Sophia, une université à l’échelle mondiale

 

Les inscriptions pour l’année académique 2020-2021 sont ouvertes!

Cette année, Alexander Simoen, de Bruges, étudie à l’université Sophia dans la cité-pilote Focolari de Loppiano, en Italie. Nous lui donnons la parole ainsi qu’au professeur Piero Coda, doyen de l’Institut universitaire depuis sa fondation en 2007 jusqu’en février 2020.

Alexandre, qu’est-ce qui t’a amené à Sophia ?

Après avoir obtenu ma maîtrise en sciences politiques, j’ai pu occuper un poste stimulant de chef de projet pour une organisation internationale à but non lucratif active dans le secteur du tourisme social et durable. Cependant, j’ai remarqué que je n’étais pas complètement satisfait et que quelque chose en moi aspirait à continuer à se former en tant que personne.

En outre, il y a eu la confrontation avec la société dans laquelle je me trouvais. Une société qui va de crise en crise et au sujet de laquelle je trouve qu’il y a souvent un manque de réponses qui vont au-delà de la résolution des problèmes qui montent à la surface. Pour moi, ce ne sont là que les symptômes de causes sous-jacentes et, si je comprends bien, il nous manque le courage, la créativité, la profondeur et la vision pour trouver de nouvelles réponses qui, d’une part, nous permettent de nous regarder vraiment dans le miroir et, d’autre part, nous permettent d’oser regarder devant nous avec espoir et de mettre en route de nouveaux processus.

Ces dernières années, le mouvement des Focolari en Belgique a organisé plusieurs week-ends autour de l’expérience mystique de Chiara Lubich (1949 – 1951) et du charisme de l’unité. L’accent a été mis sur la manière dont cette expérience spirituelle se manifeste dans des initiatives pédagogiques, sociales et politiques. Ces séminaires ont été accompagnés par des professeurs de l’Université de Sophia et m’ont laissé une profonde impression. C’est ainsi qu’est née l’idée d’y étudier la philosophie.

Professeur Coda, comment est née le projet de cette université ?

L’idée est dans l’ADN du charisme de l’unité parce que c’est un charisme qui implique une culture, une vision concrète de la personne humaine et du monde. Tout a commencé dans les années 1990 avec l’école Abbà, un groupe interdisciplinaire qui, avec Chiara, a commencé à étudier la signification culturelle du charisme, en utilisant l’héritage lumineux de l’expérience mystique du Paradis en 1949.

Et comment Sophia s’est-elle développée au fil des ans ?

Sophia s’est développée à trois niveaux :

  1. l’éducation et la recherche au niveau universitaire ;
  2. l’expérience formatrice qui culmine dans la vie communautaire des enseignants et des étudiants de toutes les cultures du monde ;
  3. le rapport avec les manifestations concrètes de l’incarnation des valeurs inhérentes au charisme de l’unité dans les différents domaines de la vie sociale, politique et économique.

À tous ces égards, de grands progrès ont été réalisés. Il suffit de dire que nous avons commencé avec un diplôme, par exemple, et qu’il y en a maintenant quatre : le programme original de la « culture de l’unité » s’est épanoui dans les domaines théologique et philosophique, économique et politique, dans les domaines de l’éducation, du dialogue et de la communication.

Alexander, quelle est la différence avec tes études universitaires précédentes ? Comment décrirais-tu cette expérience à Sophia ?

Je pense que pour moi et pour les autres, c’est surtout le « nouveau » projet pédagogique de l’université qui fait la différence . La devise de Sophia est : « Vita e Pensiero » (Vivre et penser). Ainsi, la vie au sein de la communauté universitaire est tout aussi importante que l’acquisition de connaissances. Le point de départ est que la recherche de la vérité n’est possible qu’à partir d’un véritable dialogue, dans lequel l’amour mutuel de l’Evangile joue un rôle central. L’université et cette approche académique étaient un souhait explicite de Chiara Lubich. En Italie surtout et au sein de l’Église, cette approche et sa réalisation est aussi de plus en plus reconnue. C’est là aussi que réside le caractère prophétique du projet. Je me sens souvent privilégié, notamment parce que de nombreux professeurs de la « vieille garde » enseignent encore actuellement. Il s’agit invariablement d’universitaires de renom et, en outre, de personnes d’une seule pièce, dont on peut apprendre quelque chose dans tous les domaines !

Pour donner un exemple concret. La porte des profs est toujours ouverte pour un échange, chaque moment de la journée est une occasion d’apprendre ensemble avec les autres. Les profs soulignent aussi souvent que leur travail académique est enrichi par la dynamique des cours.

Peut-être peut-on l’exprimer de telle manière que l’expérience de Sophia dépasse de loin la pure expérience académique, c’est une expérience existentielle qui a un impact intellectuel, spirituel, culturel et émotionnel sur notre être et notre pensée.

Selon toi, le nom Sophia est-il bien choisi?

Oui, Sophia représente la sagesse, et sa sagesse nous est donnée par l’expérience. Nous ne pourrons jamais la posséder, la sagesse vient vers nous dans une expérience que nous faisons ensemble.

Professeur Coda, une dernière question : comment sont les relations avec l’Eglise ?

Lors de l’audience de 14 novembre 2019, le pape François a déclaré au corps académique de Sophia : « Je suis ravi du chemin que vous avez parcouru au cours de ces douze années de votre vie. Continuez ! Le voyage ne fait que commencer. »

La fondation d’une université qui serait reconnue par l’Église catholique avec son souffle universel a été un choix médité de Chiara. Cela signifiait aussi pour elle la reconnaissance que le charisme de l’unité, comme les grands charismes de l’histoire chrétienne (de Benoît à Dominique et François, à Ignace de Loyola et Don Bosco), est un charisme dans lequel l’Église reconnaît la réalisation d’un projet de formation humaine et sociale qui exprime l’Évangile. Avec l’extension ultérieure du « processus de Bologne », la reconnaissance bilatérale des diplômes au niveau européen et au-delà, à laquelle l’Eglise participe, de nouvelles perspectives pour l’institution ont émergé.

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