Pièges qui sous-tendent les réponses aux défis écologiques

 

Alexis Versele fait partie de la Société Coopérative d’Architectes (SCRL), enseigne à l’université de Louvain au Campus Technologique de Gand, est président de l’asbl Domus Mundi et partenaire de BAST « Construire et habiter écologiquement »

Alexis : Tous les jours nous sommes confrontés aux défis liés à l’écologie. Quelles sont les réponses que nous donnons ?

Plusieurs attitudes de base sont possibles. Un certain nombre de pièges nous guettent également. Je vais en énumérer quelques-uns. Moi-même je suis tombé dans l’un ou l’autre piège et chemin faisant j’ai compris que ces attitudes, je voudrais les éviter. Sans vouloir juger personne, sans vouloir porter un jugement sur les actions liées à ces options, je vais les citer afin de mieux comprendre comment réagir.

A Options très explicites

En premier lieu la peur : Pour celui qui habite une région à risque, elle est fort compréhensible. Mais en général la peur est un mauvais conseiller.

L’agression : Le sentiment d’impuissance mène parfois à une résistance violente, telles les actions contre la recherche sur les OGM avec les pommes de terre.

Le point de départ : une approche fondamentaliste, partielle qui considère l’écologie comme une religion, la nature comme une idole. Une telle attitude provoque des polarisations et met en péril la cohésion sociale.

B Des formes plus subtiles se manifestent également. D’un côté, l’indifférence : cela ne me concerne pas, pourquoi donc changer mes habitudes ?

Il arrive aussi que les problèmes soient niés suite à la minimalisation des impacts, d’où la distorsion de la vérité, la désinformation.

D’un autre côté, le refus d’assumer ses responsabilités : certains politiciens affirment que la technologie résoudra tous les problèmes, et que donc il n’y pas de véritable problème. Par ailleurs, la société civile met souvent la faute sur la politique. S’en suivent des dialogues de sourds.

Il ne faut pas non plus minimiser les freins que certains lobbies peuvent dresser, et le sarcasme avec lequel des initiatives comme celles de Greta Thunberg sont parfois traitées.

C Des prises de position propres à notre système capitaliste

Un individualisme poussé fait naître une variété d’approches collectives difficiles à coordonner.

La monétisation de l’impact du changement climatique constitue une approche typiquement capitaliste : le foisonnement de certificats CO2, le système communautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE) et plus en général, les analyses de cycles de vie avec les enjeux autour de ses aspects spéculatifs.

D’autre part, l’approche souvent élitiste exclut des bénéfices la partie plus fragilisée de la population.