Stefano Zamagni, économiste, Président de l’Athénée Pontifical des Sciences Sociales, est récemment intervenu à Loppiano (Italie) lors de la manifestation pour le «30e anniversaire de l’Economie de Communion». Nous rapportons un extrait de son exposé dans lequel il a souligné la contribution de l’Économie de communion à l’évolution de la pensée économique.

Évidemment, au début, il y avait beaucoup de difficultés pour l’Économie de communion. Je me souviens qu’en 1994, à Ostuni (Pouilles-Italie), le Meic (Mouvement Ecclésial d’engagement culturel) organisait des séminaires culturels pendant l’été. Dans une présentation présidée par un célèbre économiste italien, deux focolarines fraîchement diplômées ont eu l’audace de présenter le projet de l’Économie de communion. Ce professeur a commencé par dire : «C’est une absurdité car cela ne répond pas au critère de rationalité ». J’étais présent et je lui ai demandé : «Mais selon toi, le geste du bon Samaritain satisfaisait-il au critère de rationalité ?». C’était un homme intelligent et il a compris. Tu vois, continuai-je, tu es esclave d’un paradigme, d’une façon de penser qui découle de tes études et tu ne te poses pas le problème, car la rationalité à laquelle tu penses est une rationalité instrumentale, mais il y a aussi une rationalité expressive. Qui a dit que la rationalité instrumentale était supérieure à la rationalité expressive ? Ne sais-tu pas que l’Économie de communion s’inscrit dans le modèle de la rationalité expressive ? Où expressif signifie qu’un charisme s’exprime, car les charismes doivent être exprimés et traduits dans la réalité historique».

[…] Chiara Lubich avait une capacité d’intuition, de compréhension et donc de prévoyance, même dans des domaines dont elle n’était pas spécialiste. En effet, la contribution de l’économie de communion à l’évolution de la pensée économique en tant que science a été notable. Et aujourd’hui, nous pouvons en parler dans nos universités: le professeur Luigino Bruni dirige un programme de doctorat à Lumsa (Libera Università Maria Assunta) à Rome (Italie) sur l’économie civile et l’économie de communion; ici à Loppiano, il y a l’Institut Universitaire Sophia et dans d’autres sites universitaires, il n’est plus interdit de parler d’économie de communion. De mon point de vue, c’est un grand, un très grand résultat. (…) »
 



