Pour la première fois, j’ai assisté à un concert de musique classique au milieu d’une bataille. A Alep, il arrive qu’au milieu de la mort, une voix s’élève, celle de la paix, parmi toutes les autres qui annoncent la guerre, afin de soulager les âmes et oublier pour quelques instants, la mort et le froid. C’est comme un chapitre d’une tragédie moderne qui rappelle la mythologie grecque. Avec peu de moyens, le Père Elias Janji avec la chorale Naregatsi et la pianiste, ont présenté des extraits de Verdi, Mozart, Vivaldi et Karl Orf, dans une église bondée, malgré le froid polaire qui envahit Alep ces jours-ci, élevant nos esprits vers un autre ciel. Et penser qu’à quelques jets de pierre de là, la tragédie continue avec des missiles lancés par Alep Est sur Alep Ouest, tuant des enfants dans les écoles et des personnes innocentes, alors que dans la partie Est de la ville, l’attaque de l’armée syrienne continue. Des milliers de personnes (on parle de 60.000 jusqu’à aujourd’hui) ont réussi à s’échapper d’Alep Est et à se réfugier dans la zone Ouest. Ils racontent comment beaucoup ont été pris en otages et qu’à d’autres, alors qu’ils s’échappaient, ils ont tiré dans le dos en tuant plusieurs personnes ; d’autres encore couraient au milieu des tirs en portant sur les épaules, la grand-mère ou d’autres membres âgés de la famille. Certains par contre sont contents parce que finalement, quelques-uns ont pu retourner dans leurs maisons libérées ces jours-ci alors que l’armée a pris possession de la station de pompage de l’eau de toute la ville, même si elle est minée. On prévoit que d’ici un mois, quand les techniciens auront fini leur travail, l’eau reviendra dans toute la ville. Ainsi se terminera un chapitre de la tragédie mais je pense que certainement, il y en aura d’autres. Le 4 décembre, on se souvient de Sainte Barbara, la jeune fille martyre des premiers siècles du christianisme, transpercée d’une épée par son père parce que, croyant en Jésus, elle n’avait pas accepté d’adorer un autre Dieu. Une grande fête pour les chrétiens d’Orient et donc, malgré la guerre, adultes et enfants se sont rassemblés pour la fêter, masqués et chantant son histoire, une histoire qui – malgré les siècles – a peu changé. Et on en arrive à se demander ce qui est resté de l’homme et desa dignité ? Que va-t-il se passer maintenant ? La guerre finira à Alep, redonnant la tranquillité aux gens qui ont tant souffert, même si on se retrouvera avec une grande partie de la ville détruite ? La population est fatiguée et veut que le conflit se termine, mais les groupes armés ne s’avouent pas vaincus et veulent combattre jusqu’au bout. Malgré l’appel de l’envoyé spécial de l’ONU, Staffan De Mistura, à tous les groupes à quitter la ville et à épargner la vie des gens qui autrement, paieront avec un nombre très élevé de victimes, selon la logique de la guerre ! Mais comment oublier qu’à la fin, c’est l’homme qui meurt, puisque chacun, bon ou mauvais, est à l’image de Dieu, même si celle-ci est ensevelie sous mille vices et méchancetés. Avec Noël qui frappe aux portes, demandons alors que ce ne soit pas seulement se souvenir d’un fait passé avec les festivités habituelles, mais que l’arrivée du ’’Prince de la Paix’’ change quelque chose dans les cœurs et dans les gestes de nous tous et qu’ils deviennent des petites pierres dans la construction d’un monde meilleur que tous nous rêvons. De Alep, Pascal Bedros
Erminio Longhini naît à Milan le 19 juillet 1928. Il épouse Nuccia Longhini et tous deux donnent naissance à Michela, Matteo et Stéfano. Dès le début de leurs études de médecine, Nuccia et Erminio entendent mettre la personne au centre de leur profession. “Depuis mon enfance – raconte-t-il lui-même – j’ai éprouvé un fort attrait pour la Vierge Marie ». C’est peut-être en raison de cette dévotion filiale envers « une mère aussi belle », que malgré les nombreuses obligations professionnelles, il se propose d’accompagner les voyages des malades à Lourdes. Sérieux, très consciencieux, exigeant, il vit de nombreuses années de dur sacrifice : il travaille depuis l’aube jusque tard dans la nuit, soit auprès des malades comme médecin-chef à l’hôpital, soit en se consacrant à la recherche. Mais son âme aussi est en recherche. Il ressent, ainsi que Nuccia, le besoin d’une spiritualité qui accompagne leur vie de famille et trouvent la réponse dans celle des Focolari : Dieu-Amour. Erminio veut se donner complètement à Lui et se mettre à Son service dans les frères qu’il rencontre. Il devient focolarino marié. Grâce à des dons généreux, il met sur pied un service de médecine interne équipé d’un matériel d’avant-garde. Il y accueille de jeunes diplômés italiens, mais qui proviennent aussi des Pays en voie de développement, afin qu’ils puissent se former. Il réussit à motiver ses collègues et le personnel infirmier : le département médical qu’il dirige devient l’un des meilleurs pour la qualité des relations humaines tout comme pour celle des compétences techniques. Il produit des centaines de publications en matière de recherche médicale. Erminio comprend toujours plus qu’il ne suffit pas de soigner la maladie, mais la personne.En collaboration avec l’Université Catholique, il réalise une recherche auprès de 40 établissements hospitaliers : il en ressort que le plus grand malaise des malades consiste dans la dépendance d’autrui. Et voilà qu’il a une idée lumineuse qu’il communique aussitôt à sa femme et à quelques collaborateurs : « Pourquoi ne pas donner un peu de notre temps pour que s’instaure avec nos patients une relation humaine, un échange fondé sur l’amour d’autrui ? » Non sans obstacles ni difficultés, Erminio réussit à mettre en piste les premiers 30 volontaires disposés à s’occuper des patients en dehors des temps réservés aux soins. « Qu’est-ce que j’ai cherché à leur transmettre ? – explique-t-il. Ce que j’avais appris de Chiara Lubich: la réciprocité». De ce premier groupe naît en 1976 l’AVO (Association de Volontaires Hospitaliers), une initiative encouragée non seulement par Chiara, mais par les cardinaux de Milan, Colombo et Martini et par Saint Jean-Paul II lui-même qui, au cours d’une audience donnée aux 7000 volontaires de l’Association, dit à Erminio : « Je suis heureux, dites à vos amis de poursuivre ainsi ». Après la mort éprouvante de son épouse, Erminio cultive encore davantage la douceur et son abandon en Dieu. Contraint à de continuelles hospitalisations et devant subir des transfusions toujours plus fréquentes, il confie : « Je me sens comme une feuille d’automne un jour de vent. Il semblerait plus désirable que survienne le soir de ma vie. Puis je comprends que là se cache une tentation et le matin je perçois qu’il m’est donné de vivre un autre jour et que la vie consiste à vivre le moment présent, en mettant le passé dans la miséricorde de Dieu et l’avenir dans son espérance ».Entre temps l’AVO se diffuse dans toute l’Italie et compte aujourd’hui 25000 bénévoles répartis dans 250 hôpitaux. Pour son engagement, en 2004 le Président de la République Italienne a remis à Erminio la Médaille d’Or du Mérite de la Santé. Jusqu’au bout il continue à former spirituellement les bénévoles à l’aide de textes écrits ou de messages vidéo. Au cours des derniers mois, son tableau clinique n’est pas vraiment rassurant, mais il demeure serein : « Je remercie Dieu parce que durant ma vie j’ai reçu beaucoup plus que tout ce que je pouvais imaginer. Je remercie la Vierge et tous les soirs je conclus mes prières en lui disant : puisses-tu venir toi-même, pour ma plus grande joie. Je t’entendrai et je te verrai ». Le 4 novembre dernier il s’est éteint sereinement. Tous ceux qui l’ont connu et aimé sont sûrs que tout s’est passé comme il le désirait, comme une récompense après une vie toute imprégnée d’Évangile ». Anna Friso
Jorge López e Alberto García (Regnum Chisti), Jesús Morán (Focolari)
”L’actualisation du propre charisme” – s’étaient dit les représentants de Regnum Christi et des Focolari suite à la rencontre entre Mouvements et Communautés Nouvelles en février dernier à Paray Le Monial (France) – ”est une tâche nécessaire, essentielle. Un engagement pour pouvoir répondre aux défis actuels”. Le dialogue s’est ensuite élargi sur l’ urgence d’identifier de nouvelles et plus efficaces approches avec la culture, aujourd’hui en mutation continuelle. L’intensité avec laquelle ces sollicitations ont été captées par les deux Mouvements a été telle, qu’une journée entière a été fixée dans l’agenda pour la passer ensemble à partager les propres expériences et demander ensemble une protection toute particulière de l’Esprit Saint afin d’identifier les bonnes directions à suivre. Les intentions qui ont donc amené la rencontre du 26 novembre à Rocca di Papa (Rome) entre 22 représentants de regnum Christi et 29 des Focolari n’étaient donc ni l’étude de nouvelles stratégies, ni le recours à des experts. Simplement le souhait d’un échange entre frères, une communion cœur à cœur dans la synodalité, car plus on s’ouvre l’un à l’autre, plus s’intensifie la présence de l’Esprit Saint. Une communion faite de prière, de dialogues fraternels, de communications, celles-ci aussi offertes comme un cadeau. A Mgr. Vincenzo Zani, Secrétaire de la Congrégation pour l’Éducation Catholique, a été confiée la relation principale. Celui-ci, s’inspirant des textes magistraux, a tracé un parcours de l’évangélisation de la culture basé sur ”la mystique de la fraternité” (cf. E.G.) et sur la force transformatrice des charismes. ”Leur coessentialité au charisme pétrinien – a-t-il expliqué – ”les rend capables de renforcer l’invitation de l’Église à avoir une vision positive de la culture, dans la mesure où ”la grâce suppose la culture” (E.G.115).
D. Edoardo Robles Gil, Directeur général des Légionnaires du Christ, avec Jesús Morán et Mgr. Vincenzo Zani.
D’autres points lumineux ont été les deux interventions sur l’actualisation du Charisme. Jesús Morán coprésident des Focolari, a parlé de ”fidélité créative” :”L’Esprit est toujours nouveauté et continue à faire date”. Il faut être parfaitement enracinés dans la tradition, a réaffirmé Morán, mais ”l’être aujourd’hui”. Jorge López, membre du Comité Général et Responsable général des laïcs consacrés de Regnum Christi, a rappelé que ”le sujet autorisé à l’actualisation du Charisme, c’est l’Église. Et nous le sommes en tant qu’Église”. Il a ensuite confié que, ”paradoxalement, c’est justement notre pauvreté qui nous rend davantage capables d’accomplir notre mission, selon le modèle de la Vierge”. Également intéressantes les expériences d’évangélisation de la culture : quatre projets, deux présentés par Regnum Christi et deux par les Focolari – répondant à des défis cruciaux d’aujourd’hui dans le domaine de l’Éducation. Il y a deux constantes : travailler ensemble en faisant un réseau et le rapport entre culture et vécu. Plastique et efficace, l’image partagée par Marta Rodriguez, directrice de l’Institut de la Femme (Athénée Pontifical Regina Apostolorum) :”Le pont entre Jésus Christ et la culture sécularisée est le cœur de la personne. Nous devons regarder les autres à partir du cœur du Christ, dans l’offrande à Dieu de notre vie”.Le dialogue a encore continué au cours du repas, augmentant ainsi la connaissance fraternelle. En guise de conclusion l’après-midi, un échange en séance plénière. Rien de préparé. Et c’est peut-être justement pour cela que Quelqu’un a pu prendre la régie en main, faisant ainsi expérimenter aux personnes présentes, cette ”mystique de la fraternité” dont parle le pape François dans l’ Evangelii Gaudium. S’exprimant avec exactitude, essentialité et ouverture totale, un à un ont été parler au micro. En ce moment également, la tâche de chacun était mise en évidence, illuminée par ce que l’Esprit Saint avait révélé jusque là. Il était impossible de distinguer qui appartenait à un Mouvement ou un autre. C’était probablement ce qu’expérimentaient les premiers chrétiens lorsqu’ils disaient s’être sentis ”un seul cœur et une seule âme”(At 2,42-48). Tout était de tous, dans la gratitude et la joie d’une réciprocité qui respirait l’Évangile. Jusqu’aux questions et aux craintes qui, bien présentes, (comment éduquer dans l’ère digitale ; comment réussir à maintenir vivante l’identité et la mission ; etc.) trouvaient une réponse dans les interventions qui se succédaient . Confiants et conscients que les charismes concernent l’histoire et donc le sont aussi dans le devenir technologique, dans un constant dialogue avec l’Éternel et totalement ouverts à celui qui n’a pas la foi et a des convictions différentes. ”Ensemble” est la condition essentielle pour ”sortir”, là où Dieu voudra. Chacun a besoin de l’autre, en se laissant surprendre par Lui. Anna Friso
A Coroado, en périphérie de Manaus (capitale de l’État d’Amazonas) le mur d’enceinte du Centre Social Roger Cunha Rodrigues a été fortement endommagé par les pluies catastrophiques de ces derniers temps. Un mur qui sépare et protège le Centre de la dure réalité de la drogue et de la violence qui se déroule dans le quartier. Né dans les premières années ’90, par le travail de quelques personnes des Focolari, ce centre à commencé à fonctionner sous le signe de l’accueil et de l’inclusion sociale avec une école maternelle et primaire, mais très rapidement, il s’est transformé en un véritable Centre Social, ouvert matin et après-midi. Justement pour garantir, aux enfants et aux adolescents de la région, par le biais d’activités éducatives et ludiques, le droit fondamental d’une croissance harmonieuse et intégrale pour soutenir aussi leurs familles. Financièrement, il fonctionne avec la générosité de beaucoup, surtout avec le soutien d’AFNonlus qui, en plus de l’instruction, permet d’offrir aux enfants, la nourriture et les soins médicaux. Elles sont en effet plusieurs, les activités qui se succèdent, comme l’étude – en collaboration avec la faculté de Psychopédagogie de l’Université Fédérale d’Amazonas – pour identifier et surmonter les difficultés d’apprentissage de quelques ados ; ou bien le projet élaboré par des étudiants en Pharmacie pour aider les enfants et les familles à acquérir des notions d’hygiène, une alimentation correcte, et le soin de la personne. On a également fait une recherche sur les maladies infectieuses à travers des prises de sang et des thérapies en conséquence pour les pathologies rencontrées. Ensuite, n’ont pas manqué au tableau, des programmes de prévention à la drogue et de lutte contre l’exploitation du travail des enfants, alors que pour les parents, sont mis à la disposition, des cours de formation professionnelle en collaboration avec le Centre d’Éducation Technologique de l’État d’Amazonas. «Au cours des années – racontent les référents du projet, Jeanne et Carlos – , nous avons conçu des ateliers d’histoires racontées, de théâtre et d’alphabétisation littéraire. Nous avons réussi à réaliser un programme pour la formation d’adolescents et de jeunes à l’affectivité et à la sexualité». La dernière réussite, c’est encore Janine et Carlos qui nous la racontent : « La crise économique rend de plus en plus difficile la situation de notre région. Par exemple, une institution qui depuis presque 10 ans offrait un cours d’informatique a dû interrompre la collaboration. Quelques parents des enfants sont en train de perdre leur boulot. Nous n’avions pas les moyens financiers pour peindre notre mur autour du Centre qui avait pris une allure lugubre et même menaçante car souvent dégradé par des vandales. Est alors née l’idée de s’adresser au Tribunal de Justice de Manaus, proposant une partnership portant le titre :”Colorons le mur”. La proposition, qui a été bien accueillie, consistait à décrire avec la peinture, l’expérience et les valeurs que nous vivons avec les enfants dans le Centre Social et à donner une atmosphère de joie et d’harmonie à notre quartier. Nous voulions que les enfants soient les protagonistes de ce projet, ainsi avons-nous recueilli leurs dessins afin qu’ils soient ensuite reproduits sur le mur d’enceinte ». Le nouveau mur restauré et peint, a été inauguré le 27 octobre dernier. « Cela a été pour nous un moment de grande joie – déclarent Janine et Carlos – car cette reconnaissance de la part du Tribunal, non seulement conforte le travail du Centre, mais nous donne la possibilité de porter encore mieux de l’avant le projet. Nous remercions d’une manière particulière aussi les nombreuses personnes qui généreusement nous soutiennent en donnant aux enfants et aux adolescents, ces opportunités de connaissance et de développement qui leur permettront de prendre en main leur propre vie et de devenir des femmes et des hommes nouveaux ». Giovanna Pieroni
Le verbe est au présent : il vient. Pourquoi attendre demain ou la fin des temps ? Dieu agit tout de suite. Le prophète Isaïe s’adressait à un peuple qui attendait avec anxiété la fin de l’exil et le retour dans son pays. En ces jours d’attente de Noël, rappelons-nous la promesse semblable adressée à Marie : « Le Seigneur est avec toi » (Lc 1,28). L’ange lui annonçait la naissance du Sauveur. Cette parole de Isaïe n’est-elle pas d’une importance capitale ? Il vient nous sauver ! Mais de quel danger ? En sommes-nous seulement conscients ? Parfois oui, parfois non. Il intervient car il voit notre égoïsme, notre indifférence envers ceux qui souffrent et sont dans le besoin. Il voit la haine, les divisions. Il vient parce qu’il a pitié de l’humanité, qu’il a créée, et ne veut pas qu’elle se perde. Il est comme une main tendue vers le naufragé qui se noie. Image malheureusement d’actualité à cause des migrants qui tentent de traverser les mers. Nous aussi, nous pouvons saisir la main que Dieu nous tend et le suivre. Non seulement il nous empêche de nous replier sur nous-mêmes, mais il nous rend capables, à notre tour, d’aider ceux qui sont dans le besoin, la tristesse et l’épreuve. Écoutons Chiara Lubich : « Certes ce n’est pas le Jésus de l’histoire, ni celui qui est à la tête du corps mystique, qui agit. C’est Jésus-nous, Jésus-vous, Jésus-moi. C’est Jésus dans celui qui construit un pont ou trace une route […]. En tant qu’autre Christ, membre de son corps mystique, chaque homme apporte sa contribution dans tous les domaines : sciences, arts, politique, communication, etc. » Ainsi l’homme est-il co- créateur et co-rédempteur avec le Christ. « C’est l’Incarnation qui se poursuit 1. » Roberto a trouvé quelqu’un qui l’a sauvé et qui l’a aidé, à son tour, à en sauver d’autres. Il a raconté son expérience en présence du pape le 24 avril dernier à la Mariapolis de Villa Borghese à Rome. « Après une longue détention en prison, je voulais recommencer ma vie mais, comme chacun sait, même si on a payé, pour les autres on reste un bon à rien. J’ai cherché du travail et toutes les portes sont restées fermées. J’ai dû faire la manche et pendant sept mois j’ai été SDF, jusqu’au jour où j’ai rencontré Alfonso. Avec son association, il secourt les familles des prisonniers : “Si tu veux recommencer ta vie, viens avec moi”, m’a-t-il dit. Depuis un an, je prépare avec lui les enveloppes de subsides pour les familles auxquelles nous rendons visite. Pour moi, c’est un cadeau immense car, dans ces familles, je me revois moi-même. Je vois la dignité de ces femmes seules avec leurs enfants, qui vivent dans des conditions invraisemblables et attendent que quelqu’un vienne leur apporter un peu de réconfort, un peu d’amour. En me donnant, j’ai retrouvé ma dignité d’être humain, ma vie a un sens. J’ai une force en plus, parce que j’ai Dieu dans le cœur et je me sens aimé. » Fabio Ciardi
D’après Chiara LUBICH, Gesù Abbandonato e la notte collettiva e culturale, Congrès Gen 2, Castel Gandolfo, 2 janvier
« J’ai vu avec quel sérieux, de tout votre cœur, vous vous êtes préparé ce qui me donne une très grande joie et me fait être tranquille pour l’avenir du Mouvement. J’ai constaté que vous avez vraiment pris au sérieux la consigne que Chiara Lubich a laissée à la seconde génération […] avec le même élan » qu’au début du Mouvement. Aux nombreuses réponses que les jeunes lui ont adressées sur le point de la spiritualité choisi pour être approfondi cette année – Jésus abandonné -, Maria Voce explique : « Dieu a envoyé son Fils pour reconstruire les liens (d’unité entre Dieu et l’homme et entre les hommes), pour faire une œuvre grandiose ». Pour le faire « Jésus n’a pas choisi d’arriver avec une armée […], mais il a choisi un moyen que l’on ne comprend sans doute pas tout de suite : il a choisi (…) la croix. Mais la croix qui, pour Jésus, voulait dire : l’amour jusqu’au bout, l’amour le plus grand, prendre sur lui toutes les souffrances de l’humanité, toutes les souffrances, toutes les humiliations, vraiment par amour ! À ce moment-là, Jésus a fait la nouvelle création, il a créé la nouvelle unité, il a racheté l’humanité, c’est-à-dire qu’il a rétabli l’unité que l’humanité avait perdue avec Dieu et l’unité des hommes entre eux. C’est donc l’œuvre la plus grande ». « Jésus abandonné est donc, à ce moment-là, le Roi victorieux ! Il n’est pas seulement celui qui souffre. Oui, la souffrance a été le moyen qu’il a choisi mais parce qu’il démontrait, par cette souffrance, l’amour le plus grand, car il témoignait aux hommes à quel point son Père l’aimait et à quel point, par amour de son Père et des hommes, il était prêt à souffrir. Maintenant, Jésus abandonné se présente à nous et nous dit la même chose : « Voulez-vous témoigner au monde entier, à tous les hommes, l’amour de Dieu ? Prenez le même moyen, prenez sur vous les souffrances, les douleurs, les doutes, les angoisses que traverse l’humanité » en créant « toujours davantage ces liens qui feront de la famille humaine une vraie famille d’enfants de Dieu, liés entre eux et liés au Père ». En ce qui concerne les questions des jeunes sur leur avenir, Maria Voce répond : « Soyez généreux avec Dieu ! Si vraiment vous sentez que Dieu, d’une façon ou d’une autre, vous appelle, vous dit un mot au fond de votre cœur, n’écoutez rien d’autre, n’écoutez que cette voix et répondez oui […]. Plus tard, ce sera Lui qui vous conduira là où Il veut » pour réaliser sur chacun un « projet d’amour qui vous procurera le plus grand bonheur. Je vous le souhaite de tout mon cœur ! ». Gustavo Clariá https://vimeo.com/192631631
L’événement a réuni 90 participants, chrétiens et musulmans, en provenance du Liban, de Jordanie, Syrie, Grèce, Tunisie, France, Italie, Suisse, du Burkina Faso, du Canada et de l’Algérie. Quatre thèmes ont été abordés : la souffrance vue à la lumière de Dieu ; l’inspiration divine sur l’unité chez Chiara Lubich; les difficultés et les défis actuels rencontrés par les musulmans ; construire la fraternité universelle. « Ensemble » a été le mot le plus utilisé au cours du Congrès, mettant en valeur l’expérience qui a mûri au sein du Mouvement des Focolari : des chrétiens et des musulmans vivent ensemble l’idéal de l’unité, selon le charisme que Dieu a donné à Chiara Lubich, dans la pleine conscience de leurs identités respectives et dans le respect et l’accueil de leurs différences. La profonde expérience spirituelle vécue par Chiara Lubich au cours d l’été 1949, introduite par Jésus Morán (coprésident du Mouvement des Focolari), a été accueillie par les congressistes dans un climat de grande fraternité : « Chiara nous transporte en Dieu Un et nous sommes au-delà des religions », a dit Jalleh, chiite d’origine iranienne. Un autre participant : « Chiara utilise des images compréhensibles pour parler de la Trinité ». Dans ce contexte, Rita Moussallem et Roberto Catalano (coresponsables du dialogue interreligieux des Focolari), ont illustré l’expérience du Mouvement au contact des diverses religions dans les différentes régions du monde. Autre commentaire : « On pourrait-dire que Dieu est passé et nous a donné un peu de sa lumière », Après cette plongée dans cette dimension de l’unité, née dans le contexte chrétien, on s’est orienté vers la réalité musulmane. L’universitaire M.Adnane Mokrani, algéro-tunisien, professeur au PISAI (Institut Pontifical d’ Études arabes et d’Islamologie à Rome), a parlé de la crise que traverse aujourd’hui l’Islam. Il a invité le public à ne pas se laisser embarquer dans les différentes théories du complot, à ne pas toujours attribuer la faute aux autres, à se remettre en question, sans toutefois se laisser décourager, parce que « la majorité des personnes désire la paix, une majorité peut-être inactive…. Mais nous, nous sommes au contraire une minorité active – a-t-il affirmé avec force – qui doit tout faire pour que cette majorité se réveille. C’est notre devoir ».Relié par skype avec la salle, Amer el Hafi professeur de religions comparées à l’Université d’Amman (Jordanie), a dit : « Dieu est grand veut dire que Dieu est plus grand que nos peurs, nos problèmes et nos malheurs, Il est la clé de notre espoir et de notre vie. Mais hélas cette expression est devenue aujourd’hui signe de mort ». Il a répondu, ainsi que le professeur Adnane Mokrani, à quelques questions spontanées du public. Tous ont fort apprécié la présence de l’archevêque émérite d’Alger, Mgr Henri Teissier, profond connaisseur de la culture algérienne et de l’Islam, ainsi que celle de Mgr Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran. Celui-ci a expliqué que « l’amitié fondée sur la communion spirituelle est le sommet du dialogue entre les religions, avec leurs différences ». Musiques et chants des jeunes musulmans algériens du Mouvement ont animé l’assemblée. La visite au mausolée du mystique Sidi Boumediène, remarquablement introduite par le professeur algérien Sari-Ali Hikmet, a permis aux congressistes de se plonger dans la spiritualité, dans la culture et dans l’art musulman. Puis ce fut la visite du musée El Méchouar, palais de la dynastie zianide, à la Grande Mosquée et au nouveau Centre d’Études Andalouses.Avant de quitter Tlemcen Jesús Morán a résumé l’expérience vécue :« Il s’est agi non seulement d’être d’accord, mais d’être un, de vivre la même expérience de Dieu, de partager ce que nous avons de plus profond ». Jean-Louis Marechal
L’intervention de Azeez, jeune irakien, a été accueilli par un long applaudissement. Les mille participants et plus au Congrès Gen fixent d’un regard ému son visage émacié : il raconte le drame que lui et sa famille ont vécu à Qaraqosh, une petite ville de la Plaine de Ninive, lors de l’arrivée des milices du soi-disant état Islamique. « Avant de vous raconter mon histoire – dit Azeez depuis la scène – je veux vous poser une question : n’avez-vous jamais pensé qu’un jour vous pourriez tout perdre ? Votre maison natale avec tous ses plus beaux souvenirs, vos amis, vos rêves, votre peuple ? C’est ce qui m’est arrivé… » Ses yeux laissent encore voir la douleur des moments vécus quand il a dû fuir sa ville avec sa famille en direction du Kurdistan Irakien : “Je me suis demandé pourquoi j’avais à vivre ce calvaire, mais c’est justement là qu’a commencé mon expérience, celle de me retrouver en train de vivre avec Jésus Abandonné. C’était comme me retrouver dans un film d’action où je n’étais plus en mesure de de distinguer le réel de l’imaginaire : foules qui avançaient à pied pour chercher un moyen de fuir, larmes, cris. J’étais presque pétrifié de douleur, mais je me suis dit que je pourrais peut-être redonner le sourire à ceux qui étaient à côté de moi. Il y avait avec nous une communauté de la religion Yazidi, des personnes qui avaient plus besoin d’aide parce que Isis leur avait infligé de véritables tortures. J’ai oublié mes peurs et mes angoisses pour être à leurs côtés et les soutenir”. Azeez, ainsi que ses parents, est aujourd’hui réfugié en France, un choix difficile, avec mille défis à relever, mais il ne s’est jamais senti abandonné par l’amour de Dieu qui “ de sa main invisible continue à essuyer nos larmes en soulageant nos souffrances. Nous les jeunes, nous avons un énorme potentiel pour changer le monde, en commençant par les petites choses : ou bien nous vivons pour changer quelque chose et améliorer cette terre, ou bien notre vie n’a pas de sens ». Les paroles de Chiara Lubich adressées aux gen 2 en 1967 gardent toute leur actualité et leur dimension prophétique : « Rumeurs et nouvelles concernant la guerre attristent l’horizon de notre monde. Il se peut qu’au Moyen ou à l’Extrême-Orient un de nos amis Gen ait été ou soit en danger de mort. Notre objectif même – celui de favoriser la paix dans le monde – semble douloureusement compromis. Que faire? Ne nous décourageons pas (…) Les bombes tombent en détruisant les maisons et en tuant des personnes : l’amour se répand avec plus de rapidité pour construire une société et un monde nouveaux ». “50 ans ont passé, mais nous sommes encore de cette génération qui ne s’arrête pas – dit Gloria de l’Ouganda – et qui est toujours décidée à vivre l’idéal que Chiara nous a transmis ». Damián de l’Argentine précise :« Pour nous c’est un moment de fête. Nous avons parcouru ces 50 ans du Mouvement Gen à travers les moments les plus importants, en essayant de revivre chaque parole que Chiara nous a donnée ». Témoignages en provenance des divers continents, réflexions, dialogues, chants et musique ont rythmé la commémoration de ces années de vie de la seconde génération des Focolari, toutes vécues très intensément. Maria Voce, présidente du Mouvement, dans un message vidéo a invité les jeunes à suivre le dessein d’amour que Dieu a sur chacune et chacun, en suivant l’exemple de Jésus qui a choisi la Croix, l’amour qui va jusqu’au bout, pour être prêts à s’engager généreusement pour un monde de paix. Jesùs Morán, coprésident des focolari, au cours d’un dialogue rigoureux mais aussi très ouvert, les a encouragés à vivre un amour authentique envers leurs frères, en faisant le choix, dans ce monde toujours plus fragmenté et divisé, des plus pauvres et de ceux que la société rejette. Plus de mille jeunes repartent en prenant au sérieux la consigne prophétique de Chiara Lubich : “C’est la seconde génération qui fera retentir le cri de Jésus Abandonné jusqu’aux confins de la terre… Et dans ce cri le monde entier espérera à nouveau ». Patrizia Mazzola
130 représentants de 40 communautés et mouvements chrétiens, venant de 14 pays européens, (huit langues, quatre traductions simultanées). Pour ne citer que quelques chiffres des trois journées du réseau Ensemble pour l’Europe (10-12 novembre), qui se sont déroulées au Centre International du mouvement des Focolari (Castel Gandolfo, Rome). «Il y a un an, la nouvelle des attentats de Paris nous est arrivée pendant notre rencontre annuelle qui se tenait en Hollande, se souvient Béatrice Lauenroth ; ces événements, ainsi que d’autres advenus ces derniers temps, qui portent à la fragmentation de l’Europe, nous confirment maintenant plus que jamais, qu’il est nécessaire de nous rencontrer et de travailler ensemble pour l’unité ». Un bon nombre des participants a souligné cette nécessité, comme l’allemand Elke Pechmann de l’Offensive Junger Christen : « Ensemble pour l’Europe n’est pas un luxe, ce n’est pas quelque chose en plus. C’est un investissement pour le présent et, plus particulièrement, pour le futur de l’Europe ». Quant à Larisa Musina (Trasfiguration Fellowship of Minor Orthodox Brotherhoods, St. Philaret), représentant Moscou, elle a exprimé l’importance d’approfondir la connaissance réciproque pour grandir dans le dialogue : « Nous devons élargir le dialogue entre pays de l’Est et ceux de l’Ouest ». La Suisse a fait entendre la voix des nouvelles générations : « Nous, les cinq jeunes de la JAHU ici présents – explique Selomi Zürcher – sentons que le futur de l’Europe est entre nos mains. Nous savons apprécier l’expérience et la sagesse des adultes. Et nous leur demandons d’avoir confiance en nous et de bien vouloir aussi apprendre de nous. Ainsi l’Europe de nos pères peut aussi devenir l’Europe de leurs enfants ». A la question, suggérée par les intervenants, au cours d’échanges personnels et de travaux de groupe, de savoir comment sera le futur cheminement d’Ensemble pour l’Europe, les réponses proposées ont été concrètes. Ce sont des pas que les mouvements et les communautés en particulier peuvent faire, au cours de 2017, en faveur de leur propre pays et pour Ensemble pour l’Europe. Comme une veillée de prière la veille du 25 mars prochain, jour anniversaire des 60 ans de la signature des Traités de Rome, considérés comme l’un des moments historiques les plus significatifs du processus d’intégration européenne. A cette occasion, de nombreuses personnalités politiques européennes se rencontreront à Rome. Ensemble pour l’Europe veut y être présent, en envoyant dès maintenant aux politiciens un document « sur notre idée de l’Europe et nous souhaitons que des veillées semblables se tiennent dans les villes européennes où nous sommes présents ». Une autre initiative qui a beaucoup touché les participants : le désir de créer des espaces de rencontre et de partage. « Nous voulons favoriser la communion entre les mouvements au niveau local et offrir en plus un programme qui s’adresse à chacune des villes », ajoutent-ils. Avant de se quitter, les impressions expriment l’enthousiasme expérimenté durant les trois jours vécus ensemble : « Je voudrais que mon enthousiasme pour l’Ensemble soit contagieux auprès d’autres jeunes, et je souhaite que l’an prochain nous puissions être plus nombreux » (une jeune allemande). « De retour chez nous, nous raconterons à tous les autres mouvements en Slovénie ce que nous avons vécu ici. Nous inviterons aussi un évêque catholique et un luthérien, pour qu’ils sachent que même les laïcs se mobilisent, avec les Eglises, pour un meilleur avenir du continent » (un jeune de Slovénie). Ce congrès de Castel Gandolfo a permis une participation plus élargie, en qualifiant de « Amis d’Ensemble pour l’Europe », même des familles religieuses et de groupes charismatiques d’anciennes fondations. Le prochain rendez-vous des « Amis d’Ensemble pour l’Europe » est prévu à Vienne, du 9 au 11 novembre 2017.
Une première initiative, déjà commencée en octobre (https://www.focolare.org/news/2016/10/22/vita-consacrata-svegliate-il-mondo/ ), en dit long sur la vivacité et la créativité du nouveau Centre Evangelii Gaudium (CEG) qui, bien avant l’inauguration officielle, repousse les limites avec un cours pour formateurs, animateurs, et étudiants en théologie pastorale missionnaire avec le titre ”Réveillez le monde”. Ce nouveau Centre naît de la synergie entre l’Institut Universitaire Sophia (IUS) et le Mouvement des Focolari, en particulier avec les presbytères, diacres, séminaristes, religieux, consacrés, le Mouvement paroissial et le Mouvement diocésain directement engagés dans le monde ecclésial. Un Centrequi est déjà actif donc, mais qui, le 11 novembre dernier, a fêté le jour de sa sortie à la vie publique, en cueillant ainsi l’occasion de donner la raison pour laquelle il est né : donner un nouvel élan, nouveau contenu et nouvelle direction à l’œuvre de renouvellement pastoral de l’évangélisation à laquelle l’Église est appelée aujourd’hui. Engagement que le CEG entend assumer en réponse à l’invitation du pape François, en s’inspirant et en prenant le nom de son exhortation apostolique Evangelii Gaudium. A travers des cours, des congrès, des séminaires, des symposiums, des stages, des laboratoires, des rencontres spécifiques, le CEG veut être un ”lieu de réflexion”, solidement ancré dans le style synodal, en concentrant toutes ces impulsions spirituelles et les expériences suscitées par le charisme de l’unité de Chiara Lubich. Et il veut le faire en se concentrant sur la formation, l’étude et la recherche dans le cadre de l’ecclésiologie, de la théologie pastorale et de la mission, de la théologie spirituelle des charismes dans la vie de l’Église aujourd’hui. Significatifs sont les objectifs du CEG, mis en évidence par la présidente des Focolari, Maria Voce, dans son message qu’elle a fait parvenir et par l’intervention du coprésident Jesús Morán : promouvoir et soutenir des projets et activités de formation dans le sillage de Vatican II, en communion avec les autres charismes présents dans l’Église, dans la perspective du dialogue œcuménique, interreligieux et interculturel. Objectifs qui ont retenu aussi toute l’attention, d’après les messages qui sont parvenus, du secrétaire général des évêques italiens, Mgr. Gantino, et du Grand Chancelier de Sophia, Mgr. Betori, archevêque de Florence. Et en guise d’ouverture des travaux du congrès inaugural, les chaleureuses salutations du card. Joao Braz de Aviz, Préfet de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et de l’archevêque Vincenzo Zani, Secrétaire de la Congrégation pour l’Education Catholique. Quant au directeur de l’Institut Universitaire Sophia, le professeur Piero Coda, la tâche de décrire les intentions du nouveau Centre lui a été réservée et il a été suivi par le professeur Tiziana Merletti (déjà supérieure des Sœurs Franciscaines des Pauvres). « Le défi à relever est celui de donner une contribution à ce changement de paradigmes dans la culture et dans les relations entre les communautés ecclésiales et la société civile – déclare Piero Coda – que notre temps requiert et auquel la prophétie du pape François nous dit avec force que le moment est arrivé de se mettre en route avec fidélité et créativité ».Lors de la table ronde suivante, la confrontation de représentants du monde de la politique et du sport, comme Massimo Toschi et Damiano Tommasi, sur le passage historique préconisé de l’Église, appelée à enquêter et à cueillir les attentes et les espérances de la société d’aujourd’hui. Anna Friso
« Nous accompagnons dans la joie et avec une immense gratitude le retour d’Aletta à la Maison du Père. Il est difficile de trouver meilleur exemple lorsqu’il s’agit de “donner sa vie sans se ménager”, comme nous y invite le mot du jour ». C’est ainsi que Maria Voce fait part aux membres du Mouvement des Focolari du départ de Vittoria Salizzoni, qui s’est sereinement éteinte ce matin, 22 novembre, à quelques jours de ses 92 ans. Vittoria Salizzoni voit le jour à Martignano (Trente) le 27 novembre 1924. C’est la troisième des huit enfants de Maria e Davide Salizzoni. Elle va vivre 12 ans en France où sa famille a émigré. En 1941 elle revient à Trente et, en pleine milieu de la seconde guerre mondiale, le 7 janvier 1945, elle fait la connaissance de Chiara Lubich et sera à ses côtés pendant de nombreuses années.Aletta transmet avec plusieurs autres“l’idéal de l’unité” au Moyen-Orient où aujourd’hui de nombreuses communautés vivent la spiritualité de l’unité dans le dialogue et l’amitié vécus aussi avec des personnes d’autres religions.
Aletta Salizzoni (à droite) avec une partie de la première focolarines
Dans son message, Maria Voce invite à continuer de mettre en pratique le commandement nouveau, l’amour réciproque, afin que Jésus (la paix), soit toujours spirituellement au milieu de tous : une caractéristique qu’Aletta a toujours mise en valeur par sa seule présence. Ses obsèques auront lieu le 24 novembre août à 15h au Centre international de Castel Gandolfo.
Terre où les chrétiens sont moins de 1%, l’Algérie est le premier Pays musulman à avoir accueilli, en 1966, la spiritualité de l’unité. Au cours des années de transition et de développement qui suivirent, les difficultés n’ont pas manqué dans cette région à enjeux stratégiques : la mémoire des moines de Tibhirine demeure vivante, eux dont l’exemple transcende les différences de religion et nous renvoie à l’essence de la fraternité de l’unique genre humain. « Chiara Lubich nous invitait à ne pas nous arrêter aux difficultés du moment – nous Rappelle Rosi Bertolassi, qui a été pendant 13 ans au focolare d’Alger – A ses yeux l’expérience que nous étions en train de vivre était porteuse d’espérance. Elle entrevoyait déjà la vie qui allait se développer plus tard » « Le cardinal Léon-Étienne Duval, alors archevêque d’Alger, – poursuit-elle – nous a toujours encouragées lui aussi, et aujourd’hui nous voyons en Algérie des hommes et des femmes musulmans, qui grâce à la fidélité du dialogue de la vie et de leur présence, même dans les moments difficiles, ont développé une expérience d’appartenance au Mouvement des Focolari qui leur est propre ». Comme celui de Rosi, les témoignages du début de cette aventure se succèdent. Nous sommes à Tlemcen, dans l’Ouest algérien, à environ 60 kms du Maroc, où s’est déroulée les 1er et 2 novembre derniers la fête des 50 ans du Mouvement des Focolari.C’est à partir de l’Algérie que les portes se sont ouvertes à de nombreux Pays d’Afrique du Nord et du Moyen- Orient. Étaient présents Mgr Teissier, archevêque émérite d’Alger, Mgr Vesco, évêque d’Oran, Jesús Morán, coprésident du Mouvement des Focolari, les responsables des Focolari dans les divers Pays du Moyen-Orient, entre autres la Syrie, et naturellement des personnes venues de toutes les régions du Pays. C’est précisément à Tlemcen, dans l’actuel “Centre Mariapolis Ulysse” – ainsi appelé en souvenir de Ulisse Caglioni (5 mars 1943 -1er septembre 2003), l’un des focolarini qui ont témoigné de la fraternité sans se ménager – que le 15 octobre 1966 est arrivé depuis Paris le premier groupe à bord d’une 2CV Citroën. Pierre Le Vaslot, focolarino français actuellement en Italie, s’en souvient comme si c’était hier. Ils se trouvent tous les trois – Pierre, Ulysse et Salvatore Strippoli – devant un monastère bénédictin qu’il faut remettre sur pied. Construit au cours des années cinquante par Don Walzer(un bénédictin allemand chassé de son pays pendant la guerre pour avoir refusé d’accueillir Hitler dans l’abbaye de Beuron), le bâtiment est adossé à la montagne, à 900 mètres d’altitude. A quelques pas de la tombe du mystique Sidi Boumedienne, qui a laissé une forte empreinte spirituelle dans la région et bien au-delà. Le cadre se prête parfaitement aux rencontres, à l’accueil et au dialogue. On y respire la paix et la sérénité. Dans ce lieu, aujourd’hui connu sous le nom de « Centre Dar es Salam » (Maison pour la Paix), commence alors une aventure de présence et de vie partagée avec les habitants de la ville. Thierry Becker, alors jeune prêtre à Oran, se souvient : “C’était une joie pour nous de savoir que le monastère de Tlemcen allait revivre, mais qui sont ces focolarini ? Personne n’en avait entendu parler ! Ce ne sont ni des moines ni des prêtres, ils sont en communauté, venus ici pour vivre l’unité et la faire vivre autour d’eux. Je les ai écoutés parler de leur idéal, de Chiara Lubich dont j’ai appris à connaître la spiritualité…Ils se sont vite mis au travail. Ulysse a rapidement transformé la maison ». Suivent des années d’expériences variées et nombreuses, comme le lien créé avec l’Imam Barkat. Les focolarini l’ont aidé à sauver son jeune enfant, en le conduisant à l’hôpital en pleine nuit et en insistant auprès des médecins. Ce sera ensuite cet Imam, le papa du petit Bahi, qui ira au focolare pour donner des cours sur les Hadiths prophétiques et transmettre ainsi une juste compréhension de ces écrits spirituels ». Très touchants les témoignages des premiers jeunes qui ont commencé à fréquenter le focolare de Tlemcen au cours des années 60, parmi lesquels Mourad, Bouziane et Farouk : aujourd’hui ils sont heureux de voir leurs enfants et les nouvelles générations promouvoir cet idéal auquel ils ont été les premiers à croire ». Maria Chiara De Lorenzo
Je savais tout « Comme prêtre, je croyais avoir réponse à tout. Un jour, j’ai été invité à célébrer la messe pendant la retraite de quelques jeunes engagés, qui durant la célébration, ont fait explicitement le pacte d’être prêts à donner la vie l’un pour l’autre. J’en suis resté bouleversé : aurais-je été capable de faire quelque chose comme ça ? Tout ce que je savais m’a semblé, je ne dirais pas inutile, mais insuffisant pour être un véritable chrétien. Combien de choses négligées au nom de l’étude, combien d’omissions justifiées avec l’un ou l’autre engagement que je retenais important… ! Ces jeunes ont changé ma vie ». (R.P. – France) Avant l’offrande « Après le déménagement dans notre nouveau village est née une amitié avec une famille voisine qui nous a beaucoup aidés à nous insérer dans ce nouvel environnement, à inscrire les enfants dans les écoles…L’estime était réciproque, les enfants de cette famille nous appelaient oncle et tante ainsi que les nôtres vis-à-vis d’eux. Malheureusement, avec le temps, quelque chose s’est fissuré dans la relation et les enfants des voisins ont commencé à nous saluer en nous disant ”Bonjour Messieurs dames”. Nous ne pouvions pas continuer ainsi, aussi parce que nous faisions partie de la même communauté paroissiale. Un dimanche à la messe, le passage de l’Évangile nous rappelle qu’avant d’offrir notre offrande sur l’autel, il faut se réconcilier avec son frère…Ma femme et moi-même, nous nous sommes regardés et avons décidé d’œuvrer en conséquence. A la sortie de la messe, nous avons été vers nos voisins et leur avons demandé pardon si nous les avions offensés pour quelque chose. Après un moment de surprise embarrassant, nous nous sommes embrassés ». (A.T. – Hongrie) C’était une autre personne « Dans l’hôpital où je travaille en tant que gynécologue, une dame bien connue comme étant une prostituée a été hospitalisée. Les autres patientes mais aussi l’une ou l’autre infirmière essayaient de l’éviter. M’étant rendu compte de son isolement, j’ai fait particulièrement attention à elle et cela a encouragé aussi d’autres à lui adresser la parole, à l’aider pour une chose ou l’autre. Le seul récit de sa triste histoire lui a attiré attention et bienveillance. Peu de jours après, elle semblait être une autre personne. Lorsqu’elle a pu quitter l’hôpital, en me remerciant elle m’a dit : « La véritable guérison n’est pas physique …La vie recommence d’une autre manière ». (M.S. – Pologne)
«J’ai appris à être ouvert, à ne pas cacher la poussière sous le tapis”.C’est le commentaire de l’un des 170 séminaristes de Pune (Inde), heureux d’avoir participé au workshop sur les dynamiques de groupe basé sur les principes de la spiritualité de l’unité qui est celle des Focolari. «J’ai compris que je devais envisager positivement tout ce que je fais – déclare avec enthousiasme un autre séminariste – j’ai fait amitié avec de nouvelles personnes, même plus âgées que moi ». On est frappé par le dynamisme de ces jeunes. On est aussi surpris qu’en Inde – une région du monde aux mille rites et divinités, patrie de l’hindouisme et du bouddhisme – il y ait un séminaire catholique avec autant de jeunes. Et de voir que, comme en témoigne le directeur spirituel du séminaire, le Père George Cordeiro, ils sont très motivés et décidés pour le sacerdoce. Les liens des Focolari avec le séminaire pontifical de l’Inde remontent à l’année 1980 : depuis, en diverses occasions, les focolarini ont été invités à présenter aux séminaristes leur spiritualité. Beaucoup d’entre eux, devenus prêtres ou évêques, continuent à promouvoir – dans leur action pastorale qui ne s’avère pas toujours facile – la dimension communautaire du message chrétien. Cette année ils ont demandé au Mouvement d’organiser un workshop de trois jours sur les dynamiques de groupe. C’était la première fois que les focolarini de Bombay se trouvaient devoir conduire une telle entreprise, mais ils ont accepté de relever le défi. Avec une équipe de 12 personnes, hommes et femmes, parmi lesquels quelques experts en psychologie et en communication, ils se sont consacrés à ce projet en organisant un workshop sur mesure pour séminaristes. Un travail exigeant en raison de la diversité des cultures des participants, originaires de toutes les régions de l’Inde. A cause aussi de la diversité de leurs parcours d’études qui vont du lycée aux étudiants en théologie et philosophie. L’objectif du workshop était de transmettre aux séminaristes les instruments pour construire la communauté. Et de le faire, et c’était leur demande spécifique, en puisant dans les éléments de la spiritualité de l’unité qui ont particulièrement trait à la relation interpersonnelle : « Se faire un » avec l’autre, l’écouter en profondeur, vivre le pacte d’amour réciproque, partager les expériences vécues., dialoguer etc… Concrètement il s’agissait de présenter aux séminaristes les différentes façons d’aller à la rencontre de l’autre, en privilégiant la relation. Avec de tels points comme paradigme culturel, déclinés en clé psychologique et relationnelle, il en est ressorti un mix fait de brefs compte-rendus, des sketches, des jeux de rôle, des témoignages (de laïcs et de prêtres), des exercices pratiques pour en vérifier l’efficacité sur soi. Dès le début le laboratoire a été suivi avec enthousiasme et soutenu par une participation très active qui a aidé au passage continuel « du je au nous » auquel les jeunes étaient invités. Une démarche qui leur sera très utile lorsqu’ils devront travailler en groupe et seront appelés à susciter et animer des groupes avec d’autres personnes. Une façon de mettre en œuvre la culture de la rencontre et du dialogue, très prisée par le pape François. Le Père George a défini ce workshop comme « une authentique expérience de Dieu au milieu des hommes ». L’idée de traduire la spiritualité en vie et les pensées en actions quotidiennes, s’est révélée la plus forte. En témoignent les nombreux retours rédigés par les participants : « Je peux tout faire, mais à une seule condition : qu’il y ait en moi l’attention aux autres ». “L’invitation à mettre en pratique l’Évangile et à ne pas se contenter de l’étudier, a provoqué un changement radical dans ma vie”. “Ce workshop a été l’occasion de relancer ma vocation et la dynamique de mes relations sociales. Les parcours d’autres personnes ont été pour moi riches d’enseignements ». « Une expérience très féconde d’entraînement à vivre en communion. De nouvelles voies se sont ouvertes à nous. C’est une grâce de pouvoir offrir la spiritualité de communion dans le contexte actuel ».
«Dans un monde où la mondialisation dicte ses propres lois, l’un des paradoxes les plus importants que nous vivons est que la voix du Sud du monde est ignorée. L’Afrique, riche en ressources naturelles telles que le diamant, l’or, le pétrole, et d’autres minéraux précieux, reste confronté à la pauvreté, au sous-développement toujours plus croissant, à la pire espérance de vie, à un niveau élevé d’analphabétisme. Malgré les millions de dollars d’aide occidentale versée au fil des ans dans divers projets, l’Afrique est toujours à la traine. Pourquoi ? La réponse dramatique est que ce ne sont pas seulement les guerres, ce ne sont pas les maladies, c’est surtout la corruption, devenue une chose normale et acceptée, qui déchire le continent. Un continent où les pauvres doivent corrompre pour survivre, pour avoir droit aux soins dans les hôpitaux, pour entrer dans les meilleures écoles de formation professionnelle, pour obtenir un emploi et pour sortir de prison. Même les lois ne parviennent pas à éradiquer ce mal. Dans la plupart des pays africains, le droit est d’origine occidentale, avec quelques nuances tirées des cultures locales. La protection de l’individu, bien que valeur universellement acceptée, s’oppose au principe de la communauté, très cher aux traditions africaines, parce que fondement de la solidarité. L’individu n’a de valeur que parce qu’il appartient à une communauté et agit en fonction de la communauté. C’est le principe de ʺUbuntu” : Je suis parce que nous sommes. L’ Ubuntu dans les cultures africaines est une invitation à l’entraide et au soutien réciproque, c’est la conscience des propres devoirs. Nelson Mandela disait que l’Ubuntu signifie se poser la question « suis-je disponible à aider ma communauté à progresser ? » C’est une règle de vie, basée sur le respect de l’autre, une croyance en un lien qui unit l’humanité entière. C’est un désir de paix. En Afrique justement, la paix manque en de nombreux endroits, et la cause absurde de ces conflits est sa richesse immense. On se bat pour le contrôle des minéraux et les victimes de ces conflits sont les couches les plus vulnérables de la société. Dans l’effort d’intégrer les valeurs héritées de la colonisation avec ses valeurs traditionnelles, et de répondre aux défis d’un monde dans lequel seul le développement économique donne droit à la parole, l’Afrique perd de plus en plus ses valeurs sans pour autant assimiler celles “importées”. Dans mon pays, leCameroun, où sévit une grande corruption, une petite cité a vu le jour, sous l’initiative de Chiara Lubich qui y a réalisé des œuvres sociales en faveur du peuple Bangwa, qui, menacé d’extinction, a ainsi été sauvé. Avec ses œuvres, Chiara leur a surtout proposé un nouveau style de vie, inspiré sur la pratique de la fraternité. Une cohabitation fondée sur la réciprocité d’une vraie justice, qui met fin à tout litige, prévient les conflits et trouve des solutions aux problèmes, même dans les familles ; point de vol, point de meurtre, mais plutôt un parcours commun des voies de la paix. La fraternité peut ainsi devenir un principe, même juridique pour la coexistence et changer les rapports de force en relations d’accueil et d’inclusion et se traduire en solidarité, responsabilité et subsidiarité. La paix se traduit aujourd’hui comme développement, sécurité, universalité des droits de l’homme, respect de la vie ; la paix est un droit, mais attend que le droit en fasse un instrument. Et pour cela les Déclarations et Traités ne suffisent pas. Les droits, conjugués seulement au singulier, exaltent l’individu et donnent lieu à divers types d’intérêts et conflits. Mais ʺUniverselʺ ne signifie pas ʺabsoluʺ, ʺUniverselʺ signifie ʺcommunʺ ; c’est ce qui unit, autrement il ne saurait y avoir une relation entre individus, cultures et conceptions différents entre eux[1]. Et si l’universalité contenue dans la dignité humaine permet la relation avec l’autre, la fraternité, entendue comme nouveau paradigme peut en être le principe inspirateur au point de devenir culture juridique et une voie qui prépare la paix ; la paix qui prend source dans le cœur et se traduit en comportements cohérents dans la vie quotidienne, capables de transformer des rapports conflictuels en relations de partage, jusqu’à la réciprocité, dans laquelle le dû devient un don pour l’autre». Raphaël Takougang[1] Cfr. F. Viola, L’universalità dei diritti umani: un’analisi concettuale, in F. Botturi – F. Totaro (a cura di), Universalismo ed etica pubblica, Vita e Pensiero, Milano 2006, p. 165.
« Il y a vingt ans, en ce lieu prestigieux, Chiara Lubich a décrit le rapport qui s’établissait entre la culture de l’unité et la paix, enprésentant l’expérience du Mouvement des Focolari dans le monde. Cette expérience – disait-elle – était au service de la reconnaissance mutuelle de la dignité de chacun, elle favorisait un style de vie communautaire et faisait tomber les barrières artificielles qui produisaient défiance, hostilité et inimitié. Et surtout, Chiara Lubich présentait l’idée porteuse d’un nouvel ordre mondial basé sur la perspective de la paix : l’humanité comme famille, avec Dieu Père source d’amour infini pour tout un chacun. Si, à l’époque, des menaces de guerres se levaient dans l’humanité, Chiara Lubich mettait en lumière les nombreuses initiatives et expériences qui indiquaient le chemin de la recherche de l’unité entre les personnes, les communautés, les peuples. Il y a vingt ans, le monde était différent. Il était frappé par de nombreux conflits se présentant – pour la plupart – sous forme localisée et concernant des groupes de belligérants clairement identifiables. Aujourd’hui, la guerre est un drame aux multiples visages. Aux guerres entre les États, s’ajoutent des guerres à l’intérieur des États, entre ethnies, groupes politiques et communautés religieuses. .[…] Même les instruments de guerre ont changé. Il est évident qu’aujourd’hui les guerres se déploient sur les nouveaux champs de bataille que sont les marchés financiers et économiques pour l’approvisionnement des matières premières et des ressources énergétiques, pour la conquête de nouveaux marchés. L’apparition et le développement de nouveaux conflits demandent aux cultures de paix de trouver des réponses plus adaptées à la situation actuelle. Prenons l’exemple de la culture de la non-violence. C’est une authentique force révolutionnaire au service de la pacification des contextes de guerres les plus sanglants. Elle est puissante car elle transforme l’injustice subie en occasions d’actions de paix et de pardon. C’est la réponse de celui qui, offensé ou persécuté, refuse de prendre les armes parce qu’il ne croit pas que l’action belliqueuse soit une manière raisonnable de surmonter les conflits. […] La spiritualité de Chiara Lubich, centrée sur l’unité et la communion, peut apporter une contribution aux cultures actuelles de paix. Le mouvement des Focolari est engagé dans ces contextes, au même titre que d’autres organisations. Il est présent dans environ 180 pays du monde et dans nombre d’entre eux, il représente une sorte de défense de l’unité et de la paix. Permettez-moi de rappeler qu’il existe aujourd’hui une communauté des Focolari à Alep, en Syrie ; elle offre des espaces de partage et de solidarité à une population meurtrie par la guerre. […] Personne ne peut se sauver tout seul ; personne ne peut espérer être heureux tout seul.
[…] Au cœur de notre expérience, ce n’est pas une organisation collective que l’on trouve, un « nous » impersonnel, mais une personne : la personne de Jésus. C’est Jésus, donc, qui donne sa paix. De plus, Jésus nous indique la mesure radicale avec laquelle nous devrions agir pour guérir toute blessure, résoudre tout problème, désarmer tout conflit. Aimer comme Il nous a aimés, jusqu’à se laisser clouer sur la Croix par amour pour l’humanité. […] Il n’y a pas d’autre solution que d’engager des processus de dialogue qui associent des cultures différentes, des credo différents, des conceptions du monde différentes, et qui soient finalisés à la reconnaissance mutuelle, à la coopération internationale, à la promotion de la solidarité et du bien commun. Ce sont les caractéristiques d’une communauté fondée sur un style de vie à la recherche de l’unité. […] Il s’agit là de la culture de paix qui naît de l’unité. Son efficacité a été démontrée à Assise, en septembre dernier, à la rencontre de dialogue entre les religions et les cultures, trente ans après le premier grand rendez-vous voulu par Jean-Paul II. Le mouvement des Focolari est au service d’une telle perspective, perçue aujourd’hui comme déterminante pour pacifier un monde de plus en plus interdépendant. La prophétie du message de Chiara Lubich, récompensée il y a 20 ans par l’Unesco, apparaît aujourd’hui agissante et plus que jamais d’actualité ». Lire la version complète du discours.
« Les jeunes d’aujourd’hui aspirent à devenir des citoyens mondiaux et nous, nous aspirons à un monde uni ». En fin de journée, cette déclaration d’Arooj Javed, jeune étudiante en Relations internationales, résumait le Cap de Bonne Espérance fixé par New Humanity, Organisation Non Gouvernementale représentant le Mouvement des Focolari auprès des Nations Unies. Car cet anniversaire des 20 ans de la remise du prix de l’éducation pour la paix décernée àChiara Lubich n’avait rien d’un rendez-vous nostalgique. Récentes élections américaines, drames des réfugiés, menaces climatiques, accroissement des inégalités, marchés dominés par la cupidité… ; l’actualité brûlante évoquée par les différents intervenants justifiait totalement le titre choisi pour le colloque « Réinventer la paix ». C’est-à-dire comment, à partir de la spiritualité communautaire des Focolari, « trouver des réponses nouvelles » au « visage dur et angoissant de nouvelles situations de guerre » comme l’a exprimé Jesús Morán,, le co-président du Mouvement. Plusieurs mots phares ont ainsi éclairé les réflexions : laboratoires interculturels, fraternité universelle, solidarité interreligieuse, art de la cohabitation et surtout éducation au dialogue et à la paix.
« Nous devons dialoguer comme dans un orchestre où chaque instrument doit jouer tout en créant une harmonie, une symphonie », dira de manière poétique Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO. Quant à Enrico Letta, président de l’Institut Jacques Delors et ancien président du Conseil des Ministres d’Italie, il témoignera : « Il faut que le dialogue passe par la conscience que nous sommes tous des minorités sur cette terre […] Si on suit la fraîcheur des jeunes et leur ouverture mentale on comprend que l’éducation au dialogue reste notre mission fondamentale ». La déclaration finale a proposé notamment très concrètement d’ « offrir aux États membres des parcours de formation pour les enseignants de l’art du vivre-ensemble ».
Le pape François – qui a envoyé un message pour bénir les travaux de l’assemblée – a parlé récemment d’une « troisième guerre mondiale par morceaux ». Cette guerre « appelle en réponse une paix elle aussi construite « par morceaux », faite de petites avancées, de gestes concrets. Chacun y a son rôle, chacun sa responsabilité.[…] . La paix n’est pas une promesse, elle est un effort et un choix. […] C’est une invitation adressée à nous tous qui sommes ici, et à ceux qui nous suivent dans le monde entier, à nous armer de paix… », a déclaré par la voix de Catherine Belzung, Maria Voce, la présidente du Mouvement des Focolari, absente pour raison de santé. Au cours de ce colloque, plusieurs vidéos ont illustré ces petites réalisations de paix qui autorisent l’espérance. Miroirs de multiples expériences de terrain, elles prouvent à quel point « La paix n’est pas seulement une théorie, un rêve mais un modèle », selon l’affirmation d’une représentante des « Jeunes pour un monde uni ». Qu’il s’agisse des femmes chrétiennes et musulmanes de l’association Koz Kazak, au Caire (Égypte) devenues « comme des sœurs » les unes pour les autres, des 40 entreprises de l’Économie de Communion en Afrique, de la présence d’une communauté des Focolari à Alep (Syrie) qui offre un espace de partage à cette population martyrisée ou encore de l’école Santa Maria à Récife (Brésil) où se vit une belle réciprocité entre l’école et les familles. Autant de petites pierres mises au service de l’édification de la culture de la paix que porte l’UNESCO « Merci du rôle important que vous jouez pour renforcer cette architecture de la paix », a commenté M. Badarch Dender, directeur de la division des transformations sociales et du dialogue interculturel de son Secteur des Sciences Humaines et Sociales. Chantal Joly (Paris)Revoir ladirecte
« Aujourd’hui, ce qui se présente sans cesse à nos yeux, c’est l’image d’un monde déchiré par toute sorte de conflits, un monde qui dresse des murs, où les migrants et les réfugiés tentent de fuir la misère et la guerre et où les égoïsmes politiques s’affrontent sans se soucier des retombées sur la vie des hommes ». C’est ainsi que Maria Voce, présidente du Mouvement des Focolari, décrit le scénario actuel mondial dans une intervention qui, vue l’impossibilité pour elle d’être présente, est lue par Catherine Belzung. Scénario synthétisé par le pape François – rappelle la présidente – lorsqu’il parle d’une « troisième guerre mondiale par morceaux. Une violence non conventionnelle, omniprésente et diffuse, difficile à combattre avec les armes utilisées jusqu’à présent. […] Ce genre de conflit ne peut être résolu que par l’effort collectif, non seulement de ce que l’on appelle la communauté internationale, mais de la communauté de l’humanité entière. Nul ne doit se sentir exclu de cette action qui doit passer dans nos rues, dans nos lieux de travail, dans le monde de l’instruction et de la formation, des milieux sportifs et de la détente, des communications et du culte. La « guerre mondiale par morceaux » appelle en réponse une paix elle aussi construite « par morceaux », faite de petites avancées, de gestes concrets. Chacun y a son rôle, chacun a une responsabilité ». Maria Voce souligne l’engagement des organisations internationales, de la société civile, des associations et mouvements. Comme ce qu’elle-même représente et qui puise à une expérience de plus de soixante-dix années de travail pour l’unité et pour la paix commencé par Chiara Lubich et porté de l’avant dans les plus divers carrefours de la planète, dans un dialogue dans tous les domaines du monde chrétien, avec d’autres religions, avec des personnes de convictions qui ne sont pas religieuses. Un dialogue « qui se base sur l’accueil de la personne, sur l’effort de comprendre de l’intérieur ses choix, ses idées, il valorise ce qu’il y a de bon, de positif, il met en évidence les points communs, ce qui permet de tisser des liens ». « C’est la fraternité – affirme Maria Voce en citant Chiara Lubich – qui peut susciter des projets et des actions dans l’enchevêtrement complexe de la politique, de l’économie, de la culture et du social dans notre monde. C’est la fraternité qui fait sortir les peuples de l’isolement et leur ouvre la porte du développement. C’est la fraternité qui indique comment résoudre de façon pacifique, les désaccords et qui relègue la guerre dans les livres d’histoire. C’est lorsque la fraternité est vécue que l’on peut rêver et même espérer une certaine communion des biens entre les pays riches et pauvres, dès lors que les déséquilibres scandaleux qui existent aujourd’hui dans le monde sont l’une des principales causes du terrorisme. Le profond besoin de paix exprimé par l’humanité d’aujourd’hui prouve que la fraternité n’est pas seulement une valeur, une méthode : c’est un paradigme global du développement politique ».1« A partir de là, poursuit Maria Voce – on peut tenter de repenser la paix et mieux encore, de la réinventer ». Et elle en énumère des caractéristiques : avant tout, s’engager en profondeur sur la voie du dialogue ; réaliser des projets politiques qui ne soient pas conditionnés par des intérêts propres; abattre le mur de l’indifférence et réduire les inégalités ; promouvoir une culture de la légalité ; avoir à cœur la sauvegarde de l’environnement. « Réinventer la paix signifie aimer l’ennemi […], signifie pardonner. Le pardon ne s’oppose pas à la justice internationale, mais offre la possibilité de relancer les relations à partir de nouvelles bases. […] Cela exige une profonde opération culturelle. Il faut investir dans la culture et dans l’instruction comme le recommande cette Institution. [ …] Enfin, réinventer la paix signifie aimer la patrie de l’autre comme la sienne, le peuple, l’ethnie, la culture de l’autre comme la sienne ». Lis le textre intégral 1 Au prof. Benjamin Barber, Messaggio per la Giornata dell’Interdipendenza, Philadelphie, 12 septembre 2003.
Il est possible de suivre l’événement en direct sur internet, de 10h à 13h et de 15h à 18h (heure de Paris). Un an presque jour pour jour après le tragique attentat à Paris, le siège de l’UNESCO accueille l’événement « Réinventer la paix ». Pour commémorer le 20e anniversaire de la remise à Chiara Lubich du « Prix UNESCO de l’éducation pour la paix », le Mouvement des Focolari entend témoigner de son engagement déterminé à suivre dans le monde entier de nouveaux chemins pour construire la paix et la fraternité. Cette manifestation est organisée en collaboration avec la Direction générale de l’UNESCO et l’Observateur permanent du Saint-Siège. Les chemins vers l’unité et la paix passent par la rencontre quotidienne entre cultures et religions. Selon Maria Voce, présidente du Mouvement des Focolari, qui s’exprimait à l’ONU en avril 2015, cette rencontre « ne se limite pas à la tolérance ou à la simple reconnaissance de la diversité », mais « va au-delà de la nécessaire réconciliation et crée, pour ainsi dire, une nouvelle identité, plus large, commune et partagée ». C’est un dialogue efficace, qui implique des personnes de toutes convictions, même non religieuses, et pousse à remédier aux besoins concrets ». Se référant à l’engagement dans des contextes de crises graves, Maria Voce affirmait : « Aujourd’hui, ce n’est plus le temps des demi-mesures. S’il y a un extrémisme de la violence, (…) on y répond avec un radicalisme tout aussi fort, mais structurellement différent : l’extrémisme du dialogue ! Un dialogue qui requiert un engagement total, risqué, exigeant ; c’est un vrai défi, mais il vise à éliminer les racines de l’incompréhension, de la peur, du ressentiment ». Le programme de l’événement sera introduit par Marco Desalvo, président de New Humanity (ONG du Mouvement des Focolari auprès de l’ONU) et par un représentant de l’UNESCO. Suivront les salutations de Mgr Francesco Follo, Observateur permanent du Saint-Siège, et une intervention de Jesús Morán, coprésident du Mouvement des Focolari. Maria Voce conclura la session en développant le thème : « Réinventer la paix ». La seconde session du matin, agrémentée de présentations audiovisuelles, sera interdisciplinaire et intergénérationnelle. Sur la base de témoignages concrets en faveur de l’unité et de la paix, des pistes concrètes seront présentées dans 5 brefs panels : Peace is Education ; Peace is an Asset ; Peace is Right ; Peace is Green ; Peace is Art.La session de l’après-midi – « Quel dialogue dans un monde divisé ? » -, ouverte par l’intervention d’Enrico Letta, président de l’Institut Jacques Delors, mettra l’accent sur quelques idées-forces sur lesquelles baser un projet de nouvel humanisme, en chemin vers la civilisation de l’unité. Deux thématiques seront abordées : – « Religions, problème ou ressource pour la paix ? ». Ce panel, animé parRita Moussallem, coresponsable du Centre pour le dialogue interreligieux du Mouvement des Focolari, aura comme intervenants Adnane Ben Abdelmajid Mokrani, Institut Pontifical d’études arabes, Italie ; Fabio Petito, Relations internationales de la Sussex University, Royaume-Uni ; Léonce Bekemans, économiste et spécialiste en Études Européennes à la « Chaire Jean Monnet », Italie. « Politique et économie dans le désordre international ». Panel animé par Pál Tóth, Institut Universitaire Sophia, Italie. Intervenants : Pasquale Ferrara, Ambassadeur d’Italie en Algérie ; Silvia Costa, présidente de la Commission Culture du Parlement Européen ; Damien Kattar, ancien Ministre des finances du Liban. Source: sif.press Programme – Brochure page1 – page 2 Lis l’intervention de Chiara Lubich du 17 Dicembre, 1996
Cinquante ans de vie, mais la même fraîcheur et le même idéal qu’au départ. Ce sont les Gen, la nouvelle génération des Focolari qui, du 17 au 20 novembre, se réuniront à Castelgandolfo pour leur congrès. Un millier de jeunes venant de toutes les latitudes. Ce n’est pas un congrès habituel, mais une grande fête pour célébrer leurs 50 ans de vie. C’est en 1966 que Chiara Lubich lance un appel aux jeunes du Mouvement des Focolari pour qu’ils rassemblent le plus grand nombre possible de leurs camarades en vue de réaliser le testament de Jésus « que tous soient un ». Aujourd’hui les Gen se trouvent partout, appartiennent à diverses traditions religieuses, parlent toutes les langues et idiomes du monde, mais ils ont le même enthousiasme et vivent la même radicalité évangélique qu’à l’époque. La première personne qui a eu les honneurs de l’autel en vivant la spiritualité de l’unité de Chiara Lubich est une Gen. La toute jeune Chiara Luce Badano, morte en 1990 à l’âge de 18 ans et béatifiée en 2010, est devenue pour tous, jeunes et moins jeunes, un exemple de la façon dont on peut témoigner de sa foi dans l’amour de Dieu jusque dans les situations de maladie et de souffrance. Chaque année 29 octobre la jeune bienheureuse est vénérée dans le monde entier. Même à Iringa, en Tanzanie, il y a quelques semaines, les Gen ont organisé une fête pour la proposer comme modèle de vie. Ils ont réuni une centaine de jeunes et ont projeté la vidéo de Chiara Luce dans la langue swahili, accompagnée de témoignages et de danses typiques du Pays. « J’ai appris beaucoup de choses, par exemple que je dois aimer toujours davantage ceux qui sont à côté de moi. Et ici j’ai vu que dans l’amour on peut vivre ensemble malgré nos diversités ». Ce qui m’a frappé c’est la patience de Chiara Luce. Elle a tout accepté de sa maladie, en vivant chaque instant sans se plaindre ». Malgré les obstacles, ils ne s’arrêtent pas. Depuis 50 ans. Unstoppable generation. Chiara Favotti
“Par Église des pauvres on entend deux choses précises: l’Église doit être pauvre comme le Christ si elle veut annoncer le Royaume de Dieu, si elle veut que son message soit efficace ; et être pauvre en esprit est un devoir pour tous les chrétiens qui sont profondément attachés à la vie de l’Église ; il sera plus facile pour les pauvres d’accepter le message du salut, tandis que pour un riche il sera aussi difficile d’entrer dans le Royaume des Cieux qu’à un chameau de passer par le trou d’une aiguille. Il ne faut pas cependant croire à une transposition facile de cette Église pauvre et de cette Église des pauvres dans le domaine politique et social de la vie actuelle. Le mot pauvre, pour Jésus, désignait ceux qui, tout en étant éprouvés, humbles et privés de soutiens et d’appuis extérieurs sur lesquels pouvoir compter, s’en remettent à Dieu qui est juste et bienveillant. Les traducteurs grecs de la Bible ont bien compris qu’il ne s’agit pas seulement de la pauvreté matérielle ; en effet, ils n’ont pas traduit le mot hébreu anaw (pauvre), par « indigent », mais lui ont préféré le terme praus qui évoque l’idée de celui qui est doux et docile, y compris dans les épreuves. (…) Pour en rester à l’Évangile, ces pauvres se trouvent aussi dans les classes aisées. Matthieu nous dit à propos de Joseph d’Arimathie : « Un homme riche qui était aussi disciple de Jésus » (27, 57). Lui aussi était détaché de ses biens, lui aussi était humble et pauvre. (…) Tertullien dans son Apologétique désignait les chrétiens de son époque comme ceux qui n’aspiraient pas et ne luttaient pas pour accéder à des charges politiques, même mineures, parce qu’ils n’étaient pas mus par des ambitions personnelles. D’autre part nous remarquons que beaucoup de gens, qui sont dans des conditions économiques précaires, écoutent des propositions qui ne viennent pas de l’Église et les suivent. (…) C’est la raison pour laquelle les papes et le Concile nous invitent à réfléchir sur notre vie chrétienne. Est-elle vraiment authentique? Porte-t-elle le signe visible de l’humilité et de la pauvreté ? La pauvreté doit être fruit de la charité. C’est l’amour qui nous portera à mettre nos biens à la disposition de la communauté et des personnes indigentes ou dans le besoin. C’est la charité chrétienne qui permet d’étouffer l’égoïsme et de faire naître la communion (…) L’Église des pauvres devient ainsi l’Église de la communion entre les riches qui se font pauvres et les pauvres qui offrent leur indigence pour construire tous ensemble l’Église. (…) Si nous voulons que l’Église des pauvres retrouve sa force de témoignage dans l’évangélisation, il faut, à tous les niveaux et partout dans L’Église, se replonger dans une vie chrétienne authentique, du sommet à la base, de la périphérie au centre. (…) Cela aura des répercussions au plan social et politique, avec des réformes nouvelles, qui seront fondamentalement chrétiennes si inspirées par la liberté. (…) Quelques personnes très sensibles à ces questions ne sont pas satisfaites et continuent à crier leur désir de voir l’Église devenir plus pauvre. (…) Quand une chose juste est réclamée, même de façon désordonnée et maladroite, il faut méditer profondément et se demander si tout ce qui nous est signifié n’est pas un aiguillon qui vient hâter ce processus de renouvellement sans lequel la bonne Nouvelle avance péniblement et ne peut parvenir à tous les hommes de la terre. (…) Vouloir la paix, la pauvreté, aspirer à une communion des biens, signe visible de celle des cœurs et des esprits : voilà des revendications que nous n’avons pas à craindre, au contraire, ce sont elles qui nous font avancer sur le chemin de l’Évangile ». Pasquale Foresi – Problematica d’oggi nella Chiesa – 1970 – Editions Città Nuova
Une centaine de participants de 14 pays européens (du Portugal à la Russie), trois jours de communion intense, présents des entrepreneurs des débuts de l’Économie de communion (EdeC), de jeunes entrepreneurs, des étudiants et des économistes. “La rencontre a commencé par l’exposition du peintre français Michel Pochet sur « Dieu Miséricorde », racontent les organisateurs. Ses œuvres d’art ont servi de toile de fond pour toute la rencontre. En particulier les tableaux du « Bon Pasteur » et du « Bon Samaritain » ont inspiré les entrepreneurs à vouloir devenir, dans leur entreprise et leurs milieux de travail, ce que ces peintures représentent ». « Je suis venu pour en savoir plus sur de l’EdeC. J’étais plutôt critique, mais ces jours-ci j’ai compris ce que cela signifie : prendre soin des autres, même sur le travail. Il s’agit de construire des rapports entre les personnes. Cela m’a fait un grand bien de vous rencontrer tous. C’est fort de voir que les entrepreneurs de l’Économie de communion sont altruistes, que vous êtes ceux qui s’occupent des nécessités des autres. J’espère que je deviendrai sous peu l’un des vôtres ». C’est l’impression à chaud de Federico (Italie), étudiant en management.Trois jours de communion intense. Parmi les interventions, celle de l’économiste suisse Luca Crivelli sur les nouvelles formes de Social Business, en extrayant des idées intéressantes pour l’EdeC à 25 ans de sa naissance. Celle d’Anouk Grevin, Professeur à l’université de Nantes et à l’Institut universitaire Sophia, sur « le don et la gratuité dans l’entreprise, visant à poser des regards de miséricorde en mesure de « voir » le don dans le travail chez ses propres collaborateurs, de « le reconnaître », de « le remercier » pour un acte libre que personne ne peut acheter. Regards de miséricorde en mesure de mettre chacun en condition de donner le meilleur de soi, parce qu’il sent la confiance de l’autre et arrive à s’exprimer sans peur de se tromper ». Et celle de Herbert Lauenroth, expert en interculturel auprès du Centre œcuménique d’Ottmaring (Augsbourg), sur la miséricorde appliquée à la vie économique et politique.Un entrepreneur de l’Angleterre venu pour la première fois à une rencontre EdeC, disait : « Une chose que vous avez et que vous pouvez donner à ceux qui luttent pour un monde meilleur mais qui peut-être ne voit pas la lumière, est votre joie. C’est quelque chose d’incroyable ! Un véritable capital spirituel ». Et Peter, un jeune Serbe : “Je suis venu en pensant que ce pourrait être une perte de temps. Mais j’ai trouvé des gens ouverts, chaque dialogue fut important pour moi. Je tire un grand bénéfice de cette rencontre ».Le professeur Luigino Bruni, coordinateur mondial du projet EdeC, a rappelé le temps où vivait Chiara Lubich à Trente, avec le premier groupe des focolarines, lorsqu’elles invitaient les pauvres à leur table chez elles, « mettant la nappe et les couverts les plus beaux », soulignant par-là que « notre première manière de faire face à la pauvreté, avant même de donner les bénéfices, est de la faire entrer chez nous, dans nos usines, et de l’aimer par des ‘’gestes de beauté’’ ». Un autre défi mis en évidence « pour arriver vivants au 50ème anniversaire de l’Économie de communion », concerne les entreprises. « C’est l’évidence même : la communion dans les entreprises doit trouver de nouvelles expressions plus visibles et radicales – affirme-t-il – en faisant participer à la « gouvernance » et surtout aux droits de propriété. Jusqu’à maintenant nous avons eu comme point de mire la culture et les motivations des entrepreneurs, mais dans une économie qui change tellement les entreprises coïncident de moins en moins avec les entrepreneurs ».Il a ensuite ajouté : “Un des aspects forts de l’EdeC de ces années, de sa résilience, est qu’elle a respiré avec tout son corps. Ce ne sont pas des personnes individuelles qui l’ont guidée, mais de nombreux membres actifs. L’EdeC est forte lorsqu’en chaque travailleur de l’entreprise se trouve la même énergie ». Pour résumer, a conclu Bruni : « Nous avons pris conscience que l’EdeC en Europe est encore très vivante après 25 ans, qu’elle continue à porter du fruit, à se développer dans de nouveaux domaines et de nouvelles régions. La présence des premières entreprises russes a été significative, ainsi que l’incubateur des entreprises au Portugal : cette Europe de l’Atlantique à l’Oural dont tous rêvent. C’est en plus une EdC jeune, ouverte (beaucoup de leaders de l’EdeC ne viennent pas du mouvement des Focolari) et qui se projette vers l’avenir ». Flickr: Photo galleryLe prochain rendez-vous est prévu pour 2017 en Belgique.
« Le Mouvement Politique pour l’Unité est né à Kinshasa ! ». C’est avec ces paroles que l’honorable Upira Dieudonné, samedi 29 octobre 2016, a solennellement conclu la première rencontre à Kinshasa, du Mouvement Politique pour l’Unité. « L’actuelle situation politique dans la République Démocratique du Congo est délicate, il y a de fortes tensions politiques et sociales. Il y a quelques mois, il y a eu des heurts qui ont causé la mort de différentes personnes. Le pouvoir constitué et l’opposition radicalisent quelquefois leurs positions » écrivent-ils.On se demande alors comment on en est arrivés à concrétiser ce rendez-vous. « Cela s’est passé après la participation au congrès de Rome, en juin dernier, avec des politiciens du monde entier : l’honorable Dieudonné Upira (député national de l’opposition dans la RDC) et Madame Georgine Madiko (député honoraire membre du Bureau de l’Assemblée Nationale, actuellement responsable politique d’une cellule d’un parti de la majorité présidentielle) ont décidé de faire quelque chose pour leur pays, expliquent-ils. Au-delà des différences politiques, les deux députés, à leur retour de Rome, approfondissent leur amitié, en échangeant sur leurs différentes opinions. Maintenant ensemble, ils rêvent de former des jeunes pour qu’ils soient leader en politique. Comme ils l’affirment, il s’agit « d’une formation à la véritable politique, qui porte en soi des valeurs ». C’est lors de leurs échanges qu’ils décident convaincus que le premier pas à faire pour un tel projet à Kinshasa, c’est le lancement du Mouvement Politique pour l’Unité. « Ceci permettrait de mettre en réseau différents acteurs qui travaillent en politique, qui font ou voudraient faire du bien par le biais de la politique », disent-ils.Ils organisent l’événement mais ils se demandent incertains : « les personnes invitées auront-elles lecourage de venir, viendront-elles ? ». Ce sentiment d’incertitude grandit lorsque le samedi, jour fixé pour la rencontre, une pluie torrentielle s’abat quasiment d’une façon ininterrompue sur Kinshasa. A cause des routes en mauvaises conditions et du mauvais état des moyens de transport, les gens évitent le plus possible de sortir quand il pleut ! Malgré cela, trente personnes répondent à l’invitation, parmi lesquelles : députés et dirigeants de différents partis politiques, personnes de l’administration publique, professeurs de sciences politiques, étudiants, membres des mouvements citoyens, avocats et journalistes. Le débat prévu donne lieu à un échange profond qui se passe dans un climat d’écoute réciproque. « Nous avons écouté des phrases telles que :”Nous voulons rester en contact avec vous, multiplier les échanges” ; ”Face à la perte des valeurs, nous devons travailler pour instiller le positif dans notre système éducatif, pour former des personnes qui demain seront de bons politiciens” ; ”Je sens que si je n’agis pas, Dieu me demandera ce que j’ai fait de tout ce qu’il m’a donné” ; ”Nous sommes jeunes et nous voulons apprendre de vous, les anciens. Ne nous oubliez pas” ». Les impressions, nées spontanément des participants, expriment la pensée des organisateurs et font de celle-ci un moment sacré. Dans la conclusion, Madame Georgine Madiko affirme : « A travers notre agir, nous devons être une lumière dans un monde obscur. Nous devons prêcher avec l’exemple. Et à ceux qui, touchés par notre comportement, demandent si nous faisons de la politique ou de la religion, nous répondons qu’une politique sans valeurs est la ruine des Nations ». Avant de nous quitter, un des participants propose : « Nous devons oublier nos titres, nous contacter régulièrement même seulement pour nous demander comment ça va. Je voudrais que chacun de nous parte d’ici avec la liste de tous les participants pour pouvoir les contacter par la suite ». Le prochain rendez-vous a été programmé pour le 3 décembre. Gustavo Clariá
Mgr. Felix Machado est un passionné du dialogue interreligieux. L’amitié qui le lie à de nombreux leaders de différentes religions en témoigne dont une en particulier, la grande spécialiste hindoue Dr. Kala Acharya. Chacun parle de l’autre en l’appelant ”mon frère Félix” et ”ma sœur Kala”, confirmant ainsi le profond partage qui les a amenés à considérer la fraternité universelle comme un point commun. Monseigneur, comment expliquez-vous votre propension au dialogue ? « J’ai grandi dans un culture rurale et cosmopolite. Vasai, en effet, siège actuel de mon ministère est aussi ma ville natale. Après avoir étudié la théologie en France et aux États-Unis de 1999 à 2008, j’ai presté un service auprès du Conseil pour le Dialogue Interreligieux au Vatican. Là j’ai pu acquérir beaucoup d’éléments en la matière et comprendre que la clé réside dans le fait d’établir des rapports réels et authentiques avec les personnes qui sont différentes de nous. Et donc, qu’ils soient leaders ou spécialistes, paysans ou pêcheurs, il est de mon devoir de chrétien de voir chacun comme mon frère ou ma sœur dans le Christ. Le véritable dialogue peut jaillir seulement d’une profonde écoute, du fait d’accepter l’autre et puis, si c’est nécessaire, on peut offrir les propres idéaux comme un cadeau. Voilà pourquoi j’apprécie le travail interreligieux réalisé par le Mouvement des Focolari, ici en Inde. Il s’agit d’une action basée sur l’authenticité, sur la confiance et la bonne volonté avec nos frères et sœurs hindous ». Après son voyage en Inde au début de cette année, Maria Voce, présidente des Focolari, a raconté qu ‘elle avait reçu un accueil chaleureux de votre part. « J’ai été heureux de lui souhaiter la bienvenue dans mon diocèse de Vasai et de me souvenir avec elle des premiers contacts que j’ai eus avec le Mouvement à travers deux focolarine qui travaillaient auprès du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux. J’avais été impressionné par le grand amour qu’elles mettaient dans les activités les plus simples. C’est ainsi que je fus intéressé à connaître de plus près les Focolari et j’ai eu bien vite le privilège de rencontrer Chiara Lubich. Elle était simple, directe et croyait dans l’unité. Cette voie vers l’unité, elle l’a offerte à l’humanité à travers l’Église, en restant profondément fidèle à celle-ci et en travaillant pour l’unité de la famille humaine. Je suis heureux de voir comme en Inde, les Focolari portent de l’avant cet héritage par le biais du dialogue entre les religions, les cultures et les générations ». Face aux très nombreux défis que la famille humaine doit affronter en divers points du globe, dans quelle mesure est-ce important de poursuivre sur la voie du dialogue ? « Il s’agit d’un processus qui demande temps et dévouement et il arrive que le dialogue semble inutile lorsque nous nous heurtons à des épisodes de violence, dans la pauvreté et la discrimination sociale. Mais ce n’est pas comme ça. Personnellement, j’essaie de m’inspirer du Pape Jean XXIII, qui avait l’habitude de s’agenouiller en prière après une longue et dure journée, en disant : ”Seigneur, j’ai fait de mon mieux. Voici ton Église, maintenant c’est toi qui diriges”. En tant qu’êtres humains, nous avons la tendance à être impatients, mais Dieu ne l’est pas. Par conséquent, il est de notre devoir d’être semblables au Christ dans la façon d’aimer, de pardonner et de continuer à croire dans la fraternité universelle aussi et surtout lorsqu ‘elle semble inadéquate pour résoudre les problèmes actuels. Nous devons nous rappeler que nous ne pouvons pas imposer notre idée du temps à Dieu ». Interview d’Annabel D’Souza
La ville de Como est revenue sur le devant de la scène dans les journaux pour l’important flux de réfugiés qui, contraints à cause des murs et des fils barbelés, doivent se diriger vers d’autres routes, en essayant de traverser la Suisse pour rejoindre les pays du nord de l’Europe, à la recherche de la chance ou du regroupement avec la famille qui les a précédés. Le trajet à parcourir, à pied ou avec les moyens du bord, est assez court mais à la frontière, les contrôles sont rigoureux et lesrefoulements, la règle. Le nombre de personnes qui campent augmente donc, dans l’attente de l’occasion propice pour éluder les contrôles : ce sont des hommes et des femmes, des familles avec des enfants en bas-âge, des mineurs non accompagnés.L’évêque, Mgr Coletti, dans un appel adressé à la ville, a demandé à tous de relever le défi de l’accueil et, en particulier, il s’est adressé aux communautés ecclésiales pour qu’elles mettent en pratique les œuvres de miséricorde, au cours du Jubilé de la Miséricorde. Une occasion de croissance, de développement.« Nous avons senti que cette invitation nous était aussi adressée – racontent les membres de la communauté locale des Focolari – et nous nous sommes tout de suite mobilisés en nous mettant à la disposition de Caritas au niveau diocésain qui est en première ligne dans l’organisation des aides. A travers le réseau de nos communautés, une réponse en cascade a émergé, réponse qui implique des personnes qui nous sont proches : les membres de nos familles, les amis, les connaissances. Il s’agit de récolter des aliments, des couvertures et d’autres objets de première nécessité, de couvrir les permanences de service dédiées à l’accueil des migrants, à l’accompagnement aux douches et à la cantine, à la distribution des vivres, à la cuisine, au nettoyage. Le soir, on sert jusqu’à 500 repas. On croise des regards perturbés, épouvantés, reconnaissants, parfois encore méfiants. C’est difficile de communiquer avec celui qui parle une langue inconnue. Mais le fait seulement d’être là, fatigués et en transpiration comme tout le monde, à déposer une assiette avec le sourire, en essayant de comprendre avec des gestes si le repas plaît, coude à coude avec les autres volontaires qui comme nous, se sont lancés dans l’aide des frères réfugiés, cela nous ressentons ainsi de faire partie d’une grande famille ».Une personne de la communauté au service dans la cantine écrit : « J’ai été touchée par la foi, par l’intensité de la prière de remerciement avant et après les repas des chrétiens coptes ». Et puis : « Dans le frère réfugié que nous accompagnons aux douches et que nous servons à table, en le regardant dans les yeux, nous reconnaissons Jésus qui nous répond :”C’est Moi… ! ». Et encore : « Après une soirée passée à servir, en partageant l’expérience avec d’autres volontaires des origines les plus variées, on en sort le cœur plein de sentiments et de résolutions ».Lors des festivités pour le saint patron de la ville de Como, on a vécu un après-midi tout spécial dans une basilique bondée, avec la présence de l’évêque et des autorités de la ville, avec la participation des migrants chrétiens érythréens, éthiopiens, somaliens et une représentation des plus de 500 volontaires.« La lecture du passage de l’Évangile sur le jugement dernier, en italien, anglais et espéranto , a suscité une grande émotion – racontent-ils. Le Père Claudio, missionnaire combonien de notre communauté, qui a passé plus de 30 ans dans ces pays et en connaît les langues et dialectes, se donne depuis des semaines pour assister les personnes qui campent dans les environs de la gare. L’évêque lui a confié la mission de les accompagner spirituellement, en leur mettant la basilique à la disposition. Jésus est venu aujourd’hui nous rendre visite dans ces frères migrants et nous voudrions, non seulement les accueillir mais répondre d’une manière concrète et avec une vision du futur ». Source : Movimento dei Focolari Italia
500 ans après la Réforme de Luther, dans la cité-pilote œcuménique d’Ottmaring (Augsbourg), s’est tenu la 35e Rencontre internationale de 25 évêques de différentes Églises qui s’inspirent de la spiritualité du Mouvement des Focolari. La réflexion sur les points de la spiritualité du Charisme de l’unité, la prière commune et la célébration des différentes liturgies ont posé les bases pour des rencontres et des dialogues profonds qui ont laissé une empreinte indélébile sur les participants. Le thème du rassemblement, “Jésus crucifié et abandonné-fondement d’une spiritualité de communion”, a guidé la rencontre que les évêques ont voulu conclure avec la communauté du Carmel, qui se trouve près du Camp de concentration de Dachau, pour une confrontation avec une des étapes les plus douloureuses de l’histoire de l’humanité. Une vision qui a donné de l’espoir s’est ouverte: “Pour moi, aller à Dachau c’était comme visiter un sanctuaire de Jésus abandonné.J’y ai rencontré Dieu, Dieu dans son abandon”, a expliqué Jesús Morán, coprésident du Mouvement des Focolari. L’évêque maronite Simon Atallah du Libana ajouté: “À côté d’un lieu de douleur et de haine, nous avons trouvé un lieu d’amour”. Un des moments forts de la rencontre a été la liturgie œcuménique dans l’église évangélique de Sainte-Anne à Augsbourg, avec la présence de l’évêque émérite Christian Krause, un des principaux signataires de la “Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification”, le 31 octobre 1999 au même endroit. Le groupe des évêques a saisi cette occasion pour formuler un message pour la célébration de l’ouverture des 500 ans de la Réforme, qui s’est tenue dans la ville suédoise de Lund. Ils ont également envoyé une délégation.Le maire de la ville de la “paix d’Augsbourg”, Kurt Gribl, recevant les évêques, a souligné comment “le Mouvement des Focolari et, en particulier, le groupe d’évêques, représentent des confessions qui ne nient pas les différences”. Et en voyant un lien étroit entre la ville d’Augsbourg et l’engagement de la communauté œcuménique des évêques, il a ajouté: “Vous nous montrez, par votre exemple, qu’une cohabitation pacifique et spirituelle est possible et cela nous encourage à poursuivre la collaboration, en tant que ville de la paix”. Pour sceller cette profonde amitié et le lien spirituel, le groupe s’est ensuite recueilli dans l’église évangélique de Saint-Ulrich. C’est désormais une tradition, pour les évêques qui participent à ces rencontres œcuméniques, de formuler une promesse solennelle: celle de se soutenir mutuellement dans la prière et dans la vie, en partageant préoccupations et douleurs, joies et conquêtes des frères. “Que la croix de l’un devienne la croix de l’autre et l’aspiration de l’un, l’aspiration de l’autre”, selon le texte du “Pacte de l’amour réciproque” que tous ont ratifié. Le prochain rassemblement œcuménique des évêques, promu par le Mouvement des Focolari, aura lieu en Pologneen 2017.
Il s’agit d’un nouveau “laboratoire” promu par Sophia, en collaboration avec les Centres de formation et d’action pastorale du Mouvement des Focolari: le Centre des prêtres et diacres focolarini, le Centre des prêtres et diacres volontaires, le Centre gen’s, le Centre des religieux, le Centre des consacrées, le Secrétariat du Mouvement paroissial et le Secrétariat du Mouvement diocésain. Le Centre entend répondre à l’invitation adressée par le pape François à l’Église en Italie à reprendre en main l’Exhortation “Evangelii Gaudium” pour donner de l’élan, du contenu et une direction à l’œuvre de renouvellement pastoral nécessaire à l’évangélisation à laquelle l’Église est appelée pour aller vers les périphéries existentielles de notre époque. Les cours, les séminaires, les stages et les laboratoires activés par le Centre s’adresseront aux prêtres, personnes consacrées, agents pastoraux, laïcs engagés dans les différents domaines de la vie ecclésiale et sociale, et surtout aux jeunes. Ils entendent offrir une contribution à ce devoir urgent et exigeant, en orientant les impulsions spirituelles et les expériences suscitées par le charisme de l’unité de Chiara Lubich. Le CEG (Centre Evangelii Gaudium) a pour mission de promouvoir et soutenir, en phase avec le projet formatif et la méthode académique de Sophia, la formation, l’étude et la recherche dans le domaine de l’ecclésiologie, de la théologie pastorale et de la mTalazacission, de la théologie spirituelle et de la théologie des charismes, dans la vie aujourd’hui de l’Église en sortie missionnaire. Le programme du congrès inaugural, en plus des salutations initiales, dont celles du cardinal Joao Braz de Aviz et de Mgr Vincenzo Zani, prévoit la présentation du Centre par le doyen de l’Institut universitaire Sophia, le professeur Piero Coda, un discours sur les points forts de l’Exhortation apostolique du pape François confiée à la professeure Tiziana Merletti (Supérieure générale des Sœurs Franciscaines des Pauvres) et une table ronde avec la participation d’experts du monde de la culture comme Massimo Toschi et Damiano Tommasi. “Le défi est de donner une contribution à ce changement de paradigme, dans la culture et dans la relation entre communauté ecclésiale et société civile – a déclaré Piero Coda – que notre époque demande et dont la prophétie du pape François nous dit avec force que le moment de commencer avec fidélité et créativité est arrivé.”Conférence de presse de présentation du “Centre de formation supérieure Evangelii Gaudium” (C.E.G.): 8 novembre 2016, à 11h30 au siège de “Toscana Oggi” – Via dei Pucci 2 – Florence.Modérateur:Don Giovanni Momigli, collaborateur CEG. Intervenants:Don Emilio Rocchi (Secrétaire du Centre Evangelii Gaudium), Professeur Sergio Rondinara (enseignant à l’I.U.S. d’Epistémologie et Cosmologie)Info: relazioni.esterne@iu-sophia.org – www.iu-sophia.org
Arrive à son terme, la production d’un spectacle musical/théâtral dédié à l’histoire d’AlbertoMichelotti, Carlo Grisolia (A&C) et de leur groupe d’amis avec leurs passions (sport, musique, amitiés) qui se retrouvent au ”Muretto”, une petite place de la périphérie de Gênes, vers la fin des années ’70. C’est l’histoire de deux jeunes qui s’engagent dans un contexte d’efforts et de partage : le port, lieu de frontière, lieu de passage et de rencontre, surtout entre jeunes parce que ceux qui débarquent sont principalement des jeunes ; des jeunes qui savent porter leur attention à l’autre, dépenser sanscompter pour cela de leur temps, faciliter la rencontre avec la nouveauté et celui qui est différent (ce que les jeunes, souvent contrairement aux adultes, ne craignent pas). L‘amitié est la ”philadelphie” qui fait en sorte de découvrir l’autre en profondeur, parfaitement, ontologiquement égal à soi-même, qui donne de la substance et rend réelle l’appartenance, la paix, l’ouverture, réel le dialogue. C’est la décision de donner la vie pour ses propres amis, qui rend réellement solidaires, ouverts, respectueux, proactifs. C’est cela l’ ”amour le plus grand”. Le spectacle, sous une première ”short version” débute en novembre 2016 dans deux théâtres de Rome le 17 à la ”Tor Bella Monaca”, le 21 et 22 au ”Vascello”. A celui-ci et relié, un intéressant et articulé projet éducatif et social qui sera successivement proposé, en collaboration avec le M.I.U.R. ”Département pour le Système Éducatif d’Instruction etde Formation et la Direction Générale pour l’Étudiant, l’Intégration et laParticipation, aux institutions Secondaires grâce aussi au soutien de Fondation Migrantes, Caritasitalienne, Comité Alberto &Carlo, Mouvement des Focolari, Fondation ‘Ente delloSpettacolo’, Lycée Bertolucci Parma, Le Diocèse de Gênes. Une équipe de professionnels (auteurs/compositeurs, réalisateur, scénographe (décorateur), directeur musical, chorégraphe, techniciens de la lumière et du son) sont les véritables ”coach” d’une jeune équipe d’artistes issus de différentes Régions d’institutions Supérieures et d’Universités italiennes. Particulièrement significative la présence parmi eux d’un jeune nigérian ‘demandeur d’asile’. Tout d’abord, ceux-ci sont les premiers invités à revivre et expérimenter ce que contient l’histoire d’Alberto & Carlo. Source :rerum.eu
Quelques années auparavant, mon mari et moi avons racheté une petite entreprise de construction mécanique, avec six employés et une clientèle nombreuse. C’était un petit rêve qui se réalisait, aussi parce que nous pouvions ainsi assurer un futur professionnel à nos enfants. Même si nos clients nous ont assurés que rien ne changerait, déjà durant les six premiers mois d’activité nous avons été confrontés à la dure réalité du travail: peu de commandes, bureaucratie et aussi quelques tentatives subtiles de corruption. Pour nous, il était important de rester dans la légalité enignorant ces demandes, mais, aussi à cause de cette attitude et à la crise du secteur automobile, nous avons constaté qu’en l’espace d’une année le chiffre d’affaires de l’entreprise avait diminué de moitié. Nous nous sommes donc retrouvés avec beaucoup de dettes à payer, sans ressources. En conséquence, nous avons dû aborder le choix extrêmement difficile de licencier une grande partie des ouvriers, leur donnant le temps de trouver un nouveau travail. Nous avons été aussi contraints de vendre les machines pour pouvoir leur donner tout ce qui leur revenait. Nous avons vécu tout cela comme un échec, mais nous n’avons pas renoncé. Autour de nous, la communauté des Focolari, dont nous faisons partie depuis quelques années, nous soutenait par la prière. Nous nous sommes adressés à Dieu afin qu’il nous guide dans nos choix. La providence ne s’est pas fait attendre. L’occasion de changer de secteur de travail s’est présentée. Elle nous donnait la garantie d’une continuité. Mon père a mis à notre disposition une somme pour faire face aux dépenses plus urgentes, un de nos représentants nous a laissé en prêt des machines pour une longue période et les fournisseurs nous permettaient de faire des paiements échelonnés. Ainsi, petit à petit, nous nous sommes repris. Le plus beau fruit de cette période a été que nos enfants ont grandi en donnant de la valeur aux choses importantes, comme le choix d’une vie simple, et pouvoir ainsi expérimenter l’amour de Dieu à travers beaucoup de petits signes, mais importants. Tout cela a renforcé le lien familial. 2009 a marqué le début de la crise économique au niveau international et nous l’avons aussi beaucoup ressentie. Parfois, nous étions découragés, mais nous avons continué malgré mille difficultés, sans aucune certitude sur les lendemains, toujours confiants en la providence qui nous a surpris en beaucoup d’occasions. Par exemple, le jour où nous étions très préoccupés, parce que nous n’avions eu aucune commande! J’ai demandé aux volontaires de mon groupe, avec lesquelles je partage la spiritualité des Focolari, de prier et, plus tard dans la matinée, le fax a commencé à imprimer 72 pages de commandes! Nous avons vraiment ressenti la puissance de la prière et la concrétisation de l’amour de Dieu pour nous. Cet été, un de nos clients, qui passait commande de temps en temps, nous a confié un travail important, pour quelques mois, mais qui annonçait la possibilité de grandes commandes pour le futur et donc une tranquillité économique que nous rêvions depuis longtemps. Au moment de conclure le contrat, nous découvrons que les pièces produites seront employées dans l’industrie des armes lourdes. Nous avions à l’esprit les images du désespoir des nombreux réfugiés qui fuient la guerre dans leur pays. Le choix de ne pas accepter de travailler pour cette entreprise a été difficile, parce qu’elle nous aurait assuré du travail pendant de nombreux mois, mais nous n’avions aucun doute. Ce qui nous a rendus très heureux, c’est le fait que notre fils, qui a commencé à travailler avec nous, était complètement d’accord. Nous sommes certains que la providence de Dieu, expérimentée de nombreuses fois durant ces dernières années, ne manquera pas.
« Puisque les guerres ont leur origine dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent s’élever les défenses de la paix ». C’est ceci que récite le préambule de l’acte constitutif de l’Unesco où, au siège, à Paris, le 15 novembre prochain, on se souvient de Chiara Lubich et l’engagement du Mouvement des Focolari pour la paix. Nous proposons quelques pensées sur la paix, extraites des écrits d’Igino Giordani (protagoniste des deux guerres) : Les blessures sociales s’appellent guerres, dissensions ; et lacèrent le tissu social avec des plaies qui parfois semblent ne pas guérir. L’âme antique, dans les heures les meilleures, aspirait à la paix. ”Si vis pacem, para bellum” [si tu veux la paix, prépare la guerre], disaient les romains ; mais dans l’esprit évangélique, la vraie paix n’est pas celle qui est procurée par la guerre, mais celle qui a germé grâce à une disposition pacifique, par une concorde d’âmes. On ne se fait pas mal pour être bien. ”Si tu veux la paix, prépare la paix”. Là aussi on renouvelle en construisant la paix, comme fondement, non pas les armes, faites pour tuer, mais la charité, faite pour vivifier. La charité, se mettant en mouvement, génère la fraternité, l’égalité, l’unité, et élimine les jalousies, l’orgueil, et les discordes, tenant à recueillir les hommes en une famille d’un seul esprit. La vie humaine est sacrée. Ne pas tuer ! Ne pas te venger ! Aime l’ennemi. Aucun talion… L’humanité qui a suivi Jésus a compris dans l’Évangile le message angélique chanté au cours de la nuit de sa naissance :”Paix sur terre”. Il suffit qu’il y en ait un qui aime la paix. Condition avant toute relation. Jésus mettait en opposition des généraux et héros ensanglantés, avec les héros pacifiques, victorieux sur eux-mêmes, prêts à susciter la paix avec eux-mêmes, avec les citoyens, avec les étrangers; il créait un héroïsme nouveau et plus ardu ; celui d’éviter la guerre sous toutes ses formes, en en cassant continuellement la dialectique avec le pardon et la rémission. Cette paix est fruit de la charité, celle pour laquelle il nous est demandé d’aimer aussi les ennemis, aussi ceux qui calomnient : celle-ci empêche les ruptures ou les répare. Sous un régime d’amour, la discorde est une absurdité, un reniement ; et quiconque la provoque se met sans aucun doute en-dehors de l’esprit du Christ, et dehors, il reste jusqu’à ce qu’il ait restauré la concorde ». Igino Giordani, Le message social du christianisme, Editrice Città Nuova, Rome (1935) 1966 p. 360-368
En 1956 laHongrie était envahie par l’armée soviétique suite à la révolte ensuite réprimée dans le sang etChiara Lubich, répondant à l’appel lancé par Pie XII, écrit une lettre qui deviendra la ”magna carta” de la nouvelle vocation qui fleurira à l’intérieur du Mouvement des Focolari : ”Les volontaires de Dieu”, femmes et hommes formés par la spiritualité de l’unité, qui s’engagent à porter Dieu dans la société avec le propre témoignage, dans les différents milieux dans lesquels ils agissent. Du 28 au 30 octobre, se sont rencontrés à Castel Gandolfo (Rome), 1840 volontaires femmes et hommes venus de toute l’Italie.« Il y a une grand envie de s’impliquer pour notre pays et on sentune grande nécessité, qu’on ne veut plus reporter à plus tard, de surmonter la fragmentation et de se mettre concrètement et définitivement sur le net car les bonnes pratiques peuvent devenir stimulation , aide et soutien réciproques ; et comme elle est forte, l’exigence d’engagement intergénérationnel afin d’être une réponse commune, concrète et reproductible aux défis et aux souffrances de notre société ». Le commentaire à chaud d’une jeune participante qui résume les trois journées vécues intensément. Le message deMaria Voce, présidente des Focolari, marque l’ouverture du Congrès, encourageant tous à témoigner ducharisme de l’unité dans ses expressions les plus concrètes et avec le regard fixé sur la prière de Jésus ”Que tous soient Un”. On entre dans le vif du congrès avec quelques réflexions et témoignages qui misent à approfondir le nouveau thème proposé cette année au Mouvement tout entier : ”Jésus Abandonné, fenêtre de Dieu, fenêtre de l’humanité’‘. Touchant le témoignage raconté presque à voix ténue à cause de l’émotion, de Pina et de Tanina, deux volontaires de Lampedusa, qui racontent avec force et simplicité de véritables actes d’héroïsme quotidien dans le fait d’affronter l’accueil de milliers de réfugiés débarqués sur la petite île ces dernières années : « Nous les sentons nôtres cesfrères africains avant de les remettre à l’humanité ; et quand ils partent d’ici pour se disperser dans le monde, une grande émotion nous étreint pour le futur incertain qui les attend ». Riccardo Balaarm, journaliste, raconte comment, à partir de l’expérience soufferte du handicap d’un fils, naît l’engagement avec les jeunes de la nationale paralympique de natation, en présentant le témoignage d’Arjola Trimi, médaille d’argent dans les 50 m. style libre à Rio (Brésil). Durant les après-midis, 150 groupes affrontent 35 thématiques : de la formation, à l’engagement dans la vie sociale ou politique ; de l’économie à la santé et à l’écologie, à l’art, etc…Tous les domaines dont les volontaires tiennent compte dans leur vie quotidienne et à travers lesquels ils essaient de réaliser la vocation des ”premiers chrétiens du XX ème siècle” comme l’appelait Chiara Lubich : des laïcs qui vivent l’Évangile avec la même ardeur que les premiers chrétiens, décidés à se donner pour construire un monde uni. Un moment solennel a été la signature de l’acte constitutif, avec la présence de don Andrea De Matteis, vicaire de l’évêque et chancelier du diocèse d’Albano, à travers lequel les volontaires assument l’engagement d’être promoteurs du processus de canonisation d’un ”premier chrétien” de notre époque,Domenico Mangano, volontaire de Viterbo disparu en 2001. https://youtu.be/EDCfdVUGa6s
Cela est-t-il dû à la participation du pape François et des plus hauts représentants de la Fédération luthérienne mondiale ? Cela est-t-il dû aux touchantes expressions de la Déclaration commune lue dans la cathédrale de Lund (ville de 115.000 habitants dans le sud de la Suède) ? Ou bien à la grande participation du peuple ? Le fait est que le succès de l’événement de la commémoration du Vème centenaire de la Réforme a dépassé toute attente même en ce qui concerne l’impact sur les médias. « Le Christdésire que nous soyons Un de manière à ce que le monde puisse croire », ont proclamé ensemble luthériens et catholiques, convaincus que « la manière d”entrer en relation entre nous ait uneincidence sur notre témoignage de l’Évangile ». Le regard du Document est tourné vers le futur et dans le quotidien ; sortir de soi-même, de la propre communauté, de la propre église pour entreprendre des actions communes « dans le service, défendant la dignité et lesdroits humains, spécialement ceux des pauvres, en travaillant pour la justice et en rejetant touteforme de violence ». Une résolution, celle de travailler ensemble « pour accueillir celui qui est étranger, pour venir en aide à ceux quisont obligés de fuir à cause de la guerre et de la persécution, et à défendre les droits des réfugiés et de ceux qui cherchent refuge » et pour la défense de toute la création, de l’environnement « qui souffre l’exploitation etles effets d’une insatiable avidité ». Une Déclaration qui devient globale dans l’appel final aux catholiques et aux luthériens du monde entier afin que « toutes les paroisses et les communautésluthériennes et catholiques » soient « courageuses et créatives » oubliant les conflits du passé pour que « l’unité entre nous guide la collaboration et approfondisse notre solidarité ».La Réforme de Lutheren Suède a été introduite pour des raisons purement politiques. Le roi Gustav Vasa prit le contrôle de l’Église et ce fut seulement en 2000 qu’advint la séparation entre État et Église. Au cours des siècles, le luthéranisme a ensuite acquis beaucoup de nuances qui se reflètent dans les différentes caractéristiques nationales. Mais au-delà de l’histoire de chaque peuple, nous voyons aujourd’hui se frayer un chemin, la ”Réforme de l’unité” voulue avec conviction par les deux églises luthérienne et catholique. Une réforme destinée à devenir culture populaire et donc possible. Celle-ci se base sur 5 engagements: 1) Commencer toujours de la perspective de l’unité et non du point de vue des divisions; 2) Se laisser transformer continuellement par la rencontre avec les autres ; 3) Chercher une unité visible en élaborant ensemble des pas concrets ; 4) Redécouvrir la force de l’Évangile ; 5) Témoigner ensemble de la miséricorde de Dieu. Engagements ceux-ci qui portent à témoigner de la beauté d’être chrétiens dans la diversité, justement parce que ce qui nous unit vaut beaucoup plus que ce qui nous divise. C’est bien cela la conviction qui a guidé la longue amitié entre les Focolari et les luthériens ainsi que l’action de beaucoup d’autres mouvements. Antje Jackelen, la première femme archevêque de l’église luthérienne suédoise (61 ans, mariée et mère de deux filles) que nous avons interviewée en ce qui concerne la contribution des mouvements soutient que ceux-ci « Sont œcuméniques dans leur propre configuration et c’est ainsi qu’avec eux, les préjugés sont anéantis ». Et que l’événement de ces jours-ci « est aussi le fruit de 50 années de dialogue et de travail réalisé ensemble ». Au cours de l’après-midi, dans l’Arène de Malmö, comble de 10 mille personnes, les témoignages se sont alternés de : Pranita (Inde), Hector Fabio (Colombie), Marguerite (Burundi), Rose (Sud Soudan), Antoine (Syrie). Ceux-ci, plus que beaucoup de beaux discours, ont démontré qu’une collaboration existe déjà entre les églises, avec des actions communes pour l’environnement, pour la justice sociale, pour les enfants, pour soutenir les pauvres, les agriculteurs, les victimes des guerres. « Ces histoires – a conclu le Pape – nous motivent et nous offrent un nouvel élan pour travailler toujours plus unis. Lorsque nous retournons dans nos maisons, portons avec nous l’engagement de faire chaque jour un geste de paix et de réconciliation pour être les témoins courageux et fidèles de l’espérance chrétienne ». Des paroles aux actes. Pour être vrais, crédibles. DECLARATION CONJOINTE à l’occasion de la commémoration commune Catholique-Luthérienne de la Réforme (Radio Vaticana)
Fortement engagée dans le soutien à la population civile meurtrie par une guerre qui dure depuis cinq ans, Caritas international a décrété le 31 octobre dernier “Journée mondiale de prière pour la Syrie”. En même temps, le pape François et d’autres responsables religieux présents en Suède pour l’ouverture des célébrations du 500e anniversaire de la Réforme ont prié ensemble pour la paix au Moyen-Orient et en particulier pour le peuple syrien. “Alors que le peuple souffre, des quantités incroyables d’argent sont dépensées pour fournir des armes aux belligérants. Et certains des pays fournisseurs de ces armes font aussi partie de ceux qui parlent de paix.Comment peut-on croire ceux qui, avec la main droite, vous caressent et avec la gauche, vous frappe?”, sermonne le pape dans son vibrant message vidéo en soutien de la campagne promue par Caritas international. Après avoir encouragé tout le monde à vivre avec enthousiasme l’Année de la Miséricorde, le Saint-Père martèle que “la paix en Syrie est possible”, en invitant les groupes, les paroisses, les communautés à promouvoir toutes les initiatives possibles de sensibilisation “pour diffuser un message de paix, d’unité et d’espérance”. Et il ajoute: “Que la prière soit suivie des œuvres de paix”.Beaucoup de communautés ont répondu à l’appel du pape. La communauté chrétienne de Damas s’est notamment réunie pour prier dimanche dernier, 30 octobre, en croyant dans la force de la prière pour demander le don de la paix. Quelques membres de la communauté des Focolari, qui y ont participé, écrivent: “Dans une église comble, étaient présents: des fidèles de toutes les Églises, catholiques, orthodoxes et évangéliques, le Nonce apostolique et quelques évêques.Durant ces moments, comme jamais, on sent la force de la prière. L’unité est tangible, forte est l’espérance que bientôt la paix sera restaurée.Les scouts, venant de toute la Syrie, ont présenté, à la fin de la prière, quelques documentaires sur la paix, des chansons, nous faisant vivre aussi un moment de joie, avec des feux d’artifice et un lâcher de ballons”.“Syrie: la paix est possible”, c’est donc l’invitation du pape François à tous les fidèles et aux personnes de bonne volonté; une invitation à s’adresser “à ceux qui sont impliqués dans les négociations de paix, afin qu’ils prennent ces accords au sérieux et s’engagent à faciliter l’accès à l’aide humanitaire”. Il conclut: “Unissons nos forces, à tous les niveaux, pour rendre la paix possible dans notre bien-aimée Syrie”. Sur le site Caritas Syrie (http://syria.caritas.org/fr), il est possible de trouver tout le matériel pour adhérer et diffuser la campagne pour la paix en Syrie.#peacepossible4syria
Deux congrès sont prévus à Castelgandolfo (Rome) pour les personnes qui adhèrent au Mouvement des Focolari27 – 29 janvier 2017 (du vendredi matin au dimanche après le déjeuner), arrivée prévue le 26 au soir.6 – 8 avril 2017 (du jeudi matin au samedi après le déjeuner), arrivée prévue le 4 ou le 5 au soir, possibilité, pour les personnes qui en font la demande, de participer à l’audience du Pape le mercredi 5 avril.Le thème des deux Congrès sera: “Jésus Abandonné, fenêtre de Dieu, fenêtre de l’humanité”
C’était le 22 octobre 1991 lorsque le Saint Synode de l’Église Orthodoxe le choisit à l’unanimité pour devenir l’Archevêque de Constantinople-Nouvelle Rome et Patriarche Œcuménique. Le nouveau Patriarche avait connu Chiara Lubich au cours des années lorsqu’il étudiait en tant que diacre à Rome et lors des voyages répétés de Chiara à Istanbul pour visiter le Patriarche Athénagoras et, successivement, le Patriarche Dimitrios. Il avait été présent à différentes de ces rencontres et surtout, du charisme prophétique d’Athénagoras, il avait hérité de cette passion pour l’unité de l’Église qui vibrait aussi en Chiara avec une vigueur particulière. Au cours des années, l’amitié spirituelle et la communion n’avaient fait que grandir. Le Patriarche a rendu visite à Chiara à l’hôpital Gemelli de Rome, quelques jours avant son décès, lui apportant sa bénédiction…Souvenons-nous aussi de la visite d’octobre 2015 à Loppiano, où il s’est vu décerner par l’Institut Universitaire Sophia le premier doctorat honoris causa en Culture de l’unité. Le mois suivant, c’était lui qui accueillait la 34ème rencontre œcuménique des évêques amis du Mouvement dans l’École théologique d’Halki (Istanbul). Cet anniversaire est donc vécu avec la participation et une grande joie de tout le Mouvement. C’est difficile de faire un bilan exhaustif de ces 25 ans d’activité patiente et tenace, douce et généreuse. ”25 années bénies” comme le définit Maria Voce dans un bref message vidéo. La Présidente des Focolari exprime des sentiments de ”gratitude à Dieu pour les dons qu’Il lui a concédés”, pour être ”guide illuminé pour Son Église” mais aussi pour ”le fait d’impliquer beaucoup de personnes dans la pensée et dans l’action concrète (…) en faveur de la vie, de la création, du dialogue, de la paix et de la construction de la fraternité universelle”. Samedi 22 octobre : atmosphère de grande fête dans l’Église de S.Giorgio, Siège du Patriarcat Œcuménique à Istanbul. C’est là qu’a lieu la Divine Liturgie, moment culminant des célébrations de ce Jubilé. En grec moderne ”efcharistó” est la parole pour dire ”merci”. Et il semble qu’aucune autre parole ne peut mieux exprimer ce rendre grâce à Dieu pour le don qu’Il a fait à l’Église et au monde à travers cet homme . En présence de nombreux métropolites issus de différents pays et liés au Patriarche œcuménique, du vicaire apostolique Rubén Tierrablanca d’Istanbul et d’un Mufti Dede Bektasi de l’Albanie, le patriarche tente de faire un compte-rendu de ces années, comme serviteur humble et reconnaissant. Mgr. Nicholas Wyrwoll fait un bilan de son quart de siècle sous son guide : « Énormément de choses ont changé. Bartolomé est maintenant reconnu comme Patriarche Œcuménique, titre qu’on ne pouvait même pas nommer dans la liturgie. Un changement remarquable a été celui du Saint Synode qui est l’organe de gouvernement le plus important de l’Église Byzantine. Avant, les membres étaient tous originaires de Turquie, maintenant, ils sont invités du monde entier et ils s’alternent avec une périodicité de six mois. Il a su impliquer la petite communauté grecque restée en Turquie et les autorités turques pour la restauration de beaucoup d’églises et de monastères en conservant et valorisant l’énorme patrimoine chrétien de ce pays. Et puis l’intérêt pour la sauvegarde de la Création. Il a collaboré avec toutes les religions, c’est un leader écouté au niveau mondial. Dans son homélie, le Patriarche a souligné l’importance du dialogue et de la communion : ”Nous sommes de différentes cultures, de différentes histoires, de différentes expériences, – a-t-il affirmé – l’expression commune de notre foi n’est pas recherchée avec des paroles, mais dans la prière commune”. Et il a salué cordialement le Mufti de l’Albanie. Il a rappelé le Synode Pan-orthodoxe qui s’est tenu en Crête. Avec lui, la recherche de l’unité dans l’Église et en particulier avec l’Église Catholique a subi une accélération phénoménale ».
Chiara Lubich avec Don Pasquale Foresi. Photo:: www.loppiano.it
Comment peut-on avoir la certitude d’avoir réellement choisi Dieu et comment concrétiser ce choix dans l’attitude quotidienne ? « Chiara:(…) On peut seulement avoir la certitude de ce que l’on vit dans le présent : moi maintenant, je veux cette volonté de Dieu, je veux me retrouver avec ces prêtres, si chers à Marie, si chers à Dieu. Je veux rester ici ? Je le veux, de tout mon cœur ! Mais s’ils me disaient en ce moment :”Regarde, Chiara, tu peux aussi mourir et venir tout de suite au paradis avec Jésus et Marie, avec tous les nôtres de la Mariapolis céleste, avec tous les saints, avec tous les anges ; mais, cela ne serait pas volonté de Dieu, ceci serait une volonté qui serait tienne : qu’est-ce que tu choisirais ?”. Je choisis d’être ici avec eux, parce que je choisis la volonté de Dieu. (…) Depuis que je vis ainsi (…) naturellement je recommence chaque instant. Parce que j’ai compris que cette phrase :”le juste pèche sept fois ”, cela veut dire une infinité de fois, parce qu’on s’échappe toujours en-dehors de la volonté de Dieu, il faut toujours être là à retourner dans la volonté de Dieu. (…) Une autre expérience que j’ai aussi faite en vivant ainsi, c’est celle de chaque geste, le plus petit : depuis le fait de se laver, de s’habiller, de prendre une feuille de papier, de ranger une maison, rencontrer une personne…tout devient solennel. C’est merveilleux, parce que celle-ci est une voie pour tous ; et vraiment cela doit être Marie qui nous l’a suggérée, parce que Marie est la maman de tous : des prêtres, des laïcs, des femmes, des hommes, des enfants, des personnes âgées, de tous, elle est notre maman à tous, parce qu’elle est la maman de l’Église ; et donc, elle nous a donné une route faite pour tous. (…) Maintenant, sur cette voie si simple, que tous les enfants peuvent vivre, les prêtres, les filles, les hommes, les mariés, tous peuvent la vivre et donc, ici, on distribue vraiment une voie d’accès à la sainteté à tous…, il suffit que nous le voulions, parce que ce n’est plus eux qui vivent, c’est Dieu qui vit en eux. Cette chose-là me donne une joie immense ! Avoir pu avoir de Marie le secret de la sainteté, d’une sainteté populaire, d’une sainteté universelle pour tout le peuple de Dieu . Et donc, ce que le Concile désire, que la sainteté soit pour tous, qu’elle ne soit pas limitée aux couvents, à certaines catégories de personnes, là, nous avons trouvé la voie. Et cela est quelque chose d’extraordinaire. Parce que dire : « Tu peux te faire saint dans un état de perfection » ; ça va, vas-y, deviens frère, devient sœur, etc. Mais pouvoir dire à tous : il y a une route qui peut te faire devenir saint, toi ; regarde, toi qui peut-être ne peux pas aller à l’église parce que les circonstances te l’ empêchent vraiment ; toi qui es ”au-delà du rideau de fer” où tu ne peux pas avoir de contacts avec les prêtres ; toi qui es en prison, tu peux te faire saint, c’est la volonté de Dieu vécue, en perdant tout : la liberté, si on est en prison ; le contact avec l’Église si on est ”au-delà du rideau de fer”…Tu le peux. Voilà cela est quelque chose d’extraordinaire. Seule Marie pouvait inventer une chose de ce genre. Seulement une maman qui aime tous et chacun personnellement. Seulement elle. Je ne me l’explique pas autrement. C’est extraordinaire. (…) Aussi parce que la simplicité est une des choses les plus difficiles à comprendre. Parce que c’est l’unité, elle est mystérieuse. Et donc comment peut-on faire ? Il faut choisir Dieu une fois, et puis se mettre sur cette voie-là (…) ». Chiara Lubic Source : Centro Chiara Lubich
En quoi une instance comme l’UNESCO sert-elle la paix ? D’abord il faut rappeler que l’UNESCO fait partie de la famille onusienne. Or la paix est au fondement même de la création de l’ONU. L’UNESCO a pour vocation la coordination de la coopération internationale en matière d’éducation, de sciences, de culture et de communication et est en quelque sorte son instance éthique. Sa mission fondamentale reste donc la paix, à travers notamment le dialogue entre les cultures. Son programme scientifique intergouvernemental dédié aux transformations sociales (MOST) manifeste le fait qu’aucun changement ne peut se faire s’il n’est pas intégré dans les différentes cultures. De fait, l’UNESCO est connue pour sa promotion du pluralisme culturel. Mais quel est le lien avec la recherche de l’unité et comment faire entendre la voix de New Humanity parmi tous les acteurs de paix ? Si la richesse de la diversité des cultures doit être protégée, au même titre que la biodiversité où est, en effet, l’unité, à laquelle l’humanité aspire ? Nous n’avons pas encore franchi cette étape. La déclaration universelle sur les droits humains est à cet égard un socle commun même s’il est parfois contesté, mais il reste à trouver ces valeurs communes, universelles, à la base de notre contrat social mondial. Le colloque du 15 novembre va permettre cette réflexion. Cette manifestation de New Humanity dans la maison de l’UNESCO est une contribution au travail de l’UNESCO avec ce que nous pouvons offrir, des bonnes pratiques associées à une réflexion de fond. Notre Ong peut rappeler que l’unité est la source et l’aboutissement de la vie de l’humanité. Dans un monde déchiré par les conflits n’est-ce pas utopique de croire aux vertus d’un colloque ? C’est vrai que le monde va mal, mais nous avons des raisons de croire en la paix. Le colloque va rendre visibles ceux qui la rendent possible. Promouvoir une culture de paix ne sera jamais vraiment mesurable mais le courant est lancé. Personnellement je crois aux organisations internationales. Elles peuvent sembler impuissantes mais songeons que ce n’est déjà pas rien que 195 pays puissent discuter ensemble et des pays en guerre se côtoyer dans la même pièce. Dès lors qu’on se situe sur le plan culturel plutôt que politique, les échanges sont plus libres. Par exemple, alors que la Palestine ne pouvait pas entrer à l’ONU, l’UNESCO l’a rendu possible car elle s’est placée sur le plan de son patrimoine culturel à protéger. Nous pouvons espérer que notre colloque aura une influence à travers ce qui a été transmis aux ambassadeurs présents à l’UNESCO. Les actes du colloque peuvent devenir une référence, un patrimoine culturel qui va intéresser des chercheurs et des personnes du monde entier. Et cela pendant de longues années. Propos recueillis par Chantal Joly
Le pape François, l’évêque Munib Younan et le pasteur Martin Junge (en tant que représentation de la Communion des 145 églises qui composent la Fédération Luthérienne Mondiale) : ce sont les trois personnalités qui, avec un geste hautement significatif, après 500 ans, souscrivent ensemble à la cérémonie d’ouverture du Vème Centenaire de la Réforme. Comme est tout autant significatif le titre de l’événement :”Du conflit à la communion – unis dans l’espérance’‘, qui aura lieu le 31 octobre avec un culte œcuménique dans la cathédrale de Lund duquel s’ensuivra une cérémonie publique dans le stade de Malmö, en Suède.Déjà en ’99, avec la ”Déclaration Conjointe sur la Doctrine de la Justification”, on avait mis une pierre angulaire dans la relation œcuménique catholique-luthérienne. Un document historique important qui dans la commémoration de cette année, est présenté comme fondement théologique, dans la recherche de l’unité possible et pleine de l’unique Église du Christ. Entre les luthériens et le Mouvement des Focolari, il y a un long parcours d’amitié. Ce seront en effet, les contacts avec eux qui feront comprendre à Chiara Lubich que la spiritualité que Dieu lui a confiée n’est pas réservée aux catholiques. Un peu d’histoire. Le 14 janvier 1961, Chiara est invitée à parler de la spiritualité de l’unitéaux sœurs de Darmstadt (Marienschwestern). A cette occasion, elle connaît quelques pasteurs luthériens parmi lesquels Klaus Hess et son épouse Amalie, cofondateurs de la ”Bruderschaft vom gemeinsamen Leben” enAllemagne. Quelques mois plus tard, les époux Hess viennent à Rome afin de mieux connaître le Mouvement et l’Église catholique. Le 24 mai 1961, Chiara fonde à Rome le ”Centro Uno” pour l’unité des chrétiens et en juin ’68, on inaugure le Centre Œcuménique dans la citadelle des Focolari d’Ottmaring (Augsbourg). Entre-temps, dans l’Allemagne de l’époque, l’esprit des Focolari est accueilli aussi bien par les évêques catholiques que par ceux qui sont évangéliques ou luthériens. La spiritualité de l’unité se diffuse aussi en Scandinavie, dans le milieu œcuménique et dans les Mariapolis en Suède, les participants, pour une bonne moitié, sont luthériens. A partir de 1982, aux rencontres des évêques catholiques amis du Mouvement, s’ajoutent des rencontres œcuméniques avec des évêques de différentes Églises. En 2015, ils sont au nombre de 6, les évêques luthériens, issus de trois pays différents, présents à la rencontre œcuménique des évêques qui s’est tenue à Constantinople. En ’88, le prix ”Fête de la paix d’Augsbourg” est décerné à Chiara Lubich. En ’99, elle est invitée à l’événement historique de la signature de la ”Déclaration conjointe sur la Doctrine de la justification” à Augsbourg. Durant la célébration solennelle, on lui confie la composition et la récitation d’une prière. En 2003, l’évêque luthérien de Munich en place à cette époque, Johannes Friedrich, se rend au Centre du Mouvement avec une délégation. Là, Chiara parle de Jésus Abandonné : ”Il s’est présenté(…) comme modèle à imiter dans toutes les épreuves et d’une manière toute spéciale dans les douleurs des désunités ; (…) lui abandonné est lumière pour recomposer la pleine communion visible”.1En 2009, l’actuelle présidente des Focolari, Maria Voce, est invitée aux célébrations à l’occasion du 10ème anniversaire de la ”Déclaration conjointe’‘. Pour l’ouverture du V ème Centenaire de la Réforme, la présidente ne sachant pas y être présente en personne, ce seront les délégués centraux Friederike Koller et Ángel Bartol qui représenteront le Mouvement des Focolari.
Pour la première fois le rendez-vous mondial des responsables du Mouvement des focolari ne s’est pas déroulé en une seule, mais en trois sessions de 10 jours chacune, correspondant à trois aires géographiques : les Amériques et l’Océanie ; l’Asie, l’Afrique et le Moyen-Orient ; l’Europe. Trois événements qui se sont succédé dans la continuité en reprenant les mêmes thématiques. En plus des deux délégués de chaque zone, y ont participé les responsables de quelques nations ou territoires et quelques conseillers chargés de suivre des aspects concrets. Environ 90 personnes étaient présentes à chacune des sessions: des hommes et des femmes représentant les nombreuses communautés qui tapissent la planète en y portant l’esprit d’unité. C’est le présidente Maria Voce qui les a accueillis en soulignant la richesse de ces moments de moisson, dans la gratitude envers Dieu pour la vie engendrée par le charisme de Chiara. Elle a aussi introduit le thème spirituel retenu pour cette rencontre et pour l’année qui vient : le mystère de Jésus abandonné, clé pour que se réalise l’unité. « Jésus est venu sur terre – rappelle la présidente – pour se charger de toutes les douleurs de l’humanité et pour nous assurer qu’avec Lui, il est possible de passer de la croix à la résurrection ».Au cours du travail intense de ces trois sessions les temps de partage ont été importants. A commencer par les réalités d’un monde « jeune » – celles des Amériques et de l’Océanie – fortement orienté vers le développement social et technologique, mais aussi porteur de nombreuses exigences spirituelles, spécialement en Amérique Latine, tandis que les autres régions ont besoin de nouvelles stratégies en vue d’une croissance concernant aussi les valeurs. « Mais il ne s’agit pas – précise Ray Asprer – de les définir autour d’une table, mais de développer la conscience que ce sera l’Esprit Saint qui nous suggérera la contribution que la société d’aujourd’hui attend du charisme de l’unité ». « En Océanie – ajoute Vania Cheng – nous devons nous rapprocher davantage des sociétés aborigènes et affronter le défi de la sécularisation. Nous repartons d’ici pour continuer à semer avec courage, convaincus que l’Évangile est contagieux par nature ». « Même si les défis ne manquent pas – affirme Gabriela Melo pour l’Amérique Latine – nos communautés vivent la communion et la réciprocité. Et cela les conforte dans l’idée que l’objectif d’un monde uni n’est pas une utopie ».Très significative aussi la rencontre des trois grandes aires géographiques de l’Afrique, de l’Asie et du Moyen-Orient, chacune confrontée à des problèmes de tous genres – spécialement le Moyen-Orient – où se vit un drame qui semble sans solution. C’est précisément sur les terres où Jésus a vécu qu’émerge avec force la nécessité, en plus du soutien aux populations, de diffuser la « culture de la Résurrection ». « En ce qui concerne l’Afrique – rapporte Joseph Assouad – on a mis en évidence la grande valeur de l’inculturation. Chaque peuple a fait un long chemin pour découvrir la Vérité et nous, en allant là, nous ne devons pas croire qu’on construit à partir de zéro ! ». Tandis que Robert Catalano, en parlant du continent asiatique, affirme qu’il a beaucoup à dire au monde au sujet de l’aspect social et politique, et souligne l’importance du dialogue interreligieux dans les diverses régions du monde asiatique grâce aussi à la contribution de l’École d’approfondissement des grandes religions, née aux Philippines à l’initiative des Focolari. Enfin l’Europe, de la Sibérie au Portugal. Le monde attend de ce continent unité, valeurs humaines et spirituelles, capacité de dialogue, spécialement avec l’Islam, une réalité qui s’avère toujours plus d’actualité dans ses diverses régions. « Et surtout – déclare Severin Schmitt – le monde attend que l’Europe trouve une solution digne au drame des réfugiés ». Les défis sont nombreux : sécularisation, relativisme, nouvelles générations. Ils exigent des propositions et des réponses nées de la communion entre toutes les composantes géographiques du continent. « Ce sont des problématiques – affirme Margherita Karram – qui ont suscité une plus grande motivation et une plus grande créativité, en mettant en réseau de nombreuses personnes qui, par exemple en Italie, se mobilisent pour l’accueil des réfugiés ». Ces rencontres ont fait ressortir de nombreux points et suscité de nombreuses idées. Mais aussi des questions sans réponses. Mais chez tous une grande certitude : continuer à s’ouvrir aux autres avec confiance, comme le suggère le pape François, certains que, chemin faisant, s’ouvriront des routes nouvelles et impensables. Jesús Morán, coprésident des Focolari, en est convaincu : “Jésus dit à Marie-Madeleine va et dis à tes frères que je vous précède en Galilée. Qu’est-ce que la Galilée ? La Galilée c’est le monde qui se trouve en dehors de la Ville Sainte, en dehors de murs de Jérusalem, là où Jésus est mort. C’est le monde. Et c’est là, dans le monde, que Jésus nous précède ».
Le 16 octobre 1966, une Citroën 2 CV arrive à Tlemcen, en Algérie… A son bord, trois focolarini : Salvatore Strippoli et Ulisse Caglioni, Italiens, et Pierre Le Vaslot, Français. C’est le début d’une présence qui fête désormais ses 50 ans. Après l’Algérie, cette vie s’est petit à petit répandue un peu partout en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Mourad, médecin, raconte : « Nous étions un groupe de jeunes qui ne savaient pas trop ce qu’ils voulaient faire ; un rien nous faisait rire. Un jour, nous avons rencontré Gérard, qui nous a invités à prendre le thé chez lui, au focolare. Nous y sommes retournés plusieurs fois, nous avons discuté, chanté – c’était de belles chansons qui parlaient beaucoup de la vie. Nous connaissions toujours plus un idéal qui nous a ‘remplis’, nous a appris à vivre. Tout cela il y a 50 ans. Aujourd’hui j’ai 67 ans et je continue à vivre cet idéal, je suis content de le vivre ; c’est un idéal qui nous enseigne à vivre l’amour entre les personnes ». Et Samira, étudiante : « J’ai 21 ans. Je suis très touchée, reconnaissante et encouragée par les saines idées des Focolari. Surtout par la détermination dans le fait de vouloir construire des ponts entre les personnes et transmettre les valeurs morales et humaines, pour nous réunir tous entre frères de tous horizons ; et je suis surtout reconnaissante à Allah, notre Seigneur, qui est Un ». Omar, infirmier en salle d’opération : « Que la Paix soit avec vous. Le Mouvement des Focolari m’a enseigné à connaître l’autre, même s’il est différent, et à savoir s’apprécier mutuellement, à s’enrichir réciproquement, à aller au-delà de préjugés parfois séculaires. J’ai appris à faire le premier pas envers l’autre, à l’approcher comme un frère, avec un amour désintéressé, qui est la clé de la fraternité ». Et Mgr Henri Teissier, archevêque émérite d’Alger : « L’Eglise en Algérie ne compte qu’un petit nombre de chrétiens, pour qui il est important d’être intégré dans la société algérienne. Le Focolare a justement mis l’accent sur la relation, sur le dialogue, sans cacher sa propre identité, mais en laissant aux amis algériens qui s’en approchaient le soin de le traduire dans leur propre culture. Je pense que le Focolare, en agissant de la sorte, a répondu aux attentes de l’Eglise. Evidemment, cela les a un peu coupés de la ‘communauté chrétienne réunie’, mais notre objectif n’est justement pas une ‘communauté réunie‘, mais une communauté qui cherche les autres pour se retrouver tous dans une réalité qui nous dépasse ». Le centre des Focolari « Dar es Salam » (Maison de la Paix) de Tlemcen accueille les deux événements qui célèbrent ce 50e anniversaire : * le 2e Congrès International des Musulmans du Mouvement des Focolari (28-30 octobre 2016), avec des participants de toute l’Algérie, du bassin méditerranéen (Liban, Egypte, Jordanie, Italie, France, Suisse) et du Canada ; * la Fête des 50 ans du Mouvement des Focolarien Algérie (1-2 novembre 2016), avec des participants des différentes communautés et quelques uns des premiers témoins de cette aventure, en présence également du co-président des Focolari, Jesús Morán. Communiqué de presse – 28 octobre 2016
En prison “J’avais eu des problèmes avec un autre garçon et tous deux nous avons fini en prison. Nous étions ennemis et entre nous aucune possibilité d’entente. Mais lorsque j’ai connu plus profondément l’enseignement de Jésus sur l’amour, j’ai pensé à cet « ennemi ». Que faire pour l’aimer ? Il m’est venu l’idée de partager avec lui un peu de la nourriture que m’apporte ma famille, je savais que personne ne lui apportait rien. Maintenant nous sommes devenus de bons amis. Une autre expérience concerne l’unique boîte pour aliments que j’avais : on me l’avait volée et je savais qui c’était. Je suis allé trouver la personne en question, mais il a refusé de me le rendre. Je ne savais que faire. Rentré dans ma cellule j’ai commencé à lire l’Évangile, ma référence en toute chose, et à un certain moment j’ai lu le passage concernant le commandement nouveau. Voilà la réponse ! Aussitôt, du fond du cœur, j’ai décidé de laisser courir la chose et de ne plus penser à cette boîte. Le plus important était d’aimer ». (D.J. – Nigéria) La machine à café Au travail nous utilisons tous la machine à café, mais personne ne se soucie de la nettoyer ni de la recharger. On s’est habitué à ce que ce soit moi qui le fasse. Un jour une collègue, après avoir pris son café, a voulu comprendre pourquoi j’étais si bien disposé envers les autres. Je lui ai dit que cela ne me coûtait guère et que c’était l’unique chose que je pouvais faire pour eux. Et elle m’a répondu : « Tu es en train de me dire une chose importante. Je me plains toujours de mon mari qui laisse tout en désordre, alors que je devrais au contraire commencer moi-même à faire ce qu’il oublie ». Depuis ce jour l’atmosphère au travail a fait un saut de qualité ». (R.C. – Espagne) Cet enfant “inconnu” “Avec notre aîné nous avons toujours réussi à dialoguer et à le soutenir moralement. En revanche, avec son frère, qui a un fort caractère, cela a été difficile. Se retrouver avec un adolescent qui ne veut pas communiquer nous mettait tous mal à l’aise. A l’école il ne s’impliquait pas et ses professeurs s’en plaignaient. Mon mari et moi-même cherchions ensemble le moyen de « rejoindre » notre enfant ; nous nous encouragions à l’aimer tel qu’il était, en mettant en valeur ses côtés positifs, même si nous avions presque l’impression d’avoir un inconnu sous notre toit. Entre temps nous continuions à prier le Ciel afin que Dieu nous aide dans notre difficile métier de parents. Puis l’idée, en accord avec lui, de le changer d’école. Depuis notre fils a changé en mieux : il n’est plus agressif, il est même toujours prêt à rendre des services à la maison ; il a de bons résultats scolaires ; et il s’est mis aussi à fréquenter à nouveau l’église. Nous sommes tous en train de respirer une bouffée d’air frais ». (B.S. – Suisse)
Certains moments nous trouvent heureux et pleins de force. Tout nous sourit. Mais d’autres nous voient assaillis par les difficultés : nous ne parvenons pas à aimer nos proches ni à partager notre idéal de vie, la maladie survient, des difficultés financières, des déceptions dans la famille, des doutes, la perte d’un emploi, des situations de guerre. Tout cela nous écrase et nous semble sans issue, mais le plus pénible nous apparaît dans la solitude pour affronter ces épreuves, en l’absence du soutien de quelqu’un qui pourrait nous aider. Peu de gens ont vécu avec autant d’intensité la joie et la souffrance, les succès et les incompréhensions que l’apôtre Paul. Pourtant il a poursuivi sa mission avec courage. Super-héros, direz-vous ? Bien au contraire ! Il se sentait faible, fragile, inadéquat, mais il possédait un secret, qu’il confiait à ses amis de Philippes : « Je peux tout en celui qui me rend fort. » Il avait découvert dans sa propre vie la présence constante de Jésus. Même quand tout le monde l’abandonnait, Paul ne se sentait jamais seul : Jésus lui restait proche, lui donnait certitude et le poussait à affronter les adversités. Ce secret de Paul peut devenir le nôtre. Je peux tout quand je reconnais et accueille, même dans la souffrance, la proximité mystérieuse de Jésus, qui s’identifie presque à cette souffrance et la prend sur lui. Je peux tout quand je vis en communion d’amour avec d’autres, car alors Jésus vient au milieu de nous comme il l’a promis (cf. Mt 18,20) et je suis soutenu par la force de l’unité. Je peux tout quand je me mets à vivre les paroles de l’Évangile : elles me font découvrir mon chemin à parcourir, m’apprennent à vivre et me donnent confiance. J’aurai la force d’affronter mes épreuves personnelles, mais aussi celles du monde autour de moi. Cela serait-il utopique face aux problèmes de la société et du monde ? Non, car nous pouvons « tout » avec la présence du Tout-Puissant : tout et uniquement le bien que, dans son amour miséricordieux, il a imaginé pour moi et pour les autres à travers moi. Et si cela ne se réalise pas tout de suite, continuons à croire au projet de Dieu et espérons en lui : son projet embrasse l’éternité et s’accomplira de toute façon. Il suffira de travailler « à deux », comme l’enseignait Chiara Lubich : « Quand je ne peux rien faire pour une personne chère en danger ou malade, à cause d’une situation embrouillée, eh bien ! je fais ce que Dieu demande de moi à ce moment-là : bien étudier, balayer, prier, m’occuper de mes enfants… Et Dieu trouvera le moyen de débrouiller cet écheveau, de réconforter celui qui souffre, de résoudre l’imprévu. C’est un travail à deux, en communion, qui appelle de nous une grande foi dans l’amour de Dieu pour nous, ses enfants, et lui permet de nous faire confiance. Une confiance réciproque qui produit des miracles. Nous verrons que, là où nous ne pouvions arriver, un Autre est arrivé, qui sait faire immensément mieux que nous 1. » Fabio Ciardi 1 D’après Chiara LUBICH, Scritti Spirituali/2, Città Nuova, Roma 19972, pp.194-195.
“Nous avons toujours désiré une grande famille”, racontent Corrado et Elisabetta Ferri. Mais pour qui a déjà cinq enfants, âgés de 10 à 21 ans, agrandir la famille acquiert une toute autre valeur: cela signifie étendre son cœur aux problèmes du monde, non sans sacrifices. Corrado et Elisabetta sont mariés depuis 24 ans et, regardant leurs enfants grandir entourés de l’amour que seule la chaleur familiale sait donner, ils ont désiré aider qui n’a pas cette affection. “Dès que notre situation économique nous l’a permis, – racontent-ils – nous avons adhéré à l’un des projets de Parrainage à Distance de l’Association Familles Nouvelleset nous avons accueilli Athiphong, un enfant thaïlandais.” Après environ vingt ans de parrainage et de correspondances intenses, Athiphong, désormais adulte, a trouvé un travail et, grâce aux études entreprises, il peut aujourd’hui soutenir sa nouvelle famille et celle d’origine. “Une année, nous avons pu un peu arrondir la somme envoyée pour le parrainage, pas beaucoup en vérité, mais nous avons été touchés d’apprendre qu’avec ce petit extra la famille d’Athiphong avait pu cimenter l’intérieur de leur modeste habitation, suscitant l’admiration et la satisfaction aussi des voisins.”
Maintenant qu’Athiphong est indépendant, la famille Ferri a décidé de parrainer une jeune thaïlandaise. Ayant vécu cette expérience et ayant grandi dans un environnement dans lequel se vivent la solidarité et le partage, les enfants de Corrado et Elisabetta ont décidé de rassembler toutes leurs économies obtenues grâce aux anniversaires et aux fêtes de chacun, les destinant à un nouveau parrainage. Cela a permis l’arrivée de Maleta, un magnifique garçon congolais. “Quelle surprise et quels rires nous avons eus lorsque, un Noël précédant, nous avons reçu l’habituelle lettre avec une photo, sur laquelle Maleta et un sympathique groupe d’enfants arboraient fièrement les maillots de l’équipe de football italienne dont nous sommes tous supporters.” C’est ainsi que le lien familial ne connaît pas les distances et tous nous partageons les histoires, mêmes douloureuses, de Maleta qui, déménageant dans une autre ville avec sa tante, a été accompagné par le souvenir et les prières de ses parents et frères lointains. “Maintenant, nos enfants, tous ensemble, parrainent le petit Nzata.” Edoardo, notre deuxième fils, continue cette extraordinaire chaîne de solidarité. Diplômé avec les meilleures notes, il a participé à un concours. Il a obtenu le premier prix et une bourse d’étude d’un joli montant en espèces: “Nous tous en famille – racontent Corrado et Elisabetta – nous étions si fiers de lui et du dernier résultat obtenu avec grand effort. Nous avons insisté pour qu’il garde cette somme pour lui, parce qu’il l’avait méritée. Mais il a voulu y réfléchir quelques jours et, ensuite, il nous a dit qu’il destinait volontiers la somme à un enfant, ce qui nous a un peu surpris, avec un nouveau parrainage à distance, rien qu’à lui. C’est ainsi qu’une fillette de la Jordanie est arrivée dans notre famille.”Ils concluent, convaincus: “Nous croyons que ce grand cœur a fait du bien à nous et à nos enfants, et que l’amour que l’on donne revient toujours en retour avec générosité”.