Voici un témoignage qui illustre la force de la fraternité créatrice de ponts :
Nous venons de déménager et l’autre jour deux hommes d’origine maghrébine ont apporté une grande armoire que nous avions commandée. En entrant ils m’ont entendu parler au téléphone avec quelqu’un de la Synagogue (je suis juive) et ils étaient impressionnés de m’entendre défendre la cause des Palestiniens. S’est engagée une conversation animée au cours de laquelle ils ont voulu connaître mes motivations. Ils sont tous les deux Algériens et l’un d’entre eux a un fils marié avec une Palestinienne. Le père de l’autre a été torturé par les Français lors de la guerre d’indépendance de l’Algérie. Il y avait donc tous les éléments susceptibles de nous opposer. Leur surprise de découvrir une femme juive qui prend parti pour les opprimés arabes palestiniens était d’autant plus grande. J’ai pu leur expliquer que la souffrance de la Shoah, comme toutes les autres grandes souffrances, ne rend pas en soi les gens meilleurs ou moins bons et ne justifie aucunement l’injustice et la rancune. Ce qui compte, c’est l’engagement de chacun pour la dignité de toute vie humaine. Ils ont voulu me prendre en photo et m’ont demandé comment faire pour ne pas désespérer. « Il m’arrive à moi aussi de désespérer, ai-je répondu. Mais je me reprends et continue à avancer, à témoigner, et à prier. Tous les soirs j’allume une bougie et avec mon mari, chrétien, nous faisons une prière ». Ils étaient impressionnés.
Quel cadeau cette rencontre de frères et sœurs en humanité !
Esther, engagée dans l’Union Progressiste des Juifs de Belgique