Aime et va de l’avant

 

Agnès, mon ancienne collègue et amie de cœur, vivait en France depuis de nombreuses années lorsqu’elle a de nouveau été confrontée à un cancer en pleine période de covid. La première fois – encore aux Pays-Bas – elle s’était courageusement battue contre la maladie. La deuxième fois, le cancer l’avait frappée de plein fouet, mais Agnès n’a pas lâché prise. Mais cette troisième fois … son corps était si abîmé, la douleur si insupportable, et les complications s’accumulaient. Agnès continuait à regarder devant elle, à faire des projets, jouissant de chaque contact, de chaque petite victoire porteuse d’espérance.

Stupide distance, stupide covid … WhatsApp est devenu notre lien vital : des messages quotidiens dans les deux sens, des appels vidéo hebdomadaires. L’inévitable m’est apparu beaucoup plus vite qu’à elle, mais j’ai suivi son rythme. La dernière semaine, elle ne pouvait plus tenir son téléphone portable, mais nous nous parlions encore – très brièvement. Les adieux étaient bizarres : « À un de ces jours », dit Agnès, et je confirme : « À un de ces jours ».

Et puis il y eut le silence.

Peu de temps après, j’ai quitté mon emploi et mon engagement bénévole a pris de nouvelles formes.

Le deuil s’est avéré compliqué dans ces circonstances.

Après une récente conférence sur le deuil, j’ai relu le texte qu’elle avait elle-même choisi pour sa carte de deuil :

Vous pouvez pleurer parce que je ne suis plus là

ou être heureux parce que j’ai vécu.

Vous pouvez fermer les yeux et désirer que je revienne

ou les ouvrir et regarder tous ceux et tout ce que j’ai laissé derrière moi.

Votre cœur peut être vide parce que vous ne me voyez plus

ou plein de l’amour que vous avez partagé avec moi.

Vous pouvez tourner le dos à demain et vivre pour hier

ou garder mes souvenirs et les laisser vivre.

Vous pouvez pleurer et vous renfermer, être vide

ou faire ce que je souhaite :

ouvrir les yeux, essuyer les larmes, aimer et aller de l’avant !

Le dernier message qu’elle nous a adressé, je n’en ai pu saisir la portée que maintenant : positif, tourné vers l’avenir…

Chère et courageuse Agnès !

Marie-Jeanne Langenaken