Prendre soin, un nouveau mode de vie

 

Les jeunes des Focolari ont lancé la nouvelle campagne internationale #daretocare pour assumer ensemble la responsabilité de notre société et de notre planète. Celle-ci se concentre sur les thèmes de la « citoyenneté active » et de la « politique pour l’unité ». Nous donnons la parole à un représentant belge ainsi qu’à Elena Pulcini, professeur de philosophie sociale à l’université de Florence.

Elisabeth Eneman : « #Daretocare, « oser prendre soin », veut nous encourager à prendre nos responsabilités et à attacher de l’importance à tout ce qui se passe dans le monde et autour de nous. Les événements mondiaux qui se succèdent montrent combien il est urgent d’adopter un mode de vie différent, pour la terre ; d’avoir une attitude de soin pour les gens et pour la nature. Thèmes que le pape François a abordés avec l’encyclique Laudato Si’ – ‘Prendre soin de notre maison commune’ – et pour lesquels il a proclamé cette année une année de réflexion (24 mai 2020 – 24 mai 2021). La proposition de suivre la trajectoire 2020/2021 de Daretocare est simple : placer les « soins » au centre de votre vie de citoyen. Des modes de soins originaux et créatifs apparaissent déjà dans de nombreux pays. L’événement de clôture de #daretocare sera la ‘United World Week’ 2021 (1-9 mai). L’événement central sera organisé à Bruxelles.

Plus d’informations sur : http://www.unitedworldproject.org et sur http://www.focolare.be. »

Elena Pulcini, professeure de philosophie sociale à l’université de Florence, se consacre depuis de nombreuses années au thème des soins.

Quel impact a eu l’expérience de la pandémie que nous traversons, sur votre vision des soins?
« Il me semble qu’une image de soins en tant qu’assistance a émergé. Pensons à tout le personnel médical et sanitaire. Cela a réveillé des éléments positifs, des passions qui ont en quelque sorte été oubliées, telles que la gratitude, la compassion, la perception de notre vulnérabilité. Il est nécessaire de réveiller ce que j’appelle les passions empathiques. En même temps, cependant, le soin est resté un peu enfermé dans une signification essentiellement humanitaire, ce qu’on appelle en anglais « cure, le remède » et non « care, le soin ». Prendre soin doit devenir un mode de vie ».

Nous aimons rêver d’une société dans laquelle prendre soin est l’épine dorsale des systèmes politiques locaux et mondiaux. Est-ce une utopie ?
La sollicitude devient vraiment la réponse globale aux grands défis de notre temps si nous savons la retrouver grâce à la capacité empathique de nous mettre en relation avec l’autre. Je ne sais pas si c’est vraiment faisable, mais je pense que nous ne pouvons pas perdre la perspective utopique. La responsabilité ne suffit pas, nous devons aussi cultiver l’espérance ».

Quelles suggestions nous feriez-vous pour agir dans ce sens et orienter nos sociétés vers la prise en charge à partir des institutions ?
« Je crois que nous devons agir en tous lieux où nous opérons pour sortir la prise en charge du milieu étroit de la sphère privée. Je dois me considérer comme un sujet attentionné dans ma famille, dans ma profession d’enseignant, quand je rencontre un pauvre rejeté dans la rue ou quand je vais nager et m’étendre sur la plage.

Nous devons adopter la prise en charge comme un mode de vie capable de briser notre individualisme illimité qui conduit non seulement à l’autodestruction de l’humanité, mais aussi à la destruction du monde vivant.

Nous devons donc essayer de répondre par un traitement aux pathologies de notre société, ce qui signifie éduquer à la démocratie. J’aime beaucoup un philosophe du XIXe siècle, Alexis de Tocqueville, qui disait que « nous devons éduquer à la démocratie ».

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