Mouvement des Focolari

Parole de Vie de Juin 2015

Que d’affection dans la rĆ©pĆ©tition de ce nomĀ : Marthe, MartheĀ !… Aux portes de JĆ©rusalem, JĆ©sus a l’habitude de s’arrĆŖter Ć  la maison de BĆ©thanie et de s’y reposer avec ses disciples. Alors qu’en ville, il doit affronter discussions, opposition et refus, ici, au contraire, il trouve la paix et l’accueil. Marthe est une femme active et pleine d’initiatives. Elle le montrera aussi au moment de la mort de son frĆØre, lorsqu’elle engage avec JĆ©sus une conversation un peu vive et l’interpelle avec Ć©nergie. C’est une femme forte qui montre une grande foi. ƀ la questionĀ : “Crois-tu que je suis la RĆ©surrection et la Vie”, elle rĆ©pond sans hĆ©siterĀ : “Oui, Seigneur, je croisĀ ” (cf. Jean 11,25-27). Maintenant aussi, elle s’affaire Ć  prĆ©parer un accueil digne du MaĆ®tre et de ses disciples. C’est elle la maĆ®tresse de maison – comme le dit son nomĀ : Marthe signifie ”Ā patronne” – et elle en sent toute la responsabilitĆ©. Marie, sa sœur, l’a laissĆ©e seule avec ses prĆ©occupations. Contrairement aux coutumes orientales, au lieu d’ĆŖtre Ć  la cuisine, elle est restĆ©e avec les hommes Ć  Ć©couter JĆ©sus, assise Ć  ses pieds, comme la parfaite disciple. D’où la demande un peu irritĆ©e de MartheĀ : “Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissĆ©e seule Ć  faire le serviceĀ ? Dis-lui donc de m’aiderĀ ! “(Luc 10, 40). Et voici la rĆ©ponse Ć  la fois affectueuse et ferme de JĆ©susĀ : Ā 

« Marthe, Marthe, tu t’inquiĆØtes et t’agites pour bien des choses. Une seule est nĆ©cessaireĀ Ā».

Ā  Pourtant, JĆ©sus n’avait-il pas Ć  se rĆ©jouir de l’activitĆ© et du service gĆ©nĆ©reux de MartheĀ ? N’apprĆ©ciait-il pas son accueil et n’aurait-il pas ensuite goĆ»tĆ© volontiers les mets qu’elle Ć©tait en train de lui prĆ©parerĀ ? D’ailleurs, peu aprĆØs cet Ć©pisode, dans les paraboles suivantes, JĆ©sus louera les administrateurs, les entrepreneurs et les employĆ©s qui savent bien utiliser les talents et faire fructifier les biens (Luc 12, 42Ā ; 19, 12-26). Il en loue mĆŖme l’habiletĆ© (cf. Luc 16, 1-8). Il ne pouvait donc que se rĆ©jouir devant une femme aussi riche d’initiatives et capable d’un accueil efficace et gĆ©nĆ©reux. Ce qu’il lui reproche en rĆ©alitĆ©, c’est l’anxiĆ©tĆ©, la prĆ©occupation, avec laquelle elle travaille. Elle est agitĆ©e, affairĆ©e « à un service compliqué » (Luc 10, 40) et elle a perdu son calme. Ce n’est plus elle qui guide le travail, c’est plutĆ“t le contraire. Elle n’est plus libre, elle devient esclave de son occupation. Ne nous arrive-t-il pas Ć  nous aussi de nous disperser Ć  cause des mille choses Ć  faireĀ ? Nous sommes attirĆ©s et distraits par internet, par les ā€˜chat’, par les ā€˜SMS’ inutiles… Et mĆŖme plongĆ©s dans des occupations sĆ©rieuses, nous pouvons oublier de rester attentifs aux autres, d’écouter nos proches. Perdre de vue pour quoi et pour qui nous travaillons, voilĆ  le danger… Le travail et les autres occupations deviennent alors des fins en soi. L’angoisse et l’agitation peuvent aussi parfois nous saisir devant des situations difficiles concernant la famille, l’économie, la carriĆØre, l’école, notre avenir ou celui des enfants, au point d’oublier les paroles de JĆ©susĀ : “Ne vous inquiĆ©tez donc pas en disantĀ : ā€˜qu’allons-nous manger, qu’allons-nous boireĀ ? De quoi allons-nous nous vĆŖtirĀ ?’ – tout cela, les paĆÆens le recherchent sans rĆ©pit -, il sait bien, votre PĆØre cĆ©leste, que vous avez besoin de toutes ces choses” (Mathieu 6, 31-32). Nous mĆ©ritons nous aussi le reproche de JĆ©susĀ :

« Marthe, Marthe, tu t’inquiĆØtes et t’agites pour bien des choses. Une seule est nĆ©cessaireĀ Ā».

Ā  Quelle est l’unique chose nĆ©cessaireĀ ? Ɖcouter et vivre les paroles de JĆ©sus. Rien ne peut passer avant ses paroles – et avant Lui qui parle -. La vraie faƧon de recevoir le Seigneur, de lui ouvrir notre maison, c’est prĆ©cisĆ©ment d’agir comme l’a fait Marie qui a tout oubliĆ©, en se mettant Ć  ses pieds, ne perdant rien de ses paroles. Nous ne serons pas poussĆ©s par le dĆ©sir de nous mettre en avant ou d’occuper la premiĆØre place, mais par celui de lui plaire, d’être au service de son royaume. Comme Marthe, nous aussi nous sommes appelĆ©s Ć  faire “bien des choses” au profit des autres. JĆ©sus nous a appris que le PĆØre est heureux que nous portions “beaucoup de fruitĀ ” (cf. Jean 15, 8) et mĆŖme que nous accomplissions des œuvres plus grandes que lui (cf. Jean 14, 12). De nous, il attend donc dĆ©vouement, conscience dans le travail que nous devons accomplir, crĆ©ativitĆ©, audace, esprit d’initiative, mais sans souci, ni agitation, au contraire avec cette paix que nous donne la certitude que nous accomplissons la volontĆ© de Dieu. Lā€˜unique chose qui importe, c’est de devenir des disciples de JĆ©sus, de le laisser vivre en nous, d’être attentifs Ć  ce qu’il nous suggĆØre, Ć  sa voix parfois subtile qui nous oriente instant aprĆØs instant. Ainsi, c’est lui qui nous guidera en chacune de nos actions. Tout en accomplissant “bien des choses”, nous ne serons pas distraits, ni ne risquerons de nous disperser, car en suivant les paroles de JĆ©sus, nous ne serons animĆ©s que par l’amour. Dans toutes nos occupations, nous ne ferons toujours qu’une seule choseĀ : aimer. Ā  Ā Ā Ā Ā Ā Ā Fabio Ciardi

Slovaquie: le pari d’un jeune prĆŖtre

Slovaquie: le pari d’un jeune prĆŖtre

20150528-01ā€œMa paroisse actuelle se trouve dans un des quartiers de Bratislava, la capitale de la Slovaquie, -raconte le PĆØre Ludovit -. Elle compte 4 300 habitants, dont 3 500 sont chrĆ©tiens, une population en augmentation constante. DĆØs mon arrivĆ©e ici, en juillet 2009, je savais que ma premiĆØre mission Ć©tait d’aimer les personnes avec l’amour de JĆ©sus. Aujourd’hui je puis dire que je suis heureux parce qu’une belle communautĆ© s’est crƩƩe entre personnes d’âges et de classes sociales diverses, provenant des diverses villes de la Slovaquie : elles ont dĆ©couvert une nouvelle relation Ć  Dieu, non seulement Ć  travers la bible et la priĆØre, mais aussi Ć  travers la communautĆ© et les activitĆ©s paroissiales. Elles ont trouvĆ© ici la joie de la foi pour laquelle il vaut la peine de vivre. Lorsque je suis arrivĆ© il n’y avait pas de jeunes: l’Etat avait en effet interdit de nouvelles constructions et de ce fait les jeunes couples s’étaient dĆ©placĆ©s ailleurs. De plus il n’y avait pas eu un travail de formation auprĆØs des quelques jeunes qui restaient. J’ai trouvĆ© trois jeunes dĆ©sireuses de m’aider, mais elles Ć©taient plongĆ©es dans leurs Ć©tudes et leur travail. J’ai alors invitĆ© les ados et les jeunes confirmĆ©s depuis peu Ć  un barbecue. Ils ont acceptĆ© par politesse, mais ne sont pas revenus : Ā« La confirmation, nous l’avons dĆ©jĆ  reƧue, il n’y a donc plus besoin d’aller Ć  la messe Ā», m’ont-ils dit. J’ai confiĆ© toute cette situation Ć  JĆ©sus. Depuis septembre 2009 j’enseigne le catĆ©chisme dans toutes les classes de l’école primaire et de collĆØge (environ 150 jeunes). En mĆŖme temps j’ai proposĆ© une messe du dimanche pour les familles. Je cherchais toutes les occasions pour crĆ©er des liens : saluer les gens dans la rue, aller les voir chez eux, Ć©changer quelques mots dans les magasins, dans les administrations ou Ć  l’école. Je les ai aussi invitĆ©s Ć  un barbecue et Ć  faire du sport sur le terrain de la paroisse. Petit Ć  petit les personnes ont commencĆ© Ć  participer. Une communautĆ© s’est progressivement constituĆ©e: des enfants qui ne voulaient pas manquer ces rendez-vous, de jeunes mamans qui se rapprochaient en raison de l’âge de leurs enfants, des maris qui s’invitaient pour divers travaux dans l’église ou Ć  la maison paroissiale, mais aussi pour aller jouer au tennis ou prendre une biĆØre ensemble. MĆŖme le maire et quelques dĆ©putĆ©s ont commencĆ© Ć  ĆŖtre prĆ©sents. Un jour JĆ©sus m’a envoyĆ© aussi Blanka qui dirige actuellement la chorale et anime de nombreuses activitĆ©s Ā». ā€œBeaucoup disent que notre paroisse est vivante –affirme Blanka – . MalgrĆ© nos diversitĆ©s personnelles, nous recherchons constamment ce qui nous unit et nous revenons toujours Ć  la source de l’unitĆ©, de l’amour et du pardon, qui est JĆ©sus. Nous les parents nous cherchons Ć  crĆ©er les conditions pratiques pour que de nombreuses activitĆ©s puissent avoir lieu. Il arrive souvent que ce soit aux dĆ©pens de notre temps, de notre repos ou de nos travaux domestiques, mais c’est vraiment beau de voir que tous soutiennent non seulement leurs propres enfants, mais tous Ā« nos Ā» ados. C’est le cas avec Michele, un enfant autiste dĆ©sormais adolescent. Je suis trĆØs heureuse de voir que les autres jeunes lui ouvrent leur porte, l’invitent et le traitent en Ć©gal. Du coup Michele les aime beaucoup et les considĆØre tous comme faisant partie de sa grande famille Ā». ā€œJe suis mĆ©decin spĆ©cialiste en immunologie et allergologie, dans le privĆ©, et je travaille auprĆØs de l’hĆ“pital pĆ©diatrique universitaire de Bratislava – continue Dagmar – . Le Centre Pastoral et l’Ecole maternelle paroissiale qui ont Ć©tĆ© construits, sont devenus des Ā« pĆ“les Ā» d’activitĆ©s diverses pour nos enfants, nos jeunes et ados dont le nombre augmente constamment. Un jour, c’était en mai 2012, le PĆØre Ludo m’a demandĆ© si j’étais disposĆ©e Ć  participer, en tant que mĆ©decin, Ć  un camp d’étĆ© destinĆ© Ć  la formation des Ā« ados Ā» de notre paroisse. J’ai tout de suite dit non. Mais ensuite me sont revenus Ć  l’esprit les visages des enfants que je connaissais dĆ©jĆ . J’ai finalement acceptĆ© et j’en suis Ć  ma quatriĆØme annĆ©e ! Je suis devenue plus sensible Ć  la souffrance des enfants et aux peurs qu’ils Ć©prouvent lorsqu’ils sont loin de leurs parents. Cette expĆ©rience m’a aussi aidĆ©e Ć  approfondir le sens du service des autres Ā». ā€œUne rencontre trĆØs importante – conclut le PĆØre Ludo – s’est dĆ©roulĆ©e l’an dernier au BĆ©nĆ©vent (Italie), organisĆ©e par le Mouvement Paroissial. Nos jeunes en ont retirĆ© Ā« un encouragement, une force spirituelle, une relation plus Ć©troite avec Dieu – disaient-ils – et, surtout, le dĆ©sir de vivre ā€˜engagĆ©s dans la voie de l’amour’, parce que, quelle que soit l’action qu’on fait , si ce n’est pas par amour, elle perd sa valeur et son sens Ā». Ce fut pour moi la confirmation que la communautĆ© non seulement est nĆ©e et s’est consolidĆ©e, mais qu’elle repose aussi sur la foi des jeunes ; aussi l’avenir est-il assurĆ© Ā».

En Pologne, Ć  la suite du Gen Verde

En Pologne, Ć  la suite du Gen Verde

Gen Verde_01Ville du dialogue, est un des noms attribuĆ©s Ć  Katowice – dans le sud de la Pologne, ville miniĆØre par excellence – car, entre toutes les villes polonaises, c’est celle qui possĆØde la plus grande reprĆ©sentation interreligieuse. C’est lĆ , qu’en plus d’un Centre islamique de Culture destinĆ© Ć  la priĆØre et Ć  l’enseignement, il existe Ć©galement le Centre de Culture et de Dialogue ‘Doha‘, principalement destinĆ© au dialogue. Un centre qui cĆ©lĆØbre le 29 mai la « III journĆ©e du christianisme parmi les musulmansĀ Ā», ayant pour thĆØme ‘‘JĆ©sus – frĆØre de chacun de nous”, dans la vision chrĆ©tienne et dans celle musulmane. Y participeront, entre autres, aussi Maria Voce et Jesus Moran, prĆ©sidente et co-prĆ©sident des Focolari, ces jours-ci en voyage entre la BiĆ©lorussie et la Pologne pour visiter les communautĆ©s du Mouvement. Mais retournons un peu en arriĆØre. A Katowice, un groupe de personnes est, depuis un certain temps, en train de tisser peu Ć  peu un rĆ©seau de rapports fraternels et de collaboration entre des chrĆ©tiens de diffĆ©rentes Ć©glises, des juifs, des musulmans, le monde acadĆ©mique et les institutions civiles. A l’occasion des 150 ans de la fondation de la ville, le groupe international Gen Verde est invitĆ©, et apporte avec sa musique, un message de fraternitĆ©. Cela fait plusieurs annĆ©es qu’il propose un projet artistique Ć©ducatif qui, Ć  travers les workshop, amĆØne sur le podium des jeunes qui, ensemble avec les artistes, se sont exercĆ©s dans diffĆ©rentes disciplinesĀ : la danse, le chant le théâtre, les percussions sur divers instruments, et jusqu’au ”body percussion”. En Pologne, 140 filles et garƧons ont contribuĆ© au spectacle avec leurs talents. Mais ce qui a suscitĆ© un rĆ©el intĆ©rĆŖt, c’est que dans le projet, des jeunes musulmans, juifs, et chrĆ©tiens de diffĆ©rentes dĆ©nominations auraient participĆ© aux workshop. Les affiches qui ont annoncĆ© l’Ć©vĆ©nement ont retenu l’attention d’un grand nombre de gens, Ć  tel point que, aprĆØs six heures de l’ouverture de la vente, 1450 billets Ć©taient dĆ©jĆ  vendus.Ā  Gen Verde_04Une jeune musulmane qui a participĆ© aux worshop et puis au spectacle, remerciait car elle ne s’Ć©tait jamais ”sentie aussi bien accueillie”. Et tout cela avec en toile de fond, le contexte des rĆ©cents faits terroristes. « Nous avons travaillĆ© dans les workshop avec 140 jeunes merveilleux, trĆØs chouettes, expressions d’un peuple ouvert, profond et sensible, faƧonnĆ© par une foi Ć©prouvĆ©e par tant de souffrances. Ils nous ont dit avoir expĆ©rimentĆ© une unitĆ© et une confiance qui les ont transformĆ©s et fait volerĀ Ā», Ć©crit le Gen Verde Ć  son retour de la Pologne. « Le spectacle Ć©tait dans le NOSPR, une toute nouvelle salle construite sur une vieille mine, temple de la musique symphonique qui s’est ouvert (pour la premiĆØre fois dans son histoire) Ć  notre rock. Le public Ć©patĆ© a partout vibrĆ© avec nous dĆØs le dĆ©but et puis, en crescendoĀ ; dĆØs la premiĆØre parole chantĆ©e en polonais (nous avons traduit le refrain de deux chansons)Ā  un applaudissement d’Ć©motion a explosĆ© et Ć  la fin du concert, il y avait une grande joieĀ Ā». Spectacle dans le spectacle, voir Ć  la fin s’embrasser chaleureusement, le maire, un reprĆ©sentant de la communautĆ© catholique, un reprĆ©sentant de la communautĆ© juive et un imamĀ : tĆ©moignage d’une fraternitĆ© cultivĆ©e depuis des annĆ©es. Un prĆŖtre commentaitĀ : « Nous sommes les tĆ©moins peut-ĆŖtre d’un miracle. Si nous avons ces jeunes parmi nous comme nous vous avons vu aujourd’hui, le monde ne mourra pas. Avec cette faƧon de dialoguer, vous pouvez sauver le mondeĀ Ā». Et un rabbinĀ : « Nous ne devons pas avoir peur du futur, car – continuait l’imam – ”nous sommes ensemble”.

Economie de Communion : une voie pour l’Afrique ?

Economie de Communion : une voie pour l’Afrique ?

EdC_Nairobi_011« Nous sommes une nouvelle gĆ©nĆ©ration et nous voulons prendre le gouvernail de l’Economie de Communion.Ā  Nous sommes conscients de notre peu d’expĆ©rience et de notre immaturitĆ©, mais nous sommes aussi heureux de faire l’expĆ©rience que c’est exactement Ƨa notre force, nous ne voulons pas cesser de rĆŖverĀ Ā». Liliane Mugombozi, journaliste au Kenya, enregistre la voix d’un jeune camerounais, qui se trouve parmi les participants Ć  l’école internationale de l’Economie de Communion (EdC) en cours du 22 au 26 mai Ć  la Mariapoli Piero, citĆ©-pilote des Focolari proche de Nairobi, Kenya. ā€œIl Ć©tait impossible – Ć©crit-elle – quand on entrait dans la salle ne pas toucher du doigt l’énergie d’un peuple jeuneĀ : vigoureux, plein d’attentes, d’espĆ©rances, d’aspirations et de rĆŖves presque impensables au milieu de tous les dĆ©fis de leur continentĀ Ā». Ce sont des Ć©tudiants en Ć©conomie, dĆ©veloppement, sciences sociales, entrepreneurs et des jeunes intĆ©ressĆ©sĀ : ils viennent de toutes les rĆ©gions subsahariennes, du Liban et de l’Egypte, d’Italie et de Hongrie, d’Argentine, du BrĆ©sil, du Chili, Mexique et Australie. Parmi les salutations qui leur parviennent de diverses parties du monde, un applaudissement pour le message du Recteur de l’UniversitĆ© de Cagliari, la profess. Maria Del Zompo qui, en souvenir de l’évĆ©nement si douloureux des massacres des jeunes Ć©tudiants de Garissa, veut rappeler aux jeunes prĆ©sents l’importance des structures d’instruction, en les encourageant dans leur dĆ©sir de vivre et de diffuser les idĆ©aux de l’EdC. Vittorio Pelligra, l’un des professeurs, prĆ©sente la mĆ©thode, la roadmap du chemin Ć  suivre ces jours-ciĀ : la rĆ©ciprocitĆ© appliquĆ©eĀ : « C’est une Ć©cole qui privilĆ©gie le dialogue, l’échange, où l’on partage nos intuitions, nos doutes, nos projets et nos rĆŖves, nous sommes tous acteurs, et donc prĆŖts Ć  tout donner et Ć  tout recevoir de tout le mondeĀ !Ā Ā». 20150526-01AprĆØs une brĆØve histoire de l’Economie de Communion, naissance et dĆ©veloppement, depuis 1991 jusqu’aujourd’hui, une question surgitĀ : l’EdC est-elle une voie pour l’AfriqueĀ ? Le dialogue entre professeurs et participants entraĆ®ne l’auditoire dans un enthousiasme contagieux. « Comment faire pour influencer nos gouvernementsĀ ?ā€, se demande quelqu’un. « Nous, jeunes nous sommes fatiguĆ©s que les politiques nous utilisent comme target dans leurs manifestes. Ā Pas uniquement nous, mais le monde attend de nouveaux modes de se rapporter… l’EdC est une des solutions, nous le sentonsĀ Ā». Ils ne dĆ©tournent pas les yeux face aux dĆ©fis et aux ressources des jeunes du continent : la crise d’identitĆ© dans la sociĆ©tĆ© mondialisĆ©e, la pauvretĆ©, les conflits et la famille Ć©largie, la fuite des cerveaux du continent et le manque de travail, l’éducation toujours plus internationalisĆ©e qui oublie la formation en vue des besoins actuels de la sociĆ©tĆ© qui nous entoure. Ce ne sont que les premiers pas de l’école, commente Liliane Mugomobozi « mais les jeunes prĆ©sents, Ć  la dĆ©couverte de catĆ©gories Ć©conomiques nouvelles, se rendent dĆ©jĆ  compte d’un futur meilleur et ils sont impatients de retourner chez eux pour le rĆ©pandre au plus de gens possible. 20150526-02Les professeurs confient mĆŖme leurs histoires de vie personnelles qui les ont menĆ©s Ć  des choix engageants. Un dialogue profond s’instaureĀ : professeurs et Ć©lĆØves partagent des rĆŖves, des frustrations, des dĆ©couragements mais aussi de petites ou grandes histoires qui ont portĆ© au succĆØs. On s’étend sur la crise Ć©conomique mondiale et l’impact sur les pays en voie de dĆ©veloppement. Depuis les multinationales Ć  l’ONU, des grands thĆØmes comme le « changement climatiqueĀ Ā», aux relations internationales. Les jeunes qui viennent des rĆ©gions miniĆØres du Katanga (RDC), se montrent d’habiles connaisseurs du drame qui les frappe. Alors un grand rĆŖve prend formeĀ : les jeunes, et mĆŖme les plus jeunes, enthousiastes pour cette vie, croient fortement en l’idĆ©al du Monde Uni qu’ils partagent avec tant d’autres jeunes du monde entier et pas seulement. Rien de moins que « le rĆŖve d’un DieuĀ Ā», disait une fois Chiara Lubich, justement Ć  eux, les jeunes. Un rĆŖve qu’ils ne perdront pas de vue mĆŖme lorsqu’il s’agira de choix importants de la vie comme celui d’une facultĆ© universitaire, pour avoir un impact sur la sociĆ©tĆ© et pour rĆ©aliser dans le concret, non pas en paroles, une sociĆ©tĆ© juste, qui rend digne tout ĆŖtre humain. L’école, qui ferme ses portes le 26 mai, laisse sa place au CongrĆØs international EdCĀ : entreprises, dialogue entre patrons et travailleurs, mise en oeuvre de l’EdC sur le terrain, dĆ©fis en cours dans le monde du travail, choix crĆ©atifs. Parmi les questions abordĆ©esĀ : crĆ©ativitĆ© et communion, culture de communion, entreprise et travail, pauvretĆ© et richesse, puis engagement Ć  vivre l’ Economie de Communion. Autant e sujets que l’on retrouve dans les workshops sur la Politique, la microfinance et pauvretĆ©, startup, Ć©tudiants et jeunes chercheurs, management, rĆ©seau d’entrepreneurs et dialogue de l’Edc avec les cultures africaines. Page Facebook de l’évĆ©nement Lire aussiĀ : CommuniquĆ© de presse sur le congrĆØs international EdC, Nairobi 27-31 mai 2015

Indonésie: être femme et réussir

Indonésie: être femme et réussir

MardianaMardiana. C’est tout simplement ainsi qu’on l’appelle. Un prĆ©nom qui, comme il arrive parfois en IndonĆ©sie, sert aussi de nom. Y compris pour l’Ć©tat civil. Actuellement elle est vice-prĆ©sidente, au niveau national, d’une importante compagnie d’assurance multinationale. RĆ©cemment Heryanto, journaliste Ć  Indopost, l’a repĆ©rĆ©e parmi les femmes de Djakarta qui ont rĆ©ussi et l’a interviewĆ©e pour sa rubrique. Le parcours de Mardiana est intĆ©ressant et prĆ©sente un point fort : une profonde spiritualitĆ©, vĆ©cue avec simplicitĆ© et conviction depuis sa rencontre avec les Focolari lorsqu’elle Ć©tait adolescente. Un an aprĆØs avoir obtenu son diplĆ“me en Economie auprĆØs de l’UniversitĆ© de Medan (Ć®le de Sumatra), elle Ć©pouse Mulianta, lui aussi passionnĆ© par la spiritualitĆ© de l’unitĆ©. Tous deux veulent fonder une famille sur des bases profondĆ©ment chrĆ©tiennes et donnent naissance Ć  deux beaux enfants. A un moment donnĆ© la compagnie d’assurances où travaille Mardiana ferme ses portes et voilĆ  qu’une occasion se prĆ©sente, celle d’entrer dans la Reliance Insurance, une autre compagnie d’assurances qui a plusieurs antennes dans le monde. Souvent Mardiana doit se rendre dans la capitale, Djakarta (Ć®le de Java), pour participer Ć  des rĆ©unions de travail. Et c’est un grand sacrifice pour elle qui aime tant rester avec ses enfants. Mais Mulianta la met en confiance et la soutient. Tous deux s’occupent des enfants Ć  tour de rĆ“le. A la suite d’une promotion, Mulianta se voit offrir un poste Ć  Djakarta, mais il refuse pour rester auprĆØs de son Ć©pouse et de ses enfants et, grĆ¢ce Ć  son esprit d’initiative, il monte sa propre affaire Ć  Medan. Six annĆ©es passent au cours desquelles l’agence où travaille Mardiana enregistre un bon chiffre d’affaires et un excellent niveau de vie de ses salariĆ©s. On propose alors Ć  Mardiana de se transfĆ©rer Ć  Djakarta pour assumer la vice-prĆ©sidence de Reliance Insurance Indonesia. Mulianta et Mardiana se donnent un temps de rĆ©flexion. Ils pourraient dire non, car au fond, en ce qui les concerne, tout va pour le mieux Ć  Medan. Ā« Mais, se disent-ils, nous ne devons pas considĆ©rer les choses de notre seul point de vue. Nous devons nous interroger sur la mission que Dieu veut confier Ć  chacun de nous Ā». Et c’est Mulianta qui encourage Mardiana Ć  accepter, mĆŖme si cela implique pour lui de laisser son entreprise de MĆ©dan et de trouver un nouvel emploi Ć  Djakarta. Au cours des premiers mois Mardiana voyage continuellement pour transmettre les consignes au nouveau responsable et faire en sorte que ce changement de gestion n’affecte pas la clientĆØle de Medan. Ā« Je remercie Dieu d’avoir un mari incroyable ! – confie Mardiana au journaliste d’Indopost – s’il ne m’avait pas donnĆ© confiance, je n’aurais pas pu y arriverā€. Ā« Nous partageons tout ensemble – ajoute-t-elle – surtout notre engagement Ć  mettre en pratique l’amour Ć©vangĆ©lique qui nous porte Ć  considĆ©rer chaque prochain comme un frĆØre Ć  aimer. C’est la raison pour laquelle nous ne faisons pas de discriminations, quelle que soit l’appartenance sociale : nous sommes tous Ć©gaux. Quelles que soient la couleur de la peau, l’ethnie ou la religion, pour nous ce sont tous des frĆØres Ā». Et de raconter au journaliste une expĆ©rience personnelle. Ā« Notre femme de mĆ©nage, qui est avec nous depuis pas mal de temps, est musulmane. Elle est non seulement honnĆŖte et travailleuse, mais aussi intelligente. Aussi lui avons-nous proposĆ© de faire des Ć©tudes universitaires, ce qu’elle a volontiers acceptĆ©. Beaucoup de personnes nous ont dit : lorsqu’elle aura une bonne situation, elle vous quittera et vous oubliera. Mais pour nous aimer signifie offrir aux autres des occasions, s’occuper de leur avenir. Elle fera toujours partie de notre famille, mais nous ne devons pas penser qu’une femme de mĆ©nage doit l’être Ć  vie, pas plus que notre chauffeur. Eux aussi doivent pour pouvoir accĆ©der Ć  de meilleures conditions de vie Ā». Le commentaire du journaliste, musulman, dans l’un des deux articles parus sur Indopost, mĆ©rite attention: Ā« Pour Mardiana diriger une succursale de Reliance Ć©tait dans les plans de Dieu, mĆŖme si c’est une responsabilitĆ© qui gĆ©nĆØre beaucoup de stress, avec des problĆØmes de toutes sortes. Mais elle parvient Ć  les affronter sereinement parce qu’à la base de sa vie il y a l’amour qu’elle a appris de la spiritualitĆ© du Mouvement des focolari dont elle et son mari font partie. Certes, mĆŖme si elle met toute sa confiance en Dieu, cela ne veut pas dire qu’elle reste passive, au contraire elle s’engage beaucoup dans son travail, et cela depuis qu’elle Ć©tait au collĆØge et par la suite dans sa vie professionnelle Ā».

7 Mai  1995: un dialogue qui a 20 ans et plus!

7 Mai 1995: un dialogue qui a 20 ans et plus!

20150523-04Mai 1995. CitĆ© Pilote de Loppiano (Italie). C’est le soir. Au cours du dĆ®ner, un groupe de personnes de convictions et d’origines culturelles diverses discute avec vivacitĆ©. Elles sont restĆ©es ensemble une journĆ©e entiĆØre pour vĆ©rifier s’il est possible de se comprendre, de s’accepter et de s’estimer entre chrĆ©tiens et non-croyants, en dĆ©passant les clivages idĆ©ologiques et les prĆ©jugĆ©s millĆ©naires. Cet Ć©change, entre personnes aussi diffĆ©rentes par le langage et les convictions, a dĆ©butĆ© Ć  la fin de l’annĆ©e 1978, avec la crĆ©ation par Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, du Ā« Centre pour le dialogue avec les non-croyants Ā», dans le cadre plus vaste de l’expĆ©rience conduite par les Focolari. La rencontre qui a eu lieu Ć  Loppiano est donc un bilan et un dĆ©fi: celui de se regarder dans les yeux pour s’assurer que oui, s’estimer est possible. Au cours des annĆ©es, en fait, on est devenus vraiment des Ā« amis Ā». Se confronter et rester ensemble n’est plus seulement un stimulant, c’est devenu un plaisir. Mais Ć  ce dĆ®ner, il manque l’un d’eux, peut-ĆŖtre le plus actif : Ugo Radica, un focolarino un peu spĆ©cial, a eu une idĆ©e. Il est allĆ© se poster prĆØs de la maison de Chiara qui devait arriver ce soir-lĆ  Ć  Loppiano. Sa patience l’a rĆ©compensĆ© : voilĆ  que la voiture arrive. Ugo s’en approche. Chiara, surprise, abaisse la vitre et lui demande : Ā« Ugo, que fais-tu ici ? Ā» Il rĆ©pond sans hĆ©siter: ā€œ Je suis avec un groupe d’amis de convictions diverses. Pourquoi ne viens-tu pas nous voir demain ? Je pense qu’il serait important pour eux d’avoir un Ć©change direct avec toi Ā». Chiara, aprĆØs un instant d’hĆ©sitation, accepte. Elle demande que soient prĆ©parĆ©es quelques questions auxquelles elle rĆ©pondra. Ugo, enthousiaste, rejoint ses amis.

20150523-03

Loppiano, 7 mai 1995

C’est ainsi que le lendemain, le 7 mai 1995, Chiara Lubich passe une demi-heure avec quelques uns de ceux qui vont devenir les colonnes d’une expĆ©rience toute particuliĆØre, dĆ©licate mais forte : le dialogue entre personnes qui normalement ont de la difficultĆ© Ć  se parler et Ć  s’estimer. Ce qu’on appelle le Ā« QuatriĆØme dialogue Ā» du Mouvement des Focolari naĆ®t officiellement dans ce lieu et au cours de cette demi-heure, avec ces rĆ©ponses adressĆ©es Ć  un petit groupe auquel Chiara parle de respect rĆ©ciproque, de Ā« non-prosĆ©lytisme Ā» (un concept presque rĆ©volutionnaire Ć  l’Ć©poque !), d’amour rĆ©ciproque possible entre personnes d’idĆ©es et de cultures diffĆ©rentes. Une expĆ©rience enthousiasmante, digne d’être poursuivie et diffusĆ©e avec dĆ©termination et conviction parce que, si le but du Mouvement est Ā« Que tous soient un Ā», sans les non-croyants il manquerait une partie essentielle et irremplaƧable de l’humanitĆ©. Ce soir-lĆ  Tito, un des amis arrivĆ©s Ć  Loppiano juste au dernier moment, tĆ©lĆ©phone Ć  sa femme, Ā« une catholique ad hoc Ā», membre du mouvement depuis des annĆ©es, pour lui annoncer, tout content, qu’il venait de parler en personne Ć  Chiara. Elle qui, au cours de toutes ces annĆ©es, n’avait jamais rĆ©ussi Ć  voir Chiara, mĆŖme de loin! 20150523-03Mai 2015, vingt ans aprĆØs. C’est de nouveau la fĆŖte Ć  Loppiano. Une commĆ©moration nostalgique? AssurĆ©ment pas. Armando, Morena, Tito, Dolores, Piero, Luciana, Roberto, Silvano et de nombreuses autres personnes se succĆØdent sur la scĆØne pour rappeler ces moments, faire le bilan des vingt annĆ©es Ć©coulĆ©es et mettre le cap sur les vingt Ć  venir. Une chose est bien claire pour tous: ce type de dialogue est extrĆŖmement prĆ©cieux. 20150523-01 A la diffĆ©rence des moments d’échange entre croyants, on ne sait jamais où va nous conduire une rencontre du ā€œquatriĆØme dialogueā€. Mais c’est justement lĆ  un gage d’authenticitĆ©, parce que chacun doit forcĆ©ment mettre en jeu toute sa personne, prĆŖt Ć  offrir sa propre idĆ©e, mais aussi Ć  accueillir celle de l’autre dans un Ć©change exigeant, mais fructueux. Un dialogue qui, au cours des annĆ©es, non sans difficultĆ©s, est devenu international et touche de nombreux pays. Sa diffusion est ressentie par les participants comme une responsabilitĆ© encore plus urgente. Un style de vie Ć  promouvoir avant tout entre les membres du Mouvement, pour ĆŖtre ensuite offert Ć  toute l’humanitĆ©.

Ɖvangile vĆ©cu. ā€œEt si c’était une arnaque?ā€

Ɖvangile vĆ©cu. “Et si c’était une arnaque?”

20150522-01“La maison qui abrite notre communautĆ© est Ć  proximitĆ© de la place Saint-Pierre, Ć  Rome. Il est presque 21Ā heures. Ma supĆ©rieure est sortie depuis peu pour admirer la colonnade de Bernini de nuit avec quelques collĆØgues. Le tĆ©lĆ©phone sonne. C’est elle: ā€˜Un homme, environ 35Ā ans, s’est fait voler ses papiers, son argent et son tĆ©lĆ©phone dans le mĆ©tro’. Je descends pour voir ce que je peux faire. Luciano, comme il dit s’appeler, raconte ĆŖtre arrivĆ© Ć  Rome cet aprĆØs-midi-lĆ , aprĆØs 27Ā heures de bus. Il avait rĆ©ussi Ć  rĆ©unir 1300Ā euros, prĆ©voyant utiliser cette somme jusqu’Ć  ce qu’il trouve un travail en Italie. Je lui demande s’il veut tĆ©lĆ©phoner Ć  quelqu’un et il me donne le numĆ©ro de sa mĆØre dans son pays d’origine. Je compose le numĆ©ro et lui passe le tĆ©lĆ©phone. Il se fait tard. J’appelle une sœur qui travaille Ć  Caritas, Ć  la gare Termini, pour lui demander si elle connaĆ®t un endroit où passer la nuit, mais elle dit que ce n’est pas possible sans papiers. Il dĆ©cide de dormir Ć  la belle Ć©toile et d’aller le lendemain Ć  l’ambassade, pour ensuite retourner au plus vite dans son pays. Je lui demande s’il veut manger, boire, mais il a l’estomac nouĆ© par le stress. Il dit avoir encore des sandwichs du voyage. Je propose de l’accompagner chez les sans-abri de place Pie-XII, pour le confier Ć  eux (il y a aussi des compatriotes). Avant de les rejoindre, nous rencontrons B., une sans-abri qui dort dans les niches de faƧades. Parfois, nous lui apportons quelque chose Ć  manger. Je lui raconte l’histoire de Luciano, sans lui dire, cependant, qu’avec les temps qui courent, je ne sais pas si j’ai raison de le croire. Et si c’était une arnaque? Mais la conviction qu’il s’agit avant tout d’un frĆØre Ć  aimer concrĆØtement est plus forte. La femme lui dit: ā€˜Prends beaucoup de cartons dans la benne, parce qu’il fait trĆØs froid la nuit. Je dormirai tout prĆØs, personne ne te fera de mal’. Nous laissons les bagages et allons chercher les cartons, pas faciles Ć  trouver: dans la zone, beaucoup dorment par terre au pied des bĆ¢timents. Entretemps, ma supĆ©rieure nous rejoint. Nous retournons auprĆØs de B. avec les cartons et laissons Luciano sous sa garde. Surtout, nous le confions Ć  la Sainte Vierge et aux Anges Gardiens. Je n’arrive pas Ć  dormir. Il fait trĆØs froid dehors et il y a beaucoup d’humiditĆ©. Le matin, je lui amĆØne au moins du lait chaud et du cafĆ©. Il dit qu’à cause du froid, de l’inconfort et du bruit des voitures, il n’a pas dormi. Je rentre pour la messe. Les lectures parlent du jeĆ»ne, qui consiste non seulement Ć  s’abstenir de manger, mais ā€˜Ć  partager ton pain avec l’affamĆ©, Ć  ouvrir ta maison aux pauvres, aux sans-abri, Ć  fournir un vĆŖtement Ć  ceux qui n’en ont pas…’ (Es 58,1-9). Je n’arrive pas Ć  lire, je n’arrive pas Ć  rĆ©pondre au prĆŖtre, j’ai la gorge nouĆ©e, les larmes coulent toutes seules… Je comprends – surtout moi qui ne pleure jamais – ce que signifie le ā€˜don des larmes’ dont le pape FranƧois a rĆ©cemment parlĆ©. AprĆØs la messe, je dis Ć  la supĆ©rieure: “Nous devons nous occuper de lui jusqu’au bout”. Craignant l’arnaque, elle est hĆ©sitante, mais ensuite accepte. Luciano est encore lĆ . Il s’était rappelĆ© que, dans la poche intĆ©rieure de son sac Ć  dos, il avait sa carte d’identitĆ©. Nous mettons un de ses sacs dans un caddie et nous portons l’autre avec lui. ƀ la gare routiĆØre, nous dĆ©couvrons qu’il y a justement un bus aujourd’hui pour son pays. Nous lui achetons un billet. La caissiĆØre nous conseille d’attendre le dĆ©part, parce qu’il est arrivĆ© que des types comme lui retournent ensuite Ć  la caisse pour se le faire rembourser. Il manque encore deux heures jusqu’au dĆ©part, mais nous continuons Ć  avoir confiance. Nous devons rentrer Ć  la maison et lui payons le dĆ©jeuner. Je l’étreins fort et lui laisse mon numĆ©ro de tĆ©lĆ©phone, ainsi qu’un peu d’argent pour le voyage et de l’argent de son pays pour rentrer en train dans sa ville. L’aprĆØs-midi, nous recevons, d’une personne qui a entendu parler de cette histoire, un don correspondant Ć  ce que nous avons dĆ©pensĆ©. Le jour suivant, arrive un SMS reconnaissant de Luciano. “Je vous remercie pour le billet et pour tout. Je suis arrivĆ© chez moi sain et sauf.”

Economie de Communion : une voie pour l’Afrique ?

RĆ©publique Dominicaine, le rĆŖve d’un orchestre

DSC09942.JPGā€œJ’avais dit tout haut que je pourrais aller deux semaines en RĆ©publique Dominicaine enseigner la musique Ć  Ā« l’Ecole CafĆ© con Leche Ā» (CafĆ© au Lait) sans penser que mes propos seraient Ć  ce point pris au sĆ©rieux. Et ce voyage inattendu s’est transformĆ© en l’une des plus riches expĆ©riences que j’aie jamais vĆ©cue – raconte Diane Gregory qui fut membre du Groupe international Gen Verde et qui vit actuellement aux USA – . J’avais Ć  peine eu le temps de me prĆ©parer que j’étais dĆ©jĆ  dans l’avion pour Saint-Domingue. Il faisait froid en ce matin du 9 avril dernier. Il neigeait au moment où je m’envolais de l’aĆ©roport JFK de New-York vers cette Ć®le qui m’a accueillie avec son climat tropical et sa mer bleu turquoise. Au cours du trajet qui nous conduisait dans le quartier colonial de la capitale, où je devais ĆŖtre hĆ©bergĆ©e, je regardais de belles plages et leurs cocotiers, les transports publics bondĆ©s de personnes entassĆ©es les unes contre les autres, les faubourgs misĆ©reux le long de la route… Le lendemain matin j’étais Ć  bord de la ā€œGuaguitaā€ (un minibus de 9 places qui transportait 23 personnes!), en compagnie de Cathy une jeune allemande venue elle aussi pour donner sa contribution Ć  l’école. Nous descendons Ć  Ā« El CafĆ© Ā» un quartier pauvre mais qui garde toute sa dignitĆ©. On nous a tout de suite parlĆ© de la violence dans ce secteur, mais aussi rassurĆ©es quant Ć  notre sĆ©curitĆ© Ā« parce que les gens savent que vous ĆŖtes venues pour l’école Ā». Nous nous retrouvons en effet dans un environnement où violence, chĆ“mage et enfants abandonnĆ©s font partie du quotidien. Marisol,Diane,gen che aiutano.JPGL’école ā€˜CafĆ© con lecheā€, l’une des nombreuses œuvres sociales du Mouvement des Focolari, nous surprend par son ambiance chaleureuse, sa vitalitĆ© et ses couleurs. Les salles de classe ne sont pas comme celles que j’avais connues aux USA, mais plus originales. Et juste en mesure d’accueillir 570 Ć©lĆØves, Ć¢gĆ©s de 6 Ć  14 ans ! Et dire qu’il y a seulement 20 ans cette Ć©cole dĆ©marrait sous une simple toiture en bois avec seulement 20 Ć©lĆØves ! Aujourd’hui, grĆ¢ce Ć  l’aide de nombreuses personnes, une construction aux normes a vu le jour et permet Ć  ces enfants d’être Ć©duquĆ©s et d’avoir chaque jour un repas consistant. Mais il y a plus : il rĆØgne dans cette Ć©cole un climat difficile Ć  dĆ©crire, une harmonie entre tous qui offre aux Ć©lĆØves un cadre propice Ć  leurs Ć©tudes et Ć  leur croissance. Les dix jours que j’ai passĆ©s lĆ -bas ont Ć©tĆ© plus que dynamiques! Avec Marisol JimĆ©nez, fondatrice et Directrice de l’Ecole, ce fut un continuel foisonnement d’idĆ©es immĆ©diatement mises en pratique dans les classes : cours de saxophone, de piano, crĆ©ation d’un chœur, jeux et exercices musicaux, leƧons de solfĆØge ; nous avons fabriquĆ© des instruments Ć  percussion, inventĆ© des scĆ©nettes, dansĆ© et mĆŖme mis en place un cours de Ā« macramĆØ Ā», un art que j’ai appris toute petite et qui consiste Ć  faire des Ā« nœuds Ā» pour crĆ©er des colliers ou d’autres objets. Mais le rĆŖve de Marisol est de mettre sur pied un orchestre : les instruments sont dĆ©jĆ  arrivĆ©s de la Suisse, les jeunes ont une grande envie d’apprendre (ils ont le rythme dans les veines et beaucoup d’enthousiasme !). Il manque seulement des fonds pour embaucher des professeurs de musique…espĆ©rons qu’ils arrivent ! ā€œCafĆ© con Lecheā€, autrement dit ā€œCafĆ© au laitā€ā€¦ voilĆ  qui rappelle les belles teintesĀ de la trĆØs grande majoritĆ© de la population dominicaine, Ā«ni cafĆ©, ni lait Ā». DĆ©sormais cette Ć®le n’est plus pour moi ce lieu spĆ©cial dont les journaux parlent beaucoup, mais une expĆ©rience vivante : l’école, les Ć©tudiants, les enseignants, tous ont Ć  mes yeux un nom, un visage, une histoire. Je suis partie avec la conviction que tout est possible lorsque l’on sait cueillir l’occasion et que l’on donne tout de soi-mĆŖme Ā».

Asie : nouveau visage de la vie consacrƩe

Asie : nouveau visage de la vie consacrƩe

20150518ReligiosiIndiaOblates in Une vocation en expansion, celle de la vie consacrĆ©e en Inde, qui touche diffĆ©rents points du subcontinent : Andra Pradesh, Orissa, les Etats du Nord Est. Ā« Le sens de la foi et le regard sur la vie religieuse est apprĆ©ciĆ©, et le dĆ©sir qui anime le plus les jeunes qui viennent au noviciat est d’entrer en contact intime avec le Seigneur Ā». C’est le pĆØre Attulli qui le dĆ©clare au cours d’une interview qu’il a donnĆ©e Ć  Ā« UnitĆ© et Charismes Ā», du groupe d’édition de CittĆ  Nuova. Ā« Ils le cherchent dans l’expĆ©rience de la priĆØre, Ć©lĆ©ment premier – continue-t-il – et ils veulent se dĆ©dier plus aux œuvres de charitĆ©. L’exemple de MĆØre Teresa de Calcutta est trĆØs fort. Elle, par son expĆ©rience concrĆØte de l’Inde, rĆ©ussit Ć  se dĆ©couvrir elle-mĆŖme et sa propre vocation en passant par une priĆØre profonde ; de lĆ  naĆ®t sa nouvelle vocation Ā». Les jeunes qui arrivent au noviciat viennent d’un contexte qui ne cache pas les inĆ©galitĆ©s sociales, la pauvretĆ©, bien que le subcontinent indien se situe au rang des nouvelles Ć©conomies mondiales. Mais ils ne perdent pas la dimension spirituelle, et mĆŖme, Ā« ils cherchent la solution en Dieu Ā», en trouvant en mĆŖme temps une implication dans l’engagement social, de fait, Ā« ils ont une forte aspiration Ć  faire des œuvres de charitĆ© pour rĆ©soudre les problĆØmes de pauvretĆ© matĆ©rielle, d’éducation et ainsi de suite. Ils viennent avec une expĆ©rience de Dieu qui ensuite les mĆØne Ć  des œuvres apostoliques en faveur des nĆ©cessiteux Ā». Nous sommes dans l’annĆ©e que l’Eglise catholique dĆ©die Ć  la Vie consacrĆ©e. Quels pas entreprendre pour amĆ©liorer ? Ā« Dans le contexte indien – explique P. Attulli – l’Eglise en gĆ©nĆ©ral et les religieux en particulier peuvent donner un tĆ©moignage de la prĆ©sence du Seigneur JĆ©sus, en Ć©tant plus proche des pauvres, autant en esprit que dans leurs besoins concrets. C’est un dĆ©fi dans le monde sĆ©cularisĆ©, où nous sommes tellement intoxiquĆ©s par le bien-ĆŖtre ! Les gens veulent redĆ©couvrir le visage de Dieu en nous, en se dĆ©tachant de la drogue du bien-ĆŖtre Ā». 20150517ReligiosiIndia2ā€œComment se fait-il que les gens s’éloignent de Dieu? Pourquoi ne sentent-ils pas la nĆ©cessitĆ© de se tourner vers Lui ? Ā», s’interroge le religieux. Il trouve la rĆ©ponse dans sa propre expĆ©rience de vie : Ā« Si nous sommes proches des pauvres, de ceux qui sont dans le besoin, nous dĆ©couvrons le visage de Dieu en eux. Les missionnaires qui vivent avec les pauvres, vivent en contact avec des gens qui ont la foi, mĆŖme s’il faut les aider Ć  grandir dans la Ā« culture de la foi Ā», par la catĆ©chĆØse, la priĆØre et les sacrements Ā». Ā« Dans le continent indien – conclut-il – il n’existe pas uniquement la pauvretĆ© matĆ©rielle mais aussi les pĆ©riphĆ©ries existentielles où la pauvretĆ© spirituelle est forte. Nous sommes crƩƩs par amour et dans l’amour, appelĆ©s Ć  vivre une vie sereine, pacifique, joyeuse. La foi n’est pas faite pour alourdir la tĆŖte, mais pour vivre joyeusement, non seulement dans la vie eschatologique, mais ici et maintenant. VoilĆ  pourquoi notre prĆ©sence dans les pĆ©riphĆ©ries et avec les pauvres est importante Ā».

Vers une nouvelle saison de l’Eglise en Italie

Vers une nouvelle saison de l’Eglise en Italie

logoĀ« Florence, en partant de qui le vit : cela veut ĆŖtre l’esprit du congrĆØs ecclĆ©sial Ā», c’est ce que le secrĆ©taire gĆ©nĆ©ral de la CEI (confĆ©rence Ć©piscopale italienne) dĆ©clare en ouverture, Mgr Nunzio Galantino, soulignant combien cette rencontre en est la preuve puisqu’elle rassemble des rĆ©alitĆ©s ecclĆ©siales qui œuvrent dans le social. Ā« Le congrĆØs ecclĆ©sial de novembre dĆ©marrera Ć  Prato, pĆ©riphĆ©rie idĆ©ale de Florence, où se rendra le pape Ā». ā€œOffrir l’apport d’une rĆ©flexion et d’un tĆ©moignage Ć  partir d’expĆ©riences que certaines rĆ©alitĆ©s vivantes de l’Eglise en Italie conduisent en terrain sensible, comme le service des plus petits et le dialogue Ć  360° Ā» : c’est la synthĆØse que fait le prof. Piero Coda dans une interview où il prĆ©cise l’objectif des deux journĆ©es de travail : approfondir le thĆØme Ā« le Serviteur du Seigneur et l’humanitĆ© des hommes Ā» (15 et 16 mai), organisĆ©es par le groupe Abele avec la revue Le Royaume, en collaboration avec l’Action Catholique Italienne, la Caritas, le CNCA, les rĆ©seaux de la Caritas et le Mouvement des Focolari. Avec les autres, ce sont des expĆ©riences, poursuit Piero Coda, ā€œqui s’ouvrent sur toutes les frontiĆØres existentielles de notre sociĆ©tĆ©, comme dit le Pape FranƧois Ā». Ā« Dans Evangelii Gaudium il emploie une belle expression : oui aux relations nouvelles engendrĆ©es par JĆ©sus.Toutes les rĆ©alitĆ©s concernĆ©es par cet Ć©vĆ©nement actualisent de faƧons diverses, ce Ā« oui Ć  des relations nouvelles Ā», Ć  travers les diversitĆ©s culturelles, sociales, les sociĆ©tĆ©s en marge, le monde qui nous entoure, la CrĆ©ation, notre maison Ć  tous, qui sont prĆ©cisĆ©ment autant d’expressions de notre ĆŖtre-en-relation Ā». La prĆ©sence de Maria Voce souligne l’adhĆ©sion des Focolari Ć  ce parcours, qui veut surtout faire ressortir la vie de ceux qui chaque jour se donnent pour un Ā« nouvel humanisme Ā». Ā« L’Eglise va au-delĆ  des limites des Ć©difices de culte et, dans la pleine communion entre clercs et laĆÆcs, l’humanitĆ© d’aujourd’hui se rend plus proche Ā», a-t-elle affirmĆ© dans son intervention. Ce congrĆØs Ā« veut rythmer une nouvelle saison de vie et de mission de l’Eglise en Italie : non seulement en rĆ©fĆ©rence Ć  la Ā« conversion pastorale Ā» qui la pousse, mais aussi au rĆ“le et Ć  l’action publique des chrĆ©tiens par rapport Ć  la rĆ©alitĆ© sociale, Ć©conomique, politique de notre pays, sans oublier de garder un œil ouvert sur l’Europe et le monde Ā». Une rĆ©fĆ©rence a Ć©tĆ© aussi faite au dĆ©fi du pluralisme et Ć  la nĆ©cessitĆ© d’harmoniser les multiples diversitĆ©s qui traversent le domaine public. Ā« Cette nouvelle saison signifie transformer le monde, en partant de la conversion radicale du cœur et de l’esprit afin d’être prĆŖts Ć  rencontrer JĆ©sus en chacun. Dieu ne peut nous accepter tous seuls, il veut que nous allions Ć  Lui avec les frĆØres… Donner le nom chrĆ©tien de la fraternitĆ© au lien social veut dire nous engager Ć  harmoniser l’enchevĆŖtrement des relations, en reconnaissant notre appartenance commune et rĆ©ciproque et les liens de responsabilitĆ© qui en dĆ©rivent, en orientant aussi l’agir personnel et collectif au bien de tous Ā». VoilĆ  pourquoi Ā« il faut donner parole et dignitĆ© Ć  ceux qui sont Ć  l’écart, Ć©largir les cercles de l’inclusion, soigner et reconstruire le tissu social en miettes. Avant tout ce sont les jeunes qui demandent d’apporter leur aide. Combien d’initiatives rĆ©pandues localement, comme de nombreux fragments de fraternitĆ©, au cœur de la sociĆ©tĆ© civile ! Ā». Et pour confirmer les paroles de Maria Voce, environ 200 personnes du mouvement des Focolari Ć©taient prĆ©sentes au congrĆØs, engagĆ©es d’une maniĆØre ou d’une autre dans les organismes d’Eglise et actives dans les domaines du dialogue interreligieux, de l’accueil des immigrants, de la politique, de la culture et de la lĆ©galitĆ©, de l’école, de vĆ©ritables chantiers ouverts pour le bien de l’Italie. Une participation qui veut montrer un nouvel engagement concret pris ensemble, avec d’autres rĆ©alitĆ©s associatives qui sont dĆ©jĆ  Ć  l’œuvre.

Chiara Lubich: Prendre l’initiative

Chiara Lubich: Prendre l’initiative

Audio mp3 en italien Ā«Mais Dieu est riche en misĆ©ricorde ; Ć  cause du grand amour dont il nous a aimĆ©s, alors que nous Ć©tions morts Ć  cause de nos fautes, il nous a donnĆ© la vie avec le Christ Ā» (Eph 2,4-5). 20150517-01Ā«Cette Parole de l’apĆ“tre Paul souligne deux caractĆ©ristiques de l’amour de Dieu Ć  notre Ć©gard. La premiĆØre est que son amour a pris l’initiative et nous a aimĆ©s, nous qui Ć©tions loin d’en ĆŖtre dignes – Ā« morts Ć  cause de nos fautes Ā». La seconde est que Dieu, dans son amour, ne s’est pas contentĆ© de pardonner nos pĆ©chĆ©s, mais, nous aimant d’un amour sans limites, il a Ć©tĆ© poussĆ© Ć  nous faire participer Ć  sa vie mĆŖme – Ā« il nous a donnĆ© la vie avec le Christ Ā». Cela me rappelle les dĆ©buts de notre mouvement, lorsque Dieu a allumĆ© en notre cœur l’étincelle de notre grand idĆ©al. ƀ la lumiĆØre de cette si belle Parole, je rĆ©alise combien cette Ć©tincelle ou ce feu n’étaient que participation Ć  l’amour mĆŖme qui est Dieu. Car, Ć  cette Ć©poque, dans la dĆ©solation de la guerre et dans le dĆ©sert qui nous entourait, nous n’avions pas attendu que quelqu’un d’autre prenne l’initiative de nous aimer. GrĆ¢ce Ć  un don particulier de Dieu, c’est nous qui allumions en beaucoup la flamme de l’amour, avec le dĆ©sir de la voir se propager partout. Pour pouvoir les aimer, nous ne nous demandions pas si nos prochains en Ć©taient dignes, mais nous Ć©tions plutĆ“t attirĆ©s par les plus pauvres, qui nous rappelaient le plus le visage du Christ, ou par les pĆ©cheurs, qui avaient le plus besoin de sa misĆ©ricorde. Par un miracle divin – comme ceux qui se produisent chaque fois qu’un charisme prend naissance sur cette terre –, notre cœur, malgrĆ© son Ć©troitesse, pouvait lui aussi s’affirmer riche en misĆ©ricorde. Pour nous, aimer le prochain signifiait l’entraĆ®ner dans notre rĆ©volution d’amour, partager avec lui notre idĆ©al. Tous les hommes sont candidats Ć  l’unitĆ© ; ils pouvaient donc participer, et participaient de fait, Ć  cette dynamique de vie divine que Dieu avait fait jaillir en un point de son Ɖglise. Cela se passait ainsi. Il faut qu’il en soit de mĆŖme aujourd’hui. Il est Ć©vident que les temps ont changĆ©, mais il nous faut bien admettre que, si alors le monde semblait un dĆ©sert du fait des destructions dues Ć  la guerre, il n’en est pas moins un aujourd’hui, mĆŖme si les raisons n’en sont plus les mĆŖmes. De nombreux facteurs ont contribuĆ© Ć  niveler notre sociĆ©tĆ© moderne, nous amenant Ć  vivre dans une Ć©quivoque dangereuse. Autrefois la sociĆ©tĆ©, fondamentalement chrĆ©tienne, distinguait trĆØs nettement le bien du mal. Aujourd’hui c’est diffĆ©rent : au nom d’une libertĆ© factice, bien et mal, observance ou manquement Ć  la loi de Dieu sont mis sur le mĆŖme plan. Nous vivons dans un nouveau dĆ©sert, où ce ne sont ni les maisons, ni les Ć©glises, ni les monuments qui ont Ć©tĆ© bombardĆ©s, mais les lois morales et, de ce fait, les consciences. Alors que faire ? Nous ne sommes pas pour autant dĆ©sarmĆ©s pour livrer notre bataille, pour porter aux hommes le pardon et l’amour du Christ, mĆŖme s’ils tiennent si peu compte du pĆ©chĆ©. Car ce monde dĆ©sacralisĆ© a pour nous un visage : celui de JĆ©sus abandonnĆ© en qui le sacrĆ© et le divin se sont voilĆ©s. En lui jĆ©sus abandonnĆ© – Dieu qui se sent abandonnĆ© de Dieu – se reflĆØte toute situation nĆ©gative. C’est en son nom et par amour pour lui que nous trouverons la force d’aimer ce qui est aujourd’hui difficile Ć  aimer. Le cœur brĆ»lant, prenant Ć  notre tour l’initiative, comme notre Dieu, nous approcherons ceux qui se trouvent sur notre route. ƀ travers nous, Dieu rĆ©veillera, illuminera les consciences, poussera au repentir, redonnera l’espĆ©rance, suscitera l’enthousiasme, jusqu’à mettre au cœur d’un grand nombre, alors qu’ils Ć©taient morts, le dĆ©sir de revivre avec le Christ, de vivre le Christ. Ce sont donc trois dĆ©cisions que la Parole provoque en nous : maintenir en notre cœur le feu allumĆ© ; prendre l’initiative, c’est-Ć -dire aimer en premier ; aimer non pas de faƧon limitĆ©e mais sans limites, c’est-Ć -dire de faƧon Ć  amener tout le monde Ć  vivre notre IdĆ©al qui est : vivre le Christ. C’est seulement ainsi que nous pourrons ĆŖtre Ć  la hauteur de ce que l’Ɖcriture nous demande de vivre ce mois-ciĀ». […] (Chiara Lubich Rocca di Papa, le 3 Janvier 1985) (Sur les pas du RessuscitĆ©, Nouvelle CitĆ©, Paris 1992, pp 59 – 61) Source: Centre Chiara Lubich

Living Peace 2015: paroles et images en provenance du Caire

Living Peace 2015: paroles et images en provenance du Caire

20150515Egitto2ā€œLe Forum de la Paix a Ć©tĆ© une expĆ©rience unique en son genre. J’ai apprĆ©ciĆ© chaque moment du programme. Une telle rencontre (…) nous fait espĆ©rer que se profile un avenir meilleur et qu’un jour la pauvretĆ©, la faim, les discriminations et les guerres prendront fin Ā». C’est ainsi que Rasha, professeur d’anglais au Rowad American College, dĆ©crit Living Peace 2015 qui s’est dĆ©roulĆ© au Caire du 4 au 6 mai, prĆ©cĆ©dĆ© par un congrĆØs de trois jours Ć  Alexandrie (Egypte) : une Ć©tape fondamentale pour permettre aux jeunes et aux Ć©tudiants venus du monde entier de se connaĆ®tre, afin d’assurer le plein succĆØs du Forum. A Alexandrie se sont succĆ©dĆ© des moments d’échange, de connaissance rĆ©ciproque et de partage des joies et des souffrances propres aux divers Pays reprĆ©sentĆ©s. Ensuite accueil magnifique au Caire avec une fĆŖte trĆØs saisissante sur le Nil, Ć  bord d’un grand bateau, avec des jeux, des chants et des danses qui ont laissĆ© place au Forum proprement dit, le Forum Mondial des Ć©tudiants pour la Paix. Le projet a Ć©tĆ© promu par l’ONG New Humanity, Ć  travers le projet Cayrus, approuvĆ© par l’Union EuropĆ©enne: huit autres partenaires, en provenance de divers Pays du monde, y ont adhĆ©rĆ© et envoyĆ© en Egypte une reprĆ©sentation de jeunes et d’Ć©tudiants. Trois jours, 1300 participants, parmi lesquels des Ć©tudiants et des enseignants de nombreuses Ć©coles et universitĆ©s nationales et internationales, dont quelques universitĆ©s du Caire, ont tĆ©moignĆ© de leur engagement commun pour la paix Ć  travers divers types d’expression: tĆ©moignages, recommandations de bonnes pratiques, prĆ©sentation de plus de 50 projets Ć©ducatifs pour la paix, workshop, sĆ©minaires, expositions et moments artistiques. PrĆ©sence d’ambassadeurs et de reprĆ©sentants diplomatiques de l’Argentine, du BrĆ©sil, de l’Uruguay, du Guatemala, de Cuba, de la RĆ©publique DĆ©mocratique du Congo, du Cameroun, du Pakistan, du Portugal, de la Croatie, du Mexique, de l’Allemagne et du Soudan. Cette action a dĆ©marrĆ© en 2011, Ć  l’initiative d’un professeur d’anglais, comme projet d’éducation Ć  la paix, au Road American College du Caire. Living Peace mobilise aujourd’hui plus de 25000 Ć©tudiants dans le monde entier et se caractĆ©rise par la participation personnelle des Ć©tudiants et des enseignants Ć  des initiatives d’éducation Ć  la paix, en lien avec un rĆ©seau mondial de personnes et d’établissements. L’adhĆ©sion permet Ć  chaque Ć©cole de lancer des projets selon ses possibilitĆ©s, en dĆ©veloppant la crĆ©ativitĆ© des jeunes et leur conscience de contribuer Ć  un objectif commun. Il en rĆ©sulte une participation active de tous qui dynamise les diffĆ©rentes composantes de l’école en renforƧant la solidaritĆ© entre Ć©lĆØves, enseignants, direction et parents, avec des retombĆ©es positives sur la sociĆ©tĆ©. Le Forum 2015 a Ć©tĆ© l’occasion de prĆ©senter Scholas Occurrentes, le grand rĆ©seau mondial voulu par le Pape FranƧois lorsqu’il Ć©tait encore archevĆŖque de Buenos Aires et qui relie plus de 40 000 Ć©tablissements dans le monde entier. La prĆ©sence de Dominicus Rohde, PrĆ©sident du Forum Mondial de la Paix, venu d’Allemagne, a donnĆ© poids et valeur Ć  chaque instant du Forum. En effet, en tant que premier Forum mondial s’adressant aux jeunes, l’évĆ©nement a assurĆ©ment ouvert les portes d’une nouvelle voie. Le Forum mondial pour la paix a attribuĆ© Ć  New Humanity le prix pour la paix Luxembourg, en remettant Ć  CĆ©cilia Landucci, reprĆ©sentante de l’ONG, la prestigieuse mĆ©daille” Nelson Mandela”, prĆ©cisĆ©ment au Caire. Voir la vidĆ©o: Living Peace 2015 https://www.youtube.com/watch?v=nugDbxgoccg&feature=youtu.be Source: ONG New Humanity, AMU etĀ HumanitĆ© Nouvelle ActualisĆ© le 27 mai 2015 Ā 

Giordani: ā€œC’est l’heure de Marieā€

Giordani: ā€œC’est l’heure de Marieā€

20150513CentroAveSculturaMariaĀ« Lorsque Marie se prĆ©sente, l’Eglise universelle chante. Au milieu de la grisaille et de l’ennui, son nom surgit, et l’atmosphĆØre se clarifie, des lueurs sans nombre s’illuminent. Elle est soleil où Dieu introduisit sa demeure Ā». C’est ainsi qu’Igino Giordani (dans Marie, modĆØle de perfection, CittĆ  Nuova, Rome, 2012) chante avec l’Eglise, s’insĆ©rant parmi les nombreux artistes, thĆ©ologiens, saints qui se surpassent pour illustrer les vertus de la MĆØre de Dieu, sa beautĆ©, la grandeur de sa fonction dans l’économie de la rĆ©demption. Dans le livre mentionnĆ© un chemin se conclut : Giordani progresse dans sa comprĆ©hension du mystĆØre de Marie, dans son attitude intĆ©rieure envers elle. Il avait dĆ©jĆ  souvent Ć©crit sur elle dans des articles et de nombreuses pages de ses livres. Il lui avait mĆŖme dĆ©diĆ© un volume : Marie de Nazareth, en 1944. Mais le sujet tournait toujours autour de contempler, louer, invoquer Marie. Dans Marie modĆØle de perfection on y trouve une diffĆ©rence, qui reflĆØte le bond accompli dans sa maturation : maintenant le sujet est, oui contempler, mais surtout imiter Marie. Le rapport intellectuel et vital de Giordani avec la MĆØre de JĆ©sus prend une dimension plus profonde suite Ć  sa rencontre en 1948 avec Chiara Lubich et le mouvement auquel elle a donnĆ© naissance, connu sous le nom de mouvement des Focolari, mais dont le nom rĆ©el est Œuvre de Marie. L’expĆ©rience de Chiara et des personnes qui sont entrĆ©es en communion avec elle, centrĆ©e sur la Parole et en particulier sur la priĆØre de JĆ©sus pour l’unitĆ©, a pris dĆØs le dĆ©but un Ā« aspect marial Ā». Tout s’est clarifiĆ© et s’est dĆ©veloppĆ© par Ć©tapes successives. En voilĆ  quelques-unes : la disponibilitĆ© Ć  faire germer la prĆ©sence de Marie dans la vie spirituelle personnelle et communautaire ; l’engagement Ć  ĆŖtre un reflet de sa vie autant qu’il est possible, en parcourant sa route – la Via Mariae – comme elle nous l’est prĆ©sentĆ©e dans l’évangile ; un choix particulier de Marie en tant que mĆØre. Tout le discours de Giordani est imprĆ©gnĆ© de cette rĆ©alitĆ©. Il l’enrichit de sa culture thĆ©ologique et littĆ©raire et avec l’ardeur caractĆ©ristique qui en fait un tĆ©moin particulier d’un amour enthousiaste envers la MĆØre de Dieu. Marie incarne la force parce qu’elle incarne l’amour : et l’amour est plus fort que la mort. En lui seul se dissout en nouvelle vie le dĆ©sespoir du monde, de ce calvaire où la faute universelle nous a tous plongĆ©s. (…) PoĆ©sie, science, sagesse, amour, se concentrent en Marie, refuge dans la dĆ©solation, Ć©toile dans la tempĆŖte, beautĆ© dans l’horreur ; elle montre la voie pour aller au Fils, de sorte que par elle de maniĆØre plus amoureuse il arrive Ć  nous. Nous ne sommes pas seuls parce que la mĆØre est lĆ  : il suffit d’allumer son nom dans la nuit du dĆ©sert. (…) Tout saint, tout chrĆ©tien avisĆ©, se tient sur la croix, comme le Christ, mais avec la MĆØre Ć  ses cĆ“tĆ©s : au moment le plus horrible il remarque ses yeux implorants, il sent son unitĆ©, alors il remet, confiant, l’esprit dans les mains du PĆØre Ā». Ā« L’imitation de Marie Ā» est indiquĆ©e comme objectif bon pour femmes et hommes, vierges, prĆŖtres et laĆÆcs avec applications dans le spirituel comme dans le social. ā€œC’est l’heure de Marieā€, Ć©crit Giordani, où elle veut revivre au sein des Ć¢mes qui, Ā« devenues mystiquement elle Ā», rĆ©ussissent Ć  engendrer le nouveau JĆ©sus au milieu des hommes d’aujourd’hui, qui ont de plus en plus besoin de Lui. Et il la voit, spĆ©cialement dans la profondeur abyssale de sa dĆ©solation, devenir mĆØre des sauvĆ©s, Ć¢me de celui qui sait la recevoir, route praticable pour la sanctification de chacun d’entre nous. Tommaso Sorgi www.iginogiordani.info

Semaine Monde Uni et Run4Unity 2015

Semaine Monde Uni et Run4Unity 2015

SMU2015 Jeunes et enfants des Focolari avec une quantitĆ© de leurs amis. Signes de ceux qui n’épargnent aucun effort tant que tout le monde ne vivra en paix. Un focus sur quelques-unes de leurs initiatives, non pas parmi les plus participĆ©es en nombre ou rĆ©alisĆ©es dans de grande villes, mais significatives parce qu’elles disent que n’importe qui, dans n’importe quelle situation, peut donner un coup de pouce Ć  la paix. Kinshasa, Congo. Un millier de jeunes, chrĆ©tiens et musulmans ont manifestĆ© devant les autoritĆ©s civilesĀ : maires, gouverneurs, dĆ©putĆ©s, ambassadeurs. La conviction Ć©tait de mise (un jeune garƧon a invitĆ© Ć  lui seul 70 amis et reƧu Ć  l’avance leur participation financiĆØre). La course d’environ une heure, au milieu du trafic chaotique de Kinshasa, avait comme but « Petite FlammeĀ Ā», l’organisation scolaire des Focolari dans le quartier Ndolo, qui offre Ć  beaucoup d’enfants la possibilitĆ© de se construire un futur dans leur propre pays sans devoir Ć©migrer. D’autres jeunes ont couru dans la rĆ©gion instable de l’Est, Ć  Bukavu, Kikwit et Goma. Damas, Syrie. De beaucoup d’endroits les jeunes avaient demandĆ© Ć  leurs camarades syriens d’exprimer quelques mots par le moyen des rĆ©seaux sociauxĀ : « Je m’appelle M. et je me trouve Ć  Damas aprĆØs que nous avons fui la maison. Durant la nuit se sont succĆ©dĆ©s de forts bombardements dans notre quartier. Sur la maison d’autres amis, des roquettes sont tombĆ©es… les familles des Focolari se sont engagĆ©es Ć  trouver les logements pour eux. Quelques-uns d’entre nous ont perdu des parents, des amis, l’école… MalgrĆ© tout nous croyons Ć  la paix, nous vivons pour la paix et prions Dieu qu’elle revienne. Nous sommes allĆ©s rencontrer des enfants dans un orphelinat. Par groupes, nous avions prĆ©parĆ© des gĆ¢teaux, des biscuits salĆ©s, des bracelets… nous avons jouĆ© avec eux et nous avons passĆ© une belle journĆ©e ensembleĀ Ā». 65 autres jeunes de diffĆ©rentes villes du pays, malgrĆ© les risques du voyage, ont voulu se retrouver ensemble deux joursĀ : « une oasis comme l’était pour le peuple d’IsraĆ«l qui, au milieu de mille efforts, a traversĆ© le dĆ©sert pendant 40ansĀ Ā». Run4Unity2015 (3)Cascais, Portugal. Les 900 jeunes du Portugal arrivĆ©s dans la citĆ©-pilote de Cascais ont pris au sĆ©rieux ce que les jeunes de la Syrie ont demandé : prier pour la paix et ĆŖtre tous des endroits de paix dans la vie quotidienne, pour que l’amour se rĆ©pande et la paix se diffuse. « Ils nous ont donnĆ© force et dĆ©termination, en relativisant nos petites difficultĆ©s et nos dĆ©fisĀ Ā». L’adjoint aux politiques pour la jeunesse les a encouragĆ©sĀ : « Continuez Ć  croire en ce que vous croyez. Continuez Ć  ĆŖtre ce que vous ĆŖtes. Le monde a besoin de vousĀ !Ā Ā». Bahia Blanca, Argentina. Une pluie de ā€œpetits tracts dans la villeā€ avec des messages positifs distribuĆ©s un peu partoutĀ : sur les bancs de l’école, sur les portes, dans les ascenseurs, dans les boites Ć  lettres, sur les motos, les voitures, les vĆ©los… L’idĆ©eĀ : « mettre un peu de joie dans la journĆ©e de tout le monde et essayer de diminuer la violenceĀ Ā», inspirĆ© par la rĆØgle d’or des livres sacrĆ©s et autres textes. DiffusĆ©e sur Whatsapp et Facebook, l’initiative a impliquĆ© d’autres groupes (scout, ect.) et mĆŖme suscitĆ© des opinions contrastĆ©es, qui ont renforcĆ© la dĆ©termination Ć  « écrire ces phrases avec la vieĀ Ā». Hamm, Allemagne. Les jeunes catholiques et Ć©vangĆ©liques ont traversĆ© la ville touchant certains lieux de priĆØre symboliques, parmi lesquels la mosquĆ©e et le temple indou. Slovaquie. Une ville sur la frontiĆØre Ć©tait le but pour les enfants et les jeunes slovaques et ukrainiens autour de divers sujets, mais surtout pour partager la souffrance d’un conflit qui perdure et sĆØme mort et destruction. Hong Kong et Macao. Le rendez-vous : un des quartiers les plus commerciaux et de trafic de HK pour sensibiliser les passants sur la nĆ©cessitĆ© de la paix et sa prioritĆ© absolue. Bethleem. Cette annĆ©e le rendez-vous du relai pour la paix des jeunes chrĆ©tiens et musulmans de JĆ©rusalem, Nazareth et HaĆÆfa, s’est passĆ© Ć  Bethleem, sur la place de la basilique de la NativitĆ©. Une marche qui les a menĆ©s jusqu’au monastĆØre salĆ©sien dans la vallĆ©e de Cresima, où la lutte non violente de la population locale a Ć©vitĆ© la construction d’un pan de mur entre IsraĆ«l et les Territoire palestiniens. Source: CommuniquĆ©s de presse

Il y a 100 ans naissait Roger Schutz

Il y a 100 ans naissait Roger Schutz

Chiara Lubich, Gabri Fallacara, FrĆØre Roger Schutz (1978).

Chiara Lubich, Gabri Fallacara, FrĆØre Roger Schutz (1978).

Le 12 mai marque le centenaire de la naissance de FrĆØre Roger Schutz, fondateur de la CommunautĆ© de TaizĆ©. Quand l’as-tu rencontrĆ© pour la premiĆØre fois? ā€œC’était en aoĆ»t 1974, Ć  TaizĆ©, en Bourgogne (France), où se tenait le Concile des Jeunes. Chiara Lubich m’avait invitĆ©e Ć  y participer avec quelques jeunes franƧais. Pour accueillir les 40 000 participants de nombreuses banderoles où il Ć©tait Ć©crit Ā« Silence Ā» en diffĆ©rentes langues. Une faƧon simple mais directe de nous introduire dans un extraordinaire climat de priĆØre, un Ā« espace de crĆ©ativitĆ© Ā» comme l’appelait FrĆØre Roger : ni alcool ni cigarettes, mais priĆØre et dialogue entre tous, libertĆ© et confiance. Il y avait des catholiques, des protestants, des anglicans, des orthodoxes, des juifs, des agnostiques…une composition qui reflĆ©tait celle des frĆØres qui habitaient avec FrĆØre Roger, rĆ©formĆ© calviniste. Schutz Ć©tait toujours prĆ©sent. Il saluait chacun un Ć  un, avec des propos empreints de douceur, qui parlaient de Dieu. En apprenant que nous Ć©tions envoyĆ©s par Chiara, il a dit en me tenant la main : Ā« Je suis heureux de vous voir ici, dites Ć  Chiara que je la porte dans mon cœur Ā». Et Ć  un autre moment : Ā« Embrassez Chiara de ma part Ā» Dans le document final tous s’engageaient avec force Ć  vivre, sans reculades, les bĆ©atitudes et Ć  ĆŖtre Ā« ferment d’une sociĆ©tĆ© sans classes et sans privilĆØges Ā» Une incitation Ć  vivre l’inespĆ©rĆ©, Ć  vivre la paix, dans la concorde Ā» Etait-ce la premiĆØre fois que le Prieur de TaizĆ© rencontrait quelqu’un du Mouvement des Focolari? ā€œNon. Sa rencontre avec le Mouvement des focolari remonte aux annĆ©es 1950. Il en parle lui-mĆŖme dans la prĆ©face du livre Ā« MĆ©ditations Ā» de Chiara, imprimĆ© Ć  Paris en 1966 : Ā« Il y a plus de dix ans que j’ai accueilli Ć  TaizĆ© quelques jeunes, garƧons et filles. Je les ai Ć©coutĆ©s paisiblement et plus je les Ć©coutais, plus je percevais en eux la LumiĆØre du Christ. Qui Ć©taient ces jeunes ? Les focolarini. Par la suite nous nous sommes revus Ć  plusieurs reprises, non seulement Ć  TaizĆ©, mais Ć  Rome, Ć  Florence, Ć  Milan, ou encore ailleurs, et ce fut toujours la mĆŖme lumiĆØre du Christ. Un jour où j’étais Ć  Rome, j’ai invitĆ© Chiara Lubich, celle qui a fondĆ© la famille spirituelle des focolarini. Ce fut une rencontre mĆ©morable. J’ai ensuite souvent revu Chiara, et la transparence de cette femme est toujours la mĆŖme page d’Evangile ouverte. Je n’oublie pas que Chiara a Ć©tĆ© choisie parmi les humbles, les travailleurs, pour confondre les forts, les puissants de ce monde. Je sais qu’à travers des femmes comme Chiara, Dieu nous donne un incomparable instrument d’unitĆ© pour nous, chrĆ©tiens sĆ©parĆ©s depuis des siĆØcles par un long divorce Ā». Un tĆ©moignage d’estime et de respect rĆ©ciproque entre deux mouvements et deux fondateurs…
Chiara Lubich, Eli Folonari,

Chiara Lubich, Eli Folonari, Frei Roger Schutz

ā€œCes propos de FrĆØre Roger sans sa prĆ©face montrent qu’il a vu Chiara comme instrument d’unitĆ© pour la rĆ©conciliation entre chrĆ©tiens de diverses dĆ©nominations, une rĆ©alitĆ© Ć  laquelle il aspirait profondĆ©ment. Chiara l’a toujours tenu en grande estime en soutenant son œuvre de faƧon concrĆØte. Par exemple, elle a demandĆ© Ć  un focolarino d’aider pendant un an Ć  l’organisation du grand Concile. Plus tard il y a eu la collaboration pour le projet Ā« Ensemble pour l’Europe Ā», auquel FrĆØre Roger tenait beaucoup. La communautĆ© de TaizĆ© a toujours Ć©tĆ© prĆ©sente aux divers rassemblements et elle sera aussi Ć  celui qui se prĆ©pare Ć  Munich pour 2016. Pour la premiĆØre fois des Mouvements d’Eglises diffĆ©rentes se mettaient d’accord pour grandir ensemble en vivant l’Evangile. Vu que chacun d’eux touche de nombreuses personnes, cette initiative a revĆŖtu une signification historique importante, qui ne passe pas inaperƧue Ā». Toi qui l’as connu personnellement, que peux-tu nous dire de FrĆØre Roger en tant que promoteur de l’œcumĆ©nisme? ā€œFrĆØre Roger inaugure une nouvelle ĆØre. On priait les uns pour les autres, on partageait les difficultĆ©s et les espĆ©rances. Roger Schutz nous laisse un message de certitude. Il a commencĆ© son œuvre en accueillant des rĆ©fugiĆ©s et des personnes en souffrance, en rĆ©unissant de nombreux jeunes. Au cours de sa longue vie – il est mort Ć  90 ans, d’une mort particuliĆØre comme on le sait – il a vraiment expĆ©rimentĆ© l’amour du PĆØre pour l’humanitĆ© : il a Ć©tĆ© transparence de cet amour divin. La priĆØre Ć©tait pour lui une clĆ© qui lui permettait, pour ainsi dire, d’ouvrir le mystĆØre de Dieu et Roger avait ce sens divin de la priĆØre, comme en dehors du temps. Il croyait Ć  l’unitĆ© entre les chrĆ©tiens, il y croyait de faƧon absolue. Il a donc commencĆ© Ć  rĆ©aliser avec d’autres personnes ce qu’il pouvait faire tout de suite : prier. L’unitĆ© viendra comme un don de Dieu Ā».

JournĆ©e d’amitiĆ© entre coptes et catholiques

JournĆ©e d’amitiĆ© entre coptes et catholiques

PapaFrancesco-PapaTwadrosII (2)10 mai 2013. Le Pape FranƧois et le Pape Tawadros II se rencontrent au Vatican, en souvenir du rendez-vous historique d’il y a 40 ans, entre leurs prĆ©dĆ©cesseurs, le Pape Paul VI et le Pape Shenouda III. C’est de lĆ  qu’est partie une dĆ©claration commune sur l’unique foi professĆ©e par des Ć©glises de traditions diffĆ©rentes. « Je suis convaincu – avait affirmĆ© le Pape FranƧois – avec l’aide de l’Esprit Saint, de notre priĆØre persĆ©vĆ©rante, de notre dialogue, et de la volontĆ© de construire jour aprĆØs jour la communion dans l’amour rĆ©ciproque, qu’ ils nous permettront de faire de nouveaux et importants pas vers l’unitĆ© pleineĀ Ā». « Je crois dans l’unitĆ© dans la diversitĆ© – avait dĆ©clarĆ© le Pape Tawadros II lors d’une interview – C’est vraiment ennuyeux d’entrer dans un jardin où il n’y a que des fleurs rouges qui ont la mĆŖme tailleĀ . Si j’entre au contraire dans un jardin et que je trouve une rose rouge, une autre jaune et une troisiĆØme blanche, et que je vois des arbres de hauteurs diffĆ©rentes, cette diversitĆ© exprime beautĆ© mais aussi, force. Alors que je suis assis ici avec vous, je suis riche de mes frĆØres dans le ChristĀ Ā». ChiesaCopta (4)« Ce sont les paroles de quelqu’un qui a le courage d’aimer les frĆØres – commente Sherin, focolarine copte – et de raccourcir les distances et les temps pour une nouvelle comprĆ©hension et un nouveau partage aprĆØs des annĆ©es d’Ć©loignement, permettant ainsi aux deux Ć©glises, d’entreprendre une voie de paix et de fraternitĆ©. Ce sera impossible d’effacer ces paroles de la mĆ©moire et de l’histoire de l’ œcumĆ©nisme et ce, jusqu’Ć  ce que l’Ć©glise jouisse un jour de l’unitĆ© pleine de ses enfantsĀ Ā». Ce moment du mois de mai 2013, a Ć©tĆ© le premier voyage du Pape Tawadros II aprĆØs son Ć©lection, voyage qui eut comme objectif de rendre visite au successeur de Saint Pierre, le Pape FranƧois. C’Ć©tait la deuxiĆØme visite historique du Pape des Coptes au Pape de Rome, Ć©courtant ainsi toujours plus la distance entre les deux Ɖglises. « Cette rencontre m’est toujours trĆØs prĆ©sente Ć  l’espritĀ : entre ces deux grands hommes de Dieu, guidĆ©s par l’Esprit Saint, qui conduisent leurs troupeaux vers l’unique Ɖglise, qui sera rĆ©alisĆ©e dans les temps de Dieu. Ce souvenir du baiser fraternel et de l’amour rĆ©ciproque visible entre eux, m’envahit d’une immense joie. Je fĆŖte ce temps du souvenir avec les frĆØres des deux Ć©glises, je regarde avec enthousiasme vers le futur et j’ai confiance dans les pas qui nous rapprocheront toujours plus, c’est une grande joie pour toute l’ÉgliseĀ ! Ceci m’encourage Ć  vivre davantage pour l’unitĆ©, perspective qui m’a fascinĆ©e il y a plusieurs annĆ©es, lorsque j’ai connu le Mouvement des Focolari, où j’ai trouvĆ© la ”Perle prĆ©cieuse” de l’Évangile pour laquelle on vend tout. Au focolare, je partage cette vie avec des sœurs de diffĆ©rentes Ć©glises, où nous expĆ©rimentons la joie du RessuscitĆ©, signe de ce que sera l’Église dans la pleine unitĆ©. Dans la vie quotidienne, nous prions, travaillons et partageons aussi des moments de souffrance – comme le disait le Pape FranƧois en parlant de l’œcumĆ©nisme de la souffrance – qui nous aident Ć  grandir dans l’amour et dans le respect rĆ©ciproque, croyant que JĆ©sus sur la croix a surmontĆ© chaque division et a comblĆ© chaque vide. Je suis heureuse de partager cette expĆ©rience avec beaucoup d’autres dans le monde qui prient et vivent afin que cette unitĆ© soit expĆ©rimentĆ©e et vĆ©cue par tousĀ Ā». Sherin, Focolare de Sohag (Egypte)

Graziella De Luca nous a quittƩs

Graziella De Luca nous a quittƩs

1954.05« L’aventure de l’unité » : c’est ainsi que Chiara Lubich et ses premiĆØres compagnes aimaient dĆ©finir leur choix de Dieu comme IdĆ©al de leur vie ce qui les a conduites Ć  vivre pour l’unitĆ© de la famille humaine. Graziella De Luca Ć©tait avec elle dĆØs le dĆ©but. Il est impossible de raconter en quelques lignes sa vie pleine, trĆØs riche, qu’elle a vĆ©cue pour diffuser la spiritualitĆ© de l’unitĆ© en nombre de lieux et de cœurs. « C’est le feu que je suis venu apporter sur la terre et comme je voudrais qu’il soit dĆ©jĆ  allumé » (Lc 12, 49)Ā : c’est la Parole de JĆ©sus que Chiara Lubich lui avait indiquĆ©e comme but Ć  atteindre, en raison de son esprit apostolique trĆØs marquĆ© qui la conduisait Ć  rencontrer dĆ©putĆ©s ou simples ouvriers afin de leur raconter la dĆ©couverte qui avait transformĆ© sa vieĀ : sa rencontre avec l’amour de Dieu. Graziella De Luca, nĆ©e Ć  Trente le 21Ā mars 1925, s’est Ć©teinte le 9Ā mai Ć  15Ā hĀ 35 alors que les focolarines qui Ć©taient avec elle rĆ©citaient une priĆØre Ć  l’Esprit-SaintĀ : “Viens Esprit-Saint”; c’est ce que la prĆ©sidente des Focolari, Maria Voce, Ć©crit pour informer les communautĆ©s du mouvement du monde entier. « En remerciant Dieu de sa vie trĆØs richeĀ ! – continue-t-elle – Prions pour elle dans la joie de penser qu’elle est maintenant dans le sein du PĆØre avec Marie et avec tous ceux qui nous sont chers. Avec confiance, nous lui confions l’Œuvre “en sortie”, sĆ»rs qu’elle nous aidera Ć  embraser le monde par l’amourĀ Ā».

1400 jeunes au Meeting de Loppiano

1400 jeunes au Meeting de Loppiano

20150509Loppiano3« Ces temps-ci où nous sommes littĆ©ralement bombardĆ©s de violence, de guerres, au milieu de tant d’indiffĆ©rence, nous voulons tĆ©moigner avec force qu’il existe un autre monde, parce qu’il est lĆ Ā !Ā Ā». C’est l’exhortation qui vient de l’estrade de l’Auditorium de Loppiano, où Nino, Nahomi, Luigi et Anna ont conduit avec chaleur et profondeur deux heures de dialogue avec les 1400 jeunes prĆ©sents. La 42ĆØme Ć©dition du Meeting des jeunes italiens des Focolari, s’est dĆ©roulĆ©e – comme chaque annĆ©e – le 1ier mai dans la citĆ©-pilote de loppiano (Florence), elle a choisi comme titreĀ : ā€œOUTSIDE, Look, Choose, Beā€ (sortir, regarder autour, choisir, ĆŖtre). Beaucoup de propositions des Jeunes Pour un Monde Uni en vue de soutenir une culture de la fraternité : mĆ©thode pour sortir de l’inertie personnelle et sociale et pour s’engager Ć  changer le monde. Avec l’Expo des « Fragments de Fraternité », ils ont mis en vitrine la solidaritĆ© et la participation sociale par un rĆ©seau d’organisations gĆ©rĆ©es par des jeunes. 20150509Loppiano4ā€œJe m’appelle Kareen, je suis palestinien. J’ai 23 ans et suis diplĆ“mĆ© en administration. AprĆØs la chute du gouvernement d’Arafat les difficultĆ©s ont commencĆ© pour nous chrĆ©tiens de la bande de Gaza. Nous Ć©tions en ce temps-lĆ  sur le million et demi d’habitants. Ensuite nous avons beaucoup diminuĆ©. Deux Ć©glises ont mĆŖme Ć©tĆ© bombardĆ©esĀ Ā». C’est un des tĆ©moignages forts du 1er mai. « La guerre a commencĆ© en 2008 – continue Kareen – un jour une bombe est tombĆ©e Ć  cĆ“tĆ© de moi, au point que l’explosion m’a projetĆ© Ć  terre. Tellement de destruction, des personnes mortesĀ ! Au dĆ©but j’ai essayĆ© de rejoindre mon pĆØre Ć  son bureau des Nations Unies, parce que cela me semblait l’endroit le plus sĆ»r, mais ce n’a pas Ć©tĆ© possible. Ce n’est qu’aprĆØs 4 heures que j’ai pu arriver chez moi, j’ai mĆŖme dĆ» passer sur les corps des morts. Ma mĆØre pleurait parce qu’elle n’avait plus de nouvelles de moi. Nous avons vĆ©cu 28 jours de cette tension constante. Puis nous avons rĆ©ussi Ć  quitter la Bande de Gaza pour aller en Jordanie. Avec les gens du Focolare, en faisant l’expĆ©rience d’une vie fraternelle, petit Ć  petit j’ai dĆ©passĆ© ce fort traumatisme que j’avais et Ć  croire qu’avec l’amour nous pouvons construire un monde de paix. Depuis 7 mois je suis Ć  Loppiano. Vivre avec des jeunes de cultures et de religions diffĆ©rentes est une nouvelle expĆ©rience pour moi, parce qu’à Gaza je n’avais pas de contacts extĆ©rieurs. En essayant de m’ouvrir, d’accepter les autres, maintenant je me sens chez moi, j’ai trouvĆ© le trĆ©sor que je cherchaisĀ Ā». ā€œAprĆØs le tremblement de terre de HaĆÆti en 2010 qui a causĆ© la mort de plus de 220 mille personnes, des milliers de haĆÆtiens ont Ć©migrĆ© au BrĆ©sil Ā». Joao di Florianópolis, au sud du BrĆ©sil, ouvre une brĆØche sur la rĆ©alitĆ© sociale : ā€œBeaucoup d’entre eux sont diplĆ“mĆ©s mais ne parlent pas bien le portugais, ils ne trouvent du travail que comme maƧons et souvent ils sont peu payĆ©s et traitĆ©s avec dĆ©dain. Nous nous sommes demandĆ© quoi faire. Pour avoir un premier contact nous avons rĆ©coltĆ© des vĆŖtements et de la nourriture. Nous ne savions pas comment nous comporterĀ : ils parlaient franƧais et leur dialecte le « CrĆ©oleĀ Ā», et nous ne connaissions pas leur culture. Mais le dĆ©sir de mettre en pratique ce passage de l’évangile « J’étais Ć©tranger et vous m’avez Ć©couté » a dĆ©passĆ© tout obstacle. Petit Ć  petit nous avons fait connaissance et nous avons compris quelles Ć©taient leurs principales difficultĆ©s. La premiĆØre Ć©tait la langue. Nous avons dĆ©marrĆ© des cours de portugais, avec images, vidĆ©os et musiques. Ensuite nous les avons aidĆ©s pour les dĆ©marches quant Ć  la demande de documents et pour l’inscription aux cours publics gratuits pour techniciens, afin qu’ils soient en mesure d’obtenir un travail, pour une vie meilleure. Nous avons organisĆ© des soirĆ©es culturelles, avec des plats, des danses et des chants typiques de leur terre, nous sommes allĆ©s Ć  la plage et nous avons jouĆ© au foot ensemble… Maintenant nous voulons constituer une association pour utiliser toutes les possibilitĆ©s que les institutions offrent pour favoriser leur insertion sociale et culturelle. Tout n’est pas rĆ©solu et nous avons encore beaucoup de travail, mais il nous semble qu’une graine de fraternitĆ© a Ć©tĆ© plantĆ©eĀ Ā». 20150509Loppiano2VoilĆ  un coup d’œil sur le Meeting 2015, riche en tĆ©moignages et nombreuses propositions concrĆØtes afin de rĆ©pondre aux nĆ©cessitĆ©s urgentes de beaucoup de gens. Entre temps, un rĆ©seau de jeunes, d’associations, d’organisations, est dĆ©jĆ  actif depuis des annĆ©es en Italie qui œuvre Ć  diffĆ©rents niveaux du tissu social, ce que le pape FranƧois appelle les pĆ©riphĆ©ries existentiellesĀ : « Nous voulons faire sortir Ć  la lumiĆØre cette solidaritĆ© cachĆ©e qui existe et qui construit un prĆ©sent et un futur de paix, mais que les gens ne connaissent pas suffisammentĀ Ā», expliquent une fois de plus les jeunes des Focolari.

PrĆ©vention sanitaire? A nous d’y aller!

PrĆ©vention sanitaire? A nous d’y aller!

Sensibilisation dans une salle paroissialeBobo Dioulasso est la seconde ville du Burkina Faso, la plus proche de Bamako, capitale du Mali, où avaient Ć©tĆ© signalĆ©s quelques cas de virus Ebola. Entre les deux villes il y a de nombreux Ć©changes commerciaux et sociaux, avec un va et vient continuel de biens et de personnes. Ā« Il fallait agir en urgence pour rĆ©duire au maximum le risque de voir le virus atteindre aussi le Burkina – Ć©crit l’équipe du mouvement des focolari investie dans la campagne de sensibilisation contre la maladie du virus Ebola Ć  Bobo Dioulasso – ConcrĆØtement il s’agissait d’expliquer au maximum de personnes les mesures prĆ©ventives, mais la situation politique du Pays est telle qu’il n’est pas toujours possible que le gouvernement agisse Ā». ā€œNous avons alors dĆ©cidĆ© d’agir de nous-mĆŖmes. FĆ©licitĆ© est une volontaire, mĆ©decin Ć©pidĆ©miologiste auprĆØs de l’OOAS (Organisation de la SantĆ© pour l’Afrique de l’Ouest). Son rĆ“le est prĆ©cisĆ©ment de former le personnel sanitaire Ć  la lutte contre les Ć©pidĆ©mies. Elle-mĆŖme a travaillĆ© dans des Pays comme la GuinĆ©e Conakry, le LibĆ©ria, le Sierra Leone. Elle s’est tout de suite mise Ć  disposition. ā€œLa premiĆØre chose Ć  faire Ć©tait d’avertir l’évĆŖque qui Ć  ce moment-lĆ  n’était pas sur place. Nous sommes alors allĆ©s parler avec le vicaire gĆ©nĆ©ral, l’AbbĆ© Sylvestre qui nous a assurĆ©s du plein appui du diocĆØse pour inciter le clergĆ© et les fidĆØles Ć  s’informer sur les mesures nĆ©cessaires Ć  prendre. Carlo, un focolarino mĆ©decin du dispensaire de la mariapoli Victoria (Man), en CĆ“te d’Ivoire, nous a envoyĆ© les montages audio-visuels que nous avons ensuite dupliquĆ©s Ć  l’intention des groupes de jeunes et d’adultes chargĆ©s de sensibiliser les personnes. Nous avons aussi fait parvenir ce matĆ©riel Ć  un prĆŖtre et Ć  un enseignant de deux autres villes (Dedougou et Toussiana), intĆ©ressĆ©s par notre action. FĆ©licitĆ© s’est chargĆ©e de la formation des groupes, aidĆ©e par 15 Ć©tudiants de Pays d’Afrique de l’Ouest mandatĆ©s par l’OOAS, parmi lesquels quelques musulmans Ā». ā€œLa campagne a commencĆ© en Novembre 2014, d’abord au sein des rencontres du Mouvement des Focolari, pour s’élargir ensuite aux divers quartiers, aux paroisses ainsi qu’à un grand rassemblement de jeunes organisĆ© prĆ©cisĆ©ment par le diocĆØse de Bobo Dioulasso. Le dimanche nous sommes intervenus dans les Ć©glises. Nous avons parlĆ© au micro d’une radio privĆ©e, Ć  la radio diocĆ©saine et aussi nationale, en utilisant les trois langues les plus parlĆ©es : franƧais, dioula et morĆ© Ā» Sensibilisation Ć  la radio national du Burkinaā€œCette campagne a Ć©tĆ© l’occasion de connaĆ®tre de nombreuses personnes. Lorsque Jean-Bernard a expliquĆ© Ć  ses voisins ce qu’il pensait faire dans le quartier, chacun a voulu offrir quelque chose : qui a prĆŖtĆ© un ampli, qui a invitĆ© un chanteur pour l’animation, assurĆ© le transport du matĆ©riel ou fourni de l’eau Ć  boire. Environ 200 personnes ont assistĆ© Ć  la prĆ©sentation. La voix s’est rĆ©pandue dans les quartiers voisins et Jean-Bernard a dĆ» rĆ©pĆ©ter plusieurs fois la prĆ©sentation. A l’occasion de l’une d’entre elles, un infirmier professionnel a offert ses services en rĆ©pondant aux questions ; dans une autre Ć©tait prĆ©sent un spĆ©cialiste des langues locales, excellent traducteur. Les employĆ©s municipaux, auxquels on avait demandĆ© l’autorisation de faire ces manifestations, se sont montrĆ©s trĆØs reconnaissants Ā». ā€œEntre temps on a su par le Mali que la maladie avait Ć©tĆ© Ć©radiquĆ©e. Du coup le risque diminuait sĆ©rieusement au Burkina Faso. La chose importante aujourd’hui est de continuer Ć  respecter les mesures de prĆ©vention. Ce fut une belle occasion pour nos gens d’apprendre Ć  travailler ensemble. Il s’agit maintenant de poursuivre dans ce sens Ā».

Baltimore le jour d’aprĆØs

Baltimore le jour d’aprĆØs

20150507-01Ā« Ce qui est arrivĆ© a rĆ©veillĆ© la solidaritĆ© dans la communautĆ© citadine. Beaucoup de leaders et de groupes religieux, ainsi que des organisations civiles, se sont mis Ć  travailler ensemble pour nettoyer rues et bĆ¢timents et aider par tous les moyens pour faire voir l’aspect positif de la ville, malgrĆ© la blessure profonde ressentie Ā», Ć©crit Lucia, coresponsable du mouvement des Focolari, depuis Washington. Les faits dont on parle sont bien connus, c’est-Ć -dire les manifestations populaires qui se sont dĆ©chaĆ®nĆ©es Ć  Baltimore, le mois dernier et qui durent encore, aprĆØs la mort du 25iĆØme afro-amĆ©ricain Freddie Gray alors qu’il Ć©tait en Ć©tat d’arrestation. Baltimore, la plus grande ville du Maryland avec plus de 600.000 habitants, est un creuset de groupes ethniques en particulier afro-amĆ©ricains. LĆ©onie et Jennifer, deux volontaires des Focolari, habitent au centre-ville. Ā« La situation reste trĆØs tendue ; hier le maire avait fermĆ© les Ć©coles et le gouverneur de l’état a envoyĆ© les forces armĆ©es. Cependant tous ceux que nous connaissons vont bien Ā». LĆ©onie est justement proche des endroits d’affrontements et enseigne dans une Ć©cole Ć©lĆ©mentaire où presque tous sont afro et la pauvretĆ© rĆØgne. “A la TV j’ai vu l’un de mes Ć©lĆØves de 3iĆØme Ć©lĆ©mentaire participer Ć  une mise Ć  sac d’édifices et de propriĆ©tĆ©s Ā». Nous ne pouvons rester indiffĆ©rents, nous voulons faire quelque chose de concret, sachant bien que notre aide pour Ć©tablir des rapports vrais entre les personnes est plus urgent que jamais. Et pas seulement, mais que chaque acte d’amour construit des rapports nouveaux et permet de faire grandir la fraternitĆ© entre les personnes Ā», Ć©crivent Marilena et Mike. Ā« Entre temps nous participerons au diffĆ©rents moments de priĆØre organisĆ©s par les autoritĆ©s religieuses, Ć  commencer par la messe que l’archevĆŖque Lori cĆ©lĆØbrera dans notre quartier, en invoquant la paix Ā». ā€œAujourd’hui je suis retournĆ©e Ć  l’école – raconte LĆ©onie – j’ai essayĆ© de voir mes Ć©lĆØves (qui ont participĆ© Ć  la mise Ć  sac) d’un Ā« œil nouveauā€. J’ai pris contact avec une enseignante afro-amĆ©ricaine musulmane qui connaĆ®t deux reprĆ©sentants religieux noirs dans l’école pour offrir notre solidaritĆ© et nous nous sommes mises d’accord pour travailler ensemble Ā». Jennifer travaille dans une usine où presque tous sont blancs. Ā« Une de mes collĆØgues, qui habite proche des lieux des violences, est venue aujourd’hui me trouver et me disait combien elle souffrait de voir ce qui se passe, mais elle n’avait pas le courage de le dire Ć  personne par crainte d’être mise de cĆ“tĆ© par ses collĆØgues. Ce fut l’occasion de dire que nous pouvons commencer nous Ć  construire le dialogue avec tout le monde, une personne Ć  la fois, et diffuser ainsi une nouvelle mentalitĆ©. Ma collĆØgue n’est pas pratiquante, mais son visage s’est Ć©clairĆ© et elle m’a dit que c’est justement ce qu’elle voulait elle aussi Ā». En attendant, les leaders des diverses communautĆ©s religieuses commencent Ć  travailler ensemble pour la paix. ā€œJ’ai Ć©tĆ© invitĆ©e par l’Imam Talib de la mosquĆ©e de Washington Ć  offrir, le 5 mai, mon tĆ©moignage en tant que focolarine, et l’idĆ©al qui m’anime Ā», continue Lucia. Ā« Il veut que je parle au cours d’une rencontre ouverte au public et qu’ils organisent avec le Procurateur du district, pour intĆ©grer la perspective religieuse comme dimension essentielle pour calmer la violence. Le titre de l’évĆ©nement est : Ā« Heal the Hurt, Heal the Heart Ā» (Soigne la blessure, soigne le cœur). Cela nous semble une excellente possibilitĆ© de dialogue entre religions, mais en mĆŖme temps une chance pour faire voir, plus qu’un affrontement, la richesse de la diversitĆ© ethnique de notre sociĆ©tĆ© Ā».

Afrique du Sud: Religion au service de la Paix

Afrique du Sud: Religion au service de la Paix

Ela Gandhi-01ā€œCes jours-ci en Afrique du Sud aussi il y a beaucoup de troubles sociaux, de violences, de violations des droits humains…Ā quelques Sud-africains ne veulent plus dans leur Pays leurs frĆØres d’autres nations africaines. On ne comprend pas comment ces foyers de violence Ć©clatent de faƧon aussi forte. Il y a vraiment besoin de promouvoir la tolĆ©rance des diversitĆ©s au sein des groupes, des communautĆ©s, partout. Les migrants vivent dans la peur et beaucoup sont dĆ©jĆ  rentrĆ©s dans leurs pays d’origine Ā», Ć©crit Jacira, de Johannesburg. C’est dans ce contexte que s’est dĆ©roulĆ©, en ce 7ĆØme anniversaire de la mort de Chiara Lubich (22/01/1920 – 14/03/2008), un sĆ©minaire intitulĆ© Ā« Religion au service de la Paix Ā».TrĆØs intĆ©ressante la contribution de Ela Gandhi, niĆØce du Mahatma : Ć  plusieurs occasions, au cours de ses voyages en Italie, elle a Ć©tĆ© impressionnĆ©e par la personnalitĆ© de Chiara Lubich et par la spiritualitĆ© de l’unitĆ© qu’elle cite amplement dans son exposĆ© bien construit. Elle y affirme entre autres: Ā« En reconnaissant, comme le fit Gandhi, qu’on ne peut rien atteindre lorsque les gens n’ont pas de travail, de logement, ni de quoi se nourrir et se vĆŖtir, Chiara a conƧu l’idĆ©e de l’Economie de Communion dans la libertĆ©. Prendre soin les uns des autres, tel est l’appel qu’elle lance avec force et Ć©loquence! Ā» Elle explique encore : Ā« C’est l’amour pour les autres sous forme de misĆ©ricorde, l’amour qui ouvre les cœurs et les mains pour Ć©treindre les dĆ©laissĆ©s, les pauvres, les pĆ©cheurs repentis et ceux que la vie marginalise Ā». ā€œSi nous pensons pratiquer fidĆØlement notre religion, alors pourquoi tant de luttes, de guerres, de vexations et de souffrances perpĆ©trĆ©es par l’homme contre l’homme et d’indicibles atrocitĆ©s commises par l’homme en ce monde ? Ā», se demande-t-elle. Et d’affirmer avec force : Ā« Que chaque communautĆ© de fidĆØles prenne la responsabilitĆ© de corriger les interprĆ©tations erronĆ©es de sa propre foi et de ne pas abandonner la foi Ā». ā€œIci, en Afrique du Sud, durant l’apartheid qui Ć©tait fondĆ© sur une interprĆ©tation erronĆ©e de la Bible – selon Mme Ela Gandhi – nos frĆØres et sœurs chrĆ©tiens se mirent ensemble pour publier le Kairos Document. Ce texte affirme que le problĆØme…en Afrique du Sud n’est pas simplement celui d’une faute au niveau personnel, mais une question de structures injustes Ā». Aussi conclut-elle en disant: ā€œAujourd’hui lorsque le monde et aussi notre propre Pays expĆ©rimente un taux Ć©levĆ© de violence et de comportements dĆ©rĆ©glĆ©s, de rage et de destruction, de pauvretĆ© et d’indigence, il est nĆ©cessaire de nous pencher avec un regard nouveau sur notre pensĆ©e Ubuntu et de voir comment chacun de nous peut commencer Ć  introduire dans sa vie l’agapĆØ, bhavana, et beaucoup d’autres termes semblables qui se rĆ©fĆØrent Ć  l’amour pur, de faƧon Ć  faciliter l’avĆØnement d’un monde meilleur Ā». Et aujourd’hui plus que jamais, pour donner leur propre contribution, les membres des Focolari, dans ce pays de grandes distances, vont Ć  la rencontre des communautĆ©s les plus Ć©loignĆ©es pour partager et approfondir le message de paix et d’unitĆ©, fruit de l’Evangile vĆ©cu.

Congo: Petite Flamme rƩcompensƩe

Congo: Petite Flamme rƩcompensƩe

8160df2d75“J’étais un des enfants de Petite Flamme. L’école m’a permis de rĆ©aliser quelque chose dans la vie”, raconte TrĆ©sor, 29Ā ans, actuellement Ć©tudiant en mathĆ©matique Ć  l’universitĆ©, Ć  travers une vidĆ©o diffusĆ©e durant la cĆ©rĆ©monie qui s’est dĆ©roulĆ©e le 29Ā avril dernier au MusĆ©e juif de Berlin. “Lorsque j’étais petit, mon pĆØre Ć©tait Ć  la guerre, ma mĆØre n’avait rien Ć  nous donner pour nous nourrir”, ajoute Jean-Paul Ngandu Masamuna, 31Ā ans et septiĆØme de neuf enfants, aujourd’hui ingĆ©nieur. “Je devais lutter pour ma survie.Ā Petite Flamme m’a donnĆ© Ć  manger et la possibilitĆ© d’étudier. Mes amis sont allĆ©s en Europe, mais chaque fois que je parle avec eux, ils me disent qu’ils n’ont rien, qu’ils n’ont pas de travail et pas de papiers, et qu’ils n’ont pas la libertĆ© que j’ai. Leurs rĆŖves ne se sont pas rĆ©alisĆ©s. J’aime vivre Ć  Kinshasa avec mes compatriotes congolais, je veux rester et travailler en Afrique pour sauver la vie de beaucoup de personnes qui souffrent.” Petite Flamme est une organisation scolaire des Focolari au Congo, qui offre Ć  beaucoup de jeunes la possibilitĆ© de se construire un futur dans leur pays d’origine, sans la nĆ©cessitĆ© de devoir Ć©migrer. b1d51cd67c L’immigration, la nĆ©cessitĆ© d’empĆŖcher les tragĆ©dies en mer, l’urgence d’initiatives politiques de la communautĆ© internationale en faveur de certaines rĆ©gions de l’Afrique subsaharienne et du Nord ont Ć©tĆ© au centre du dĆ©bat qui s’est dĆ©roulĆ© Ć  l’occasion de “The Roland Berger Human Dignity Award”, Ć  Berlin. Ɖtaient prĆ©sents Ć  l’évĆ©nement: le Ministre des Affaires Ć©trangĆØres allemand Frank-Walter Steinmeier, Romano Prodi, ex-prĆ©sident de la Commission europĆ©enne, et d’autres reprĆ©sentants du monde Ć©conomique et politique. Le prix est promu par la “Fondation Roland Berger“, basĆ©e en Allemagne, qui soutient les Ć©tudiants provenant de situations dĆ©favorisĆ©es et œuvre pour la dĆ©fense des droits humains.Ā La fondation a remis Ć  l’école Petite Flamme le prix 2015, consacrĆ© Ć  l’engagement pour dĆ©fendre la vie et la dignitĆ© des rĆ©fugiĆ©s, et Ć  la prĆ©vention des problĆ©matiques liĆ©es Ć  l’immigration. Parmi les vainqueurs, outre Petite Flamme, deux femmes courageuses qui s’engagent pour les rĆ©fugiĆ©s: le Docteur Katrine Camilleri, de Malte, active depuis des annĆ©es dans le soutien juridique aux rĆ©fugiĆ©s, et le Docteur Alganesh Fessaha, prĆ©sidente de l’ONG “Gandhi”, qui offre une aide humanitaire aux rĆ©fugiĆ©s africains.522600f491 “Tout a commencĆ© par une idĆ©e de Chiara Lubich – raconte Dada Diambu qui, avec Odon Makela, coordonne le projet sur place – lorsque, pour faire face Ć  la situation difficile dans laquelle se trouvaient beaucoup d’enfants dans le monde, elle a lancĆ© le projet de ā€˜soutien Ć  distance’ de Familles Nouvelles.Ā Petite Flamme naĆ®t en 1996 pour offrir l’instruction aux enfants de Ndolo, un quartier de Kinshasa dans une situation de pauvretĆ© extrĆŖme. Les enfants Ć©tant mal nourris, la prioritĆ© est un plat chaud et des soins mĆ©dicaux adĆ©quats. Les annĆ©es suivantes, de nouveaux centres sont ouverts, le cycle scolaire s’élargit, l’aide s’étend aux adolescents et aux familles, des classes pour enfants malvoyants et malentendants sont crƩƩes. Ensuite, commence l’expĆ©rience de ā€˜l’accueil extrascolaire sous l’arbre’: 14 classes sous 14 arbres, vu le manque d’autres structures. Les filiales du projet, toujours en Ć©volution, se trouvent dans les quartiers plus dĆ©favorisĆ©s de la pĆ©riphĆ©rie de Kinshasa, ensuite Ć  Idiofa, dans le Bandundu, Ć  750Ā km de la capitale, Ć  Kisantu, dans le Bas-Congo, et Ć  Kikwit. Le projet est soutenu par diffĆ©rents organismes et ONG, et par l’Associazione per Famiglie Nuove onlus, qui assurent Ć©ducation, soins de santĆ©, alimentation, Ć  2400Ā enfants et jeunes, les aidant Ć  devenir des personnes responsables, afin qu’ils puissent sortir de la misĆØre et ĆŖtre en mesure de construire une vie digne pour eux-mĆŖmes et pour la communautĆ©.” “C’est durant l’opĆ©ration militaire de la Force de l’Union europĆ©enne (EUFOR), qui avait pour mission de sĆ©curiser les Ć©lections au Congo en 2006 – explique Monika-Maria Wolff, depuis de nombreuses annĆ©es au Congo – que le contre-amiral Henning Bess, responsable des soldats allemands et vice-commandant de la mission, a connu “Petite Flamme”. Il s’est alors engagĆ©, avec son escouade, dans de nombreuses et importantes aides. AprĆØs la fin de la mission, le contre-amiral a continuĆ©, avec sa femme Julie Müller, Ć  soutenir Petite Flamme – ainsi que le projet du “soutien Ć  distance” de Familles Nouvelles – avec un rĆ©seau de plus de 350Ā contributeurs allemands.” Durant la cĆ©rĆ©monie, une table ronde a Ć©tĆ© organisĆ©e sur les rĆ©sultats du rĆ©cent Sommet spĆ©cial de l’Union europĆ©enne sur l’immigration. Ont participĆ©: Romano Prodi, Frank-Walter Steinmeier, un reprĆ©sentant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les RĆ©fugiĆ©s, des journalistes et des membres de diffĆ©rents organismes humanitaires. Deux solutions, semblant ĆŖtre les seules qui peuvent apporter un remĆØde durable, ont Ć©mergĆ©: que la communautĆ© internationale collabore de maniĆØre plus unie et dĆ©cidĆ©e pour la paix et que des initiatives visant Ć  rĆ©soudre – Ć  l’exemple de Petite Flamme – le problĆØme aux racines soient soutenues, donnant aux jeunes le moyen de mener une vie digne dans leur pays sans recourir Ć  la fuite vers le nord et leur bien-ĆŖtre. Galerie photo

Run4Unity sur les lignes de dƩpart !

Run4Unity sur les lignes de dƩpart !

Run4Unity_WorldUne vidĆ©o des Juniors pour un Monde Uni de Syrie raconte comment ils vivent pour tenir allumĆ©e la flamme de l’espĆ©rance dans ce pays martyrisĆ©. Elle sera vue par leurs camarades d’autres nations, mobilisĆ©s pour tĆ©moigner, par des gestes de fraternitĆ©, leur engagement pour la construction d’un prĆ©sent de paix.

Les jeunes de Slovaquie se rendront en Ukraine, aux portes de Mucachevo:ā€ MĆŖme si la guerre se dĆ©roule dans une autre partie du pays – nous Ć©crivent-ils – ici on ressent la grande crise Ć©conomique et une atmosphĆØre privĆ©e d’espĆ©rance Ā». Un petit groupe ira ensuite Ć  Kiev pour soutenir les amis ukrainiens. A BethlĆ©em, la ville de la paix, des jeunes chrĆ©tiens et musulmans de BethlĆ©em, JĆ©rusalem, Nazareth et HaĆÆfa courront ensemble. On part de la place de la NativitĆ© où Ā« on dĆ©clarera Ć  la maire de la ville – Vera Baboun – et aux personnes qui seront prĆ©sentes, notre engagement Ć  vivre la RĆØgle d’Or pour construire la fraternitĆ© Ā», nous disent les juniors de la Terre Sainte. A Arequipa, au PĆ©rou, Ć  2300 m au-dessus du niveau de la mer, on lance une chaĆ®ne de solidaritĆ© : chaque junior apportera des denrĆ©es alimentaires et du matĆ©riel scolaire destinĆ©s Ć  deux centres, l’un où vivent des enfants abandonnĆ©s et l’autre des enfants handicapĆ©s. . Run4Unity_01Le premier groupe qui ouvre la course est celui de Wellington, en Nouvelle ZĆ©lande, celui qui la ferme est Ć  Los Angeles (Etats Unis). A Malte, c’est la PrĆ©sidente de la RĆ©publique, Mme Luise Coleiro Preca, qui donne le signal de dĆ©part. Des lieux symboliques : Ć  Budapest, en Hongrie, on ira toucher la statue de la libertĆ© sur la colline de saint Gellert, tandis qu’en Bolivie, Ć  Cochabamba, les juniors monteront aux pieds du Christ de la Concorde où il est Ć©crit Ā« Que tous soient un Ā». A Trelew, en Argentine, une peinture murale pour la paix au centre ville et Ć  Huston (Texas) une collecte de denrĆ©es alimentaires pour les rĆ©fugiĆ©s. Quant aux actions engagĆ©es dans le CĆ“ne Sud et au BrĆ©sil, elles sont toutes trĆØs expressives et Ć  forte connotation sociale. En Lituanie, Ć  Caunas, et en Allemagne, Ć  Hamm, des manifestations Ć  caractĆØre interreligieux. Sous le patronage du maire Thomas Hunsteger-Petermann, la Run4Unity de Hamm prĆ©voit un Ā« Reli-Rally Ā», qui reliera les divers lieux de priĆØre de la ville, entre autres la mosquĆ©e et le temple hindou. Les jeunes Bahai attireront l’attention par un flashmob. Il s’agit de contribuer ensemble Ć  un projet social local qui aide les enfants des pays en guerre (www.hammer-forum.de). A Goma aussi, au Congo, des jeunes de toute la ville, chrĆ©tiens de diverses Ć©glises et musulmans, se mobilisent. A 12h dans chaque fuseau horaire, le Time-Out reliera les diffĆ©rents points du monde: on priera pour tous les jeunes qui vivent dans des contextes de souffrance : les victimes du rĆ©cent tremblement de terre au NĆ©pal, de tous les conflits en cours, ceux qui sont obligĆ©s de quitter leur Pays. Mais Run4Unity court aussi sur les rĆ©seaux sociaux: Ć  travers l’hashtag #run4unity tous les liens de paix et d’unitĆ© qui seront construits ou reconstruits seront partagĆ©s avec photos et vidĆ©os, et convergeront sur le site de l’évĆ©nement http://www.run4unity.net/2015/. . Run4Unity se dĆ©roule dans le cadre de la Semaine Monde Uni – Discovering fraternityā€ est le titre choisi pour 2015 – proposition annuelle des jeunes pour promouvoir la paix Ć  tous les niveaux et dont l’évĆ©nement central aura lieu cette annĆ©e en Inde.

BrƩsil : Eucharistie et dƩfi social

BrƩsil : Eucharistie et dƩfi social

Istituto don VilsonUn travail d’organisation ā€œen rĆ©seauā€ et une prĆ©sence gĆ©nĆ©reuse et concrĆØte, Ā« le pĆØre Vilson Ā» encourage la vie et la dignitĆ© des plus exclus. Nous lui avons demandĆ© ce que signifie l’Eucharistie comme source d’unitĆ© pour son travail dans les pĆ©riphĆ©ries. Nous offrons ici quelques passages de son rĆ©cit, bien plus riche et ample. ā€œL’autre jour j’ai rencontrĆ© une personne qui vit dans la rue, journaliste et poĆØte. A un certain point de notre conversation il m’a demandĆ© : Ā« Pourquoi ĆŖtes-vous dans la rue avec nous ? Ā» Je lui ai rĆ©pondu que pour moi c’était une grande contradiction de cĆ©lĆ©brer la messe tous les dimanches Ć  la cathĆ©drale et en sortant de me trouver face Ć  face avec 70-80 personnes sans toit ni nourriture. Comment aurai-je pu rentrer chez moi ? Sur la colline de la ville de Florianopolis, où s’est multipliĆ©e une multitude de maisons pauvres, se trouve aussi ma maison, simple et sans clĆ©. Pendant la journĆ©e il arrive toujours quelqu’un pour prendre un cafĆ© ou pour manger : Ć  table on met chaque fois une assiette en plus. Cette porte toujours ouverte veut dire l’ouverture Ć  la communautĆ© du quartier : il y a toujours une place pour qui frappe Ć  la porte. C’est aussi une maniĆØre de rappeler que l’Eucharistie Ā« ne ferme jamais Ā» : elle est Ā« Ć  disposition Ā» de tous 24 heures sur 24. En pratique cela veut dire : notre frigo doit toujours ĆŖtre le frigo des gens, notre pain, leur pain, notre linge les vĆŖtements des pauvres. Istituto don Vilson2Chez moi, j’ai la possibilitĆ© d’avoir une chapelle avec le tabernacle et un prie-Dieu. Rentrer Ć  la maison, en fin de journĆ©e, et aller dormir lĆ  où m’attend JĆ©sus dans l’Eucharistie, est pour moi poser ma tĆŖte Ć  cĆ“tĆ© de Lui au lieu de m’adonner Ć  la TV ou Ć  internet qui nous porte Ć  tant d’autres choses. Sur la patĆØne que j’utilise pour la messe la phrase de mon ordination est Ć©crite : ā€œJ’avais faim et vous m’avez donnĆ© Ć  manger, j’avais soif et vous m’avez donnĆ© Ć  boire Ā», jusqu’à la fin du texte Ć©vangĆ©lique : Ā« Tout ce que vous aurez fait au plus petit de mes frĆØres, c’est Ć  moi que vous l’avez fait Ā». Ainsi quand je dispose sur la patĆØne le pain pour l’Eucharistie, je vois ces paroles et cela m’aide Ć  ne pas perdre la journĆ©e. Une femme du quartier m’a demandĆ© un jour : Ā« Vous savez, pĆØre Vilson, pourquoi JĆ©sus a voulu rester dans l’Eucharistie ? Afin que les gens ne sentent plus la solitude ni d’être orphelins. Ā» P.Vilson 4L’Eucharistie et le cri de l’humanitĆ©. Ā« Il ne peut pas y avoir de sĆ©paration entre la table de l’Eucharistie d’un cĆ“tĆ© et la table de la justice sociale de l’autre. Par nos gestes, nos bras, notre maniĆØre d’organiser, nous prolongeons la rĆ©alitĆ© de JĆ©sus Eucharistie et nous envoyons au monde un signe de partage et de soutien. GuidĆ©s par cette conviction, au fil des annĆ©es et avec les autres, nous avons mis sur pied un rĆ©seau de 340 personnes rĆ©tribuĆ©es mensuellement, 7 organisateurs et un institut. Il y a 5.000 enfants, garƧons et filles, ados, qui gravitent tous les jours autour de notre rĆ©seau de relations. Nous investissons chaque annĆ©e 15 millions de rĆ©ais (environ 5 millions d’Euros) et nous collaborons avec 80 autres institutions et organisations non gouvernementales. Pour jeter des ponts, nous avons dĆ©cidĆ© d’ouvrir une Ć©glise, qui Ć©tait presque toujours fermĆ©e, au cœur de la ville ; et lĆ  nous avons suscitĆ© une grande communautĆ© locale Ć  laquelle participent des intellectuels, des personnes de classe moyenne et des responsables d’entreprises qui s’engagent sous des formes diffĆ©rentes dans nos activitĆ©s. Nous cĆ©lĆ©brons la messe sur place tous les samedis et les dimanches et nous crĆ©ons ainsi comme un Ā« contrepoint Ā» entre pĆ©riphĆ©rie et centre Ā». (PubliĆ© sur Rivista di vita ecclesiale Gen’s, janv/mars 2015, p. 28-32).

Evangile vƩcu. Deux histoires en filigrane

Evangile vƩcu. Deux histoires en filigrane

20150502-aSur la route « Je fais plus ou moins les mĆŖmes routes en croisant chaque jour une multitude de gens. Il y a celui qui traverse quand il ne peut pas le faire, celui qui klaxonne parce que je n’ai pas encore dĆ©marrĆ© au feu vert, celui qui essaie de me couper la route….Heureusement que quelquefois je rĆ©ussis Ć  me rappeler que chacun d’eux est mon frĆØre et alors, mĆŖme le trafic le plus chaotique devient moins compliquĆ©. Un jour, il faisait particuliĆØrement chaud. Je me suis rendu compte qu’un clochard, que j’avais trĆØs souvent vu, Ć©tait inanimĆ© sur le trottoir, repliĆ© sur lui-mĆŖme. C’Ć©tait son angle de rue, ce carton, sa maison. En gĆ©nĆ©ral, il n’allait pas mal, et je ne m’Ć©tais jamais arrĆŖtĆ© avant, mais en voyant que quelque chose n’allait pas, malgrĆ© le fait que j’Ć©tais en retard avec les livraisons de mes commandes, je ne pouvais pas passer outre. Ma camionnette, cependant garĆ©e dans une zone de trafic intense, s’est tout de suite fait repĆ©rer par la police locale qui, de loin, me faisait signe de m’en aller immĆ©diatement. J’ai fait signe que je voulais aider cette personne en difficultĆ©. Mais ils continuaient Ć  me demander de m’en aller, me montrant le bloc de feuillets des contraventions. Je pensais qu’ils auraient dĆ» eux-mĆŖmes prendre soin de lui, mais vu qu’ils ne le faisaient pas, je me suis prĆ©cipitĆ© dans un bar pour prendre une boisson fraĆ®che pour ce pauvre. De retour prĆØs de lui, je lui ai caressĆ© dĆ©licatement la joue pour ne pas le rĆ©veiller en sursaut. GrĆ¢ce Ć  Dieu, il reprenait connaissance mais il Ć©tait fatiguĆ© et Ć©pouvantĆ©. Je lui ai approchĆ© le verre de la bouche et il m’a rĆ©pondu avec un sourire, en me remerciant plusieurs fois. A la fin, les policiers sont Ć©galement arrivĆ©s et en voyant la scĆØne, ils ont mis en poche le bloc des contraventions et m’ont saluĆ© en souriantĀ Ā». Alexander – GrĆØce 20150502-02Portier « J’alterne les Ć©tudes et le travail comme portier dans un pubĀ : travail ingrat et parfois mĆŖme non exempt de risques, surtout ayant Ć  faire Ć  des gens qui ont souvent trop bu. Un mois, la Parole de Vie invitait Ć  aimer en premier. Comment la mettre en pratique dans un milieu de travail comme le mienĀ ? En attentant, j’essaie de sourire et de saluer en premier les clients, mĆŖme si je ne reƧois pas de rĆ©ponse.AprĆØs une semaine, Ć  ma grande joie, je vois qu’ils commencent Ć  me sourire Ć  leur tour. Donc, Ƨa fonctionneĀ ! Non seulementĀ : si avant, avec les types plus ”difficiles”, j’utilisais des mĆ©thodes brusques, maintenant, voyant JĆ©sus en chacun, j’essaie d’ĆŖtre cordial de m’intĆ©resser Ć  lui. Ainsi, dans les moments plus critiques, je rĆ©ussis Ć  Ć©viter les bagarres et Ć  calmer les esprits. C’est dans un certain sens, une tactique prĆ©ventive qui entre autre m’aide Ć  gagner l’estime des clients mais aussi du patron. Et si quelqu’un me demande la raison de ma faƧon de faire, c’est l’occasion pour lui parler de Dieu AmourĀ ! Dans le pub, on y respire maintenant une autre atmosphĆØre, qui entre autre, attire de nouveaux clientsĀ Ā».Ā  M- PolynĆ©sie

Inde : Semaine Monde Uni 2015

Inde : Semaine Monde Uni 2015

UWW_2015_aPlus de 120 jeunes reprĆ©sentent 25 pays : du Japon Ć  l’Italie, de la CorĆ©e Ć  la Colombie, du NĆ©pal Ć  la Roumanie. Un laboratoire qui, dans l’atmosphĆØre de la Semaine Monde Uni qui se dĆ©roule dans le monde entier, est le vĆ©ritable tĆ©moignage que les diffĆ©rences culturelles et religieuses ne font pas obstacle au dialogue entre les peuples, mais qu’elles reprĆ©sentent un tremplin pour un monde plus uni et plus fraternel. Le titre de cette Ć©dition, ā€œFabric, Flavour, Festival – discovering fraternityā€, est entiĆØrement centrĆ© sur un dialogue Ć  360° ; Fabric (Tissu) : Affronter les dĆ©fis du dialogue pour construire un Monde Uni par la dĆ©couverte de sa propre identitĆ©, l’accueil, et le respect de l’autre, le courage de prendre l’initiative. Flavour (Saveur) : dialogue en acte en vivant la RĆØgle d’or Ā« fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse Ć  toi-mĆŖme Ā» point de dĆ©part d’un chemin vers la rĆ©ciprocitĆ© et le partage. Festival : joie de se dĆ©couvrir frĆØres et de vivre en paix. La multi culturalitĆ© est le leitmotiv de ces journĆ©es Ć  Mumbai. Des reprĆ©sentants du Shanti Ashram (mouvement indouiste) et du Rissho Kosei-Kai (mouvement bouddhiste), s’unissent aux jeunes chrĆ©tiens pour vivre des moments de fraternitĆ© en Ć©tant aussi au service des jeunes indiens et de la communautĆ© civile. UWW_EqualStreets_4Lawrence, reprĆ©sentant de Religions for Peace, nous dit qu’il est lĆ  parce Ā« qu’il faut montrer au monde des rĆ©alitĆ©s positives. Nous devons montrer au monde que la fraternitĆ© peut changer l’histoire Ā». Crisfan, jeune indien, raconte qu’il a connu les Jeunes pour un Monde Uni il y a quelques annĆ©es et depuis lors Ā« je sens le dĆ©sir de construire des ponts de fraternitĆ©. En Inde, la religion n’est jamais un obstacle. Chacun suit son parcours, mais tous nous sommes frĆØres Ā». MariĆ© depuis quelques mois, il a entraĆ®nĆ© aussi sa femme dans cette aventure. Ce sont des journĆ©es intenses au cours desquelles les jeunes partagent aussi les tragĆ©dies comme celle du NĆ©pal voisin, où le tremblement de terre – comme on le sait – a fait des milliers de victimes et de blessĆ©s. Ici Ć  Mumbai Sana et Roshan sont parmi nous, ils n’arrivent pas Ć  se mettre en contact avec leur famille. Cependant ils ont l’air sereins : Ā« Nous sommes sĆ»rs que Dieu pense Ć  eux Ā», nous disent-ils. En attendant, tout le monde prie. A la fin de la journĆ©e, voilĆ  la bonne nouvelle : leur famille va bien. Ils ont dĆ» ĆŖtre Ć©vacuĆ©s, mais l’amour de Dieu ne s’est pas fait attendre. Maria Chiara, italienne, nous raconte que depuis longtemps elle dĆ©sirait vivre une expĆ©rience de ce genre. Ā« Lorsque Christian m’a invitĆ©e, j’ai senti que je ne pouvais pas laisser Ć©chapper cette occasion. Je suis ici pour connaĆ®tre les autres jeunes et pour apprendre Ć  vivre la culture de l’autre comme la mienne Ā». Christian, par contre, est roumain, il Ć©tudie Ć  l’Institut Universitaire Sophia, qui a son siĆØge en Italie. AprĆØs s’être rendu en Terre Saint en 2013 et au Kenya en 2014, cette annĆ©e il a dĆ©cidĆ© de ranger ses livres Ā« pour savoir comment est vĆ©cue la fraternitĆ© dans une culture diffĆ©rente de la mienne Ā». La fraternitĆ© vĆ©cue concrĆØtement est dĆ©jĆ  l’expĆ©rience de ces premiers jours de chantier international en Inde tandis que, dans tous les coins du monde, se dĆ©roulent des initiatives en tous genres en faveur de la paix. Programma SMU in India

Loppiano – 43° meeting dei giovani

Chiara Lubich : une conscience de solidaritƩ universelle

Chiara Lubich : une conscience de solidaritƩ universelle

Chiara Lubich e Nikkyo NiwanoĀ«On parle beaucoup de la construction d’une maison europĆ©enne commune, mais nous sommes convaincus que cette œuvre tellement nĆ©cessaire, ne pourra ĆŖtre complĆØte que si on pense Ć  elle en tant que partie de ce “village global” qu’est la Terre sur laquelle nous vivons. Cette pensĆ©e m’a Ć©galement Ć©tĆ© suggĆ©rĆ©e par la prĆ©occupation que vous exprimez dans votre lettre au sujet des conditions prĆ©caires de notre environnement naturel. (…) En effet, les analyses alarmantes de scientifiques, de politiques, d’organismes internationaux, se multiplient par rapport Ć  notre Ć©cosystĆØme. De divers cĆ“tĆ©s, des propositions sont lancĆ©es pour guĆ©rir notre monde malade. (…) L’Ć©cologie, au fond, reprĆ©sente un dĆ©fi dont on ne peut ĆŖtre vainqueur qu’en changeant de mentalitĆ© et en formant les consciences. Des sĆ©rieuses Ć©tudes scientifiques ont dĆ©sormais dĆ©montrĆ© qu’il ne manquerait ni les ressources techniques ni les ressources Ć©conomiques pour amĆ©liorer l’environnement. En revanche, ce qui manque, est un supplĆ©ment d’Ć¢me, un nouvel amour de l’homme qui fait que nous nous sentons tous responsables de tous dans l’effort commun de gĆ©rer les ressources de la terre de faƧon intelligence, juste, mesurĆ©e (…). l’aspect de la distribution des biens dans le monde, de l’aide aux populations les plus pauvres, de la solidaritĆ© du Nord envers le Sud, des riches envers les pauvres est l’autre face du problĆØme Ć©cologique. Si les immenses ressources destinĆ©es aux industries de la guerre et Ć  une superproduction qui exige de plus en plus de super-consommateurs – sans parler du gaspillage des biens dans les pays riches – si ces Ć©normes ressources servaient au moins en partie Ć  aider les pays les plus pauvres Ć  trouver une voie de dĆ©veloppement dĆ©cente, le climat serait combien plus respirableĀ ; et combien de forĆŖt pourraient-elles ĆŖtre Ć©pargnĆ©es, combien de zones pourraient ĆŖtre soustraites Ć  la dĆ©sertification et combien de vies humaines pourraient ĆŖtre sauvĆ©esĀ ! (…) Pourtant, sans cette nouvelle conscience de solidaritĆ© universelle on ne fera jamais un pas en avant. (…) Si l’homme n’est pas en paix avec Dieu, la terre elle-mĆŖme n’est pas en paix. Les personnes fidĆØles Ć  une religion perƧoivent la “souffrance” de la terre lorsque l’homme ne l’utilise pas selon le projet de Dieu mais qu’ils l’utilisent seulement par Ć©goĆÆsme, dans un dĆ©sir insatiable de possession. C’est cet Ć©goĆÆsme et ce dĆ©sir qui contaminent l’environnement, plus encore et avant tout autre pollution qui n’en est que la consĆ©quence. (…) Aujourd’hui, de telles consĆ©quences dĆ©sastreuses obligent Ć  regarder tous ensemble la rĆ©alitĆ© dans la perspective d’un monde uniĀ : si nous n’affrontons pas tous ensemble ce problĆØme, nous ne le rĆ©soudrons pas. (…) Si on dĆ©couvre que la crĆ©ation est le don d’un PĆØre qui nous aime, ce sera bien plus facile de trouver un rapport harmonieux avec la nature. Et si on dĆ©couvre que ce don est pour tous les membres de la famille humaine, et non seulement pour quelques-uns, nous serons plus attentifs et plus respectueux pour ce qui appartient Ć  toute l’humanitĆ© prĆ©sente et futureĀ Ā».

Sauvegarde de la crƩation : sourire au monde

Sauvegarde de la crƩation : sourire au monde

Ā  Ā  FotoAnsaPapaBanKimoon Aucune anticipation sur l’encyclique du pape FranƧois sur la CrĆ©ation, mais une grande attente du document qui sera publiĆ© dĆ©but juin. Ā« Le monde attend d’écouter son enseignement et ce qu’il dira aussi bien sur l’encyclique que son discours Ć  l’AssemblĆ©e des Nations Unies le 25 septembre prochain Ā», dĆ©clare Jeffrey Sachs, directeur de l’agence ONU pour le dĆ©veloppement durable (UN sustainable Development Solutions Netwworks) promoteur du sommet, avec l’AcadĆ©mie pontificale des Sciences et Religions for Peace, dont Maria Voce est une des co-prĆ©sidents. Y seront prĆ©sents le secrĆ©taire gĆ©nĆ©ral des Nations Unies Ban Ki-Moon, le prĆ©sident de la RĆ©publique italienne Sergio Mattarella et de la RĆ©publique de l’Équateur, Rafael Vicente Correa. IMG_8049 Un congrĆØs qui a rassemblĆ© des scientifiques, des Ć©cologistes, des prix Nobel, des leaders politiques et religieux, pour approfondir le dĆ©bat sur les changements climatiques et le dĆ©veloppement durable, justement en prĆ©paration de la sortie de l’encyclique. Focus de la journĆ©e : les dimensions morales de l’engagement pour le dĆ©veloppement durable. Pour cette raison la participation des communautĆ©s religieuses, trĆØs diverses les unes des autres, semble une nouveautĆ© de bon augure. Pour Maria Voce, Ć  partir de ce sommet il en ressort une Ā« nouvelle conscience que pour obtenir quelque chose de positif il faut se mettre ensemble, parce que personne, tout seul, n’a la recette pour sortir des situations les plus dramatiques. Cela rĆ©vĆØle que l’humanitĆ© en soi a la capacitĆ© de sortir des crises, mais elle ne peut le faire qu’à l’intĆ©rieur d’une synergie de toutes les composantes. Le besoin rĆ©ciproque de s’écouter et de travailler ensemble est en train d’émerger Ā». Ā  TheEarthCube (1) Et les rĆ©ponses que l’on trouve ne peuvent pas ĆŖtre uniquement d’ordre technique, elles doivent s’enraciner dans les dimensions morales et orientĆ©es vers le bien-ĆŖtre de l’humanitĆ© : ainsi s’exprime le card. Turkson, prĆ©sident du dĆ©castĆØre Justice et Paix. Le progrĆØs Ć©conomique, scientifique, technologique a introduit des styles de vie inimaginables pour nos prĆ©dĆ©cesseurs, mais il a aussi Ā« des cĆ“tĆ©s obscurs et des coĆ»ts inacceptables Ā». Ā« Alors que la sociĆ©tĆ© globale se dĆ©finit sur des valeurs de consommation et sur les indicateurs Ć©conomiques, le privilĆ©giĆ© du moment est paralysĆ© face au cri des pauvres Ā». Ā« Sur 7 milliards de personnes, 3 vivent en condition de pauvretĆ©, alors qu’une Ć©lite consomme la grande partie des ressources Ā». Et le sujet finit inĆ©vitablement sur l’alimentation, au centre de l’Expo mondiale de 2015, qui se trouve maintenant Ć  nos portes. Turkson dĆ©nonce avec force l’exploitation du travail, le trafic d’êtres humains et les formes modernes d’esclavage. Le pape FranƧois dĆ©plore cette Ā« culture du dĆ©chet Ā», rappelle le cardinal, dans la mondialisation de l’indiffĆ©rence Ā». Ā« L’Eglise n’est pas une experte en science, en technologie ni en Ć©conomie Ā» – dĆ©clare-t-il – Ā« mais elle est experte en humanitĆ© Ā». Pour vaincre le dĆ©fi du dĆ©veloppement durable Ā« il faut la mĆŖme conversion, la mĆŖme transformation personnelle et le mĆŖme renouvellement exprimĆ©s par Paul VI il y a 50 ans et encouragĆ©s par le pape FranƧois aujourd’hui Ā». ā€œUne possibilitĆ© d’agir concrĆØtement nous est offerte par une initiative qui s’inspire du projet de Eco One Ā», explique Maria Voce dans une interview. Ā« Il s’agit du ’DĆ© de la Terre’ (http:/theearthcube.org/). Sur les six faces, des phrases aident Ć  vivre l’attention Ć  l’environnement : souris au monde ! DĆ©couvre les belles choses ! Enseigne Ć  vivre aussi la sobriĆ©tĆ©, Ć  n’utiliser que ce dont tu as besoin, comme font les arbres. Il s’agit de gestes quotidiens, d’actes concrets : ne pas gaspiller l’eau, recycler les dĆ©chets, la rĆ©utilisation. La derniĆØre face dit : c’est maintenant le moment, n’attends pas demain. Ces initiatives simples peuvent soutenir celui qui veut mettre en pratique ce que dit le pape, mais ne sait pas comment faire Ā».

Parole de vie de mai 2015

Sur le mont SinaĆÆ, Dieu avait rĆ©vĆ©lĆ© Ć  MoĆÆse son identitĆ© en se proclamantĀ : « Le Seigneur, le Seigneur, Dieu misĆ©ricordieux et bienveillant, lent Ć  la colĆØre, plein de fidĆ©litĆ© et de loyauté » (Exode 34, 6). Pour indiquer la nature de cet amour de misĆ©ricorde, la Bible hĆ©braĆÆque utilise le mot (raḄămĆ®m) qui Ć©voque le sein maternel, le lieu d’où vient la vie. Dieu, en se faisant connaĆ®tre comme ā€œmisĆ©ricordieuxā€, montre son attention pour chacune de ses crĆ©atures, semblable Ć  celle d’une maman pour son enfantĀ : il l’aime, il est proche de lui, le protĆØge, prend soin de lui. La Bible utilise encore un autre terme (įø„esed) pour exprimer d’autres aspects de l’amour-misĆ©ricordeĀ : fidĆ©litĆ©, bienveillance, bontĆ©, solidaritĆ©. Marie, dans son Magnificat, chante elle aussi la misĆ©ricorde du Tout-Puissant, qui s’étend d’âge en Ć¢ge (cf. Luc 1, 50). JĆ©sus lui-mĆŖme a parlĆ© de l’amour de DieuĀ ; il nous l’a rĆ©vĆ©lĆ© comme un ā€œPĆØreā€ proche de nous, attentif Ć  tous nos besoins, prompt Ć  pardonner, Ć  nous donner tout ce dont nous avons besoinĀ : « il fait lever son soleil sur les mĆ©chants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes.Ā Ā» (Mt 5, 45) L’amour de Dieu est vraiment un amour ā€œricheā€ et ā€œgrandā€, comme le dĆ©crit la lettre aux ƉphĆ©siens, d’où est tirĆ©e cette parole de vieĀ : ā€œMais Dieu est riche en misĆ©ricordeĀ ; Ć  cause du grand amour dont il nous a aimĆ©s, alors que nous Ć©tions morts Ć  cause de nos fautes, il nous a donnĆ© la vie avec le Christā€ C’est presque un cri de joie que Paul lance, en contemplant l’action extraordinaire que Dieu a accomplie pour nousĀ : nous Ć©tions morts, et il nous a fait revivre en nous donnant une vie nouvelle. La phrase commence par ā€œmaisā€, pour marquer le contraste avec ce que Paul constatait dans le passage prĆ©cĆ©dentĀ : la condition tragique de l’humanitĆ©, Ć©crasĆ©e par ses fautes et ses pĆ©chĆ©s, prisonniĆØre de ses dĆ©sirs Ć©goĆÆstes et mauvais, soumise Ć  l’influence des forces du mal, en rĆ©bellion ouverte contre Dieu. Dans cette situation, elle avait mĆ©ritĆ© le dĆ©chaĆ®nement de la colĆØre de Dieu (cf. Ep 2, 1-3). Or, au lieu de la punir – ce qui provoque la stupeur de Paul – il lui redonne la vieĀ ; il ne se laisse pas guider par la colĆØre, mais par la misĆ©ricorde et par l’amour. JĆ©sus avait dĆ©jĆ  laissĆ© entrevoir cette faƧon d’agir de Dieu, dans le rĆ©cit de la parabole du fils prodigue, c’est Ć  bras ouverts qu’il accueille le plus jeune fils, tombĆ© dans une vie dissolue. De mĆŖme dans la parabole du bon pasteur, parti Ć  la recherche de la brebis perdue, qu’il ramĆØne sur ses Ć©paules Ć  la maisonĀ ; ou encore, dans celle du bon Samaritain, qui soigne les blessures de l’homme tombĆ© entre les mains de brigands (cf. LcĀ 15, 11-32Ā ; 3-7Ā ; 10, 30-37). Dieu, PĆØre misĆ©ricordieux, symbolisĆ© dans ces paraboles, ne nous a pas seulement pardonné ; il nous a donnĆ© la vie mĆŖme de son fils JĆ©sus, il nous a donnĆ© la plĆ©nitude de la vie divine. D’où cet hymne de gratitudeĀ : ā€œMais Dieu est riche en misĆ©ricordeĀ ; Ć  cause du grand amour dont il nous a aimĆ©s, alors que nous Ć©tions morts Ć  cause de nos fautes, il nous a donnĆ© la vie avec le Christā€ Cette parole de vie devrait susciter en nous la mĆŖme joie et la mĆŖme gratitude que chez Paul et au sein de la premiĆØre communautĆ© chrĆ©tienne. Envers nous aussi, Dieu se montre ā€œriche en misĆ©ricordeā€ et nous aime d’un ā€œgrand amourā€, prĆŖt Ć  pardonner et Ć  nous redonner sa confiance. Il n’y a pas de situation de pĆ©chĆ©, de souffrance, de solitude, où il ne se rende prĆ©sent, Ć  nos cĆ“tĆ©s nous accompagnant, nous accordant sa confiance, la possibilitĆ© de nous relever et la force de toujours recommencer. Dans son premier ā€œAngĆ©lusā€ du 17Ā mars, il y a deux ans, le Pape FranƧois avait commencĆ© Ć  parler de la misĆ©ricorde de Dieu, un thĆØme qui lui est ensuite devenu habituel. Ce jour-lĆ , il avait ditĀ : « Le visage de Dieu est celui d’un pĆØre misĆ©ricordieux qui a toujours de la patience… il nous comprend, nous attend, il ne se fatigue pas de nous pardonnerĀ Ā». Il concluait cette brĆØve salutation en nous rappelant queĀ : « Il est, Lui, le PĆØre plein d’amour qui toujours pardonne, qui a ce cœur de misĆ©ricorde pour nous tous. Et nous aussi, apprenons Ć  ĆŖtre misĆ©ricordieux avec tous.Ā Ā» Comment vivre concrĆØtement cette parole de vieĀ ? ƀ l’image de Dieu, riche en misĆ©ricorde envers nous, qui nous aime d’un grand amour, soyons misĆ©ricordieux envers les autres. Apprenons, comme Dieu, Ć  aimer nous aussi tous ceux qui ne sont pas ā€œaimablesā€, et mĆŖme nos ennemis. JĆ©sus ne nous a-t-il pas ditĀ : « Heureux les misĆ©ricordieuxĀ : il leur sera fait misĆ©ricordeĀ Ā» (Mt 5, 7)Ā ? Ne nous a-t-il pas demandĆ© d’être « misĆ©ricordieux comme votre PĆØre est misĆ©ricordieuxĀ Ā» (Lc 6, 36)Ā ? Paul, lui aussi, invitait ses communautĆ©s, choisies et aimĆ©es par Dieu, Ć  revĆŖtir « des sentiments de compassion, de bienveillance, d’humilitĆ©, de douceur, de patienceĀ Ā» (Col 3, 12). En ayant cru Ć  l’amour de Dieu, nous pourrons Ć  notre tour aimer de cet amour qui se fait proche de quiconque vit une situation de souffrance ou de besoin, un amour qui excuse tout, qui protĆØge et sait apporter son soutien. En vivant de cette maniĆØre, nous pourrons ĆŖtre tĆ©moins de l’amour de Dieu et aider ceux que nous rencontrons Ć  dĆ©couvrir que Dieu est, pour eux aussi, riche en misĆ©ricorde et qu’il les aime d’un grand amour. Fabio Ciardi

Economie de Communion : une voie pour l’Afrique ?

Ecologie durable: projet Preset en Argentine

Diapositiva12342 personnes en provenance de huit pays d’Europe et d’AmĆ©rique Latine ont rĆ©pondu Ć  l’invitation. Le rendez-vous Ć©tait Ć  la CitĆ© du Pilote Lia, prĆØs de Buenos Aires. Il s’agissait pour elle non seulement d’accueillir, 9 au 21 mars, ce sĆ©minaire financĆ© par l’Union EuropĆ©enne, mais aussi d’être elle-mĆŖme objet d’étude pour l’élaboration d’un modĆØle de gestion et de dĆ©veloppement durable en matiĆØre d’habitat. A une Ć©poque où il n’a jamais Ć©tĆ© plus urgent de s’interroger sur l’environnement et de promouvoir la recherche de nouvelles technologies – il y va de la survie de notre planĆØte – l’initiative, inspirĆ©e par la spiritualitĆ© des Focolari, Ć  laquelle a adhĆ©rĆ© Dialogues en Architecture, le rĆ©seau de chercheurs et d’experts dans ce domaine, est d’une actualitĆ© pressante. PlongĆ©s dans l’observation du territoire et de ses structures, les jeunes se sont tout d’abord consacrĆ©s Ć  l’étude de PRESET (ā€œParticipation, Resilience and Employability through Sustainability, Entrepreneurship and Trainingā€), un projet d’étude – promu par l’association Starkmacher – sur le caractĆØre durable des citĆ©s pilotes des Focolari et d’autres partenaires comme la Fazenda de EsperanƧa (BrĆ©sil), la Fondation Unisol (Bolivie), Economy for tomorrow (SlovĆ©nie), New HumanityĀ  (ONG du Mouvement des Focolari). Pour ensuite travailler plus spĆ©cifiquement sur une proposition globale Ć©co-durable pour la CitĆ© Pilote Lia. Les jeunes, rĆ©partis en cinq laboratoires thĆ©matiques centrĆ©s sur la fraternitĆ© comme style de vie, sont parvenus Ć  une proposition intĆ©grale Ć©co-durable (Ecocity Mariapoli) Ć  laquelle ils ont associĆ© tous les habitants de la citĆ© pilote. Et aussi les jeunes du quartier, en allant les voir un aprĆØs-midi pour leur faire part du projet et leur parler d’environnement. Diapositiva097Ecocity Mariapoli, qui devra se rĆ©aliser dans le respect de l’histoire de la CitĆ© pilote et en dialogue avec ses habitants, a rĆ©alisĆ© au cours de ce sĆ©minaire une installation biogaz pour une des habitations de la citĆ©, une vulgarisation sur la faƧon d’obtenir du compost, une Ć©tude pour l’installation d’un systĆØme photovoltaĆÆque, pour l’isolation des constructions en vue de rĆ©duire les dĆ©penses d’énergie et pour le remplacement des ampoules par un Ć©clairage Led et d’autres choses encore. Tout cela allant de pair avec l’éducation Ć  l’environnement. C’est pourquoi il y aura une production de matĆ©riel didactique pour les habitants et les visiteurs de la Mariapoli, Ć  diffuser aussi dans les Ć©coles et Ć  travers le Web. Les artistes aussi ont contribuĆ© Ć  rendre la proposition attrayante en crĆ©ant une ligne de produits (chapeaux etc.…) rĆ©alisĆ©s avec un matĆ©riau Ć©cologique et des dĆ©corations reflĆ©tant les diverses cultures, et aussi une expression théâtrale appropriĆ©e au thĆØme. Heureuse coĆÆncidence: il y avait au cours de ces journĆ©es Ć  la CitĆ© pilote le PrĆ©sident de l’Institut Universitaire Sophia de Loppiano, le professeur Piero Coda: ā€œJe ne pense pas que ce soit une simple coĆÆncidence – a-t-il dit – . Il se peut que ce soit le projet de l’Amour de Dieu qui conduit Ć  quelque chose de nouveau, il se peut que se crĆ©e entre nous un rĆ©seau de communion, de travail au service de la solidaritĆ©, pour la justice Ā». TrĆØs significatif le tĆ©moignage de Francesco (Udine) : Ā« Je travaille comme architecte et je suis en train de faire un master en Constructions Ć©nergie presque zĆ©ro Ā» Ce qui m’a le plus intĆ©ressĆ© dans cet atelier c’est le fait d’être ensemble entre personnes qui ont des capacitĆ©s et des spĆ©cialisations diverses. Ce ne sont pas seulement des architectes comme nous, et c’est je pense le cĆ“tĆ© enrichissant pour tout le groupe : partir avec des talents divers pour atteindre un objectif commun qui pour nous est le caractĆØre durable appliquĆ© l’environnement, mais qui s’étend aussi Ć  l’économie et Ć  la sociĆ©tĆ© Ā». Riccardo, architecte italien, est lui aussi convaincu de l’importance d’un travail rĆ©alisĆ© ensemble : Ā« Je crois fermement que ce que je peux faire n’est qu’une petite partie, tandis que si nous sommes ensemble nous pouvons rĆ©aliser des objectifs qui donnent un rĆ©sultat positif pour tous, pour toute la sociĆ©tĆ©. Ces talents bien employĆ©s crĆ©ent du bien-ĆŖtre et de la satisfaction pour tous, pour les professionnels comme pour la collectivitĆ© Ā». www.eco-navigation.eu https://www.youtube.com/watch?v=uR9LbLbBfFI

SolidaritƩ avec le NƩpal

SolidaritƩ avec le NƩpal

20150427-02 « La situation est dĆ©sastreuse. Personnellement, je suis vivant mais maintenant nous restons en-dehors de la maison, de jour comme de nuit. Beaucoup sont morts, d’autres en train de mourir et de trĆØs nombreuses personnes sont blessĆ©es. Il y a constamment des secousses qui crĆ©ent des destructions continuellesĀ Ā», nous Ć©crivent quelques amis du NĆ©pal. En plus du nombre de victimes qui continue Ć  augmenter, l’UNICEF estime Ć  940 mille le nombre d’enfants Ć  risque, ayant un urgent besoin d’assistance sanitaire. Le Mouvement des Focolari s’unit dans la priĆØre pour les personnes touchĆ©es, pour leurs familles, pour demander consolation au milieu de cette gigantesque tragĆ©die et se mobilise pour la collecte d’aides. Depuis Mumbai, où les jeunes du Mouvement des Focolari sont rĆ©unis en prĆ©paration Ć  la Semaine Monde Uni, où sont Ć©galement prĆ©sents 3 jeunes originaires du NĆ©pal, ils lancent un appel aux Jeunes pour un Monde Uni du monde entier pour lancer immĆ©diatement une action de soutien aux personnes touchĆ©es par le sĆ©ismeĀ : « La Semaine Monde Uni – Ć©crivent-ils – peut ĆŖtre une occasion immĆ©diate d’exprimer concrĆØtement notre soutienĀ Ā». Le Pape FranƧois, aprĆØs avoir priĆ© Ć  l’AngĆ©lus pour les victimes du tremblement de terre, en exhortant « le soutien de la solidaritĆ© fraternelleĀ Ā», a exprimĆ© sa propre proximitĆ© Ć  la population nĆ©palaise lors d’un message envoyĆ© au nonce apostolique du NĆ©pal. Caritas NĆ©pal en attendant, s’est activĆ©e pour faire face Ć  l’urgence, mais des renforts sont nĆ©cessaires. On distribue des tentes et de la nourritureĀ : le problĆØme principal en ce moment est d’offrir un refuge, pour protĆ©ger du froid et de la pluie.


  Les aides financières peuvent être versées sur le compte des Jeunes pour un Monde Uni : Compte courant du secrétariat central des Jeunes pour un Monde Uni (JPMU) Communication : Urgence Népal Compte adressé à : PIA ASSOCIAZIONE MASCHILE OPERA DI MARIA Via Frascati 306, Rocca di Papa, 00040 Rome, Italie Adresse bancaire : BANCA PROSSIMA Piazza Paolo Ferrari 10 20121 Milano Italia.   CODE IBAN POUR TRANSACTION NATIONALE ET INTERNATIONALE : IBAN       IT62 W033 5901 6001 0000 0113 348 BIC          BCITITMX

Mexique: une fleur qui ne se fane pas

Mexique: une fleur qui ne se fane pas

2015-03-28 15.45.07Qui arrive pour la première fois à Santa Cruz de la Sierra trouve un contexte inattendu: une nature luxuriante et accueillante, une langue inconnue, la culture locale si différente, la pauvreté avec toutes ses conséquences, la simplicité et générosité sans limites des personnes.

Un groupe de jeunes et de familles des Focolari a choisi de passer la Semaine sainte Ć  Santa Cruz, avec beaucoup d’amis Nahua. En effet, l’Église locale, en raison des Ć©normes nĆ©cessitĆ©s pastorales, accorde un permis spĆ©cial durant les jours saints aux laĆÆcs, dĆ»ment prĆ©parĆ©s, pour exercer comme ministres Ć  disposition des prĆŖtres.

Mais laissons la parole aux protagonistes de l’évĆ©nement:

“Le soleil pointe Ć  l’horizon et l’autobus serpente sur les routes de montagne de la Sierra Madre orientale, avec Ć  son bord 43 jeunes et familles des Focolari. Le voyage est long et excitant; la fatigue ne se ressent pas, parce qu’il y a beaucoup de joie. ƀ l’arrivĆ©e, sont prĆ©sents des frĆØres, familles et amis de 33 communautĆ©s nahuas prĆŖts Ć  vivre avec nous la Semaine sainte.

Huit heures aprĆØs le dĆ©part de la ville de Mexico, nous sommes accueillis Ć  Santa Cruz par une population humble et gĆ©nĆ©reuse qui habite dans le cœur de la huasteca hidalguense (ā€˜Fleur qui ne se fane pas’): une rĆ©gion humide et avec des tempĆ©ratures Ć©levĆ©es, recouverte par des cĆØdres, Ć©bĆ©niers et acajous.

LĆ , dans une paroisse de la ā€˜Misión Javeriana’, nous nous sĆ©parons en sept groupes pour ĆŖtre avec la population et aider – avec les catĆ©chistes locaux – lors des services liturgiques dans autant de communautĆ©s, où la semence de la spiritualitĆ© de l’unitĆ© est arrivĆ©e depuis quelques annĆ©es.

2015-03-29 12.59.01La rencontre est trĆØs Ć©mouvante: la foi, la vie et le pain commencent Ć  ĆŖtre partagĆ©s. Quelques tĆ©moignages de vie Ć©vangĆ©lique sont racontĆ©s, petits et grands cadeaux sont Ć©changĆ©s. AprĆØs la cĆ©lĆ©bration du ā€˜lavement des pieds’, un des jeunes participants s’exclame: ā€˜C’est fantastique de se sentir chrĆ©tiens!’ Une jeune dit avoir participĆ© Ć  beaucoup de missions, mais ā€˜avec JĆ©sus parmi nous c’est diffĆ©rent; en effet, c’est Lui qui attire les personnes et c’est pour cela que nous voulons participer aux rassemblements et aux cĆ©lĆ©brations liturgiques’.

Parmi les nombreuses rencontres personnelles, une nous touche particuliĆØrement: nous rendons visite Ć  un homme Ć¢gĆ© vivant seul, qui n’est pas sorti depuis longtemps. Ses conditions d’hygiĆØne sont dĆ©plorables. Nous le lavons et nettoyons sa minuscule chambre; nous l’aidons Ć  se prĆ©parer Ć  recevoir JĆ©sus eucharistie et nous le lui apportons. Il dĆ©cĆØde le jour suivant.

AprĆØs une Semaine sainte vĆ©cue intensĆ©ment et aprĆØs avoir expĆ©rimentĆ© la donation mutuelle dans la simplicitĆ© et gĆ©nĆ©rositĆ©, arrive l’heure de rentrer Ć  Mexico. Durant le voyage, certains se souviennent des paroles de Chiara Lubich prononcĆ©es dans la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe en juin 1997: ā€˜L’inculturation exige un Ć©change de dons’.

Vu l’enthousiasme des jeunes ā€˜misioneros’ et des membres des communautĆ©s visitĆ©es, naĆ®t l’espĆ©rance que la ā€˜Misión’ Ć  Santa Cruz ne reste pas un Ć©vĆ©nement isolĆ©, mais marque le dĆ©but d’un processus de donation grandissant des Focolari au Mexique.”

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Giordani: Histoire de Light

Giordani: Histoire de Light

Giordani-11ā€œA l’origine, comme toujours lorsqu’il s’agit des choses de Dieu, il y a une simple semence. Silvia Lubich Ć©tait la fille d’un commerƧant en vin, devenu, Ć  cause de la crise Ć©conomique dĆ©clenchĆ©e par la seconde guerre mondiale, un modeste employĆ© municipal, et de son Ć©pouse, une femme de Trente, sans profession, mais qui, dans sa jeunesse, avait travaillĆ© Ć  la typographie de Cesare Battisti. Deux chrĆ©tiens typiquement trentins: simples, droits, sans histoires. Ils ont eu quatre enfants, un garƧon, l’aĆ®nĆ©, et trois filles, dont Silvia, nĆ©e le 22 janvier 1920, Ć©tait la plus grande ; ils avaient donnĆ© Ć  chacun une Ć©ducation chrĆ©tienne qui dĆØs l’enfance dĆ©veloppa chez Silvia une piĆ©tĆ© trĆØs droite. Droite en ce sens qu’elle refusait tout compromis : elle n’admettait pas que son dĆ©sir soit partagĆ© entre Dieu et le monde, que l’on pense au bien et au mal, que l’on dise une chose et qu’on en cache une autre. Il y avait Dieu : Dieu Ć©tait tout et il fallait donc tous appartenir Ć  Dieu : faire Sa volontĆ©, toujours, comme le rayon de soleil qui se dĆ©tache du ciel pour aller se poser sur la terre Ā». Ainsi commence Storia di Light (Histoire de Light), c’est Ć  dire l’histoire de Chiara Lubich Ć©crite par l’un des protagonistes des Ć©vĆ©nements relatĆ©s: Igino Giordani, personnalitĆ© qui a marquĆ© la culture et la politique italienne, cofondateur du Mouvement des Focolari. ā€œEtre un chef d’œuvre n’est jamais facile pour aucune œuvreā€, Ć©crit Alberto Lo Presti, Directeur du Centre Igino Giordani, dans l’introduction du premier Ć©pisode. Ā« A plus forte raison pour un livre qui doit s’imposer comme le meilleur parmi la centaine d’autres parus sous le nom de Giordani. Avec cette diffĆ©rence que Storia di Light (Histoire de Light) n’a jamais vu le jour. Non seulement, mais cette œuvre est restĆ©e pratiquement inconnue, y compris de ceux qui – au cours de toutes ces annĆ©es – l’ont prĆ©servĆ©e. Ce fut Giordani lui-mĆŖme qui a demandĆ© d’attendre, un souhait tout Ć  fait contraire Ć  celui de n’importe quel Ć©crivain qui aspire gĆ©nĆ©ralement Ć  la notoriĆ©tĆ©, surtout Ć  travers ses meilleures œuvres Ā». ā€œStoria di Light (Histoire de Light) ne cherche pas Ć  suivre les rĆØgles ni la mĆ©thode de l’historiographie. Nous pourrions dĆ©finir cette œuvre comme le rĆ©cit de l’intervention prodigieuse suscitĆ©e par l’Esprit Saint – et visible Ć  travers la personne et l’action de Chiara Lubich – dans l’histoire du XXĆØme siĆØcle. Autrement dit, il est constituĆ© d’une sĆ©rie de tableaux narratifs où la trajectoire de Chiara Lubich s’entrecroise avec le dessein de Dieu sur une humanitĆ© meurtrie dans sa pensĆ©e et socialement bouleversĆ©e par les divisions et par les guerres mondiales. VoilĆ  pourquoi, dans la trame subtile de Storia di Light (Histoire de Light), nous reconnaissons quelques traits fondamentaux de la personnalitĆ© complexe de Giordani. Sa blessure de guerre, les persĆ©cutions idĆ©ologiques qu’il a subies, sa mise Ć  l’écart de la sociĆ©tĆ© civile tĆ©moignent de son engagement au sein de tous les principaux drames qui ont affectĆ© le XXĆØme siĆØcle. Ce fut un homme de foi, un promoteur de la vie de l’Eglise et de la culture, convaincu que le mal radical sera dĆ©racinĆ© par un renouveau de l’Esprit chrĆ©tien qu’il s’efforƧa de rechercher avec tĆ©nacitĆ©. Il rencontra Chiara Lubich en 1948, et trouva en elle la lumiĆØre (light) qu’il recherchait. Il la suivit en mettant Ć  la disposition de la fondatrice des focolari toute son intelligence et toute sa volontĆ©. Il ne douta jamais de la force et de l’apport dĆ©cisif de Chiara Lubich Ć  l’Eglise, Ć  la sociĆ©tĆ©, au monde contemporain et Ć  venir. Aussi Giordani ne pouvait-il pas, quand bien mĆŖme l’aurait-il voulu, Ć©crire une histoire de Chiara Lubich achevĆ©e et distanciĆ©e, irrĆ©prochable sur le plan mĆ©thodologique. Son implication humaine et spirituelle ne le lui permettait pas Ā». ā€œL’auteur avait Ć©crit de nombreux ouvrages sur les plus grandes figures spirituelles: Catherine de Sienne, Ignace de Loyola, Madeleine de Canossa, Contardo Ferrini, FranƧois de Paule, Vincent de Paul, FranƧois de Sales, FranƧois d’Assise, pour ne citer que les monographies. Il s’agit d’une mosaĆÆque de personnalitĆ©s extraordinaires, ayant vĆ©cu Ć  des Ć©poques et dans des contextes diffĆ©rents. La place d’honneur, dans ce riche panorama, est attribuĆ©e Ć  Chiara Lubich. Il considĆØre la biographie qu’il a faite d’elle comme son Ā« chef d’œuvre Ā». Quand, Ć  l’âge de 54 ans, l’Histoire lui donne rendez-vous avec Chiara, il Ć©tait loin d’être sous-Ć©quipĆ© spirituellement. Il savait apprĆ©cier la valeur religieuse d’un idĆ©al, et possĆ©dait aussi les outils pour mesurer l’amplitude d’une intuition mystique. Pour cette raison…il est vraisemblable que Giordani ait eu la conviction intime de devoir donner son tĆ©moignage personnel pour dire qui Ć©tait rĆ©ellement Chiara. Il a d’ailleurs assumĆ© ce rĆ“le dĆØs qu’il a commencĆ© Ć  la frĆ©quenter ainsi le premier groupe des focolarine. GrĆ¢ce Ć  son Ć©rudition, il Ć©tait en mesure de rĆ©vĆ©ler l’importance et la nouveautĆ© de la personnalitĆ© de Chiara aux jeunes qui la suivaient Ā». Giordani vĆ©cut la pĆ©riode difficile où Chiara Lubich et les Focolari Ć©taient examinĆ©s Ć  la loupe par la CongrĆ©gation du Saint Office. A partir de cette Ć©poque – et encore de nombreuses annĆ©es aprĆØs – une attitude prudente s’est gĆ©nĆ©ralisĆ©e, conduisant Ć  la plus grande discrĆ©tion autour de la personne de Chiara. S’il Ć©tait nĆ©cessaire de contenir les marques d’affection et d’estime envers elle, pour Giordani il ne faisait aucun doute que la vĆ©ritĆ© sur elle devait ĆŖtre Ć©crite et transmise. D’où, Storia di Light (Histoire de Light), son chef d’œuvre. Introduction Ć  Storia di Light (texte intĆ©gral) – publiĆ© sur la revue Nuova UmanitĆ , janvier-mars 2015.

MĆ©diterranĆ©e: l’urgence d’initiatives politiques cohĆ©rentes

MĆ©diterranĆ©e: l’urgence d’initiatives politiques cohĆ©rentes

Migrants_boat crossing

Photo: Francesco Pecoraro/AP

Le Mouvement politique pour l’unitĆ© (MPPU), expression du Mouvement des Focolari dans le domaine politique, fait entendre sa voix au sujet du drame des flux migratoires en direction de l’Europe, voix qui s’ajoute Ć  celles des nombreuses associations et personnes sensibles Ć  ce problĆØme dans le monde entier.

ā€œLe plan lancĆ© par le sommet europĆ©en sur l’immigration – Ć©crivent-ils – convoquĆ© en urgence aprĆØs la Ć©niĆØme tragĆ©die survenue dans le Canal de Sicile et son trĆØs lourd bilan de vies emportĆ©es, Ć©largit l’aire d’intervention de Triton et de PosĆ©idon, de faƧon Ć  ce que les bateaux, en nombre plus important grĆ¢ce Ć  un financement triplĆ©, puissent aller Ć  plus de 30 miles au-delĆ  des cĆ“tes des pays de l’Union EuropĆ©enne. Mais cela reste des actions Ć  l’intĆ©rieur de Frontex dont la logique est la dĆ©fense les frontiĆØres europĆ©enne et non une politique affrontant l’ensemble du phĆ©nomĆØne migratoire Ā».

Le MPPU dĆ©nonce une forte contradiction au cœur mĆŖme de ce plan : Ā« En effet, les Etats de l’Union n’ont absolument pas dĆ©montrĆ© la mĆŖme disponibilitĆ© pour ce qui est de l’accueil des migrants, comme s’il ne devait plus en arriver. Et pourtant tout le monde sait que la destruction des pĆ©niches, si elle rĆ©ussit (peut-ĆŖtre), en partie, Ć  dĆ©courager les trafiquants d’êtres humains, ne permettra certainement pas de sauver toutes les victimes des immigrations illĆ©gales, ni Ć  en arrĆŖter les flux Ā». En effet on vient d’apprendre que rĆ©cemment, en MacĆ©doine, sur les itinĆ©raires terrestres, un train a heurtĆ© et tuĆ© 14 migrants qui marchaient le long d’une voie de chemin de fer.

ā€œUne politique sĆ©rieuse de l’Union EuropĆ©enne (mais pas seulement) en matiĆØre de migration – continue l’appel – devrait avoir une tout autre perspective et distinguer trois secteurs diffĆ©rents d’initiative et d’action publique et politique. En premier lieu il faut donner un signal fort visant Ć  mettre en œuvre toutes les ressources institutionnelles, infrastructurelles, humaines et financiĆØres disponibles dans les Pays d’accueil, afin d’engager une vaste mobilisation qui rĆ©ponde Ć  l’urgence de la situation, Ć  l’aide de moyens adaptĆ©s et de maniĆØre concrĆØte, immĆ©diate et efficace. L’accueil temporaire des migrants et des rĆ©fugiĆ©s doit ĆŖtre Ć©galement rĆ©parti sur le territoire, en tenant compte des structures d’accueil disponibles, de la composition des habitants du lieu, de leurs capacitĆ©s et de la prĆ©sence de rĆ©seaux locaux en mesure d’intervenir de faƧon solidaire, organisĆ©e et responsable Ā».

L’appel continue en citant des exemples d’accueil et de solidaritĆ© dĆ©jĆ  en cours et affirme que Ā« le Mouvement politique pour l’unitĆ© soutiendra pleinement, tant sur le plan humain que politique, tous les responsables de l’Administration appelĆ©s en ce moment Ć  assumer des choix difficiles, souvent impopulaires (…) Il incombe Ć  chaque administrateur public, tant au niveau local que national et international, de faire comprendre l’urgence des mesures prises pour accueillir ces personnes, mesures adoptĆ©es dans le plein respect des droits et des attentes des communautĆ©s civiles, sans toutefois se soustraire aux devoirs d’humanitĆ© pour rĆ©pondre aux besoins immĆ©diats et Ć©lĆ©mentaires d’autres ĆŖtres humains Ā».

Ā« En second lieu – poursuit le texte du MPPU – il faut que l’Union EuropĆ©enne clarifie l’équivoque fondamentale qui sape les fondements de toute politique sĆ©rieuse de gestion des flux migratoires. En effet on ne peut pas invoquer un rĆ“le plus dĆ©cisif des institutions de Bruxelles sans en mĆŖme temps doter l’Union EuropĆ©enne des compĆ©tences nĆ©cessaires et des ressources humaines et financiĆØres correspondantes pour assumer des charges que les Etats membres , y compris ceux de la MĆ©diterranĆ©e, n’ont pas voulu partager dans une perspective commune de vĆ©ritable intĆ©gration Ā».

Ā« En troisiĆØme lieu – conclut l’appel – les phĆ©nomĆØnes migratoires qui se manifestent en MĆ©diterranĆ©e ont des causes gĆ©ographiques et politiques plus amples liĆ©es aussi aux crises gouvernementales en Lybie, en Somalie, dans les grandes rĆ©gions de l’Afrique subsaharienne. Sans parler du dĆ©membrement en cours des contextes rĆ©gionaux du Moyen-Orient, en particulier de la Syrie et de l’Irak. L’étendue et la complexitĆ© des questions politiques, Ć©conomiques, sociales et culturelles qui caractĆ©risent ces rĆ©gions exigerait une mobilisation de la communautĆ© internationale, Ć  commencer par les Nations Unies, pour mettre en œuvre un vaste plan d’interventions et de mesures d’urgence, en dĆ©passant les oppositions et les veto qui s’entrecroisent Ā».

Appel du MouvementĀ  Politique pour l’UnitĆ© (texte intĆ©gral en italien)

www.mppu.org

Economie de Communion : une voie pour l’Afrique ?

Syrie, Ć©tat d’urgence

Emergency Syria

Foto: WFP/Abeer Etefa

En Syrie de nombreuses villes sont dĆ©truites et privĆ©es d’électricitĆ© une bonne partie de la journĆ©e. A Alep, le Conseil des responsables des confessions chrĆ©tiennes, alors que la ville voit les violences s’intensifier, appelle la communautĆ© internationale Ć  dire : Ā« Il faut en finir avec la destruction et la dĆ©solation. Plus question d’être un laboratoire pour les armes d’une guerre dĆ©vastatrice Ā». Ā« Nous voulons assurer Ć  tous ceux qui sont concernĆ©s par cette situation que nous ne les oublions pas – avait dit le Pape FranƧois Ć  l’AngĆ©lus du 1er Mars – mais que nous sommes proches d’eux et que nous prions avec insistance pour qu’au plus vite on mette fin Ć  l’intolĆ©rable brutalitĆ© dont ils sont victimes Ā».

ā€œNous sommes lĆ -bas avec vous – voudrions-nous pouvoir dire, en reprenant les paroles d’une amie qui Ć©tait Ć  Damas il y a encore quelques mois – et nous nous mobilisons pour vous aider, non seulement en priant, mais aussi en prenant toutes sortes d’initiatives. Je sais et nous savons que vous ĆŖtes en train de vivre une des plus grandes souffrances aussi Ć  cause du froid, du manque d’électricitĆ©, du manque de travail ! Nous nous devons d’agir vite, trĆØs vite. Nous sommes avec vous et nous vous remercions Ā».

Cette mobilisation n’a pas tardĆ© Ć  se manifester, mais pour qui le voudrait, il est encore possible de contribuer Ć  cette action en effectuant un versement de quelque montant que ce soit, sur l’un des comptes-courants suivants:

Motif: Syrie, Ć©tat d’urgence en Syrie

c/c postal n. 81065005

code IBAN: IT74 D076 0103 2000 0008 1065 005

code SWIFT/BIC: BPPIITRRXXX

c/c bancaire n. 120434 auprĆØs de

Banca Popolare Etica – Filiale di Roma

code IBAN: IT16 G050 1803 2000 0000 0120 434

code SWIFT/BIC: CCRTIT2184D

AdressƩ Ơ:

Associazione ā€œAzione per un Mondo Unito – Onlusā€

Via Frascati, 342 – 00040 Rocca di Papa (Roma, Italy)

DĆ©bat Ć  l’ONU :  ā€œl’extrĆ©mismeā€  du dialogue

DĆ©bat Ć  l’ONU : “l’extrĆ©misme” du dialogue

https://vimeo.com/125812270


Qu’est-ce que les religions dans le monde d’aujourd’hui ? Bon nombre de gens les voient comme des obstacles Ć  la paix, rĆ©sidus du temps passĆ©, maintenant causes d’un extrĆ©misme violent. Mais le monde serait-il vĆ©ritablement plus pacifique sans les religions ? Le dĆ©bat thĆ©matique de Haut Niveau Ā« Promouvoir la tolĆ©rance et la rĆ©conciliation Ā», s’anime tout d’un coup. Le second jour de la rencontre Ć  l’ONU donne, de fait, des directives. Le secrĆ©taire gĆ©nĆ©ral Ban Ki-moon, en ouverture propose un comitĆ© consultatif avec les leaders des religions afin d’aider les Nations Unies Ć  trouver des solutions aux conflits en cours, souvent justement entre disciples de religions diffĆ©rentes. En salle plĆ©niĆØre se succĆØdent les tĆ©moignages de 15 leaders religieux. Tous les participants s’accordent sur le fait que les religions devraient aider Ć  construire la paix, Ć  aller au-delĆ  de la simple tolĆ©rance, au simple fait de s’accepter, et ils soulignent qu’il existe dans le monde entier des personnes qui vivent dĆ©jĆ  de cette maniĆØre dans le quotidien. Dans son discours Maria Voce rappelle l’expĆ©rience vĆ©cue par de nombreux membres du mouvement des Focolari : Ā« La rencontre entre culture et religion est une expĆ©rience continuelle et fĆ©conde, qui ne se limite pas Ć  la tolĆ©rance ou Ć  la simple reconnaissance de la diversitĆ©, qui va au-delĆ  de la pure rĆ©conciliation fondamentale, et crĆ©e pour ainsi dire une nouvelle identitĆ©, plus ample, commune et partagĆ©e Ā». On le trouve dans des contextes qui ont Ć©tĆ© frappĆ©s ou sont encore caractĆ©risĆ©s par de graves crises, comme en AlgĆ©rie, en Syrie, Irak, Liban, RĆ©publique DĆ©mocratique du Congo, Nigeria, Philippines. ScreenshotBanKiMoonPour rĆ©pondre aux dĆ©fis de la violence, elle propose un Ā« extrĆ©misme du dialogue Ā», c’est-Ć -dire un dialogue qui demande le maximum d’engagement, Ā« qui est risquĆ©, exigent, un dĆ©fi, vise Ć  arracher les racines de l’incomprĆ©hension, de la peur, du ressentiment Ā». A partir de lĆ  elle invite Ć  s’orienter vers une Ā« civilisation de l’alliance Ā», Ā« une civilisation universelle qui fait en sorte que les peuples se considĆØrent partie intĆ©grante du grand Ć©vĆ©nement, pluriel et fascinant, du cheminement de l’humanitĆ© vers l’unitĆ© Ā». Elle invite l’ONU elle-mĆŖme Ć  repenser Ć  sa propre vocation, Ć  reformuler sa propre mission, pour ĆŖtre Ā« une institution qui vraiment se dĆ©die Ć  l’unitĆ© des nations, dans le respect de leur trĆØs riche identitĆ© Ā». Dire que les religions sont la cause des tensions est, selon Maria Voce une vision trop Ć©troite de la situation : Ā« Ce Ć  quoi nous assistons dans de nombreuses rĆ©gions de la planĆØte, du Moyen Orient en Afrique, a si peu Ć  voir avec la religion, au contraire cela regarde les habituelles recettes de la domination des oligarchies et des structures marquĆ©es par la culture belliqueuse Ā». La vocation donc des religions est bien dĆ©terminĆ©e : ā€œĆŠtre fidĆØles Ć  la propre inspiration fondamentale, Ć  la RĆØgle d’or que toutes possĆØdent, Ć  l’idĆ©e de l’unique famille humaine universelle Ā». Tout le monde Ć©tait d’accord sur cette ligne : les religions mĆØnent Ć  la paix, si elles ne sont pas instrumentalisĆ©es pour d’autres fins. ONU-UN-screenshot_debate_mariavoceAu cours de la table ronde plĆ©niĆØre de l’aprĆØs-midi, dont la modĆ©ratrice Ć©tait la journaliste Laura Trevelyan de la BBC, le Rabbin David Rosen se demande pourquoi tant de jeunes se sentent attirĆ©s par l’extrĆ©misme : Ā« Peut-ĆŖtre parce qu’ils sont Ć  la recherche de leur propre identitĆ©, ou de quelque chose qui donne sens Ć  leur vie Ā». Ā« Aux Nations Unies, normalement on ne mentionne pas Dieu Ā», ose demander le rabbin Arthur Schneier : Ā« Comment affrontons-nous ce problĆØme –l’ONU devrait-elle ĆŖtre neutre – lorsque 5 sur les 7 milliards de personnes sur la terre appartiennent Ć  une religion ? Ā». Pour Bhai Sahib Mohinder Singh, Sikh de Birmingham : Ā« Dieu est tout-puissant, en chacun de nous, donc il est impossible de dire que Dieu n’est pas ici Ā». Et pour Maria Voce Ā« On parle de Dieu quand on parte de justice, de partage de tous les biens de la terre, d’un dĆ©veloppement soutenable, on parle de Dieu quand on pense Ć  ce que nous prĆ©parons pour les gĆ©nĆ©rations futures. VoilĆ  ce qu’est parler de Dieu, il n’est pas nĆ©cessaire d’en parler de maniĆØre abstraite Ā». Comment conserver l’intĆ©gritĆ© du dialogue interreligieux ? Les leaders religieux prĆ©sents ne sont-ils pas en train de renoncer Ć  quelque chose, en venant ici Ć  l’ONU pour parler de rĆ©solution des conflits ? Ā« Moi, je ne renonce Ć  rien Ā», affirme Maria Voce. Ā« Je suis venue par amour, pensant apporter ma contribution d’amour Ć  l’humanitĆ©. Je me suis sentie enrichie par cette possibilitĆ© Ā». A la fin, un regard sur les nouvelles gĆ©nĆ©rations : Ā« En rentrant Ć  la maison, ce que je ferai – dĆ©clare-t-elle – sera de soutenir toutes les activitĆ©s de jeunes et trĆØs jeunes, parce que je crois en leur puissance prophĆ©tique Ā». Elle laisse alors la parole Ć  Ermano Perotti, jeune italien qui l’a accompagnĆ©e pour cette Ć©tape amĆ©ricaine. AgĆ© de 25 ans, master en Ć©conomie du dĆ©veloppement, il cueille l’occasion pour prĆ©senter la carte de la fraternitĆ©, un dossier qui rassemble les initiatives pour la fraternitĆ© prĆ©sentes sous toutes les latitudes. Ā« Avec l’espoir – ajoute Maria Voce – qu’un jour, mĆŖme ces Ā« fragments de fraternitĆ© Ā» puissent ĆŖtre prĆ©sentĆ©s aux Nations Unies Ā», et que les Nations Unies puissent les accueillir. Il est clair qu’avec une vision pareille les religions ont une grande possibilitĆ©, mais aussi une grande tĆ¢che : construire la paix et rĆ©pondre aux dĆ©fis par un Ā« dialogue extrĆŖme Ā» au lieu de s’enfermer dans son propre groupe. Susanne Jansen, New York IntĆ©gralitĆ© de l’intervention : Maria Voce (texte) Intervention Maria Voce (video) CommuniquĆ© de presse Presse

Maria Voce Ć  l’ONU : Inventer la paix

Maria Voce Ć  l’ONU : Inventer la paix

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Risquer sa vie pour soulager les souffrances des pauvresĀ : Maria Voce commence par le rĆ©cit de la phase finale de la seconde guerre mondiale lorsqu’Ć  Trente, en 1943 « un groupe de jeunes filles se rĆ©unit dans la petite ville de Trente, en Italie du Nord. Sous les bombardements, ces jeunes filles, guidĆ©es par une toute jeune enseignante, Chiara Lubich et animĆ©es d’une comprĆ©hension nouvelle de l’aspect radical de l’Ɖvangile dĆ©cident de risquer leur vieĀ Ā».

Un geste, rĆ©pĆ©tĆ© par de nombreuses personnes, encore aujourd’hui, conduit Ć  rĆ©gĆ©nĆ©rer le tissu socialĀ : Maria Voce Ć©voque les camps de rĆ©fugiĆ©s au Liban, en Syrie, Jordanie, Irak ainsi que les pĆ©riphĆ©ries dĆ©labrĆ©es des mĆ©gapoles et la force de tous ceux qui introduisent « dans le circuit destructeur du conflit, un engagement pour rĆ©gĆ©nĆ©rer le tissu social, en accomplissant une action de peace-building, (de construction de la paix). Ces jeunes filles, affirme-t-elle « dĆ©cidĆØrent de briser le cercle vicieux de la violence en rĆ©pondant par des gestes et des actions qui, dans ce climat de conflit auraient pu apparaĆ®tre vellĆ©itaires ou mĆŖme insignifiants. Il n’en fut rien, il n’en est pas ainsiĀ !Ā Ā».

« Aujourd’hui encore, nous sommes dans une situation de trĆØs grave dĆ©sagrĆ©gation politique, institutionnelle, Ć©conomique, sociale, qui exige des rĆ©ponses tout aussi radicales, capables de changer le paradigme dominant. Le conflit et la violence semblent, en effet, dominer de vastes rĆ©gions de la planĆØte, impliquant des personnes innocentes, coupables uniquement de se trouver dans un territoire disputĆ©, d’appartenir Ć  une ethnie dĆ©terminĆ©e ou de professer une religion prĆ©ciseĀ Ā».

Ā 

UN_ReligiousLeadersLa rencontre entre cultures crĆ©e une identitĆ© nouvelleĀ : « Dans le mouvement des Focolari, que j’ai l’honneur de reprĆ©senter – explique Maria Voce -, la rencontre entre cultures et religions (Christianisme, Islam, JudaĆÆsme, Bouddhisme, Hindouisme, religions traditionnelles) est une expĆ©rience permanente et fĆ©conde qui ne se limite pas Ć  la tolĆ©rance ou Ć  la simple reconnaissance de la diversitĆ©. Elle va au-delĆ  de la rĆ©conciliation, pourtant fondamentale, et elle crĆ©e – pour ainsi dire – une nouvelle identitĆ©, plus large, commune, et partagĆ©e. C’est un dialogue efficace qui implique des personnes de convictions les plus variĆ©es et mĆŖme non religieuses. Ce dialogue les pousse Ć  prendre en considĆ©ration les besoins concrets, Ć  relever ensemble les dĆ©fis les plus difficiles sur le plan social, Ć©conomique, culturel, politique, en s’engageant pour une humanitĆ© plus unie et plus solidaire.

Cela se passe dans des contextes qui ont Ć©tĆ© – ou qui sont aujourd’hui encore – marquĆ©s par de graves crises comme en AlgĆ©rie, en Syrie, au Liban, en RĆ©publique DĆ©mocratique du Congo, au Nigeria, aux PhilippinesĀ Ā».

La prĆ©sidente des Focolari bannit les demi-mesuresĀ : « S’il existe un extrĆ©misme de la violence – affirme-t-elle – nous lui rĆ©pondons (…) de maniĆØre tout aussi radicale, mais d’une faƧon structurellement diffĆ©rente, par l’« extrĆ©misme du dialogue » ! Un dialogue qui exige un maximum d’implication, ce qui est risquĆ© et exigeant : un vĆ©ritable dĆ©fi qui vise Ć  couper les racines de l’incomprĆ©hension, de la peur, du ressentimentĀ Ā».

Civilisation de l’allianceĀ :en rappelant l’initiative de l’« Alliance des CivilisationsĀ Ā», parmi les promoteurs de l’Ć©vĆ©nement, Maria Voce se demande « s’il n’est pas possible aujourd’hui d’aller plus profondĆ©ment Ć  la racine de cette nouvelle perspective, en visant non seulement Ć  une alliance des civilisations, mais Ć  ce que nous pourrions appeler la “civilisation de l’alliance”; une civilisation universelle telle que les peuples considĆØrent qu’ils font partie de la grande histoire, plurielle et fascinante, du cheminement de l’humanitĆ© vers l’unitĆ©. Une civilisation qui fait du dialogue la voie pour se reconnaĆ®tre libres, Ć©gaux et frĆØresĀ Ā».

Parmi les nombreuses initiatives reprĆ©sentĆ©es ici, elle rappelle l’ONG New Humanity qui reprĆ©sente le mouvement des Focolari Ć  l’ONU. Et sur cette derniĆØre, elle s’interrogeĀ :

« L’ONU ne devrait-elle pas repenser sa vocation, reformuler sa mission fondamentaleĀ ? Que signifie aujourd’hui, ĆŖtre l’organisation des “Nations Unies”, si ce n’est une institution qui met vraiment tout en œuvre en vue de l’unitĆ© des nations, dans le respect de leurs trĆØs riches identitĆ©sĀ ? Il est absolument fondamental de travailler pour le maintien de la sĆ©curitĆ© internationaleĀ ; cependant, la sĆ©curitĆ©, bien qu’indispensable, n’est pas nĆ©cessairement l’Ć©quivalent de la paix.

Les conflits internes et internationaux, les profondes divisions que nous enregistrons Ć  l’Ć©chelle mondiale, ainsi que les grandes injustices locales et planĆ©taires, exigent en effet une vĆ©ritable conversion qui doit se traduire dans les actes et dans les choix de la gouvernance globale, afin que puisse se rĆ©aliser le slogan crƩƩ par Chiara LubichĀ : “aimer la patrie de l’autre comme la sienne” jusqu’Ć  l’Ć©dification de la fraternitĆ© universelle Ā».

La guerre est l’irrĆ©ligionĀ : « La guerre est, par dĆ©finition, irrĆ©ligion. Le militarisme, l’hĆ©gĆ©monie Ć©conomique, l’intolĆ©rance Ć  tous niveaux, sont cause de conflits ainsi que beaucoup d’autres facteurs sociaux et culturels dont la religion ne constitue souvent qu’un tragique prĆ©texte. Ce Ć  quoi nous assistons en de nombreuses rĆ©gions de la planĆØte, du Moyen-Orient Ć  l’Afrique – parmi d’autres la tragĆ©die des centaines de morts qui ont fui la guerre et les naufrages dans la MĆ©diterranĆ©e – a bien peu Ć  voir avec la religion. En tout Ć©tat de cause et dans ces cas-lĆ , on ne devrait pas tant parler de guerres de religions mais plus concrĆØtement de faƧon rĆ©aliste et prosaĆÆque, de religion de la guerreĀ Ā».

Alors que faireĀ ? En citant Chiara Lubich, elle lance ce dĆ©fiĀ : avoir le courage “d’inventer la paix”Ā : « Nombreux sont les signes qui montrent que, de la grave conjoncture internationale, peut finalement Ć©merger une conscience nouvelle de la nĆ©cessitĆ© de travailler ensemble pour le bien commun, (…) avec le courage “d’inventer la paix”. Le temps des “guerres saintes” est terminĆ©. La guerre n’est jamais sainte et ne l’a jamais Ć©tĆ©. Dieu ne la veut pas. Seule la paix est vraiment sainte car Dieu lui-mĆŖme est la paixĀ Ā».

Elle conclut par l’appel Ć  la rĆØgle d’or, qui nous reporte Ć  l’inspiration fondamentale que les religions ont en commun, afin qu’elles soient « non pas un instrument utilisĆ© par d’autres pouvoirs, mĆŖme si ces derniers ont de trĆØs nobles objectifs. Ni mĆŖme une formule Ć©tudiĆ©e intellectuellement dans un bureau pour rĆ©soudre crises ou conflits. Mais un processus spirituel qui s’incarne et devient une communautĆ©. Une communautĆ© qui partage et donne du sens aux joies et aux souffrances de l’homme d’aujourd’hui en orientant tout vers la rĆ©alisation de l’unique famille humaine universelleĀ Ā».

Texte intƩgral

New York – SiĆØge de l’ONU, 22Ā avril 2015

DĆ©bat thĆ©matique de haut niveau ā€œPromouvoir la tolĆ©rance et la rĆ©conciliationā€.

Les  Nations Unies vues par un jeune

Les Nations Unies vues par un jeune

unitednationsbuildingQuartier gĆ©nĆ©ral des Nations Unies: des milliers de personnes y travaillent, des personnalitĆ©s importantes et des chefs d’Etat – qui n’a jamais rĆŖvĆ© d’y aller un jour ? Ermanno Perotti, 25 ans, Ć©tudiant en Economie du dĆ©veloppement Ć  Florence (Italie), est ici mais pas comme l’un des nombreux visiteurs qui suivent leur guide dans les longs couloirs. Il accompagne Maria Voce, la PrĆ©sidente du Mouvement des Focolari, invitĆ©e parmi les leaders religieux qui interviennent lors du DĆ©bat de Haut Niveau sur Ā« La Promotion de la tolĆ©rance et de la rĆ©conciliation : en favorisant les sociĆ©tĆ©s pacifiques et inclusives et en s’opposant Ć  l’extrĆ©misme violent Ā».

L’impression de Perotti est partagĆ©e par beaucoup: ā€œChaque reprĆ©sentant d’un Ć©tat apporte sa contribution, beaucoup de beaux discours et d’initiatives positives, mais elles semblent isolĆ©es, chacun voyant la chose comme une plateforme pour promouvoir ses propres pensĆ©es Ā».

ā€œLa chose qui me gĆŖne un peu c’est prĆ©cisĆ©ment ce manque d’écoute. Ce qui m’attire, au contraire, c’est l’effort qui consiste Ć  combler cette lacune grĆ¢ce Ć  une Ć©coute et un dialogue authentiques Ā». Avec cet objectif qu’il a hĆ©ritĆ© de son expĆ©rience avec les jeunes des Focolari, il a saisi la valeur de l’engagement politique, en vue de susciter des relations plus vraies.

Sur la faƧon de prĆ©venir la violence et l’extrĆ©misme, presque tous les interlocuteurs Ć©taient d’accord pour dire qu’il n’y a pas d’autre voie que le dialogue entre les cultures. Ā« J’aimerais faire une Ć©cole du dialogue Ć  l’ONU Ā» dit Perotti. De fait, 90% des rapporteurs ont soulignĆ© le besoin de formation et beaucoup ont parlĆ© de la nĆ©cessitĆ© de donner la parole aux femmes et de combattre la pauvretĆ©.

IMG_1276Nombreux aussi sont ceux qui ont dit mettre leur espoir dans les jeunes : on devrait partir d’eux, disent-ils. Perotti n’est pas tout Ć  fait d’accord : Ā« Ce sont toujours les adultes qui parlent des jeunes, où sont les jeunes qui parlent des jeunes ? Ā», se demande-t-il. Il voit sa gĆ©nĆ©ration comme dĆ©jĆ  prĆ©parĆ©e Ć  vivre un futur multiculturel : Ā« J’ai toujours grandi de cette faƧon : dans des salles de classe et des amphi de dix nationalitĆ©s et de quatre religions diffĆ©rentes. Nous pouvons montrer au monde comment nous vivons au quotidien et spontanĆ©ment Ā».

Le 22 avril c’est le jour de la table ronde des Nations Unies. Ermanno Perotti prend la chose avec calme : Ā« Je me suis proposĆ©, et Maria Voce aussi, de vivre ces journĆ©es avant tout comme une expĆ©rience de Dieu Ā». MĆŖme aujourd’hui, Ć  l’ONU, ce sera une expĆ©rience de Dieu. Comme certains speakers l’ont dit : Ā« En dĆ©finitive tout se rĆ©sume Ć  la RĆØgle d’or, Ā« aimer son prochain . Et c’est finalement simple d’être ici avec la PrĆ©sidente, parce que je suis venu pour aimer et ĆŖtre un seul corps avec tous les autres jeunes du monde Ā».

Maria Voce aux Nations Unies

Maria Voce aux Nations Unies

20150421-01Aujourd’hui s’ouvre le dĆ©bat de l’ONU sur la Ā« Promotion de la tolĆ©rance et de la rĆ©conciliation : en favorisant les sociĆ©tĆ©s pacifiques et inclusives et en s’opposant Ć  l’extrĆ©misme violent Ā». Parmi les leaders religieux invitĆ©s Ć  donner leur apport se trouve Maria Voce, prĆ©sidente du mouvement des Focolari. Trois questions avant d’entrer au siĆØge central des Nations Unies :

Comment vous sentez-vous avant de participer Ơ cet ƩvƩnement de haut niveau avec des reprƩsentants des 193 Ʃtats membres ?

Ā« Je suis assez paisible. Il manque quelquefois Ć  ces organisations justement le tĆ©moignage de ce qui se fait dĆ©jĆ  dans le monde pour la paix. J’ai l’impression que souvent ceux qui y travaillent se sentent seuls et ont besoin que quelqu’un soit avec eux sur le terrain et travaille pour les mĆŖmes buts. Avec un idĆ©al aussi grand, comme l’est celui que Chiara Lubich nous a donnĆ©, nous ne travaillons pas seulement pour la rĆ©conciliation et la justice sociale, mais celles-ci sont des pas pour arriver Ć  l’unitĆ© Ā».

Si l’on regarde le monde, aujourd’hui quelqu’un peut penser que les religions apportent plus de division que de paix…

Ā« Il est bien Ć©vident que la faute de la guerre n’incombe Ć  aucune religion. Le mot religion veut dire lien, c’est un lien entre les hommes. Comment une religion peut-elle engendrer la guerre ? La guerre naĆ®t dans le cœur des hommes, et les hommes, quelle que soit leur religion, peuvent ĆŖtre bons ou mĆ©chants. La religion est bon nombre de fois prise comme prĆ©texte pour justifier des motifs beaucoup plus terrestres et antihumains : la volontĆ© de puissance, d’écraser les plus faibles, de vendre ses propres produits, y compris les armes. La racine de la guerre ne se trouve sĆ»rement pas dans les religions, mais dans ces autres motivations qui au fond sont toujours le fruit de l’égoĆÆsme Ā».

Face Ć  des conflits comme par exemple ceux du Moyen Orient ou du Nigeria, vous ĆŖtres encore optimiste, la paix est encore possible ?

Je ne peux pas ne pas ĆŖtre optimiste parce que JĆ©sus est la paix. Et comme nous suivons JĆ©sus, nous devons croire que la paix est possible. Il est vrai que lui-mĆŖme a dit ā€˜je suis venu porter le glaive’, ce qui veut dire prendre aussi des positions prĆ©cises. Je crois que ce que les religions peuvent aider Ć  faire c’est de rĆ©veiller la conscience de l’humanitĆ© : la paix n’est pas uniquement un bien parmi tant d’autres, mais sans la paix, tous les autres biens ne servent Ć  rien. On peut travailler pour la paix si l’on s’y met tous ensemble, le riche comme le pauvre, le puissant comme le moins puissant, le religieux comme celui qui ne se reconnaĆ®t en aucune religion. Nous devons travailler pour des relations de paix au sein de la famille humaine, lĆ  nous sommes vĆ©ritablement tous Ć©gaux et nous devons tĆ©moigner de cette Ć©galitĆ© Ā».

Le dĆ©bat de haut niveau au Palais de Verre de New-York a Ć©tĆ© lancĆ© par le prĆ©sident de l’AssemblĆ©e GĆ©nĆ©rale Sam Kutesa, par le secrĆ©taire gĆ©nĆ©ral Ban Ki-moon et par le haut reprĆ©sentant de l’Alliance des Civilisations Nassir Abdulaziz Al-Nasser. Le 21 avril on parlera des stratĆ©gies qui mĆØnent Ć  une sociĆ©tĆ© qui inclut tout le monde. Le 22 avril les leaders des diffĆ©rentes religions sont invitĆ©s Ć  tĆ©moigner du potentiel pour construire la tolĆ©rance et la rĆ©conciliation.

Susanne Janssen, New York

Live streaming de la web TV des Nations Unies: http://m.webtv.un.org

Pourquoi j’ai demandĆ© Ć  retourner en Syrie

Pourquoi j’ai demandĆ© Ć  retourner en Syrie

20150421-01Le regard vif, un sourire doux qui se voile de tristesse mais qui reste mĆŖme quand on raconte les Ć©vĆ©nements tragiques du pays devenu maintenant sa patrie d’élection. Ghada, qu’est-ce qui t’a poussĆ©e Ć  retourner en Syrie ?

A 20 ans, j’ai laissĆ© famille et patrie pour suivre Dieu. En septembre 2013, lorsque j’ai dĆ©cidĆ© de retourner en Syrie, mon ardeur Ć©tait la mĆŖme, intacte. Je n’avais pas peur mĆŖme Ć  l’idĆ©e que j’aurais pu mourir. J’étais plus attirĆ©e par le fait d’aller vivre aux cĆ“tĆ©s de personnes que j’avais connues quelques annĆ©es auparavant et leur faire sentir qu’elles ne sont pas abandonnĆ©es. J’ai Ć©tĆ© poussĆ©e Ć  partager leur vie, leurs peurs, la prĆ©caritĆ© de leur quotidien. LĆ , de fait, les bombes tombent quand tu t’y attends le moins.

Mais il n’y a aucun moyen d’être averti des bombardements pour se protĆ©ger d’une maniĆØre ou d’une autre ?

Non il n’y a aucune sirĆØne qui annonce les raids et l’on ne peut pas non plus se baser sur une stratĆ©gie qui fasse supposer quand et où les obus frapperont. D’un autre cĆ“tĆ© c’est maintenant la 5iĆØme annĆ©e de guerre et l’on ne peut pas toujours rester barricadĆ©s. On peut s’arrĆŖter un jour, un mois mais ensuite, mĆŖme si les canons retentissent, la vie doit continuer : les enfants vont Ć  l’école et les parents au travail pour maintenir la famille. Tout avance, dans la prĆ©caritĆ© et le risque le plus absolu. J’avais vĆ©cu le mĆŖme drame lorsque j’étais au focolare au Liban, mais ici tout est plus grave, plus difficile. Ici on respire terreur et violence dans tous les coins.

20150421-02Tu Ʃtais dƩjƠ en Syrie dans le passƩ. Peux-tu nous dire quelque chose du changement que tu as trouvƩ ?
Quand j’étais au focolare au Liban, je me rendais Ć  Alep, Ć  Homs et mĆŖme Ć  Damas parce que de nombreuses personnes dĆ©siraient dĆ©jĆ  garder le contact avec les focolares. GrĆ¢ce Ć  la sensibilitĆ© et la profondeur intĆ©rieure du peuple syrien, on pouvait lier de vĆ©ritables rapports avec les gens. On partageait les valeurs chrĆ©tiennes, auxquelles ils sont trĆØs sensibles ici. MĆŖme dans la pluralitĆ© des Eglises, typique de cette terre, il y avait et il existe encore une grande harmonie entre tous. Lorsqu’en 94 on a pensĆ© ouvrir un focolare Ć  Alep, j’ai Ć©tĆ© envoyĆ©e avec deux autres focolarines. J’y suis restĆ©e 9 ans. La Syrie Ć©tait en pleine prospĆ©ritĆ© : le pays n’avait pas de dette publique et le PIB Ć©tait en continuelle croissance. Le soir nous, les filles, nous pouvions sortir librement.
Maintenant c’est la tempĆŖte. Mais le pire c’est qu’on ne voit pas quand cette guerre finira. Je suis rentrĆ©e pour dire, avec les autres focolarini qui sommes en Syrie, que nous ne l’avons pas oubliĆ©e, que JĆ©sus nous a fait une seule famille et pour cela nous voulons courir les mĆŖmes risques. Nous aussi de fait, comme tout le monde, nous allons au travail, Ć  l’église, au marchĆ©, sans savoir si nous reviendrons Ć  la maison. Nous sommes lĆ  grĆ¢ce Ć  l’amour qui nous lie et la communautĆ© en Syrie sait que nous sommes prĆŖts Ć  donner mĆŖme la vie pour eux. De mĆŖme qu’eux vis-Ć -vis de nous. Cette rĆ©ciprocitĆ© est vraiment exceptionnelle. Ils rivalisent pour que nous soyons Ć  l’aise, pour partager avec nous tout ce qu’ils ont.
Vous, focolarines vous ĆŖtes Ć  Damas, une ville fascinante, riche du point de vue artistique, historique, un but touristique bien connu. Comment vit-on lĆ -bas aujourd’hui ?
En ville, mais aussi dans les villages, la mort est un dĆ©fi quotidien. Les transports font souvent tilt par manque de gasoil et les blocages routiers continuels. On sait quand on sort mais on ne sait pas quand on arrive. Dans les maisons, pas d’électricitĆ© pendant des heures, de mĆŖme pour l’eau. On risque de s’exaspĆ©rer. La preuve, l’exode – pour celui qui peut quitter le pays – est en augmentation. On calcule que l’émigration, elle aussi non sans risques trĆØs graves, a dĆ©passĆ© les 6 millions de personnes. Mais la religiositĆ© est toujours dans le cœur. Au chemin de croix du vendredi saint, mĆŖme si les chrĆ©tiens Ć©taient conscients que les bombes pouvaient exploser d’un moment Ć  l’autre, ils Ć©taient tous Ć  la procession, emmenant avec eux mĆŖme les enfants. RĆ©cemment les enfants que nous suivons, ont parlĆ© par skype avec un groupe de leur Ć¢ge du Portugal. Ces derniers voulaient s’organiser pour leur envoyer de l’aide et leur demandaient ce dont ils avaient le plus besoin. Et eux, malgrĆ© la nĆ©cessitĆ© de tant de choses matĆ©rielles, continuaient Ć  rĆ©pĆ©ter : Ā« Priez pour nous, priez pour la paix, priez pour que s’arrĆŖte cette spirale de haine Ā».
Votre choix de rester en Syrie est fort, courageux…Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  20150421-03Nous ne nous sentons pas des hĆ©ros. De mĆŖme que nous ne sommes pas lĆ  Ć  titre personnel. Avant de partir j’avais pu rencontrer le pape FranƧois : sonĀ Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  encouragement m’a montrĆ© tout l’amour de l’Eglise qui se fait proche de ce peuple si Ć©prouvĆ©. Nous nous sentons soutenus, aussi par l’amour de tout le mouvement des Focolari rĆ©pandu dans le monde. Nous en avons besoin pour continuer Ć  espĆ©rer, nous qui sommes impuissants face Ć  la suprĆ©matie des intĆ©rĆŖts Ć©conomiques et Ć  la prolifĆ©ration des armes. Notre mission est de participer et de partager la vie quotidienne des gens. Nous participons aux fĆŖtes ensemble, nous crĆ©ons des moments de dĆ©tente entre adultes et enfants pour essayer d’allĆ©ger le stress. Nous organisons des moments de spiritualitĆ©, nous prions ensemble pour la paix. A NoĆ«l nos jeunes ont organisĆ© un concert : 300 personnes y ont participĆ©, dont des amis musulmans. RĆ©cemment nous avons participĆ© Ć  un mariage. Dans la famille deux fils avaient Ć©tĆ© tuĆ©s et Ć  cause du deuil la fille ne pouvait pas sortir en robe de mariĆ©e. Elle est alors sortie du focolare, accompagnĆ©e Ć  l’église par nous tous. Nous essayons de nous insĆ©rer dans les initiatives de l’Eglise locale, et avec les autres expressions ecclĆ©siales qui sont ici nous nous aidons Ć  essuyer les souffrances et les privations des gens. Nous continuons ensemble Ć  espĆ©rer et Ć  croire en soutenant tout effort pour que s’impose la paix.

Nouvelle ZĆ©lande: l’amour, le plus grand don qui soit au monde

Nouvelle ZĆ©lande: l’amour, le plus grand don qui soit au monde

20150420-06

Dans le dĆ©troit de Rotorua (Nouvelle ZĆ©lande) l’épaisseur de l’écorce terrestre est seulement de 4 km. On peut y admirer le jaillissement de spectaculaires geysers et, mĆŖme dans la ville, des flaques d’eau fumante dont la surface est en Ć©bullition. Le sol dĆ©gage une chaleur qui peut monter Ć  200 degrĆ©s. C’est dans ce lieu que les colons anglais avaient cherchĆ© Ć  recrĆ©er les bains romains.

Aujourd’hui encore le thermalisme constitue un intĆ©rĆŖt touristique majeur pour Roturoa, une ville verdoyante et entourĆ©e de collines. Sur les rives du lac qui porte le mĆŖme nom se trouve le Keswick Christian Camp, une structure pour l’accueil estival. C’est lĆ  que, dans le cadre du meeting promu par les Focolari, se sont donnĆ© rendez-vous 156 personnes provenant des diffĆ©rentes villes des deux principales Ć®les qui composent la Nouvelle ZĆ©lande. Objectif : passer trois jours ensemble, loin du train-train quotidien, pour approfondir la spiritualitĆ© de l’unitĆ©.

20150420-02Maori, Philippins, Chinois, CorĆ©ens, Hollandais, Anglo-saxons, Italiens, Maltais, Taiwanais, Singapouriens, Futuniens, FranƧais, Indiens, Pakistanais, Tokelaous … formaient un Ć©chantillon d’humanitĆ© d’une Ć©tonnante variĆ©tĆ© ethnique. MalgrĆ© cette diversitĆ©, dĆØs le premier instant on respirait un climat de famille.

En plus des moments consacrĆ©s Ć  l’approfondissement spirituel et aux ateliers crĆ©atifs, le programme prĆ©voyait d’amples espaces pour favoriser la connaissance rĆ©ciproque et les Ć©changes entre tous. TrĆØs frappant le rĆ©cit de la famille Picaithly, de Christchurch, la seconde ville du Pays, rĆ©cemment dĆ©vastĆ©e par deux forts tremblements de terre. Une tragĆ©die qui a uni la population dans un Ć©lan de solidaritĆ© rythmĆ© par le leitmotiv Ā« Kia kaha, stay strong Christchurch ! Ā» que des collectes organisĆ©es par les Focolari ont relayĆ© en divers points du monde.

Gisborne, la ville qui a le privilĆØge d’être la premiĆØre Ć  voir le soleil qui se lĆØve, a prĆ©sentĆ© l’action Ā« Fish & Chips Club Ā». Parmi ses objectifs, recueillir des fonds en faveur de la formation des jeunes, une action conduite par des chrĆ©tiens de diffĆ©rentes Eglises, associĆ©s Ć  des personnes de convictions non religieuses : ensemble ils cherchent Ć  faire quelque chose d’utile pour les autres. MalgrĆ© cette diversitĆ©, jeunes et adultes se retrouvent une fois par mois pour rĆ©flĆ©chir sur l’Evangile et partager les expĆ©riences vĆ©cues en le mettant en pratique. Une faƧon vraiment intĆ©ressante pour grandir en tant que personnes et puiser la force pour porter de l’avant les diverses activitĆ©s artisanales et sportives d’un club où chacun peut ĆŖtre soi-mĆŖme et où l’on cherche Ć  souligner non pas tant ce qui diffĆ©rencie ces personnes, mais les valeurs qu’elles peuvent partager.

20150420-01MĆŖme si la Nouvelle ZĆ©lande peut apparaĆ®tre comme une terre accueillante et où l’on vit bien, une famille indo-pakistanaise a racontĆ© combien il lui a Ć©tĆ© difficile de s’intĆ©grer Ć  cette sociĆ©tĆ©. Martis, pĆØre de deux enfants, travaillait dans une maison de personnes Ć¢gĆ©es et son Ć©pouse Antoneta dans une petite unitĆ© qui transforme la viande. Tout d’un coup chacun d’eux a perdu son travail. La recherche d’un nouvel emploi se prolongeait sans aboutir, au point qu’ils envisageaient de rentrer dans leur Pays. Juste dix jours avant l’échĆ©ance de leur visa, quelqu’un d’une ville voisine a rĆ©ussi Ć  obtenir un entretien d’embauche pour Martins et donc la possibilitĆ© de renouveler leur permis de sĆ©jour, pour la plus grande joie de tous et de cette famille qui a donnĆ© un fort tĆ©moignage de l’amour de Dieu qui se manifeste Ć  travers la communautĆ©.

ThĆ©rĆØse, porte-parole des jeunes qui Ć©taient prĆ©sents, a dit: ā€œL’expĆ©rience de ces journĆ©es nous a donnĆ© du tonus pour revenir dans nos villes et recommencer Ć  zĆ©ro Ā». Anne une femme Ć¢gĆ©e Maori, trĆØs estimĆ©e de sa tribu, a conclu : Ā« Aroha te mea nui o te ao Katoa Ā», ce qui dans sa langue veut dire : Ā« L’amour est le plus grand don qui puisse exister au monde Ā».

Igino Giordani : parfait dans l’amour

Igino Giordani : parfait dans l’amour

20150518-a « On ne peut pas exprimer ici qui a Ć©tĆ© Igino Giordani pour le mouvement des Focolari. Il suffit de penser qu’il est cofondateur du mouvement lui-mĆŖme. Eh bien, ĆŖtre fondateur ou mĆŖme cofondateur d’une œuvre que l’Eglise reconnaĆ®t sienne, comporte une action multiple et complexe de la grĆ¢ce de Dieu, des impulsions trĆØs variĆ©es et sĆ»res de l’Esprit Saint, des comportements de la part du sujet, vraiment dĆ©cisifs pour l’œuvre et le plus souvent imprĆ©vus parce que suggĆ©rĆ©s d’en Haut, la nĆ©cessitĆ© de souffrir souvent de maniĆØre pĆ©nĆ©trante et prolongĆ©e dans le temps, l’accueil de grĆ¢ces lumineuses et d’amour peu ordinaires. Alors il est meilleur de confier la rĆ©vĆ©lation de cette figure Ć  l’histoire de l’Eglise et des mouvements spirituels qui l’embellissent de siĆØcle en siĆØcle. On peut dire quelque chose d’Igino Giordani focolarino, mĆŖme si ce n’est pas facile. Le focolarino fait tout, il prie, il travaille,Ā  il souffre, pour arriver Ć  ce butĀ : ĆŖtre parfait dans l’amour. Eh bien, il nous semble devoir affirmer que Giordani a atteint ce but. Pour autant que l’on puisse juger, il a Ć©tĆ© parfait dans l’amour.Il a donc personnifiĆ© le nom qui lui avait Ć©tĆ© attribuĆ© dans le mouvementĀ : Foco, feu. C’est-Ć -dire cet amour envers Dieu et le prochain, surnaturel et naturel, qui se trouve Ć  la base et au sommet de la vie chrĆ©tienne, concourant ainsi de maniĆØre unique Ć  garder vivante au milieu de nous tous la rĆ©alitĆ© de la « parole de vieĀ Ā» qui lui avait Ć©tĆ© indiquĆ©e Ć  son entrĆ©e dans le mouvementĀ : Ā« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimĆ©sĀ Ā». Ceux qui ont bien connu Igino Giordani, sont d’accord pour constater et affirmer qu’il a vĆ©cu les bĆ©atitudes. A commencer par « Heureux les cœurs pursĀ Ā»,Ā  qu’il a vĆ©cue de maniĆØre exceptionnelle: il a ouvert aux personnes mariĆ©es des deux sexes, en divers points du monde, la possibilitĆ© d’une consĆ©cration originale Ć  Dieu, tout en Ć©tantĀ  mariĆ©s, grĆ¢ce Ć Ā  une virginitĆ© spirituelle, effet de la plus ardente charitĆ©. Cette puretĆ© de cœur affina en lui les sentiments les plus sacrĆ©s et les a dĆ©veloppĆ©s. Il avait un amour trĆØs tendre envers sa femme. A la fin de sa vie l’intensitĆ© de son affection pour ses quatre enfants Ć©tait Ć©mouvante et impressionnante. De mĆŖme pour ses petits-enfants. C’était un pĆØre parfait, un grand-pĆØre parfait et un homme tout entier donnĆ© Ć Ā  Dieu. Il fut ā€œpauvre en espritā€, complĆØtement dĆ©tachĆ© non seulement de tout ce qu’il possĆ©dait, mais surtout de tout ce qu’il Ć©tait. Il Ć©tait plein de misĆ©ricorde. A cĆ“tĆ© de lui, mĆŖme le pĆ©cheur le plus misĆ©rable se sentait pardonnĆ©, et le plus pauvre se sentait roi. Une des caractĆ©ristiques les plus prononcĆ©es, comme le dĆ©crit mĆŖme son histoire d’homme politique, fut celle d’ĆŖtreĀ  Ā«artisan de paixĀ Ā». Il Ć©tait arrivĆ© Ć  un tel niveau d’humilitĆ© qu’il faisait comprendre ce que l’évangile dit de celui qui vit cette vertuĀ : il possĆØde la terre. GrĆ¢ce Ć  saĀ  sa gentillesse la plus noble, Ć  sa maniĆØre de s’adresser aux personnes, Ć  ses paroles toutes spĆ©ciales pour chacun, il gagnait l’estime de tous ceux qu’il cĆ“toyait. Avec lui n’importe qui se sentait Ć  son aise, considĆ©rĆ© avec dignitĆ©, mĆŖme les jeunes rĆ©ussissaient Ć  Ć©tablir avec lui un rapport d’égal Ć  Ć©gal. Et l’on constatait, surtout les derniĆØres annĆ©es, combien il communiquait le surnaturel en parlant. ā€œJ’avais faim et soif de justiceā€… il s’est battu toute la vie pour cette phrase. Il en a subi des persĆ©cutions au nom de Dieu, voilĆ  pourquoi aujourd’hui nous le croyons en possession de Son Royaume. Mais beaucoup d’autres paroles de l’évangile nous font penser Ć  lui. En le voyant, on comprend ce que veut dire cette conversion que JĆ©sus demande, pour laquelle il faut redevenir enfants. ChrĆ©tien de premiĆØre catĆ©gorie, Ć©rudit, apologĆØte, lorsqu’il lui a semblĆ© avoir trouvĆ© une source d’eau pure qui jaillissait de l’Eglise, il a su « tout vendreĀ Ā» pour suivre JĆ©sus qui l’appelait Ć  s’y dĆ©saltĆ©rer. Pour avoir beaucoup souffert du manque de considĆ©ration dont les laĆÆcs, Ć  son avis, faisaient l’objet dans l’Eglise de son temps, il aspirait de tout son grand cœur Ć  abattre les cloisons entre les personnes qui se trouvaient dans un Ć©tat de perfection et les autres – ajoutait-il en riant – qui se trouvaient enĀ  Ć©tat d’imperfection. Autrement dit, il Ć©tait trĆØs sensible aux signes des temps, il Ć©tait lui-mĆŖme un signe des temps, de ces temps où l’Esprit Saint appelle tout le peuple de Dieu Ć  la saintetĆ©. Lorsqu’Igino Giordani rencontra le mouvement, celui-ci n’était formĆ© que de personnes consacrĆ©es dans la virginitĆ©. C’est lui qui l’a ouvert aux mariĆ©s, qui, Ć  sa suite, ont Ć©prouvĆ© la soif de saintetĆ© et de consĆ©cration, en concrĆ©tisant le projet, jusque lĆ  seulement entrevu, d’un partage de vie entre vierges et mariĆ©s, pour autant que possible, Ć  l’image de la famille de Nazareth. Giordani fut l’un des plus grands dons que le ciel ait pu faire au mouvement des Focolari Ā». (extrait de Chiara Lubich, Igino Giordani focolarino, ā€œCittĆ  Nuovaā€ n° 9-10 mai 1980)

Famille : le ā€œprixā€ pour rester unis

Famille : le ā€œprixā€ pour rester unis

20150417-01Ā«En 2014 l’entreprise où je travaille – raconte Rosette – m’a confiĆ© la rĆ©gion du Kurdistan irakien (KRI). Pour faciliter l’insertion de mon mari Ɖric au travail, lui aussi avec un excellent CV, nous avons pensĆ© nous installer Ć  DubaĆÆ, un riche Ć©mirat arabe où l’on vit agrĆ©ablement avec tout le confort nĆ©cessaire. A cause de cette richesse beaucoup d’étrangers viennent Ć  DubaĆÆ pour avoir une vie meilleure pour eux-mĆŖmes et pour leur famille, mĆŖme si cela implique de laisser sa famille dans son pays d’origine.

Durant un de mes voyages au Kurdistan, mĆŖme si j’étais arrivĆ©e deux heures en avance, j’ai Ć©tĆ© effacĆ©e de la liste des passagers. J’étais agitĆ©e parce que cela voulait dire prendre un avion plus petit qui ne partait qu’à une heure du matin. Il restait encore un bon bout de temps avant l’embarquement, mais je suis allĆ©e quand mĆŖme au nouveau terminal : on ne sait jamais. LĆ  bizarrement, je vois dĆ©jĆ  beaucoup de gens, parmi eux un bon nombre qui dort par terre. Je leur demande combien de temps on devait attendre. Une femme me rĆ©pond : Ā« Cela dĆ©pend : Ƨa peut ĆŖtre tout de suite comme plusieurs joursā€. De fait elle attendait depuis presque deux jours Ć  cause d’une erreur d’orthographe sur son visa. Alors ils ne la faisaient pas sortir. Pour dĆ©marrer une conversation je lui ai demandĆ© si elle avait de quoi manger : Ā« Oui, j’ai encore quelques crackers et un peu d’eau Ā». Je l’invite Ć  un repas avec moi et Ć  la fin elle accepte aprĆØs maintes hĆ©sitations.

Alors que nous Ć©tions en train de bavarder, son directeur de travail l’appelle pour vĆ©rifier comment elle allait et savoir s’il lui restait encore de l’argent. Elle n’avait plus un sou. Elle avait envoyĆ© tout son salaire Ć  son fils pour ses frais d’universitĆ©. Le coup de fil terminĆ© elle me raconte son histoire : sĆ©parĆ©e de son mari, ses deux enfants vivent avec leur grand-mĆØre dans leur pays d’origine. Elle est venue travailler Ć  DubaĆÆ parce que sa fille est en train de prĆ©parer le bac et il faut de l’argent pour l’universitĆ©.

Un peu plus tard j’entends qu’on appelle mon vol. Mais pour elle combien devra-t-elle encore attendre. Je l’encourage Ć  prendre l’argent que je lui offre. Je lui promets que je prierai pour sa famille.

C’est seulement une des nombreuses histoires que vivent les immigrĆ©s. Certaines familles sont Ć  DubaĆÆ parce que chez eux c’est la guerre (palestiniens, syriens, irakiens): DubaĆÆ se prĆ©sente comme un refuge plus sĆ»r où pouvoir vivre une vie normale. Pour eux le travail c’est tout, le dĆ©but, la fin, parce que sans travail ils n’auront pas le visa et sans visa ils ne peuvent pas rester Ć  DubaĆÆ. Surtout pour ceux qui sont seuls ici, Ć  la longue, la distance physique et la solitude dans un pays Ć©tranger arrivent souvent Ć  voiler mĆŖme la plus pure des intentions. Nous connaissons des gens qui ont commencĆ© des relations extraconjugales, dĆ©truisant ainsi la famille pour laquelle ils sont venus ici, ils en sont rĆ©duits Ć  ne plus fournir que de l’argent et ne sont mĆŖme plus prĆ©sents Ć  ceux qui leur sont chers. Malheureusement la majoritĆ© d’entre eux se rĆ©signe Ć  une telle solution comme Ć©tant inĆ©luctable, mĆŖme si le prix Ć  payer est fort. Ce mĆŖme ā€œprixā€ a frappĆ© Ć  notre porte. Mes frĆ©quents voyages Ć  DubaĆÆ m’éloignaient toujours plus frĆ©quemment d’Éric. Nous avons alors dĆ©cidĆ© de dĆ©mĆ©nager au Kurdistan, mĆŖme si cela voulait dire pour Ɖric de renoncer au bon travail qu’il avait Ć  DubaĆÆ. Au dĆ©but mon entreprise a acceptĆ©, mais aprĆØs d’ultĆ©rieurs entretiens et quelques Ć©pisodes violents au Kurdistan, l’entreprise nous a fait savoir qu’elle ne pouvait plus garantir la sĆ©curitĆ© d’Éric et qu’il ne pouvait donc pas s’y transfĆ©rer. Un de mes responsables m’a glissĆ© Ć  l’oreille : Ā« … Vous vous habituerez Ć  ĆŖtre sĆ©parĆ©s…ā€.

Face Ć  cette perspective, nous avons immĆ©diatement dĆ©cidĆ© de donner notre dĆ©mission. En aucun cas nous devions vivre sĆ©parĆ©s, mĆŖme si cela voulait dire renoncer Ć  un travail bien payĆ© et Ć  une carriĆØre pour laquelle j’avais tellement Ć©tudiĆ©. J’avoue que ce ne fut pas du tout un choix facile. Mais dans notre cœur nous sentions chacun que c’était le bon choix. Mon dernier jour de travail remonte au 31 dĆ©cembre 2014.

En janvier dernier le pape est venu aux Philippines, et durant la rencontre avec les familles il a affirmĆ© avec force la valeur de la famille : Ā« Nous devons ĆŖtre forts pour dire non Ć  toute tentative de colonisation idĆ©ologique qui veut dĆ©truire la famille Ā». Ces paroles, faites sur mesure, semblaient s’adresser Ć  nous et confirmer notre dĆ©cision d’aller Ć  contre-courant Ā».

Chiara Lubich:  J’ai partagĆ© la faiblesse des faibles

Chiara Lubich: J’ai partagĆ© la faiblesse des faibles

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L’apĆ“tre Paul a une maniĆØre de se comporter dans son extraordinaire mission, que l’on pourrait rĆ©sumer ainsi : se faire tout Ć  tous. Il cherche en effet Ć  comprendre tout le monde, Ć  pĆ©nĆ©trer dans la mentalitĆ© de chacun. C’est pourquoi il se fait Juif avec les Juifs, et avec les non Juifs – c’est-Ć -dire avec ceux qui ne suivaient pas une loi rĆ©vĆ©lĆ©e par Dieu – il devient semblable Ć  quelqu’un qui vit sans loi.

Il adhère aux coutumes juives chaque fois que cela sert à surmonter les obstacles et à réconcilier les esprits. Comme il agit dans le monde gréco-romain, il fait siennes les façons de vivre et la culture de cet univers. Il dit :

Ā« J’ai partagĆ© la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout Ć  tous pour en sauver Ć  tout prix quelques-uns. Ā»

L’ApĆ“tre a vu s’ouvrir devant lui, comme un Ć©ventail, le vaste horizon de libertĆ© qu’offre l’Évangile du Christ ; cet Ɖvangile qui libĆØre du pĆ©chĆ©, de la loi, de la mort, de l’emprise de Satan, des barriĆØres imposĆ©es par la nation, la classe sociale, le sexe ; qui libĆØre de tout despotisme humain, des tabous alimentaires et autres…

Paul vit ces libertĆ©s dans sa personne et les offre en mĆŖme temps que l’Évangile aux communautĆ©s qu’il a fondĆ©es.

Cependant, dans la libertĆ© du christianisme qu’il annonce, il ressent l’exigence, l’impĆ©ratif mĆŖme, de se faire l’esclave de quelqu’un : de ses frĆØres, de chaque prochain. C’est dans le Christ qu’il puise ce devoir impĆ©rieux, dans le Christ qui s’est fait crucifier pour rejoindre chaque homme lĆ  où il se trouve, pour se faire serviteur de tous. En s’incarnant, Dieu s’est rendu proche de chaque homme mais, sur la croix, il s’est solidarisĆ© avec chacun de nous, pĆ©cheurs, avec notre faiblesse, notre souffrance, nos angoisses, notre ignorance, nos abandons, nos interrogations, nos poids…

Paul aussi veut vivre de cette faƧon. Il affirme donc :

Ā« J’ai partagĆ© la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout Ć  tous pour en sauver Ć  tout prix quelques-uns. Ā»

La raison d’être de ta vie, tu le sais, c’est d’arriver Ć  Dieu. Et pas tout seul, mais avec tes frĆØres. Toi aussi, en tant que chrĆ©tien, tu as reƧu un appel de Dieu semblable Ć  celui de Paul. Toi aussi, comme l’ApĆ“tre, tu dois Ā« gagner Ā» quelqu’un., sauver quelqu’un Ć  tout prix.

Il y a ceux que tu cĆ“toies au cours de la journĆ©e, que tu rencontres dans la rue avec qui tu parles au tĆ©lĆ©phone, pour qui tu travailles…

Aime tout le monde.

Mais cette fois-ci, avec une prĆ©fĆ©rence pour les plus faibles. Fais-toi Ā« faible avec les faibles, pour gagner les faibles Ā». Tourne-toi vers ceux dont la foi vacille, vers les indiffĆ©rents, vers ceux qui sont loin de tes convictions, vers ceux qui s’affirment athĆ©es, vers ceux qui dĆ©nigrent la religion.

Si tu te fais un avec eux, mĆŖme dans leurs Ā« faiblesses Ā», tu expĆ©rimenteras l’infaillible mĆ©thode apostolique de Paul : tu les Ā« gagneras Ā» !

Ta femme ne porte aucun intĆ©rĆŖt pour ta foi. Elle aime rester des heures et des heures devant la tĆ©lĆ©vision ? Tiens-lui compagnie, comme tu le peux, quand tu le peux, en t’intĆ©ressant aux Ć©missions qu’elle prĆ©fĆØre…

Ton fils a fait du football son idole et se dƩsintƩresse de tout autre sujet. Il a bien oubliƩ ce que signifie prier ?

Passionne-toi pour le sport encore plus que lui.

Ton ami aime voyager, lire, s’instruire ; il a balayĆ© tout principe religieux ?

Essaie de comprendre ses goĆ»ts, ses exigences et, si tu le peux, donne-lui un coup de main…

Fais-toi un, un avec tous, en tout, autant que tu le peux, sauf dans le pĆ©chĆ©. Si quelqu’un pĆØche, affirme ton refus.

Tu verras qu’en te faisant un avec les autres, tu ne perds pas ton temps. Tu en gagnes.

Un jour – et ce ne sera pas dans trop longtemps – ils voudront savoir ce qui t’intĆ©resse.

Alors, avec reconnaissance, ils dƩcouvriront, adoreront et aimeront ce Dieu qui motive ton comportement chrƩtien.

Chiara Lubich

audio en italien

Fonte: www.centrochiaralubich.org

Sierra Leone: dans l’attente que la vie reprenne

  Encore des mises en quarantaine au Sierra Leone: du 27 au 29 mars quelques quartiers de la capitale Freetown et d’autres localitĆ©s au nord du Pays ont Ć©tĆ© Ć  nouveau isolĆ©s Ć  la suite de cas d’Ebola enregistrĆ©s les jours prĆ©cĆ©dents. Des groupes de personnes prĆ©parĆ©es sont allĆ©s de maison en maison dans les secteurs les plus Ć  risque pour sensibiliser et identifier les malades ainsi que ceux qui pourraient ĆŖtre contaminĆ©s par le virus. ā€œOn espĆ©rait arriver Ć  n’avoir plus aucun cas pour la fin fĆ©vrier – Ć©crit le pĆØre Carlo depuis le Sierra Leone – les Ć©coles Ć©taient prĆŖtes Ć  ouvrir, mais la date a Ć©tĆ© reportĆ© Ć  la mi-avril. L’incertitude demeure, les gens ont vraiment envie de reprendre une vie normale, mais le virus reste aux aguets Ā». ā€œAu dĆ©but de l’épidĆ©mie j’étais Ć  MakĆ©ni pour Ć©tudier – raconte Antoinette, une jeune au service d’une ONG – . La crise s’est avĆ©rĆ©e d’emblĆ©e si sĆ©rieuse que j’ai pensĆ© revenir dans ma ville, Ć©pargnĆ©e par le virus. Mais ensuite j’ai dĆ©cidĆ© de rester comme volontaire pour aider les personnes contaminĆ©es. J’ai Ć©tĆ© affectĆ©e dans un village qui s’appelle Rosanda Ā», où 54 cas Ć©taient enregistrĆ©s, dont 42 dĆ©cĆØs. Ā« La premiĆØre pĆ©riode a Ć©tĆ© trĆØs triste, chaque jour une quinzaine de personnes mouraient. J’étais chargĆ©e d’informer les familles et, mĆŖme si je cherchais Ć  le faire avec le plus d’amour possible, ce n’était pas une expĆ©rience facile. Deux enfants me demandaient quand leurs parents reviendraient. Je n’étais pas capable de leur dire la vĆ©ritĆ©. Je cherchais Ć  les consoler par ma prĆ©sence et avec quelques des petits cadeaux Ā». Ā« Chaque jour, durant un mois, je me suis rendue dans ce village – poursuit Antoinette – apprenant Ć  ouvrir mon cœur Ć  qui Ć©tait dans le besoin, mĆŖme s’il ne faisait pas partie de ma famille ni de mon cercle d’amis. Maintenant Rosanda a fini ses 21 jours de quarantaine. Il n’y a plus eu de nouveaux cas et je remercie Dieu d’avoir pu ĆŖtre pour toutes ces personnes un instrument de Son amour que je recevais chaque matin dans l’Eucharistie Ā». Comme Antoinette, d’autres aussi ont mis toute leur Ć©nergie Ć  combattre ensemble ce terrible flĆ©au. Des familles ont adoptĆ© des enfants restĆ©s orphelins, religieux et prĆŖtres n’ont pas mĆ©nagĆ© leurs forces. Parmi ceux-ci le PĆØre Peter qui a travaillĆ© dans quelques villages. GrĆ¢ce Ć  sa vigoureuse intervention il a Ć©tĆ© possible d’arrĆŖter la contamination et de rĆ©duire le nombre de victimes. Son expĆ©rience concerne Small Bumbuna, un village du diocĆØse de MakĆ©ni, situĆ© Ć  200 km de Kailahum, la ville d’où est partie l’épidĆ©mie. Ā« La maladie s’et propagĆ©e dans le Sierra Leone comme un incendie en saison sĆØche. Quand il y a eu les premiĆØres victimes on a pensĆ© au cholĆ©ra, aux mauvais sorts ou Ć  d’autres superstitions. La rĆ©ponse du bureau mĆ©dical a Ć©tĆ© lente : il a fallu deux semaines pour confirmer qu’il s’agissait du virus Ebola. Depuis la paroisse, situĆ©e dans un autre village, nous aurions voulu rendre visite aux personnes, mais la peur d’être contaminĆ© Ć©tait trop forte. L’équipe mĆ©dicale du district ne rĆ©ussissait pas Ć  maĆ®triser la situation ni Ć  faire parvenir les approvisionnements. Les routes Ć©taient difficilement accessibles Ā». En prĆ©sence de si nombreuses difficultĆ©s, le PĆØre Peter, suivi par ses paroissiens, prend Ā« une dĆ©cision radicale qui nous a conduits Ć  faire face Ć  l’Ebola Ā», prĆ©cise-t-il. A notre arrivĆ©e nous avons trouvĆ© une ville dĆ©serte. Le chef du village nous a fait un tableau terrible de la situation. On pouvait lire dans les visages l’absence d’espĆ©rance et l’impossibilitĆ© de faire quelque chose Ā». C’est alors que commence une action non-stop qui mobilise la plus haute autoritĆ© locale. Le pĆØre Peter est envoyĆ© comme Ā« guide Ā» pour parler avec la population et expliquer comment faire pour endiguer la contamination et se laisser soigner. En l’espace de deux semaines le danger a disparu et les personnes ont pu retourner Ć  leurs activitĆ©s agricoles. Ā« J’ai pris tous les risques, conclut le PĆØre Peter – parce que c’était ma communautĆ©. Comment pouvais-je dĆ©serter durant ces moments de souffrance ? Cette question m’a aidĆ© Ć  m’identifier Ć  eux, Ć  prĆ©senter la situation aux autoritĆ©s, et Ć  me proposer comme Ā« guide Ā». J’ai appris que rien n’est trop petit qui ne soit digne d’être offert ni mĆŖme trop lourd pour ne pas ĆŖtre pris en charge. Nous continuons Ć  prier pour que l’épidĆ©mie soit complĆØtement Ć©radiquĆ©e et qu’on puisse revenir Ć  une vie normale Ā».