Obéir, suivre sa conscience : des concepts démodés ?

 

Extraits de l’article publié dans Nieuwe Stad 2022-2, p. 44-47

L’obéissance a lieu dans le cadre d’une relation. [Etymologiquement] ‘obéir’ contient le verbe « entendre », « écouter » l’autre. Cette autre personne peut être un supérieur dans une relation de travail ou au sein d’une organisation. Lorsque l’autorité est exercée dans le respect de la dignité humaine, l’obéissance ne posera généralement pas de problème. Dans de nombreux pays, cependant, ce n’est pas le cas et sur le lieu de travail, les semaines de travail sont souvent extrêmement longues, dans des conditions minimales et sous une certaine contrainte.

Il est essentiel qu’obéir ne signifie pas « suivre aveuglément ». Même l’obéissance dans des situations évidentes implique toujours un choix, car je peux aussi choisir de ne pas obéir, même si cela peut avoir certaines conséquences. Il ne peut y avoir d’obéissance que s’il y a liberté de choix, sinon c’est de la coercition.

En même temps, obéir, c’est aussi tenir compte des limites. Obéir demande parfois de s’adapter et c’est quelque chose à apprendre. Et la famille est l’endroit idéal. En matière d’éducation, il est important que les parents apprennent à leurs enfants à gérer les limites.

La conscience comme boussole

Ce qui me fait obéir ou ne pas obéir, c’est ma conscience, la boussole intérieure propre à l’homme, la capacité de distinguer entre ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. L’obéissance s’inscrit généralement dans un cadre, comme les lois d’un pays ou les règles d’une organisation. Mais ces lois et règles ne doivent pas se substituer à la conscience. Cela exige une attitude de conformisme critique. En partant de la volonté de suivre la loi du pays, nous devrions continuer à nous demander de manière critique si la loi est en accord avec notre conscience, et si nécessaire initier un changement. Cela demande que nous étudiions les questions qui nous concernent et que nous continuions à nous former et donc à former notre conscience.

Dans la vision chrétienne de la vie, la conscience reçoit une dimension spirituelle : la conscience est le lieu où Dieu parle dans le cœur de l’homme. Obéir signifie ici : essayer d’écouter cette voix et de discerner quel choix est en harmonie avec elle. L’effort pour suivre la voix de la conscience visera toujours à faire ce qui est bon pour tous, tout en respectant la dignité humaine de tous les intéressés. En d’autres termes, pour le chrétien, obéir à la voix de la conscience, c’est s’efforcer de discerner et de suivre la volonté de Dieu dans des circonstances concrètes, et donc de contribuer à un monde conforme au plan de Dieu.

Il n’est pas toujours facile de discerner clairement la voix de la conscience. Dans la Bible, nous trouvons des lignes directrices qui fournissent un cadre : les dix commandements, les béatitudes, les paraboles de Jésus, le commandement de l’amour mutuel et toute la vie de Jésus lui-même. Les Évangiles évoquent des moments d’obéissance de Jésus au Père, même lorsque cela était très difficile, comme au Jardin des Oliviers, où il a choisi d’accepter la souffrance qui l’attendait.

Souvent, en parlant avec d’autres personnes, cette voix intérieure de la conscience deviendra plus claire. C’est surtout là où l’amour est mutuel que l’Esprit de Dieu peut se manifester plus clairement. Il est important que celui qui conseille respecte la liberté de conscience de l’autre. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’il existe une relation d’autorité. […]

La miséricorde, l’amour mutuel et l’humilité sont une base bonne et nécessaire pour la croissance en tant que personnes et en tant que communauté, également dans la relation entre l’autorité et l’obéissance.

Ton Jongstra

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