De temps en temps une question me traversait l’esprit : comment puis-je toucher les jeunes d’aujourd’hui ? Peut-être me voient-ils comme quelqu’un qui ne les comprend pas ?

Quand par la suite on m’a demandé d’accompagner un groupe de confirmands, j’ai été heureuse de les rencontrer et de cheminer avec eux.

Lors d’une de nos sessions, le sujet était : « La vie peut parfois faire mal ». J’avais préparé cinq pages. Les adolescents ont spontanément partagé leurs chagrins. Mon texte n’était plus important, mais mettre en pratique l’empathie et une écoute profonde. J’ai réalisé alors qu’à travers les nombreuses souffrances de ma vie – qui n’étaient pas faciles à supporter – j’avais grandi humainement et spirituellement. Cela m’aiderait à comprendre ces jeunes.

Lorsqu’une fille, en larmes, m’a dit qu’elle était restée auprès de sa grand-mère mourante, j’ai pu lui dire à mi-voix : « Ce que tu as fait pour ta grand-mère doit avoir beaucoup compté pour elle. Elle sera morte avec la sensation de chaleur que tu lui as donnée, elle t’en aura été très reconnaissante. » J’ai aussi pu lui dire délicatement qu’elle pouvait continuer à aimer sa grand-mère et aussi continuer à lui raconter ce qu’elle vivait tous les jours.

Entre temps, les autres jeunes écoutaient également et d’autres douleurs sont spontanément venues en lumière. À l’école, il y a des enfants qui harcèlent les autres et parmi les confirmands il y a eu quelques victimes. De fortes souffrances. Dans notre cercle, ils ont pu s’épancher en toute confiance. L’atmosphère qui régnait entre nous leur a donné le courage de faire face à la souffrance.

Jusqu’à la fin de la leçon de catéchèse, les ados ont continué à partager leur vécu. J’ai continué à écouter, profondément touchée. Cette catéchèse était « la vie  » : écouter, être attentif les uns aux autres, sentir que la vie nous apprend beaucoup et que la souffrance nous rapproche. En fait cela nous a permis d’approfondir le thème prévu initialement.

Le désir de se retrouver à nouveau était grand.

May