Mouvement des Focolari

Communauté des Énergies Renouvelables

Appliquer par des gestes concrets les encycliques du pape François sur la sauvegarde de la maison commune Laudato si’ et Laudate Deum. À Formia, en Italie, l’idée est de développer les énergies renouvelables en promouvant une plus grande efficacité énergétique. « Dans différents endroits, des coopératives d’exploitation des énergies renouvelables se développent et permettent l’autosuffisance locale et même la vente de l’excédent de production. Cet exemple montre que si l’ordre mondial existant est impuissant à prendre ses responsabilités, l’instance locale peut faire la différence. » Tels sont les paroles du Pape François dans son encyclique Laudato si’ sur le soin de la maison commune, publiée en 2015. Depuis la publication de cette lettre et à la lumière de la nouvelle exhortation apostolique Laudate Deum du 4 octobre, de nombreuses communautés à travers le monde se sont senties poussées à faire quelque chose de concret pour prendre soin de l’environnement, changer leur mode de vie et ainsi faire quelque chose contre le changement climatique. À Formia, en Italie, la communauté des Focolari a pensé réaliser quelque chose d’efficace pour prendre soin des personnes et de l’environnement en se sentant investie de cette responsabilité. Au début de l’année 2023, après un bref processus d’organisation, une communauté d’énergie renouvelable est née autour d’une paroisse de leur municipalité. Une agrégation de plusieurs acteurs dans le but de produire, d’autoconsommer, de vendre et de partager de l’électricité. Et tout cela est parti de la volonté de réaliser ce que le Pape François a proposé dans Laudato si’. Là encore, le Pape, se référant aux communautés locales, affirme que c’est précisément là que peuvent naître « une plus grande responsabilité, un sens aigu de la communauté, une capacité particulière d’attention et une créativité plus généreuse, un amour profond pour sa propre terre, ainsi qu’une réflexion sur ce que l’on laisse à ses enfants et à ses petits-enfants ». D’où l’idée de développer des énergies renouvelables et peu polluantes en stimulant une plus grande efficacité énergétique. Mais pas seulement. S’il y a une volonté d’accorder plus d’attention à la résolution de la crise environnementale, il y a aussi une tentative de répondre aux difficultés que rencontrent certains citoyens pour payer leurs factures d’énergie. Cependant, la communauté de l’énergie implique une variété d’acteurs : de la paroisse aux familles, des établissements d’enseignement aux activités commerciales. Le fait de réunir différents acteurs crée probablement des malentendus ou des visions différentes. C’est pourquoi nous avons essayé dès le début d’impliquer tout le monde et d’expliquer les objectifs du projet afin que chacun prenne conscience du chemin à parcourir. Ainsi, plusieurs réunions ont eu lieu pour comprendre les motivations, surmonter les doutes et les difficultés. La communauté locale a ensuite participé à un appel de fonds public. Les subventions ont été conçues spécifiquement pour les Communautés d’Énergie Renouvelable. Les subventions reçues leur ont permis de démarrer le projet.

Lorenzo Russo

Noël : la révolution qui continue

Un Noël fort, courageux, sans tiédeur, dans une “famille” grande comme l’humanité.

Tous “un” ! C’est l’objectif.

Un jour, le ciel s’est ouvert parce que le Verbe s’est fait homme. Il grandit, enseigna, fit des miracles, rassembla des disciples, fonda l’Église et, avant de mourir sur une croix, il dit à son Père : « Qu’ils soient une seule chose. »

Il ne s’adressa pas aux hommes : ceux-ci n’auraient sans doute pas compris. Il s’adressa à son Père parce que le lien de cette unité, c’est Dieu et il nous obtint la grâce d’être de pouvoir être une seule chose entre nous.

Nous savons que nous sommes frères, nous savons qu’un lien nous unit, mais nous ne nous comportons pas comme des frères. Nous passons les uns à côté des autres sans nous regarder, sans nous aimer. Mais alors, en quoi consiste donc notre fraternité ?

Dieu (…) veut que nous ouvrions les yeux, que nous nous regardions, que nous nous aidions, que nous nous aimions.

Mais nous avons oublié l’essentiel. Nous avons le regard aveuglé par nos biens, nos affaires, nos affections, nos idées personnelles, notre égoïsme. Dieu vient après.

Dieu est là. Oui, Dieu est aussi là, mais c’est une chose parmi d’autres. Nous nous souvenons de lui à certains moments, lorsque nous en avons besoin.

En tant que chrétiens, nous devons vivre autrement. Nous devons mettre Dieu à sa place et tout faire passer après lui. Il nous enseignera comment nous devons vivre et nous répétera sa Parole : « Aimez-vous. »

Alors, les choses changeront. Ma famille sera l’humanité, comme le dit Jésus : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu. »

Et en parcourant les chemins du monde, nous nous apercevrons que les hommes ne sont pas seulement des hommes mais qu’ils sont fils de Dieu.

Tous “un” !

Faisons de la terre une seule famille où la règle de toute autre règle est l’Amour.

Chiara Lubich (Tiré de Città Nuova – Année XVI – n° 24 – 25 décembre 1972)

Le Gen Rosso parmi les jeunes détenus

Un après-midi passé avec des jeunes de l’institution pénitentiaire pour mineurs de Rome, en Italie, pour un message d’espoir et de joie. Casal del Marmo, banlieue nord-ouest de Rome, Italie. Le quartier est célèbre pour la présence d’un établissement pénitentiaire pour mineurs qui accueille des jeunes de différentes régions d’Italie, dont beaucoup d’étrangers. À l’occasion de la Mission de rueVivre pour quelque chose de grand”, organisée par plusieurs associations et communautés, dont le mouvement des Focolari, le Gen Rosso franchit les portes de l’établissement. À l’entrée, une quarantaine d’invités les attendent, mais la première réaction, inattendue, est plutôt froide.  Car la majorité d’entre eux sont arabophones. Mais Lito, un jeune ami du Gen Rosso, excellent DJ, est égyptien et parle leur langue. Il commence par faire office de traducteur. Ils ne s’y attendent pas. Pendant ce temps, les esprits s’échauffent, la musique aide. Le temps passe vite entre les rythmes, les chansons, les applaudissements et les réflexions profondes. Des yeux brillants, des sourires sincères. La simplicité d’un après-midi différent entre ces murs. Le Gen Rosso parvient à transmettre un message d’espoir, s’inspirant même de certains discours du Pape François. “Même si vous faites des erreurs, vous pouvez toujours relever la tête et recommencer, parce que personne n’a le droit de vous voler votre espoir”. Tels étaient les mots du pape lorsqu’il a rencontré des jeunes lors de son voyage apostolique en Bulgarie et en Macédoine du Nord en 2019. “Quelle plus grande poussée d’adrénaline que de s’engager chaque jour, avec dévouement, à être des artisans de rêves, des artisans d’espérance ? – Les rêves nous aident à maintenir vivante la certitude de savoir qu’un autre monde est possible (…). Les rêves les plus beaux sont gagnés avec l’espoir, la patience et l’engagement”. Des mots qui résonnent dans l’institution juvénile. C’est le moment de rêver. Helanio y réfléchit. Il prend le micro : “Nous savons que parmi vous, il y a quelqu’un qui chante…”. Et voilà que trois rappeurs montent sur scène. Quelques mots à Igor aux percussions et à Juan Francisco à la guitare, et c’est parti pour un beat, un rythme improvisé. Les trois jeunes, qui deviendront quatre par la suite, se relaient pour improviser des couplets en arabe, en français, en italien et à nouveau en arabe. Le public se déchaîne et suit le rythme en tapant des mains. Et de nouveau tous ensemble, Gen Rosso et rappeurs pour la grande finale. Tout le monde est impliqué : la police pénitentiaire, les détenus, la direction. Les visiteurs qui ont organisé l’initiative se mêlent également aux danses : Nuovi Orizzonti, Focolari, Communauté de l’ Emmanuel, Communauté Fazenda de Esperanza, Shalom, Casa Do Menor, Mission Belem, Sentinelles du Matin de Pâques, Communauté Lumen, Communauté Anspaz, en synergie avec le diocèse de Rome. L’espoir est là. Et les talents de ces jeunes aussi. La directrice, la Doctoresse Maria Vittoria Menenti, est montée sur scène, a pris le micro et a remercié les jeunes hôtes de l’institut des jeunes, ainsi que le Gen Rosso, en espérant que cela puisse se répéter à l’avenir. Le temps a passé vite. Il est temps de partir. Nous nous disons au revoir au milieu des poignées de main, des accolades, des tapes dans le dos et des grands sourires. “Revenez vite !!!” En partant, beaucoup pensent à la phrase de l’Évangile : “Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux” (Mt 18,20) : lorsque nous essayons de nous aimer les uns les autres, la présence de Dieu fait des merveilles. D’autant plus quand on en fait l’expérience dans un lieu comme celui-ci, imprégné de douleur, de colère, de découragement, mais aussi et surtout d’espérance. Les jeunes retournent dans leurs cellules. Le Gen Rosso reprend un nouveau voyage. Chacun ramène  quelque chose de profond avec lui : tous fortement rechargés par la même source inépuisable de joie et d’espoir.

Lorenzo Russo

80e anniversaire du Mouvement des Focolari : le charisme comme un don

80e anniversaire du Mouvement des Focolari : le charisme comme un don

Rester “à la croisée des chemins d’aujourd’hui” avec la même attitude confiante et généreuse que Marie. C’est ce que demande le Card. Kevin Farrell, Préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, dans son homélie prononcée dans la Basilique Sainte-Marie-Majeure (Rome) au cours de la Messe d’action de grâces du 7 décembre 2023, à l’occasion du 80ème anniversaire de la naissance du Mouvement des Focolari. Chers amis, en ce jour où, il y a 80 ans, le charisme des Focolari est né, ici, dans la maison de Marie, près de la crèche et du mystère de sa maternité divine, nous rendons grâce au Seigneur pour le don de Chiara Lubich et de la grande famille qui est née autour d’elle. Je vous répète les paroles de l’ange Gabriel à Marie : “Ne craignez pas !” Vous aussi, vous avez “trouvé grâce devant Dieu”. Sur ces mots, S.E. Card. Kevin Joseph Farrel, préfet du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, a encouragé le mouvement des Focolari en présidant la messe célébrée dans la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome le 7 décembre 2023. 80 ans après le “oui” à Dieu de Chiara Lubich, le card. Farrell, au cours de la liturgie par laquelle l’Église célèbre la solennité de l’Immaculée Conception, a invité les personnes présentes à se souvenir de la rencontre avec le charisme, “certain, a-t-il dit, que vous avez tous embrassé l’idéal focolarino comme un grand don de grâce, comme une faveur de Dieu”, incitant chacun à continuer fidèlement à l’apporter dans le monde. Pour lire l’intégralité de l’homélie (Notre traduction)

a cura di Maria Grazia Berretta

Une aventure commencée il y a 80 ans

Le 7 décembre 1943 à Trente (Italie) Chiara Lubich prononçait son “oui” à Dieu. Un “oui” qui, avec le temps, s’est multiplié en générant une famille nombreuse, celle du Mouvement des Focolari, formée de personnes de différents continents, âges, cultures et vocations.   Il ne s’est pas agi d’un vœu, mais d’un “envol”. Un envol audacieux comme celui de Charles Lindbergh quand, pour la première fois, il survola l’Atlantique sans escale. « As-tu trouvé ta vocation ? », lui avait demandé le prêtre en la voyant revenir toute radieuse du sanctuaire de Lorette, qui conserve la maison de Nazareth. “Oui” lui avait-elle répondu avec simplicité. « Tu te maries ? » “Non”. « Tu entres au couvent ? » “Non”. « Tu restes vierge dans le monde ? » “Non”. Le prêtre désappointé n’avait pas d’autre alternative à lui proposer. Alors ? C’était une quatrième voie que Chiara Lubich entrevoyait devant elle. Laquelle ? Elle-même ne le savait pas encore bien, c’était une voie nouvelle, qu’il fallait parcourir, avec audace et avec courage. Quelques années passent. Elle entend en elle une voix qui lui demande : « Donne-toi toute à moi. » Comment ? Où ? Peu importe, il lui faut seulement répondre à cette voix. La seule pensée de se donner toute à Dieu la remplit de joie. « Si tu empruntes cette voie, tu n’auras pas de famille à toi, insinue le prêtre, tu n’auras pas d’enfants, tu resteras seule dans la vie. » Seule ? Tant qu’il y aura un tabernacle sur la terre – se dit Chiara en elle-même – je ne serai jamais seule. Jésus n’a-t-il pas promis cent mères, cent frères et sœurs, cent enfants à ceux qui quittent tout pour le suivre ? À ce moment-là, Chiara ne pense ni à ce qu’elle devrait quitter ni à ce qu’elle pourrait recevoir en échange. Elle sait seulement qu’elle veut épouser Dieu. Rien de moins ! Le prêtre se rend compte que, bien qu’elle n’ait que 23 ans, la jeune fille s’apprête à effectuer un envol particulièrement audacieux : elle est vraiment décidée, elle sait ce qu’elle veut. Il lui donne rendez-vous dans la chapelle de la collégiale. Mais – lui recommande-t-il -, « tu passeras la nuit en prière » ; presque comme une veillée d’armes, comme cela se faisait à l’époque. Chiara va prendre dans sa petite chambre le crucifix familial, l’embrasse et commence à Lui parler. Peu à peu son haleine se condense sur l’image de Jésus et elle s’endort… De bon matin, elle revêt son plus bel habit. Les pauvres – Chiara en faisait partie – ont toujours un habit de fête. Dehors la tempête fait rage, comme si quelqu’un voulait l’empêcher de faire un pas aussi téméraire. Elle se lance, déterminée, dans le vent et la pluie. Arrivée dans la petite église, le silence l’enveloppe à nouveau. La messe, la communion, son “oui” plein, total, pour toujours. Une larme, car elle est consciente qu’un pont s’écroule derrière elle ; elle ne pourra plus revenir en arrière. Mais devant elle, il y a toute la vie. Elle a épousé Dieu et elle peut tout attendre de lui. C’était le 7 décembre 1943. 80 années sont passées. Chiara n’est pas restée seule. L’Époux l’a fait voyager avec lui, lui dévoilant le Paradis et lui faisant partager ses beautés, comme elle-même s’exclamera plus tard : « Mon Époux très doux, trop beau est le Ciel et toi comme un Amant divin, après des Noces Mystiques… tu me montres tes biens qui sont miens ! (…) Mon Dieu, mais pourquoi ? Pourquoi tant de choses pour moi ? Pourquoi tant de Lumière et d’Amour ? » Chiara n’est pas restée seule. Autour d’elle est née une famille nombreuse, composée d’hommes et de femmes de tous les continents, de toutes les vocations, de cultures et religions les plus variées. Son “oui” est un “oui” fécond ; Dieu, en effet, ne se laisse pas vaincre en générosité. 80 ans après, ce “oui” s’est propagé et continue de résonner aujourd’hui encore de mille manières. Les tempêtes font rage, l’avenir apparaît incertain, l’”envol”  peut ressembler à un saut dans l’obscurité, la peur paralyse… Et pourtant cette voix continue aujourd’hui à se faire entendre chez beaucoup, parfois toute ténue parfois forte : « Donne-toi toute à moi, donne-toi tout à moi… » Comment ? Chacun le découvre peu à peu, mais chaque appel exige tout de suite un “oui” généreux, sincère, authentique… Ainsi Dieu continue-t-il à se rendre présent dans le monde et à construire son histoire qui débouchera sur le Royaume des cieux.

Padre Fabio Ciardi, OMI

   

Le Mouvement des Focolari célèbre ses 80 ans

Le 7 décembre prochain, le Pape François recevra en audience la Présidente Margaret Karram et les responsables du Mouvement des Focolari dans le monde. À 18 heures, une célébration eucharistique est prévue en la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome, présidée par S.E. le cardinal Kevin Joseph Farrell, Préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie.   Le 7 décembre 1943 marque la date de naissance officielle du Mouvement des Focolari, soit le jour où Chiara Lubich se consacrait à Dieu pour toujours. Il y a 80 ans naissait une petite communauté qui, dans la dévastation de la Seconde Guerre mondiale, voulait restaurer la paix et l’unité entre tous, et qui allait bientôt se diffuser dans le monde entier, s’inscrivant dans le courant des Nouveaux charismes de l’Église. Au cœur de la spiritualité et de l’action des Focolari : l’Évangile et, en particulier, la prière de Jésus : « Que tous soient un » (Jn 17, 21). Le Mouvement est présent aujourd’hui dans 182 pays, signe de l’universalité et de l’urgence de l’unité et de la fraternité en ces temps si fragmentés et tragiques. Des chrétiens de différentes Églises, des croyants de nombreuses religions et des personnes sans référence religieuse précise en font également partie. Le 7 décembre prochain, le Pape François recevra en audience Margaret Karram, Présidente des Focolari, Jesús Morán, Coprésident, et le groupe des responsables du Mouvement. «Être reçus par le Saint-Père précisément le 7 décembre 2023, quatre-vingts ans après ce premier “oui” à Dieu de Chiara Lubich, est pour nous un cadeau extraordinaire et surprenant », explique la Présidente. « Nous voulons porter au Pape l’amour et l’affection des milliers de personnes qui, dans le monde entier, vivent le charisme de l’unité, et renouveler notre service à l’Église dans le parcours synodal, en collaboration avec beaucoup d’autres qui veulent contribuer à la paix et à l’amour afin d’apaiser les blessures de l’humanité. » Le même jour, à 18 heures en la Basilique Sainte-Marie-Majeure, sera célébrée une Messe d’action de grâce pour les 80 ans de vie des Focolari, présidée par le Card. Kevin Joseph Farrell, Préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, en présence de plusieurs cardinaux, évêques et prêtres. « Cette journée – poursuit Margaret Karram – marquera la conclusion d’un pèlerinage que nous avons voulu faire dans quelques lieux sacrés et significatifs à Assise, Lorette et Rome pour rendre grâce, demander pardon et repartir avec courage et espérance. Les communautés des Focolari du monde entier vivront également cet anniversaire avec les mêmes sentiments et les mêmes objectifs, pour être “des témoins de proximité avec l’amour fraternel qui dépasse toutes les barrières et rejoint toutes les conditions humaines”¹ ».

Stefania Tanesini

  [1] Discours du Pape François aux participants à l’Assemblée Générale du Mouvement des Focolari – 6 février 2021    

Nous apportons la joie de Jésus à tous

L’action mondiale Ils ont délogé Jésus pour nous rappeler le vrai sens de Noël. Nouveautés de Noël de la société Azur : puzzles racontant l’histoire de la naissance de Jésus et la joie de Noël pour les enfants du monde entier. Noël approche et, comme toujours, les Gen4 – garçons et filles des Focolari âgés de quatre à dix ans – sont en première ligne pour rappeler à tous le véritable sens de cette fête, en replaçant Jésus au centre de Noël. Dans toutes les communautés du monde, la production des petites statuettes de l’Enfant Jésus a commencé et, à l’approche de Noël, la Gen4 les offrira dans les rues, les places, les centres commerciaux pour rappeler à tous la naissance de Jésus, le ” birthday boy ” ! Les dons reçus serviront à aider de nombreux enfants dans des pays oubliés par les médias, mais confrontés à de graves difficultés comme la crise humanitaire au Venezuela ou dans des lieux où les enfants souffrent de guerres incessantes ou d’autres besoins également identifiés localement. Cette action, intitulée Ils ont délogé Jésus “, est née en 1997 et a un sens très précis : ne pas se laisser conditionner par le consumérisme, mais remettre au centre de Noël les valeurs positives de la paix, de la solidarité, de la fraternité universelle. L’idée est née d’une réflexion de Chiara Lubich qui se trouvait en Suisse à l’approche de Noël. En se promenant dans les rues illuminées d’une grande ville, elle avait été frappée par les lumières, les jolies décorations, la richesse, mais surtout par l’absence de référence au sens premier de Noël. Elle écrit alors : ” Ce monde riche s’est ” emparé ” de Noël et de tous ses atours, et a délogé Jésus ! (…) Il mise sur Noël pour réaliser le meilleur profit de l’année. Mais il ne pense pas à Jésus”. Ainsi, depuis 1997, des milliers de Gen4 du monde entier ont accepté l’invitation de Chiara Lubich à remettre Jésus au centre de Noël. Cette année, où l’événement a pour thème ” Apporter la joie de Jésus à tous ! Parallèlement à cette coutume annuelle, le centre international Gen4, en collaboration avec la société Azur, a produit deux articles de Noël destinés à transmettre un message de beauté et de paix. Il s’agit de deux puzzles : ” Le Noël des enfants du monde ” et ” La belle histoire de Noël “. Le premier est un puzzle classique à reconstituer, composé de 96 pièces. Le second, en revanche, se compose de six cartes-puzzle, six dessins qui racontent l’histoire de la naissance de Jésus, depuis son arrivée à Bethléem jusqu’à la venue des Rois Mages. Au dos, vous pouvez écrire vos vœux de Noël, puis démêler le puzzle, le mettre dans l’enveloppe jointe et l’offrir. Mais les six puzzles peuvent aussi être utilisés pour raconter et revivre cette belle histoire avec les plus petits, aidés par un livret contenant le texte de l’histoire. Les puzzles portent le titre en 5 langues (italien, anglais, espagnol, français, portugais-brésilien). Pour toute information sur l’action Ils ont délogé Jésus, vous pouvez contacter le centre Gen4, tandis que pour les deux puzzles, vous pouvez visiter le site web de l’association Azur.

Lorenzo Russo

Margaret Karram est parmi les nouveaux membres du Dicastère

Le 25 novembre 2023, Margaret Karram, Présidente du mouvement des Focolari, a été nommée Membre du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie. Le Pape François a nommé 11 nouveaux membres du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie ad quinquennium, dont la Présidente de l’Œuvre de Marie (Mouvement des Focolari), Margaret Karram.  Avec elle et parmi ceux qui représenteront et enrichiront le visage universel de l’Église aux côtés de ceux qui sont déjà en fonction, hommes et femmes, célibataires et mariés, engagés dans différents domaines d’activité et provenant de différentes parties du monde: Exc. Mgr. Josep Ángel Saiz Meneses – Archevêque de Séville (Espagne) ; Rév. Andrea D’Auria, F.S. C.B – Directeur du Centre International de Communion et Libération ; Rév. Luis Felipe Navarro Marfá – Recteur magnifique de l’Université Pontificale de la Sainte-Croix à Rome (Italie) ; Benoît et Véronique Rabourdin – Responsables internationaux d’Amour et Vérité de la Communauté de l’Emmanuel ; Joseph Teyu Chou et Clare Jiayann Yeh – respectivement Professeur au Département des Finances Publiques de l’Université Nationale Chengchi à Taipei (Taiwan) et Fondatrice et Directrice du Centre Pastoral du Mariage et de la Famille de la Conférence Episcopale Régionale Chinoise ; Professeure Ana María Celis Brunet – Présidente du Consejo Nacional para la Prevención de abusos y acompañamiento de víctimas de la Conférence épiscopale du Chili ; Professeure Maria Luisa Di Pietro – Directrice du Centre de Recherche et d’Études sur la Santé procréative de l’Université Catholique du Sacré Cœur à Rome (Italie) ; Professeure Carmen Peña García – Professeure de droit matrimonial à la Facultad de Derecho Canónico de l’Universidad Pontificia Comillas à Madrid (Espagne). Les nouveaux membres, dont la nomination a été publiée le 25 novembre 2023 dans le Bulletin de la Salle de presse du Saint-Siège, s’ajoutent à ceux qui ont été nommés précédemment et à tous ceux qui sont encore en fonction, dont les noms mis à jour peuvent être consultés sur le site du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, à la page Membres et consulteurs.

EDU FOR UNITY : un podcast pour grandir ensemble

Lire le cœur et le comportement des enfants, des adolescents et des jeunes d’aujourd’hui et les accompagner sur leur chemin de formation et de croissance. C’est ce qui est au cœur du podcast “EDU FOR UNITY” qui sortira le 27 novembre 2023 sur la chaîne Spotify du mouvement des Focolari. Quelle est l’importance aujourd’hui de comprendre la meilleure façon de s’approcher les uns des autres ? Et si nous parlons d’enfants, d’adolescents et de jeunes, comment nous, adultes, parents, enseignants, éducateurs, pouvons-nous être plus présents et attentifs, comment pouvons-nous les soutenir et les accompagner de la meilleure façon possible dans leur parcours de formation et de croissance ? Telles sont les questions qui trouveront leur place au cours des prochaines semaines, à partir du 27 novembre 2023, dans “EDU FOR UNITY”, le podcast né d’une idée de l’équipe de “EduxEdu, s’éduquer pour éduquer “, le programme international de formation des éducateurs promu par le mouvement des Focolari, en partenariat avec l’Institut Universitaire Sophia de Loppiano (Italie) et la Libera Università Maria Santissima Assunta (Lumsa) de Rome (Italie). Quelques jours après la publication  des Lignes Directrices pour la Formation dans le domaine de la Protection des Mineurs et des Personnes Vulnérables (FPMV)  élaborées par le Mouvement des Focolari et face aux nombreux défis que le monde nous lance, Edu For Unity se propose, comme dans un voyage, d’indiquer la destination à travers une nouvelle culture éducative de l’enfance et de l’adolescence dans laquelle le sens de la boussole change : les enfants et les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas l’objet d’une éducation, mais des sujets actifs immergés dans la société avec leurs spécificités, leurs fragilités, leurs points forts et leurs talents. Chaque étape de ce parcours indiquera la voie à suivre, avec l’aide d’une équipe internationale d’experts en sociologie, psychologie, pédagogie et théologie. Pour en savoir plus, nous avons interviewé Roberta Formisano, membre de l’équipe qui a conçu ce projet. Comment est née l’idée de ce podcast et à qui s’adresse-t-il ? Ce podcast est né de la volonté de s’intéresser de plus près aux jeunes, aux enfants et aux adolescents qui, surtout ces dernières années, ont été contraints à l’isolement et au confinement à cause du covid. Cela a accru les craintes et les insécurités de nombre d’entre eux : beaucoup se révèlent précisément dans la difficulté que l’on a à entrer en relation avec eux. La situation a donc soulevé d’autres questions sur la manière d’entrer en contact avec eux, de les éduquer, de trouver de nouvelles stratégies pour les approcher, mais aussi de les accompagner dans leur évolution. Le podcast est donc né de la volonté de l’équipe EduxEdu et s’adresse aux parents, aux enseignants, aux éducateurs, aux animateurs de groupes paroissiaux ou de mouvements ecclésiaux, à tous ceux, en somme, qui accompagnent les enfants, les jeunes et les adolescents dans leur vie, dans leur parcours de formation, qu’elle soit spirituelle, culturelle ou même sportive, de quelque nature qu’elle soit. Quels sont les thèmes que vous avez décidé d’aborder dans ce parcours et comment seront-ils structurés ? Le parcours thématique choisi part de l’écoute, sujet de ce premier volet, pour ensuite explorer l’amitié, le conflit, les émotions, les limites et la cohérence, c’est-à-dire les six mots clés dans lesquels, selon l’équipe d’experts impliqués, la “fragilité” peut être déclinée et qui seront les thèmes des six épisodes de ce podcast. Chacun d’eux s’ouvre sur un dialogue entre un présentateur, qui pour cette premier volet sera la journaliste argentine Anita Martinez, et un expert capable de nous guider à travers le thème. Pour chaque épisode, nous avons essayé d’inclure des expériences afin que les différentes questions qui se posent dans la vie de tous les jours ne trouvent pas seulement une réponse dans la partie théorique qu’un expert peut apporter, mais se reflètent dans la vie de tous les jours. Chaque épisode se termine par une réflexion de Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, sur le thème abordé. Le titre du podcast met l’accent sur le mot “unité”. Quel sens veut-il donner ? Le titre EDU FOR UNITY peut s’expliquer par une référence à la communauté éducative, c’est-à-dire à la prise de conscience qu’au-delà des compétences indispensables pour être en mesure d’appréhender la fragilité des enfants et des adolescents, de les écouter et de les faire nôtres, ce n’est qu’ensemble, unis, en tant que communauté “à l’écoute”, que nous pouvons espérer être efficaces. Le podcast a été créé dans le but de construire une communication relativement brève sur le thème de la fragilité des enfants, des adolescents et des jeunes. Le parcours thématique choisi part de l’écoute, thème de cette première émission pour aller ensuite vers l’approfondissement de l’amitié Quels ont été les principaux défis à relever lors de la mise en place de ce projet ? L’un des plus grands défis a été de garder à l’esprit à qui nous nous adressions, sachant que l’objectif sous-jacent était de “prendre soin” des enfants, des adolescents et des jeunes. Un autre défi a été d’essayer de rassembler différents aspects présentés par diverses personnes qui ont collaboré, chacune avec son propre contexte professionnel, culturel et universitaire. S’impliquer sans s’installer dans la position de quelqu’un qui “enseigne”, mais avec une grande simplicité, en essayant d’être concis et en utilisant un langage simple pour s’adresser à tout le monde. Les experts ont travaillé longtemps tous ensemble pour créer ces quatre premiers épisodes, c’était aussi un travail entre les différentes écoles de pensée et d’études, sociologiques, pédagogiques, psychologiques sur le sujet. Sur le plan technique et de l’enregistrement, c’était aussi un véritable défi, car nous avons impliqué des personnes de différents pays du monde et, à l’heure actuelle, le podcast a été enregistré et traduit en italien et en espagnol. De plus, il s’agissait d’un beau travail intergénérationnel qui impliquait différentes voix, y compris celles des plus jeunes. Qu’espérez-vous pour ceux qui écoutent ce podcast ? Nous espérons que l’écoute de ce podcast sera un moment que chacun pourra prendre, non seulement pour aider et accompagner les plus jeunes, mais aussi pour réfléchir et travailler sur soi. Que chacun puisse vraiment y trouver des suggestions à mettre en pratique dans sa vie quotidienne. Nous souhaitons que chacun se pose la question : “Ce n’est pas seulement un enseignement Mais est-ce que je m’en inspire vraiment tous les jours ? Comment puis-je le mettre en œuvre ? Nous espérons qu’il pourra réellement contribuer à créer une vision d’une société meilleure, qui ne soit pas seulement égocentrique, fermée, méfiante, mais qui aide les adultes à accueillir la voix des enfants, des jeunes et des adolescents et à les accompagner sur leur chemin de formation et de croissance.

                                                                                                          Maria Grazia Berretta

Des espaces pour la vie : un appel à l’unité d’Ensemble pour l’Europe à Timisoara

Des espaces pour la vie : un appel à l’unité d’Ensemble pour l’Europe à Timisoara

La ville de Timisoara, en Roumanie, a récemment accueilli la rencontre annuelle d’Ensemble pour l’Europe (EpE) sur le thème “Appelés à l’unité”. Cette réunion a rassemblé 51 mouvements représentant plus de 300 réalités et communautés chrétiennes au sein du vaste réseau d’EpE. Créer des espaces de vie dans les failles Dans le contexte sociopolitique complexe que traverse l’Europe, les responsables d’Ensemble pour l’Europe (EpE) se sont réunis du 16 au 18 novembre 2023 à Timisoara (Roumanie) pour répondre à une question importante : “Quel est le rôle des communautés chrétiennes en Europe aujourd’hui ?”. Cette question a gagné en pertinence face aux problèmes mondiaux tels que les divers conflits en cours, les dynamiques migratoires et la crise climatique. Herbert Lauenroth, historien et membre du comité directeur de l’EpE, a souligné la crise qui touche toutes les Églises et a mis en évidence le poids du moment : “Où en est l’Europe aujourd’hui, Ensemble pour l’Europe ? Vers quel type d’Europe, vers quel type d’ ‘Ensemble’ nous dirigeons-nous ? Dans un contexte d’incertitude croissante, les participants ont débattu de ce que signifie “Ensemble pour l’Europe” et ont tenté de discerner la direction et les perspectives d’avenir. Dès les premières sessions, il était évident que le choix de Timisoara comme lieu de rencontre ajoutait une couche supplémentaire de signification. La capitale européenne de la culture 2023 témoigne de la coexistence harmonieuse des différentes confessions chrétiennes, où les diverses communautés se rencontrent et prospèrent dans l’unité. Gerhard Proß, modérateur d’EpE et responsable du CVJM (Christlicher Verein junger Menschen) à Esslingen (Allemagne), a présenté une perspective de la foi chrétienne : “Dieu crée de l’espace dans les fissures”, a-t-il déclaré, “Jésus lui-même est entré dans les failles les plus profondes de ce monde”. Il a poursuivi en expliquant que l’image du Christ, les bras ouverts entre le ciel et la terre, symbolise une entrée profonde dans les fissures entre Dieu et l’humanité, entre les individus, les groupes, les dénominations et les nations. Jésus est descendu au plus profond : “Il y a créé un espace de vie”. Des mots qui ont résonné profondément, provoquant des réflexions sur la manière dont, face aux défis contemporains, les communautés chrétiennes peuvent créer des espaces de vie au milieu des fractures, des tensions et des incertitudes. Cultiver l’unité Les participants ont pris part à des sessions de dialogue, se sont engagés ensemble dans des discours intellectuels, des ateliers expérientiels et des moments de prière. Six ateliers ont exploré des sujets tels que l’intégration sociale, les perspectives des jeunes, l’éthique et la non-violence, favorisant une meilleure compréhension de la diversité au sein de la communauté chrétienne. La visite du Musée de la Cathédrale Orthodoxe, suivie des vêpres dans la Cathédrale Orthodoxe de la ville, en présence des autorités et des chefs religieux des différentes Églises présentes, a constitué un moment fort. Ces moments de prière commune ont favorisé une atmosphère harmonieuse dans laquelle l’unité et la diversité coexistaient. Les discours pléniers et les activités ont été ponctués de musique et de prières, créant ainsi un fil conducteur tout au long de la conférence. Au cours d’un de leurs chants, le Chœur œcuménique des jeunes a invité chacun à embrasser différentes manières de prier : “Nous savons que nous prions tous à notre manière. Ouvrons-nous à l’expérience de la prière de l’autre pendant ces jours à Timisoara”. Le moment de prière pour la paix, au cours duquel les conflits dans le monde ont été évoqués, avec une attention particulière pour l’Ukraine et le Moyen-Orient, a été particulièrement fort. Tous les participants se sont engagés à s’unir en concluant un pacte d’amour mutuel. Un moment qui symbolise la pierre angulaire sur laquelle se construit une Europe fraternelle. Lier les valeurs aux politiques Dans le cadre du projet DialogUE financé par l’UE, la rencontre annuelle “Ensemble pour l’Europe” a également abordé des questions visant à élaborer des conseils et des recommandations pour les politiques sociales de l’UE. Le professeur Philip McDonagh, ancien diplomate irlandais et directeur du “Centre pour la Religion, les valeurs humaines et les relations internationales” à l’Université de Dublin, a souligné l’importance de l’article 17 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Cet article promeut un dialogue ouvert et transparent sur les grandes questions sociales auxquelles l’Europe est confrontée, par le biais de réunions et de séminaires de haut niveau pour le dialogue et le travail entre les institutions européennes et les Églises, ainsi que les organisations non-confessionnelles et philosophiques. Le professeur a souligné la contribution des Églises au débat public, en s’appuyant sur leurs fondements philosophiques, leurs valeurs de compassion, d’attention, de solidarité et de respect du pluralisme. Il a souhaité que les Églises s’efforcent de combler le fossé entre les valeurs de haut niveau et la politique quotidienne, en offrant une perspective indispensable sur des questions telles que la paix, l’inclusion et l’intégration. Appelant à une approche multilatérale, il a souligné la nécessité pour l’Europe d’être perçue positivement par la communauté mondiale et a insisté sur la responsabilité de prendre en compte les perspectives du Sud de la planète. L’espoir dans l’unité Margaret Karram, présidente du mouvement des Focolari, était présente aux côtés du coprésident Jesús Morán et a prononcé des paroles d’espoir : “J’aimerais avoir cette conviction avec vous tous : tout est possible!”. Ses paroles nous ont invités à porter un regard optimiste, à reconnaître l’humanité partagée et à créer des réseaux de fraternité. Karram a encouragé le réseau “Ensemble pour l’Europe” à embrasser les charismes nés de l’Évangile, à s’engager dans le dialogue et à ouvrir des espaces pour rechercher des réponses tangibles aux défis contemporains. Mgr Josef-Csaba Pál, évêque de Timisoara, a exprimé sa gratitude pour ces journées : “Une petite graine de cette fraternité, de cette unité et de cet amour a été semée en nous, dans nos Églises, mais aussi dans la société. Le réseau “Ensemble pour l’Europe” est l’une de ces merveilleuses initiatives où Dieu a permis que de bonnes choses se développent au fil des ans. Continuons à travailler ensemble avec toutes les personnes de bonne volonté”. Pour l’avenir, il a été annoncé que la prochaine réunion annuelle d’Ensemble pour l’Europe se tiendra à Graz-Seckau, en Autriche, du 31 octobre au 2 novembre 2024. Les confessions chrétiennes présentes : Grecs orthodoxes, Roumains, Arméniens et Russes orthodoxes, Grecs, Romains et Église Vieille-catholique, Protestants, Luthériens, Réformés, Anglicans et Églises libres.

                                                                                                                                  Ana Clara Giovani

Tous responsables de tous : une formation en réseau

Depuis aujourd’hui, 20 novembre 2023, les nouvelles Lignes Directrices pour la Formation à la Protection des Mineurs et des Personnes en situation de Vulnérabilité élaborées par le mouvement des Focolari sont disponibles. Margarita Gómez et Étienne Kenfack, conseillers du Centre International du Mouvement pour la Vie Physique et la Nature, nous offrent quelques précisions. Illustrer les caractéristiques nécessaires pour s’engager concrètement dans la protection de la vie et de la dignité de chaque personne : c’est ce qui distingue les nouvelles Lignes Directrices pour la Formation dans le domaine de la Protection des Mineurs et des Personnes Vulnérables (FPMV) du Mouvement des Focolari, publiées ce 20 novembre 2023, Journée Internationale de l’enfance et de l’adolescence. C’est un travail qui a vu la collaboration directe de 40 spécialistes et personnes impliquées dans ce domaine, provenant de tous les continents, et qui vise uniquement à fournir les éléments nécessaires pour que dans chaque pays où le Mouvement des Focolari opère, on puisse développer une stratégie de formation adéquate, orientée vers la prévention et l’éradication de tout type d’abus, aussi bien au sein du Mouvement que dans les milieux où se trouvent ses membres (travail, quartier, école). Dès 2013, le Mouvement s’était engagé dans la formation à la protection des mineurs, par un travail capillaire dans tous les pays où il est présent et par une formation de six heures qui contenait les principes fondamentaux. Cet effort de formation en décembre 2022 avait touché 17 000 personnes, et bien que la formation soit ouverte à tous, elle a été principalement réalisée par des personnes ayant une responsabilité ou un contact direct dans les activités avec les mineurs. Suite au rapport sur les cas graves d’abus sexuels recensés en France, publié un an après l’enquête par GCPS consulting, un besoin fort s’est fait sentir de proposer à tous les membres du mouvement des Focolari, quels que soient leur âge, leur vocation, leur nation, leur rôle, une formation ciblée. C’est pourquoi les Lignes Directrices constituent un outil universel, laissant une large place à une inculturation appropriée et à une mise en œuvre spécifique dans le contexte particulier concerné. « La formation s’adresse à tous et pour tous ; nous entendons non seulement les membres du Mouvement, mais aussi les personnes qui travaillent dans nos structures, précise Étienne Kenfack. Les Lignes directrices, en revanche, s’adressent aux responsables du Mouvement dans les différentes zones géographiques et à leurs équipes qui seront chargées de les mettre en œuvre ». Les lignes directrices entreront en vigueur le 1er janvier 2024, pour une durée de 20 mois ad experimentum. Une période de comparaison afin de recueillir toutes les modifications et transformations qui seront nécessaires à l’avenir. « Le document, poursuit Margarita Gómez, est basé sur une ressource clé pour nous, à savoir la communion : nous travaillerons donc en réseau, il y aura une Commission internationale et des équipes qui réaliseront le projet au niveau local ; il y aura des moments d’échange, par des liaisons en ligne, pour nous aider à dénouer les doutes, pour partager les bonnes pratiques. Ce n’est pas un hasard si nous avons décidé d’intituler notre programme de formation « Tous responsables de tous ». J’espère que ces Lignes Directrices seront bien accueillies dans nos communautés et que, dans quelques mois, nous aurons donné une impulsion significative à la formation dans ce domaine ».

Maria Grazia Berretta

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Dire Dieu au féminin : Chiara Lubich et le langage mystique

“Ecrire sur Dieu : Chiara Lubich et la tradition mystique féminine” est le titre de la conférence qui aura lieu les 10 et 11 novembre 2023 à Bologne (Italie). Il s’agit d’un séminaire consacré à ce que signifie “dire Dieu au féminin” qui se déroulera les vendredi 10 et samedi 11 novembre dans la salle Bolognini du Couvent de San Domenico à Bologne (Italie) et qui s’intitulera “Écrire sur Dieu. Chiara Lubich et la tradition mystique féminine du Moyen Âge au XXe siècle. Un itinéraire à plusieurs voix”. Promu par la Faculté de théologie d’Émilie-Romagne (Fter), le Centre Chiara Lubich et l’Institut universitaire de Sophia, cet itinéraire vise à offrir des perspectives et des réflexions sur la question du langage mystique, en mettant l’accent sur la mystique du XXe siècle et, en particulier, en prêtant une oreille attentive au langage des femmes. Un véritable voyage “dans une page de l’histoire de la mystique féminine qui est vraiment peu explorée”, affirme le père Gianni Festa, professeur à la Fter, dominicain et l’un des promoteurs de l’événement. Mais comment le langage peut-il témoigner d’une expérience aussi intime et profonde que celle avec Dieu ? Comment les mystiques, depuis la tradition médiévale jusqu’au XXe siècle, ont-ils fait en sorte que la parole témoigne de cette expérience et comment la restituer au monde ? Autant de questions qui seront abordées dans ce séminaire à partir d’analyses historiques, littéraires et linguistiques qui témoignent – comme le dit le père Gianni Festa – “ que dire Dieu au féminin, c’est le dire autrement, et c’est pourquoi le langage féminin, qui dit Dieu, qui dit l’expérience mystique, doit absolument être compris”. Une dimension qui, à travers les contributions des nombreux invités et chercheurs, sera explorée lors de cette conférence, en partant précisément de la figure de Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari au vingtième siècle. “L’expérience de Chiara Lubich, explique le père Festa, sera mise en relation, au niveau diachronique, avec des figures importantes de la tradition mystique médiévale, comme certains docteurs de l’Église, tels que Catherine de Sienne ou Thérèse d’Avila, mais surtout avec d’autres expériences et écrits mystiques du XXe siècle, certains plus connus, comme Etty Hillesum, Madeleine Delbrêl, d’autres moins connus, comme Sœur Maria, la grande amie mystique de Don Primo Mazzolari. Il s’agira donc d’explorer la question du langage mystique, de la théologie qui sous-tend la mystique féminine, et bien sûr d’identifier les chemins individuels de cette expérience”. Pour plus d’informations, vous pouvez contacter le secrétariat de la Fter ou consulter le site du Centre Chiara Lubich. Vous pouvez vous inscrire à ces deux journées dans la section “Eventi” du site de la Fter.

Maria Grazia Berretta

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Construire une éco-communauté mondiale : les enseignements de GreenCare en Belgique

Construire une éco-communauté mondiale : les enseignements de GreenCare en Belgique

Dialoguer pour le bien de la planète : c’est le sens du Green Care Programme, un événement organisé à l’initiative de Multipolar Dialogue qui s’est déroulé en Belgique du 25 au 29 octobre 2023. L’écologie, un sujet qui suscite de plus en plus d’intérêt à l’échelle mondiale. Le pape François souligne l’urgence de s’attaquer aux problèmes environnementaux à travers son encyclique Laudato Si. Malgré ces appels, la dure réalité demeure : il y a très peu d’améliorations tangibles. Que manque-t-il à nos efforts collectifs et que pouvons-nous faire de plus pour protéger notre planète ? Pour chercher des réponses à ces questions et trouver des moyens d’agir collectivement, un groupe diversifié de 50 personnes issues de plus de 13 pays différents s’est réuni au « Centre Unité », à Rotselaar, en Belgique, du 25 au 29 octobre 2023, pour un événement « transformateur » de quatre jours. Leur mission : dialoguer, acquérir des connaissances et échanger des expériences pour améliorer la prise en charge de notre planète. Organisé par Multipolar Dialogue, une initiative qui rassemble des citoyens d’Europe de l’Est et de l’Ouest dans le cadre d’une méthodologie basée sur la pratique d’un « pacte d’amour », sur lequel un espace de confiance peut être construit, l’événement a proposé un riche mélange de conférences, d’interventions, de dialogues et de meilleures pratiques, créant ainsi un espace dynamique de partage d’expériences et de connaissances. Les participants ont engagé des dialogues stimulants sur une série de sujets, tels que le développement durable, la biodiversité, l’écologie intégrale et la réduction du bruit. En plus de ces dialogues, les participants ont eu l’occasion de partager leurs expériences, telles que des initiatives comme les jardins scolaires et communautaires, Greening Africa Together‘, ‘Grüne Dach Impulse’ et ont participé à des ateliers. En outre, l’événement a été rehaussé par la présence d’experts estimés qui ont enrichi les dialogues et permis aux participants d’avoir une compréhension globale des défis et des solutions. Le Dr. Helmut Maurer, une autorité en matière d’environnement, a partagé des perspectives précieuses au cours d’une interview axée sur la mise en œuvre du Green Deal, mettant en lumière les mesures pratiques nécessaires pour affronter les problèmes environnementaux. Lorna Gold, présidente du mouvement Laudato Si’ et PDG de FaithInvest, a apporté sa riche expérience à l’événement, inspirant les participants par sa sagesse et sa vision. Une initiative multi-projets Cet événement n’était pas une simple réunion ponctuelle, mais un élément crucial de l’initiative plus large du « Projet DialogUE ». L’objectif global de cette initiative est de faire participer activement les citoyens, en leur donnant une plateforme pour exprimer leurs préoccupations et leurs idées. Dans le cadre de cette mission, l’événement avait un but précis : faciliter des dialogues constructifs et formuler des propositions à soumettre à l’Union Européenne. Pour atteindre cet objectif, les participants ont eu l’occasion unique de visiter les institutions de l’UE et de se familiariser avec les processus et les voies par lesquelles leurs propositions et leurs demandes pourraient être acheminées. Le Projet DialogUE” s’inscrit dans le cadre de l’engagement du mouvement des Focolari à écouter les cris de la terre et à répondre à ses besoins. Cet engagement est résumé dans l’EcoPlan – la déclaration du mouvement des Focolari pour l’écologie intégrale – qui a été présenté lors de l’événement et qui trace la voie vers un avenir plus durable et plus conscient de l’écologie intégrale. Se connecter pour changer Outre les précieuses connaissances acquises et les expériences partagées, ces quatre jours ont laissé un profond impact sur les participants. Ils se sont sentis plus que de simples participants ; ils sont devenus membres d’une communauté mondiale avec une préoccupation commune pour le bien-être de notre planète. Le sentiment de connexion, de dialogue et d’objectif collectif était palpable alors que des individus d’horizons et de pays différents se réunissaient pour répondre au cri de la Terre. Comme l’a dit Anna Waibel, l’une des forces motrices du projet des Jardins scolaires en Autriche, « c’était vraiment génial pour moi de voir que mon école n’est pas le seul endroit qui essaye de changer quelque chose, mais que d’autres veulent aussi le faire. J’ai remarqué que rien ne fonctionne sans la communauté et sans l’action commune ». Anny Hesius, coordinatrice du dialogue multipolaire en Belgique, a bien résumé le sentiment collectif en disant : « La proposition consistait à s’ouvrir les uns aux autres pour écouter et échanger des connaissances, ce qui nous a rendus plus conscients, plus forts, plus coresponsables et plus décisifs. Nous sommes devenus une véritable famille. Des protagonistes de la paix et de la justice, de l’amour pour les habitants de la terre et de notre maison commune ». Au cours de ces quatre jours, les participants ont non seulement élargi leurs connaissances en matière d’écologie, mais ils ont également trouvé un sens à leur mission et à leur communauté, repartant avec une volonté renouvelée de collaborer et d’apporter des changements significatifs à l’échelle mondiale.

Ana Clara Giovani

TVLUX Slovaquie interviewe Jesús Morán

De la spiritualité de l’unité à la pastorale générative de l’Église; de la rencontre entre les jeunes et Jésus au rôle moteur de l’Esprit Saint dans le Synode sur la synodalité. Tels sont quelques-uns des thèmes abordés par Jesús Morán, coprésident du Mouvement des Focolari, lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision slovaque TVLUX le 6 octobre 2023. L’utilisation de cette vidéo a été aimablement accordée par TVLUX. Ces jours-ci, Jesús Morán, prêtre espagnol et Coprésident du Mouvement des Focolari, est en visite en Slovaquie. À Nitra, il a rencontré plusieurs évêques formateurs et plus de 80 séminaristes. Il est ici en ce moment et participe à notre programme. Bienvenue. Lorsque l’on parle du Mouvement des Focolari, que pouvons-nous penser ? Qu’est-ce que cela signifie ? Le Mouvement des Focolari est un Mouvement de l’Église catholique dont le cœur est le charisme de l’unité. Le grand théologien Von Balthasar disait que dans l’Église, chaque charisme est comme un regard sur tout l’Évangile à partir d’un point de vue. Ainsi, le charisme de l’unité est tout l’Évangile considéré à partir du testament de Jésus : « que tous soient un ». Donc le centre, tout ce que le Mouvement fait dans le domaine ecclésial ainsi que civil et social, est en relation avec l’unité. Nous cherchons l’unité – l’unité de type évangélique telle qu’elle apparaît dans l’Évangile – l’unité, qui est une façon de vivre en communion. De fait, on peut dire que la spiritualité de l’unité est la spiritualité de communion. C’est pourquoi, nous soulignons beaucoup l’amour réciproque, la rencontre avec le frère. Surmonter les divisions au niveau social le plus ample. Promouvoir la fraternité universelle, ce genre de choses, mais le centre est cette prière. C’est pourquoi nous disons toujours que nous voulons, dans la mesure du possible, vivre sur terre comme on vit dans la Trinité, c’est-à-dire que la Trinité est une communion d’amour. La fondatrice de votre Mouvement est Chiara Lubich, assez bien connue ici en Slovaquie et depuis cette époque, il a été décidé que ce sera toujours une femme à la tête du Mouvement, la Présidente est une femme, c’est pourquoi vous êtes Coprésident. Pourquoi en est-il ainsi ? Je crois que cela a à voir avec le nom officiel du Mouvement dans l’Église, parce que nous sommes le Mouvement des Focolari ou Œuvre de Marie. Dans les Statuts approuvés par l’Église, on parle d’Œuvre de Marie, nous soulignons donc beaucoup ce principe marial de l’Église, qui est un principe maternel, un principe générateur, qui montre une Église accueillante et, bien sûr, le principe marial est mieux exprimé par la femme. C’est cela l’idée. Il faut penser que c’est l’Église qui est mariale, c’est-à-dire que Marie est la forme de l’Église. Le concile Vatican II l’a dit très clairement, Marie est mère de l’Église. Dans ce sens, donc, nous souhaitons en être un reflet. La présidence féminine, en plus de mettre en valeur la femme, qui est un signe des temps, veut surtout souligner ce principe marial. Ce principe marial qui est aujourd’hui vraiment nécessaire. Il se montre vraiment nécessaire dans ce que souligne le Pape François : une Église plus proche des personnes, une Église en sortie, une Église moins cléricale, moins masculine. Tout cela a à voir avec la présidence féminine du Mouvement des Focolari. Cela a surtout à voir avec Marie. Vous êtes venu en Slovaquie non seulement pour rencontrer les membres des Focolari, mais aussi nos évêques, prêtres, séminaristes. Cette rencontre s’est déroulée à Nitra. Quelle émotion vous a laissé cette rencontre avec nos prêtres ? En réalité, j’étais avec l’évêque de Nitra et des évêques d’autres diocèses qui ont participé à la rencontre des séminaristes venus de 5 diocèses. Je me suis senti très accueilli, très accueilli. Puis, dans la salle, j’ai vu des personnes qui suivent Jésus, j’ai vraiment vu beaucoup de pureté, beaucoup de pureté chez les séminaristes, beaucoup de sérieux. Certains, à la suite de la rencontre et après le dîner, ont voulu approfondir ce que j’avais dit. Ils sont restés pour un entretien avec moi et j’ai vu dans leurs questions une nécessité, une urgence de vouloir être prêtres à la hauteur de notre temps. Un prêtre d’aujourd’hui qui vit avant tout l’Évangile de façon authentique. J’ai donc été très, très édifié. Vous avez surtout parlé de pastorale générative. De quoi s’agit-il ? La pastorale générative est un concept qui vient en lumière, en évidence, ces derniers temps. En Occident surtout où l’on assiste, pour ainsi dire, à un déclin numérique de l’Église. Auparavant, les églises étaient pleines, les personnes s’approchaient des sacrements. Les baptêmes étaient nombreux, les premières communions… Tout cela a maintenant diminué considérablement. Alors, la question est : que se passe-t-il ? Il semble que les méthodes utilisées avec succès pendant des années, des siècles, ne servent plus. Faut-il repenser la pastorale ? La pastorale générative n’est pas une pastorale nouvelle, c’est comme retourner à l’origine de la pastorale et l’origine de toute pastorale est Jésus ; c’est-à-dire, comment Jésus évangélisait-il ? Pour le dire plus simplement, parce qu’il est l’Évangile vivant, au travers de rencontres personnelles très profondes. Si nous regardons les Évangiles, chaque fois que Jésus rencontre quelqu’un, il se passe quelque chose de significatif pour la personne, nous le voyons avec Nicodème, avec Zachée, avec Mathieu, avec le centurion, avec la Samaritaine, avec la femme souffrant d’hémorragie, avec la Cananéenne. Il se passe toujours quelque chose, Jésus génère donc quelque chose en l’autre. Il nous faut passer de ce qu’on appelle la pastorale réglementée, qui est celle que nous avons eue, de type quantitatif – combien de baptêmes, combien de baptisés, combien se sont mariés à l’Église cette année ? – à une pastorale qui recherche la qualité, pas tant la quantité ; donc, que se passe-t-il ? Y a-t-il une vie chrétienne dans nos paroisses ? Cherchons la fécondité plus que les résultats, voici la pastorale générative. Donc, on souligne beaucoup la rencontre avec l’autre ; pour rencontrer l’autre, tu ne dois pas attendre qu’il vienne te demander un sacrement, tu dois toi-même aller à la rencontre de l’autre. Ainsi, la pastorale générative change l’idée du Pasteur, mais elle change aussi l’idée des chrétiens, parce que dans le fond… il ne s’agit pas… Il faut des apôtres générateurs, sans aucun doute, mais ce qu’il faut avant tout, c’est une communauté, une communauté accueillante, c’est-à-dire que ce qui s’est passé avec Jésus doit se reproduire, les personnes vont dans une communauté et il se passe quelque chose. Elles sont impressionnées par quelque chose. Voilà, en résumé, ce dont nous avons parlé avec les séminaristes. Se pourrait-il que les jeunes d’aujourd’hui recherchent la vie et qu’ils aient besoin que nous leur apportions cette vie, qui est la vie avec Jésus ? Absolument. Je pense que… j’ai toujours pensé que Jésus n’abordait jamais les gens avec une doctrine. Il recherchait toujours d’abord une rencontre personnelle et enseignait ensuite. Même si nous voyons Jésus enseigner… mais il a consacré beaucoup de temps à ces rencontres personnelles. Je crois que les jeunes d’aujourd’hui sont à la recherche de la vie. La doctrine doit être basée sur la vie et cette rencontre avec Lui, pour qu’ils puissent l’accepter. Sinon, ils restent avec un christianisme qui est comme une morale, c’est comme un enseignement, mais ce n’est pas ça le christianisme. Le christianisme, c’est la rencontre avec le Christ. Ces jeunes que vous avez rencontrés à Nitra sont les futurs pasteurs de notre Église. Comment peuvent-ils être les pasteurs dont nous avons besoin en ce moment et qu’ils ne tombent pas dans le cléricalisme dont parle tant le pape François ? Je crois qu’un Pasteur doit d’une certaine manière, plus que diriger  (« pastorear », mener le troupeau) – pastorear est le mot que le Pape François utilise même lorsqu’il parle en italien, il l’utilise ainsi, avec le mot espagnol – il doit aimer. D’abord aimer, puis diriger, parce que si tu te mets dans la position de diriger, tu te mets en situation de supériorité, comme si tu devais enseigner. Tandis que le pasteur, aujourd’hui, doit avant tout aimer les paroissiens, il doit aimer tous les fidèles. C’est ainsi qu’il est pasteur. C’est ainsi qu’il est vraiment Pasteur et qu’il peut avoir autorité sur les autres. C’est fondamental et puis ce que j’ai dit précédemment, ne pas tant chercher les résultats que la fécondité. Et autre chose : aujourd’hui, le pasteur doit être très conscient qu’il ne s’autoproclame pas, mais qu’il annonce le Christ, il doit donc être profondément ancré en Christ, profondément. Un pasteur seul, qui ne vit pas au sein d’une communauté chrétienne, qui ne vit pas l’amour réciproque avec les autres, peut difficilement communiquer un amour tel que Jésus l’a proclamé dans sa vie. Vous avez dit un mot tout à l’heure et il m’est venu à l’esprit que cela n’arrive pas seulement aux prêtres, mais aussi aux chrétiens qui vivent profondément leur foi, mais qui oublient parfois que ce ne sont pas eux qui sauvent les personnes, mais Jésus. C’est vrai. C’est important. C’est pourquoi j’insiste sur la communauté. Saint Paul, dans la première lettre aux Corinthiens, met en garde contre la personnalisation et dit : alors que certains d’entre vous disent qu’ils appartiennent à Apollon, d’autres disent qu’ils appartiennent à Paul, d’autres disent qu’ils appartiennent à Pierre… Non, nous appartenons tous au Christ, mais le Christ vit dans la communauté, dans la communauté paroissiale, dans la communauté où il est présent dans l’Eucharistie, qui est un mystère de communion. C’est donc fondamental. Nous sommes souvent tombés dans l’erreur de nous proclamer nous-mêmes, avec nos propres idées, plutôt que de laisser parler le Christ. La Slovaquie est plutôt considérée comme un pays conservateur, en ce moment où le Synode se tient à Rome, au Vatican. Plusieurs Mouvements veulent aller de l’avant et d’autres veulent revenir en arrière. Comment faire pour garder tout ce qui est bon, tout en allant de l’avant avec ce qui est nouveau et bon ? J’ai été très frappé par les propos tenus avant-hier par le pape François lors de la première session du Synode. Il a beaucoup insisté sur le fait que le protagoniste du Synode est l’Esprit Saint. Et l’Esprit Saint va au-delà des schémas humains. Un chrétien, en tant que chrétien, n’est ni conservateur ni progressiste, il est une personne nouvelle, une créature nouvelle. Nous l’avons lu ces jours-ci dans la lettre de Saint Paul aux Galates. C’est l’Esprit Saint qui fait de nous des créatures nouvelles avec notre mentalité. Avec notre mentalité, avec ce que nous sommes. C’est pourquoi je crois que nous devons dépasser ces dualismes qui ne font pas de bien à l’Église. L’Esprit Saint est toujours générateur de nouveauté. Parce que c’est lui, il est à l’origine de tous les charismes, de toutes les nouveautés dans l’histoire de l’Église. En même temps, tout ce que l’Esprit Saint promeut dans l’Église vient du Père. Il est donc également ancré dans l’origine. Cela signifie qu’il faut un plus d’Esprit Saint dans l’Église, c’est la seule façon de dépasser ces dualismes qui ne nous font pas de bien. Merci beaucoup. Et merci beaucoup, père Jesús, d’avoir participé à notre programme. Merci à vous de m’avoir reçu. Merci à vous aussi et nous nous retrouverons prochainement, au revoir. Voir la vidéo (activer les sous-titres en français)        

Bruxelles : En esprit de solidarité

Un engagement qui implique forces politiques, institutions, Mouvements ecclésiaux, organisations de la société civile et, en première ligne, les jeunes. Tel est le climat qui s’est dégagé de la conférence “Corps européen de solidarité et service civique en Europe“, qui s’est tenue le 24 octobre 2023 à Bruxelles. Jesús Morán, Coprésident du Mouvement des Focolari, qui a participé à la rencontre, nous fait part de ses impressions. Mardi 24 octobre, Bruxelles était étonnamment ensoleillée, contrairement à ce que nous attendions l’après-midi du 23, lorsque nous sommes arrivés dans la capitale belge et avons été accueillis par une forte pluie. Pour les habitants de Bruxelles, les citoyens d’innombrables pays européens, la vue d’un tel soleil était une nouveauté au cœur de l’automne ; pour nous, c’était un bon présage de ce que nous allions vivre ce matin-là dans l’imposant bâtiment du Parlement européen. À 9h15, dans une salle de séminaire pouvant accueillir 30 personnes, a débuté la rencontre organisée par trois associations d’inspiration très différente : le Mouvement Européen, l’Association Caterinati et le Mouvement des Focolari, dans le cadre du Corps Européen de Solidarité (CES), une initiative de la Commission Européenne capable de réunir des parlementaires de tous bords politiques grâce à son parcours courageux et constructif. L’événement était aussi une commémoration en hommage à David Sassoli, Président du Parlement européen décédé le 11 janvier 2022. C’était pour moi la deuxième fois que je participais à un événement similaire. Le premier qui remonte à la période précédant la pandémie s’était tenu au Parlement européen à Rome. La providence a voulu que, précisément ce mardi, au moment où nous commencions la session, la Commission Culture du Parlement européen approuve quasiment à l’unanimité, le rapport sur les activités du CES pour la période 2021-2027. Le Mouvement des Focolari était représenté non seulement par moi, en qualité de Coprésident, mais aussi par des membres du Mouvement Politique pour l’Unité, New Umanity (présent avec 3 jeunes) et le “Focolare européen“, qui est basé à Bruxelles et interagit avec de nombreuses personnes des Institutions européennes ; il accueille également des migrants et promeut le dialogue et le partage d’idéaux. Je ne m’attarderai pas sur les détails de l’événement que l’on peut lire dans les différents communiqués de presse parus ces jours-ci. Je voudrais plutôt souligner l’importance considérable de ces événements apparemment mineurs et minoritaires qui, au contraire, peuvent marquer la ligne d’un changement de cap dans les relations internationales, dans la dynamique de la configuration sociale des nations et des peuples ; [ligne] qui donne à l’Europe un visage différent, plus conforme à l’idée des fondateurs de l’Union que ce que nous avons l’habitude de voir, surtout ces temps-ci et plus cohérent avec sa véritable identité fondée sur des valeurs aux racines gréco-latines et chrétiennes indiscutables, comme la solidarité, l’ouverture, la tolérance, la communion, la démocratie, la transcendance, la liberté, la fraternité et la paix. Il est en outre très significatif que des initiatives telles que le CES aient pour protagonistes les jeunes. C’est en effet à eux qu’il revient de mener le changement de paradigme que nous espérons tous. Les plus de 300 000 jeunes qui ont participé au fil des ans au programme de solidarité de la Commission démontrent que ce sont les objectifs pour lesquels ils sont prêts à dépenser toutes leurs énergies intellectuelles et morales. Les jeunes ne reculent pas si nous leur proposons des objectifs élevés et si nous leur préparons le terrain. En ce moment dramatique du monde, l’espérance vient d’eux et de leur désir de changement. Seuls des jeunes qui ont la solidarité dans les veines peuvent arrêter la dérive de l’incompréhension, de la polarisation, de la haine et de la violence qui gangrènent le monde. Avec de telles initiatives, ces jeunes créent une culture – et une grande culture – car ils ne se contentent pas de travailler pour les causes les plus nobles, mais ils construisent des relations nouvelles, partagent des expériences et des traditions, et s’enrichissent de leur diversité. À la fin de la rencontre, on a pu percevoir chez tous les participants une joie particulière qui n’allait pas de soi, surtout parmi les parlementaires, habitués à des confrontations sans fin et à des luttes de pouvoir parfois impitoyables. Tandis que nous nous dirigions vers l’aéroport, le soleil de Bruxelles semblait nous dire que le brouillard se dissipera de nos cœurs si nous devenons un peu plus généreux et accordons de l’importance à ce qui en vaut vraiment la peine. Seulement cela pourra tout rendre plus beau, même cette ville splendide.

Jesús Morán

Évangile vécu : Dieu a la primauté dans nos vies

La phrase « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21) contient l’appel imminent à vivre radicalement notre foi. Aimer signifie précisément ceci : faire la volonté de Dieu qui nous donne tout et la faire sans demi-mesure ; reconnaître dans le bruit assourdissant du monde Sa voix et La choisir comme route principale dans notre vie quotidienne. Parmi les pauvres des banlieues Interpellés par la situation de dégradation et de pauvreté de nombreuses familles de notre région, et stimulés par la Parole de Dieu, quelques-uns d’entre nous se sont retroussés les manches pour se consacrer en particulier aux enfants des banlieues, après avoir présenté la proposition aux autorités religieuses et civiles. Tout d’abord, quelques mères vivant dans des cabanes se sont portées volontaires pour nous aider pour des familles encore plus pauvres. Notre service commençait par l’enregistrement et la pesée des enfants de zéro à cinq ans, l’instruction des mères sur l’alimentation alternative (peu coûteuse et à haute valeur nutritionnelle), les vaccinations, l’allaitement et l’éducation. Ce n’était qu’un premier contact pour traiter plus tard des problèmes plus graves : chômage, alcoolisme, abandon, faim, sans-abrisme, drogue, misère. Avec nos familles, nous venions en aide à ceux qui vivent dans des baraques chaque week-end pour leur offrir, avec l’aide d’autres chrétiens, de meilleures conditions de vie. La communion des biens réalisée entre nous a permis d’améliorer la qualité de vie de ces enfants et de leur procurer une dignité de vie. (M.N. – Brésil) Un travail inattendu Dans le village où nous vivons, un couple avec cinq enfants est arrivé récemment. Le père était sans travail et avait dû déménager pour des raisons de santé. Comme sa profession était compatible avec celle de mon mari et qu’on nous avait promis un travail important, nous avons décidé de l’embaucher dans notre entreprise. Mais après quelques mois, l’emploi sur lequel nous comptions s’est envolé et nous avons commencé à nous inquiéter pour l’avenir. La Parole de l’Évangile que nous nous étions proposés de vivre en ce moment-là, nous a invités à la prière car, disait le commentaire, on est face à deux tentations : « La présomption de s’en sortir par soi-même et la peur de ne pas réussir. Au contraire, Jésus nous assure que notre Père du ciel ne nous laissera pas manquer de la puissance de l’Esprit si nous sommes vigilants et si nous Le lui demandons avec foi ». Avec foi, nous nous sommes alors tournés vers Lui, Lui confiant la nouvelle situation, certains qu’Il s’en occuperait. Le lendemain, mon mari a reçu un travail aussi important qu’inattendu. Depuis, nous n’avons pas manqué de travail et le nouvel arrivé continue de travailler chez nous. (M.R. – Suisse) Le prêt Pendant le premier trimestre de l’école, j’avais partagé ma bourse d’étude avec un élève qui ne pouvait pas payer sa carte de cantine parce qu’il venait d’une famille très pauvre. Au début du deuxième trimestre, il m’a confié que ses parents avaient un besoin urgent d’argent et m’a demandé un certain prêt. J’avais mis une somme de côté pour les livres et la nourriture, mais par amitié, j’ai décidé de la lui accorder. Les jours suivants, je ne le voyais plus alors qu’il venait toujours me parler. Je m’inquiétais et je me mettais même en colère. Puis, tout à coup, l’Évangile m’est venu en aide en pensant qu’il était juste d’aider un prochain plus mal loti que moi. Une fois calmé, je suis allé lui rendre visite chez lui. Dès mon arrivée, il m’a dit qu’il ne s’était plus présenté parce qu’il avait honte de ne pas encore avoir l’argent pour me rembourser et qu’il ne savait pas quoi faire. Je l’ai rassuré en lui disant qu’il me rembourserait quand il le pourrait et que si ce n’était pas le cas, ce n’était pas grave : l’important, c’était notre amitié, elle ne devait pas en souffrir. (J.B. – Afrique)

Édité par Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année IX – n° 1 septembre-octobre 2023)

CHIARA LUBICH : L’amour réciproque est notre habit

“Vivre la fraternité, susciter des relations d’unité, créer des liens de réciprocité, tels sont les objectifs des relations que nous tissons au quotidien.  Mais d’où vient cette étincelle qui nous pousse à oser et à aller à la rencontre des autres ? Chiara Lubich propose une réponse en racontant un épisode de sa vie”. À présent, passons au deuxième aspect : le rayonnement. C’est un sujet très vaste. Nous nous limiterons à trouver quelques indications dans les écrits des premières années du Mouvement. Il suffit de lire quelques pages relatives à cet aspect pour comprendre que « la première étincelle à l’origine de tout, est l’amour ». Oui, cela a été l’amour. Une étincelle s’est allumée, a diffusé sa lumière et a provoqué un incendie dans le monde. L’amour rayonne, l’amour lui-même rend témoignage. Aussi lorsque la parole entre en action. Celle-ci doit être sous-tendue par le témoignage, par l’amour : avoir aimé avant, et accompagnée par l’expérience : raconter les expériences. Il en a été ainsi pour les premiers chrétiens. Il en va de même aujourd’hui. Il y a un épisode qui est resté gravé dans mon cœur. Il me semble très beau. C’est là que réside le secret de notre rayonnement, le point d’où nous devons partir. « (…) Je me promenais dans les rues d’Einsiedeln et je voyais passer de nombreuses personnes de différents Ordres religieux – car c’est un sanctuaire, très beau -. Et entre autres, j’ai été frappée, particulièrement impressionnée par les petites sœurs de Foucauld. Elles passaient à bicyclette et avaient un visage très vivant avec leur foulard qui les faisait ressembler à des lavandières. Leur visage expressif me rappelait ce que j’avais lu de leur fondateur, Charles de Foucauld, qui – dit-on de lui – a crié l’Évangile par toute sa vie. De fait, ces sœurs semblaient dire : « Heureux les pauvres de cœur, heureux ceux qui pleurent… » Ce n’étaient pas les Béatitudes que le monde aurait voulu entendre, c’était le scandale de l’Évangile. Un grand désir est né alors en moi : celui de donner, moi aussi, extérieurement, mon témoignage. Mais je ne voyais pas comment. À moment donné, j’ai rencontré une de mes compagnes – c’était Natalia – et je lui ai dit : « Tu sais, j’ai vu ce que l’apostolat de ces sœurs produit sur moi, non tant par leurs paroles mais par leur habit… J’aimerais que nous puissions le faire nous aussi. Mais, qu’est-ce qui, en nous, peut faire connaître Dieu aux autres ? Ah ! – me suis-je exclamée - : ” À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres”. L’amour réciproque était donc notre habit.

Chiara Lubich

https://youtu.be/AVtm1_vi4S0  

La force de ne pas céder au mal

Après l’attaque terroriste subie par Israël, l’horreur de la violence qui s’est déchaînée, la vague de peur qui a secoué les deux peuples, l’angoisse pour les otages et l’incertitude pour le sort de la population de Gaza : des nouvelles des communautés des Focolari en Terre sainte et un appel mondial à la prière et au jeûne pour la paix le 17 octobre prochain. « Nous avons quitté nos maisons et tous les chrétiens se sont réfugiés dans les églises. C’est le bref message que nous avons reçu ce matin de la part de quelques membres de la communauté des Focolari de Gaza ; ce sont les dernières nouvelles que nous avons reçues d’eux. Selon le père Gabriel Romanelli, curé de la paroisse catholique de la Sainte Famille à Gaza, 1017 chrétiens vivent encore dans la bande de Gaza et parmi eux se trouvent plusieurs adhérents du Mouvement des Focolari, avec lesquels la communication est de plus en plus sporadique et difficile. Et malgré cela, un message de l’une d’entre eux a circulé ces jours-ci pour remercier tout le monde de la proximité et des prières pour la petite communauté de Gaza.  « Vous m’avez donné la force de ne pas céder au mal, écrit-elle, de ne pas douter de la miséricorde de Dieu et de croire que le bien existe. Au milieu de toute obscurité, il y a une lumière cachée. Si nous ne pouvons pas prier, vous, priez ! Nous, nous offrons et notre action, ensemble, est complète. Nous voulons crier au monde que nous voulons la paix, que la violence engendre la violence et que notre confiance en Dieu est grande. Mais si Dieu nous appelle à Lui, soyez assurés que du Ciel nous continuerons à prier avec vous et à L’implorer avec plus de force d’avoir compassion pour Son peuple et pour vous. La paix, la sécurité, l’unité et la fraternité universelle, c’est ce que nous désirons et c’est la volonté de Dieu et la nôtre aussi.» Margaret Karram : au milieu de la haine, des nouvelles de fraternité. Il faut du courage pour dire cela aujourd’hui, tandis que l’horreur et la violence occupent tout l’espace médiatique, mais ce ne sont pas les seules nouvelles. Il y a celles que l’on crie moins, mais que l’on ne peut pas faire taire, comme le réseau mondial de prière qui est en place sur tous les points de la terre, sans distinction de croyance ou d’appartenance religieuse, de même que les gestes et les paroles de fraternité. C’est ce qu’a déclaré hier Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari, lors du traditionnel briefing du bureau de presse du Vatican, en marge du Synode de l’Église catholique en cours, auquel elle participe en tant qu’invitée spéciale. « Des amis juifs que je connais en Israël, raconte-t-elle, m’ont appelée, moi qui suis une arabe palestinienne, pour me dire qu’ils s’inquiétaient pour ceux qui vivent à Gaza. Pour moi, c’est une très belle chose. Tout le monde connaît les histoires négatives entre ces deux peuples, mais beaucoup de personnes, de nombreuses organisations travaillent à construire des ponts et personne n’en parle. On ne parle que de haine, de division, de terrorisme. Nous nous faisons des images collectives de ces deux peuples qui ne correspondent pas à la réalité. Nous ne devons pas oublier qu’aujourd’hui encore, de nombreuses personnes travaillent à construire des ponts. C’est une semence jetée, même en cette heure si difficile. » De la part de nos amis juifs : faire une communauté de prière Pour confirmer cela, depuis une localité du district de Tel Aviv, une amie juive nous écrit : « Si vous êtes en contact avec les amis du focolare à Gaza, envoyez-leur mon amour et ma proximité. J’espère qu’ils sont tous en sécurité. Ces jours-ci, je suis à la maison avec ma famille, les écoles sont fermées et nous restons près des abris. Les réseaux sociaux relaient un flux constant d’appels et de propositions d’aide pour les familles qui ont fui, pour les soldats et leurs familles. Il y a aussi des demandes d’aide pour les funérailles, pour honorer les morts comme il se doit. Il semble que tous les jeunes ont été appelés à se battre et nous craignons pour nos amis et nos parents. Nous avons peur de ce qui nous attend. J’essaie de protéger mes enfants de la peur, mais notre horreur est insignifiante comparée à ce qui est arrivé à nos frères et sœurs du Sud. Je pense à mes amis arabes en Israël qui courent vers les abris comme nous. J’essaie de prier à la même heure que mon ami musulman, pour que nous soyons une communauté de prière même si de nombreuses choses nous divisent. J’apprécie que vous soyez avec nous, ensemble, et votre prière, plus que je ne saurais le dire. » Que pouvons-nous faire ? Lors de la conférence de presse, Margaret Karram a confié la souffrance et l’angoisse qu’elle ressent pour son peuple, des deux côtés : « Je me suis demandé ce que je faisais ici ? Ne devrais-je pas faire autre chose pour promouvoir la paix en ce moment ? Mais ensuite, je me suis dit : ici aussi, je peux m’unir à l’invitation du pape François et à la prière de tous. Avec ces frères et sœurs provenant des quatre coins du monde, nous pouvons demander à Dieu le don de la paix. Je crois en la puissance de la prière.» Elle a ensuite parlé de l’action « Plus de guerres !!! CONSTRUISONS LA PAIX ! » que les enfants, les adolescents et les jeunes du Mouvement des Focolari ont lancée avec l’association « Living Peace ». Ils appellent leurs pairs à prier pour la paix à midi, tous les jours et sur tous les fuseaux horaires ; ils proposent aussi de remplir la journée de gestes qui construisent la paix dans le cœur de chacun et autour d’eux ; ils invitent à envoyer des messages de soutien aux enfants, aux adolescents et aux jeunes de Terre sainte et les encouragent à demander aux gouvernants de leur pays de tout mettre en œuvre pour parvenir à la paix. Le Mouvement des Focolari adhère également à l’appel du Patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pizzaballa, pour une journée de jeûne et de prière pour la paix le 17 octobre : « Organisons des moments de prière avec l’adoration eucharistique et le chapelet à la Sainte Vierge. Probablement dans de nombreuses parties de nos diocèses, les circonstances ne permettront pas de grands rassemblements. Dans les paroisses, dans les communautés religieuses, dans les familles, il sera toujours possible d’organiser des moments de prière communs, simples et sobres ».

Stefania Tanesini

Syrie, l’espoir des jeunes au milieu des vagues de violence

Syrie, l’espoir des jeunes au milieu des vagues de violence

Le Moyen-Orient continue de souffrir de la violence, des affrontements et des attaques terroristes. L’histoire de Joseph, un jeune Syrien membre des Focolari qui, avec d’autres jeunes, nourrit l’espoir de la paix sur une terre martyrisée.
Le cauchemar des massacres de masse est à nouveau effrayant. Le Moyen-Orient est toujours ravagé par les guerres, les attentats terroristes, les violences de toutes sortes qui ne font que des morts. En Syrie, le 6 octobre, des drones chargés d’explosifs se sont abattus sur une académie militaire à Homs lors d’une cérémonie festive. Le bilan est d’une centaine de morts, dont une trentaine de femmes et d’enfants. Le lendemain, une autre attaque similaire a eu lieu lors de célébrations funéraires, heureusement neutralisée à temps. La réponse syrienne n’a pas manqué avec une pluie de bombes à Idlib, dans une zone échappant au contrôle du gouvernement. Une escalade de la violence à laquelle l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Geir O. Pedersen, a réagi en appelant à un cessez-le-feu immédiat, à la protection des civils et à l’ouverture de négociations de paix. Dans ce contexte de guerre, alors que la violence continue de s’intensifier et qu’il ne semble pas y avoir d’espoir d’un avenir pacifique, quelques jeunes Syriens appartenant au mouvement des Focolari se sont retrouvés pour leur réunion annuelle.

Joseph Moawwad, 24 ans, a participé au congrès et nous a écrit pour nous faire part de son expérience personnelle. « Je vivais une période très difficile, un sentiment de tiédeur, sans enthousiasme ; également pour ce congrès, peut-être à cause des fortes tensions que je vis et que les jeunes Syriens vivent. Les conséquences de la guerre perdurent, depuis 13 ans déjà, et plus récemment, l’attentat d’ il y a quelques jours à Homs. Nous l’avons appris dès le début du congrès. Cependant, la grande surprise a été de rencontrer 90 jeunes du mouvement des Focolari venus de toutes les régions de Syrie. J’ai senti comme une tempête qui enlevait les cendres qui couvraient les braises de mon cœur, et ainsi le ‘feu’ en moi a repris. Les expériences de communion, de partage, de fraternité entre nous et cette tension de vivre l’amour mutuel pour avoir la présence de Jésus parmi nous (cf. « Là où deux ou plusieurs sont unis en mon nom, je suis au milieu d’eux », Mt 18, 15-20) ont effacé tout ce que je ressentais auparavant et ont rendu plus puissante cette flamme que j’ai sentie, se rallumer en moi. À la fin de la journée, pendant la prière communautaire, j’ai compris que je prenais une décision : garder cette ‘flamme’ que j’ai sentie, se rallumer pour longtemps, la faire grandir, la donner aux personnes les plus faibles et les plus découragées. J’ai découvert que l’unité avec les autres jeunes des Focolari, l’amour réciproque qui nous lie, est la solution à toute cette haine et à tout ce mal que nous vivons. Et puis la présence de Jésus en nous et parmi nous : c’est lui qui nous donne la force et l’espoir d’un avenir meilleur ».            

Lorenzo Russo

Margaret Karram : retrouver le chemin du respect des droits de l’homme par le dialogue et la réconciliation

La déclaration de la présidente du mouvement des Focolari suite à l’explosion de graves violences en Terre Sainte le 7 octobre 2023 : “Justice, dialogue et réconciliation, outils indispensables pour construire la paix”.

Rome, le 8 octobre 2023

Il n’y a pas de mots pour exprimer la tristesse infinie que j’ai dans le cœur pour les populations d’Israël et de Palestine ; pour les morts, les blessés, les personnes retenues en otage, les disparus et leurs familles que la dernière et très grave flambée de violence a provoqués sur ma terre. C’est avec une foi profonde, avec l’ensemble du Mouvement des Focolari, que je m’unis à l’appel du pape François, à celui du Patriarcat latin de Jérusalem, aux paroles de paix de responsables des différentes Églises chrétiennes et des leaders des Religions – en particulier de la région israélo-palestinienne – pour demander l’arrêt des armes et que l’on comprenne que, comme l’a dit le pape François à l’Angélus d’aujourd’hui, « le terrorisme et la guerre ne mènent à aucune solution, mais toute guerre est une défaite ». Dans la prière au Dieu de la Paix et de la Justice, je suis unie également à tous ceux qui, dans le monde entier, offrent prières, souffrances et actions, afin que la paix l’emporte sur la haine et la terreur. Je remercie en particulier ceux qui m’ont écrit depuis des lieux de conflit, comme l’Ukraine, exprimant leur offrande et leur proximité, malgré la tragique situation dans laquelle ils se trouvent depuis plus d’un an. Engageons-nous à construire un monde fraternel et à faire tout ce qu’il nous est possible pour que ces peuples et tous ceux qui se trouvent dans les mêmes situations d’instabilité et de violence retrouvent le chemin du respect des droits de l’homme ; où la justice, le dialogue et la réconciliation sont les instruments indispensables pour construire la paix.

Margaret Karram Présidente du Mouvement des Focolari

 

Les Eglises en prière pour le Synode

La 16e Assemblée générale du Synode des évêques qui est en cours au Vatican s’est ouverte, le 30 septembre 2023, par une veillée de prière œcuménique intitulée ” Ensemble – Rassemblement du peuple de Dieu “. Promue par la communauté de Taizé en collaboration avec le Secrétariat du Synode des évêques, le Vicariat de Rome, le Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens et le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, elle a été conçue et réalisée par des représentants de diverses Églises chrétiennes. Nous avons demandé à trois évêques présents : Charles May – Église anglicane d’Afrique du Sud ; Bertram Meier – Évêque catholique d’Augsbourg (Allemagne) ; Chrysostomos de Kyrenia, Église orthodoxe de Chypre. Activer les sous-titres en français https://www.youtube.com/watch?v=va9sdPxfovI&list=PLKhiBjTNojHqtFwgi5TYI3T7zRvAuOZiD

Synode : transformer le parcours en une réalité permanente

Le Synode sur la synodalité débutera le 4 octobre au Vatican et se poursuivra jusqu’à la fin du mois. Parmi les invités spéciaux figure Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari. Nous sommes au seuil de l’étape universelle du Synode 2021-2024 sur la synodalité. Samedi 30 septembre 2023, la place Saint-Pierre à Rome réunira des milliers de personnes de différentes Églises chrétiennes pour la Veillée œcuménique « Ensemble – Rassemblement du Peuple de Dieu », organisée par la communauté de Taizé en collaboration avec le Secrétariat du Synode des évêques, le Vicariat de Rome, le Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens et le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie. Les jeunes seront les protagonistes de cet événement. Au terme de ce temps de prière et de célébration, les 464 participants à l’assemblée synodale se rendront à Sacrofano, près de Rome, pour une retraite spirituelle jusqu’au 3 octobre. Ils reviendront au Vatican pour l’ouverture solennelle du Synode avec la messe célébrée par le pape François, le mercredi 4 octobre. Tout de suite après, les cardinaux, les évêques, les religieux et les laïcs qui participeront au Synode commenceront leurs travaux dans la Salle Paul VI. Quatre semaines au cours desquelles les membres participeront à des assemblées plénières, des cercles mineurs, un pèlerinage et des moments de prière et de liturgie jusqu’au 29 octobre. La Présidente des Focolari, Margaret Karram, qui fait partie des neuf invités spéciaux, a envoyé un message à tous les membres du Mouvement dans le monde entier, exprimant ses sentiments sur cette étape historique dans l’Église catholique : « Je ne vous cache pas l’émotion que je ressens, mais j’ai surtout la grande joie de pouvoir participer en personne à ce moment de grâce, consciente que j’emmène avec moi chacune et chacun des membres du Mouvement des Focolari, ce qui est aussi une grande responsabilité. » « Je suis sûre – poursuit-elle – que beaucoup d’entre vous ont déjà vécu quelques étapes du chemin synodal dans leurs Églises locales et ont déjà expérimenté quelques fruits de ce parcours, comme de nouvelles occasions de dialogue qui conduisent à une communion et à une participation plus profondes et élargies. (…) Dans cette prochaine session, nous sommes encore plus appelés à “marcher ensemble” en tant que “peuple de Dieu”, afin que cela devienne une réalité permanente et quotidienne dans notre vie, pour le bien de l’Église et de l’humanité. » Tout cela – explique-t-elle encore -, a fait naître dans mon cœur un grand désir : celui de nous engager, en tant que Mouvement des Focolari, à nous améliorer, à faire un pas de plus, à renforcer et à affiner nos liens d’unité, à être des bâtisseurs de fraternité dans tous les milieux où nous vivons ou travaillons. » Et elle conclut par l’appel adressé à tous d’accompagner par la prière « cette nouvelle saison de l’Église riche de promesses » : « Je vous demande la chose la plus importante : prier ! “Sans la prière, il n’y aura pas de Synode”, a dit le Pape François. Et le Secrétaire général, le Card. Grech, le répète aussi, encourageant tous à prier avec foi et sérieux. Il s’agit de se mettre à l’écoute de Dieu, avec ce recueillement qui lui laisse de la place et qui permet à nos cœurs et à nos esprits d’être éclairés par Sa lumière. (…) Faisons-le nous aussi en tant que membres du vaste peuple qui, dans le monde entier, prie et offre, afin que le Synode – dont le protagoniste est l’Esprit Saint – puisse porter les plus grands fruits pour l’humanité d’aujourd’hui et de demain. »

 Carlos Mana

Rencontres méditerranéennes : Marseille, mosaïque d’espérance

Rencontres méditerranéennes : Marseille, mosaïque d’espérance

Les Rencontres méditerranéennes se sont récemment achevées à Marseille (France), ville mosaïque de peuples et de cultures. Un événement qui, dans le dialogue, trace de nouveaux chemins d’espérance avec un regard renouvelé sur l’avenir.   « Qu’est-ce qui est ressorti de l’événement de Marseille ? Un regard sur la Méditerranée que je définirais comme simplement humain, un regard ni idéologique, ni stratégique, ni politiquement correct, ni instrumental, non, un regard humain, c’est-à-dire capable de tout rapporter à la valeur première de la personne humaine et à sa dignité inviolable. Et en même temps, un regard d’espérance est apparu ».

Foto: © Chiara Barbaccia

Ce sont les paroles que le Pape François a prononcées lors de l’audience générale du 27 septembre 2023, concentrant sa méditation sur le récent Voyage Apostolique à Marseille en conclusion des « Rencontres méditerranéennes » qui se sont déroulées dans la ville française du 17 au 24 septembre 2023. Une véritable « Mosaïque de l’Espérance », comme l’annonçait le titre de l’événement organisé par l’Archidiocèse de Marseille, qui a rassemblé des Évêques, des Maires, des Responsables religieux, des théologiens du bassin méditerranéen et des jeunes des cinq rives du Mare Nostrum, dans un dialogue ouvert sur l’avenir et sur les nombreux défis à relever. Dans le sillage des deux rencontres précédentes, celle de Bari en 2020 et celle de Florence en 2022, Marseille, avec son histoire, son port et son essence multiculturelle et multireligieuse, est devenue la promotrice de ce voyage à travers des tables rondes, des rencontres de réflexion et de prière, des spectacles artistiques et culturels de toutes sortes dans le but, comme l’a dit le Pape François lors de l’Angélus du dimanche 17 septembre, de « promouvoir des chemins de paix, de collaboration et d’intégration avec une attention particulière au phénomène migratoire ».

Foto: © Chiara Barbaccia

Et c’est l’un des thèmes les plus abordés dans les débats entre les jeunes présents, comme le raconte Chiara Barbaccia, 28 ans, diplômée en criminologie, qui se prépare à devenir éducatrice dans les prisons, fille d’une île italienne, la Sicile, la porte de l’Europe : « A une époque où nous sommes bombardés par une communication médiatique qui nous donne l’impression d’être envahis, nous sommes appelés à ne pas oublier qu’il s’agit de personnes qui quittent leur pays parce qu’elles y sont forcées et non par plaisir. Nous devons également garder à l’esprit la valeur de l’accueil, l’atout qui nous permet de rester humains ». Des propos qui ne restent pas à l’état de pensées mais qui, une fois partagés, prennent forme. En effet, Chiara fait partie des 70 jeunes de 25 à 30 ans qui, représentant la Méditerranée et ses multiples visages, ont rencontré les Évêques des cinq zones géographiques de cette mer, dans un moment d’interaction en plein style synodal : « Je fréquente la paroisse des frères franciscains de Sant’Antonino à Palerme, raconte-t-elle, et, dans un but d’échange et de croissance mutuelle et grâce à mon amitié avec les Focolari de ma ville, je suis ici à Marseille ». Les jeunes présents à la table ronde à laquelle j’ai participé venaient d’Ukraine, de Bosnie, de Terre Sainte et d’Algérie. Un regard sur les différentes perspectives de la Méditerranée. Je leur ai parlé un peu de mon expérience et de ce que nous faisons pour l’accueil et plus encore. Ce qui manque pour que cette mer soit vraiment le “mare nostrum” de tous, de la communauté, c’est l’idée partagée du bien commun, l’idée que tout ce qui “bouge” en elle n’appartient pas plus à une nation plutôt qu’à une autre mais est un patrimoine commun qu’il faut valoriser et non pas “faire échouer” ou, pire, “faire couler”. Des migrations à la crise climatique, de l’intégration à la crise géopolitique et à la violence des guerres, la voix de ces nouvelles générations qui ont animé et coloré la ville de Marseille est forte. Les jeunes sont des “phares”, comme les a appelés le Pape dans son discours de clôture des Rencontres, le 23 septembre, « ils sont la lumière qui indique le chemin de l’avenir » et il est important de leur offrir des espaces de rencontre où ils peuvent être guidés pour fraterniser et ouvrir leurs oreilles à l’autre, comme ce fut le cas à l’Œuvre de jeunesse Joseph Allemand Saint Savournin, où un grand nombre de lycéens et lycéennes de la ville, répartis en groupes, ont participé aux “salons” organisés autour d’un thème pour discuter et partager des défis et des projets sur la Méditerranée.  Parmi les animateurs venus de différentes régions, en particulier d’Italie, il y avait également un groupe du mouvement des Focolari qui, avec d’autres réalités, a contribué à cet échange. Chaque salle a été un voyage : vers l’inclusion, vers le respect de la diversité des autres confessions, vers la liberté des femmes dans les différentes cultures, vers la danse et l’art, capables d’abattre les barrières et d’être un instrument d’accueil. Un voyage de sensibilisation au thème de la reconversion de l’industrie de la guerre, raconté par les jeunes de WarFree – Lìberu dae sa gherra, l’association qui vise à une reconversion éthique de la Sardaigne (une île italienne) à travers une économie de paix tournée vers le monde ; un réseau d’entreprises qui se proposent comme une alternative aux industries de l’armement et de la pétrochimie et une nouvelle économie civile qui offre un travail digne au territoire, en favorisant l’imbrication de la paix et du développement durable. « Ces industries en Sardaigne représentent la plus grande exportation de la Sardaigne et dans un pays où le travail est rare, il est important que les gens sachent pour quoi ils travaillent, qui gagne de l’argent grâce à ces exportations et quelles en sont les conséquences – déclare Stefano Scarpa, l’un des partenaires de Warfree, qui a participé au projet depuis le début -. C’est pourquoi les Rencontres méditerranéennes sont une opportunité. Ce serait bien de pouvoir parler non seulement de Mare Nostrum mais aussi de globalité, d’un dialogue constant qui veut trouver des similitudes entre les difficultés de chaque pays et des réponses ». « L’Eglise joue un rôle très important dans les territoires et dans le dialogue avec les autres Eglises et les autres religions. C’est là qu’il faut encourager la participation de tous », ajoute Maria Letizia Cabras, jeune Sarde membre des Focolari qui collabore avec Warfree, « afin qu’un discours au niveau territorial soit également appliqué au niveau méditerranéen, à travers des projets et des événements qui concernent tous les pays ».

Maria Grazia Berretta

Évangile vivant : être contaminé

Observer les gestes d’amour des autres engendre parfois une tension qui, comme des aimants, nous attire, adoucit notre cœur et éveille en nous le désir de  « participer », de faire la même chose. Ce fait ne passe pas inaperçu et peut contaminer véritablement beaucoup de monde. Poèmes pour la mère Les relations avec ma mère n’ont jamais été faciles. Elle critiquait ma foi, estimant que je me berçais d’illusions. Après mon départ de la maison, j’étais plutôt en relation avec mon père qui équilibrait sagement la situation. Un jour, il m’a appelé pour me dire que ma mère était à l’hôpital pour une maladie grave. En allant lui rendre visite, j’ai pensé à ce qui pourrait lui faire plaisir. Je savais qu’elle aimait les poèmes d’Attila József et je m’en suis procuré un livre audio. Ma mère n’était plus la même, elle était transformée par le chagrin. Mais dès qu’elle a commencé à écouter ces poèmes, ses yeux sont devenus aussi brillants comme s’il s’agissait d’un rêve. Mes visites ultérieures sont donc devenues une découverte ou une redécouverte de notre poète national, mais c’était une grande joie pour moi de voir qu’elle avait aussi fait participer d’autres malades à la lecture ou à l’écoute des poèmes. Grâce à ce geste de charité à leur égard, j’ai eu l’impression de connaître une autre personne :  « Tu m’as appris qu’il faut aimer tout le monde  », a-t-elle commenté. Et moi ? J’ai accueilli son dernier souffle serein et confiant. (L.M.L. – Hongrie) Trois fois par jour Dans les dépenses habituelles de notre budget familial, nous avions prévu une somme à mettre à la disposition de personnes dans le besoin. Seulement, ce jour-là, nous n’avions pas pu le réaliser car nous avions beaucoup de dépenses. C’était une vraie souffrance pour nous. Soudain, nos deux fils sont arrivés avec leurs porte-monnaies et, devant nous, ils ont versé tout le contenu, toutes leurs économies, sur la table. Mais cela ne s’est pas terminé là: lorsque la grand-mère est venue nous rendre visite et que les enfants lui ont raconté ce qu’ils avaient fait. Elle nous a regardés d’un air perplexe :  « Mais comment aidez-vous les autres quand vous êtes vous-mêmes en difficulté ?  » Avant que nous ayons pu répondre, le plus jeune a sauvé la situation :  « Mais grand-mère, on mange trois fois par jour  » ! Sur cette phrase, la sérénité est revenue et quelques jours plus tard, la grand-mère est revenue tenant une enveloppe :  « C’est ma contribution, je la mets en commun avec vous… Après tout, moi aussi je mange trois fois par jour ! » (L.R. – Italie)

Édité par Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Nouvelle Citée, Année IX – No.1 septembre-octobre 2023)

Sportmeet pour un Monde Uni : retrouver les racines des valeurs authentiques

Le 10ème congrès international de Sportmeet pour un Monde Uni s’est récemment tenu à São Sebastião, au Brésil. 20 ans après sa naissance, il continue de promouvoir une culture et une pratique du sport capables de contribuer à la paix, au développement et à la fraternité universelle. Un réseau mondial de sportifs, d’opérateurs et de professionnels du sport, d’hommes et de femmes de tous âges, cultures, ethnies, langues et religions qui vivent l’activité physique et sportive comme une réalité importante et positive pour la croissance intégrale de la personne humaine et de la communauté ; des personnes animées par le désir de contribuer, à travers le sport, au développement, à la paix et à la construction d’un monde plus uni. Telle est la mission de Sportmeet for a United World, expression dans le monde du sport de ce renouveau spirituel et social que le mouvement des Focolari veut contribuer à mettre en œuvre. Représentée aux Nations Unies par New Humanity, une ONG accréditée auprès de l’UNESCO, cette réalité a célébré son 20ème anniversaire il y a un mois à São Sebastião, au Brésil, où s’est tenu le 10ème Congrès international de Sportmeet pour un Monde Uni. Federica Comazzi, présidente et coordinatrice internationale, nous en parle. Federica, qui a participé à cette réunion et comment les activités ont-elles été réparties ? Quels étaient les objectifs et les thèmes abordés ? Le congrès a été construit en collaboration avec Ecoone, le MPpU (Mouvement Politique pour l’Unité) et la municipalité de São Sebastião (Brésil) qui, par l’intermédiaire du département des sports, a mis à disposition le théâtre municipal, le logement et le transport. En collaborant avec Ecoone et MPpU, Sportmeet s’est senti soutenu : le programme a été enrichi par leurs apports, ils se sont occupées des relations avec les autorités politiques et académiques et ont offert une contribution importante dans la rédaction du manifeste final signé à la fin de l’événement. L’objectif était de lancer un processus de refonte du sport dans une perspective socio-environnementale, à partir d’une réflexion sur les ombres et les lumières du sport contemporain, éclairée par un principe commun à différents peuples de différentes parties du monde : le Bien Vivre (Teko Porã en guarani, la langue des peuples indigènes présents sur le territoire de São Sebastião et dans d’autres parties de l’Amérique du Sud). Le congrès a réuni une centaine de personnes issues de huit institutions actives dans les domaines de l’éducation, du traitement des addictions et de la promotion sociale dans les banlieues des grandes métropoles et villes du Brésil, d’Argentine et de Colombie. Le programme s’est articulé autour de la présentation de plusieurs communications. Les après-midis étaient consacrés à des activités pratiques et à une étude approfondie de la culture locale. “Le sport, qui contribue à construire la fraternité entre les hommes, peut-il aussi contribuer à améliorer l’existence humaine d’un point de vue socio-environnemental ?” C’est l’une des questions qui a été au cœur du congrès. Après avoir observé la nature et la réalité locale au Brésil, quelle a été la réponse apportée ? Il est apparu clairement que la lutte contre la pauvreté ainsi qu’un nouveau paradigme économique (ne reposant pas exclusivement sur les paramètres quantitatifs de la croissance) s’imposent non seulement par nécessité, mais aussi comme une urgence. Dans ce contexte, il est apparu très clairement que le jeu et le sport constituent une force irremplaçable avec un potentiel énorme en termes de promotion humaine et de diffusion d’une culture de partage des ressources, éléments de base d’une écologie intégrale qui peut sauver l’humanité des désastres environnementaux. La définition du Bien Vivre nous aide à comprendre comment la fraternité universelle et le respect de la nature sont liés. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un principe fermé et bien défini, puisqu’il s’enrichit du regard de tant de peuples de la terre, le Bien Vivre se définit à partir d’une triple harmonie : avec soi-même, avec les autres et avec la nature. Le sport d’aujourd’hui, le sport officiel promu par le Mouvement olympique, a trop souvent une approche basée sur l’exploitation des ressources naturelles et humaines dans un seul but : l’argent. Il y a un déséquilibre entre ces harmonies et il est clair que ce manque a conduit ce grand contenant à se vider de ses valeurs. Il est nécessaire de retrouver le sens du jeu, tel qu’il a été conçu avant le Mouvement Olympique lui-même et expérimenté dans les communautés indigènes. Il porte en lui une valeur symbolique plus profonde qui nous conduit à une meilleure compréhension de ce que nous sommes. Il est nécessaire de repenser le jeu et le sport qui n’aient pas pour objectif premier l’intérêt de l’individu et n’exploitent donc pas les ressources, mais permettent la rencontre entre les hommes, la nature et les âmes. En célébrant ces 20 ans de parcours de Sportmeet, quels sont vos espoirs pour l’avenir ? L’expérience du Brésil, première rencontre internationale après la pandémie, a mis en évidence et confirmé deux aspects de la mission de Sportmeet. Tout d’abord, la dimension académique, à réaliser avec un noyau de professeurs de différentes universités et institutions dispersées sur les différents continents qui ont trouvé une résonance dans les valeurs et les expériences de Sportmeet par rapport à leur travail. Deuxièmement et conjointement à cette première orientation, une sphère d’action visant à un changement socioculturel dans le sport et par le sport : il s’agit de mettre en réseau les personnes des différentes organisations qui ont exprimé l’intérêt et l’utilité d’un espace commun, également pour échapper au risque d’isolement autoréférentiel. L’histoire de Sportmeet a mis en évidence un élément fondamental : la culture et la vie doivent aller de pair et peuvent s’enrichir et se nourrir mutuellement.

                                                                                                                                                          Maria Grazia Berretta

https://youtu.be/NtwiaVAYPdY

Cours de Formation sur la Synodalité : appelés à une mission

Cours de Formation sur la Synodalité : appelés à une mission

Une nouvelle étape pour le Cours de Formation à la Synodalité lancé en 2022 par le Centre Evangelii Gaudium (CEG), centre de formation au sein de l’Institut Universitaire Sophia (Loppiano – Italie) en synergie avec le Secrétariat général du Synode. Se former à la synodalité afin d’être des « disciples-missionnaires » au service de la fraternité universelle. C’est l’objet de la deuxième année du Cours de Formation à la Synodalité, cours inauguré le 12 septembre 2023 pour l’année 2023/2024 : https://www.youtube.com/watch?v=v0set08JiKY Lancé par le Centre « Evangelii Gaudium » (CEG), centre de formation théologique et pastorale au sein de l’Institut universitaire Sophia de Loppiano (Italie), avec la précieuse collaboration du Secrétariat général du Synode, le cours débutera le 6 novembre 2023. Pour en savoir plus, nous avons interviewé le professeur Vincenzo Di Pilato, professeur de théologie fondamentale à la Faculté de théologie des Pouilles en Italie et coordinateur du CEG. Professeur Di Pilato, quelle a été l’expérience de l’année dernière et quels fruits avez-vous récoltés ? La première année du cours en ligne sur la synodalité, qui s’est achevée en mai dernier, a été très riche et, je dirais, passionnante. Les 248 participants venaient du monde anglophone (Royaume-Uni, Irlande, États-Unis, Canada), d’Amérique latine (Brésil et presque tous les pays hispanophones), d’Asie (Singapour, Malaisie, Philippines, Corée, Inde), d’Afrique (Cameroun, Afrique du Sud, Nigeria, Congo, Kenya, Burundi) et de presque tous les pays européens. De nombreux représentants d’églises diocésaines ou nationales, engagés dans le processus synodal, y compris des prêtres, des religieuses et de nombreux laïcs, femmes et hommes. La majorité était composée de catholiques de toutes vocations : prêtres, religieuses, consacrés, laïcs, et même un évêque, mais aussi d’autres Églises sœurs. Bien que les vidéos et les textes des conférences aient été disponibles sur une plateforme web (surtout pour ceux qui ne pouvaient pas suivre à cause de l’inconfortable décalage horaire), des étudiants d’Asie se sont connectés en direct, à trois heures du matin (heure locale). C’était une expérience très forte. A la fin du Cours, au Centre de Spiritualité « Vinea mea » de Loppiano (Italie), nous avons vécu en juin, avec 130 d’entre eux, le quatrième et dernier module sous forme d’ateliers présentiels, en reprenant certains thèmes : cléricalisme, processus participatifs et discernement communautaire. Il est désormais clair que le Cours, qui s’ouvrira pour la deuxième année consécutive, représente une tentative de répondre, avec d’autres dans le monde entier, à l’appel que l’Esprit Saint, depuis les jours de la première Pentecôte, nous stimule à ‘sortir’ et que nous voulons encourager en pleine communion avec le Pape. Parmi les nombreuses lettres reçues, je rapporte celle d’une responsable diocésaine du chemin synodal en Malaisie : « Merci beaucoup pour les merveilleuses sessions. Je suis vraiment reconnaissante d’avoir eu l’occasion d’apprendre tant de choses sur les origines de l’Église synodale et sur la synodalité.  Cela m’a vraiment ouvert les yeux sur la grande sagesse et les perspectives offertes par l’Esprit Saint qui guide l’Église. Honnêtement, en écoutant les sessions du premier module, je me suis sentie tellement pauvre, mais en même temps enrichie. Et c’est la raison pour laquelle je m’inscrirai au prochain module ». Quels seront les thèmes abordés dans ce nouveau parcours ? Tout d’abord, nous essaierons d’être en phase avec ce qui sortira de l’Assemblée synodale d’octobre prochain. Nous regarderons le texte de base (Instrumentum laboris) sur lequel les membres de l’Assemblée Générale Ordinaire du Synode d’octobre travailleront au Vatican et qui a recueilli les fruits du discernement communautaire de la phase d’écoute qui a commencé par la consultation du peuple de Dieu au niveau local, national et continental. Nous nous sommes rendu compte que certaines questions semblaient plus urgentes que d’autres. Par exemple : le fait d’exercer un ministère, les lieux et la méthode de participation, la formation pour devenir des « disciples-missionnaires » au service de la fraternité universelle. Chaque leçon de 3 heures se déroulera via le web tous les lundis de 18h à 21h entre novembre 2023 et mai 2024. Le cours sera donné en italien et traduit en anglais, portugais et espagnol. Cette année également, nous conclurons par une réunion résidentielle en présence, ici en Italie, sous forme d’atelier. Les inscriptions sont ouvertes sur ce lien : https://www.sophiauniversity.org/it/centro-evangelii-gaudium/. Le soutien actif reçu de la part du Secrétariat Général du Synode au cours de ces deux années nous encourage à aller de l’avant en étant des bâtisseurs d’unité dans l’Église et dans le monde, selon cette forme synodale avec laquelle Jésus a vécu son existence humaine et divine avec les Apôtres et avec tous ses disciples. Le fait de ‘sortir’  auquel l’Esprit Saint nous exhorte, par la voix limpide du Pape François, n’est pas, en fait, la même chose que se disperser, se fragmenter, mais c’est élargir notre intériorité individuelle sur celle de Jésus Abandonné et Ressuscité qui embrasse tout, toutes et tous. Comme le dit le titre du Document de travail pour l’étape continentale du Synode, il s’agit d’  « élargir l’espace de sa tente » (cf. Is 54,2).

Publié par Città Nuova, le livre « Synodalité et Participation. Le sujet ecclésial de la mission », édité par vous, qui comprend des contributions d’illustres personnalités du monde ecclésiastique et théologique. Quel est l’apport de ce texte à la lumière des documents recueillis jusqu’à présent au cours des différentes étapes du Parcours Synodal et aux portes de la nouvelle étape universelle ?

Le livre rassemble les interventions d’un séminaire de recherche promu par le CEG, qui s’est tenu le 24 juin 2023 au Centre de spiritualité « Vinea mea » de Loppiano (Italie) et intitulé : « Participer/Présider/Décider. Racines sacramentelles et dynamiques de communion dans le cheminement du Peuple de Dieu en mission ». Il a vu la participation de plus de trente chercheurs, dont des théologiens et des canonistes, engagés à répondre à l’invitation – présente dans l’Instrumentum laboris – à rééquilibrer la relation entre deux principes ecclésiologiques fondamentaux : celui de l’  « autorité », fortement affirmé dans l’actuel Code de droit canonique, et celui de la « participation », que l’actuel Synode relance en tant que pratique ordinaire dans la vie de l’Église. Comment donc rendre effective – avons-nous demandé aux experts présents au Séminaire – cette participation active de chaque membre du peuple de Dieu (fidèles et pasteurs) à nos assemblées ? Restera-t-elle seulement consultative ? Ou bien sera-t-elle aussi délibérative ? S’agira-t-il de négocier une « concession » juridique ou plutôt de « reconnaître » la capacité de décision du sujet collectif de l’action ecclésiale telle qu’elle émerge de l’ecclésiologie du Concile Vatican II ? Faudra-t-il donc mettre à jour le Code de droit canonique ? Comme l’a souligné le Card. Mario Grech, Secrétaire général du Synode, le chemin synodal est entré dans une nouvelle phase : il est appelé à devenir une dynamique génératrice et à ne pas se réduire à un simple moment solennel et transitoire de célébration. En effet, comment l’Église peut-elle se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint sans se mettre à l’écoute de tout le peuple saint de Dieu ? La réponse à cette question a un impact sur la pratique pastorale (pensez aux divers conseils paroissiaux et diocésains, etc.) et sur la formation, ainsi que sur la théologie et le droit canonique – comme l’a clairement souligné le card. Francesco Coccopalmerio, Severino Dianich, Alphonse Borras et le P. Coda dans leurs denses interventions contenues dans le livre récemment publié (https://edizionicittanuova.it/prodotto/sinodalita-e-partecipazione/).

Maria Grazia Berretta

Évangile vécu : « Tous les jours je te bénirai et je louerai ton nom à tout jamais » (Ps 145, 2)

Faisons de notre vie une louange continuelle à Dieu en reconnaissant son amour et la grandeur de ses œuvres dans notre vie. C’est à cela que nous invite ce Psaume. C’est aussi le fondement de toute prière, notamment lorsque, en aimant les frères et les sœurs que nous rencontrons, nous comprenons la plénitude de la gratitude. Une aide concrète pour les proches et les lointains La guerre en Ukraine semait également l’appréhension et la peur parmi nous. En réponse à ce tourbillon maléfique, au fur et à mesure que l’hiver dernier avançait, nous nous sommes engagés, avec des amis de la paroisse, à nous procurer des vêtements chauds, des générateurs et des torches à envoyer à nos voisins en Ukraine pour pallier leur manque d’électricité. Mais de fil en aiguille, nous avons étendu cette action de solidarité aux pauvres de notre ville. Nous ne les avions pas perçus et cette partie de la société est apparue à nos yeux, à laquelle nous n’avions pas prêté suffisamment d’attention auparavant. Quelqu’un nous a fait remarquer qu’il avait fallu la guerre en Ukraine pour nous ouvrir les yeux. Aujourd’hui, en plus de poursuivre les collectes pour les victimes de la guerre, nos bras s’activent pour ces proches voisins qui sont dans le besoin. (J.M. – Hongrie) Un espoir Dans la salle d’attente de la gare routière, je remarque une jeune femme belle et élégante mais son visage porte les signes d’une profonde souffrance. Nous montons dans le même bus. Au guichet de la gare, nous prenons le billet pour la même destination. En nous dirigeant vers le quai, je lui adresse quelques phrases. Malheureusement, notre train venait de partir et nous avions deux heures d’attente devant nous. Je lui propose de nous asseoir dans la salle d’attente. Voyant son visage toujours tendu, je mets de côté mes problèmes et ma fatigue et je décide de l’écouter. Elle me raconte les difficultés qu’elle vit depuis des mois et je me surprends à revivre un drame que j’ai vécu. Je lui en parle. Plus tard, pendant le trajet, la discussion devient si intense que nous ne nous rendons pas compte que nous sommes arrivés à destination. J’essaie de lui dire au revoir, mais elle veut m’accompagner jusqu’à l’endroit où je dois me rendre pour ne pas interrompre la conversation. Maintenant, son visage est détendu, son fardeau est allégé. C’est l’heure des adieux. Je ne la reverrai peut-être jamais, mais je suis sûre que l’espoir l’anime. (R.A. – Angleterre) On vit de sourires Il est gratifiant pour moi, qui suis médecin en soins palliatifs, d’être accueillie le matin par le sourire et les traits détendus d’une personne qui, la veille, craignait de passer la nuit à cause de la douleur : oui, tout s’est bien déroulé et je me sens mieux. Ce n’était pas gagné : les opiacés sont encore des médicaments redoutés car ils sont peu connus, et un dialogue médecin-patient ouvert est nécessaire. J’observe la posture d’une autre patiente, dont les mimiques se réduisent à des hochements de tête. « Madame, vous avez mal ? » La fermeture des paupières est un assentiment et je me demande : comment ne l’ai-je pas remarqué plus tôt ? Le traitement que je lui propose est accepté, son expression recroquevillée se détend, ses yeux sourient. En affrontant chaque jour mes limites, il m’arrive de ne pas toujours sourire. Dans ces moments-là, un collègue, un membre de la famille, un soignant, joue le rôle de « miroir » et m’aide à me regarder en face. J’ai besoin d’une bonne dose d’humilité pour apprendre à m’accepter. Mais ensuite, je souris de ce que je suis et, une fois le nuage passé, je vois la possibilité de recommencer à aimer. (Paola – Italie)

Aux soins de Maria Grazia Berretta

(tiré de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, anno IX – n.1° settembre-ottobre 2023)

Livia Groff Goller : rencontrer Jésus en chacun

Livia Groff Goller : rencontrer Jésus en chacun

Le 8 août 2023, à l’âge de 99 ans, Livia Groff, veuve Goller, focolarine mariée de Trente (Italie), de la première communauté des Focolari née autour de Chiara Lubich, est retournée à la maison du Père. Nous nous souvenons d’elle à travers un court extrait dans lequel elle nous dit ce qu’a été pour elle la véritable conversion.  “Si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle” (2 Co 5, 17). C’est cette phrase du Nouveau Testament que Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, a donnée comme Parole de vie à Livia Groff, veuve Goller, qui, à l’âge de 99 ans, le 8 août dernier, a achevé son voyage sur cette terre. Née le 25 mai 1924, troisième d’une famille de sept sœurs, elle commence à travailler comme vendeuse à Trente et, à l’âge de 21 ans, invitée par une amie, Doriana Zamboni, l’une des premières compagnes de Chiara Lubich, elle la rencontre et se joint au groupe de jeunes filles qui l’entourent : elles prennent très au sérieux les phrases de l’Évangile, les mettent en pratique et partagent les fruits de cette vie nouvelle. Pour Livia, cette rencontre est un véritable coup de foudre. La découverte de l’amour de Dieu et de Jésus présent dans chaque prochain sera l’étoile polaire de sa vie et le guide sûr d’un voyage constamment partagé avec son mari, Olivo Goller, et ses enfants, Diego, Maria Elena et Andrea. Elle a témoigné d’une grande force et d’une grande proximité envers son prochain et affronté les différentes épreuves que la vie lui réservait, soutenue par sa foi en Dieu et en son amour. Pendant 37 ans, elle s’est occupée de son mari Olivo qui, à la suite d’un inexplicable accident de voiture, est devenu paralysé des jambes, sans pouvoir marcher durant tout le reste de sa vie. Une autre grande épreuve l’attend à l’âge de 61 ans, lorsque sa fille Maria Elena meurt subitement d’une crise cardiaque à l’âge de 33 ans, à Predazzo, près de Trente, où elle enseigne. Avec beaucoup de courage et de concret, Livia a toujours essayé de mettre Jésus au cœur de chacune de ses relations et, avec une extrême gentillesse, elle a su prendre soin de tous ceux qu’elle rencontrait sur son chemin, accompagnant ses fils Diego et Andrea, tous deux focolarini, dans leur choix de vie ; en tant que ministre extraordinaire de l’Eucharistie, elle a suivi les malades, comme elle l’avait fait avec son mari ; invitant de nombreuses personnes à prier. Une beauté que beaucoup reconnaissaient en elle, incarnée, qui allait au-delà des apparences, mais qui cachait en elle un secret : regarder l’amour de Jésus en croix qui crie son abandon, le reconnaître dans les épreuves de la vie et l’accueillir sans hésitation. Nous partageons ci-dessous un court extrait d’une interview de Livia Groff à Trente, datée du 13 décembre 2011, dans laquelle elle raconte sa première rencontre avec Chiara Lubich et le début d’un voyage qui a changé sa vie. Voir la vidéo (activer les sous-titres en français) https://youtu.be/vmFJ5v15rLg

Temps pour la Création 2023 : un fleuve de justice et de paix

Le Temps pour la Création est une période pendant laquelle les chrétiens du monde entier se rassemblent dans la prière et l’action pour prendre soin de la maison commune. Un temps de grâce que les Églises chrétiennes indiquent à tous pour renouveler leur relation avec le Créateur et la création, par la méditation, la conversion et l’engagement communautaire. Cette période, qui s’ouvre le 1er septembre de chaque année par une célébration œcuménique à l’occasion de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création, se termine le 4 octobre, jour de la fête de saint François d’Assise, le saint patron de l’écologie aimé par de nombreuses confessions chrétiennes. Le thème choisi pour cette année 2023 est « Que se répandent  la justice et la paix » et s’inspire des paroles du prophète Amos : « Mais que le droit coule comme l’eau, et la justice comme un torrent qui jamais ne tarit (Amos 5:24) ».  L’espérance est donc que, comme un « fleuve puissant », ces deux éléments, la justice et la paix, puissent inonder notre planète de bien-être et de beauté. C’est certainement un défi qui nous mobilise, auquel chacun d’entre nous, en tant que membre du peuple de Dieu, est appelé à répondre en s’engageant, en première ligne et à sa petite échelle, à construire des ponts de dialogue, pour la justice climatique et écologique, en écoutant les communautés les plus touchées par la perte de la biodiversité. De nombreuses activités et initiatives ont été lancées dans le monde entier en préparation de la journée d’ouverture, comme celle promue par le mouvement Laudato Sì, invitant à prier pour la justice climatique et à partager cette prière avec tous les négociateurs et dirigeants politiques à la COP28 (https://laudatosimovement.org/it/prega-con-noi-per-la-giustizia-climatica/ ). Pour participer à la Rencontre de prière œcuménique du 1er septembre, vous pouvez vous inscrire et vous connecter via le lien suivant : https://us06web.zoom.us/webinar/register/WN_s6x- _ULjRZWRyzUYGNAhAg#/registration. Pour plus d’informations, consultez le site https://seasonofcreation.org/it/. https://youtu.be/lqm1D74fsuw?si=t0tPAWcHgh12kZti  

Gen Verde : un voyage de rencontre en terre lusitanienne

Gen Verde : un voyage de rencontre en terre lusitanienne

Deux semaines intenses de tournée pour le Gen Verde au Portugal qui, de fin juillet à début août 2023, du nord au sud du pays, entre ateliers artistiques et concerts, avec l’aide de nombreux jeunes, a eu l’occasion de transformer la musique en instrument de témoignage et de rencontre avec l’autre. Parties de Braga (Portugal), elles se sont ensuite dirigées vers le sud du pays, en Algarve, pour terminer leur périple à Lisbonne, dans l’ambiance festive et enivrante d’une Journée mondiale de la jeunesse dont le beau souvenir est encore dans toutes les mémoires. Tel est l’itinéraire que le Gen Verde International Performing Arts Group, groupe musical féminin né en 1966 de l’inspiration de Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, a emprunté du 23 juillet au 4 août. Une tournée intense placée sous le signe de la rencontre et de l’amitié et au cours de laquelle, après avoir semé des paroles et des notes, a récolté beaucoup de choses en termes d’expérience vécue. Un exemple en est le Start Now Workshop Project, un projet musical et artistique d’éducation à la paix et au dialogue réalisé par le Gen Verde, qui a bénéficié, à Braga, de la participation d’un merveilleux groupe de jeunes espagnols et portugais et de la collaboration spéciale du Projeto Homem Braga, spécialisé dans le traitement, la prévention, la réduction des risques et la réinsertion des personnes souffrant d’addictions. « Nous avons généralement un peu d’appréhension lorsque nous invitons des personnes extérieures à rencontrer les personnes de notre centre », déclare l’un des éducateurs du bureau du Projeto Homem Braga après la rencontre avec les artistes, « parce que nous ne voulons pas perturber leur processus de rétablissement. Aujourd’hui, nous vous remercions d’avoir donné tant de joie à nous tous ». « Nous avons découvert que la musique, la danse et l’art peuvent vraiment nous aider à surmonter de nombreuses barrières, telles que la langue et la culture », explique un jeune Espagnol qui a participé à l’atelier. Il est parfois difficile de ramer dans la même direction, il faut de la patience parce que nous n’allons pas tous au même rythme, mais une chose que nous emportons avec nous, c’est la joie qui se transmet, au-delà des difficultés. L’amour nous fait surmonter tous les conflits ». Au son de Girl On A Mission (Magnificat), la chanson composée par le Gen Verde pour les JMJ de Lisbonne, le groupe s’est rendu à Faro (Algarve- Portugal) où il a participé aux Journées dans les diocèses précédant les JMJ, conclues par un concert dans le Stade Algarve le 31 juillet ; Le voyage s’est poursuivi dans la capitale portugaise pour une nouvelle édition de « Start Now » à laquelle ont participé une centaine de jeunes et qui s’est terminée le 2 août par une représentation avec les artistes sur la scène de l’Auditório da Faculdade de Medicina Dentária à Lisbonne, qui était bondée de spectateurs : « C’était très gratifiant de participer à une activité comme celle-ci », dit une jeune fille portugaise, « parce que nous pouvons apprendre des choses et connaître d’autres personnes . Nous avons compris qu’il est important à la fois de dire ce que l’on pense et, lorsque c’est nécessaire, d’être capable de perdre telle ou telle idée dans le cadre d’un travail d’équipe. Le mot qui résume tout ce que nous avons appris, c’est l’humilité, c’est-à-dire donner à l’autre la possibilité de s’exprimer ». Apprendre à surmonter des défis tels que – dit une autre fille – « savoir écouter, saisir les idées des autres, apprendre à interagir ; laisser tomber la timidité et créer quelque chose de beau, mais ensemble ». Marita Alvarez (Argentine), chanteuse du Gen Verde, nous raconte : « Nous avons trouvé tellement de jeunes dans tant de pays qui ont participé à nos ateliers artistiques au fil des ans, et nous avons donc réalisé à quel point ces relations étaient profondes, vraies et durables. De la Slovaquie, la Pologne, l’Ukraine, à l’Espagne, l’Autriche, l’Allemagne et l’Italie, pour n’en citer que quelques-uns, nous avons vu ces jeunes devenir les leaders de leurs communautés, engagés et prêts à multiplier la joie à travers le ‘’Magnificat anima mea ‘’ que Dieu a fait dans leurs vies ».

En plein JMJ, Lisbonne se colore de jeunes et devient une occasion unique de témoigner et, en même temps, d’expérimenter la vivacité d’une Église pèlerine qui, de toutes les parties du monde, nous appelle par notre nom. C’est dans cet esprit de famille que le Gen Verde a participé à la deuxième journée de catéchèse ‘’Rise Up’’ organisée par les Focolari, où il a chanté et animé la messe avec plus de 7000 jeunes, et qu’il a conclu son voyage au Portugal par un concert, le 4 août, à l’Alameda Dom Afonso Henriques, à l’issue du Festival Halleluya : « J’ai été très impressionné par l’unité entre les jeunes et l’Église, et par le fait qu’il y ait une grande diversité de cultures et de cultures. « J’ai été très impressionné par l’unité qui régnait entre eux », a déclaré Jesús Morán, coprésident du mouvement des Focolari, « et les jeunes étaient super heureux, ils étaient tous impliqués dans le rythme, dans la musique, mais aussi dans les moments de profondeur, qui ne manquent pas dans les chants, et les jeunes savaient aussi se recueillir . En pensant au chemin de croix, c’était comme la ‘’quinzième station’’, qui n’existe pas mais qui, comme tout le monde le dit et l’imagine, est le signe de la Résurrection. Cela a été un chant à la Résurrection, à la joie. Je crois que c’est la bonne façon de communiquer l’Évangile dans le langage musical que les jeunes aiment tant ».

Maria Grazia Berretta

En voyage de noces aux JMJ

En voyage de noces aux JMJ

Benoît et Chloé Mondou, jeunes mariés français, ont choisi de commencer leur chemin conjugal en participant ensemble aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne (Portugal).

 « Au départ, nous voulions faire un tour d’Europe pour notre lune de miel, mais quand l’opportunité de participer aux JMJ s’est présentée, on n’a pas hésité une seule seconde !” Benoît et Chloé Mondou se sont mariés en Haute Savoie (France), une semaine avant les JMJ de Lisbonne (Portugal). Lui, âgé de 24 ans, et elle, de 22 ans, se sont rencontrés il y a sept ans dans un groupe de scouts dans lequel ils sont très actifs, et dont aujourd’hui ils sont guides bénévoles. Benoît connaît la spiritualité des Focolari depuis l’enfance et, à travers lui, Chloé a commencé à la vivre. Et c’est avec un groupe francophone de jeunes du Mouvement, venant de France, de Belgique et de Suisse, qu’ils sont partis pour Lisbonne. “Nous n’avons pas abandonné l’idée de notre voyage en Europe – expliquent-ils – mais nous avons estimé qu’aller aux JMJ était une opportunité vraiment importante. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que cela a marqué une étape significative dans notre mariage.”

Benoît et Chloé participent également à un projet social dans leur ville, dans le cadre duquel ils rendent visite à des personnes dans des EPHAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). « Nous avons la chance d’avoir été élevés dans la même foi – explique Chloé – mais nous avons aussi la chance d’être heureux en priant ensemble. Par conséquent, la participation aux JMJ a donné une dimension encore plus profonde à la foi que nous partageons. » « Nous étions souvent séparées, puis nous nous retrouvions pour la louange ou l’adoration, ce qui nous permettait de prier ensemble ». « Et c’était très fort. – confie Benoît – parce que dans la vie de tous les jours, on n’a pas l’occasion de prier vraiment ensemble. A Lisbonne, prendre du temps ensemble, même en groupe, c’était fort. Personnellement, je pense que c’est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie. Et en couple, c’est encore mieux. »

Ils ont vécu des moments fondamentaux avec le pape François. « Pour moi, la chose la plus importante que le Pape a dite – explique Chloé – c’est quand il a rappelé que nous sommes tous aimés tels que nous sommes, car parfois, au sein d’un groupe, on peut avoir tendance à ajuster sa personnalité pour paraître, pour être accepté. Mais dans des contextes comme celui-ci, on réalise que c’est ainsi que nous vivons les uns avec les autres, c’est ainsi que nous sommes authentiques et c’est ainsi que Dieu nous aime le plus. » « Les paroles du Pape – poursuit Benoît – m’invitent à relever un défi qui me tient à cœur : essayer d’être comme Jésus. Il a encouragé le million et demi de jeunes présents à Lisbonne à rentrer dans leurs pays respectifs avec la mission de partager la bonne nouvelle, d’aider les autres et de les faire progresser avec la parole du Christ. » « Aux JMJ – raconte Chloé – j’ai découvert une nouvelle façon de pouvoir vivre ma foi. Je me suis rendu compte qu’il y a plein de manières différentes de pratiquer la foi, et peu importe si quelqu’un choisit de chanter dans la rue tandis qu’un autre préfère rester seul au fond d’une église. Dans une famille, chacun doit trouver sa place et sa propre manière de prier. » « Nous avons quitté le Portugal avec une foi renforcée. – Benoît conclut – Cette expérience a amplifié notre désir, déjà présent, d’élever nos enfants dans la foi et de les éduquer selon l’Évangile. Après notre mariage religieux, nous avions besoin de ces JMJ, de ce pèlerinage, de moments de recueillement et de prière. Cela nous a fait beaucoup de bien »

Anna Lisa Innocenti

Braga, Portugal : Évêques à l’enseigne de la “mystique du nous”

Braga, Portugal : Évêques à l’enseigne de la “mystique du nous”

Après la Journée Mondiale des Jeunes de Lisbonne s’est tenu, du 8 au 10 août, à Braga, au nord du Portugal, le Congrès international des évêques amis du Mouvement des Focolari. Sur l’onde des Journées Mondiales de la Jeunesse qui a déferlé sur Lisbonne, 87 évêques de 42 pays se sont arrêtés au Portugal, pour réfléchir sur « La mystique de la rencontre – Contemplation et mission dans un changement d’époque », à la rencontre organisée par les évêques amis du Mouvement des Focolari. Le 7 août, en route vers Braga, le première étape ne pouvait être que le sanctuaire de Notre-Dame de Fatima, précisément le jour de la fête des deux saints petits bergers, Francesco et Jacinta. Conscients des changements d’époque qui exigent une réponse adéquate aussi de la part de l’Église, à partir du 8 août et pendant trois jours, les évêques ont voulu réfléchir et mettre en pratique la « mystique du nous », comme réponse à la nouvelle étape de témoignage et d’annonce de l’Évangile à laquelle l’Esprit Saint appelle aujourd’hui l’Église. Dans cette intention, ils ont repris les propos du pape François lors de sa visite à Loppiano, cité-pilote du Mouvement, en mai 2018, où il avait affirmé que le charisme de l’unité, donné par Dieu à Chiara Lubich, est un « stimulant providentiel et une aide puissante pour vivre la mystique évangélique du “nous”. » Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari et Jesús Morán, Coprésident, présents à toute la rencontre, ont apporté leur contribution. Margaret a invité les évêques à « partir de l’unité pour être et parler aujourd’hui ». L’unité est la vie de Dieu, a-t-elle rappelé, et nous qui voulons l’imiter sommes invités à la vivre avec le devoir de l’annoncer avec courage. La communion en salle qui a suivi a souligné la foi renouvelée dans l’importance de rechercher l’unité, dans l’Église et dans le monde. Par la suite, les échanges dans les différents groupes linguistiques ont permis d’approfondir le sujet. On peut dire que chaque journée, avec ses contenus variés, a contribué à faire expérimenter la « mystique du nous » : l’échange avec un groupe de jeunes qui ont participé aux JMJ ; les témoignages des évêques sur le parcours synodal ; la rencontre avec la souffrance et l’actualité des Églises particulières. Approfondissements À quelques mois de l’Assemblée synodale d’octobre prochain, le cardinal Mario Grech, secrétaire du Synode et le professeur Piero Coda, membre du groupe théologique du Synode, relié par zoom, ont apporté leur contribution. Le Synode a pour but de nous faire redécouvrir l’unité dans l’unique baptême, de nous entrainer à vivre ensemble malgré les différences, et de nous apprendre à habiter les tensions dans lesquelles nous nous trouvons inévitablement. Une table ronde visant à proposer quelques réponses aux problématiques vécues dans l’Église et les sociétés aujourd’hui a suscité de l’intérêt et de nombreuses questions : le Père Fabio Ciardi, OMI, a souligné la richesse des charismes dans l’Église d’hier et d’aujourd’hui ; Francesca Di Giovanni, ex sous-secrétaire d’État du Vatican, a parlé de la place de la femme dans l’Église, qui ne doit pas être valorisée seulement pour le “rôle” qu’elle doit occuper, mais considérée pour le “don” qu’elle est pour l’Église. Les époux Rosinha et Amândio Cruz, engagés dans les structures de l’archidiocèse de Braga, ont ensuite présenté quelques dynamiques – soutenues par les familles – pour le renouvellement de l’Église et l’évangélisation. Le dernier jour, le P. Fabio Ciardi, a introduit un thème sur les “plaies” de l’Église aujourd’hui, en présentant la lumière que Chiara Lubich a trouvée dans la découverte-révélation de Jésus abandonné qui prend sur lui chaque division et génère la réconciliation, base de la « mystique du nous ». Les moments de détente et d’enrichissement culturel n’ont pas manqué, comme par exemple, la visite au Sanctuaire Bom Jesus do Monte, situé à proximité, où le card. Francis Kriengsak, archevêque de Bangkok, a présidé la célébration eucharistique. Puis, face à un coucher de soleil impressionnant. un dîner offert par la communauté locale des Focolari, aux saveurs typiques, suivi par d’entrainantes danses traditionnelles. À la conclusion de la rencontre, lors de la Messe présidée par le card. Lazarus You, Préfet du Dicastère pour le Clergé, les évêques ont renouvelé leur engagement à mettre en pratique le Commandement de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12).

Carlos Mana

“Courage, n’ayez pas peur !”

“Courage, n’ayez pas peur !”

C’est par ces derniers mots que le pape François a salué les jeunes et tous les participants lors de la messe de clôture des JMJ 2023.

Il est difficile de décrire ce que nous avons vécu pendant ces jours de grâce inoubliables. Je sais que c’est un cliché de dire, dans ces cas-là, qu’il faut le vivre pour le comprendre. Mais c’est vrai ! C’est certainement vrai en cette occasion. J’ai participé à quatre JMJ, les deux premières et les deux dernières, et je peux témoigner qu’il y a quelque chose d’inexplicable autour de ces journées. Un célèbre personnage public portugais, agnostique et cinéphile, a écrit dans un article de journal que ce qu’il contemplait dans les rues de Lisbonne en cet été caniculaire était le plus beau film qu’il ait jamais vu.

Il était impossible de ne pas être contaminé par la gaieté et la vivacité que les jeunes venus dans la « ville de la lumière » – et qui la remplissaient avec l’autre lumière qu’ils portaient en eux – déversaient à torrents : dans les quartiers, dans les centres commerciaux, dans le métro, dans les bus, dans les bars, dans les espaces verts ou sur le béton, en petits groupes ou en grands flots humains multicolores, bruyants, bavards, multi-charismatiques, d’une sympathie qui réchauffait le cœur. En me promenant parmi eux, j’ai vu les habitants de la ville, entre perplexité et curiosité. Si Lisbonne, avec sa beauté magique et indescriptible, a été un cadeau pour ces jeunes, ceux-ci ne l’ont pas été moins pour cette ville, qui sera fière d’avoir vu un million et demi de jeunes se réunir pour célébrer leur foi dans le Christ, ce qui est tout à fait inédit.

Extraordinaire le travail accompli par l’Église portugaise de même que par le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, organisateurs de l’événement. Tout comme la ville et ses autorités civiles. Mais il ne fait aucun doute que la couronne de laurier est revenue aux jeunes. Mais qui aurait pu l’imaginer après trois années de grave pandémie et au milieu d’une crise institutionnelle comme celle que traverse l’Église catholique en raison d’abus de toutes sortes ! Si aujourd’hui la presse espagnole a mis en avant le cas d’une jeune fille à 5 % de capacité visuelle qui affirme avoir retrouvé la vue ces derniers jours, pour moi le vrai miracle a été la foi vivante de ces jeunes, exprimée dans leur langage typique et avec une multitude de gestes audacieux et déconcertants.

En effet, s’ils ont fait preuve d’un enthousiasme débordant en chantant et en dansant, le moment le plus emblématique – d’ailleurs la véritable pièce maîtresse de cette journée – a été une fois de plus l’adoration eucharistique de la veillée : plus d’un million de personnes se sont agenouillées sans que personne ne le leur dise pour adorer dans un silence « assourdissant » Celui qu’ils considèrent comme le « cœur du monde » ! Impossible de ne pas être ému. Et à ce moment-là, le fado que nous a offert la chanteuse Carminho nous a donné la chair de poule : « Tu es l’étoile qui guide mon cœur/ Tu es l’étoile qui a éclairé mon chemin/ Tu es le signe qui guide mon chemin/ Tu es l’étoile et je suis le pèlerin. » Et l’on se demande quelle force d’attraction peut exercer un petit morceau d’hostie sur une telle foule de jeunes répartis sur un terrain de plus de 3 km de long (100 terrains de football).

On pourrait penser que les jeunes qui se sont rassemblés à Lisbonne sont des gens bien, avec une vie ordonnée, des jeunes bien élevés, qui ne s’encombrent pas des problèmes des autres. Rien n’est plus faux. Un groupe international a travaillé dur pendant des années pour créer un tableau artistique d’une beauté extraordinaire et d’une grande efficacité visuelle, sur une scène monumentale, une sorte d’échafaudage géant sur lequel ils ont défilé tels des mimes aériens, se laissant tomber attachés à des cordes et portant la croix d’un côté à l’autre, de haut en bas. La sensation de vertige était continue, et le choix de ce geste n’était pas fortuit : à chaque station, avec peu de notes de réflexion orale et beaucoup de visuel, le vertige qui habite la vie des jeunes d’aujourd’hui était exprimé crûment : addictions, manque de sens, avenir incertain, mépris de la vie, relations toxiques. Autant de motifs que la croix, ou plutôt que le crucifié portait sur ses épaules, pour être transfigurés en vie nouvelle.

Les moments clés de ces JMJ, comme des précédentes, ont certainement été les rencontres avec le Pape. Autre élément déroutant et typique de cet événement : pourquoi les jeunes aiment-ils autant les Papes, quel que soit leur caractère (des papes), traditionnel, intellectuel ou réformateur ?

Mais au-delà de ces moments forts, le programme de ces journées a été émaillé de nombreux autres événements, mineurs mais non moins significatifs, tels que les concerts musicaux dans les centres névralgiques de la ville, les rencontres par nationalités, les partages avec des personnes engagées dans l’Église au niveau paroissial ou associatif, et surtout les différentes catéchèses animées par les jeunes eux-mêmes et qui ont eu pour intervenants principaux les évêques de différentes parties du monde. Autant d’occasions d’approfondir la devise des JMJ : Rise up (Lève-toi).

« Courage, n’ayez pas peur ! » Par ces mots, le pape François semblait s’adresser à toute l’Église. Car il ne fait aucun doute que du courage, il en faut. Et en cela, les jeunes sont appelés à être des protagonistes. Ils sont le présent et l’avenir d’une Église renouvelée par l’Esprit. Une Église qui, comme François l’a répété à plusieurs reprises, veut être une maison pour tous, sans exclusions, et retrouver l’élan prophétique qui l’imprègne. Une Église qui avance dans une nouvelle ; confiance qu’elle trouve en elle-même et au-delà d’elle-même : en Jésus-Christ. Une Église qui veut donner l’hospitalité à toute l’humanité, dans l’humanité ressuscitée de Jésus de Nazareth, comme le dit un théologien bien connu.

Je suis peut-être un peu optimiste, mais ces jours-ci, j’ai vu une Église jeune, qui est déjà un peu au-delà de l’épreuve, ou du moins qui est confiante de pouvoir la surmonter. Les milliers de jeunes que j’ai rencontrés à Lisbonne me l’ont appris. Ils ne se font pas de problèmes, ils ne se fossilisent pas dans la critique, au contraire, quelque chose (leur pureté, peut-être, aiguisée dans la souffrance et l’incertitude) les pousse à se concentrer sur le centre de la foi avec le cœur des simples. Et, comme le dit le Maître, « le Royaume des cieux est à eux » (cf. Mt 5, 3).

Je résume en trois images tout ce que j’ai voulu exprimer dans cet article : des jeunes qui marchent, qui marchent à travers tout Lisbonne (symbole du monde), parfois épuisés par la chaleur et la fatigue accumulée après des nuits presque sans sommeil. Des jeunes avec le vertige de la croix sur les épaules, sur laquelle sont inscrites toutes leurs souffrances. Des jeunes agenouillés en adoration, conscients que dans un morceau de pain il y a toute la vie, une vie qui ne passe pas. L’Église vivante, l’Église de toujours, l’Église d’aujourd’hui, l’Église de demain.

Jesús Morán

Communication en temps de guerre: aux JMJ, un dialogue croisé pour une éthique commune

Lors des Journées mondiales de la jeunesse 2023 au Portugal, le voyage de DIALOP fait un nouveau pas en avant. De 20 pays, 134 jeunes ont participé à la “Communication en temps de guerre” parrainée par DIALOP pendant les JMJ pour discuter de la façon dont les médias sociaux et la technologie numérique peuvent devenir des pièges de conspiration et d’intérêts biaisés pendant les conflits.

Le voyage

Le christianisme et le socialisme – deux mouvements aux caractéristiques très différentes – ont longtemps été en conflit l’un avec l’autre, mais ont néanmoins tous deux façonné l’histoire du monde au cours des derniers siècles. Fondé sur l’idée que les plus grands défis du monde d’aujourd’hui ne peuvent être résolus seuls, DIALOP encourage le dialogue entre les personnes de différentes cultures. DIALOP encourage le dialogue entre les personnes de bonne volonté, qu’elles soient laïques ou religieuses, en particulier entre les socialistes/marxistes et les chrétiens, afin de créer une éthique transculturelle et novatrice.

La participation de DIALOP aux Journées Mondiales de la Jeunesse fait partie du “Projet DialogUE” qui, en coopération avec la Communauté Européenne et avec la participation de 14 organisations de la société civile, explore et développe le dialogue souvent difficile entre différents groupes pour façonner une Europe qui est de plus en plus l’expression de cette “unité dans la multiplicité”.

La préparation, qui a impliqué des experts chrétiens et marxistes-socialistes, a commencé six mois avant l’événement, un voyage chargé et fatigant vers les JMJ. De nombreux défis ont été relevés, tels que la recherche d’un moyen dynamique de médiatiser des contenus lourds comme les conflits et la communication, des langues, des pays et des contextes différents. « L’émotion d’être devant une génération avide de vérité et d’espoir apaisé, raisonné et clair, et d’être capable de donner un peu de cela », dit Luisa Sello, l’une des coordinatrices du projet.

Des jeunes en dialogue

La guerre et son potentiel destructeur influencent la structure de la communication, transforment la perception des faits et instrumentalisent le langage et les mentalités. Dans ce contexte, les médias sociaux et la technologie numérique peuvent devenir des pièges pour les conspirations et les intérêts particuliers. Peut-on se rapprocher de la vérité ? Pouvons-nous réagir ou sommes-nous condamnés à détruire des relations avec des êtres humains, des pays, des populations à cause du mensonge et de la désinformation ? Comment pouvons-nous continuer à faire des choix, à construire des relations et à nous ranger du côté de la vérité et de la justice ?

L’atelier a abordé tous ces défis et a engagé les jeunes dans l’élaboration de propositions pour l’Union Européenne, qui seront rassemblées et soumises à l’UE dans le cadre du projet de financement de la Commission européenne CERV (Citizens, Equality, Rights and Values Programme) en mars 2024. Après les panels et les discussions dynamiques, la question “que pouvons-nous faire ?” a résonné parmi les jeunes. Le désir de participer à une transformation en tant qu’acteur du changement était au cœur de chaque jeune présent.

Steven, originaire des États-Unis, qui souhaite devenir prêtre et voyager à l’étranger pour aider les gens, a fait part de ses doutes : « Je ne peux même pas dire à mes parents d’arrêter de lire des sources d’information qui posent problème. Lorsque Jésus est revenu de Nazareth, il a été rejeté par sa famille. Beaucoup d’entre nous ont perdu l’espoir. Où pouvons-nous retrouver l’espoir ?C’est pourquoi nous sommes ici aux JMJ. »

Adriana, étudiante en journalisme en Argentine, s’est sentie encouragée par l’atelier : « Notre rôle en tant que jeunes est très important pour lutter contre la désinformation et cela peut aussi se faire de manière amusante. Si nous créons une communauté, nous serons plus forts. »

Vers une éthique transversale

Le cours de l’histoire dépend non seulement de la force des idées, mais surtout de l’évolution des intérêts politiques et économiques, qui plus d’une fois n’intègrent que de pâles reflets de ces idées. L’appel du Pape François en 2014 qui a inspiré DIALOP pour initier un dialogue transversal continue de se déployer.

Interrogé par un jeune homme sur la manière de créer un cadre éthique commun en présence de tant de divisions, Walter Baier, président du Parti de la gauche européenne, a répondu : « Le pape François a dit que nous devions accepter le conflit comme quelque chose de naturel, ce que nous devons savoir, c’est ce que nous devons faire avec le conflit. Le fait que des chrétiens et des marxistes de traditions très différentes, même avec des langues très différentes, puissent s’asseoir ensemble et travailler sur un cadre commun est un exemple de dialogue. »

Angelina Giannopoulou de transform!europe et José Manuel Pureza de Bloco de Esquerda, ainsi que Michele Zanzucchi et Ana Clara Giovani de l’Université Sophia et Maria Chiara de Lorenzo du mouvement des Focolari ont également pris la parole. À l’avenir, dans le cadre du projet DialogUE, DIALOP organisera d’autres symposiums sur l’écologie et les politiques sociales. Pour plus d’informations, consultez le site https://dialop.eu.

Ana Clara Giovani

Au coeur des JMJ

Au coeur des JMJ

Les jeunes attendent les prochains rendez-vous avec le Pape auxquels ils se sont préparés depuis longtemps. En ces premiers jours à Lisbonne (Portugal), ils ont participé aux rencontres “Rise Up”. Découvrons de quoi il s’agit.  
À l’heure où nous écrivons, les XXXVIIIèmes Journées Mondiales de la Jeunesse viennent d’arriver à mi-parcours et les quatre premières journées intenses font désormais partie de la vie de plus d’un demi-million de jeunes qui, le 3 août 2023, ont accueilli le Pape François au cœur de Lisbonne (Portugal), au Parc Eduardo VII, rebaptisé « Colline de la Rencontre », pour indiquer la dimension fondatrice de ces JMJ : la relation avec Dieu, avec soi-même et avec les autres, pour construire un monde en paix, durable et fraternel.
Au cri de « Dieu aime tout le monde », dans une Église où il y a de la place pour tous, François a officiellement inauguré les JMJ portugaises dont nous pouvons lire la chronique quotidienne dans les médias.
Ce qui, en revanche, risque d’être occulté, c’est le grand travail d’actualisation que l’Église, au sens le plus universel du terme – réalisé par les jeunes avec leurs éducateurs, les prêtres et les évêques, et les différentes réalités ecclésiales – a réalisé, pour que ces Journées Mondiales de la Jeunesse soient un lieu où les jeunes « se retrouvent » dans leurs questions, dans la recherche consciente ou inconsciente de Dieu pour l’avoir comme compagnon de vie ; dans la réalisation d’espaces de partage, d’inspiration et d’écoute réciproque.
  Les rencontres “Rise Up” : des espaces de réflexion, de partage et d’inspiration

Sans doute l’une des plus grandes nouveautés de cette édition sont les rencontres Rise Up, le nouveau modèle de catéchèse des JMJ qui invite les jeunes à réfléchir sur les grands thèmes abordés pendant le pontificat du Pape François : l’écologie intégrale, l’amitié sociale et la fraternité universelle, et la miséricorde.

On compte 270 rencontres organisées en 30 langues, toutes liées au thème général des JMJ : « Marie se leva et partit en hâte » (Lc 1, 39).
Le mouvement des Focolari s’est également impliqué dans les rencontres Rise Up , trois rendez-vous d’une demi-journée chacun, pour les pèlerins anglophones, rassemblant en moyenne 5000 jeunes par jour. « Je me suis sentie protagoniste dès le début, raconte Eunice, une Gen de l’équipe organisatrice, et le thème de ces JMJ m’inspire beaucoup : je me sens moi aussi poussée à me lever et à partir en hâte, comme Marie ; je ressens une forte motivation à donner plus, à dépasser les limites, la fatigue et les difficultés, comme elle l’a fait lorsqu’elle s’est rendue chez Élisabeth. Elle ne s’est pas arrêtée, elle a aimé ».
Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du mouvement des Focolari, ainsi que le Cardinal Patrick O’Malley de Boston (USA), l’Archevêque Anthony Fisher de Sydney (Australie) et l’Évêque Robert Barron de Winona-Rochester dans le Minnesota (USA) ont pris la parole aux rencontres.
  Les jeunes des JMJ de Lisbonne
Faire l’expérience de l’amour de Dieu et Le porter partout où l’on se trouve et où l’on se sent appelé a été le fil conducteur des rencontres marquées par les animations, la musique, la prière et le partage. « J’ai senti qu’après un an et demi de confinement après le Covid, quelque chose en moi avait changé », raconte Pete, originaire des États-Unis, à l’occasion de ses premières JMJ. « J’ai décidé de venir avec les jeunes de mon diocèse pour me mettre au défi. Je voulais sortir de ma zone de confort, rencontrer des jeunes d’autres pays, voir comment ils gèrent les problèmes. J’ai encore beaucoup de questions, mais j’ai trouvé ici des réponses à certaines d’entre elles.
Même pour les jeunes de Slovaquie, il n’a pas été facile de décider de partir et de s’ouvrir à des personnes d’autres cultures et d’autres façons de faire. Nous sommes à l’écoute de ce que le Pape dira dans les jours à venir. « Nous sommes certains que ses paroles resteront à jamais dans nos cœurs et nous aideront dans les différentes situations de la vie ».
Se retrouver, se reconnaître comme frères et sœurs, c’est peut-être ce qui caractérise le plus cet événement ; c’est pourquoi les témoignages sont au cœur des rencontres Rise Up.
  La vie réelle au Centre
Comme celle de Lucas, qui vit dans l’Amazonie brésilienne. Aux JMJ de Panama, il a été fasciné par la figure de Jésus et, de retour chez lui, il s’est engagé dans un projet d’aide aux communautés indigènes de sa terre. Pendant 15 jours, avec une équipe de médecins, d’infirmières et de psychologues, lui et une vingtaine de jeunes ont apporté aide, soins et soutien à de nombreuses personnes éloignées des centres de santé. « Une expérience incroyable : se donner du matin au soir, sans relâche », raconte Lucas. « Le projet Amazone m’a beaucoup fait grandir en tant que personne. Le premier fruit de tout cela, c’est moi : j’ai changé, je ne suis plus le même ».
Sofia, originaire d’Argentine, raconte son cheminement existentiel marqué par une forte quête de sens. À un moment donné, elle a connu la figure de la bienheureuse Chiara Luce Badano, dont le oui à Dieu, même dans la douleur, lui a donné la force de donner sa vie sur le chemin de la consécration dans le mouvement des Focolari. Et nous pourrions continuer encore et encore car les témoignages racontés sont nombreux, tout comme les questions que les jeunes ont posées aux Évêques et aux responsables qui ont pris la parole.
« Je suis venue avec mon groupe d’amis à ces JMJ », a déclaré Pat, 19 ans, de Sydney, « et c’est important pour moi parce que je crois que pour être en mesure de faire la différence dans le monde mais aussi pour prendre des décisions personnelles, nous avons besoin des autres. La solitude est un problème pour beaucoup de jeunes de mon âge et je veux faire quelque chose pour y remédier, en commençant par aimer mes amis, et ici, j’ai compris que c’était la bonne démarche ».
Ces jeunes ont de nombreuses questions et appréhensions, mais ce n’est pas tout : ces jeunes veulent s’ouvrir, savoir ; ils viennent d’expériences et d’existences différentes, souvent opposées, et pourtant ils sont ici pour rencontrer le Pape François et pour trouver Dieu dans leur vie et rencontrer des amis avec qui ils peuvent Le partager. Les JMJ de Lisbonne en sont maintenant au cœur de son voyage.

Stefania Tanesini

Pour lire l’intégralité des interventions :
Lisbonne 2023 : “Há Pressa no Ar” hymne officiel des JMJ

Lisbonne 2023 : “Há Pressa no Ar” hymne officiel des JMJ

Un chant à l’unisson pour les jeunes du monde entier. Le père João Paulo Vaz, prêtre de Coimbra (Portugal), est le créateur du texte de l’hymne des JMJ de Lisbonne 2023, mis en musique par Pedro Ferreira, enseignant et musicien. Deux jeunes du mouvement des Focolari (Gen), Lourdes Catalán et Ivan Ho, l’ont interviewé. Les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) 2023 ne sont plus très loin et déjà, dans les ruelles de Lisbonne (Portugal), ville où se déroulera cet événement planétaire, il est possible d’entendre les voix des premiers jeunes qui arrivent en chantant “Há Pressa no Ar” (Il y a de la hâte dans l’air), l’hymne officiel inspiré du thème « Marie s’est levée et elle est partie en hâte. » (Lc 1, 39). Nous découvrons avec le père João Paulo Vaz, prêtre du diocèse de Coimbra et créateur du texte, comment il est né. Lourdes : Père João Paulo, que représentent pour vous les JMJ et pourquoi avez-vous décidé de participer au concours pour la sélection de l’hymne de Lisbonne 2023 ? Père João Paulo Vaz : J’ai participé à pas moins de six JMJ dans ma vie (Paris, Rome, Toronto, Cologne, Sydney et Madrid), certaines d’entre elles en tant que responsable de la pastorale des jeunes dans le diocèse. Chacune a marqué mon parcours d’homme, de chrétien et de prêtre. Ce furent des expériences de foi et de communion très intenses, et certaines d’entre elles ont particulièrement marqué les esprits, en particulier l’hymne. Lorsque nous avons appris que nous pourrions participer au concours de l’hymne de Lisbonne 2023, j’ai été très heureux, à la fois en raison de mon expérience personnelle et en tant que compositeur. J’avais décidé de soumettre les paroles mais, à un moment donné, j’ai découvert que j’avais oublié de m’inscrire à temps, car il faut déclarer son intention de participer avant même de soumettre la chanson. Quand j’ai réalisé cela, j’ai été très triste, mais Dieu ne me laisse jamais tranquille.  Un groupe de participants qui s’était inscrit à temps et qui n’avait que la base musicale prête m’a quand même demandé de participer et je me suis inscrit au concours. Peu après, j’ai appris avec une grande joie que ma chanson avait été choisie. J’étais fou de joie car j’ai vraiment senti que c’était la réponse de Dieu à mon souhait. Ivan : Quel message vouliez-vous faire passer à travers la composition de cet hymne ? Père João Paulo Vaz : Tout d’abord, le message que j’ai pensé adresser à chaque jeune est le suivant : « Le Christ est toujours avec toi, il ne t’abandonne jamais et avec lui tu pourras aimer beaucoup plus. » C’est pourquoi, avec Lui, « ma voix s’élève plus haut et tout le monde l’entendra », comme l’explique la chanson, parce que vous n’avez plus peur. Tout le texte va dans ce sens et Marie, la protagoniste principale de ces JMJ, dans sa simplicité et son humilité, représente tout cela : celle qui la première élève sa voix parce qu’elle porte le Christ en elle ; la première évangélisatrice qui nous révèle aussi, avec son “oui” en route vers Élisabeth, comment l’apporter aux autres. Ivan : De nombreux jeunes du monde entier sont attendus à Lisbonne. Quel effet cela fait-il de penser qu’ils chanteront tous ensemble cet hymne ? Père João Paulo Vaz : Il est très important de dire qu’à partir du moment où le chant a été choisi comme hymne des JMJ, il ne nous appartient plus, il n’est plus le nôtre. Ce ne sont plus mes paroles ni la musique créée par Pedro Ferreira. C’est l’hymne des JMJ de Lisbonne 2023. Je le chanterai avec les autres : ce sera pour ma plus grande joie. Lourdes : Si vous pouviez résumer l’hymne en un ou deux mots, quels seraient-ils ? Père João Paulo Vaz : Le premier est ” profondeur “, c’est-à-dire découvrir qui nous sommes, découvrir le Christ en nous et vivre à partir de là ; le second est ” courage “, être la présence de Dieu dans le monde, annoncer la vie. C’est dans ces deux mots que s’épanouit, à mon avis, l’expérience de la foi. Ivan : Quel est votre message personnel aux jeunes d’aujourd’hui ? Père João Paulo Vaz : J’aimerais reprendre les mots du Pape François, prononcés dans l’une des vidéos annonçant ces JMJ, dans laquelle il nous invite à aller de l’avant sans crainte, à construire un monde meilleur et à être des protagonistes. Nous avons tellement besoin que nos jeunes valorisent davantage le monde, qu’ils reviennent aux vraies valeurs. Vous devez abandonner la peur et prendre conscience que ce sont eux, les jeunes, qui construiront un avenir meilleur. Alors, cher jeune, tu ne peux pas rester assis à regarder le monde depuis ton fauteuil : tu dois te lever et partir, comme Marie. Les JMJ, et celle-ci en particulier, sont l’occasion de dire que tu crois et que tu es prêt à faire ce que Dieu te demande ; plus que tout, elles te disent que tu n’es pas seul dans cette démarche. Tout un monde de jeunes, ainsi que le pape, sont prêts à marcher avec vous.

                                                                                    Lourdes Catalán et Ivan Ho

 

Une Église-Communauté : en route vers les JMJ de Lisbonne

Une Église-Communauté : en route vers les JMJ de Lisbonne

Les 37èmes Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), qui se tiendront du 31 juillet au 6 août 2023 à Lisbonne (Portugal), approchent à grands pas et de nombreux jeunes se préparent à vivre cet événement mondial avec le Pape. Diverses initiatives sont organisées, tout comme sont nombreuses les personnes qui, depuis des mois, travaillent avec dévouement à ce moment de véritable famille pour l’Église. Voici quelques témoignages. Tout est prêt. Le soleil se lève sur les sept collines de Lisbonne (Portugal) et la brise de l’océan apporte un air de nouveauté et d’attente : les JMJ sont à nos portes et des jeunes du monde entier arrivent. Après des mois de préparation et plusieurs étapes dans le pays, la Croix du Pèlerin et l’Icône de la Vierge ‘’Salus Popoli Romani ‘’, symboles des JMJ, sont enfin arrivées à Lisbonne le week-end dernier et sont prêtes à accueillir les premiers jeunes arrivant pour les ‘’Journées dans les Diocèses’’ qui se dérouleront du 26 au 31 juillet 2023 dans les 17 diocèses du Portugal continental et des îles. Une manière de préparer les pèlerins et les communautés d’accueil à entrer dans l’événement des JMJ et à le vivre pleinement. « Lorsque nous avons été informés que les JMJ se tiendraient à Lisbonne, nous avons accueilli la nouvelle avec une immense joie. Je suis sûr que ce sera une occasion de grâce pour chacun des participants, ainsi que pour notre pays. En ce qui me concerne, je sens que je dois m’ouvrir aux surprises que l’Esprit nous réserve » explique le père José Cardoso de Almeida, curé de Sátão, dans le diocèse de Viseu, prêtre volontaire du mouvement des Focolari. Lui qui a vécu de près l’attente et l’enthousiasme des différentes JMJ a immédiatement ressenti l’appel, comme tant d’autres volontaires, à se mettre au travail pour organiser les Journées qui allaient se dérouler ‘’à la maison’’, en motivant les jeunes et en accueillant ceux qui arriveraient de diverses parties du monde : « Cette dernière année a été une période de rencontres fréquentes. De nombreuses activités ont été organisées pour aider à supporter les dépenses de ceux qui avaient le plus de difficultés à participer. En tant que ‘petit constructeur’ de ces JMJ, j’ai contribué, avec beaucoup d’autres, à motiver certaines familles à ouvrir leurs portes à de jeunes étrangers dans le cadre des ‘’Journées dans les diocèses ‘’. Dans notre région, nous accueillerons environ 3 000 jeunes, notamment des français. Nous partirons ensuite pour Lisbonne et j’aiderai pour le sacrement de la réconciliation pendant l’événement ». Une expérience concrète qui suggère combien le fait de se mettre au service, génère d’innombrables fruits dans les différentes communautés. « Comme la découverte de la beauté du travail réalisé ensemble, raconte encore le père José. Je pense que les jeunes d’aujourd’hui ont besoin de découvrir que le secret du bonheur réside dans l’amour véritable, et dans l’expérience, comme le dit le pape François, de ‘’sortir de soi-même ‘’ et ‘’d’être là avec et pour les autres’’. C’est cela la véritable unité ». Et c’est dans ce fait de ‘sortir’ que l’on retrouve la figure de la Vierge Marie, prête à ‘’se lever et partir en vitesse’’, comme l’annonce la devise de ces JMJ, pour aller à la rencontre de sa cousine Élisabeth. Une « invitation à la rencontre avec Jésus vivant dans la famille, au travail, dans la vie sociale et politique », expliquent Ana et José Maria Raposo, de Lisbonne, de la paroisse Nossa Senhora da Conceição dos Olivais Sul. Volontaires de Dieu au sein du mouvement des Focolari, Ana et José sont mariés depuis 45 ans, ont cinq enfants et quatre petits-enfants, et font partie des nombreuses familles portugaises qui accueilleront chez elles les jeunes qui participeront aux JMJ. « Pour que les jeunes, comme Marie, puissent vivre leur vocation, il faut croire et les rendre protagonistes, sans oublier l’intergénérationnel, nous disent-ils, il faut croire qu’on change déjà le monde si l’on change son cœur, si l’on libère son esprit, si l’on sort de sa propre zone de confort, si l’on regarde autour de soi et si l’on voit Jésus en chacun, il faut croire qu’un monde uni est possible ». Une expérience qui regarde cette époque si fragile, mais regarde aussi l’autre et prend de la force grâce au témoignage concret de ceux qui veulent mettre cette certitude de l’amour, au service de ‘’l’accueil’’ ce qui, poursuivent Ana et José, « signifie être une famille pour ceux qui arrivent aux JMJ . C’est spontanément que nous nous sommes joints à l’accueil des jeunes pèlerins qui participeront aux JMJ. Nous avons toujours accueilli dans notre maison ceux qui en avaient besoin, parce qu’ils étaient de passage ou en voyage, et les derniers mois ont aussi été l’occasion de revoir certains aspects et de réorganiser les espaces de notre habitation pour que les jeunes qui arrivent se sentent vraiment à la maison ».

Les Journées Mondiales de la Jeunesse continuent d’être, encore aujourd’hui, un grand événement de l’Église qui, autour du Pape et des jeunes du monde entier, devient ‘Communauté’. Et d’être, comme le dit le père José Cardoso de Almeida, « un laboratoire du Royaume de Dieu lui-même et l’image de cette fraternité universelle qui vient de l’Évangile ».

Maria Grazia Berretta

Vie de l’Évangile : la crédibilité de l’amour

« Celui qui, parce qu’il est disciple, donne ne serait-ce qu’une tasse d’eau fraîche à boire à l’un de ces petits, je vous le dis en vérité, il ne perdra pas sa récompense » (Mt 10,42) est la Parole de Vie de ce mois-ci et c’est la mission à laquelle chacun de nous, comme les disciples, est appelé : être des témoins crédibles de l’Amour du Christ, dans le concret des gestes qui font partie de notre vie quotidienne ; un Amour circulaire, qui se donne avec joie et se reçoit avec surprise, en abondance. Au parking Au parking, j’ai retrouvé griffée, la nouvelle voiture que mon père m’avait prêtée. Que faire ? Désolé de la peine que je lui causais, je pensais aux frais de réparation, quand sur le tableau de bord j’ai remarqué un petit objet aimanté avec cette inscription : « …déchargez-vous sur Lui de tous vos soucis parce qu’Il prend soin de vous ». J’ai donc essayé de faire ainsi. Et j’ai ressenti un sentiment de paix, ce qu’il fallait pour comprendre ce qu’il fallait faire. Alors que j’étais absorbé, j’entends frapper à la fenêtre. Une dame demande à me parler. C’était elle qui avait griffé la voiture et s’était enfuie en espérant s’en tirer à bon compte, mais le remords l’avait poussée à faire demi-tour. Maintenant, avec son numéro de téléphone, elle était prête à payer le montant des dégâts. Stupéfait et reconnaissant, je lui ai raconté comment j’avais trouvé la paix en lisant cette phrase sur le tableau de bord. Et elle m’a dit pensivement : « C’est Lui qui m’a fait revenir ». (Z.X. – Croatie) Le bon endroit Lorsque j’ai été transférée à l’unité des soins intensifs, j’ai compris que ma mission de médecin y serait mise à l’épreuve et, en même temps, j’ai senti que c’était ‘’ma’’ place. Au cours de mes années de profession, je n’avais pas encore travaillé dans un tel service où, chaque jour, la douleur des gens se présente sous les formes les plus tragiques : accidents graves, problèmes neurologiques… et, en général, des jeunes. Bref, je ne me sentais pas à la hauteur. Mais ce qui m’a donné de la force, c’est l’idée de me mettre au service de Jésus qui s’identifiait aussi à eux : « C’est à moi que tu l’as fait », disait-il. Après six mois de travail, la direction de l’hôpital m’a proposé de devenir chef de service. Les raisons de cette nomination : ma capacité d’intégration avec les collègues, mon attitude calme et paisible, mon professionnalisme. Me retrouvant le lendemain dans la chapelle, j’ai remercié Jésus : ce sont ses paroles qui m’avaient permis d’être ce dont les autres avaient le plus besoin, là, dans ce lieu. (J.M. – Espagne)

L’examen Je préparais un examen exigeant à l’université lorsqu’un ami qui traversait une période difficile avec sa petite amie est venu me rendre visite à l’université. Je l’ai accueilli et pendant que je préparais le dîner, nous avons discuté. L’idée de l’examen me taraudait, mais j’ai essayé de la mettre de côté pour me concentrer sur l’écoute de mon ami, qui était tellement désemparé et accablé de chagrin qu’il ne se rendait pas compte de ce qui se passait et c’était aussi l’heure à un moment donné, d’aller dormir. Finalement, je lui ai offert l’hospitalité pour la nuit. Il était très tard et je n’avais même pas la force d’ouvrir mon livre. Le lendemain, nous avons été réveillés par un coup de téléphone : un collègue m’informait que j’étais attendu à l’examen. Encore à moitié endormi, je me suis empressé de me préparer à sortir, tandis que mon ami est resté là, endormi. Je m’attendais à tout sauf à réussir cet examen ! Tout heureux de la bonne nouvelle, je suis rentré chez moi, où j’ai trouvé un mot sur la table : « Je ne sais pas comment te remercier. Tu m’as montré que je vaux quelque chose. Tu m’as donné une nouvelle force. Je voudrais aussi être ‘totalement disponible pour les autres’ ». (G.F. – Pologne)

Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année IX – n° 1 juillet-août 2023)

Le nouveau livre de Jesús Morán : « Fidélité dynamique »

Le nouveau livre de Jesús Morán : « Fidélité dynamique »

Un entretien avec l’auteur sur sa dernière œuvre littéraire. Un livre conçu pour donner de l’espérance, pour garder une foi intacte dans le charisme de l’unité. Questions au Coprésident du mouvement des Focolari sur son dernier livre publié par Città Nuova, intitulé « Fedeltà dinamica ». Jesús, partons du titre : « Fidélité dynamique » … J’ai voulu reprendre l’expression que le Pape François a utilisée dans son discours aux participants de l’Assemblée du mouvement des Focolari en 2021. Il a parlé de fidélité dynamique. Selon moi, c’est une pensée très proche du concept de fidélité créative. Avec l’avantage que « dynamique » renvoie au concept grec dynamis qui signifie force de mouvement. La fidélité dynamique est donc une fidélité en mouvement, qui n’est pas statique et elle est très chère au Pape François. Lorsqu’il s’est adressé à nous à d’autres occasions, il a insisté sur le fait que les Mouvements doivent être précisément en « mouvement ». Il m’a donc semblé que ce titre était plus proche de ce que nous vivons dans notre réalité aujourd’hui …. Le livre est divisé en chapitres. Le premier : « prendre le pouls de notre temps ». Quelles sont les perspectives du charisme d’unité de Chiara Lubich pour aujourd’hui ? Comment actualiser l’identité et l’histoire du charisme ? Il me semble que le charisme de l’unité de Chiara Lubich est toujours très actuel. En ce qui concerne la synodalité, le Pape François insiste sur le fait de nous redécouvrir en tant que peuple de Dieu en marche, où nous sommes tous protagonistes. Synode signifie « marcher ensemble ». Il veut une Église où chacun donne le meilleur de lui-même en tant que partie intégrante du peuple de Dieu, le corps du Christ. Je pense que le charisme de l’unité de Chiara Lubich peut apporter beaucoup dans ce sens, avec sa spiritualité de communion, la spiritualité de l’unité. D’autre part, il y a aujourd’hui beaucoup de conflits, de guerres, de polarisations massives partout – dans le domaine politique, moral, social – et peut-être que nous assistons comme jamais auparavant à des contrastes presque irréconciliables. Je crois que là aussi, le charisme de l’unité peut apporter beaucoup par sa trame dialogique. Il faut donc aujourd’hui actualiser le charisme de l’unité, redécouvrir sa véritable identité, en allant à l’essentiel, au noyau fondateur du charisme. Cette actualisation passe par la mise en œuvre de deux moments, non pas au sens chronologique, mais au sens profond. D’une part, se mettre à l’écoute des signes des temps, des interrogations du monde, de la société contemporaine. D’autre part, aller en profondeur, pêcher dans toutes ces ressources que possède le charisme, dont certaines n’ont même pas été exprimées. J’aime beaucoup ce concept d’expression de l’inexprimé qui est en nous. C’est ainsi que l’identité s’actualise dans une fidélité dynamique. Avec le processus de purification de la mémoire que nous vivons dans cette phase de post-fondation, je pense que nous sommes prêts à franchir cette étape. L’actualisation d’un charisme se fait avec la contribution de chacun et avec un changement de mentalité, une forma mentis. Outre l’aide de l’Esprit Saint, que pouvons-nous faire pour mettre cela en œuvre ? Sans aucun doute, l’aide du Saint-Esprit est fondamentale car nous sommes dans le contexte d’une œuvre de Dieu. Mais pour actualiser le charisme, il faut l’intelligence, mais pas au sens académique du terme. Plutôt dans le sens de la sagesse. Il faut des talents et des compétences pour écouter le cri de l’humanité. C’est important ce qui est dit dans le document de l’Assemblée générale de 2021 : aujourd’hui, la demande de l’humanité que nous devons écouter est le cri de Jésus abandonné. C’est pourquoi, en plus de l’Esprit Saint, nous avons besoin de l’intelligence du charisme et de la Sagesse qui vient de la vie. Et ce n’est pas un exercice de bureau, un exercice académique. On peut saisir le cri de Jésus abandonné quand on est en lien avec la souffrance de nos contemporains. Qu’est-ce que la « théologie de l’idéal d’unité » ? Pourquoi est-elle importante pour la fidélité au charisme ? Chiara Lubich elle-même a dit que la théologie serait importante pour l’avenir du mouvement des Focolari et du charisme. Cela signifie qu’il faut approfondir le charisme de l’unité à la lumière de la Révélation, d’où il est issu, et de la recherche théologique. C’est un exercice de compréhension du charisme qui est fondamental, sinon il n’est pas incarné et surtout, il ne s’universalise pas. Sans la théologie de l’idéal, le charisme reste à l’intérieur du Mouvement. Avec une théologie de l’idéal d’unité, le charisme peut aussi aller à l’extérieur, tout en trouvant une base solide. La théologie de l’idéal de l’unité aide à bien le comprendre pour qu’il puisse être transmis aux générations futures. La vie et le témoignage passent toujours en premier, mais ce travail est également décisif. La théologie de l’Idéal de l’unité prévient les déviations possibles. Le kérygme originel, inscrit dans les Évangiles, a eu besoin du travail ardu des Pères de l’Église, de grands théologiens, pour être sauvé dans son intégrité. L’actualisation ne risque-t-elle pas de faire perdre au charisme son identité ? Bien au contraire. C’est précisément la non-actualisation qui fait perdre au charisme son identité, car l’identité d’un charisme est toujours dynamique et créative. Il s’agit toujours d’être le même sans jamais être le même. C’est ce que j’ai essayé d’exprimer. La statique fait justement perdre au charisme son identité parce qu’elle lui fait perdre son lien avec la réalité. Pour moi, c’est très clair : il faut une actualisation constante pour que le charisme conserve son identité. Et Chiara l’a fait tout au long de sa vie. Le deuxième chapitre : « la maison de la connaissance de soi », s’inspire d’une lettre de Catherine de Sienne. Nous y découvrons nos limites, nos échecs, notre autoréférentialité, le visage de Jésus abandonné. Que pouvons-nous faire pour surmonter « l’épreuve de la connaissance de soi » ? Le deuxième chapitre est fondamental dans cette phase que nous vivons, où nous avons dû nous confronter à nos défauts, à nos erreurs dans l’incarnation du charisme. Que pouvons-nous faire pour surmonter l’épreuve ? Nous devons la vivre pleinement, car il s’agit de reconnaître que nous ne sommes pas à la hauteur du charisme. Aucun d’entre nous n’est à sa hauteur. Cela ne donne pas lieu à un sentiment de désarroi, mais plutôt à une nouvelle confiance en Dieu, en l’Esprit Saint, auteur du charisme. Ainsi, l’épreuve de la connaissance de soi est surmontée en acceptant l’humiliation de ne pas être à la hauteur et en plaçant toute notre confiance en Dieu. Le troisième chapitre : « le discernement à la lumière du charisme de l’unité ». Le Pape nous demande de devenir des artisans du discernement communautaire. Comment devons-nous procéder ? Et surtout, le charisme de l’unité de Chiara Lubich est-il un charisme dans le discernement ? Pour le pape François, le discernement et la synodalité vont de pair, tant au niveau individuel que communautaire.  C’est un processus très délicat, car il demande de l’intelligence, mais surtout l’écoute de l’Esprit Saint. Le discernement nous demande tout et demande tout à Dieu. Et ce n’est pas simple, ce n’est pas un exercice de consensus. C’est aller en profondeur dans la recherche de la volonté de Dieu à tout moment. Je crois que le dynamisme typique du charisme de l’unité, que nous appelons Jésus au milieu, c’est-à-dire mériter la présence de Jésus parmi nous, est un exercice de discernement. Chiara Lubich l’a très bien expliqué : pour mériter cette présence, il faut un détachement complet de nous-mêmes, une mise à l’écoute de l’Esprit Saint. Il faut l’amour réciproque. Chiara a même développé l’idée des relations trinitaires, qui transforment le discernement communautaire en un « discernement trinitaire ». Lorsque nous visons à avoir Jésus au milieu de nous, nous vivons une expérience trinitaire, avec toutes les faiblesses, les fragilités de notre humanité, de notre corporéité, de notre psychologie. Mais nous le faisons et c’est là que le discernement se produit. Nous pouvons lire cette praxis des relations trinitaires à la lumière de la grande idée du Pape François sur le discernement et la synodalité. Dans le livre, tu parles de deux déviations : « la capture de l’Un » et « la dissolution de l’Un ». De quoi s’agit-il et comment les éviter ? Ces tentations sont en réalité deux déviations de la spiritualité de l’unité. Dans la première, il arrive que quelqu’un s’empare de la mission de la Communauté et même de la mission de chacun. Quelqu’un centralise tout, sans se rendre compte qu’il prend la place de l’Esprit Saint dans la dynamique de l’unité. Dans ce cas, il s’empare du « nous », du nécessaire pour que chacun s’épanouisse et apporte sa contribution. C’est là que se produisent les abus d’autorité, les abus de conscience, les abus spirituels, et c’est donc un grand risque. Dans la dissolution de l’Un, c’est le contraire qui se produit, l’esprit de Communion se perd. Un individualisme exagéré prévaut. Si auparavant quelqu’un s’empare du nous, dans ce cas le nous disparaît et l’individualisme de chacun prend le dessus. La vie communautaire devient une organisation où chacun cherche son espace, son épanouissement personnel. Là aussi, l’Esprit Saint qui est le dynamisme de la vie chrétienne disparaît. Comment les éviter ? Il faut un moment de prise de conscience de soi : comprendre les erreurs commises. En même temps, il faut revenir à l’Évangile vécu et à une authentique vie d’unité. Surtout, je pense, revenir avec humilité, avec la capacité de se décentrer, en aimant l’autre, en pensant que la personne est toujours un absolu qui ne peut être annulé d’aucune manière. Je pense donc que la solution est un plus d’amour, de vérité, de transparence et de don concret dans la vie de l’unité, dans la vie de communion. L’unité est un don de l’Esprit, personne ne peut s’en emparer avec son pouvoir ou le dissoudre avec son individualisme. L’unité est une expérience de Dieu qui nous prend tous. Prenons-en conscience. Enfin, que pouvons-nous faire pour que tous ces éclairages contenus dans le livre ne restent pas seulement de bonnes intentions ? Je pense qu’il serait utile d’en parler en communauté. Avoir des moments où nous lisons certains passages, des retraites et examiner nos vies à la lumière de ces éclairages. Ce livre a pour but de donner de l’espérance, de garder intacte la foi dans le charisme de l’unité, et si elle a été perdue, de la retrouver. J’espère qu’en partageant nos expériences, nous pourrons restaurer une vie authentique là où elle n’existe plus, car dans de nombreux endroits, la vie s’épanouit, il y a de la générativité, il y a beaucoup de belles réalités.

Lorenzo Russo

Participer / Présider / Décider

Participer / Présider / Décider

Le samedi 24 juin 2023, un séminaire théologique s’est tenu à Loppiano (Incisa Valdarno, Florence), sur le thème « Participer/Présider/Décider. Racines sacramentelles et dynamiques de communion dans le parcours du peuple de Dieu en mission ». Plus de trente chercheurs ont répondu à l’invitation du Centre Evangelii Gaudium (CEG) de l’Institut universitaire Sophia pour élaborer une proposition de révision du droit canonique afin de rééquilibrer – comme l’exhorte le document de base (Instrumentum laboris) de la XIVe Assemblée du Synode des évêques – « le rapport entre le principe d’autorité, fortement affirmé dans la législation actuelle, et le principe de participation ». Puisque « toutes les discussions doctrinales, morales ou pastorales », assure le pape François, « ne doivent pas être résolues par des interventions du magistère » (Exhortation apostolique Amoris laetizia, n° 3), l’écoute du sensus fidelium de l’ensemble du peuple de Dieu (pasteurs et fidèles) dans la variété des cultures qui le composent est décisive. Le dialogue entre la théologie et le droit est donc animé par une démarche sincère d’inculturation, sans laquelle le risque est réel de poser les bases d’une méprise pratique des principes généraux énoncés par l’Église. « La question, souligne le professeur Vincenzo Di Pilato, coordinateur académique du CEG, est précisément celle-ci : comment rendre effective la participation active de tous les fidèles à nos assemblées synodales ? Restera-t-elle seulement consultative ? Ou sera-t-elle aussi délibérative ? S’agira-t-il de négocier une “concession” juridique ou de “reconnaître” la capacité de décision du sujet collectif de l’action ecclésiale telle qu’elle ressort de l’ecclésiologie de Vatican II et du magistère postconciliaire ? Et sera-t-il donc nécessaire de mettre à jour le Code de droit canonique ? » Dans son message d’ouverture aux participants, le Cardinal Mario Grech, Secrétaire général du Synode, a souligné comment le chemin synodal entre dans une nouvelle phase : il est appelé à devenir une dynamique génératrice et non pas simplement un événement parmi d’autres. On ne peut en effet écouter l’Esprit Saint sans écouter le peuple saint de Dieu dans cette “réciprocité” qui constitue le “Corps du Christ”. C’est dans ce lien communautaire que prend forme cette méthodologie particulière de la conversation dans l’Esprit, bien décrite lors de la présentation de l’Instrumentum laboris. D’où la nécessité – rappelée à plusieurs reprises par le Cardinal Grech – de mieux articuler le principe de la restitution. En d’autres termes, cela signifie que l’unité du processus synodal est garantie par le fait qu’il revient à son point de départ, à l’Église particulière, et qu’il constitue un moment important de “reconnaissance” de ce qui a mûri dans l’écoute de ce que l’Esprit dit à l’Église d’aujourd’hui. Le chemin synodal apparaît donc comme un moment significatif de la vie de l’Église, capable de stimuler et d’activer l’élan créatif et la proclamation évangélique qui naissent de la redécouverte de la relation avec Dieu qui innerve la relation entre les croyants, et aussi comme un signe pour un contexte culturel dans lequel il y a un cri silencieux de fraternité dans la recherche du bien commun. Si dans le rapport « Les problèmes de synodalité entre ecclésiologie et droit canonique » du Prof. Severino Dianich, la récupération de l’ecclésiologie paulinienne de l’être-corps du Christ et la valorisation de la co-essentialité dynamique des dons hiérarchiques et charismatiques ont émergé ; pour le Prof. Alphonse Borras, ce tournant nécessite une explication canonique, qui esquisse une praxis procédurale flexible, capable d’accompagner les processus décisionnels et participatifs à travers les différents organismes déjà prévus (conseil épiscopal, presbytéral, pastorale diocésaine, pastorale paroissiale…). Le cardinal Francesco Coccopalmerio, ancien président du Conseil pontifical pour les textes législatifs, s’est inscrit dans cette ligne lors de son intervention « Synodalité ecclésiale : un passage rapide du consultatif au délibératif est-il envisageable ? » Selon lui, il est possible de trouver dans le droit canonique une définition claire de la synodalité, entendue comme « communion des pasteurs et des fidèles dans l’activité de reconnaissance de ce qu’est le bien de l’Église et dans la capacité de décider comment mettre en œuvre le bien identifié ». A l’issue du séminaire, la proposition a été faite par beaucoup de mettre à disposition les résultats obtenus par la publication des interventions. Le CEG y travaille déjà afin que cela advienne d’ici septembre en tant que contribution supplémentaire au prochain Synode.

Antonio Bergamo

Mû par l’Esprit : entretien avec l’évêque Pierbattista Pizzaballa

Le dimanche 9 juillet 2023, le pape François a nommé 21 nouveaux cardinaux de la Sainte Église romaine, comme d’habitude à la surprise des intéressés. Parmi eux figure Mgr Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem. En félicitant Sa Béatitude pour cette nomination, nous partageons avec joie une interview de lui, réalisée il y a exactement un an en Terre sainte. Voir la vidéo (activer les sous-titres en français) https://youtu.be/JFjWb1-y0ug

Prix Seelisberg 2023 décerné à Joseph Sievers

Prix Seelisberg 2023 décerné à Joseph Sievers

Dans le cadre de l’ouverture de la Conférence internationale du Conseil international des chrétiens et des juifs (ICCJ) à Boston, USA, le dimanche 18 juin, le professeur Joseph Sievers a reçu le Prix Seelisberg 2023. Notre interview à son retour à Rome. Le Prix Seelisberg s’inspire et vise à commémorer le rassemblement novateur qui a eu lieu dans le petit village suisse de Seelisberg du 30 juillet au 5 août 1947 pour aborder les enseignements chrétiens concernant la discrimination à l’égard des Juifs et du judaïsme. Cet événement est largement reconnu comme l’inauguration de la transformation des relations entre juifs et chrétiens. Le prix Seelisberg est décerné chaque année (depuis 2022) par le Conseil international des chrétiens et des juifs (ICCJ), issu de la conférence de Seelisberg, et le Centre de théologie interculturelle et d’étude des religions de l’université de Salzbourg. Les personnes honorées sont celles qui, par leurs études et leur enseignement, ont joué un rôle important dans la promotion du rapprochement entre juifs et chrétiens. Le Professeur et Docteur Joseph Sievers (Prix Seelisberg 2023) est né en Allemagne et a commencé ses études à l’université de Vienne et à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Il est titulaire d’un doctorat en histoire ancienne de l’Université de Columbia (1981) et d’une Lic. Theol. de l’Université pontificale grégorienne (1997). Il a enseigné à CUNY, Seton Hall Univ., Fordham Univ. et d’autres institutions aux États-Unis, en Italie et en Israël. De 1991 à 2023, il a enseigné l’Histoire et la Littérature juives de la période hellénistique à l’Institut biblique pontifical de Rome, où il était professeur titulaire. En outre, de 2003 à 2009, il a été directeur du Centre Cardinal Bea pour les études juives à l’Université Pontificale Grégorienne. Depuis 1965, il est membre du mouvement des Focolari, avec lequel il collabore depuis 1996 dans le cadre du Centre pour le Dialogue Interreligieux. Il a publié plusieurs livres et de nombreux articles, notamment dans le domaine de l’histoire du Second Temple (en particulier Flavius Josèphe) et des relations judéo-chrétiennes. Avec Amy-Jill Levine, il a édité The Pharisees (Grand Rapids, MI : Eerdmans, 2021 ; traduction italienne Milan, San Paolo, 2021 ; traduction allemande prévue pour 2024). Professeur Sievers, qu’est-ce que cela signifie pour vous de recevoir ce prix ? Ce fut une grande surprise et lorsqu’on m’a demandé de parler de mon expérience, j’ai ressenti une grande gratitude en regardant en arrière, en pensant à tous les moments, à toutes les personnes que j’ai rencontrées, aux situations dans lesquelles j’ai pu être présent et parfois être utile. Une grande gratitude et, en même temps, une responsabilité pour le présent et l’avenir. Dans votre discours lors de la cérémonie de remise du prix, vous avez déclaré : « Les difficultés peuvent nous aider à mieux nous comprendre. Les difficultés peuvent nous unir ». Au cours de votre longue expérience de ce dialogue, qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous, et qu’est-ce qui a été le plus surprenant au point de dire : « On peut y arriver » ? Il y a eu plusieurs moments difficiles, mais je me souviens particulièrement de celui où nous avons dû organiser une réunion de dialogue à Jérusalem en 2009. Quelques semaines après un conflit, une opération qui a fait de nombreux morts et blessés. En même temps, il y avait aussi la situation de l’évêque (Richard Nelson) Williamson qui niait l’holocauste. Il y avait des difficultés de tous les côtés qui rendaient un dialogue ouvert très difficile. Cependant, nous avons réussi à organiser cette réunion. Nous sommes allés de l’avant et ce furent des moments de communion spirituelle très forts, au-delà de tous les problèmes. Et puis vous me demandez aussi ce qui a été possible, malgré les difficultés ? Il n’était certainement pas facile d’organiser une conférence sur les Pharisiens et de publier ensuite un livre. À plusieurs reprises, j’ai senti que la route était barrée. Soit pour des raisons financières, soit parce que quelqu’un n’était pas d’accord avec ce que nous voulions faire, soit parce qu’il semblait impossible d’avoir une audience avec le Pape, pour une conférence de ce type… Au contraire, en collaborant, et c’était vraiment une collaboration, surtout avec un collègue juif, mais aussi avec d’autres, il a été possible de résoudre ces problèmes pour donner quelque chose qui était basé sur des études sérieuses, mais qui s’adressait aussi à des situations concrètes dans les églises, dans les paroisses. Il est certain qu’il y a eu un succès qui n’a pas eu un effet immédiat partout, mais par exemple un évêque m’a écrit : « Voilà, maintenant nous devons changer tout notre enseignement sur les pharisiens et le judaïsme dans les séminaires ». C’est déjà quelque chose. Comment votre appartenance au mouvement des Focolari a-t-elle influencé cette expérience ? Sans le mouvement des Focolari, je ne serais probablement pas entré dans ce domaine.  C’est du Mouvement qu’est venue l’envie d’étudier les langues de la Bible, et c’est de là qu’est né tout le reste. Je suis entré au focolare précisément le 28 octobre 1965, c’était un jeudi. Je suis arrivé au focolare de Cologne (Allemagne) avec mon vélo, amené en train avec mes deux valises le soir même où, à Rome, au Concile, on approuvait Nostra Aetate (Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes). Cela a toujours été très important pour moi, de lier l’engagement dans le Mouvement à l’engagement dans le dialogue. Vous avez également été appelé à collaborer officiellement au dialogue de l’Église catholique avec les juifs… Oui. Depuis 2008, je suis consultant de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, une commission du Saint-Siège. Et j’ai participé à plusieurs réunions de l’ILC à Buenos Aires, au Cap ou encore à Budapest, Madrid, Varsovie, Rome… Et vous faites des pas en avant ? Un pas, c’est déjà d’être ouvert pour se rencontrer, pour se parler et aussi pour surmonter les difficultés en cours de route. Parfois, il vaut mieux faire face à tout en dînant ensemble qu’en envoyant des lettres enflammées. Des pas sont faits et il y a certainement beaucoup plus à faire, il faut étendre le réseau. En d’autres termes, la plupart des chrétiens et des Juifs ne sont pas impliqués, parfois ils ne savent même pas qu’il existe ces relations, qu’il y a ce chemin ensemble. Il y a encore beaucoup à faire pour faire connaître et appliquer ces principes. Une chose que j’ai beaucoup apprise en dialoguant avec des Juifs, c’est que les questions sont parfois plus importantes que les réponses. C’est que je ne prétends pas et ne peux pas prétendre avoir toutes les réponses et que je ne peux donc pas aborder l’autre personne comme quelqu’un qui a trouvé toutes les réponses et qui l’aborde à partir d’une position de supériorité. Ma position est d’être un chercheur ensemble. C’est ce à quoi nous devons faire face ensemble tôt ou tard, de la manière la plus dramatique qui soit, lorsqu’il s’agit de la Shoah, l’Holocauste. Une chose essentielle est de regarder, d’être aussi sensible que possible aux engagements et aux besoins de chacun. Et puis aussi d’être ouvert, et si l’on se trompe, on peut toujours recommencer si l’intention est bonne : entrer sur la pointe des pieds dans l’environnement de l’autre, et non pas avec l’attitude de quelqu’un qui dit « je sais tout ». Enfin, en recevant ce prix, outre le sentiment de gratitude, Joseph Sievers est-il motivé par quelque chose d’autre ? Oui, en effet. Par exemple, il y a des questions ouvertes et cela me stimule à les aborder davantage. Et peut-être même que cela me donne une certaine autorité pour les aborder avec certaines personnes. Je ne sais pas si cela se produira, mais c’est aussi une incitation à poursuivre ce travail, qui n’est pas terminé, qui ne le sera jamais, mais où certaines étapes peuvent être franchies ensemble.

                                                                                                                                  Carlos Mana

Participer / Présider / Décider

Participer / Présider / Décider

Le samedi 24 juin 2023, un séminaire théologique s’est tenu à Loppiano (Incisa Valdarno, Florence), sur le thème « Participer/Présider/Décider. Racines sacramentelles et dynamiques de communion dans le parcours du peuple de Dieu en mission ». Plus de trente chercheurs ont répondu à l’invitation du Centre Evangelii Gaudium (CEG) de l’Institut universitaire Sophia pour élaborer une proposition de révision du droit canonique afin de rééquilibrer – comme l’exhorte le document de base (Instrumentum laboris) de la XIVe Assemblée du Synode des évêques – « le rapport entre le principe d’autorité, fortement affirmé dans la législation actuelle, et le principe de participation ». Puisque « toutes les discussions doctrinales, morales ou pastorales », assure le pape François, « ne doivent pas être résolues par des interventions du magistère » (Exhortation apostolique Amoris laetizia, n° 3), l’écoute du sensus fidelium de l’ensemble du peuple de Dieu (pasteurs et fidèles) dans la variété des cultures qui le composent est décisive. Le dialogue entre la théologie et le droit est donc animé par une démarche sincère d’inculturation, sans laquelle le risque est réel de poser les bases d’une méprise pratique des principes généraux énoncés par l’Église. « La question, souligne le professeur Vincenzo Di Pilato, coordinateur académique du CEG, est précisément celle-ci : comment rendre effective la participation active de tous les fidèles à nos assemblées synodales ? Restera-t-elle seulement consultative ? Ou sera-t-elle aussi délibérative ? S’agira-t-il de négocier une “concession” juridique ou de “reconnaître” la capacité de décision du sujet collectif de l’action ecclésiale telle qu’elle ressort de l’ecclésiologie de Vatican II et du magistère postconciliaire ? Et sera-t-il donc nécessaire de mettre à jour le Code de droit canonique ? » Dans son message d’ouverture aux participants, le Cardinal Mario Grech, Secrétaire général du Synode, a souligné comment le chemin synodal entre dans une nouvelle phase : il est appelé à devenir une dynamique génératrice et non pas simplement un événement parmi d’autres. On ne peut en effet écouter l’Esprit Saint sans écouter le peuple saint de Dieu dans cette “réciprocité” qui constitue le “Corps du Christ”. C’est dans ce lien communautaire que prend forme cette méthodologie particulière de la conversation dans l’Esprit, bien décrite lors de la présentation de l’Instrumentum laboris. D’où la nécessité – rappelée à plusieurs reprises par le Cardinal Grech – de mieux articuler le principe de la restitution. En d’autres termes, cela signifie que l’unité du processus synodal est garantie par le fait qu’il revient à son point de départ, à l’Église particulière, et qu’il constitue un moment important de “reconnaissance” de ce qui a mûri dans l’écoute de ce que l’Esprit dit à l’Église d’aujourd’hui. Le chemin synodal apparaît donc comme un moment significatif de la vie de l’Église, capable de stimuler et d’activer l’élan créatif et la proclamation évangélique qui naissent de la redécouverte de la relation avec Dieu qui innerve la relation entre les croyants, et aussi comme un signe pour un contexte culturel dans lequel il y a un cri silencieux de fraternité dans la recherche du bien commun. Si dans le rapport « Les problèmes de synodalité entre ecclésiologie et droit canonique » du Prof. Severino Dianich, la récupération de l’ecclésiologie paulinienne de l’être-corps du Christ et la valorisation de la co-essentialité dynamique des dons hiérarchiques et charismatiques ont émergé ; pour le Prof. Alphonse Borras, ce tournant nécessite une explication canonique, qui esquisse une praxis procédurale flexible, capable d’accompagner les processus décisionnels et participatifs à travers les différents organismes déjà prévus (conseil épiscopal, presbytéral, pastorale diocésaine, pastorale paroissiale…). Le cardinal Francesco Coccopalmerio, ancien président du Conseil pontifical pour les textes législatifs, s’est inscrit dans cette ligne lors de son intervention « Synodalité ecclésiale : un passage rapide du consultatif au délibératif est-il envisageable ? » Selon lui, il est possible de trouver dans le droit canonique une définition claire de la synodalité, entendue comme « communion des pasteurs et des fidèles dans l’activité de reconnaissance de ce qu’est le bien de l’Église et dans la capacité de décider comment mettre en œuvre le bien identifié ». A l’issue du séminaire, la proposition a été faite par beaucoup de mettre à disposition les résultats obtenus par la publication des interventions. Le CEG y travaille déjà afin que cela advienne d’ici septembre en tant que contribution supplémentaire au prochain Synode.

Antonio Bergamo

Japon : le Projet CommuniHeart

Au Japon, un groupe de femmes de différentes religions a mis sur pied le “Projet CommuniHeart”, un projet de prévention du suicide, axé sur la conscience de soi, la communication et le soutien d’une communauté. Le Projet CommuniHeart est un projet promu par ‘’Religions pour la Paix’’ Japon (Conférence Mondiale des Religions pour la Paix). https://youtu.be/pRf6Q_gNlYU

Vers un serment éthique pour le monde numérique

Vers un serment éthique pour le monde numérique

Le niveau atteint par les intelligences artificielles nous pose de nouvelles questions éthiques : comment promouvoir un développement technologique respectueux de l’homme ? Call to action (Appel à l’action) pour les développeurs et les innovateurs du monde numérique. Un horizon qui nous concerne tous.

Juin 2023, Institut universitaire Sophia : sur l’écran de l’Aula Magna, une hôtesse numérique ouvre élégamment le séminaire « Towards a Digital Oath / Vers un serment numérique ». Nous franchissons un seuil : les préparatifs sont en cours depuis un certain temps, mais l’accélération de ces derniers mois dit quelque chose de nouveau. Promu par une plateforme d’acteurs – le centre de recherche Sophia Global Studies, le Movimento Politico per l’Unità, NetOne, New Humanity et Digital Oath -, la rencontre vise à aborder les questions les plus urgentes du monde numérique sous différentes perspectives : philosophique, technologique, éthique, social, politique, jusqu’à discuter de la proposition d’un « serment » qui pourrait représenter quelque chose d’analogue au serment d’Hippocrate des médecins pour ceux qui travaillent dans le monde numérique. D’où vient ce besoin ? Avec quels objectifs ?

Le monde technologique tend à changer rapidement et, de plus en plus, à une vitesse qui dépasse notre capacité d’adaptation. La complexité des machines et des systèmes qui structurent la réalité affecte non seulement notre façon de vivre, mais aussi notre façon de voir le monde et de penser l’avenir. Le niveau atteint par les « intelligences artificielles »- IA, voit l’émergence, à côté de l’enthousiasme pour leurs capacités opérationnelles, d’une inquiétude générale quant aux nouvelles possibilités ouvertes par ces systèmes et aux effets qui peuvent résulter de leur utilisation malveillante.

La diffusion récente du ChatGPT (novembre 2022) et de tous ses dérivés a massivement rapproché les IA de notre vie quotidienne, soulevant de nouvelles questions de sens liées à la compréhension de ce qui est humain et de ce qui ne l’est pas. Sur la scène mondiale, l’évolution de ces dispositifs a produit une certaine désorientation, non seulement parce que leur utilisation semble être à la portée de tous, mais surtout parce qu’ils démontrent qu’ils font quelque chose qui était auparavant l’apanage des êtres humains, avec des capacités quantitativement supérieures. Le fait que nous soyons confrontés à des systèmes qui ne sont pas « intelligents » au sens humain du terme et qui gèrent leur base de connaissances par des calculs statistiques ne change rien au résultat final : le sentiment de ne plus être les auteurs de choix fondamentaux, concurrencés par des machines qui sont un peu moins des « outils » et un peu plus des « compagnons de travail ».

A ces questions, le séminaire « Vers un serment numérique / Towards a Digital Oath » a ajouté un thème central : s’interroger sur l’éthique des technologies, c’est s’interroger sur l’humain. En effet, nombreux sont ceux qui considèrent le développement technologique comme l’activité humaine qui nous caractérise le plus. En effet, les technologies numériques, et en particulier l’IA, sont celles qui reflètent plus que d’autres, comme dans un miroir, notre façon d’être et de comprendre l’existence. Les crises du siècle dernier (valeurs, environnementales, sociales et politiques) leur sont étroitement liées et nous disent que le développement technologique doit s’accompagner d’un engagement éducatif tout aussi déterminé, afin que toutes les formes de progrès puissent être guidées par une conscience éthique plus profonde. Le sens d’un « serment » pour le monde numérique va précisément dans ce sens. Le programme des premiers jours de juin a réuni des experts qualifiés (lien vers le programme). Après une première présentation générale des technologies numériques actuelles, le débat a porté sur les risques et les réglementations liés à leur utilisation en Italie et dans l’UE, aux États-Unis, au Brésil et en Chine, mêlant solutions technologiques et questions politiques, réflexions philosophiques et phénomènes sociaux. « Il est nécessaire de rendre visible et de souscrire à un engagement concret et universellement partagé », explique Fadi Chehadé, ancien PDG de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) et promoteur du « serment » pour une éthique du monde numérique, professeur invité à l’Institut Sophia, « avec lequel les développeurs, les techniciens et les utilisateurs des technologies numériques peuvent fermement ancrer leur travail sur une approche centrée sur l’humain ». Fadi Chehadé a accompagné les premières étapes du parcours depuis novembre 2019, lorsqu’un premier groupe s’était réuni à Trente (Italie) pour donner forme au projet. Par la suite, le groupe promoteur a impliqué des chercheurs de différents pays et a participé à la consultation publique promue par l’ONU pour le Global Digital Compact 2024.

Aujourd’hui, l’objectif du Digital Oath est précis : suggérer des lignes directrices et motiver éthiquement les développeurs et les innovateurs du monde numérique à se concentrer sur la dignité et la qualité de vie des personnes et des communautés, sur le sens humain de l’existence et sur le respect des droits fondamentaux et de l’environnement. « La proposition de traduire, pour ainsi dire, le Serment d’Hippocrate pour le monde numérique », rappellent les promoteurs de la conférence, « est déjà apparue dans diverses études internationales, qui soulignent l’urgence de la question et la responsabilité de ceux qui créent et gèrent des services numériques et administrent des données. On pense non seulement aux nouveaux réseaux neuronaux, mais aussi aux réseaux sociaux, ou aux crypto-monnaies… Notre travail rejoint celui d’autres réseaux : il s’agit maintenant d’unir nos efforts pour une coalition entre universités, le secteur privé et les organisations engagées dans la rédaction d’un code d’éthique, d’un protocole d’autorégulation dont des personnes, des sociétés et l’environnement pourront bénéficier ».

Une première formulation du serment est disponible pour tous sur le nouveau site web du Digital Oath et les inscriptions affluent ; le texte est ouvert aux suggestions et aux modifications avec une élaboration progressive. Le site inclura également bientôt les enregistrements et les documents du Séminaire. Bien que le chemin soit certainement ascendant, nous sommes nombreux à marcher : c’est un horizon qui nous concerne tous.                                                                                                                                                                                                                               Andrea Galluzzi

Œcuménisme : synodalité et primauté au deuxième millénaire et aujourd’hui

Œcuménisme : synodalité et primauté au deuxième millénaire et aujourd’hui

La Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe a tenu sa quinzième session plénière du 1er au 7 juin 2023 à Alexandrie (Égypte), accueillie par le Patriarcat grec orthodoxe d’Alexandrie et de toute l’Afrique, et est parvenue à un accord sur un nouveau document intitulé « Synodalité et primauté au deuxième millénaire et aujourd’hui ». Notre entretien avec le théologien Piero Coda, présent à la réunion. Mgr Coda, pouvez-vous nous dire ce qu’a été cette rencontre, qui y a participé et quel était son objectif principal ? Il s’agissait de la 15ème session plénière de la « Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe » qui s’est tenue à Alexandrie, en Égypte, sous la présidence du Métropolite Job de Pisidie (Patriarcat œcuménique de Constantinople) et du Cardinal Kurt Koch (Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens), avec l’hospitalité cordiale du Patriarche Théodoros II d’Alexandrie. Il s’agissait de compléter la phase de dialogue inaugurée par le document de Ravenne (2007), qui prévoyait, après la mise au point du cadre théologique commun aux orthodoxes et aux catholiques sur l’interdépendance dans la vie de l’Église de la synodalité et de la primauté, l’examen historique de la situation vécue au premier millénaire, proposé par le document de Chieti (2016), pour arriver à la description de la situation vécue au deuxième millénaire, objet du document approuvé à Alexandrie. En raison des vicissitudes bien connues qui agitent le monde orthodoxe, le Patriarcat de Russie a abandonné les travaux de la Commission. Les représentants des Patriarcats d’Antioche, de Bulgarie et de Serbie étaient également absents d’Alexandrie, tandis que les 10 délégations restantes des autres Patriarcats (Constantinople, Alexandrie, Jérusalem, Roumanie, Géorgie) et des Églises autocéphales (Chypre, Grèce, Pologne, Albanie, Tchécoslovaquie et Slovaquie) étaient présentes. Dans quels termes peut-on parler de synodalité dans la sphère œcuménique et quelles sont les considérations qui se dégagent du passé ? Le thème est illustré dans l’introduction : « Le présent document considère l’histoire troublée du deuxième millénaire (…) il s’efforce de donner autant que possible une lecture commune de cette histoire et offre aux orthodoxes et aux catholiques l’occasion de s’expliquer mutuellement sur divers points, afin de promouvoir la compréhension et la confiance mutuelles qui sont des conditions préalables essentielles à la réconciliation au début du troisième millénaire. » Il en résulte une compréhension plus claire et plus partagée des motifs qui ont conduit – souvent pour des raisons de nature historico-politique plutôt que théologique – à favoriser une distance qui a non seulement empêché les tentatives de réconciliation au cours des siècles de porter leurs fruits, mais qui a exacerbé les interprétations polémiques envers l’autre partie et le durcissement apologétique de sa propre position. Il faut noter que l’ouverture à une situation nouvelle marquée par le rapprochement opéré au XXème siècle est à valoriser : elle favorise une évaluation plus pertinente de la signification réelle et du poids théologique de ce qui fait encore obstacle à l’unité pleine et visible. Quelles sont les perspectives d’avenir ? Le document souligne que le “retour aux sources” de la foi et la stratégie du dialogue de la charité entre les “Églises sœurs” promues, dans le sillage de Vatican II, par Paul VI et le Patriarche Athénagoras sont décisifs. L’engagement actuel de l’Église catholique, poursuivi avec ténacité par le pape François, de redécouvrir et de réactiver le principe de synodalité stimule également l’espoir. Dans quelle direction allons-nous ? Le document souligne que « l’Église n’est pas correctement comprise si on la voit comme une pyramide, avec une primauté la gouvernant d’en haut, mais elle n’est pas non plus correctement comprise si on la considère comme une fédération d’Églises autosuffisantes. Notre étude historique de la synodalité et de la primauté au cours du deuxième millénaire a montré l’inadéquation de ces deux visions. De même, il est clair que pour les catholiques, la synodalité n’est pas simplement consultative et que pour les orthodoxes, la primauté n’est pas simplement “honorifique “.» L’interdépendance entre synodalité et primauté, donc – c’est le point établi -, est « un principe fondamental dans la vie de l’Église. Elle est intrinsèquement liée au service de l’Église aux niveaux local, régional et universel. Cependant, le principe doit être appliqué dans des contextes historiques spécifiques (…) Ce qui est requis dans de nouvelles circonstances, c’est une application nouvelle et correcte du même principe. » Cette perspective ouvre la voie à la poursuite du voyage et à l’ouverture d’une nouvelle phase.

                                                                          Carlos Mana e Maria Grazia Berretta (photos: ©Dicastero per la promozione dell’Unità dei cristiani)

Vivre la prière

Entrer dans la prière signifie retrouver le coeur de la rencontre entre le “moi” et la présence de Dieu dans notre vie. Chiara Lubich, Pasquale Foresi et Igino Giordani, avec des mots qui, aujourd’hui deviennent toujours plus actuels, tracent les lignes d’une spiritualité civile, accessible à tous, vécue dans les rues des villes du monde entier. 

 

Je me suis rendu compte que l’époque moderne demande une prière un peu particulière. […]. Autrefois on pensait que le monde et le cosmos étaient immobiles, fixes. L’homme devait donc trouver Dieu à travers les étoiles, à travers les fleurs, […] donc à travers la contemplation, la paix, l’union à Dieu, dans des moments de recueillement, de prière à l’Église, devant le Saint Sacrement… […] À présent, en revanche, on voit que le monde évolue, qu’il se transforme : tout change. […]  L’homme est entrainé dans ce mouvement, il est engagé dans cette course vers la perfection. Alors il ne peut plus rester immobile à contempler, l’homme est appelé, […] à participer avec Dieu à cette évolution, à cette création. C’est pourquoi tout ce que vous faites à l’école, au bureau, à l’usine, revient à construire le monde avec Dieu créateur, faire évoluer le monde. Cependant nous devons le faire évoluer en ayant bien conscience que nous participons à la Création de Dieu, et donc que notre Œuvre est une œuvre sacrée. Nous sommes un bras de Dieu créateur qui va de l’avant, qui construit le monde.

Chiara Lubich (Castel Gandolfo, 25 février 1989 dans “le souffle de l’âme” préparé par Fabio Ciardi, Nouvelle Cité, 2023, p.66)

  Une forme de prière très importante, on peut l’avoir au travail. Je pense surtout aux ouvriers dans les usines, à toutes les personnes qui, durant la journée, sont exténuées, avec une fatigue qui enlève presque la faculté même de penser et donc, dans un certain sens, de prier. Si le matin, par une simple intention, nous offrons notre vie quotidienne à Dieu, nous vivons profondément, durant toute la journée en relation avec Dieu. Et selon moi, lorsque le soir, ces ouvriers, même pour de courts instants parce que fatigués, pourront se recueillir avec Dieu, ils trouveront l’unité avec Lui : ils la trouvent parce qu’ils ont vécu tout leur travail en relation avec Lui. Et c’est ce qu’il y a de plus important : être en relation étroite avec Lui. Et c’est, au fond, ce que l’humanité est prête à entendre aujourd’hui : c’est-à-dire que tout l’univers et tout ce qui s’y accomplit, pris dans un sens religieux, puisse se transformer en une grande prière que le monde élève vers Dieu.

Pasquale Foresi (in “Dio ci chiama. Conversazioni sulla vita cristiana” Città Nuova, 2003, p.116) 

  Ce matin, il m’a semblé que je m’étais rapproché de Dieu. Jamais, je crois, je ne l’avais senti aussi proche. Ma joie a été et reste grande. Je sens que j’ai trouvé un libre accès pour aller à Lui ; et mon intention est de ne plus jamais m’éloigner. J’ai surmonté, par la grâce de Dieu, les obstacles qui m’empêchaient de m’accrocher à la terre. Désormais, je suis sur terre et j’habite au ciel (mon ambition est grande, mais Sa miséricorde l’est encore plus. Je l’aime infiniment). Les impulsions de vanité, de préférences dans les amitiés ne me freinent plus. Je vais directement à Dieu, en me débarrassant de ces oripeaux. Les hommes peuvent me trahir, me calomnier, me tuer : mais j’ai Dieu, et je les aime indépendamment d’eux. J’appartiens à Dieu. Je n’ai besoin de rien d’autre.

Igino Giordani (in “Diario di Fuoco“, Città Nuova, 1992, p.196)

Activer les sous-titres français https://youtu.be/nLK39FnIrOw

SPARKS (le podcast) : histoires de changemakers cheminant parmi nous

SPARKS (le podcast) : histoires de changemakers cheminant parmi nous

Est publié aujourd’hui le premier épisode du  nouveau podcast produit par United World Project. Il raconte des histoires d’acteurs de changement – changemakers ayant décidé  de se lancer dans une activité nouvelle, sous le coup d’une étincelle qui les a poussés d’agir pour rendre leur société meilleure.

Une étincelle peut inspirer le changement

Aujourd’hui, 16 juin 2023, United World Project est heureux de vous présenter un nouveau podcast en anglais: Sparks (Étincelles). Dans chaque épisode, nous raconterons des histoires de  changemakers, de  différentes parties du monde, qui ont donné vie à un projet, une entreprise ou une activité, après avoir été inspirés par  une « étincelle »: une petite lumière qui a occasionné la contagion de beaucoup d’autres personnes.  Chacune d’elles, chacun d’eux nous emmènera dans son pays, pour nous plonger dans  sa culture et nous raconter comment son projet a commencé.  Il n’est pas besoin d’être Greta Thunberg ou Ghandi pour engager un changement. Nous croyons que chacun de nous peut faire la différence.  Peut-être à peine une étincelle suffit-elle !

Le premier épisode : Giving back to society one jar at a time

Restituer à la société, pas à pas.  Nous avons tous de grands rêves. Celui de Mabih était de travailler aux Nations Unies et pendant des années, elle a tout fait pour y parvenir.  Mais cela n’a pas été comme elle l’espérait. En 2019, elle a réalisé que son rêve, poursuivi en vue d’aider les autres, n’était peut-être qu’un désir personnel de pouvoir s’affirmer dans la société.  Ainsi, en laissant à ce rêve la possibilité de se transformer, sa vie a changé d’une manière jamais imaginée auparavant.  Aujourd’hui, à 38 ans, Nji Mabih est à la tête d’une petite entreprise et vit au Cameroun. Pour continuer à lire, cliquez ici. Pour écouter l’épisode immédiatement sur Spotify, cliquez ici !  Si vous préférez écouter des podcasts sur d’autres plateformes, vous pouvez également trouver “Sparks” sur Apple Podcast, Google Podcast, Amazon Music et Audible. Bonne écoute!

Laura Salerno

Évangile vécu : « Vivez en paix et le Dieu de l’amour et de la paix sera avec vous » (2 Co 13, 11).

Laisser Dieu habiter en nous : c’est le point de départ pour conserver et témoigner dans la joie, la valeur inestimable de l’unité et de la paix, dans la charité et la vérité ; pour s’enrichir et être des semences de bien et de fraternité pour le monde. Sans mesurer la haine Je vis dans une petite ville d’Ukraine, à la frontière de la Slovaquie. Les bombes n’arrivent pas jusqu’à chez nous, mais bien leurs terribles conséquences : des personnes déplacées avec leurs besoins, la nécessité de torches et de bougies, de médicaments, de couvertures… Une grande obscurité s’est abattue sur notre pays. Les nouvelles de ceux qui trahissent, de ceux qui s’enrichissent dans ces situations dramatiques, de ceux qui exploitent les autres, des chacals… sont à l’ordre du jour : le mal, quand il triomphe, n’a pas de règles, pas de limites. Mais malgré tout, il se passe quelque chose d’autre : les gens d’ici sentent qu’ils partagent la douleur des autres et cherchent des solutions. Dans les familles, le besoin de chaleur, de protection, de solidarité est revenu. J’assiste à ce paradoxe d’une guerre du mal et du triomphe du bien. On se raconte l’histoire de Chiara Lubich et des premières personnes qui l’ont suivie: elles aussi ont commencé pendant une guerre et n’ont pas mesuré la haine, mais ont allumé le bien, qui s’est ensuite répandu partout. En vérité, les forces du mal ne l’emporteront pas. Notre gratitude est une véritable prière qui s’élève vers le ciel comme un chant de louange au Dieu Amour. (S.P. – Ukraine) Une chaîne d’amour Dans la salle d’attente de mon salon de coiffure, l’échange de nouvelles est habituel entre les clientes et comme je n’avais pas vu depuis un petit temps, une dame âgée, Madame Adèle, qui venait périodiquement chez nous, j’ai demandé à l’une d’entre elles de me donner de ses nouvelles. J’ai ainsi appris qu’Adèle était gravement malade et, poussée par le désir de la revoir, j’ai décidé de lui rendre visite un jour.  J’ai retrouvé Madame Adèle, seule et sans famille, dans un état d’abandon total, et j’ai immédiatement lancé un appel à l’aide, cherchant quelqu’un parmi mes clientes qui aurait pu lui tenir compagnie. Une belle compétition s’est engagée parmi mes clientes jusqu’à ce que, très rapidement, le fils de l’une d’entre elles réussisse à la placer dans un foyer d’accueil qui assurait assistance et soins. J’ai moi aussi proposé mes services de coiffeuse, non seulement à Adèle, mais aussi à toutes celles qui le souhaitaient. L’histoire d’Adèle m’a montré qu’il suffit de commencer par des actes concrets de charité ; la chaîne de l’amour se répand alors rapidement et efficacement. (F.d.R. – Italie) Une école de la solidarité Dans le désert, à l’extérieur d’une ville de l’Égypte où je me trouve, vivent 1 000 personnes atteintes de la lèpre. Il y a quelques années encore, personne ne connaissait l’existence de cette colonie. Nous sommes allés vérifier la situation et nous avons découvert que ces personnes manquaient de tout. Même les médecins n’allaient pas les voir. Après avoir pris des dispositions avec Caritas, nous avons ouvert notre groupe à d’autres jeunes chrétiens et musulmans avec lesquels nous nous rendons maintenant sur place les jours de congé. Deux d’entre nous, étudiants en médecine, sont impliqués dans les soins médicaux et se sont donc tenus au courant des méthodes de traitement de la lèpre. D’autres se sont portés volontaires pour repeindre des maisons et les rendre plus habitables. Un jeune journaliste a publié quelques articles dans divers journaux et magazines afin d’informer et de sensibiliser le plus grand nombre au problème. Et surtout, nous avons réalisé que les malades de cette colonie ont besoin d’une écoute qui est presque plus importante pour eux que les médicaments. Cette expérience est devenue pour nous une véritable école : elle nous fait prendre conscience que chacun d’entre nous peut apporter quelque chose aux autres. (H.F.S. – Egypte)

                                                                                                                                                            Maria Grazia Berretta

(extrait de : «  Il Vangelo del Giorno », Città Nuova, année IX – no.1 mai-juin 2023)