Mouvement des Focolari
Unité et Jésus abandonné.

Unité et Jésus abandonné.

Ave Cerquetti, ‘Crocifissione’ – Lienz (Austria) 1975

En 2000, Chiara rappelle sa première « découverte » de Jésus abandonné : « Dans un épisode des premiers mois de 1944, nous avons une nouvelle compréhension de Jésus. Dans une circonstance particulière, nous apprenons que la plus grande douleur que Jésus a éprouvée, et donc son plus grand acte d’amour, a été lorsque sur la croix il a expérimenté l’abandon du Père : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” (Mt 27,46). Nous en sommes profondément touchées. Et le jeune âge, l’enthousiasme, mais surtout la grâce de Dieu, nous poussent à le choisir précisément dans son abandon, comme voie pour réaliser notre idéal d’amour. A partir de ce moment, il nous a semblé découvrir son visage partout. » Autre moment clef pour la compréhension de ce « mystère de douleur-amour ». Pendant l’été 1949, Igino Giordani rejoint Chiara qui s’est retirée pour une période de repos dans la vallée de Primiero, à Tonadico, dans les montagnes du Trentin. Avec la communauté, ils vivent intensément le passage de l’Évangile sur l’abandon de Jésus. Ce sont des jours d’intense lumière et à la fin de l’été, au moment de descendre de ce petit Thabor pour rejoindre la ville, Chiara écrit d’un seul jet ce texte qui commence par un vers devenu célèbre : « J’ai un seul époux sur la terre : Jésus abandonné. […] J’irai par le monde en le cherchant à chaque instant de ma vie » (C. Lubich, Pensée et Spiritualité, Nouvelle Cité 2003, p. 142). Des années plus tard, Chiara écrit : « Depuis le début nous avons compris que tout a une face cachée, que l’arbre a ses racines. L’Évangile te couvre d’amour, mais il exige tout. “Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas – peut-on lire dans l’Évangile de Jean – il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance” (Jn 12,24). Jésus crucifié en est la personnification, et le fruit en a été la rédemption de l’humanité. Jésus crucifié ! Lui qui avait expérimenté la séparation des hommes d’avec Dieu et entre eux et qui avait senti le Père loin de lui, fut reconnu par nous non seulement dans toutes les douleurs personnelles, qui n’ont pas manqué, et dans celles de notre prochain, souvent seul, abandonné, oublié, mais également dans toutes les divisions, les traumatismes, les scissions, les indifférences réciproques, petites ou grandes : dans les familles, entre les générations, entre pauvres et riches ; dans sa propre Église parfois, puis, plus tard entre les différentes Églises, comme par la suite entre les religions et entre les croyants et ceux qui n’ont pas d’option religieuse ». « Mais toutes ces déchirures ne nous ont pas effrayées – continue Chiara – au contraire, par amour pour Jésus abandonné, elles nous ont attirées. Et c’est lui-même qui nous a enseigné comment les affronter, comment les vivre, comment les dépasser quand, après l’abandon, il a remis son esprit dans les mains du Père : “Père, entre tes mains, je remets mon esprit” (Lc 23,46), en donnant ainsi la possibilité à l’humanité de se recomposer en elle-même et avec Dieu, et en lui en indiquant la façon de le faire. Il s’est donc manifesté à nous comme la clé de l’unité, remède à chaque division. Il était celui qui recomposait l’unité entre nous, chaque fois qu’elle avait pu se fissurer. Il est devenu notre unique Époux. Et notre vie avec un tel Époux a été si riche et si féconde qu’elle m’a poussée à écrire un livre, comme une lettre d’amour, comme un chant, un hymne de joie et de gratitude à son égard. »

Unité et Jésus abandonné.

Le fruit de la Rédemption

Jésus, ressuscitant de la mort, apparaît aux femmes venues au sépulcre et leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères… » (Mt 28,10). Avant de mourir, il donna à ses disciples le nom de frères. Comme alors, il se présente de la même façon encore aujourd’hui : comme un frère aîné.

En ressuscitant, il avait vaincu la mort et restauré la fraternité. Il était venu sur terre pour rétablir la paternité du Père; il était descendu aux enfers pour vaincre l’ennemi des hommes. Désormais il annonçait la fraternité reconstituée des enfants, au sein de la famille de Dieu.

Le monde d’aujourd’hui est dominé par la peur et l’égoïsme. Quel en est le résultat ? […] L’humanité souffre parce qu’entre un peuple et un autre, une classe et une autre, un individu et un autre individu, la vie ne circule pas ou circule à peine : la vie, ce sont les richesses et la religion, la science et la technique, la philosophie et l’art… A l’inverse, la philosophie et l’art, la technique, la science et les biens économiques ne circulent pas si l’amour ne donne leur pas l’impulsion, s’il n’ouvre pas les routes et ne permet pas d’aller au-delà des divisions. Mais la religion, elle-même, doit être libérée à chaque instant des scories, des limites et des fractures laissées par les fautes des rachetés. La circulation des biens ne se produit pas autant qu’elle le devrait, ni comme elle le devrait, parce que les hommes ne se reconnaissent plus frères et donc, ne s’aiment pas comme tels.

La personne qui nous bouscule dans le métro ; celle qui passe à côté de nous, hautaine, distraite ou énigmatique ; celle que nous exploitons au bureau ou aux champs et que nous privons de justice et d’argent, nous ne les voyons pas comme des frères. Celui que nous repoussons parce qu’il est d’une autre classe ou d’une autre religion, ne nous apparaît pas comme fils de notre Père : au mieux, nous le considérons comme un fils illégitime qui mérite notre pitié. L’homme sur lequel nous tirons à la guerre ou qui nous tire dessus, ne nous apparaît pas comme frère : il en résulte un engrenage meurtrier. La créature que nous vendons pour satisfaire aux besoins de la luxure, nous ne la considérons pas comme notre sœur : ce n’est que de la viande qui se vend et vaut moins que l’argent qui sert à l’acheter. Vue ainsi, la société ressemble à un mouroir ou à une prison.

Chaque division, chaque discorde est une barrière au passage de l’amour. Et l’amour est Dieu, et Dieu est la vie. Et si la vie ne passe pas, la mort s’installe.

[…] Si Dieu avait été exclusivement Force, Honneur, Crainte, il serait resté une seule personne ; il n’aurait pas engendré un Fils, ni suscité une création. Il se serait fermé sur lui-même, ne se serait pas ouvert. Mais l’amour est trinitaire : c’est une circulation entre le Père, le Fils et l’Esprit-Saint.

[…] La Trinité est à la fois Trois et Une : Trois qui s’aiment, et ne font qu’Un ; Un qui se distingue en Trois pour aimer. Jeu infini d’amour. A l’image et ressemblance de la Trinité, les créatures rationnelles découvrent aussi dans l’amour une impulsion qui engendre une autre vie. […] L’amour est l’expression de Dieu envers la création et il est, en quelque sorte, le retour du Moi à Dieu, à travers le frère. […] Ce mouvement est un aller-retour : il part de la source (de Dieu) et il y retourne (à Dieu) comme le fleuve se déverse dans la mer.

On va à Dieu s’il y a le Frère, on va au Frère s’il y a Dieu. J’existe s’il y a Dieu et le Frère ; sans eux, je n’aurais pas de raison d’être puisque ma raison d’être est d’aimer.

[…] Le Christ a remis en circulation tous les trésors de la vie, dans le creuset de l’amour, avec lequel il nous transmet la chaleur, la lumière, l’intelligence, pour nous ouvrir à nouveau le chemin qui mène à l’unité, là où se trouve Dieu.

Il a rendu cela possible en venant parmi nous, en habitant parmi nous, en se faisant l’un des nôtres, jusqu’à mourir pour notre rédemption. Cette rédemption nous a libérés des divisions et nous a ainsi réunis à Dieu. Le Christ a remis Dieu en nous et nous a remis en Dieu. Pour cela, il nous a commandé de nous aimer, parce que là où est l’amour, là est Dieu. « Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1 Jn 4,16).

Igino Giordani : Il Fratello, Città Nuova, 2011, pp.29-30, 34, 36, 37-38.


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Une cité-pilote pour la Hollande

A une demi-heure de voiture d’Eindhoven se trouve Marienkroon (Marie couronnée), la cité-pilote du Mouvement des Focolari en Hollande. Peu avant leur arrivée, les voitures qui transportent Maria Voce et Giancarlo Faletti sont littéralement entourées par une multitude de bicyclettes aux sonnettes retentissantes, décorées de ballons et de petites lumières. Accompagnés de ce cortège, nous arrivons devant le porche d’entrée alors que la nuit tombe. Le lourd portail est fermé: ce sera Maria Voce (Emmaus) qui l’ouvrira, symboliquement, avec une grosse clé. Derrière ce portail, un grand pré vert entouré par les constructions de l’ancien monastère cistercien qui, durant ces dix dernières années, a été en grande partie restructuré, s’adaptant ainsi aux exigences d’un centre moderne de culture et de spiritualité. Alors que résonne la trompette, le drapeau du Mouvement, avec l’étoile dorée à quatre branches sur fond bleu, est hissé sur son mat. Moment de famille simple et riche de sens durant lequel chacun des habitants de la cité-pilote veut personnellement adresser la bienvenue à la présidente et au co-président. Vient ensuite la visite de l’ensemble qui accueille souvent des groupes d’écoliers et des associations qui veulent en connaître les caractéristiques et la vie qui s’y développe. Différentes manifestations culturelles s’y déroulent régulièrement et sont très appréciés des habitants des environs. Tous les ans, par exemple, se tient dans ce lieu la foire du livre, une semaine de vacances pour les enfants de la région, la vente aux enchères de plantes ou encore de nombreuses rencontres de spiritualité. Nous pouvons voir aussi une tour, un petit lac, deux étables, une chapelle et un petit cimetière qui accueille aussi, outre les moines, les quatre premiers habitants de la cité-pilote déjà partis pour le Ciel. Située au centre de la Hollande, la cité-pilote Marienkroon attire des personnes très variées: jeunes et adultes, chrétiens et personnes d’autres religions ou sans référence religieuse. Après une recherche de plus de dix ans, en 2000, le Mouvement a fait l’acquisition, auprès des pères cisterciens, du terrain et des constructions pour la valeur symbolique d’un euro. Deux des pères vivent encore sur place ainsi que le Cardinal Simonis, tous trois amis du Mouvement. Dans les prochaines années sont prévus de nombreux autres travaux de modernisation de la cité-pilote afin de la rendre plus fonctionnelle et adaptée aux souhaits de Chiara Lubich qui, lors de sa visite en Hollande en 1982, s’exprimait ainsi : « Avant tout, nous devons faire voir la vie d’une communauté, un lieu où l’on cherche à vivre ensemble l’Evangile. C’est cela qui attire l’attention et, ensuite, l’évangélisation vient d’elle-même ». De notre envoyé Giulio Meazzini

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L’unité à l’aube du mouvement des Focolari

Video Chiara - Amsterdam 1982

« Qu’est-ce que l’unité ? Ah ! C’est quelque chose de merveilleux ! Parce que l’unité, celle à laquelle Jésus pense quand il dit : « aimez-vous… » au point d’être prêts à mourir, prêts à mourir l’un pour l’autre, cette unité pour laquelle Jésus dit : ‘là où deux ou trois sont unis, c’est là que je suis, ce n’est pas un mélange de personnes, ce n’est pas un groupe de personnes : là, il y a Jésus, c’est là le point important. L’unité manifeste vraiment Jésus, elle le porte là. Et je me souviens – j’ai retrouvé de petites lettres d’il y a longtemps, lorsque nous commencions à vivre ainsi et à expérimenter, d’une certaine façon, la présence du Christ au milieu de nous. Quelle merveille ! Parce que nous l’avions expérimentée, notre christianisme était auparavant très individuel. Il est, par exemple, écrit ici :   « L’unité ! Mais qui pourra oser en parler ? Elle est ineffable comme Dieu ! On la sent, on la voit, on en jouit, mais elle est ineffable ! Tous jouissent de sa présence, tous souffrent de son absence. Elle est paix, joie, ardeur, amour, climat d’héroïsme et de suprême générosité. Elle est Jésus parmi nous ! » Comment peut-on expliquer cette réalité ? Voyez-vous, Jésus ressuscité a dit une phrase extraordinaire : « Je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (cf. Mt 28,20). Il a dit qu’il sera avec nous tous les jours. Mais où ? dans l’Église, c’est sûr, parce que l’Église est le corps du Christ, et de façon spéciale en ceux qui annoncent l’Évangile parce que Jésus le leur a dit. Nous savons que Jésus est, par exemple, particulièrement présent dans l’Eucharistie. Il est là, Jésus est là dans son Église mais aussi dans sa Parole : les paroles de Jésus ne sont pas vraiment comme les nôtres ; elles sont une présence de Jésus et en nous nourrissant d’elles, nous nous nourrissons de Jésus. Jésus est avec les successeurs des Apôtres, avec nos évêques ; il est là, en eux, il parle à travers eux. Jésus est dans les personnes pauvres : il a dit qu’il est derrière les pauvres, qu’il se cache en eux, en tous ceux qui souffrent. Mais Jésus a dit aussi : « Là ou deux ou trois sont unis », dans la communauté, voilà, comme ici, aujourd’hui. Et je me suis rendu compte qu’aujourd’hui le monde qui ne croit pas ou qui a d’autres convictions, est particulièrement touché par cette présence de Jésus. «À ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jn 13,35). Aujourd’hui c’est une forme de témoignage du Christ que beaucoup apprécient parce que, voyez-vous, l’unité, que produit-elle ? Paul VI l’a dit à Rome, dans une paroisse : l’unité engendre le Christ au milieu de nous, l’unité l’exprime, le manifeste, le révèle. Jésus n’est pas une réalité d’il y a vingt siècles ; il est dans son Église aujourd’hui et nous répète ses paroles. Jésus est actuel et ce qui est beau avec l’unité, c’est qu’elle nous le présente. Jésus l’a dit et c’est vrai : « Qu’ils soient un afin que le monde croie ». C’est ainsi. Au cours de toutes ces années, le Mouvement a essayé de maintenir la foi en cette présence de Jésus, du Ressuscité au milieu de nous. Et c’est à sa présence que nous attribuons la diffusion universelle du Mouvement, c’est lui qui s’est frayé un chemin, c’est lui qui a témoigné le christianisme. Et bien, que devons-nous faire ? que devons-nous conclure à la fin de cette journée ? Ces jours-ci, j’ai eu la possibilité de rencontrer de nombreux Hollandais et j’ai admiré quelque chose que je ne trouve pas en d’autres pays : dans le cœur de chaque Hollandais j’ai vu l’amour pour la Hollande et un grand amour pour son Église. Alors, qu’allons-nous faire ? Il faut que cet amour devienne concret. Essayons donc d’établir la présence de Jésus ressuscité dans nos familles, nos paroisses, partout, avec cet amour réciproque qui était le secret des premiers chrétiens. Et si le Ressuscité est là, qu’elles en seront les conséquences ? Un nouveau printemps et tout ressuscitera. C’est ce que je souhaite. Et quels seront les fruits de la présence de Jésus ? Les mêmes que ceux que nous avions constatés quand nous avons commencé : une grande joie et la paix qui sont les fruits de l’Esprit. C’est ce que je vous souhaite : partir mais avec ce désir dans vos cœurs : je ferai tout ce que je peux pour que le Ressuscité soit au milieu de nous ! »

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Assise 2011: interview avec Maria Voce

Une impression au terme de ces journées, qui se sont déroulées à Assise et à Rome. Une impression très positive. Tout d’abord, une pensée pour Jean-Paul II et Chiara Lubich, qui ont su voir loin en termes d’ouverture au dialogue. Ils ont compris que cela valait peine d’investir dans les personnes et dans les structures pour faire progresser la question du dialogue. Je me réfère, en particulier, aux organismes qui travaillent dans ce sens : les différents Conseils pontificaux au sein de l’Église (pour l’Unité des chrétiens, pour le Dialogue interreligieux, pour la Culture, Justice et Paix) et les Centres qui s’occupent des différents dialogues au sein de notre Mouvement. Ce qui vient en évidence, c’est le grand nombre de liens qui se sont construits au cours de ces années. Cela me paraît une nouveauté, par rapport aux rencontres qui se sont tenues par le passé. Durant ces années, chacun a fait beaucoup, même si, sur le moment, cela pouvait paraître peu de chose du point de vue des résultats obtenus. En résumé, il me semble que l’on est arrivé à un point où de véritables relations d’amour réciproque existent. Quelques petits faits significatifs que nous avons tous remarqués. Le Primat de l’Église d’Angleterre, le Dr. Rowan Williams, se baissant pour ramasser le livret tombé des mains du Patriarche Bartholomée ; le visage souriant du pape, qui se tournait tantôt vers l’un, tantôt vers l’autre. Ces gestes peuvent paraître minimes, mais tout le monde a pu les remarquer et ils sont un témoignage. Et puis, il y a eu la présence de personnes ayant d’autres convictions non religieuses. C’était vraiment une nouveauté d’une importance substantielle, surtout dans la perspective où le pape l’a présentée, celle de la recherche de la vérité commune. Il a souligné que la vérité nous transcende tous, et que personne ne peut dire la posséder complètement. Une présentation enthousiasmante. C’était, manifestement, une nouveauté. Assise 2011 n’a pas été seulement un temps pour se rencontrer dans un esprit de fraternité et de paix, pour construire quelque chose de beau. Il a aussi permis de s’élever dans une recherche qui dépassait largement ce but. Avec Andrea Riccardi, le fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, et Julian Carrón, l’actuel responsable de Communion et Libération, vous avez été invités à voyager dans le train du Pape, avec les délégations officielles. Une reconnaissance significative pour les mouvements et les nouvelles communautés ecclésiales. Comment vois-tu le rôle des mouvements, et en particulier celui des laïcs, dans le dialogue ? Un grand nombre de cardinaux et d’évêques sont venus me remercier pour les rapports délicats et discrets que nous construisons avec les personnes appartenant aux différentes religions. C’était donc une reconnaissance, tant à l’égard de notre mouvement qu’à l’égard des mouvements en général, pour ce qu’ils font dans le domaine du dialogue. J’ai constaté aussi combien était appréciée la connaissance que les laïcs ont des situations concrètes, des contextes et des traditions des différentes religions et des croyants. Les laïcs vivent au contact quotidien avec les personnes qui adhèrent à d’autres croyances religieuses, et sont donc plus à même d’en connaître les aspects vitaux et les traditions. Cela peut être une aide pour l’Église institutionnelle dans ses rapports avec des fidèles appartenant à d’autres religions. Elle ne peut pas tout savoir de tout le monde. Un exemple. Je me suis trouvée à déjeuner avec un représentant de la délégation sikh, qui n’avait pas peur de dire à tous qu’il connaît le focolare et qu’il participe aux rencontres qu’il organise. Et je pourrais en citer beaucoup d’autres. Les rapports que les mouvements ont construits avec ces chefs religieux venaient en évidence de façon très spontanée. La hiérarchie de l’Église, me semble-t-il, s’en réjouit et s’en montre reconnaissante. De notre envoyé spécial Roberto Catalano

1er Novembre : fête de tous les saints

Projetés vers l’infini

Les saints sont des grands.

Ils ont vu leur grandeur dans le Seigneur et,

enfants de Dieu, ils jouent pour lui

tout ce qu’ils ont.

Ils donnent sans demander,

leur vie, leur âme, leur joie,

tout ce qui les lie à la terre, toute richesse.

Libres et seuls,

projetés vers l’infini,

ils attendent que l’amour les introduise

dans les royaumes éternels.

Mais, dès ici-bas,

leur cœur s’emplit d’amour,

du véritable amour, du seul amour

qui rassasie et console,

l’amour qui brise

toute résistance et fait jaillir

des larmes nouvelles.

Ah ! Aucun homme ne sait ce qu’est un saint.

Il a donné, maintenant il reçoit,

et un flot incessant

passe entre ciel et terre,

lie la terre au ciel,

coule des abîmes,

ivresse rare, source céleste

qui ne s’arrête pas au saint,

mais déborde sur ceux qui sont fatigués, mortels,

aveugles et paralysés

et pénètre, irrigue,

soulage, attire et sauve.

Si tu veux connaître l’amour, demande-le aux saints.

 

dans Pensée et Spiritualité, Nouvelle Cité, 2003, p.168

Unité et Jésus abandonné.

Spiritualité de l’unité : Unité

A Fiera di Primiero

Une spiritualité de communion, collective, comme le disait Paul VI, telle est la voie nouvelle ouverte par Chiara Lubich, une voie issue de l’Évangile. Quelles en sont les caractéristiques ? Quelles sont les événements qui, dès les débuts, conduisirent à la certitude d’être nés pour contribuer à l’unité des hommes avec Dieu et entre eux ? Découvrons-le ensemble. Un jour de mai 1944, dans la cave obscure où Natalia Dallapiccola, au sous-sol de la maison familiale, avait transféré sa chambre pour se protéger des bombardements éventuels, Chiara et ses amies de Trente lisaient l’Évangile à la lueur d’une bougie, comme elles en avaient désormais pris l’habitude. Elles l’ouvrirent au hasard et tombèrent sur la prière que Jésus fit avant de mourir : « Père, que tous soient un » (Jn 17,21). Il s’agit là d’un texte évangélique extraordinaire et complexe, le « testament de Jésus », étudié par les exégètes et les théologiens de toute la chrétienté. A cette époque-là, il était un peu oublié, car on ne peut plus mystérieux. Ce passage de l’Évangile selon saint Jean aurait donc pu sembler difficile à des jeunes filles comme Chiara, Natalia, Doriana et Graziella. Mais elles eurent l’intuition que cette parole de l’Évangile : l’unité, allait être « la leur ». Quelques jours après, sur le pont Fersina, à Trente, Chiara dit à ses compagnes : « J’ai compris comment nous devons nous aimer, selon l’Évangile : jusqu’à nous consumer en “un” ». Plus tard, à Noël 1946, ces jeunes filles choisirent comme devise une phrase radicale : « L’unité ou la mort ». Chiara a écrit en 2000 : « Un jour je me trouvais là avec mes compagnes et, en ouvrant le petit livre, je lus : “Père, que tous soient un” (Jn 17,21). C’était la prière que Jésus a faite avant de mourir. Grâce à sa présence parmi nous et à un don de son Esprit, je réussis à comprendre un peu ces paroles difficiles et fortes, et naquit en mon cœur la conviction que c’était pour cette page de l’Évangile que nous étions nées : pour l’unité, autrement dit pour contribuer à l’unité des hommes avec Dieu et entre eux. « Quelque temps plus tard, conscientes tout de même de la divine hardiesse du programme que Dieu seul pouvait mettre en œuvre, agenouillées autour d’un autel, nous avons demandé à Jésus de réaliser son rêve en se servant de nous si cela faisait partie de ses plans. Souvent, au début, face à l’immensité de la tâche, nous avions le vertige et, en voyant l’immensité des foules que nous devions rassembler en unité, nous étions saisies d’effroi. Mais, petit à petit, le Seigneur nous fit comprendre en douceur que notre tâche était comme celle d’un enfant qui jette un caillou dans l’eau. Autour de ce caillou se développent des cercles concentriques de plus en plus larges, tellement qu’on peut les croire infinis. Nous comprîmes alors que nous devions faire l’unité autour de nous, dans le milieu où nous étions, et qu’ensuite – une fois passés de cette terre au ciel – nous pourrions voir les cercles s’élargir jusqu’à accomplir, à la fin des temps, le plan de Dieu. « Il fut clair pour nous, dès le premier moment, que cette unité n’avait qu’un seul nom : Jésus. Etre un, pour nous, signifiait être Jésus, être tous Jésus. En effet, seul le Christ peut faire de deux personnes une seule, parce que son amour qui est annulation de soi, qui est non-égoïsme, nous fait entrer pleinement dans le cœur des autres. « Ce que j’ai écrit à cette période révèle la merveille face à une réalité surnaturelle aussi sublime : “L’Unité ! Qui pourra se hasarder à parler d’elle ? Elle est ineffable comme Dieu ! Elle s’entend, elle se voit, on en jouit mais… elle est ineffable ! Tous jouissent de sa présence, tous souffrent de son absence. Elle est paix, joie, amour, ardeur, atmosphère d’héroïsme, de générosité extrême. Elle est Jésus parmi nous !” ».

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Chiara luce Badano : une sainteté 2.0

Cela fait un an qu’a eu lieu sa  béatification, vécue par plus de vingt mille jeunes présents à Rome à cette occasion, et de beaucoup d’autres qui ont suivi l’évènement en direct, dans toutes les parties du monde. Aujourd’hui, ils sont nombreux à vouloir la connaître et l’imiter. Ce super  témoignage   de Chiara Luce Badano, la gen de Gênes (Italie) que l’Eglise a béatifiée, semble avoir remis en vogue la saintetéSes « dix-neuf ans remplis de vie, d’amour, de foi » (Benoît XVI), réveillent chez tant de jeunes et pas uniquement chez eux, le désir de consacrer leur vie à faire de grandes choses. Ils découvrent que la sainteté peut être vécue dans le quotidien. « Chiara Luce nous a appris que nous aussi nous pouvons aimer toujours et inconditionnellement ». C’est une des impressions recueillies au Brésil, dans l’une des très nombreuses soirées qui, à travers le spectacle « Life Love Light », se sont multipliées dans le monde : De l’Italie à l’Espagne, -durant les JMJ- et dans d’autres pays d’Europe ; du moyen orient à l’Asie ; elles se sont développées dans les Amériques, en Australie et en diverses nations d’Afrique. Les demandes qui ont été faites aux parents, Maria Teresa et Ruggero  Badano, de raconter son histoire  ne se comptent plus. Chacun  la sent vivante, c’est une personne avec laquelle on peut établir une relation. Mais, comme l’a si bien exprimé une jeune : «Chiara Luce m’a enseigné une chose très forte : je ne peux me faire sainte toute seule, nous devons être saints ensemble ». Chiara Lubich, la fondatrice des Focolari, s’est exprimée ainsi en présentant la splendide figure  de cette jeune fille béatifiée : « La finalité du Mouvement des focolari est de coopérer avec l’Eglise afin de réaliser le testament de Jésus « Que tous soient un ». Chiara Luce avait découvert déjà toute petite que les souffrances  étaient des perles précieuses qu’on pouvait  cueillir à longueur de  journée …  pour cela elle a vécu avec  le Christ, avec Lui elle a transformé sa passion en un chant nuptial. Oui, Chiara Luce est une gen réalisée, témoin cohérent de notre idéal déjà arrivé à maturité en elle à 18 ans. Son histoire se répand par tous les media : Plus de 30000 tirages du livre “Io ho tutto” et 15000 “Dai tetti in giù éditées en différentes langues. Des milliers de copies de DVD et de CD musicaux sur sa vie et sur la fête de sa béatification. Mais c’est surtout sur internet que se manifestent beaucoup de ceux qui la connaissent, ou bien ils la découvrent dans des circonstances inopinées, et veulent vivre comme elle. Sa page sur face book compte de nombreux amis qui inter agissent en insérant des messages, des commentaires, des photos. Le site “Life Love Light” est devenu un point de référence pour tous ceux qui veulent communiquer leur propre découverte du pourquoi de la vie de Chiara Luce et de son bonheur comme elle-même l’a exprimé par ses dernières paroles : ” Maman, au revoir. Sois heureuse parce que je le suis “. Canal officiel sur You Tube : http://www.youtube.com/user/ChannelChiaraLuce

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Assise 2011 : jamais plus de violence au nom de Dieu !

La brume qui enveloppait Assise a accompagné toute la journée Benoît XVI et les « pèlerins de la vérité et de la paix » qui s’étaient donné rendez-vous pour la journée de réflexion, de dialogue et de prière dans la ville de saint François et de sainte Claire. Après un repas frugal au couvent de la Portioncule, qui jouxte la basilique de Sainte-Marie des Anges, Benoît XVI et les responsables religieux ont passé plus d’une heure en réflexion, méditation et prière. Une pièce avait été attribuée à chacun afin qu’il puisse s’y consacrer selon sa conscience et les enseignements de sa religion. Pendant ce temps, des groupes de jeunes s’acheminaient en pèlerinage vers la place Saint-François, devant la basilique inférieure. C’est là qu’était installée la scène pour le dernier acte de la journée, comme en 1986 et en 2002. L’arrivée de Benoît XVI et des diverses délégations a été saluée avec grand enthousiasme. La place était comble et colorée : on reconnaissait l’orange des hindous, le noir des moines japonais, le blanc de nombreux musulmans et du zoroastrien, le gris et le marron des moines et moniales catholiques, etc. La déclaration d’engagement pour la paix a été un moment solennel, scandé par de brèves interventions en différentes langues : français, arabe, punjabi, russe, anglais, chinois, thaï, japonais, hébreu et espagnol. Derrière chaque langue, on percevait une façon de croire et de s’adresser à Dieu et aux hommes, surtout à propos de paix. L’engagement de vivre pour la paix provenait souvent de points du monde fortement marqués par la violence. « Nous nous engageons » : chaque déclaration commençait par ces trois mêmes mots, pour montrer un engagement commun au-delà des religions et des origines géographiques et culturelles. Un engagement qui comportait la décision d’éradiquer les causes du terrorisme, d’éduquer les personnes à se respecter et à s’estimer réciproquement, à promouvoir une culture du dialogue, à défendre le droit de toute personne à vivre dans la dignité, à reconnaitre que la confrontation avec la différence peut devenir l’occasion d’une meilleure compréhension réciproque, à se pardonner réciproquement les erreurs et les offenses et à prendre le parti de celui qui souffre. Puis un professeur mexicain, Guillermo Hurtado, au nom des  humanistes laïcs, a proclamé l’engagement avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté à construire un monde nouveau. Benoît XVI a synthétisé cet appel unanime en reprenant les invocations de Paul VI et de Jean-Paul II : « Jamais plus la violence ! Jamais plus la guerre ! Jamais plus le terrorisme ! Au nom de Dieu, que toute religion porte Justice et Paix sur la terre. Pardon et Vie, Amour ! ». Comme en 2002, la journée s’est achevée par le symbole de la lumière. De petits lumignons ont circulé entre les participants, suivis de l’échange d’un geste de paix, dans la simplicité et la sobriété, comme François et Claire l’avaient enseigné, dans cette ville symbole qui dit au monde depuis des siècles que les hommes et les femmes peuvent être frères et sœurs. Roberto Catalano Lire l’article : http://www.cittanuova.it/contenuto.php?TipoContenuto=web&idContenuto=331098 Interview de Michele Zanzucchi, directeur de Città Nuova, par Radio Vatican : http://www.cittanuova.it/audio_dett.php?TipoContenuto=audio&idContenuto=331082        

Unité et Jésus abandonné.

Assise 2011 : la présence des Focolari

« Une inspiration – affirme la présidente des Focolari, Maria Voce, dans ‘l’Osservatore Romano’ – qui, sans aucun doute, donnera une nouvelle profondeur et une accélération nouvelle afin de vivre ses propres convictions religieuses au service de la paix. C’est vraiment urgent aujourd’hui alors que de façon absurde, se diffuse la peur de la religion. La religion qui, par nature, est source vitale de paix, est maintenant accusée d’être la première cause de nombreux conflits, de nombreuses tensions, phobies, intolérances et persécutions qui pullulent dans le monde.». Les nombreuses délégations, de haut niveau, partiront de Rome, en train, le matin du 27 octobre, avec le Pape. Sur le train ‘Frecciargento’, avec les leaders de toutes les principales religions du monde, sera également présente Maria Voce en tant que représentante d’un mouvement qui – fondé sur le charisme de l’unité de Chiara Lubich – s’est fortement et de façon naturelle, engagé dans le dialogue depuis ses origines. Grâce à son expansion universelle, le dialogue est aujourd’hui ouvert avec toutes les principales religions du monde, non seulement avec de simples disciples ou des leaders religieux mais aussi avec des leaders et des disciples de vastes mouvements tels que le mouvement bouddhiste de la Rissho Kosei-kai qui compte six millions d’adhérents (Japon), avec le mouvement des musulmans afro-américains (USA) et avec différents mouvements d’inspiration gandhienne du sud de l’Inde. Ce sont des millions de disciples d’autres religions qui vivent, dans la mesure du possible, l’esprit du mouvement et qui s’engagent à collaborer à ses objectifs. Le dialogue a également été ouvert avec des personnes qui n’ont pas de foi religieuse tels que des agnostiques, des personnes indifférentes et athées. Ce dialogue naît de la rencontre entre des croyants et des personnes ne faisant pas référence à une foi religieuse, unies cependant par le désir de collaborer ensemble à donner notre contribution pour composer la famille humaine dans la fraternité. Emblématique, de ce point de vue, le fait qu’à Assise, Benoît XVI ait souhaité aussi la présence d’un groupe de non-croyants qui « tout en ne se déclarant pas ‘religieux’, se sentent engagés sur le chemin de la recherche de la vérité et ressentent cette responsabilité, qui appartient à tous, de s’engager pour la cause de la justice et de la paix dans notre monde. » Quatre personnes ont ainsi accepté l’invitation de Benoît XVI. Ils sont philosophes, historiens, professeurs de différents pays du monde. Parmi eux, Walter Baier : économiste autrichien, Coordinateur du Réseau « Transform ! », forum de recherche européenne qui regroupe des revues et « think tanks » de gauche. Il est membre du Parti Communiste Autrichien mais aussi collaborateur du « Centre international pour le dialogue avec des personnes de convictions non-religieuses » du mouvement des Focolari. « Une ville-monde sans mur, se profile en fait à l’horizon, chargée d’espérance ». Voici l’événement d’Assise 2011 ainsi préfiguré. « Aujourd’hui – affirme Maria Voce – le dialogue entre les religions ne peut se limiter aux leaders, aux intellectuels et aux spécialistes. Il doit devenir dialogue de la vie, dialogue qui se révèle de plus en plus indispensable pour la coexistence pacifique dans nos villes et dans nos pays étant donné que nous sommes maintenant au coude à coude avec musulmans et bouddhistes, indous et sikhs. C’est une histoire à découvrir et peut-être à inventer sans se faire prendre par la peur au vue de l’intolérance et de la violence. C’est le témoignage quotidien qui ouvre des chemins ». « Suivons et prions dès à présent pour le grand rendez-vous d’Assise du mois d’octobre… dans l’attente des nouvelles surprises que nous réservera l’Esprit-Saint ».

Unité et Jésus abandonné.

Spiritualité de l’unité : Jésus présent dans l’Eucharistie

L’Eucharistie a toujours eu un rôle important dans la vie de Chiara Lubich, dès son enfance. Tant sa vie personnelle que celle de ses premières compagnes – ainsi que par la suite celle de tout le Mouvement qui se constituera au fil des décennies – ont été marquées par l’Eucharistie. Il ne pouvait en être autrement, si l’on pense que Jésus Eucharistie est l’âme, le cœur de la vie même de l’Église. L’action de l’Esprit Saint, par son charisme de l’unité, provoquait en Chiara et en ses premières compagnes une forte attirance, à tel point qu’elles avaient hâte d’aller à la messe, pour partager toute leur vie avec Jésus Eucharistie. Plus tard, quand elles commencèrent à voyager à travers l’Italie, les premières focolarines cherchaient avec passion par les fenêtres du train les clochers dans le paysage et se tournaient vers eux : là était l’Eucharistie, là était leur amour. Il existe un lien merveilleux entre l’Eucharistie et la spiritualité de l’unité.

Chiara a écrit : « Le fait que le Seigneur, pour donner naissance à ce vaste Mouvement, nous ait concentrées sur la prière de Jésus pour l’unité signifie qu’il devait nous pousser avec force vers celui qui seul pouvait la mettre en œuvre : Jésus dans l’Eucharistie. En effet, comme les enfants nouveau-nés se nourrissent instinctivement au sein maternel, sans savoir ce qu’ils font, de même, depuis le début du Mouvement, on a pu faire cette constatation : ceux qui nous fréquentaient commençaient à communier chaque jour. Comment l’expliquer ? Ce qui est l’instinct pour le nouveau-né est l’Esprit Saint pour l’adulte, nouveau-né à la nouvelle vie qu’apporte l’Évangile de l’unité. Il est poussé au “cœur” de l’Église mère et se nourrit de son nectar le plus précieux, dans lequel il trouve le secret de la vie d’unité et de sa propre divinisation. « En effet, le devoir de l’Eucharistie est de nous faire Dieu par participation. En mélangeant les chairs vivifiées par l’Esprit Saint et vivifiantes du Christ avec les nôtres, il nous divinise dans l’âme et le corps. L’Église elle-même pourrait être ainsi définie : l’ “un” provoqué par l’Eucharistie, parce que composée d’hommes et de femmes divinisés, faits Dieu, unis au Christ qui est Dieu et entre eux. Ce Dieu avec nous est présent dans tous les tabernacles de la terre et a recueilli toutes nos confidences, nos joies et nos craintes. « Quel réconfort Jésus Eucharistie nous a-t-il apporté dans nos épreuves, quand personne ne nous donnait audience parce que le Mouvement devait être étudié ! Il était toujours là, à toutes les heures, à nous attendre, à nous dire : au fond, le chef de l’Église, c’est moi. Dans les luttes et les souffrances de tout genre, qui nous aurait donné la force, au point de penser que nous serions mortes bien des fois si Jésus Eucharistie et Jésus au milieu de nous, qu’il alimentait, ne nous avaient pas soutenues ? ».

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Côte d’Ivoire: la force d’une communauté unie

  Glolé est un village de la Côte d’Ivoire d’environ 1000 habitants, situé à 30 km de Man. La population est composée principalement de cultivateurs, souvent sans instruction. La communauté du Mouvement est née à partir de la Parole de vie mise en pratique, d’abord par une personne, puis par un groupe toujours croissant. Actuellement, une soixantaine de personnes du village forment des groupes pour entreprendre beaucoup d’actions en vue du bien commun. Gilbert raconte: Les initiatives concrètes naissent de la Parole de vie vécue. Nous ne pouvions pas seulement l’écouter et rester les bras croisés. Chaque fois qu’un hôte arrivait au village, l’un de nous cédait son propre lit et dormait par terre. Un jour, nous avons décidé ensemble de construire des studios d’accueil. Nous avons fabriqué nous-même les briques et érigé les murs en chantant des chants joyeux. Aujourd’hui, nous en avons 12. Un autre studio est en voie de construction près de la route goudronnée, pour la nuit de ceux qui ne réussissent pas à faire tout le trajet jusqu’à Man dans la journée (7 km à pied et 30 km en voiture), pour se rendre à l’hôpital le plus proche. Il s’agit de constructions très simples. Une fois, nous avons dû transporter une femme enceinte à l’hôpital dans une brouette. Cela nous a poussé à faire quelque chose de nouveau: un petit “service de maternité” avec l’indispensable en cas d’urgence et avec quelques sages-femmes, utiles aussi pour la campagne de vaccinations. Le personnel y travaille gratuitement et en échange, il reçoit des dons de la communauté. Nous avions également un grave problème de mortalité infantile en raison de la malnutrition, non pas par négligence, mais plutôt à cause du manque d’instruction des mères. Un proverbe de notre tradition dit que “l’enfant appartient à la communauté”. Ainsi, avec l’aide du “Centre de la Nutrition” que nous poursuivons à Man, nous nous sommes organisés pour former les mères. Quand un groupe d’entre elles est formé, il s’occupe de la formation d’autres mamans. Nous nous sommes rendus compte que si nous sommes unis, nous pouvons faire beaucoup. Nous avons même pu changer certaines pratiques culturelles du village qui n’étaient pas en conformité avec la dignité humaine. Dans le domaine agricole, nous avons instauré une “Banque du riz” qui est un grenier de réserve au service de tous en cas de pénurie. Plus de 100 familles collaborent et jouissent de la banque. Plusieurs villages aux alentours ont voulu adopter cette pratique. Grâce au don d’un hectare de terre marécageuse, offert par une personne de la communauté,  nous avons cultivé une rizière qui aide 12 villages. C’est un champ communautaire. Le gain sert aussi pour soutenir la formation sanitaire, les dépenses pour transporter les enfants à l’hôpital et pour d’autres projets comme la scolarisation des enfants qui guérissent de la malnutrition. Nous produisons, en plus, l’huile rouge de palme pour subvenir à nos besoins. Ce qui reste, nous le gardons en cas de périodes difficiles ou bien nous le vendons quand le prix est intéressant. Il nous a été donné un panneau solaire, très utile pour le “petit service de maternité” et un motoculteur qui, en plus de servir pour certains travaux agricoles, sert aussi à transporter les malades jusqu’à la route goudronnée. Tous ces dons sont acceptés seulement à condition qu’ils contribuent à faire grandir la fraternité entre nous. La communauté de Glolé a fait de la fraternité sa force et elle ne veut pas la perdre. De fait, elle a été capable de refuser un don considérable en argent qui risquait d’amener la division. Durant une récente visite pastorale de l’Evêque, nous nous sommes présentés à lui de cette façon: “Ici à Glolé, grâce à l’esprit de fraternité, chrétiens, animistes et musulmans, vivent tous en harmonie.” [nggallery id=75]

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Année de la Foi

“C’est avec surprise et une grande joie en plus de la gratitude que nous avons accueilli l’annonce de la prochaine « année de la foi » proclamée par le Pape Benoit XVI. Encore plus sa lettre apostolique « Porta fidei », qui porte l’annonce de cette année, qui commencera à partir du 11 octobre 2012,  à l’occasion du 50° anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II. Une fois de plus l’Esprit Saint nous donne une forte impulsion dans cette initiative qui arrive au bon moment en cette période de l’histoire. Les jeunes des JMJ, les familles, les travailleurs et les jeunes qui descendent sur les places, lancent de nouveaux printemps et demandent de profondes réformes sociales ; ce sont des signes qui disent combien l’humanité d’aujourd’hui est à la recherche de changement. J’en ai eu la confirmation moi aussi au cours de mes récents voyages  aux Etats Unis, à Saint Domingue, en Russie, en Slovénie, en Grande Bretagne. « Nous ne pouvons accepter que le sel devienne insipide et la lumière soit gardée cachée »1, écrit le Pape. C’est une urgence que nous sentons profondément nous aussi et nous demande une profonde conversion : vivre avec une intensité particulière la Parole de Dieu. Relancés d’une nouvelle ardeur par le ‘mandat’ du Pape, nous nous sommes engagés à retourner à la radicalité des débuts du Mouvement, à nous ré-évangéliser surtout nous-mêmes, pour ensuite répandre l’évangile, avec sa force de transformation, sur l’humanité qui nous entoure. Encore aujourd’hui – comme l’écrivait déjà Chiara Lubich en 1948 – « le monde a besoin d’un cure d’évangile ». 2 En plus, l’invitation pressante du Pape a rencontré en nous un écho profond à témoigner publiquement de notre foi, de la Parole vécue « comme expérience d’un amour reçu », « communiqué comme expérience de grâce et de joie »3. Au cours des premières années du Mouvement des Focolari la communion des expériences de la vie de la Parole était une nouveauté. Celles-ci étaient irréfutables, parce qu’elles étaient « vie », et fécondes, capables de produire la rencontre vivante avec Jésus, de rassembler les personnes dispersées en une communauté. Benoit XVI nous a rappelé que l’on n’affronte pas cette entreprise tout seuls, mais en compagnie. Nous voulons intensifier cette expérience de communion et de fraternité dans nos milieux de vie : dans les parlements, dans les usines, dans les quartiers, les universités, les familles, parce que c’est dans la communion que le Ressuscité lui-même se rend spirituellement présent, touche les cœurs et transforme. Le Pape nous a renforcés dans notre conviction que c’est maintenant le moment d’une grâce spéciale pour l’Eglise, où l’esprit de renouvellement du Concile est en acte comme il ne l’a jamais été auparavant ». [1] Lettre apostolique “Porta Fidei”, n°3. [2]Lettres des premiers temps. Aux origines d’une nouvelle spiritualité, de F.Gillet et G. D’Alessandro – Città Nuova Editrice, 2010. [3]Lettre apostolique “Porta Fidei”, n°7.

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Les jeunes à Tokyo : concert de solidarité pour Fukushima

C’est l’invitation qui a été lancée par les Jeunes pour un monde uni (JMU) du Japon dimanche 9 octobre à Tokyo dans le cadre du concert « The Power of Smile » (la force du sourire) en mémoire du terrible tsunami qui a frappé la côte du nord du pays. « L’idée d’un concert nous est venue, racontent-ils, quand nous avons constaté à quel point le séisme avait secoué et épouvanté les personnes. Avec « The Power of Smile », nous avons voulu donner à nos amis un moment de sérénité qui puisse être ensuite apportée à tous. Le message lancé aux 170 participants a été repris dans le refrain de la chanson finale disait : « Par la force de mon sourire, je veux croire en la possibilité d’aimer ce pays ». « Ces mois-ci, continuent-ils, de nombreux groupes de JMU du monde se sont dépensés de mille façons pour que leur solidarité nous touche et ces actions nous ont encouragés à faire nous-mêmes quelque chose de concret. » À peine le désastre fut-il avéré, le 11 mars, nous avons organisé une récolte de fonds dans la métropole de Tokyo, ce qui est inhabituel dans notre culture, mais qui a révélé un fort esprit de solidarité et d’altruisme chez de nombreux passants. Ensuite, certains parmi nous se sont rendus pour quelques jours dans le district de Fukushima, réchauffant les réfugiés par une tasse de café et leur écoute pleine d’amour. Ensuite, avec au moins 4 groupes alternant sur scène, le concert attendu. Avant de commencer, nous nous sommes réunis en cercle et nous nous sommes promis que, même s’il restait beaucoup de « lacunes » dans notre organisation, ce que nous souhaitions, c’est que demeure en tous la lumière de notre unité. Au fur et à mesure que le spectacle avançait, j’ai vu devant moi les visages changer, raconte un présentateur. À la différence de nombreux autres concerts, celui que les JMU avaient préparé à Tokyo a été un café-concert, marqué par des interactions continues entre le public et la scène, avec la possibilité de se relaxer, de boire une tasse de café, de se rencontrer et de se .connaître en mangeant un morceau de tarte. À la fin du concert, certains participants ont écrit : « Je voulais partir pour être volontaire à Fukushima, mais je ne l’ai pas pu. Quelle joie alors pour moi, aujourd’hui, d’avoir découvert qu’en donnant mon sourire à tous, j’ai pu faire quelque chose pour apporter de la sérénité à  notre société ». « Je ne m’attendais pas à tant de sourires ! Ils m’ont rempli d’amour. » « Un sourire donné, c’est une force qui vainc tout. » « Toi aussi, moi aussi, tous ensemble nous croyons en la possibilité d’aimer ce pays. [nggallery id=73]

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Sophia et la vie de la Parole

«L’inauguration de la nouvelle année académique de l’institut universitaire Sophia, au seuil de sa quatrième année d’existence, constitue indubitablement une occasion opportune pour nous arrêter et jeter un regard rapide sur le chemin parcouru jusqu’ici, afin d’en tirer une motivation pour ce qui nous attend encore. Les résultats académiques obtenus sont un fait encourageant. Les travaux de thèse, qui ont marqué la fin du parcours d’un certain nombre d’étudiants, en sont un signe particulièrement éloquent. En effet, ces travaux sont le fruit d’un travail intellectuel conduit avec sérieux et compétence, mais ils sont aussi le fruit d’une expérience qui a des caractéristiques tout à fait uniques. Cette expérience, fidèle à l’esprit du charisme de l’unité qui anime l’institut, conjugue la pensée et la vie concrète, les études, qui ont une place centrale, et les rapports qui sont à construire et à alimenter quotidiennement au sein de l’ensemble de la communauté académique. Tout ceci nous permet d’envisager l’avenir de Sophia avec un optimisme réaliste, car, tout en étant conscients des difficultés qui ne pourront manquer sur le chemin, nous poursuivons avec conviction un projet lumineux qui s’est manifesté et dont nous voyons déjà en germe la réalisation. Et, pour que ce projet dont Sophia est la dépositaire aille vers sa pleine réalisation, je désire cette année attirer votre attention sur l’un des points fondamentaux autour desquels se développe l’expérience de Sophia, à savoir, la vie de la Parole. Je voudrais pour cela vous inviter à vous laisser imprégner profondément par la Parole, c’est-à-dire par la façon de penser de Jésus, par sa façon de vouloir et d’aimer. Vivre la Parole, laisser la Parole vivre en nous : c’est à cela que nous exhortait Chiara Lubich, qui voyait là une condition indispensable pour accéder à une nouvelle manière d’être et de connaître. En effet, seul un homme transformé par la Parole peut effectuer une vraie conversion de l’esprit. Cet homme peut alors devenir un transmetteur crédible de la vérité annoncée, mais aussi de la vérité vécue. Il peut avoir une incidence efficace dans les différents milieux sociaux et culturels où il agit, et y introduire le germe fécond de la vie de l’Évangile. C’est ce dont Sophia peut donner un témoignage authentique, grâce à l’apport de chacun de vous. C’est aussi le souhait que je vous adresse de tout cœur.» Maria Voce


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Inauguration de la quatrième année académique de l’Institut universitaire Sophia (IUS)

Espérances et doutes : « tels sont les sentiments dans nos cœurs lorsque nous sommes arrivés à l’IUS » raconte Gabriel Almeida, représentant des étudiants. Sophia est pour nous la réponse à un appel personnel que Dieu adresse à chacun et qui rencontre l’histoire de tant de personnes, prêtes à être toujours mieux une petite communauté itinérante désireuse de construire, non sans efforts, la civilisation de l’amour. » On respire un air de changement, de croissance et de nouveauté à l’aube de cette quatrième année académique. Environ un millier de professeurs, étudiants, amis de toute l’Italie ont participé le 17 octobre à Loppiano, à l’inauguration de cette année académique, comme d’ailleurs des maires de Toscane, des personnalités religieuses et politiques et différents professeurs d’institutions européennes avec lesquelles Sophia entretient des relations fructueuses. « Sophia est une réalité jeune dans son acte fondateur, a affirmé Mgr. Betori, grand chancelier de l’Institut et archevêque de Florence, dans son discours d’ouverture, « mais qui trouve une large place au sein du monde académique, au sein duquel il a été possible de présenter une proposition nouvelle dans le contexte culturel actuel, propre à enseigner le dialogue et la communion. Je vous adresse l’exhortation du Pape au séminaire de Fribourg : «Nous sommes l’Église. Soyons-la ! Soyons la pour nous ouvrir pour aller au-delà de nous-mêmes et pour être ensemble aux autres » ». Les résultats obtenus par Sophia au cours de ces quatre premières années de vie s’avèrent encourageants : à ce jour, 83 étudiants ordinaires se sont inscrits aux cours de maîtrise, dont 34 cette année. 33 ont défendu leur thèse et ont obtenu le titre académique en « Fondements et prospectives d’une culture de l’unité ». 15 sont inscrits dans le cycle du doctorat, tandis que 7 sont issus d’un parcours de maîtrise d’autres institutions académiques et sont en train d’acquérir les crédits nécessaires pour accéder au doctorat. Il convient aussi de relever la présence d’étudiants à titre extraordinaire pour lesquels des parcours appropriés et personnalisés ont été prévus. » Et ce sont justement les résultats académiques qui sont l’élément le plus encourageant de l’IUS, comme le relève la Vice-Chancelière et Présidente du Mouvement des Focolari, Maria Voce : «Chaque fois que je signe un diplôme, je ressens la joie de déclarer qu’une autre personne est arrivée à acquérir les principes de cette culture de l’unité pour la porter au monde. Ce qui a été construit jusqu’à présent nous permet de regarder l’avenir avec un optimisme réaliste ». Le pivot de base sur lequel il convient de développer aussi l’expérience de Sophia est établi dans la vie de la Parole évangélique : « Je vous invite à vous laisser envahir profondément par la vie de la Parole évangélique, donc de la façon de penser, de vouloir et d’aimer de Jésus. » Illustrant les défis et les perspectives pour le futur de cette communauté académique, le président Piero Coda a expliqué qu’il serait nécessaire de requalifier le cursus des études, de façon à rendre les titres plus correspondants au niveau scientifique et plus négociables sur le plan académique et professionnel. C’est la raison pour laquelle nous sommes en train de définir trois nouvelles filières de maîtrise spécialisée en Études politiques, Économie et gestion, Ontologie trinitaire ». Un espace plus important sera donné, au sein de l’Institut, à l’étude et à la recherche en sciences sociales par l’instauration d’une chaire de « Fondements des sciences sociales » et par un prochain congrès en collaboration avec l’Université de Trente. Vera Aranjo, une sociologue brésilienne, dans son discours officiel, se déclare convaincue qu’« il n’y a jamais eu meilleure époque que l’époque actuelle pour un sociologue ». « Nous voudrions nous aussi dire un mot de la possibilité de trouver de nouveaux paradigmes et de nouveaux modèles : la personne, la fraternité, la communion, l’amour-agapé, l’unité. Il ne s’agit pas seulement de concepts ou de paradigmes, mais aussi d’outils à insérer dans la boîte à outils des opérateurs sociaux». Cette réflexion a la saveur d’un encouragement et d’un espoir pour la nouvelle sociologie mais aussi, et peut-être surtout, pour l’aventure académique de Sophia, appelée à imprégner la société d’une culture nouvelle. [nggallery id=72] Altre foto: Flickr photostream

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Spiritualité de l’unité: l’amour réciproque

L’Évangile que Chiara et ses compagnes lisaient dans les refuges était une découverte continuelle, c’était un livre qu’elles ne connaissaient pas vraiment auparavant : personne ne leur en avait jamais parlé en ces termes. « Jésus agit toujours en tant que Dieu. Pour le peu que l’on donne, il nous comble de dons. On est seule et on se retrouve entourée de mille mères, pères, frères, sœurs et de tous les biens de Dieu que l’on peut distribuer à ceux qui n’ont rien ». Ainsi pour chacune d’elles se consolidait la conviction, parce que basée sur l’expérience, qu’il n’existe pas de situation humaine problématique qui ne puisse trouver une réponse, explicite ou implicite, dans ce petit livre qui rapportait des paroles célestes. Les personnes qui adhéraient au mouvement naissant s’y immergeaient, s’en nourrissaient, se ré-évangélisaient et expérimentaient que tout ce que disait et promettait Jésus se réalisait immanquablement. Chiara écrivait : « La guerre continuait. Les bombardements se succédaient. Les refuges n’étaient pas suffisamment sûrs et la possibilité de comparaître rapidement devant Dieu se faisait toujours plus grande. Tout cela faisait naître un désir dans notre cœur : mettre en pratique dans ces moments, qui pouvaient être les derniers de notre vie, la volonté de Dieu qui lui tenait le plus à cœur. Nous nous sommes alors rappelées le commandement que Jésus déclare sien et nouveau : “Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime” (Jn 15,12-13). La découverte du « commandement nouveau » les enflamma à tel point que l’amour réciproque devint leur habitus, leur façon d’être. C’était ce même amour qui attirait à leurs réunions tant de gens, de tous âges et classes sociales. S’aimer réciproquement n’était pas pour eux une option mais leur façon même d’être et de se présenter au monde. « Jésus, disait-on, comme un émigrant, a apporté parmi nous les us et coutumes de sa propre patrie. En nous donnant “son” commandement, il a apporté sur la terre la loi du Ciel, qui est l’amour entre les trois personnes de la sainte Trinité. Nous nous sommes regardées dans les yeux et nous avons décidé : “Je veux être prête à mourir pour toi”. “Moi pour toi”. Toutes pour chacune. Mais, si nous devions être prêtes à donner la vie l’une pour l’autre, il était logique que, dans le même temps, il fallait répondre aux mille exigences que l’amour réciproque réclamait : il fallait partager les joies, les douleurs, le peu de biens que nous avions, nos expériences spirituelles personnelles. Nous nous sommes efforcées de faire ainsi pour que soit vivant entre nous, avant tout autre chose, l’amour réciproque. « Un jour, dans le premier focolare, nous avons sorti de l’armoire le peu choses que nous possédions, nous en avons fait un tas au milieu de la chambre, et nous avons donné ensuite à chacune le peu dont elle avait besoin et aux pauvres le superflu. Prêtes à mettre notre salaire en commun, ainsi que tous les biens, petits et grands, que nous avions ou que nous pourrions avoir par la suite. Prêtes à mettre en commun également les biens spirituels… Le désir même de sainteté était passé au second plan, derrière notre unique choix : Dieu, qui excluait tout autre objectif mais incluait, évidemment, la sainteté qu’il avait pensée pour nous. « Lorsque, par la suite, il y eut inévitablement des difficultés du fait des imperfections de chacune de nous, nous avons décidé de ne plus nous regarder avec nos yeux humains, qui nous font découvrir la paille de l’autre en oubliant notre poutre, mais avec celui qui pardonne tout et oublie. Et nous sentions si nécessaire le pardon réciproque, à l’image de Dieu miséricordieux, qu’on s’est proposé entre nous une sorte de vœu de miséricorde : celui de se lever chaque matin en se voyant comme des personnes “nouvelles”, qui n’étaient jamais tombées dans ces défauts ».

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Une communauté qui éduque, un pari gagnant

Presque paradoxalement, dans un monde toujours plus globalisé et communiquant, le sentiment d’être étranger et les espaces de solitude augmentent, avec des conséquences négatives évidentes au niveau individuel et collectif, au point que l’OMS en est arrivée à prévoir qu’en 2030, la dépression des jeunes pourrait devenir, dans l’absolu, la deuxième cause de mortalité. Et pourtant, toujours davantage et sous toutes les latitudes – comme cela a été signalé dans l’intervention préparée par la Commission Internationale EdU – on constate « une volonté de communauté » (d’après l’expression de Z. Bauman), et, à partir de ce besoin radical, on reconnaît la nécessité de « former l’homme-relation », idée-clé de Chiara Lubich dans le domaine éducatif. Elle l’avait soulignée dans sa lectio à l’occasion du doctorat honoris causa en pédagogie (USA, 2000), et maintenant, cette idée-clé est rappelée avec force au cours de cette 5ème rencontre pédagogique de l’EdU. Un pari engageant et fascinant qui a impliqué les 270 participants (professeurs d’université, enseignants, parents, étudiants), ainsi que tous ceux qui ont suivi la retransmission Internet, de la Sicile à l’Albanie, de Malte à la Slovénie, et jusqu’à la Colombie et d’autres pays non européens. Il n’y eut pas seulement des réflexions sur le besoin essentiel de nouer des relations authentiques en tant que fondement d’une authentique communauté, mais la possibilité de l’expérimenter par les échanges au cours des nombreux moments de dialogue et par les présentations croisées d’expériences éducatives. Ces dernières, afin de rester en cohérence avec le thème de la rencontre, ont considéré la complexité de la construction d’une réalité communautaire dans des contextes variés – en faisant participer des familles, des écoles, des institutions présentes sur le territoire – à partir de l’audace de personnes capables de tisser des relations et des alliances, renversant ainsi la tentation individualiste répandue et injectant des doses d’espérance, élément incontournable de tout projet éducatif. L’intervention stimulante du professeur Domenico Bellantoni (Université Pontificale Salésienne, Rome) a permis d’approfondir le sens de la relation dans le contexte communautaire. Il a participé à la journée entière et, à partir de la logothérapie de Victor Frankl, a approfondi l’idée de personne-auto transcendance, ouverte de ce fait à la relation et à la responsabilité. D’autres interventions, bientôt disponibles sur le site de l’EdU (www.eduforunity.org), ont été faites par Maria Ricci, Michele De Beni, Teresa Boi et Giuseppe Milan, qui ont présenté plus directement les contributions sur lesquelles a porté cette année le travail de la Commission centrale EdU. Le dialogue final fut aussi riche, provoqué par les questions ouvertes posées dans les travaux de groupe. Les participants sont repartis avec joie et un élan éducatif renouvelé, comme en témoignent quelques impressions : « On peut le faire : je sors d’ici avec une espérance nouvelle ! », « Il faut apprendre la grammaire de la relation », « Nous sommes prêts à un engagement individuel et collectif, à faire des propositions constructives et à savoir les perdre », « Le fait de se voir nouveaux chaque jour crée la communauté ». Et sur les messages arrivés par Internet : « Quelle possibilité extraordinaire de construire des rapports personnels entre nous et dans notre communauté, avec l’aide aussi des moyens de communication » (Slovénie) ; « Je suis disposée, avec tous, à m’engager à poursuivre avec espoir ce grand projet. » (Argentine).  

Unité et Jésus abandonné.

Les délégués des Focolari du monde entier ont conclut leur rencontre

Selon l’usage, la rencontre a débuté par trois jours de retraite spirituelle centrés sur la Parole de Dieu – point de la spiritualité de Chiara Lubich qui, cette année, caractérisera la vie des membres du mouvement des Focolari – et sur la Nouvelle Evangélisation, en vue du Synode des Evêques de 2012, du 7 au 28 octobre. Les thèmes ont été approfondis à la lumière de l’Exhortation Apostolique post-synodale “Verbum Domini” de Benoît XVI et en suivant les ‘Lineamenta’ pour le Synode de 2012. Quelques méditations de Chiara Lubich ont permis de parcourir avec elle comment, pendant la seconde guerre mondiale, elle avait redécouvert la Parole et comment elle est vécue dans le Mouvement aujourd’hui, avec les effets qu’elle produit: “elle change les mentalités, fait resplendir la vie, rend libre, donne la joie, suscite des vocations, crée la communauté”. Le tout accompagné de témoignages sur la vie de la Parole dans des contextes très variés et quelques fois adverses et de partages entre les participants, caractéristique qui distingue les rencontres Focolari. Les travaux ont été introduits par l’actuelle présidente, Maria Voce, et par le co-président, Giancarlo Faletti, avec un exposé sur leurs activités de l’année écoulée touchant trois points:

  • les voyages (Espagne, Terre Sainte, Canada, USA, Saint-Domingue, Russie, Hongrie, Tchéquie, Slovénie et Angleterre), d’où ressort la beauté de chaque peuple, leur contribution au “projet du monde uni”, ainsi que le grand thème de l’inculturation.
  • le dialogue, dont le développement, l’extension et un changement ont pu être constatés: il y a des personnes n’appartenant pas à l’Eglise catholique, des non chrétiennes et des personnes dont les options sont autres que religieuses, qui font partie de la même “famille” des Focolari.

*  les perspectives et priorités: la priorité des priorités est la vie, éclairée par la Parole de Dieu. La Nouvelle Evangélisation. En 2002 Chiara Lubich en avait parlé à un groupe d’Evêques, en partant de Jean-Paul II qui mentionnait les Mouvements en tant qu’instruments particuliers pour son actualisation. L’évangélisation est dite “nouvelle” parce qu’elle doit être telle dans son ardeur, ses méthodes et ses expressions. La première annonce à faire est: Dieu t’aime. Cette nouvelle évangélisation doit arriver à former des communautés chrétiennes mûres. De tout l’Evangile, la parole à souligner est celle de l’amour. Mais cela signifie aussi incarner le commandement nouveau de Jésus “de façon toujours plus authentique et radicale”. Le monde est au rendez-vous. A tour de rôle, chaque zone géographique a raconté la situation dans laquelle vivent les membres des Focolari dans les différentes régions du monde. Une attention particulière a été donnée au Moyen-Orient à travers l’expérience de dialogue vécu avec tous les focolarini de ces pays, expérience née de l’exigence de trouver ensemble une ligne pour affronter les nouveaux défis de cette terre si travaillée où le dialogue entre les différentes cultures semble parfois entravé par des murs infranchissables. Vincenzo Buonomo, docteur en Droit International, a ensuite exposé la situation du Moyen-Orient et le développement du monde arabe. Puis le continent Africain. Les focolarini qui y vivent, ont présenté l’histoire religieuse et socioculturelle de ce continent, en décrivant aussi les étapes de la diffusion de la spiritualité de l’unité en Afrique Subsaharienne. Jeunes et adultes. La caractéristique de cette rencontre a également été la présence des jeunes qui ont enrichi le programme des délégués des Focolari à différents moments: durant l’après-midi dédié au Genfest (Budapest, 31 août – 2 septembre 2012); lors de la présentation d’un projet de formation pour les jeunes à partir de You Cat, et avec la projection du documentaire “Ensemble c’est possible. Sur les traces de Carlo et Alberto” sur la vie de deux Gen pour lesquels a débuté le procès de béatification, des deux ensemble. La veille du dernier jour, samedi 8 octobre, Maria Voce s’est reliée par Internet avec des milliers de personnes pour une salutation et un voeu. Maria Voce a en effet exprimé aux membres des Focolari du monde entier un rêve: Si aujourd’hui, chacun de nous, en commençant dès maintenant, se met à vivre la Parole de Dieu avec la même intensité que les premières focolarines qui la vivaient avec Chiara, il sera avec les autres autant de lumières qui s’allument et tracent les chemins du monde comme des rayons lumineux, ”. Et elle a ajouté: “comment ne pas s’attendre à tout et à beaucoup? Comment ne pas penser que ces lumières ont la possibilité d’éclairer tous les recoins de cette cave obscure qu’est le monde?” Le voeu est celui d’une “ année splendide et lumineuse”, en écho au ‘testament’ spirituel de Chiara Lubich “laisse à celui qui te suit seulement l’Evangile”.  

Unité et Jésus abandonné.

Spiritualité de l’unité: l’amour du prochain

L’aventure des jeunes filles de Trente réunies autour de Chiara ne pouvait laisser indifférente la population de la ville, qui comptait alors quelques dizaines de milliers d’habitants, pas plus que l’Église du lieu. Le comportement des jeunes filles de la « maisonnette » de la place des Capucins, siège du premier « focolare », laissait stupéfaits grands et petits. Dans ce modeste appartement, les pauvres étaient chez eux. Les problèmes sociaux de la ville, saignée à blanc par la guerre, ces jeunes filles les faisaient leur. Elles pensaient vraiment réussir à les résoudre, en croyant simplement à la vérité des paroles de l’Évangile. En aimant chaque « frère », chaque prochain, l’un après l’autre. Chiara écrivait : « Parmi toutes les Paroles, notre charisme nous souligna immédiatement celles qui concernaient spécifiquement l’amour évangélique envers chaque prochain, et pas seulement envers les pauvres, lorsque nous avons lu dans l’Évangile ces paroles de Jésus : “Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères – c’est-à-dire à tous, ajoute Chiara – c’est à moi que vous l’avez fait !” (Mt 25,40). Alors, notre vieux mode de concevoir le prochain et de l’aimer s’est écroulé. Si le Christ était d’une certaine façon en tous, on ne pouvait faire de discriminations, on ne pouvait avoir de préférences. Les concepts humains qui classifiaient les hommes ont volé en éclat : compatriote ou étranger, vieux ou jeune, beau ou moche, antipathique ou sympathique, riche ou pauvre, le Christ était derrière chacun, le Christ était en chacun. Et chaque frère était réellement un “autre Christ” – si la grâce enrichissait son âme – ou un “autre Christ”, un Christ en devenir – s’il était encore loin de lui. « En vivant ainsi, nous nous sommes rendu compte que le prochain était pour nous la route pour arriver à Dieu. Bien plus, le frère nous est apparu comme une arche sous laquelle il était nécessaire de passer pour rencontrer Dieu. Nous avons expérimenté cela dès les premiers jours. Quelle union à Dieu le soir, pendant la prière ou dans le recueillement, après l’avoir aimé toute la journée dans les frères ! Qui nous donnait cette consolation, cette douceur intérieure si nouvelle, si céleste, sinon le Christ qui vivait la phrase : “Donnez et on vous donnera” (Lc 6, 38) de son Évangile ? Nous l’avions aimé toute la journée dans les frères et voici que lui nous aimait à son tour. Et de quelle utilité nous a été ce don intérieur ! C’étaient les premières expériences de la vie spirituelle, de la réalité d’un royaume qui n’est pas de cette terre. Ainsi, dans le merveilleux chemin que l’Esprit nous montrait, l’amour du prochain fut un nouveau fondement de notre spiritualité ».

Unité et Jésus abandonné.

À l’exemple de Saint-François

Au Paradis terrestre, Dieu conversait avec l’homme : Père qui dialogue avec son fils. Le péché rompt le dialogue. Pour le rétablir, la parole (le Verbe) est venue sur terre et s’est faite chair: le Verbe devient Médiateur entre les hommes et Dieu et, par Lui, le dialogue se rétablit..

Il suscite un ordre nouveau, dont la loi est l’amour. Et l’amour s’exprime en premier lieu par la parole : l’amour n’est pas monologue, il est dialogue, il ne se referme pas sur lui-même, mais recherche l’autre et le sert.

(…) Le Christ rompt toutes les barrières et rétablit le contact avec tous. Il parle avec des femmes perdues, comme aussi avec des bandits, il pardonne, y compris aux crucifiés (…) .Il est venu pour les pécheurs et non pour les justes, qui n’existent pas.

Saint Paul, pharisien devenu chrétien, risque de se faire tuer par ses anciens compagnons de faction, parce qu’il rencontre des impurs, des païens, ces païens avec lesquels les Juifs zélotes ne parlaient pas et dont il tirera la grande Église. Pour lui, il n’y avait ni Juifs ni Grecs, ni esclaves ni maîtres, ni hommes ni femmes, mais des âmes toutes filles de Dieu.

(…) Une impulsion puissante a été donnée à l’évangélisation du monde, et donc au développement de la civilisation chrétienne, dès le deuxième siècle, par le dialogue des apologistes grecs – Justin en tête – avec des penseurs païens quand ceux-ci recherchent dans la sagesse de Socrate et Platon et des sages romains et d’autres races les germes de la Raison divine et, dès lors, les valeurs de la solidarité, de la communion, de l’égalité.  C’est ainsi qu’un terrain d’entente fut trouvé et que s’engagea un dialogue, qui a rapproché gentils et chrétiens, après que des persécutions des empereur et des controverses théologiques les avaient davantage séparés.

Les malheurs  de la division et du silence sont survenus quand la religion a été remuée – et mêlée aux intrigues de la politique  et alors, au lieu de s’entretenir avec les musulmans, à l’exemple de François d’Assise, elle s’est battue contre eux, perdant temps, argent et âmes pour des générations (…) Face à toutes ces formes de régression, ce fut le groupe des saints qui fit vivre le dialogue.

(…) Et c’est le dialogue qui, sous l’impulsion des papes Jean XXIII et Paul VI, a rapproché orthodoxes, protestants et catholiques en quelques années, ce que n’avaient pas réussi les controverses et subtilités, oublis et silences de nombreux siècles.

(…) La religion ne connaît pas d’autre obstacle que la haine, car elle est l’amour. Elle cherche l’unité et la paix.

Igino Giordani – Extrait de “Ut unum sint”, 1967, n.7, pp.28-30.

Unité et Jésus abandonné.

Lundi tu auras le ciment. Histoires de chefs d’entreprises

Germán M. Jorge

«Le téléphone sonne ; c’est le principal concurrent de notre pays, responsable d’une usine de fabrication de ciment. Il me demande si nous pouvons lui vendre une certaine quantité de ciment parce que les autres fournisseurs ne lui font plus crédit. Il traverse un moment particulièrement difficile sur le plan financier en raison de la dissolution de la société de sa famille, avec toutes ses conséquences. Je savais que la situation était grave et je sentais au-dedans de moi qu’était arrivé le moment tant attendu : j’avais l’occasion de changer le cours de l’histoire ; sur le marché ce concurrent risquait gros avec moi et il avait dit aux autres collègues que son erreur avait été de me laisser relever la tête. Après sa demande, la conversation s’est poursuivie à peu près comme cela :

– Ne te préoccupe pas, lundi tu auras le ciment.

– Mais je ne sais pas si les chèques pourront être prêts pour lundi; cela fait deux mois que je ne reçois pas mon salaire.

– Il n’y a pas de problème; appelle-moi quand ils seront prêts.

– Quel sera le prix?

– Le prix que je paye. Ce sera ce que tu me dois. – Mais tu ne gagnes rien de cette façon. – çà ne sert à rien que je gagne dans cette affaire; vous ne serez jamais mes clients et maintenant vous avez besoin d’un coup de main.

Il me remercie et la conversation s’arrête là. Mais je vous assure que la plénitude et la joie que j’éprouve à ce moment valent beaucoup plus que le ciment. Ce fait a étonné mes employés. Au début ils ne comprenaient pas et j’ai dû leur expliquer que le plus important n’était pas le fait en soi, mais ce que cela peut provoquer à l’intérieur et à l’extérieur de notre entreprise. Ce mois-là, nous avons battu le record des ventes et en plein dans la crise, nous réussissons maintenant à vendre 30% de plus par rapport à l’an passé à la même période. Cette façon de se comporter, en se mettant au service des autres, a renforcé notre réputation et nous permet de nouvelles opportunités de business chaque jour, sans qu’il soit pratiquement nécessaire de les chercher. Je crois que si les entreprises découvraient l’utilité, même économique, que les principes de l’Economie de Communion, vécus avec radicalité, engendrent, ils n’hésiteraient pas à les mettre en pratique».   de Germán M. Jorge Source: “Economia di Comunione – una cultura nuova” n.30

Unité et Jésus abandonné.

Spiritualité de l’unité: La Parole de Dieu

Elles mettaient en pratique une phrase de l’Évangile, et – ce qui était une nouveauté pour l’époque – Chiara et ses premières compagnes, pour s’encourager mutuellement et pour progresser ensemble, se racontaient les fruits que la Parole, vécue, avait produit dans leur vie. Chiara raconte : « Nous sommes toujours en temps de guerre. Chaque fois que la sirène sonne l’alerte aérienne, dans l’abri nous ne pouvons emporter qu’un petit livre : l’Évangile. Nous l’ouvrons, et ces paroles, que nous connaissons pourtant par cœur, deviennent lumineuses sous l’effet du nouveau charisme, comme si une lumière les éclairait de l’intérieur. Elles enflamment nos cœurs et nous poussent à les mettre aussitôt en pratique. Elles nous attirent toutes, et nous nous efforçons de les vivre une par une. Par exemple, je lis à voix haute, pour mes compagnes : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” (Mt 19,19). Ton prochain. Où était notre prochain ? Il était là, tout près de nous, dans toutes ces personnes que la guerre frappait, qui étaient blessés, qui n’avaient plus ni vêtements ni maison et qui souffraient de la faim et de la soif. Alors, aussitôt, nous leur portions secours par tous les moyens. « L’Évangile nous l’assure : “Demandez, on vous donnera” (Mt 7,7). Nous demandons, pour les pauvres, et – chose extraordinaire en ces temps de guerre – chaque fois, Dieu nous comble de toutes sortes de biens ! Un jour, c’est un des premiers épisodes et nous le racontons souvent, un pauvre m’a demandé une paire de chaussures pointure 42. Sachant que Jésus s’était identifié aux pauvres, je suis allée à l’église Sainte-Claire et j’ai adressé au Seigneur cette prière : “Donne-moi une paire de chaussures pointure 42, pour toi dans ce pauvre”. À peine sortie, je rencontre une jeune fille qui me tend un paquet. Je l’ouvre : il contenait une paire de chaussures pointure 42. « Nous lisons dans l’Évangile : “Donnez et on vous donnera” (Lc 6,38). Nous donnons, nous donnons et chaque fois nous recevons en retour. Ce jour-là, il ne nous reste qu’une seule pomme à la maison. Nous la donnons à un pauvre qui vient demander. Dans la matinée, nous voyons arriver une douzaine de pommes, peut-être d’une parente de l’une d’entre nous. Ces pommes-là aussi, nous les donnons à d’autres personnes qui frappent à la porte et, dans la soirée, c’est une valise pleine de pommes qui arrive. C’est toujours la même expérience qui se répète. « Autant d’épisodes qui, l’un après l’autre, nous étonnent et nous émerveillent. Notre joie est immense et contagieuse. Jésus avait promis et, aujourd’hui encore, il tient sa promesse. Jésus n’est donc pas une figure du passé ; il appartient au présent. Et l’Évangile est vrai. Cette constatation nous donne des ailes sur le chemin que nous venons d’entreprendre. Et quand les gens nous interrogent sur les raisons de notre joie en ces temps de si grande tristesse, nous leur disons ce que nous sommes en train de vivre. Ce qu’ils retiennent, ce n’est pas leur rencontre avec un petit groupe de jeunes filles ou un mouvement naissant, mais plutôt le sentiment d’avoir rencontré Jésus vivant ».

Octobre 2011

« Suis-moi »

Ces mots, Jésus les avait déjà adressés à André, Pierre, Jacques et Jean sur les rives du lac. Dans un contexte différent, Paul recevra le même appel sur la route de Damas. Mais Jésus ne s’est pas arrêté là. Au cours des siècles, il a continué à appeler à lui des hommes et des femmes de tous peuples et de toutes nations. Il le fait encore aujourd’hui : il passe dans notre vie, il nous rencontre en des lieux différents, de manières différentes et il fait de nouveau résonner en nous son invitation à le suivre. Souhaitant établir avec nous un rapport personnel, il nous appelle à demeurer avec lui et il nous invite en même temps à collaborer avec lui au grand dessein d’une humanité nouvelle. Malgré nos faiblesses, nos péchés, nos misères, il nous aime et nous choisit tels que nous sommes. Son amour nous transformera et nous donnera la force et le courage de le suivre comme l’a fait Matthieu. Il a pour chacun un amour, un projet de vie, un appel particuliers. On les perçoit en nous dans une inspiration de l’Esprit-Saint, en certaines circonstances ou encore dans un conseil, une indication de quelqu’un qui nous aime… Malgré la diversité de ses manifestations, il fait toujours résonner la même parole :  

« Suis-moi »

Un jour, j’ai, moi aussi, ressenti cet appel de Dieu. C’était en un froid matin d’hiver, à Trente. Maman avait demandé à ma plus jeune sœur d’aller chercher le lait à deux kilomètres de chez nous, mais il faisait trop froid et elle n’en avait pas envie. Mon autre sœur avait refusé, elle aussi. Alors je me suis proposée : « J’y vais, maman », et j’ai pris la bouteille. Je suis sortie de la maison et à mi-chemin, il s’est passé quelque chose d’un peu particulier : c’était comme si le ciel s’ouvrait et que Dieu m’invitait à le suivre. Ces mots ont résonné dans mon cœur : « Donne-toi toute à moi ! » C’était un appel explicite auquel j’ai tout de suite voulu répondre. J’en ai parlé à mon confesseur qui m’a permis de me donner à Dieu pour toujours. C’était le 7 décembre 1943. Il ne me sera jamais possible de décrire ce qui s’est passé en moi ce jour-là : j’avais épousé Dieu. Je pouvais tout attendre de lui.

« Suis-moi »

Ces mots ne concernent pas seulement le moment déterminant où nous choisissons l’orientation de notre vie, Jésus continue à nous les adresser chaque jour. “Suis-moi”, semble-t-il nous dire devant les devoirs quotidiens les plus simples ; “Suis-moi” dans cette épreuve à étreindre, dans cette tentation à surmonter, dans ce service à accomplir… Comment lui répondre concrètement ? En faisant ce que Dieu veut dans le moment présent, toujours porteur d’une grâce particulière. Nous nous efforcerons donc ce mois-ci de nous engager résolument à vivre la volonté de Dieu ; de nous consacrer aux frères et aux sœurs que nous avons à aimer, à notre travail, à nos études, à notre vie de prière, à notre repos, aux activités que nous devons accomplir. Apprenons à écouter en nous la voix de Dieu qui nous parle aussi à travers celle de la conscience : elle nous dira ce qu’il veut de nous à chaque instant, soyons prêts à tout sacrifier pour le réaliser. « Donne-nous de T’aimer, ô Seigneur, chaque jour davantage. Mais cela ne suffit pas, car les jours qui nous restent sont peut-être trop peu nombreux. Donne-nous alors de T’aimer à chaque instant présent, de tout notre cœur, de tout notre esprit et de toutes nos forces, en ce qui est Ta volonté ». C’est la meilleure façon de suivre Jésus.

Chiara Lubich
* Parole de vie publiée en juin 2005
Unité et Jésus abandonné.

Argentine : une fête inoubliable

Samedi 24 septembre, la Mariapolis Lia, la citadelle argentine des Focolari, située dans la pampa, se prépare à recevoir plus de mille jeunes. Le premier autobus arrive de Paranà (Argentine) avec 50 jeunes qui ont fait 12 heures de voyage.  Parmi eux il y a Juan Carlos, qui vient pour la première fois, invité par une amie d’université qui lui a simplement dit : « C’est une expérience unique à vivre ! ». Arrivent ensuite d’autres jeunes de Buenos Aires, Cordoba, Rosario, Bahia Blanca, Neuquén, Federal, Chaco, Salta, Asuncion (Paraguay) et Montevideo (Uruguay). Le climat de fin de semaine s’annonce agréable, le printemps dans l’hémisphère austral vient d’arriver. Repas tiré du sac dans l’immense parc, et ensuite les visites à la citadelle, organisées par petits groupes. Après le repas du soir, jeux et karaokés dans l’amphithéâtre jusqu’après minuit. Derrière les coulisses, il y a les 80 jeunes qui, vivant cette année dans la citadelle, travaillent pour tous. Dimanche 25 septembre. La grande salle est comble. La Fête des Jeunes 2011 commence. Des personnages masqués composent une chorégraphie qui ne laisse indifférents aucun des 1000 jeunes présents. Petit à petit, à travers les différentes expressions artistiques, se dévoile le slogan choisi pour cette journée : « La Révolution c’est aimer, le oui est en toi ». Peu de paroles, juste celles qu’il faut  pour ne pas perdre le fil conducteur, témoignages qui démontrent comment l’amour – qui prend l’initiative, qui n’exclut personne, qui est concret – révolutionne les milieux. Comme ce qui est arrivé avec les compagnons de classe de Felipe, dans le quartier où il cherche  à aider Santiago, ou à la régie de Ciel et Virgina, ou encore à Carina et ses amis avec les tremblements de terre du Chili. Un opéra théâtral, avec des scènes parfois dramatiques et d’autres faisant sourire, fait parcourir le chemin que font de nombreux jeunes : de l’indifférence et de l’irresponsabilité à la pratique de l’amour envers tous. Dans une vidéo passent rapidement les histoires vraies de trois jeunes qui sont arrivés au but : Marcos, mort accidentellement sur son lieu de travail ; Juamma, qui, avec ce style de vie dans le cœur, s’est donnée inlassablement pour les plus démunis et qui, dans un voyage pendant les vacances, a eu un accident sur un fleuve ; Lucia, morte de la leucémie. Trois jeunes comme les autres, avec le même désir de vivre, avec de nombreux projets, mais qui ont révolutionné leur vie  et leurs milieux avec l’amour. Gabriel était venu à la fête de l’année précédente avec de nombreuses expériences pesantes dans son sac. Ce jour a été pour lui la clé de voûte. Il est reparti dans sa ville natale, Mendosa, disposé à renouer le rapport avec ses parents et à recommencer. En janvier dernier il est venu à la citadelle pour y rester une année et aujourd’hui  il a donné à tous l’expérience du chemin tortueux parcouru et les défis du moment qu’il partage avec les garçons et les filles de diverses cultures et provenances. Plus de deux heures ont passé, mais le temps a paru si court ! Le parc se remplit de groupes qui jouent de la guitare, dansent, jouent au ballon, ou tout simplement, parlent. Tous attendent d’entrer dans le labyrinthe. ‘’Tuweln’’, en mapuche (langue d’une ethnie indigène du sud de l’Argentine et du Chili), signifie « commencer quelque chose ». C’est ce qui veut être exprimé avec ce labyrinthe original. On passe d’une salle à l’autre et, avec des photos, des phrases, des vidéos, on fait un parcours qui mène à une conclusion : «  le défi est en toi ». Certainement, quelque chose ‘’commence à naître’’ en chacun. A la fin, Chiara Lubich, dans une vidéo, parle de la Révolution de l’Amour que chacun peut engendrer autour de lui et le filet, tressé entre tous, est la réponse à cette invitation : nous ne sommes pas seuls, mais nous comptons sur la force de l’unité. Et après l’avoir expérimentée, il est difficile de partir. Se succèdent des chansons aux rythmes animés et tous chantent et participent. Sur un mur, les  jeunes laissent leurs impressions. Parmi elles, on peut lire : ‘’Cela vaut la peine de tout donner pour l’unité’’ !

Unité et Jésus abandonné.

Le Pape en Allemagne

« Benoît XVI s’est rendu sur sa terre natale, du 22 au 25 septembre, où il a passé quatre jours très intenses. Même si les messes – célébrées en plein air au stade olympique de Berlin, place de la Cathédrale à Erfurt, à Etzelsbach, sanctuaire de la région de Thuringe, et à Fribourg en Forêt Noire – ont été des moments saillants de son séjour, à travers de nombreuses autres rencontres, le Pape a clairement témoigné de ne pas être venu seulement pour les 30% de catholiques. Il a  en fait rencontré de représentants du Judaïsme et de l’Islam, il a fait un discours, digne d’être remarqué, à la Chambre des députés allemands et il s’est entretenu avec des représentants des Eglises orthodoxes. Dans le monastère agostinien à Erfurt où Martin Luther a étudié la théologie, est entré dans cet Ordre et a été ordonné prêtre, c’est dans ce lieu, donc très significatif, qu’a eu lieu la rencontre avec des représentants de l’Eglise évangélique-luthérienne. A cette occasion le Pape a clairement exprimé son estime pour la spiritualité de Luther et pour son engagement à chercher une réponse adaptée à la question sur Dieu. Benoît XVI a invité les chrétiens des deux Eglises à “témoigner ensemble la présence du Dieu vivant, offrant ainsi au monde la réponse dont il a besoin…  Aidons-nous réciproquement  à  le  vivre. C’est un grand devoir oecuménique qui nous introduit au cœur de la prière de Jésus.” Le Président de l’EKD (Eglise évangélique en Allemagne), Nikolaus Schneider a apprécié et souligné ce qu’a dit Benoît XVI: les deux Eglises devraient “s’aider réciproquement à intensifier et vivifier la vie de foi de notre société – c’est vraiment un devoir oecuménique.” Ceux qui espéraient que la venue du Pape marque des pas concrets dans l’oecuménisme et ceux qui attendaient que Benoît XIV trace un nouvel itinéraire pour les concélébrations communes – surtout en vue de l’anniversaire des 500 ans de la réforme en 2017 – n’ont pas été satisfaits. De même, pour les couples de confessions différentes qui ne peuvent s’approcher ensemble à l’Eucharistie, sa venue n’a pas apporté de “nouveauté”. La foi n’est pas une réalité qu’on peut marchander, par analogie aux accords politiques, mais sa motivation réside dans le fait que: “L’unité dans la foi ne grandit pas en en soupesant les avantages et les inconvénients, mais au moyen d’une profonde identification dans la  vie et dans la pensée.” Benoît XVI n’a pas voulu, tant dans le domaine oecuménique que dans les questions de fond des catholiques, offrir des réponses superficielles ni des solutions concrètes. Il a voulu pénétrer aux racines de la “crise des Eglises”, dans laquelle il voit une crise de la foi. Il était venu pour encourager la confiance en Dieu et pour renforcer la foi en Christ qu’il considère être la base fondamentale pour que se produisent des changements et des renouvellements»

Unité et Jésus abandonné.

Spiritualité de l’unité : la volonté de Dieu

Comment se comporter pour montrer à Dieu qu’il était vraiment le centre de tout ce qui les intéressait ? Chiara et ses premières compagnes se demandaient comment mettre en pratique l’idéal de vie qu’elles venaient de découvrir, Dieu Amour. La réponse fut bientôt évidente : elles devaient à leur tour aimer Dieu. Chacune d’elles n’avait de sens en ce monde qu’en étant « une étincelle de ce brasier infini, amour qui répond à l’Amour ». Avoir la possibilité d’aimer Dieu leur apparut comme un cadeau si extraordinaire qu’elles répétaient souvent : « Il ne faut pas tant dire : “Nous devons aimer Dieu”, mais : “Oh ! Pouvoir t’aimer, Seigneur ! Pouvoir t’aimer avec notre cœur si petit” ». Elles se rappelèrent une phrase de l’Évangile, incontournable pour quiconque veut mener une vie chrétienne cohérente : « Il ne suffit pas de me dire : “Seigneur, Seigneur !” pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mt 7,21). Faire la volonté de Dieu était donc la possibilité qui leur était offerte d’aimer Dieu. Dieu et sa volonté coïncidaient. Plus tard, Chiara écrira : « Dieu était comparable au soleil. Un rayon parti du soleil aboutissait à chacune de nous : la volonté de Dieu sur chacune, sur une compagne, sur une autre, sur moi. Un seul soleil, mais de nombreux rayons, et tous étaient des “rayons de soleil ”. Un seul Dieu, une volonté unique, particulière sur chacune, même si c’était chaque fois la volonté de Dieu. Il s’agissait pour nous d’avancer dans notre propre rayon, sans jamais en sortir. Et avancer dans le temps qui nous était imparti.  Il n’était pas question de perdre notre temps à épiloguer sur le passé, ou à rêver à l’avenir, mais d’abandonner le passé à la miséricorde de Dieu, puisqu’aussi bien il n’était plus en notre pouvoir. Quant à l’avenir, nous le vivrions pleinement dès qu’il deviendrait présent. « Seul le présent était entre nos mains. Pour que Dieu règne dans nos vies, il était indispensable de concentrer, dans le moment présent, nos esprits, nos cœurs et nos forces à l’accomplissement de sa volonté. « Un voyageur, dans un wagon de chemin de fer, ne se figure pas avancer l’heure de l’arrivée en marchant le long des couloirs. Il reste assis et se laisse porter par le train. De même, pour atteindre Dieu, nous devions accomplir sa volonté avec soin, dans le présent, car le temps passe tout seul. Cela ne devait pas être si difficile de comprendre quelle était la volonté de Dieu. « Elle se manifestait par le moyen de nos supérieurs, de l’Écriture, du devoir d’état, des circonstances, des inspirations, etc. Éclairées et soutenues, instant par instant, par l’amour de Dieu, nous devions être en mesure de construire notre sainteté. Ou, plus exactement, quand nous faisions la volonté d’un Autre – Dieu lui-même –, c’est lui qui construisait en nous sa sainteté. «Faire la volonté de Dieu ne signifie donc pas seulement “se résigner”, comme souvent on le croit. C’est en réalité la plus grande aventure divine qui puisse échoir à quelqu’un : non pas suivre sa propre volonté étriquée, ses projets limités, mais plutôt suivre Dieu et accomplir le dessein qu’il a pour chacun de ses enfants. Un dessein divin, inimaginable, infiniment riche. « Faire la volonté de Dieu nous a fait découvrir une voie de sainteté faite pour tous. Puisque chacun peut la vivre, n’importe où, quelle que soit sa situation ou sa vocation, la volonté de Dieu est une carte d’accès à la sainteté pour les foules. Faire la volonté de Dieu pour l’aimer est devenu le deuxième point de la spiritualité de l’unité».
Unité et Jésus abandonné.

Jeunes Pour un Monde Uni: un été de travail à Sassari

Résidence pour personnes âgées (29 juillet/7 août). En nous réunissant, un objectif simple mais précis : aimer. C’est avec ce désir dans le coeur, qu’ensemble, nous nous sommes mis au travail. Avec la chaleur estivale torride, ce travail de service a été dur: nettoyer les chambres des personnes âgées, servir à table, animer leur soirées… mais l’Amour circulait, ça se sentait dans l’atmosphère. Nous étions particulièrement attentifs à faire les choses ensemble, à ne laisser personne de côté et à perdre notre idée quand, ensemble, on voyait qu’elle n’était pas adaptée. Tout ça sous le signe du sourire… et cela a rendu chaque chose extraordinaire. Les personnes âgées nous faisaient confiance et nous encourageaient. Si, pour décorer la sale, une fleur en papier mâché n’était pas parfaite, ou si le panneau de la tombola préparé au dernier moment allait mal par manque d’entraînement, elles savaient toujours fermer les yeux. De notre coté, écrit Salim originaire du Kenya: «Je suis content d’avoir été à la résidence, je me suis senti chez moi parce que ce genre d’activité m’a donné envie d’être heureux. On ne peut pas être triste si nous aimons de cette façon!» Caritas (1/14 août). Pour permettre aux volontaires de l’association d’avoir quelques jours de vacances, nous avons proposé de porter de l’avant, durant le week-end du 15 août, les multiples activités auxquelles ils se dédient sur notre territoire. Cette fois-ci, le travail consistait dans la préparation du menu, l’ensachement des repas et enfin de les distribuer aux nombreux marginaux de notre ville découvrant ainsi leur monde. Ce fut une surprise pour nous de découvrir combien jour après jour, alors que les problèmes n’ont pas manqué, qu’il n’y a pas eu un seul moment où le sourire ait disparu de nos visages : un cadeau en plus des repas distribués à tous ceux qui venaient chaque jour. A leur retour, les volontaires nous ont félicité pour le travail accompli et nous, nous avons expérimenté que même les idées divergentes se remettent en place si on vit la règle d’or et qu’on a le sourire aux lèvres. Et maintenant, après cet été si actif et aventureux où nous avons fait le plein, nous voici prêts pour commencer cette nouvelle année. Ensemble, visons à montrer au monde la beauté de ce nouveau courant de vie et courrons décidés vers le grand rendez-vous de septembre prochain: le Genfest 2012. Des Jeunes Pour un Monde Uni de Sassari (Sardaigne)

Unité et Jésus abandonné.

Du Costa Rica au Salvador

Gustavo Alvarado

“Tu viens d’un pays, le Costa Rica, qui est connu dans le monde entier pour être un pays de paix, un pays qui n’a même plus d’armée… Il y a quelques années, votre président Oscar Arias Sànchez a reçu le prix Nobel de la paix. Quelle différence trouves-tu entre celui qui a vécu dans ton pays et celui qui vit dans une communauté du focolare dans l’intimité d’un peuple qui a souffert d’une guerre longue et douloureuse qui a laissé tant de blessures ? Qu’est-ce qui t’aide à comprendre et aider ce peuple maintenant ? » “Avant de venir vivre au focolare de San Salvador – depuis lequel nous avons des contacts avec de nombreuses nations d’Amérique Centrale – je connaissais les souffrances de ces populations uniquement par les nouvelles. Je n’arrivais pas à comprendre complètement ces choses, étant né dans un endroit où, depuis le 1er décembre 1948, l’armée a été supprimée et où, par la suite, il n’y a eu aucune guerre civile. Ce qui a permis au Costa Rica un certain développement économique et social, différent du reste des nations voisines. Je me suis senti tout de même “à la maison” quand je suis arrivé ici, peut-être d’ailleurs grâce aux années vécues dans un pays d’Amérique du Sud – le Vénézuela – plus grand que le mien, et qui, dans un certain sens, a élargi mes horizons humains. J’ai trouvé là beaucoup de maux que l’on trouve ailleurs : pauvreté, corruption, déséquilibres sociaux, injustice, insécurité individuelle, mais peut-être à cause de tout cela – et non en dépit de cela – les personnes savent lutter chaque jour  pour leur pain quotidien, et ayant aussi vécu des choses atroces, ils ont « appris à souffrir », passant outre les difficultés. Ici, il n’y a pas eu seulement des guerres sanglantes, mais des tremblements de terre, des inondations, et autres malheurs. La solidarité est une valeur présente parmi les gens. La femme, parce qu’elle doit affronter différentes formes d’oppressions, est forte, décidée, “batailleuse ». Dans ce contexte  l’idéal de vie présenté par le Mouvement des focolari répond largement aux attentes les plus profondes des personnes, parmi lesquelles on trouve des descendants d’européens, d’africains, des métis, des indigènes… La rencontre avec le visage de Jésus Abandonné, reconnu dans chaque situation douloureuse, fait s’évanouir n’importe quelle peur. Durant ces années, j’ai découvert la sagesse du “être un” avec l’autre : pour aimer un peuple, il suffit de réussir à vivre ainsi jusqu’au bout avec la personne qui se trouve devant toi. Et ainsi, chaque jour, je me trouve enrichi de la nouvelle expérience d’unité vécue ». par SSA

Unité et Jésus abandonné.

Arts et villes : jeunes artistes en tournée à travers l’Europe

Ce sont de jeunes artistes qui participent au projet « Art & Culture – Reshaping Urban life » (Art et culture, remodelant la vie urbaine), organisé par différents partenaires du monde de l’art, de la culture et de la formation, financé par le programme de culture de l’Union Européenne EACEA. Parmi eux l’association ‘’Starkmacher’’, connu entre autre pour le projet Forts sans violence, réalisé avec le Gen Rosso dans différentes écoles de l’Europe et du monde. Le groupe des artistes urbains est depuis peu revenu d’Udine, où du 24 août au 4 septembre, ils ont travaillé ensemble 10 jours dans le ‘’Parc de ciment’’, redonnant à la ville leurs impressions en tableaux, œuvres acoustiques, sculptures, comme par exemple le modèle en filigrane du château d’eau de la ville. Udine est la troisième étape du projet itinérant, qui prévoit le développement d’un laboratoire dans chacune des cinq différentes villes des trois états européens impliquées dans l’initiative (Udine et Venise pour l’Italie, Schwerte et Dortmund pour l’Allemagne et Sternberk pour la République tchèque). « L’atmosphère entre nous est très particulière – raconte une étudiante de Monaco de Bavière – c’est comme si nous nous connaissions depuis longtemps et nous réussissons vraiment à travailler ensemble sur  une œuvre  unique avec différents artistes. Les personnes qui nous accueillent  prennent au vol  chacun de nos désirs ou  nécessités ! C’est une façon exceptionnelle de travailler !  » Durant le rendez-vous de février, à Schwerte en Allemagne, les participants ont approfondi avec les experts les bases théoriques et culturelles de leur travail. Le sujet central est en fait l’influence réciproque entre le développement urbanistique et l’expression artistique dans la société et dans les villes d’aujourd’hui. Il existe un lien direct entre les arts et les villes, et les jeunes ont une sensibilité particulière pour le lieu dans lequel ils vivent. Leurs œuvres respectent presque toujours le milieu dans lequel ils sont nés. Seconde étape en Tchéquie, du 2 au 10 juin, où un vieux monastère abandonné à Sternbeck a été un lieu d’inspirations et de suggestions. Chacun a pu choisir son propre ‘’atelier’’ dans lequel travailler, le soir ils se retrouvaient pour mieux se connaître, chanter et danser ensemble. Chaque séminaire se termine avec une exposition publique des œuvres nées les jours précédents, mais aussi de quelque tableau ou sculpture porté à la maison depuis son propre atelier. Ces jours-ci, le 4ème rendez-vous a lieu à Udine, cette fois pour des workshop avec le Gen Rosso, jusqu’au 23 septembre. Prochaine étape : un séminaire interdisciplinaire avec le Gen Rosso à Dortmund en Allemagne et enfin, le dernier congrès à Venise le 23 février 2012.

Unité et Jésus abandonné.

LoppianoLab 2011: un bilan en conclusion d’un événement multiple

Un laboratoire ne ferme pas, au besoin il se relance. Il en est d’autant plus ainsi lorsque son objectif consiste à mettre en oeuvre des solutions concrètes pour faire naître l’espérance et faire repartir l’Italie aujourd’hui. Les organisateurs n’ont pas voulu que la discussion soit close en conclusion de la deuxième édition de LoppianoLab, le laboratoire national qui, pendant quatre jours, a  examiné les thèmes de l’économie, de la culture, de la formation, de l’art et de la communication en réseaux pour l’Italie, dans un dialogue rigoureux à la recherche non du futur du pays, mais d’un présent repensé et partagé. Le bilan de cet événement multiple est positif: il a confirmé sa vocation d’espace national de rencontre entre le monde du travail, les acteurs culturels, les citoyens et les institutions. Ce rendez-vous a invité à se réunir dans le centre international de Loppiano (province de Florence) environ 3.000 personnes et 70 organismes italiens. Il a donné lieu à 56 événements: tables rondes, rencontres, littéraires et manifestaions artistiques ainsi que spécialités gastronomiques multiculturelles. Parmi ces événements, il convient de relever l’importance particulière qu’a représenté la deuxième Convention nationale de l’Économie de communion, 20 ans après sa naissance: ensemble, économistes et opérateurs économiques se sont réunis pour déterminer des pistes de travail pour le futur. Alberto Ferrucci, de la Commission internationale ÉdeC, a indiqué que serait présenté à l’ONU un document énonçant des propositions que le projet d’Économie de Communion formule pour affronter la crise et créer un nouveau modèle de développement. Ces journées ont vu la recension de multiples histoires d’entrepreneurs qui ont choisi de ne pas seulement penser au résultat final et au bénéfice, mais aussi aux différentes personnes qui représentent les forces de travail. “La Trinité, Voie de la vie?” Tel a été le thème de la soirée-dialogue entre théologie, philosophie et art à partir de l’ouvrage du théologien Coda “Partir de la Trinité” (“Dalla Trinità”). À l’Institut universitaire Sophia (Ius) Loppiano Lab a développé deux autres étapes: la présentation de la revue Sophia, expression des recherches développées à l’Institut ainsi que de la revue Nuova Umanità – depuis trente ans expression de la culture du Mouvement des Focolari; les participans ont pu en outre prendre connaissance du projet académique de la Ius, qui se présente comme un parcours de vie, d’étude et de recherche qui permet d’acquérir et d’approfondir toujours plus une culture inspirée par le christianisme, capable d’illuminer et d’innerver les multiples dimensions de l’humain et les différentes disciplines. La rencontre du Groupe éditorial de Città Nuova s’est produite d’abord en session plénière et ensuite en groupes de travail régionaux, journalistes et agents, lecteurs et collaborateurs à titre divers de la revue “Città Nuova”, tous protagonistes engagés à dynamiser le réseau national qui promeut la culture de l’unité. Dans le même temps, la citadelle de Loppiano, qui accueillait l’événement, a présenté l’”Open City”, un parcours original de connaissance des lieux et des personnes: les 50 ans du Centre Ave Arte présentés dans une exposition, des lectures artistiques sur des morceaux de textes d’Igino Giordani et de François Neveux, musique, danse et saveur du monde, rencontre avec des étudiants et des professeurs de Sophia, mini-présentation de livres et d’autres choses encore. Dans la matinée du dimanche 18, le laboratoire en a conclu “Espérer avec l’Italie. En réseaux pour le Bien commun lors du cent cinquantième anniversaire de l’Unité” a mis en lumière les résultats obtenus dans les différents domaines indiquant des pistes à suivre pour la poursuite de la réflexion et des expérimentations, repris dans quatre propositions destinées à faire réespérer l’Italie: le soutien à l’entrepreneuriat des jeunes, avec une attention particulière accordée au Sud, lors de l’Exposition des entreprises Edc au Pôle Bonfanto; l’ouverture nécessaire aux autres réseaux, organisations et institutions, dans les laboratoires proches du Groupe Città Nuova; École d’été en Argentine et au Chili et et trois nouveaux masters au sein de l’Institut Universitaire Sophia, instrument et opportunité pour relancer l’humanisme nouveau; Loppiano comme un laboratoire permanent. Quel est sa contribution pour l’Italie? Montrer que, dans nos cités, l’unité est aussi possible dans la vie quotidienne.

Spiritualité de l’unité: Dieu Amour

Chiara écrit, en 2000 : « Dieu. Dieu qui, dans la furie de la guerre engendrée par la haine, s’était manifesté à nous, sous l’action d’une grâce particulière, pour ce qu’il est vraiment : amour. La première idée-force sur laquelle l’Esprit a construit cette spiritualité a donc été celle-ci : Dieu amour (cf. 1Jn 4,8). « Quel changement apporte cette vérité, comprise de manière complètement nouvelle par les personnes lorsqu’elles entrent en contact avec le charisme du Mouvement ! En comparaison, la vie chrétienne qu’elles menaient auparavant, même si elle était cohérente, leur apparaît marquée par la solitude, comme si elles étaient orphelines. Voici, en effet, leur découverte : Dieu est amour, Dieu est Père ! Notre cœur, qui avait vécu dans l’exil de la nuit de la vie, s’ouvre, s’élève et s’unit à celui qui l’aime, qui pense à tout, et compte même les cheveux de notre tête. « Les circonstances, qu’elles soient joyeuses ou douloureuses, prennent un sens totalement nouveau : tout est prévu, voulu, par l’amour de Dieu. Plus rien ne peut nous faire peur. C’est une foi exaltante qui fortifie, qui fait exulter. C’est une foi qui fait verser des larmes, les premières fois qu’on l’éprouve. C’est un don de Dieu qui nous fait crier : “Nous avons cru à l’amour »” (cf. 1Jn 4,16). En choisissant Dieu, qui est amour, comme idéal de notre vie, nous posions le premier fondement, la première exigence, de cette nouvelle spiritualité qui avait éclos dans notre cœur. Nous avions donc trouvé celui pour qui nous voulions vivre : Dieu amour ».

Plusieurs centaines de “Gen4” de tout le Brésil en voyage

De Récife:

  • Jésus, je t’aime beaucoup. Tu peux toujours compter sur moi et je voudrais toujours être fidèle à toi. Je te promets de ne jamais te trahir comme l’a fait Judas. Je suis super reconnaissant parce que tu as donné la vie pour nous. Gabriel
  • J’ai bien aimé quand on a parlé de la Parole de Dieu, parce que comme ça je peux me rappeler d’aider plus ma maman parce que dans mon coeur c’est l’homme nouveau qui vit. Pedro
  • Jésus est le trésor de ma vie, c’est le vrai homme de la terre et de nous tous. Abraão

De Sao Paolo:

  • J’ai aidé mon ami Rafael à porter sa valise jusqu’à la chambre parce qu’il est très petit et qu’il n’arrive pas à la porter. Après j’ai joué avec lui. Eduardo
  • J’aurai voulu que toute ma famille soit là pour voir ce grand moment de ma vie. Matheus
  • J’ai vendu 50 paquets de gâteaux pour aider les Gen 4 de ma ville. Pedro

De Brasilia:

  • Cher Jésus, je ne t’oublierai jamais. Je répandrai la joie dans le monde et j’aimerai beaucoup mes camarades. André
  • J’ai laissé ma place à un ami sur la balançoire. J’ai partagé mon goûter avec un ami. Je partage mes affaires avec les autres et j’ai prêté mes jeux… Jésus, je t’aime beaucoup. Paulo
  • Seigneur, je te demande un peu d’argent pour pouvoir les donner aux pauvres. Carlos
  • Je sais que parfois je ne suis pas un enfant qui aide tout le monde, mais j’essaie de faire de mon mieux. J’espère que tu me comprends, ton cher Gen 4  André».

Matthias Bolkart – Centre Gen4 [nggallery id=69]

Unité et Jésus abandonné.

Spiritualité de l’unité

Cette spiritualité s’articule en douze points fondamentaux, intimement liés les uns aux autres :

  1. Dieu Amour
  2. La volonté de Dieu
  3. La Parole de Dieu
  4. Le frère
  5. L’amour réciproque
  6. Jésus eucharistie
  7. L’unité
  8. Jésus abandonné
  9. Marie
  10. L’Église
  11. L’Esprit Saint
  12. Jésus au milieu de nous

  Pour Chiara Lubich, la spiritualité de l’unité, dans chacun de ses points, n’est jamais la simple formulation d’un projet qui aurait mûri dans son esprit, d’une réflexion, d’une amorce de théologie spirituelle. C’est plutôt une spiritualité qui demande une adhésion immédiate, décidée et concrète, quelque chose qui suscite la vie. Dans la splendeur de l’histoire de l’Église, de chacun de ses fidèles, de ses saints et de ses communautés, un fait est toujours demeuré constant : c’est la personne en tant qu’individu qui va à Dieu. Cela reste également vrai dans la spiritualité de l’unité, en ce sens que l’expérience que chacun fait avec Dieu et en Dieu est unique et ne peut se répéter. Toutefois, à côté de cette expérience spirituelle personnelle indispensable, la spiritualité portée par le charisme de l’unité, confié par l’Esprit à Chiara, met l’accent sur la dimension communautaire de la vie chrétienne. Ce n’est pas une nouveauté, l’Évangile est éminemment communautaire. Et il y a déjà eu dans le passé des expériences qui ont souligné l’aspect collectif du voyage vers Dieu, surtout les spiritualités conçues par ceux qui mettaient l’amour à la base de la vie spirituelle. Il suffit de citer l’exemple de saint Basile et de ses communautés. Chiara Lubich apporte « sa » spiritualité, un mode communautaire original pour aller à Dieu : être un dans le Christ, selon les paroles de l’Évangile de Jean : « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous » (Jn 17,21). Chez Chiara, cela devient un style de vie. Une « spiritualité communautaire » avait été préconisée pour notre époque par des théologiens contemporains et est rappelée par le concile Vatican II. Karl Rahner, par exemple, en parlant de la spiritualité de l’Église du futur, l’envisageait dans la « communion fraternelle dans laquelle il soit possible de faire la même expérience fondamentale de l’Esprit ». Le concile Vatican II a, quant à lui, porté son attention sur l’Église en tant que corps du Christ et peuple réuni dans le lien d’amour de la Trinité. Si sainte Thérèse d’Avila, docteur de l’Église, parlait d’un « château intérieur », la spiritualité de l’unité contribue à édifier également un « château extérieur », où le Christ soit présent et en éclaire chaque partie.

Unité et Jésus abandonné.

Évêques appartenant à différentes Églises: repartir de la parole qui unit

Elle réunit 31 évêques de 18 pays et de 15 églises différentes. C’est la 30ème rencontre oecuménique des évêques organisée par le Mouvement des Focolari, la première ayant eu lieu en 1982. Nous sommes à Welwyn Garden City, une petite cité à quelque 40 kilomètres au Nord de Londres. Il s’agit en réalité d’une cité jardin, immergée dans la verdure, avec d’amples prairies plus étendues que les rues elles-mêmes et aussi de petits lacs. Fondée en 1920 par Sir Ebenezer Howard, elle compte quelque 40.000 habitants. C’est là qu’a été érigé le Focolare Centre for unity, né après la visite de Chiara Lubich en Angleterre en 1983, quand elle avait ressenti la nécessité d’«un berceau», d’un lieu pour les activités des Focolari. La rencontre des évêques est itinérante, car il s’agit justement d’une oaccasion de connaître la réalité ecclésiale du pays hôte. Cette année, il s’agit en particulier de la connnaissance de l’Église d’Angleterre. Un document intitulé “The anglican communion covenant, en constitue une approche intéressante: la proposition d’un pacte pour soutenir la communion et un accord, préparé par un groupe de théologiens anglicans, qui lie les églises de la communion anglicane, par lequel les 44 églises autonomes anglicanes s’engagent à reconnaître des prtincipes communs. Ce sera un important instrument de communion, qui peut représenter aussi un lien entre églises non anglicanes. L’adhésion sera toujours libre et il n’est pas prévu de sanctions juridiques pour celles qui changeraient d’idées. Le programme de la rencontre concerne aussi des lieux symboliques de l’anglicanisme, tels que Lambeth Palace, siège du Primat de l’Église d’Angleterrre, Rowan Williams, qui a écouté tous les participants, la visite du sanctuaire de Sant’Alban, où sont conservées les reliques du premier martyr anglais, et la rencontre, en la cathédrale de Westminster, de l’archévêque catholique Vincent Nichols. Cette année, le thème choisi est: “La Parole de Dieu et sa force de transformation”. Et Maria Voce, présidente des Focolari, est intervenue. Elle est intervenue avec passion à propos de la spiritualité oecuménique des Focolari, née de la vie de la Parole. Et elle a rappelé à quel point la spiritualité des Focolari est née de l’Évangile, lu à la lumière de la chandelle dans une cave onscure par Chiara Lubich entourée de ses premières compagnes au cours des bombardaments de la seconde guerre mondiale. «La cave obscure d’aujourd’hui – explique Maria Voce – c’est le monde avec ses défis et ses interrogations. La Vérité voit se substituer à elle une multitude de vérités, l’intérêt économique prévaut, le noyau familial semble ne plus avoir de signification». « La cave obscure nous interpelle tous parce qu’il n’y avait rien d’autre que l’Évangile. Et c’est de là que nous devons repartir pour nous réévangéliser nous-mêmes et, ensuite, l’humanité qui nous entoure». «En commençant par vivre la parole, instant après instant, et en partageant les expériences, les fruits de cette vie». Martin Luther écrivait déjà: “L’âme peut se passer de tout, à l’exception de la Parole de Dieu”. Et, dans cette période que Maria Voce qualifie de “délicate, s’agissant du passage de la période de fondation” des Focolari “à la période d’actualisation et de développement, nous devons retourner aux origines et nous rappeler que toute la vie du Mouvement est née de l’Évangile vécu”. C’est ainsi que sont nées les communautés centrées sur la parole, la spiritualité de communion et la vie de la parole a aussi facilité le dialogue oecuménique et à tous les niveaux. “L’attachement fidèle à l’unique Évangile” – écrit le document “Voies vers la communion”, établi par l’Église catholique et la Fédaration luthérienne mondiale – est une étape indispensable sur le chemin de la pleine unité”; unité à rechercher non seulement avec les chrétiens appartenant aux autres églises “mais aussi – ajoute Maria Voce – pour entamer le dialogue avec des personnes d’autres religions et dans la rencontre avec des personnes de convictions non religieuses et avec les diverses expressions culturelles actuelles”.   Correspondance d’Aurelio Molè [nggallery id=68]