Parole de vie – novembre 2022

 
« Heureux les miséricordieux : il leur sera fait miséricorde » (Mt 5,7)

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Dans l’Evangile de Matthieu, le Sermon sur la montagne suit le début de la vie publique de Jésus. La montagne est considérée comme le symbole d’un nouveau mont Sinaï sur lequel le Christ, le nouveau Moïse, offre sa « loi ». Le chapitre précédent parle de grandes foules qui ont commencé à suivre Jésus et à qui il a adressé ses enseignements. Ce discours-ci est plutôt tenu aux disciples, à la communauté naissante, à ceux que l’on appellera plus tard les chrétiens. Il introduit le « royaume des cieux » qui est au cœur de la prédication de Jésus[1]. Et les béatitudes représentent le message de salut, la synthèse de toutes les bonnes nouvelles, la révélation de l’amour de Dieu qui vient nous sauver.

Qu’est-ce que la miséricorde ? Qui sont les miséricordieux ? La phrase est introduite par le mot « béni »[2], qui signifie heureux, chanceux et prend aussi le sens d’être béni par Dieu. Parmi les neuf béatitudes du sermon sur la montagne, celle-ci occupe une place centrale. Les béatitudes ne sont pas censées représenter un comportement qui serait récompensé, mais sont de véritables occasions de devenir un peu plus semblable à Dieu. Les miséricordieux sont avant tout ceux dont le cœur est rempli d’amour pour Lui et pour leurs frères et sœurs, un amour concret qui se penche vers les derniers, les oubliés, les pauvres, vers ceux qui ont besoin de cet amour désintéressé : la miséricorde, en effet, est l’un des attributs de Dieu[3]; Jésus lui-même est miséricorde.

Les béatitudes transforment et révolutionnent les principes les plus courants de notre pensée. Ce ne sont pas seulement des paroles de consolation, mais elles ont le pouvoir de changer le cœur, de créer une humanité nouvelle ; elles rendent efficace la proclamation de la Parole. D’autre part, il est nécessaire de vivre la béatitude de la miséricorde aussi envers soi-même, en reconnaissant que nous avons besoin de cet amour extraordinaire, surabondant que Dieu a pour chacun de nous.

Le mot miséricorde[4] vient de l’hébreu rehem, « sein », et évoque une miséricorde divine sans limites, comme la compassion d’une mère pour son enfant. C’est « un amour sans mesure, abondant, universel, concret ». Un amour qui tend à provoquer la réciprocité, et celle-ci est le but ultime de la miséricorde. […] Et ainsi, si nous avons reçu quelque offense, quelque injustice, pardonnons et soyons pardonnés. Soyons les premiers à utiliser la miséricorde, la compassion ! Même si cela semble difficile et audacieux, demandons-nous, devant chaque prochain : comment sa mère se comporterait à son égard ? C’est une pensée qui nous aide à comprendre et à vivre selon le cœur de Dieu »[5].

« Heureux les miséricordieux, car ils trouveront miséricorde ».

« Après deux ans de mariage, notre fille et son mari ont décidé de se séparer. Nous l’avons accueillie à nouveau dans notre foyer et, dans les moments de tension, nous avons essayé de l’aimer en étant patients, avec le pardon et la compréhension dans nos cœurs, en gardant une relation ouverte avec elle et son mari, en essayant surtout de ne pas porter de jugement. Après trois mois d’écoute, d’aide discrète et de nombreuses prières, ils se sont retrouvés avec une conscience, une confiance réciproque et un espoir nouveaux. »

Être miséricordieux, en fait, c’est plus que pardonner. C’est avoir un cœur grand ouvert, se réjouir de tout effacer, de brûler tout ce qui peut entraver notre relation avec les autres. L’invitation de Jésus à être miséricordieux est un moyen de nous rapprocher du dessein originel pour lequel nous avons été créés : être à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Letizia Magri et la Commission Parole de Vie

[1] Voir Mathieu 4, 23 et 5, 19-20.
[2] En grec : makarios/i est utilisé soit pour décrire une condition de bonheur des êtres humains, soit pour indiquer la condition privilégiée des dieux par rapport à celle des êtres humains.
[3] En hébreu hesed, c’est-à-dire un amour désintéressé et accueillant, prêt au pardon.
[4] Rahamim en hébreu.
[5] Chiara Lubich, Parole de Vie novembre 2000

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