Le Prix Klaus Hemmerle décerné au métropolite d’Albanie Anastasios Yannoulatos

 

Le doux homme à la barbe blanche n’a peut-être pas encore fait la une des médias belges et allemands. Cependant, dans les cercles ecclésiastiques internationaux et dans les cercles politiques de l’ancienne Europe communiste, le Grec de 90 ans est une figure connue et respectée. archevêque de Tirana, Durrës et de toute l’Albanie, a été honoré le 14 février à Aix-la-Chapelle par le prix Klaus Hemmerle.

En mémoire de la personne et de l’héritage spirituel de l’ancien évêque catholique d’Aix-la-Chapelle Klaus Hemmerle (1929 – 1994) – grâce auquel est né le groupe d’études interdisciplinaires ‘Ecole Abbà’ qui étudie les écrits de l’expérience mystique de Chiara Lubich en 1949 – honore des personnalités qui, en tant que « bâtisseurs de ponts », favorisent le dialogue entre les Eglises, les religions et les visions du monde. Le prix est décerné tous les deux ans et n’est pas doté. Parmi les lauréats précédents, on peut citer le professeur juif Dr Ernst-Ludwig Ehrlich (2004), l’ancien président de la Fédération luthérienne mondiale, l’évêque émérite Dr Christian Krause (2006), le patriarche œcuménique Bartholomée Ier de Constantinople (2008), le Dr Alfons Nossol, archevêque émérite d’Opole/Pologne (2010),  le professeur Dr Hans Maier, l’ancien ministre bavarois des cultes et président de longue date du Comité central des Catholiques allemands (2012), le médecin des lépreux Dr Ruth Pfau (2014), le médecin musulman du sida Dr Noorjehan Abdul Majid du Mozambique (2016) et le Rabbin Dr. Henry Brandt d’Augsbourg (2018).

  Dans son discours d’acceptation, le lauréat a plaidé pour une « coexistence pacifique dans un monde multireligieux ». Une phrase d’Albert Einstein sur le pouvoir de l’amour l’a fasciné. « Chaque individu porte en lui un petit mais puissant générateur d’amour, dont l’énergie attend d’être libérée », a déclaré le physicien, « car l’amour est la quintessence de la vie ».

Cet amour a également inspiré Klaus Hemmerle à travailler sans relâche pour la réconciliation et la paix dans le monde. C’est précisément cet engagement qui caractérise la vie et l’œuvre du métropolite Anastasios.

Dr. Helmut Dieser, évêque d’Aix-la-Chapelle, a accueilli les quelque 300 invités dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle au nom du diocèse et en tant que successeur de l’évêque Hemmerle. Il a qualifié le lauréat albanais de « pionnier de la foi et de l’œcuménisme ».

Dans son allocution, le Métropolite Augoustinos Lambardakis, président de la Conférence des Evêques orthodoxes en Allemagne, a lui aussi considéré le prix décerné comme un « signe d’amitié œcuménique ». Il a souligné le fait que l’archevêque Anastasios jouit au sein de l’orthodoxie d’une estime et d’un respect exceptionnels en tant que bâtisseur de ponts et médiateur. En période de tensions entre les différentes églises autocéphales orthodoxes, c’est-à-dire indépendantes, ses paroles ont du poids.

Maria Voce, présidente du mouvement des Focolari, a envoyé un mot de bienvenue pour louer son engagement inlassable en faveur du dialogue entre musulmans et chrétiens et l’a remercié pour sa capacité à éveiller la communion, la fraternité et le désir de partager son amour et de le maintenir vivant au-delà de toutes les différences.

Pour la laudatio (l’éloge), le cardinal Kurt Koch, Président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens, était venu de Rome. Il a dressé un tableau riche et varié de l’évêque albanais, dont les voies et les tâches l’ont conduit de la Grèce à l’Afrique et à l’Albanie, qui a noué des relations de profonde estime avec des membres d’autres religions et a montré par son exemple que « le dialogue interreligieux et l’engagement missionnaire ne sont pas nécessairement opposés ». Après avoir été nommé en 1992 à la tête de l’Église orthodoxe autocéphale d’Albanie, il avait travaillé sans relâche et avec une grande prudence à la reconstruction et au renouveau de l’Église orthodoxe d’Albanie, et par son engagement, il avait également « rendu des services exceptionnels à la réduction des nombreuses et fortes tensions dans les Balkans », si bien qu’en 2000, il avait même été nommé pour le prix Nobel de la paix.

Comme Klaus Hemmerle, a souligné le Cardinal Koch, l’archevêque Anastasios a vécu de la conviction que la vraie mission et le meilleur témoignage de l’Eglise sont basés sur l’amour. Et de citer l’ancien évêque de Aix-la-Chapelle : « La seule réalité susceptible de faire reconnaître Jésus-Christ en elle est notre unité mutuelle ». Mons. Hemmerle était un « excellent professeur du langage chrétien de la prière et de l’amour », a-t-il dit, le remerciant pour son témoignage et son exemple : « Nous avons besoin d’injections de vitamines spirituelles, que nous trouvons en vous de manière convaincante et qui illustrent la beauté de la foi chrétienne dans sa nouveauté ».

photos M. Felder

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