrivaient quelques nouvelles. Malgré la souffrance, nous nous sentions plus unis en famille. Nous étions tous d’accord sur une chose : nous l’aurions accueilli avec joie, comme dans la parabole du fils prodigue, sans faire peser trop sur lui cette gaminerie. Après une semaine, les trois sont rentrés au nid. Le nôtre, se sentant aimé, nous a assuré en pleurant qu’il n’aurait plus jamais fait une chose pareille. Lorsqu’il vint à savoir que ses autres compagnons d’aventure avaient été traités bien différemment il comprit mieux la chance qu’il avait d’avoir une famille dans laquelle on essaie de vivre selon l’Évangile ». F.A. –Rome
Une douleur partagée
« Le père et la sœur d’une amie de ma fille étaient morts dans un accident. Moi aussi, j’avais perdu mon père de cette façon. Je connaissais la maman seulement de vue, mais quand j’ai appris le fait tragique, j’ai senti que je devais aller la trouver. Pour ne pas me limiter à une simple visite, et sachant la maman en difficultés économiques, je lui ai apporté quelques vivres, et j’ai essayé de la consoler. Je suis retournée plusieurs fois chez elle. Je lui ai aussi offert une somme d’argent que j’avais mise de côté. Au fur et à mesure que les jours passaient, elle devint plus forte, plus confiante dans la vie et reconnaissante pour l’amitié née entre nous grâce à la souffrance partagée ». B.G. – Bolivie
Le bonnet
« C’était l’hiver et avec mes copains, je jouais dans la cour de l’école. Il faisait très froid. Tout-à-coup, une fille s’est mise à pleurer : son bonnet ne lui couvrait pas bien les oreilles qui étaient ainsi froides au point d’en avoir mal. Alors, sachant que j’aimais Jésus en elle, je lui ai donné mon bonnet qui était plus chaud » – Belgique
La collation
« J’étais dans la cour et je prenais ma collation. Je voyais à un moment donné une de mes copines qui tirait les cheveux d’une autre, alors j’ai laissé ma collation sur le muret et je suis allée dire de ne pas faire comme ça parce que Jésus a dit qu’il fallait toujours aimer. Mais comme elles se sont mises à pleurer, je suis allée prendre ma collation et j’en ai donné un bout à chacune. C’est vrai qu’après j’avais encore un peu faim mais j’étais heureuse parce que j’avais réussi à aimer ». Valentina – Italie
Sources : L’Évangile du jour – Avril 2015 – Città Nuova editrice
« Dans la liturgie pascale, on remercie Dieu pour avoir fait resplendir « en pleine lumière, Christ, qui, après avoir sauvé les hommes avec son mystère pascal, remplit l’Église d’Esprit Saint et l’enrichit admirablement de dons célestes », parmi lesquels le sacerdoce royal conféré à tous les fidèles. L’Église donc est sainte, car pleine d’Esprit Saint ; c’est le corps du Christ qui est la sainteté totale. Christ l’a instituée pour continuer avec elle à racheter et il en a fait l’instrument de libération du mal et de l’attraction au bien. L’Évangile réalisé, l’humanité récupérée, la vie avec Dieu en unité éternelle, la grâce communiquée d’une façon ininterrompue : voilà l’Église.
Et l’Église, c’est nous, coéquipiers, avec les sacrements et la doctrine, autour du pape et des évêques composant un corps social, dont les artères portent le sang du Christ, dont l’âme est l’Esprit Saint, origine de sanctification. Ainsi l’Église est la digne chambre de la Trinité sur terre. Manzoni l’appelle « mère des saints, image de la ville éternelle ».
Sa tâche est notre sanctification. Et le mystère pascal résume le but pour lequel nous sommes sur cette planète et le but pour lequel il est descendu sur cette planète, à être crucifié, lui, le Fils de Dieu ».
Giordani continue en soulignant combien l’homme a soif de sainteté et de vérité et refuse de traîner une existence insignifiante et sans couleur : il veut vivre et non se languir. C’est pour cette raison que nous nous trompons si nous proposons un christianisme illuminé, ambigu, en se faisant des illusions d’attirer ainsi les personnes.
« Ce fait de dire et de ne pas dire génère un ”no man’s land”, une zone désertique.
Ce n’est pas un service au Seigneur, dont la parole fut toujours explicite ; cela ne sert pas à Dieu et provoque le dégoût de ceux-là mêmes auxquels on pense rendre l’idée religieuse plus appétissante .
Celui qui a rendu la vérité plus molle, celui qui a camouflé la croix avec des décorations, a soustrait au peuple la beauté et la puissance du commandement divin, qui invite à donner à Dieu le corps, l’âme, tout, en prenant position pour Christ, jusqu’à se faire Lui. Que ton oui soit oui et ton non soit non, voilà ce qu’enseigne l’Évangile et exige l’Église.
Le ”ni oui ni non” défigure la foi et rend nulle l’Église. Sanctifie-les dans la vérité ; ta parole est vérité ! C’est ce que Jésus demanda au père alors qu’il était en train de consumer le sacrifice suprême. Dans la vérité, non dans la neutralité ou la médiocrité ou dans la banalité…
Si on accueille Jésus entier, alors toute la journée, pour n’importe quel travail que nous fassions, celui-ci sert à professer la foi. La vie alors devient une opération merveilleuse, presqu’une liturgie ininterrompue, où les riches et les pauvres, les malades et les personnes saines, les hommes ou les femmes, les vieux ou les jeunes, tous ont à faire ; tous peuvent édifier. Édifier un destin éternel avec des matériaux de l’époque.
Voilà la sanctification. Celle-ci n’est pas une désertion de la vie. C’est la vivre, la vie, entière et saine, en éliminant les toxines.
Christ demanda à tous, aussi à toi et à moi, de le suivre en rompant les ponts avec le passé, avec ce qui est mort, nous retrouvant dans une jeunesse éternelle. Ça c’est la liberté.
Regardée de cette façon, l’église, avec laquelle le Sauveur donne la santé, un divin ministère de la santé apparaît : sacrement qui résout la mort en résurrection ».
De Igino Giordani, Le mystère pascal, Città Nuova, Rome, n.6 du 25.3.1977, pp 24-25
La route qui relie la capitale et le port au reste de l’île de Tarawa, la plus grande de l’archipel des Kiribati, en Océanie, est détruite. Les digues qui protégeaient les plages des marées n’existent plus et de nombreuses habitations traditionnelles ont été emportées. Le cyclone Pam, l’un des plus violents enregistrés dans le Pacifique méridional, a particulièrement touché les îles de Vanuatu, Salomon et Kiribati, avec de très hautes vagues renforcées par un vent qui a atteint les 250/300 kms heures. La Croix-Rouge locale signale qu’il y a pénurie d’abris d’urgence, de nourriture, d’eau potable pour un grand nombre des 253000 habitants et la population est en train de déserter les secteurs les plus touchés.
« Nous avons eu des nouvelles par la communauté locale du Mouvement des Focolari – écrit Mary Cass, correspondante du projet AMU depuis Perth, Australia – . Tous vont bien et sont engagés dans le travail de reconstruction, et d’approvisionnement en eau et en nourriture pour les familles du village de Buota(où le projet est en cours) et qui est en ce moment coupé du reste du pays : la route et le pont qui le relient au reste de Tarawa sont en effet détruits. Ils ont à l’esprit la Parole de Vie du mois qui invite à prendre sa croix et espèrent pouvoir se retrouver rapidement pour renforcer leur esprit d’unité en ce moment difficile ». « Le climat redevient normal – écrit l’un d’entre eux – les vagues sont à nouveau souriantes. Nous sommes heureux que tous aillent bien ».
Mais si l’esprit et la dignité des habitants de Tarawa sont admirables, la situation reste de toute façon très grave: l’eau potable devient rare parce qu’avec l’inondation de nombreux puits et réservoirs ont été contaminés par l’eau de mer ; la nourriture manque aussi à cause des récoltes détruites et des voies de communications coupées ; il y a pénurie d’essence et 80% des maisons traditionnelles ont été détruites…
La république de Kiribati doit par ailleurs faire face à un gros problème de fond : l’élévation progressive du niveau de la mer entraîne la disparition de terres cultivées, avec des répercussions négatives sur l’emploi et la qualité de l’alimentation. 10% seulement de la population a un travail stable, tous les autres vivent d’expédients. Ne pouvant pas arrêter l’avancée de la mer, à cause du réchauffement global, le gouvernement cherche à donner aux habitants la possibilité de s’installer à l’étranger ou dans d’autres régions du Pays. On prévoit que d’ici quelques années tout l’archipel sera submergé.
Le projet de l’AMU (Action pour un Monde Uni), ONG qui s’inspire des principes du Mouvement des Focolari, a pour objectif d’améliorer les conditions de vie de la communauté de Buota, un des villages les plus pauvres de l’île de Tarawa, à travers des initiatives en faveur des femmes et des enfants. Une aide au développement de petites unités de production est engagée.
“La première – poursuit Mary Cass – consiste à produire et à vendre de la glace, grâce à un congélateur ; la seconde se concentre sur la vente d’objets artisanaux à l’aéroport de Tarawa. Avec les aides de l’AMU nous avons fait l’acquisition d’une machine à coudre. Il y a aussi une bonne production de pain vendu et dans trois magasins situés dans le village et les environs. Les recettes liées à ces activités – outre la rétribution du travail des femmes engagées – permettent de financer notre école maternelle « Love and Unity » et de subvenir à quelques besoins alimentaires des enfants et de leurs familles ».
Comment est-ce que l’on vit sur une terre sans avenir? « La vie de la communauté locale des Focolari à Buota va de l’avant : les groupes Parole de Vie – disent-ils – réunissent les personnes de villages dispersés sur toute l’étroite frange de terre. L’évêque de Tarawa, avec l’aide des prêtres, traduit chaque mois le commentaire de la Parole de Vie dans la langue du lieu, le gilbertois . Les familles s’entraident à reconstruire les maisons détruites par les catastrophes naturelles et recommencent à se rencontrer pour partager leurs expériences une fois leur toit refait. La communauté a baptisé son propre centre, où se trouve une petite école, « Loppiano, Centre d’Unité et d’Amour » – qui reprend le nom de la première Cité pilote des Focolari – avec le désir d’être un exemple d’amour et d’unité pour tous ».
« L’Economie de Communion veut grandir en Afrique pour l’aimer, pour apprendre de sa culture de la vie, pour pratiquer la communion et la réciprocité », a affirmé Luigino Bruni, coordinateur international du projet EdC, en vue du rendez-vous international de mai.
En effet, à Nairobi, au Kenya, toutes les personnes impliquées au niveau mondial dans le rêve de l’Économie de Communion pour faire le point sur créativité et générativité, innovation et production, mais aussi travail, microcrédit, injustices et pauvreté se sont données rendez-vous. Les entreprises africaines qui depuis cette année, ont commencé à verser les bénéfices pour soutenir les pauvres dans le monde, sont montées au nombre de 10, tandis que 12 autres se sont approchées du projet. Ce développement est possible grâce à la diffusion d’une culture de l’Économie de Communion, qui en Afrique, trouve un terrain fertile.
La récente conférence internationale le démontre (9-13 février). Elle est organisée par une université camerounaise, la CUIB ( Catholic University Institute of Buea), à la demande du recteur de l’Université elle-même, Fr. George Nkeze, et de l’Évêque, Mons. Emmanuel Bushu. Avec pour conférenciers : Benedetto Gui, enseignant à l’Institut Universitaire Sophia (Florence, Italie), et Brice Kemguem, Directeur national en République Centre Africaine de l’ONG internationale AHA (Agence Humanitaire Africaine) ; et pour intervenants accompagnateurs : Steve William Azeumo, de la Commission ÉdeC de la zone de l’Afrique centrale, Winnifred Nwafor, de la Commission ÉdeC de Fontem, Cameroun, Isabel Awungnjia Atem et Mabih Nji, tous deux diplômés de l’Institut Universitaire Sophia, et assumant le rôle de facilitateurs à la CUIB.
Le programme a passé en revue : les thématiques économiques d’aujourd’hui, chères à la doctrine Sociale de l’Église, et que l’on retrouve dans les valeurs et les principes de l’ÉdeC ; les grands problèmes socio-économiques de notre temps ; la carence en eau potable ; les épidémies ; les conflits avec armes de destruction massive.
Grâce à des liaisons en vidéoconférence, il a été possible de connaître des expériences de diverses parties du monde. La liaison avec l’Institut Universitaire Sophia a permis un échange entre étudiants des deux instituts. Deux entrepreneurs ÉdeC ont ensuite fait part de leur expérience : Alberto Ferrucci, Administrateur délégué d’une entreprise de software pour des raffineries, a souligné plusieurs aspects d’une économie de partage, nouvelle proposition pour résoudre les problèmes économiques de notre époque. Et Teresa Ganzon (Administratrice de la Banque rurale philippine Bangko Kabayan) a rappelé les principes de la bonne gestion d’entreprise qui l’ont portée à reprendre les études à l’âge adulte, en vue des compétences nécessaires au développement de la banque dans le domaine de la micro-finance en milieu rural (microcrédit pour agriculteurs et petits commerçants).
Des expériences camerounaises ont aussi été partagées, comme celle de Fobella Morfaw et de sa femme, fondateurs en 2003 d’une école à Dschang, comprenant aujourd’hui une école maternelle, primaire et secondaire ; celle aussi du bureau d’études en Ingénierie Civile BSE (Bridge Structure Engineering Consulting), qui, fort de la grande compétence d’un associé “senior”, est parvenu à se faire une place dans une concurrence très aguerrie. Le bureau a obtenu le soutien financier et moral des époux Gimou, dont l’épouse, Marie-Madeleine, a quitté cette vie juste avant ce colloque, suscitant grande émotion parmi les participants ; le mari, Victor Gimou, ingénieur avec 23 ans d’expérience, continue de soutenir le jeune bureau d’études, mettant à sa disposition sa documentation, fruit de 30 années de travail.
Les ateliers, l’après-midi, ont été une partie importante du programme, en vue d’étudier des cas d’entreprise et de préparer des projets de microcrédit : ateliers très actifs et qui ont surpris par la qualité des travaux présentés en plénière ; en conclusion, le meilleur projet d’entreprise a reçu un prix.
Il s’est agi, en fin de compte, d’une semaine vraiment fructueuse, grâce au travail de préparation de l’Université, grâce à l’attitude très positive des jeunes, qui se sont personnellement engagés comme participants, encouragés par le crédit acquis en vue des résultats scolaires.
L’ ambiance était allègre, avec musique et danse pour animer les pauses ; et – ambiance garantie – les jeunes, à la soirée de fête qu’ils ont organisée, ont chanté et dansé à la lumière des portables, en raison d’une coupure du courant.
Les impressions des participants ont été très favorables : beaucoup ont réalisé que, outre la proposition d’un style de gestion d’entreprise, l’ÉdeC est une « proposition de vie » que l’on peut tout de suite mettre en pratique, et ils ont déclaré vouloir la suivre. En synthèse : grande positivité, désir d’agir et de s’engager pour un monde meilleur.
Dans la première Lettre à la communauté de Corinthe (d’où est tirée la Parole de Vie de ce mois), Paul doit se défendre du peu de considération que certains chrétiens avaient pour lui. Ils mettaient en doute ou même niaient son identité d’apôtre. Après en avoir revendiqué à juste titre la qualification puisqu’il a « vu Jésus, notre Seigneur » (1 Corinthiens 9,1) Paul explique les motifs de son comportement humble et modeste, jusqu’à renoncer à toute forme de rétribution pour son travail. Bien qu’il puisse faire valoir l’autorité et les droits de l’apôtre, il préfère se faire « l’esclave de tous » (1 Corinthiens 9,19) . C’est cela sa stratégie évangélique.
Il se fait solidaire de chaque catégorie de personnes, au point de devenir l’un d’eux, dans le but d’y apporter la nouveauté de l’Évangile. Il répète, au moins cinq fois : « Je me suis fait un » avec l’autre. Avec les Juifs, par amour pour eux, il se soumet à la loi de Moïse, bien qu’il ne s’y sente plus assujetti. Avec les non-Juifs, qui ne suivent pas la loi de Moïse, il vit lui aussi comme affranchi de cette loi, alors qu’il a au contraire une loi exigeante, Jésus en personne. Avec ceux qui étaient définis « faibles » – probablement des chrétiens scrupuleux qui se posaient le problème de manger ou non les viandes sacrifiées aux idoles – il se fait lui aussi faible, bien qu’il soit « fort » et éprouve une grande liberté. En un mot, il se fait « tout à tous ».
À chaque fois, il répète qu’il agit ainsi pour « gagner » chacun au Christ, pour « sauver » à tout prix au moins quelques-uns. Il ne se fait pas d’illusion, il n’a pas d’attentes triomphalistes, il sait bien que seuls quelques-uns répondront à son amour, toutefois il aime tout le monde et il se met au service de tous selon l’exemple du Seigneur, venu «… pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Matthieu 20,28). Qui, plus que Jésus Christ, s’est fait un avec nous ? Lui qui était Dieu, «… il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes » (Philippiens 2,7).
« Je me suis fait tout à tous ».
Chiara Lubich a fait de cette parole l’un des points forts de son « art d’aimer », synthétisé par cette expression : « se faire un ». Elle y a vu une expression de la « diplomatie » de la charité. « Si quelqu’un pleure – a-t-elle écrit – pleurons avec lui. S’il rit, réjouissons-nous avec lui. Ainsi la croix est partagée et portée par de nombreuses épaules. La joie est multipliée et de nombreux cœurs y participent. (…) Nous ‘faire un’ avec le prochain pour et par l’amour de Jésus jusqu’au moment où, doucement touché par l’amour de Dieu en nous, il en viendra à se faire un avec nous dans un échange réciproque d’aides, de projets, d’idéaux, de sentiments. (…) C’est la diplomatie de la charité, qui revêt des formes et des expressions de la diplomatie courante. Elle ne dit pas tout si cela doit peiner le frère et donc offenser Dieu ; elle sait attendre, trouver les mots justes, pour atteindre son but. Divine diplomatie du Verbe qui se fait homme pour nous diviniser » .
Avec une fine pédagogie, Chiara Lubich repère aussi les obstacles quotidiens pour « se faire un » : « Parfois ce sont les distractions ou la mauvaise habitude de vouloir dire tout de suite notre idée, de donner notre conseil de façon inopportune. En d’autres occasions, nous sommes peu disposés à nous ‘faire un’ avec le prochain, car nous croyons qu’il ne comprend pas notre amour, ou bien nous sommes freinés par d’autres jugements à son égard. Dans certains cas, il existe un désir caché de le conquérir à notre cause ». Aussi, « il est vraiment nécessaire de couper, de déplacer tout ce qui encombre notre esprit et notre cœur pour nous ‘faire un’ avec les autres ». Il s’agit donc d’un amour continuel et infatigable, persévérant et désintéressé, qui se confie à son tour à l’amour plus grand et puissant de Dieu.
Ces indications précieuses nous aideront à vivre ce mois-ci la parole de vie en nous mettant sincèrement à l’écoute de l’autre, pour le comprendre de l’intérieur, nous identifiant à ce qu’il vit et ressent et partageant ses soucis et ses joies.
« Je me suis fait tout à tous ».
Cependant, nous ne pouvons pas prendre cette invitation évangélique dans le sens d’une invitation à renoncer à nos propres convictions, comme si nous approuvions sans esprit critique n’importe quelle façon d’agir de l’autre, comme si nous n’avions pas une ligne de conduite bien à nous ou une pensée personnelle.
Si l’on a aimé jusqu’à devenir l’autre et si ce que l’on partage a été un don d’amour et a créé un rapport sincère, on peut et on doit exprimer sa propre idée, même si elle risque peut-être de faire mal, mais en restant toujours dans cette attitude d’amour profond. Se ‘faire un’ n’est pas un signe de faiblesse, ni la recherche d’une vie avec l’autre tranquille et pacifique ; c’est l’expression d’une personne libre qui se met au service et cela demande courage et détermination.
Il est aussi important de ne pas perdre de vue le but de “se faire un”. La phrase de Paul que nous vivrons ce mois-ci continue avec cette expression : «… afin d’en sauver à tout prix quelques-uns ». Paul justifie le fait de « se faire tout à tous » par son désir d’amener quelques-uns au salut. C’est un chemin pour entrer dans l’autre et pour faire émerger en plénitude le bien et la vérité qui déjà l’habitent, pour brûler les erreurs éventuelles et y déposer le germe de l’Évangile. Cette tâche, pour l’Apôtre, ne connaît ni limites, ni excuses, il ne peut s’y dérober car c’est Dieu lui-même qui la lui a confiée et il doit l’accomplir « à tout prix », avec cette créativité dont seul l’amour est capable.
Voilà l’intention de fond qui donne le motif essentiel de « se faire un ». La politique et le commerce eux-mêmes trouvent leur intérêt à se faire proches des gens, à entrer dans leur pensée, à en cueillir les exigences et les besoins, mais il y a souvent derrière la recherche d’un avantage, d’un profit. Par contre, la « diplomatie divine – dirait encore Chiara Lubich – a ceci de grand et de spécifique – et c’est peut-être vraiment unique – elle agit pour le bien de l’autre et est dépourvue de toute trace d’égoïsme ».
« Se faire un » donc, pour aider chacun à grandir dans l’amour et ainsi contribuer à réaliser la fraternité universelle, le rêve de Dieu sur l’humanité, le motif pour lequel Jésus a donné sa vie.
« Répandre l’amour de Dieu partout, selon le commandement de Jésus de nous aimer l’un l’autre ». C’était cela l’idéal de Chiara Lubich qui attire toujours des centaines de personnes dans le monde entier. Aujourd’hui, à l’occasion du septième anniversaire de la mort de la fondatrice du mouvement des Focolari célébré dans le monde entier et à quelques jours de l’ouverture de son procès de béatification et canonisation, il s’agit de Palmira Frizzera, qui l’a connue en 1945 et, frappée par l’idéal de la « fraternité universelle », décida de la suivre. Voici son témoignage :
« Le concept de fraternité universelle est justement ce que j’ai trouvé lorsque je suis entrée dans le premier focolare, il y a presque 70 ans : nous étions des sœurs avec Chiara, mais avec un « Maître », un guide, qui était Jésus au milieu de nous, Jésus qui vit là où deux ou plus sont unis en Son nom ».
Quel est le but qui vous a fait aller de l’avant ensemble pendant tant d’années ?
« Nous sommes allées de l’avant en ne pensant en réalité à rien… nous avions choisi Dieu comme idéal de notre vie, nous voulions L’aimer, conscientes que nous pouvions mourir d’un jour à l’autre sous les bombardements. Donc nous avons essayé de réaliser le Testament de Jésus, l’amour réciproque, jusqu’à arriver à l’unité entre nous. Ce que j’ai senti dans ma rencontre avec Chiara, et toutes ses premières compagnes en général, c’est qu’elle possédait une lumière, une nouveauté… – à ce moment-là nous ne l’appelions pas « le charisme » – avec laquelle nous avons été engendrées à une vie totalement nouvelle ! ».
Ce fut donc l’amour évangélique vécu entre vous, incarné et communiqué aux autres qui a fait naître tout le mouvement ?
« Mais Chiara n’a jamais pensé fonder quelque chose ! On dit maintenant que Chiara est la fondatrice du mouvement des Focolari qui s’est répandu dans le monde entier. Moi, cependant je ne l’ai jamais sentie comme une personne qui fondait quoi que ce soit, mais comme une personne qui donnait vie à quelque chose de nouveau. Chiara nous disait : « Nous ne voulons rien fonder. Nous voulons porter Dieu au fond des âmes, par l’amour ; porter l’amour partout ». Voilà justement ce message que Jésus nous a laissé ». Cela a conduit à la fraternité universelle ».
« Je sens que Chiara n’appartient pas seulement à l’Eglise catholique : Chiara appartient aussi aux autres Eglises, aux autres religions et grâce aux dialogues ouverts dès les premiers temps, même avec des personnes qui n’ont pas de credo religieux. Sous cet aspect, je n’aime pas la restreindre uniquement à l’Eglise catholique, mais je comprends que cette béatification est un grand don pour l’Eglise et pour nous tous ».
Pourquoi les nouvelles générations que vous rencontrez et que vous formez, même si elles ne l’ont pas connue, et depuis longtemps, sont attirées par Chiara et sa spiritualité ?
« Chiara est partie, mais sa lumière est restée, son charisme demeure. Et c’est après cette lumière que les jeunes courent, pas après les personnes ».
Ce septième anniversaire aborde la dimension politique du charisme et montre comment la spiritualité de Chiara peut être vécue en politique. Qu’est-ce qu’elle peut nous enseigner dans ce domaine ?
« Elle peut nous enseigner l’art d’aimer, de comprendre, d’écouter… C’est un trait d’union avec tous : si l’on ne fait pas ça, comme alternative il n’y a que la violence et la guerre».
Istanbul: le Patriarche Bartholomée fait les honneurs de la maison dans l’église orthodoxe de Aya Strati Taksiarhi pour plus d’une centaine de représentants du monde orthodoxe et catholique réunis à l’occasion du 7ème anniversaire du départ de Chiara Lubich, fondatrice des focolari. Sont présents les métropolites Irénéos, Apostolos et Elpidophoros; deux archimandrites, p. Vangeli qui traduit du grec au turc, et le Grand Archimandrite Vissarion. Il y a aussi, entre autres, l’archevêque des arméniens catholiques, Levon Zekiyan et l’évêque catholique, Louis Pelatre. La linguiste Maria Caterina Atzori, du Centre d’Etudes des Focolari, présente les ouvrages de Chiara traduits en grec. Le modérateur est le journaliste Nikos Papachristou d’ Athènes.
“Au cours des siècles, la divine épiphanie du Seigneur s’est manifestée de nombreuses façons, pour faire comprendre les choses de Dieu aux hommes » a déclaré le Patriarche après avoir introduit la rencontre par une prière pour Chiara et entonné l’hymne au Saint Esprit. « Il ne s’est pas lassé de faire surgir parmi nous des hommes et des femmes qui par l’exemple de leur sainteté, grâce à leur amour imprégné de philanthropie divine et à leur parole inspirée par l’Esprit Saint, nous invitent continuellement à une « métanoia », une conversion du cœur pour toute l’humanité qui souffre ».
Vidéo: “Atenagora, Paolo VI et Chiara Lubich”
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Dans son discours, il a présenté le profil spirituel de Chiara, en qualité de témoin direct de ses rencontres avec le Patriarche Athénagoras : « Comment ne pascueillir la Sagesse de Dieu dans l’œuvre bénie que notre sœur Chiara a offerte à nos Eglises, à nos Sociétés et à tous les hommes de bonne volonté. Elle que notre Prédécesseur bien-aimé…appelait cordialement Técla, nom de la disciple de St Paul, qui est l’égale des apôtres »
Il a ensuite retracé les points forts du chemin spirituel qu’elle a ouvert dans l’Eglise et au-delà: “ La douce Chiara a répondu à l’appel de Dieu en se faisant en tout semblable à son Maître, mais surtout en se laissant transformer en un vase qui offre des chemins de salut, afin de conduire tous les hommes au Christ. Elle a passé sa vie à chercher des voies de rencontre et de dialogue avec tous, avec le souci d’un profond respect envers chaque culture qu’elle savait orienter sur le chemin de la rencontre, de la connaissance réciproque et de la collaboration réciproque ».
“Chiara Lubich débute son parcours de vie consacrée au Seigneur dans les souffrances de la guerre. Dans cette souffrance vit le Christ crucifié et abandonné et elle comprend qu’il n’y a pas de Résurrection sans passer à travers la chute. La souffrance du Christ devient sa propre souffrance personnelle, sans jamais verser dans le désespoir ».
“Sa vie est caractérisée par un amour passionné de la Sainte Ecriture. Celle-ci devient en elle Parole vivante qui édifie et élève. Elle a vécu jusqu’au bout le commandement du Seigneur « (…) Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres » (Jean, 13,34). Jusqu’à entraîner de nombreuses personnes, toutes différentes les unes des autres, mais unies par un idéal concret de communion.
Chiara a toujours été fidèle à son Eglise. Profondément convaincue d’une communion partagée, elle a ressenti le drame de la division, de l’impossibilité de boire au même Calice.
Sensible au cri de douleur causé par ce déchirement, elle s’offre tout entière, en raison du charisme de l’unité, comme instrument dans les mains de Dieu et va à la rencontre des responsables d’ Eglises tout comme des simples fidèles. Mais elle ne se limite pas à cela : elle sollicite, encourage, invite, propose qu’on trouve des chemins de communion nouveaux »
“Chiara a un amour tout particulier pour la Sainte et Divine Eucharistie du Seigneur. Elle y perçoit le don d’amour de Celui qui s’est offert une fois et pour toujours, afin d’attirer l’homme à Lui. Nous pourrions affirmer qu’en elle se forme une conscience eucharistique de l’unité ». « Nous pouvons encore découvrir un autre aspect dans l’œuvre de Chiara : l’unité, à travers l’Eucharistie, passe de la Trinité sur la famille (…) lieu où resplendit davantage l’amour réciproque qui lie naturellement ses membres. (…) C’est dans ce contexte qu’on peut entrevoir l’unité de la famille humaine dans tous ses aspects, dans la société, dans la politique, l’économie, dans le respect de l’œuvre de Dieu pour chacun de nous personnellement et dans toute sa merveilleuse création. Aussi le message et l’œuvre de Chiara sont-ils toujours plus actuels, surtout dans le contexte mondial où nous vivons ».
De ce fait “ le don qu’offre aujourd’hui le Mouvement des Focolari en proposant l’œuvre de Chiara Lubich en grec s’avère très précieux... Nous l’accueillons comme un don entre frères qui fera assurément apprécier au public grec, aux fidèles grecs-orthodoxes, ce merveilleux message d’unité et d’amour ».
A la fin, avant de donner sa bénédiction, il s’adresse à Chiara afin qu’elle intercède “ Afin que puisse surgir rapidement l’aube d’un jour nouveau pour notre humanité blessée et divisée et que les sentiments pour lesquels elle a dépensé toute sa vie, produisent des fruits abondants là où aujourd’hui nous ne voyons rien sinon les ténèbres et le sang des martyrs ».
«J’habite à Erbil, dans le nord de l’Irak, où, en 2010, j’ai démarré une école pour des enfants kurdes, raconte Malu Villafane, née aux Philippines. Ces dernières années, j’ai travaillé dans le sanctuaire local, à l’organisation de différentes activités. En aout dernier, le sanctuaire est devenu un camp de réfugiés. Les villes de Sinjar et Mossoul, ainsi que les villages voisins, comme Qaraqosh, Qaramlesh, Bartalla et d’autres, ont été envahis par l’ISIS. Les habitants ont fui en laissant tout et se sont réfugiés au Kurdistan, chez nous. Dans le camp on respirait une atmosphère très lourde, de grand pessimisme, les enfants étaient perdus… avec les responsables du centre, nous avons commencé quelques activités pour les jeunes, en faisant participer aussi certains collègues de mon école ».
Ces dernières années comment s’est passée l’entente entre les chrétiens, les musulmans, les Yazidis et les autres ethnies comme les Kurdes, les Turkmènes etc.?
« Ils se respectaient, faisaient beaucoup de choses ensemble. Je travaille avec les Kurdes, avec les Turkmènes, les arabes et d’autres étrangers. Quand la crise est survenue, beaucoup de Kurdes se sont proposés pour héberger les réfugiés chez eux. Le peuple du Kurdistan est opposé à ce massacre ».
Quand la crise des réfugiés a-t-elle commencée à Erbil ? Où ont-ils trouvé de la place ? Quelles sont les perspectives pour les prochains mois ?
« La crise qui a provoqué ces migrations forcées a déjà débuté en juin 2014 et s’est aggravée au début août. Les gens ont tout perdu : maison, travail, école ; nombre d’entre eux se sont réfugiés initialement dans les immeubles vides, dans les églises, le long des rues et quand ils ont pu, chez leurs parents à Erbil. Beaucoup d’ONG, avec l’Eglise, ont dû faire face à l’urgence sans aucune préparation. Ils avaient besoin de tout ! Ensemble nous avons récolté pas mal de choses de première nécessité. A ce moment-là la température durant la journée s’élevait à presque 50°, un enfer, et maintenant que c’est l’hiver, il fait froid. Les tentes ne suffisent pas pour donner un toit à des milliers de familles. Il y a des camps qui sont restés sans nourriture ni eau pendant un certain temps. Malgré cela, après quelques mois, les enfants ont commencé à sourire, à jouer, à faire d’autres expériences en dehors du camp, comme aller à la piscine ou dans le parc public. Les parents, voyant la joie de leurs enfants, ont retrouvé l’espoir. Ils ont commencé à nettoyer le camp, à cuisiner et à s’entraider.
Après avoir vécu avec eux cette dramatique situation, ma vie a complètement changé. Mon séjour ici en Irak a trouvé un sens profond : j’ai vécu pour la fraternité universelle ».
Mais cela a-t-il un sens de travailler pour la fraternité ? Qu’est-ce qui te pousse à continuer à travailler dans ce camp ? Si je regarde les circonstances du point de vue humain, je me décourage et il y a de quoi m’enfuir. Par contre si je regarde tout ce qui se passe à travers l’œil d’une espérance fondée sur la foi, j’arrive à aller au-delà des souffrances que je vois. J’ai pensé à la phrase de l’évangile : « Quand j’ai eu faim, tu m’as donné à manger ; quand j’étais triste tu m’as consolé… ». Ces paroles me donnent la force d’affronter les difficultés quotidiennes que je rencontre dans le camp. Il est difficile d’expliquer et de décrire la souffrance qui s’y trouve. Nombre d’entre eux ont perdu l’espoir parce qu’ils ont tout perdu. Cette expérience m’a élargi le cœur pour accueillir l’autre comme un frère, comme une sœur. Elle m’a donné la possibilité de sortir de mon monde « commode » pour me mettre au service des autres. Je veux vivre pour la fraternité universelle non parce que je peux résoudre les problèmes mais parce qu’en faisant de petits pas on peut laisser une semence. La paix grandit surtout à partir des petites choses que nous faisons tous les jours pour les autres ».
Que pouvons-nous faire d’ici pour vous aider et être proches de ces personnes ?
« Je crois qu’il faut affronter le thème de la « désinformation ». Ici nous sommes toujours confrontés à des urgences de tous ordres, mais on n’en parle presque pas. Diffuser dans nos villes une culture qui accueille, qui écoute, surtout entre les divers peuples et les différentes religions ; développer des initiatives et des projets qui fassent tomber les barrières. Je vous remercie pour votre aide et continuons à croire que la Paix est possible ».
Source : Humanité Nouvelle online http://www.umanitanuova.org/it/